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METHODES SPECTRALES

D’ANALYSE

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Plan du cours

1. Introduction
2. Rappel sur les radiations électromagnétiques
2.1 Caractère ondulatoire de la lumière
1.1 Le caractère quantique de la lumière
3. Le domaine spectrale
4. Les différents types d’énergies
5. Interaction matière –rayonnement électromagnétique
6. Notion de spectre
6.1 Spectre d’émission:
6.2 Spectre d’absorption
7. Aspect quantitatif de l’absorption d’un rayonnement
7.1 Cas des molécules : Spectrométrie d’absorption moléculaire
7.2 Cas des atomes
8. Critères de choix entre l’absorption et l’émission atomiques
9. Conclusion

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Listes des figures

Figure 1 : Propagation d’une onde électromagnétique

Figure 2 : Domaine spectral

Figure 3 : Différents types d’énergies

Figure 4 : Niveaux énergétiques d’une molécule

Figure 5 : Interaction matière/rayonnement électromagnétique

Figure 6 : Spectre de bandes

Figure 7 : Spectre de raies

Figure 8 : Absorption d’un rayonnement

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Objectifs éducationnels

- Expliquer les notions fondamentales et les bases théoriques des


méthodes spectrales

- Décrire les différents types d’énergie

- Expliquer la différence entre des spectres de raies et des spectres de


bandes

- Identifier un spectre atomique et un spectre moléculaire

- Définir les aspects quantitatifs de l’absorption et de l’émission


atomique

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1. Introduction
Ce sont des méthodes basées sur les interactions entre la matière et une radiation
électromagnétique.
Ces interactions donnent naissance à des courbes (spectres) exploitables sur le
plan qualitatif et sur le plan quantitatif.
Le phénomène exploité est l’absorption de la radiation (atomes ou molécules) ou
l’émission de l’énergie absorbée sous forme de lumière.
Les méthodes spectroscopiques sont classées selon le domaine du spectre
électromagnétique impliqué dans la mesure comme le rayonnement ultraviolet
(UV), visible, le rayonnement infrarouge (IR), les rayons X…
Les mesures sont réalisées sur un liquide, un solide ou une vapeur atomique
produite dans une flamme ou dans un four.

2. Rappel sur les radiations électromagnétiques

Rayonnement : un faisceau de photons ou de particules poly-énergétique


Radiation : ensemble de photons ou de particules mono-énergétique
Onde électromagnétique : vibration formée d’un champ électrique et un champ
électromagnétique
Un rayonnement électromagnétique est une forme d’énergie qui se propage dans
l’espace à de très grandes vitesses. On peut la décrire comme une onde.

2.1 Caractère ondulatoire de la lumière

Une radiation lumineuse est constituée d’un vecteur champ électrique E et d’un
vecteur champ magnétique B qui sont perpendiculaires et varient de façon
sinusoïdale.
La vibration lumineuse se propage dans une direction perpendiculaire aux deux
vecteurs de façon sinusoïdale pour former une onde.

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Figure 1 : Propagation d’une onde électromagnétique

1.1 Le caractère quantique de la lumière

La lumière est une suite discontinue de paquets ou quantums d’énergie appelée


photons. La fréquence de l'oscillation périodique des champs caractérise la
nature de la radiation. L’énergie d’un photon ( E ) est proportionnelle à la
fréquence de la vibration de la lumière. Elle est liée à sa longueur d’onde, sa
fréquence et son nombre d’onde

ΔE = hν = hc/λ = hcν ’

- h= constante de Planck (4,132. 10-15 eV.s-1)


- ν= fréquence (Hz)
- λ= longueur d’onde en nm
- ν ’= nombre d’onde en cm-1
- hν = quantum d’énergie.
- c = Vitesse de la lumière (3. 108 m.s-1)
L’UV- visible est exprimé en longueur d’onde (λ)
L’infrarouge est exprimé en fréquence (ν )ou en nombre d’onde (ν ’)

3. Le domaine spectrale

Le spectre électromagnétique couvre un domaine extrêmement étendu


d’énergies.

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Les ondes électromagnétiques sont classées selon leur longueur d’onde.
La longueur d'onde est liée à l'énergie d'une onde électromagnétique : plus la
longueur d'onde est courte, plus l'onde est énergétique.

Figure 2 : Domaine spectral

4. Les différents types d’énergies

Les molécules peuvent absorber trois types d’énergie :


- Energie de rotation (type I) provoque la rotation des molécules (peu
d’énergie) : IR lointain
- Energie de vibration (type II) provoque la rotation et la vibration des
molécules (plus d’énergie) : IR proche
- Energie Electronique (type III) provoque l’excitation des électrons
périphériques et leur passage d’un niveau à un autre : Transition électronique
(beaucoup d’énergie) : UV-visible

164
Figure 3 : Différents types d’énergies
Une molécule possède une énergie propre qui peut être décomposée en trois
termes indépendants :
ET= Ee+ Ev +Er
- Ee: énergie électronique.
- Ev : énergie vibrationnelle associée aux mouvements des atomes autour de
leurs positions d'équilibre sans mouvement d'ensemble
- Er : énergie rotationnelle, associée aux mouvements de rotation de la
molécule autour d'un axe passant par le centre d'inertie.

La différence entre deux niveaux électroniques, vibrationnels ou rotationnels ne


sont pas du même ordre de grandeur :ΔEr≪ΔEv≪ΔE
Ces énergies sont quantifiées et présentent des variations discontinues.

Figure 4 : Niveaux énergétiques d’une molécule

165
5. Interaction matière –rayonnement électromagnétique

L’interaction d’un rayonnement électromagnétique avec une matière n’est en


fait qu’une interaction photon/électron.
- Photon : corpuscule d’énergie qui est transporté par les REM et se déplace
sous forme d’onde
- Electron : entité chargée négativement qui gravite sur des orbites autour
d’un noyau central. Son énergie est variable en fonction de l’orbite
occupée.
L’interaction photon-électron a pour conséquence l’absorption de l’énergie du
photon par l’électron, autrement dit le photon cède son énergie à l’électron et
disparait. L’électron, se trouvant initialement dans un état fondamental(Eo),
absorbe de l’Energie.
L’électron devenant plus énergétique ne peut plus rester sur son orbitale
fondamentale car l’énergie de l’électron est supérieure à l’énergie caractéristique
de l’orbite. L’électron est dit excité et il passe à un niveau d’énergie supérieur.
- Si l’énergie fournie par le photon est trop élevée, l’électron est complètement
éjecté de l’atome ! c’est l’ionisation
- Si l’énergie fournie est inférieure à l’énergie nécessaire à l’ionisation,
l’électron se trouve dans un état instable !état excité. Il retourne à son état
fondamental en libérant l’excès d’énergie acquit. Cette désexcitation est
responsable d’une émission d’énergie (h ν) qui est à la base des méthodes
spectrales.

Figure 5 : Interaction matière/rayonnement électromagnétique

166
6. Notion de spectre

6.1 Spectre d’émission:

" Cas d’une molécule:

Une transition entre deux niveaux électroniques peut conduire à une


modification des énergies à la fois de vibration et de rotation, donc à un
ensemble de transitions d’énergies très voisines.
Après excitation, les différentes molécules excitées donnent un ensemble de
raies très proches ce qui conduit à un spectre de bandes (spectre continu). Les
raies sont moins séparées et regroupées en paquet.
Exemple : le spectre de fluorescence

Figure 6 : Spectre de bandes


" Cas d’un atome :
Dans un atome, une variation de l’énergie électronique donne naissance à une
seule raie spectrale. La position de chaque raie correspond à une radiation
monochromatique.
Le passage de l’état fondamental à l’état excité correspond à l’absorption d’une
raie et le retour en sens inverse correspond à l’émission d’une raie : spectre de
raies (spectre discontinu). Les raies sont nettement séparées et distantes les unes
des autres. Exemple : le spectre d’émission atomique

Figure 7 : Spectre de raies

167
6.2 Spectre d’absorption

Lorsqu’un faisceau de photons (radiation d’intensité I0 ) traverse un composé,


une partie de ses radiations est absorbée. Durant le processus d’absorption,
l’atome ou la molécule passe d’un état de faible énergie (état fondamental) à un
état excité. On parle de spectre d’absorption.

7. Aspect quantitatif de l’absorption d’un rayonnement

7.1 Cas des molécules : Spectrométrie d’absorption moléculaire

" La loi de Beer-Lambert


La loi de Beer- Lambert permet d’exploiter la relation reliant l’absorption à
la concentration des molécules en solution.

Figure 8 : Absorption d’un rayonnement


- A = Absorbance
- l : Epaisseur de la cuve (généralement 1 cm)
- ε= coefficient d’extinction : fonction de la structure d’une molécule

(0 ≤ ε≤ 100.000)
→coefficient d’extinction spécifique si c en g/L ( cm-1.g-1.L)
→coefficient d’extinction moléculaire si c en mol/L ( cm-1.M-1.L)
→E1cm 1% : Coefficient où la concentration des molécules examinées dans une
cuve de 1 cm est exprimée en g pour 100 mL
- It/I0 . 100 : Pourcentage de transmission

168
" Les conditions de validité de la loi de Beer-Lambert

- Une lumière monochromatique (fréquence bien déterminée)


- Une concentration de la solution faible (sinon perte de la linéarité)
- Une solution limpide (éviter la perte de lumière)
- Une solution à pH constant (acide ou base faible)
- Une stabilité des molécules en solution et sous l’effet de la radiation

" Additivité des absorbances

L’additivité des absorbances est appliquée lorsqu’il s’agit d’un mélange de deux
composés 1 et 2 qui interfèrent à la λxde travail

Ax = A1 + A2 = ε 1 . l . C1 + ε 2 . l . C2

7.2 Cas des atomes


En spectrométrie d’absorption atomique : on mesure l’absorbance :on applique
une équation très proche de celle de Beer Lambert

A=log[Io/It] = K.c

- A : Absorbance (sans unité)


- c : Concentration de l’élément
- k : Coefficient d’absorption de la flamme

En spectrométrie d’émission atomique : on mesure l’intensité du rayonnement


émis :

Ie= K.c

- Ie : Intensité du rayonnement émis


- c : Concentration de l’élément
- k : Coefficient propre à chaque élément pour la longueur d’onde choisie

169
Les mesures se font à une longueur d’onde spécifique de l’élément à doser.
La linéarité n’est vérifiée que pour les faibles concentrations.

