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3. La renouvelable fondamentale : l’énergie solaire


3.1. Les bases de l’énergie solaire de 10 à 80 °C selon l’angle sous lequel le rayonne-
ment solaire atteint la surface de la Terre.
Le Soleil est à l’origine de nombreuses énergies re-
nouvelables. Ainsi peut-on considérer l’énergie solaire Cependant, ce qui est plus important que les tempé-
comme une ressource énergétique renouvelable fon- ratures actuelles du rayonnement solaire, c’est la den-
damentale dans le monde. sité de puissance, le flux de rayonnement par unité de
Il y a cependant différentes sortes d’énergie solaire: surface appelée rayonnement ou ensoleillement en
watt par mètre carré (W/m2). Le maximum théorique
• l’énergie solaire historique 59 : les combustibles fos-
(constante solaire) est d’environ 1 341 W/m2 mais
siles (non renouvelables !) ;
comme l’atmosphère terrestre absorbe une partie du
• la conversion directe de l’énergie solaire en électri- rayonnement solaire extraterrestre, le rayonnement ar-
cité : le photovoltaïque ; rive à la surface de la terre réduit à 1000 W/m2. Ce
• la conversion directe de l’énergie solaire en chaleur : rayonnement terrestre de 1000 W/m2 est le rayonne-
le solaire thermique ; et ment solaire global maximum utilisable par ciel dé-
59
Historique veut dire au moins • l’énergie solaire indirecte par la photosynthèse : la gagé, dans l’application d’un système solaire
290 millions d’années
biomasse. photovoltaïque. Évidemment, le rayonnement solaire
global n’est pas disponible de façon continue en tout
Dans cette section, nous allons nous préoccuper seu-
point de la planète, car en plus de l’influence de l’at-
lement des formes dites ‘classiques’ de l’énergie so-
mosphère, il varie aussi selon les facteurs météorolo-
laire, c’est-à-dire le solaire thermique et le solaire
giques et géographiques. Ce rayonnement sera donc
électrique (photovoltaïque).
intense ou élevé à certains endroits et moindre à d’autres.

En pratique, on atteint les 1 000 W/m2 soit 1 kW/m2 aux


3.2.  Les caractéristiques de la source endroits très ensoleillés.
Le Soleil est constitué principalement d’hydrogène et
d’hélium ; il a une température à son centre de 16 000
Figure 3 1
000 °C. Cette haute température est générée par un
Rayonnement solaire en watt
processus de fusion nucléaire qui devrait durer au par mètre carré
moins encore 4,9 millions d’années.

Sur la surface du Soleil, la température reste encore


impressionnante avec ses 5 600 °C (en comparaison
: le point de fusion du fer se situe à ~ 1 730 °C). Cette
haute température voyage toute la distance du Soleil
à la Terre – environ 150 millions de kilomètres. Quand
elle atteint la Terre, elle est encore approximativement

Rayonnement solaire global


reçu = 1000 W/m direct
+ diffus+ réfléchi

Source : PERACOD
67
Il arrive souvent qu’on décrive la source solaire en Les rayonnements du Soleil parvenant jusqu'à la Terre
terme d’irradiation solaire – l’énergie disponible par délivrent en une heure une quantité d'énergie supé-
unité de surface et par unité de temps (comme le ki- rieure à la consommation annuelle mondiale. La puis-
lowatt-heure par mètre carré par an – kWh/m2). La po- sance totale moyenne disponible sur la surface de la
sition du Soleil par rapport à la Terre fait que le Terre sous forme de rayonnement solaire excède
rayonnement solaire est plus intense dans le plan 10 000 fois la consommation totale de puissance par
situé autour de l’équateur que dans les plans plus l’Homme. Ramenée par personne vivant sur Terre, la
hauts ou bas (hémisphère nord et sud). Dû à l’angle moyenne de puissance solaire disponible est de 3 MW
d’inclinaison de l’axe Terre-Soleil, il existe des saisons alors que la consommation varie de 100 W (les pays
et le degré d’insolation varie en hiver ou en été selon les moins industrialisés) à 10 kW (États-Unis) avec une
la latitude du lieu où l’on se trouve. Ceci détermine moyenne mondiale de 2,1 kW par tête. Bien que ces
également en grande partie, le type de technologie chiffres reflètent une image réelle des possibilités de
énergétique solaire pouvant être utilisée (par exem- l’énergie solaire, ils n’ont que peu de signification pour
ple, parabolique ou pas). le potentiel technique et économique.

À cause des différences dans les modèles d’approvi-


Figure 3 2
Cartes de températures annuelles
sionnement en énergie solaire, d’infrastructures éner-
moyennes gétiques, de densité de la population, des conditions
géographiques etc., une analyse détaillée du potentiel
technique et économique de l’énergie solaire doit être
effectuée à l’échelon régional ou national.

3.4. Le potentiel solaire au Sénégal


Le Sénégal a un important potentiel solaire avec une
durée annuelle moyenne d’ensoleillement de l’ordre
de 3 000 heures et une irradiation moyenne de 5,7
KWh/m2/j. Cette irradiation varie entre la partie nord
plus ensoleillée (5,8 KWh/m2/j à Dakar) et la partie sud
plus riche en précipitations (4,3 KWh/m2/j à Ziguinchor).

Source : Robert A. Rohde / Global Warming Art Figure 3 3


Irradiation annuelle dans 4 régions
choisies du Sénégal
3.3. Le potentiel de l’énergie solaire
Le flux moyen du rayonnement solaire est de 100 –
300 watts par mètre carré. Le rendement net de
conversion (lumière du Soleil en électricité) des cen-
trales électriques solaires est souvent de 10-15 %.
Ainsi pour capter et convertir des quantités significa-
tives d’énergie solaire, il faut trouver des surfaces
substantielles – indépendamment de la technologie
utilisée (solaire électrique = photovoltaïque, section
3.5. ou solaire thermique, section 3.6.).

Pour l’instant, avec un niveau de rendement de 10 %,


il faut une surface de 3-10 kilomètres carrés pour gé-
nérer une moyenne annuelle de 100 mégawatts
d’électricité en utilisant un procédé photovoltaïque (ou Source : DASTPVPS\SOLARIRR.INS. Edité par: PSAES, Projet séné-
galo-allemand Énergie solaire
solaire thermique), c’est-à-dire environ 900 MWh par an.
68
Figure 3 4 3.5.1.Technologie et applications
Carte préliminaire de l’ensoleillement
moyen (kWh/m2/j) du Sénégal L’effet photoélectrique convertit directement l’énergie
du Soleil en énergie électrique. Cet effet est connu de-
puis bien longtemps des semi-conducteurs – maté-
riau pour transistors et puces. Ce n’est que dans les
années 70, alors que la matière première devenait
moins chère, qu’on a développé des appareils éner-
gétiques photovoltaïques pour les vaisseaux spatiaux
et pour les besoins énergétiques moins importants
comme les calculatrices électroniques, les montres,
etc.

Dans un module photovoltaïque, la charge est


connectée entre deux couches de contact électrique,
Source : étude PTFM-ASER 60
l’une à l’arrière du panneau et l’autre au dessus.
L'énergie produite par les rayonnements est séparée
3.5. L’électricité à partir du Soleil : en charges positives et négatives, qui peuvent être
le photovoltaïque utilisées aux deux pôles des cellules comme une bat-
terie. Pour obtenir de meilleurs rendements, de nom-
L’énergie solaire photovoltaïque a pris un essor re-
breuses cellules solaires vont être assemblées et
marquable durant ces dernières années. Les appli-
reliées en série. Le dessus du panneau est revêtu
cations raccordées au réseau continuent à constituer
d’une couche antireflet afin que la lumière entrant ne
la croissance la plus rapide des technologies de pro-
60
soit pas réfléchie mais absorbée par les couches
duction d’électricité, avec une augmentation de 70 %
Carte des variations de l’en- semi-conductrices du panneau. Tous les panneaux
soleillement à partir de don- des capacités existantes pour atteindre 13 GW 61.
nées mesurées au Sénégal
photovoltaïques comprennent ces deux sortes de
sur trois sites (Louga, Saint- semi-conducteurs, l’une avec des électrons positifs et
Louis, Tambacounda), des
données disponibles dans la l’autre avec des électrons négatifs. La surface de ces
Figure 3 5
base de données de RETS- panneaux est polie.
creen® International à trois Énergie solaire photovoltaïque : puis-
stations de mesure au sol sance mondiale installée 1995 2008
(Dakar, Matam, Ziguinchor)
Figure 3 6
et des données extraites de
la base de données de la Structure d’un module photovoltaique
NASA (2004) pour plus de 29
localités réparties sur tout le
territoire sénégalais.

61
Renewables Global Status
Report : 2009 Update.
REN21. Paris 2009.

SGrid connected only = connecté au réseau uniquement


Off grid only= hors réseau uniquement

Source : REN21, Renewables Global Status Report : 2009 Update.

Source : PERACOD
69
Comme le principe technique d’un transistor, la lu- Figure 3 8
mière (photon) entrant sur la structure du semi- Vue d’ensemble des panneaux
photovoltaïques
conducteur soulève des électrons (libres) à la matière
semi-conductrice, créant un courant électrique
continu qui va circuler entre les deux couches de
contact.

Figure 3 7
La conversion photovoltaïque

Source : Deutsche Gesellschaft für Sonnenenergie e.V.

Figure 3 9
Vue détaillée des panneaux
photovoltaïques
Source : PERACOD

Aujourd’hui on produit principalement trois sortes de


modules photovoltaïques :
• le silicium monocristallin ;
• le silicium polycristallin; et
• les technologies en ruban et couches minces

Environ 85 % des cellules photovoltaïques utilisées


dans le monde sont fabriquées à partir de silicium
cristallin, matériau éprouvé depuis de nombreuses an-
Source : Deutsche Gesellschaft für Sonnenenergie e.V.
nées. À l'avenir, l'utilisation de cellules à couche mince
va également se renforcer puisque cette technologie
Lorsque les panneaux photovoltaïques sont intercon-
utilise non seulement moins de silicium, mais permet
nectés entre eux et fixés sur un support, on obtient un
d'engendrer des coûts de fabrication moins impor-
champ photovoltaïque fonctionnant comme une seule
tants par l'utilisation d'autres technologies de semi-
unité de production d’électricité. La puissance du
conducteurs. Le niveau de performance des cellules
champ PV est révélée en Watt crête (Wc).
à couche mince est pour l'instant légèrement inférieur
à celui des panneaux photovoltaïques standards, né- Afin de pouvoir stocker l’énergie électrique produite
cessitant de ce fait une surface d'installation plus im- dans la journée, on utilise une batterie qui est com-
portante pour un rendement équivalent. Au moment posée des unités électrochimiques, appelées cellules,
de porter son choix sur des modules photovoltaïques qui produisent un voltage en transformant l’énergie
précis, il convient de réfléchir non seulement aux chimique en énergie électrique. Chaque cellule a une
coûts de ces derniers mais également aux coûts de tension entre 1 et 2 V selon le type de matériau utilisé.
performance, c.-à-d. le nombre de kilowattheures pro- Ainsi on relie plusieurs cellules entre elles pour fournir
duits (“prix de revient“). une tension adéquate et obtenir 6, 12, 24 ou 48 V.

L’énergie électrique provenant des panneaux photo-


voltaïques est stockée dans la batterie sous forme de
courant continu à faible tension continue. Pour pou-
voir alimenter directement des appareils fonctionnant
avec du courant alternatif sous tension alternative éle-
70
vée (110V/220V), on utilise un onduleur qui convertit Bien sûr, les grandes unités avec plusieurs panneaux
ce courant continu en courant alternatif. et /ou plusieurs batteries sont possibles afin de pou-
voir connecter des biens à haute consommation
Le régulateur de charge contrôle la quantité de cou-
d’énergie comme des réfrigérateurs ou des machines
rant continu qui arrive ou qui sort de la batterie pour
électriques plus petites dans un atelier. De manière
éviter son endommagement.
générale, il est avantageux d’avoir recours à des ap-
Principalement, on peut utiliser l’électricité produite à pareils ayant une très bonne efficacité énergétique
partir du PV de deux façons : comme puissance au- tels que par exemple les lampes à économie d’éner-
tonome pour des utilisations isolées ou pour une ex- gie ou LED, les réfrigérateurs à courant continu éco-
ploitation avec raccordement au réseau. Dans le cas nomes en énergie, etc.
de systèmes en sites isolés, le rendement énergétique
Cependant, comme les coûts pour les panneaux pho-
est adapté aux besoins énergétiques, le cas échéant,
tovoltaïques sont considérables, il n’est pas souvent
il est stocké dans des accumulateurs ou complété par
économique d’approvisionner les grands besoins
une source énergétique supplémentaire (système hy-
d’énergie électrique à partir du photovoltaïque.
bride). Dans le cas de systèmes raccordés au réseau,
le réseau public d’électricité assume le stockage élec-
3.5.1.1.2. Le PV dans les installations
trique.
techniques isolées

3.5.1.1.  Les systèmes autonomes Nombre d’installations techniques sont installées loin
des réseaux d’électricité et ont besoin d’un approvi-
3.5.1.1.1  Les systèmes solaires de type individuel
sionnement décentralisé en électricité.
pour habitations
Les systèmes solaires alimentent de manière fiable les
Les générateurs photovoltaïques, ne nécessitant ni
installations techniques situées dans des régions éloi-
combustible ni entretien, font qu’ils constituent une
gnées des réseaux et nécessitent un minimum de
source idéale pour les « petits » besoins en électricité
maintenance. Equipés de modules solaires, d’accu-
en situations isolées.
mulateurs et de dispositifs de régulations, les diffé-
Le photovoltaïque est donc souvent utilisé pour ali- rents systèmes suivants peuvent être alimentés :
menter des habitations (figure 3-10). Un tel système
• stations émettrices et amplificateurs (radio, télévision) ;
comprend au moins ce qui suit :
• communications et stations de téléphonie mobile ;
• un ou des panneau(x) PV :
• dispositifs de signalisation (chemins de fer) ;
• un régulateur ;
• stations de mesure ; et
• une batterie de stockage ;
• installations de surveillance (par exemple pipelines,
• des lampes à économie d’énergie ; et
etc.)
• divers appareils d’usages tels la radio ou la télévision.
3.5.1.1.3.  Les systèmes de pompage
Figure 3 10 photovoltaïque (PPV)
Composants d’un système
solaire d’habitation Une troisième application autonome très utile est les
systèmes de pompage photovoltaïques ou PPV. Des
systèmes photovoltaïques assurent à la fois l’approvi-
sionnement en eau potable, l’irrigation des surfaces
agricoles ou l’abreuvage du bétail dans les régions
reculées éloignées du réseau. Dans ce cas, on n’a
pas besoin d’accumulateur car l’eau pompée peut
être stockée dans un réservoir.

