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Présenté par :
Wenninso Clotilde DIESSONGO
Promotion 2015/2016
Institut International d’Ingénierie de l’Eau et de l’Environnement Rue de la Science - 01 BP 594 - Ouagadougou 01 - BURKINA FASO
Tél. : (+226) 50. 49. 28. 00 - Fax : (+226) 50. 49. 28. 01 - Mail : 2ie@2ie-edu.org - www.2ie-edu.org
DEDICACE
CITATIONS
REMERCIEMENTS
Toute ma reconnaissance à tous ceux qui de près ou de loin ont contribué à l’aboutissement de
ce mémoire de fin d’études.
Je tiens tout d’abord à dire merci à l’Office National de l’Eau et de l’Assainissement (ONEA)
qui m’a permis de faire ce stage.
Je veux également remercier tous les membres de ma famille en particulier mes parents pour
leur encouragement, leur soutien moral, spirituel et financier.
Par-dessus tout, je rends grâce à DIEU TOUT PUISSANT qui a rendu toute chose
possible.
RESUME
L’accès à l’eau potable demeure un problème majeur pour les pays africains, malgré les efforts
fournis par les communautés ces dernières années. Le maraîchage et la pratique de l’élevage
intensif aux abords des plans d’eau sont susceptibles de contribuer à la dégradation des
ressources existantes. En effet, les déjections libérées par les animaux et les engrais chimiques
utilisés pour la croissance des cultures sont riches en nutriments. Ils peuvent causer des
perturbations dans les retenues d’eau à travers le phénomène d’eutrophisation qui est caractérisé
par la prolifération des algues et des végétaux supérieurs.
Cette étude vise à observer l’impact des engrais chimiques plus précisément l’urée et le NPK ;
et des déjections d’animaux d’élevage (les moutons, les bœufs, la volaille) sur la qualité d’une
eau de surface ; en occurrence, celle du barrage de Ziga. Pour ce faire, l’étude a porté sur deux
grands points à savoir l’évaluation de l’aptitude de l’eau du barrage à servir d’eau de
consommation humaine et l’évaluation de l’aptitude des eaux du barrage au traitement en
fonction des engrais et des déjections. Dans un premier temps, une classification de l’eau brute
du barrage a été faite. Dans un second temps, cinq (5) bassins d’eau ont été utilisés pour
introduire séparément de l’urée, du NPK et des déjections de moutons, de bœufs et de volailles
afin d’observer pendant une période de quinze (15) jours l’évolution des paramètres physico-
chimiques et biologiques. Après l’ajout des engrais et des déjections, des variations ont été
observées pour les facteurs suivants : la température, la conductivité, l’oxygène dissous, les
nitrates, les orthophosphates, la turbidité et le pH. Les teneurs ont nettement été supérieures
dans l’eau aux déjections de volailles pour les trois derniers paramètres (PO43- : 4.87 mg/l,
turbidité : 23.7 NTU, pH : 8.31). Il en ressort également que la teneur en nitrates et l’oxygène
dissous ont un impact sur la turbidité, et le pH sur la teneur en oxygène. L’analyse
microscopique du phytoplancton a permis d’identifier 18 espèces d’algues. Ces algues ont des
effets sur l’eau et sur la santé humaine, dont Microcytis sp, qui secrète des microcystines
(toxines hépatotoxiques).
La combinaison des résultats obtenus a prouvé que ces animaux produisent des déjections
dangereuses et que les engrais employés sont néfastes pour l’eau du barrage, qui est passé d’un
état mésotrophe à un état de dégradation.
ABSTRACT
The access to the drinking water remains a major problem for the Africain countries, in spite of
efforts given by communities these last years. The maraichage and the practice of intensive
animal husbandry in the area around man-made lakes are likely to contribute to the deterioration
of existent resources. Indeed, excretions rejected by the animals and chemical manures used for
the growth of cultures are rich in nutriments. They can cause of disturbances in water deductions
across phenomenon of eutrophisation who is characterised by the proliferation of seaweeds and
of the upper vegetables.
This study aims at noticing the impact of chemical manures more precisely the urea and NPK ;
and excretions of stockers (the sheep, beef, the poultry) on the quality of a surface water ; in
case, that of the dam of Ziga. In order to do that, study concerned two big points to know the
valuation of the aptitude of the water of the dam to be served as water of human consumption
and the valuation of the aptitude of waters of the dam for the treatment according to manures
and excretions. At first a classification of the raw water of the dam was made. In second time,
five (5) water basins were used to introduce separately some urea, NPK and excretions of sheep,
beef and poultry to notice during a period of fifteen (15) days the evolution of physicochemical
and biological parametres. After the addition of manures and of excretions, variations were
noticed for the following factors : temperature, conductivity, dissolved oxygen, nitrates, ortho
phosphates, turbidity and pH. Contents were distinctly superior in the water to the excretions
of poultry for three last parametres (PO43- : 4,87 mg / l, turbidity : 23,7 NTU, pH : 8.31). It also
emerges from it that the content of nitrates and the dissolved oxygen have an impact on turbidity
and pH on the content of oxygen. The microscopic analysis of the phytoplankton allowed to
identify 18 kinds of seaweeds. These seaweeds have effects on the water and on the human
health of which Microcytis sp who secret of microcystines (hépatotoxiques toxins).
The combination of got results proved that these animals, produce dangerous excretions and
that used manures are harmful for the water of the dam, which passed from a state mésotrophe
in a state of deterioration.
Key words : Chemical Manures, Excretions, Stockers, Disturbances, Quality, Water of
surface, Dam.
