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L’indice différentiel normalisé de végétation


comme indicateur de la dégradation
C.L. Meneses-Tovar

L
Application d’une méthode a dégradation des forêts est observer la dégradation des forêts. Il
d’interprétation des images de devenue un problème grave,     
télédétection à l’observation en particulier dans les pays en la relation existant entre les indicateurs
de l’évolution de la santé des développement. En 2000, on estimait des fonctions des forêts et l’indice diffé-
   que la superficie totale des forêts dégra- rentiel normalisé de végétation (NDVI,
dées, réparties sur 77 pays, s’élevait à de l’anglais   *   
800 millions d’hectares; sur ces der- vegetation index). Cet indice fournit
niers, 500 millions d’hectares étaient des valeurs estimées de «l’intensité de
passés d’une végétation primaire à une vert» des forêts, résultant de l’analyse
végétation secondaire (OIBT, 2002). de données satellitaires. La démarche
Parmi ses divers impacts négatifs, le pro- part du principe que le NDVI est un
cessus de dégradation des forêts consti- indicateur de la santé végétale, dans la
    mesure où une dégradation de la végéta-
de gaz à effet de serre. Il apparaît urgent tion d’un écosystème, ou une diminution
de mesurer et analyser ce processus, en de l’intensité de vert, se traduirait par une
vue de concevoir une action susceptible diminution de la valeur du NDVI. Par
de l’inverser.    
Cet article décrit la façon dont a été dans divers écosystèmes forestiers une
mise en pratique une méthode associant relation entre le niveau d’un indicateur
(  +FA   l’analyse de données de télédétection
est Sous-directrice de la télédétection à la et l’analyse de données de terrain pour
Commission nationale des forêts du Mexique. '* +$
FAO/C. PALMBERG-LERCHE

