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Formation des images1 1

Dr Alexis Drouard
MP2I, 2021-2022

Ce chapitre présente les fondements de l’optique géométrique, un


cadre théorique d’étude de la lumière basé sur le concept de rayon
lumineux et permettant d’interpréter la formation d’images.

I. Les sources lumineuses

1. Le spectre électromagnétique
La lumière est constituée d’une infinité d’ondes électromagnétiques2 2
Il s’agit d’oscillations couplées d’un
aussi appelées radiations. Chacune d’entre elles est caractérisée par champ électrique et d’un champ mag-
nétique se propageant dans l’espace.
une longueur d’onde dans le vide. L’ensemble de ces ondes constitue
le spectre électromagnétique, au sein duquel on distingue différents
domaines. Le domaine visible, qui ne représente qu’une infime partie
de ce spectre, correspond aux ondes perceptibles par l’oeil humain.

Figure 1: Spectre des ondes électro-


magnétiques en longueur d’onde dans
le vide avec un détail sur le domaine
visible.

Ainsi, chaque couleur que l’on perçoit est associée à une longueur
d’onde dans le vide bien précise comprise entre 380 et 750 nm.

p Application : indiquer les longueurs d’ondes dans le vide qui sont


associées aux couleurs rouge, jaune, vert et bleu.

Le spectre d’une source de lumière s’obtient en formant l’image de


cette source à travers un système dispersif3 , c’est-à-dire un système 3
e.g. un réseau précédé d’une fente - le
dans lequel les ondes de différentes longueur d’onde sont séparées les phénomène de diffraction est à l’origine
de la dispersion - ou bien un prisme en
unes des autres pendant leur propagation. verre - le phénomène de réfraction est à
l’origine de la dispersion.
formation des images 2

2. Caractérisation d’une source lumineuse


Qu’il s’agisse de sources primaires (i.e. qui émettent leur propre lu-
mière) ou de sources secondaires (i.e. qui ne font que réfléchir tout
ou une partie d’un rayonnement lumineux incident), la structure du
spectre lumineux d’une source permet de sonder certaines de ses pro-
priétés. On distingue trois types de spectres :

 les spectres continus, dits spectre de lumière blanche lorsqu’ils


contiennent l’ensemble des radiations du domaine visible.
 les spectres de raies en émission sont dominés par certaines
radiations du domaine visible. Ce sont des spectres discontinus, ou
discrets.
 les spectres de raies en absorption sont appauvris en certaines
radiations du domaine visible. Ces spectres s’obtiennent après passage
de lumière à travers un échantillon de matière (e.g. une solution, un
gaz, un filtre coloré) ou par réflexion sur un matériau.

Figure 2: Les différents types de spec-


tres de lumière. L’axe de longueur
d’onde est gradué en nanomètres.

Un profil spectral est la représentation graphique de l’intensité lu-


mineuse d’un spectre en fonction de la longueur d’onde. L’allure du
profil spectral d’une source renseigne sur le processus d’émission :

 les sources incandescentes ou thermiques : profil en cloche


ayant une longueur d’onde d’intensité maximale (e.g. les ampoules à
filament, un métal chauffé à blanc). Elles fonctionnent par entretien
d’un processus chauffant.
formation des images 3

 les lampes spectrales ou à décharge : profil de raies en émission


propres au gaz atomique qu’elles contiennent (e.g. mercure, sodium).
Elles fonctionnent par entretien d’un arc électrique.
 les sources à effet laser4 : raie unique et fine propre au matériau 4
Laser Amplification by Stimulated
amplificateur utilisé (e.g. cristaux de néodyme, gaz hélium-néon). Elles Emission of Radiation

fonctionnent par excitation d’un matériau amplificateur dans une cav-


ité optique.

Les profils spectraux permettent d’analyser plus finement les sources


de lumière, la plupart de celles-ci possèdant des spectres mixtes sur
lesquels des raies se superposent à un continuum (c f . activité docu-
mentaire Le spectre solaire).

Figure 3: Comparaison du spectre et du


profil spectral de la lumière émise par
le Soleil dans le domaine visible. On
remarque des raies qui sont superposés
à un continuum dont l’allure globale à
une forme de courbe en cloche.

3. Modèlisation d’une source lumineuse


Un modèle de source est une représentation théorique et idéale per-
mettant de décrire le comportement d’une source en fonction de ses
propriétés intrinsèques et des conditions de son observation.

Une source de lumière dont le spectre ne contient qu’une seule radi-


ation lumineuse est dite monochromatique5 . On qualifie les autres 5
Mot d’étymologie grecque, issu de la
sources de polychromatiques par opposition. contraction du suffixe chroma signifiant
couleur et du préfixe mono signifiant
seul. Son contraire utilise le préfixe poly
signifiant plusieurs.
 Point-clé : Modèle de la source monochromatique

Une source est considérée monochromatique lorsqu’elle émet


une unique et fine raie d’émission. Les sources à effet laser sont
les sources réelles les plus proches de ce modèle de source, qui
est seulement un idéal théorique.
formation des images 4

Une source de lumière dont la surface d’émission est négligeable de-


vant sa distance à un observateur sera dite ponctuelle. On qualifie par
opposition les autres sources d’étendues.

Une source de lumière possédant une direction d’émission privilégiée


est dite anisotrope voire dans certains cas directionnelle. On qualifie
par opposition les autres sources d’isotropes ou d’omnidirectionnelles.

p Application : indiquer en justifiant le modèle de source à retenir


pour l’étoile proxima du centaure (de diamètre Dα cen = 215 000 km)
pour un observateur situé sur Terre (situé à d = 4,2 al de l’étoile).

