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DC 2 – Conception et conduite de projets éducatifs spécialisés

Bloc3 – Implication de la personne ou du groupe dans son


projet éducatif

ETUDE DE SITUATION
Dossier concernant Jean-Marc Laurent
2éme Épreuve d’entrainement

Promo 2021-2024

1er décembre 2022 - 8h30-12h30


Direction Départementale de la
Protection Judiciaire de la Jeunesse
Pontoise le 5 mars 2022
Service territorial éducatif de milieu ouvert
Permanence Éducative auprès du TGI

J. LEPOINT
Éducatrice

Monsieur le Juge des Enfants


Cabinet 2
TGI – PONTOISE

RAPPORT D’INVESTIGATION ET D’ORIENTATION ÉDUCATIVE

CONCERNANT LE JEUNE :

LAURENT Jean-Marc, né le 27 octobre 2007 à Amboise (37)

DOMICILIÉE CHEZ SA MÈRE : Mme ANDRÉ Annie


49 rue Nationale
95150 VILLENEUVE

ADRESSE DU PÈRE : M. LAURENT Bertrand


15 rue Félix Trinidad
95400 CHARBON

Références : JE 203/0189 – IOE pénale 6 mois en date du 8 septembre 2021

Rapport éducatif : Jennifer LEPOINT

Rapport psychologique : Tony MARTIN


CAE UEMO CERDAN
5 rue Marcel Cerdan - 95000 TERREVILLE
Téléphone : 02 57 85 40 80 Télécopie : 02 57 85 40 89
Mail : cae-terreville-cerdan@justice.fr

ANTÉCÉDENTS ÉDUCATIFS ET JUDICIAIRES :

Pénal :
- 30 mai 2020 : Mesure d’aide réparation
- 8 septembre 2021 : Mesure d’Intervention et d’Orientation Éducative et Mesure de Liberté
Surveillée Préjudicielle pour vol aggravé commis en avril 2011
- 19 janvier 2022 : Mesure d’aide réparation préjudicielle pour des faits d’extorsion commis en
juillet 2021

Civil :
- 23 décembre 2021 : Saisine du Parquet (en cours)
La famille est connue du Territoire de Vie Sociale qui intervient dans le cadre de la prévention.

COMPOSITION FAMILIALE :

Père : M. LAURENT Bertrand né le 20 octobre 1978 à Bétaré (95)

D’une première union, M. LAURENT a eu deux enfants :


- Anita, née en 2000, mariée, un enfant
- Hervé, né en 2002, un enfant
Lors de la séparation d’avec la mère des enfants, M. LAURENT a obtenu la garde de ces
derniers. Il les a donc élevés en grande partie avec Mme ANDRÉ, rencontrée en 2005.

Mère : Mme ANDRÉ Annie, née le 15 novembre 1982 à Erland (95)


Elle a une fille d’une première union, Christine, née en 2000, mariée.

M. LAURENT et Mme ANDRÉ vivent ensemble jusqu’en septembre 2020, date à laquelle ils se
sont séparés.
De leur union sont nés deux enfants :
- Maryse, née le 2 juin 2006
- Jean-Marc, l’intéressé, né le 27 octobre 2007

ORIGINE DE LA MESURE :

La mesure d’Investigation et d’Orientation Éducative a été ordonnée suite à des faits de vol de
matériel de pêche. Ce vol a lieu entre le 25 avril 2021 et le 2 mai 2021 à Villeneuve, lieu de résidence
du jeune. Ces faits ont été commis en réunion avec quatre autres jeunes.
Elle vise à apporter une meilleure connaissance de la personnalité du mineur.

DÉROULEMENT DE LA MESURE :

Lors du premier entretien, seuls M. LAURENT et Jean-Marc sont venus au service. Mme ANDRÉ
ne s’est pas présentée.
Par la suite, nous avons rencontré M. LAURENT à son domicile. Il a honoré tous les rendez-
vous.
Quant à Mme ANDRÉ et Jean-Marc, seules les visites à domicile nous ont permis de réaliser les
entretiens. Certains ont été perturbés par les allées et venues des copains de Jean-Marc, ou par ses
incessants coups d’œil jetés à la porte pour surveiller leur éventuelle arrivée.
Un autre entretien s’est déroulé en présence de Maryse. Cela a permis d’avoir son avis sur
certains points, mais cela a sûrement donné l’occasion à Jean-Marc de ne participer qu’à demi à
l’entretien.
Aussi, les conditions n’ont pas toujours été réunies pour mener des entretiens dans des
conditions favorables.