DEDICACE................................................................................................................................ i
CITATIONS ............................................................................................................................. ii
RESUME .................................................................................................................................. iv
ABSTRACT .............................................................................................................................. v
INTRODUCTION .................................................................................................................... 1
I.1 Impacts des polluants sur la qualité des eaux de surface ....................................... 3
CONCLUSION ....................................................................................................................... 35
ANNEXES .................................................................................................................................. I
INTRODUCTION
Aujourd’hui près de 750 millions de personnes soit environ 11 % de la population mondiale
n’a pas accès à une eau de qualité (UNICEF, 2015) . Et selon des estimations non exhaustives
du Gardner-Outlaw & Engelman (Kenfack, et al., 2008), cinq (5) pays d’Afrique de l’Ouest,
dont le Burkina, le Niger, le Nigeria, le Togo et le Ghana seront comptés d’ici 2025 parmi les
pays en déficit d’eau.
Pour prévenir ces difficultés et pallier ces éventuels problèmes d’approvisionnement en eau
potable dans ses villes, le Burkina Faso a procédé à l’adoption du projet de barrage de Ziga. Le
barrage a été construit pour approvisionner en eau potable la ville de Ouagadougou au moins
jusqu’en 2025 (Ouattara et al., 2012). Cependant, à l’instar des autres pays d’Afrique de
l’Ouest, le Burkina Faso est confronté à la problématique de la pollution des eaux de surfaces
et des eaux souterraines (Stravato and Sacko, 2004).
La ressource en eau du barrage de Ziga permet aujourd’hui de faire face à la demande en eau
croissante de la population de la ville de Ouagadougou. Elle nécessite à cet effet une gestion
rationnelle pour une disponibilité durable en quantité et en qualité. La maîtrise de la qualité des
eaux implique une bonne connaissance des origines de leur pollution, des mécanismes de
traitement qui transforment ces eaux et des effets de cette pollution sur le milieu.
C’est dans ce cadre qu’intervient notre étude dont l’objectif général est de déterminer les
perturbations physiques et chimiques subies par l’eau du barrage de Ziga à la suite de
l’utilisation des engrais chimiques et des dépôts de déjections d’animaux.
De façon spécifique, il s’agira de :
- Évaluer l’aptitude de l’eau du barrage à produire de l’eau potable
- Évaluer l’impact des engrais et des déjections sur l’aptitude de l’eau du barrage au traitement.
Pour une meilleure compréhension de cette étude, le travail s’articulera autour de six principaux
axes : une introduction suivie de la synthèse bibliographique et de la méthodologie utilisée pour
atteindre les objectifs. ; ensuite les résultats et discussions et enfin une conclusion suivie de
recommandations.
I. SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
I.1 Les principales sources de pollution des eaux de surface
D’après Le Code de l'Environnement du Burkina, "La pollution ou l'acte de pollution des eaux
et des sols consistent en toute modification des caractéristiques physiques, chimiques et
biologiques des eaux et des sols en compromettant les usages qui en sont faits ou qui pourraient
en être faits (MEEVCC, 2004). Les principales sources de pollution des eaux de surface sont
l’agriculture (par l’utilisation des engrais) et l’élevage (par les déjections d’animaux). Des
études techniques réalisées par l’ONEA (1997) ont montré que les berges du barrage de Ziga
sont occupées à 70% par la production maraîchère et les cultures atteignent souvent même le
lit du barrage. Il est également mentionné l’usage des engrais par les producteurs et la
fréquentation de troupeaux qui y vont s’abreuver.
Les impacts des engrais chimiques sur l’eau du barrage de Ziga correspondraient à 50 kg d’urée
et 100 kg de NPK sur 1 ha du barrage dans 1.41 m3 d’eau (ONEA, 1997). L’utilisation intensive
des engrais chimiques par l'agriculture est la cause majeure de la contamination des nappes
souterraines et des cours d’eau (Levallois and Phaneuf, 1992).
Tableau I : Exigences de qualité des eaux douces superficielles utilisées ou destinées à être
utilisées pour la production d'eau de consommation humaine (Bontoux, 1993)
Groupes de A1 A2 A3
Paramètres
paramètres G I G I G I
conductivité (μs/cm
Paramètres à 20°C ) 1000 1000 1000
physico-
Température (°C) 22 25 22 25 22 25
chimiques
pH 6.5-8.5 5.5-9 5.5-9
Coliformes totaux
37° (UFC/100ml) 50 5000 50000
coliformes thermo
Paramètres
tolérants
microbiologiques
(UFC/100ml) 20 2000 20000
Streptocoques
fécaux (UFC/100ml) 20 1000 10000
Pour caractériser l’eau brute et déterminer son degré d’aptitude au traitement, des paramètres
physico-chimiques (pH, la conductivité et la température) et microbiologiques (coliformes
fécaux, coliformes totaux et streptocoques fécaux) doivent être suivis :
Les coliformes totaux sont définis comme étant des bactéries en forme de bâtonnets, aérobies
ou anaérobies facultatives. Il possède l’enzyme βgalactosidase permettant l’hydrolyse du
lactose à 35°C afin de produire des colonies rouges avec un reflet métallique sur des milieux
glosés appropriés (CEAEQ, 2000). Ils se retrouvent naturellement dans le sol ou dans la
végétation, ainsi que dans les intestins des mammifères, dont les êtres humains, et peuvent se
multiplier dans l’eau de consommation (OMS, 2000). Leur présence dans une source d’eau peut
indiquer une contamination par des micro-organismes nuisibles. Ils servent donc d’indicateurs
pour mesurer le degré de pollution et la qualité de l’eau.
Les coliformes fécaux, ou coliformes thermo tolérants, sont un sous-groupe des coliformes
totaux capables de fermenter le lactose à une température de 44.5°C afin de produire des
colonies bleues. L’intérêt de la détection de ces coliformes, à titre d’organismes indicateurs,
réside dans le fait que leur survie dans l’environnement soit généralement équivalente à celle
des bactéries pathogènes et que leur densité est généralement proportionnelle au degré de
pollution produite par les matières fécales (CEAEQ, 2000). L’espèce la plus fréquemment
associée à ce groupe bactérien est Escherichia coli (E. coli). Les coliformes fécaux témoignent
d’une pollution récente. La bactérie E. coli représente 80 à 90 % des coliformes thermo tolérants
détectés (Edberg et al., 2000). C’est le seul membre du groupe des coliformes totaux que l’on
trouve exclusivement dans les intestins des mammifères, et peut survivre jusqu’à trois mois
dans une eau naturelle non traitée (Edberg et al., 2000).