II. Propagation de la lumière

1. Notion de rayon lumineux


La lumière, ou plus exactement le déplacement de l’énergie lumineuse,
peut être modéliser par une collection de rayons lumineux indépen-
dants les uns des autres6 . On appelle milieu une région de l’espace de 6
Cette hypothèse exclut tout
composition donnée dans laquelle les rayons se propagent. Un milieu phénomène de diffraction. La condition
à vérifier est donc que les ouvertures
est dit : traversées par la lumière aient toutes
une dimension a > 1000λ. La tâche
 matériel s’il contient de la matière (par opposition au vide). de diffraction, de l’ordre de λ/a, est
ainsi négligeable. C’est équivalent à
 transparent s’il laisse passer des ondes électromagnétiques (par considérer une longueur d’onde de la
opposition à opaque). lumière quasiment nulle.

 homogène si ses propriétés physico-chimiques sont identiques


en tout point (par opposition à hétérogène).
 isotrope7 si ces propriétés sont les mêmes dans toutes les direc- 7
Remarquons qu’un milieu isotrope
tions (par opposition à anisotrope). en tout point est homogène, mais la
réciproque est fausse.
 linéaire8 si les effets sont proportionnels aux causes (par oppo- 8
Il s’agit des milieux courants, dans
sition à non linéaire). lesquels l’amplitude des champs élec-
tromagnétiques est faible, à l’inverse
d’un plasma ou d’un matériau ferro-
La trajectoire d’un rayon lumineux vérifie le principe de Fermat. Ce magnétique par exemple.
principe stipule qu’entre deux points A et B, la lumière suit un trajet
qui rend la durée de parcours TAB stationnaire9 par rapport à tout 9
Au sens mathématique, à savoir
qu’une variation infinitésimale de cette
trajet infiniment voisin.
quantité sera nulle au premier ordre.

Figure 4: Schématisation du principe


de Fermat. La courbe C correspond
à un chemin stationaire : seuls les
chemins s’en approchant au plus près
permettent d’optimiser le temps de
parcours entre les points A et B.

En pratique, cela signifie qu’un rayon lumineux suit la trajectoire dont


le temps de parcours est minimal10 . Dans un milieu homogène, le par- 10
Il faut sous-entendre "localement".
Remarquons en effet qu’une quantité
extrémale est stationnaire, mais la
réciproque est fausse (e.g. un extremum
local, un point-col).
formation des images 5

cours de durée minimale correspond au parcours de longueur mini-


male : les rayons lumineux se propagent selon des lignes droites.

 Point-clé : Postulats de l’optique géométrique

Les rayons lumineux sont les lignes le long desquelles l’énergie


lumineuse se déplace. Ils sont caractérisés par une direction de
propagation −→u et une vitesse de propagation v. Ils se propa-
gent en ligne droite dans tout milieu homogène et isotrope.

2. Célérité de la lumière
Les rayons lumineux se déplacent à une vitesse qui dépend du milieu
de propagation. Dans le vide, la célérité de la lumière vaut :

.
c = 299 792, 458 km.s−1
Dans le vide, il s’agit d’une constante qui ne dépend pas de la radiation
lumineuse, i.e. de la couleur. On dit que le vide est un milieu non
dispersif.

Dans un milieu matériel transparent, la lumière est ralentie par la Milieu nλ=587,6nm
présence de matière. Elle se propage à une célérité v < c. Cela conduit
Vide 1
à introduire l’indice de réfraction n, une quantité sans dimension qui Air 1,0003
s’exprime : Eau 1,33
Verre 1,52 - 1,66
Diamant 2,42
. c
n= Table 1: Ordres de grandeurs d’indices
v
de réfraction.

On remarque que n > 1 étant donné que v < c. Un milieu sera


qualifié de dispersif lorsque la valeur de l’indice de réfraction dépend
de la longueur d’onde dans le vide de la radiation s’y propageant.
L’évolution de l’indice de réfraction en fonction de la longueur d’onde
du rayonnement dans le vide, appelée relation de dispersion, peut-être
déterminée par des lois semi-empiriques. La loi de Cauchy est une très
bonne approximation dans le domaine visible11 : Au-delà on privélégie la loi de Sell-
11

meir : n(λ)2 = 1 + ∑k ak λ2 /(λ2 − bk )


B C
n(λ) = A + + 4 + ...
λ2 λ

Remarquons que l’indice de réfraction diminue avec la longueur d’onde


dans le vide de la radiation lumineuse.

p Application : calculer la vitesse d’un rayon lumineux jaune dans Figure 5: Comparaison des relations
un morceau de verre de quartz ( A = 1, 4580, B = 0, 00354 µm2 ).
de dispersion de Sellmeir et de Cauchy
avec des mesures expérimentales sur du
verre BK7.
formation des images 6

 Point-clé : Indice de réfraction d’un milieu

La vitesse de propagation d’un rayon lumineux dépend du mi-


lieu dans lequel il se propage. Cette vitesse vérifie c = n × v
avec n l’indice du milieu et c = 3, 0 × 108 m.s−1 la célérité de la
lumière dans le vide.

3. Franchissement d’un dioptre


Un dioptre est une interface séparant deux milieux transparents dont
les indices de réfraction sont différents. Lorsqu’un rayon lumineux
incident arrive au niveau d’un dioptre, il donne naissance à deux
rayons lumineux émergents : l’un est réémis dans le milieu incident,
l’autre est transmis au second milieu. L’expérience montre que ces
trois rayons sont coplanaires (1ère loi de Snell-Descartes).

On appelle plan d’incidence le plan contenant le rayon incident et la


normale au dioptre au niveau du point d’incidence. On définit égale-
Figure 6: Coplanéité des rayons traver-
ment les angles d’incidence (i1 ), de réflexion (i10 ) et de réfraction (i2 ),
sant un dioptre.
des angles orientés dirigés respectivement de la normale au dioptre
vers les rayons incident, réfléchi et réfracté.

Figure 7: Paramétrisation des angles


orientés lors des phénomènes de
réflexion et de réfraction au niveau d’un
dioptre.

La présence du dioptre entraîne deux phénomènes distincts :


 La réflexion12 est un phénomène de changement de direction en 12
sous-entendu spéculaire, c’est-à-dire
réaction à la présence du dioptre. On observe que (i) le rayon réfléchi produite par une surface très lisse (e.g.
miroir ou surface d’eau très calme). Elle
est compris dans le plan d’incidence et que (ii) les angles d’incidence produit une image discernable d’un
et de réflexion sont opposés (i1 = −i10 , 2ème loi de Snell-Descartes). objet, à l’inverse de la réflexion diffuse
produite par des surfaces irrégulières.
C’est cependant cette dernière réflexion
 La réfraction est un phénomène de changement de direction lié
qui nous permet de voir le monde qui
au changement de milieu. On observe que (i) le rayon réfracté est nous entoure.
dans le plan d’incidence et que (ii) le produit de l’indice de réfraction
du milieu et du sinus de l’angle est conservé lors de la traversée du
dioptre (n1 sini1 = n2 sini2 , 3ème loi de Snell-Descartes).
formation des images 7

 Point-clé : Les lois de Snell-Descartes

Soit un rayon lumineux arrivant à la surface d’un dioptre avec


un angle d’incidence i1 . Il se scinde en un rayon réfléchi et un
rayon réfracté respectivement émis dans des directions d’angles
orientés i10 et i2 depuis la normale tels que :
· 1ère loi : les trois rayons sont coplanaires.
· 2ème loi : i10 = −i1
· 3ème loi : n1 sini1 = n2 sini2

p Application : expliquer qualitativement en quoi le phénomène de


réfraction est à l’origine de la dispersion de la lumière dans un prisme.

