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Etude réalisée dans le cadre du projet d e Service public du BRGM 2001-RES-409

P.M. Thibaut, M. Cruchet et J.-Ph. Rançon,


avec la collaboration de F. Rossi et C. Thibaut

mai 2001
BRGM/RP-50866-FR
2001 SGiUREU 10
Mots clés : Altérites, Argiles, Matériaux argileux, Pouzzolanes, Scories volcaniques,
Tufs volcaniques, Céramiques, Terres cuites, Carreaux de grès, Pigments naturels,
Bm.ère de sécurité passive

En bibliographie, ce rapport sera cité de la façon suivante :

Thibaut P.M., Cruchet M. et Rançon J.-Ph., coll. Thibaut C. (2001) - Evaluation des
ressources et potentiel de valorisation des matériaux argileux de La Réunion.
-
BRCh4RP-50866-FR 2001 SGRREU 10,48 p., 3 fi& 12 tabl., 10 ann.

BRGM, 2001, u:document ne peut être reproduit en totalité ou en partie s a s l'autorisation expmse du BRGM.
Ressources et vaIorisafion des mafétfiiuxargileux de La Réunion

Synthese
Dans le cadre de l’étude des potentialités des filières roches et minéraux industriels à La
Réunion, des ressources très importantes en matériaux argileux ont été identifiées par le
BRGM, notamment en 1998, dans le cadre de ses missions de Service Public.

Autrefois, de petits prélèvements plus ou moins sauvages ont eu lieu ça et là,


notamment sur les flancs de plusieurs canes de scories particulièrement altérées et en
voie d‘argilisation, notamment pour des aménagements communaux de massifs de
fleurs ou comme appoint dans des jardins privés, là où la couche superficielle de terre
arable faisait défaut. Mais on ne peut pas parler d’une réelle exploitation ou d’une
utilisation des matériaux argileux dans l’île, pas plus aujourd‘hui que par le passé.

A partir de 1967 et jusqu’en 1972, des essais successifs de fabrication de produits de


terre cuite à partir des matériaux argileux de La Réunion ont été réalisés par le Centre
Technique des Tuiles et Briques (CTTi3) de Clamart, à l’initiative du Bureau de
Promotion Industrielle (BDPI) de la Préfecture de La Réunion. Les résultats positifs de
ces essais devaient aboutir, en 1972, au projet de création d’une briqueterie à Saint-Paul,
par la S.A. (<Les Céramiques Réunionnaises ».Mais CE projet n’a finalement pas vu le
jour.

Suite à l’identification par le BRGM d’importantes ressources en matériaux argileux,


une étude de faisabilité du projet de développement d’une filière céramique à la
Réunion a été réalisée en 1999-2001, par la Société GlazRun, le BRGM, et les
céramistes d‘art, J. Girel et V. Hermans. Après différents essais de fabrication en atelier,
ces études ont montré qu’il était possible de fabriquer des produits céramiques à partir
d’un mélange d’altérites et de pouzzolanes locales, à condition de leur adjoindre un
pourcentage non négligeable de matériaux étrangers à La Réunion, en particulier de
l’argile plastique et des fondants alcalins.

Afin d‘analyser les perspectives d’utilisation industrielle ou artisanale de ces matériaux


à La Réunion, la présente étude, cofinancée à parts égales par le Département de La
Réunion et le BRGM dans le cadre de sa programmation de Service Public 1999, a été
réalisée avec les objectifs suivants :
- établir la synthése et le bilan de toutes les actions (expérimentations, tentatives
d’utilisation...) conduites antérieurement à La Réunion ;
- à partir des données disponibles concernant les caractéristiques physico-chimiques
de ces matériaux et des résultats des expérimentations anciennes, procéder à des
tests d‘orientation complémentaires pour une meilleure caractérisation des
matériaux ;
- sur la base du bilan des études antérieures, des résultats des tests complémentaires et
des besoins de La Réunion, proposer les utilisations envisageables et leurs
conditions d’emploi.

-
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Ressources et valorisation des matériaux argileux de La Réunion

Après un examen des diverses ressources en matériaux argileux identifiées dans l’île, un
bilan de toutes les expérimentations d’utilisation réalisées jusqu’à présent a été établi.