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donné – la biomasse aérienne – et le purs» (à savoir constituées de peuple- l’intensité de vert d’une zone donnée,
NDVI, il est aussi possible de suivre ments équiennes). Durant ce temps, on c’est-à-dire indiquant la masse de végé-
l’évolution du processus de dégradation. peut distinguer les phases allant de la tation présente dans celle-ci, ainsi
plantation, de l’établissement des plants que son état de santé ou sa vigueur
+B/;B;B/(N-)@B+B)A/ et de la croissance active jusqu’à celle de croissance. Le NDVI est un indice
A  ! #  de la maturité commerciale, au sein sans dimension, aussi sa valeur est-elle
L’une des applications majeures de la desquelles s’inscrit la dynamique plus comprise entre –1 et +1.
télédétection est le suivi des processus complexe constituée par la floraison, Dans la pratique, les valeurs situées
advenant sur la planète. la fructification, les mutations de en dessous de 0,1 correspondent aux
Les images peuvent être utilisées pour feuilles et de branches et l’épaississe- étendues d’eau et aux sols nus, tandis
analyser des processus de court terme, ment des troncs, au cours d’un processus que les valeurs plus élevées indiquent
par exemple pour observer le cycle de constant de changement de la matière une forte activité de photosynthèse,
croissance de certaines cultures en vue vivante présente au-dessus du sol, ou propre aux terres arbustives, aux forêts
d’évaluer les rendements d’une récolte biomasse aérienne. tempérées, aux forêts humides et aux
donnée. On analyse alors des images L’observation des processus phéno- terres agricoles.
satellitaires prises à différentes étapes logiques est plus compliquée dans un
du cycle au cours de l’année, notamment: peuplement primaire ou naturel com- ?A>B
préparation des sols, ensemencement, prenant des individus d’âges et espèces Contexte, séries de données
établissement des plants, croissance différentes, où chaque exemplaire a son S’appuyant sur l’imagerie par télédétec-
!    - propre rythme ou comportement phéno- tion et les enquêtes de terrain, l’étude
location des nutriments ou mûrissement ¬!    visait à établir une relation entre le NDVI
des fruits, et récolte. de feuilles et de branches et repousse –, et la biomasse aérienne. Tout d’abord, des
Les images peuvent aussi servir à étu- et sa stratégie de survie en termes de images devaient être recueillies. Ensuite,
dier des processus de moyen et long compétition pour la lumière, les nutri- il fallait établir les valeurs du NDVI
terme. Les analyses de la dégradation des ments et l’eau. grâce à l’analyse de ces images. Puis
forêts et des changements d’affectation ces valeurs devaient être appliquées à
des terres représentent des exemples )>H=! #  diverses formations végétales, à la fois
majeurs d’application de cette approche. Il existe diverses méthodes permet- pour valider la méthode et pour établir
Il est en effet possible de comparer des tant d’étudier les changements saison- un scénario de référence pour les obser-
images issues d’années différentes. Ces niers de végétation à travers des images vations. Des observations ont ainsi été
images doivent être prises à la même satellite, l’une d’entre elles consistant effectuées au cours du temps. Enfin, le
période de l’année, de façon à réduire au à appliquer des indices de végétation NDVI a pu être corrélé à la biomasse
maximum l’expression de variables telles associés à l’intensité de vert (Chuvieco, aérienne – un indicateur de la santé des
que la qualité de la lumière, la géométrie 1998). Le NDVI est une mesure du bilan forêts –, au moyen de données de terrain.
de l’observation et, dans le cas d’écosys- entre l’énergie reçue et l’énergie émise Cela a permis d’établir la validité de la
tèmes végétaux, les différences de com- par les objets sur la Terre. Lorsqu’il est méthode pour le suivi des forêts.
portement d’une communauté au cours appliqué à des communautés végétales, L’étude s’est concentrée sur le Mexique,
de l’année (Singh, 1986; Mouat et al., cet indice établit une valeur mesurant dont les terres émergées s’élèvent à
cité par Chuvieco, 1998).
Ces deux approches sont phénolo- A-&B-$I(     "   8‡‡.
giques. La phénologie est l’étude de 8‡‡“     ')>H=
la séquence des événements du cycle
Communauté Désignation de l’Institut national de Nombre
de vie des végétaux et des animaux, végétale statistiques et de géographie de sites
notamment en rapport avec les chan- Forêt de chêne vert Chêne vert et chêne vert-pin 20 139
gements de saison et de climat. Dans le
Forêt de pin Pin, sapin, genévrier, cyprès, genévrier et 6 276
cas des cultures annuelles, l’observation pin-chêne vert avec prédominance de pin
des changements sur les images est Désert et dune Terrain broussailleux désertique microphylle 199
relativement aisée. Les changements
Mangrove Rhizophora spp. 980
de réflectance de la lumière au cours
Terrain broussailleux Divers types de terres broussailleuses 10 945
de la croissance sont évidents et se
produisent sur de brèves durées. Dans Forêt mésophile Forêt de montagne très humide 1 526

le cas des écosystèmes forestiers, les Terres de parcours Parcours naturels – présence de sodium et de craie 235
processus naturels, et les approches Forêt humide de haute Forêt humide de haute et moyenne altitude 16 976
visant à les observer, sont prolongés. Le et moyenne altitude (décidue ou persistante)
comportement d’un individu s’étend sur Forêt humide de Forêt humide de basses-terres (décidue ou 6 470
basses-terres persistante)
une longue période (de 5 à 25 ans), et la
même règle s’applique aux plantations Joncs Thyphus spp. 190

forestières qualifiées d’«écosystèmes Sans couvert végétal Sans couvert végétal 1 229

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NDVI moyen par mois, pour les Forêt humide de haute
catégories de végétation établies et moyenne altitude

Forêt mésophile

presque 2 millions de kilomètres carrés.