ÉLÉMENTS DE L’HISTOIRE FAMILIALE :


(essentiellement recueillis lors des entretiens avec M. LAURENT)

La famille de M. LAURENT est une famille d’agriculteurs du Cher (18). Dans les années 70, le
père de M. LAURENT, ne supportant plus les difficultés sociales qu’il rencontrait alors, a décidé de
prendre la route avec femme et enfants. M. LAURENT a huit frères et sœurs, dont un est décédé. Il
explique qu’à cause de ce choix de vie, aucun des enfants de la fratrie n’a reçu d’instruction ou n’est
allé à l’école. Ils sont donc devenus voyageurs, sans avoir une quelconque origine tzigane.
Mme ANDRÉ est issue d’une famille de forains, voyageurs, mais qui a permis à ses enfants
d’être scolarisés de façon suffisante pour qu’ils acquièrent les savoirs de base.
Elle a rencontré M. LAURENT en 2005. Elle est veuve de son premier mari, le père de sa fille
Christine.
M. LAURENT estime que, déjà à cette époque, Mme ANDRÉ souffrait de dépression.
Au début de leur vie commune, M. LAURENT et Mme ANDRÉ ont un peu voyagé. Ils se sont
ensuite rapidement sédentarisés, notamment pour permettre la scolarisation des enfants. Ils ont ainsi
vécu à Francueil, puis à Épeigné, deux petites communes à l’extrême est du département de l’Indre-
et-Loire.
Il semble que cette période se soit plutôt bien déroulée jusqu’en 2012. M. LAURENT explique
avoir été interpellé pour une affaire de vol et de recel et avoir été condamné pour non-dénonciation
de malfaiteurs. Il nie toujours toute implication. Il fait donc 19 mois de prison et ressort le 10 décembre
2016 (Jean-Marc a alors 9 ans et c’est à cette période que Hervé commence à poser des problèmes).
M. LAURENT ajoute qu’il a de plus été condamné à une amende de 20 000 euros, ce qui l’a obligé à
vendre son pavillon d’Épeigné et à venir s’installer à St-Didier (95) où la famille a vécu jusqu’à la
séparation du couple en septembre 2020.
Avant de se séparer, le couple a traversé une grave période de crise, ponctuée de scènes d’une
grande violence et de tentatives de suicide de Monsieur comme de Madame.
Madame ANDRÉ tente d’expliquer la violence de M. LAURENT par le surmenage, le stress, la
dépression et une jalousie maladive qui le métamorphosait complètement.
M. LAURENT, quant à lui, passe sous silence ces scènes violentes, détourne les questions ou
minimise les conséquences (l’histoire familiale, et notamment la période passée à St-Didier est assez
difficile à reconstituer, les éléments fournis par M. LAURENT étant parfois un peu confus dans leur
chronologie).

JEAN-MARC :

Sur les faits : Jean-Marc ne nie en rien les faits qui lui sont reprochés, comme dans les autres
affaires pour lesquelles il a déjà comparu devant le Juge des Enfants. Il explique qu’ils étaient un groupe
de cinq copains, qu’ils avaient repéré le matériel que possédait la victime lors d’une partie de pêche,
et qu’ils n’ont pas résisté à la tentation de s’introduire dans le grenier où étaient rangés les cannes et
autres matériels. Jean-Marc sait que le vol est interdit et puni par la loi, mais ne semble pas réellement
prendre conscience des conséquences.
Son rapport à la loi semble très flou. De plus, Jean-Marc a grandi entre une mère incapable de
poser des limites et un père qui a pu se montrer très dur parfois, sans que la réponse ne soit toujours
proportionnée à la situation.