La symétrie des lois de Snell-Descartes met en évidence le principe de


retour inverse de la lumière : inverser le sens du rayon lumineux ne
modifie pas sa trajectoire.

La capacité d’une surface à plus ou moins réfléchir un rayon incident


dépend de son pouvoir réflecteur, défini comme le rapport entre le
flux réfléchi et le flux incident. Ce rapport dépend du milieu incident
et de la nature de la surface. Dans le cas d’un dioptre entre deux
milieux transparents réfringents, le pouvoir réflecteur est très faible
sous incidence normale (i = 0◦ ). On démontre à partir des coefficients
de Fresnel13 que pour une incidence nulle, le pouvoir réflecteur de ce 13
Il s’agit de rapports d’amplitudes de
type de réflexion dite vitreuse s’exprime : champs électriques ou magnétiques de
part et d’autre d’un dioptre.
2
n−1

Dioptre R
R=
n+1 verre 4%
eau 2%
avec n l’indice de réfraction du milieu incident. Le pouvoir réflecteur aluminium 90%
diamant 10%
augmente avec l’angle d’incidence et tend vers 1 sous incidence ras-
ante (i = 90◦ ). Dans le cas du dioptre entre un milieu transparent et Table 2: Ordres de grandeurs de pou-
un milieu à réflexion métallique, le pouvoir réflecteur est important voirs réflecteurs à incidence normale
dans l’air.
à incidence normale (i = 0◦ ) et tend vers 1 sous incidence rasante
(i = 90◦ ).

Intéressons nous plus particulièrement à la 3ème loi de Snell-Descartes.


Les indices de réfraction n1 et n2 étant des quantités positives, les an-
gles orientés i1 et i2 sont toujours de même signes : les rayons incident
et réfracté sont toujours de part et d’autre de la normale, conformé-
ment à l’expérience. Par ailleurs, dans l’approximation des petits an-
gles14 , cette loi peut être réduite à la relation n1 i1 = n2 i2 , appelée loi 14
Un développement limité de la
de Kepler. Pour finir, cette loi permet d’identifier deux cas limites : fonction sinus permet de justifier que
sin(θ ) ≈ θ en 0 au premier ordre.
formation des images 8

 Réfraction limite : lorsque le milieu d’émergence est plus réfrin-


gent que le milieu d’incidence (n2 > n1 ), le rayon réfracté se rapproche
de la normale. Il existe un angle de réfraction limite défini dans le cas
extrême d’une incidence rasante.
Figure 8: Illustration du franchissement
d’un dioptre par un rayon lumineux se
Démonstration :
propageant d’un milieu moins réfrin-
gent vers un milieu plus réfringent.
n2 > n1 ⇒ sin i1 > sin i2
⇒ i1 > i2

ilim = lim ⇒ n1 = n2 sin ilim


i1 →π/2
n1
⇒ sin ilim =
n2
n1
⇒ ilim = arcsin 
n2

 Réflexion totale : Lorsque le milieu 2 est moins réfringent que


le milieu 1 (n2 < n1 ), le rayon réfracté s’éloigne de la normale. Il existe
alors un angle limite d’incidence il tel que sinil = n2 /n1 de sorte que
si i > il le rayon réfracté disparaît ; seul le rayon réfléchi existe : on
parle alors de réflexion totale car toute l’énergie se retrouve dans le
rayon réfléchi.
Figure 9: Illustration du franchissement
Démonstration : d’un dioptre par un rayon lumineux se
propageant d’un milieu plus réfringent
vers un milieu moins réfringent.
n1 > n2 ⇒ sin i1 < sin i2
⇒ i1 < i2

ilim = lim ⇒ n1 sin ilim = n2


i2 →π/2
n2
⇒ sin ilim =
n1
n2
⇒ ilim = arcsin 
n1

 Point-clé : Réflexion totale

Quand un rayon passe d’un milieu plus réfringent à un milieu


moins réfringent (n1 > n2 ), il existe un angle d’incidence limite
au-delà duquel le rayon incident est totalement réfléchi :

ilim = arcsin( nn2 )


1
formation des images 9

p Application : déterminer l’ouverture du cône de visibilté d’un


nageur regardant le ciel au fond d’une piscine de 2 m de profondeur.

III. Les systèmes optiques

1. Conjugaison d’un objet et de son image


Un système optique est un ensemble de milieux transparents séparés
par des dioptres (système dioptrique), des miroirs (système catop-
trique) ou une combinaison des deux (système catadioptrique15 ). 15
Mot construit par contraction du latin
dioptra signifiant instrument d’optique et
Un point objet est une source ponctuelle émettant des rayons lumineux du grec katop signifiant miroir.

dirigés vers un système optique. Un point image est le point de con-


cours de rayons lumineux émergeants d’un système optique. On dit
alors qu’un point objet et son point image sont conjugués l’un de
l’autre par le système optique. L’application u( A, A0 ) qui associe à
un objet A son image A0 est appelée la relation de conjugaison du
système optique.

u : R −→ R
A −→ A0

Une image est caractérisée par sa nature :


 Lorsque qu’une image est formée par intersection de rayons
physiques émergeants du système optique, cette image est dite réelle.
Les rayons émergeants du système optique convergent vers elle : l’image
peut être recueillie sur un écran.
 Lorsque qu’une image est formée par intersection de prolonge-
ments de rayons physiques émergeants du système optique, cette im-
age est dite virtuelle. Les rayons émergeants du système optique di-
vergent depuis elle : l’image ne peut pas être recueillie sur un écran
mais elle peut être éventuellement observée à l’œil nu16 . 16
En effet le faisceau de rayons en sortie
du système optique diverge depuis un
 Lorsqu’un faisceau lumineux émergeant d’un système optique objet fictif qui peut faire office d’objet
est constitué de rayons parallèles, l’image est dite à l’infini. réel pour le système optique qu’est l’œil
: une image peut être formée sur la
De la même manière, un objet peut être réel ou virtuel et on le dira à rétine.

l’infini lorsque les rayons lumineux qu’il émet vers le système optique
arrive sur ce dernier en un faisceau parallèle.

p Application : montrer que le Soleil (D = 1,5×106 km) peut être


considéré comme un objet à l’infini pour un observateur situé sur Terre
(d = 150×106 km).
formation des images 10

Figure 10: L’image d’un objet réel


formée par un système optique peut
être réelle (gauche) ou virtuelle (droite).