Dans le cadre de la présente étude, des travaux complémentaires ont été réalisés :
- un inventaire, un contrôle sur le terrain, et un échantillonnage des principaux
gisements de matériaux argileux ;
- des analyses chimiques complémentaires ;
- des essais de fabrication de produits céramiques en laboratoire, principal axe de
valorisation de ces matériaux, développé dans cette étude avec :
. treize essais de fabrication de produits de terre cuite par pressage ;
.deux séries d’essais de fabrication de produits de terre cuite par extrusion
(«filage D);
.trois séries de tests de fabrication de carreaux de grès par pressage.
En raison de la composition minéralogique et chimique de ces matériaux argileux, très
atypique si on la compare à celle des argiles utilisées classiquement dans l’industrie
céramique, ces altérites ne peuvent être utilisées à elles seules ou dans de fortes
proportions dans le mélange de matières premières mis en oeuvre pour la préparation de
la pâte, avant façonnage. Elles ne peuvent donc être utilisées qu’en de faibles
proportions, et nécessitent d’être comgées à la fois par des dégraissants et fondants
silico-alcalins, et par des argiles plastiques apportant une meilleure cohésion en cm et
une plus grande résistance mécanique des produits secs et cuits.

La Réunion ne disposant ni de ressources en argile proprement-dite, ni en sable siliceux,


ni en feldspath, ces matériaux ont été en grande partie remplacés par des pouzzolanes
locales apportant silice et éléments alcalins qui font particulièrement défaut dans les
altérites. Cinq à dix pour cent d’argile plastique d’origine métropolitaine ont dû être
incorporés au mélange, de même qu’un faible pourcentage de sable siliceux et de
feldspath sodique pour les essais de fabrication de carreaux de grès.

L‘ensemble des résultats obtenus montre qu’il est tout à fait possible de fabriquer des
produits de terre cuite de qualité satisfaisante, par pressage et par extrusion, à partir d‘un
mélange constitué de :
- 20 à 25 % d’altérites ;
- 50 à 70 % de pouzzolanes (notamment tufs pyroclastiques de Saint-Pierre) ;
- suivant le mode de façonnage, 5 % (pressage) à 20 % (extrusion) d’argile plastique.

Pour la fabrication de carreaux de grès, les essais préliminaires ont montré que la
composition idéale pourrait être approximativement :
- 20 % de pouzzolanes ;
- 10 YOd’altérites ;
- 30 à 35 % de feldspath sodique ou sodi-potassique ;
- 20 % de sable siliceux ;
- 20 % d‘argile plastique.

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Ressources et valorisation des matériaux argileux de La Réunion

Suite à ces premiers essais, et dans le cadre d’une étude complémentaire, nous
proposons de confirmer ces résultats encourageants et de préciser les proportions de
matériaux à mettre en œuvre, en utilisant cette fois, pour les matériaux indispensables
qui font défaut à La Réunion (argile plastique, sable siliceux, feldspath), des matériaux
analogues provenant par exemple de Madagascar où ils sont très abondants. Dans
l’hypothèse d’un projet de création d‘une unité de production de produits céramiques à
La Réunion, c’est peut-être (sous réserve du coût des taxations douanières) de ce pays
voisin que ces matériaux pondéreux pourraient être importés à un moindre coût.

Dans le même esprit, il serait utile de procéder à des essais de fabrication mettant en
œuvre d’autres matériaux volcaniques disponibles à La Réunion, tels des basaltes et des
laves différenciées (riches en silice) : benmoreites, trachytes,.. ., plusieurs études
récentes ayant montré les excellents produits céramiques obtenus avec de tels
matériaux.

A côté de cette utilisation des aitérites (et des pouzzolanes) dans l’industrie céramique,
leur forte coloration jaune, ocre, rouge ou brune, liée à leur très forte teneur en
hydroxyde de fer (goethite) qui peut atteindre plus de 35 %, laisse entrevoir une
utilisation potentielle pour la fabrication de pigments naturels à usages industriels, au
même titre que les ocres de Provence et de l’Auxerrois, toujours activement exploitées.
Des essais de fabrication devraient être entrepris pour vérifier la qualité marchande des
pigments obtenus à partir de ces altérites réunionnaises.

Par ailleurs, il ne faut pas perdre de vue que ces matériaux argileux pourraient être
utilisés pour la création de barrières de sécurité passive pour fonds de décharges de
classe 2, soit directement, soit apres traitement à la bentonite, après vérification de leur
perméabilité in situ. De telles aitérites ont d‘ailleurs été utilisées dans le passé,
notamment pour la création de la décharge de Sainte-Suzanne.