Tableau II : Normes de qualité requises des eaux superficielles destinées à la production d'eau
potable (OMS, 2004)
Les paramètres régulièrement suivis pendant des contrôles de qualité physico-chimiques pour
ce travail sont :
La température de l’eau
La température de l’eau joue un rôle dans la solubilité des gaz, dans la dissociation des sels
dissous et dans la détermination du pH, pour la connaissance de l’origine de l’eau et de
mélanges éventuels (Madi Bamdou, 2010 ; Ghazali and Zaid, 2013)). Une température trop
élevée favorise la croissance des microorganismes (Moussa, 2005). La température a aussi une
influence sur l’efficacité de la désinfection. Une hausse de la température augmente souvent la
vitesse de la réaction et de la désinfection. Elle peut aussi décroître la désinfection, parce que
le désinfectant pourrait se désintégrer et devenir volatil.
Le potentiel d’hydrogène
Le pH est une mesure de l’acidité de l’eau ; il intervient dans les processus chimiques et
biologiques. Il permet de classer les eaux selon qu’elles soient acides, neutres ou basiques. Le
pH peut avoir un effet important sur la chimie de l’eau, qui se répercute de façon importante
sur le rendement de nombreux procédés de traitement, dont la coagulation et la désinfection.
Même si le pH de l’eau est un paramètre important dans la formation des sous-produits de
désinfection, ses effets varient d’un sous-produit à l’autre. Il est donc nécessaire de surveiller
le pH tout au long du traitement et de l’ajuster au besoin.
Les valeurs du potentiel d’hydrogène se situent entre 6 et 8.5 dans les eaux naturelles (Ghazali
and Zaid, 2013) et une augmentation de pH peut se justifier par la formation des blooms algaux
responsables de l’eutrophisation (Blanchouin, 2013).
La conductivité électrique
La conductivité électrique indique l’état de salinité de l’eau ; elle traduit la capacité d’une
solution aqueuse à conduire le courant électrique. La mesure de la conductivité permet
d'apprécier rapidement, mais très globalement (d’une façon approximative) la minéralisation
des ressources en eau (Djermakoye, 2005) et de suivre son évolution. Elle est très utile pour la
surveillance de la qualité de l’eau et revêt un intérêt majeur quand on étudie ses variations dans
le temps (Tapsoba, 2014).
Tableau III : Rapport entre la conductivité et la minéralisation (Rodier, 2009 ; Ngom, 2010)
Conductivité Minéralisation
0-100 µS/Cm Minéralisation très faible
100-200 µS/Cm Minéralisation faible
200-333 µS/Cm Minéralisation moyenne accentuée
333-666 µS/Cm Minéralisation accentuée
666-1000 µS/Cm Minéralisation importante
> 1000 µS/Cm Minéralisation élevée
La turbidité
L’oxygène dissous
La mesure de la concentration du dioxygène dissous dans l’eau est importante, car il participe
à la majorité des processus chimiques et biologiques en milieu aquatique (Botny-Capel, 2015).
L’oxygène dissous d’une eau est un indicateur de son niveau trophique. Sa diminution au sein
d’une eau de surface traduit son eutrophisation (Boissonneault, 2011). Les eaux de surface ont
une oxydabilité qui oscille le plus souvent entre 3 et 8 mg/l O2 ; au-delà de 10 mg/l O2, elles
présentent des difficultés pour la production d’eau potable (Rodier, 2009).
Les nitrates
Considérés comme l’une des causes de dégradation de l’eau, les nitrates sont solubles et
présents naturellement dans le sol qu’ils peuvent pénétrer pour se retrouver dans les eaux. Ils
sont aussi apportés de manière synthétique par les engrais (Ghazali and Zaid, 2013). En
contribuant au phénomène d’eutrophisation, le nitrate concourt à la dégradation des milieux
Le phosphore
La présence du phosphate dans l'eau n’a pas de conséquence sanitaire. Par contre, elle favorise
la croissance des algues dès que l'eau est exposée à la lumière, par le phénomène de
l'eutrophisation. Bien que non toxiques, les phosphates présents dans l’eau peuvent occasionner
des troubles digestifs à cause de leur effet tampon (Samaké, 2002).
supérieures qui perturbe l’équilibre des organismes présents dans l’eau et entraîne une
dégradation de la qualité de l’eau en question (Rodier, 2009).
Les algues microscopiques constituent le phytoplancton des eaux douces et sont pour la
majorité des organismes photosynthétiques. La prolifération des phytoplanctons conduit à une
situation d’eutrophisation. Elle accroît la consommation d’oxygène et la multiplication des
algues pouvant contenir des toxines potentiellement dangereuses pour la santé humaine. Trois
groupes d’algues (les diatomées, les chlorophycées, les cyanobactéries) se développent
majoritairement dans les milieux d’eau douce (Blanchouin, 2013).
Les proliférations algales dans les eaux de surface sont à l’origine de nombreuses nuisances,
dont les plus fréquentes sont une coloration des eaux et la présence d’odeurs. Lors des
traitements pour la production d’eau potable, elles sont également la source de nombreux
désagréments : surconsommation des réactifs oxydants (ozone, chlore), colmatage des
membranes et émergence de mauvais goûts pour le consommateur (présence de métabolites ou
goût de moisi) (Tapsoba, 2014).