Figure 11: L’image d’un objet virtuel


formée par un système optique peut
être réelle (gauche) ou virtuelle (droite).

Une approche plus générale consiste à définir des domaines d’espaces


caractérisant la nature d’une image ou d’un objet :

Figure 12: Schémas des espaces.

Pour terminer, remarquons que la désignation objet-image est relative


au système optique que l’on considère. En effet, si l’on forme l’image
d’un objet à travers une succession de N systèmes optiques consécutifs,
alors l’image formée par le système optique k jouera le rôle d’objet
pour le système optique k + 1.

p Application : un observateur équipé de verres correctifs regarde


un objet réel à l’aide d’une loupe. Schématiser la succession d’images
intermédiaires nécessaires à la visualisation de l’objet.

2. Notion de stigmatisme
Une image idéale doit être semblable à l’objet à un rapport de simil-
itude près, sans quoi elle est floue17 . Cela signifie que la relation 17
On parle d’aberrations géométriques
de conjugaison doit être une application bijective : à chaque point car la forme du système est responsable
de la déformation. Il existe aussi
objet doit correspondre un unique point image et réciproquement. les aberrations chromatiques, liées
Autrement dit, tous les rayons lumineux issus d’un même point objet au phénomène de dispersion, qui
produisent des images irisées.
doivent concourir en un unique point de l’image. On parle de con-
dition de stigmatisme. L’obtention d’un stigmatisme rigoureux étant
formation des images 11

extrêmement rare18 , il est seulement possible de s’en approcher (c f . ac- l’unique système optique rigouresue-
18

tivité numérique Problème de stigmatisme). Pour cela on considère des ment stigmatique est le miroir plan.

objets plans de taille réduite et alignés avec le système optique afin


d’émettre des rayons (i) peu inclinés par rapport à l’axe du système et
(ii) proches de cet axe. Il s’agit des conditions de Gauss.

Figure 13: Image d’un objet à l’infini


dans les conditions de stigmatisme
approché (gauche) et sans respecter ces
conditions (droite).

 Point-clé : Conditions de Gauss

Le stigmatisme approché s’obtient en considérant des rayons


lumineux :
- peu inclinés par rapport à l’axe optique.
- paraxiaux, c’est-à-dire proches de l’axe optique.

p Application : expliquer en quoi l’utilisation d’un diaphragme per-


met d’améliorer la netteté d’une image.

3. Points cardinaux d’un système centré


Un système optique est dit centré lorsqu’il posséde un axe de symétrie
central qualifié d’axe optique. Cet axe est orienté dans le sens de prop-
agation de la lumière et possède des points particuliers, dits cardinaux.
 Les points nodaux N (point nodal objet ou encore point nodal
d’incidence) et N’ (point nodal image ou point nodal d’émergence)
sont deux points de l’axe optique, conjugués l’un de l’autre, pour
lesquels les angles d’inclinaison des rayons incident et émergent par
rapport à l’axe optique sont identiques.
 Les points principaux H (point principal objet) et H’ (point
principal image) sont deux points définis comme les intersections de
l’axe optique avec les plans principaux objet et image. Le plan princi-
pal image est le plan où chaque rayon incident parallèle à l’axe optique
croise le rayon émergent correspondant, tandis que le plan principal
objet est le plan où chaque rayon émergent parallèle à l’axe optique
croise le rayon incident correspondant.
 Les foyers principaux F (foyer objet) et F’ (foyer image) sont
deux points de l’axe optique conjugués avec des points situés à l’infini.
formation des images 12

L’image du point F est à l’infini, F’ est l’image d’un objet à l’infini. Les
foyers ne sont donc pas conjugués l’un de l’autre.

Figure 14: Points cardinaux d’un


système optique centré.

Les points cardinaux permettent d’établir les relations de conjugaison


du système optique. La relation de Descartes est définie par rapport
aux points principaux :

n0 n n0 n
− = =−
H 0 A0 HA H 0 F0 HF

avec V = n0 /HF 0 = −n/HF la vergence du système optique. La


relation de Newton est définie par rapport aux foyers :

F 0 A0 · FA = HF · H 0 F 0
Précisons que les longueurs introduites sont surmontées d’une barre
horizontale pour préciser leur caractère algébrique : elles possèdent
un signe dépendant de l’orientation choisie pour l’axe optique. Les
démonstrations reposent sur des considérations de géométrie euclidi-
enne. Ces relations se déclinent en une variété de formes simplifiées
en fonction du système optique centré que l’on considère.

IV. Les miroirs

1. Généralités
Un miroir est une surface dont le pouvoir réflecteur est proche de
l’unité. Les miroirs usuels sont réalisés par pulvérisation d’un dépôt
métallique (e.g. argent, aluminium) d’une épaisseur inférieure au mi-
cromètre sur une surface vitrée. Les miroirs de meilleure qualité sont
obtenus par évaporation sous vide. Pour contrôler le pouvoir réflecteur
et obtenir des miroirs semi-transparents, on agit sur l’épaisseur du
dépôt métallique. Le dépôt est protégé avec un vernis pour prévenir
les risques d’oxydation. La principale complexité dans la fabrication
d’un miroir réside dans la correction des réflexions et réfractions liées
à l’épaisseur du verre qui peuvent aboutir à la formation d’images
multiples.
formation des images 13

2. Le miroir plan
Considérons un miroir plan 19 et un objet ponctuel A. On appelle H 19
un système optique est qualifié de
le projeté orthogonal de A sur le plan du miroir. L’image A0 de A plan si la dimension caractéristique
des aspérités de surface est inférieure
satisfait la relation de conjugaison du miroir plan : à la longueur d’onde du rayonnement
considéré
H A = AH 0
L’image d’un point est son symétrique par rapport au plan du miroir.
La symétrie axiale étant une transformation bijective, chaque point
d’un objet possède un unique point image : le stigmatise du miroir
plan est rigoureux.

Figure 15: Construction de l’image d’un


objet à travers un miroir plan.