-
BRGWRP-Ç086&FR 2007 SGWREU 70
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Ressources et valorisation des matériaux argileux de La Réunion

Sommaire
f OBJECTES DE L’ÉTUDE .................................... ”............ 8

2 BILAN DES ÉTUDES ANTERIEURES ........................................ 9


2.1 PREMIERS ESSAIS DE FABRICATiON DE PRODUITS CIhAMIQUES (S.L.) EN 1967-1972 ET
PROJET DE CREATION D’UNE BRIQUETERIE A SAINT-PAUL EN 1972 ................................. 9
2.1.1 Essais céramiquesde 1967 ..................................................................................... 9
2.i.2 Premiers essais du CïTB en 1969 .......................................................................... 9
2,1.3 Essais complémentaires du ClTB en 1971 ........................................................... II
2.1.4 Nouveaux essais complémentaires du CTïB en 1972 ........................................... 12
2.1.5 Projet de création d’une briqueterie à Saint-Paulpar la S.A. B Les Céramiques
Réunionnaises )> ..................................................................................................... 12

2.2 IDENTIFICATION PARLEBRGM DES RESSOURCES EN MATERiAUX ARGILEUX DE L‘ILE DE


LAREUNION. EN 1998 ...................................................................................................... 14
2.2.1 C‘onsidérationsgénéralessur la nature et I’origine des matériaux argiIeux de
La Réunion............................................................................................................. 14
2.2.2 Inventaire des ressources identifiées..................................................................... 15
2.2.3 Composition mindralogique des matériaux argiieux sélectionnés ........................ 17

2.3 ETUDE DE FAISABILITÉDU PROJET DE DÉVELOPPEMENT D’UNE FIL&RE CERAMIQUE A LA


RlbJNION, EN 1999-2001 ............................................................................................... 19
2.3.1 Ressources en matièrespremiéres locales et essais defibricalion de produits
céramiques............................................................................................................ 19
2.3.2 Etude fechnico-économique d’unprojet defllière céramique à La Réunion.........22

3 TRAVAUX COMPLÉMENTAIRES RÉ4S.,ISÉS PAR LE BRGM EN 2000-2001 23 ....


3.1. INVENTAIRE ET ECHANTULONNAGE DES RESSOURCES EN MATERIAUXARGILEUX............23

3.2. ANALYSES PRÉLIMINAIRES EN LABORATOIRE ................................................................... 30


3.2.1. Composition minéralogique des matérioux argiletu................................................ 30
3.2.2. Composition chimique des matériaux argileux ........................................................ 30

3.3. ESSAIS DE FABRICATION DE PRODUITS CÉRAMIQUES......................................................... 32


3.3.1. Considérationsprdliminaires................................................................................... 32
3.3.2. Essais de fabrication de produits de terre cuite par pressage.................................. 36
3.3.3. Essais defabrication de produits de terre cuite par extrusion................................. 40
3.3.4. Essais de fabrication de carreaur de grèsparpressage.......................................... 42

3.4 AUTRES UTILISATIONS POSSiBLES POUR LES ALTERITES DE LA RlkJNlON ......................... 43


3.4.1 Barrière de sécurité passive pour fondr de décharges de classe 2........................ 43
3.4.2 Fabrication de pigments naturels à usages industriels......................................... 44

4 CONCLUSIONS.................................................................. .....................
~ 45

5 BIBLIOGRAPHE .......................................................................................................... 47

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Ressources et valorisation des matériaux argileux de La Réunion

Liste des figures

FIGURE2 : SITUATION DU GISEMENT DE «IEN(E ROUGE)) A LA MONTAGNE (COMMuNa DE SNNT-DENIS) ..10


FIGURE3 : SirUA~rXrDUGlS~DEPITONROUOE(COMMuNEDE9 AVIRONS) ..................................... 10
FIGURE4 : ~ ~ r U A ï i O N D U G l S ~ D E S A V A " A ( C 0 ~ D E S ~ ~ .......................................
PAUL) 10