Ces systèmes PPV peuvent être utilisés pour l’irriga-


Source : PERACOD tion de cultures de rapport ou de pépinières ou bien
71
pour le pompage d’eau potable et constituent souvent Figure 3 11
une source d’énergie de pompage plus fiable que les Composants d’un
système PPV
groupes moteur / pompe marchant au diesel ou ga-
zole.

La figure 3-13 représente les différents composants


d’un système PPV typique. Normalement, le courant
direct (CD) du générateur solaire est transformé en
courant alternatif (CA) à l’aide d’un onduleur. Ainsi, on
évite les déperditions dans le système CD et on peut
utiliser une pompe CA à rendement global plus élevé

Source : Jargstorf 2004

Figure 3 12
Système solaire d’habita-
tion isolée en Casamance
(Sénégal)

Source : PERACOD

Figure 3 13
Lampadaire solaire en
Casamance (Sénégal)

Source : PERACOD
72

Figure 3 14
Système de pompage
photovoltaïque au Sénégal

Source : PRS - Projet Régional Solaire

3.5.1.1.4.  Approvisionnement des villages Figure 3 15


en électricité Approvisionnement des
villages en électricité
Une autre application autonome du photovoltaïque est
son utilisation dans l’électrification rurale. De nom-
breux villages dans l’ensemble du monde ne sont pas
raccordés au réseau d’électricité.
62
Les petits réseaux décentralisés, appelés mini cen-
Renewables Global Status
Report : 2009 Update. trales, peuvent approvisionner en électricité des bâti-
REN21. Paris 2009.
ments isolés, voire même plusieurs bourgades. Le
petit réseau de distribution est alimenté à partir d’un
approvisionnement central, d’une mini-centrale, en
électricité. Il s’agit souvent de systèmes hybrides uti-
lisant le photovoltaïque, des aérogénérateurs et des
générateurs au Diesel alliés à un accumulateur et à
un onduleur permettant l’approvisionnement en cou-
rant alternatif. Les maisons individuelles, les unités de
production et les institutions communales telles que
les écoles et les services de santé sont reliées au ré- Source : PERACOD

seau.
Des programmes d’électrification rurale sont en cours
Les systèmes sont adaptés au consommateur en
d’exécution dans beaucoup de régions du monde. À
puissance et en capacité et peuvent être agrandis et
titre d’exemple, l’Inde a instauré un programme
développés si nécessaire.
d’électrification des villages reculés. Début 2009, en-
Pour les initiatives au Sénégal voir la section 3.5.3. - viron 4 250 villages et 1 160 hameaux sont électrifiés
Le photovoltaïque au Sénégal à l’aide des énergies renouvelables. On compte plus
de 435 000 installations d’éclairage domestique,
700 000 lanternes solaires, 7 000 pompes à eau pho-
tovoltaïques et 637 000 fours solaires en utilisation.
Les installations hors réseau de gazéification pour
produire de l’électricité à partir de la biomasse ont une
puissance installée de 160 MW. L’Inde s’est fixé l’ob-
jectif d’électrifier 600 000 villages reculés d’ici à 203262..
73
3.5.1.2.  Le photovoltaïque en réseau Les petites installations d'une puissance nominale
courante de 3-4 kWc peuvent parfaitement être inté-
Les cellules solaires produisent directement de l’éner-
grées à des bâtiments existants. Les installations de
gie électrique à partir de la lumière reçue. Il s’agit de
taille intermédiaire d'environ 30 kWc à 50 kWc sont
courant continu. Les systèmes photovoltaïques pour
fréquemment implantées sur les hangars d'usine, bâ-
être raccordés au réseau nécessitent un onduleur qui
timents accueillant des bureaux, bâtiments agricoles,
transforme le courant direct du générateur solaire en
écoles, mairies ou autres bâtiments publics. Les ins-
courant alternatif à une tension habituellement utilisée
tallations plus importantes d'une puissance de plu-
dans le réseau (généralement 220 ou 110 V). Il gère
sieurs mégawatts correspondent généralement à des
également la régulation du fonctionnement optimal en
installations de plein air. Une des plus grandes instal-
fonction du rayonnement et contient des dispositifs de
lations en Allemagne, d'une puissance de 40 MWc, a
surveillance.
été construite en 2008 à proximité de Leipzig, équi-
Comparés à une installation hors réseau, les coûts du pée exclusivement de panneaux à couche mince. Le
système sont plus bas étant donné qu’un stockage rayonnement global qui, autour de Leipzig, atteint une
d’énergie n’est en général pas nécessaire, facteur moyenne d'environ 1 055 kWh/m², permet à cette cen-
améliorant également l’efficacité du système et rédui- trale d'injecter environ 40 000 000 kWh d'électricité
sant l’impact sur l’environnement. par an dans le réseau public. En Saxe, cette quantité
On assiste aujourd'hui à une forte croissance mon- d'électricité correspond à l'approvisionnement de
diale des installations photovoltaïques couplées au ré- quelque 16 200 habitations et évite la propagation
seau, dont l'électricité photovoltaïque transformée par dans l'atmosphère d'environ 37 000 t de CO2.
un onduleur est réinjectée dans le réseau électrique Une condition préalable pour une injection dans le ré-
public sous forme de courant alternatif. Il existe diffé- seau est un cadre institutionnel bien défini et des me-
rentes classes de puissance pour les installations sures comme les prix de rachat garanti (voir section
photovoltaïques couplées au réseau : de la petite ins- 7.4.).
tallation sur des habitations d'une puissance pouvant
atteindre par ex. 1 kWc (kilowatt crête), d'une surface 3.5.2. Résumé des photovoltaïques
photovoltaïque d'environ 10 m² à de grandes installa-
Aujourd’hui, les cellules photovoltaïques atteignent un 63
tions de plein air d'une puissance allant de quelques
rendement de 10 à 15 % indépendamment de la tech- Dossier thématique n°10, ‘Re-
centaines de kilowatts crête à des dizaines de MWc nouvelables 2004. Johansson,
nologie utilisée. Il n’est pas clair aujourd’hui laquelle Thomas B. et al. : Les poten-
pouvant couvrir une surface photovoltaïque de plus tiels de l’énergie renouvelable.
de ces technologies compétitives – silicium mono-
de 100 000 m².
cristallin, silicium polycristallin ou celles en ruban –
Figure 3 16 réussira à pénétrer le marché. Mais l’opinion générale
Installations photovoltaïques est qu’à terme, on atteindra un rendement d’au moins
en réseau
20 % avec les cellules PV 63.

On considère généralement que les coûts d’investis-


sement des systèmes photovoltaïques sont une
contrainte essentielle pour cette technologie – parti-
culièrement dans le monde en développement, où le
capital manque.

Source : PERACOD
74
Comme alternative à l’électrification rurale en réseau, D’autres champs d’application importants sont les sta-
les systèmes solaires isolés des habitations offrent tions de relais de télécommunications (environ 20 %)
quelques avantages économiques sur l’électrification ainsi que son utilisation pour les pompes à eau (autour
conventionnelle en réseau. de 25 %).

Il y a beaucoup de pays qui ont introduit avec succès


Figure 3 18
les programmes de diffusion des systèmes solaires
Répartition de la puissance installée
d’habitation pour lesquels on met en œuvre de nou- selon application en 2005 au Sénégal

veaux modes de financement des coûts qui permet-


tent d’assurer la durabilité des systèmes. Tous ces
modèles de systèmes solaires doivent être adaptés à
chaque situation spécifique et locale – il n’y a pas de
solution “prêt-à-porter“.

3.5.3.  Le Photovoltaïque au Sénégal

La puissance photovoltaïque installée a plus que dou-


Source: Selon la Stratégie Nationale de Développement des Éner-
blé durant les 10 dernières années. En 2000, la puis- gies Renouvelables pour la Lutte contre la Pauvreté. Rapport géné-
sance était de 850 kWc seulement, en 2007 elle était ral (provisoire). Mai 2005. Ministère de l’Énergie et des Mines.

estimée à plus de 2 000 kWc déjà (figure 3-17).


L’utilisation du solaire photovoltaïque (en système hy-
Figure 3 17 bride) pour la fourniture d’électricité en milieu rural
Puissance photovoltaïque semble être aujourd’hui l’outil le plus efficient pour de
installée au Sénégal
petits villages très éloignés du réseau électrique.

De grands projets d’électrification rurale se sont réa-


lisés au niveau national grâce aux efforts du gouver-
nement et de la coopération bilatérale (voir section
7.4.2.1. – les programmes d’électrification rurale au
Puissance (kWc)

Sénégal).

À l’initiative de la coopération sénégalo-allemande à


travers son programme PERACOD, un important pro-
gramme d’électrification rurale qui devra fournir de
l’énergie électrique à environ 200 villages a vu le jour.
Le projet ERSEN (Électrification Rurale Sénégal) dans
Années
Source : PERACOD, 2006 ses phases 1 et 2 est exécuté conjointement par
l’ASER (Agence Sénégalaise d’Électrification Rurale)
À l’heure actuelle, la technique photovoltaïque trouve
et le PERACOD sur un financement néerlandais. Du-
surtout son utilisation (figure 3-18) sous forme de sys-
rant la première phase du projet (2005-2008), l’objec-
tèmes solaires de type individuel (plus d’un tiers des
tif était d’assurer l’accès à l’électricité pour 74 villages.
applications) mais son utilisation en mini-centrales, en
Durant sa deuxième phase (2009-2011), plus de 140
général dans des systèmes hybrides (autour de 15 %)
villages sont ciblés. En vue d’améliorer la qualité des
gagne de plus en plus d’importance dans le secteur
services de base fournis aux villageois, chaque vil-
de l’électrification rurale. L’intégration du photovol-
lage sélectionné doit disposer d’au moins une école et
taïque dans la production d’électricité raccordée au
une case de santé. Ainsi, les systèmes électriques so-
réseau n’a pas encore dépassé le stade de projet.
laires assurent l’approvisionnement en électricité de
l’école, de la case de santé, mais aussi des ménages.

Afin de rendre l’électricité utile et accessible à tous,


différents types de services sont offerts aux usagers
75

Figure 3 19
Minicentrale solaire au
village de Ndellé

Source : GIZ / Kamikazz

Le village de Ndellé dans le Bassin Arachi-


dier est alimenté en électricité à partir d’une
minicentrale photovoltaique uniquement.

Figure 3 20
Batteries à l’intérieur
de la centrale

Source : GIZ / Kamikazz

avec différentes technologies : développement des usages productifs.