Blanchouin (2013) affirme que ces dernières décennies, de plus en plus de blooms algaux se
sont produits dans le monde entier, compromettant gravement la qualité de l’eau et l’utilisation
des eaux de surface pour la production d’eau potable.
II. METHODOLOGIE
II.1 Présentation de la zone d’étude
II.1.1 Le barrage de Ziga
Le barrage de Ziga est à environ 50 Km au Nord-Est de Ouagadougou (capitale du Burkina
Faso). Il est situé dans le département de Nagréongo dans la province d’Oubritenga ; en Latitude
: 12°29’21.44’’N et en longitude : 1°7’25.84’’O. Il a une capacité nominale de 208 millions de
m3 au plan d’eau normal (P. E. N). Il a été construit en amont du barrage de Bagré de mai 1998
à juillet 2000 dans le but d’approvisionner la ville de Ouagadougou en eau potable (MOZ,
2005). Le lac couvre une superficie de 8872.5 hectares. Il a été mis en eau le 21 juillet 2000. La
superficie de son bassin versant est de 20 800 Km². Le barrage est en terre avec un noyau central
étanche en argile. Il dispose d'un déversoir de 120 m, d'une vidange de fond et d'une prise d’eau.
La côte de retenue normale est de 266.2 m et celle des plus hautes eaux est de 270.3 m. La
hauteur maximale du barrage est de 18.8 m et la longueur de la digue est de 3 154 m. Toutes
ses caractéristiques lui confèrent une capacité de production d’eau potable de 3 000 m3/h avec
une possibilité d’extension à 4 500 m3/h et de 9 000 m3/h en phase deux.
II.1.2 Le sol
La zone est dominée en majeure partie par les sols peu évolués d’apport alluvial hydromorphe.
Ce sont des sols profonds (>120cm), à drainage interne déficient, constitués d’alluvions. La
texture est limono-sableuse en surface, argilo-limoneuse en profondeur (BGB Meridien.Sarl,
2010).
II.1.3 La végétation
La végétation de la zone est caractérisée par la prédominance de formations végétales ouvertes
de type savane dont l'un des traits marquants est le grand développement d'un tapis herbacé. Il
s'agit plus précisément de savanes arborées à arbustives. Etant très peuplée, cette zone est
intensément exploitée et les formations naturelles ont presque disparu. Elles n'ont survécu que
de manière dégradée dans certaines forêts classées ; les arbres et buissons sont devenus rares
(Akpaud, 2007).
II.1.4.1 L’agriculture
L’agriculture est le premier secteur d’activité du bassin. Des données statistiques agricoles ont
montré que 375.000 ha de terre sont cultivés dans le bassin en 2001 (Diello, 2007). Au regard
de la mauvaise pluviométrie, les cultures pluviales sont déficitaires et le maraîchage favorisé
devient une activité incontournable pour relier une campagne agricole à une autre. Une
agriculture essentiellement maraîchère est pratiquée en amont sur les deux rives du barrage de
Ziga (Akpaud, 2007). De 2001 à 2002, la présence du barrage a favorisé l’aménagement de 488
ha produisant ainsi 16 418 tonnes de produits maraîchers engendrant un chiffre d’affaires de 1
355 093 205 soit 70.330/0 de la production régionale évaluée à 23 344 tonnes (Savadogo, 2007).
II.1.4.2 L’élevage
L’élevage est une activité secondaire des populations riveraines qui contribue à ce titre à la
diversification des revenus des ménages.
La présence du barrage attire les éleveurs dans la zone qui va contribuer au développement de
l’élevage qui devient une activité secondaire phare de la province de l’Oubritenga voire de toute
la région du plateau central.
II.1.4.3 La pêche
Le plan d’eau de Ziga a été érigé en périmètres aquacoles d’intérêts économiques (PAIE)
(MAHRH, 2004). La pêche qui est une activité secondaire des villages riverains est pratiquée
en toute saison. Elle commence à connaître l’arrivée des professionnels venus des pays voisins
comme le Mali et le Niger. Elle est pratiquée sur une superficie de 8872.5 ha du barrage. Le
nombre de pêcheurs présents sur le terrain est d’environ 230 et les captures annuelles sont
estimées à 50 tonnes (Neya, 2011).
consisté à comparer l’eau à deux autres types d’eau brute (Loumbila et Guinguette) en fonction
du tableau I. Pour l’évaluation de la qualité de l’eau, les analyses ont été faites au laboratoire
LEDES de l’institut 2IE.
II.2.1 Echantillonnage
II.2.1.1 Echantillonnage pour les paramètres physico-chimiques
Des échantillons d’eau brute ont été prélevés une seule fois au barrage de Ziga, de Loumbila et
de la source d’eau de la Guinguette. Nous avons utilisé des bidons en plastique de 20 l vendus
sur le marché que nous avons pris le soin de rincer à l’eau distillée.
Le milieu de culture utilisé pour ces deux paramètres est Chromocult coliformes Agar ES. Nous
avons pesé 34.5 g du milieu que nous avons fait dissoudre dans un ballon à fond plat contenant
1 L d’eau distillée. Le mélange a été chauffé sur une plaque chauffante et agité jusqu’à ce que
le milieu nutritif soit entièrement dissout. Une quantité de 1 ml de chaque échantillon a été
prélevée à l’aide d’une micropipette munie d’un embout 1ml, introduite dans les boîtes de Pétri
vides. Le milieu de culture refroidi est par la suite coulé dans les boîtes de Pétri contenant déjà
l ’échantillon. Les boîtes de Pétri ainsi ensemencées sont introduites à l’étuve pendant 24h à 37
°C (+ ou - 0.5 °C) pour les coliformes totaux et à 44 °C (+ ou - 0.5 °C) pour les coliformes
fécaux.