Mangrove
Du fait de sa situation et de son relief
particuliers, le pays présente une grande
Joncs
diversité d’écosystèmes et de zones éco-
logiques, allant des zones tropicales aux
Forêt de pin
zones tempérées. Les données utilisées
pour l’étude comprenaient aussi bien

NDVI
Forêt de chêne vert
des images satellite que des informa-
tions issues d’inventaires. Les images Forêt humide de
ont été obtenues grâce au spectrora- basses-terres
diomètre imageur à résolution modérée Terrain
broussailleux
(MODIS), un capteur présent à bord de
deux satellites lancés par l’Adminis- Désert
tration nationale pour l’aéronautique
et l’espace (NASA) des États-Unis Terres de parcours

d’Amérique, et qui est conçu pour fournir


Utilisation
des mesures des dynamiques globales à des terres
grande échelle. Mois
L’inventaire national des forêts et des
) ‹ Le NDVI a été standardisé sur une échelle de 0 à 256 et interprété.
sols (INFyS) du Mexique, entretenu
par la Commission nationale des forêts
(CONAFOR), a fourni les informations exercice se sont appuyées sur le système une réponse classique à un cycle régu-
de base et les données de terrain pour de classement de la carte de l’utilisation lier de précipitations et de stockage
les estimations. Les données de l’INFyS des terres et de la végétation adopté par de l’eau dans le sol. Les valeurs mini-
ont été collectées durant la période l’Institut national de statistiques et de mums du NDVI se situent entre février
2004-2007 et ont été mises à jour en géographie mexicain dans sa Série II et avril chaque année, et correspondent
2008-2009. (INEGI, 2000). Au total, 65 165 sites ont à la période la plus sèche. Les valeurs
été observés, comme on le voit dans le maximums du NDVI se situent entre
? "   )>H= tableau 1. juillet et août, à savoir les mois où les
En vue d’établir le comportement phé- Les sites étudiés ont été superposés sur précipitations sont les plus importantes.
nologique des écosystèmes boisés, on a la série de 53 images élaborées à partir On observe aussi d’autres types de varia-
analysé des composites d’images MODIS des images composites MODIS men- tions, dans la mesure où les dates de la
obtenues lors de mois non nuageux, suelles. Une valeur moyenne du NDVI saison des pluies varient selon la lati-
avec une résolution spatiale de 500 m. a été calculée pour chaque mois et pour tude et que le Mexique s’étend sur une
Ces images ont été traitées par l’insti- chaque type de communauté végétale, distance considérable du nord au sud.
tut d’études informatiques avancées du en vue d’en évaluer le comportement au Les oscillations extrêmes montrent
Maryland – Institute for Advanced Com- cours de l’année. que les forêts humides de basses-terres
puter Studies – (États-Unis d’Amérique). ont le cycle de variation le plus accen-
Cinquante-trois images composites, cor- 6"   tué. À l’instar des forêts de chêne vert
respondant à 30 jours s’étalant entre le Les valeurs de NDVI les plus élevées et des forêts de pin, leurs valeurs sont
16 novembre 2000 et le 13 août 2005, correspondent aux forêts humides de en dessous du seuil de référence de
ont été examinées. Les valeurs du NDVI haute et moyenne altitude et aux forêts de 190 entre février et mai au cours des
ont été calculées pour ces images. montagne mésophiles, qui sont demeu- années examinées. Les baisses de valeur
Ensuite, il a fallu corréler les valeurs du rées au-dessus du seuil de référence en du NDVI se produisent parce que le
NDVI aux types de végétation présents terme d’intensité de vert tout au long de niveau d’intensité de vert correspondant
sur les divers sites. Les données issues l’année (figure 1). Ce seuil a une valeur à ces périodes est faible, du fait de la
de l’INFyS ont été obtenues à partir approximative de 190 (voir la note de la tombée ou du changement de couleur
d’un échantillonnage stratifié systéma- figure 1 relative aux valeurs du NDVI), des feuilles.
tique couvrant tous les écosystèmes du et peut être associé à un écosystème à Le lecteur doit garder à l’esprit que la
pays. Le type de communauté végétale végétation persistante ou être employé valeur affichée est la réponse combi-
assigné à une zone donnée indiquait la pour distinguer les forêts des autres née de l’écosystème tout entier (sols et
végétation la plus fréquemment observée terres boisées. herbages, arbustes et couches d’arbres).
sur le terrain pour chacun des sites étu- Une tendance sinusoïdale ou un com- Aussi peut-il arriver que durant cette
diés. Les étiquettes employées pour cet portement annuel cyclique constituent période, à cause du stress hydrique

