Vous êtes sur la page 1sur 20

v

UNIVERSITE D’ANTANANARIVO
ECOLE SUPERIEURE DES SCIENCES AGRONOMIQUES

IMPACT
MENTIONDES
SCIENCES AGRONOMIQUES ET ENVIRONNEMENTALES
PRATIQUES DE
MEMOIRE EN VUE D’OBTENTION DU DIPLOME DE LICENCE EN
GESTION DES
SOLS FACE A AGRONOMIQUES ET ENVIRONNEMENTALES
SCIENCES
L’EROSION A
PARCOURS AGROECOLOGIE, BIODIVERSITE ET CHANGEMENT CLIMATIQUE
MADAGASCAR

Présenté par : AJITCINH Rana Ephrivano

PROMOTION VAHENY

Soutenu le 21 septembre 2022

Devant le jury composé de :

Président : Professeur Volatsara Baholy RAHETLAH

Examinateur : Docteur Olivia RAKOTONDRASOA

Rapporteur : Madame Vonifanja RAMANOELINA


REMERCIEMENTS
Nous rendons grâce à Dieu Tout Puissant pour son amour, sa bénédiction et son pardon.

Nous tenons à exprimer notre profonde gratitude :

 A Mr RANDRIANARIVELOSEHENO Jules Arsène, Professeur et Directeur de l’Ecole


Supérieure des Sciences Agronomiques.

 A Mr RABEFARIHY Tahiry, Maître de conférences et Chef de la Mention Sciences


Agronomiques et Environnementales de l’Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques.

 A Mme RAHETLAH Volatsara, Professeur et Chef de la Mention Agroécologie Biodiversité


et Changement Climatique de l’Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques.
 Mme RAKOTONDRASOA Olivia, Maître de conférences à l’Ecole Supérieure des Sciences
Agronomiques qui a aimablement accepté de siéger parmi les membres de jury pour examiner
ce travail.
 A Mme RAMANOELINA Vonifanja, Assistante d’Enseignement Supérieur et de Recherche à
l’Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques pour ses conseils et ses critiques constructifs
pour la réalisation de ce travail.

Nous adressons également nos sincères remerciements :

 Aux enseignants de l’Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques


 Aux enseignants de la Mention Agroécologie, Biodiversité et Changement Climatique
 Au personnel du centre d’information et de documentation de l’Ecole Supérieure des Sciences
Agronomiques
 Au personnel administratif et technique de l’Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques
 A ma chère famille
 A mes amis et collègues de la promotion VAHENY
 A tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à la réalisation de ce document
A tous, puissiez-vous trouver dans ce modeste travail l’expression de vos importantes collaborations.

i
RESUME
La conservation des sols constitue un enjeu crucial à Madagascar où l'érosion affecte près de 40% des
terres agricoles. Face à ce problème, de nombreux projets de développement rural ont promu des
pratiques de conservation des sols telles que le semis direct sous couverture végétale (SCV), le
paillage organique ou les cordons pierreux. Cependant, malgré des décennies d'efforts de diffusion,
l'adoption effective à grande échelle de ces techniques innovantes n'a pas encore été rigoureusement
démontrée. De plus, leur efficacité concrète pour lutter contre l'érosion reste à confirmer. A travers une
revue bibliographique d'études scientifiques récentes, ce mémoire analyse l'impact réel des pratiques
promues en termes d'appropriation paysanne et de performance contre l'érosion. Les résultats mettent
en évidence une efficacité maximale du SCV et du paillage, permettant de réduire les pertes en sols de
60 à 90%. Cependant, des techniques très utilisées comme les cordons pierreux ont une efficacité plus
modérée (40-60% de réduction). On observe également des écarts d'adoption importants entre régions
ainsi qu'entre parcelles agricoles et zones non cultivées. Ces constats soulignent la nécessité
d'approches différenciées prenant en compte les contextes locaux. Le renforcement de
l'accompagnement technique et l'implication des communautés rurales apparaissent comme des pistes
prometteuses. Malgré certaines limites inhérentes à la méthodologie employée, ce travail fournit des
éclairages précieux pour promouvoir une gestion durable des terres préservant les sols cultivés,
ressource stratégique face aux défis alimentaires et environnementaux croissants à Madagascar.

