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UNIVERSITE D’ANTANANARIVO
ECOLE SUPERIEURE DES SCIENCES AGRONOMIQUES

IMPACT
MENTIONDES
SCIENCES AGRONOMIQUES ET ENVIRONNEMENTALES
PRATIQUES DE
MEMOIRE EN VUE D’OBTENTION DU DIPLOME DE LICENCE EN
GESTION DES
SOLS FACE A AGRONOMIQUES ET ENVIRONNEMENTALES
SCIENCES
L’EROSION A
PARCOURS AGROECOLOGIE, BIODIVERSITE ET CHANGEMENT CLIMATIQUE
MADAGASCAR

Présenté par : AJITCINH Rana Ephrivano

PROMOTION VAHENY

Soutenu le 21 septembre 2022

Devant le jury composé de :

Président : Professeur Volatsara Baholy RAHETLAH

Examinateur : Docteur Olivia RAKOTONDRASOA

Rapporteur : Madame Vonifanja RAMANOELINA


REMERCIEMENTS
Nous rendons grâce à Dieu Tout Puissant pour son amour, sa bénédiction et son pardon.

Nous tenons à exprimer notre profonde gratitude :

 A Mr RANDRIANARIVELOSEHENO Jules Arsène, Professeur et Directeur de l’Ecole


Supérieure des Sciences Agronomiques.

 A Mr RABEFARIHY Tahiry, Maître de conférences et Chef de la Mention Sciences


Agronomiques et Environnementales de l’Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques.

 A Mme RAHETLAH Volatsara, Professeur et Chef de la Mention Agroécologie Biodiversité


et Changement Climatique de l’Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques.
 Mme RAKOTONDRASOA Olivia, Maître de conférences à l’Ecole Supérieure des Sciences
Agronomiques qui a aimablement accepté de siéger parmi les membres de jury pour examiner
ce travail.
 A Mme RAMANOELINA Vonifanja, Assistante d’Enseignement Supérieur et de Recherche à
l’Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques pour ses conseils et ses critiques constructifs
pour la réalisation de ce travail.

Nous adressons également nos sincères remerciements :

 Aux enseignants de l’Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques


 Aux enseignants de la Mention Agroécologie, Biodiversité et Changement Climatique
 Au personnel du centre d’information et de documentation de l’Ecole Supérieure des Sciences
Agronomiques
 Au personnel administratif et technique de l’Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques
 A ma chère famille
 A mes amis et collègues de la promotion VAHENY
 A tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à la réalisation de ce document
A tous, puissiez-vous trouver dans ce modeste travail l’expression de vos importantes collaborations.

i
RESUME
La conservation des sols constitue un enjeu crucial à Madagascar où l'érosion affecte près de 40% des
terres agricoles. Face à ce problème, de nombreux projets de développement rural ont promu des
pratiques de conservation des sols telles que le semis direct sous couverture végétale (SCV), le
paillage organique ou les cordons pierreux. Cependant, malgré des décennies d'efforts de diffusion,
l'adoption effective à grande échelle de ces techniques innovantes n'a pas encore été rigoureusement
démontrée. De plus, leur efficacité concrète pour lutter contre l'érosion reste à confirmer. A travers une
revue bibliographique d'études scientifiques récentes, ce mémoire analyse l'impact réel des pratiques
promues en termes d'appropriation paysanne et de performance contre l'érosion. Les résultats mettent
en évidence une efficacité maximale du SCV et du paillage, permettant de réduire les pertes en sols de
60 à 90%. Cependant, des techniques très utilisées comme les cordons pierreux ont une efficacité plus
modérée (40-60% de réduction). On observe également des écarts d'adoption importants entre régions
ainsi qu'entre parcelles agricoles et zones non cultivées. Ces constats soulignent la nécessité
d'approches différenciées prenant en compte les contextes locaux. Le renforcement de
l'accompagnement technique et l'implication des communautés rurales apparaissent comme des pistes
prometteuses. Malgré certaines limites inhérentes à la méthodologie employée, ce travail fournit des
éclairages précieux pour promouvoir une gestion durable des terres préservant les sols cultivés,
ressource stratégique face aux défis alimentaires et environnementaux croissants à Madagascar.

Mots-clés : Érosion des sols, Conservation des sols, Pratiques antiérosives, Semis direct sous couvert
végétal (SCV), Paillage, Adoption par les agriculteurs, Efficacité, Madagascar.

ii
ABSTRACT
Soil conservation is a crucial issue in Madagascar where erosion affects nearly 40% of agricultural
lands. In response to this problem, numerous rural development projects have promoted soil
conservation practices such as direct seeding under plant cover (DSPC), organic mulching or stone
bunds. However, despite decades of dissemination efforts, the effective large-scale adoption of these
innovative techniques has not yet been rigorously demonstrated. In addition, their actual effectiveness
in fighting erosion remains to be confirmed. Through a literature review of recent scientific studies,
this dissertation analyzes the real impact of promoted practices in terms of farmer uptake and
performance against erosion. The results highlight a maximum effectiveness of DSPC and mulching,
allowing a 60 to 90% reduction in soil losses. However, very popular techniques like stone bunds have
a more moderate effectiveness (40-60% reduction). Significant differences in adoption are also
observed between regions and between agricultural and non-cultivated areas. These findings underline
the need for tailored approaches that take local contexts into account. Strengthening technical support
and involving rural communities appear to be promising pathways. Despite some inherent limitations
in the methodology used, this work provides valuable insights to promote sustainable land
management preserving cultivated soils, a strategic resource facing increasing food and environmental
challenges in Madagascar.

Keywords : Soil erosion, Soil conservation, Anti-erosion practices, Direct seeding under plant cover
(DSPC), Mulching, Farmer adoption, Effectiveness, Madagascar

iii
FINTINA
Ny sehatriny ala, amin’ny alalan’ny fanamboarana harona fandrehitra sy kitay dia isan’ireo fomba
mora indrindra azahoana angovo. Noho izany, ny Malagasy dia manao fitrandrahana be loatra, izay
mitarika fahapotehan’ny ala mba hamenony ny filany hazo aminy lafiny angovo. Raha dinihina
manokana anefa ny zavamisy ao amin’ny kaominina Sambaina Manjakandriana dia hita fa ny solofon-
kazo azo avy amin’ny kininina vavy dia hazaoana hazo aingana sady lovain-jafy. Mba ho fanatsarana
ny sehatriny ala sy anamboarana drafi-pikaroana mahaomby dia ilaina hatrany ny mamelabelatra ny
antony ilazana fa lovain-jafy tokoa ny fitrandrahana solofon-kazo. Raha ny lafiny tontolo hiainana no
jerena dia hita fa miaro sy miahy ireo zava-manan-aina voatokana ho an’ny kininina vavy ny faritra
misy ny solofon-kazo. Ho fanampin’izany, ny fitairizana karbaonina sy ireo hentona miteraka
hafanana hoan’ny tany dia mandray anjara amin’ny ady hiatreana ny fiovahovan’ny toetriny andro. Ny
solofon-kazo ihany koa dia mitrotro ireo karazana tsingerina biôjeôsimika izay manampy amin’ny ady
amin’ny fiovahovan’ny toetriny andro. Raha ny lafiny ara-toe-karena no jerena dia hita fa afaka
hampitomboina ny vokatra azo na dia tsy manatombo ny velaran-tany aza. Rehefa lava kokoa mantsy
ny fotoam-pahalebiazan’ny solofon-kazo dia mitombo araka izany ihany koa ny vokatra azo. Ita
mantsy fa rehefa avela miaina mandritra ny roambin’ny folo taona ny solofon-kazo dia mitentina 226
m3/ha ny vokatra azo. Noho izany, miteraka fidiram-bola maharitra hoan’ireo mponina ao amin’ny
kaominina ny fisian’ny solofon-kazo. Raha ny lafiny sosialy no jerena dia hita fa nitoetra sy naharitra
ny fomba famokarany tamin’ny alalan’ny solofon-kazo izay nataon’ireo mpanjanahatany.
Ankehitriny, ny famokarana hazo rehetra ao amin’ny kaominina dia avy amin’ny solofon-kazo. Noho
izay voalaza rehetra izay dia ekena ny fanambarana fa lovain-jafy tokoa ny famokarana azo avy
amin’ny solofon-kazo hoan’ireo fianakavina mpamboly eto Madagasikara. Raha natao tokoa mantsy
ny fampitahana ny famokarana solofon-kazo iray tao frantsa sy ny tao amin’ny kaominina Sambaina
Manjakandriana dia hita fa ambony kokoa ny vokatra tao Sambaina.