Construisons désormais l’image d’un objet linéaire AB en position


transversale (i.e. parallèle au plan du miroir) puis en position longitu-
dinale (i.e. perpendiculaire au plan du miroir). Pour cela on construit
les images de A0 et B0 avant de les relier entre elles.

Figure 16: gauche : Construction de


l’image d’un objet linéaire transverse à
travers un miroir plan, droite : Construc-
tion de l’image d’un objet linéaire axial
à travers un miroir plan.

On constate que l’image donnée par le miroir plan conserve les dimen-
sions de l’objet, conformément au fait que la projection orthogonale est
une isométrie. Il est possible de le vérifier en calculant le grandisse-
ment γ dans les deux configurations :

. A0 B0 . A0 B0
γtransversal = =1 γlongitudinal = = −1
AB AB
formation des images 14

En outre, l’image n’est pas déformée par rapport à l’objet : le miroir


plan est un système optique rigoureusement aplanétique. Néanmoins,
on comprend qu’il n’est pas possible de superposer un objet étendu ne
présentant pas de plan de symétrie et son image par le miroir : l’image
d’un trièdre direct est un trièdre indirect et l’image d’une main droite
est une main gauche. Un nombre pair de réflexion est nécessaire pour
préserver l’orientation.

 Point-clé : Construction d’une image - miroir plan

Le miroir plan est l’unique système optique rigoureusement


stigmatique et aplanétique. L’image est le symétrique de l’objet
par rapport au plan du miroir. Le grandissement vérifie :

|γ| = 1

p Application : Construire un rayon lumineux joignant deux points


disposés de manière quelconque devant un miroir plan.

V. Les lentilles minces

1. Généralités
Une lentille est un système centré résultant de l’association de deux
dioptres généralement sphériques. Les lentilles ont la propriété de
dévier les rayons lumineux grâce au double phénomène de réfraction
qui se produit sur les deux dioptres consécutifs.
Figure 17: Définition des rayons de
Une lentille est dite mince si son épaisseur est très inférieure aux courbures, de l’épaisseur e, des centres
rayons de courbures des dioptres et de la distance entre les deux cen- et des sommets d’une lentille. Une
lentille mince vérifie e << R1 , e << R2
tres. Dans ce cas on confond les deux sommets avec le centre optique et e << |C1 C2 |.
O de la lentille. On distingue les lentilles minces à bords minces dites
convergentes et celles à à bords épais, dites divergentes.

Figure 18: Les différents types de


lentilles minces.
formation des images 15

Les lentilles minces sont caractérisées par trois points :


 Le foyer principal image, noté F 0 , est le point image d’un objet
à l’infini situé sur l’axe optique.
 Le foyer principal objet, noté F, est le point objet de l’axe op-
tique dont l’image est située à l’infini.
 Le centre optique20 , noté O, est le point de l’axe optique par 20
Le centre optique correspond à la fois
lequel un rayon incident n’est pas dévié. aux points principaux et nodaux, qui
sont tous confondus dans une lentille
mince.
La longueur algébrique entre le centre optique et le foyer principal
.
image est appelée distance focale image de la lentille ( f 0 = OF 0 ). De
même, la longueur algébrique entre le centre optique et le foyer princi-
.
pal objet est appelée distance focale objet ( f = OF). Pour une lentille
mince sphérique, les foyers sont symétriques21 par rapport à l’axe op- 21
Remarquons que les foyers ne sont
tique (OF 0 = −OF ou encore f 0 = − f ). Cette propriété permet de pas les conjugués l’un de l’autre,
chacun étant le conjugué d’un point à
caractériser une lentille mince sphérique par une seule grandeur ap- l’infini par définition de la conjugaison.
pelée vergence, définie comme l’inverse de la distance focale image
(V = 1/ f 0 ) et que l’on exprime en dioptrie (symbole δ).22 Le signe de 22
La définition générale de la vergence
la vergence indique le caractère convergent ( f 0 > 0 donc V > 0) ou est V = n0 / f 0 = n/ f avec n et n0 les
indices des milieux situés avant et après
divergent ( f 0 < 0 donc V < 0) de la lentille. le système optique. Néanmoins dans
l’air n = n0 ∼ 1. Dans un système
incluant m élèments catoptriques il faut
 Point-clé : Vergence d’une lentille mince sphérique ajouter un facteur (−1)m .

Une lentille mince sphérique possède un centre optique O et


deux foyers principaux F et F 0 symétriques l’un de l’autre par
rapport à O. Elle est caractérisée par sa vergence V :

V= 1
f0 = − 1f car f 0 = − f

avec f 0 = OF 0 la distance focale image de la lentille et f = OF


la distance focale objet.

p Application : une ordonnance indique qu’un patient atteint de my-


opie doit être équipé de verres correcteurs de vergence -10 δ. Sché-
matiser la lentille.

Le plan perpendiculaire à l’axe optique et passant par F 0 est appelé


plan focal image. Tout faisceau parallèle incliné par rapport à l’axe
optique émerge de telle sorte que les rayons se croisent en un point
du plan focal image que l’on qualifie de foyer secondaire image. Ré-
ciproquement, le plan perpendiculaire à l’axe optique et passant par F
est appelé plan focal objet et tout point du plan focal objet, appelé un
foyer secondaire objet, a une image envoyée à l’infini.
formation des images 16

Figure 19: Foyers secondaires pour des


lentilles convergentes et divergentes.
2. Construction des images
La construction d’une image par une lentille mince requiert de tracer la
marche23 de rayons lumineux. On utilise les propriétés vues précédem- 23
Synonyme de "parcours" ou "chemin"
ment : (i) un rayon passant par le centre optique n’est pas dévié, (ii) très utilisé en optique.

un rayon dont la direction passe par le foyer objet émerge parallèle-


ment à l’axe optique et (iii) un rayon parallèle à l’axe optique émerge
selon une direction passant par le foyer image. Il est important de
bien prendre en compte :
 la position des foyers objet et image par rapport à la lentille, qui
dépendent de sa vergence.
 la position de l’objet qui peut conduire à considérer des rayons
réels (lumineux) ou virtuels (prolongements).

 Point-clé : Construction d’images - lentille convergente

- Tout rayon passant par O n’est pas dévié.


- Tout rayon passant par F émerge parallèle à l’axe optique.
- Tout rayon parallèle à l’axe optique émerge en passant par F 0 .
Ces phrases sont valables pour tout objet situé avant F. Pour tout autre situation, les
termes "passer par" et "prolongements" sont à adapter.

