Vous êtes sur la page 1sur 82

Université Cheikh Anta Diop de Dakar

*******
UFR des Sciences et Techniques
*******
L2 BCGS

Écologie Générale

Pr Daouda NGOM
Ecologue, Agro-Environnementaliste

1
Chapitre 3:
STRUCTURE, METHODES D’ETUDE ET
CARACTERISTIQUES DES POPULATIONS

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 2


Plan du cours

Chap III: STRUCTURE, METHODES D’ETUDE


ET DYNAMIQUE DES POPULATIONS

I- GENERALITES SUR LES POPULATIONS III- LES FACTEURS D’EVOLUTION DES


II – STRUCTURE ET DYNAMIQUE POPULATIONS
2.1- structure spatiale 3.1- Les mutations
2.2- Effectif et densité 3.2- la sélection naturelle
2.2.1- méthodes d’étude des effectifs 3.3- les migrations
.2.2.1.1- Evaluation absolue des effectifs 3.4- la dérive génétique
2.2.1.2- Estimation des effectifs IV-LES STRATEGIES
2.2.2- Densité et l’abondance relative BIODEMOGRAPHIQUES
2.3- Dynamique des populations 4.1- Le concept de stratégie en Ecologie
2.3.1- Mortalité et natalité 4.2- Les stratégie r et K
2.3.2.- Equation fondamentale de la taille d’une 4.3- les comportements alimentaires comme
population stratégie
2.3.3- croissance illimitée de la population 4.4- le coût de la reproduction
2.3.4- croissance de population logistique
2.4.- Pyramides des âges
2.5- sex ratio
2.6- Système population-environnement

3
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020
I- GENERALITES
La population ou dème est la somme
de tous les individus d’une espèce qui
vivent dans une zone colonisée et qui y
interagissent les uns avec les autres. Population de baobab
(Adansonia digitata)

Une population constitue une entité écologique qui


possède des caractéristiques propres qui ne sont
définis que pour l’ensemble ou la la « somme des
individus ». Parmi celles-ci, il y a la taille de la
population (nombre total des individus dans la zone
occupée), la densité de la population (nombre
d’individus par unité de surface), la natalité, la
mortalité, la structure d’âge, le sex ratio ainsi que la
distribution spatiale.

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 4


Il ne faut pas confondre population et peuplement.
Ce dernier terme désignant un ensemble d’individus
appartenant à des espèces différentes d’un même
groupe systèmatique que l’on rencontre dans un
écosystème donné.

Un des objectifs essentiels de L’Ecologie des


populations ou démoécologie tient précisément en
l’étude des mécanismes qui régulent les effectifs de
chaque population d’êtres vivants et contrôlent sa
répartition et son abondance.

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 5


Les critères d'une population écologique sont:

- groupe d'individus de la même


espèce;
- soumis aux mêmes conditions
d'existence et donc habitant le
même milieu écologique;
- le groupe maintient une existence
indépendante;
- caractéristiques morphologiques,
physiologiques et
démographiques particulières;

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 6


Propriétés des individus d'une population:
 La communication entre les
individus d’une population :
peut se faire par plusieurs
voies : la parole, les cris, les
signaux chimiques
(phéromones), etc.…

 La nutrition des individus: peut


également se faire par
plusieurs modes : la
phytophagie (herbivorisme), la
zoophagie (prédation stricte),
le parasitisme, l’omniphagie
(omnivorisme).
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 7
 La reproduction des individus: peut se faire par
plusieurs voies :
- reproduction sexuée,
- la scissiparité
- le drageonnement
- le marcottage

https://www.vestaculture.com/single-post/2019/06/05
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 8
 La défense du territoire contre les prédateurs: peut se
faire par plusieurs voies :
- les bagarres
- les morsures
- les produits chimiques,
- les développements des appendices.
https://issyparis.wordpress.com/2018/
04/06/cest-la-saison-des-amours/

Cette défense s’opère individuellement ou


collectivement.

 La compétition (ou concurrence) entre les individus


d’une population ; peut se faire par deux voies :
- les actions directes : bagarres, produits chimiques,
- les actions indirectes: exploitation des ressources du
milieu.

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 9


II- CARACTERITIQUES ET STRUCTURE D’UNE
POPULATION
2.1- STRUCTURE SPATIALE
Les individus d’une population peuvent être distribués
dans l’espace selon trois modalités: uniforme, au hasard
ou en agrégats. Le comportement des individus et la
structure du milieu règlent la répartition spatiale ( la
façon dont ils se répartissent dans l’espace).
 répartition uniforme ou régulière

La répartition uniforme est rare et


réservée à des espèces animales
territoriales et à certaines plantes.
Elle signifie que les individus ont
tendance à se tenir à égale
distance les uns des autres.
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 10
Elle correspond à un évitement maximum des contacts
individuels et traduit donc l’importance des relations de
compétition intraspécifique.
Exemple: Les Cormorans présente une distribution
uniforme associée à l’exploitation optimale de
territoire lors de la période de nidification (nids
équidistants, l’espace étant le facteur limitant)

Nids de cormorans dans


un arbre dans le delta du
Danube

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 11


Exemple: Les buissons du
creoste bush (Larrea
divaricata) qui, dans le
désert de l’Arizona,
sécrètent des substances
toxiques (phénomène
d’allélopathie) ont une
distribution quasi uniforme.

Exemple: Des poissons comme


les épinoches qui défendent un
territoire et ont un caractère
très individualiste ont aussi une
répartition uniforme.