8. Critères de choix entre l’absorption et l’émission atomiques

Le choix de la méthode est fonction du rapport entre le nombre d’atomes excités


et le nombre d’atomes restés à l’état fondamental. Ce rapport est donné par la loi
de répartition de Maxwell-Boltzmann.
Ne = N0 . e- (Ee – E0)/(k.T)
- Ne = nombre d’atomes à l’état excité
- N0 = nombre d’atomes à l’état fondamental
- Ee = énergie du niveau excité
- E0 = énergie du niveau fondamental
- T = température absolue
- k = Constante de Boltzmann

" Exemple :
Pour le sodium Ne/N0 = 10-5 à 2000°K ;
= 10-4 à 2500°K
Le rapport Ne /N0 est très faible, ne dépend pratiquement que de la température
pour un élément donné.
Les valeurs obtenues indiquent que les atomes restent dans leur majeure partie à
l’état fondamental.
Le choix entre émission et absorption peut être effectué selon le critère suivant :
- Ne/N0 >10-7 : émission de flamme
- Ne/N0 <10-7 : absorption atomique

9. Conclusion

Le choix de la méthode se fera selon le type d’information que l’on désire


obtenir mais aussi selon le type d’échantillon à analyser.

170
Absorption
Moléculaires
Emission

Méthodes Electrothermique
spectrales
Absorption
En flamme

Atomiques
Arc ou Etincelle

Emission Plasma d’argon

En flamme

171
Messages pédagogiques

- Les méthodes spectrales sont des méthodes basées sur l’interaction de


l’analyte (molécule ou atome) avec une radiation.
- Un spectre de bandes est un spectre continu et un spectre de raies est un
spectre discontinu.
- Le potentiel d’excitation est l’énergie qu’il faut fournir pour faire passer
un électron de son état fondamental stable à son état le moins stable.
- Les méthodes spectrales sont des méthodes de dosages appliquées pour des
analyses qualitatives et quantitatives.

172
SPECTROMETRIE D’EMISSION ATOMIQUE

173

Plan du cours
1. Généralités
2. Principe
2.1 Principe physique
2.2 Etapes
2.3 Production de la vapeur atomique : (Flamme)
2.4 La torche à plasma
3. La photométrie d’émission de flamme (SEF)
3.1 Appareillage
3.1.1 Nébuliseurs
3.1.2 Le brûleur et la flamme
3.1.3 Monochromateur
3.1.4 Photomultiplicateur
3.2 Phénomènes perturbateurs (les interférences)
3.2.1 Perturbations spectrales
3.2.2 Phénomènes d’auto-absorption :
3.2.3 Interférences dues à l’ionisation :
3.2.4 Interférences dues aux substances réfractaires :
3.3 Analyse quantitative
3.3.1 Dosage direct avec étalonnage préalable
3.3.2 Méthode avec étalon interne
3.3.3 Méthode des ajouts dosés
3.4 Applications
4. Spectrométrie d’émission optique à plasma par couplage inductif (ICP-
OES)
4.1 Principe

174
4.2 Appareillage
4.2.1 La torche à plasma
4.2.2 Le polychromateur
4.2.3 Le détecteur
4.3 Caractéristiques des plasmas
4.4 Applications

175
Liste des figures

Figure 1 : Transitions énergétiques pendant l’émission atomique


Figure 2 : Principe de la spectrométrie d’émission atomique
Figure 3 Conception de base d’un spectrophotomètre d’émission
Figure 4 L’appareillage en spectrométrie d’émission atomique
Figure 5 :schéma d’un photomètre de flamme
Figure 6 : courbe d’étalonnage pour la méthode de dosage directe
Figure 7 : Les quatre états de la matière
Figure 8: schéma de l’appareillage d’un ICP
Figure 9 : La torche à plasma
Figure 10 : Eléments analysés par ICP-OES

176
Objectifs éducationnels

- Expliquer l’origine de l’émission atomique

- Décrire le processus d’atomisation

- Expliquer le principe de la SEA

- Etablir le rôle de chaque élément de l’appareillage en SEA

- Déduire l’origine de survenue des phénomènes perturbateurs

- Appliquer la SEA pour le dosage de différents éléments chimiques

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1. Généralités

La spectrométrie d’émission atomique est une méthode d’analyse élémentaire


qualitative et quantitative basée sur le phénomène d’émission du rayonnement
électromagnétique UV-Visible par les vapeurs atomiques dans un domaine
énergétique de l’ordre des transitions électroniques.
Elle permet d’identifier les éléments d’un échantillon de composition inconnue
contrairement à la SAA, où on ne dose que l’élément pour lequel le spectromètre
a été préparé par le choix de la lampe de l’élément à analyser.
Après excitation, le spectre de l’émission atomique présente plusieurs raies
d’émission, qui constituent une empreinte de l’élément à doser tandis qu’en
SAA, les mesures se font sur une longueur d’onde, sélectionnée par la bande
passante.

2. Principe

2.1 Principe physique

Un atome excité thermiquement ou électriquement à un niveau d’énergie élevé


peut émettre des radiations UV-Visible caractéristiques.
La substance à analyser est aspirée dans la région de stimulation où elle est
vaporisée et atomisée par une flamme, une décharge, ou un plasma. Ces sources
d’atomisation fournissent suffisamment d’énergie pour exciter les atomes. Ces
atomes excités retournent à des niveaux plus bas en libérant des radiations
(émission ou luminescence).
Il en résulte un spectre de raies par les atomes excités (Spectre d’émission) et
plus précisément la raie de résonnance.
ΔE = E1 - E0 = hν 0 = h/λ 0

178
Figure 1 : Transitions énergétiques pendant l’émission atomique

2.2 Etapes:

L’échantillon (liquide) contenant les éléments à doser est pulvérisé dans


une flamme
Ces éléments sont transformés alors en atomes neutres dans la flamme
dont une petite fraction se trouve à l’état excité, la majorité se trouve à l’état
fondamental
Après excitation, le retour à l’état fondamental est accompagné
d’émission de rayonnements spécifiques de l’élément à doser (ou des éléments à
doser) et plus particulièrement la raie de résonance qui sera sélectionnée par
un monochromateur.
L’intensité émise est mesurée à l’aide d’un photomultiplicateur.
L’intensité est proportionnelle à la concentration de l’analyte considéré :
Ie = k · C

- Ie : l’intensité lumineuse émise,


- K : le coefficient propre à chaque élément
Cette formule n’est valable que pour les faibles concentrations et en l’absence
d’auto-absorption ou d’ionisation.
Si le nombre d’atomes excités (N’) est constant pendant la mesure, l’intensité I
émise sera fonction de la concentration.

179
Figure 2 : Principe de la spectrométrie d’émission atomique

2.3 Production de vapeur atomique :

Les énergies fournies par la flamme sont relativement réduites (5 à 6 eV) mais
suffisantes pour exciter et doser les alcalins (Li, NA, K…), la production de la
vapeur atomique passe par plusieurs étapes :
Nébulisation de la solution ionique : Obtention d’un aérosol gaz-liquide
(très fines gouttelettes en suspension)
Désolvatation : élimination du solvant
Fusion des sels ou oxydes ioniques suite à un nouvel apport d’énergie
(Exemple la fusion des halogénures alcalins a lieu entre 500 - 800°C)
Vaporisation: Formation de la vapeur moléculaire
Atomisation: de la vapeur moléculaire en vapeur atomique

NaCl Na0 + Cl0

La fraction la plus importante d’atomes se trouve à l’état fondamental, la


proportion excitée est très faible mais suffisante pour donner un spectre
d’émission exploitable.

180
échantillon

nébuliseur

atomiseur

monochromateur

detecteur

afficheur

Figure 3:Conception de base d’un spectrophotomètre d’émission


En SEA, il existe deux types d’atomiseurs :


- La flamme (Photométrie d’émission de flamme).

- La torche à plasma (Spectrométrie d’émission optique à plasma par


couplage inductif ICP-OES).

Figure 4 L’appareillage en spectrométrie d’émission atomique

181
3. La photométrie d’émission de flamme (SEF)

3.1 Appareillage

La photométrie de flamme est une technique très ancienne dont l’appareillage


n’est pas très sophistiqué, comme la température de la flamme n’est pas très
élevée (environ 2000 °K), les photomètres plus courants permettent surtout le
dosage des métaux alcalins: Potassium, Sodium, Lithium …

Figure 5 : Schéma d’un photomètre de flamme

3.1.1. Nébuliseurs

Il permet de transformer la solution ionique en un nébulisât (gouttelettes fines et


calibrées).
Il a plusieurs avantages :
! Stabilité de fonctionnement
! Rapidité de réponse
! Absence d’« effet mémoire » élimination des gouttes d’une solution
précédemment pulvérisée pouvant contaminer la solution à analyser
! Faible bruit de fond

182
! Réglage et nettoyage faciles
Il existe différents types de Nébuliseurs :

" Nébuliseur pneumatique

" Nébuliseur à ultra-sons

Tableau 1 : Comparaison des nébuliseurs

Nébuliseur pneumatique Nébuliseur à ultrasons

L’air comprimé arrive par un la solution à nébuliser est


orifice étroit à grande vitesse et soumise à des vibrations
provoque une dépression qui ultrasoniques de fréquences
entraine une aspiration de la comprises entre 800 – 3500 k
solution et sa fragmentation. Hertz sous une puissance
Principe Toutefois, celle-ci reste variable.
grossière. Les grosses Le nébulisât obtenu dans la
gouttelettes se condensent dans flamme est nébulisé grâce à un
la chambre de nébulisation et gaz comburant.
seules les plus fines sont
entrainées vers la flamme grâce à
un système de chicanes.

- Rendement faible - Prix élevé


Inconvénients - Efficacité fonction de la
viscosité du liquide

- Gouttelettes de diamètre
homogène

Avantages - Rendement amélioré voisin


de 100%
- Plus sensible que le
nébuliseur pneumatique

183
3.1.2 Le brûleur et la flamme

Le brûleur est de forme allongée (5 à 10 cm) ou circulaire.


La flamme résulte de la combustion d’un mélange d’un gaz combustible
(butane, propane, acétylène, hydrogène) et d’un gaz Comburant (air, oxygène,
protoxyde d’azote).
Une flamme réductrice : mélange plus riche en combustible
Une flamme oxydante : mélange plus riche en comburant
De la nature des deux gaz dépend la température de flamme.
Certaines espèces demandent une température de flamme plus élevée que
d’autres pour émettre un spectre utilisable d’où l’intérêt à utiliser des flammes
chaudes pour avoir plus d’éléments à l’état excité (la sensibilité dépend de la
température).