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Comportement annuel du 210,0
NDVI en saison sèche pour
divers types d’écosystèmes

190,0
Forêt mésophile
saisonnier, une partie des couches her- Forêt humide de
beuses s’assèche complètement dans 170,0 haute altitude
ces forêts. Forêt de sapin sacrée
Les communautés végétales ayant les

NDVI en saison sèche


Forêt de pin
valeurs de NDVI les plus faibles sont les 150,0
déserts, où les feuilles sont très clairse- Mangrove

mées, suivis par les terres de parcours Forêt de chêne vert


et les terrains broussailleux. Ces com- 130,0 Forêt humide de
munautés ne présentent pas de tendance basses-terres
sinusoïdale, leur réponse apparaissant Terrain broussailleux
plutôt comme celle d’une région aux 110,0
Référence
précipitations irrégulières. L’analyse
Terres de parcours
des processus de dégradation dans ces
formations est rendue plus compliquée 90,0 Désert
par une telle fluctuation. Étendues d’eau
Les écosystèmes de mangrove et de
70,0
 #<- 2005 2006 2007 2008 2009
mement complexe en termes de valeurs
du NDVI. Si ces dernières sont toujours ) ‹Le NDVI a été standardisé sur une échelle de 0 à 256 et interprété.
au-dessus de la valeur de référence, elles
ne suivent pas de schéma régulier, avec les divers mois de l’année, et que l’on calculées pour cette période. Les points
des pics clairement définis. Ces valeurs observe des différences marquées entre observés lors du tour précédent de l’étude
"     !- saison sèche et saison des pluies – y ont été superposés, et le comportement
tuations des niveaux hydriques. compris dans les peuplements à végé- moyen calculé pour chaque type de
L’échantillon comprenait une série tation persistante. communauté végétale (figure 2).
de sites classés comme «utilisation des Ce type d’analyse est en mesure de  #       
terres», une formulation qui corres- montrer les changements naturels adve- contenu de la biomasse des divers écosys-
pond pour l’essentiel à une présence nant dans la végétation au cours d’une tèmes. Dans tous les types de végétation,
de l’agriculture. Ces zones montrent période donnée. Pour pouvoir l’appli- on constate une augmentation presque
un comportement sinusoïdal légère- quer à un propos tel que le suivi de la constante du NDVI durant la période
ment plus étroit que celui des forêts dégradation des forêts, il est nécessaire étudiée. Les exceptions concernent la
humides de basses-terres. Les valeurs de séparer les fluctuations de l’intensité forêt de montagne mésophile, la forêt
moyennes du NDVI de ces zones ne de vert résultant des oscillations natu- humide de haute et moyenne altitude et
tombent jamais en dessous du seuil de relles de la végétation de celles causées les terrains broussailleux, qui ne présen-
référence. Ces valeurs constamment par d’autres processus. tent quasiment pas de fluctuation entre
«vertes» sont difficiles à expliquer si les saisons 2007 et 2008.
l’on a affaire à des cultures annuelles et )>H=   
à une agriculture mécanisée; on pour- L’étape suivante consistait à établir le    "    
rait en effet s’attendre à ce que, durant comportement annuel du NDVI pour La biomasse aérienne a été choisie
la période de préparation des sols, les les diverses zones de végétation. La comme indicateur des fonctions de la
valeurs soient proches de celles des sols saison sèche a été choisie à cet effet, forêt, destiné à être comparé avec le
nus. Le phénomène peut probablement parce que la couverture nuageuse sus- comportement du NDVI. Une forêt peut
être attribué au fait que ces terres sont ceptible d’affecter les images MODIS   
cultivées sans qu’il y ait recours à aucun y est moins importante et parce que les que cela représente nécessairement une
type de mécanisation. terres arables sont en générales nues, perte par rapport à sa condition d’ori-
L’exercice reflète le fait que, lorsque et se distinguent donc nettement durant gine, tandis qu’un changement struc-
l’on mène une analyse multi-temporelle cette période. turel négatif, susceptible d’affaiblir sa
des processus, une considération impor- Un composite d’images MODIS a été capacité de fournir des services et des
tante concerne les dates auxquelles les élaboré avec une résolution spatiale de produits, peut être considéré comme une
images satellite sont prises. Il est essen- 250 m, en utilisant des images obtenues forme de dégradation.
tiel de comparer des images correspon- chaque année entre le 15 février et le Vingt-cinq mille points ont été mesurés
dant aux mêmes dates, dans la mesure 15 avril, durant la saison sèche. Les sur le terrain pour établir un inventaire.
où la vigueur de croissance varie selon valeurs moyennes du NDVI ont été Chaque point de mesure, ou placette,