Liste des tableaux

TABLEAU 1 - LOCALlSATION ET DESCRDPTIONDES MA~RL4LIXARGLEUX S~LECïiO"& POüR ANALYSE


MB&RALWIQUEEN 1998. .................................................................................................
17
TABLEaU 2 :COMpaSmON MIN~ALOGIQUEDES MAIÉRU\UXARGILEUXSOLECTION&S EN 1998 18 ............
TABLEAU 3 :ANALYSES CHMQUES SUR CRU DES MAlfXfALIX ARGILrmx DE PITON %"-LEU ET DE
PITONRûUGE, D'APRkS J. G I R E L ( ~ ~ ~ ~ )CTTB(l969).
BTLE 20 .............................................
TABLEAU4 ;MvRiMREDES OiSEhENïS ET DES ~ C ~ O N S ............................................................
24
TABLEAU 5 : kfAllkL4UXARGLEWX SELECTIONNÉS POURANALYSESETTESTS C&AMIQ UES...................29
TABLEAU 6:COMWSIïiON CHMQUE DES MAThlIAUX ARGLEW DE PITON BASSIN MARTlN (SAINT-
PIERRB) ~DEBAGATELLB(S~-SUZA"B) ..................................................................
31
TABLEAU 7 : COMPOStlTONCHMQUE ET CARAcrhUSTIQUES PIIYSICO-&CANIQUES DE L'ARGILE DE
..............................................................................................................
NANÇAY(~HER). 34
TABLEAU 8 :COMWSITIONCHIMIQUEMOYENNEDUFELDSPATHTURC STAMIARD. 35..................................
TABLEAU 9 : ESSAIS DE FABRiCAïiON DE PRODUITS DE ïERRE CüiïE PAR PRESSAGE. COMPOSITION DES 13
M3?LANGESSUCCESSPFS DEMATdiRBS PREt&W.S ............................................................... 37
TABLEAU 10 :PREh@RES COMWSiTiONS DESh4f?LANGESSUECTI0"éSPOURESSAIS D'UCIRUSION .......40
TABLEAU 11 : NOUVELLESCOMPOSITIONS DES M I k A N G E S D E S ~ SAUFAÇONNAOEPAREXTRUSION.....41
TABLEAU 12 :ESSAISDE FABRiCAïiONDE CARREAUX DE GRÈS PAR PRESSAGE. COMWSiTiON DES 3
s . . LANGES
. DE . ................ .......... ......................... 42

es annexes
Ann. 1 -Composition chimique des principales argiles à terre cuite françaises, d'aprés C. Bardin (CTTB)
complété par P.M. Thibaut (BRGM) in (Mémento roches et minéraux industriels» - Argiles
communes pour produits de terre cuite. Rap. BRGM R 33266-GEO-SGN 91, 1991
-
Ann. 2 Résultats synthétiques des experiences de cuisson réalisées avec les matikes premières de La
Réunion (d'après J. Girel et V. Hermans, 2001)
Ann. 3 (hors texte) - Carte à 1llOO O00 de situation des gisements de matériaux argileux et de
pouzuilaneslscorieset d'éhtillonage
Ann. 4 -Planches photographiques
Ann. 5 -Compte rendu d'analyses chimiques des altérites de Piton Bassin Martin (MSPi 3A), commune
de Saint-Pierre, de Bagatelle (A/SS2), commune de Sainte-Suzanne et de diverses pouzzolanes
de La Réunion
Ann. 6 -Formulation des pâtes céramiques et composition chimique des matières premières utilisées pour
la fabrication des carreaux de grés par cuisson rapide et des grès porcellanato, en Italie
Ann. 7 -Rapport d'essais de fabrication de produits céramiques par pressage et par extrusion
Ann. 8 - Essais de fabrication de produits de terre cuite par pressage et par extrusion, et de carreaux de
grés par pressage Photographiesdes produits aprés cuisson à différentestempératures
Ann. 9 -Caractéristiques de six argiles typiques pourtuiles et briques (d'après Bardin, CTTB, In Thibaut,
1991)
Am. 10 - Compositions chimiques et exemples d'utilisations des pigments naturels produits par le
Comptoir des Ocres. à Saint-Amand en Puisaye (Bourgogne)

-
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Ressources et valorisation des mafériaux argileux de La Réunion

1 Objectifs de l’étude

Dans le cadre de l’étude des ((potentialitésdes fdières roches et minéraux industriels à


l’île de La Réunion)),réalisée par le BRGM depuis 1995, des ressources importantes en
matériaux argileux ont été identifiées sur I’îie de La Réunion.

Par ailleurs, bien qu’elles ne soient pfus exploitées de nos jours, des argiles ont été
extraites par le passé, à petite échelle, dans la baie de Saint-Paul, pour la fabrication
artisanaie de briques de terre cuite, et sur la côte nord-est pour la production de torchis.

Dans les années 1968-1972, une succession d’études poussées a même été réalisée dans
le cadre d‘un projet de création d’une usine de production de produits de terre cuite à La
f Réunion, à partir de gisements de matériaux argileux identifiésà «La Montagne))
(commune de Saint-Denis), «Savanna» (commune de Saint-Paul), et «Piton Rouge»
(commune des Avirons), avec l’adjonction de sable quartzeux importé. Mais finalement,
ce projet n’a pas abouti.

Bien que des besoins soient clairement exprimés (fabrication de produits de terre cuite,
de carreaux de revêtement, de poteries...), aucune évaluation n’avait étR faite jusqu’à
présent sur le potentiel «ressources et valorisation» en matériaux argileux A l’échelle de
l’île.

