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DEPARTEMENT DE CHIMIE
CHM224
Cours de Chimie Analytique
2ème année CHIMIE
Janvier 2023
1
Ce cours comprend sept grands chapitres :
1) Les équilibres en solution aqueuse – force ionique d’une solution et activité des ions
2) Les équilibres acido-basiques en solution aqueuse
3) Les équilibres d’oxydo-réduction
4) Les équilibres de complexation en solution aqueuse
5) Equilibres simultanés : complexation et acido-basicité
6) Equilibres simultanés : oxydo-réduction, acido-basicité, complexation
7) Equilibre solide-solution. Précipitation. Dissolution
Ressources pédagogiques
1) Peter Atkins, Loretta Jones
Chemistry: Molecules, Matter and Change
W. H. Freeman, 4th edition (2000)
2) Donald A. McQuarrie, Peter A. Rock
Chimie générale (2e édition)
DeBoeck, Bruxelles (2000)
3) Marie-Odile Delcourt, Nicole Bois, Fouad Chouaib
Equilibres chimiques en solution
De Boeck Université (2001)
4) Maurice Roche, Jean Desbarres, Claude Colin, Alain Jardy, Denise Bauer
Chimie des solutions
Technique et Documentation, Lavoiser (2006)
5) André Durupthy, Jacques Estienne, Magali Giacino, Alain Jaubert, Claude Mesnil
Chimie, 2ème année MPSI-PTSI
Hachette Supérieur (2003)
6) Chimie analytique, SKOOG, WEST et HOLLER, Ed. De Boeck Université (1997)
Chapitre 7 : La chimie en solution aqueuse
Chapitre 8 : L’effet des électrolytes sur les équilibres ioniques
7) Electrochimie analytique et réactions en solution, B. TREMILLON, Ed Masson (1993), p13
8) Mise en évidence expérimentale de l'influence de la force ionique, GIRARD Jérome ;
GIRARD Florence; Bulletin de l'Union des physiciens ISSN 0366-3876 ; 2003, no851, CAH2, pp. 41-52 [12
page(s) (article)] ; Union des physiciens, Paris, FRANCE (1907) (Revue) article joint
CHAPITRE
2
1 : Les équilibres chimiques en solution aqueuse
- Force ionique d’une solution et
activité des ions
Références :
Physico-chimie des solutions ; GABORIAUD, Ed Masson (1996)
Chapitre 8 : Propriétés des solutions diluées - Interactions ioniques en solutions diluées
Chimie analytique, SKOOG, WEST et HOLLER, Ed. De Boeck Université (1997)
Chapitre 7 : La chimie en solution aqueuse
Chapitre 8 : L’effet des électrolytes sur les équilibres ioniques
Electrochimie analytique et réactions en solution, B. TREMILLON, Ed Masson (1993), p13
Mise en évidence expérimentale de l'influence de la force ionique, GIRARD Jérome ; GIRARD Florence;
Bulletin de l'Union des physiciens ISSN 0366-3876 ; 2003, no851, CAH2, pp. 41-52 [12 page(s)
(article)] ; Union des physiciens, Paris, FRANCE (1907) (Revue) article joint
Sommaire :
I. Activité et coefficient d'activité - Modèle de Debye – Hückel
1. Définitions
2. Force ionique, application aux solutions non diluées
3. Modélisation : expressions du coefficient d'activité
4. Relation entre la constante d'équilibre thermodynamique et la constante d'équilibre
II. Application aux solutions (Voir tableaux)
1. Solution d'acide fort HX : Influence du coefficient d'activité sur la valeur du pH
2. Solution d'acide fort H2X : influence du nombre de charges
3. Solution d'acide fort (HX) en présence d'un électrolyte indifférent (NaCl)
4. Solution d'acide faible HA : influence de la force de l'acide
ceci sous entant que les notions exposées sont considérées en milieu dilué et que γi = 1.
Application expérimentale : Toutes les méthodes potentiométriques (avec sondes de mesures
sensibles à la présence d'une espèce i : électrodes) détectent l'activité de i.
3
1.1. Définition
Activité :
L'activité par référence au potentiel chimique i du corps pur i représente l'écart entre le mélange idéal
et le mélange réel.
Remarque :
Le potentiel chimique i est l'enthalpie molaire partielle attribuée à chacun des constituants d'un
mélange de réactifs.
On exprime ainsi : l'enthalpie libre molaire partielle Gi = ni.i
et l'enthalpie libre molaire totale : G = Gi
Coefficient d'activité (GABORIAUD - Thermodynamique appliquée à la chimie des
solutions -1998, p185)
Pour tenir compte de l'environnement ionique de chaque soluté i, il faut introduire un terme
correctif i dans l'expression de l'activité :
Conventions :
ai = 1 pour les constituants ne donnant pas lieu à des variations d'activité : le solvant et les solides en
excès dans une solution saturée.
Expérience :
i 1 pour les solutés non ioniques
i < 1 pour les ions en solution à cause des interactions électrostatiques exercées par les ions entre eux.
Remarque : expérimentalement, les coefficients d'activité des ions ne peuvent pas être déterminés
individuellement. On obtient le coefficient d'activité moyen de l'électrolyte :
= (+. -)0,5.
Les valeurs de sont référencées dans des tables ou est calculé à partir de relations issues de
modèles théoriques.
Notion d'équilibre : Un soluté dissous dans un solvant (par exemple, H2O) n'est pas totalement
décomposé (ionisé) par le solvant, une fraction reste sous sa forme initiale. Cet état d'équilibre est
traduit par la loi d'action de masse qui donne la relation entre les activités des espèces chimiques
présentes dans une solution.
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Equilibre
MLn-1 + L = MLn
Oxydo-réduction a Ox + n e- = b Red
Ka = constant d’acidité
Kd = constant de dissociation du complexe
Kf ou = constante de formation du complexe
Dans l'expression des constantes d'équilibre, les grandeurs entre parenthèses représentent les activités
et les valeurs entre crochets représentent les concentrations. Pour éviter l'ambiguïté des notations, il est
préférable de choisir ai pour l'activité.
Elle permet d’apprécier l’encombrement ionique d’une solution ; elle correspond à la demi-somme de
la concentration de chacun des ions (Ci exprimée en molarité) multipliée par la charge |zi| de cet ion à
la puissance 2.
- Activité (a). Lorsque la force ionique n’est pas négligeable, dans l’expression des constantes
d’équilibre, la concentration ionique doit être remplacée par l’activité a en raison des
interactions entre les ions. En effet a < C sauf à dilution infinie où a = C. (Dans des cas
particuliers de solution très concentrées, a peut être supérieur à C).
C:
5
Le calcul de γ fait intervenir la force ionique I, deux coefficient (A et B) liés au solvant et le rayon de
l’ion solvaté (r ) ; expression issue de la théorie de Debye-Hückel (1923).
- Si ,
- Cette relation est valable pour 5.10-4 < I < 0.1 soit pour les ions polychargés, C<10-2 mol.L-1.
- Le coefficient d'activité intervient pour les électrolytes forts lorsque I > 10-2 mol.L-1.
- Pour les solutions concentrées, un terme correctif fonction de l'électrolyte, est introduit dans
l'expression de log i, on parle alors de la relation de Davies :
Expérimentalement, le pH d'une solution 0.1mol.L-1 d'acide chlorhydrique est 1.1, non pas 1.
Relations utilisées :
1
Force ionique : comme z=1, I (C C X ) C HX
2 H3O
Conditions d'utilisation des relations approchées permettant de calculer :
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Conclusions :
- Dans les solutions très diluées (C<10-2 mol.L-1) : DH G 1.
- Quand 1, la force ionique n'a pas d'influence sur la valeur du pH, la solution peut être
considérée comme idéale : Activité = Concentration
- 2 remarques pour C > 10-2 mol.L-1 :
* DH G 1 la relation de Güntelberg est la mieux appropriée
Pour un calcul rigoureux du pH, il faut prendre en compte la force ionique de la solution.
Relations utilisées :
Les relations utilisées sont les mêmes que pour l'exemple précédent, la différence par rapport à
l'exemple précédent réside dans la valeur de la force ionique et la concentration en H3O+ :
1 1
I= [ 2CH O + + ( 2)2 C X 2- ] = 3CH 2 X [H3O+] = 2C
2 * C° 3 C°
Conclusions :
- Si on tolère 1% d'erreur sur la valeur du pH, à partir de C = 10-3 mol.L-1, il faut prendre en
compte le coefficient d'activité donc la force ionique.
- Si on donne le coefficient d'activité avec 2 décimales, DH G pour C > 10-2mol.L-1, le pH est
calculé à partir de G.
2.3. Solution d'acide fort (HX) en présence d'un électrolyte indifférent (NaCl)
Relations utilisées :
Force ionique :
Quand la concentration en acide HX est très faible, C << C0, c'est donc l'électrolyte indifférent qui
impose la force ionique : I = C + C 0 C0
Expression de log :
Du fait de la présence de l'électrolyte indifférent en concentration élevée,
- il faut prendre en compte la force ionique dans tous les calculs de pH.
log est calculé avec la relation de Davies :
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Conclusions :
La force ionique de la solution est maintenue constante par la forte concentration en électrolyte
indifférent. On parle de tampon de force ionique.
Si le coefficient d'activité est maintenu constant par ajout d'un tampon de force ionique, la mesure E
est une fonction affine de log[F-] ou de pF :
a. Relations utilisées :
pH d'un acide faible : [HA] = C [H3O+] = [A-] H A
Donc
Influence de pKa :
Considérons une solution d’un monoacide faible HA, et, en négligeant la force ionique, calculons la
valeur approchée des concentrations en H3O+ et A- générées par la dissociation de l’acide dans l’eau
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Exemple : Calculons le coefficient d’activité de l’ion K+ dans les différents cas suivants :
3.1. Electrolytes
De nombreux solides ioniques se dissolvent dans l’eau pour donner des électrolytes forts (solutions
dans lesquelles le soluté est entièrement ionisé). Une solution aqueuse de Na+Cl–, par exemple, est un
électrolyte fort. D’autres composés non ioniques peuvent également se dissocier en ions dans l’eau et
donner lieu à des électrolytes forts (l’acide chlorhydrique HCl, par exemple). On parle alors de
composés ionogènes. Lorsque le soluté n’est que partiellement ionisé (des molécules non dissociées
coexistent en solution), on parle d’un électrolyte faible. L’acide acétique CH3COOH, par exemple, se
trouve en solution aqueuse à la fois sous forme moléculaire et sousforme ionique dissociée CH 3COO–
H+.
On différencie expérimentalement les types
d’électrolytes par la mesure de la conductivité
de la solution:Alors que les ions en se déplaçant dans un
champ électrique conduisent l’électricité, les
molécules non dissociées neutres en sont
incapables. Il en résulte que les électrolytes faibles
possèdent une conductivité molaire nettement
moindre que celle des électrolytes forts.
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Le rapport l / s est appelée “constante de la cellule de mesure” car il ne dépend que de sa géométrie.
La mesure expérimentale de G à l’aide d’un conductimètre permet de déduire la conductivité γ de
l’électrolyte.
La conductivité ionique est additive, tous les ions intervenant dans le même sens, soit :
Or
Les valeurs de λ0, définies pour chaque espèce ionique, sont additives (seconde loi de Kohlrausch). Par
exemple:
λ0 (Na+Cl–) = λ0 (Na+) + λ0 (Cl–) = 12.64 mS.m2.mol-1.
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0.4.4 Nombre de transport
La fraction de courant transportée par un ion i est appelé « nombre de transport ti » de l’ion i.
Pour résoudre un exercice, il est nécessaire de parfaitement le situer. Un énoncé donne des éléments à
partir duquel on mène une réflexion.
Pour résoudre un problème, il est absolument nécessaire de :
* savoir calculer les molarités lors des mélanges ou des dilutions de solution ;
- la molarité d’une solution obtenue en mélangeant V1 mL d’une solution de concentration analytique
molaire C1 en composé X avec un volume V2 mL d’eau distillée est égale à :
, le terme est souvent appelé facteur de dilution.
* savoir rendre compte de tous les équilibres mis en jeux en écrivant les constantes, en précisant si
l’activité ai de l’entité chimique i est assimilée à la concentration de Ci de cette entité.
Exemple : Soient les équilibres suivants :
; ;
; ;
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A→ C→ CZ
AX
- si on mélange A avec B, X et Z :
pour une concentration analytique donnée de A avec des
réactifs X et Z.
- si on mélange A et C avec B, X et Z :
* se souvenir que, dans le cas des solutions ioniques, l’électroneutralité est impérative, donc la somme
des charges dues aux ions positifs est obligatoirement égale à la somme des charges dues aux ions
négatifs.
Ceci permet d’établir une relation entre les concentrations des différents ions présents dans la solution.
Par exemple, pour une solution aqueuse contenant des ions Na+, Ca2+, , , et ne
contenant que ces ions, on devra impérativement avoir :
* savoir faire des approximations justifiées : la logique permettra de dire que certaines formes seront
négligeables par rapport à d’autres ; en aucun cas, nulles. Une grandeur est toujours négligeable devant
une autre grandeur. Elle ne peut jamais être considérée comme négligeable isolément. On peut négliger
certaines formes dans le bilan de masse et dans l’électroneutralité. Ne jamais écrire que ces
concentrations négligeables sont égales à zéro ; dans les constantes d’équilibre, aucune concentration
ne peut être nulle.
Attention des énoncés peuvent se ressembles mais les problèmes réels posés peuvent être différents.
4. Chiffres significatifs
Dans tous les exercices, les résultats doivent être rendus avec une précision de l’ordre de celle qui
apparaît dans l’énoncé de l’exercice ou dans les tables.
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TD1 – Force ionique et activité
1. Ecrire les équations des équilibres d’oxydo-réduction de chaque demi-pile et l’équation globale de
fonctionnement de la pile.