Scolarité : Jean-Marc a effectué sa primaire dans de petites écoles de campagne où sa scolarité


s’est bien déroulée.
C’est en arrivant au collège de St-Didier, ou son demi-frère Hervé était alors inscrit, que les
difficultés scolaires de Jean-Marc ont commencé. L’adolescent explique que le système du collège l’a
déstabilisé : les changements de professeurs, de salles, le grand nombre de matières… Mais il semble
que l’essentiel du problème se situe plutôt dans les difficultés que posait alors Hervé à l’établissement.
Jean-Marc a alors été assimilé à son frère, et il semble qu’il ait été victime d’un ostracisme certain.
Exclu définitivement de ce collège après quelques mois, il est inscrit à Ste-Marie, collège privé
à Charbon (95).
C’est grâce aux démarches effectuées par le Territoire de Vie Sociale que Jean-Marc n’a
manqué que deux ou trois semaines de cours à cette période.
Après quelques mois à Ste-Marie , il est là aussi exclu pour des problèmes de comportement.
C’est une assistante sociale scolaire, en lien avec l’Inspection Académique, qui a alors fait de
nombreuses démarches afin de rescolariser Jean-Marc. Elle s’est heurtée à des refus, jusqu’à ce que
le collège Tiazzo à Charbon accepte d’inscrire Jean-Marc. Ce dernier a fait des efforts, mais de nouveau
il a été renvoyé de ce collège.
Depuis, Jean-Marc n’est plus scolarisé malgré les efforts du secteur. Les assistantes sociales de
prévention ont récemment trouvé un établissement scolaire qui correspondait tout à fait aux souhaits
d’orientation du jeune (menuiserie et pêche). Or, cette école se trouvant près du Mans (72), Jean-Marc
aurait dû y être interne. Malgré une visite qui s’était bien passée, l’adolescent a refusé de partir le jour
prévu, son argument étant qu’il ne supporterait pas l’internat.

Personnalité : Jean-Marc est un adolescent qui paraît plus âgé qu’il ne l’est réellement. Il a
d’ailleurs une majorité d’amis plus âgés que lui (certains sont de jeunes majeurs) ; ils semblent tenir
une grande place dans sa vie actuelle, rythmant ses journées par leurs visites et leurs sollicitations de
sorties.
Jean-Marc partage donc ses journées entre ses copains, la pêche (qui est sa grande passion) et
les parties de billard au café de Villeneuve.
Bien que déscolarisé depuis de nombreux mois, Jean-Marc garde cependant un rythme de vie
« normal ». Il est capable d’être prêt à 9h00 si on lui fixe un rendez-vous, expliquant qu’il ne se lève
pas tard.
Lors de la mesure d’aide réparation qu’il a effectuée en 2018, Jean-Marc s’est découvert un
intérêt pour le travail du bois (il a fabriqué des cages à oiseaux pour une association qui gère les
ressources naturelles de la Loire).
Il affirme être toujours motivé par une activité centrée sur le bois.

SITUATION ACTUELLE :

M. LAURENT : Il vit actuellement à Charbon (95) dans un petit studio d’un immeuble HLM, près
du quartier du Veldiv.
La petitesse de l’appartement ne lui permet pas de recevoir ses enfants autrement qu’en
journée. Aussi, souhaite-t-il pouvoir déménager dans un avenir assez proche.
Il est actuellement en formation avec la Croix Rouge d’Ezanville (95) pour travailler à une
remise à niveau.
Interrogé sur son rôle et son action dans la scolarisation de Jean-Marc, M. LAURENT se
retranche derrière l’obstruction de Mme ANDRÉ : il affirme qu’elle ne le tenait pas au courant des
multiples absences ou incidents dont le collège l’informait concernant Jean-Marc. (Mme ANDRÉ
explique que c’était pour éviter la colère de M. LAURENT qu’elle a pu lui cacher certains événements).
Concernant les délits commis par son fils, M. LAURENT répond « en miroir », évoquant ses
propres démêlés judiciaires et la perception qu’il a de la Justice. La condamnation dont il a fait l’objet
reste vécue comme une injustice, « aujourd’hui je suis encore en prison » dit-il.
Il perçoit les juges comme « des gens durs », et laisse entrevoir une incompréhension de la
logique qui anime la Justice.
Aussi, M. LAURENT impute plutôt les délits de Jean-Marc à ses fréquentations et aux mauvaises
influences qu’elles exercent sur lui.