Afin d’analyser les perspectives d’utilisation industrielle ou artisanale de ces matériaux


argileux, la présente étude cofinancée à parts égaies par le Département de La Réunion
(convention no 17-00 en date du 30/5/00)et le BRGM, dans le cadre de sa dotation de
Service Public (fiche Oi-RES-409), a été réalisée avec les objectifs suivants :
- établir la synthèse et le bilan de toutes les actions (expérimentations, tentatives
d‘utilisation, éventuellement exploitations,...), conduites antérieurement a La
Réunion ;
- à partir des données disponibles concernant les caractéristiques physico-chimiques
de ces matériaux et des résuiîats des expérimentations anciennes, procéder à des
tests d’orientation complémentaires pour une meilleure caractérisation des
matériaux ;
- sur la base du bilan des études antérieures, des résultats des tests complémentaires et
des besoins de La Réunion, établir un diagnostic présentant les utilisations
raisonnablement envisageables pour ces matériaux et leurs conditions d’emploi .

BRGWRP-50865FR - 2001 SGWREU 10 8


Ressources et valorisation des matériaux argiIeux de La Réunion

2 Bilan des études antérieures


2.1 PREMIERS ESSAIS DE FABRICATION DE PRODUITS CERAMIQUES
(S.L.] EN 1967-1972 ET PROJET DE CREATION D’UNE BRIQUETERIE
A SAINT-PAUL EN 1972

Sur l’initiative du Bureau de Promotion industrielle (BDPI) de la Préfecture de La


Réunion, plusieurs études successives ont été réalisées pour tester les possibilités de
fabrication de produits de terre cuite, à partir de différents matériaux argileux
disponibles dans l’île.

2.1.1 Essais céramiques de 1967

Une première série d’essais de fabrication de céramiques émaillées a été effectuée en


1967 par l’entreprise Guiraud à Paris, à partir de 13 échantillons adressés par le BDPI-
Réunion. La nature des matériaux et la localisation des prélèvements ne sont pas
indiquées.

Hormis 6 échantillons écartés en première sélection, car ils correspondaient (( à de la


cendre volcanique, impropre au but recherché », les autres matériaux (((terres rouges »)
utilisés soit tels quels, soit mélangés entre eux, ont été soumis à des tests de façonnage
et de cuisson. Les résultats furent médiocres dans tous les cas : dificultés de formage,
fort retrait ne facilitant pas l’émaillage et la coloration, nécessité de correction du
matériau naturel par l‘ajout de substances compiémenîaires.

Les ajouts de terre grasse (argile de Provins), de silice (sable de Fontainebleau) et de


Blanc de Meudon, aux matériaux argileux réunionnais ont donné des résultats jugés
satisfaisants à l’issue d‘une nouvelle série d‘essais, selon M.G. Guiraud, tout au moins
au niveau de l’accrochage et de l’aspect de l’émaillage.

Des résultats de cette étude, il apparaît donc clairement la nécessité de travailler à partir
d’un mélange de matières premières constitué par des ((terres rouges)), des terres grasses
et du sable siliceux fin, les deux derniers composants devant être recherchés à La
Réunion, ou à défaut, dans une région proche, par exemple h Madagascar.

2.1.2 Premiers essais du CTTB en 1969

Une nouvelle série de tests a été effectuée par le Centre Technique des Tuiles et Briques
(CTIa)de métropole, en 1969, à partir de trois échantillons transmis par le BDPI-
Réunion : 2 échantillons provenant d a Montagne (commune de
Saint- Denis), et le troisième de Piton Avirons (figs.1 et 2). Cette
fois-ci, les analyses et les tests effe rent spécifiquement orientés vers la
fabrication de produits de terre cuite.
1-

-
ERGWRP-60866-FR 2001 SGWREU I O
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Ressources e f valorisation des matériaux argileux de La Réunion

Figure Z :Situation du gisement de «Terre Rouge» à La Montagne


( c o r n n e de Saint-De&).

Figure 2 :Situation du gisement Figure 3 :Situation du


-
de Piton Rouge 7 gisement de Savanna
(conunune de Saint-Paul). <- 3. (conwune des Avirons).
-
BRGhWRP-60865FR 2001 SGWREU I O 10
Ressources et valorisation des matériaux argileux de La Réunion

En raison :
- de la composition chimique des matériaux, très éloignée de celle des argiles utilisées
classiquement en terre cuite (trop fortes teneurs en oxyde de fer, en alumine et en
oxyde de titane, faible teneur en silice) ;

- du manque de plasticité des matériaux (difficulté de façonnage des produits par


étirage) ;
- de l'importance excessive des retraits de séchage, entraînant la désagrégation des
éprouvettes,

4 dele C"J3 conclue que ces matières premiéres, telles quelles, sont inaptes à la fabrication
produits de teze cuite.