2. Exprimer la relation de Nernst associée à chaque demi-pile en considérant les coefficients
d’activité.
3. Exprimer la force électromotrice de la pile en considérant les coefficients d’activité. Simplifier
l’expression pour faire apparaître un terme en 0.12*logC.
4. Dans l’expression de la force électromotrice, rassembler les termes connus (E et 0.12*logC) de
façon à faire apparaître dans l’autre membre de la relation, une quantité dont la valeur limite,
lorsque la concentration tend vers zéro est la grandeur standard cherchée. Vérifier que la relation
obtenue est du type y = b + a*x.
5. Déterminer graphiquement la valeur du potentiel standard de l’électrode Ag/AgCl/Cl- à force
ionique nulle.
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Exercice 4. Dosages acide – base et conductimétrie
Constantes d’acidité à 25°C : pKa
HCl CH3COOH NH4+
(*) Tous les ions sauf H3O+ et OH- ont une conductivité molaire par unité de charge du même ordre
de grandeur. Dans l'exercice, on attribue une valeur moyenne de 6 mS.m2.mol-1 aux ions concernés.
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Chapitre 2 : Equilibres acido-basiques
1. Notion de pH
Les valeurs expérimentales sont en effet influencées par la force ionique de la solution. Si on pose
.
Avantage : l’échelle logarithmique de l’échelle pH permet de couvrir un vaste domaine de
concentration.
Les concentrations habituellement rencontrées en solution aqueuse vont de :
M (pH = 0,00) à M ; donc M (pH = 14,00).
Si M, pH < 0,00 ; pour M, pH = - 0,30
Si M, c’est-à-dire M, pH > 14,00
Inconvénients : à l’inverse, l’échelle logarithmique rend peu compte de petites variations qui
peuvent toutefois parfois être intéressantes à connaître. Ainsi une erreur sur le pH de 0,05 unité revient
à multiplier ou diviser par 1,122, soit 12,2 % d’erreur sur la concentration en protons. Aussi il
est recommandé d’exprimer le pH de 2 unités après la virgule par exemple pH = 7,00.
Enfin, en solution aqueuse, de même que l’on rend compte des concentrations en proton à l’aide
d’une échelle de pH allant habituellement dans l’eau de 0 à 14, on rend compte de l’acidité et de la
basicité des protolytes dans l’eau à l’aide d’une échelle de pKa.
; ; = 14,00 à 25 °C ;
; ; à 25 °C.
Ces relations sont valables pour un couple donné.
Attention : bien définir le couple acide-base dont on parle. Un terme peut appartenir à deux
couples différents (exemple : amphotère).
; soit
Soit
a) Monoacide fort
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Dans la solution existent donc les ions A-, H3O+, OH-
Equation d’électroneutralité : [H3O+] = [A-] + [OH-]
De la relation du produit ionique de l’eau on a :
On remplace dans l’équation de l’électroneutralité les expressions de [A-] et [OH-] pour avoir la
relation suivante :
La résolution de cette équation du second degré à une inconnue nous permet de trouver
+
[H3O ] :
est négligeable,
; pH = - log 2C, si M
b) Monoacide faible Ha
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(1)
► 1ère approximation
Les protons en solution proviennent uniquement de l’action de Ha sur l’eau. On néglige donc
la dissociation ionique de l’eau :
;
(2)
On peut remarquer que (2) ≡ (1) à condition que KeKa soit négligeable par rapport aux termes en
et que Ke soit très petit devant CKa.
► 2ème approximation
Si l’acide est peu dissocié (Ka faible, concentration suffisante), [a-] devient alors négligeable devant
[Ha] et l’on peut écrire que :
C = [Ha]
(3)
►En résumé
Raisonnement rigoureux :
(1)
1ère
approximation : dissociation de l’eau négligeable :
(2)
2ème
approximation : dissociation de l’eau et de l’acide négligeable :
(3)
(2) est identique à (3) si est négligeable devant et devant CKa.
Pour négliger la dissociation de l’acide, il faut que :
, c’est-à-dire
, c’est-à-dire
et donc
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Le même acide est d’autant plus dissocié que sa concentration est plus faible.
A la limite, à dilution infinie, il est totalement dissocié et se comporte un protolyte fort.
On vient de voir comment Ha agit sur l’eau et manifeste son caractère acide, créant le pH de la
solution, lorsqu’il est seul en solution aqueuse. Voyons maintenant comment le pH de la solution agit
sur l’équilibre Ha/a-.
Si on agit sur le pH de la solution, l’équilibre Ha/a- se trouve modifié et tout pH imposé impose la
proportion des deux formes a- et Ha. Il ne s’agit plus d’ici d’un problème de protolyte seul en
solution ; on ne connaît pas obligatoirement la composition exacte de la solution. Toutefois
obligatoirement :
Exemple :
Soit un acide Ha de pKa(Ha/a-) = 4,50, mis en solution dans un tampon de pH = 5,00 (pH
maîtrisé). Quel est le pourcentage d’ionisation de Ha ?
;
;
Considérons une solution contenant l’acide fort HA1 et l’acide fort HA2. Soient C1 et C2 leurs
concentrations analytiques respectives exprimées en molarité :
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On montre, comme précédemment, puisqu’il s’agit d’acides forts, que la limite de concentration,
pour pouvoir négliger la dissociation de l’eau est : C = C1 + C2 > 2.10-6 M.
Considérons une solution contenant l’acide fort HA et l’acide faible Ha. Soient CF et Cf leurs
concentrations analytiques respectives exprimées en molarité :
Considérons une solution contenant l’acide faible Ha1 et l’acide faible Ha2. Soient C1 et C2 leurs
concentrations analytiques respectives exprimées en molarité :
Equation d’électroneutralité :
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Hypothèse : si les acides sont faiblement dissociés et si , et
et
Exemple :
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i. Mélange de type b/bH+
Avec ; .
Si on admet que sont négligeables devant les autres espèces en solution, le recul
d’équilibre peut être considéré comme total :
c) Neutralisation
Exemple :
On mélange 50 mL de solution de HNO3 0,036 M avec 25 mL de solution de KOH 0,042 M, quel est le
pH ?
;
+
quantité de H3O apportée : QA = 50x036 =1,8 mmol
;
-
quantité de OH apportée QB = 25x0.042 = 1,05 mmol.
Quantité de H3O+ neutralisée par OH- = 1,05 mmol ;
quantité de H3O+ restante = 0,75 mmol.
Volume du mélange 75 mL donc [H3O+] = 0,75/75 = 0,01 M
Par conséquent le pH = -log[H3O+] = 2,00 ;
Exemple 2 :
Quel est le pH du mélange de 50 mL de Ha 1,50.10-2 M + 25 mL de NaOH 1,50.10-2 M ? pKa(Ha/a-) =
5,00.
- Quantité initiale de Ha : 50x1.50.10-2 = 0,75 mmol ;
- Quantité de OH- : 25x1.50.10-2 = 0,375 mmol ;
- Quantité de a-, Na+ formée = 0,375 mmol ;
- Quantité de Ha restante = 0,75 – 0,375 = 0,375 mmol. Le volume V est de 75 mL.
Le problème est celui du pH de la solution 5.10-3 M en Ha et 5.10-3 M en a-, Na+
Dans l’hypothèse où [H3O+] et [OH-] sont négligeable, [a-] = [Ha] ; [H3O+] = 10-5 M ;
pH = pKa = 5,00 ; [Na+] = 5.10-3 M ([H3O+] est bien négligeale).
Exemple 2 :
Quel est le pH du mélange de 50 mL de Ha 1,50.10-2 M + 25 mL de NaOH 1.50.10-2 M ? pKa(Ha/a-) =
2,23
- Quantité initiale de Ha = 0,75 mmol ; quantité de OH- = 0,375 mmol ;
- Quantité de a-, Na+ formée = 0,375 mmol ; quantité de Ha restante = 0,375 mmol ; Volume
total de la solution V = 75 mL
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Le problème est celui du pH de d’une solution 5.10-3 M en Ha et 5.10-3 M en a-, Na+ dont le pKa =
2,23.
Attention : ici, compte tenu du pKa, l’hypothèse [H3O+] et [OH-]négligeable est plus qu’audacieuse,
[H3O+] serait alors égal à 5,89.10-3 M ; or [Na+] = 5.10-3 M, [H3O+] n’est en aucun cas négligeable
devant 5.10-3 M.
On peut en revanche affirmer que le pH se situera en zone acide. [OH-] est bien négligeable.
[H3O+] + [Na+] = [a-] ; [H3O+] + 5.10-3 = [a-] ; [Ha] + [a-] = 10-2 M
[Ha] = 10-2 – 5.10-3 - [H3O+]= 5.10-3 - [H3O+]
pH = 2,65 (et non 2,23 que l’on trouve si on fait l’hypothèse fausse que et sont
négligeables).
2. Solutions tampons
En observant la courbe de neutralisation d’un acide faible par une base forte ou d’une base faible par
un acide fort, on voit que, lorsque l’on est en présence d’un mélange acide et base conjugués du même
couple (où l’un des deux est apporté par un sel), c’est-à-dire entre le début de la neutralisation et le
point d’équivalence et plus particulièrement dans le domaine de pH compris entre pKa – 1 et pKa + 1,
le pH varie peu : ceci est dû au fait que acide et base appartiennent au même couple. Ces solutions
constituent des solutions tampons qui de définissent comme des solutions dont :
le pH varie peu lors de l’addition de H3O+ ou OH- ;
le pH ne varie pas par dilution.
Situons-nous dans le cas le plus fréquent où les concentrations à l’équilibre sont assimilables aux
concentrations analytiques.
Soient C la concentration analytique de a- et C’ la concentration analytique de Ha.
Si on dilue la solution, au 1/5ème par exemple, la solution, les concentrations analytiques deviennent :
en ; en ; . Le pH reste donc constant.
Soit par exemple une solution équimolaire 0,10 M en acide éthanoïque AcOH et 0,10 M en éthanoate
de sodium AcO-, Na+. La solution étant relativement concentrée et le Ka relativement faible, les
concentrations en solution peuvent être considérées comme égales aux concentrations analytique.
Donc .
Si on ajoute 0,01 mol de H3O à un litre de solution : 0,01 mol de AcO- est transformée en 0,01 mol de
+
22
La variation du pH est de 0,09 unité. Cette variation est très faible comparativement à celle que nous
aurions obtenue si nous avions ajouté à un litre d’eau pure 0,01 mol de . En effet, le pH serait
passé de 7,00 à pH = 2,00, donc nous aurions eu une variation de pH de 5 unités.
Si on ajoute cette fois 0,01 mol de Na+ OH- à un litre de la solution 0,01 mol de AcOH se transforme
en 0,01 mol de AcO-Na+. Ka et C sont tels que Cana.= Céquilibre.
La variation du pH est de 0,09 unité. Cette variation est très faible comparée à celle que nous aurions
obtenue si nous avions ajouté à un litre d’eau pure 0,01 mol de OH-. En effet le pH serait passé de 7,00
à pH = 12,00, donc nous aurions eu une variation de pH de 5 unités.
► Le fait que le pH d’une solution tampon varie peu lors d’addition de H3O+ ou de OH- se nomme
« l’effet tampon ». Cet effet est obligatoirement limité.
Le couple sera choisi en fonction de la valeur de son afin de répondre au domaine tampon de pH
désiré.
Ainsi on choisira par exemple :
Le couple CH3COOH/CH3COO-Na+ de pour le domaine 4,0 – 5,5 ;
Le couple HCOOH/HCOO-Na de +
pour le domaine 3,0 – 4,5 ;
Le couple NH3/NH4+Cl- de pour les domaines 8,5 – 10.
23
2.2.3. Définition d’une solution tampon
La « capacité tampon » d’une solution traduit sa capacité à « tamponner », c’est-à-dire son aptitude à
s’opposer aux variations de pH lors de l’addition de H3O+ ou de OH-. Cette capacité tampon est définie
comme quantité Q protons H3O+ ou d’ions OH- qui, ajoutée à 1 litre de la solution, entraîne une
variation de pH de 1 unité autour du .
Cette définition a besoin de précision :
Les quantités de H3O+ ou de OH- ne sont pas identique (sauf pour un tampon
équimoléculaire) ;
La quantité « tamponnée » n’est pas indépendante du volume de solution tampon utilisé ;
mais la capacité étant rapporté au litre de solution tampon, elle est la même quelque soit le
volume de solution préparée ;
Le tampon existe entre et , en conséquence la variation ΔpH = 1 est à
considérée autour du et non à partir du pH initial de la solution tampon utilisée.
Exemple :
Soit une solution tampon contenant « a » moles de Ha et « b » moles de a- Na+ par litre : le ph d’une
telle solution est :
Cette capacité tampon n’existe que si 10b > a, c’est-à-dire si le pH de la solution tampon n’est pas
inférieur à .
Calculons sa capacité tampon « basique » y :
Cette capacité tampon n’existe que si 10 a > b, c’est-à-dire si le pH de la solution tampon n’est pas
supérieure à .
pH de la solution = pHs
24
► A retenir
Le pH et la molarité du tampon sont responsables de la capacité tampon. Le pH est
responsable de la différence entre la capacité acide et la capacité alcaline :
Capacité acide = capacité alcaline lorsque pH = pKa
pH < pKa : capacité alcaline > capacité acide
pH > pKa : capacité acide > capacité alcaline.
La molarité est responsable des capacités. Si on dilue, la capacité tampon est divisée par le facteur
de dilution.
a) Exemple
On veut préparer une solution tampon decimolaire de pH = 4,00. On dispose de :
- Solution 0,5 M HCOOH
- Solution 0,3 M AcOH
- Solution 1 M NH3
- Solution d’acide benzoïque (C6H5COOH) 0,25 M
- Cristaux de méthanoate de sodium HCOO-Na+ ;
- Cristaux d’éthanoate de sodium C2H5COO-Na+ (souvent noté AcO- Na+)
- Solution de benzoate de sodium : 0,2 M, de NaOH 0,2 M et HCl 0,5 M
Quel mélange choisir ? Comment préparer 500 mL de tampon décimolaire ? Calculer la capacité
tampon de la solution préparée.
b) Réponses
- Quel mélange choisir ?