" Exemples :
- mélange air/propane : 1800 – 1900 °C suffisante pour exciter Na, K, Li
- mélange air /acétylène: 2300 – 2500 °C suffisante pour exciter Ca, Mg, Cu,
Fe
- mélange : N2O / acétylène: 2950 °C flamme très réductrice est utilisée pour
des éléments qui fournissent des oxydes réfractaires en présence d’oxygène.
Le débit et la pression des gaz doivent être constants au cours des mesures et
reproductibles d’une série de mesure à une autre.

3.1.3. Monochromateur

Le monochromateur permet d’isoler la raie de résonance et d’avoir le maximum


d’intensité et le minimum d’interférences

3.1.4. Photomultiplicateur

Le photomultiplicateur permet la conversion des rayonnements émis en courant


électrique qui sera amplifié et mesuré par un ampèremètre.

184
3.2 Phénomènes perturbateurs

3.2.1 Perturbations spectrales

" Origine
- Raies émises par d’autres atomes présentant une raie très proche de la raie
de mesure (Exemple : K émet vers 404,4 nm, Mn émet vers 403,3 nm)
- Bandes spectrales provenant des molécules issues de la combustion (ex :
oxydes de calcium)
- Spectre continue de la flamme.

" Remède
- Utiliser des monochromateurs assez sélectifs
- Changer de raie et travailler avec une raie autre que la raie de résonance
(dosage plus sélectif mais moins sensible).

3.2.1 Phénomènes d’auto-absorption :

" Origine
- Un affaiblissement de l’intensité de la raie de résonance qui est du à
l’absorption par les atomes à l’état fondamental des photons émis par les
atomes excités.
- Une diminution de l’intensité émise

" Remède
- Travailler avec des solutions très diluées

3.2.2 Interférences dues à l’ionisation:

- Même interférence que la SAA.

3.2.3 Interférences dues aux substances réfractaires :

- Même interférence que la SAA.

185
3.3 Analyse quantitative

L’intensité lumineuse est proportionnelle au nombre de photons émis ; ce


nombre dépend de :
- La température de la flamme
- La nature de nébuliseur
Dans ces conditions, l’intensité émise sera proportionnelle à la concentration :
I = k’ Ne
Ne = N0.e- (Ee – E0)/(k.T) avec e- (Ee – E0)/(k.T) = Cte = A
I = k’. N0.A avec k = k’.A
I = k .N0

3.3.1 Dosage direct avec étalonnage préalable

- Préparer une gamme d’étalonnage renfermant des quantités croissantes de


l’analyte
- Tracer la courbe d’étalonnage
- Déterminer de la concentration de l’élément à doser

I
I = k. N0 f(c)

Ix

N0x = Cx N0=C
Figure 6 : courbe d’étalonnage pour la méthode de dosage directe
Cette technique suppose une bonne connaissance du milieu à analyser.
Il faut travailler avec des solutions diluées pour éviter le phénomène d’auto-
absorption.

186
3.3.2 Méthode avec étalon interne

- Préparer une gamme d’étalonnage renfermant des quantités croissantes de


l’élément à doser diluées dans une solution d’Etalon Interne (Li pour le
dosage du Na ou K)

- Tracer la courbe d’étalonnage : rapport de l’intensité de l’élément à doser


et de l’intensité de l’étalon interne (EI) en fonction de la concentration de
l’élément à doser

- Déterminer la concentration de l’échantillon après dilution dans la même


solution d’E.I.

" Caractéristiques de l’étalon interne


ion facile à doser
émet à des radiations très proche de l’élément à doser

" Appareillage
! Brûleur
! Prisme et diaphragme fixe pour isoler la raie du Li qui sera détectée par
une cellule photoélectrique (ILi)

! Diaphragme mobile pour isoler la raie du Na ou du K qui sera détectée par


une seconde cellule branchée en opposition par rapport à la première (INa)

Mesurer le rapport (INa/ ILi).

Intérêt : Eliminer les variations dues à la flamme (pression, débit)

3.3.3 Méthode des ajouts dosés

" Principe :

- Fractionner la solution contenant l’élément à doser en cinq fractions


- Ajouter dans chaque fraction des quantités croissantes connues du même
élément (substance étalon).

187
- Déterminer la concentration de la solution à doser par 2 méthodes :

" Méthode par calcul :

- Avant ajout : Ix = k. Cx
- Après ajout d’une quantité Q : I2 = k. (Cx + Q)
- Par soustraction : I2 = Ix = k. Q
k = (I2 - Ix)/Q
Cx = Ix/k = (Ix . Q)/(I2 - Ix)

" Méthode graphique

- Traçage de la courbe I en fonction des ajouts.


- L’intersection de la droite avec l’axe des abscisses (ajouts) donne la
concentration en valeur absolue de l’élément à analyser.
- L’intersection de la droite avec l’axe des ordonnées (I) donne l’intensité
émise par l’élément à doser
Intérêt : Elimination des interférences dues à la matrice

3.4 Applications

# Analyse minérale
- Alcalins: Potassium, Sodium, Lithium …(2000°C) (seuil de détection =
0,1 – 10 mg/L),
- Alcalino-terreux : Ca2+, Mg2+, Ba2+, (3000°C)

# Biologie clinique
- dosage plasmatique et urinaire du sodium et du potassium

Cette méthode présente plusieurs avantages, c’est une méthode rapide qui
permet de doser des éléments difficiles à doser par les méthodes chimiques
classiques et nécessite peu d’échantillons.
Cependant, elle a plusieurs limites : peu d’ions peuvent être dosés par cette
méthode ainsi que les nombreuses interférences qui peuvent fausser le dosage.

188
Cette méthode est de plus en plus remplacée par une autre technique : Torche à
plasma, Plasma Induit par Haute Fréquence (PIHF) ou spectrométrie d’émission
par plasma.

4. Spectrométrie d’émission optique à plasma par couplage


inductif (ICP-OES)

4.1 Principe

La source d’excitation est un plasma

Figure 7 : Les quatre états de la matière


Il s’agit d’un gaz ionisé excité au moyen d’un champ électrique à haute
fréquence (27 MHz- 54 MHz) : Plasma à couplage inductif ou Inductively
Coupled Plasma (ICP) où les électrons sont arrachés de leurs orbitales
atomiques.
Les températures atteintes dans ce plasma sont élevées : 4500 – 8000°K.
L’échantillon à analyser est nébulisé puis entrainé dans le plasma par un courant
d’argon. Dans ces conditions, les atomes non excités par des flammes classiques
vont être excités et même ionisés.
Grâce à cette technique, tous les éléments peuvent être dosés sauf les non
métaux.

4.2 Appareillage

4.2.1 La torche à plasma

La torche à plasma est l’atomiseur qui permet aussi bien l’excitation que
l’ionisation des atomes.

189
Elle est constituée de 3 tubes concentriques :
Injecteur central => véhicule l’aérosol jusqu’à la base du plasma
Tube intermédiaire
Tube externe
Le flux d’argon débouche à l’extrémité d’un tube en quartz entouré de spires
parcourues par un courant électrique issu d’un générateur de radio fréquence.

Figure 8 : La torche à plasma


Le champ magnétique créé confine les électrons dans des parcours annulaires
=>échauffement par effet Joule.
L’extrémité supérieure de la torche est placée à l’intérieur des spires de la
bobine d’induction=> C’est à ce niveau que se forme le plasma.
L’apport d’énergie aux électrons par la bobine est appelé couplage inductif.
Le plasma, de plus en plus chaud, est maintenu isolé des parois par un second
flux d’argon non ionisé qui circule dans la spire creuse et concentrique au tube
en quartz.
Enfin, un troisième tube intérieur transporte l’échantillon sous forme d’aérosol
vers le plasma.

190
4.2.2 Le polychromateur :

Permet la dispersion des raies émises.

4.2.3 Le détecteur :

Le capteur CCD : Permet de convertir les rayonnements émis en spectre 3D.

4.3 Caractéristiques des plasmas

- Analyse multi élémentaires : 20 éléments à la fois


- Limite de détection : plus sensible que l’émission de flamme
- Domaine de linéarité étendu sur une large gamme de concentration =>
analyse de matrices complexes (dosage simultané d‘éléments concentrés
et d’autres à l’état de trace)
- Plus rapide que la SAAE
- Moins sensible aux effets de matrice que SAAE
- Appareil couteux
- Interférences :
! Chimiques : peu marquées (absence de sels réfractaires)
! Spectrales : relativement nombreuses
L’ionisation permet le couplage de l’ICP à la SM (Spectrométrie de masse)
CPG, CLHP.

Figure 9: schéma de l’appareillage d’un ICP

4.4 Applications

La SEA-ICP permet de couvrir l’ensemble des éléments analysés par absorption

191
atomique (flamme/four) mais aussi de nombreux autres éléments sauf les non
métaux (N, F, O, H …).

# Analyse élémentaire
- Analyse environnementales : Sols, plantes …
- Analyse des denrées alimentaires : Métaux dans le poisson, les céréales.
- Métallurgie et pétrochimie : La céramique, le verre, les alliages, le pétrole
- Médecine : Métaux lourds dans les cheveux, les ongles …
# Industrie pharmaceutique : Matière première et produit finis
- Contrôle des impuretés élémentaires et des métaux lourds qui ont pour
origines
- Les catalyseurs et les réactifs métalliques utilisés dans la voie de synthèse
des substances actives et excipients
- Le conditionnement en vrac
# L’environnement
- Les solvants utilisés pour le nettoyage

Figure 10 : Eléments analysés par ICP-OES

192
Messages pédagogiques

- La spectroscopie d’émission atomique est une méthode basée sur


l’émission d’une radiation lumineuse par des atomes excités par la
flamme
- Le choix de la λ travail est déterminant en SEA. La λR spécifique de
l’élément à doser doit être isolée du spectre de raie d’émission et
sélectionné par un monochromateur
- En SEA, l’étude des interférences spectrales et chimiques s’avère
nécessaire vu leur impact sur le résultat de dosage
- L’étalon interne permet de corriger les interférences provenant des
conditions opératoires
- Deux mécanismes permettent le phénomène d’atomisation : atomisation
par nébulisation dans une flamme ou atomisation avec une torche à
plasma induisant(ICP).
- L’intensité de la lumière émise est proportionnelle à la concentration

193
SPECTROMETRIE D’ABSORPTION
ATOMIQUE

194
Plan du cours


1. Généralités sur la spectrométrie atomique
1.1 Origine des spectres atomiques : spectres de raies
1.2 Production d’atomes : Atomisation
2. La spectrométrie d’absorption atomique
2.1 Introduction
2.2 Principe
2.3 Appareillage :
2.3.1 Source lumineuse : lampe à cathode creuse
2.3.2 Modulateur (Chopper ou Hacheur)
2.3.3 Systèmes de nébulisation
2.3.4 Système de production de la vapeur atomique
2.3.5 Monochromateur
2.3.6 Détecteur
2.4. Interférences
2.4.1 Interférences spectrales ou physiques (=absorptions non spécifiques)
2.4.2 Interférences d’ionisation
2.4.3 Interférences chimiques ou effets de matrice
2.4.4 Interférences par diffusion de la lumière
2.5 Analyse quantitative
2.5.1 Dosage direct avec étalonnage préalable
2.5.2 Méthode des ajouts dosés
3. Applications :
4. Conclusion

