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T
mittance suppose que la relation T épicéa
0,4
qui lie la surface terrière du peuple- T mélèze
ment à son indice foliaire, à la base 0,3 T pin
de l’interception de la lumière, soit 0,2
stable dans le temps. Dans le cas
contraire, il est nécessaire d’intro- 0,1
duire dans l’équation des variables 0
supplémentaires, qui permettent 0 10 20 30 40 50 60
de tenir compte de ces variations G
temporelles. Ainsi, la prise en
Fig. 1 : décroissance exponentielle de la lumière moyenne journalière
compte de l’âge du peuplement ou
transmise dans le sous-bois (T, transmittance), au milieu de la saison
bien des caractéristiques de la der-
de végétation, par diverses essences en peuplements réguliers en fonction
nière éclaircie (temps écoulé depuis
de leur surface terrière G (m² ha-1)
la dernière éclaircie et intensité
d’éclaircie) peuvent améliorer sen-
siblement la prédiction de la trans- ture du couvert (chablis, coupes…) Les variables caractérisant des
mittance (Sonohat et al., 2004). Sur le plan de la variabilité spatiale, grandeurs moyennes de peuple-
L’âge rend compte d’une augmen- même en peuplement pur et régulier, ment ne suffisent donc plus pour
tation de la surface foliaire des ar- la lumière transmise présente une va- prédire un éclairement local.
bres dans le jeune âge et d’une di- riabilité significative. Cette variabilité, Cependant, même des variables re-
minution progressive avec leur mesurée par le coefficient de variation flétant la structure locale du peu-
vieillissement, toute proportion gar- ((écart-type/moyenne)*100) s’établit plement ne permettent pas de
dée par rapport à leur surface autour de 20 %, quelle que soit la par- bonnes prédictions de la lumière,
conductrice de tronc et indépen- celle considérée et sa surface terrière. ou bien demandent des mesures
damment de la densité du peuple- trop lourdes pour pouvoir être utili-
ment. Les caractéristiques de la La variabilité spatiale sées en routine (surface de houp-
dernière éclaircie ont un peu un augmente très fortement pier des arbres par exemple, voir
rôle semblable mais sur le court en peuplement hétérogène encadré 2). Par ailleurs les variables
terme (quelques années). dendrométriques qui pourraient
En peuplement hétérogène, c’est- être utilisées sur une parcelle ne le
La lumière n’est jamais à-dire présentant une forte variabi- seront pas forcément pour une
uniforme sous le couvert lité de structure spatiale verticale autre. Il est aussi intéressant de si-
ou horizontale (présence d’arbres gnaler que la distance sur laquelle
La lumière transmise dans le sous-bois de différentes espèces, de diffé- les variables du peuplement dé-
présente une forte variabilité tempo- rentes dimensions, de trouées de crites localement permettent d’es-
relle et spatiale autour de la moyenne. dimensions et de formes variées), la timer la lumière dépend de la fer-
La variabilité temporelle intègre diffé- variabilité spatiale de la lumière meture du couvert local, et donc de
rentes échelles de temps : des varia- transmise au sol augmente très for- la quantité de lumière transmise.
tions journalières déterminées essen- tement. En moyenne à l’échelle Ainsi dans une étude sur la forêt de
tiellement par la trajectoire du soleil, d’une placette la transmittance Lorris (voir encadré 2) les mesures
des variations saisonnières (diminu- peut être prédite par la surface ter- montrent qu’à faible niveau de
tion très rapide de la transmittance rière du peuplement (voir encadré transmittance (0-0,1), la densité des
avec la mise en place des feuilles en 2) mais cette moyenne n’a guère de arbres précomptables sur un rayon
début de saison, notamment pour les sens quand la transmittance mesu- de 6 m centré sur la zone d’intérêt a
essences feuillues, puis augmentation rée à quelques mètres de distance donné une bonne indication de la
significative dès le mois d’août peut varier de plus de 120 %. Cette lumière, alors qu’à fort niveau de
lorsque les feuilles sénescentes com- variabilité est forte pour tous les ni- transmittance (0,2-1), c’est la den-
mencent à tomber) et enfin des varia- veaux de surface terrière (sauf bien sité sur un rayon de 20 m qui fournit
tions interannuelles déterminées par sûr en peuplement complètement le meilleur estimateur.
les épisodes d’ouverture et de ferme- fermé).