On choisira le couple dont le domaine de pH inclut le pH = 4,0. Dans la liste des réactifs proposés, on
pourrait retenir :
HCOOH.HCOO-Na+ ( - zone tampon 3,0 – 4,5)
AcOH/AcO Na (- +
- zone tampon 4,00 – 5,5)
C6H5COOH/C6H5COO Na ( - +
- zone tampon 3,44 – 4,94)
Avec une preference pour HCOOH/HCOO-Na+ ou C6H5COOH/C6H5COO-Na+; la valeur de 4,00 étant
trop limite avec AcOH/AcO-Na+.
3. Polyacides
Un polyacide faible Hna possède plusieurs protons libérables consécutivement. Aux n acidités
correspondent n constantes d’équilibres de à . Par exemple, pour H3a :
Trois équilibres, trois constantes d’équilibre. La nomenclature définie par l’IUPAC (International
Union of Pure and Applied Chemistry) donne à n de le nombre de protons dans la forme acide du
couple. Si on prend l’exemple de l’acide phosphorique H3PO4.
(1ère acidité : la plus forte)
(2ème acidité)
25
(3ème acidité)
; ;
Mais l’habitude persiste de donner à n de le numéro de l’acidité. La 1ère acidité (la plus forte)
; la 2ème acidité ; la 3ème acidité . Quoiqu’il en soit, on lit
habituellement : « les sont respectivement 2,23 ; 7,21 ; 12,32 » ce qui impérativement que :
La première acidité a pour correspond au couple
La deuxième acidité a pour correspond au couple
La troisième acidité a pour correspond au couple
Acides minéraux
H2S 7,0 14,0
H3PO4 2,23 7,21 12,32
CO2 (H2CO3) 6,35 10,25
Acides organiques
Acide oxalique (COOH)2 1,25 4,28
Acide tartrique (CHOH.COOH)2 3,04 4,37
Acide succinique (CH2COOH)2 4,19 5,48
Acide adipique ((CH2)2-COOH)2 4,42 5,41
Acide citrique COOH-CH2-C(OH,COOH)-CH2COOH 2,94 4,14 5,82
Espèces en solution : , , , , .
On cherche la relation ;
26
Sans négliger la dissociation de l’eau, on aurait une équation en Quelles simplifications
envisager ?
- Si les acidités sont suffisamment différentes on peut considérer que seule l’acidité la plus forte
s’exprime.
Exemple : pH d’une solution de polyacide minérale comme H3PO4
; ; ;
H3PO4 se comporte comme un monoacide de et de concentration C. Il est donc évident,
compte tenu de l’importance du Ka, que l’on ne pourra pas négliger la dissociation de l’acide (il
faudrait C > 104.10-2,23…ce ne sera jamais le cas).
- Si les acidités sont proches, la deuxième acidité pourra s’exprimer lorsque le diacide est seul en
solution aqueuse, selon les importances respectives de la concentration C, et des deux Ka.
Les polyacides sont utilisés, en solution, essentiellement en présence de leur(s) sel(s). Il est très utile
de savoir prévoir les formes en solution selon le pH, afin de s’affranchir des formes présentes à des
concentrations négligeables. C’est dans ce but que l’on étudiera le diagramme de distribution des
espèces d’une part pour des polyacides dont les acidités sont titrables séparément et d’autre part pour
les polyacides dont les acidités sont proches. Une différence importante existe entre les deux.
A chaque forme correspond un α, noté αn. L’indice n représente le nombre de protons existant dans
l’espèce étudiée, ainsi :
Comme
1.
Exprimons toutes les formes de par rapport à la forme :
27
2.
Exprimons chacune des formes par rapport à :
3.
4.
(même raisonnement)
Traçons la courbe
28
Nous pouvons conclure et retenir que lorsque :
pH < 4,72, les seules espèces mesurables en solution sont celles appartenant au couple
;
4,72 < pH < 9,76, les seules espèces mesurables en solution sont celles appartenant au
couple ;
pH > 9,76, les seules espèces mesurables en solution sont celles appartenant au couple
.
Attention : ces courbes signifient que, si on donne au pH une valeur x, les α prennent les valeurs
représentées, par exemple : 0 < pH < 5 ; prend la valeur correspondante.
Cela ne signifie pas que le pH est créé par H3PO4 mis en solution pour toutes ces valeurs. Si C est la
concentration analytique de H3PO4, signifie que :
3.3. Diagramme de distribution des espèces pour les diacides de pKa proches
1.
2.
29
serait négatif ce qui est impossible.
; n’existe jamais seul en solution.
Quelle est la valeur maximale possible pour ?
Valeur maximale de en fonction de ;
S’annule pour
3.
Traçons la courbe
30
Il suffit d’observer ce diagramme de distribution des espèces pour constater qu’il existe une zone de
pH où coexistent les formes a2- et H2a. Lorsque a2- devient négligeable, H2a ne l’est pas et
réciproquement. Ha- ne peut donc exister seul en solution et α1 < 1.
Il existe donc deux types de sels très différents l’un de l’autre, puisque le premier possède encore un
proton donc, de ce fait un caractère acide, le second ne pouvant être que basique.
Par exemple : le sel NaHa sel mono-hydrogéné de l’acide H2a est un électrolyte fort. Mis en solution
aqueuse, il donne immédiatement Na+ et Ha-. Ha- peut être à la fois acide et base, c’est un amphotère :
Le pH est indépendant de C.
Observer bien que l’on retrouve la valeur démontrée pour α1 maximum dans le paragraphe précédent ;
lequel peut être égal à 1 lorsque les acidités du polyacide sont titrables séparément.
Le pH sera celui d’une polybase. En effet, prenons l’exemple de Na2a (électrolyte fort) qui donne en
solution 2Na+ et a2- ; a2- est une dibase faible.
31
Si et sont de même ordre de grandeur, on considère toute les formes :
Prenons comme exemple l’acide phosphorique H3PO4 qui possède 3H et peut donner trois réactions de
titration différentes :
Cette quantité .
On considèrera que le volume V reste constant pendant tout le titrage. La quantité de base
introduite .
pH initial, …. (cf, H3PO4 seul en solution).
0 < x < 1 : avant le premier point d’équivalence, on est en présence d’un mélange H3PO4 et
Na+H2PO4-.
Quantité de OH- introduite = ; quantité Na+H2PO4- formé = . Quantité restante de
H3PO4 = = .
Dans l’hypothèse de recul complet d’équilibre
Pour une valeur de pKa, il s’agit d’une approximation qui est suffisante pour décrire la
courbe. Toutefois, pour le cas particulier que représente x = 0,5 (la demi-neutralisation de la
première acidité), si l’on calcule de façon rigoureuse le pH, par exemple lors du titrage
d’une solution 10-2 M de H3PO4, le pH calculé est de 2,65 (et non 2,23 si l’on faisait
l’hypothèse du recul complet d’équilibre).
x = 1, seul Na+H2PO4- est en solution ; tout se passe comme si on avait mmol de
+ -
Na H2PO4 en solution aqueuse.
Na+H2PO4- dihydrogénophosphate de sodium est un amphotère. Il appartient aux deux
couples : H3PO4/H2PO4- et H2PO4-/HPO42-,
1 < x < 2, avant le deuxième point d’équivalence, on est en présence d’un mélange de
et 2 ,
-
Quantité de OH totale introduite = .
32
Quantité de formée = quantité de OH- apportée en excès après transformation
complète de mmol H3PO4 en , soit .
Il reste une quantité de =
33
TD2 : Equilibres acido-basiques en solution
aqueuse
Exercice 1 :
Le pH du sang est égal à 7,4.
1) Calculer à ce pH les pourcentages des formes ionisée et moléculaire du phénobarbital (HP)
(médicament sédatif), sachant qu’il se comporte comme un monoacide dont le pKa est 7,3.
2) Le résultat obtenu était-il prévisible ? Justifier votre réponse.
L’éphédrine (B) est une amine secondaire vasoconstrictrice dont le pKa est 9,5.
3) Calculer le pH du sang, les pourcentages des formes ionisées et moléculaire de l’éphédrine.
4) En déduire sous quelle forme l’éphédrine se trouve dans l’organisme.
Données: (pKa)
2.
a) Montrer que sauf dans un certain domaine de pH, que l’on précisera ultérieurement, chacune des
fonctions f3 et f4 peut être assimilée à des droites dont on écrira les équations.
34
b) Montrer que ces droites se coupent en un point S1, dont on précisera la position.
c) Pour préciser, en fonction de pKa, le domaine de pH où l’approximation linéaire cesse d’être
valable, on admettra que cette approximation n’est plus valable lorsque l’écart en valeur absolue entre
la valeur de log[A-] ou de log[AH] et la valeur que l’on obtiendrait en utilisant l’approximation linéaire
devient supérieur à 0,01. Montrer dans ces conditions, ce domaines de pH est défini par :
3.
Représenter sur un même diagramme les quatre fonctions précédentes pour une solution d’acide
acétique à la concentration 10-1 M. pKa(CH3COOH/CH3COO-) = 4,70
B. Utilisation du diagramme
Exercice 4 :
1) Calculer le pH de solutions aqueuses d’acide phosphorique : 10-1 M ; 10-2 M ; 10-3 M ; 10-4 M.
2) Pour chacune d’entre elles, calculer le pourcentage d’ionisation.
3) Vérifier la 2ème acidité peut être négligé.
Ka3 = 10-2,23 ; Ka2 = 10-7,21 ; Ka1 = 10-12,32
35
x 0,92 0,94 0,96 0,98
Exercice 7 : Objectif : comprendre que la seule dissolution dans l’eau d’un protolyte
polyfonctionnel ne permet pas d’obtenir la forme unique Hna ou an-
Soit une solution de H3a dont les pKa sont respectivement : 2,50 ; 7,0 ; 11,50
a) Pour quelle valeur de pH la forme H3a existe-t-elle seule en solution ?
b) Comment obtenir ce pH à patir de 200 mL d’une solution 10-2 M de H3a ?
c) Pour quelle valeur de pH la forme a2- existe-t-elle seule en solution ?
d) Comment obtenir ce pH à partir de 200 mL d’une solution 10-2 M de Na3a ?
Exercice 10
Tracer la courbe de neutralisation de 10,0 cm3 de solution d’acide phosphorique 0,100 M par l’hydroxyde de
potassium de même titre. Dans ce but, établir les différentes formules à appliquer pour le calcul du pH pour x
variant de 0 à 3, et faire le calcule numérique pour x égal à : 0 ; 0,25 ; 0,50 ; 0,75 ; 1,00 ; 1,25 ; 1,50 ; 2,00 ;
2,25 ; 2,50 ; 2,75 ; 3,00.
1) Sans tenir compte de la variation de volume ;
2) En tenant compte de la variation de volume.
Dans les deux cas, on calculera le pH :
a) En appliquant la formule « approchées » de calcul du pH.
b) En utilisant les formules « générales » de calcul du pH
3) En tirer des conclusions.
Données : H3PO4 : pKa3 = 2,1 ; pKa2 = 7,2 ; pKa1 = 12,4
36
Exercice 11
1. On considère, au moins provisoirement, le pH de la solution comme une variable indépendante pouvant
prendre toutes les valeurs comprises entre 0 et 14. Expliciter en fonction de Ka (constante d’acidité du
couple HA/A-), Ke (produit ionique de l’eau) = 1014 et c (concentration de A- ou de AH) les relations
suivantes :
a) log[H3O+] = f1(pH) ; b) log[OH-] = f2(pH) ; c) log[A-] = f3(pH) ; d) log[HA] = f4(pH).
Les fonctions c) et d) seront établis de façon rigoureuse sans faire des approximations habituelles des
calculs de pH.
2.
a) Montrer que sauf dans un certain domaine de pH ; que l’on précisera ultérieurement, chacune des
fonctions f3 et f4 peut être assimilée à des droites dont écrira les équations.
b) Montrer que ces droites se coupent en un point S1, dont on précisera la position.
c) Pour préciser, en fonction de , le domaine de pH où l’approximation linéaire cesse d’être valable,
on admettra que cette approximation n’est plus valable lorsque l’écart en valeur absolue entre la valeur
correcte de log[A-] ou de log[HA] et la valeur que l’on obtiendrait en utilisant l’approximation linéaire
devient supérieure à 0,01.
d) Montrer que dans ces conditions, ce domaine de pH est défini par : .
3. Représenter sur un même diagramme les quatre fonctions précédentes pour une solution d’acide
acétique à la concentration 10-4 M.
37
CHAPITRE3 : Equilibre de Complexation
1. Grandeur thermodynamique définissant la force d’un couple ou la
stabilité d’un complexe
Contrairement aux cas précédents où la particule échangée est un électron (redox) ou un proton (acide-
base), la réaction de fixation d’un ligand L ou complexation est un vrai équilibre chimique puisque le
ligand L peut exister à l’état libre en solution. Par exemple, on obtient le complexe en
mélangeant une solution contenant l’ion fluorure avec une solution contenant l’ion :
Afin de simplifier l’écriture, on omettra les charges des espèces ioniques. La réaction de complexation
s’écrit alors dans le cas simple de la formation d’un complexe 1:1
Un couple est d’autant plus stable que KML est plus grand.
Remarque : cette notation est semblable à celle utilisée pour caractériser un couple acido-basique ; on
observera cependant une différence dans la définition de la constante K, inversée pour Ka.
H+ Base Acide
L M ML
Une telle notation permet de traiter ensemble avec beaucoup de simplicité les équilibres simultanés de
complexation et de protonation (voir chapitre suivant), ces derniers pouvant être considérés comme
une complexation de la base par le ligand H+, avec une constante de complexation .