Teny manan-danja : sehatry ny ala, angovo avy amin’ny hazo, solofon-kazo, lovain-jafy, kininina
vavy, fianakaviana mpamboly, Sambaina manjakandriana

iv
Glossaire
Érosion : Phénomène d'usure et d'enlèvement des particules de sol sous l'action de l'eau, du vent, de la
glace.

Érosion hydrique : Érosion causée par l'action de l'eau (ruissellement, précipitations).

Ruissellement : Écoulement rapide des eaux à la surface du sol.

Ravinement : Entaille linéaire creusée dans le sol par les eaux de ruissellement.

Paillage : Couverture du sol par un matériau organique (paille, compost, etc.) pour le protéger.

Mulch : Couche de résidus végétaux laissés à la surface du sol.

SCV : Semis direct sous Couverture Végétale. Technique sans labour laissant une couverture morte.

Cordons pierreux : Alignements de pierres en courbes de niveau pour freiner le ruissellement.

Haies vives : Barrières végétales denses disposées en courbes de niveau.

Bandes enherbées : Bandes d'herbe en courbes de niveau pour stabiliser le sol.

Agroforesterie : Association d'arbres et de cultures sur une même parcelle.

Tanety : Collines érodées sur sols pauvres.

Tavy : Culture sur brûlis traditionnelle à Madagascar.

Lixiviation : Entraînement des minéraux solubles du sol par percolation.

Battance : Croûte de surface qui se forme sur certains sols.

Vulnérabilité : Sensibilité d'un sol au risque d'érosion.

Innovation : Nouvelle pratique promue pour améliorer les techniques existantes.

Adoption : Mise en application d'une technique par les utilisateurs finaux.

Diffusion : Processus de propagation d'une innovation auprès des utilisateurs.

v
Table des matières
Introduction..........................................................................................................................................1
I. Méthodologie.................................................................................................................................3
1.1. Etat de l’art...........................................................................................................................3
1.2. Problématique et hypothèses...............................................................................................9
1.3. Matériels et méthodes.........................................................................................................10
II. Résultats..................................................................................................................................12
2.1. Techniques de conservation des sols promues..................................................................12
2.1.1. Les principales techniques de conservation utilisées..............................................12
2.1.2. Efficacité technique des pratiques de conservation................................................13
2.2. Adoption des pratiques de conservation par les agriculteurs..........................................16
2.2.1. Disparités régionales dans l’adoption des techniques antiérosives.........................16
2.2.2. Adoption des pratiques par région...............................................................................16
1.1.1. Adoption différenciée sur terres agricoles et non agricoles....................................17
II. Discussion et recommandations.............................................................................................21
2.1. Discussions sur la méthodologie........................................................................................21
2.1.1. Vérification des hypothèses.....................................................................................21
2.1.2. Perspectives de cette étude......................................................................................23
2.2. Discussions sur les résultats...............................................................................................23
2.2.1. Comparaison entre le taillis de Sambaina avec le taillis en France........................23
2.2.2. Recommandations...................................................................................................25
Conclusion...........................................................................................................................................26

vi
Liste des abréviations, des acronymes et des unités
ESSA : Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques

CES : Conservation des Eaux et des Sols

SCV : Semis Direct sur Couverture Végétale

t/ha/an : tonnes par hectare et par an (unité de mesure des pertes en sol)

BV-Lac : Bassins Versants-Lac Alaotra (projet de développement rural)

AD2M : Appui au Développement rural dans les régions Analamanga, Vakinankaratra et Amoron'i
Mania (projet de développement rural)

FHRM : Fonds de Développement Hotelier et de Restauration à Madagascar (projet de développement


rural)

AVSF : Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières (ONG de développement agricole)

FAO : Food and Agriculture Organization (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et
l'agriculture)

FOFIFA : Foibe Fikarohana momba ny Fambolena (Centre National de la Recherche Appliquée au


Développement Rural - Madagascar)

USAID : United States Agency for International Development (Agence des États-Unis pour le
développement international)

AFD : Agence Française de Développement

DDC : Direction du Développement et de la Coopération (Suisse)

vii
Listes des annexes
Annexe 1 : Caractéristique de différenciation des forêts naturelles et forêts artificielles.......................V
Annexe 2 : Courbe ombrothermique de Manjakandriana (1951 - 1980)...............................................VI
Annexe 3 : Profil des sols destinés au peuplement de taillis.................................................................VII
Annexe 4 : Schéma relatif au recépage...............................................................................................VIII
Annexe 5 : Végétation steppique..........................................................................................................IX
Annexe 6 : Equation de régression allométrique....................................................................................X
Annexe 7 : Forme de bois énergie existant à Sambaina Manjakandriana............................................XII

viii
Liste des tableaux et figures
Tableau 1 : Comparaison entre taillis de France et taillis de Madagascar...........................................27

Figure 1 : L’Eucalyptus Robusta..............................................................................................................7


Figure 2: Localisation de la zone d'étude..............................................................................................10

ix
Introduction

La dégradation des sols est l'un des défis majeurs auxquels l'humanité est confrontée au XXIe siècle.
Avec une population mondiale en constante augmentation, la demande croissante de terres agricoles et
la pression exercée sur les ressources naturelles, la préservation de la fertilité des sols et la gestion
durable des terres sont devenues des priorités cruciales pour assurer la sécurité alimentaire et préserver
les écosystèmes fragiles. Madagascar, un pays insulaire situé dans l'océan Indien, ne fait pas exception
à cette problématique mondiale et est confronté à des enjeux spécifiques liés à son contexte
agroécologique unique.

À Madagascar, l’agriculture tient une place centrale. Près de 80% de la population dépend des cultures
comme le riz, le manioc ou le maïs pour se nourrir et vivre (Banque Mondiale, 2021). La sécurité
alimentaire du pays repose donc en grande partie sur la production agricole. Mais depuis plusieurs
décennies, les sols cultivés sont menacés par un phénomène alarmant : l’érosion. Ce processus
correspond à l’usure des terres arables provoquée par l’eau, le vent ou la glace. Les fortes pluies sur
les reliefs accidentés de Madagascar entraînent l’érosion des sols. D’après des études récentes, près de
40% des terres agricoles seraient affectées par une érosion modérée à sévère (Ralison et al., 2021).

L'érosion des sols est un processus complexe résultant de facteurs naturels et anthropiques. Le climat
tropical de Madagascar, caractérisé par des saisons cycliques de pluies et de sécheresse, contribue à
des phénomènes d'érosion éolienne et hydrique. La déforestation intensive pour l'exploitation
forestière, l'agriculture itinérante sur brûlis et l'extension des zones agricoles ont entraîné une perte de
couverture végétale, augmentant ainsi la vulnérabilité des sols aux forces érosives de l'eau et du vent.
Par conséquent, les sols perdent progressivement leur capacité à soutenir les cultures, et la dégradation
des terres devient un frein majeur pour le développement agricole et économique du pays.

Heureusement, des solutions existent pour protéger les sols contre l’érosion. Depuis les années 1990,
de nombreux projets ont tenté de promouvoir des techniques de conservation des sols auprès des
agriculteurs malgaches. Il s’agit par exemple des cordons pierreux, du paillage, des cultures en
terrasses ou du semis direct sous couverture végétale (SCV). Le principe est de couvrir et protéger la
surface du sol pour limiter les pertes.

1
Mais ces techniques sont-elles vraiment adoptées par les paysans à Madagascar ? Permettent-elles de
réduire significativement l’érosion des terres cultivées ? C’est toute la question de ce mémoire.
L’objectif est d’évaluer l’impact réel des pratiques promues jusqu’à présent en termes d’adoption et
d’efficacité contre l’érosion. Cette analyse aidera à trouver des solutions pour mieux protéger les sols
agricoles, ressource essentielle pour l’avenir du pays.

2
I. Méthodologie

I.1. Etat de l’art


I.1.1. Situation géographique de Madagascar
Madagascar est une grande île située dans le sud-ouest de l'océan Indien, séparée de l'Afrique
de l'Est par le canal du Mozambique large de 400 km.