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 12


distribution au hasard des
 répartition au
individus. Il n’y a aucune attirance
hasard ou aléatoire
ou répulsion entre les individus.
La position d’un individu
n’est pas influencée par celle
des autres individus de la
population

Rare

Se retrouve

chez les populations qui n’ont aucune


tendance au regroupement et qui vivent dans
des milieux homogènes.

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 13


Il y a répartition en agrégats
 répartition en lorsque les individus sont
agrégats (ou regroupés, au voisinage de leurs
contagieuse) semblables, souvent dans les
zones les plus favorables.
fréquente
Elle peut provenir :
 de la prédisposition sociale des individus à former des groupes;
 d’une distribution agrégative des ressources
 La tendance des jeunes à rester à proximité des parents

Exemple: Les jeunes


manchots présentent une
distribution en agrégats sur
le sol glacé de l’antarctique,
afin de se protéger du froid
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 14
2.2- EFFECTIF ET DENSITE
2.2.1- Méthodes d’étude des effectif
L’effectif d’une population est le nombre d’individus
présents dans la population.
2.2.1.1- Evaluation absolue des effectifs
Elle se fait par comptage direct du nombre total d’indvidus
présents au temps t. Elle n’est réalisable que dans une minorité de
cas en ce qui concerne les populations d’animaux sauvages, mais
son utilisation tend à augmenter grâce aux progrès
technologiques. Ainsi, les grands mammifères sont de plus en plus
dénombrés par la photographie aérienne, Ex : ongulés des savanes
africaines
La photographie infrarouge rend aujourd’hui possible le
dénombrement des mammifères vivant en forêt, comme les
cervidés, qui demeurent cachés par la frondaison des arbres.
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 15
2.2.1.2- estimation des effectifs
Elle demeure la règle chaque fois que les évaluations
absolues ne sont pas réalisables soit par suite du trop
grand nombre d’individus à dénombrer (cas de
recherches sur les végétaux herbacés) soit par suite
de la mobilité ou de la discrétion des individus (cas des
animaux). Elle implique l’adoption d’une stratégie
d’échantillonnage et d’une technique de prélèvements
qui permettent de faire le moins d’erreurs possibles.
La stratégie d’échantillonnage est fondée sur la
réalisation d’un dénombrement visuel, ou de
prélèvements effectués au hasard dans un espace
uniforme, mais en tenant compte du mode de
répartition des individus constituant la population dans
l’espace considéré.

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 16


a) Les dénombrements à vue
Il concerne l’étude de populations d’espèces
végétales de grande taille ou encore de vertébrés
terrestres. Il se réalise en règle générale par la
méthode des quadrats, et chez les vertébrés
(oiseaux et mammifères) terrestres se font par celle
des transects.

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 17


 Les quadrats : un quadrat est une surface
d’échantillonnage prédéfinie utilisée de manière
répétée pour échantillonner une végétation.

Les quadrats sont


généralement
carrés, mais
peuvent être
ronds ou
rectangulaires.

La taille des quadrats est dépendante de la


végétation étudiée

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 18


 Les transects sont des lignes utilisées pour définir une échelle
linéaire d’échantillonnage.

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 19


b) Méthode par prélèvement d’échantillons
Elle est très largement utilisée dans l’étude des
populations d’invertébrés terrestres ou aquatiques.
Elle consiste à prélever, grâce à un appareillage
adéquat, des échantillons de volume connu et
constant dont la localisation dans le milieu étudié peut
être soit systématique, soit aléatoire pour éviter toute
sorte de biais.
 Méthode des piégeages : constitue un procédé
susceptible d’être appliqué à des populations
animales diverses : petits mammifères, oiseaux,
insectes, à condition qu’elles soient sédentaires.

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 20


Soit N l’effectif total de la population que l’on cherche à
estimer; on suppose que tous les individus possédent la
même probabilité de capture p. Au temps t₁, un premier
piégeage permet de capturer C₁ individus avec:
C₁ = p N (1)
Au temps t₂, suffisamment rapproché de t₁, pour
négliger les variations d’effectifs dues aux facteurs
naturels (natalité et mortalité), un second piégeage
permet de capturer C₂ individus avec:
C₂ = p N’ (2) où N’=N- C₁ (3)
N= C²₁ / C₁- C₂
On déduit des équations (1), (2) et (3):

Cette méthode est applicable au poisson d’eau douce.


Cette méthode n’est valable que si l’on capture une proportion
suffisante d’animaux par rapport à l’effectif total. Elle devient
aléatoire si C₁ et C₂ sont trop petits (Ramade, 2003).
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 21
 Méthode de capture-recapture est aussi appelée
méthode de Lincoln-Petersen. Dans une population
d’effectifs inconnu (N), a individus sont capturés et
marqués d’une façon indélébile (bagues, tâches de
couleur, etc) puis relâchés. Au bout d’un certain
temps on capture à nouveau un nombre b d’individus
dont c ont été marqués précédemment.
L’effectif N de la population est:
Lorsque c (nombre d’individus
a(b+1)
N=
marqués capturés une seconde N=ab/c
fois) est supérieur à 20 la formule
(c+1) peut être simplifiée.

Conditions de réalisation :
Les individus marqués doivent : Se répartir de façon homogène dans l’ensemble de
la population - Présenter la même probabilité de recapture (absence de peur ou de
fuite) - Présenter le même taux de mortalité que les individus non marqués - Ne pas
perdre la marque.