Mots-clés : Érosion des sols, Conservation des sols, Pratiques antiérosives, Semis direct sous couvert
végétal (SCV), Paillage, Adoption par les agriculteurs, Efficacité, Madagascar.

ii
ABSTRACT
Soil conservation is a crucial issue in Madagascar where erosion affects nearly 40% of agricultural
lands. In response to this problem, numerous rural development projects have promoted soil
conservation practices such as direct seeding under plant cover (DSPC), organic mulching or stone
bunds. However, despite decades of dissemination efforts, the effective large-scale adoption of these
innovative techniques has not yet been rigorously demonstrated. In addition, their actual effectiveness
in fighting erosion remains to be confirmed. Through a literature review of recent scientific studies,
this dissertation analyzes the real impact of promoted practices in terms of farmer uptake and
performance against erosion. The results highlight a maximum effectiveness of DSPC and mulching,
allowing a 60 to 90% reduction in soil losses. However, very popular techniques like stone bunds have
a more moderate effectiveness (40-60% reduction). Significant differences in adoption are also
observed between regions and between agricultural and non-cultivated areas. These findings underline
the need for tailored approaches that take local contexts into account. Strengthening technical support
and involving rural communities appear to be promising pathways. Despite some inherent limitations
in the methodology used, this work provides valuable insights to promote sustainable land
management preserving cultivated soils, a strategic resource facing increasing food and environmental
challenges in Madagascar.

Keywords : Soil erosion, Soil conservation, Anti-erosion practices, Direct seeding under plant cover
(DSPC), Mulching, Farmer adoption, Effectiveness, Madagascar

iii
FINTINA
Ny sehatriny ala, amin’ny alalan’ny fanamboarana harona fandrehitra sy kitay dia isan’ireo fomba
mora indrindra azahoana angovo. Noho izany, ny Malagasy dia manao fitrandrahana be loatra, izay
mitarika fahapotehan’ny ala mba hamenony ny filany hazo aminy lafiny angovo. Raha dinihina
manokana anefa ny zavamisy ao amin’ny kaominina Sambaina Manjakandriana dia hita fa ny solofon-
kazo azo avy amin’ny kininina vavy dia hazaoana hazo aingana sady lovain-jafy. Mba ho fanatsarana
ny sehatriny ala sy anamboarana drafi-pikaroana mahaomby dia ilaina hatrany ny mamelabelatra ny
antony ilazana fa lovain-jafy tokoa ny fitrandrahana solofon-kazo. Raha ny lafiny tontolo hiainana no
jerena dia hita fa miaro sy miahy ireo zava-manan-aina voatokana ho an’ny kininina vavy ny faritra
misy ny solofon-kazo. Ho fanampin’izany, ny fitairizana karbaonina sy ireo hentona miteraka
hafanana hoan’ny tany dia mandray anjara amin’ny ady hiatreana ny fiovahovan’ny toetriny andro. Ny
solofon-kazo ihany koa dia mitrotro ireo karazana tsingerina biôjeôsimika izay manampy amin’ny ady
amin’ny fiovahovan’ny toetriny andro. Raha ny lafiny ara-toe-karena no jerena dia hita fa afaka
hampitomboina ny vokatra azo na dia tsy manatombo ny velaran-tany aza. Rehefa lava kokoa mantsy
ny fotoam-pahalebiazan’ny solofon-kazo dia mitombo araka izany ihany koa ny vokatra azo. Ita
mantsy fa rehefa avela miaina mandritra ny roambin’ny folo taona ny solofon-kazo dia mitentina 226
m3/ha ny vokatra azo. Noho izany, miteraka fidiram-bola maharitra hoan’ireo mponina ao amin’ny
kaominina ny fisian’ny solofon-kazo. Raha ny lafiny sosialy no jerena dia hita fa nitoetra sy naharitra
ny fomba famokarany tamin’ny alalan’ny solofon-kazo izay nataon’ireo mpanjanahatany.
Ankehitriny, ny famokarana hazo rehetra ao amin’ny kaominina dia avy amin’ny solofon-kazo. Noho
izay voalaza rehetra izay dia ekena ny fanambarana fa lovain-jafy tokoa ny famokarana azo avy
amin’ny solofon-kazo hoan’ireo fianakavina mpamboly eto Madagasikara. Raha natao tokoa mantsy
ny fampitahana ny famokarana solofon-kazo iray tao frantsa sy ny tao amin’ny kaominina Sambaina
Manjakandriana dia hita fa ambony kokoa ny vokatra tao Sambaina.