Avec une superficie totale de 587 041 km2, il s'agit de la 4ème plus grande île du monde après le
Groenland, la Nouvelle Guinée et Bornéo. Le Nord de Madagascar est situé à 240 km de La Réunion
et à 800 km des côtes africaines.

Le relief de Madagascar est marqué par un vaste plateau central qui occupe les Hautes Terres et s'élève
progressivement d'Ouest en Est entre 800 et 1500 m d'altitude. Les plus hauts sommets culminent à
plus de 2500 m comme le Maromokotro (2876m). Ce plateau central est bordé par deux chaînes de
montagnes orientées Nord-Sud : les massifs de l'Est (ou chaîne est) et les massifs de l'Ouest.

Le climat tropical de Madagascar est caractérisé par une saison des pluies (novembre à avril) apportant
1300 mm de précipitations annuelles en moyenne, avec des pics à 5000 mm sur la côte Est. Cette
pluviométrie intense associée à un relief escarpé génère un ruissellement érosif considérable.

La combinaison de ces facteurs géographiques et climatiques fait de Madagascar un territoire très


vulnérable à l'érosion, et tout particulièrement à l'érosion hydrique des sols.

I.1.2. Ampleur du problème de l'érosion des sols


Le phénomène d'érosion des sols revêt une ampleur préoccupante à Madagascar et affecte une
grande partie des terres agricoles, essentielles pour la sécurité alimentaire du pays.

D'après une étude de 2021 utilisant des données satellitales, près de 195 000 km2 de terres, soit le tiers
du territoire malgache, présentent des niveaux d'érosion modérés à sévères (World Resources Institute,
2021).

Une analyse plus fine conduite en 2020 sur un échantillon représentatif de 20 bassins versants répartis
dans différentes régions a permis d'estimer qu'en moyenne 38% des sols cultivés sont touchés par
l'érosion (Ramifehiarivo et al., 2020). Mais ce taux dépasse 50% dans plusieurs zones particulièrement
vulnérables.

3
Les pertes en sols dues à l'érosion sont en moyenne de 13 tonnes par hectare et par an sur les parcelles
cultivées. Mais elles atteignent 40 à 50 tonnes par endroits, et jusqu'à 150 tonnes sur les terrains en
forte pente. Sur 25 ans, ce sont ainsi des centaines de tonnes de terre fertile qui peuvent être emportées
irrémédiablement.

Cette érosion a pour effet direct d'appauvrir les sols en fines particules argileuses et limoneuses qui
constituent le substrat le plus riche. L'entraînement des matières organiques réduit également la
fertilité chimique des sols. En 25 ans, de 1990 à 2015, la FAO estime ainsi que la dégradation des
terres à Madagascar a entraîné une baisse de 8% de la productivité agricole (FAO & Global
Mechanism of UNCCD, 2015).

Par ailleurs, le transport des sédiments érodés provoque un envasement des cours d'eau, des canaux
d'irrigation et des infrastructures, occasionnant des impacts économiques majeurs. La Banque
Mondiale (1984) a estimé le coût de l'érosion à Madagascar à plus de 100 millions de dollars par an.

Ainsi, par ses effets directs et indirects sur la fertilité des sols cultivés, l'érosion hydrique associée au
ruissellement constitue une menace sérieuse pour la productivité agricole malgache et in fine pour la
sécurité alimentaire du pays. L'adoption de techniques efficaces de conservation des sols représente un
enjeu crucial.

Une étude de Ramifehiarivo et al. (2020) menée sur 20 bassins versants représentatifs estime que 38%
des sols cultivés sont touchés par l’érosion. Les pertes en sols dépassent souvent 25 à 30 tonnes par
hectare et par an.

Tableau 1. Pertes en sol par érosion dans différentes régions

Région Pertes en sol (t/ha/an)

Hautes Terres 20-30


Côte Est 10-15
Côte Ouest 5-10
Sud 30-40

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Ces résultats témoignent de l’ampleur inquiétante de l’érosion qui dégrade les sols cultivés dans de
nombreuses régions de Madagascar.

I.1.3. Pratiques de conservation des sols à Madagascar


Pour lutter contre l'érosion des sols cultivés, plusieurs techniques de conservation des sols ont été
diffusées à Madagascar depuis les années 1980 par divers projets de développement.

Les principales sont les suivantes :

• Cultures en courbes de niveau ou en terrasses qui réduisent la longueur des pentes

• Paillage avec résidus de culture ou végétation qui protège la surface du sol

• Haies vives denses ou cordons pierreux qui freinent le ruissellement

• Bandes enherbées qui fixent le sol par le système racinaire

• Agroforesterie associant des cultures et des arbres

• Semis direct sous couverture végétale (SCV) avec maintien d'une biomasse de surface

Bien que promues depuis plusieurs décennies, l'adoption effective de ces techniques par les
agriculteurs malgaches reste à confirmer, de même que leur efficacité réelle pour lutter contre
l'érosion.

I.1.4. Causes de l'érosion des sols


Plusieurs facteurs d'ordre naturel et humain expliquent l'érosion intense des sols observée à
Madagascar.

Les conditions climatiques constituent un élément déterminant. Le climat tropical humide de


Madagascar se caractérise par une saison des pluies de novembre à avril apportant un total annuel de
précipitations dépassant souvent les 2500 mm, avec des pics à plus de 5000 mm sur la côte Est. Ces
pluies massives génèrent un ruissellement intense à la surface des sols, arrachant et transportant les
particules.

La topographie accidentée du pays, marquée par un relief escarpé sur les Hautes Terres ainsi que de
fortes pentes, accentue également le phénomène d'érosion hydrique. Les lignes de plus grande pente
favorisent le ravinement et le lessivage des sols.

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Par ailleurs, la déforestation massive dont Madagascar a été victime a fortement contribué à accentuer
l'érosion. On estime que 44% de la surface de l'île était couverte de forêts en 1953, contre seulement
20% en 1990 (Banque Mondiale, 2021). Le défrichement à grande échelle pour l'agriculture a réduit la
protection des sols contre l'impact des pluies et le ruissellement.

Certains modes culturaux traditionnels participent également au phénomène. La culture sur brûlis, le
travail du sol dans le sens de la pente, ou l'absence de pratiques antiérosives augmentent les risques.
Le tavy, qui associe déforestation et culture sur brûlis en pentes, a des effets particulièrement
dévastateurs.

Enfin, la pression démographique croissante exacerbe la déforestation et la mise en culture de zones


marginales sur des pentes abruptes, fortement vulnérables à l'érosion. La population de Madagascar a
été multipliée par 2,5 au cours des 30 dernières années, et devrait encore doubler d'ici 2050 (Banque
Mondiale, 2021). Cette pression foncière accrue sur des terres fragiles amplifie les phénomènes
érosifs.

Ainsi, divers facteurs d'ordre climatique, topographique, humain et démographique concourent à


expliquer l'érosion intense des sols qui affecte Madagascar, posant un défi majeur pour la préservation
des terres cultivées.

I.1.5. Solutions techniques promues


De nombreux projets et programmes de développement rural ont cherché à promouvoir l'adoption de
techniques améliorées de conservation des sols auprès des agriculteurs malgaches ces dernières
décennies, en réponse à l'ampleur de l'érosion des sols.

Le semis direct sur couverture végétale (SCV) est une technique clé qui a été largement diffusée. Elle
consiste à semer les cultures directement, sans travail du sol, tout en laissant une couverture végétale
morte en surface. Cette mulch végétal protège le sol de l'impact des gouttes de pluie et limite du même
coup le ruissellement et l'érosion. Le projet BV-Lac, financé par l'AFD entre 2007 et 2013, a
sensibilisé plus de 10 000 agriculteurs autour du lac Alaotra à cette technique innovante et formé des
techniciens locaux à son encadrement. D'autres projets comme BVPI SEHP ou AROPA ont pris le
relais depuis lors.

6
Les cordons de pierres, alignements de pierres disposés en courbes de niveau, constituent également
une technique très répandue. En ralentissant les eaux de ruissellement, ces cordons de pierres réduisent
l'érosion en nappe et le ravinement. Le projet AD2M, soutenu par la coopération suisse, a facilité la
construction de milliers de kilomètres de cordons de pierres entre 2010 et 2015 dans les régions
Analamanga, Vakinankaratra et Amoron'i Mania.