Semblablement au pH, on utilise la notation : pL = - log|L|
38
2. Echelle de . Stabilité comparée de différents complexes
Un complexe est d’autant plus stable que est plus grand (voir ci-dessous). Il n’est pas aussi
simple que précédemment d’établir des tableaux classant les couples M/ML selon leur force, comme
on l’a fait pour les couples redox ou acide-base. La raison en est la multitude des ligands L, alors qu’il
n’existe qu’un type d’électron ou de proton. Il en résulte une grande diversité dans les complexations.
Afin de simplifier l’approche de ces réactions, on va procéder par étapes et établir à cette fin plusieurs
types de tableaux sur lesquels on raisonnera séparément avant de considérer la situation la plus
générale.
Donneur Accepteur
-∞
Pouvoir Accepteur
« force » croissante
Pouvoir Donneur
« force » croissante
croissante
croissante
+∞
Comme an l’a vu avec les polyacides, qui ont fixé plusieurs H+, de nombreux ions métalliques forment
avec le ligand donné plusieurs complexes successifs :
Examinons le cas des complexes de l’ion mercure(II) Hg2+ avec l’ammoniac NH3 :
39
Tableau 1 : complexe successifs de Hg2+ avec NH3
Donneur Accepteur + L
8,8
17,5
18,5
19,3
Domaines de prédominance
Il est intéressant de connaître dans chaque situation les espèces dominantes et celles qui sont en
quantités négligeables. On utilise pour cela le coefficient de réactions multiples
où
Au fur et à mesure que l’on augmente apparaissent successivement les complexes depuis i = 1
jusqu’à n.
- Celui où l’un des complexes ML domine le précédent ou le suivant d’un facteur 10, alors :
Application
Dans l’exemple Hg2+/NH3 (cf. Tableau 1), avec les charges omises, on peut écrire :
40
A chaque concentration de NH3, il est aisé de voir quelles sont les espèces dominantes et de calculer
leurs concentrations. Dans ce cas présent, les formes
, et ne peuvent être isolées car leurs coefficients β sont proches
(cf § 2.4).
ce qui mène à :
et
Application : Dans une solution contenant les espèces : Hg2+, Cl-, Br-, I-, NH3, l’ion Hg2+ sera
prioritairement complexé en HgI+, puis s’il reste des ions Hg2+ en excès, à peu près à égalité en HgBr+
et Hg(NH3)2+, plus les complexes amminés supérieurs. Si on mélange I- à ne solution contenant HgCl+,
ce dernier ce détruit au profit de HgI+.
41
Zn2+ + Y4- 16,5 ZnY2-
Ag+ + Y4- 7,3 AgY3-
est représenté par Y4-. C’est un excellent complexant qui réagit sur de très nombreux ions métalliques
avec des constantes de complexations élevées, raison pour laquelle il est très utilisé.
D2 A2
Force
Comme pour les échanges d’électrons ou de proton, la réaction dominante se fait toujours selon :
Donneur le plus fort + Accepter le plus fort Accepteur le plus faible + Donneur le plus faible
soit selon la diagonale du tableau (mélange réactif), qui correspond ici à la formation du complexe le
plus stable (= donneur le plus faible). Pour des réactifs en quantités équimolaires, la réaction est totale
à mieux que 1 % près à la condition : ΔlogK > 4 (le raisonnement est identique à celui des équilibres
acide-base).
En revanche, si les réactifs sont situées sur la diagonale défavorable (mélange peu réactif), la
réaction ne se fait pratiquement pas : elle se fait à moins de 1 % pour des réactifs en quantité
équimolaires si ΔlogK > 4.
La situation ΔlogK < 4 aboutit à un équilibre où les deux donneurs et les deux accepteurs coexistent.
42
Applications
1) Une solution de FeY- est stable en présence d’ions Ag+. En revanche, le complexe AgY3- est
détruit par addition d’une solution de Fe3+ , car la réaction :
est totale (mélange réactif et ΔlogK = 17,8 >> 4). On se reportera au tableau 3.
au début Co Co 0 0
Par exemple :
au début Co Co 0
à l’équilibre Co(1-α) Co(1-α) αCo
où
43
Pour : Co = 10-4 mol.L-1, on obtient
Co = 10-2 mol.L-1, on obtient
Le second complexe est très largement majoritaire. Les résultats montrent que la dilution (faible Co)
favorise la coexistence des deux formes.
De façon générale, la réaction entre quantités initiales Co équimolaires est totale à moins de 1 % près
si :
Soit
En revanche si l’écart entre les deux valeurs de β est petit, les deux complexes coexistent : par
exemple on ne peut trouver de conditions pour lesquelles soit formé séparément l’un ou l’autre des
complexes Hg(NH3)2+ et Hg(NH3) comme vu précédemment en 2.1. (Tableau 1).
Le nombre de ligands potentiels étant très grand, il existe un grand nombre de données numériques
concernant les constantes de complexation.
La molécule d’eau, qui comporte deux doublets libres sur l’atome O, peut se comporter en ligand et
faire des aquo-complexes. Par exemple, en solution aqueuse, les hexachloro-iridates et –platinates
échangent lentement leurs ligands Cl- avec des molécules H2O selon :
Pour éviter ce phénomène appelé aquation, on conserve les chlorocomplexe dans l’eau en présence
d’un excès d’ions Cl-. Un autre exemple est le complexe de cuivre , d’une belle couleur
bleue (tandis que l’ion Cu2+ est incolore mais ne peut être observé en présence d’eau : les cristaux de
CuSO4 anhydre sont blancs, mais s’hydratent facilement en prenant la couleur bleue).
Cependant, le pouvoir complexant de H2O est très inférieur à celui de la plupart des ligands utilisés
(EDTA, NH3,…) de sorte que, même en présence d’un grand excès d’eau (solvant), les aquo-
complexes sont souvent négligeables devant les autres complexes.
Selon le pH, l’eau peut se comporter aussi comme source d’ions OH- qui complexent facilement les
ions métalliques en hydroxydes métalliques : la formation d’hydroxydes métalliques doit être traitée au
même titre que les autres réactions de complexation ( cf. §6. Suivant).
En réalité, l’eau a des actions multiples : outre la solvatation des ions (provoquant par exemple
l’hydrolyse ), elle intervient par son pouvoir acido-basique et parfois
par son pouvoir rédox. Les équilibres simultanés ainsi engendrés seront étudiés dans les prochains
chapitres.
44
4. Définition du pL. Calcul de pL
On définit :
Soit une solution contenant ML et M aux concentrations initiales CD et CA. En ajoutant une quantité de
ligand L, on forma davantage de complexe ML.
Concentrations initiales CD CA 0
Concentration à l’équilibre CD
D’où :
45
4.2. Amphotérisation des complexes
L’amphotérisation est la situation où une seule espèce donne naissance à deux espèces distinctes, l’une
moins complexée, l’autre plus complexée. Dans le cas des complexations multiples, tout complexe non
saturé peut y donner lieu, par exemple ML si ML2 existe.
ML peut s’amphotériser en M et ML2 lorsque K n’est pas négligeable. Nous avons rencontré une telle
situation en 2.1. : le complexe Hg(NH3)2+ (formé par exemple au cours du titrage de Hg2+ par NH3)
s’amphotérise partiellement en Hg2+ et Hg(NH3)22+ :
Les deux formes M et ML2 sont produites par amphotérisation en quantités égales :
D’où :
Soit :
Si l’on fait l’approximation que la dissociation des complexes les plus stables est négligeable, le pL est
alors celui d’une solution du complexe le moins stable (correspondant au plus petit K), comme s’il
était seul.
Initialement C1 C2
46
Deux systèmes donneur/accepteur sont en présence, pour lesquels chacune des deux équations
suivantes est vérifié :
Bilan de M1 :
Bilan de M2 :
Bilan de L :
Soit :
De la constante :
on déduit :
relation équivalente à :
47
dans le cas de l’acido-basicité.
Au début Co 0 0
0<x<1
pL
log KML +1
log KML
log KML -1
-log Co
x
0,5 1 2
48
5.2. Domaines de prédominance
Donneur Accepteur
ML M
pL
logKML
La frontière entre les deux zones de prédominance autour de logKML. Son épaisseur est de 1 unité de
part et d’autre de logKML, pour une prédominance à au moins 90 %. De façon plus précise, on peut
représenter en fonction de pL le pourcentage de chaque espèce, obtenu par la relation :
%M 0,1 1 10 50 90 99 99,9
%ML 99,9 99 90 50 10 1 0,1
49
TD3 : Equilibre de Complexation
Exercice 1 : Formation de complexes
1) Soit les espèces suivantes :
[Cu(NH3)4]2+ ; [Co(NH3)6]3+ ; [Ag(CN)2]- ; [Fe(CN)6]3- ; [Fe(CN)6]4- ; Cu+ ; Co2+ ; Co3+ ; Ag+ ; Fe3+.
a) L’ammoniac et l’ion cyanure sont des ligands monodentates. Justifier cette affirmation.
b) Former tous les couples donneur-accepteur de ligands possibles avec ces espèces.
c) Donner l’expression de la constante globale βn de chacun des complexes ainsi repérés.
2) L’ion oxalate ou ethanedioate C2O42-, soit –O2C-CO2- est un ligand bidentate. Il donne :
- Avec les ions strontium (II) Sr2+, un complexe d’indice de coordination 2 ;
- Avec les ions cadmium (II) Cd2+, un complexe d’indice de coordination 4 ;
- Avec les ions aluminium (III) Al3+, un complexe d’indice de coordination 6 .
a) Préciser le sens des termes : bidentate et indice de coordination.
b) Ecrire la formule des trois complexes considérés.
c) Donner l’expression de la constante globale de formation βn de chacun de ces complexes.
50
I.1.2. Equilibre Al3+ / F- en fonction de pF
I.1.2.1. Calculer la valeur de 6, constante de formation globale du complexe AlF63- .
I.1.2.2. Sur le diagramme de distribution Al3+/ F- joint, noter les constantes d’équilibre et
identifier les courbes.
2. Déplacement de complexes
Une masse de 21mg du sel Na3AlF6 est dissoute puis transférée dans une fiole de 100mL, le pH est
ajusté à 9,5 avant de compléter à 100mL avec de l’eau permutée.
51
Chapitre 4 : Equilibres simultanés :
complexation et acido-basicité
1. Réaction principale de complexation avec réactions secondaires
acide/base
Parmi les ligands L susceptibles de complexer les ions métalliques M, beaucoup sont sensibles au pH :
eux-mêmes membres d’un couple acido-basique, ils se trouvent selon le pH du milieu plutôt sous leur
forme basique (voir : domaines de prédominance). Leur pouvoir de complexation varie beaucoup avec
leur état de protonation : le plus souvent la forme basique anionique (par exemple CH3COO-, F-, OH-
…) est bien meilleur complexant que la forme neutre (CH3COOH, HF, H2O…). Il en résulte que les
variations de pH peuvent avoir un effet indirect considérable sur les équilibres de complexation.
L’objectif de ce chapitre est de prévoir ces effets.
En ce qui concerne les complexes hydroxydes (dans lesquels le ligand est OH-), par exemple :
La protonation peut se poursuivre plus avant, chaque étape étant alors caractérisée par une constante
et/ou :
52
- La réaction secondaire de formation d’hydroxyde
caractérisé par :
(écriture dans laquelle tous les signes ont été omis. M est lui-même un ion métallique chargé)
Où :
n’est pas une vraie constante thermodynamique comme qui ne dépend que de la
température : dépend aussi d’une autre condition imposée par le milieu, c’est le pH dans la cas
étudié.
pH pH
Complexation indépendante du pH
Complexation dépendante du pH
Figure 1 : Comparaison des constante conditionnelles de complexation conditionnelle pour des systèmes
dépendant et indépendant du pH
53
La connaissance de donne accès rapidement à la complexation de la solution dans des situations
qui peuvent être assez compliquées : le rapport de la forme complexée par L (réaction
principale) à toutes les autres formes M’ est connus si sont connus. Les applications en
sont nombreuses en chimie analytique.
Chacun d’eux est un coefficient de réactions multiples tel que défini précédemment. Ceci permet
d’écrire la réaction entre les constantes K :
Soit
Chaque terme de cette somme peut être relié aux constantes d’acidité.
En effet :
Soit :
Avec :
Soit :
Attention : la numérotation des polyacides se fait impérativement dans l’ordre de la fixation successive de
protons à partir de la forme la plus basique (convention contraire à l’habitude).
54
De la même façon, généralement le cation métallique M forme des hydroxydes, d’où l’expression :
Chaque terme de cette somme peut être relié aux constantes de complexation en hydroxydes :
Soit :
Avec :
Remarque :
On trace les courbes et en fonction du pH afin d’obtenir rapidement la valeur de au
pH concerné.
Par définition . La valeur 1 correspond à la situation où la réaction secondaire concernée est
négligeable.
Quelques exemples des courbes sont étudiés dans les paragraphes suivants.
2. Exemples d’applications
pH 0 2 4 6
55
Figure 2 : variation du coefficient de réaction secondaire de l’ion acétate avec le pH. La partie rectiligne de la
courbe a une pente voisine de – 1.
L’ion EDTA, excellent ligand dont l’usage est très répandu, est une tétrabase, donc capable de fixer
successivement quatre protons. Il lui correspond un pKa.
Couple
10,3 10,3 + 6,2 = 16,5 16,5 + 2,7 = 19,2 19,2 + 2,0 = 21,2
La fonction est facile à programmer, par exemple sur calculette. Ci-dessous figurent quelques valeurs.
pH 2 4 6 8 10
56
Figure 3 : Coefficient de complexation en fonction du pH
2.3. L’ion métallique est Zn2+ qui forme avec OH- des hydroxydes
pH 14 12 10 9,5 9 8
57
On remarque que la pente est inversée par rapport aux autres courbes, car c’est OH- et non H+ qui
intervient dans la complexation.