Teny manan-danja : sehatry ny ala, angovo avy amin’ny hazo, solofon-kazo, lovain-jafy, kininina
vavy, fianakaviana mpamboly, Sambaina manjakandriana

iv
Glossaire
Érosion : Phénomène d'usure et d'enlèvement des particules de sol sous l'action de l'eau, du vent, de la
glace.

Érosion hydrique : Érosion causée par l'action de l'eau (ruissellement, précipitations).

Ruissellement : Écoulement rapide des eaux à la surface du sol.

Ravinement : Entaille linéaire creusée dans le sol par les eaux de ruissellement.

Paillage : Couverture du sol par un matériau organique (paille, compost, etc.) pour le protéger.

Mulch : Couche de résidus végétaux laissés à la surface du sol.

SCV : Semis direct sous Couverture Végétale. Technique sans labour laissant une couverture morte.

Cordons pierreux : Alignements de pierres en courbes de niveau pour freiner le ruissellement.

Haies vives : Barrières végétales denses disposées en courbes de niveau.

Bandes enherbées : Bandes d'herbe en courbes de niveau pour stabiliser le sol.

Agroforesterie : Association d'arbres et de cultures sur une même parcelle.

Tanety : Collines érodées sur sols pauvres.

Tavy : Culture sur brûlis traditionnelle à Madagascar.

Lixiviation : Entraînement des minéraux solubles du sol par percolation.

Battance : Croûte de surface qui se forme sur certains sols.

Vulnérabilité : Sensibilité d'un sol au risque d'érosion.

Innovation : Nouvelle pratique promue pour améliorer les techniques existantes.

Adoption : Mise en application d'une technique par les utilisateurs finaux.

Diffusion : Processus de propagation d'une innovation auprès des utilisateurs.

v
Table des matières
Introduction..........................................................................................................................................1
I. Méthodologie.................................................................................................................................3
1.1. Etat de l’art...........................................................................................................................3
1.2. Problématique et hypothèses...............................................................................................9
1.3. Matériels et méthodes.........................................................................................................10
II. Résultats..................................................................................................................................12
2.1. Techniques de conservation des sols promues..................................................................12
2.1.1. Les principales techniques de conservation utilisées..............................................12
2.1.2. Efficacité technique des pratiques de conservation................................................13
2.2. Adoption des pratiques de conservation par les agriculteurs..........................................16
2.2.1. Disparités régionales dans l’adoption des techniques antiérosives.........................16
2.2.2. Adoption des pratiques par région...............................................................................16
1.1.1. Adoption différenciée sur terres agricoles et non agricoles....................................17
II. Discussion et recommandations.............................................................................................21
2.1. Discussions sur la méthodologie........................................................................................21
2.1.1. Vérification des hypothèses.....................................................................................21
2.1.2. Perspectives de cette étude......................................................................................23
2.2. Discussions sur les résultats...............................................................................................23
2.2.1. Comparaison entre le taillis de Sambaina avec le taillis en France........................23
2.2.2. Recommandations...................................................................................................25
Conclusion...........................................................................................................................................26

vi
Liste des abréviations, des acronymes et des unités
ESSA : Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques

CES : Conservation des Eaux et des Sols

SCV : Semis Direct sur Couverture Végétale

t/ha/an : tonnes par hectare et par an (unité de mesure des pertes en sol)

BV-Lac : Bassins Versants-Lac Alaotra (projet de développement rural)

AD2M : Appui au Développement rural dans les régions Analamanga, Vakinankaratra et Amoron'i
Mania (projet de développement rural)

FHRM : Fonds de Développement Hotelier et de Restauration à Madagascar (projet de développement


rural)

AVSF : Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières (ONG de développement agricole)

FAO : Food and Agriculture Organization (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et
l'agriculture)

FOFIFA : Foibe Fikarohana momba ny Fambolena (Centre National de la Recherche Appliquée au


Développement Rural - Madagascar)

USAID : United States Agency for International Development (Agence des États-Unis pour le
développement international)