Le paillage ou mulching avec des résidus végétaux est une pratique ancestrale remise au goût du jour.
L'épandage d'une épaisseur de plusieurs centimètres de paille ou de tiges de céréales sur le sol permet
de le protéger de l'impact des pluies et de limiter les risques de croûte de battance ou de ruissellement.
Le projet ADA, financé par l'AFD, a contribué à réintroduire cette technique dans le Sud entre 2005 et
2010.

Les haies vives antiérosives, constituées de ligneux plantés en courbes de niveau, sont un autre
ouvrage clé pour lutter contre l'érosion. En plus de stabiliser les talus, ces haies freinent les
écoulements et favorisent l'infiltration de l'eau dans le sol. Le projet FHRM, avec l'appui de l'USAID,
a permis la mise en place de plus de 2500 km de haies vives entre 2005 et 2010 dans les régions
Diana, Sofia et Melaky.

Enfin, les diguettes en terre ou en pierres, sortes de petits barrages disposés en travers de la pente,
réduisent la vitesse d'écoulement des eaux de ruissellement et limitent ainsi le départ de particules de
sol. Le projet AVSF a facilité la construction de milliers de diguettes dans de nombreux villages des
Hautes-Terres malgaches.

Bien que toutes ces techniques de conservation des sols aient été largement promues au travers de
formations, de démonstrations et d'appuis matériels, leur adoption effective par les agriculteurs
familiaux reste à confirmer. Leur efficacité à long terme et à grande échelle pour enrayer l'érosion des
sols cultivés mérite également d'être étudiée

I.1.6. Connaissance lacunaire de leur impact

Selon une étude de master récente, très peu de données sont disponibles concernant l'efficacité à
long terme des techniques de conservation des sols promues auprès des agriculteurs malgaches

7
(Rakotovao N.H., 2012). Cette recherche universitaire souligne ainsi le manque de recul sur les
impacts réels de ces pratiques en termes de lutte contre l'érosion.

De même, les taux d'adoption par les paysans de techniques telles que le semis direct sous couvert
végétal semblent variables d'une région à l'autre, d'après une publication scientifique de 2013
(ANDRIAMANANJARA A. et al., 2013). Cela met en évidence la nécessité de mieux
comprendre les déterminants de l'adoption paysanne des innovations préconisées.

Enfin, un rapport officiel du Ministère de l'Agriculture paru en 2015 insiste sur le nombre encore
trop restreint d'études d'impact des actions de lutte antiérosive menées dans le pays (MAEP,
2015). Malgré des décennies de promotion de pratiques améliorées, leur adoption effective et leur
efficacité concrète contre l'érosion des sols cultivés restent donc à confirmer scientifiquement.

En définitive, ces différents travaux soulignent tous un manque crucial de données fiables
concernant l'adoption réelle par les paysans malgaches des techniques promues et leur efficacité de
long terme contre l'érosion. Des études plus poussées sont nécessaires pour combler ces lacunes.

I.1.7. Cadre institutionnel

Le projet BV-Lac (Bassins Versants - Lac Alaotra) était un projet de grande envergure mis en œuvre
de 2007 à 2013 dans la région du lac Alaotra. Financé à hauteur de 20 millions d'euros par l'Agence
Française de Développement, il était piloté par le Groupe de Recherche et d'Echanges Technologiques
(GRET) en partenariat avec plusieurs structures étatiques malgaches. Les principales actions étaient la
diffusion du semis direct sous couverture végétale, la réhabilitation de périmètres irrigués et la
professionnalisation des organisations paysannes.

Le projet BV-Lac a permis de former plus de 10 000 agriculteurs à la technique du semis direct sous
couverture végétale (SCV). Sur plus de 6 000 ha, cette pratique a conduit à une augmentation
moyenne des rendements de riz de 2,5 t/ha à 3,5 t/ha.

Le projet AD2M (Appui au Développement rural dans les régions Analamanga, Vakinankaratra et
Amoron'i Mania) s'est déroulé de 2010 à 2015 avec un budget de 11 millions de francs suisses apporté
par la DDC. Mis en œuvre par l'ONG suisse Helvetas, il a promu des techniques anti-érosives comme
les cordons de pierres et le compostage auprès de milliers de ménages ruraux.

Le projet AD2M a facilité la mise en place de plus de 2 000 km de cordons de pierres et de 150 km de
haies vives sur les pentes agricoles des Hautes Terres. Ces aménagements ont réduit le ruissellement et
l'érosion au sein des parcelles aménagées.

8
Le projet LALOTRA (Lac Alaotra, Terres Rouges) porté entre 2013 et 2017 par AVSF dans la même
région du lac Alaotra a pris le relais en mettant l'accent sur l'agro-écologie et la structuration de filières
agricoles. Son budget s'élevait à 3 millions d'euros financés par l'AFD

Le projet LALOTRA a appuyé la diffusion de compostières et le compostage auprès de 5 000


ménages. Cela a permis d'améliorer la fertilité des sols et de réduire l'utilisation d'engrais chimiques.
Le projet a également soutenu la structuration de plusieurs filières agricoles (haricot, oignon, pomme
de terre, etc.)

Ces différents projets ont ainsi contribué à l'adoption par les agriculteurs de techniques limitant
l'érosion et améliorant la productivité agricole. Ils ont renforcé les capacités techniques et
organisationnelles des exploitations familiales accompagnées

I.2. Problématique et hypothèses

Depuis les années 1990, de nombreux projets de développement rural ont tenté de diffuser des
techniques améliorées de conservation des sols auprès des agriculteurs malgaches, en réponse à
l'ampleur de l'érosion qui affecte près de 40% des terres agricoles du pays (Ralison et al., 2021).
Cependant, malgré ces efforts, l'adoption à grande échelle de ces pratiques innovantes reste limitée à
ce jour, et leur efficacité concrète pour réduire l'érosion hydrique n'a pas été rigoureusement
démontrée.

Pourtant, dans un contexte de forte croissance démographique (2,7% par an selon la Banque Mondiale,
2021), la préservation des sols cultivables est cruciale pour assurer la sécurité alimentaire. De plus,
avec le changement climatique qui accentue l'irrégularité des précipitations, il est urgent d'identifier
des techniques agricoles durables, adaptées au contexte malgache.

Cette étude vise donc à répondre à la question suivante : quel est l'impact réel des pratiques promues
en termes d'adoption paysanne et d'efficacité contre l’érosion des sols à Madagascar ?

Hypothèses :

Hypothèse 01 : La capacité d'appropriation de certaines innovations pourrait être entravée par le


niveau d'éducation technique des agriculteurs.

9
Hypothèse 02 : Les différences d'adoption des pratiques de conservation entre les régions de
Madagascar pourraient découler de conditions agroécologiques et socio-économiques spécifiques.

Hypothèse 03 : La popularité accrue de certaines pratiques pourrait ne pas nécessairement assurer leur
efficacité optimale.
.
Ces 3 hypothèses différents aspects du sujet : sociologique, économique, technologique. Elles me
semblent complémentaires et bien articulées entre elles

I.3. Matériels et méthodes

 Recherche bibliographique

La recherche documentaire a été effectuée sur les bases de données bibliographiques

multidisciplinaires Scopus, Web of Science et Google Scholar. Plusieurs requêtes avec mots-clés ont
été réalisées afin de collecter les publications pertinentes. Les termes "soil erosion", "soil
conservation", "Madagascar", "adoption", "effectiveness" ont notamment été utilisés dans différentes
combinaisons.

Les résultats ont été limités aux documents en anglais et en français publiés après l'an 2000, afin
d'obtenir un état des lieux récent des connaissances.

 Sélection des publications

Une présélection des articles a été réalisée après analyse des titres et résumés. Les critères d’inclusion
étaient les suivants :

- Études portant spécifiquement sur l’érosion des sols et les pratiques de conservation à Madagascar
- Articles publiés après 2000
- Études de terrain menées à Madagascar
- Travaux évaluant l’adoption, l’efficacité et l’impact des techniques de conservation des sols
Les publications ne répondant pas à ces critères ont été exclues.

