Vous êtes sur la page 1sur 20

v

UNIVERSITE D’ANTANANARIVO
ECOLE SUPERIEURE DES SCIENCES AGRONOMIQUES

IMPACT
MENTIONDES
SCIENCES AGRONOMIQUES ET ENVIRONNEMENTALES
PRATIQUES DE
MEMOIRE EN VUE D’OBTENTION DU DIPLOME DE LICENCE EN
GESTION DES
SOLS FACE A AGRONOMIQUES ET ENVIRONNEMENTALES
SCIENCES
L’EROSION A
PARCOURS AGROECOLOGIE, BIODIVERSITE ET CHANGEMENT CLIMATIQUE
MADAGASCAR

Présenté par : AJITCINH Rana Ephrivano

PROMOTION VAHENY

Soutenu le 21 septembre 2022

Devant le jury composé de :

Président : Professeur Volatsara Baholy RAHETLAH

Examinateur : Docteur Olivia RAKOTONDRASOA

Rapporteur : Madame Vonifanja RAMANOELINA


REMERCIEMENTS
Nous rendons grâce à Dieu Tout Puissant pour son amour, sa bénédiction et son pardon.

Nous tenons à exprimer notre profonde gratitude :

 A Mr RANDRIANARIVELOSEHENO Jules Arsène, Professeur et Directeur de l’Ecole


Supérieure des Sciences Agronomiques.

 A Mr RABEFARIHY Tahiry, Maître de conférences et Chef de la Mention Sciences


Agronomiques et Environnementales de l’Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques.

 A Mme RAHETLAH Volatsara, Professeur et Chef de la Mention Agroécologie Biodiversité


et Changement Climatique de l’Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques.
 Mme RAKOTONDRASOA Olivia, Maître de conférences à l’Ecole Supérieure des Sciences
Agronomiques qui a aimablement accepté de siéger parmi les membres de jury pour examiner
ce travail.
 A Mme RAMANOELINA Vonifanja, Assistante d’Enseignement Supérieur et de Recherche à
l’Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques pour ses conseils et ses critiques constructifs
pour la réalisation de ce travail.

Nous adressons également nos sincères remerciements :

 Aux enseignants de l’Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques


 Aux enseignants de la Mention Agroécologie, Biodiversité et Changement Climatique
 Au personnel du centre d’information et de documentation de l’Ecole Supérieure des Sciences
Agronomiques
 Au personnel administratif et technique de l’Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques
 A ma chère famille
 A mes amis et collègues de la promotion VAHENY
 A tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à la réalisation de ce document
A tous, puissiez-vous trouver dans ce modeste travail l’expression de vos importantes collaborations.

i
RESUME
La conservation des sols constitue un enjeu crucial à Madagascar où l'érosion affecte près de 40% des
terres agricoles. Face à ce problème, de nombreux projets de développement rural ont promu des
pratiques de conservation des sols telles que le semis direct sous couverture végétale (SCV), le
paillage organique ou les cordons pierreux. Cependant, malgré des décennies d'efforts de diffusion,
l'adoption effective à grande échelle de ces techniques innovantes n'a pas encore été rigoureusement
démontrée. De plus, leur efficacité concrète pour lutter contre l'érosion reste à confirmer. A travers une
revue bibliographique d'études scientifiques récentes, ce mémoire analyse l'impact réel des pratiques
promues en termes d'appropriation paysanne et de performance contre l'érosion. Les résultats mettent
en évidence une efficacité maximale du SCV et du paillage, permettant de réduire les pertes en sols de
60 à 90%. Cependant, des techniques très utilisées comme les cordons pierreux ont une efficacité plus
modérée (40-60% de réduction). On observe également des écarts d'adoption importants entre régions
ainsi qu'entre parcelles agricoles et zones non cultivées. Ces constats soulignent la nécessité
d'approches différenciées prenant en compte les contextes locaux. Le renforcement de
l'accompagnement technique et l'implication des communautés rurales apparaissent comme des pistes
prometteuses. Malgré certaines limites inhérentes à la méthodologie employée, ce travail fournit des
éclairages précieux pour promouvoir une gestion durable des terres préservant les sols cultivés,
ressource stratégique face aux défis alimentaires et environnementaux croissants à Madagascar.