• les systèmes solaires individuels pour les besoins ERSEN met l’accent sur la fourniture d’équipements à
en électricité des ménages, des écoles et des cases faible consommation. En intégrant les innovations
de santé. Ces systèmes fournissent de l’électricité suf- techniques relatives à l’efficience énergétique des ré-
fisante pour 4 points lumineux et une télévision en noir gulateurs et des lampes basse consommation de
et blanc, une radio et un chargeur de portables ; haute qualité, on peut augmenter d’environ 50 % la
quantité maximum d’énergie susceptible d’être pro-
• les lampadaires solaires pour éclairer les chemins,
duite par un système pour un niveau d’investissement
les places publiques et parfois les lieux de culte ; et
donné. Des régulateurs de charge innovants sont tes-
• les mini-centrales solaire-Diesel (dernièrement une tés pour une protection optimale des batteries.
mini-centrale éolien-solaire-Diesel a été également
mise en service et on pense qu’il y a un potentiel
considérable pour cette forme d’approvisionnement
en énergie au Sénégal – voir section 4.4.) qui ont une
capacité suffisante pour alimenter les ménages et in-
frastructures d’un village de 500 à 700 habitants. Ce
service est comparable à ceux offerts en ville, ce qui
permet d’utiliser tout type d’équipement et facilite le
76
3.6. La chaleur du Soleil : le solaire thermique Il existe plusieurs types de capteurs dont le choix se
fait en fonction des conditions climatiques et de la
Le solaire thermique fait partie des utilisations les plus
température souhaitée de l’eau chaude64.
anciennes d’énergie. Le Soleil émet des rayonne-
ments et en rentrant en contact avec un corps, le • Capteurs plans à liquide avec vitrage : il s’agit d’un
rayonnement solaire augmente la température de ce boîtier rectangulaire à surface vitrée dont l’arrière est
corps. L’illustration la plus simple de ce principe est protégé par un panneau isolant. À l’intérieur se trouve
que depuis toujours, l’homme se met au soleil pour se un matériau absorbant placé entre l’isolant et la sur-
réchauffer. face en plaque de verre. Cette fabrication a pour effet
d’emprisonner le maximum d’énergie captée (effet de
Le solaire thermique capte dans un premier temps le
serre) et d'engendrer peu de pertes thermiques. Ainsi
rayonnement solaire grâce à ses capteurs solaires,
ces capteurs à vitrage procurent un maximum de per-
puis le transforme en chaleur (énergie thermique).
formance même en temps de froid. Par contre, ils sont
Dans un deuxième temps, le système thermique
plus coûteux que les capteurs sans vitrage et diffici-
transfère cette chaleur par l’intermédiaire d’un dispo-
lement manipulables.
sitif de transport de chaleur jusqu’à l’endroit désiré :
un réservoir d’eau, un tube ou d’autres. • Capteurs plans à liquide sans vitrage : ce sont des
capteurs solaires à usage saisonnier. Ils sont d'un
Aujourd’hui, l’énergie thermique connaît différentes
moindre coût car bien qu’ils captent efficacement
applications tels les panneaux solaires chauffants
64 l’énergie solaire, ils engendrent beaucoup de pertes
Les paragraphes suivants (production d’eau chaude pour des habitations), des
sont tirés de http://www.ener- thermiques lorsque leur température augmente. Ils
giepropre.net [consulté le 8
fours solaires, des séchoirs solaires ou les grandes
sont recouverts d'un plastique polymère noir, formé
avril 2010]. centrales de production d’électricité à partir du solaire
de multiples canaux à travers lesquels l'eau circule.
thermique.
On utilise les capteurs solaires sans vitrage lorsque
3.6.1. Technologie et applications l'application fonctionne de façon saisonnière (à tem-
pérature douce), dans les pays chauds ou quand il
3.6.1.1.  Le chauffage solaire
s’agit des besoins en température peu élevée comme
Des capteurs solaires convertissent les rayons du So- dans le cas du chauffage pour piscine.
leil en énergie thermique exploitable. Cette chaleur
• Capteurs à tubes sous vide : c'est l'une des tech-
peut être stockée jusqu’à son utilisation.
nologies les plus performantes et les plus sophisti-
L’absorbeur est l’élément clé de tout capteur : il doit quées en matière de captage solaire, mais aussi la
absorber le plus possible du rayonnement solaire dont plus coûteuse. Ce type de capteur est constitué d'une
il est éclairé, le convertir en chaleur et veiller à ce que série de tubes alignés parallèlement, dans lesquels
seule une proportion aussi minime que possible soit on a créé le vide. À l'intérieur de ces tubes sous vide
réfléchie. se trouve une plaque sombre (l'absorbeur) de même
longueur que le tube, qui est traversée sur toute sa
Figure 3 21
longueur par un conduit (le caloduc ou évaporateur)
Capteur solaire
qui à son tour renferme un liquide. Lors de l’exposi-
tion aux rayons solaires, l'absorbeur transforme l'éner-
gie solaire en chaleur qui est récupérée par le
caloduc ou évaporateur. Le liquide qu'il renferme de-
vient gazeux en absorbant la chaleur, s'évapore en re-
montant le tube sous vide jusqu'à un condenseur situé
à la partie supérieur du tube. Le liquide cède alors sa
chaleur à un fluide caloporteur qui transmet cette cha-
leur à un échangeur thermique placé dans le réser-
voir de stockage. Ce procédé de captage d'énergie
thermique où les capteurs sont sous vide offre légè-

Source : PERACOD
77
reté et résistance, une durée de vie d'environ 20 ans Figure 3 24
et une excellente performance même sous rayonne- Principes d’un chauffe-eau solaire
domestique
ment faible. On utilise cette technique lors des appli-
cations dans les pays froids quand elles sont utilisées
tout au long de l’année.

Figure 3 22
Capteur plan à liquide sans vitrage

Source : PERACOD

Lorsque la technologie solaire est intégrée à des sys-


tèmes de service de bâtiments plus complexes, les
Source : PERACOD
installations régulées à circulation forcée prédomi-
nent. Elles servent au chauffage de l’eau domestique
Figure 3 23
et des locaux.
Capteur à tubes sous vide
Les tailles de systèmes varient selon les applications,
de quelques mètres carrés pour l’approvisionnement
en eau chaude d’une famille à plusieurs milliers pour
le chauffage de grands ensembles immobiliers.

Les marchés pour le chauffage solaire étaient en ex-


pansion continue pendant les dernières années éga-
lement. Les capacités installées à l’échelle mondiale
ont augmenté de 15 % en 2008 et ont aujourd’hui at-
teint une puissance installée de 145 gigawatts ther-
maux (GWth) : elle a ainsi doublé par rapport à son
niveau en 2004. La majeure partie de cette croissance
a eu lieu en Chine (3 quarts de la puissance rajoutée
Source : PERACOD mondiale = 14GWth). On y trouve aujourd’hui 70 % de
la puissance mondiale installée. En Allemagne, les
Contrairement aux systèmes photovoltaïques, les pe-
systèmes de production d’eau chaude ont connu une
tits systèmes solaires thermiques peuvent être
croissance record en 2008, avec plus de 200 000 sys-
construits à un niveau de technologie locale. Il ne faut
tèmes installés. L’Espagne est le premier pays à avoir
pas beaucoup de technologie pour fabriquer un
introduit une loi qui rend l’intégration des chauffages
chauffe-eau solaire thermique. Les parties principales
d’eau solaires obligatoire dans la construction de nou-
d’un tel appareil sont : un capteur solaire, une vitre ou
veaux bâtiments.
du polyéthylène, un échangeur de chaleur, un réser-
voir de stockage, une pompe et des tuyaux. Dans la plupart des pays en développement, le be-
soin en eau chaude est limité, c’est pourquoi cette
technologie n’y a pu être diffusée à grande échelle.
Néanmoins une progression des installations a été en-
registrée dans des pays comme le Brésil, l’Inde, le
Mexique, le Maroc et la Tunisie.
78
Figure 3 25 Plus la concentration est grande, plus la température

Part des chauffe-eau solaires


obtenue est haute. En pratique, les capteurs ont un
/ capacité de chauffage disponible. ratio de concentration typique de 100 :1, alors que le
Les 10 premiers pays, 2007
capteur Fresnel atteint 1 000 :1. La concentration des
capteurs peut encore être supérieure puisque les tem-
pératures dans l’absorbeur atteignent les 1 000 °C ou
plus.

Figure 3 27
Principaux types de centrales
solaires thermiques 2

Source : REN21, Renewables Global Status Report : 2009 Update.

3.6.1.2.  Les centrales électriques solaires thermiques

Dans les centrales électriques solaires thermiques, le Source : PERACOD


rayonnement solaire est exploité dans des capteurs
Contrairement aux systèmes photovoltaïques, les
qui en concentrent l’énergie. Les températures éle-
grandes centrales solaires thermiques sont relative-
vées ainsi générées sont utilisées pour faire tourner
ment faciles à construire et garantissent une capacité
des moteurs traditionnels tels que turbines à vapeur,
électrique. À cet effet, on introduit un brûleur à com-
turbines à gaz ou moteurs Stirling.
bustible fossile supplémentaire dans la centrale afin
65 Les grandes centrales solaires thermiques parvien- qu’il prenne le relais en cas de mauvais temps ou la
Les températures maximales
sans concentration varient nent à fournir de l’électricité à un coût raisonnable. Il nuit. Également des systèmes de stockage ther-
autour de 200 °C – possible existe 4 différents systèmes sur le marché – tous
seulement avec un effort
miques fonctionnent avec succès : ils utilisent du sel
technique très élevé (tubes concentrant le rayonnement solaire pour chauffer à fondu comme moyen de stockage sous haute tempé-
sous vide)
plus haute température : rature et deux réservoirs différents de stockage. La
• les capteurs cylindro-paraboliques ; chaleur excédentaire du capteur chauffe le sel pen-
• les capteurs linéaires Fresnel ; dant que celui-ci est pompé du réservoir froid vers le
chaud. Si la chaleur du capteur n’est pas suffisante, le
• les centrales à capteur parabolique ; et
sel fondu est pompé et retourne au réservoir froid et
• les centrales à miroirs répartis appelées aussi les
réchauffe le fluide thermique.
centrales à tours65.
Comme une turbine à vapeur a seulement un rende-
Figure 3 26 Source : PERACOD
ment de 35 %, le rendement global d’une centrale so-
Principaux types de centrales laire à concentration se situe dans une fourchette de
solaires thermiques 1
10 à 15 %, ce qui est pratiquement le même rende-
ment qu’un petit système photovoltaïque mais sans la
complexité technique.

Par conséquent, seules les centrales de capacité su-


périeure à 20 MW sont économiques pour ce type
d’unités solaires. En Californie, on exploite plus de 350
MW. Leurs coûts énergétiques spécifiques tournent
79

Figure 3 28

Centrale solaire thermique


à capteurs cylindro-
paraboliques en Californie

Source : kjkolb / GNU Free


Documentation License

autour de 0,15 à 0,20 €/kWh. Les coûts d’investisse- être utilisés autant pour la climatisation centrale que
ments pour les centrales de 50 à 200 MW semble- pour des systèmes de refroidissement à traitement
raient se situer entre 2 000 et 5 000 € par kW installé 66. décentralisé de l’air.

3.6.1.3. Le refroidissement solaire 3.6.1.4. Les fours solaires

La technologie thermique solaire peut contribuer éga- Les fours solaires ont été longtemps propagés comme
lement à la climatisation. La chaleur récupérée par un un remède efficace à la crise (africaine) du bois éner-
capteur est utilisée comme énergie pour produire de gie. Cependant, ils n’ont pas conquis de parts consi-
l’air froid. L’un des grands avantages de ce procédé dérables de marché en Afrique malgré les nombreux
est que le besoin de fraîcheur se produit justement modèles de projets prometteurs.
lorsque le soleil brille le plus intensément ce qui rend
Pendant toutes ces années, trois différents types de
le stockage de chaleur ou de froideur inutile. Outre
fours ont été développés à savoir :
des économies directes de combustibles fossiles,
• les fours à caissons ;
cela permet de réduire la charge électrique de pointe 66

en été. • les fours paraboliques ; et Technologies fondamentales –


centrales thermiques solaires.
• les fours à panneaux. Par Volker Quaschning. Dans :
Deux systèmes sont habituellement utilisés pour le re- Le monde énergétique renou-
froidissement solaire. Chacun de ces trois types a des avantages particu- velable, vol.6, nombre 6, p.113.

liers et correspond à des modes de cuisson et cir-


Circuit ouvert
constances particulières.
Ils combinent normalement la déshumidification d’air
par sorption et le rafraîchissement par évaporation uti- 3.6.1.4.1.  Les fours à caissons
lisé dans les systèmes de ventilation destinés à puri-
Un four à caisson est très facile à fabriquer sur place :
fier l’air. Dans de tels systèmes, l’air expulsé humidifié
il comprend un caisson très bien isolé (en bois) avec
et l’air fourni servent tous les deux de refroidissants.
un verre comme couvercle (voir figure 3-29). Il est uti-
L’air fourni est directement rejeté dans les locaux à cli-
lisé généralement pour la cuisson des aliments de
matiser via un système de récupération de chaleur.
base, comme le riz, le maïs, les haricots etc. qui de-
Circuit fermé mandent relativement beaucoup de temps.
Par rapport aux systèmes en circuit ouvert, les refroi-
Manifestement, quand on ouvre le couvercle d’un four
disseurs thermiques ressemblent beaucoup plus aux
à caisson – pour par exemple ajouter des épices aux
systèmes frigorifiques à compression courants en
aliments – on observe une grande déperdition de cha-
termes d’intégration aux constructions. Les refroidis-
leur. Ainsi, ce type de four ne convient pas idéalement
seurs fournissent de l’eau froide à des températures
aux plats plus élaborés et ‘compliqués’ qui deman-
situées entre 6 et 20 °C. Ils peuvent par conséquent
dent de fréquentes interventions pendant la cuisson.
80

Figure 3 29
Four solaire à caisson
typique (Tibet)

Source : Agnes Klingshirn

Souvent les fours à caissons sont utilisés en liaison Figure 3 30


avec d’autres modes de cuisson (conventionnels) : Schéma d’un four parabolique
tout d’abord la nourriture est préparée à l’extérieur en marche

dans le four à caisson (ce qui économise considéra-


blement la quantité de bois énergie), puis les touches
finales apportées à la nourriture sont exécutées à l’in-
térieur de la maison.

3.6.1.4.2.  Les fours paraboliques

Les fours paraboliques ressemblent à des paraboles


de télévision – ils sont ainsi faits pour concentrer les
rayons parallèles du soleil en un point focal où la cas-
serole sera placée (figure 3-30). À cause de l’effet de
concentration, on atteint une température plus élevée
que dans le four à caisson.

Cependant travailler sur un four parabolique néces-


site beaucoup plus de précautions à prendre qu’avec
Source : Stephan Zech, Sun and Ice
un four à caisson car les rayons miroités du soleil peu-
vent endommager les yeux – particulièrement des en-
fants.

Avec une grande attention, les fours paraboliques


sont très polyvalents et peuvent être employés pour
torréfier du café ou griller de la viande, etc.