 Point-clé : Construction d’images - lentille divergente

- Tout rayon passant par O n’est pas dévié.


- Tout rayon dont le prolongement passe par F émerge parallèle
à l’axe optique.
- Tout rayon parallèle à l’axe optique émerge de telle manière
que son prolongement passe par F 0 .
Ces phrases sont valables pour tout objet situé avant F 0 . Pour tout autre situation, les
termes "passer par" et "prolongements" sont à adapter.
formation des images 17

Figure 20: Construction de l’image d’un


objet ponctuel entre l’infini et le foyer
objet d’une lentille convergente. L’objet
est réel, l’image est réelle.

Figure 21: Construction de l’image


d’un objet ponctuel entre le foyer
objet et le centre optique d’une lentille
convergente. L’objet est réel, l’image est
virtuelle.

Figure 22: Construction de l’image d’un


objet ponctuel entre le foyer objet et le
foyer image d’une lentille convergente
et l’infini. L’objet est virtuel, l’image est
virtuelle.
formation des images 18

Figure 23: Construction de l’image d’un


objet ponctuel entre l’infini et le foyer
image d’une lentille divergente. L’objet
est réel, l’image est virtuelle.

Figure 24: Construction de l’image d’un


objet ponctuel entre le centre optique et
le foyer objet d’une lentille divergente.
L’objet est virtuel, l’image est réelle.

Figure 25: Construction de l’image


d’un objet ponctuel situé entre le foyer
objet d’une lentille divergente et l’infini.
L’objet est virtuel, l’image est virtuelle.
formation des images 19

On constate que l’image peut être droite, renversée, agrandie ou rétré-


cie en fonction de la configuration adoptée. Pour caractériser cela, on
définit une grandeur appelée grandissement transversal :

. A0 B0
γt =
AB

La valeur du grandissement transversal est en effet directement reliée


à l’orientation de l’image :
• γt > 0 : l’image est droite

• γt < 0 : l’image est renversée

• γt > 1 : l’image est agrandie (plus grande que l’objet)

• γt < 1 : l’image est rétrécie (plus petite que l’objet)


On montre par des considérations géométriques utilisant le théroèrme
de Thalès24 que ce grandissement transversal s’écrit également : 24
Énoncé : Soit un triangle ABC et
deux points D et E tels que D est situé
sur la droite (AB) et E est situé sur la
. A0 B0 OA0 − F 0 A0 −f
γt = = = 0
= droite (AC) de sorte que les droites
AB OA f FA (DE) et (BC) sont parallèles. Alors
AD AE DE
AB = AC = BC .

p Application : justifier à l’aide de schémas et du théorème de


Thalès que les relations données sont bien les mêmes pour une lentille
divergente et une lentille convergente.

 Point-clé : Grandissement transversal

Le grandissement transversal d’un objet linéaire perpendicu-


laire à l’axe optique vérifie :

. A0 B0 OA0
γt = =
AB OA

Lorsque l’objet ou l’image est à l’infini, remarquons que le grandisse-


ment n’est plus défini. Il convient alors d’utiliser d’autres grandeurs
dépendant des tailles angulaires de l’image (θ 0 ) et de l’objet (θ) comme
le grossissement G (sans dimension) ou la puissance P (en δ) :
. θ0 . −θ 0
G= P=
θ AB
La puissance est une grandeur intrinsèque à l’instrument optique, au
contraire du grossissement qui peut dépendre de la vision de l’observateur.

p Application : Dans le cas d’une loupe, montrer que le grossisse-


ment et la puissance vérifient G = P × Dm avec Dm la distance mini-
male de vision de l’observateur.
formation des images 20

3. Positions des images


Les positions des foyers et de l’objet permettent de déterminer la po-
sition de l’image par l’intermédiaire de la relation de conjugaison. En
considérant une lentille mince sphérique de focale image f 0 devant
laquelle on place un objet ponctuel A situé sur l’axe optique, la posi-
tion par rapport au centre optique O de l’image A0 d’un objet ponctuel
A sur l’axe optique vérifie la relation de Descartes :

1 1 1
− =
OA 0 OA 0 f0

Insistons sur le fait que les longueurs utilisées dans cette relation sont
des valeurs algébriques, c’est-à-dire possédant un signe. En effet, un
axe optique est orienté dans le sens de propagation de la lumière.

Figure 26: Schéma de la formation de


l’image réelle d’un objet réel par une
lentille convergente.

Démonstration :

On considère la situation schématisée figure 26.


On remarque que les triangles OAB et OA0 B0 sont semblables.
D’après le théorème de Thalès, on a donc :
A0 B0 OA0
=
AB OA
De même, les triangles F 0 OH et F 0 A0 B0 étant semblables :
A0 B0 F 0 A0
=
OH F0 O
En remarquant que OH = AB il vient :
OA0 F 0 A0 OA0 F 0 O + OA0
= ⇒ =
OA F0 O OA F0 O
1 1
⇒ OA0 ( − )=1
OA F0 O
1 1 1
⇒ − =
OA 0
FO OA0
1 1 1  . 1
⇒ − = =
OA0 OA OF 0 f0
formation des images 21

Cette relation de conjugaison peut être réécrite à partir des positions


par rapport aux foyers, on parle alors de relation de Newton :

F 0 A0 · FA = f f 0 = − f 02

Démonstration :

On peut utiliser la même méthode géométrique que précédem-


ment en considérant les triangles semblables FAB et FOH 0 (i.e.
OH 0 /AB = FO/FA) puis les triangles semblables F 0 OH et F 0 A0 B0
(i.e. A0 B0 /OH = F 0 A0 /F 0 O) sur la figure 26. Cela conduit directe-
ment au résultat en remarquant que OH 0 = A0 B0 et OH = AB :

FO F 0 A0
= ⇐⇒ F 0 A0 · FA = f f 0
FA FO 0

On peut également passer de la relation de Newton à celle de


Descartes par un développement algébrique utilisant les relations
de Chasles :

F 0 A0 · FA = f f 0 ⇒ ( F 0 O + OA0 )( FO + OA) = f f 0
⇒ ( f + OA0 )( f 0 + OA) = f f 0
⇒ f f 0 + f OA + f 0 OA0 + OA · OA0 = f f 0
⇒ f 0 (OA0 − OA) + OA · OA0 = 0
OA · OA0
⇒ f0 =
OA − OA0
OA − OA0 1
⇒ = 0
OA · OA0 f
1 1 1
⇒ − =
OA 0 OA f0