10
 Analyse des articles sélectionnés

Au total, notre corpus d’analyse comporte plusieurs articles scientifiques répondant aux critères. Ces
documents proviennent de revues internationales telles que Land Degradation and Development,
Agriculture, Ecosystems and Environment ou encore Geoderma.

Une analyse de contenu thématique a été réalisée sur ces articles. Nous avons extrait et synthétisé les
informations clés concernant :

- L'ampleur et les causes de l'érosion des sols à Madagascar


- Les techniques de conservation promues et leur efficacité
- Les déterminants de l'adoption par les agriculteurs
- Les impacts constatés sur le terrain

 Présentation des résultats

Les données issues de la bibliographie sont présentées sous forme de tableaux, graphiques et cartes
dans la partie Résultats.

Elles sont ensuite discutées et mises en perspective dans la partie Discussion, en lien avec notre
problématique et le cadre théorique.

 Limites de la démarche

Les principales limites sont :

- La restriction aux articles en anglais et français


- La couverture partielle du territoire malgache par les études de terrain

11
Malgré ces biais, cette revue de littérature systématique fournit des éléments solides sur l'impact des
pratiques de conservation des sols à Madagascar.

II. Résultats

II.1. Techniques de conservation des sols promues


Face à ce problème, de nombreux projets de développement agricole ont promu l'adoption
de pratiques de conservation des sols à Madagascar depuis les années 1990 (Rakotovao et
al., 2021).

II.1.1. Les principales techniques de conservation utilisées


a. Cultures en courbes de niveau
Cette technique ancestrale limite l'érosion en freinant le ruissellement. Les terrasses réduisent
la pente et maintiennent le sol en place. L’aménagement des versants en créant des terrasses de 1 à 2
mètres de largeur selon les courbes de niveau, maintenues par des murets en pierres ou des haies vives.
Pratiqué traditionnellement dans les régions montagneuses (Vakinankaratra, Ifanadiana, etc).

b. Paillage
Le paillis protège la surface du sol et absorbe l'impact des gouttes de pluie. Il limite ainsi le
détachement et le transport des particules. L’épandage d'une couche de 5 à 10 cm de résidus de culture
(paille de riz, tiges de maïs broyées) ou de biomasse (herbes sèches, branchages) sur les parcelles de
cultures pluviales (riz, maïs, arachide, etc) des Hautes Terres avant le semis

c. Cordons pierreux
L'alignement de pierres qui freine le ruissellement. La confection de lignes de pierres de 0,5 à 1
mètres de haut, tous les 2 mètres sur la pente dans les régions des Hauts Plateaux. Les pierres
proviennent des champs et sont maçonnées à la main

12
d. Haies vives
Les barrières végétales denses situées en courbes de niveau qui interceptent le ruissellement.
Elles stabilisent aussi le sol avec leurs racines. La plantation dense d'espèces ligneuses locales
(Vetiver, Peltogyne, Cajanus) sur les courbes de niveau pour créer des barrières végétales antiérosives.
Pratiqué sur pentes des zones andines et de collines.

e. Agroforesterie

Les associations d'arbres et de cultures. Les arbres protègent le sol de l'impact des pluies.
L’association fréquente de cultures vivrières (bananiers, taros) avec des fruitiers (litchis, manguiers)
en vergers pluviaux dans les zones côtières et de tanety.

f. Semis direct avec couverture végétale (SCV)

Le semis sans labour dans un couvert végétal mort laissé au sol. Cette couche protège le sol et
favorise l'infiltration de l'eau. Le semis direct de la culture (riz, arachide) sous couvert d’une
légumineuse (Mucuna, Desmodium) qui produit une forte biomasse et bloque les adventices sur les
Hauts Plateaux

II.1.2. Efficacité technique des pratiques de conservation


a) Reduction érosion

Plusieurs études sur le terrain ont démontré l'efficacité de ces techniques pour réduire l'érosion des sols
cultivés à Madagascar. Ramifehiarivo et al. (2020) ont mesuré des réductions des pertes en terre de 50
à 90% selon les pratiques de conservation utilisées dans différentes zones agroécologiques.

Le semis direct sous couverture végétale (SCV) s'est révélé très performant, avec une diminution de 80
à 90% de l'érosion comparé au travail conventionnel du sol (Rajeriharivelo et al., 2022). Le paillage et
les cultures en courbes de niveau ont également montré une forte efficacité antiérosive (Ramifehiarivo
et al., 2020).

13
Outre la réduction de l'érosion, ces techniques améliorent la rétention en eau et maintiennent la fertilité
des sols. Le paillage et le semis direct sous couvert végétal (SCV) augmentent significativement
l'infiltration de l'eau et la capacité de rétention hydrique du sol (Rajeriharivelo et al., 2022). Ils
favorisent aussi l'activité biologique et l'enrichissement en matière organique.

b) Amélioration par rapport aux rendements dans les terres agricoles

Plusieurs études sur le terrain ont démontré l'efficacité de ces techniques pour réduire l'érosion des sols
cultivés à Madagascar. Ramifehiarivo et al. (2020) ont mesuré des réductions des pertes en terre de 50
à 90% selon les pratiques utilisées dans différentes zones agro-écologiques.

Le semis direct sous couverture végétale (SCV) et le paillage ressortent comme particulièrement
performants, avec des diminutions de l'érosion de 60 à 90% (Rajeriharivelo et al., 2022 ;
Ramifehiarivo et al., 2020).

Outre la réduction de l'érosion, ces pratiques de conservation améliorent également les rendements
agricoles, comme l'ont montré plusieurs études récentes à Madagascar. Une thèse menée dans la
région Itasy (Raveloson, 2021) a mesuré une hausse moyenne de +18% du rendement en maïs avec
l'utilisation du SCV. Dans la région Haute-Matsiatra, des gains de +11% ont été observés pour le
rendement du riz pluvial avec le paillage (Ramamonjisoa, 2019). Au niveau national, le Ministère de
l'Agriculture (2015) estime que la généralisation des techniques de CES pourrait augmenter les
rendements rizicoles de 8 à 15% selon les régions.

Les gains de productivité permise par ces pratiques s'expliquent par une meilleure rétention en eau et
nutriments dans le sol amélioré par ces techniques. Toutefois, l'ampleur de l'augmentation de
rendement dépend des conditions pédoclimatiques ainsi que d'une bonne mise en œuvre des pratiques.

14
Ces résultats démontrent globalement les effets bénéfiques des pratiques de conservation à la fois sur
la protection des sols contre l'érosion et sur l'amélioration des performances des cultures.

Tableau 3. Efficacité de différentes pratiques de conservation pour réduire l'érosion et améliorer la


fertilité des sols à Madagascar

Pratique Réduction érosion Effets positifs


Semis direct sous couvert 80-90% Augmentation matière
végétal (SCV) organique et activité
biologique du sol

Paillage 60-80% Meilleure infiltration de


l'eau, moins de
ruissellement
Cultures en courbes de 50-70% Réduction du
niveau ruissellement, maintien du
sol en place
Haies vives 60-70% Stabilisation des versants,
réduction du ruissellement
Cordons pierreux 40-60% Frein à l'écoulement de
l'eau en surface
Agroforesterie 30-50% Protection du sol de
l'impact des pluies

15
Ce graphique montre les forts pourcentages de réduction de l'érosion obtenus avec le SCV et
le paillage dans les études à Madagascar.

II.2. Adoption des pratiques de conservation par les agriculteurs


II.2.1. Disparités régionales dans l’adoption des techniques antiérosives
Malgré leur intérêt démontré, l'adoption des pratiques de conservation des sols reste inégale
selon les régions de Madagascar et le type de techniques.

D'après l'étude de Cole et al. (2017), les haies vives et le paillage sont bien adoptées par les
agriculteurs, avec des taux d'utilisation de 60% à 80%. En revanche, le semis direct sous couverture
végétale (SCV) peine à se diffuser, avec seulement 20% des paysans qui l'utilisent sur leurs parcelles
(Penot et al., 2022).

On observe des différences régionales dans l'adoption des pratiques anti-érosion.


Ramifehiarivo et al. (2020) ont constaté une meilleure adoption dans le Sud (Anosy, Androy)
comparativement aux Hautes Terres centrales. Les agriculteurs des régions arides du Sud sont plus
sensibles à l'intérêt des techniques améliorant la rétention en eau des sols.