Mme ANDRÉ : Mme ANDRÉ loue un logement dans le bourg de Villeneuve (95). Le lieu est
investi, décoré, mais dans l’obscurité, les volets étant toujours clos. Mme ANDRÉ dit ne pas aimer voir
le mauvais temps dehors.
Actuellement, Madame ANDRÉ est à la recherche d’un emploi. Elle a travaillé en maison de
retraite mais a interrompu son activité professionnelle à cause de la dépression dont elle souffre. Elle
vient d’arrêter le traitement qu’elle suivait.
À deux reprises, au cours des dernières années, elle a du être hospitalisée, notamment suite à
une tentative de suicide (à laquelle Jean-Marc, alors âgé de 12 ans, a assisté). Malgré les soins, Mme
ANDRÉ reste fragile, ce qu’elle reconnaît aisément.
Jean-Marc et Maryse vivent à son domicile, ce qu’elle a parfois du mal à gérer, les deux
adolescents se chamaillent dès qu’ils sont en présence l’un de l’autre.
Mme ANDRÉ explique qu’elle a désormais pris conscience de son fonctionnement en tant que
mère. Elle dit « aimer trop » ses enfants, et par la même « les aimer mal ». Elle admet être incapable
de leur poser des limites et d’asseoir une quelconque autorité. Elle explique que pour elle sanctionner
serait ne plus aimer, même si elle reconnaît l’erreur de ce raisonnement.
Mme ANDRÉ estime avoir un lien particulièrement fort et fusionnel avec Jean-Marc, relation
qu’elle décrit comme plus intense que celle qu’elle entretient avec ses filles. Elle reconnaît n’avoir pas
coupé le cordon avec Jean-Marc et se dit consciente des conséquences, sans toutefois rien mettre en
place pour se séparer de son fils.
D’autre part, elle pense que Jean-Marc s’inquiète pour elle quand ils sont séparés, à cause de
sa dépression et des tentatives de suicide qu’elle a déjà faites. Maryse partage cet avis. Jean-Marc le
réfute, mal à l’aise, avec un demi-sourire.
Concernant la déscolarisation de Jean-Marc, elle tient le même discours que M. LAURENT.
Elle en fait une priorité, tout en disant avoir baissé les bras, ne sachant plus quelle solution
mettre en place.
Quant au délit, elle l’explique en partie par leur manque de moyens actuel qui empêche Jean-
Marc d’accéder à certains biens. Elle évoque aussi les influences des fréquentations de Jean-Marc, sans
pour autant être capable d’empêcher les va-et-vient incessants des amis de son fils au domicile.

ANALYSE DE LA SITUATION :
Lorsque sont abordées avec M . LAURENT les difficultés qu’il a rencontrées dans sa vie
(notamment professionnelle), il perd un peu son calme et évoque « notre monde et le votre », celui
des voyageurs et celui des sédentaires. L’ostracisme qu’il a peut-être subi à certaines occasions, ajouté
au complexe né de son manque d’instruction, semblent avoir développé chez lui une position de
victime : victime de la société, de la justice… qui ne facilite pas les processus identitaires à l’œuvre chez
un adolescent.
La gravité de la déscolarisation de Jean-Marc est diluée, bien que dans le discours soit mis en
avant l’importance de l’instruction et de la scolarité.
Par ailleurs, lors d’une discussion avec Maryse ; la sœur de Jean-Marc, elle a énoncé sa
certitude que c’est la revendication par son frère d’une identité de voyageur qui les éloigne et crée ce
fossé d’incompréhension entre eux.

Jennifer LEPOINT
Éducatrice Spécialisée
RAPPORT PSYCHOLOGIQUE :

Jeune concerné : LAURENT Jean-Marc

Épreuves utilisées :
- RORSCHACH
- WISC V

Fréquence des rencontres :


- 1 rencontre de présentation avec Jean-Marc et son père
- 3 entretiens avec Jean-Marc

Après une première rencontre plusieurs fois repoussée, la mobilisation de la famille a été très
tardive. En effet, en dépit d’une apparente coopération, plusieurs rendez-vous n’ont pas été honorés
et ce malgré un bureau à Charbon prêté par le centre social nous permettant de nous rapprocher
d’eux. Des raisons matérielles sont invoquées. M. LAURENT et Mme ANDRÉ n’ont pas toujours donné
l’impression de comprendre l’intérêt ni l’objectif de la mesure, ni même de prendre en compte le
processus judiciaire qui s’y rattache. De même, il n’a pas été possible pour Jean-Marc de se rendre
seul, en bus depuis St-Didier, au Service Territorial Educatif de Milieu Ouvert de Pontoise et ce malgré
nos sollicitations. À chacune des deux rencontres organisées, les parents se sont arrangés pour l’y
accompagner.
Jean-Marc est un garçon de 14 ans et 4 mois. D’allure élancée, il paraît légèrement plus âgé.
C’est un adolescent discret mais qui communique aisément dès qu’on l’y invite. Son expression est
simple et directe. Cependant l’échange verbal reste économique, Jean-Marc va à l’essentiel comme
pour faire savoir qu’il a mieux à faire.
Finalement, il se raconte peu. Il paraît plus intéressé lorsqu’il s’agit d’évoquer ses origines
culturelles, des gens du voyage, qu’il revendique à la faveur de certaines de ses relations amicales, et
qui semblent fortement contribuer à sa construction identitaire.
Il parle aussi avec une satisfaction affichée de son loisir préféré ; la pêche, qu’il privilégie à
toute autre chose.
Par rapport à la scolarité, après avoir craint de devoir réintégrer un cursus traditionnel, il se dit
peu inquiet et attend de trouver des solutions plus conformes à ses possibilités. Ses projets propres
sont cependant peu construits, ils font référence à ses centres d’intérêts.
De façon générale, les facultés d’élaboration et de mentalisation restent minimales, les
évènements sont énoncés et peu expliqués. Le discours de Jean-Marc évoque d’emblée la prévalence
du principe de plaisir, au détriment de celui de la réalité, et la mise en œuvre de processus de pensée
principalement primaire.