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Comparaison entre le NDVI en saison
sèche et le volume de la biomasse aérienne
y = 4E-11x5,6919 par type de communauté végétale
R2 = 0,8334 BA

y = 4E-08x4,3318 les 1 305 307 arbres observés, 1 230 127


R2 = 0,6384 Végétation arborée individus ont été pris en considération
primaire et secondaire
moyenne  ¨©}X€?|—ŠŠ­%=
y = 2E-10x5,347
Biomasse Mg/ha

16 842 placettes ont été superposées aux


R2 = 0,7741 Végétation primaire
images de NDVI et ont été classées à
BM
Végétation arbustive la fois selon le type de communauté
y = 3E-08x4,2473 primaire et secondaire végétale et selon la condition (primaire,
R2 = 0,4882
Végétation herbeuse primaire avec végétation arborée secon-
SAP primaire et secondaire daire, et primaire avec végétation arbus-
tive secondaire) (figure 3).
La relation entre la biomasse aérienne
et le NDVI présente un comportement
exponentiel, dû à la valeur du NDVI
des étendues d’eau, pour lesquelles on
suppose une biomasse aérienne égale à
0. Les valeurs les plus élevées en termes
NDVI en saison sèche de biomasse correspondent à la forêt de
sapin (BA), tandis que les valeurs du
) ‹Le NDVI a été standardisé sur une échelle de 0 à 256 et interprété. NDVI les plus élevées correspondent à
la forêt de montagne mésophile (BM),
comprenait quatre sites, ou sous- commerciale, et ont trait aux éco- suivie par la forêt humide de haute alti-
placettes. Sur chaque site, les mesures systèmes de conifères et feuillus des tude (SAP). Pour estimer la biomasse
des variables ont été prises pour tous les régions tempérées. aérienne des deux dernières formations,
arbres ayant un diamètre à hauteur de Des équations allométriques ont été les équations générales suggérées dans
poitrine (dhp) supérieur à 7,5 cm. Ces développées pour 120 des presque les Recommandations en matière de
variables comprenaient entre autres le 3 000 espèces répertoriées dans l’INFyS. bonnes pratiques pour l’utilisation des
nombre d’arbres, le nombre d’espèces, La plupart des modèles utilisent le dia- ?    
le nombre d’arbres vivants, le nombre mètre à hauteur de poitrine et la hauteur   du Groupe d’ex-
de souches, la hauteur totale des arbres, en tant que variables indépendantes. perts intergouvernemental sur l’évolu-
la hauteur marchande, la hauteur libre, Les informations issues de la mesure tion du climat (GIEC) ont été utilisées
le diamètre à hauteur de poitrine et le de la repousse n’ont pas été utilisées (GIEC, 2003). La relation d’ensemble
diamètre du houppier et des surfaces pour estimer la biomasse, les espèces affiche un coefficient de corrélation
terrières, ainsi que 21 autres variables de succulents de zone aride ont été (R 2) de 0,8334.
quantitatives et quelque 45 variables omises, et certaines communautés Il convient de remarquer que la mor-
qualitatives, liées par exemple à la régé- (Thalia, savanes, joncs, palmiers, man- phologie des forêts humides et des forêts
nération de la forêt, aux conditions des groves et certaines forêts humides) n’ont de montagne mésophiles diffère radica-
impacts, à l’état du sol de surface et de fait l’objet d’aucune équation évaluant lement de la morphologie des forêts de
l’humus, et à l’utilisation des ressources la biomasse ou le volume de bois. Sur conifères, et que ces forêts sont donc
(CONAFOR, 2011).
Le volume de la biomasse aérienne a
été estimé – en tonnes par hectare – pour
16 842 placettes, mesurées sur le ter-
rain pour l’établissement de l’inventaire
national (ECOSUR, 2009). Des équa-
tions de biomasse ont été établies pour
chaque écosystème, en s’appuyant sur
la documentation existante. La plupart
des équations ont été conçues à partir
de matériel reflétant une perspective