2.1.3 Essais complémentaires du CTTB en 1971


Des tests complémentaires ont été effectués par le C " B en 1971, pour le compte du
Centre d'Etudes des Réalisations Industrielles et Commerciales (CERIC) à Park, à
paxtir d'«argile rouge» de La Montagne (commune de Saint-Denis) et d'argile grise de
Savanna, commune de Saint-Paul (fig. 3), d'abord en étudiant l'influence d'ajouts de
chlorure de sodium, de calcaire et de chamotte (argile rouge cuite à 1200°C, puis broyée
à moins de 0,5 mm), puis en procédant à des mélanges des deux matériaux argileux.

L'ajout de chlorure de sodium ou de calcaire à !'«argile rouge» n'ont pas donné de bons
résuitats.

En revanche, les résultats les plus intéressants sont obtenus, d'une part à partir du
mélange de 70% d'argile grise de Savanna et de 30% d'«argile rouge)) de La
Montagne, et d'autre part, à partir du mélange d'environ 80 % d'«argile rouge» et de
20 % de chamotte.

Dans un courrier en date du 13 décembre 1971, adressé au CERIC, le CTIB confirme


((qu'il doit être possible de mettre au point une fabrication de produits de terre cuite à
partir des «argiles» de !'île de La Réunion étudiées (...). il est vraisemblable qu'une
composition comportant 70 parties d'argile grise, 30 parties d'argile rouge et 20 B 30
parties de sable permettrait une fabrication de produits de terre cuite de qualité courante,
un tel mélange présenterait un retrait de cuisson moins sensible, et avec la mise en place
d'une chaîne de fabrication technologiquement bien étudiée, la réalisation de produits
commercialisables doit pouvoir être assuréex

11
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ERûM/RP-50865FR 2001 SGRlREU I O
Ressources et valorisatlon des matériaux argileux de La Réunion

2.1.4 Nouveaux essais complémentaires du CITB en 1972

Une nouvelle série d’essais complémentaires a été effectuée par le CTTB pour le
compte de la société CERIC, cette fois-ci à partir de terre rouge du Piton Rouge
(commune des Avirons), de mascareignite (minérai local d’origine biochimique,
dégraissant fiable, contenant environ 80 % de silice fine), et de chamotte (briques
cuites à 900°C ou à 1150°C, puis broyées à moins de 0,5 mm). A partir de ces matières
premières, des barrettes pleines, des briquettes creuses, des petits hourdis, carreaux et
claustras ont été façonnés, séchés et cuits, suivant plusieurs programmes de cuisson
(vitesse de montée en température, durée du palier de cuisson et tempéiaîure finaie de
cuisson).

A l’issue de ces essais technologiques, te CTT5 conclut que c les matières premières
utilisées permettent de façonner des produits sans difficulté, mais en ce qui concerne
leur comportement céramique, il faut garder en mémoire que ces compositions prennent
des retraits de cuisson très élevés et conduisent à des produits très poreux jusqu’a la
température de traitement de llOO°C ».

On peut admettre que par le jeu de mélanges et d’adjuvants, Ia qualité des produits
puisse être encore améliorée. Dans ce but, des essais complémentaires devaient être
pratiqués au CîTJ3 à partir d’échantillons prélevés dans les sondages en cours de
réalisation en juin 1972, mais aucun compte rendu d‘essai n’en fait mention dans les
dossiers communiqués par la DRIRE-Réunion. il est possible qu’ils n’aient jamais été
réalisés (?).

2.1.5 Projet de création d’une briqueterie à Saint-Paul par la S.A. a Les


Céramiques Réunionnaises R
En 1972, un projet de‘création d’une briqueterie à Saint-Paul a été lancé par la S.A
(( Les Céramiques Réunionnaises », sur l’initiative de Monsieur R Defaud, arrivant de

Madagascar où il gérait d’importantes briqueteries. Une trentaine de souscripteurs


potentiels ont été, alors, identifiés pour un capitat de 2 MFF. Une étude du marché du
logement et une étude de faisabilité technico-économique du projet ont été réalisées par
le CEEUC.

L‘objectif de la société devait être réalisé en deux phases :


- dans un premier temps l’usine devait fabriquer et commercialiser des produits de
terre cuite et des dalles :

.Briques de parement : 5 O00 üan


. Briques creuses : 13 500 üan
.Hourdis : 2 O00 van
.+ . Dalles grésées ou non (9000 m’) 740 îian
Total 21 240 îian

BRGM/RP*5086&FR - 2001 SGWREU IO 12


Ressources et vaiorisation des matériaux arg;/eux de La Réunion

En définitive, malgré ce dossier apparemment complet et l’avis favorable pour


l’obtention du bénéfice de I’agrément, émis par la direction des Mines auprès de la
Préfecture de LaRéunion (Secrétariat de la Commission Locale des investissements), ce
projet n’a pas abouti. i

GQG-L,. d u h d h d t - 8 -
..4
2.2 IDENTiFiCATlON PAR LE BRGM DES RESSOURCES EN MATERIAUX
ARGILEUX DE L’LE DE LA REUNION, EN 1998

Dans le cadre des études sur les filières matériaux à La Réunion, menées parallèlement
à l’élaboration du Schéma Départemental des Carrières de i’île, une identification des
ressources en matériaux argileux a été réalisée par le BRGM (Rocher, et Fontaine,
1998).