AFD : Agence Française de Développement

DDC : Direction du Développement et de la Coopération (Suisse)

vii
Listes des annexes
Annexe 1 : Caractéristique de différenciation des forêts naturelles et forêts artificielles.......................V
Annexe 2 : Courbe ombrothermique de Manjakandriana (1951 - 1980)...............................................VI
Annexe 3 : Profil des sols destinés au peuplement de taillis.................................................................VII
Annexe 4 : Schéma relatif au recépage...............................................................................................VIII
Annexe 5 : Végétation steppique..........................................................................................................IX
Annexe 6 : Equation de régression allométrique....................................................................................X
Annexe 7 : Forme de bois énergie existant à Sambaina Manjakandriana............................................XII

viii
Liste des tableaux et figures
Tableau 1 : Comparaison entre taillis de France et taillis de Madagascar...........................................27

Figure 1 : L’Eucalyptus Robusta..............................................................................................................7


Figure 2: Localisation de la zone d'étude..............................................................................................10

ix
I. Discussion et recommandations

I.1. Discussions sur la méthodologie


I.1.1. Vérification des hypothèses
a) Hypothèse 1 : La capacité d'appropriation de certaines innovations pourrait être
entravée par le niveau d'éducation technique des agriculteurs.

 Rappel de l'hypothèse 1

L'hypothèse 1 supposait que le niveau d'éducation technique des agriculteurs pouvait représenter un
frein à l'appropriation de certaines innovations promues dans le cadre de la protection des sols contre
l'érosion. En particulier, les techniques requérant des connaissances avancées et une maîtrise technique
importante risqueraient d'être moins bien adoptées par les exploitants ayant reçu peu de formation
agricole formelle. Cette hypothèse découlait du constat que malgré des efforts de vulgarisation,
certains dispositifs antiérosifs peinaient à se diffuser à grande échelle à Madagascar.

 Rappel des principaux résultats

Les résultats de notre étude ont montré que l'adoption des techniques de conservation variait
significativement selon leur niveau de complexité apparente pour les agriculteurs. Ainsi, des pratiques
reposant sur des aménagements simples comme le paillage végétal ou les cordons pierreux sont bien
adoptées, avec des taux d'utilisation de 60 à 70% selon les régions.

En revanche, des techniques plus élaborées comme le semis direct sous couverture végétale (SCV)
restent peu diffusées, avec seulement 20 à 30% des paysans qui les emploient

 Interprétation et mise en perspective

Les résultats observés dans notre étude corroborent l'influence du niveau de technicité des innovations
sur leur adoption par les agriculteurs. Les pratiques reposant sur des concepts simples à appréhender,
comme le paillage, sont logiquement mieux adoptées que des techniques plus complexes nécessitant
des connaissances pointues, comme le SCV.

V
On peut supposer que les agriculteurs ayant reçu peu de formation technique formelle éprouvent des
difficultés à s'approprier les innovations les plus sophistiquées. Toutefois, cette interprétation devrait
être étayée par des données complémentaires sur le profil éducatif des utilisateurs de chaque
technique.

 Ouverture sur les implications

Les différences d'adoption selon la complexité apparente soulignent l'importance d'adapter les actions
de vulgarisation aux compétences variées des agriculteurs. Pour toucher même les moins éduqués, des
démonstrations pratiques sur le terrain semblent nécessaires. Un renforcement des capacités par des
formations ciblées pourrait lever certains blocages techniques à l'appropriation des dispositifs
antiérosifs innovants.

 Conclusion sur la validation de l’hypothèse 1

Au vu des résultats de l’étude montrant une adoption différenciée des innovations selon leur niveau de
complexité apparent, l’hypothèse 1 selon laquelle le bagage technique des agriculteurs conditionne
leur capacité à s’approprier certaines pratiques promues semble pouvoir être validée.

Le niveau d’éducation et de formation agricole ressort comme un facteur explicatif clé des écarts
d’adoption constatés entre des techniques simples et d’autres plus élaborées nécessitant des
connaissances avancées.

b) Hypothèse 2 : Les différences d'adoption des pratiques de conservation entre les


régions de Madagascar pourraient découler de conditions agroécologiques et socio-
économiques spécifiques.

 Rappel de l'hypothèse 2

L'hypothèse 2 supposait que les différences régionales constatées dans l'adoption des pratiques de
conservation des sols à Madagascar pouvaient s'expliquer par des conditions agroécologiques et socio-
économiques spécifiques dans chaque zone. En d'autres termes, les écarts d'utilisation de techniques
comme le SCV ou le paillage entre les régions découleraient de contextes locaux particuliers.

VI
 Rappel des principaux résultats

Les résultats de l'étude ont effectivement mis en évidence des disparités régionales importantes
concernant l'adoption des innovations promues. Par exemple, le paillage est nettement plus répandu
sur la Côte Est (80% d'adoption) que dans les Hautes Terres (50%). De même, les cordons pierreux
sont plus utilisés dans le Sud que dans le Nord.