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 22


Exercices d’Application

Exercice 1 :
Pour évaluer une population de lièvre, la méthode capture-
recapture de Lincoln-Petersen a été utilisée. Lors de la première
opération 100 individus sont capturés et marqués par bagage puis
relâchés. Au bout d’un certain temps on capture à nouveau 80
individus dont 25 ont été marqués précédemment. Calculer
l’effectif (N) de la population de lièvre.

Exercice 2 :
Pour évaluer une population de lièvre, la méthode de piégeage a
été utilisée. On suppose que tous les individus possèdent la même
probabilité de capture. Au temps t₁, un premier piégeage permet de
capturer 100 individus. Au temps t₂, un second piégeage a permis
de capturer 4/5 du nombre d’individus capturés à t₁.
Calculer l’effectif (N) de la population de lièvre.

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 23


 Méthodes par comptage direct : elle se réalise en
dénombrant les contacts visuels ou auditifs (oiseaux
nicheurs) obtenus sur des itinéraires échantillons:
transect pour les ongulés des forêts, sentiers balisés
pour les passereaux nicheurs.

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 24


Méthodes indirectes d’étude des populations
Dans certains cas il est très difficile d’évaluer l’abondance
et la distribution spatiale des individus constituants une
population animale par suite des difficultés d’observation
ou de capture.

 Insectes xylophages:
existence des trous Trou de sortie
de sortie, d’insecte

méthodes
 Rongeurs terricoles: nbre
exemples
indirectes de d’orifices des terriers. Orifice de terrier
dénombrement d’un rongeur

 Ongulés et autres
mammiféres: densité
des excréments Crottes
d’éléphant
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 25
c)- Détermination de l’âge
Les méthodes de détermination de l’âge précis d’un individu sont très nombreuses.
 Marquage d’un être vivant à sa naissance ou à
l’éclosion, ce qui permet de le suivre ensuite durant
toute sa vie.
L’existence de caractères morphologiques ou
anatomiques déterminés par les variations de
métabolisme induites par le rythme des saisons, peut
permettre de déterminer l’âge de façon absolue.
 Les cornes ou les bois des ongulés et l’état de la
denture aussi permettent aussi une évaluation de l’âge
chez certains ongulés.
 Les stries de croissance annuelle chez divers
groupes d’animaux (coquilles de mollusques, écailles
de poissons) permettent aussi de déterminer l’âge.
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 26
L’existence de cernes de croissance annuels chez tous
les végétaux ligneux, en forme d’anneaux plus ou moins
concentriques, permet de connaître avec précision l’âge
de tout arbre.
Dans le cas d’un arbre vivant, on utilise le système par carottage,
en prélevant une carotte à la base du tronc de l'arbre à l'aide
d'une tarière de Pressler, ensuite on comptabilise les cernes du
tronc.
Cernes

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 Tarière de Pressler 27


Tarière de Pressler
2.2.2- Densité et abondance
La densité peut être définie comme le nombre d’individus par
unité de surface ou de volume.

La connaissance de la densité d’une population constitue un


paramètre démoécologique primordial. Une certaine taille et
densité sont souvent nécessaires pour la mise en place des
interactions indispensables à la reproduction, pour acquérir des
ressources ou se défendre mais aussi afin de rendre
l’environnement abiotique plus favorable
 forêt casamançaise en nbre
d’individus/hectare
 buffles du Niokolo-koba en
Densité Exples:
nbre d’individus/km²
 arthropodes de la litière en
nombre d’individus/m²
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 28
D’autres unités comme la biomasse de la population
étudiée sont adoptées pour exprimer la densité

La biomasse = masse de tous les organismes vivants compris


dans un volume ou sur une surface donnée dans
l’écosystème au moment de l’observation.

 250 kg de poissons/ha
Biomasse de d’étang
Densité de
la population
 3.5 tonnes de gazelle à
front roux/km² de
savane.

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 29


L’abondance relative est mesurée par la densité relative de la
population de l’espèce dans son habitat. C’est la proportion de
chaque espèce par rapport au nombre total d’individus. Si dans un
peuplement donné, ni est le nombre d’individus de l’espèce i et N
le nombre total d’individus que comporte le peuplement on aura:

A
communauté 1

B
Communauté 2

Abondance ?

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 30


2.3- DYNAMIQUE DES POPULATIONS

2.3.1- Natalité et mortalité


Natalité =1er facteur d’accroissement d’une
population
Le taux brut de natalité s’exprime en proportion de
la population totale. Ex: 50 naissances/1000
individus/an.

Mortalité = 2ème paramètre démoécologique


d’importance fondamentale

s’exprime par le taux


brut de mortalité varie en fonction du
groupe d’âge considéré
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 31
2.3.2 L’équation fondamentale de la taille d’une population

Avant de pouvoir étudier la dynamique d’une population, il faut


évaluer sa taille sur plusieurs intervalles de temps. L’objectif de
l’écologie des populations est de déduire de la taille de la
population au temps t +∆t connaissant sa taille au temps t.
Quatre processus primordiaux y jouent un rôle:
Le nombre de naissances dans la population
Les décès dans la population
L’immigration d’individus
L’émigration d’individus vers d’autres populations
Il en résulte l’équation fondamentale suivante:
N(t +∆t) = N(t) + naissances – décès + immigration - émigration
La densité d’une population, sa croissance ou son déclin,
dépendent du nombre d’individus qui lui sont ajoutés (natalité,
immigration) et de ceux qui disparaissent (mortalité, émigration).
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 32
Dynamique des populations