Dans le cadre du projet ECOGER sur les forêts mélan- hauteur totale du pin étudié, soit entre 0,5 et 6 m. Le peu-
gées, 11 placettes présentant différents niveaux d’hété- plement environnant a été décrit (essence, diamètre, hau-
rogénéité du couvert et réparties dans la chaîne des Puys, teur du plus gros arbre) sur trois disques concentriques
en forêt d’Orléans et sur le Mont-Ventoux, ont été sélec- emboîtés de rayon égal à la hauteur du pin, égal à 6 m
tionnées pour étudier les relations entre structure du cou- ou bien égal à 20 m. La transmittance mesurée varie de
vert et éclairement transmis. Une caractérisation dendro- 0,03 à 0,93 pour une gamme de surface terrière allant de
métrique fine de leur structure (cartographie des arbres, 8 à 31 m². Dans ce contexte de peuplements hétérogènes
de leur diamètre, hauteur, longueur et surface de houp- présentant une forte variabilité horizontale, la surface ter-
pier) et des mesures de lumière selon un maillage régulier rière mesurée sur 20 m explique peu les variations du
ont été faites. Sur l’ensemble des sites, les essences transmis (R² = 28 %). L’introduction de la proportion de
considérées, souvent en mélange, étaient principalement chêne et de pin n’améliore pas l’estimation, contraire-
le pin noir, le pin sylvestre, le chêne sessile, le bouleau, le ment à ce que l’on aurait pu attendre compte tenu des
hêtre, l’alisier torminal et le sapin. La surface terrière différences entre les coefficients d’extinction des deux es-
moyenne variait de 14 à 54 m², avec parfois de très fortes pèces (figure 1). Les variables mesurées sur un cercle plus
hétérogénéités locales. La transmittance moyenne par restreint – surface terrière sur 6 m, densité totale sur 6 m,
placette a varié de 0,05 à 0,54 et l’application de la rela- distance à l’arbre précomptable le plus proche — utili-
tion liant la transmittance à la surface terrière du peuple- sées seules, ne sont pas plus performantes. Il est néces-
ment, T = exp (-k. G), donne une prédiction correcte saire d’associer plusieurs variables pour obtenir une indi-
(R² = 57 %). Cependant cette moyenne n’a pas vraiment cation satisfaisante de la lumière transmise : surface
de sens si l’on considère la très forte variabilité spatiale au terrière du peuplement environnant, hauteur de mesure
sein même des placettes (coefficient de variabilité dépas- de la lumière, nombre de tiges du sous-étage, distance à
sant parfois les 120 %). Sur une parcelle du Mont-Ventoux l’arbre précomptable le plus proche et surface terrière lo-
nous avons par exemple relevé des transmittances s’éche- cale (6 m) (R² = 68 %).
lonnant de 0,006 à 0,56 sur les 64 points de mesure. Nous
avons tenté de relier la transmittance mesurée par un cap- En forêt du Graoully (57), dans un ancien TSF contenant
teur à différentes variables dendrométriques relevées sur de nombreuses essences en mélange, nous avons étudié
des disques de rayons variables (de 0,5 à 2 fois la hauteur les relations entre structure du couvert et éclairement
de l’arbre moyen) centrés sur la mesure de lumière. Parmi transmis. Une description de l’ensemble du peuplement
les différentes variables testées, la somme des surfaces (1 ha) a été effectuée (localisation, hauteur, diamètre et
des houppiers, la densité des arbres ou la surface terrière dimensions des houppiers de tous les arbres). Un modèle
sont les variables rendant le mieux compte de la transmit- de transmission de lumière a été appliqué sur une ma-
tance mais avec une prédictibilité moyenne à faible quette du peuplement. Les valeurs fournies par le modèle
(R² = 62 %, 50 % et 24 %, respectivement). La prise en ont été mises en relation avec différentes variables den-
compte de l’azimut des arbres apporte un gain de préci- drométriques caractérisant la structure locale du peuple-
sion (R² = 38 %) mais cette variable n’est pas aisée à me- ment : surface terrière ou somme des surfaces de houp-
surer en routine. Il faut noter qu’en fonction des placettes pier, calculées sur des cercles de rayon variable (de 10 à
et de leur structure spatiale, ce ne sont pas les mêmes va- 50 m) et sur différents secteurs angulaires (est, ouest,
riables qui donnent les meilleurs résultats. nord, sud) et pondérées ou non par les hauteurs de houp-
piers. Les différents indices dendrométriques calculés ont
En forêt d’Orléans, massif de Lorris, 40 placettes circu- montré que la surface terrière ou la somme des surfaces
laires ont été implantées dans des peuplements mélan- de houppiers avaient un lien évident avec la quantité de
gés à base de chêne et de pin sylvestre pour étudier la lumière transmise. Néanmoins, ces variables se sont ré-
croissance de semis et gaules de pin sylvestre dans des vélées insuffisantes pour prédire de manière satisfaisante
conditions de luminosité contrastées. Une mesure de lu- la lumière transmise en un point donné du peuplement
mière a été réalisée par un capteur positionné au centre (Piboule, 2005).