195
Liste des figures

Figure 1 :Schéma représentatif de l’interaction entre la matière et une radiation


électromagnétique
Figure 2 : Spectre de raie discontinue aux longueurs d’ondes caractéristiques du
Na
Figure 3 : le spectre d’émission d’une lampe à vapeur de sodium
Figure 4 : Schéma représentatif du processus d’atomisation
Figure 6 : Schéma simplifié de l’appareillage d’un spectrophotomètre
d’absorption atomique
Figure 7 : Schéma d’une lampe à cathode creuse
Figure 8 : Figure d’un spectrophotomètre à flamme avec hacheur
Figure 9 : Schéma d’un spectrophotomètre d’absorption atomique de flamme
Figure 10 : Schéma d’un four en graphite
Figure 12. Schéma d’un spectrophotomètre d’absorption atomique avec four en
graphite
Figure 13 : Schéma représentatif d’un monochromateur
Figure 14 L’appareillage en spectrométrie d’absorption atomique
Figure 15 courbe d’’étalonnage d’un dosage directe avec une gamme
d’étalonnage
Figure 16 : Courbe de la méthode graphique des ajouts dosés

196
Liste des tableaux

Tableau1 : Spectrophotomètre d’absorption atomique de flamme (avantages et


inconvénients)

Tableau 2 : Atomiseur four graphite (avantages et inconvénients)

Tableau 3 : Comparaison des différentes techniques de la spectrométrie


atomique (SEA et SAA)

197
Objectifs éducationnels

- Expliquer l’origine du spectre

- Décrire le processus d’atomisation

- Expliquer le principe de la SAA

- Etablir le rôle de chaque élément de l’appareillage en SAA

- Déduire l’origine de survenue des phénomènes perturbateurs

- Appliquer la SAA pour le dosage des cations métalliques

198
1. Généralités sur la spectrométrie atomique

Les méthodes de spectroscopie atomique sont des méthodes basées sur


l’interaction entre un atome et une radiation électromagnétique.

1.1 Origine des spectres atomiques : spectres de raies

Lorsqu’un atome à l’état de vapeur est soumis à une source d’énergie (excitation
thermique, radiation), une variation du niveau d’énergie des électrons de valence
est observée.
L’électron passe de son état fondamental le plus stable à l’état excité le moins
stable suivi d’un retour à l’état fondamental par une émission d’un quantum
d’énergie. Plusieurs transitions sont possibles qui sont à l’origine du spectre.
Ces spectres atomiques font intervenir la variation de l’énergie des électrons
périphériques (électrons de valence) d’un atome.

Etat excité

Etat fondamental
Absorption Emission

Figure 1 : Schéma représentatif de l’interaction entre la matière et une


radiation électromagnétique

! Expériences de Kirchoff et Bunsen :


Les expériences de Kirchoff et Bunsen illustrent les principes de l’absorption et
de l’émission atomique.

199
Figure 2 : Expériences de Kirchoff et Bunsen
Expérience 1 : la dispersion de la lumière émise par une source
polychromatique (ex : arc électrique) avec un prisme donne un spectre continu.
Expérience 2 : la substitution de la source lumineuse par un bec bunsen avec
projection dans la flamme d’un peu de chlorure de sodium fournit le spectre
d’émission de cet élément formé de raies claires sur un fond noir.
Expérience 3 : l’association sur le même trajet optique des deux sources
précédentes : arc électrique puis flamme du bec Bunsen avec projection dans la
flamme d’un peu de chlorure de sodium fournit un spectre comparable à celui de
la première expérience avec toutefois des raies sombres à l’endroit des raies
d’émission de l’élément sodium. Ce renversement des raies résulte de la
présence dans la flamme, d’une large proportion d’atomes à l’état fondamental
qui absorbent la lumière émise par les mêmes atomes excités.

! Exemple du sodium Na :

1s2 2s22p6 3s1


K L M

Sous l’influence d’une excitation extérieure (flamme), l’électron de valence peut


absorber de l’énergie et passer sur une orbite d’énergie supérieure (état excité
E1: 3s1 3p1

200
L’état excité est instable, cet électron retombe au niveau fondamental en
réémettant de photons h ν avec h ν = h c / λ

Figure 3 : Spectre de raie discontinue aux longueurs d’ondes


caractéristiques du Na
Les 2 transitions 3p " 3s sont les plus fréquentes et correspondent à 2 raies très
lumineuses à 589,0 et 589,6 nm
Le quantum d’énergie ainsi absorbé ou émis correspond pour le Na à la
transition :
3s1 3p1 (absorption) ou 3p1 3s1 (émission)
Cette transition correspond à la raie de résonance: raie D (589 nm) pour le
sodium.
La raie de résonance est la raie la plus probable, la plus intense, la moins
énergétique et la plus utilisée en analyse quantitative.
L’atome de Na peut donner d’autres raies en fonction du quantum d’énergie à
fournir (absorption ou émission à d’autres λ : 285 nm, 330 nm …).

Figure 4 : le spectre d’émission d’une lampe à vapeur de sodium

201
1.2 Production d’atomes : Atomisation

Dans toutes les techniques de spectrométrie atomique, il faut atomiser


l’échantillon liquide pour le convertir en atomes qui doivent se trouver à l’état
de vapeur.
L’élément M subit différentes étapes durant l'atomisation, en commençant par
la préparation en solution de l’élément.

Solution (liquide)

Nébulisation (Aérosol liquide -gaz:gouttelettes


fines équilibrées)

Désolvatation (Aérosol sec solide-gaz)

Vaporisation ( Vapeur moléculaire-gaz)

Atomisation (Atomes-M0 )

Excitation (M* )

Figure 5 : Schéma représentatif du processus d’atomisation


Le nombre d’atomes qui reste à l’état fondamentale est supérieur au nombre
d’atomes qui passe à l’état excité.

2. La spectrométrie d’absorption atomique

2.1 Introduction

La spectrométrie d’absorption atomique (AAS) est une technique décrite pour la


1ère fois par Walsh (1955).
L’absorption atomique est le phénomène observé lorsqu’un atome à l’état

202
fondamental absorbe un rayonnement électromagnétique à une longueur d’onde
spécifique et passe à l’état excité. L’absorption d’énergie est proportionnelle au
nombre d’atomes présents ceci permet donc de déterminer la concentration de
l’élément dans la solution (par rapport à une gamme de calibration).
La spectrophotométrie d’absorption atomique est une méthode d’analyse
élémentaire. Elle permet de doser une soixantaine d'éléments chimiques (métaux
et non-métaux). Les applications sont nombreuses étant donné qu’on atteint
couramment des concentrations inférieures au mg/L (ppm).
C’est une méthode plus sensible que la spectrophotométrie par émission de
flamme.

2.2 Principe

Un échantillon liquide contenant l’élément à doser est pulvérisé dans une


flamme, ces éléments sont transformés par la suite en atomes neutres dans la
flamme dont la plupart reste à l’état fondamental.
Un faisceau de lumière monochromatique d’intensité I0 traverse la vapeur
atomique.
Les atomes qui sont à l’état fondamental vont absorber les rayonnements
spécifiques émis par la source lumineuse. Le rayonnement non absorbé passe
par un monochromateur jusqu’au détecteur.
L’absorption est ensuite mesurée, elle dépend directement du nombre de
particules à l'état fondamental et donc de la concentration de l’analyte en
utilisant la loi de Beer Lambert : A = log I0/It = k.l.c
Cependant :
- Les limites de validité de cette loi doivent être respectées
- La source doit donner un faisceau de radiations d’intensité I0
suffisamment grande
- La vapeur ne doit pas être trop riche en atomes neutres à doser et ce
nombre doit rester constant pendant la mesure

2.3 Appareillage :

L’instrumentation est presque identique pour toutes les méthodes atomiques


bien que la configuration des composantes doit y être modifiée. Un

203
spectrophotomètre d’absorption atomique comprend généralement une source,
un atomiseur, un monochromateur, un détecteur et un dispositif d'acquisition.

Source Atomiseur
Mono-
lumineuse : (Flamme ou Détecteur
chromateur
Lampe CC Four)

Figure 2 : Schéma simplifié de l’appareillage d’un spectrophotomètre


d’absorption atomique

On retrouve des spectromètres à simple faisceau et ceux à doubles faisceaux. La


sensibilité est déterminée par la source de rayonnement et l’atomiseur. Puisque
les lampes utilisées usuellement ont la même largeur de raies, la plus grande
différence est attribuable au type d’atomiseur. Chacune des techniques utilise
différents types d’atomiseurs.

2.3.1 Source lumineuse : lampe à cathode creuse

C’est une source lumineuse qui fournit le spectre de raies caractéristique de


l’élément à analyser. Il est important que la source émette des raies plus étroites
que la raie d’absorption.
Elle est constituée d’une enveloppe de verre scellée contenant une cathode
cylindrique creuse recouverte d’un fil de métal de l’élément à doser et une
anode en fil de tungstène. L’enveloppe est aussi pourvue d'une fenêtre en
quartz. Cette lampe est enceinte remplie par un gaz noble(argon (Ar), néon (Ne)
ou hélium (He)) sous une faible pression de quelques mmHg.
Le spectre d’émission comporte des raies intenses qui dépendent de l’élément
constituant la cathode.
La sélectivité élevée de la SAA est due au fait qu'on utilise pour chaque élément
une lampe particulière.

204
Figure 3 : Schéma d’une lampe à cathode creuse

En appliquant une différence de pression (environ 100-300 V) entre les deux


électrodes, le gaz rare s’ionise. Les ions positifs (Ar+) ainsi formés sont attirés
vers la cathode. Ceux-ci arrachent les atomes de la cathode qui en restant
confinés dans le cylindre sont alors excités par échange d’énergie. En revenant à
leur état fondamental, ils émettent leur raie spécifique.
L’intensité de la lumière émise est proportionnelle à l’intensité du courant
utilisé.
Il existe des lampes mono-élément et des lampes multiéléments (la cathode est
constituée d’un alliage de ces différents éléments (Fe, Co, Ni).
Le fonctionnement nécessite le changement de la lampe suivant l’élément que
l’on veut doser mais cette opération est simplifié avec les appareils équipés de
rampes de plusieurs lampes.