Le milieu de culture utilisé pour ce paramètre est Stantlez Bartley Agar Base. Nous avons pesé
43.4 g du milieu que nous avons fait dissoudre dans un ballon à fond plat contenant 1 L d’eau
distillée. Le mélange a été chauffé sur une plaque chauffante et agité jusqu’à ce que le milieu
nutritif soit entièrement dissout. Une quantité de 1 ml de chaque échantillon a été prélevée à
l’aide d’une micropipette munie d’un embout 1 ml, introduite dans les boîtes de Pétri vides. Le
milieu de culture refroidi est par la suite coulé dans les boîtes de Pétri contenant déjà
l ’échantillon. Les boîtes de Pétri ainsi ensemencées sont introduites à l’étuve à 37 °C (+ ou -
0.5 °C) pendant 24h.
Les différentes colonies ont été comptées après les différents temps d’incubation et pour obtenir
le nombre de chaque paramètre, cette formule utilisée est :
Le principe de cette étude est d’observer l’influence séparée de chaque élément (engrais et
déjections) sur la qualité de l’eau. Nous avons utilisé l’eau du robinet afin de la rendre brute par
l’ajout de polluants que comporte le barrage. Elle est une eau traitée et dépourvue de toute
pollution et cette caractéristique qu’elle possède permettra de mieux apprécier l’impact des
engrais et des déjections. Pour chaque élément, une certaine concentration d’engrais et de
déjections a été introduite dans des bassins pour un temps d’incubation de 15 jours. Les
différentes déjections ont été collectées aux abords du barrage et conditionnées dans des sacs
de céréales recyclés. Les engrais (urée et NPK) utilisés par les agriculteurs sont pris sur le
marché et ont été directement introduits.
Dans le premier bloc, on considère les trois bassins tous de dimensions presque
identiques (longueur : 200 cm ; largeur : 141 cm ; surface : 2.82 m2). La hauteur d’eau
à mettre dans le bassin est :
𝐕𝐨𝐥𝐮𝐦𝐞 𝐝′𝐞𝐚𝐮
𝐇𝐚𝐮𝐭𝐞𝐮𝐫 𝐝′𝐞𝐚𝐮 = ; H =1.41m3 /2.82 m2 ≈ 0.5 m
𝐒𝐮𝐩𝐞𝐫𝐟𝐢𝐜𝐢𝐞 𝐝𝐮 𝐛𝐚𝐬𝐬𝐢𝐧
Masse du polluant
𝑪𝐨𝐧𝐜𝐞𝐧𝐭𝐫𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞𝐬 𝐝é𝐣𝐞𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 = = 1Kg/1.41 m3= 0.7 g/l
Volume d′eau
Dans les trois bassins de superficie 2.82 m2 et contenant chacun une hauteur d’eau de 50 cm,
une concentration de 0.7 g/l de chaque déjection a été introduite.
Quantité d’urée = (50 Kg * 1.90 m2) / 10000 m2 ≈ 9.5g, ce qui équivaut à une concentration de :
Curée = 9.5 g /1.41 m3 = 6.7 10-3 g/l
Pour ce bassin de superficie 1.90 m2 et comportant une hauteur d’eau de 70 cm, 6.7 10-3 g/l
d’urée a été introduite.
Pour ce bassin de superficie 1.656 m2 et comportant une hauteur d’eau de 85 cm, 1.17 10-2 g/l
de NPK sera introduite.
+ + + + +
0.7 g/l de 0.7 g/l de 0.7 g/l de 6.7 10-3 g/l 1.17 10-2 g/l
déjections de déjections de déjections de d’urée de NPK
bœufs moutons volailles
Pour analyser les algues, 1 litre d’eau est prélevé dans chaque bassin et filtré à l’aide d’un filtre-
plancton de 25 µm. Les particules retenues sont conservées dans des tubes type flacons fond
conique en plastique de 50 ml fixés à 5 % de formol (donc 5 ml de solution de formaldéhyde à
environ 37 %) et complétés avec de l’eau distillée jusqu’à 40ml.
La méthode de Jar test a été appliquée à tous les trois types d’eau afin de déterminer les doses
optimales de coagulant et de floculant qui pourraient être injectées. On a rempli six béchers
avec chacun 1 litre d'eau à traiter et ajouté dans les béchers des doses variables et croissantes
de sulfate d’aluminium (Al2(SO4)3, 18H2O). Après addition du coagulant, la vitesse de rotation
des hélices a été réglée à 120 trs/min pour un mélange rapide d’une durée de 3 min. C’est la
phase de coagulation. Après le temps écoulé, la vitesse de rotation des hélices a ensuite été
réglée à 40 trs/min pour la formation des flocs. Le mélange s’est fait en 15 min. C’est la phase
de floculation. Après la floculation, les hélices ont été arrêtées pour que les flocs formés se
décantent pendant 20 min. La turbidité du surnagent est ensuite mesurée. Les doses optimales
sont les doses grâce auxquelles, les valeurs de turbidité répondent à la norme selon laquelle la
turbidité doit être inférieure à 5 NTU.