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Comportement général du NDVI,
2005-2009, d’après les échantillons
à nouveau mesurés en 2009

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sous-estimées dans le modèle. Cepen- croissance et l’évolution des fonctions 56 890 – Campeche. Ce point faisait
dant, le modèle produit par ailleurs un des forêts continuent et continueront à partie de ceux pris au hasard en vue
effet de «surestimation», dans la mesure être disponibles pour 20 pour cent des de montrer en même temps la situation
où seuls les arbres ayant un diamètre à 25 000 placettes établies. Des informa- lors de la première et de la seconde
hauteur de poitrine supérieur à 7,5 cm sont tions sur les sols, les feux et la santé des mesure de terrain, et la manière dont le
pris en compte dans l’estimation de la bio- forêts peuvent être estimées (interroga- NDVI peut varier. Plus loin (figure 5),
masse, tandis que les mesures du NDVI tion de la base de données INFyS, 2010). sont présentés les résultats pour un
par satellite considèrent l’ensemble de la Lors de la première opération de mise groupe – les terres sans couvert végé-
réponse de l’écosystème (couches arbo- à jour des mesures, on a pris en compte tal. Il faudrait tenir compte du fait que
rées, arbustives et herbeuses). les valeurs du NDVI correspondant aux les points mesurés sur le terrain ne
La figure 3 montre un déclin de la mesures de terrain de l’INFyS de 2009, permettent d’évaluer que 1 600 m 2 et
relation entre biomasse aérienne et et analysé aussi bien les points ayant ne sont représentatifs que de 1 hectare,
NDVI, selon la condition ou les états subi quelque perturbation que ceux n’en alors que l’ensemble de la zone des
successifs. Cette tendance indique que, ayant pas souffert. pixels est de 6,25 hectares.
dans une communauté végétale donnée, Sur les 3 533 placettes mesurées en Sur les 3 533 placettes mesurées en
il y a plus de biomasse aérienne dans les 2009, 3 486 indiquaient une augmen- 2009, 47 ont affiché une réduction
écosystèmes primaires que dans ceux tation du NDVI en regard de la mesure du NDVI.
qui sont affectés par des perturbations. initiale. Le comportement général du Dans l’échantillonnage de 2009, les
NDVI est montré à la figure 4. Le com- placettes dont il a été reporté qu’elles
/=H= portement de catégories spécifiques de étaient sans couvert végétal étaient au
Une initiative a été lancée en vue d’effec- végétation a aussi été analysé. nombre de 258 (figure 5).
tuer de nouvelles mesures sur les sites L’encadré – de même que le tableau, Au sein de ce groupe, quatre catégories
visités lors du premier tour. Les sites ont la figure et les photographies qui ont été identifiées:
été revus en 2009 et le seront à nouveau l’illustrent – présente les données de ®ˆ—­    -
en 2012. Ainsi, les informations sur la l’un des points du groupe – la placette tées lors du premier tour car elles

Suivi:   0%*‡     F B œ 8‡‡0        
 0%*‡›( !  I)>H=  ! "  !  '  
   8‡‡*            $*8 "
 "œ I       †!    # !ˆI
 )>H=         "  8‡‡*  "
  †#ˆ     '    # ‡   †!  
    I   "  ˆI

;    0%*‡›( !