Aux pH élevés (> 10) ce sont les complexes hydroxydes de degrés n = 3 et 4 qui dominent.
Les réactions de complexation sont très largement utilisées en chimie analytique : afin de doser un
élément recherché, on doit s’assurer que la réaction est quantitative (c’est-à-dire quasiment totale) et
qu’elle n’est pas perturbée par une réaction secondaire. L’accès aux constantes conditionnelles facilite
grandement l’analyse chimique comme l’illustre le problème ci-dessous.
On se propose de doser en solution aqueuse du baryum (Ba2+) en présence de mercure (Hg2+) par
l’EDTA (Y4-) :
1) Pour chacun des complexes BaY2- et HgY2-, donner l’expression de la constante conditionnelle
K’ en fonction de la constante K de l’équilibre principal de complexation de l’ion métallique
(Ba2+ ou Hg2+) par l’ion Y4- et des coefficients des réactions secondaires de complexation
et .
2) Calculer log K’ pour les valeurs de pH mentionnées dans le tableau ci-dessous. En déduire pour
chacun des complexes le pH pour lequel le complexe formé est le plus stable.
3) Dans quel domaine de pH faut-il se placer pour le dosage complexométrique du baryum (seul),
à une concentration de l’ordre 10-1 mol.L-1, par l’EDTA 1 mol.L-1 soit possible avec une
précision d’au moins 0,1 % ?
58
4) Le dosage est perturbé par la présence d’ions Hg2+ : dans quel domaine de pH faut-il se placer
pour que le dosage du baryum par l’EDTA en présence de mercure soit possible avec la même
précision de 0,1 % ?
Données
Constantes de complexation KBaY = 107,8 et KHgY = 1021,8
pH 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14
0 0 0,5 1,9 3,9 5,9 7,9 9,9 11,9 13,9 15,9 17,9 20,9 21,9
0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0,1 0,5
17,4 13,7 10,8 8,6 6,6 4,8 3,4 2,3 1,4 0,5 0,1 0 0 0
Solution
Remarque : le milieu favorable au complexe HgY2- qui est plus stable que BaY2-. Le but est ici
d’exploiter habilement les réactions secondaires pour doser Ba2+ sans complexer Hg2+
1) 1er système :
Réaction principale :
Réactions secondaires :
D’où :
2ème système :
Réaction principale :
Réactions secondaires :
D’où :
59
pH 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14
-9,6 -5,9 -3,0 -0,8 1,2 3,0 4,4 5,5 6,4 7,3 7,7 7,8 7,7 7,3
4,40 8,1 10,5 11,3 11,3 11,1 10,5 9,6 8,5 7,4 5,8 3,9 1,6 0,1
-14 -14 -13,5 -12,5 -10,1 -8,1 -6,1 -4,1 -2,1 -0,1 1,9 3,9 6,1 7,4
La stabilité du complexe BaY est maximale à pH = 12, celle du complexe HgY vers pH = 4 à 5. Dans
un large domaine de pH (pH < 10), le complexe de mercure est plus stable que le complexe baryum et
gêne donc considérablement le dosage en consommant l’EDTA.
3) Baryum seul. Le dosage sera précis à 0,1 % si la réaction est quasi-totale, le résidu de baryum
non complexé ne représente pas plus de 0,1 %, soit :
Or :
60
simultanément, la réaction de complexation de Hg2+ par EDTA ne doit se faire à plus de 0,1
%, soit :
Alors le quotient :
doit être
Soit encore :
Le tableau et la courbe figure 5 montrent que cette condition n’est satisfaite qu’à . Le
complexe HgY étant très stable, plus que BaY. On utilise l’aptitude de Hg à former des hydroxydes
2+
en compétition avec HgY : à très fort pH, les hydroxydes parviennent à masquer Hg2+ vis-à-vis de Y
(masquage cf. § 5).
Nous avons examiné diverses possibilités de réactions principales perturbées par un type de réactions
secondaire. On peut très simplement, en gardant le même formalisme, généraliser le traitement des
équilibres simultanés en augmentant le nombre de réactions seconadires.
Le couple principal métal/ligand étant M/L, on définit les coefficients de réactions secondaires :
où
où
On raisonne sur la constante conditionnelle :
La réaction principale :
61
Complexation par OH- en
Protonation successives en
Il existe donc simultanément une quinzaine d’espèces chimiques dans la solution, ce qui rend délicat le
traitement de tous ces équilibres indépendants. L’utilisation des constantes conditionnelles facilite
grandement ce traitement. La constante conditionnelle de complexation s’écrit :
où :
Calcul de
Des valeurs : , on déduit :
62
-3 -2 -1 0
Calcul de
APPLICATION
On s’intéresse au complexe ZnY2- en milieu tamponné par l’ammoniac. Partant d’un mélange initial
équimolaire en Zn2+ et Y4- de concentrations Co, quelle est la fraction de Zinc qui se trouve à
l’équilibre sous une forme autre que ZnY2- ?
Données :
Co = 10-2 mol.L-1
Concentration du tampon
63
Solution
Le tampon est caractérisé par
Soit
D’où :
Cette constante est encore très grande, par conséquent l’équilibre de complexation est très favorable au
complexe ZnY. On aura donc :
Soit :
D’où :
64
Cette valeur reste cependant encore élevée. Le même calcul donne :
Dans les deux paragraphes précédents, on a vu que la présence de réactions secondaires peut dévaler la
constante conditionnelle de complexation de nombreux ordres de grandeur (10 ordre de grandeur dans
l’application §4) : il peut arriver que la constante conditionnelle deviennent si faible que la réaction
principale ne se fasse plus. On dit alors que la réaction principale est masquée.
65
TD4 : Equilibres simultanés : complexation et
acido-basicité
Exercice 1:
Le complexe CdY2- est caractérisé par la constant log β = 16.0
La particule complexante Y4- a des propriétés basiques :
H4Y pK4 = 2.0 pK3 = 2.7 pK2= 6.2 pK1 = 10.3
Le cation Cd a des propriétés acides: le complexe CdOH+ est caractérisé par la constante
2+
log β1 = 5.0
Analyser qualitativement l’évolution de la stabilité du complexe CdY2- en fonction du pH du milieu
réactionnel.
Construire le diagramme pKcapp = f (pH).
CdY2- à la concentration 10-2 mol/L est-il stable à pH = 4.0 ?
CdY2- à la concentration 10-4 mol/L est-il stable à pH = 4.0 ?
Dans quel domaine de pH la réaction de Cd2+ sur Y4- est- elle quantitative à 1% près ?
Exercice 2 :
On dissout 0.01M de complexe AgY3-
Dans une solution de NH3 1 M à pH 12. On cherche à déterminer la nature et la composition des espèces
chimiques en solution à l’équilibre.
1) Montrer qu’à ce pH, NH3 et Y4- ne subisse pas de protonation notable.
2) En considérant que la réaction :
Ag+ + Y4- --------------- AgY3-
Est la réaction principale, écrire le coefficient de réaction secondaire α Ag(NH3). En déduire les
concentrations des différents complexes d’argent à l’équilibre.
On donne les constantes d’équilibre de formation des complexes :
AgY3- log K = 7.3
Ag(NH3)+ log K = 3.4
Ag(NH3)+ log K = 4.0
Exercice 3 :
La glycine (HB) est un acide trop faible (pKa = 9.7) pour que l’on puisse le doser par la soude en aqueux. En
présence de cations métalliques comme Mg2+ ou Cu 2+, l’acidité apparente augmente ; évaluer la précision
attendue pour le dosage d’une solution 0.01 M de glycine dans les conditions suivantes :
a) Sans sels métalliques ;
b) En présence de Mg2+ 0.02 M ;
c) En présence de Cu2+ 0.02 M
Pour l’évaluation de la précision du dosage, admettre que le pH au terme du dosage sera situé dans un intervalle
de 1 pH centré au point équivalent théorique.
Mg 2 B Cu 2 B Cu 2 OH
10 3.1
10 8.1
10 5.7
MgB CuB CuOH
66
Exercice 4
On se propose de doser des traces de mercure Hg2+ (environ 10-7 mol L-1) par l’EDTA (H4Y) en solution
aqueuse à la concentration de 10-4 mol L-1.
1) Donner l’expression de la constante conditionnelle K’ en fonction de la constante K de l’équilibre
principal de complexation de l’ion Hg2+ par l’ion Y4- et des coefficients des réactions secondaires αHg(OH)
et αY(H).
2) Calculer log K’ pour les valeurs de pH mentionnées dans le tableau ci-dessous. A quel pH le complexe
formé est-il plus stable ?
3) Afin de matérialiser la fin de complexation, on utilise un indicateur de fin de réaction l’orangé de
Xylénol qui impose d’opérer à pH = 3. Dans ces conditions opératoires, peut-on selon votre avis,
obtenir une complexation complète à 0,1 % ?
Données
Constante de complexation :
Valeurs de α à différent pH
pH 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
logαHg(OH) 0 0 0,5 1,9 3,9 5,9 7,9 9,9 11,9 13,9 15,9 17,5
logαY(H) 17,4 13,7 10,8 8,6 6,6 4,8 3,4 2,3 1,4 0,5 0,1 0
Exercice 5
L’acide oxalique H2C2O4 est un acide qu’on écrira H2L. L’ion oxalate L2- est un complexant de l’ion Ce3+.
1) Représenter sur une échelle de pH les domaines de prédominance des différentes espèces d’acide
oxalique.
2) Etudier la variation du coefficient de réaction secondaire αL(H) en fonction du pH et tracer la courbe log
αL(H) = f(pH).
3) Sachant d’une part que les complexes hydroxyde de cérium III sont très peu stables à pH < 6,0 et
d’autre part que le seul complexe existant dans ces conditions est CeL+, donner l’expression de la
constante conditionnelle K’ en fonction du pH et tracer la courbe log K’ = f(pH).
4) On réalise le titrage complexométrique de Ce3+ de concentration 1 mol L-1 par l’acide oxalique en milieu
acide :
a) A quel pH faut-il se placer pour que la réaction soit quantitative à 1 % près au point d’équivalence ?
b) Combien reste-t-il de Ce3+ non complexé au point d’équivalence lorsque le pH est supérieur à 4 ?
Données
67
Données
Exercice 7 :
Etudier la variation en fonction du pH de la constante conditionnelle du complexe Zinc-EDTA à partir des
données suivantes :
ZnOH H
Zn + H2O
2+ +
ZnOH + H +
2
10 5.7
Zn
pKa de l’EDTA : 2.0 2.7 6.2 10.3
2 4
Zn Y
Zn2+ + Y4- ZnY2- 2
10 16.5
ZnY
68
Chapitre 5 : Equilibres d’oxydoréduction
Les équilibres traités dans ce chapitre correspondent aux connaissances minimales qu’il faut acquérir
pour interpréter les réactions mettant en jeu des échanges d’électron(s).
1. Définition
1.1. Réaction d’oxydoréduction. Couple redox
A toute particule oxydée (Ox) correspond une particule réduite (Red) : l est alors possible de définir un
équilibre selon :
A cet équilibre s’applique l’équation de Nernst qui exprime la valeur du potentiel d’équilibre E pris par
une électrode de platine plongée dans une solution contenant à la fois l’oxydant et le réducteur.
E° est le potentiel normal du système redox (exprimé en volt), est une constante caractéristique du
couple redox considéré : C’est le potentiel d’équilibre du système dans le cas particulier où :
et pour lequel le pH = 0, la pression est d’une atmosphère et la température égale à
298 K.
On peut hiérarchiser le pouvoir oxydant (ou réducteur) de tous les couples redox en plaçant leurs
potentiels normaux sur un axe de potentiel : le système de référence es le couple H+/H2 dont le
potentiel normal est, par convention, égal à 0,00 Volt.
69
2. Potentiel au cours des réactions
Une réaction d’oxydoréduction n’a lieu que si deux systèmes redox sont opposés, chacun possédant
son propre potentiel normal. Pour chaque système le potentiel d’équilibre est défini par l’équation de
Nernst ; l’électroneutralité de la solution doit être respectée.
Avant tout, rappelons qu’un dosage redox met en jeu un échange d’électrons entre l’espèce à titrer
(dont on souhaite déterminer la concentration en solution) et le composé titrant (réactif apporté dont on
connaît la concentration avec précision).
L’une des méthodes de dosage redox (les dosages colorimétriques) repose sur la coloration d’une des
espèces qui intervient dans la réaction redox. Sachant qu’un grand nombre de composés appartenant à
un couple redox sont colorés (bleu de l’ion cuivre (II), orange de l’ion dichromate, violet intense de
l’ion permanganate…), il va être possible de suivre le déroulement du dosage en fonction de la
coloration prise par la solution.
Point remarque
Pour qu’un dosage (redox ou acido-basique) soit valable, il est essentiel que la réaction-support à ce dosage
Deux couples redox sont couramment utilisés comme indicateurs colorés dans les réactions redox :
Pour illustrer la notion de dosage redox colorimétrique, nous nous proposons de raisonner sur le
dosage de l’ion fer (II) présent au sein d’un échantillon. Pour ce faire, nous allons ajouter à l’aide
d’une burette graduée une solution de permanganate de potassium dont le titre (la concentration) est
connu.
70
(La présence de protons dans le bilan de la réaction indique que le dosage doit être réalisé en milieu
acide).
Au cours du dosage, les ions fer (II) vont réduire les ions permanganate (violet) en ions manganèse (II)
qui sont incolores. Le mélange restera donc globalement incolore. Dès lors que tous les ions Fe2+
auront été dosés (point d’équivalence), le mélange réactionnel prendra immédiatement une coloration
violette dues à la présence d’ions permanganate non réduits.
L’équivalence du dosage redox nous sera donnée par la teinte violette prise par le milieu réactionnel. Le
volume correspondant, versé à la burette, sera par conséquent le volume équivalent V eq.
La stœchiométrie de la réaction nous dit qu’une seule mole de permanganate réagit avec 5 moles d’ions
Fe2+.
