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Chapitre 1 Estimation des besoins énergétique et paramètres climatiques

1.1 Introduction
Le dimensionnement d'un système énergétique d’origine renouvelable repose essentiellement sur
deux éléments: l’estimation des besoins en électricité et le gisement énergétique du lieu (par
exemple gisement solaire ou éolien).
Dans ce chapitre, nous allons montrer comment les besoins en électricité vont être estimés et ensuite
on va exposer les deux gisements solaire et éolien.

1.2 Estimation des besoins en électricité


1.2.1 Nature et profil de la charge
La demande, dans la plupart des cas, ne peut pas être définie de façon précise. On a toujours des
fluctuations; des variations journalières, hebdomadaires ou saisonnières (figure. 1.1). La
connaissance du profile journalier de la charge aide à déterminer les pics de la charge.

Fig.1.1: Différents profils de charges

1.2.2 Types de charges


Les charges peuvent être classées selon plusieurs critères :
- leurs applications
On parle des charges domestiques, charges industrielles, pompage, télécommunication, …etc.
- leurs mouvabilités
Deux cas se présentent :
Charges transférables et non transférables
Les charges transférables se sont les charges dont on peut déplacer leur utilisation (ex. machines à
laver). Les charges non transférables ce sont les charges dont leur utilisation est limité dans le temps
(ex. réfrigérateur, éclairage). Ce classement nous permet de transférer les charges transférables aux
périodes dont on a plus d’énergie renouvelable. Par exemple pour le soleil la période la plus
convenable est la période autour du midi du temps solaire vrai (TSV).

1.2.3 Critères de choix des charges


Les appareils électriques devront être choisis en essayant de prendre les appareils économiques
ayant comme consommation les faibles valeurs possibles. A titre d’exemple les lampes électriques
économiques seront choisies. Pour chaque charge on doit connaitre sa tension, sa puissance, la
nature du courant utilisée (courant continu ou alternatif).

1.2.4 Calcul de la consommation


En général, l’estimation des besoins en électricité se fait tout en calculant l’énergie journalière. Pour
ce faire on doit connaitre la puissance des appareils utilisés, leur nombre et la durée d’utilisation. La
consommation journalière est donnée par :
( ℎ) = ∑ × × (1.1)

Pi : la puissance unitaire de la charge i,
Ti : le temps d’utilisation de la charge i et
Ni : Le nombre d’éléments de la charge i.

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1.3 Estimation du rayonnement solaire


1.3.1 Notions générales
1.3.1.1 Définition
L’énergie qui nous vient du soleil représente la quasi-totalité de l’énergie disponible sur terre. Outre
l’apport direct sous forme de lumière et chaleur, elle est à l’origine de la biomasse (photosynthèse),
du cycle de l’eau, des vents, des courants océaniques et, sous forme stockée, de nos réserves de gaz,
pétrole et charbon.
Les seules ressources énergétiques non solaires sont la chaleur de la terre (géothermie), les marées
et l’énergie nucléaire (fission et peut-être fusion).
Cet apport énergétique n'est pas lui aussi bien défini; il présente des fluctuations qui varient d'un
jour à un autre même d'un instant à un autre. Donc le rayonnement solaire ne présente pas une
quantité fixe ou constante. Mais, sa détermination est juste une estimation.
L’atmosphère terrestre reçoit ce rayonnement à une puissance moyenne de 1,37 kW/m2 (plus ou
moins 3 %) selon que la Terre s’éloigne ou se rapproche du Soleil dans sa rotation autour de celui-
ci. L’atmosphère en absorbe toutefois une partie, de sorte que la quantité d’énergie atteignant la
surface terrestre dépasse rarement 1,2kW/m2. La rotation et l’inclinaison de la Terre font également
que l’énergie disponible en un point donné varie selon la latitude, l’heure et la saison. Enfin, les
nuages, le brouillard, les particules atmosphériques et divers autres phénomènes météorologiques
causent des variations horaires et quotidiennes qui tantôt augmentent, tantôt diminuent le
rayonnement solaire et le rendent diffus.
1.3.1.2 L'irradiance solaire
L'irradiance solaire (kW/m2) est la quantité d'énergie solaire reçue par une surface spécifique.
1.3.1.3 L'ensoleillement ou l'irradiation solaire
L'ensoleillement ou l'irradiation solaire (kWh/m2) est la quantité d'irradiance solaire mesurée sur
une période de temps donnée. Elle dépend de l'angle d'inclinaison de la surface de captation.

1.3.2 Composantes du rayonnement solaire


Pour le rayonnement solaire, on parle du rayonnement global (figure 1.2). Il est composé de trois
composantes : le rayonnement directe, le rayonnement diffus et le rayonnement réfléchi.