2.3.2 Modulateur (Chopper ou Hacheur)

Il s’agit d’un disque tournant divisé en secteurs alternativement transparents et


opaques dont le but est d’éliminer les radiations parasites émises :
- des atomes excités lors de leur désexcitation
- de la flamme sous forme de bruit de fond. Elles se superposent à la
lumière transmise
Placé entre la source et la flamme, il transforme la lumière incidente
initialement constante en une lumière alternative. Il est lié à l’amplificateur qui
n’amplifie que la lumière présentant un caractère alternatif provenant de la
source (et non la lumière continue relative aux émissions parasites).

205
Figure 4 : Figure d’un spectrophotomètre à flamme avec hacheur

2.3.3 Systèmes de nébulisation

Il transforme l’échantillon en un nébulisat fin et homogène. Seules les


gouttelettes les plus fines atteignent la source d’énergie. Il existe en types de
nébulisateurs : nébulisateur pneumatique et nébulisateur ultra-son.

2.3.4 Système de production de la vapeur atomique

La SAA nécessite d'avoir les atomes à l'état fondamental, afin d'absorber les
raies caractéristiques de l'élément.
L’atomiseur doit donc fournir des atomes libres sans les exciter. Il faut de la
chaleur pour faire passer l'échantillon généralement en solution à l’état d’un gaz
atomique. Cette chaleur peut être générée par une flamme ou par un four de
graphite.

Nébuliseur Flamme

206
! La flamme
Elle est utilisée en SAA pour l’analyse des échantillons en solution.
La flamme est alimenté par :
- Une source de comburant (oxygène ou air comprimé)

- Une source de carburant (gaz sous pression)

- Un brûleur (où les gaz se mélangent et sont enflammés)

Ce mélange (comburant / carburant) arrive au brûleur qui libère une large


flamme.
La nature et les proportions du mélange déterminent la température ainsi que
les propriétés oxydantes ou réductrices.
La flamme air /acétylène (2500°C) est la plus répandue et permet de réaliser le
dosage de nombreux éléments (Mg, Ca, Fe, Cu, Pb.)
La flamme protoxyde d’azote/acétylène (flammes réductrices)est utilisée pour
certains éléments qui forment des oxydes réfractaires particulièrement solides et
les complexes stables (Al, Si, TA). La limite de détection est typiquement de
l’ordre de ppm.

Figure 5 : Schéma d’un spectrophotomètre d’absorption atomique de


flamme

207
Théoriquement, on n’a pas besoin d’une flamme très chaude. Les flammes
froides entraînent moins de phénomènes parasites d’ionisation mais favorisent
les interactions chimiques.
Pour augmenter la probabilité de rencontre entre le photon et l’atome à l’état
fondamental, une flamme large type brûleur à flux laminaire (10 cm) est
utilisée.
Tableau1 : Spectrophotomètre d’absorption atomique de flamme
(avantages et inconvénients)
SAA flamme
Avantages Limitations
• Temps d'analyse court • Sensibilité
• Bonne précision • Nécessite des gaz inflammables
• Facile d’utilisation (Nécessite une surveillance)
• Bon marché • Ne doit pas contenir de quantités
excessives de sels dissous

! Four
Lorsque le seuil de détection de l’atomiseur de flamme excède la valeur requise,
l’emploi d’un atomiseur électrothermique s’avère utile. Sa limite de détection
est de l’ordre de ppb.
Il existe différents types de four :
- Carbone graphite (très utilisé)
- Carbone pyrolytique et Carbone vitreux (plus chers)
L’atomisation se produit dans un four en graphite cylindrique, il s’agit d’un tube
cylindrique de 2 à 3 cm de long et de 0.5 cm de diamètre, en graphite de
conductibilité thermique uniforme chauffé par effet Joule (Cycles de chauffage)
il est ouvert aux deux extrémités et contient un trou au centre pour l’introduction
des échantillons. Deux courants de gaz inertes (argon) sont utilisés. Le courant
externe empêche l air de rentrer dans le foyer et le courant interne garantit que
les vapeurs générées dans la matrice de l’échantillon sont rapidement éloignées
du four.

208
Figure 6 : Schéma d’un four en graphite

En absorption atomique avec four graphite (GFAA), le mécanisme


d'atomisation a lieu en plusieurs étapes selon un cycle programmé de
Température :

# Séchage : Evaporation du solvant (vers 100°C)


# Décomposition : Minéralisation de la matrice par un prétraitement
thermique (température de 100 à 1500°C)
# Atomisation rapide : transformer le sel à analyser en atomes
neutres(1500°C-2600°C)
# Nettoyage : éliminer les résidus éventuels à 2800°C

Figure 11 : Etapes d’atomisation dans un four graphite


La cellule d’atomisation portée par effet joule à une température assez élevée
(montée en température 1000°C par seconde) et le refroidissement est assuré par
une circulation d’eau froide
Le four est balayé par un gaz inerte (Argon) de grande pureté pour éviter son
oxydation

209
L’échantillon à analyser est introduit en une seule fois dans le four

Figure 7. Schéma d’un spectrophotomètre d’absorption atomique avec four


en graphite

Tableau 2 : Atomiseur four graphite (avantages et inconvénients)


SAA : Atomiseur Four graphite

Avantages

• Meilleure sensibilité que la flamme


− au fait que tout l'échantillon est atomisé en seule une fois
− au fait que les atomes libres restent plus longtemps dans le trajet
optique
• Volume d'échantillon réduit (quelques µl)
• Analyse d’ultra traces possible
• Echantillons liquides ou solides
• Possibilité de fonctionnement sans surveillance (même la nuit)

Limitations

• Très lent
• Moins bonne précision (complexité du programme thermique)
• Plus d'interférences chimiques (/ SAA flamme)
• Nécessité d'étalonnage par ajouts dosés plus fréquent (/ SAA flamme)

210
• Fixation de certains éléments (Ti) par le graphite
• Prix élevé, Consommables coûteux (tubes en graphite)

2.3.5 Monochromateur

En général, il n’est pas nécessaire d’utiliser un monochromateur de haute


précision. Un simple filtre de verre est souvent adéquat pour quelques métaux
alcalins. Toutefois la plupart des instruments de SAA sont munis d’un
monochromateur.il s’agit d’un prisme ou plus couramment un réseau
Son rôle consiste à Isoler la raie de résonance et éliminer une grande partie
du spectre émis par la flamme et les autres raies du spectre de la source ayant
une longueur d’onde différente de celle à laquelle on travaille (les raies du gaz
de remplissage dans la source, d’éventuelles impuretés ou l’atomiseur).

Figure 8 : Schéma représentatif d’un monochromateur

211
2.3.6 Détecteur

Il mesure les intensités lumineuses nécessaires au calcul des absorbances.


Plusieurs types de détecteurs sont adéquats. Le choix de celui-ci se fera, pour
chaque raie d’absorption sélectionnée pour l’analyse, en fonction de sa réponse
en fréquence. Le détecteur le plus couramment utilisé est un
photomultiplicateur.

Figure 9 : L’appareillage en spectrométrie d’absorption atomique

2.4. Interférences

Un élément est dosé en se plaçant à sa raie la plus intense qui correspond


généralement à sa raie de résonance. Cependant, plusieurs facteurs peuvent
affecter la position de cette raie donc conduire à des dosages inexacts.

2.4.1 Interférences spectrales ou physiques (=absorptions non


spécifiques)

! Origine :
Les interférences spectrales proviennent de l’atomiseur. Elles se traduisent par
une modification de l’intensité lumineuse transmise au détecteur. Elles sont dues
à une isolation incomplète des radiations de l’échantillon à analyser
généralement liées aux propriétés physiques des solutions étudiées.

212
Il s’agit :
- Superposition avec le spectre propre de la flamme (bandes OH et CH dans
le cas d’une flamme à base d’acétylène et air)
- Superposition de raies de résonnance : atomes possédant des raies de
résonance assez proches (Pb : 216,9 nm, Sb : 217,6 nm) >> effectuer une
seconde mesure
- Superposition de l’émission et de l’absorption d’un même élément
- Absorption moléculaire liée à la décomposition insuffisante de la matrice
=> large bande d’absorption qui va gêner l’analyse
Exemple : le calcium forme des radicaux CAO qui, même à faible teneur
perturbe le dosage du baryum.
! Remède :
# Monochromateurs très sélectifs et suffisamment dispersifs
# Modulateur ou hacheur
# Utilisation de lampe au Deutérium => éliminer l’absorption de fond

2.4.2 Interférences d’ionisation

! Origine :
Une flamme trop chaude (air-Acétylène ou protoxyde d’azote-Acétylène)
entraine l’ionisation de l’atome M. Seuls les atomes neutres dosés.
:

! Remède :
# Ajouter un « Tampon d’ionisation » (sel d’un métal facilement
ionisable) dont le potentiel d’ionisation est inférieur au potentiel
d’ionisation du métal à doser.
# La pression d’électrons apportée par le tampon est suffisante pour éviter

213
l’ionisation du métal à doser.
Exemple : ajouter une quantité suffisante de sel de potassium ou de césium
pour doser le sodium.

2.4.3 Interférences chimiques ou effets de matrice

! Origine :

Ces interférences sont dues à la formation de sels ou d’oxydes réfractaires au


moment de l’évaporation.
Certains sels métalliques sont difficiles à atomiser (Ca3(PO4)2 CaSO4) et peuvent
former des oxydes réfractaires qui modifient la densité de la vapeur atomique.
L’anion qui accompagne le cation que l’on dose joue un rôle important.
Exemple : Le CaCl2 est plus facile à atomiser donc plus facile à doser que du Ca
sous forme de Ca3(PO4)2.
! Remède :
# L’ajout d’un autre élément plus facilement ionisable « Tampon de
volatilisation pour les essais et les étalons qui modifie l’équilibre
d’ionisation de l’analyte (effet tampon) et donc va accroître l’absorbance

Ex : Chlorure de Lanthane

# Ajouter un chélateur (EDTA)

# Procéder au dosage par la méthode des ajouts dosés

2.4.4 Interférences par diffusion de la lumière

! Origine :

Lorsqu’un échantillon est très chargé en sel ou ion interférant, il se forme des
particules solides au niveau de la flamme pouvant diffuser une partie de la

214
lumière incidente d’une manière non spécifique.
Résultat : perte d’une partie de cette lumière interprétée comme une absorption
supplémentaire, d’où un risque d’erreur par excès
! Remède :
# Opérer avec des nébuliseurs qui donnent des fines gouttelettes de
nébulisât aussi petites que possible

# Travailler avec des solutions très diluées

2.5 Analyse quantitative

L’absorption est proportionnelle à la quantité d’atomes à l’état fondamental


A = f (C)
En appliquant la loi de Beer Lambert :
A = log I0/I = k N0
Les mesures s’effectuent par comparaison avec des solutions de référence de
concentrations connues en élément à doser :
# Méthode par étalonnage direct
# Méthode des ajouts dosés

2.5.1 Dosage direct avec étalonnage préalable

Préparer une gamme d’étalonnage renfermant des quantités croissantes de


l’élément à doser puis tracer la courbe d’étalonnage et déterminer la
concentration de l’élément à doser par projection.