Ce qui veut dire que la quantité d’ions fer (II) présents en solution est 5 fois plus importante que la
Ainsi
Dans cette expression, introduisons les concentrations et volumes relatifs à chaque espèce :
La mise en présence de deux espèces redox appartenant à un même couple redox génère une différence
de potentiel à la surface d’une électrode. Par ailleurs la relation de Nernst permet de relier la valeur du
potentiel tel système en équilibre à la concentration en solution de chacune des formes de ce couple.
71
Le dosage étudié précédemment peut donc être effectué en réalisant un suivi potentiométrique, c’est-à-
dire en mesurant tout au long du dosage le potentiel pris par une électrode plongée dans le milieu
réactionnel.
Dans notre exemple, une électrode de platine (indifférente au dosage car n’intervenant pas dans les
réactions mises en jeu) sera reliée à une électrode de référence (calomel saturé par exemple) par
l’intermédiaire d’un voltmètre.
Burette
(K+, MnO4-)
Electrode de V
travail (Pt) Electrode de
référence
Solution à titrer
contenant les ions fer
(II)
L’allure générale de la courbe de dosage peut être explicitée en déterminant en tout point de la courbe
quelles espèces chimiques sont présentes au sein du milieu réactionnel.
E/V
Couple redox 1
Couple redox 2
V(mL)
½ Veq Veq
72
Cette première zone de la courbe de dosage correspond à l’équilibre redox du couple majoritairement
présent en solution : (Fe3+/Fe2+). Chaque ajout de permanganate de potassium va transformer une
partie des ions fer (II) en ions fer (III).
Cette expression nous prouve qu’à mesure que le dosage est réalisé (transformation des ions fer (II) en
ions fer (III)), le potentiel mesure à l’électrode augmente. Ainsi, dans la première zone de la courbe de
dosage, le potentiel croît.
Zone d’équivalence
Une zone d’équivalence correspond à une zone de forte croissance du potentiel mesuré. A ce stade du
dosage, les quatre espèces redox sont présentes dans le milieu réactionnel (certaines sous forme de
trace) et l’on passe d’un système donc le potentiel est régi par le couple (Fe3+/Fe2+) à un système donc
le potentiel correspond à l’équilibre du couple (MnO4-/Mn2+).
Le potentiel mesuré peut donc être considéré comme un potentiel « transitoire » qui peut s’exprimer
par rapport aux deux couples redox mis en jeu.
Le point d’équivalence passé, tous les ions fer (II) on été dosés et transformés en ions fer (III). Les
ions permanganate ajoutés dans le milieu ne sont plus alors transformés en ions manganèse (II). Le
potentiel mesuré est alors celui pris par l’électrode de platine, et relatif à l’équilibre du couple redox
(MnO4-/Mn2+).
73
Point remarquable : l’équivalence
Lorsque V = Veq, le potentiel mesuré peut être calculé en considérant une contribution des deux
couples redox. En effet, certaines espèces sont majoritaires tandis que d’autres sont présentes sous
forme de trace.
Au point d’équivalence, le potentiel pris par l’électrode de travail peut être exprimé selon deux
expressions :
Faisons maintenant le bilan en terme de prédominance des espèces présentes à l’équivalence : les ions fer
(II) et les ions permanganate sont sous forme de traces tandis que la quantité d’ions fer (III) est reliée
Si nous nous plaçons dans les conditions particulières de pH nul, alors [H+] = 1. Le potentiel mesuré à
Lorsque V = ½ Veq, exactement la moitié des ions fer (II) a été transformée en ions fer (III). Ces deux
espèces ont donc la même concentration en solution.
Le potentiel mesuré n’est autre que le potentiel standard du couple (Fe3+/Fe2+).
74
5. Electrode de première espèce : dosage redox
Nous pouvons envisager ici d’utiliser le caractère sélectif des électrodes de première espèce afin de
mesurer la concentration d’un ion en solution et ainsi en faire un dosage direct. Rappelons tout d’abord
qu’une électrode de première espèce se compose d’un métal (réducteur d’un couple redox) plongeant
dans une solution contenant son oxydant associé (le plus souvent un cation métallique).
Le potentiel pris par l’électrode ainsi constituée va être directement lié à la concentration de l’espèce
oxydante présente en solution. Une nouvelle fois, la relation de Nernst nous permet de relier le
potentiel redox d’un couple aux concentrations des espèces appartenant à ce couple.
Raisonnons sur une électrode formée d’un fil d’argent en plongeant dans une solution de nitrate
d’argent. Le couple redox considéré est le couple (Ag+/Ag). L’expression du potentiel d’équilibre pris
par cette électrode est la suivante :
Reprenons l’électrode précédente mais ajoutons maintenant quelques gouttes de chlorure de potassium
(KCl) à la solution de nitrate d’argent.
Une partie des ions argent (I) présents en solution va alors précipiter selon la réaction suivante :
L’argent, au nombre d’oxydation (+I), intervient donc dans deux couples redox :
75
La question que nous allons nous poser ici est de savoir dans quelle mesure le pouvoir oxydant (ou
réducteur) du couple (Ag(I)/Ag) va être modifié lorsque l’une des deux formes de ce couple intervient
dans un équilibre de précipitation.
Il nous faut rappeler qu’en chimie, un équilibre de précipitation est défini par sa constante de solubilité
(nommée aussi produit de solubilité) Ks. Une nouvelle fois, nous assimilerons les activités aux
concentrations des espèces solubles.
L’expression de la relation de Nernst peut alors prendre deux formes, toutes deux relatives à l’argent
dans un état d’oxydation (+I).
Les deux couples redox de l’argent faisant intervenir l’espèce « argent » aux mêmes états de
l’oxydation (+ I et 0), leurs potentiels d’équilibre peuvent être égalisés. Cette propriété nous permet de
relier les potentiels standard des couples (Ag+/Ag) et (AgCl/Ag).
Sachant que Ks(AgCl) = 10-9,8, il apparaît très clairement que la complexation des ions argent diminue
le potentiel standard du couple (Ag(I)/Ag), et par conséquent le pouvoir oxydant des ions argent (I).
76
7. Représentations graphiques supports de l’oxydo-réduction
7.1. Diagramme de LATIMER
Ce diagramme est utilisé pour déterminer un potentiel standard. Il est basé sur la construction d’un
cycle thermodynamique appliqué à l’enthalpie libre de réaction :
Le diagramme est surtout intéressant lorsque l’élément étudié présente un nombre important de degrés
d’oxydation.
Exemple : Mn, Cl car il donne une vision globale de toutes les informations.
Il permet une discussion de la stabilité thermodynamique des degrés d’oxydation intermédiaires vis à
vis de la dismutation et le sens spontané ou non d’une réaction.
La prévision du sens d’une réaction est basée sur l’expression
77
a. Principe de construction : que représente des couples Mn+/M ou X/Xn-
- Pour chaque degré d’oxydation, étudier le couple associant l’élément degré d’oxydation « zéro »
(métal ou élément non métallique).
- Ecrire les équations de transformation de l’élément au degré d’oxydation « zéro »
b. Etude de la dismutation
78
Exemple : Cu/Cu+/Cu2+ ; envisager la dismutation de Cu+
Conclusion :
Le signe de dépend du signe de . Sur un diagramme de Frost, il suffit de comparer
Le diagramme est particulièrement intéressant pour les éléments qui présentent un nombre important
de degrés d’oxydation – Exemple : Mn, Cl – car il donne des informations rapides sur la dismutation.
79
Exemple 1 : envisager la réaction entre et Fe3+ à l’aide des couples et
en superposant les points représentatifs de (Oxydant) et Fe2+ (réducteur).
Les solutions aqueuses contiennent les ions Cu+ et Cu2+ et sont éventuellement en présence des solides
Cu(s), Cu2O(s) et Cu(OH)2(s). Notons ici que l’hydroxyde de cuivre (+I) Cu(OH)(s) est instable, le
cuivre de nombre d’oxydation égal à +I est envisagé sous forme Cu+ soluble ou sous forme d’oxyde
solide Cu2O(s).
a) Données
La convention de tracé choisie pour le tracé du diagramme est ctra = 10−2 mol·L−1.
Le pKs du précipité Cu(OH)2(s) vaut 20,0 à 25 °C. Soit K’s (K’s = 10−30) le produit de solubilité du
solide Cu2O(s). La constante d’équilibre K’s est la constante standard d’équilibre associée à 298 K à la
réaction :
Les potentiels standard sont donnés à la même température par E°Cu2+/Cu+ = 0,17 V et
E°Cu+/Cu = 0,52 V. Pour les équilibres engageant deux espèces dissoutes nous accepterons pour
convention de frontière l’égalité des concentrations en espèces dissoutes.
Traçons le diagramme de situation figurant le positionnement relatif des domaines de stabilité des
différentes espèces. Ce diagramme est gradué horizontalement en pH et verticalement en potentiel.
Rappelons que pour une valeur de pH fixée, plus le potentiel E augmente, plus le cuivre doit posséder
un nombre d’oxydation élevé.
80
Déterminons, pour le nombre d’oxydation égal à +I la gamme de pH dans laquelle existe a priori
l’oxyde Cu2O(s). Considérons une solution contenant des ions Cu+ à la concentration de tracé ; le pH
est élevé par ajout d’une solution de soude (sans variation de volume). Lorsque l’oxyde Cu2O(s)
apparaît, la loi de GULDBERG et WAAGE s’applique :
Ce qui implique :
pH = 1,0
Ainsi, au-dessus de pH = 1,0 l’oxyde Cu2O(s) est a priori présent. Au-dessous de ce pH la forme
largement majoritaire du cuivre de nombre d’oxydation égal à +I reste a priori l’ion Cu+. Nous
justifierons plus loin la prudence de ces affirmations. Nous pouvons ensuite réaliser le même calcul
pour l’hydroxyde de cuivre (+II) Cu(OH)2(s) et déterminer la gamme de pH pour laquelle le solide
existe effectivement. Considérons une solution contenant des ions Cu2+ à la concentration de tracé ; le
pH est élevé par ajout de soude (sans variation de volume). Lorsque l’hydroxyde Cu(OH)2(s) apparaît,
la loi de GULDBERG et WAAGE s’applique :
qui implique : pH = 5,0. Ainsi, au-dessus de pH = 5,0 l’hydroxyde Cu(OH)2(s) est présent. Au-dessous
de ce pH la forme très largement majoritaire du cuivre de nombre d’oxydation égal à +II correspond à
l’ion Cu2+.
c) Diagramme de situation
Nous pouvons alors dresser le diagramme de situation relatif aux espèces Cu(s), Cu+, Cu2O(s), Cu2+ et
Cu(OH)2(s) sous la forme présentée figure 5. Ce diagramme indique a priori les couples oxydant-
réducteur à considérer en fonction du pH :
- pour pH < 1,0 les couples engagés sont Cu2+/Cu+ et Cu+/Cu(s) ;
- pour 1,0 < pH < 5,0 les couples engagés sont Cu2+/Cu2O(s) et Cu2O(s)/Cu(s) ;
- pour pH > 5,0 les couples engagés sont Cu(OH)2(s)/Cu2O(s) et Cu2 O(s)/Cu(s).
81
8.2. Équations des frontières
et le potentiel s’écrit :
en utilisant la convention de tracé qui fixe Cu+= ctra = 0,01 mol·L−1. Le potentiel d’équilibre relatif au
couple oxydant-réducteur Cu2+/Cu+ s’écrit :
en utilisant la convention de frontière (équirépartition des espèces dissoutes sur la frontière séparant
deux domaines de prédominance).
Domaine de pH : 1,0 < pH < 5,0
Le couple Cu+/Cu(s) est remplacé par le couple engageant l’espèce Cu2O(s) alors présente, il s’agit du
couple Cu2O(s)/Cu(s). La demi-équation d’oxydoréduction associée s’écrit :
82
Domaine de pH : pH > 5,0
Considérons tout d’abord le couple Cu2O(s)/Cu(s) dont l’équation d’oxydoréduction et le potentiel
frontière sont inchangés par rapport à la situation évoquée dans la gamme de pH comprise entre pH =
1,0 et pH = 5,0. Le potentiel s’écrit à 25 °C :
E / V = 0,46−0,06 pH
Considérons ensuite le couple oxydant-réducteur Cu(OH)2(s)/Cu2O(s) (qui remplace dans cette gamme
de pH le couple Cu2+/Cu2O(s)). La demi-équation d’oxydoréduction s’écrit :
La grandeur E°Cu(OH)2/Cu2O constante est déterminée par continuité du potentiel relatif au couple Cu(+
II)/Cu(+I) en pH = 5,0 : ainsi le potentiel d’oxydoréduction prend la forme :
E / V = 0,70−0,06 pH
Le tracé du diagramme conduit au résultat présenté figure 9. Notons que les droites relatives aux
potentiels d’oxydoréduction des couples Cu2+/Cu2O(s) d’une part et Cu2O(s)/Cu(s) se croisent pour un
pH égal à 3,0.
83
Une incohérence apparaît dans le diagramme pour tout pH inférieur à 3,0. En effet le diagramme
montre qu’il n’existe pas de zone de stabilité correspondant au cuivre de nombre d’oxydation égal à +I
: Cu+ et Cu2O(s) se révèlent instables, ils participent à une réaction de dismutation fournissant du
cuivre (solide) et des ions Cu2+. Dans toute cette gamme de pH, il faut corriger le tracé précédent.