A1 A2 A3 E.B E.B
Groupes de E.B
Paramètres Loum Guingu
paramètres G G G Ziga
bila ette
conductivité (μs/cm
1000 1000 1000 202 106.8 235
à 20°C )
Paramètres physico-
T (°C) 22 22 22 29.5 29.1 29.5
chimiques
6.5-
pH 5.5-9 5.5-9 7.39 7.26 5.99
8.5
CT 37° 5.0E+ 5.0E+ 5.0E+ 3.7E+ 2.1E+ 1.8E+0
(UFC/100ml) 01 03 04 04 04 4
Paramètres
microbiologiques 2.0E+ 2.0E+ 2.0E+ 2.3E+ 1.2E+ 8.0E+0
CF (UFC/100ml)
01 03 04 04 04 3
2.0E+ 1.0E+ 1.0E+ 1.5E+ 7.0E+ 2.0E+0
SF (UFC/100ml)
01 03 04 04 03 3
La mesure de la turbidité de chaque eau nous donne pour l’eau de la guinguette une valeur de
2.3 NTU, face à celles de Loumbila et de Ziga où l’on note respectivement 15.56 NTU et 125
NTU (Tableau VII). Le Jar Test n’a donc pas été réalisé pour l’eau de la Guinguette car la
turbidité est inférieure à 5 NTU. Le volume de sulfate d’aluminium introduit dans l’eau de Ziga
double celui apporté à l’eau de Loumbila. Cela implique que plus l’eau est plus polluée, la
quantité de coagulants pour le traitement devient importante. Cela contribue à augmenter le
coût du traitement. Le jar test donne une turbidité finale plus élevée pour l’eau de Ziga. Ces
quantités de coagulants et ces valeurs de turbidité montrent avec pertinence que les engrais et
les déjections altèrent la qualité des eaux et influencent le coût du traitement. L’eau de la
Guinguette avait l’aspect plus limpide que les deux autres. Celles de Loumbila de Ziga
présentaient un aspect plus trouble. On peut ainsi déduire que les différentes activités menées
aux abords des barrages affectent la qualité de l’eau puisqu’elles contribuent à augmenter la
turbidité de l’eau qui va rendre le traitement difficile et coûteux car le traitement va demander
de fortes quantités de désinfectants.
Pour les eaux contenant l’urée, les coefficients de corrélations positifs les plus significatifs
existent entre : le pH et le taux de nitrates (r = 0.862), l’oxygène dissous et la turbidité (r =
0.877). Les paramètres qui ont les coefficients de corrélation négatifs les plus significatifs sont
: la conductivité et la température (r = -0.757).
Pour les eaux contenant le NPK, les coefficients de corrélations positifs les plus significatifs
existent entre : la conductivité et l’oxygène dissous (r = 0.770), la conductivité et les nitrates (r
= 0.914), la conductivité et les orthophosphates (r = 0.951), l’oxygène dissous et la turbidité (r
= 0.845), les nitrates et les orthophosphates (r = 0.983).
Les paramètres qui ont les coefficients de corrélation négatifs les plus significatifs sont : les
nitrates et la température (r = -0.877), les orthophosphates et la température (r = -0.805)
Pour les eaux aux déjections de moutons, les coefficients de corrélations positifs les plus
significatifs existent entre : la conductivité et les orthophosphates (r = 0.874), la conductivité et
la turbidité (r = 0.861), l’oxygène dissous et la turbidité (r = 0.815), la turbidité et les
orthophosphates (r = 0.864) l’oxygène dissous et les orthophosphates (r = 0.720).
Les paramètres qui ont les coefficients de corrélation négatifs les plus significatifs sont : la
conductivité et les nitrates (r = -0.820), la turbidité et les nitrates (r = -0.823), les nitrates et les
orthophosphates (r = -0.922).
Pour les eaux contenant les déjections de volailles, les coefficients de corrélations positifs les
plus significatifs existent entre : la conductivité et les orthophosphates (r = 0.857), la turbidité
et l’oxygène dissous (r = 0.815).
Les paramètres qui ont les coefficients de corrélation négatifs les plus significatifs sont : la
température et la conductivité (r = -0.828), les orthophosphates et la température (r = -0.743),
la conductivité et les nitrates (r = -0.721), l’oxygène dissous et les nitrates (r = -0.931), la
turbidité et les nitrates (r = -0.916), les orthophosphates et les nitrates (r = -0.723).
Dans les eaux aux déjections de bœufs, les coefficients de corrélations positifs les plus
significatifs existent entre : la température et le taux de nitrates (r = 0.802), la turbidité et la
conductivité (r = 0.860), l’oxygène dissous et la turbidité (r = 0.831).
Les paramètres qui ont les coefficients de corrélation négatifs les plus significatifs sont : la
conductivité et la température (r = -0.856), l’oxygène dissous et la température (r = -0.829), la
turbidité et la température (r = -0.945), l’oxygène dissous et le taux de nitrates (r = -0.931), la
turbidité et le taux de nitrates (r = -0.778).
Dans les cinq types d’eau, on constate que la turbidité et l’oxygène dissous ont une forte
tendance d’évolution, en raison de la plus faible solubilité, mais aussi à cause de la
consommation accrue par les êtres vivants du barrage et les bactéries qui s’y multiplient. La
teneur en nitrates est influencée par le pH, probablement favorisée par la réduction des nitrates
en nitrites à pH > 5 (Rodier, 2009). La conductivité et les orthophosphates ont une forte
tendance d’évolution. Ce résultat similaire à ceux de la littérature (Somé et al., 2008), se justifie
par l’enrichissement des eaux en nutriments libérés par les excrétas animaux qui se minéralisent
dans l’eau. L’augmentation simultanée de la température avec l’oxygène dissous est contraire
aux résultats de (Tapsoba, 2014). Cette augmentation de l’oxygène dissous est probablement
liée à d’autres facteurs (algues). Quand la teneur en nitrates augmente, la turbidité augmente ;
la teneur en nitrates a donc un impact sur la turbidité (Rodier, 2009). Cela est dû au fait que les
plantes et les microorganismes photosynthétiques ont besoin des nitrates pour leur
métabolisme.
Ce graphe (Figure 3) montre l’évolution du potentiel hydrogène dans les différents bassins
expérimentaux. Des valeurs de pH supérieures à 7.8 sont observées le 7e jour dans les bassins
contenant les déjections de moutons et les déjections de volailles. Ces valeurs traduisent un
apport organique important dans l’eau comme l'affirment Somé et al. (2008). Toutefois, les
valeurs enregistrées durant la période d’étude s’accordent avec les valeurs recommandées par
l’(OMS, 1989) pour les eaux usées, et par Rodier (2009) et la norme nationale pour les eaux
destinées à la potabilisation.