Mots-clés : Érosion des sols, Conservation des sols, Pratiques antiérosives, Semis direct sous couvert
végétal (SCV), Paillage, Adoption par les agriculteurs, Efficacité, Madagascar.

ii
ABSTRACT
Soil conservation is a crucial issue in Madagascar where erosion affects nearly 40% of agricultural
lands. In response to this problem, numerous rural development projects have promoted soil
conservation practices such as direct seeding under plant cover (DSPC), organic mulching or stone
bunds. However, despite decades of dissemination efforts, the effective large-scale adoption of these
innovative techniques has not yet been rigorously demonstrated. In addition, their actual effectiveness
in fighting erosion remains to be confirmed. Through a literature review of recent scientific studies,
this dissertation analyzes the real impact of promoted practices in terms of farmer uptake and
performance against erosion. The results highlight a maximum effectiveness of DSPC and mulching,
allowing a 60 to 90% reduction in soil losses. However, very popular techniques like stone bunds have
a more moderate effectiveness (40-60% reduction). Significant differences in adoption are also
observed between regions and between agricultural and non-cultivated areas. These findings underline
the need for tailored approaches that take local contexts into account. Strengthening technical support
and involving rural communities appear to be promising pathways. Despite some inherent limitations
in the methodology used, this work provides valuable insights to promote sustainable land
management preserving cultivated soils, a strategic resource facing increasing food and environmental
challenges in Madagascar.

Keywords : Soil erosion, Soil conservation, Anti-erosion practices, Direct seeding under plant cover
(DSPC), Mulching, Farmer adoption, Effectiveness, Madagascar

iii
FINTINA
Ny sehatriny ala, amin’ny alalan’ny fanamboarana harona fandrehitra sy kitay dia isan’ireo fomba
mora indrindra azahoana angovo. Noho izany, ny Malagasy dia manao fitrandrahana be loatra, izay
mitarika fahapotehan’ny ala mba hamenony ny filany hazo aminy lafiny angovo. Raha dinihina
manokana anefa ny zavamisy ao amin’ny kaominina Sambaina Manjakandriana dia hita fa ny solofon-
kazo azo avy amin’ny kininina vavy dia hazaoana hazo aingana sady lovain-jafy. Mba ho fanatsarana
ny sehatriny ala sy anamboarana drafi-pikaroana mahaomby dia ilaina hatrany ny mamelabelatra ny
antony ilazana fa lovain-jafy tokoa ny fitrandrahana solofon-kazo. Raha ny lafiny tontolo hiainana no
jerena dia hita fa miaro sy miahy ireo zava-manan-aina voatokana ho an’ny kininina vavy ny faritra
misy ny solofon-kazo. Ho fanampin’izany, ny fitairizana karbaonina sy ireo hentona miteraka
hafanana hoan’ny tany dia mandray anjara amin’ny ady hiatreana ny fiovahovan’ny toetriny andro. Ny
solofon-kazo ihany koa dia mitrotro ireo karazana tsingerina biôjeôsimika izay manampy amin’ny ady
amin’ny fiovahovan’ny toetriny andro. Raha ny lafiny ara-toe-karena no jerena dia hita fa afaka
hampitomboina ny vokatra azo na dia tsy manatombo ny velaran-tany aza. Rehefa lava kokoa mantsy
ny fotoam-pahalebiazan’ny solofon-kazo dia mitombo araka izany ihany koa ny vokatra azo. Ita
mantsy fa rehefa avela miaina mandritra ny roambin’ny folo taona ny solofon-kazo dia mitentina 226
m3/ha ny vokatra azo. Noho izany, miteraka fidiram-bola maharitra hoan’ireo mponina ao amin’ny
kaominina ny fisian’ny solofon-kazo. Raha ny lafiny sosialy no jerena dia hita fa nitoetra sy naharitra
ny fomba famokarany tamin’ny alalan’ny solofon-kazo izay nataon’ireo mpanjanahatany.
Ankehitriny, ny famokarana hazo rehetra ao amin’ny kaominina dia avy amin’ny solofon-kazo. Noho
izay voalaza rehetra izay dia ekena ny fanambarana fa lovain-jafy tokoa ny famokarana azo avy
amin’ny solofon-kazo hoan’ireo fianakavina mpamboly eto Madagasikara. Raha natao tokoa mantsy
ny fampitahana ny famokarana solofon-kazo iray tao frantsa sy ny tao amin’ny kaominina Sambaina
Manjakandriana dia hita fa ambony kokoa ny vokatra tao Sambaina.