de la placette, à une hauteur variable correspondant à la
Fig. 2 : reconstitution informatique d’une placette mélangée essentiellement à base de pin sylvestre et de chêne
(vue de 3/4 et de dessus) et simulation de la carte d’éclairement (Da Silva, 2008)
Dans le cadre de formations sur la sylviculture en forêt de L’évolution du peuplement est principalement simulée sur la
montagne, l’ONF Rhône-Alpes utilise depuis l’année 2000 un base de la lumière reçue par chaque houppier d’arbre (qui
réseau de martéloscopes, dont certains ont été couplés au commandera croissance ou mortalité), mais aussi de la lumière
modèle de croissance SAMSARA pour les peuplements reçue au sol (qui permettra ou non l’installation de semis).
irréguliers des Alpes du nord. Sur ces placettes ont été notés
pour chaque arbre : essence, diamètre, hauteur, hauteur de L’illustration ci-dessous donne l’exemple d’un exercice sur le
la base du houppier, quatre rayons du houppier. martéloscope de Crest-Voland (Savoie). L’intervention fictive
a permis :
Les simulations d’interventions proposées par les stagiaires - la mise en place de 3 petites trouées (dimensions
sont saisies : moyennes de 25 à 40 m) apportant localement une lumière
- sur un tableur permettant d’analyser les caractéristiques importante ;
quantitatives (nombre de tiges, surface terrière et volume - la récolte privilégiée de gros bois de qualité (diamètres 50
prélevés ; dimensions de l’arbre moyen martelé) et à 70 cm).
qualitatives (évolution du mélange et du type de
peuplement, nature de la coupe) du martelage fictif ; Après 25 années, le renouvellement du peuplement est
- sur le logiciel CAPSIS en utilisant le modèle SAMSARA, pour assuré par l’obtention d’une régénération acquise d’Épicéa
apprécier la répartition spatiale des arbres martelés (pied à dans les seules trouées créées ; la structure irrégulière du
pied, par grandes ou petites trouées) et l’évolution probable peuplement est ainsi maintenue. Sans attendre jusque-là, une
du peuplement sur 20 à 25 années (croissance, mortalité, nouvelle récolte analogue est envisageable 15 à 20 ans après
régénération). cette première intervention.
Année 0
Avant intervention
5m Année 0
Après coupe de 100 m3/ha,
en 3 trouées de 5 ares environ Année 25
Régénération installée
5 m
dans les trouées ;
irrégularisation du peuplement
5 m
zone tourbeuse
zone tourbeuse
Légende
Vert : Epicéa zone tourbeuse
Bleu : Sapin
Rouge : Sorbier Conditions stationnelles du site
La densité des couleurs correspond
Etage subalpin (1 600 m d'altitude)
à la hauteur des 4 strates observées
(strate haute : couleur foncée ; Pente faible (0 à 30%) - Exposition nord-est
strate basse : couleur claire) Alternance de zones rocheuses (Pessière
Carrés jaunes : présence de régénération très acidiphile) et de zones tourbeuses
inférieure à 1,30 m (tourbière de pente partiellement boisée)
cours d’évaluation. Enfin, utiliser les distribution de la lumière dans un DA SILVA D., BOUDON F., GODIN
nouvelles technologies comme le peuplement à partir de variables C., SINOQUET H., 2008. Multiscale
laser scanner terrestre ou le LIDAR dendrométriques caractérisant sa framework for modeling and analyz-
pour obtenir des descriptions réa- structure. ing light interception by trees.
listes des peuplements. Ces appa- Multiscale Modeling and
reils permettent d’obtenir une Simulations vol. 7, n° 2, pp. 910-933
« photographie » en trois dimen- Philippe BALANDIER
sions des peuplements. Ces « pho- Cemagref Nogent-sur-Vernisson GAUQUELIN X., COURBAUD B.,
tographies » pourraient alors être à Unité Écosystèmes Forestiers 2006. Guide de sylviculture des fo-
la base des maquettes informa- et INRA Clermont-Ferrand rêts de montagne - Alpes du Nord
tiques pour simuler l’interception UMR547 PIAF françaises. Cemagref - CRPF
de la lumière. Ces techniques sont philippe.balandier@cemagref.fr Rhône-Alpes - Office National des
également en cours d’évaluation. Forêts, 289 p.