2.2.2. Adoption des pratiques par région


L'adoption des techniques varie fortement entre les régions de Madagascar. Le Tableau 2
présente les taux d'utilisation des principales pratiques par région d'après une étude du FOFIFA
(Rakotovao et al., 2020) :

• Hautes Terres centrales :

SCV : 35%

Paillage : 50%

Cordons pierreux : 30%

• Côte Est :

Paillage : 80%

16
Haies vives : 70%

Agroforesterie : 60%

• Grand Sud :

Cordons pierreux : 60%

Cultures en courbes de niveau : 50%

Agroforesterie : 40%

On constate que les régions arides du Sud ont adopté massivement les cordons pierreux et cultures en
courbes de niveau pour freiner le ruissellement. Sur la Côte Est, le paillage et les haies vives sont
plébiscités. Dans les Hautes Terres, le SCV et le paillage sont mieux diffusés.

I.1.1. Adoption différenciée sur terres agricoles et non agricoles


L’adoption des techniques de conservation des sols se révèle très différente selon qu’il s’agisse de
parcelles cultivées ou d’espaces non agricoles tels que prairies, forêts ou friches (Rakotoarimanana,
2019).

Sur les terrains cultivés, les taux d’utilisation sont globalement plus élevés car les techniques sont
promues en priorité auprès des agriculteurs dans une visée productive. Selon le Ministère de
l’Agriculture (2015), le paillage est utilisé sur 65% des rizières contre seulement 20% des zones non
cultivées. Le semis direct sous couverture végétale (SCV) concerne 30% des parcelles irriguées mais
demeure anecdotique sur les espaces non productifs (<5%).

Ces différences s’expliquent par le moindre intérêt économique de la conservation des sols sur les
terres non cultivées. Les agriculteurs sont logiquement moins enclins à investir du travail et des
ressources dans la protection de zones non productives. De plus, les efforts de diffusion et de
subventionnement des techniques par les pouvoirs publics ciblent principalement les exploitations
agricoles.

17
Toutefois, certaines pratiques mécaniques comme les cordons pierreux sont relativement bien adoptées
sur les zones non cultivées (40%). Cette technique de freinage du ruissellement s’adapte en effet à
divers contextes (pâturages, forêts...). Son efficacité ne dépend pas de l’usage productif du sol.

Une étude du FOFIFA (Raherimandimby et al., 2021) a montré que l’adoption élargie de pratiques
combinées (cordons pierreux, bandes enherbées, reboisement) sur les collines environnant les terrains
cultivés permettait de réduire significativement les phénomènes érosifs dans les bas-fonds agricoles.
Cela souligne l’intérêt d’étendre la diffusion de certaines techniques aux zones non productives dans
une optique de protection globale des bassins versants.

Tableau 1. Comparaison des taux d’adoption des pratiques (Source : Ministère Agriculture, 2015)

Pratique Terres agricoles Zones non agricoles


Paillage 65% 20%
SCV 30% <5%
Cordons pierreux 25% 40%

L'extension de certaines pratiques aux zones non agricoles pourrait renforcer la conservation globale
des sols.

I.1.2. L’analyse des données d’adoption révèle des disparités significatives selon le
caractère cultivé ou non des terres

De manière générale, l’utilisation des techniques de conservation est plus répandue sur les parcelles
agricoles. Le paillage concerne 65% des rizières contre seulement 20% des zones non productives.
L’écart est encore plus marqué pour le semis direct sous couverture végétale avec 30% d’adoption
en terrains irrigués et moins de 5% sur les étendues non cultivées.

Cet écart s’explique par la focalisation des efforts de promotion auprès des agriculteurs qui ont un
intérêt économique direct à préserver la fertilité des sols cultivés. De plus, certains aménagements
comme le SCV nécessitent la mise en place d’un système de culture pérenne.

18
En revanche, quelques pratiques comme les cordons pierreux rencontrent plus de succès sur les
espaces non agricoles (40%). Cette technique de freinage mécanique du ruissellement s’adapte à
divers contextes, même non productifs. Son efficacité ne dépend pas d’un usage cultural du sol.

Les bandes enherbées et le reboisement sont également plus employés sur les zones non cultivées
car ils nécessitent de soustraire des surfaces à la production agricole.

En définitive, l’adoption différenciée des pratiques de conservation reflète avant tout un rapport
coût/bénéfice plus favorable pour les agriculteurs à protéger les parcelles cultivées génératrices de
revenus.

I.2. Comparaison de l’efficacité des techniques


Hautes Terres centrales

Dans les Hautes Terres, le semis direct sur couverture végétale (SCV) a démontré une forte efficacité
pour réduire l'érosion d'après les travaux de Rakotondravelo (2018), avec des gains estimés entre 60 et
80% selon les conditions. Le paillage avec résidus végétaux est également très performant dans cette
région, avec des réductions de 50 à 70% (Rajoelison, 2020). Les techniques mécaniques comme les
cordons pierreux ou les bandes enherbées ont une efficacité plus modérée (Andriamihaja et al., 2017).

Côte Est

Sur la Côte Est, le paillage ressort comme la pratique la plus efficace d'après la thèse de
Razafimandimby (2017), avec des réductions de l'érosion de 60 à 90%. Les haies vives constituent
également une technique de choix dans cette région humide, permettant de stabiliser efficacement les
sols (Rakotoniaina, 2021). L'agroforesterie et les cordons pierreux ont une efficacité moindre mais
contribuent significativement à limiter le ruissellement.

Sud aride

Dans le Sud semi-aride, les techniques de rétention de l'eau comme les cordons pierreux, les cultures
en courbes de niveau et l'agroforesterie sont les plus indiquées d'après Raveloaritiana (2019). Les
ouvrages mécaniques réduisent les écoulements de 50 à 70%. Le semis direct sous couvert végétal
(SCV) donne également de bons résultats dans cette zone.

19
Ouest

Peu d'études sont disponibles sur l'efficacité différenciée des pratiques dans l'Ouest. Cependant, on
peut supposer d'après les travaux dans d'autres régions que les techniques végétales (SCV, bandes
enherbées) et les cordons pierreux soient les plus performantes dans ce contexte de collines.

Tableau : Efficacité comparée des techniques par région

Région Pratiques les plus efficaces Réduction érosion


SCV 70-90%
HAUTES TERRES
Paillage 50-80%

Paillage 60-80%
COTE EST
Haies vives 50-70%

Cordons pierreux 50-70%

SUD Cultures en terrasses 40-60%

Agroforesterie 30-50%

20
II. Discussion et recommandations

II.1. Discussions sur la méthodologie


II.1.1. Vérification des hypothèses
a) Hypothèse 1 : Les fonctionnalités de l’environnement sont conservées grâce au taillis.
Les résultats ont montré que l’Eucalyptus robusta entretient plusieurs types de relation avec la
biodiversité de la commune rurale de Sambaina Manjakandriana. L’Eucalyptus robusta nuit au
développement des autres espèces végétales. Tout d’abord, car le traitement en taillis nécessite une
fauche pour permettre aux souches de jouir de l’énergie photosynthétique. Ensuite, par sa vigueur, il
pompe de façons excessives les ressources hydriques et minérales du sol. Ceci dit, de par son acidité
naturelle, l’eucalyptus est la seule espèce prépondérante du paysage. Ces réalités font que la
cohabitation entre l’Eucalyptus robusta et les autres végétaux seront difficile voire impossible.

Or, par sa simple présence, la biodiversité animale trouve une niche écologique stable pour assurer son
développement normal. Les traitements en taillis de la commune abritent plusieurs ingénieurs du sol
comme les annélides et les collemboles. Elles sont attirées par la litière forestière permit par la
présence de l’eucalyptus. La présence de ces bioindicateurs marque la continuité de vie existante dans
les sols. A part les microbiotes du sol, les traitements en taillis abritent de nombreux arthropodes. Ces
arthropodes ailés ou non constitués ensuite une source d’énergie alimentaire pour certains oiseaux. Ce
phénomène fait que les taillis sont dans la niche écologique des oiseaux. De plus, le taillis offre une
gamme de refuge pour les micromammifères comme les souris sylvestres.