Pour tout pH inférieur à 3,0 seules les espèces Cu(s) et Cu2+ présentent un domaine de stabilité. En
conséquence, il convient d’envisager l’existence d’une frontière entre ces deux zones. Rappelons que
l’existence de cette frontière n’était pas envisageable a priori par lecture du diagramme de situation,
compte tenu de l’existence de cuivre au nombre d’oxydation égal à +I. Le couple oxydant-réducteur
considéré est le couple Cu2+/Cu(s), la demi-équation d’oxydoréduction prend la forme simple :
Le potentiel standard relatif au couple Cu2+/Cu(s) peut être calculé à partir des potentiels standard
E°Cu2+/Cu+ et E°Cu+/Cu (voir début du chapitre) ce qui permettra, compte tenu de l’application de la
convention de tracé, de déterminer le potentiel E étudié ici. Une solution plus rapide consiste à utiliser
une nouvelle fois la continuité du diagramme en pH = 3,0. Une application numérique fournit alors E =
0,28 V. Le tracé définitif du diagramme est présenté à la figure 10. Les couples relatifs au solvant
(eau) sont superposés.
Une lecture du diagramme permet d’identifier une zone commune de stabilité pour le cuivre métallique
et le solvant eau. Ainsi, le cuivre (même placé en milieu acide) n’est pas attaqué par l’eau et ne conduit
pas à un dégagement de dihydrogène (comme dans le cas du fer ou du zinc). Notons que le cuivre est
attaqué par de l’acide nitrique (H+, ) et conduit à un dégagement de monoxyde d’azote NO(g). La
situation diffère alors des cas précédemment évoqués car l’agent oxydant n’est pas l’ion H+ mais l’ion
nitrate .
Les espèces Cu2+,Cu2O(s) et Cu(OH)2(s) se révèlent stables dans l’eau (à un pH évidemment
compatible avec leur existence).
84
Obtention de l’or
Les mines et le minerais contenant de l’or
L’obtention industrielle de l’or, processus délicat, fut mené en France pendant de nombreuses années notamment sur le site
de Salsigne (fermé le 30 juin 2004). En 1991, la mine de Salsigne produisait 2000 kg d’or. La production de minerai pour
l’année 1999 a été de 240000 tonnes à une teneur moyenne en or de 6,1g/tonne. Dans les minerais, l’or est très souvent
présent à l’état natif (forme métallique), allié au cuivre ou parfois au bismuth. Les minerais sont classés en fonction des
autres composés associés à l’or, la présence de ces composés pouvant se révéler délicate dans une politique d’extraction.
On distingue ainsi l’or libre de l’or associé à des sulfures de fer (pyrite FeS 2 ou pyrrhotite Fe1−xS) de l’or associé à des
sulfures d’arsenic (arsénopyrite ou mispickel FeAsS) ou encore de l’or associé à des sulfures d’antimoine (Sb 2S3).
Les procédés de traitement du minerai dépendent de la nature des minerais. Il est possible d’opérer par gravimétrie dans 10
% des cas (ceci concerne l’or alluvial (les placers) dont les particules ont une taille supérieure à 75 μm). Les installations
industrielles récupèrent l’or à l’aide de tables à secousses et de concentrateurs centrifuges. Cette technique permet
d’exploiter des gisements à très faible teneur.
L’amalgamation consiste à allier l’or avec du mercure et à décomposer l’alliage par distillation du mercure (vers 400 à 500
°C). Cette technique ne représente que 10 % de la production mondiale et est très toxique.
La voie hydrométallurgique
L’extraction par voie hydrométallurgique représente 80%de la production mondiale. Nous allons étudier cette méthode.
Cyanuration
C’est le point crucial du traitement : mis au point dès 1888, il permet l’isolement de l’or. On procède à une addition (en
milieu basique, à un pH voisin de 10) d’une solution diluée de cyanure de sodium (10 −3 mol·L−1) saturée en dioxygène. Il y
a alors formation d’un complexe or-cyanure selon la réaction :
Notons que des étapes de biolixiviation, utilisant le thiobacillus ferro-oxydans susceptible d’oxyder le fer des pyrites et de
libérer l’or du minerai permettent d’accroître notablement le rendement de la cyanuration.
Dans l’étude des diagrammes E-pH, on a fait jouer à la particule échangé H+ un rôle privilégié,
d’ailleurs lié à son importance. On peut donc généraliser ces diagrammes de prédominance,
bidimensionnels en envisageant une autre particule X échangée, en général un ligand L, d’où les
diagrammes E-pL.
Exemple : Les ions, Au+ et Au3+ donnent avec les ions cyanures CN- les complexes
et . Les ions Au+ et Au3+ échangent avec les
complexes la particule (ici le ligand) CN-.
On se propose d’étudier le diagramme E-pL (pL = - log([CN-])) en notant L le ligand cyanure échangé.
On donne :
On prendra, pour toute espèce en solution, c = 10-3 mol.L-1.
85
TD5 : Equilibres d’oxydoréduction
1) Écrire la réaction d’oxydoréduction ayant lieu entre les ions Sn2+ et les ions Fe3+.
2) Calculer numériquement l’affinité chimique standard 𝓐° ainsi que la constante standard K° à 25 °C.
3) Calculer numériquement l’entropie standard de réaction ΔrS° à 25 °C.
4) On mélange dans un bécher les espèces suivantes, les concentrations indiquées sont celles avant
réaction : Fe3+ (0,2 mol·L−1), Fe2+ (0,1 mol·L−1), Sn4+ (0,1 mol·L−1) et Sn2+ (0,2 mol·L−1).
Évaluer la concentration en chacun des ions lorsque l’équilibre chimique est atteint.
Exercice 2
On considère les mélanges :
a) Sn2+ 1 mol.L-1 + Fe3+ 2.10-1 mol.L-1
b) Sn2+ 2.10-1 mol.L-1 + Fe3+ 1 mol.L-1
d) Fe3+ 5.10-2 mol.L-1 + Fe2+ 10-1 mol.L-1 + Ce4+ 10-1 mol.L-1
e) Fe3+ 5.10-2 mol.L-1 + Fe2+ 10-1 mol.L-1 + Ce3+ 10-1 mol.L-1
f) Fe3+ 5.10-2mol.L-1 + Ce3+ 5.10-1 mol.L-1 + Ce4+ 5.10-1mol.L-1 + V2+ 10-1 mol.L-1
Eo
Sn4+/Sn2+ 0,15 V
Fe3+/Fe2+ 0,78 V
Ce4+/Ce3+ 1,71 V
V3+/V2+ - 0,28 V
Exercice 3
On considère la réaction redox Fe3+ + Red1
3+ 2+
Fe2+ + Ox1
Le potentiel normal au couple Fe / Fe est E0 = 0,78 V
Le potentiel normal du couple Ox1/Red1 est E01
1) Donner l’expression de la constante de la réaction en fonction de E0 et E01
2) Quel est l’écart minimum entre E0 et E01 pour que la réaction soit quantitative à 1% près ? à 0,1% près ?
3) Généraliser le résultat pour une réaction redox sans coefficient stœchiométrique mettant en jeu 2
électrons, n électrons
86
On suppose maintenant que E0 = E01 et que la réaction est hétérogène (Ox1 ou Red1 insoluble).
6) Calculer le pourcentage de Fe3+ ayant réagi (avancement de la réaction) dans les conditions
suivantes :
Fe3+ 10-2 mol.L-1 Red1 insoluble Ox1 soluble
Fe3+ 10-2 mol.L-1 Red1 soluble 10-2 mol.L-1 Ox1 insoluble
Exercice 4
La solution VO2+ 10-1 mol.L-1 est elle stable à pH = 0 ?
Calculer la constante de la réaction de dismutation de V (IV)
Calculer les concentrations des espèces VO2+ et V3+ à l’équilibre
Calculer le potentiel à l’équilibre à pH = 0.
Calculer le potentiel normal du couple redox VO2+/ V3+
E0
VO2+/ VO2+ 1,00 V
VO2+/ V3+ 0,34 V
Exercice 5
A v = 20,0 mL de solution de sulfate de fer (II) de concentration C, on ajoute progressivement une solution
acidifiée de dichromate de potassium de concentration C’ = 4,0.10-2 M. L’équivalence est obtenue après
addition d’un volume de solution oxydante à v’E = 12,0 mL
1) Ecrire l’équation de la réaction de dosage. Calculer sa constante d’équilibre ; conclure.
2) Déterminer la concentration de la solution de fer (II).
3) Soit E, le potentiel, par rapport à une électrode standard à hydrogène, d’une électrode de platine
plongeant dans la solution lors du dosage. Exprimer E = f(v’), où v’ est le volume, exprimé en mL, de
solution de dichromate de potassium ajoutée à pH = 0.
a) Pour 0 < v’(ml) < 12
b) Pour 12 < v’ (ml) < 25.
4) Calculer E pour v’ = 12,0 mL. Tracer l’allure de la courbe de dosage E = f(v’)
87
Chapitre 6 : Equilibres simultanés :
oxydoréduction, acido-
bascité, complexation
Objectifs
a) Ecrire tous les couples redox possibles d’un système, compte-tenu des réactions secondaires
acide-base
b) Ecrire tous les couples redox possibles d’un système, compte-tenu des réactions secondaires de
complexation
c) Définir un potentiel redox standard conditionnel E’°.
d) Définir et calculer les coefficients de réactions secondaires redox.
e) Ecrire la réaction correspondant à une dismutation. Calculer le pH limite de dismutation.
L’objectif est de comprendre et de prévoir rapidement comment les propriétés redox d’un couple
peuvent être modifiées par un changement d’acidité du milieu. La grandeur thermodynamique étudiée
est le potentiel redox standard E° et la grandeur qui en dérive : Le potentiel standard conditionnel E’°.
Dans un couple redox, l’un des partenaires (ou même éventuellement les deux) peut être aussi un acide
ou une base.
Par exemple :
Ox + ne-/Red Ox + H+/OxH+
Couple redox caractérisé par E° Couple acide-base caractérisé par Ka
Les propriétés redox d’un tel couple peuvent être modifiées par un changement du pH du milieu.
Dans un traitement d’équilibres simultanés mettant en jeu une réaction redox, cette dernière est
toujours considérée comme la réaction principale.
Dans l’exemple choisi, l’oxydant existe sous deux formes Ox et OxH+. Il peut ainsi exister plusieurs
formes oxydées et/ou plusieurs formes réduites. Il en est alors très utile de savoir dans quelles
conditions domine chaque forme : à cet effet, on construit des schémas à deux dimensions (E, pH)
appelés diagrammes de Pourbaix sur lesquels on délimite les zones de prédominance de chaque espèce
à l’équilibre.
88
E
E Ox’
ou
Ox
Formes oxydées
E°
Red’ E’° = f(pH)
Red ou
Formes réduites
pH pH
Système redox dépendant du pH
Système redox indépendant du pH
La figure 1 montre un tel diagramme pour un système indépendant du pH pour lequel E° est constant,
et un système dépendant du pH pour lequel E’° est fonction du pH : les formes oxydées sont
dominantes pour des potentiels supérieurs à la frontière, les formes réduites pour des potentiels
inférieurs.
Dans l’exemple ci-dessus : car il n’y a pas de forme acido-basique de Red. Par
ailleurs :
De façon générale, si l’on considère les réactions acide-base comme des réactions secondaires de la
réaction redox, on écrire :
Où α sont les coefficients de réactions secondaires que l’on définit comme précédemment.
89
On déduit de cette identité :
Remarque : Les raisonnements sont semblables à ceux que nous avons vu au chapitre précédent.
Cependant E’° apparaît comme une somme / différence tandisque KM’L’ est un produit / quotient : la
raison en est que le potentiel est une fonction logarithmique des concentrations (ΔG° = -nFE = -
RTlnKeq).
Si C = |Ox’| = |S| (car S est la seule forme oxydée). Dans le cas présent, le soufre est un solide pur,
donc |S| = 1
Et C’ = |Red’| = |S2-| + |HS-| +|H2S|.
On cherche la fonction : E’° = f(pH), expression du potentiel standard conditionnel.
où
90
Finalement :
Pour construire la courbe E’° = f(pH), on peut procéder par approximation dans les trois domaines
pour lesquels l’un des termes de la somme est prépondérant :
Dès lors :
Dès lors :
E’°/V E/V
S
(-0,06)
H2S
Formes réduites HS- S2-
pH pH
0 7 13,8 0 7 13,8
Figure 2. A gauche la fonction E’° = f(pH). A droite les espèces prédominantes en chaque point du plan (E, pH). LA
frontière entre les espèces est constituée par la courbe E’° = f(pH) d’une part et les pKa d’autre part.
91
La figure 2 montre l’allure de la courbe E’° = f(pH) : la courbe exacte n’est pas constituée de segments
à angles vifs mais d’arrondit à chaque changement de domaine. De telles courbes, appelées diagramme
de Pourbaix, sont extrêmement utiles pour connaître la forme dominante existant à l’équilibre dans des
conditions données de potentiel et de pH, c’est-à-dire en un point particulier du plan de la figure 2 ;
elles permettent aussi d’évaluer rapidement le pouvoir oxydoréducteur du couple (c’est-à-dire E’° à un
point pH donné). Les applications sont très nombreuses, en particulier pour traiter les problèmes de
corrosion, de pollution, de métallurgie, de dépôts géologiques…
En représentant sur un même diagramme les fonctions E’° = f(pH) de deux couples redox, on est
capable de prévoir très rapidement quelles sont les réactions thermodynamiquement possibles entre ces
deux systèmes à n’importe quel pH.
Supposons par exemple que les systèmes redox (1) et (2) présentent des courbes E’° = f(pH) qui se
coupent : au pH d’intersection se produit une inversion du sens possible de transfert d’électron entre
les deux couples.
Ox1 + Ox2
Red1 + Red2
pH
De la figure 3, on déduit qu’un mélange Ox1 + Red2 est stable tant que le pH de la solution reste
inférieur à celui d’intersection ; en revanche, au-delà de ce pH, le transfert d’électron se produit pour
donner les formes les plus stables selon :
Remarque
Les courbes E’° = f(pH) constituent des frontières de réactivité seulement lorsqu’on peut confondre, à
un pH quelconque, le potentiel E avec E’° c’est-à-dire lorsque les activités sont de 1 (soit des
concentrations voisines de 1 M). Lorsque l’on considère un domaine de concentration notablement
différent, on devra modifier la frontière en conséquence.