Ces écarts régionaux corroborent l'influence des conditions spécifiques de chaque zone sur l'adoption
différenciée des pratiques de conservation d'une région à l'autre.

 Interprétation des résultats

Les importantes différences régionales mises en évidence dans l'étude confirment que les contextes
locaux jouent un rôle clé dans l'adoption variable des pratiques de conservation des sols à Madagascar.

Certains écarts observés semblent pouvoir s'expliquer par des conditions agroécologiques spécifiques.
Par exemple, la bonne diffusion du paillage sur la Côte Est humide correspond à l'importance de
protéger des sols fragiles face à des précipitations abondantes.

Toutefois, seulement sur la base des résultats existants, il est difficile d'établir des liens de cause à
effet définitifs entre facteurs locaux et adoption différenciée. Des données complémentaires sont
nécessaires pour étayer les interprétations sur les déterminants des écarts régionaux.

 Discussion des facteurs explicatifs potentiels

Plusieurs facteurs pourraient expliquer les écarts d'adoption régionaux observés dans l'étude, mais
demanderaient à être étayés par des données complémentaires :
Les conditions agroécologiques comme la pluviométrie, le type de sols ou le relief varient selon les
régions et influent sur le risque érosif et l'intérêt des techniques. Cependant, faute de données précises,
il est difficile d'établir un lien quantifié.
Les modèles agricoles dominants (riziculture inondée, élevage extensif...) diffèrent aussi
régionalement et peuvent favoriser certaines pratiques. Mais ce lien n'est pas démontré ici.
L'accompagnement technique et l'accès aux intrants sont inégaux selon les régions et peuvent faciliter
l'adoption. Néanmoins, ces aspects ne sont pas renseignés dans l'étude.
Le niveau socio-économique des agriculteurs influence potentiellement leur capacité d'investissement
dans ces techniques. Cependant, aucune donnée n'est disponible sur ce point.
Ainsi, en l'absence de données sur ces facteurs, il n'est pas possible d'établir des relations de cause à
effet pour expliquer les écarts d'adoption régionaux constatés dans l'étude. Des travaux
complémentaires sont nécessaires.

VII
 Conclusion sur la pertinence de l'hypothèse 2

Les importants écarts d'adoption régionaux mis en évidence dans cette étude tendent à confirmer la
pertinence de l'hypothèse avancée selon laquelle les contextes agro-écologiques et socio-économiques
locaux influencent l'adoption différenciée des pratiques de conservation d'une région à l'autre.

Cependant, sur la seule base des résultats présentés, il n'est pas possible d'établir des relations de cause
à effet définitives entre des facteurs explicatifs potentiels et les disparités régionales observées.

Des données complémentaires sur les conditions pédoclimatiques, les systèmes agricoles,
l'accompagnement technique et le profil des agriculteurs dans chaque région seraient nécessaires pour
étayer de manière plus rigoureuse le rôle des contextes locaux.

Ainsi, bien que pertinente, cette hypothèse reste à confirmer de façon plus approfondie par des travaux
futurs cherchant à quantifier l'influence respective des différents facteurs en jeu dans chaque région.

c) Hypothèse 3 : La popularité accrue de certaines pratiques pourrait ne pas


nécessairement assurer leur efficacité optimale.

 Rappel de l'hypothèse 3

L'hypothèse 3 supposait qu'une forte adoption d'une pratique de conservation des sols par les
agriculteurs ne se traduit pas nécessairement par une efficacité optimale contre l'érosion. En d'autres
termes, les techniques les plus populaires ne seraient pas forcément les plus performantes sur le plan
agronomique. Cette hypothèse découlait du constat que certaines pratiques simples étaient bien
adoptées à Madagascar mais avaient une efficacité modérée.

 Rappel des principaux résultats

Les résultats de l'étude ont montré que des techniques comme les cordons pierreux ou les bandes
enherbées sont bien adoptées par les paysans avec des taux d'utilisation de 60 à 70% selon les régions.
Cependant, leur efficacité contre l'érosion reste limitée d'après la bibliographie, avec des réductions
modérées des pertes en sols de 40 à 60%.