Teny manan-danja : sehatry ny ala, angovo avy amin’ny hazo, solofon-kazo, lovain-jafy, kininina
vavy, fianakaviana mpamboly, Sambaina manjakandriana

iv
Glossaire
Érosion : Phénomène d'usure et d'enlèvement des particules de sol sous l'action de l'eau, du vent, de la
glace.

Érosion hydrique : Érosion causée par l'action de l'eau (ruissellement, précipitations).

Ruissellement : Écoulement rapide des eaux à la surface du sol.

Ravinement : Entaille linéaire creusée dans le sol par les eaux de ruissellement.

Paillage : Couverture du sol par un matériau organique (paille, compost, etc.) pour le protéger.

Mulch : Couche de résidus végétaux laissés à la surface du sol.

SCV : Semis direct sous Couverture Végétale. Technique sans labour laissant une couverture morte.

Cordons pierreux : Alignements de pierres en courbes de niveau pour freiner le ruissellement.

Haies vives : Barrières végétales denses disposées en courbes de niveau.

Bandes enherbées : Bandes d'herbe en courbes de niveau pour stabiliser le sol.

Agroforesterie : Association d'arbres et de cultures sur une même parcelle.

Tanety : Collines érodées sur sols pauvres.

Tavy : Culture sur brûlis traditionnelle à Madagascar.

Lixiviation : Entraînement des minéraux solubles du sol par percolation.

Battance : Croûte de surface qui se forme sur certains sols.

Vulnérabilité : Sensibilité d'un sol au risque d'érosion.

Innovation : Nouvelle pratique promue pour améliorer les techniques existantes.

Adoption : Mise en application d'une technique par les utilisateurs finaux.

Diffusion : Processus de propagation d'une innovation auprès des utilisateurs.

v
Table des matières
Introduction..........................................................................................................................................1
I. Méthodologie.................................................................................................................................3
1.1. Etat de l’art...........................................................................................................................3
1.2. Problématique et hypothèses...............................................................................................9
1.3. Matériels et méthodes.........................................................................................................10
II. Résultats..................................................................................................................................12
2.1. Techniques de conservation des sols promues..................................................................12
2.1.1. Les principales techniques de conservation utilisées..............................................12
2.1.2. Efficacité technique des pratiques de conservation................................................13
2.2. Adoption des pratiques de conservation par les agriculteurs..........................................16
2.2.1. Disparités régionales dans l’adoption des techniques antiérosives.........................16
2.2.2. Adoption des pratiques par région...............................................................................16
1.1.1. Adoption différenciée sur terres agricoles et non agricoles....................................17
II. Discussion et recommandations.............................................................................................21
2.1. Discussions sur la méthodologie........................................................................................21
2.1.1. Vérification des hypothèses.....................................................................................21
2.1.2. Perspectives de cette étude......................................................................................23
2.2. Discussions sur les résultats...............................................................................................23
2.2.1. Comparaison entre le taillis de Sambaina avec le taillis en France........................23
2.2.2. Recommandations...................................................................................................25
Conclusion...........................................................................................................................................26

vi
Liste des abréviations, des acronymes et des unités
ESSA : Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques

CES : Conservation des Eaux et des Sols

SCV : Semis Direct sur Couverture Végétale

t/ha/an : tonnes par hectare et par an (unité de mesure des pertes en sol)

BV-Lac : Bassins Versants-Lac Alaotra (projet de développement rural)

AD2M : Appui au Développement rural dans les régions Analamanga, Vakinankaratra et Amoron'i
Mania (projet de développement rural)

FHRM : Fonds de Développement Hotelier et de Restauration à Madagascar (projet de développement


rural)

AVSF : Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières (ONG de développement agricole)

FAO : Food and Agriculture Organization (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et
l'agriculture)

FOFIFA : Foibe Fikarohana momba ny Fambolena (Centre National de la Recherche Appliquée au


Développement Rural - Madagascar)

USAID : United States Agency for International Development (Agence des États-Unis pour le
développement international)

AFD : Agence Française de Développement

DDC : Direction du Développement et de la Coopération (Suisse)

vii
Listes des annexes

viii
Liste des tableaux et figures

ix
I. Résultats

I.1. Techniques de conservation des sols promues


Face à ce problème, de nombreux projets de développement agricole ont promu l'adoption
de pratiques de conservation des sols à Madagascar depuis les années 1990 (Rakotovao et
al., 2021).