Cette étude a essentiellement consisté en :


- la recherche sur le terrain de gisements significatifs en matériaux argileux ;
- l’identification lithologique et génétique de ces matériaux argileux ;
- la caractérisation de leur composition minéralogique.

2.2.1 Considérations générales sur la nature et l’origine des matériaux


argileux de La Réunion

Sous l’appellation générale de a matériaux argileux », on a regroupé un ensemble de


formations superficielles plus ou moins argilisées. Elles dérivent de l’altération
hydrothemale, pédogénétique et supergène (désagrégation et altération chimique) des
diverses formations géologiques de l’île, exposées depuis de nombreuses années aux
conditions climatiques tropicales, avec début de constitution d‘une cuirasse
furnigineuse. II ne s’agit donc pas généralement t( d‘argiies )) proprement dites - roches
composées pour au moins 50 % de minéraux argileux de quelques micromètres de
-
diamètre, auxquels peuvent s’ajouter d‘autres minéraux très divers mais de produits
d’altération ou (( altérites )) renfermant une proportion variable de minéraux argileux, de
limons et de silts, de sablons, de sables, granules ou rognons résiduels de différentes
natures, qui représentent le résidu solide d‘altération des divers constituants des roches
mères primitives.

Dans la perspective d’une valorisation industrielle de tels matériaux, les zones à


rechercher sont celles où la proportion des minéraux argileux S.S. est la plus abondante,
au détriment des silts, sables et granules résiduels.

D’un point de vue génétique, deux principaux types de matériaux argileux peuvent être
distingués à La Réunion :

- ceux qui proviennent de l’altération de scories de cônes volcaniques stromboliens, et


qui sont assez précisément circonscrits géographiquement, comme, par exemple, le
-
secteur des Avirons Piton Saint-Leu ;

-
BRGM/RF-5088fi-FR 2007 SOWREU 70 14
Ressources et valorisation des matériaux argileux de La Réunion

- ceux qui sont issus de l’altération d‘autres types de roches (coulées de lave, tufs et
brèches volcaniques) et qui occupent généralement de grandes superficies aux
limites mal définies, comme, par exemple, sur les hauteurs de Sainte-Suzanne et de
Sainte-Marie.

A ces deux types génétiques principaux, on doit ajouter une troisième catégorie de
matériaux argileux probablement assez peu abondants dans l’île. Ils correspondent aux
formations litnono-argileuses fines et probablement plus pures, qui ont sédimentées au
bas des pentes ou dans de petits bassins, par le jeu de l’érosion, du remaniement et du
colluvionnement des altérites de pente. En raison de leur situation topographique, ces
matériaux sont peu visibles à l’affleurement et nécessitent d‘être recherchés par des
moyens légers d’investigation de sub-surface (sondages à la tarière, puits de
reconnaissance B la pelle mécanique).

C‘est ce iype de matériaux argileux qui avait été identifié en 1970-1971 par sondages à
Savanna, dans la plaine de Saint-Paul ;il n’est pas exclu que l’on puisse en rencontrer
-
également au niveau de la plaine côtière de Sainte-Suzanne Quartier Français.

2.2.2 Inventaire des ressources identifiées

En 1998, la prospection systématique de gisements potentiels en matériaux argileux a


permis de sélectionner sur le terrain un certain nombre de zones favorables, sur des
critères lithologiques et d’homogénéité (bonne argilisation générale des matériaux), de
volume de ressource disponible (épaisseur plurimétrique et grande extension latérale), et
d‘accessibilité par route. Les gisements les plus représentatifs ont été échantillonnés (ci-
après, échantillons REU 3 à REU 12).

a) Gisements de matériaux argileux provenant de l’altération de


projections volcaniques scoriacées

Les matériaux argileux qui se sont développés aux dépens de projections scoriacées
originelles, basaltiques ou différenciées (faciès porphyrique à feldspaths, volcaniques
notamment), par altération supergène, ont une répartition géographique qui s’organise le
long d‘anciens grands axes éruptifs fissuraux ponctués de cônes stromboliens. A
I’afneurement, leur épaisseur peut atteindre 8 à 10 m dans la partie centrale de ces axes
fissuraux.

Leur extension latérale aléatoire s’explique à la fois par un (( saupoudrage n sur la partie
externe des fissures émissives et par des phénomènes de collwionnement (érosion -
-
transport sur de courtes distances dépât), ayant affecté les scories &ou les matériaux
argileux qui en dérivent.

