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Sophie ES 20-23

Le récit éducatif de Thierry

Thierry (1), est un jeune âgé de 12 ans, placé depuis quelques mois avec sa fratrie au
sein de la MECS. Il y a été placé avec sa fratrie qui se compose de ses trois autres
frères (Paul 10 ans, Marc 7 ans et Pierre 5 ans (2). Avant leur placement à la MECS,
chaque enfant était placé dans une famille d’accueil séparément dans le sud de l’île.
Les parents des enfants ayant toujours l’autorité parentale et habitant dans le sud
également, décident de déménager pour s’installer dans l’est de l’île. Ce changement
géographique oblige la Maison Départementale du sud de « déplacer » les enfants en
famille d’accueil pour un placement en structure dans l’est.

Lors de la visite d’admission, les référents MD nous informent que Thierry est
énurétique et que sa « tatie » (famille d’accueil) le réveillait le soir pour aller au toilette.
Que son frère Marc lui était tranquille. Puis, ils nous expliquent que les parents avaient
décidés de déménagés du sud de l’île car ils ne souhaitaient plus y restés. Ils, nous
informent aussi, que les parents peuvent tenir un discours inapproprié devant leurs
enfants concernant les familles d’accueils et le service social. Ils nous avertissent sur
le fait que le père pouvait être violent (verbalement et physiquement).

L’installation et l’intégration de la fratrie se passe bien. La prise de contact avec la


famille se fait progressivement afin de permettre aux parents d’échanger avec les
référents de la fratrie et les autres professionnels de la MECS et de leur expliqués le
fonctionnement surtout pour les appels médiatisés.
Les enfants sont très vite scolarisés et sembles bien s’adaptés à la vie en foyer.

Au fil du temps, nous nous apercevons, que le collège de Thierry nous appelle souvent
pour nous dire que la jeune pose des soucis de comportements à l’école. Il revient le
soir avec des mots de ses professeurs dans son carnet (n’écoute pas, joue, a oublié
son livre etc.). Suite à cela, les référents décident de recevoir le jeune en entretien,
afin de poser les choses avec lui pour expliquer le pourquoi de ses comportements. Il
en resort de cet entretien, que le jeune dit que « cela n’est pas de sa faute mais celle
des profs ». « Qu’il ne souhaite plus rester au sein de la MECS et veut retourner chez
sa famille d’accueil ».
Ce qui lui à été expliqué, lors de son entretien, c’est que seul le juge des enfants peut
prendre cette décision et que des temps lui son accordé avec l’équipe et le psy.
Cependant, son renvoi provisoire du collège, sera partagé avec sa nouvelle référente
MD non pas pour lui faire peur mais que nous devons la tenir informer. Les collègues
lui on rappelé qu’ils comprennent et entendent que cela puisse être compliqué pour lui
mais son comportement ne devait être comme ça car il n’arrangerait pas sa situation.
Concernant la situation de ses parents, ils avaient un travail à faire avant de pouvoir
les récupérés. Le jeune dit essayer de faire des efforts mais ne promet rien.

Par la suite, les parents obtiennent des calendriers de visites à domicile pour la fratrie
en journée. Les enfants partent les samedis matin pour revenir en début de soirée.
Dans les premiers temps, les visites se déroulent bien et les enfants reviennent à la
structure triste de quittés leurs parents. Les échanges avec la famille sont cordiaux.
Petit à petit, les enfants reviennent sur la structure en adoptant un comportement
inapproprié (irrespect envers l’adulte et leurs pairs, insultes, coups etc)

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Sophie ES 20-23

Plus le temps passe, les appels du collège de Thierry et les mots dans son carnet se
multiplient. Le jeune finit par se faire expulser temporairement de son collège pour
cause
de violences verbales qui se termine par une bagarre sans gravité pour personne. En
équipe, nous décidons d’échanger avec leur nouvelle référente MD afin de faire le
point sur la situation avec les nouveaux éléments. Une rencontre à lieu à la MD.

La référente rencontre la Thierry et lui explique ses missions dans son


accompagnement avec sa fratrie et lui-même. Lors de cette rencontre à laquelle j’ai
participé, le jeune semble mal à l’aise face à sa nouvelle référente. Quand elle lui parle,
le jeune répond à peine, secoue la tête pour dire oui, joue avec ses mains. Arrive la
question de « qu’est-ce que tu souhaites ? » Le jeune dit je ne veux plus être en foyer.
Il dit ne pas comprendre « pourquoi on m’a « retiré » de ma famille d’accueil avec
laquelle je me sentais bien, perdus mes copains et mes habitudes ». La référente lui
répond a ce moment-là que c’est le fait que ses parents souhaitaient déménagés.
Thierry répéta à sa référente « mais j’étais bien en famille d’accueil moi, je veux y
retourner ». Elle lui dit que dans son écrit pour le juge elle ferait apparaître qu’il
souhaite repartir en famille d’accueil. Sa date d’audience n’était pas encore connue
mais elle devait se dérouler dans un mois.

Malgré les rencontres avec ses référents et les autres membres de l’équipe, sa
référente MD, le jeune continuait ses comportements inappropriés à l’école mais
également au foyer. Il insultait les adules, frappait et insultait ses frères et ses pairs.
Nous lui accordions des temps pour échanger même le psychologue de la structure lui
accordait des temps.

Lorsqu’il allait à domicile, le jeune n’avait pas ces comportements. Les parents avaient
été informés des actes de leur fils et comme sanctions ils lui donnaient des lignes
d’écritures et pas de console. Nous avons demandé aux parents de parlés avec leur
fils de cette situation à l’école. Malheureusement les parents n’entendaient pas leur
fils et décidaient à sa place qu’il ne retournerait pas en famille d’accueil.

Lors de l’audience, Le juge a demandé à la fratrie de venir seule dans son bureau. De
là chaque enfant à exprimer vouloir repartir en famille d’accueil sauf Pierre qui voulait
retourner à domicile. Le juge a demandé a rencontré les parents. A ce moment, la
mère des enfants dit être contre un retour en famille d’accueil et le père ne dit mots
puis le juge fait sortir tout le monde de son bureau et délibère. La fratrie bénéficie d’un
renouvèlement de placement d’un an avec un travail pour un retour en famille
d’accueil.

Depuis l’annonce du juge, Thierry fait moins souvent « pipi au lit ». Il est plus dans
l’échange avec les adultes. En ce qui concerne sa violence envers sa fratrie elle n’a
pas diminué mais arrive à mettre des mots avec le psychologue sur ces actes.

Ce qui me semble questionnant ici c’est que dans cette situation, c’est l’avis de la
fratrie et celle de chaque enfant n’a pas été prise en compte avant le placement en
structure. Cette fratrie qui évoluait dans un environnement stable et sécurisant s’est
vue être chamboulé pour être « déplacée » en MECS.

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Sophie ES 20-23

Plusieurs questions m’interpellent, pourquoi dans cette situation la loi du 14 mars 2016
n’a t-elle pas joué son rôle de stabilité et de protection ? Pourquoi un retour en arrière
? Pourquoi faire perdre tout ce temps aux enfants ?
Le point positif est que Thierry s’est rapproché de l’équipe et est plus dans les
échanges et arrive à se confier sur ses craintes. L’équipe continue de lui accorder des
temps et surtout pouvoir se poser avec les autres ados de la structure.

(1) et (2) Prénoms d’emprunts.

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