I.1.1. Les principales techniques de conservation utilisées


a. Cultures en courbes de niveau
Cette technique ancestrale limite l'érosion en freinant le ruissellement. Les terrasses réduisent
la pente et maintiennent le sol en place. L’aménagement des versants en créant des terrasses de 1 à 2
mètres de largeur selon les courbes de niveau, maintenues par des murets en pierres ou des haies vives.
Pratiqué traditionnellement dans les régions montagneuses (Vakinankaratra, Ifanadiana, etc).

b. Paillage
Le paillis protège la surface du sol et absorbe l'impact des gouttes de pluie. Il limite ainsi le
détachement et le transport des particules. L’épandage d'une couche de 5 à 10 cm de résidus de culture
(paille de riz, tiges de maïs broyées) ou de biomasse (herbes sèches, branchages) sur les parcelles de
cultures pluviales (riz, maïs, arachide, etc) des Hautes Terres avant le semis

c. Cordons pierreux
L'alignement de pierres qui freine le ruissellement. La confection de lignes de pierres de 0,5 à 1
mètres de haut, tous les 2 mètres sur la pente dans les régions des Hauts Plateaux. Les pierres
proviennent des champs et sont maçonnées à la main

d. Haies vives
Les barrières végétales denses situées en courbes de niveau qui interceptent le ruissellement.
Elles stabilisent aussi le sol avec leurs racines. La plantation dense d'espèces ligneuses locales
(Vetiver, Peltogyne, Cajanus) sur les courbes de niveau pour créer des barrières végétales antiérosives.
Pratiqué sur pentes des zones andines et de collines.

1
e. Agroforesterie

Les associations d'arbres et de cultures. Les arbres protègent le sol de l'impact des pluies.
L’association fréquente de cultures vivrières (bananiers, taros) avec des fruitiers (litchis, manguiers)
en vergers pluviaux dans les zones côtières et de tanety.

f. Semis direct avec couverture végétale (SCV)

Le semis sans labour dans un couvert végétal mort laissé au sol. Cette couche protège le sol et
favorise l'infiltration de l'eau. Le semis direct de la culture (riz, arachide) sous couvert d’une
légumineuse (Mucuna, Desmodium) qui produit une forte biomasse et bloque les adventices sur les
Hauts Plateaux

I.1.2. Efficacité technique des pratiques de conservation


a) Reduction érosion

Plusieurs études sur le terrain ont démontré l'efficacité de ces techniques pour réduire l'érosion des sols
cultivés à Madagascar. Ramifehiarivo et al. (2020) ont mesuré des réductions des pertes en terre de 50
à 90% selon les pratiques de conservation utilisées dans différentes zones agroécologiques.

Le semis direct sous couverture végétale (SCV) s'est révélé très performant, avec une diminution de 80
à 90% de l'érosion comparé au travail conventionnel du sol (Rajeriharivelo et al., 2022). Le paillage et
les cultures en courbes de niveau ont également montré une forte efficacité antiérosive (Ramifehiarivo
et al., 2020).

Outre la réduction de l'érosion, ces techniques améliorent la rétention en eau et maintiennent la fertilité
des sols. Le paillage et le semis direct sous couvert végétal (SCV) augmentent significativement
l'infiltration de l'eau et la capacité de rétention hydrique du sol (Rajeriharivelo et al., 2022). Ils
favorisent aussi l'activité biologique et l'enrichissement en matière organique.

2
b) Amélioration par rapport aux rendements dans les terres agricoles

Plusieurs études sur le terrain ont démontré l'efficacité de ces techniques pour réduire l'érosion des sols
cultivés à Madagascar. Ramifehiarivo et al. (2020) ont mesuré des réductions des pertes en terre de 50
à 90% selon les pratiques utilisées dans différentes zones agro-écologiques.

Le semis direct sous couverture végétale (SCV) et le paillage ressortent comme particulièrement
performants, avec des diminutions de l'érosion de 60 à 90% (Rajeriharivelo et al., 2022 ;
Ramifehiarivo et al., 2020).

Outre la réduction de l'érosion, ces pratiques de conservation améliorent également les rendements
agricoles, comme l'ont montré plusieurs études récentes à Madagascar. Une thèse menée dans la
région Itasy (Raveloson, 2021) a mesuré une hausse moyenne de +18% du rendement en maïs avec
l'utilisation du SCV. Dans la région Haute-Matsiatra, des gains de +11% ont été observés pour le
rendement du riz pluvial avec le paillage (Ramamonjisoa, 2019). Au niveau national, le Ministère de
l'Agriculture (2015) estime que la généralisation des techniques de CES pourrait augmenter les
rendements rizicoles de 8 à 15% selon les régions.