 Point-clé : Relations de conjugaison d’une lentille mince

L’image A0 d’un objet A à travers une lentille mince de distance


focale image f 0 et de centre optique O vérifie :

1 1 1
− = ⇔ F 0 A0 · FA = f f 0
OA 0 OA 0 f0

p Application : un observateur tient une loupe (V = 3δ) à 50 cm


d’un mur. Déterminer la distance à laquelle doit se trouver une mouche
pour former une image sur le mur.
formation des images 22

VI. L’œil et la vision

1. Description physiologique
L’œil est un globe sphérique d’environ 25 mm de diamètre qui est
recouvert d’une membrane blanche (le sclérotique). La seule portion
de membrane transparente (la cornée) est située à l’avant. La cavité
est remplie de substances également transparentes (humeur aqueuse
et corps vitré) séparées par une lentille complexe (le cristallin) de fo-
cale variable. Le flux lumineux entrant dans l’œil peut être régulé
grâce à une membrane colorée retractable (l’iris), qui joue le rôle de
diaphragme en modifiant la dimension du trou central (la pupille). Le
fond de l’œil (la rétine) est tapissé de cellules photoréceptrices25 . La 25
La limite de flux lumineux nécessaire
vision diurne est assurée par des cellules sensibles aux couleurs (les à l’envoi d’une impulsion luminuse
est de l’ordre de 5 à 10 photons. Les
cônes), tandis que la vision nocturne fait intervenir des cellules pé- cellules sensibles aux couleurs possè-
riphériques26 très sensibles mais indifférentes aux couleurs (les bâton- dent un maximum de sensibilité dans le
jaune, entre 500 et 550 nm.
nets). Les informations collectées par l’œil sont transférées au cerveau 26
ce qui explique que l’on voit mieux
sous forme d’impulsions électriques par le nerf optique. sur les côtés la nuit.

Figure 27: Schéma légendé d’un oeil


humain.

Le pouvoir séparateur e d’un œil caractérise son aptitude à voir les


détails. Il s’agit du plus petit angle séparant deux points objets dont
les images se forment sur deux cellules voisines. Le pouvoir séparateur
correspond donc à la hauteur angulaire d’une cellule rétinienne vue du
cristallin, à savoir 0,02◦ .

 Point-clé : Pouvoir séparateur de l’œil

L’œil humain peut distinguer deux points séparés d’un angle :

e = 3 · 10−4 rad.
formation des images 23

Un œil réduit est un modèle extrêmement simplifié permettant de


décrire le fonctionnement de l’œil. Il consiste en l’association d’une
lentille convergente et d’un écran, ces deux élèments étant séparés
d’une distance fixe par analogie avec la taille fixe du globe oculaire.

Figure 28: Modèle de l’œil réduit. La


distance entre la lentille convergente et
l’écran est fixe.

 Point-clé : Le modèle de l’œil réduit

Le modèle de l’œil réduit consiste à assimiler le cristallin à une


lentille mince convergente et la rétine à un écran tout en fixant
la distance entre les deux afin de modéliser la profondeur du
globe oculaire. Un diaphragme peut éventuellement être posi-
tionné devant la lentille pour jouer le rôle de l’iris.

2. Accomodation
Pour qu’un objet soit vu nettement par un observateur, il faut que
l’image de cet objet se forme sur la rétine. Ainsi, l’œil doit adapter
la distance focale du cristallin en fonction de la distance à laquelle
l’observateur porte son regard. Cette modification27 de la distance fo- 27
grâce aux muscles ciliaires
cale du cristallin est appelée accomodation.

On appelle C0 la vergence du cristallin au repos, de l’ordre de 66δ.


L’observateur voit alors nettement jusqu’à une distance maximale de
vision D M correspondant à un point de l’axe optique appelé Punctum
remotum. Lorsqu’un œil accomode au maximum, le cristallin atteint
une vergence limite lui permettant de voir nettement un objet situé une
distance minimale de vision Dm correspondant à un point de l’axe
optique appelé Punctum proximum. On peut alors définir l’amplitude
dioptrique de l’œil :

1 1
∆C = −
Dm DM
formation des images 24

Pour un œil emmétrope28 , l’amplitude dioptrique est maximale vers 28


c’est-à-dire sans défaut sans quoi on
20 ans : ∆C = 5δ avec D M = ∞ et Dm =20 cm. parle d’œil ammétrope.

p Application : déterminer le pouvoir de résolution d’un oeil em-


métrope à accomodation maximale, c’est-à-dire la plus petite distance
possible séparant deux points résolus.

3. Amétropies et corrections
Une ammétropie est un défaut de l’œil qui lui empêche de former des
images nettes lorsqu’il est au repos. Cela peut provenir d’un cristallin
trop convergent (myopie), pas assez convergent (hypermétropie) ou
d’un cristallin déformé (astigmatie).

Figure 29: Les différentes ammétropies


et leurs corrections.

Outre ces défauts de naissance, tous les cristallins perdent en élasticité


avec l’âge, ce qui tend à réduire l’amplitude dioptrique et conduit au
port de lunette (presbytie).

p Application : expliquer qualitativement pourquoi les personnes at-


teintes de myopie ressentent plus tardivement que les autres les effets
de la presbytie.

VII. Association de lentilles

1. Généralités
La plupart des systèmes optiques consiste en l’association de plusieurs
lentilles placées les unes à la suite des autres. Lorsque l’on sépare
d’une distance e deux lentilles minces de vergences respectives V1 et
V2 , la vergence totale V du système obtenu par cette association vérifie
formation des images 25

la formule de Gullstrand :

e
V = V1 + V2 − V V2
n 1

avec n l’indice de réfraction du milieu séparant les deux lentilles. Dans


le cas de lentilles accolées (e = 0), on remarque que la vergence totale
correspond simplement à la somme des vergences individuelles.