Visite Nombre Dhp Diamètre du Couvert Hauteur Souches
d’arbres houppier totale
cm m % m

09/08/2005 192 11,82 2,51 60,1 8,98 0


Comportement du NDVI, 2005-2010,
17/04/2009 0 0 0 0 0 0
placette 56 890

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5
semblaient tomber dans la catégorie (6)(/=6)/ Placettes signalées comme étant
«sans couvert végétal» dans
«utilisation des terres», ce qui avait Il existe certes des limites à l’utili-
l’enquête de 2009, par cas
été validé par l’interprétation des sation du NDVI comme mesure de la
images; aucune réduction du NDVI dégradation des forêts, mais aussi des
n’a été relevée pour aucun de ces cas aires de perfectionnement possible. de la dynamique de la forêt à chacun
(points verts sur la carte). Dans la mesure où la phénologie joue des points observés – ou, dans les
®‰Ž    un rôle important dans l’analyse des formations de conifères, l’âge de la
catégorie «sans couvert végétal» en processus de changement, les dates des population examinée. La plupart des
2004-2007 et demeuraient telles en images MODIS employées pour évaluer équations allométriques visant à esti-
2009; aucune réduction du NDVI ces processus doivent être sélection- mer la biomasse aérienne s’appuient
n’a été relevée pour aucun de ces cas nées très soigneusement. En matière uniquement sur la taille de l’individu et
(points jaunes sur la carte). de traitement des images, il convient le diamètre à hauteur de poitrine, tandis
®ˆ      de s’appliquer à éliminer les nuages, que des aspects tels que la couverture
façon incorrecte en 2004-2007. En les ombres projetées par les nuages, les arborescente, le diamètre des branches
effet, la présence de forêt avait été ombres créées par la topographie et les et la surface terrière ne sont pas pris
signalée, alors qu’un nouvel examen valeurs de saturation dans les nombres en compte. Au fur et à mesure que les
des photos et des données a permis dues à la géométrie de l’observation du estimations de la biomasse dans la forêt
d’indiquer que ces placettes étaient satellite ou à la présence d’eau sur les de montagne mésophile et les écosys-
en réalité «sans couvert végétal»; feuilles des arbres. tèmes forestiers humides s’affineront, la
aucune réduction du NDVI n’a été Les modèles de régression peuvent méthode se révélera plus représentative
relevée pour aucun de ces cas (points également être améliorés. L’un des du changement.
rouges sur la carte). moyens est de comparer deux mesures Il faudrait prêter attention à d’autres
®¡ˆ¨     temporelles d’un point particulier de aspects tels que les anomalies clima-
2004-2007 présentait un couvert l’INFyS. Un autre moyen consiste à tiques ayant un impact majeur sur la
végétal correspondant à quelque prendre en compte des facteurs tels que vigueur de croissance. Par exemple,
type de forêt, tandis que l’observa- la repousse. L’INFyS contient d’autres les années «humides» associées à des
tion de 2009 montrait qu’elles étaient variables mesurables, comme les arbres phénomènes tels que la Niña/el Niño
dénuées de couvert végétal (points morts sur pied et les souches – qui per- conduiront à une augmentation du
bleus sur la carte). mettraient une meilleure compréhension NDVI, tandis que les années «sèches»

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généreront de très faibles valeurs de intergouvernemental sur l’évolution du


l’indicateur de changement. climat (GIEC) (disponible aussi sur:
Malgré les limites inhérentes à l’image- http://www.ipcc-nggip.iges.or.jp/public/
rie, notamment la résolution des images, Références gpglulucf/gpglulucf_languages.html).
et les limites de l’estimation de la bio- =)B@=. 2000. Land use and vegetation
masse aérienne, le modèle de régres- (!   BI 1998. El factor temporal en chart. Aguascalientes, Mexique, Institut
sion de 0,83 est très satisfaisant. Les teledetección: evolución fenomenológica national de statistiques et de géographie.
images générées par le capteur MODIS y a ná l isis de ca mbios. Revista de 6=&A. 2002. Directives OIBT pour la
conviennent à l’analyse des changements Teledetección, 10: 1–9. restauration, l’aménagement et la réha-
résultant de la dégradation, lorsque l’im- (6)-36;. 2011. <     bilitation des   tropicales dégradées
        the National Forest and Soil Inventory, et secondaires. Série Développement de
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