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 33


Figure: caractéristiques démographiques et leurs actions sur la cinétique des
populations

Les effectifs de chaque espèce dépendent principalement des


différences entre le taux de natalité et de mortalité et de
l’équilibre entre émigration et immigration.
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 34
2.3.3 Croissance illimitée de la population
Considérons une population pour laquelle il n’y a ni
immigration ni émigration: N(t +∆t) = N(t) + naissances –
décès
Considérons une espèce qui se reproduit par intervalle de
temps discrets ( par ex. des interv. d’1 année). N(t) représente
la taille de la population à la génération t et N(t+1) celle à la
génération suivante et ainsi: N(t +1) = N(t) + naissances –
décès. On peut de cette équation deux autres paramètres qui
sont important dans la compréhension de la dynamique des
populations:
Le Taux de croissance de la population: correspond au
changement de taille de la population au cours de l’intervalle
de temps, c’est-à-dire de t à t+1.
Taux de croissance de la population = N(t +1) – N(t) = naissances – décès
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 35
Le taux de croissance individuel ou taux de croissance
per capita ou taux de croissance net relatif s’obtient en
divisant le taux de croissance de la population par la
taille de la population:
Taux de croissance individuel= Taux de croissance de la pop/taille de la pop
𝑵 𝒕+𝟏 −𝑵(𝒕)
Taux de croissance individuel=
𝑵(𝒕)
𝑵𝒂𝒊𝒔𝒔𝒂𝒏𝒄𝒆𝒔 𝑫é𝒄é𝒔
= -
𝑵(𝒕) 𝑵(𝒕)

Taux de mortalité per capita = s


Taux de natalité per capita = g
C’est la probabilité qu’un individu meurt pendant un intervalle de temps

Notons que g et s dépendent de la longueur de l’intervalle choisie. Dans le


cas le plus simples ces paramètres sont constants et restent identiques d’un
intervalle à l’autre. Biologiquement cela signifie que g et s ne sont influencés ni
par les facteurs environnementaux, ni par d’autres processus de la
population(Nentwig et al 2009). .
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 36
Des réflexions précédentes résulte l’équation ci-dessous représentant
le changement de taille d’une population au cours du temps:
N(t +1)= N(t) + g N(t) – s N(t) donc N(t +1)= N(t) + (g – s ) N(t)
N(t +1)= N(t) + R N(t) = (1+R) N(t) la différence g – s est le taux de croissance individuel,
symbolisé par R. Le taux de croissance de la population est donc N(t +1) -N(t)= R N(t) et
augmente linéairement avec la taille de la population (figure 2.3). R est indépendant de
la taille de la population.

R ne peut être ˂-1

Fig 2.5 croissance de population exponentielle: taux croissance individuel (a) et de croissance
de la population (b) en fonction de la taille de la population (source: Nentwig et al., 2009)
37
Ce qui nous intéresse c’est la dynamique de la population. Il serait opportun de
pouvoir calculer la taille de la population, connaissant R, pour n’importe quel
intervalle temporel à partir d’une population initiale N(0). La population à
l’intervalle temporel suivant t=1 est alors N(1)= (1+R) N(0) . Pour simplifier,
posons (1+R) = λ.
N(1)= λN(0)
N(2)= λN(1)= λλN(0)= λ²N(0)
N(3)= λN(2)= λλ²N(0)= λ3N(0)
N(T)= λT N(0)=(1+R)T N(0)

Fig 2.6 croissance de


population exponentielle:
exemples d’évolution de la taille
de la population pour différents
taux de croissance individuel (a)
et (c). En utilisant une échelle
logarithmique pour la taille de la
population (b) et (d), on observe
une relation linéaire en fonction
du temps. La pente de cette
droite est log(λ)=log(1+R)
(source: Nentwig et al., 2009)
38
λ est aussi appelé facteur de croissance car il résulte du
rapport de N(t +1) sur N(t). La figure 2.6 montre la
dynamique des populations modéles avec différentes
valeurs de R pendant 10 intervalles de temps. Dans
chaque exemple la taille de la population est de N(0)=20
individus. On peut tirer des conclusions importantes de
la figure 2.6:
 Pour λ˃1 (donc R˃1), la taille de la population croit continuellement et
sans limite.
 Pour λ=1 (R=0), la taille de la population reste constante.
 Pour 0 ˂λ ˂ 1 ou (-1˂R˂0), la taille de la population diminue de manière
continue.
 Une transformation logarithmique des ordonnées produit une relation
linéaire de pente log(λ)=log(1+R). C’est pourquoi on parle de
croissance exponentielle de la population (Malthus, 1798).
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 39
2.3.4- Croissance de population logistique
La croissance illimitée d’une population repose sur l’hypothèse
de base que λ=1+R reste constant (fig 2.5). Cependant, les
individus utilisent des ressources, ce qui ne peut pas rester sans
effet sur la population et par conséquent sur R. C’est pourquoi
nous utilisons R(N) au lieu de R, ce qui correspond au taux de
croissance réalisé dans une population de taille N.
Tant que l’effectif de la population est faible (N proche de 0),
R(N) devrait être maximal (taux de croissance individuel maximal
Rm). A une valeur N= K (capacité limite du milieu), R(K)=0. Le
𝐑𝐦
taux d’accroissement individuel devient alors: R(N)= Rm - N(t)
𝐊
En incorporant cette équation dans l’équation de croissance de la population
N(t+1)= (1+R) N(t) et en utilisant R(N) à la place de R on obtient:
𝐑𝐦 𝑵(𝒕)
N(t+1)= (1+ Rm - ) N(t), le taux de croissance de la population est alors
𝐊
𝐑𝐦 𝑵(𝒕)
N(t+1) – N(t) = (Rm - ) N(t)
𝐊
Le taux de croissance individuel R(N) diminue linéairement en fonction de la
densité de la population, on parle de densité-dépendance.
40
La dynamique de la population s’incurve au voisinage de
K (capacité limite) au cours tu temps (tendance
asymtopique vers K) (fig 2.7)
Fig 2.7 croissance de
population logistique:
exemples de croissance
logistique (N(0)=2) avec
diverses combinaisons de
paramétres Rm et K (a et c).
Représentations en échelle
logarithmique
correspondantes en (b) et
(d). La taille de la population
ne dépasse jamais la
capacité limite K. Plus Rm
est grand plus la population
atteindra rapidement la
capacité limite. En échelle
logarithmique, au début la
taille de la population croit
linéairement avec le temps,
ce qui veut dire que la
croissance est presque
exponentielle.
(source: Nentwig et al.,
2009) Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 41
Figure 1 : Croissance exponentielle
d’une population en environnement
illimité (Malthus), et croissance
logistique induite par une
raréfaction progressive des
ressources