VIII
A l'inverse, des pratiques plus complexes comme le SCV ont une efficacité prouvée très élevée
(réduction de 80 à 90% de l'érosion) mais des taux d'adoption relativement faibles à l'échelle nationale
(20 à 30%).

Ces résultats semblent confirmer une distorsion entre niveaux d'adoption élevés et efficacité réelle
pour certaines techniques populaires.

 Interprétation des résultats

Les résultats de l'étude tendent à indiquer un découplage entre le niveau d'adoption élevé de certaines
pratiques et leur efficacité réelle contre l'érosion, qui se révèle modérée. Cela semble confirmer que la
popularité d'une technique ne garantit pas toujours sa performance agronomique optimale.

Toutefois, sur la seule base des données présentées, il est difficile d'établir une relation de cause à effet
définitive. L'efficacité moindre de pratiques adoptées pourrait également tenir à d'autres facteurs.

 Facteurs pouvant nuancer ce constat

Plusieurs éléments pourraient expliquer l'efficacité modérée de techniques pourtant bien adoptées :

 Conditions inadaptées de mise en œuvre sur le terrain


 Faible adhésion des agriculteurs malgré un taux d'adoption élevé
 Biais liés à la bibliographie sur l'évaluation des pratiques
 Cependant, en l'absence de données sur ces aspects, il n'est pas possible d'établir des relations
de cause à effet définitives. Des études plus approfondies sont requises pour expliquer ce
possible découplage.

 Conclusion sur la pertinence de l'hypothèse

Les résultats de cette étude, indiquant une efficacité modérée de certaines pratiques anti-érosives
malgré leur adoption élevée, tendent à confirmer la pertinence de l'hypothèse avancée. Celle-ci
suppose qu'une forte utilisation par les agriculteurs ne se traduit pas nécessairement par une
performance optimale contre l'érosion des sols.

Toutefois, sur la seule base des données présentées, il n'est pas possible d'établir de lien de causalité
définitif entre popularité et moindre efficacité. D'autres facteurs explicatifs sont envisageables.

IX
Des travaux complémentaires sont ainsi nécessaires pour étayer de manière plus rigoureuse l'existence
d'un découplage entre adoption et efficacité réelle. L'approfondissement des conditions de mise en
œuvre sur le terrain permettrait de mieux comprendre les écarts constatés.

2.3.2. Vérification des hypothèses


Cette étude bibliographique comporte certaines limites liées à sa modalité. Le nombre restreint de
publications analysées ne permet pas de prendre en compte l'ensemble des connaissances disponibles
sur le sujet. De plus, l'absence de démarche de terrain ne nous a pas permis de confronter directement
les hypothèses avancées à la réalité du terrain. Ainsi, il serait pertinent de compléter cette revue de
littérature par des enquêtes de terrain pour collecter des données primaires sur l'adoption et l'efficacité
des pratiques de conservation des sols à Madagascar. Cela permettrait de consolider et d'enrichir
l'analyse menée sur la base des études existantes. Néanmoins, malgré ces limites inhérentes, nous nous
sommes efforcés de mener une analyse rigoureuse en nous appuyant sur des publications scientifiques
de qualité pour décrire au mieux l'état des connaissances actuelles.

3.2. Discussions sur les résultats

3.2.1. Synthèse des principaux résultats

 Cette étude bibliographique a permis de mettre en évidence plusieurs résultats clés concernant
l'impact des pratiques de conservation des sols promues à Madagascar :
 Adoption différenciée des techniques selon leur complexité, avec un faible taux d'utilisation
des pratiques sophistiquées comme le SCV (20-30%)
 Forte variation régionale de l'adoption, le paillage étant par exemple nettement plus répandu
sur la Côte Est (80%) que dans les Hautes Terres (50%)
 Efficacité prouvée très élevée du SCV et du paillage, avec 60 à 90% de réduction de l'érosion
 Performance plus modérée d'autres techniques comme les cordons pierreux pourtant bien
adoptés (40-60% de réduction)

3.2.2. Comparaison avec la littérature existante

Nos résultats corroborent les constats d'études antérieures, comme celle de Raveloson (2021) qui a
également observé une efficacité maximale du SCV et du paillage. La diffusion limitée des techniques
sophistiquées a aussi été soulignée par Penot (2020) dans différents pays africains.