Figure 10 : courbe d’’étalonnage d’un dosage directe avec une gamme


d’étalonnage

215
2.5.2 Méthode des ajouts dosés

! Principe
Elle permet de déterminer la concentration de la solution à doser par 2
méthodes :
# Méthode par calcul
- Ajouter au niveau de l’échantillon une quantité bien déterminée de
l’élément à doser
- Avant ajout : Ax = k. Cx
- Après ajout d’une quantité connues C2 : A2 = k. (Cx + C2)
- Par soustraction : A2 - Ax = k. C2
k = (A2 - Ax)/C2
$ Cx = Ax/k = (Ax . C2)/(A2 - Ax)
# Méthode graphique
- Fractionner la solution contenant l’élément à doser en cinq fractions
(même quantité) et ajouter dans chaque fraction des quantités
croissantes connues du même élément (substance étalon)
- Traçage de la courbe A en fonction des ajouts.

-
Figure 11 : Courbe de la méthode graphique des ajouts dosés

- L’intersection de la droite avec l’axe des abscisses (ajouts) donne la

216
concentration en valeur absolue de l’élément à analyser.
- L’intersection de la droite avec l’axe des ordonnées (I) donne
l’absorbance de l’élément à doser
- Intérêt : Elimination des interférences dues à la matrice.

3. Applications :
La SAA permet l’analyse de presque tous les métaux et métalloïdes (Cu, Zn, Pb,
Cr, Fe, Cd, etc.…) dans les échantillons biologiques, métallurgiques,
archéologiques, pharmaceutiques et atmosphériques. Elle couvre donc un vaste
éventail d’applications.
% Dans le domaine pharmaceutique :
- Dosage du zinc dans les préparations d`insuline ou d`oxyde de zinc.
- Dosage du cobalt dans la Vit B12.
- Dosage du mercure dans les antiseptiques organo-mercuriels.
- Dosage de l`Al et de Mg dans les pansements gastriques.
- Dosage de Mg dans les suppléments nutritionnels.
- Dosage du Ca dans les préparations à base de Ca.
- La recherche de Cd, Zn dans les préparations injectables {adjuvants
plastiques}.
% Dans le domaine de la biologie clinique et la toxicologie :
- Dosage des oligoéléments et des résidus toxiques dans les aliments.
- Analyse des eaux potables.
- Analyse des tissus végétaux et animaux, des liquides biologiques.
- Analyse plasmatique ou urinaire du Fe, Ca, Pb, Mg, Cu, Zn, Li

217
4. Conclusion
L’absorption atomique avec une flamme est utilisée pour des éléments dits
majeurs. Pour ceux qui se trouvent dans les échantillons à l’état de traces,
l’utilisation du four permet d’améliorer la limite de détection.
LA SAA est une méthode caractérisée par sa spécificité puisqu’il existe très peu
d‘exemples de raies de fréquences exactement identiques émises par deux
éléments différents. Cette qualité évite d’avoir à réaliser une séparation
préalable de l’élément à doser.
Il convient de citer également sa sensibilité qui est relativement élevée et sa
limite de détection permet d’atteindre selon le mode de vaporisation des
concentrations de l’ordre de µg/L.

Tableau 3 : Comparaison des différentes techniques de la spectrométrie


atomique (SEA et SAA)

218
Messages pédagogiques

- La SAA est basée sur l’interaction électromagnétique avec un atome à l’état


fondamental qui permet de doser de manière spécifique les cations
métalliques.

- Le choix de la λ travail est déterminant en SAA. La λR spécifique de l’élément à


doser doit être isolée du spectre de raies émis par la lampe à cathode creuse
sélectionnée grâce au monochromateur.

- En SAA, l’étude des interférences spectrales et chimiques s’avère nécessaire


vu leur impact sur le résultat de dosage

- La méthode des ajouts dosés permet de corriger les interférences provenant


de la matrice de l’élément à doser.

- L’absorbance mesurée est proportionnelle à la concentration.

219
SPECTROPHOTOMETRIE
D’ABSORPTION MOLECULAIRE
UV-Visible

220
Plan du cours

1. Introduction
2. Domaine spectrale
3. Transitions électroniques
3.1 Transitions σ σ *:

3.2 Transitions π π * (bande k)

3.3 Transitions n π * (bande R)

4. Groupements chimiques participant à l’absorption


5. Facteurs modifiant l’absorption
5.1 Effet de solvant

5.1.1 Interactions dipôle - dipôle

5.1.2 Liaison Hydrogène

5.2 Absorption propre du solvant

5.3 Effet de pH

6. Appareillage
6.1 Source de radiation

6.2 Monochromateurs :

6.3 Cuves de mesures

6.4 Photomultiplicateur

7. Applications
7.1 Analyse qualitative (peu utilisée)

7.1.1 Contrôle de pureté

7.1.2 Contrôle d’identité

7.2 Analyse quantitative (très utilisée)

7.2.1 Spectrophotométrie directe



221
7.2.2 Spectrophotométrie différentielle

7.2.3 Spectrophotométrie dérivée

7.2.4 Détermination de pKa

7.2.5 Utilisation comme détecteur UV en CLHP



222
Liste des figures

Figure 1: Schéma d'une transition électronique


Figure 2: Longueurs d'onde par domaine spectrale
Figure 3: Energie absorbée
Figure 5: Effet du solvant
Figure 7: Spectres de l'ephédrine et du chlorocrésol
Figure 9: Spectres d'absorption d'une substance à 2 pH différents
Figure 11: Spectres et spectres dérivés
Figure 12: Spectres à d'une même substance à différents pH

Liste des tableaux


Tableau I: Exemples de valeurs limites d'utilisation des solvants


Tableau II: Exemples de λmax en fonction du pH d’acides faibles
Tableau III: Exemples de λmax en fonction du pH de bases faibles



223
Tâches de l’apprenant
- Validation du prérequis
- Réponse aux questions du Pré-Test
- Lecture du document de base
- Réponse aux questions du Post-Test

Prérequis
- Les différents types d’énergie absorbée par la molécule
- La notion de spectre : spectre de raies
- Cours : spectrophotométrie de flamme, spectrophotométrie d’absorption
atomique

Objectifs éducationnels
- Décrire le domaine spectral
- Noter la différence entre orbitale liante, orbitale anti liante et orbitale non
liante
- Distinguer les 4 transitions électroniques
- Distinguer entre un groupement chromophore et un groupement auxochrome
- Etudier les facteurs modifiant l’absorption
- Définir l’effet bathochrome, l’effet auxochrome, l’effet hyperchrome et
l’effet hypochrome
- Décrire les différents modules d’un spectrophotomètre d’absorption
moléculaire
- Tracer un spectre d’absorption
- Décrire les différentes applications de la spectrophotométrie moléculaire UV-
visible
- Appliquer la spectrophotométrie moléculaire au dosage d’une molécule qui
absorbe dans l’UV-visible



224
Pré-test
QROC
1. Indiquer à l’aide d’un tableau le domaine énergétique, le domaine spectral et
les méthodes spectrales d’analyse d’une molécule et d’un atome.
2. Le sodium et le magnésium pulvérisés dans une flamme, présentent deux
raies de résonnance suivantes :
Na° : λr = 589 nm
Mg° : λr= 285,2 nm
h=4,132 10-15 e.V.s
c=3 .108m.s-1
- Calculer l’énergie correspondante à chaque raie
- Que peut-on déduire ?



225
1. Introduction
La technique de spectrophotométrie est basée sur la propriété de la matière, et
plus particulièrement de certaines molécules, d’absorber certaines longueurs
d’ondes du spectre UV-visible. Elle permet de réaliser des dosages grâce à la loi
de Beer-Lambert qui montre une proportionnalité entre l’absorbance et la
concentration. Cette technique permet aussi une étude structurale des complexes
par l’étude des spectres d’absorption.

2. Domaine spectrale
La spectrophotométrie dans l’UV-visible fait intervenir la variation de l’énergie
électronique (Ee )
Une molécule sous l’influence d’une radiation électromagnétique va pouvoir
absorber des photons de la source lumineuse. L’énergie correspondante est alors
captée par un ou plusieurs électrons superficiels entrainant une modification des
états énergétiques électroniques.
Ces perturbations sont à l’origine d’un grand nombre de transitions
électroniques possibles : l’électron passe alors de son niveau énergétique le plus
bas vers un niveau énergétique plus élevé. Ce sont les électrons libres ou
engagés dans des liaisons qui sont concernés par l’absorption. L’absorption
moléculaire dans l’UV visible dépend de la structure électronique de la
molécule.


Figure 1: Schéma d'une transition électronique
Les énergies absorbées varient en fonction de la longueur d’onde λ :


Figure 2: Longueurs d'onde par domaine spectrale
- Zone comprise entre 50 et 200 nm (UV lointain) : Zone non exploitable
en pratique, l’énergie est trop importante (destruction des molécules)



226
- Zone comprise entre 200 et 400 nm (UV proche) : Zone exploitable en
pratique, l’énergie absorbée reste élevée et donne naissance à des
transitions électroniques.
- Zone comprise entre 400 et 800 nm (Visible) : Zone exploitable en
pratique, l’énergie absorbée est relativement faible et correspond le plus
souvent au passage d’un électron d’une orbitale liante à une orbitale non
liante.
3. Transitions électroniques
On distingues 4 types de transitions qui ont pour origine les électrons des
liaisons σ, π ou les doublets non liants n des atomes tels H,C,N,O. Ce sont des
transitions des électrons des orbitales moléculaires liantes ou non liantes
remplies vers des orbitales anti-liants non remplies.


Figure 3: Energie absorbée

Exemple du formaldéhyde :

Cette molécule possède 3 types d’orbitales :


- Orbitale σ correspond à une simple liaison : orbitale liante
- Orbitale π correspond à une double liaison : orbitale liante
- Orbitale n correspond à un doublet libre : orbitale non liante
A l’état normal, les électrons occupent les orbitales liantes σ et π. Après
excitation, ces électrons passent à d’autres orbitales de niveau énergétique
supérieur en absorbant de l’énergie appelées : orbitales anti liantes σ* et π*.