Le four parabolique peut être fabriqué à partir d’un


métal standard d’atelier mais nécessite des parties
spéciales pour le miroir. À part cela, on peut employer
des barres d’acier conventionnelles.
81

Figure 3 31
Fours paraboliques

Source : GIZ EnDev Bolivie

Figure 3 32
Four solaire type Scheffler
(petit modèle avec cuisson à l’extérieur)

Source : André Seidel

3.6.1.4.3.  Les fours solaires type Scheffler 3.6.1.4.4.  Résumé des fours solaires

Les fours solaires type Scheffler sont principalement La cuisson solaire est très spéciale : source d’énergie
des chauffe-eau solaires où la vapeur de l’eau chaude propre et gratuite, pas de fumée, pas de saleté, pas
(ou un autre fluide) sert à chauffer la casserole. de combustible, pas d’odeurs - en un mot : fascinant.
Mais elle n’est pas encore utilisée partout, là où le so-
Ce type est spécialement adapté pour fournir de
leil brille, là où le besoin d’une alternative à la bio-
l’énergie de cuisson à des cuisines industrielles, des
masse se fait tant sentir.
cantines, etc. Ce modèle de four possède l’avantage
qu’il rend possible la cuisson à l’intérieur. Les pan- Et pourquoi cela ? Tout d’abord, la cuisson solaire
neaux ou miroirs sont placés à l’extérieur de l’habitat donne l’impression qu’elle est chère par rapport aux
et la chaleur est transmise à l’intérieur. autres modes de cuisson. En réalité c’est le mode le
moins cher qui existe. Si l’on compare le prix d’une
De plus, si on utilise un produit caloporteur (huile ther-
cuisinière au kérosène plus le prix du kérosène pen-
mique), il est techniquement possible d’emmagasiner
dant disons 5 années avec un four solaire – le four est
la chaleur solaire et de l’utiliser plus tard.
de très loin meilleur marché.
Un inconvénient de ces fours est leur coût : sans effets
Mais comme le prix d’achat est relativement élevé par
de concentration, on atteint des températures trop li-
rapport aux autres modèles de cuisinières et que les
mites et on nécessite une place relativement grande
(et chère) pour les panneaux. En tout et pour tout, ce
four bien qu’il offre quelques avantages est le dernier
à être distribué parmi les trois types décrits.
82

Figure 3 33

Cuisine d’école en Inde équipée


de 10 fours solaires type Scheffler
(capacité 500 repas par jour)

Source : GIZ / Michael Netzhammer

gens ne calculent souvent pas ce qu’ils dépenseront 3.6.2.  La filière solaire thermique au Sénégal
pour les combustibles par la suite, cet investissement La filière solaire thermique ne trouve pas de véritable
paraît trop élevé ou est tout simplement difficile à four- essor au Sénégal. En effet, certains équipements, ex-
nir. Pour éviter ce problème, il faudrait des microcré- périmentés depuis de nombreuses décennies au Sé-
dits spéciaux pour la cuisson solaire, autrement ils négal, sont parvenus à un stade commercial, mais le
seront réservés aux plus riches. coût souvent élevé de ces technologies et le manque
de mode de financement adapté ont freiné leur déve-
Figure 3 34
loppement 67.
Tests de rendements des
différents fours solaires
3.6.2.1. Les chauffe-eau

L’application la plus diffusée de l’énergie solaire ther-


67 mique à travers le monde est le chauffe-eau.
Stratégie Nationale de Déve-
loppement des Énergies Re- Le pionnier de cette application au Sénégal était la SI-
nouvelables pour la Lutte
NAES (Société Industrielle des Applications de l'Éner-
contre la Pauvreté. Rapport
général (provisoire). Minis- Source : Jargstorf 2004 gie Solaire) qui avait commercialisé des centaines de
tère de l’Énergie et des
Mines. Mai 2005.
chauffe-eau solaires à thermosiphon entre 1985 et
Finalement, la cuisson solaire ne sera jamais le seul 1989, au niveau des hôtels, des logements collectifs
moyen de cuire dans un ménage. Mais c’est un ap- et des particuliers, à partir d’une usine de montage
pareil de cuisson supplémentaire valable qui mérite implantée à Thiès. Aujourd’hui plusieurs sociétés de la
plus d’attention qu’une alternative à la biomasse et place proposent des chauffe-eau importés à des prix
aux appareils de cuisson ménagers fonctionnant aux raisonnables.
combustibles fossiles – spécialement dans un pays
Le manque de développement de cette technologie
comme le Sénégal qui reçoit plus de 3 000 heures de
est principalement lié au coût élevé de l’investisse-
soleil par an.
ment. Il faudrait encourager l’utilisation de matériaux
produits localement dans la composition des chauffe-
eau (coffrage, isolation, surface noire).

Le potentiel substantiel de cette filière se trouve sans


doute dans la branche hôtelière, les franges les plus
importantes de la population chauffent de petites
quantités d’eau manuellement.
83
3.6.2.2. Les séchoirs fin au projet, souvent de manière brutale.

Le séchage du poisson, des mollusques et d’autres Actuellement, on privilégie une autre approche et les
aliments au Sénégal est une technique traditionnelle producteurs de denrées séchées (poisson, légumes)
de conservation au Sénégal. se lancent directement dans l’auto construction, sur
la base des conseils fournis par les techniciens de
Aujourd’hui, malgré l’apparition et la généralisation
l’administration ou passent des commandes auprès
des méthodes modernes de conservation (lyophilisa-
des bureaux d’études.
tion, atomisation), le séchage solaire des produits
agroalimentaires et du poisson est toujours d’actua-
3.6.2.3.  Rafraîchissement solaire
lité et même en développement dans les pays du Sud.
L’utilisation des séchoirs solaires s’est répandue de- La climatisation à la base du solaire ne joue à ce jour
puis une vingtaine d’année principalement à travers pas encore de rôle au Sénégal malgré le potentiel
des projets de développement. Les séchoirs solaires énorme de la filière puisque environ 40 % de l’électri-
font appel à des technologies relativement modestes cité produite au niveau national est utilisée à des fins
et l’utilisateur en assure très souvent l’entretien et la de climatisation et de chauffage 68. L’impénétrabilité
maintenance, après une formation appropriée. du marché sénégalais pour cette technologie est pro-
bablement due une nouvelle fois aux coûts élevés de
Trois types de séchoirs solaires ont été développés au
l’investissement.
Sénégal :
Des réfrigérateurs à adsorption (cycle zéolithe - eau)
• les séchoirs à exposition directe sont constitués
sont testés au CERER depuis plus d’une vingtaine
d’une charpente recouverte d’une couverture trans-
d’années. Ils sont robustes et ne nécessitent pas d’en-
parente qui peut être une toile de polyéthylène ou du
tretien particulier. Le Laboratoire d’Énergétique Appli-
verre. Les produits à sécher qui sont exposés dans
quée de l’École Supérieure Polytechnique travaille
ce capteur sont de fait le siège de la conversion pho-
depuis de nombreuses années sur le cycle ammoniac
tothermique. Ce mode de séchage ne s’adapte pas
- eau.
aux produits fragiles ;
• les séchoirs à exposition indirecte. Un capteur plan Cette technologie ne s’est pas développée de ma-
à air envoie de l’air chaud dans un caisson isolé dans nière satisfaisante malgré l’existence des besoins qui
68
lequel sont placés les produits à sécher ; et sont énormes au niveau des quais de pêche, des Projekterschließung Senegal.
Erneuerbare Energien und
abattoirs, des marchés, etc. Il n’y a pas assez d’infor-
• les séchoirs mixtes. ländliche Elektrifizierung. Län-
mations au niveau des utilisateurs potentiels. derreport & Marktanalyse. Par
Pour des produits ne contenant pas beaucoup d’eau, Rolf Peter Owsianowski: Bun-
Il faudrait peut-être envisager la construction des desministerium für Wirtschaft
et donc nécessitant plus d’effort pour extraire l’eau und Technologie, GTZ.
chambres de conservation de grandes dimensions
restante, il est parfois préférable de combiner l’éner-
pouvant être acquises et utilisées par des coopéra-
gie solaire aux énergies classiques. En général, c’est
tives de producteurs et des regroupements de ven-
le gaz butane qui trouve son application.
deuses.
Des centaines de séchoirs, principalement à exposi-
tion directe, ont été réalisés et implantés dans les sites 3.6.2.4.  Centrales électro-thermosolaires
de production par le CERER, l’ITA, ENDA, la SINAES,
Un essai d’introduction des centrales thermosolaires
la DAST, etc. Ces séchoirs concernent le traitement
s’est soldé par un échec. Une centrale de production
des produits agroalimentaires, le fourrage, les plantes
d’électricité d’une puissance de 25 KW utilisant la
médicinales et le poisson.
technologie a été réalisée par la SENELEC, à Diakhao.
Au départ, l’implantation des séchoirs solaires était le
Mise à feu en 1981, cette centrale, d’un coût de 375
fait d’ONG et de structures relevant de l’autorité de
millions FCFA financé sur prêt de la Caisse Française
l’État. Très souvent, les populations n’étaient consul-
de Coopération (devenue AFD) a cessé de fonction-
tées qu’en fin de parcours et ne s’appropriaient pas
ner depuis 1983. L’échec de ce projet qui avait un ob-
réellement les équipements. Ainsi des problèmes
jectif de démonstration a provoqué à l’époque un
d’entretien et de maintenance mettaient couramment
84
débat sur l’opportunité de financer de telles réalisa- Aujourd’hui, elles ont toutes été démontées et rem-
tions par un prêt. placées par des pompes Diesel.

Le principal obstacle au développement de cette fi-


3.6.2.5.  Pompage de l’eau thermodynamique
lière semble être le manque d’intérêt des autorités, lié
En 1994, dans le cadre du programme “Jérignu jant probablement au manque d’informations sur les avan-
bi“ (bénéfices du Soleil en wolof) financé par la coo- cées technologiques du secteur. Cette filière est pra-
pération française, quatre pompes solaires thermody- tiquement absente, aujourd’hui, de la politique
namiques de la société SOFRATES d’une puissance énergétique du pays.
de 1 kW et d’un débit de 20 m3/jour ont été installées
Il n’existe pas de fonds destinés au développement
dans les régions de Thiès et de Saint Louis.
et à la promotion de cette filière. Or les coûts de fa-
Ces pompes qui n’ont eu à fonctionner que quelques brication des équipements, qui devraient être usuels
mois sont vite tombées en panne et abandonnées, car et à la portée des ménages, restent encore exorbi-
entre temps la société SOFRATES a été dissoute, ce tants pour ces derniers.
qui rendait impossible la disponibilité de pièces de re-
change.
86

4. Des rotors pour un air propre : L’éolien


4.1. Les bases de la puissance éolienne les vitesses du vent sont rarement constantes mais
varient à la fois en intensité et direction. Ceci s’appelle
Le vent souffle autour de la Terre grâce au Soleil.
une turbulence. De plus, les vitesses du vent varient
Comme la Terre tourne, le Soleil réchauffe différentes
avec la hauteur au-dessus du sol.
parties de notre planète de façon inégale, p.ex. de
manière plus importante au niveau de l'équateur. Cet La topographie locale, telle les collines et les mon-
air réchauffé, donc plus léger, va s'élever puis se diri- tagnes, les vallées en forme de tunnel etc., a une in-
ger vers des zones plus froides, les pôles. L'air ainsi fluence marquée sur les vitesses du vent. C’est
refroidi aura tendance à se rediriger vers l'équateur. pourquoi les moulins traditionnels à vent étaient gé-
À ces phénomènes de montées et descentes d'air néralement installés au sommet d’une colline afin de
pôles - équateur, s’ajoutent des déplacements d'air la- capter le plus d’énergie possible.
téraux engendrés par la rotation de la Terre. Ces mou-
vements d’air produisent les vents. L’énergie cinétique 4.1.3. Accroissement de la vitesse du vent
contenue dans ces déplacements de masses d'air est avec la hauteur
appelée énergie éolienne. Pour planifier des projets éoliens, il est très important
de tenir compte de l’accroissement de la vitesse du
4.1.1.  Les vents globaux
vent avec la hauteur. L’accroissement dépend de la
À cause de la forme sphérique de la Terre, la radiation qualité des surfaces locales de l’endroit où l’aérogé-
solaire totale diminue près des pôles. Par conséquent, nérateur sera mis en fonction, à savoir du type de vé-
il y a un excès d’énergie dans l’atmosphère près de gétation ou des obstacles sur le sol dans les environs
l’équateur et un déficit dans les régions polaires. Pour de l’éolienne.
compenser, la chaleur va se déplacer de l’équateur
Figure 4 1
vers les hémisphères sud ou nord, en échangeant les
La loi de puissance
masses d’air. logarithmique

Cela mène à deux circulations principales dans le


monde, les systèmes de circulation Rossby dans les
hémisphères nord et sud, et la circulation de Hadley
dans les régions équatoriales.

4.1.2.  Les vents locaux

Comme conséquence de ces vents globaux, nous


avons des vitesses du vent plus rapides à plus grande
altitude. À approximativement 10 000 m, on a prati-
quement toujours les mêmes vitesses du vent entre
15 et 40 m/s. Au-dessus, les vitesses du vent dimi-
Source : propres calculs Benjamin Jargstorf
nuent à nouveau car il y a moins d’air.

Les vitesses du vent, cependant, comme expérimen-


tées sur la surface de la Terre, peuvent varier de 0 à
plus de 80 m/s (~250 km/h) dans les tempêtes tropi-
cales et les ouragans. À cause de la volatilité de l’air,
87
Il est facile de voir que les buissons et les arbres ra- ments du vent, ce qui n’est pas possible. Toutefois la
lentissent les vents forts de la circulation dans le part utilisable de la vitesse du vent est inférieure – en
monde et ce, beaucoup plus qu’un champ nu ou fait, elle est d’environ 60 % de la puissance théorique
qu’une surface d’un lac. En pratique, l’accroissement (ligne rouge sur la figure 4-2).
de la vitesse du vent suit une courbe logarithmique en
Si nous prenons en compte les pertes aérodyna-
fonction de la rugosité de la surface. En règle géné-
miques des pales, les pertes mécaniques du multipli-
rale, plus la surface est rugueuse (dans le sens où,
cateur et les pertes électriques du générateur etc., la
plus elle a d’obstacles), plus fort sera l’accroissement
puissance délivrée au consommateur par l’éolienne
avec la hauteur. Ceci est appelé la loi de puissance lo-
ressemblera un peu moins à celle représentée par les
garithmique.
lignes noires et bleues dans la figure ci-dessus.
Dans la figure 4-1, on montre quatre courbes diffé-
En pratique, on raccorde actuellement en réseau (on
rentes, chacune correspondant à une certaine rugo-
transforme en énergie utilisable) à peu près 50 % de
sité de surface, appartenant à une classe. La classe
la puissance théorique du vent. Ceci fait de la puis-
0 est celle où la rugosité de surface sera la plus
sance éolienne un système énergétique très rentable
basse, telle une surface plane sans aucune végéta-
puisque les centrales thermiques ont des rendements
tion, ou un endroit désertique. Nous pouvons voir que
avoisinant les 25-35 %, les centrales hydrauliques ap-
dans ce cas, l’augmentation de la vitesse du vent
prochent les 50 à 60 % et les centrales nucléaires seu-
avec la hauteur est faible.
lement 0,5 %.
Dans la classe 3, on assiste à une rugosité de surface
maximale, telle que comme dans le milieu d’une forêt, Figure 4 2
Puissance théorique et pratique au vent
ou bien dans un village avec de nombreux arbres et
de nombreuses maisons. Ici, nous avons l’accroisse-
ment de la vitesse du vent avec la hauteur, le plus fort.