Les gains de productivité permise par ces pratiques s'expliquent par une meilleure rétention en eau et
nutriments dans le sol amélioré par ces techniques. Toutefois, l'ampleur de l'augmentation de
rendement dépend des conditions pédoclimatiques ainsi que d'une bonne mise en œuvre des pratiques.

Ces résultats démontrent globalement les effets bénéfiques des pratiques de conservation à la fois sur
la protection des sols contre l'érosion et sur l'amélioration des performances des cultures.

3
Tableau 3. Efficacité de différentes pratiques de conservation pour réduire l'érosion et améliorer la
fertilité des sols à Madagascar

Pratique Réduction érosion Effets positifs


Semis direct sous couvert 80-90% Augmentation matière
végétal (SCV) organique et activité
biologique du sol

Paillage 60-80% Meilleure infiltration de


l'eau, moins de
ruissellement
Cultures en courbes de 50-70% Réduction du
niveau ruissellement, maintien du
sol en place
Haies vives 60-70% Stabilisation des versants,
réduction du ruissellement
Cordons pierreux 40-60% Frein à l'écoulement de
l'eau en surface
Agroforesterie 30-50% Protection du sol de
l'impact des pluies

Ce graphique montre les forts pourcentages de réduction de l'érosion obtenus avec le SCV et
le paillage dans les études à Madagascar.

4
I.2. Adoption des pratiques de conservation par les agriculteurs
I.2.1. Disparités régionales dans l’adoption des techniques antiérosives
Malgré leur intérêt démontré, l'adoption des pratiques de conservation des sols reste inégale
selon les régions de Madagascar et le type de techniques.

D'après l'étude de Cole et al. (2017), les haies vives et le paillage sont bien adoptées par les
agriculteurs, avec des taux d'utilisation de 60% à 80%. En revanche, le semis direct sous couverture
végétale (SCV) peine à se diffuser, avec seulement 20% des paysans qui l'utilisent sur leurs parcelles
(Penot et al., 2022).

On observe des différences régionales dans l'adoption des pratiques anti-érosion.


Ramifehiarivo et al. (2020) ont constaté une meilleure adoption dans le Sud (Anosy, Androy)
comparativement aux Hautes Terres centrales. Les agriculteurs des régions arides du Sud sont plus
sensibles à l'intérêt des techniques améliorant la rétention en eau des sols.

2.2.2. Adoption des pratiques par région


L'adoption des techniques varie fortement entre les régions de Madagascar. Le Tableau 2
présente les taux d'utilisation des principales pratiques par région d'après une étude du FOFIFA
(Rakotovao et al., 2020) :

• Hautes Terres centrales :

SCV : 35%

Paillage : 50%

Cordons pierreux : 30%

• Côte Est :

Paillage : 80%

Haies vives : 70%

Agroforesterie : 60%

• Grand Sud :

Cordons pierreux : 60%

Cultures en courbes de niveau : 50%

Agroforesterie : 40%

5
On constate que les régions arides du Sud ont adopté massivement les cordons pierreux et cultures en
courbes de niveau pour freiner le ruissellement. Sur la Côte Est, le paillage et les haies vives sont
plébiscités. Dans les Hautes Terres, le SCV et le paillage sont mieux diffusés.

I.1.1. Adoption différenciée sur terres agricoles et non agricoles


L’adoption des techniques de conservation des sols se révèle très différente selon qu’il s’agisse de
parcelles cultivées ou d’espaces non agricoles tels que prairies, forêts ou friches (Rakotoarimanana,
2019).

Sur les terrains cultivés, les taux d’utilisation sont globalement plus élevés car les techniques sont
promues en priorité auprès des agriculteurs dans une visée productive. Selon le Ministère de
l’Agriculture (2015), le paillage est utilisé sur 65% des rizières contre seulement 20% des zones non
cultivées. Le semis direct sous couverture végétale (SCV) concerne 30% des parcelles irriguées mais
demeure anecdotique sur les espaces non productifs (<5%).

Ces différences s’expliquent par le moindre intérêt économique de la conservation des sols sur les
terres non cultivées. Les agriculteurs sont logiquement moins enclins à investir du travail et des
ressources dans la protection de zones non productives. De plus, les efforts de diffusion et de
subventionnement des techniques par les pouvoirs publics ciblent principalement les exploitations
agricoles.