http://villemin.gerard.free.fr/Wwwgvmm/Chaos/CroiLogi.htm

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 42


2.4- PYRAMIDES DES ÂGES

Une pyramide des âges représente


graphiquement le nombre d’individus par classe
d’âge et par sexe d’une population. Dans la
représentation de la pyramide des âges, les plus jeunes
sont en bas et les plus âgés en haut, les femelles à
droite et les mâles à gauche.
Elle permet d’appréhender les caractéristiques
d’une population.
 Chaque espèce a une pyramide qui correspond à
son équilibre. Chez les ongulés, l’équilibre se
situe autour de la parité des sexes.
 L’âge étant difficile à mesurer pour les arbres, les
pyramides des âges pour les populations d’arbres
forestiers ne sont pas courantes.
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 43
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 44
Il est possible de distinguer trois types de pyramides
des âges:
• Un type à base large caractéristique des populations
en expansion renfermant un nombre élevé de jeunes
et ayant une croissance rapide;
• Un type à base étroite renfermant plus d’individus
âgés que de jeunes et caractéristique des
populations en déclin;
• un type moyen avec un pourcentage modéré de
jeunes et correspondant à des effectifs à peu prés
stationnaires. Ce type est caractéristiques des
populations stables.
Selon que la population sera en expansion, stable ou
déclinante, l’aspect de la pyramide des âges variera beaucoup
(figure).
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 45
Une population en expansion rapide possédera une pyramide
des âges à large base, avec un sommet droit. Dans une
population stable, le nombre d’individus sera identique dans
chaque classe d’âge d’où l’aspect en « cloche » du
diagramme. Enfin dans une population déclinante, la pyramide
des âges présentera une forme en « champignon », avec un
faible
Fig: nombre de jeunes
structure d’âge de diverset une
types de prépondérance
population numérique des
individus âgés.
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 46
Pyramide des âges et « incidents » démographiques :
Exemple : Un incendie de forêt peut avoir une incidence sur une
population de mouflon :

Classe 2-3ans Figure: structure d’âge de la


population de mouflon de la réserve
de Bavella en Corse. La rareté des
animaux de 2 à 3 ans est due à un
incendie de forêt qui entraîna la mort
de nombreux animaux.

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 47


La présence de prédateur peut influencer la
démographie.
Exemple : Les cochons d’Australie avec une présence ou non de
dingos (chiens sauvages)

Présence de
prédation par les
dingos.

Ils s’attaquaient aux jeunes individus effectuant une


prédation sélective.

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 48


2.5- SEX-RATIO:
C’est le rapport numérique entre le nombre
d’individus appartenant au sexe mâle et au sexe
femelle que comporte une population. Il évolue
ensuite en raison d’une mortalité différente des sexes.

Chez les populations Dans certaines


animales, le sex-ratio populations de rongeurs
est une valeur proche un fort déséquilibre
de l’unité. peut s’observer en
faveur de l’un ou de
l’autre sexe.
Les pratiques cynégétiques peuvent déséquilibrer le
sex-ratio, avec notamment un abattage trop important
des mâles.
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 49
Chez les reptiles, le sex ratio est fonction de la
température d’incubation des œufs.
P=température pivot;
TRT= températures de
transition;
TF=températures
déterminant des femelles;
TM=température
déterminant des mâles.

Figure: Une modalité de détermination du sexe par la température. D'après C.Pieau, "Temperature variation and
sex determination in reptiles" in BioEssays, vol.18, no1, 1995

Dans ce cas, il n'existe qu'une seule température pivot et


une seule gamme de température transitionnelle, entre
températures masculinisantes et températures
féminisantes, qui détermine le sexe.
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 50
P=température pivot;
TRT= températures de
transition;
TF=températures
déterminant des femelles;
TM=température
déterminant des mâles.

Figure: Une modalité de détermination du sexe par la température. D'après C.Pieau, "Temperature variation and
sex determination in reptiles" in BioEssays, vol.18, no1, 1995

Dans ce cas, nous avons, deux températures pivot et


deux gammes de températures transitionnelles
déterminent le sexe. C'est le cas des crocodiles et de
certaines espèces de tortues et de lézards.