Voyons un exemple : nous avons mesuré une vitesse


puissance électrique délivrée en W/m2

du vent moyenne à 10 m de hauteur au-dessus du sol


de 6 m/s. Maintenant nous voulons y installer une éo-
lienne avec une hauteur de moyeu de 40 m sur une
surface de rugosité moyenne (comme celle d’un
champ d’orge, classe 1). Dans ce cas – comme nous
pouvons le voir sur la figure 4-1 – nous pouvons nous
attendre à une vitesse du vent approximative de 7,4
m/s.

Le potentiel éolien

Il est très facile de mesurer les vitesses du vent – nor- Vitesse de vent constante en m/s

malement avec un anémomètre à coupelles dont la vi- Source : Institut éolien allemand (DEWI), ‘brochure d’information
sur l’énergie éolienne’ 1998
tesse de rotation est proportionnelle à la vitesse du
vent.

Cependant, déterminer la quantité d’énergie éolienne


utilisable est un peu plus compliqué. Ceci parce que
la puissance au vent est le cube de la vitesse du vent
(P~Vvent3). La ligne verte de la figure 4-2 montre
exactement la fonction cubique, la puissance théo-
rique au vent.

Mais naturellement, on ne peut pas utiliser toute cette


puissance car on arrêterait complètement les mouve-
88 Figure 4 4
4.2. La technologie des éoliennes Capacité éolienne installée selon les
pays, premiers pays, 2008

4.2.1.Vue d’ensemble

On utilise l’énergie éolienne depuis au moins deux


mille ans. En Mésopotamie, en 1700 avant J.C. envi-
ron, l’énergie éolienne était utilisée à des fins d’irriga-
tion et pour moudre le grain.

Les pompes éoliennes mécaniques étaient en grande


partie utilisées au XIXe siècle pour fournir de l’énergie
à des fins d’irrigation, de drainage, etc. et ont marqué
le paysage de nombreux pays.
Source : REN21, Renewables Global Status Report : 2009 Update.
L’utilisation moderne de l’énergie éolienne est au-
allemandes actuelles ont une puissance nominale de
jourd’hui pratiquement réservée à la production
5 à 6 MW. Mais aussi des pays n’appartenant pas à
d’électricité. La découverte capitale de la puissance
l’OCDE ont démarré leur propre développement tech-
éolienne se fit avec la crise du pétrole en 1973, quand
nologique. L’Inde par exemple a démarré une pro-
la montée en flèche des prix du pétrole passait de 12
duction de séries d’éoliennes de 1 250 kW en 2003 et
à 35 US$.
en a exporté les premières aux USA dans la même
Soudainement, les pays de l’OCDE voulurent devenir année. La Chine s’est également lancée dans la pro-
plus indépendants des importations de pétrole et se duction des éoliennes et a produit environ 80 000 tur-
tournèrent vers le développement de l’énergie éo- bines de 80 MW en 2008.
lienne, et ce pratiquement exclusivement pour la pro-
Figure 4 5
duction d’électricité. Vingt ans plus tard, la
Développement de la technologie
technologie en matière d’éoliennes a mûri et les éo- des éoliennes en 20 ans
liennes sont passées de 10 kW à plus de 3 000 kW (fi-
gure 4-5).

La puissance totale installée dans le monde avait at-


teint environ 39 000 MW en 2003. La puissance ins-
tallée s’est développée à une vitesse impressionnante
: en 2006 on avait atteint 74 GW, en 2007 94 GW et
en 2008 121 GW (voir figures 4-3 et 4-4). Cette crois-
sance mondiale est surtout portée par les grandes
installations raccordées au réseau électrique. Au- Source: PERACOD

jourd’hui, on trouve des capacités installées allant de


La technologie éolienne présente des avantages
3 à 5 MW en Europe. Les plus grandes installations
considérables :
Figure 4 3
• la palette de performances des éoliennes est large
Energie éolienne - Evolution de la puis-
sance totale installée mondiale : quelques kW à plusieurs MW. Les éoliennes en ex-
ploitation isolée peuvent alimenter des fermes ou pe-
tits villages, les parcs éoliens offshore alimentent les
réseaux d’électricité dans les pays industrialisés ;
• les éoliennes constituent la base idéale à un mé-
lange énergétique avec d’autres sources d’énergie re-
nouvelables pour une production d’électricité issue de
différentes sources ou l’application à des systèmes
d’exploitation isolée ; et
• dans des régions économiquement faibles, les éo-
liennes créent des emplois et une valeur ajoutée locale.
89
4.2.2.  Principes fondamentaux bations dans le réseau de transmission.
de la technique éolienne
Figure 4 7
L’exploitation de l’énergie éolienne repose sur un prin- Schéma d’une éolienne à axe horizontal
cipe simple. L’énergie cinétique du vent est captée
par les pales, elle est d’abord transformée en énergie
mécanique de rotation avant d’être convertie en élec-
tricité par un générateur.

Une éolienne moderne raccordée au réseau est com-


posée d’une hélice à deux ou trois pales du rotor, du
moyeu, de l’arbre, du générateur, du mât, de la fon-
dation et du raccordement au réseau.

Le rotor entraîné par le vent va faire tourner l’arbre qui


lui-même entraînera la mécanique d’une génératrice,
qui, elle produira de l’électricité.
Source : PERACOD

Figure 4 6
Les éoliennes à axe vertical (figure 4-8) ont le rotor
Schema d’une éolienne
perpendiculaire au sol. Elles n’ont pas besoin de sys-
tèmes pour les orienter dans la direction du vent mais
leur efficacité est bien inférieure par rapport au type
horizontal, car elles captent deux fois moins d’éner-
gie dans le vent.

Figure 4 8
Schéma d’une éolienne à axe vertical

Source : PERACOD

On rencontre principalement deux types d’éoliennes


dans le domaine des petites puissances :

Le modèle qui domine le marché est le rotor tripale à


axe horizontal (figure 4-7). L’axe du rotor est parallèle
au sol. L’éolienne peut fonctionner face au vent ou
sous le vent. La technique a fait ses preuves en s’avé- Source : PERACOD

rant capable de supporter une forte charge méca- 4.2.2.1.  Types de contrôle pour les éoliennes
nique, d’être équilibrée du point de vue optique et
Il y a principalement deux différents types de contrôle
d’être silencieuse.
utilisés de nos jours :
Le modèle est en général conçu de façon à ce que la • le contrôle à décrochage aérodynamique – qui uti-
puissance optimale du générateur puisse être atteinte lise l’effet de décrochage aérodynamique sur la pale
à une vitesse de vent de 11-15 m/s, et de façon à pour limiter la puissance ; ou
fonctionner de manière efficace en cas de vent faible.
• le contrôle à calage variable de pale – qui cale la
Si le vent souffle trop fort, la puissance est réglée à la
pale hors du vent réduisant ainsi le soulèvement de la
baisse afin d’assurer une distribution régulière, d’évi-
pale.
ter la surcharge du générateur et d’éviter des pertur-
90
4.2.2.1.1.  Les éoliennes avec régulation troniques.
par décrochage aérodynamique (“stall“)
Le concept de l’attaque directe possède plusieurs
C’est une méthode très simple de contrôle de la puis- avantages : pas de multiplicateur, ce qui signifie qu’il
sance éolienne : les pales sont fixées sur le moyeu et n’y a pas de bruit de multiplicateur, pas de vidange
utilisent l’effet de décrochage aérodynamique pour li- d’huile du multiplicateur et pas d’usure naturelle dans
miter la puissance en sortie. Puisqu’il n’y a pas de le multiplicateur. Malheureusement, les économies de
pièces à fauchage dans le moyeu et pas besoin d’une poids réalisées par l’absence de multiplicateur sont
puissance supplémentaire pour contrôler la puissance perdues à cause du poids supplémentaire du grand
en sortie, on a largement utilisé ce type de contrôle générateur-anneau (~ 7 m de diamètre pour 1 500
dans les années 80 et 90 pour les éoliennes allant kW). En général, les grandes éoliennes actuellement
jusqu’à 1 500 kW. développées possèdent une nacelle de 500 tonnes.

Cependant, avec les pales plus grandes (1 500 kW,


4.2.3. Comment calculer la production
soit un diamètre de rotor d’environ 60 m), on rencon-
d’une éolienne
tre de sévères inconvénients de contrôle avec régu-
lation par décrochage aérodynamique ; l’effet de Normalement, on considère d’abord les vitesses de
décrochage aérodynamique ne peut pas être contrôlé vents moyennes annuelles comme indicateur pour
complètement. Cela dépend d’un certain nombre de l’output d’une éolienne. Cependant, ces moyennes ne
facteurs comme la densité de l’air, la température et reflètent qu’une image très approximative. Comme la
l’aspect lisse de la surface de la pale. puissance au vent augmente avec le cube de la vi-
tesse du vent, bien évidemment, de petites erreurs
Les pales aussi doivent être construites rigoureuse-
peuvent avoir des effets importants.
ment et suffisamment solides pour pouvoir supporter
le dispositif de calage des pales. Donc plus les pales Figure 4 9
sont grandes, plus elles deviennent lourdes et aug- Calcul de la production
mentent considérablement les coûts totaux de l’éo-
V-year : 8.32 m/s E-month : 86,636.80 kWh ; E-year, est ; 1,039.642 MWh ; P-
lienne. gen, mean ; 120.33 kW - Standstill : 9.0% - Part load 66.1% - Full load 24.9%
- CF-gen 34.4%

Les éoliennes avec régulation par décrochage aéro-


dynamique utilisent généralement des multiplicateurs
de vitesse afin d’augmenter la vitesse de rotation du
rotor.

4.2.2.1.2.  Les éoliennes avec contrôle


à calage variable de pale

L’inconvénient des éoliennes à pas fixe est évité avec


le calage variable de pale. En pivotant la pale autour
de son axe longitudinal, on prend autant d’énergie Source : *WINDPLOT*, Logiciel pour le management de données,
programme d’évaluation et de graphique pour analyses des res-
hors du vent que nécessaire. Ainsi une éolienne à pas
sources énergétiques éoliennes, © Benjamin Jargstorf
variable atteint sa puissance maximale indépendam-
ment de la température de l’air ou de l’humidité. Les P. ex., une vitesse de vent moyenne de 6 m/s peut être
hélicoptères actuellement utilisent le même principe la moitié du temps calme (0 m/s) et être la moitié du
pour contrôler leur position de vol. temps de 12 m/s. Étant donné que la courbe de puis-
Cependant, le mécanisme de pas variable ajoute de sance d’une éolienne est de loin non-linéaire, nous ob-
la complexité à l’éolienne car on a besoin d’une cer- servons dans ces deux cas des outputs de puissance
taine quantité d’énergie pour faire tourner une pale totalement différents – même avec une vitesse de vent
moderne qui pèse plusieurs tonnes. Les éoliennes identique.
modernes cependant utilisent des contrôleurs élec-
91
Par conséquent, on doit établir un histogramme de la Dans le domaine des parcs éoliens offshore, la pro-
vitesse du vent qui montre combien de temps le vent fondeur de l’eau observée peut aller jusqu’à 30 mè-
souffle à une certaine vitesse. Cette procédure est ap- tres ou davantage, ce qui requiert de nouveaux
pelée “classification du vent“ et le résultat, une répar- procédés de construction des fondations et des as-
tition des vitesses du vent. Ci-dessus, vous pouvez sises. L’installation des parcs éoliens offshore néces-
voir deux distributions des fréquences : l’une mesu- site le raccordement et la pose de câbles sous-marins
rée à 10 m (hauteur de référence, colonnes blanches) et le développement d’un réseau de distribution cô-
et l’autre extrapolée à une hauteur de moyeu (45 m, tier. Au-delà de l'ancrage des fondations dans les
colonnes noires). On peut voir que la moyenne des vi- fonds marins, la maintenance des installations repré-
tesses de vent à 45 m au-dessus du sol est de 8,32 sente un défi à relever pour les parcs offshore. De
m/s selon les calculs – un assez grand accroissement plus, les effets de l'air salé posent aux matériaux utili-
en regard des 6,7 m/s qui ont été mesurés à 10 m. sés des exigences particulières.