8,5
7,5
PH
6,5
6
J1 J3 J5 J7 J9 J11 J13 J15
JOURS
Ces courbes (Figure 4) montrent que la température augmente dans le temps de manière
pratiquement identique dans tous les bassins. L’augmentation serait en rapport avec le
processus de fermentation qui a lieu dans l’eau pendant la décomposition de la matière
organique par les bactéries aérobies (Botny-Capel, 2015). L’énergie présente dans la matière
organique se transforme en chaleur, suite à la respiration des micro-organismes aérobies.
Toutefois, les valeurs enregistrées durant la période d’étude s’accordent avec les valeurs
recommandées par la norme nationale. Il n’y a aucune norme OMS en vigueur pour ce
paramètre. Les valeurs de températures ne présentent pas de danger pour la potabilisation de
l’eau.
33
31
29
T(°C)
27
25
23
21
J1 J3 J5 J7 J9 J11 J13 J15
JOURS
En observant ces courbes (Figure 5), la conductivité des eaux augmente dans le temps. Cela
s’explique par la minéralisation de la matière organique contenue dans les engrais et dans les
déjections ; et par l’augmentation des nutriments dans l’eau pouvant affecter ainsi la qualité des
eaux. Toutefois, les valeurs enregistrées durant la période d’étude s’accordent avec les valeurs
recommandées par la norme nationale. La plus forte valeur (311 µS/cm) a été observée le 15e
jour dans le bassin du NPK. On observe également que pour les déjections de moutons, la
conductivité atteint un pic de 263 µS/cm le 13e jour. Cela signifierait que la matière organique
contenue dans les déjections de moutons et dans le NPK s’est plus rapidement décomposée et
minéralisée pour être utilisée par la biomasse aquatique, par rapport à l’urée et aux autres
déjections. Selon Rodier (2009) les mesures de conductivité dans les différents bassins montrent
majoritairement une minéralisation faible sauf dans le bac contenant les déjections de moutons
qui présente une minéralisation moyenne.
360
CODUCTIVITÉ (US/CM)
310
260
210
160
110
60
J1 J3 J5 J7 J9 J11 J13 J15
JOURS
L’évolution de l’oxygène dissous dans les bassins est représentée par ces courbes (figure 6).
Les résultats montrent que la teneur en oxygène dans l’eau évolue différemment dans les trois
bassins. Il y a une diminution des concentrations les trois premiers jours. Cette désoxygénation
est liée à une surconsommation de l’oxygène par les bactéries (aérobies) pour assurer la
décomposition de la matière organique apportée par les déjections et les engrais (Gàlvez-
cloutier, Ize, and Arsenault, 2002). Une croissance exponentielle d’oxygène dissous est ensuite
observée pendant 4jours, 6jours, 8jours, 10jours, et 12jours respectivement dans le bac aux
déjections de bœufs, à urée, aux déjections de volailles, aux déjections de moutons, et à NPK.
Cette croissance est probablement causée par le développement algal (biomasse productrice
d’oxygène).
La baisse observée après ces différents pics les jours suivants dans les bacs peut être liée à des
processus d’oxydation dans l’eau (Tapsoba, 2014). Il y’a eût consommation d’oxygène par les
êtres vivants aquatiques présents, ce qui a entraîné une diminution de la teneur en oxygène.
En ce qui concerne la production d’eau potable, les résultats obtenus dans tous les bassins (aux
déjections et aux engrais) présentent des valeurs au-delà de 10 mg/l. C’est dire donc qu’elles
présentent des difficultés pour la production d’eau potable (Rodier, 2009). Il n’y’a aucune
norme OMS ni nationale en vigueur pour ce paramètre.
20
OXYGÈNE DISSOUS (MG/L)
15
10
0
J1 J3 J5 J7 J9 J11 J13 J15
JOURS
Ce graphe d’évolution de la turbidité (Figure 7) nous montre des valeurs de turbidité croissantes
dans les bassins contenant les déjections de moutons, d’urée et surtout de déjections de volailles
où on peut noter un pic de 23.7 NTU le 11e jour. On peut donc dire que les déjections de
volailles contribuent plus à rendre la turbidité élevée par rapport aux autres. Cette turbidité
augmente probablement à cause de la décomposition des particules organiques contenues dans
les déjections et dans les engrais ; cette augmentation de la turbidité peut être due également à
la présence des algues.
Il est recommandé une valeur de Turbidité < 5 NTU pour les eaux de consommation (OMS,
2004). Il n’existe aucune norme nationale en vigueur pour ce paramètre ; mais cette turbidité
élevée peut transporter des micro-organismes, nuire à la désinfection, et augmenter la quantité
de chlore nécessaire pour désinfecter l’eau
25
20
TURBIDITE (NTU)
15
10
0
J1 J3 J5 J7 J9 J11 J13 J15
JOURS
La figure 8 montre l’évolution des nitrates dans les bacs. On peut observer une augmentation
de la concentration en nitrates dans le bassin contenant le NPK pendant toute la période de
l’étude et seulement les premiers jours pour les cinq autres bassins. Cela peut s’expliquer par
l’apport de nitrates dû à la décomposition de la matière animale pour toutes les déjections et de
la minéralisation de l’azote contenu dans le NPK en nitrates. Pour l’urée et les déjections, des
teneurs en nitrates prennent des valeurs plus faibles, voire négatives pour les déjections de
volailles, au bout de quelques jours ; cette différence de concentration en nitrates se fait traduire
par une consommation des nitrates par le phytoplancton. Toutefois, aucune de ces eaux n’a
atteint la valeur limite de nitrates proscrite (50 mg/l). Les valeurs enregistrées durant la période
d’étude s’accordent avec les valeurs recommandées par l’OMS (2004), et la norme nationale
pour les eaux destinées à la potabilisation.