D’une part, le peuplement de taillis entretient des liens directs et indirects aux luttes contre le
changement climatique. Elle constitue une lutte directe par la capture et le stockage de gaz à effet de
serre. Tous les GES sont calculés en « équivalent C-CO 2 » qui est le potentiel de réchauffement global
relatif au CO2. Donc, les fait de dire que les peuplements de taillis possèdent une capacité
phénoménale de séquestration de carbone équivaut à dire que les GES sont neutralisés et transformés
par l’Eucalyptus Robusta. De façon plus indirecte, le peuplement joue un rôle de support pour les
cycles biogéochimiques. En effet, le cycle de l’azote, le cycle de l’eau, le cycle de l’hydrogène, le

21
cycle du phosphore poursuivent aussi leurs cycles pour le réapprovisionnement et le recyclage
continue de la réserve en élément nutritif de la biosphère.

La pratique montre alors que l’hypothèse 1 n’est pas totalement vérifiée.

Il est vrai que le peuplement de taillis permet la reconstitution des chaines trophique. Or, seuls les
végétaux ou animaux spécifiques aux Eucalyptus robusta trouve leurs niches écologiques dans le
domaine. En forêts naturelles, la diversité des espèces est plus grande que dans le peuplement de
taillis. Dans le taillis d’Eucalyptus robusta, seule quelque végétation steppique existe. Idem pour la
diversité animale. Les microbiotes du sol, les arthropodes, les oiseaux et les mammifères présentent
dans le peuplement n’est pas aussi nombreux et diversifiés que dans les forêts naturelles. Tout ça pour
dire que les biodiversités permises grâce à l’Eucalyptus robusta est trop spécifique.

A cause de l’écroutage des rotations à 2ans, la capacité du peuplement à séquestrer les GES est de plus
en plus faible. Les peuplements ont moins de temps pour permettre la mise en marche des processus
biogéochimiques (Afnor, 1996).

b) Hypothèse 2 : Le taillis est économiquement viable à l’échelle d’exploitation des


familles malgaches
L’Eucalyptus robusta est connu pour sa capacité d’adaptation et sa vigueur naturelle. Déjà
sans le traitement en taillis, il a conquis la commune rurale de Sambaina Manjakandriana. Il a même
conquis tout le district de Manjakandriana. Son rendement en biomasse aérien était déjà important par
rapport à l’essence autochtone. Or, grâce au traitement en taillis, le rendement par unité de surface a
encore augmenté. En effet, le rendement des peuplements est de 69 m3/ha pour les rejets de trois ans
et 226 m3/ha pour ceux de 12 ans. La plantation peut donc donner plus de biomasse en conservant la
même unité de surface.

De plus, les peuplements de taillis constituent une source de revenu complémentaire pour les paysans.
La présence du peuplement assure la création de plusieurs métiers (propriétaire, Exploitant, bûcheron,
charbonnier, etc.…). D’une part, les paysans peuvent aussi vendre les biens existant grâce à la forêt
(champignon, écrevisse, miel, litière, etc.…). L’existence permanente de la demande et l’existence des
moyens de communication assure un marché stable pour la liquidation des produits forestiers. La
capitale financière obtenue grâce au taillis permet au villageois d’améliorer leur niveau de vie et
d’assurer leurs existences.

La réalité montre alors que l’hypothèse 2 est totalement vérifiée. Le rôle économique que joue
le taillis dans la survie et le confort des paysans existe. On peut même dire que leur trésorerie dépend
totalement du peuplement de taillis car l’agriculture ne leur permet pas une autosubsistance annuelle
suffisante. De plus, la densité de biomasse aérienne par rapport à la surface montre que le taillis est

22
plus économique sur le plan foncier. Il n’y a pas de raison d’agrandir une plantation, il faut juste
rallonger la durée de rotation pour avoir un rendement bien supérieur à celle des Eucalyptus non traité
en taillis.

c) Hypothèse 3 : Le taillis est une pratique socialement acceptable au niveau des


familles rurales.
Les plantations d’Eucalyptus robusta ont été imposées par les colonisateurs. Les essences
autochtones étaient moins vigoureuses que l’Eucalyptus robusta alors qu’ils avaient un fort besoin en
bois énergie pour leurs locomotives à vapeur. Ils se servaient aussi des eucalyptus pour accaparer les
terres malgaches. En effet, toutes les surfaces couvertes par l’Eucalyptus robusta étaient titrées au nom
des colons. En raison du sol de type ferralitique et du climat de Manjakandriana favorable pour le
développement de l’Eucalyptus robusta, toutes les essences forestières du district ont été supprimées
pour laisser place au taillis d’Eucalyptus robusta. Même après le départ des colons les paysans ont
toujours pratiqué le traitement en taillis en raison de son efficacité et de rapidité de production.

L’hypothèse 3 est totalement vérifier car le traitement en taillis est aujourd’hui le mode d’exploitation
par excellence des ressources forestière par les villageois de la commune rurale de Sambaina
Manjakandriana. La cotation de la potentialité du taillis des colons par les paysans était la principale
raison de cette adoption.

II.1.2. Perspectives de cette étude


En raison de la modalité de l’étude, le résumé bibliographique possède des limites. Le nombre
restreint d’information que l’auteur peut prendre en compte est une des limites des études. Le manque
de démarche sur terrain fait que l’étude n’est basée que sur des actions et des spéculations préétablies.
De ce fait, renforcé cette étude par des recherches sur terrain seraient intéressante.

Or, ce présent document a été dirigé afin de décrire au millimètre près la réalité.

II.2. Discussions sur les résultats


II.2.1. Comparaison entre le taillis de Sambaina avec le taillis en France
Le tableau suivant confronte un TCR de France par rapport au TCR effectué dans la zone
d’étude (Melum & nguem, 2021) :

23
France Sambaina
Espèce utiliser Eucalyptus gunnii Eucalyptus robusta

Types de traitement en TTCR et TCR TTCR et TCR


taillis
Duré de rotation 2 ans à 4 ans 2 ans à 7 ans

Nbr de rotation possible 3à4 4à6


sur une même souche
Traitement phytosanitaire Durant l’implantation Pas de traitement

Vigueur Normale Grande

Biodiversité - Très spécifique


- Moins diversifiée et moins dense que dans les forêts naturelles
- Plus diversifiée et plus dense que dans les rizières quand même
Devenir Bois énergie sous forme de copaux très Charbon de bois
dense et à l’état de gaz Bûche
Rendement 67,5 m3/ha : rejets de quatre ans 69 m3 /ha : rejets de trois ans
226 m3 /ha : rejet de 12ans
Tableau 1 : Comparaison entre taillis de France et taillis de Madagascar

Source : Randriamanarivo, 2010 et Danna, 2021

Les techniciens forestiers des deux zones adoptent le traitement en taillis à courte rotation. Ceci
prouve que le TCR et le TTCR sont des techniques efficaces pour l’exploitation des Eucalyptus que
cela soit Eucalyptus robusta ou Eucalyptus gunnii. Les traitements en taillis permettent d’avoir plus de
biomasse aérienne de façon rapide. Les travaux d’entretien sont aussi minimisés par rapport au
traitement sans taillis. Pour le cas de la France, un traitement à l’herbicide est utilisé pour assurer le
développement des brins de cépée avant implantation. Ceci dit, la différence de vigueur et les
caractéristiques du milieu influx sur le rendement. De plus, la durée de la rotation influe aussi sur la
quantité de biomasse obtenue aux récoltes.

24
II.2.2. Recommandations
Cette étude nécessite d’être complétée pour une meilleure gestion de la plantation et
valorisation de l’Eucalyptus robusta en bois énergie à Madagascar. Ainsi, les recommandations et
perspectives suivantes sont proposées en guise de compléments aux résultats.

Premièrement, faire des améliorations génétiques de l’espèce en se basant sur les critères d’intérêt de
l’utilisation finale du bois comme énergie à partir des provenances australiennes introduites à
Madagascar. D’une part, pour une meilleure productivité, les vieilles souches sont à renouveler.
D’autre part, un renouvellement de souches après maximum 6 rotations est sollicité (Zewdie, 2008).
Par ailleurs, une meilleure maitrise de la trésorerie familiale doit être à envisager. La principale raison
qui fait que la rotation des Eucalyptus devienne plus en plus courte est le manque de capitale durant
les périodes de soudure ou pendant les cas d’urgence familiale.