.
En introduisant la quantité ∆ = F10 F2 appelée intervalle optique, la
formule de Gullstrand devient :

1 1 1 e f 20 + f 10 − e ∆
0
= 0 + 0 − 0 0 = 0 0 = 0 0
f f1 f2 f1 f2 f1 f2 f1 f2

La dernière égalité provient simplement d’une application de la rela-


tion de Chasles :

.
∆ = F10 F2 = F10 O1 + O1 O2 + O2 F2 = − f 10 + e − f 20

Déterminons la position des foyers F et F 0 du système optique formé


par la combinaison de deux lentilles. Considérons pour cela un ob-
jet A, son image A0 par le système optique et l’image intermédiaire
A1 de A à travers la première lentille du système. C’est cette image
intermédiaire A1 qui sert d’objet pour la seconde lentille du système :

L L
1
A −→ 2
A1 −→ A0

 Un objet ponctuel au niveau du foyer objet F ayant son image


à l’infini, l’image intermédiaire A1 doit être confondue avec le foyer
objet de la seconde lentille F2 :

L L
1
F −→ 2
A1 = F2 −→ A0∞
La relation de conjugaison de Newton au niveau de L1 permet alors de
déduire la position du foyer objet F du système par rapport au foyer
objet F1 :
− f 10 2
F1 F =

 Un objet à l’infini A∞ situé sur l’axe optique ayant son image au


niveau du foyer image F 0 du système, l’image intermédiaire A1 est
confondue avec le foyer objet de la seconde lentille F10 et le foyer image
F 0 du système est ainsi le conjugué du foyer image de la première
lentille à travers la seconde :

L L
1
A∞ −→ A1 = F10 −→
2
A0∞
formation des images 26

La relation de conjugaison de Newton au niveau de L1 permet alors de


déduire la position du foyer objet F du système par rapport au foyer
objet F1 :
2
f0
F20 F 0 = 2

Terminons enfin par le cas des systèmes afocaux29 , pour lesquels les 29
le suffixe latin a privatif, sans foyer
foyers F10 et F2 sont condondus : car ceux-ci sont à l’infini.

L L
1
A∞ −→ 2
A1 −→ A0∞

L’image d’un objet à l’infini par un système afocal est envoyée à l’infini30 , 30
situation idéale pour observer en
on a ∆ = 0 ou encore f 0 = ∞. En outre, le diamètre du faisceau paral- gardant l’œil au repos.

lèle traversant le système afocal varie d’un rapport f 20 / f 10 .

p Application : démontrer cette assertion en considérant un sys-


tème afocal de deux lentilles convergentes de distances focales dif-
férentes.

Dans le cas de système à deux lentilles, on qualifie la première lentille


d’objectif (formation d’une image réelle sur un écran) et la seconde
d’oculaire (formation d’une image à l’infini). Une grande variété d’effets
peut être obtenu en jouant sur les distances focales et l’éclairement
des lentilles (c f . activité documentaire L’appareil photographique). De
manière générale, toute configuration d’un instrument optique est car-
actérisé par :

 un grossissement : rapport de la taille angulaire de l’image sur la


taille angulaire de l’objet.

 une profondeur de champ : portion de l’espace vue à travers


l’instrument.

 un pouvoir séparateur : distance angulaire entre les deux points


voisins les plus proches que l’on puisse distinguer.

 une clarté ou leucie ou parfois rendement photométrique : pro-


priété rendant comptre de la perception visuelle des couleurs, qui n’est
pas proportionnelle au flux lumineux reçu31 . 31
Lorsqu’on projette une image sur
un mur blanc, la couleur du mur
correspond aux pixels noirs. Le flux
Les associations de lentilles sont utilisées pour faire de la focométrie32 lumineux est identique mais notre
(c f . activité expérimentale Lentilles et vision) ou pour concevoir des in- perception différe par contraste.
struments d’optique destinés à voir des objets soit petits soit lointains.
32
Méthodes de Bessel, Silbermann pour
les lentilles convergentes, méthode de
Badal pour les lentilles divergentes.
formation des images 27

2. La lunette
Les lunettes sont des systèmes optiques permettant d’observer des
objets lointains. Elles sont constituées de deux lentilles minces conver-
gentes placées de telle manière que le foyer principal image de la pre-
mière et le foyer principal objet de la seconde coïncident (c f . activité
expérimentale Lunettes et astronomie). Cette configuration particulière
permet d’envoyer à l’infini l’image d’un objet lui même à l’infini. Il
s’agit d’un système afocal, c’est-à-dire que ses deux foyers principaux
sont situés à l’infini.

Figure 30: Schéma optique décrivant


le fonctionnement d’une lunette as-
tronomique.

L’image obtenue est vue sous un angle θ 0 plus grand que l’angle θ sous
lequel on voit l’objet sans la lunette. Une lunette est caractérisée par
un grossissement intrinsèque qui dépend uniquement des focales :
Amateur Professionel
. θ0 f0
G= = 10 f 10 70 cm 20 cm
θ f2 f 20 2 cm 2 cm
|G| 35/70 1000
On distingue les lunettes terrestres, utilisées pour regarder à l’horizon, Table 3: Ordres de grandeurs des
distances focales images dans une
et les lunettes astronomiques, dédiées à l’observation du ciel. La dif- lunette.
férence réside dans la prise en compte ou non du problème de l’inversion
de l’image. Ainsi, les lunettes terrestres sont équipées soit de deux
lentilles convergentes et d’un redresseur d’images (e.g. dans les jumelles),
soit l’objectif est une lentille convergente et l’oculaire est une lentille
divergente (e.g. lunette de Galilée).

 Point-clé : La lunette astronomique

Une lunette astronomique est une système afocal constitué de


deux lentilles convergentes de focales f 10 et f 20 . Son grossisse-
ment s’exprime :
θ0 f0
G= = 10
θ f2
formation des images 28

3. Le microscope
Un microscope est un système optique permettant d’observer de très
petite taille. Ils sont constitués de deux lentilles convergentes. Con-
trairement aux lunettes, il n’y a aucune coïncidence de foyers mais
la distance entre les centres optiques des deux lentilles, appelée in-
tervalle optique, est fixe. Lorsque le système est placé à une cer-
taine distance de la lentille objectif, une image à l’infini est formée par
l’oculaire, permettant à un œil au repos d’observer l’objet grossi.

Figure 31: Schéma optique décrivant le


fonctionnement d’un microscope.

On remarque que l’image obtenue est vue sous un angle θ 0 plus grand
que l’angle θ sous lequel on voit l’objet sans le microscope. On peut
montrer que le grossissement du microscope s’exprime :

θ0 ∆
G= = 0 0 = γ1 G2
θ f1 f2

Références :

• Cours d’Optique Géométrique, Daniel Blaudez, Cycle Préparatoire


au Polytechnicum de Bordeaux, 2011.

• Physique-Chimie MPSI, Tout-en-un, Vuibert

• https://femto-physique.fr, Jimmy Roussel

• Optique, H Prépa, Hachette

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