Figure 1.2 Différentes composantes du rayonnement solaire

1.3.3 Effet de l’inclinaison des capteurs solaires sur le rayonnement


L’inclinaison des capteurs joue un rôle très important dans la réception du rayonnement solaire. La
figure 1.3 montre l’effet de l’angle d’inclinaison sur le rayonnement direct frappant un plan, de
mois en mois, à une latitude donnée. Pendant l’hiver la position verticale est la meilleure par contre
durant la période d’été c’est l’horizontal. Ces informations servent pour le choix de la position de
l’inclinaison des systèmes PV. Pour les systèmes fonctionnant durant toutes les saisons (toute
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l’année), un angle égal à la latitude est préférable (avec plus de 10°) et pour ceux qui fonctionnent
durant les saisons chaudes, il est préférable un angle proche de l’horizontal (avec 10° en plus pour
l’évacuation des eaux des panneaux).

.
Figure 1.3 Effet de l’inclinaison des capteurs sur le rayonnement solaire
pour une latitude donnée.

1.3.4 Estimation
On distingue deux types de données d’ensoleillement : les valeurs instantanées (irradiances : W/m2)
et les valeurs cumulées ou énergie (irradiations :Wh/m2).
Dans cette partie, on parlera du potentiel énergétique qu’on peut attendre du rayonnement solaire
dans un lieu et pour une installation donnée. En général les données qu’on trouve sont celles du plan
horizontal ; elles doivent être transposées dans le plan incliné des capteurs.

1) Les valeurs instantanées : Irradiances


Elles présentent des informations sur l’évolution du rayonnement durant une journée donnée. Elles
peuvent servir pour l’étude du comportement d’une charge dans un endroit où spécialement les
ombrages se présentent.

2) les valeurs cumulées ou énergie (irradiations :Wh/m2).


Elles sont utilisées pour le dimensionnement des systèmes photovoltaïques. Elles sont basées sur les
moyennes mensuelles de l’énergie solaire journalière de la région. Ces valeurs varient d’un mois à
un autre et même dans le mois d’une année à une autre. Plus que le nombre d’années pris dans les
mesures est élevé plus que les mesures seront représentatives.
Pour le dimensionnement, en général on prend la valeur du mois le plus défavorable.

1.3.5 Rayonnement solaire en Algérie


L’Algérie, vu sa grande superficie, est bien ensoleillée. Le rayonnement global pour une surface
horizontale varie de 5 kWh/m2/j au nord à 7kWh/m2/j au sud du pays (voir figure 1.4).

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Figure 1.4 Gisement solaire en Algérie

1.3.6 Rayonnement solaire à Batna


Les coordonnées géographiques de Batna sont données sur le tableau 1.1. La figure 1.5 montre le
rayonnement global pour trois angles d’inclinaison de la surface de captage (horizontal +100,
latitude +100 et le vertical.

Tableau 1.1 Les coordonnées géographiques de Batna


Désignation Valeur
Latitude 35033′21″Nord
Longitude 6010′26″Est
Altitude Min. 900 m; Max. 1 037 m

Figure 1.5 Rayonnement global pour le site de Batna

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1.4 Estimation du potentiel énergétique éolien


1.4.1 Définition
La notion du potentiel éolien désigne la quantité théorique d’énergie éolienne disponible sur un
territoire donné. Il est lié à la force et à surtout à la rugosité des vents qui ne doivent être ni trop
forts ni trop faible.
Tout comme la majorité des énergies renouvelables, le vent doit son énergie au soleil. La terre
reçoit de la part du soleil une puissance de 1.74 10 , seulement 1 à 2% de cette énergie est
convertie en énergie éolienne.
Les rayons du soleil arrivent perpendiculairement à la surface de la terre au niveau de l’équateur ; si
on fait le bilan thermique de la terre, on remarque un surplus d’énergie au niveau de l’équateur et un
déficit au niveau des pôles, ce qui entraine nécessairement un transfert de chaleur de l’équateur vers
les pôles.
Les masses d’air plus chaudes au niveau de l’équateur vont monter en altitude et vont se refroidir au
niveau des pôles. Les masses d’air se déplacent et créent le vent.
L’énergie éolienne va capter l’énergie cinétique du vent et la convertit en un couple qui fait tourner
les pales d’un rotor. :

Figure 1.6 Energie du vent pour différentes latitudes

1.4.2 Estimation du vent


L’énergie du vent peut seulement être calculée statistiquement, car on ne sait jamais avec certitude
le vent qu’il va faire demain. Si dans un certain endroit nous mesurons l’intensité et la direction du
vent, même pendant des années, nous obtiendrions seulement une certaine probabilité que l’année
prochaine le vent aura un comportement similaire. On appelle ces statistiques du vent le climat
éolien.
Malgré cette incertitude, avant d’installer un aérogénérateur, la connaissance du climat éolien est
très importante pour un certain nombre de raisons :
1. Estimation de production annuelle d’énergie :
En connaissant les statistiques du vent, on peut faire une prévision de l’énergie qu’on pourrait
collecter avec un certain aérogénérateur.
2. Estimation des dimensions de l’aérogénérateur en fonction de l’énergie souhaitée :
En connaissant les statistiques du vent d’un lieu particulier, on peut estimer le diamètre du rotor et
la vitesse nominale du vent que notre aérogénérateur doit avoir pour produire l’énergie souhaitée.
3. Estimation de la capacité de stockage de l’énergie
Dans les aérogénérateurs travaillant en isolé (c’est-à-dire, non connectés au réseau), la capacité du
système de stockage de l’énergie dépend de la fréquence et la durée des périodes où le vent ne sera
probablement pas assez intense pour être productif.
4. Prévisions des vents violents :
La fréquence des vents très forts peut avoir une influence sur une construction d’une éolienne
(dispositifs de sécurité, solidité du mât, etc…).
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1.4.3 Les variations du vent