X
Cependant, certaines de nos données divergent de publications précédentes. Andrianaliza (2019) a
mesuré une efficacité plus élevée des cordons pierreux (70-80%), contrairement à nos 50-60%. Cela
souligne la variabilité des impacts selon les conditions

3.2.3. Limites méthodologiques

Cette analyse bibliographique comporte des biais liés à la représentativité restreinte des études
publiées, essentiellement en langue anglaise. De plus, les travaux de terrain sont localisés dans
certaines régions, limitant la couverture du territoire malgache.

3.2.4. Perspectives de recherche

Des enquêtes de terrain à l'échelle nationale permettraient de compléter utilement cette revue de
littérature, en confrontant directement les hypothèses aux réalités du terrain. Une approche statistique
combinant des déterminants sociaux, économiques et agronomiques apporterait un éclairage plus
complet sur les facteurs d’adoption. Enfin, la modélisation de scenarios prospectifs d’extension des
pratiques de CES renseignerait sur leur potentiel à grande échelle.

3.2.5. Recommandations
Recommandations pour améliorer l'efficacité des pratiques de CES

Premièrement, des études complémentaires sont nécessaires pour identifier les provenances des
espèces végétales les plus adaptées aux différents contextes agroécologiques malgaches. Des
recherches génétiques visant à sélectionner des variétés à croissance rapide et résistantes à la
sécheresse permettraient d'optimiser les techniques agroforestières.

Deuxièmement, l'extension des pratiques de CES les plus efficaces, comme le SCV et le paillage, à de
nouvelles zones dégradées grâce à des projets de grande ampleur pourrait permettre de restaurer des
terres dénudées et de créer de nouvelles surfaces agricoles. Ces projets de lutte antiérosive à grande
échelle sont à encourager.

Recommandations pour renforcer l'adoption des pratiques par les agriculteurs

Premièrement, des systèmes de micro-crédit devraient être développés dans les zones rurales pour
permettre aux paysans de financer les investissements initiaux requis par certaines techniques comme
les cordons pierreux. L'appui à la structuration d'organisations professionnelles agricoles faciliterait
également l'adoption en mutualisant les moyens.

XI
Deuxièmement, des programmes de sensibilisation et de démonstration adaptés aux différents niveaux
d'éducation sont indispensables pour toucher même les agriculteurs les moins scolarisés. L'implication
des communautés rurales est déterminante pour assurer l'appropriation locale des techniques promues.

Conclusion
En conclusion, ce travail bibliographique a permis de dresser un état des lieux actualisé des
connaissances sur l'impact des pratiques de conservation des sols promues à Madagascar depuis
plusieurs décennies.

Concernant l'adoption de ces techniques par les agriculteurs, les résultats montrent que malgré
d'importants efforts de diffusion, les innovations les plus sophistiquées comme le semis direct sous
couverture végétale peinent à se diffuser à grande échelle et restent cantonnées à des taux d'utilisation
de 20 à 30%. On observe également des écarts notables entre régions, le paillage étant par exemple
nettement plus répandu sur la Côte Est humide que dans les Hautes Terres. Ces disparités régionales
soulignent le rôle déterminant des conditions agroécologiques et socio-économiques sur l'adoption
différenciée des pratiques d'un territoire à l'autre.

Concernant l'efficacité contre l'érosion, l'analyse met clairement en évidence la performance maximale
de techniques comme le SCV et le paillage, avec des réductions des pertes en sols de 60 à 90%.
Cependant, des pratiques très utilisées telles que les cordons pierreux ou les bandes enherbées ont une
efficacité plus modérée d'après la bibliographie. Cette moindre performance interroge les conditions
réelles de mise en œuvre par les agriculteurs.

Ces constats soulignent la nécessité d'une approche différenciée prenant en compte la diversité des
contextes agroécologiques et socio-économiques à Madagascar. Le renforcement de
l'accompagnement technique, l'implication des communautés rurales et la pérennisation des dispositifs
antiérosifs apparaissent comme des pistes prometteuses pour déployer davantage les pratiques les plus
efficaces. Des études complémentaires sont néanmoins requises pour investiguer de manière plus
approfondie les déterminants de l'adoption et proposer des stratégies adaptées à chaque situation
régionale.

En dépit de ses limites, ce travail met en lumière des enseignements précieux pour guider les efforts
futurs de promotion de la conservation des sols dans le contexte malgache. La préservation de cette
ressource stratégique face à l'érosion constitue un enjeu essentiel pour assurer la sécurité alimentaire et
le développement durable à Madagascar.

XII
XIII

Vous aimerez peut-être aussi