L’épreuve psychométrique (WISC V) :

L’efficience intellectuelle de Jean-Marc se situe dans la zone de la norme et écarte toute


hypothèse de déficit. L’échelle verbale est légèrement supérieure.
La répartition harmonieuse de l’ensemble de ses notes rend l’interprétation intersubtest non
significative.
Seule une épreuve est particulièrement échouée. Elle nous renseigne sur des probables
difficultés d’attention et de concentration avec une extension possible à des difficultés
d’apprentissage. Toutefois, il est à noter qu’au niveau comportemental, Jean-Marc s’est montré plutôt
gêné et même parfois impressionné dans la passation de cette épreuve. Il affiche même clairement
son désintérêt.
C’est donc plutôt l’investissement de la scolarité et le désir de réussite qui paraissent
déficients.
Des capacités importantes sont repérées au niveau de l’expression verbale et dans l’utilisation
du langage relationnel. Cependant, le langage qui est surinvesti se distingue de celui de la scolarité.
Pour Jean-Marc l’immaturité affective vient en contradiction avec des potentialités
intellectuelles, celles-ci étant trop envahies par des processus primaires. C’est à dire que la charge
fantasmatique inconsciente serait trop lourde pour laisser la pensée libre.
L’épreuve projective (RORSCHACH) :

Cette épreuve a suscité plus d’intérêt chez Jean-Marc. Le protocole qu’il établit est donc d’une
productivité plus élevée. Jean-Marc utilise une intelligence plutôt formelle, en montrant un
attachement au concret, celle-ci reste très adaptive.
Il y a une prévalence des représentations au détriment de l’expression des affects. Toutefois,
la sensibilité émotionnelle et sensorielle existe. Cela rend compte de ses capacités à être touché par
l’environnement, même s’il lui faut mettre à distance l’expression des affects suscités par celui-ci.
Les facteurs de socialisation sont particulièrement chutés. Les contenus humains s’effacent
derrière des contenus infantiles.
De même les identifications parentales sont incomplètes ou dégradées et donc peu
satisfaisantes.
Il apparaît, par ailleurs, une relation fusionnelle à l’imago maternelle qui renvoie à des
difficultés éprouvées pour réaliser la séparation à une mère réelle.
Il n’apparaît pas d’angoisse pathologique.

Cette épreuve rend compte de modalités normales pour son âge. La problématique est
essentiellement du registre névrotique. Toutefois, un conflit interne existe, il suggère une entrée dans
un processus adolescent augurant un certain nombre de remaniements encore fortement jugulés. Les
mécanismes régressifs sont importants et entraînent la contradiction des processus secondaires par la
prépondérance du principe de plaisir.

CONCLUSION :

Jean-Marc LAURENT vit donc actuellement dans un fonctionnement familial qui lui autorise
entre autres d’être déscolarisé depuis un an et demi (alors qu’il n’a que 14 ans) et de transgresser la
loi sans réponse parentale clairement positionnée.
Chacun tire des bénéfices secondaires de cette situation, notamment Jean-Marc, même si les
parents n’en ont pas véritablement conscience.
Un placement de Jean-Marc, au titre de l’ordonnance de 1945, nous paraîtrait approprié.

J. LEPOINT T. MARTIN H. ASLOUM


Éducatrice Psychologue Directrice
STEMO/SEAT

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