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 51


2.6- LE SYSTEME POPULATION-ENVIRONNEMENT

Les
l’effectif (ou la densité),
populations
la structure spatiale (modalités
Caractérisées de distribution des individus dans le
par milieu),

série de la structure


variables démographique (âge et sexe),
d’état
la structure génétique
(fréquences alléliques)

l’organisation sociale.

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 52


Cependant, les populations naturelles ne sont jamais
des entités isolées : elles s’insèrent dans un
environnement avec lequel elles sont en étroite relation
et dont elles dépendent.
Ainsi, pour l’écologue des populations

La véritable unité fonctionnelle est le système


population-environnement

L’environnement dont il est ainsi question est défini


par rapport à la population considérée, et non dans
l’absolu. Il comprend:
– le cadre climatique et physico-chimique
– d’autres populations qui représentent pour l’espèce
étudiée soit des sources de nourriture, soit des
ennemis, soit des compétiteurs, soit des espèces qui
coopèrent avec elle
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 53
Il existe des rétroactions exercées par l’ensemble de la population sur les propriétés de
chaque individu comme sur celles de l’environnement (voir figure 11).

Figure 11 : Principaux éléments intervenant


Pr D. NGOM, dans la dynamique du système
Ecologie générale_2020 54
population-environnement (adapté d’après Berryman, 1981).
Le système est capable d’autorégulation et
d’évolution. Ainsi, lorsque les conditions climatiques
sont particulièrement favorables, la mortalité
diminue, la natalité augmente et la densité de la
population s’accroît.

L’accroissement de densité peut affecter négativement


le fonctionnement physiologique, le comportement ou
les capacités démographiques (fécondité, probabilité
de survie) des individus qui composent la population,
par suite d’une augmentation des contacts agressifs
entre individus ou de la compétition pour des
ressources trophiques limitées.

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 55


III- LES FACTEURS D’ÉVOLUTION DES
POPULATIONS
3.1- LES MUTATIONS GÉNÉTIQUES

Les mutations modifications spontanées


génétiques qui se produisent au niveau
de l’information génétique
portée par le génome

sont responsables de l'augmentation de la


diversité génétique d'une population, en
introduisant des « nouveautés » génétiques,
généralement de manière aléatoire.

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 56


Contrairement aux idées reçues, la multiplication
végétative (bouturage) n'est pas synonyme de
préservation à l'identique du patrimoine génétique
d'une plante.

Les cellules accumulent des mutations ou des


remaniements génétiques au cours de la croissance de
la plante : le patrimoine génétique des cellules à
l'extrémité d'un rameau a évolué et n'est plus
exactement identique au patrimoine génétique de la
base du rameau.

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 57


3.2- LA SÉLECTION NATURELLE

sélection concept de base de la théorie


Darwinienne de l'évolution
naturelle

Les individus les mieux adaptés à un


environnement, sont les plus aptes à survivre et
à se reproduire dans cet environnement donc
produiront plus de descendants.
Cette participation différentielle des génotypes va
modifier la fréquence des allèles impliqués et
donc faire évoluer la structure génétique des
populations au cours des générations =
microévolution.
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 58
Ce "tri" des "meilleurs" génotypes sur la base de leur
valeur phénotypique a pour résultat une meilleure
adaptation des populations à leur environnement
puisque les allèles défavorables sont indirectement
éliminés par sélection, les individus qui les portent se
reproduisant moins bien ou pas du tout.
Exemple:

A l’intérieur d’une même population d’arbres


forestiers, on peut avoir certains arbres qui résistent
bien au froid alors que ce n’est pas le cas pour
d’autres. On aura plus de mortalité en cas de froid
intense chez les individus ayant la moins bonne
résistance au froid. Ils contribueront donc moins à la
génération suivante car ils seront moins nombreux à
pouvoir se reproduire qu’à la génération précédente
(figure ).
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 59
Figure: sélection naturelle au sein d’une population d’arbres forestiers
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 60
3.3- LES MIGRATIONS
Il se produit à chaque génération
Dans la nature, les des échanges d'adultes, mais
populations d'une même aussi d'embryons (graines chez
espèce ne sont pas les plantes), de pollen, ou de
génétiquement isolées gamètes (gamètes des animaux
aquatiques)
=
généralement d'autant plus
importants que les populations flux géniques
sont proches géographiquement.

Exemple: lorsqu'une population est subdivisée en sous-


populations à cause d'une discontinuité de l'habitat ou des
ressources. Ces échanges de gènes provoqués par la
dispersion des individus entre sous-populations limitent alors
leur divergence génétique.

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 61


Les conséquences génétiques de ces phénomènes
migratoires dépendent de l'organisation spatiale des
populations, de leur densité en individus et des
nombreux facteurs environnementaux responsables
de leur dispersion.

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 62


 Chez les essences forestières, les moyens naturels de migrations sont
assez limités. Il s’agit de la pollinisation et de la dissémination des graines:

La dispersion du pollen dépend :


- de la hauteur de l’arbre,
- de la morphologie des grains de
pollen,
- des conditions météorologiques
La plupart des essences forestières ont une
pollinisation anémophile (par le vent), bien que
certaines espèces aient recours à des insectes
(pollinisation entomophile).
Le pollen a un taux de viabilité qui chute assez rapidement
au fur et à mesure qu’on s’éloigne de l’arbre (en général
quelques centaines de mètres).