Ensuite, au dessus de l’histogramme, vous voyez les


Figure 4 10
données sur la production calculée de l’éolienne (une
Schéma d’un parc éolien offshore
unité de 300 kW) : une production moyenne mensuelle
de 86 636 kWh et une production estimée annuelle de
1 039 MWh. La ligne suivante montre le comportement
de fonctionnement de l’éolienne : sur une année en-
tière, l’éolienne a des périodes d’arrêt 9 % du temps,
fonctionne en partie 66,1 % du temps et fonctionne à
plein régime les 24,9 % restants. Une autre donnée
importante est le facteur de capacité du générateur
(CF-gen). C’est le rapport entre la production estimée
et la production théorique (c-à-d. quand la turbine
69
fonctionne à plein régime toute l’année). Renewables Global Status Re-
port : 2009 Update. REN21.
Paris 2009

4.3. Applications Source : PERACOD

4.3.1. Eolien onshore La création de ces parcs crée de nouvelles impul-


La plupart des éoliennes sont aujourd’hui installées sions pour le marché de l’emploi et l’industrie. Les ré-
sur la côte ou à proximité. Des types d’éoliennes à mat gions littorales qui, de nos jours, sont souvent
élevé et à grandes surfaces de rotor ont été égale- économiquement faibles, dû à des crises dans les
ment mises au point pour les sites situés à l’intérieur secteurs de la pêche et maritime, peuvent profiter de
des terres où les chaines de collines et les hauts pla- ces impulsions.
teaux constituent les sites d’installation les plus ap- De nombreuses expériences ont été recueillies dans
propriés. Une large palette de puissance a été des projets offshore au sein de plus de 20 parcs éo-
développée pour satisfaire aux différentes formes liens offshore réalisés sur les côtes du Danemark, de
d’application. la Suède, de la Grande-Bretagne, de l'Irlande et des
4.3.2.  Eolien offshore Pays-Bas.

Les vents soufflent plus fort et plus constamment en 4.3.3.  Eoliennes isolées
mer que sur terre. Ainsi le rendement énergétique y
Jusqu’à présent, nous avons regardé seulement la
est environ 40 % supérieur à celui obtenu sur terre. La
tendance de la technologie éolienne : les éoliennes
plupart des parcs éoliens sur mer sont installés loin
connectées en réseau qui constituent presque la to-
des côtes et ne sont pas visibles de la côte.
talité de la base installée dans le monde (~ 121 GW
en 2008) 69.
92
Cependant, il existe aussi des éoliennes dites “auto- Les applications d’énergie éolienne électrique et au-
nomes“, conçues pour fonctionner sans raccorde- tonome – à part les chargeurs de batterie – sont très
ment au réseau. Certaines sont construites en un rares. Bien que de nombreuses personnes pensent
réseau isolé – pouvant ainsi alimenter de petits vil- que cette application est idéale pour l’électrification
lages en électricité. rurale, en pratique les expériences jusqu’alors ont été
décevantes. Ceci est dû au fait qu’une éolienne sans
Dans de tels cas, il n’est pas essentiel d’installer une
stockage n’offre pas réellement de service pertinent.
éolienne dont la taille est la plus importante possible
Ainsi tous ces systèmes ont besoin de (grands)
mais plutôt de trouver la solution adaptée aux don-
stockages énergétiques et un générateur Diesel de
nées locales et aux besoins. Le processus de “repo-
remplacement. Par conséquent, les systèmes auto-
wering“ qui est en cours dans les parcs éoliens des
nomes sont généralement 3 fois plus chers que les
pays industrialisés (c’est-à-dire le remplacement des
systèmes énergétiques conventionnels, et beaucoup
éoliennes de petite taille par des plus grandes) a crée
plus complexes (nécessitant des entretiens considé-
un marché pour les éoliennes d’occasion et offre des
rables !).
possibilités d’achat intéressantes pour les pays en dé-
veloppement. Seuls les chargeurs de batteries, à savoir pour les pe-
tits aérogénérateurs (< 500 W) ont un grand marché,
L’arbre généalogique des applications en énergie éo-
spécialement dans les pays en développement,
lienne est représenté dans la figure 4-11. Pratique-
comme alternative aux schémas d’électrification ru-
ment toutes les éoliennes modernes produisent de
rale avec raccordement au réseau.
l’électricité, travaillant en parallèle avec le réseau in-
terconnecté. Très peu sont exploitées en parallèle En Chine seulement, on utilise aujourd’hui plus de
avec un réseau isolé (système autonome) – là, les 150 000 chargeurs de batteries fabriqués localement
coûts de production spécifiques dus surtout au Diesel pour l’électrification totale à partir de l’énergie éo-
sont normalement plus élevés qu’avec le réseau in- lienne, et même quelques uns sont utilisés par les no-
terconnecté. Néanmoins, l’exploitation économique mades au centre de la Mongolie. Ils utilisent des mâts
des éoliennes peut être réalisée à de faibles vitesses démontables et les installent pour avoir de la lumière
de vent. dans leurs tentes et de l’électricité pour la télévision et
la radio.
Figure 4 11
Schéma des applications possibles
de l’énergie éolienne
4.4. L’énergie éolienne au Sénégal

À l’instar de l‘évolution mondiale, l’énergie éolienne


gagne de l‘importance au Sénégal, pour l’instant sur-
tout au niveau de petites installations isolées dans le
domaine de l’électrification rurale mais parallèlement
un projet d’installation d’un parc éolien de taille im-
portante sur la Grande Côte commence à prendre
forme. Une autre étape importante dans l’évolution de
l’éolien au Sénégal à été l’inauguration d’une première
minicentrale hybride éolien-solaire-Diesel pour l’ins-
Source : Jargstorf 2004 (modifié)
tallation d’un réseau en îlotage au niveau village au
printemps 2010 (voir p.94).

En général on peut distinguer deux périodes de vents


au Sénégal :
• une période de vent “fort“ qui correspond aux alizés
et allant de décembre à mai. Durant cette période, la
vitesse moyenne du vent est comprise entre 5,1 m/s et
93
Figure 4 12

Potentiel éolien à 10 mètres Source : PERACOD


de hauteur (Sénégal)

5,6 m/s ; et à 6,4 m/s à une hauteur de 70 m par contraste à Kayar 70


Source : PERACOD
• une période de vent "faible" durant la saison des avec une moyenne annuelle de 5,8 m/s.
71
pluies (hivernage) allant de juin à novembre avec une Les calculs initiaux estimaient les coûts de production Etude de faisabilité d’un parc
vitesse de vent comprise entre 3,3 m/s et 4,2 m/s. autour de 53 Francs CFA par kWh à Potou et de 66 éolien planifié sur le site de
Potou au Sénégal. Par : Osten,
Les vents dominants sont l'Harmattan au nord-est et Francs CFA à Kayar70. Tjado. Deutsche WindGuard
GmbH. Dakar avril 2010.
l'alizé maritime au nord-ouest. Il a été décidé de procéder à l’élaboration d’une étude
Les données disponibles au Sénégal ont toujours sou- détaillée de développement d’un parc éolien et l’éla-
ligné la faiblesse relative des vents dans le pays, à boration d’un cahier de charges devant conduire à
l’exception de l’axe Dakar – Saint-Louis. une appel d’offres pour la production d’électricité à
partir de l’énergie éolienne à Potou.
En 2003, le gouvernement du Sénégal avait initié, en-
semble avec la GIZ, le projet TERNA Sénégal dans le L’étude de faisabilité 71 pour un parc éolien d’une puis-
but de concevoir un parc éolien d’une capacité ins- sance électrique nominale de 50 MW au site de Potou
tallée de 10 MW sur la Grande Côte qui devra être a été finalisée au printemps 2010. Cette étude pro-
raccordé au réseau. nostique un rendement énergétique d’environ 95 GWh
annuel.
Ainsi TERNA (Technical Expertise for Renewable
Energy Application) Sénégal a effectué des mesures Les coûts de la production énergétique (tarif requis)
de vents durant un an de juillet 2007 à août 2008 à ont été calculés de manière détaillée et pour quatre
Kayar et à Potou. options différentes (selon les éoliennes prévues et
avec ou sans subvention du Ministère fédéral alle-
Les données obtenues ont montré que les vitesses de
mand de la Coopération économique et du dévelop-
vent sont supérieures à Potou et ont donné les résul-
pement). Les calculs finaux se situent dans une
tats suivants : La moyenne annuelle à ce site s’élève
94
fourchette de 65,596 et 85,93 Francs CFA. d’énergie a l’avantage de réduire la probabilité de rup-
ture du service électrique car, avec ces deux sys-
Un autre site potentiel de parc éolien se trouve à Saint-
tèmes, on peut produire de l’électricité nuit et jour. Les
Louis. La faisabilité de ce parc fait également objet
coûts du système sont moindres puisqu’il n’est pas
d’une étude en ce moment.
nécessaire d’avoir des batteries de trop grande ca-
Utilisation de l’énergie éolienne dans des minicentrales pacité.
hybrides
Le financement de ces équipements a été assuré par
Les premiers pas ont été faits dans le domaine de INENSUS West Africa, son partenaire EWE AG ainsi
l’électrification de petits villages isolés à l’aide des ins- que le programme PERACOD de la GIZ à travers un
tallations hybrides intégrant l’énergie éolienne. cofinancement des Pays-Bas. Durant les prochaines
Fin mars 2010, un premier village - Sine Moussa années, une centaine de villages devront être électri-
Abdou dans la région de Thiès - a vu l’inauguration fiés avec INENSUS West Africa S.A.R.L. Le capital
d’une centrale éolien-solaire-Diesel dans le cadre d’un proviendra des investisseurs sénégalais et internatio-
projet pilote sous le couvert du programme ERIL (voir naux.
section 7.4.2.1.) et ses habitants peuvent désormais Au préalable de ce projet pilote, des mesures du po-
profiter de l’électricité. tentiel éolien ont été réalisées durant 1 année sur cinq
Une éolienne de 5 kW ainsi qu’un système solaire de sites dans les régions de Thiès, Louga et Fatick 72. Ces
5 kWc et un générateur Diesel ont été installés et four- mesures ont été effectuées grâce à des mâts de me-
niront de l’électricité aux villageois. Pendant les sure de 12 mètres de hauteur équipés d’anémomè-
heures de pointe, le système électrique à partir des tres. Les mesures du vent et du rayonnement solaire
énergies renouvelables sera assisté par le groupe dans ces 5 villages, tout comme les analyses socio-
électrogène moderne. Cette combinaison de source économiques, ont montré qu’il existe un important po-
tentiel encourageant l’électrification à base d’énergie
éolienne et solaire.

Une utilisation familière de l’énergie éolienne au Sé-


négal : les pompes à eau

Depuis de nombreuses années on trouve des éo-


liennes de pompage dans la zone de maraîchage des

72
Les villages de Botla (com-
munauté rurale de Leona),
Nguebeul (communauté ru-
rale de Cab Gueye) et Dara
Figure 4 13
Andal (communauté rurale
de Diokoul Ndiawrigne) dans La minicentrale de Sine
la région de Louga, le village Moussa Abdou : éolienne
de Sine Mousse Abdou et panneaux solaires
(communauté rurale de
Meouane) dans la région de
Thiès et le village de Sakhor
(communauté rurale de Loul
Sessene) dans la région de Source : INENSUS WA.
Fatick.
95
Niayes. Ces pompes ont pour la plupart été installées cherche-développement ont été menés par l’École
à l’initiative des bailleurs internationaux et des ONG. Nationale Supérieure Universitaire de Technologie
Grâce à un transfert de technologie réussi, ces (ENSUT) devenue École Supérieure Polytechnique
pompes sont aujourd’hui pour la plupart issues de la (ESP) dont les travaux ont porté sur les éoliennes à
production locale. axe vertical (Savonius) pour le pompage et sur les aé-
rogénérateurs à axe horizontal pour la production
Actuellement, il existe à travers le pays un petit parc
électrique.
d'éoliennes de pompage en bon état.
En dépit de l’importance des projets réalisés et des
De 1974 à nos jours, plusieurs projets d’exploitation
moyens mobilisés pour le sous-secteur, le dévelop-
d’énergie éolienne à caractère démonstratif ont été
pement de l’utilisation de l’énergie éolienne demeure
menés parmi lesquels figurent notamment des di-
encore faible.
zaines d’éoliennes installées par des ONG à travers le
pays, plus particulièrement dans les régions de Thiès Bien sûr, ces données auront complètement chan-
et Saint-Louis. gées, si un parc éolien de 10 MW était installé, ce qui
devrait changer de manière plus que significative l’ap-
Ces projets ont concerné toutes les applications de
provisionnement national en électricité.
l’utilisation éolienne à savoir notamment le pompage
et la production de l’électricité. Des projets de re-