André MARQUIER
En pratique INRA Clermont-Ferrand GAUQUELIN X., COURBAUD B.,
UMR547 PIAF FAY J., BERGER F., MERMIN E.,
La prédiction de l’éclairement sous 2008. Conduite de peuplements
couvert forestier à partir de varia- Sandrine PERRET mélangés en forêt de montagne :
bles dendrométriques simples, Cemagref Nogent-sur-Vernisson exemple d’un transfert chercheurs-
prises en routine lors d’inventaires, Unité Écosystèmes Forestiers gestionnaires. Revue Forestière
est possible en peuplements régu- Française vol. LX, pp. 207-214
liers. L’éclairement y est en effet Catherine COLLET
peu variable, de sorte que le fores- INRA/ AgroParisTech Nancy GOREAUD F., RÉGIS A., COURBAUD
tier peut calculer, par exemple, une UMR1092 - LERFoB B., NGO BIENG M.A., PÉROT T.,
surface terrière moyenne qu’il fau- PIROCHE J.N., 2007. Simuler des
drait enlever en éclaircie pour favo- Benoît COURBAUD peuplements de structures variées
riser la régénération de certaines Cemagref Grenoble pour faciliter l’utilisation des mo-
espèces, favoriser certaines struc- Unité Écosystèmes Montagnards dèles «arbre» spatialisés. Revue
tures végétales pour créer des ha- Forestière Française vol. LIX, pp
bitats particuliers ou bien d’autres 137-161
processus dont nous connaîtrions
l’optimum lumineux. La situation Bibliographie PIBOULE A. 2005. Influence de la
est plus complexe en peuplements structure du peuplement forestier
mélangés et/ou irréguliers puisque BALANDIER P., PAUWELS D., 2002. sur la distribution de l’éclairement
la variabilité de l’éclairement La lumière, outil sylvicole pour favo- sous couvert. Cas d’une forêt hété-
conduit à une mosaïque d’optimum riser la diversité végétale ou la ges- rogène feuillue sur plateau calcaire.
lumineux correspondant à divers tion cynégétique des peuplements Thèse de doctorat, ENGREF. 147 p.
processus ou objectifs. Localement de mélèze (Larix sp.). Forêt
tel éclairement peut favoriser la ré- Wallonne n° 61, pp. 9-13 ONF, 1997. La lumière et la forêt.
génération d’une espèce donnée Office national des forêts, Bulletin
mais quelques mètres plus loin, BALANDIER P., SONOHAT G., SINO- Technique n°34,167 p.
l’éclairement sera suffisamment dif- QUET H., VARLET-GRANCHER C.,
férent pour favoriser une autre es- DUMAS Y., 2006. Characterisation, SONOHAT G., BALANDIER P., RU-
pèce. Dans ce type de peuplement prediction and relationships be- CHAUD F., 2004. Predicting solar ra-
le forestier doit donc plus raisonner tween different wavebands of solar diation transmittance in the under-
en terme de distribution de l’éclai- radiation transmitted in the under- storey of even-aged coniferous
rement (pourcentage de surface du storey of even-aged oak (Quercus stands in temperate forests. Annals
peuplement recevant 5, 10 ou x % petraea, Q. robur) stands. Trees, of Forest Science vol. 61, pp. 629-
de lumière) plutôt qu’en terme de vol. 20, pp. 363-370 641
moyenne. La mesure de variables
dendrométriques simples ne peut DREYER E., COLLET C., MONTPIED VINKLER I., NINGRE F., COLLET C.,
pas répondre à cet objectif. En re- P., SINOQUET H., 2005 Caractérisation 2007. Comportement du hêtre sous
vanche, différents outils (statis- de la tolérance à l’ombrage des abri : les intérêts d’une bonne ges-
tiques, LIDAR), actuellement en jeunes semis de hêtre et comparai- tion du couvert. Rendez-vous
cours d’étude et qui sont basés sur son avec les espèces associées. Techniques de l’ONF, hors-série n°
des approches de modélisation, Revue Forestière Française vol. 57, 2, pp. 48-58
permettront sans doute d’estimer la pp. 175-188