63
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020
 La dispersion des graines dépend :

- de la hauteur de l’arbre,

- de la morphologie et du
poids de la graine,

- des conditions météorologiques.

- du bétail

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 64


3.4- LA DÉRIVE GÉNÉTIQUE
 La reproduction sexuée procède par
échantillonnage : un pollen ou un ovule ne contient
que la moitié du patrimoine génétique de la plante
qui l'a produit, et donc seule une fraction des allèles
d'un organisme est transmise à la génération
suivante.
 Même si - en moyenne - tous les allèles ont des
chances égales d'être transmis, du fait de cet
échantillonnage aléatoire à chaque génération,
certains allèles peuvent être plus transmis que
d'autres : c'est la dérive génétique.
La dérive génétique conduit toujours à une baisse de diversité
génétique, du fait que certains allèles peuvent disparaître au fil des
générations. On peut obtenir en bout de course des plantes
homozygotes pour chaque allèle, et un allèle perdu l'est
définitivement.
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 65
IV- STRATEGIES BIODEMOGRAPHIQUES

4.1- CONCEPT DE STRATÉGIE EN ECOLOGIE


La quantité d’énergie ou de nourriture qu’un animal
peut s’approprier et « traiter » est nécessairement
limitée, que le facteur limitant soit l’abondance des
proies, leur accessibilité ou le temps nécessaire à
leur capture et leur assimilation. Ces ressources
limitées, l’organisme doit les allouer à sa croissance,
à son entretien, à la lutte contre ses ennemies et à sa
reproduction. Il est donc confronté à des choix. Des
choix qui dépendent de ce qu’il est (phénotype), des
conditions écologiques (son environnement)… et des
contraintes définies par ses possibilités intrinsèques
(phénotype et génotype).
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 66
Pour survivre et se reproduire, tout être vivant a
besoin de matière et d’énergie qu’i faut répartir entre
les différentes fonctions essentielles (figure).

Chaleur

Croissance
Métabolisme
Acquisition des Entretien
Ressources et
ressources
Défense
Synthèse
Nouvel
Reproduction
organisme

Réserves

Fonctions essentielles d’un organisme vivant


Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 67
Ainsi, arrive-t-on à la notion de stratégie adaptative.
D’une manière générale on peut dire qu’une stratégie,
pour un être vivant, est, dans une situation donnée, un
type de réponse ou de performance parmi une série
d’alternatives possibles.

La Stratégie est la méthode


Ecologie
d’adaptation d’une population ou d’une
communauté vivante aux conditions
écologiques

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 68


4.2- STRATEGIE r et K

La notion de stratégie r (taux d’accroissement de la


population) et K (capacité limite du milieu) est une
théorie qui explique que l’évolution de la stratégie de
reproduction des espèces est reliée aux fluctuations
de l'environnement. Elle a été élaborée par les
écologues Robert MacArthur et Edouard O. Wilson,
en 1967.

Deux stratégies typiques :


La stratégie K, basée sur une durée de vie très
longue, et une reproduction rare et tardive.
La stratégie r, basée sur la production d'un grand
nombre de jeunes, le plus tôt possible, et une
mortalité très élevée

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 69


La stratégie r est une stratégie de développement des
populations d'êtres vivants adoptée par des animaux ou des
végétaux dont l'habitat est variable ou perturbé,
l'approvisionnement en ressources vitales imprévisible et les
risques élevés : les espèces misent alors sur la reproduction
avec un fort taux de croissance, pour compenser par le
nombre, ce qui se traduit par une forte fécondité et de faibles
chances de survie jusqu'à la maturité sexuelle. Les populations
présentent ainsi beaucoup de petits mais peu d'adultes.

Principaux caractères adaptatifs des espèces de stratégie r


Durée de vie courte!
Taille réduite! Exemple: Les microorganismes
Maturité précoce!
Peu ou pas de soins parentaux
Forte descendance!
Régime alimentaire large (donc euryphage)
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 70
La stratégie K est une stratégie de développement des
populations d'êtres vivants adoptée par des animaux ou des
végétaux dont les conditions de vie sont prévisibles, avec un
approvisionnement constant en ressources et des risques
faibles : les organismes investissent dans la survie des adultes.

Les éléphants présentent une


faible fécondité. Ce sont des
espèces à stratégie K car elles
privilégient le développement et la
longévité au détriment de la
reproduction.

 Certaines espèces présentent des adaptations


physiologiques chez les adultes pour améliorer le
développement des petits (ex. : les poches des marsupiaux)

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 71


Principaux caractères adaptatifs des espèces
de stratégie K
Longue durée de vie!
Organismes de grande taille!
Maturité sexuelle tardive!
Soins parentaux aux jeunes!
On peut parfois noter des adaptations physiologiques
chez les adultes pour améliorer le développement
des petits (ex: les poches des marsupiaux) et des
adaptations comportementales (ex: les animaux
vivent en couples fidèles pour assurer la survie de la
descendance).!
Les populations présentent peu de jeunes mais
beaucoup d'adultes!
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 72
CLIMAT ET MILIEU

Instable Stable
imprévisible prévisible

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 73


4. 3-LES COMPORTEMENTS ALIMENTAIRES COMME
STRATÉGIES
Comment se nourrir, c'est-à-dire quelles proies
choisir ? où se nourrir ? Quand se nourrir ? Voilà des
questions complexes que tout organisme doit résoudre.