Figure 4 14
Installation de l’éolienne à
Sine Moussa Abdou

Source : PERACOD
98

5. L’énergie grâce à la pesanteur :


Les centrales hydrauliques

5.1. Les bases de la puissance hydraulique kW à 5 MW et de pico-centrale pour les puissances


de moins de 100 kW 74. Ces sites de production à pe-
De l’eau en altitude possède une énergie potentielle
tite échelle peuvent alimenter des sites isolés (une ou
de pesanteur. Avant l’avènement de l’électricité, les
deux habitations, un atelier d’artisan, des exploitations
moulins à eau permettaient déjà une exploitation de
agricoles…) ou produire de l’électricité vendue à plus
cette énergie mécanique pour faire marcher des ma-
petite échelle.
chines-outils. Avec l’avènement de l’électricité, on a
pu transformer cette énergie mécanique en énergie
Généralement, les grandes centrales hydrauliques
électrique.
avec une capacité installée de plus de 10 MW ne ren-
trent pas dans l’appellation ‘les nouvelles renouvela-
73 La grande sécurité d'exploitation et d'approvisionne-
Source: Renewables Global bles’ à cause de l’impact critique des grands
Status Report : 2009 Update. ment et les frais de combustible échus à long terme
REN21. Paris 2009.Ce report
barrages au regard de l’environnement et des ques-
offrent une possibilité avantageuse d'assurer un ap-
parle aussi des difficultés de tions sociales puisqu’elles causent souvent le dépla-
chiffrer la capacité installée à provisionnement de base en électricité. En raison du
l’échelle mondiale dû à l’ab-
cement de larges franges de la population.
fait que les centrales hydrauliques, en fonction de leur
sence des sources publiées
suffisantes. type, disposent d'une capacité de stockage d'éner-
5.2.  Les différents types de centrales hydrauliques
74
gie et réagissent vite en cas de besoin en mettant de
Ces appellations varient de l'électricité à disposition, elles jouent un rôle essentiel Il existe différents types de centrales hydrauliques: les
pays en pays : en Europe on
parle des minicentrales pour
dans la stabilité du réseau. Ces centrales hydrau- centrales à réservoir, les centrales à barrage, les cen-
les centrales d’une puis- liques réduisent la dépendance et les risques encou- trales de pompage et les centrales au fil de l'eau.
sance allant jusqu’à 10 MW,
dans d’autres pays peut dif- rus dans le cadre des importations d'énergie et sont
férer. à la base du développement économique de régions Dans les centrales à réservoir, l'eau est stockée dans
qui ne disposent pas d'un approvisionnement éner- un lac naturel ou artificiel puis acheminée dans une
gétique couvrant l'ensemble de leur territoire. centrale en aval par l'intermédiaire de conduites. Ce
type de centrale est particulièrement adapté pour
Aujourd’hui, la capacité hydraulique mondiale est es- compenser les fluctuations affectant non seulement la
timée à 950 GW desquels seulement 85 GW vont à production d'électricité au niveau régional et supraré-
l’hydraulique de petite échelle 73 avec moins de 10 gional mais aussi la consommation, car ces centrales
MW en puissance installée, la grande majorité étant peuvent en effet fonctionner indépendamment de l'af-
des grandes centrales hydrauliques. Les grandes flux naturel de l'eau.
centrales hydrauliques ont une puissance supérieure
à 10 MW, les petites centrales de 5 MW à 10 MW. On Le barrage de l’eau (seuil naturel ou barrage artificiel)
parle de micro-centrales pour une puissance de 100 permet de créer un dénivelé dont la hauteur déter-
mine en partie la puissance produite. L’amenée d’eau
est souvent, en montagne, réalisée en conduite for-
cée du fait du dénivelé important, alors qu’en plaine
un canal de dérivation suffit généralement.
99
Figure 5 1 Pour faire fonctionner une petite centrale, il faut dis-
Schéma d’une centrale à barrage poser d’une prise d’eau sur le lit de la rivière, une ar-
rivée de l’eau au site de production, d’une turbine,
d’un alternateur et d’un transformateur (pour le rac-
cordement au réseau). La turbine est positionnée
dans le lit de la rivière ou en bas de la chute d’eau.
Ainsi, la production d’électricité varie avec le débit de
la rivière.

L’eau fait tourner la turbine, entraînant un générateur


de courant qui transforme l’énergie mécanique en
énergie électrique.

Figure 5 2

Légende : A - réservoir, B - centrale, C - turbine, D - générateur, E - Turbine hydraulique et générateur


électrique, vue en coupe
prélèvement, F - conduite, G – réseau électrique, H - rivière

Source : Tomia / GNU Free Documentation License

À la différence de la centrale à réservoir, la centrale


de pompage fonctionne avec deux réservoirs d'eau,
qui présentent le plus grand dénivelé possible, un Légende :
A : générateur ;
bassin supérieur et un bassin inférieur. Lorsque l'offre
B : turbine;
en électricité est supérieure à la demande et que des 1 : stator ;
surcapacités sont inutilisées (durant la nuit par exem- 2 : rotor ;
3: vannes réglables ;
ple), l'eau du bassin inférieur est pompée vers le bas- 4 : pales de la turbine ;
sin supérieur. Là, elle est de nouveau disponible pour 5 : flux d'eau ;
6 : axe de rotation de
les heures de pointe de consommation.
la turbine et du géné-
rateur
Les centrales les plus fréquemment rencontrées sont
Source : U.S. Army
les centrales au fil de l'eau ou centrale hydraulique flu- Corps of Engineers
viale, qui utilisent la force du courant d'un cours d'eau.
Elles obtiennent un taux de rendement de près de 94
Un aménagement qui respecte l’environnement aura :
% et servent en général à assurer la fourniture élec-
trique de base. Leur puissance est déterminée par la • un débit réservé maintenu pour préserver la salu-
vitesse d'écoulement et le niveau des eaux. Certaines brité et la sauvegarde de la vie aquatique ;
centrales au fil de l'eau ont la capacité de retenir l'eau • une passe à poissons pour faciliter la migration de
pendant les périodes de faible demande énergétique ceux-ci ;
afin d'utiliser cette eau comme réserve lorsque la de- • une filtration des déchets flottants ;
mande augmente.
• un bâtiment insonorisé (le fonctionnement de la tur-
bine et de l’alternateur étant source de nuisances so-
La centrale au fil de l'eau dotée d'un barrage consti-
nores) ; et
tue un type particulier de centrale au fil de l'eau. Un
barrage permet ici de retenir l'eau et de la diriger vers • une bonne intégration paysagère du bâtiment et
les turbines par un canal d'amenée distinct. Alors que des ouvrages.
la centrale au fil de l'eau de type normal ne possède En effet, une installation mal conçue et mal gérée per-
qu'un faible dénivelé entre le niveau d'eau supérieur turbe l’écosystème. Si la quantité d’eau prélevée est
et inférieur, la centrale au fil de l'eau dotée d'un bar- trop importante, la vie aquatique sera atteinte. En l’ab-
rage exploite la différence de niveau plus importante sence de passe à poissons, la migration des espèces
due à la retenue d'eau. sera arrêtée.
100
La construction moderne essaie d’intégrer dans le électrique qui existe et le coût peu élevé du kWh issu
système, diverses technologies stylisées, ce qui mini- de l'hydroélectricité 75, la puissance hydroélectrique
mise les impacts négatifs sociaux et écologiques. installée reste faible.
Quelques impacts parmi les plus importants sont le
déplacement des populations locales, la sédimenta- Cette situation peut se justifier par :
tion, les perturbations de la biodiversité, les niveaux • le coût élevé des investissements requis pour la
de qualité de l’eau et la détérioration de la santé (aug- construction d’une centrale hydroélectrique et les
mentation de la malaria et de la bilharziose ou de la lignes de transports subséquents ;
schistosomiase). • l'éloignement des centres de consommation par
rapport aux sites présentant un potentiel adéquat, ce
5.3. Perspectives pour l’énergie hydraulique
qui contribue à renchérir encore davantage les coûts
au Sénégal
de transport de l'énergie ; et
Le Sénégal obtient de l’électricité venant de l’énergie • les impacts négatifs sur l'environnement liés à l'im-
hydraulique à partir de la centrale de Manantali au plantation des centrales nécessitant des mesures de
Mali commun aux pays membres de l'OMVS (Mali, protection environnementale souvent coûteuses et qui
Mauritanie, Sénégal) qui a été mise en service en participent à augmenter le coût du projet.
75 2002. Le barrage hydroélectrique de Manantali a été
La SENELEC chiffre le coût Par rapport au territoire national du Sénégal seul sans
d’achat par kWh à 18,41
construit sur le Bafing dans la région de Kayes.
prendre en compte les pays voisins, des études réa-
FCFA pour Manantali ce qui
fait une différence considéra-
D'une capacité installée de 200 MW, la production lisées au milieu des années 80 ont montré que les res-
ble avec les autres achats
d’électricité effectués par la électrique est répartie entre le Sénégal (33 %), la Mau- sources hydroélectriques sont peu importantes.
SENELEC d’une production à
ritanie (15 %) et le Mali (52 %).
partir des combustibles fos-
S'agissant de la picohydraulique (puissance inférieure
siles. Le coût est de 81,01 F
CFA/kWh pour la centrale de L’énergie nette enlevée par SENELEC est en baisse à 100 kW) pour lequel le Sénégal ne compte aucune
location Aggreko SENELEC,
91,73 F CFA/kWh pour Ag- depuis quelques années et la baisse du niveau du lac réalisation, il n'existe pas encore d'études ayant pour
greko SOGEM, 52,49 FCFA/
a induit un productible très faible. objet de déterminer son potentiel.
kWh pour Kounoune, 84,97
FCFA/kWh pour GTI [en arrêt
depuis 2009]. Les unités de D’après l’OMVS, près d’une dizaine de sites de bar- Compte tenu du relief relativement plat du Sénégal,
SENELEC du réseau intégré
rages présentant un potentiel hydroélectrique évalué on peut présumer qu’à l'exception de la région de Ké-
réalisent 58,14 FCFA/kWh.
Dû à la hausse du prix des à plus de 4 000 GWh/an ont été identifiés au cours dougou, les ressources dans ce domaine ne devraient
combustibles, les coûts de
production de toutes les au- du fleuve Sénégal et ses affluents. Toutefois, à ce jour, pas être significatives.
tres unités de production ont
il n’existe que le barrage de Manantali et cette
augmenté entre 2004 et 2007
Toutefois, il serait souhaitable de préciser davantage
et ce n’est que le coût de construction a montré une fois de plus que des ins-
Manantali qui est resté stable. le potentiel de la cette filière puisqu’elle présente de
Source : Rapport d’activité
tallations hydroélectriques de cette taille sont en gé-
nombreux avantages : les répercussions environne-
2007 Senelec, p.30. néral accompagnés de problèmes écologiques (voir
http://www.senelec.sn/image mentales des mini-centrales hydroélectriques sont
s/pdf/rapportsenelec2007.pd
section 2.9.2.1. sur le typha).
f [consulté le 2 mars 2010 à
très faibles, les investissements pas très élevés, et on
14h30]
On constate que, malgré la forte demande en énergie n’a besoin ni de grandes lignes de transport ni de
grands centres de transformation. Enfin, les coûts
d’installation et de maintenance sont bas et la matière
première est gratuite.
102

6. Autres types d’énergies renouvelables


6.1. Géothermie 6.1.2.  Le potentiel

6.1.1.  Les bases de l’énergie géothermique 6.1.2.1.  Le potentiel mondial

La chaleur de la Terre contenue dans la croûte terres- Les sources énergétiques géothermiques exploitables
tre provient essentiellement de processus de dés- peuvent être trouvées dans divers environnements
agrégation d'éléments radioactifs, la chaleur résiduelle géologiques.
provenant de la période de formation de la terre.
Ceux-ci sont généralement classés en deux catégories :

Les températures à l’intérieur de la Terre sont estimées • les sols à haute énergie (>200 °C), convenant pour
être entre 3 000 et 10 000 °C. La différence de tem- la production d’électricité etc. ; et
pérature avec la surface de la Terre vient d’un flux • les sources basses températures d'un gradient
76 constant d’énergie vers la surface de 63 kW par km . 2 thermique d'environ 120 à 200 °C. pour l’utilisation di-
L’énergie et le challenge du
Ce flux énergétique seul pourrait fournir un potentiel recte de la chaleur géothermique.
développement durable.
PNUD, Département de mondial d’énergie géothermique d’environ 10 milliards
l’Economie et des Affaires so-
Les endroits à haute énergie sont confinés dans des
de tonnes d’équivalent pétrole (TEP) par année ou en-
ciales des Nations Unies et milieux avec ce qu’on appelle des anomalies géo-
Conseil énergétique mondial. viron 1/1 000 de la demande énergétique totale dans
New York 2000, p.6. thermiques, p. ex. avec une activité volcanique ou
le monde par an76.
séismique et magmatique. Au contraire, l’énergie géo-
77
http://www.earth- thermique basse énergie – comme celle employée
policy.org/index.php?/plan_b
Dans de nombreux pays du globe, la chaleur de la
par les pompes à chaleur – peut être pratiquement uti-
_updates/2008/update74#tab Terre est déjà utilisée pour produire de l'électricité di-
le3 [consulté le 18 février lisée partout.
2010 à 16h15] rectement sous forme de réseaux thermiques.
Dans les pays qui possèdent des sols géothermiques
Les premières centrales géothermiques ont été avec de hautes températures, la chaleur de la Terre
construites dans les années 1930. À cette époque, constitue une base fiable pour la production d'éner-
elles étaient exclusivement utilisées pour chauffer les gie écologique et avantageuse en termes de coût. On
bâtiments publics des grands arrondissements muni- rencontre une exploitation significative de la source,
cipaux. Aujourd’hui, on trouve environ 10 GW instal- à part aux États-Unis, aux Philippines (recevant ap-
lés dans le monde dont environ la moitié aux proximativement un quart de sa demande en électri-
États-Unis. La plupart de ces applications servent à cité des sources géothermiques) 77, en Indonésie, au
produire de l’électricité, le reste étant pour le chauf- Japon, en Australie, au Salvador, au Guatemala et en
fage. Turquie.

