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net/publication/301228831
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Stéphanie Bonnet
University of Liège
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All content following this page was uploaded by Stéphanie Bonnet on 13 April 2016.
STÉPHANIE BONNET
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fication forestière. Elle intervient en effet tement visant à l’élimination des défor-
dans l’estimation du volume (tarif de cu- mations d’une image afin qu’elle puisse
bage), dans la définition du niveau de pro- se superposer à une carte), sont utilisées
ductivité (notion de hauteur dominante) comme couche de référence dans des Sys-
ou encore dans l’évaluation de la diversité tèmes d’Information Géographique (SIG)
structurale des écosystèmes et leur adé- dans de nombreux domaines : gestion des
quation à accueillir différentes espèces infrastructures, aménagement du territoi-
animales. L’estimation de la hauteur des re, foresterie, agriculture…
peuplements repose actuellement quasi
exclusivement sur la réalisation de mesu- La technique de production de ces ortho-
res de terrain. photographies numériques génère une
couche d’information connexe qui est le
Au cours des dernières années, plusieurs Modèle Numérique de Surface (MNS). Il
techniques de télédétection ont connu un s’agit d’une couche raster (constituée de
développement spectaculaire et offrent pixels) fournissant l’altitude du toit de la
désormais des possibilités très prometteu- canopée. Les possibilités d’utilisation de ce
ses en matière de cartographie et de carac- MNS sont nombreuses. Il est notamment
térisation de peuplements forestiers. possible de générer un Modèle Numéri-
que de Canopée (MNC), en combinant le
Dans ce domaine, la réalisation de cou- MNS avec un Modèle Numérique de Ter-
vertures photographiques aériennes nu- rain (MNT), soit une couche raster définis-
mériques à très haute résolution connaît sant l’altitude au niveau du sol. De part
un essor important. Ces données photo- sa conception, ce MNC donne en chaque
graphiques, une fois orthorectifiées (trai- pixel la hauteur des objets, comme par
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Production du Modèle
Numérique de Canopée
(MNC)
Limites de parcelles
Extraction
des valeurs des pixels
Borne Borne
inférieure supérieure
Application
du modèle
à de nouvelles
parcelles
Figure 2 – Présentation des différentes étapes de la démarche d’exploitation des données à partir de la
couche Modèle Numérique de Canopée et des données de terrain.
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L’étude s’est focalisée sur l’estimation de
la hauteur dominante de peuplements
résineux équiennes constitués d’épicéa
commun (Picea abies (L.) KARST.) et de
douglas (Pseudotsuga menziesii (MIRB.)
FRANCO), ces deux essences couvrant en-
viron 180 000 hectares, soit un peu plus
de 80 % des surfaces résineuses en Région
wallonne. La hauteur dominante telle que
définie dans cette recherche correspond
à la hauteur moyenne arithmétique des
cent plus gros bois à l’hectare.
MÉTHODE
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la surface du sol. Il constitue la base de l’es- faite sur base de mesures de terrain. Ces
timation de la hauteur dominante. Pour mesures ont été collectées dans soixante
construire le modèle prédictif, nous avons peuplements, constitués indifféremment
extrait, à l’aide d’une application infor- de douglas ou d’épicéa, répartis dans deux
matique-SIG, les valeurs du MNC corres- sites différents : quarante parcelles sur la
pondant à l’emprise spatiale des différents Donation Royale de Ciergnon et vingt
peuplements échantillonnés. Les données parcelles sur le cantonnement d’Eupen.
récupérées correspondent aux valeurs de Les données des quarante peuplements de
hauteur de canopée pour l’ensemble des Ciergnon ont été utilisées pour ajuster le
pixels situés au sein du peuplement. modèle de prédiction de la hauteur domi-
nante. Les données des vingt peuplements
Ces données sont ensuite agrégées pour du cantonnement d’Eupen ont été utili-
calculer une série de statistiques décrivant sées pour valider le modèle. Le tableau 1
la distribution des valeurs de ces pixels décrit brièvement ces parcelles. Les limites
pour le peuplement considéré. Ces sta- de ces peuplements ont été digitalisées sur
tistiques reposent principalement sur le base des orthophotographies aériennes
calcul de différents percentiles. Elles cor- numériques disponibles sur l’ensemble de
respondent à des valeurs pour un percen- la Région wallonne.
tile donné (par exemple h95 correspondant
au 95ème percentile) ou à la moyenne des Cette prise de données a été réalisée par
valeurs comprises entre deux percentiles voie d’échantillonnage systématique. La
(par exemple h67-95 correspondant à la circonférence à 1,5 mètre de tous les ar-
moyenne des valeurs comprises entre les bres, ainsi que la hauteur totale de l’arbre
67ème et le 95ème percentile). le plus gros de chaque placette (d’une sur-
face de 1 are) ont été mesurées. La hauteur
Pour évaluer l’impact de la variabilité du dominante d’un peuplement était définie
relief sur la prédiction de la hauteur domi- comme la moyenne arithmétique des
nante du peuplement, la moyenne, l’am- hauteurs totales mesurées au niveau de
plitude et l’écart-type de l’altitude et de la chaque peuplement.
pente ont également été ajoutés au jeu de
données. Estimation de la hauteur dominante
Un ensemble de variables « hauteur de
Mesures de terrain canopée » et « relief » a été pris en compte
Une estimation de la hauteur dominante dans l’analyse statistique afin de déter-
d’un certain nombre de peuplements a été miner le ou les paramètres estimant au
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mieux la hauteur dominante. Cette ana- la différence entre la valeur fournie par
lyse a permis de retenir deux modèles. Le le modèle (valeur estimée) et la mesure
premier fait intervenir uniquement une terrain (valeur de référence). Les résul-
variable dérivée du MNC, en l’occurrence, tats sont présentés au tableau 2. Les mo-
H675-95 (figure 4). Le second intègre en plus dèles sont non biaisés (erreur moyenne
de H675-95, une variable traduisant l’hété- non significative) et caractérisés par une
rogénéité du relief (logarithme de l’écart- erreur résiduelle moyenne de 1,7 mètre
type de la pente). Les équations obtenues (modèle 1) et 1,4 mètre (modèle 2). Dans
sont présentées en figure 5. le cas du deuxième modèle, on peut rete-
nir que 40 % des estimations sont enta-
Validation des modèles chées d’une erreur inférieure à 1 mètre,
Les équations mises au point ont été tes- 45 % ont, quant à elles, une erreur entre
tées sur les données issues des parcelles 1 et 2 mètres et enfin, les 15 % restant
de validation. La précision des modèles sont caractérisés par une erreur de 2 à
a été évaluée par le résidu, c’est-à-dire, 3 mètres.
Figure 4 – Modèle d’estimation de la hauteur dominante par ajustement des hauteurs estimées par le
modèle, d’une part, et d’autre part, par les mesures de terrain.
Figure 5 – Équations des deux modèles retenus lors de l’analyse des résultats des traitements statistiques.
Modèle 1
HDom_est = 3,69 + 1,03 * H675-95
(R2 = 95,3 %)
Modèle 2
HDom_est = 5,9 + 0,882 * H675-95 + 1,24 * ln(stdev_slope)
(R2 = 96,3 %)
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Validation sur le cantonnement d’Eupen
Modèle 1 Modèle 2
Moyenne de l’erreur (m) 0,417 -0,293
Écart-type de l’erreur (m) 1,714 1,376
Tableau 2 – Résultats de la validation.
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