Toutefois, certaines pratiques mécaniques comme les cordons pierreux sont relativement bien adoptées
sur les zones non cultivées (40%). Cette technique de freinage du ruissellement s’adapte en effet à
divers contextes (pâturages, forêts...). Son efficacité ne dépend pas de l’usage productif du sol.

Une étude du FOFIFA (Raherimandimby et al., 2021) a montré que l’adoption élargie de pratiques
combinées (cordons pierreux, bandes enherbées, reboisement) sur les collines environnant les terrains
cultivés permettait de réduire significativement les phénomènes érosifs dans les bas-fonds agricoles.
Cela souligne l’intérêt d’étendre la diffusion de certaines techniques aux zones non productives dans
une optique de protection globale des bassins versants.

6
Tableau 1. Comparaison des taux d’adoption des pratiques (Source : Ministère Agriculture, 2015)

Pratique Terres agricoles Zones non agricoles


Paillage 65% 20%
SCV 30% <5%
Cordons pierreux 25% 40%

L'extension de certaines pratiques aux zones non agricoles pourrait renforcer la conservation globale
des sols.

I.1.2. L’analyse des données d’adoption révèle des disparités significatives selon le
caractère cultivé ou non des terres

De manière générale, l’utilisation des techniques de conservation est plus répandue sur les parcelles
agricoles. Le paillage concerne 65% des rizières contre seulement 20% des zones non productives.
L’écart est encore plus marqué pour le semis direct sous couverture végétale avec 30% d’adoption
en terrains irrigués et moins de 5% sur les étendues non cultivées.

Cet écart s’explique par la focalisation des efforts de promotion auprès des agriculteurs qui ont un
intérêt économique direct à préserver la fertilité des sols cultivés. De plus, certains aménagements
comme le SCV nécessitent la mise en place d’un système de culture pérenne.

En revanche, quelques pratiques comme les cordons pierreux rencontrent plus de succès sur les
espaces non agricoles (40%). Cette technique de freinage mécanique du ruissellement s’adapte à
divers contextes, même non productifs. Son efficacité ne dépend pas d’un usage cultural du sol.

Les bandes enherbées et le reboisement sont également plus employés sur les zones non cultivées
car ils nécessitent de soustraire des surfaces à la production agricole.

En définitive, l’adoption différenciée des pratiques de conservation reflète avant tout un rapport
coût/bénéfice plus favorable pour les agriculteurs à protéger les parcelles cultivées génératrices de
revenus.

7
I.2. Comparaison de l’efficacité des techniques
Hautes Terres centrales

Dans les Hautes Terres, le semis direct sur couverture végétale (SCV) a démontré une forte efficacité
pour réduire l'érosion d'après les travaux de Rakotondravelo (2018), avec des gains estimés entre 60 et
80% selon les conditions. Le paillage avec résidus végétaux est également très performant dans cette
région, avec des réductions de 50 à 70% (Rajoelison, 2020). Les techniques mécaniques comme les
cordons pierreux ou les bandes enherbées ont une efficacité plus modérée (Andriamihaja et al., 2017).

Côte Est

Sur la Côte Est, le paillage ressort comme la pratique la plus efficace d'après la thèse de
Razafimandimby (2017), avec des réductions de l'érosion de 60 à 90%. Les haies vives constituent
également une technique de choix dans cette région humide, permettant de stabiliser efficacement les
sols (Rakotoniaina, 2021). L'agroforesterie et les cordons pierreux ont une efficacité moindre mais
contribuent significativement à limiter le ruissellement.

Sud aride

Dans le Sud semi-aride, les techniques de rétention de l'eau comme les cordons pierreux, les cultures
en courbes de niveau et l'agroforesterie sont les plus indiquées d'après Raveloaritiana (2019). Les
ouvrages mécaniques réduisent les écoulements de 50 à 70%. Le semis direct sous couvert végétal
(SCV) donne également de bons résultats dans cette zone.

Ouest

Peu d'études sont disponibles sur l'efficacité différenciée des pratiques dans l'Ouest. Cependant, on
peut supposer d'après les travaux dans d'autres régions que les techniques végétales (SCV, bandes
enherbées) et les cordons pierreux soient les plus performantes dans ce contexte de collines.

8
Tableau : Efficacité comparée des techniques par région

Région Pratiques les plus efficaces Réduction érosion


SCV 70-90%
HAUTES TERRES
Paillage 50-80%

Paillage 60-80%
COTE EST
Haies vives 50-70%

Cordons pierreux 50-70%

SUD Cultures en terrasses 40-60%

Agroforesterie 30-50%

Vous aimerez peut-être aussi