227
Figure 4: Types de transitions possibles

3.1 Transitions σ σ *:
Elles concernent les hydrocarbures saturés : C – C ou C – H.
Les liaisons σ sont très stables.
Pour faire passer un électron de son orbitale σ à une orbitale σ *, il faut une
énergie très importante. Ce type de transition apparait dans le UV lointain.
Les molécules possédant de telles liaisons absorbent à des longueurs d’onde très
faibles (<130 nm).
Le propane, comme exemple, absorbe vers 135 nm. Il est transparent dans l’UV
exploitable et constitue un bon solvant.
3.2 Transitions π π * (bande k)
Elles concernent les molécules insaturées : C = C ou C Ξ C .
La liaison π est moins stable que la liaison σ, son niveau énergétique est plus
élevé.
La transition π - π * est donc plus facile à réaliser que la transition σ - σ *.

Les molécules possédant de telles liaisons absorbent à des longueurs d’onde plus
élevées.
! Pour une double liaison isolée :
La longueur d’onde se situe vers 170 nm.
L’éthylène (CH2 = CH2), comme exemple, absorbe vers 165 nm.
! Pour une molécule possédant plusieurs doubles liaisons conjuguées :
Il apparait une délocalisation électronique et un effet de résonance
important.



228
Exemple : butadiène

La transition π 2 - π 1* du butadiène est moins énergétique que la transition π - π*


de l’éthylène et la λ se situe à des longueurs d’onde plus importantes.

La λmax du butadiène (217 nm) est plus élevée que celle de l’éthylène (163
nm).
On dit qu’on a un effet BATHOCHROME (déplacement du spectre
d’absorption vers des longueurs d’onde plus grandes) accompagné d’un effet
HYPERCHROME (augmentation du coefficient d’extinction).
L’effet inverse correspond à l’effet HYPSOCHROME et HYPOCHROME.
Exemples :
La vitamine A1 possède 5 doubles liaisons (λmax = 325 nm)
La vitamine A2 possède 6 doubles liaisons (λmax = 351 nm)

3.3 Transitions n π * (bande R)


Elles concernent les molécules organiques contenant des hétéroatomes à un ou
plusieurs doublets libres (O, N, S, X).
Exemple du Formaldéhyde :

Les électrons n se trouvent à un niveau énergétique situé entre celui des


électrons π et π *
Deux transitions possibles n σ * et n π*.



229
La transition n σ * est plus énergétique que celle de n π *, sa
λ max se situe dans l’UV lointain non exploitable en pratique.
La transition n π * est la moins énergétique des transitions, sa λ max
est voisine de 270 nm – 280 nm.
Cette transition correspond au groupement C = O

4. Groupements chimiques participant à l’absorption


Les groupements chimiques responsables de l’absorption de la molécule dans
l’UV sont appelés : groupements CHROMOPHORES.
Exemples de groupements chromophores :

D’autres groupements n’absorbent pas dans l’UV exploitable, mais renforcent


l’effet des groupements chromophores : groupements AUXOCHROMES. Ces
groupements qui, introduisent dans un système chromophorique provoque, soit
une augmentation du λmax d’absorption (effet bathochrome), soit une
diminution du λmax (effet hypsochrome).
Exemples de groupements auxochromes: (X, NH2, OH …)

5. Facteurs modifiant l’absorption


5.1 Effet de solvant
Ces effets sont plus importants lorsque la polarité du solvant augmente.
5.1.1 Interactions dipôle - dipôle
Ces interactions ont lieu entre un solvant polaire et les électrons π* d’une part et
un solvant polaire et les électrons n d’autre part.
! Transition π π*



230
Au niveau fondamental, pour les électrons π, l’interaction est pratiquement
nulle et le niveau énergétique n’est pas sensiblement modifié quel que soit la
polarité du solvant.

A l’état excité, la molécule prend une certaine polarité et l’interaction avec le


solvant polaire entraine une diminution de l’énergie au niveau π*.
La transition π π* est moins énergétique en solvant polaire.
On observe un effet BATHOCHROME discret lorsqu’on passe d’un solvant
apolaire à un solvant polaire.
! Transition n π *
L’interaction avec le solvant polaire est importante du fait de la polarité des
molécules.
L’abaissement énergétique du niveau n est également important (plus
important que l’abaissement du niveau π * )
La transition n π * met en jeu une énergie plus importante en solvant
polaire qu’en solvant apolaire.

Un effet HYPSOCHROME important est observé lorsqu’on passe d’un solvant


apolaire à un solvant polaire.
Exemple : 3-Carbétoxypsoralène dans différents solvants :
Un effet BATHOCHROME est observé lorsque la polarité des solvants
augmente.



231

Figure 5: Effet du solvant
5.1.2 Liaison Hydrogène
Interaction entre un atome d’hydrogène du solvant (éthanol) et un doublet libre
du soluté ou l’inverse.

Elle entraine un abaissement énergétique du niveau n et la transition : n π*


devient plus énergétique.
Un effet HYPSOCHROME accompagné d’un élargissement de la bande
d’absorption est noté.
Exemple : l’acétone (soluté) dans l’hexane λmax = 280 nm, dans l’eau λmax = 260
nm
5.2 Absorption propre du solvant
Chaque solvant possède une structure déterminée (groupements fonctionnels) et
donc un spectre déterminé. Il est important de connaitre les limites d’utilisation
des solvants.

Tableau I: Exemples de valeurs limites d'utilisation des solvants

5.3 Effet de pH
Les acides et les bases faibles présentent deux formes possibles (forme
moléculaire et forme ionisée) en fonction de leurs pKa et du pH du milieu.
Donc, deux structures différentes et deux spectres différents sont observés.



232
" Cas d’un acide faible :

La forme ionisée présente trois doublets libres sur l’oxygène capables de se


conjuguer avec les électrons π du noyau aromatique. Cela conduit à une
augmentation de la mésomérie d’où l’effet BATHOCHROME et
HYPERCHROME par rapport à la forme moléculaire.
Tableau II: Exemples de λmax en fonction du pH d’acides faibles

" Cas d’une base faible :

Pour la forme ionisée, le doublet libre de l’azote est engagé dans une liaison
dative et ne va pas participer à la conjugaison avec les électrons π du noyau
aromatique.
Cela conduit à une diminution de la mésomérie d’où l’effet HYPSOCHROME
et HYPOCHROME par rapport à la forme moléculaire.
Tableau III: Exemples de λmax en fonction du pH de bases faibles



233
6. Appareillage
6.1 Source de radiation
" UV : lampes à Hydrogène ou au Deutérium avec une fenêtre en quartz.
Elle fournit un spectre continu dans l’UV jusqu’à 375 nm.
" Visible : lampes à filament de Tungstène.
Elle fournit un spectre de raies se situant entre 350 et 2500 nm
" Uv-visible : lampes à arc ou au Xénon.
Elle fournit un spectre de raies couvrant le domaine UV-Visible.
6.2 Monochromateurs :
Il Permet de sélectionner la λmax de travail.
Il s’agit d’un prisme en quartz ou un réseau en métal poli
6.3 Cuves de mesures
La cuve doit être à faces parallèles pour éviter des effets de lentille.
Le trajet optique est généralement de 1 cm mais peut être augmenté.
" UV : Cuves en quartz
" Visible : Cuves en verre ou en matière plastique
6.4 Photomultiplicateur
Il reçoit l’intensité transmise et la transforme en un signal électrique mesuré à
l’aide d’un galvanomètre.
L’utilisation de micro-systèmes informatiques intégrés aux appareils permet
d’obtenir le résultat en absorbance et en concentration.

Il existe deux modèles de spectrophotomètres :


# Spectrophotomètre à simple faisceau (Fig 1.)
Deux lectures sont nécessaires : la première pour le blanc (solvant) et la
seconde pour l’échantillon.
# Spectrophotomètre à double faisceau « diviseur de faisceau » (Fig 2.)
Un diviseur traverse la cuve de mesure (échantillon à analyser). L’autre diviseur
traverse la cuve de référence (Blanc). L’appareil effectue en permanence le
rapport de transmission optique entre l’échantillon et le blanc.
Avantage : Ce procédé élimine les variations d’énergie de la source.
7. Applications
7.1 Analyse qualitative (peu utilisée)
7.1.1 Contrôle de pureté
Une substance est pure si elle présente un spectre superposable à celui de la
substance de référence.
Les deux spectres doivent être tracés dans les mêmes conditions.



234
La présence d’une bande supplémentaire témoigne d’une impureté qui ne peut
être mise en évidence que si elle présente dans sa structure des groupements
chromophores.
7.1.2 Contrôle d’identité
Le même protocole que le contrôle de pureté.
Le spectre UV-Visible est insuffisant pour conclure à l’identité du produit.
D’autres investigations spectrales sont nécessaires (IR, RMN, SM…)
E1cm1% est utilisé par la pharmacopée européenne comme critère d’identité.
7.2 Analyse quantitative (très utilisée)
7.2.1 Spectrophotométrie directe
Trois cas peuvent être envisagés :
" 1er Cas : Seule la substance à doser absorbe :
Il existe deux possibilités pour faire le dosage :
! 1ère méthode :
- Tracer la courbe d’étalonnage (Absorbance en fonction de la
concentration) à partir des solutions étalons à λmax.
- Mesurer l’absorbance de l’échantillon à λmax et en déduire la
concentration à partir de cette courbe A=f (C).
! 2ème méthode :
- Mesurer l’absorbance de l’échantillon à λ max et en déduire la
concentration en appliquant la loi de Beer-Lambert sans tracer la courbe
d’étalonnage.
- Le coefficient d’extinction ε est déterminé à λ max à partir de la substance
de référence. Souvent, il est donné par la littérature (Pharmacopée …)

" 2ème Cas : Mélange où seule une substance X interfère avec une autre
substance Y:
Pour doser la substance X, il faut se placer à :
λmax 1où seule la substance X absorbe :
A1 = εx1 . l . Cx Cx = A1 / εx1

Pour doser la substance Y, il faut se placer à :


A λmax 2où les deux substances X et Y absorbent (Application de la loi
d’additivité de la loi de Beer-Lambert)
A2 = εx2 .l . Cx + εy .l . Cy
εx1, εx2 , εy sont déterminés à partir des substances de référence pour chaque
substance et pour chaque longueur d’onde.