14
12
10
NITRATES (MG/L)
8
6
4
2
0
J1 J3 J5 J7 J9 J11 J13 J15
-2
JOURS
En observant ce graphe, seules les valeurs enregistrées dans le bassin contenant l’urée
s’accordent avec les valeurs recommandées par l’OMS (2004). Les autres montrent des valeurs
au-dessus de la norme. L’évolution des orthophosphates dans le bac aux déjections de volaille
est différente. Les concentrations augmentent de manière significative et atteignent un pic de
4.87mg/l pour les déjections de vollailles, suivi de celle des moutons, du NPK, des bœufs et
ensuite de l’urée. Les déjections de volailles contiennent donc une importante teneur en
orthophosphates.
6
ORTHOPHOSPHATES (MG/L)
5
4
3
2
1
0
J1 J3 J5 J7 J9 J11 J13 J15
JOURS
- Le NPK : il enrichit les eaux en nitrates plus que les autres et les orthophosphates y sont plus
élevées sauf dans les eaux contenant les déjections de volailles. Il influence considérablement
la conductivité par rapport aux autres ;
- Les déjections de moutons aussi influencent considérablement l’oxygène dissous dans l’eau,
les teneurs en orthophosphates y sont plus élevées que dans ceux des bœufs. Elles enrichissent
les eaux en nitrates un peu plus que celles des bœufs et y sont plus élevées que dans celles des
volailles ;
- Les déjections de bœufs par rapport aux autres déjections sont pauvres en apport de nitrates,
d’orthophosphates et influencent moins la turbidité.
littérature de Tapsoba (2014), les teneurs en orthophosphates permettent de conclure que l’eau
brute présente un caractère mésotrophe.
Valeurs moyennes
Normes
Paramètres Déjections Déjections (OMS,
Déjection
Urée NPK de de 2004)
de bœufs
moutons Volailles
Température
27 28.34 25.52 25.51 24.66 18-40
(°C)
pH 6.83 6.80 6.81 7.01 6.72 5.5-9
Conductivité
166.14 193.65 201.93 195.01 144.28 1000
(µS/cm à 20°C)
O2 Dissous (mg/l 8.51 7.83 9.78 10.60 10.01 <50
Nitrates ( mg/l
2.10 8.31 0.86 0.39 1.11 50
NO3-)
Orthophosphates
0.43 2.48 2.76 3.77 0.91 -
(mg/l de PO43-)
7- Tribonema sp
Tableau XIV : Taxonomie et classification des différentes espèces identifiées dans chaque bassin (Bourrelly, 1990)
Algues Bassins Embranchements Classes Ordres Familles Genres Espèces
Impact des genres d’algues sur la qualité des eaux brutes destinées à une
consommation humaine
CONCLUSION
Le présent travail a permis d’apprécier l’impact de l’agriculture et de l’élevage respectivement
à travers l’usage des engrais chimiques (urée, NPK) et des déjections d’animaux d’élevage
(moutons, bœufs et volaille), sur la qualité de l’eau brute du barrage de Ziga sur une quinzaine
de jours. Une caractérisation de cette eau brute a d’abord permis d’évaluer son degré d’aptitude
au traitement. Pour mieux évaluer l’effet des engrais et des déjections sur l’eau, des études
expérimentales ont été réalisées. L’étude des paramètres physico-chimiques et des paramètres
biologiques a montré que la qualité de l’eau a évolué, et ce, d’une manière spécifique au type
d’engrais et de déjections introduit.
La présente étude montre que le multi usage de l’eau devrait se faire de manière sélective en ce
qui concerne les animaux d’élevage dans le secteur agropastoral et les engrais chimiques dans
le maraîchage. Cette sélection permettrait d’assurer la pérennisation de la ressource en eau du
barrage de Ziga, de réaliser un traitement moins complexe, moins coûteux et de préserver la
santé des consommateurs.
RECOMMANDATIONS ET SUGGESTIONS
Compte tenu des conséquences néfastes décelées au cours de cette étude, nous formulons
quelques recommandations, dont la mise en œuvre permettra de résoudre le cas de pollution
des eaux de barrage et de prévenir les risques éventuels. Elles peuvent se résumer globalement
à:
- Effectuer des travaux de recherche plus longs et pointus et pendant les différentes
saisons, afin de connaître les effets des engrais et des excrétas sur le long terme et leurs
variabilités en fonction des saisons puisque la période de suivi de la présente étude est
courte ;
- Faire une étude directement dans le barrage, car le présent travail n’a pas pris en compte
tous les phénomènes qui se produisent dans un réservoir (étude des sédiments et de la
stratification). Cette étude servira également à déceler l’influence des activités agricoles
et agropastorales dans la cuvette en fonction de tous les types d’animaux confondus ;
- Faire une étude plus poussée en suivant plusieurs paramètres, en intégrant la demande
en chlore pour les eaux brutes et l’évaluation du coût de traitement ;
- Reboiser dans la zone de servitude afin d’éviter que les eaux de pluie ne surchargent les
eaux de barrage avec tous les éléments de ruissellement ;
- Sensibiliser les producteurs pour qu’ils respectent cette zone de servitude (ne pas la
mettre en culture) ;
- Aménager des espaces adaptés (des forages pastoraux) pour que les animaux puissent
s’abreuver afin d’éviter qu’ils aient un contact direct avec les barrages ;
- Mettre l’accent sur la ceinture végétale aux alentours du barrage pour la protection des
berges, cela pourrait freiner l’accès direct des animaux au barrage ;
- Intégrer l’aspect de la protection des berges des barrages exploités par l’ONEA ;
- Assurer une bonne surveillance de l’application des lois concernant la protection et la
gestion des ressources en eau ;
- Accélérer le système de traitement biologique de l’eau par l’utilisation des poissons
algivores dans les eaux (Carpe argentée, Tilapia galilia).
SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
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ANNEXES