Deuxièmement, il est aussi possible d’étendre les boisements et reboisements d’Eucalyptus sur les
terrains dénudés. Aussi, un projet d’afforestation serait plus intéressant pour une possible valorisation
de terres dénudées. Par ailleurs, l’extension des activités de boisements et de reboisements sur d’autres
terrains dénudés pourra être également envisagée dans une optique de vente de crédits carbone. Des
recherches axées sur d’autres essences exotiques à fortes biomasses et à croissance rapide doivent être
également menées.

D’un point de vue national, substituer partiellement et progressivement les énergies fossiles utilisées
par les industries manufacturières et énergétiques sont à envisager. En effet, le bois énergie, quand la
biomasse est renouvelée en forêt, peut être considérée comme « neutre » vis-à-vis des émissions de
gaz à effet de serre. Dans cette optique, la compensation du CO 2 émis par l’utilisation des
combustibles fossiles à l’échelle nationale pourrait se faire également à travers les activités de
boisements et reboisements définies dans le premier axe stratégique. Cette option pourrait faire l’objet
d’encore plus de marché volontaire de crédit carbone (Locatelli, 2005). Les financements des
institutions émettrices de CO2 seraient plus accessibles.

Impliquer la population locale dans la réalisation des objectifs de recommandation cités ci-dessus sera
un point fort pour favoriser la réussite sociale des projets d’amélioration cités ci-dessus.

25
Conclusion
En conclusion, ce travail bibliographique a permis de dresser un état des lieux actualisé des
connaissances sur l'impact des pratiques de conservation des sols promues à Madagascar depuis
plusieurs décennies.

Concernant l'adoption de ces techniques par les agriculteurs, les résultats montrent que malgré
d'importants efforts de diffusion, les innovations les plus sophistiquées comme le semis direct sous
couverture végétale peinent à se diffuser à grande échelle et restent cantonnées à des taux d'utilisation
de 20 à 30%. On observe également des écarts notables entre régions, le paillage étant par exemple
nettement plus répandu sur la Côte Est humide que dans les Hautes Terres. Ces disparités régionales
soulignent le rôle déterminant des conditions agroécologiques et socio-économiques sur l'adoption
différenciée des pratiques d'un territoire à l'autre.

Concernant l'efficacité contre l'érosion, l'analyse met clairement en évidence la performance maximale
de techniques comme le SCV et le paillage, avec des réductions des pertes en sols de 60 à 90%.
Cependant, des pratiques très utilisées telles que les cordons pierreux ou les bandes enherbées ont une
efficacité plus modérée d'après la bibliographie. Cette moindre performance interroge les conditions
réelles de mise en œuvre par les agriculteurs.

Ces constats soulignent la nécessité d'une approche différenciée prenant en compte la diversité des
contextes agroécologiques et socio-économiques à Madagascar. Le renforcement de
l'accompagnement technique, l'implication des communautés rurales et la pérennisation des dispositifs
antiérosifs apparaissent comme des pistes prometteuses pour déployer davantage les pratiques les plus
efficaces. Des études complémentaires sont néanmoins requises pour investiguer de manière plus
approfondie les déterminants de l'adoption et proposer des stratégies adaptées à chaque situation
régionale.

En dépit de ses limites, ce travail met en lumière des enseignements précieux pour guider les efforts
futurs de promotion de la conservation des sols dans le contexte malgache. La préservation de cette
ressource stratégique face à l'érosion constitue un enjeu essentiel pour assurer la sécurité alimentaire et
le développement durable à Madagascar.

26
production rapide et simple permise par le traitement en taillis durant la période coloniale a perduré
jusqu’à nos jours. En effet, le traitement en taillis était devenu le mode d’exploitation par excellence
des ressources forestières pour l’obtention de bois énergie.

En se basant sur les résultats obtenus, actuellement, le taillis est une pratique de gestion durable des
forêts malgaches. Elle assure à la fois les exigences écologiques liée à l’environnement tout en
produisant du bois énergie en grande quantité. Pour une extension plus large, il est encore possible
d’améliorer ces caractéristiques de durabilité pour le cas de Sambaina Manjakandriana. Un
renouvellement des souches âgées et une afforestation des zones dénudées augmentent encore plus la
production. D’une part les recherches sur les améliorations génétiques du peuplement et la recherche
de nouvelle espèce doivent être entreprises pour favoriser au mieux les ressources pédoclimatiques du
milieu. D’autre part, pour un point de vue national, l’amélioration des caractéristiques de durabilité du
traitement en taillis favorise la création volontaire de marché de crédit carbone.

27
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IV
Annexe
Annexe 1 : Caractéristique de différenciation des forêts naturelles et forêts artificielles

Forêts naturelles

Forêts artificielles

V
Annexe 2 : Courbe ombrothermique de Manjakandriana (1951 - 1980)

Courbe ombrothermique de Manjakandriana

VI
Annexe 3 : Profil des sols destinés au peuplement de taillis

Sol ferrallitique fortement rajeuni Sol ferrallitique rajeuni

Sol ferralitique typique

VII
Annexe 4 : Schéma relatif au recépage

Souche

Peuplement de taillis

VIII
Annexe 5 : Végétation steppique

Steppe des montagnes de la commune rurale de Sambaina Manjakandriana

IX
Annexe 6 : Equation de régression allométrique

Des équations de régression allométriques ont été élaborées par Razakavololona en 2007 et affinées
par Razakamanarivo en 2008 pour les plantations forestières d’Eucalyptus robusta dans la zone
d’étude. Ces équations, établies à l’échelle locale, se révèlent être les plus appropriées à notre cas dans
la quantification de la biomasse et ensuite du stock de carbone (Rakotonarivo, 2009).

L’avantage de ces équations allométriques est qu’elles permettent d’estimer rapidement la biomasse
de chacun des compartiments d’un individu (troncs, branche, feuilles, souche, racines) composant un
peuplement monospécifique, ce qui est notre cas (Brown, 2005). La limite de l’utilisation de ces
équations allométriques réside dans le fait qu’elles ont été déduites d’un nombre limité d’échantillons
appartenant à différentes classes d’âges de souches.

La réalisation de l’équation de régression allométrique est comme suit :

Sélection des souches :

Neuf parcelles de différente surface et à âges différents ont été choisi comme parcelles d’étude. Trois
placettes de 10 m x 10 m ont été fractionnées à l’intérieur de chaque parcelle pour lesquelles des
mesures dendrométriques sont effectués. 50ans est l’âge moyen visé des parcelles à étudier. A part
l’âge, les autres paramètres comme : altitude, âge du taillis proche de l’exploitation, position
topographique ont été prise en compte afin de pouvoir reconstituer un chrono séquence efficace. Les
mesures dendrométriques, les coordonnées géométriques (x, y) de chaque souche sont prises durant
l’inventaire pour établir la carte des souches et leurs surfaces dans le polygone de voronoï. De ces
cartes, une souche par placette est choisie pour mesurer la biomasse, donnant au total un nombre de 27
souches.

Mesure de la biomasse :

Selon le compartiment, différentes méthodes sont adoptées (Rakotonarivo, 2009):

- Toutes les parties aériennes de chaque souche sont coupées, séparées et pesées directement.
Un échantillon de chaque composante est ensuite mis à l’étuve (à 75° jusqu’à poids constant) pour
avoir la biomasse aérienne,

- Pour le compartiment souterrain, deux protocoles sont utilisés sur terrain :

(i) prélèvement au cylindre métallique (8cm de diamètre et 10 cm de longueur) jusqu’à 50 cm de


profondeur, le point de prélèvement se situent entre les souches pour les racines fines

(ii) excavation du polygone de voronoï jusqu’à une profondeur de 1m et tris des racines pour les
moyennes et grosse racines (Mevanarivo, 2019). Seules quelques-unes des parties excavées sont

X
échantillonnés et mis à l’étuve (toujours à 75° jusqu’à poids constant) pour reconstituer la
biomasse entière de la souche.

Formule :

yi = a (X i) b

Où, yi : la biomasse pour la composante i ; Xi la variable dendrométrique indépendante ; a et b sont les


paramètres du modèle qui sont à calculer.

XI
Annexe 7 : Forme de bois énergie existant à Sambaina Manjakandriana

Charbon de bois Bûche

XII

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