235
La concentration Cx est déterminée à partir de A1 et Cy est déduite à partir de
A2.

Figure 6: Spectre d'absorption d'un mélange de deux


substances où seule une substance X interfère avec une autre
substance Y

- Exemple : mélange de Chlorhydrate d’ephédrine et du Chlorocrésol :


Figure 7: Spectres de l'ephédrine et du chlorocrésol

" 3ème Cas : Mélange renfermant 2 substances dont l’une interfère avec
l’autre à l1 et l2:
A λmax1 où les substances X et Y absorbent (εX1 , εY1 ) :
A1 = εx1. l. Cx + εY1 .l .Cy (1)
A λmax2où les substances X et Y absorbent (εX2 , εY2 ) :
A2 = εx2. l. Cx + εY2 .l.Cy (2)
A partir de l’équation (1) avec l =1cm :
εx1 . Cx = A1 – (εY1 . Cy) Cx = [A1 – (εY1 . Cy)]/εX1 .
A partir de l’équation (2) :
A2 = εx2 . [(A1 – (εY1 . Cy)]/εX1] + (εY2 . Cy)

Cy = (A2 . εX1 – A1 . εX2 )/(εX1 . εY2 – εY1 . εX2 )




236
Cx = (A1 . εY2 – A2 . εY1 )/(εY2 . εX1 – εY1 . εX2 )

Figure 8: Spectres d’absorption d’un mélange où les deux


substances interfèrent
7.2.2 Spectrophotométrie différentielle
" Principe
Mesurer la différence d’absorbance (ΔA) à la même longueur d’onde d’un
même échantillon ayant la même concentration mais à 2 pH différents (pH acide
et pH alcalin).
" Domaine d’application : acide et base faible
Exemple : Phényléphrine (base faible)
Tracer les 2 spectres à pH acide et à pH basique
A pH acide (HCl 0,1N): λmax=271 nm
A pH alcalin (NaOH 0,1N): λmax=291 nm
A 291 nm, l’absorbance en milieu alcalin est supérieure à celle en milieu acide
ΔA = AOH- - AH+ = εOH- . l .C - εH+ .l . C
ΔA = C. (εOH- - εH+). l


Figure 9: Spectres d'absorption d'une substance à 2 pH différents



237
Remarque : ΔA est mesurée directement en plaçant l’échantillon en milieu acide
dans la cuve à blanc, et l’échantillon en milieu alcalin dans la cuve de mesure.

" Intérêt :
Cas d’un mélange de deux substances dont l’une a un caractère de base ou
d’acide fort et l’autre a un caractère de base ou d’acide faible.
ΔA est proportionnelle à la concentration de la substance ayant un caractère
d’acide ou de base faible ( C ).
ΔA = C . (εOH- - εH+) . l
La substance ayant un caractère de base forte ou d’acide fort présente une (ΔA=
0) car les deux spectres à pH acide ou basique sont superposables.
Cette méthode s’applique directement à un tel mélange sans extraction
préalable.
7.2.3 Spectrophotométrie dérivée
A partir du spectre direct A = f (λ) (spectre d’ordre 0), on calcule en chaque
point les dérivées successives :
dA/d λ = f (λ) : spectre dérivée d’ordre 1.
d2A/d λ 2 = f (λ) : spectre dérivée d’ordre 2.
dnA/d λ n = f (λ) : spectre dérivée d’ordre n.

Figure 10: Spectres dérivés



238
Le spectre dérivé d’ordre1 représente la pente du spectre direct (ordre 0).
Ce spectre s’annule aux λmax et passe par des points extrêmes aux λ des points
d’inflexion.
Il est de signe positif dans les parties ascendantes de la courbe d’origine, de
signe négatif dans ses parties descendantes.
Le spectre dérivé d’ordre n représente la pente du spectre d’ordre n-1
Les constatations formulées pour le spectre dérivé d’ordre1 se transposent aux
autres ordres.
Comme l’absorbance pour le spectre d’ordre 0, la valeur de la dérivée à une λ
est proportionnelle à la concentration.
dA/d λ = e .l . C
La loi d’additivité des absorbances dérivées est applicable également :
dAt/d λ = dAx/d λ + dAy/dλ
" Avantages de la spectrophotométrie dérivée :
- Détermination précise de la position des maximums d’absorption et des
points d’inflexion.
- La dérivation affine les bandes d’absorption (meilleure résolution et
augmentation de la spécificité) et donne plus de renseignements quant à
l’identité et la pureté du produit.
- Mesures quantitatives directes en milieu trouble ou coloré.
- Mesures quantitatives dans des systèmes complexes : dosage de 2
composés X et Y grâce à la méthode de point d’annulation :
Pour doser Y, on se place à 220 nm (point d’annulation de X)
dAy/dl = e . l . Cy
Pour doser X, on se place à 240 nm (point d’annulation de Y)
dAx/dl = e . l . Cx



239

Figure 11: Spectres et spectres dérivés
7.2.4 Détermination de pKa
Cas d’un acide ou d’une base faible dont la forme ionisée et la forme
moléculaire sont fonction du pH :
pH = pKa + log |Base|/|Acide| donc pH = pKa + log |X|/|Y|

" Exemple d’un acide faible :


A pH =2 : forme moléculaire
A pH =8 : forme ionisée
A pH=5,5 : il existe un équilibre entre les deux formes.
Choisir la λ la plus favorable à la mesure : λ où la différence des absorbances
entre la forme moléculaire et la forme ionisée est la plus grande (λ = 358 nm)


Figure 12: Spectres à d'une même substance à différents pH
Détermination pour chaque forme l’absorbance :
pH=2 : Am = εm . l.C
pH=8: Ai = εi .l. C



240
pH=5,5: A = εm . l.Y + εi .l. X et C = X + Y
Sachant que : X = concentration de la forme ionisée à pH=5,5
Y = concentration de la forme moléculaire à pH=5,5

A= ( C – X).εm + εi . X
X = (A – C . εm)/(εi - εm) et Y = C – X = C – [(A – C . εm)/(εi -
εm)]
Y = [(C . εi ) – A]/(εi - εm)

pKa = pH – log|X|/|Y| = pH - log [(A – C . εm)/(C . εi - A)]

pKa = pH - log [(A - Am )/(Ai – A)]

" Intérêt du pka:


- Définir le caractère acido-basique d’un composé.
- Fixer le pH lors d’une extraction d’un acide ou d’une base faible
- Fixer le pH de la phase mobile pour les solutés ionisés en CLHP
7.2.5 Utilisation comme détecteur UV en CLHP
Le détecteur UV est le détecteur le plus utilisé en CLHP. Il est placé à la sortie
de la colonne, muni d’une cellule de faible épaisseur : 5-10µl
On distingue deux types de détecteurs :
- Détecteur à λ fixe de 254 ou 280 nm
- Détecteur à λ variables : il s’agit d’un spectrophotomètre muni d’un
prisme ou d’un réseau dont la source couvre la gamme de 200 à 800 nm.
" Domaines d’applications
- Contrôle des médicaments
- Biologie
- Bromatologie
- Toxicologie.



241
Messages pédagogiques
- La spectrophotométrie dans l’UV-visible fait intervenir la variation de
l’énergie électronique (Ee )
- Il existe 4 types de transition qui ont pour origine les électrons des liaisons σ,
π ou les doublets non liants n des atomes tels H,C,N,O.
- Les groupements CHROMOPHORES sont les groupements chimiques
responsables de l’absorption de la molécule dans l’UV
- Les groupements AUXOCHROMES sont des groupements qui n’absorbent
pas dans l’UV exploitable, mais renforcent l’effet des groupements
chromophores
- L’effet BATHOCHROME correspond à un déplacement du spectre
d’absorption vers des longueurs d’onde plus grandes accompagné d’un effet
HYPERCHROME (augmentation du coefficient d’extinction).
- L’effet HYPSOCHROME correspond à un déplacement du spectre
d’absorption vers des longueurs d’onde plus petites accompagné d’un effet
HYPORCHROME (diminution du coefficient d’extinction).
- La spectrophotométrie différentielle permet le dosage d’un acide ou d’une
base faible en présence d’un acide ou une base forte sans extraction
préalable.



242
Post-test
QROC (question à réponse ouverte courte)
Indiquer l’intérêt de la spectrophotométrie différentielle
Problème à résolution séquentielle (PRS)
Une solution de (CH3) 2C=CHCOCH3 dans l’éthanol, de concentration C, est
placée dans une cuve de largeur 10 mm. Son spectre d’absorbance UV-visible
est donné ci-dessous. Les deux bandes observées sont caractérisées dans le
tableau suivant.
1. Calculer la concentration du composé
2. Expliquer l’origine de ce spectre et attribuez les bandes I et II aux
transitions correspondantes, justifiez votre réponse
3. Indiquer, en le justifiant, l’effet qu’aurait sur la longueur d’onde et les ε
en utilisant comme solvant du cyclohexane.

λ A ε
(nm) (L .mol-1.cm-1)
232 2.2 1260
330 0.136 78



243
Réponse du post-test
QROC :
- La spectrophotométrie différentielle permet le dosage d’un mélange d’un
acide ou d’une base faible en présence d’un acide ou une base forte sans
extraction préalable.

PRS :
Calcul de la concentration du composé
Selon la loi de Beer Lambert
A= εlc c=A/εl
AN: 2.2/1260= 1.75 10-3 M
1. La Bande I correspond à la transition π π*
Elle a pour origine la double liaison conjuguée.
La transition est plus énergétique donc sa λ est plus faible (λ 330 nm)
La Bande II correspond à la transition n π*
Elle a pour origine le groupement co.
La transition est moins énergétique donc sa λ est plus élevée (λ 232 nm)
2. En changeant l’éthanol (solvant polaire) par le cyclohexane (solvant
apolaire):
Pour la bande I : transition π π*
Un effet hypsochrome (λ diminue) est observé accompagné d’un effet
hypochrome diminue (ε diminue).
Pour la bande II : transition n π*
Un effet bathchrome (λ augmente) est observé accompagné d’un effet
hyperchrome (ε augmente)



244
Réponse du pré-test
1.
Espèce Domaine Domaine Méthode basée Méthode basée
chimique énergétique spectral sur l’absorption sur l’émission

électronique UV/visible Spectrométrie Fluorescence


UV/visible
Molécules
vibration – infrarouge Spectrométrie
rotation infrarouge

Atomes électronique UV/visible Spectrométrie Spectrométrie


d’absorption d’émission
atomique atomique
(flamme, four) (flamme,
plasma)

2. ΔE = E1 - E0 = h √= h c/λ
ΔE Na° =4,132 10-15x 3 .108/589. 10-9= 2,104 eV
ΔE Mg° =4,132 10-15x 3 .108/285,2. 10-9=4,34 eV
- Il faut plus d’énergie pour exciter le Mg que le Na. Les alcalins sont excités
plus facilement que les alcalino-terreux.



245

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