Beaucoup d’animaux choisissent, parmi des proies de


même nature mais de tailles différentes, celles qui
sont les plus profitables (coût énergétique de la
capture, temps de recherche et d’absorption de la
proie….).

Naturellement, l’aspect énergétique n’est qu’un volet


du problème : il y a des contraintes nutritives plus
spécifiques qui peuvent déterminer le choix. Exemple:

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 74


L’exemple le plus classique est le cas d’un herbivore,
l’élan d’Amérique du nord (Alces alces). Son régime
alimentaire est fortement influencé par ses besoins
en sodium. L’élan se nourrit dans 2 types de milieux,
en forêt où il broute les feuilles, et dans les petits lacs
où il cherche des plantes aquatiques. Ces dernières
sont riches en sodium mais peu énergétiques, tandis
que les plantes terrestres, pauvres en sodium ont un
contenu relativement plus élevé en énergie. L’élan a
besoin à la fois de sodium et d’énergie pour survivre
et se reproduire et son régime est donc mixte.

Pour prédire la stratégie qui devait être adoptée, c'est-


à-dire la proportion de plantes aquatiques qui confère
le meilleur bilan nutritionnel, il faut élaborer un
modèle d’optimisation (figure).
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 75
3 contraintes y sont introduites :

 la quantité minimale de sodium que l’élan doit


consommer pour satisfaire ses besoins
journaliers (ligne horizontale en pointillé);

 la quantité d’énergie nécessaire (droite en trait plein


y-x )

 capacité maximale de l’estomac de l’élan (ligne


bleu discontinue);

La contrainte énergétique est représentée sur la


figure par la droite en trait plein y-x : au dessus, la
ration énergétique est suffisante ; en dessous, il y a
une carence d’énergie.
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 76
Consommation des plantes aquatiques (g) y

Contrainte en Figure 8 : le régime


énergie
alimentaire de l’élan est
fixé par trois contraintes :
les besoins journaliers en
sodium et en énergie et
la capacité de l’estomac
(rumen)
Contrainte liée
au rumen
Contrainte
en sodium

Consommation des plantes terrestres (g)

L’effet global de ces contraintes peut maintenant être


précisé : seuls les régimes inscrits dans le triangle
hachuré conviennent à l’élan.
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 77
4.4- LE COÛT DE LA REPRODUCTION

La nécessité d’un coût, du point de vue théorique, est


la conséquence logique et nécessaire du fait que
l’organisme est un système contraint. Si 2 (ou
plusieurs) attributs biodémographiques sont en
compétition pour se partager une même quantité
limitée de ressources, il sera impossible en effet de les
maximiser simultanément, les gains accordés à l’un se
traduisant par une perte pour l’autre.
On distingue habituellement deux sortes de coût de
reproduction:
a) La reproduction peut drainer de l’énergie et des
nutriments de telle sorte que ceux-ci ne peuvent être
complètement restaurés avant la tentative de
reproduction suivante: c’est le coût en fécondité, qui se
traduit par une corrélation négative entre la fécondité
actuelle et la fécondité future.
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 78
En outre, il a été montré chez beaucoup d’espèces,
animales et végétales, que la reproduction inhibait la
croissance.
Exemple: Chez le cloporte Armadillidium vulgare, il a
été démontré que l’engagement de dépenses
reproductives se traduisait essentiellement par une
forte diminution de l’énergie allouée à la croissance
(tableau 2 ).

Tableau : Énergie allouée à la croissance et à la reproduction chez «Armadillidium


vulgare». Les valeurs données correspondent aux dépenses exprimées en calories par
cycle complet de mue (Lawlor, 1976).
Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 79
b) La seconde source de coût est le risque associé aux
activités de reproduction, conduisant à une
corrélation négative entre reproduction et survie :
c’est le coût en survie.
Divers exemples étayent cette hypothèse (figure 8).
On conçoit bien sûr que des activités telles que la
garde du nid chez les poissons ou les parades de
distraction chez les oiseaux comportent des risques.

Figure 8 : Exemples de
coût de la reproduction :
variations de la survie en
fonction de l’effort de
reproduction chez les
poules de race Leghorn (à
gauche) et dans une
population naturelle de
mésanges charbonnières
où l’effectif des nichées a
été manipulée (d’après
Bell et Koupofanou, 1986
et Kluijver, 1970).

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 80


Bibliographie
 Barbault, R.- 2000; « Écologie générale – structure et fonctionnement
de la biosphère »; 5e édit. ; Dunod.
 Campbell, N.A., 1993. Biologie. Ed. De Boeck Université, 1190 p.
 Dajoz, R., 2000. Précis d'écologie. Ed. DUNOD, 615 p.
 Duvigneaud, P.- 1980; "La synthèse écologique"; Doin, éd.; 2e édition.
 Fischesser, B. et Dupuis-Tate, MF. - 1996; « le guide illustré de l’écologie
» - éditions de La Martinière
 Heinrich, D. & Hergt, M., 1990. Atlas de l'écologie. Ed. La Pochothèque,
286 p.
 Lévèque, C. - 2001 ;« Écologie – de l’écosystème à la biosphère »;
Dunod.
 Ramade, F., 2002. Dictionnaire encyclopédique de l'écologie et des
sciences de l'environnement. Ed. Dunod, 1063 p.
 Ramade, F., 2003. Eléments d'écologie – Ecologie fondamentale. Ed.
Dunod, 690 p.

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 81


FIN

Pr D. NGOM, Ecologie générale_2020 82

Vous aimerez peut-être aussi