La capacité actuelle mondiale des pompes géother- L’énergie géothermique (pompes géothermiques) est
miques qui extraient directement la chaleur du Soleil désormais utilisée dans au moins 76 pays.
s’élève à 30 GWth.
6.1.2.2.  Le potentiel au Sénégal

Les sols sénégalais ne possèdent pas de haute va-


leur géothermique et il n’y a pas eu d’essais d’exploi-
tation de la géothermie basse énergie, compte tenu
du fait que d’autres sources énergétiques renouvela-
bles se prêtent mieux à l’exploitation.
103
6.1.3.  Technologies et applications cycle ORC (Organic-Rankine-Cycle) permettent d'uti-
liser des niveaux de température bas de 120-200 °C
En fonction de la profondeur de forage, on distingue
pour la production d'électricité. L'emploi en aval de
la géothermie profonde et la géothermie peu profonde.
telles installations peut augmenter considérablement
Géothermie profonde les rendements des sites de haute enthalpie.
La géothermie profonde permet de produire à la fois
6.2.  L’énergie marémotrice
de l'électricité dans des centrales électriques ainsi
que de la chaleur dans de grands réseaux thermiques L'énergie marémotrice est issue des mouvements de
pour les secteurs de la production industrielle ou pour l'eau créés par les marées, causées par l'effet conju-
le chauffage des bâtiments. Dans la géothermie pro- gué des forces de gravitation de la Lune et du Soleil.
fonde, on distingue la géothermie hydrothermale, les Il y a beaucoup de recherches dans le domaine et des
systèmes HDR (Hot-Dry-Rock = roches chaudes et essais d’exploiter cette énergie pour la génération
sèches) et les sondes géothermiques. La géothermie d’électricité mais pour l’instant ces tentatives sont
hydrothermale exploite directement la chaleur en pui- pour la plupart au stade expérimental. Des installa-
sant l'eau chaude dans des couches à grande pro- tions pilotes à travers le monde utilisent les différentes
fondeur. La géothermie hydrothermale peut être formes d’énergie que l’on trouve au niveau des
employée pour produire de la chaleur ou de l'électri- océans, mais pour l’instant les techniques d’exploita-
cité selon la température. tion sont difficiles à maîtriser et très chères. Ainsi pour
le moment, l’exploitation à plus grande échelle de ces 78
Figure 6 1 énergies ne porte pas encore d’intérêt économique 78. Les paragraphes suivants sont
tirés de pages Wikipedia sui-
Procédé Hot-Dry-Rock
La génération cumulative à l’échelle mondiale est de vantes :
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3
nos jours insignifiante et beaucoup doutent même que
%89nergie_des_vagues
l’exploitation de ces énergies puisse avoir un vrai ave- [consulté le 29 mars 2010 à
15h33] ;
nir. http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3
%89nergie_mar%C3%A9mo-
On distingue principalement les sources d’énergie trice [consulté le 29 mars 2010
suivantes : à 15h45] ;
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3
• l’énergie des vagues qui utilise la puissance du %89nergie_hydrolienne
[consulté le 29 mars 2010 à
mouvement des vagues ; 16h00] ;
• l’énergie marémotrice qui est issue du mouvement http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3
%89nergie_thermique_des_me
de l’eau créé par les marées (variations du niveau rs [consulté le 29 mars 2010 à
16h17] ;
de la mer et courants de marée) ;
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3
• l’énergie hydrolienne qui utilise les courants sous %89nergie_osmotique
[consulté le 29 mars 2010 à
marins ; 16h58]

Source : PERACOD • l’énergie thermique des mers qu’on peut produire


en exploitant la différence de température entre
En ce qui concerne le procédé HDR, il s'agit là d'uti-
les eaux superficielles et les eaux profondes des
liser la chaleur terrestre dans les couches de roches
océans ; et
profondes (env. 3 000 à 7 000 m) qui ne contiennent
• l’énergie osmotique : La diffusion ionique provoquée
aucune ressource naturelle en eau ou pas suffisam-
par l’arrivée d’eau douce dans l’eau salée de la mer
ment. À l'aide de forages en profondeur, l'eau est mise
est source d’énergie.
en circulation au travers d'un système contrôlé de
roches fissurées et crevassées. L'eau chaude est
alors soutirée à la surface par un forage et entraîne,
sous forme de vapeur, une turbine qui produit de
l'électricité ou approvisionne le réseau thermique.
Dans l'objectif d'utiliser également des niveaux de
température plus bas, le cycle de Kalina ainsi que le
104
6.2.1.  L'énergie des vagues Les sites adaptés au captage de l'énergie marémo-
trice sont peu nombreux ; ils se concentrent dans les
L'énergie des vagues est une énergie marine utilisant
régions où, du fait notamment des conditions hydro-
la puissance du mouvement des vagues.
dynamiques, l'amplitude de l'onde de marée est am-
La faisabilité de son exploitation a été étudiée, en par- plifiée : c'est notamment le cas en France dans la Baie
ticulier en Angleterre : le système couplé à des dis- du Mont-Saint-Michel, près de laquelle se trouve
positifs flottants ou des ballons déplacés par des l'usine de la Rance (potentiel 240 MW) et au Canada
vagues dans une structure en béton en forme d'en- dans la Baie de Fundy où le marnage dépasse 10 mè-
tonnoir, produirait de l'électricité. Les nombreux pro- tres, ce qui génère des courants de marée intenses
blèmes pratiques ont contrarié les différents projets et pouvant dépasser 5 nœuds, soit près de 10 km/h.
son avenir ne semble pas encore assuré.
L'exploitation optimale de l'énergie potentielle néces-
6.2.2.  L’énergie marémotrice site des aménagements importants, qui modifient no-
tablement les équilibres écologiques dans des zones
L’énergie marémotrice est aujourd’hui l’énergie la
généralement fragiles et il est possible que cette voie
mieux étudiée et exploitée. Elle exploite sous forme
ne sera plus guère exploitée à l'avenir.
d’énergie potentielle les variations du niveau de la
mer. Une réalisation intéressante est à Hammerfest, une
ville au nord de la Norvège. Hammerfest Strøm est la
Figure 6 2 première usine marémotrice sous-marine. Cette usine
Principe d’une usine marémotrice ressemble à un moulin à vent dont les pales tournent
grâce au flux et au reflux des marées.
Source : Der Unfass-
bare / Wikipedia Com- L'ordre de grandeur de l'énergie naturellement dissi-
mons
pée annuellement par les marées est évalué à 22 000
TWh soit l'équivalent de la combustion de moins de 2
GTEP. Seule une fraction de cette énergie étant récu-
pérable, l'énergie marémotrice ne pourra contribuer à
l'avenir qu’à une faible part à la satisfaction des be-
soins mondiaux.

6.2.3.  L’énergie hydrolienne

Une hydrolienne est une turbine sous-marine (ou sub-


aquatique, ou posée sur l'eau et à demi immergée)
qui utilise l'énergie cinétique des courants marins ou
de cours d'eau, comme une éolienne utilise l'énergie
cinétique de l'air.

La turbine de l'hydrolienne permet la transformation


de l'énergie hydraulique en énergie mécanique, qui
est alors transformée en énergie électrique par un al-
ternateur.

Le potentiel européen de l'énergie hydrolienne est,


selon plusieurs études menées il y a quelques années
axées sur ce projet d'envergure mondiale, à environ
12,5 GW qui pourraient produire 48 TWh chaque
année, ce qui représente la capacité de trois centrales
électriques récentes.

Les courants marins pourraient être exploitables par-


105

Figure 6 3
Turbine sous-mer avant installation

Source : Wikipedia Commons

tout dans le monde ; les courants de marée consti- rins coûteux et dangereux. Le coût de l'électricité
tuent toutefois pour l'instant le domaine préférentiel de pourrait atteindre 0,045 euro/kWh.
ce type de technologie : les courants de marée pré-
La technologie des hydroliennes est encore à un
sentent en effet, par rapport aux courants généraux
stade expérimental.
(comme le Gulf Stream) des caractéristiques particu-
lièrement favorables : Le coût élevé de l'investissement d'une centrale hy-
drolienne et le faible tarif d'achat de l'électricité pro-
• intensité importante (dans certaines zones les cou-
duite peuvent pour l'instant faire reculer les
rants de marée peuvent atteindre ou dépasser 10
investisseurs.
nœuds, soit 5 m/s, alors que les courants généraux
dépassent rarement 2 nœuds) ; 6.2.4  L’énergie thermique des mers
• proximité de la côte : les veines de courant intense L'énergie thermique des mers (ETM) ou énergie ma-
apparaissent dans des zones de faibles profondeurs réthermique est produite en exploitant la différence de
situées à proximité de la côte, ce qui en facilite l'ex- température entre les eaux superficielles et les eaux
ploitation ; profondes des océans. Un acronyme souvent ren-
• direction stable : les courants de marée sont géné- contré est OTEC, pour Ocean thermal energy conver-
ralement alternatifs, ce qui simplifie le dispositif de sion.
captage ; et En raison de la surface qu'ils occupent, les mers et
• prédictibilité : les courants de marée sont parfaite- les océans de la Terre se comportent comme un gi-
ment prévisibles, puisqu'ils ne dépendent que de la gantesque capteur pour le rayonnement solaire et
position relative des astres générateurs - Lune et So- l'énergie du vent (elle-même dérivée de l'énergie so-
leil - et de la topographie locale. laire).

Les projets les plus avancés dans le domaine concer- Bien qu'une partie de cette énergie soit dissipée (cou-
nent à ce jour essentiellement la Grande-Bretagne. Un rants, houle, frottements, etc.), une grande partie ré-
prototype d'hydrolienne adapté aux eaux profondes chauffe les couches supérieures de l'océan. C'est
et aux courants marins rapides a été installé à Pent- ainsi qu'à la surface, grâce à l'énergie solaire, la tem-
land Firth. Il comporte quatre turbines de 20 mètres pérature de l'eau est élevée (elle peut dépasser les
de diamètre pour une puissance maximale de 4 MW. 25 °C en zone intertropicale) et; en profondeur privée
Elles sont montées sur une bouée tubulaire placée du rayonnement solaire, l'eau est froide (en généra-
verticalement et amarrée au fond de la mer par un laux alentours de 2 à 4 °C). Ces couches froides ne se
bras pivotant. Ce bras sert à l'installation et la mainte- mélangent pas aux couches chaudes. En effet, la
nance des turbines et supprime les travaux sous-ma- densité volumique de l'eau s'accroît lorsque la tem-
106
pérature diminue ce qui empêche les eaux profondes L’E.T.M. a besoin de beaucoup d’eau : il faut un très
de se mélanger et de se réchauffer. grand débit d’eau de mer pour compenser la faible
efficacité due au faible gradient de température et de
Cette différence de température peut être exploitée
très grands diamètres de canalisations pour limiter les
par une machine thermique. Cette dernière ayant be-
pertes de charges.
soin d'une source froide et d'une source chaude pour
produire de l'énergie, utilise respectivement l'eau ve- À ce jour, on distingue principalement trois types de
nant des profondeurs et l'eau de surface comme centrales E.T.M. 79 :
sources. • cycle ouvert :
À priori, cette énergie n'est exploitable que dans les • cycle fermé ; et
zones intertropicales où la différence de température • cycle hybride.
entre la surface et le fond est suffisante pour obtenir
De manière générale, on peut dire que le rendement
un rendement suffisant. Les endroits appropriés sont
varie en fonction de la puissance de l’usine : plus elle
ceux où l’eau de surface reste chaude durant toute
est puissante, meilleur est le rendement, et cela dé-
l’année, avec une moyenne d’environ 24 °C. L’E.T.M.
pend aussi du cycle utilisé.
doit se faire en mer pour que les canalisations qui la
constituent puissent puiser de l’eau des océans. Mais La production d'énergie maréthermique ne fait pas in-
elle doit se faire au plus près des côtes, pour faciliter tervenir de combustion et ne rejette donc pas de gaz
la construction et minimiser les coûts. En plus, il faut à effet de serre.
79
Compte tenu de l’insigni- une certaine profondeur des eaux avec des canalisa-
Cependant, il a des impacts environnementaux à
fiance actuelle de ce type tions allant jusqu’à 1000 mètres de profondeur. On ne
d’énergie, nous n’approfondi- craindre. Durant le processus de pompage d’eau, de
rons pas les aspects tech- peut donc mettre une E.T.M. n’importe où sur le globe.
nombreuses espèces vivantes peuvent être entraî-
niques.
Tout ceci n’est possible que dans une zone allant du
nées et tuées. De plus, l'utilisation de chlore est fré-
tropique du Cancer au tropique du Capricorne, c'est-
quente pour éviter le développement des dépôts
à-dire entre 30 et -30° de latitude. Cette source d’éner-
marins. Celui-ci endommage l'écosystème. Il y a éga-
gie présente donc beaucoup de contraintes
lement à craindre que l’effet cumulatif pour des
techniques.
grosses installations puisse changer à la longue les
Les techniques de l’E.T.M températures de l’eau de surface (en baisse) et en
profondeur (en hausse).
L’E.T.M. produit de l'énergie grâce à un fluide de tra-
vail (eau de mer, ammoniac ou un autre fluide dont le
6.2.5.  L’énergie osmotique
point de condensation est proche de 4 °C). Ce fluide
passe de l’état liquide à l’état vapeur dans l’évapora- Il est théoriquement possible d'extraire de l'énergie au
teur, au contact de l’eau chaude puisée en surface. voisinage des estuaires (où l'eau douce des cours
La pression produite par la vapeur passe dans un tur- d'eau se mélange avec l'eau salée de la mer), en ex-
bogénérateur pour faire tourner une turbine et pro- ploitant le phénomène d'osmose : si de l’eau douce
duire de l’électricité, après que le gaz ait perdu de la et de l’eau salée sont séparées par une membrane
pression, il passe dans un condenseur pour retourner semi-perméable, l’eau douce migre à travers la mem-
à l’état liquide, au contact de l’eau froide puisée en brane.
profondeur. Si le réservoir contenant l’eau salée est à une pres-
sion supérieure à celle de l’eau douce, l’eau douce
migre vers l’eau salée tant que la différence de pres-
sion n’excède pas une valeur limite (limite théorique
avec l'eau de mer : 2,7 mégapascal, soit 27 bar) ; la
surpression ainsi créée peut être utilisée pour action-
ner une turbine. Une autre possibilité consiste à utili-
ser des membranes qui ne laissent passer qu'un type
d'ion (positif ou négatifm) : on peut alors produire di-
107
rectement de l'électricité.

L'impact sur l'environnement est en principe nul,


puisque le mélange se serait fait naturellement.

Dans l’état actuel de la technologie, la surface de


membrane nécessaire est de 200 000 à 250 000 m2
par MW ; la réalisation de ces membranes est une des
difficultés pour le développement de cette technique
et elle est encore loin d’une exploitation profession-
nelle.

En résumé, on peut dire que toutes les formes d’ex-


ploitation d’énergie marémotrice sont encore dans un
stade expérimental et que leur avenir ne semble pas
assuré.

6.2.6.  L’énergie marémotrice au Sénégal

Au Sénégal, malgré sa ligne côtière de 500 km, il n’y


a pas eu de tentative ni de projet pour exploiter ce po-
tentiel.

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