92
APPLICATION
La figure 4 représente les courbes E’° = f(pH) pour les trois systèmes : I2/I-, Br2/Br- et
(dont seul le dernier dépend du pH). On veut oxyder sélectivement l’iodure I- d’un mélange I- + Br- par
du dichromate . Dans quel domaine de pH doit-on se placer pour cela, les espèces étant
présentes à 1 M ?
Donc se trouve sur la partie renforcée (figure 4), entre deux points de croisement. Le domaine de
pH correspondant est : 1,5 < pH < 4,6. Dans le domaine en grisé, la coexistence des trois espèces : Br-,
Cr3+ et I2 est possible.
E’°/V
I2
E’°3
Br2
E°1
Br-
1
Cr2O72-
Cr3+
I2
Cr 3+ E°2
-
I
pH
0,5
0 5 10
Le domaine de pH ainsi défini limite les tendances majoritaires de réaction : si l’on cherche à opérer de
façon quantitative, il faut réduire ce domaine. En effet à pH = 1,5 les deux couples (1) et (3) ont le
même potentiel standard conditionnel ; il en de même à pH = 4,6 pour les couples (2) et (3). Dans ces
conditions, la constante d’équilibre de la réaction redox concernée vaut 1 ; c’est-à-dire que la réaction
se fait autant dans les deux sens. Pour que l’oxydation de I- soit nete et que celle de Br- soit peu
importante il faudra choisir un pH à l’intérieur de la zone, la meilleure valeur se situant vers pH = 3.
93
9.4. Ampholytes redox dépendant du pH
Un ampholyte redox est une espèce X qui est à la fois réducteur d’un couple (1) (X = Red 1) et
l’oxydant d’un autre couple (2) (X = Ox2). L’élément chimique concerné se trouve à un degré
d’oxydation intermédiaire entre deux valeurs extrêmes DOOx1 > DOX > DORed2.
Exemple
Cu+ est ampholyte :
1er Cas
La courbe est toujours située au-dessus de la courbe , quelque soit la valeur du pH.
Ce cas est illustré sur la figure 5 : Il existe un domaine de stabilité de X à tout pH. Le diagramme de
droite en montre une application : l’ampholyte H2O, réducteur du couple O2/H2O et oxydant du couple
H2O/H2, possède un large domaine de stabilité.
E E/V
Ox1 1,23 O2
X H2O
0
Red2 H2
pH pH
Cas où X est stable Application au système de l’eau
94
2ème cas
La courbe est toujours située en-dessous de la courbe
E/V
E
(X métastable)
Cu++/Cu
0,52
Ox11
0,34 Cu2+
2+/Cu
Red22
Cu2+
2+/Cu+
+
0,16
(X métastable)
pH pH
Application au cas du cuivre en solution
Cas où X est métastable
3ème cas
Les courbes et se croisent.
E E/V
1,18
Ox1
E’° I2
0,62
X
Red2 I-
pH
pH
0 7,8
95
On peut alors partager le plan en deux parties dont l’une correspondant au 1er cas (X est stable : les
deux couples sont bien séparés) et l’autre au second cas (X est instable ou métastable : les deux
couples fusionnent en un seul Ox1/Red2). La variation du pH de la solution peut provoquer la réaction
de dismutation. Ainsi une solution d’iode I2 (1 mol.L-1) se dismute en iodate IO3- et iodure I- lorsque le
pH dépasse 7,8 (on notera que le pH limite de dismutation dépend de la valeur des concentrations).
Il s’agit ci de prévoir comment les propriétés redox d’un couple peuvent être modifiées en présence
d’un agent susceptible de complexer l’un ou/et l’autre des constituants du couple. La grandeur
thermodynamique étudiée est le potentiel redox standard E° et la grandeur qui en dérive en présence du
ligand : le potentiel standard conditionnel E’°. Le traitement est très semblable à ce qui a été vu
précédemment au § 1.
Les réactions secondaires de l’oxydant Ox et du réducteur Red avec le ligand L peuvent s’écrire :
où
On en déduit comme au § 1
96
Si αRed > αOx, le réducteur est plus complexé que l’oxydant E’° > E° : le système devient plus oxydant
en présence de ligand L.
Si αRed < αOx, la situation est inversée : E’° < E° : le système est moins oxydant.
Ce potentiel correspond à une demi-réaction : pour raisonner sur une réaction redox, il faut associer un
deuxième couple que nous supposerons perturbé par des réactions secondaires et donc caractérisé par
E°2.
La thermodynamique prévoit que cette réaction ne peut se faire que si . On peut admettre que
la réaction est totale si l’écart est d’au moins 0,2 V.
Si les réactions secondaires altèrent de sorte qu’il devienne inférieur à , la réaction secondaire
est empêchée : on peut admettre qu’elle devient négligeable dès que :
.
97
TD 6 : Equilibres simultanés : oxydoréduction,
acido-bascité, complexation
Exercice 1
1) Etudier en fonction du pH, le potentiel de Nernst du couple Mn(O)/Mn(II) pour une concentration en
manganèse dissous égale à 2.10-3 mol.L-1.
2) Même question pour les couples faisant intervenir des états d’oxydation Mn(IV), Mn(VI) et Mn(VII).
3) Etudier, enfin, dans les mêmes conditions le potentiel de Nernst des couples faisant intervenir Mn(II),
Mn(III) et Mn(IV) en fonction du pH.
4) En déduire le diagramme E-pH des systèmes du manganèse pour [Mndissous] = 2.10-3 mol.L-1.
Données
Mn2+/Mn : E°1 = -1,17 V à pH = 0
MnO2(s)/Mn2+ : E°2 = 1,21 V à pH = 0
MnO4-/MnO2(s) : E°3 = 1,68 V à pH = 0
MnO4-/MnO42- : E°4 = 0,56 V à pH = 14
MnO2(s)/Mn2O3(s) : E°5 = - 0,01 V à pH = 14
Mn3O4(s)/MnO(s) : E°7 = - 0,20 V à pH = 14
MnO : pKs1 = 12,9
Exercice 2 :
1) Tracer le diagramme E-pCl du système Ag(I)/Ag(o) pour une quantité d’argent (I) dissoute égale à 0,1
mol.L-1.
2) On constate que , à pH = 0 et sans ions Cl- dans la solution, l’argent métal Ag ne réduit pas le vanadium
(IV) en vanadium (III). Qu’en est-il dans HCl 1 mol.L-1.
3) On met, dans un litre d’eau, 1 mole de HCl, 0,1 mole de Ag et 0,1 mole de nitrate de vanadyle
VO(NO3)2. Ecrire la réaction se produisant, calculer sa constante en utilisant le potentiel normal
apparent du système AgCl/Ag et donner les nombres de moles et les concentrations à l’équilibre.
Données :
R.T
2,3 0.059
98
Constantes de formation successives des complexes Al3+ / F- :
log Kf1 log Kf2 log Kf3 log Kf4 log Kf5 log Kf6
Masses molaires :
Na Al F
M (g.mol-1) 23 27 19
3. Le diagramme E=f(pH) est tracé pour la concentration totale en aluminium C = 10-6 mole.l-1 en
solution aqueuse. Retrouver les équations des droites du diagramme en fonction de C.
4. Pour C = 10-3 mole.L-1, calculer les équations des droites et reporter sur le graphe les droites verticales.
5. Définir les domaines de corrosion, de passivation et d’immunité de l’aluminium, les situer sur le
diagramme. En déduire si le métal est attaqué par l'eau pure, les solutions acides et les solutions basiques?
6. Comment expliquer que l'aluminium soit présent de façon importante dans le conditionnement des
produits alimentaires (boissons, feuilles d'emballage, ustensiles de cuisine, ...) et dans l'industrie du bâtiment
(fenêtres,...)?
Nous nous proposons ici d’établir le diagramme E-pH du zirconium Zr, et d’étudier les propriétés du métal Zr(s)
en solution aqueuse. Les espèces considérées sont le zirconium métal Zr(s), le cation zirconium Zr 4+(aq), la
zircone : dioxyde de zirconium ZrO2(s) et l’anion (aq).
1) Au nombre d’oxydation +IV, calculer les limites de stabilité en pH de la zircone solide, du côté acide
(équilibre avec Zr4+) et du côté basique (équilibre avec ). On considérera que les espèces
dissoutes en zirconium sont à la concentration 1.10−6 mol·L−1. Schématiser le résultat de ces calculs
par un diagramme uniaxe gradué en pH. Notons que le choix d’une faible concentration de tracé
s’explique par le phénomène qui est étudié par ce diagramme : il s’agit d’un phénomène de corrosion
qui apporte a priori une faible quantité de zirconium en solution.
2) Dans chacun des trois domaines de pH où l’espèce du zirconium (IV) est ainsi définie, écrire l’équilibre
entre cette espèce et le métal. Appliquer la loi de NERNST et préciser l’évolution avec le pH de chacun
des couples considérés (on ne calculera pas les potentiels standard inconnus). On considérera comme à
la question précédente une concentration de 1.10−6 mol·L−1 pour les espèces dissoutes.
3) Tracer le diagramme potentiel-pH pour cette concentration. Placer dans chaque domaine ainsi défini le
nom de l’espèce stable. Placer la droite correspondant à la réduction de l’eau en dihydrogène (pression
partielle en dihydrogène prise égale à 1 bar) et conclure quant à l’éventuelle attaque du zirconium par
l’eau.
99
Exercice 4
Le mercure existe sous trois degrés d’oxydation (D.O.) : 0, +I, +II. L’ion mercure (I) est un ion diatomique
Hg 22 et on a deux systèmes redox :
(1)
Hg 22 ( aq ) 2e 2 Hg (l ) E1 0,79V
2 Hg 2 ( aq ) 2e Hg 22 ( aq ) E2 0,91V (2)
Dans cet exercice, la température est fixée à T = 298 K. Faisant varier le pH d’une solution initialement acide
(pH = 0) renfermant des ions mercure (II) Hg2+(aq), on observe la formation d’un précipité blanc qui est de
l’oxyde de mercure (II) HgO suivant la réaction :
Hg 22 ( aq ) 2OH HgO( s ) H 2O (3)
A la température considéré, le produit de solubilité de l’oxyde de mercure HgO est Ks = 4x10 -26, et le produit
ionique de l’eau est Ke = 10-14.
1) A quel pH (noté pH1) l’oxyde de mercure (II) commence-t-il à précipiter lorsqu’on fait croître le pH d’une
solution initialement à pH = 0 et renfermant 10-2 mol.L-1 d’ion mercure (II) ?
2) Calculer la valeur du potentiel d’électrode E1 délimitant les domaines de prédominance des espèces
chimiques telles que Hg 22 ( aq ) et Hg(+II), la concentration en Hg 22 ( aq ) étant constante et égale à 10-2 mol.L-1.
3) a) expliquer la variation du potentiel du couple associant les D.O. +II et +I du mercure en fonction du pH
quand initialement à pH = 0, les concentrations des espèces sont égales à 10-2 mol.L-1 (en tout),
- dans le cas où pH<pH1 noté E2 .
- Dans le cas où pH>pH1 noté E3, préciser la valeur de E°3.
b) Calculer le pH (noté pH2) pour lequel le potentiel du couple Hg(+II)/Hg(+I) est égale à E1.
c) Tracer le diagramme potentiel-pH dans la région où 0<pH<pH2.
4) A T = 298 K, on met en présence dans l’eau de l’oxyde de mercure (II) HgO(s) et du mercure Hg(l).
a) En s’aidant du diagramme E-pH précédent, préciser quelles sont les espèces et quels sont les couples
susceptibles d’exister en fonction de la valeur du potentiel.
b) Ecrire la réaction globale d’oxydoréduction susceptible de se produire entre les différentes espèces.
c) Discuter sur la stabilité des différentes espèces lorsque pH>pH2.
d) Exprimer le potentiel au-délà de pH2 (noté E4).
5) a) Calculer le potentiel redox standard du couple Hg2+(aq)/Hg(l) noté E°5.
b) En déduire la valeur de la constante à T = 298 K de la réaction :
100
Données
Enthalpies libres standard molaires de formation à 298 K :
Cu2+ : + 64,9 kJ mol-1
CuO : - 127,1 kJ mol-1
Cu20 : - 146,2 kJ mol-1
H20 : - 237,1 kJ mol-1
I. Précipitation de Cu(OH)2
1. Calculer la concentration [OH-]0 qui traduit la limite de précipitation de Cu(OH)2 , en déduire le pH limite de
précipitation.
2. Reporter ces informations sur deux diagrammes de prédominance, respectivement en pOH et en pH.
Diagramme E - pH Cu
1,5
(Eb) (pH1)
C=10-6mol.L-1
1 E (Cu2+/Cu) = 0.34V
pKs Cu(OH)2 = 20
0,5
E (V)
(E1)
0
0(Ea) 2 4 6 8 10 12 14
(E2)
-0,5
-1
pH
101
Par souci de simplification dans cette partie, on n’envisagera pas la présence possible de l’hydroxyde de
cuivre (I). On considère une solution contenant des ions Cu2+ à la concentration 10-6mol.L-1.
7. Déterminer le potentiel d’une électrode de cuivre plongeant dans cette solution en l’absence
d’hydroxyde.
8. A partir de quelle valeur pH1 du pH, y aura-t-il précipitation de l’hydroxyde de cuivre (II) ?
10. Le diagramme potentiel-pH simplifié du cuivre et celui de l’eau sont représentés sur le graphe
joint. Compléter le diagramme en positionnant les diverses espèces possibles (Cu, Cu2+ et Cu(OH)2) et
commenter en disant en particulier si on peut envisager une attaque du cuivre par l’eau ou par le
dioxygène.
Une plaque de cuivre est placée à pH = 10 dans un milieu aqueux dont le potentiel est fixé à 0.5 V. Que va-t-il
se passer
102