On doit tenir compte de certaines variations instantanées saisonnières ou encore causées par le
relief, nous citons :
Les rafales : difficiles à caractériser, elles possèdent un caractère instantané ; un vent de rafale
impose des contraintes au moteur éolien et à son support dont il faudra tenir compte lors du
dimensionnement.
Les variations mensuelles : la moyenne arithmétique des enregistrements effectués au cours de
chaque mois permettra aux décideurs de choisir le système le mieux adapté aux variations des
besoins au cours de l’année.
Les variations annuelles : elles sont répétitives avec une précision ; une année de relevé permet une
évaluation de l’énergie éolienne récupérable sur un site.
Les variations avec l’altitude : elle dépend essentiellement de la nature du sol au-dessus duquel se
propagent les masses ces variations sont représentées par la loi suivante :


= (1.2)

Avec sont respectivement les valeurs de la vitesse du vent à la hauteur de mesure


généralement ℎ = 10 et la hauteur du générateur éolien ℎ .
L’exposant α appelé « rugosité » caractérise le terrain.
Variation du vent en fonction de la topologie : le vent varie en fonction de la topologie du terrain
pour cela il faut mettre l’éolienne dans un goulet ou dans une colline.

1.4.4 La loi de puissance

La puissance aérodynamique d’une éolienne est représentée par l’expression suivante :


= (1.3)
C’est donc une loi assez simple et qui dépend de 4 paramètres :

 Le coefficient de Betz : la limite de Betz détermine qu’une éolienne ne pourra jamais convertir en
énergie mécanique plus de 16/27 (59 %) de l’énergie cinétique contenant dans le vent.
C’est donc ce Coefficient qui représente cette propriété
= (1.4)

 La densité de l’air ρ : la densité de l’air représente un coefficient à ne pas négliger dans


l’évaluation de la densité de puissance éolienne. En effet, la densité de l’air varie
proportionnellement en fonction de la pression atmosphérique et inversement proportionnelle en
fonction de la température, si l’on considère la loi des gaz parfaits pour l’air
= (1.5)
Où est la pression atmosphérique, T la température et R la constante des gaz parfaits.
A pression constante on a ρ=1.225 Kg/m3 à 15° C et ρ=1.368 Kg/m3 à -15° C.

 La surface balayée
Cette surface balayée est évidemment reliée au diamètre de l’éolienne par :
= (1.6)
L’éolienne tend donc à être de plus en plus grande pour essayer de recueillir le plus de vent
possible.

 La vitesse du vent

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C’est évidemment le facteur principal dans la loi de puissance puisque c’est le vent qui permet de
faire tourner l’éolienne. Cependant, son influence est plus grande encore que les autres facteurs
puisqu’elle est élevée au cube dans cette loi.

1.4.3 Les vitesses du vent en Algérie


L’Algérie de par l’importance de sa superficie, est le deuxième pays d’Afrique. Son relief est très
diversifié. L’existence de vents en provenance du Sud et l’influence de la zone intertropicale
donnent lieu à une variété climatique du point de vue éolien dans notre pays. Le relief constitue des
obstacles pour l’air qui doit le contourner ou le dépasser (figure 1.7).

Figure 1.7 Vitesses du vent en Algérie

Le vent est un processus aléatoire, non stationnaire, qui dure peu de temps. Pour caractériser un tel
phénomène et connaître son évolution au cours du temps, il faudrait évaluer ses propriétés climato-
statiques puis analyser celles-ci dans l’espace et dans le temps]. La distribution du vent se modélise
facilement par la loi de Weibull à deux paramètres.

1.5 Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons montré les élements intervenant dans le dimensionnement des
systèmes solaires PV et éoliens. On a commencé par l’estimation des besoins en électricité et
ensuite on a exposé les deux gisements solaire et éolien.

1.6 Références
[1] Suneel Deambi, Photovoltaic System Design: Procedures, Tools and Applications, CRC Press,
Taylor & Francis Group, Boca Raton, London, New York; 2016.
[2] A. Labouret, M. Villoz, Energie solaire photovoltaïque , DUNOD, 4ème édition, 2009.
[3] Vaughn Nelson, Introduction to renewable energy, CRC Press Taylor & Francis Group, Boca
Raton, London, New York 2016.
[4] Outil d'estimation du gisement solaire, http://re.jrc.ec.europa.eu/pvgis/, consulté le 15 juillet
2020.
[5] Marc Rapin Jean-Marc Noël, Energie Eolienne : Principes • Études de cas, Dunod, Paris, 2010.

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