+, De ce fait, leur limite d‘extension est difficile à cemer et à cartographier avec précision :
, 4 les contours sur les cartes en-xe 3 hors texte, délimitent les zones où leur présence à
l’affleurement est la plus significative (puissance métrique à plurimétrique).

-
BRGWRP-SûBG&FR 2WI SGNREU 10
15
Ressources et valorisation des matériauxargileux de La Réunion

Les principales ressources sont localisées :

- dans la partie ouest-sud-ouest de l’île :


0 Hauts de Piton Saint-Leu :secteurs de Piton Saint-Leu, Piton Calvaire, Piton la
Boue (échantillons REU 3 à 5), du Tan Rouge et du Piton Forcade ;
Hauts des Avirons, à Ravine Sèche :secteurs du Piton Rouge (échantillon REU 6),
du Piton La Mare et de l’Entre Deux

La ressource potentielle la plus significative se situe aux abords du Piton Rouge où


affleure une altérite argileuse rouge, relativement plastique, localement à nids
d’éléments résiduels scoriacés, et dont l’épaisseur peut atteindre 8 m à cet endroit
(échantillon REU 6) ;

-dans la partie sud de l’île :

. Piton Isautier, près de Mont-Vert les Hauts ;


.Piton de Bassin Martin dans les hauts de Terre Rouge ( commune de Saint-
Pierre) :vaste massif composite constitué de 2 ou 3 cônes de scories basaitiques
fortement argilisées dans la masse (échantillon REU 9) ;
.Piton de Bloc dans les Hauts de Petite Ile ;
- dans la partie est de l’île (hauts de Saint-Benoît) :

0 dans le secteur entre le Cratère et l’Oasis (échantillonREU 7) ;


0 au niveau de la Chaîne du Piton Papangue.

11 faut noter que certains cônes de scories ne sont que partiellement altérés et, de ce fait,
ils ne peuvent être classés N comme a matériaux scoriacés a, ni comme <( matériaux
argileux ».

b) Gisements de matériaux argileux provenant de l’altération de coulées


de lave et de tufs pyroclastiques

Les coulées de lave et les tufs pyroclastiques, plus ou moins remaniés, présents sur le
versant nord-est du massif du Piton des Neiges, dans la région de Sainte-Marie - Sainte-
Suzanne - Saint-André, sont altérés à des degrés divers sur des épaisseurs pouvant
atteindre localement 10 m. D’une manière généraIe, ce manteau d’alténtes a une très
grande extension, mais son épaisseur est réduite à quelques mètres.

Dans cette région, des aitérites argüo-siiteuses ont été rencontrées notamment :

* dans le secteur de Terrain Elisa (hauts de Sainte-Marie - échantillon REU 12) :


jusqu’8 10 m d‘épaisseur, sur une coulée de lave différenciée ;
* dans le secteur de La Caroline - Mont Désir (hauts de Bras-Panon - REU 8 : de
1 à 10 m d‘épaisseur, sur des coulées de lave basaltique vacuolaire.

BRGhWRP-50868-FR - 2001 SGR/REU JO 16


Ressources et valorisation des matériaux argileux de La Réunion

exclusivement représentés par de la


2
Les minéraux argileux rencontr /sont
métahalloysite (variété déshydra e de I’halloysite, du gfoupe de la kaolinite) et/ou de la
kaolinite proprement dite, présents en quantité variable dans tous les échantillons. Ils
sont systématiquement associés à des minéraux porteurs de fer (goethite, magnétite
evou maghémite, hématite), ce qui explique la couleur d‘ensemble rouge à brune de ces
matériaux. En outre, i1 est important de noter l’absence totale d’autres minéraux
argileux tels que I’illite et les smectites, de grains de quartz, et la rareté des feldspaths
(plagioclase et microcline), minéraux porteurs, d’un point de vue chimique, des
éléments alcalins (Na, K)et alcalino-terreux (Ca, Mg).
/-
@<6-- -
Par ailleurs, dans deux échantillons (RmJ4 e t m a gibbsite (hydroxyde d‘alumine) est
le constituant majeur des matériaux ;ceux-ci sont donc particulièrement réfractaires.

Globalement, la composition minéralogique de ces matériaux témoigne d’une altération


très intense et presque complète des roches mères initiales, qui correspond à la
constitution d‘une cuirasse ferrugineuse, avec ferrallitisation typique de climats
tropicaux chauds et humides dans un environnement bien drainé.

2.3 ETUDE DE FAISABIUTE DU PROJET DE DEVELOPPEMENT D’UNE


FILIERE CERAMIQUEA LA REUN/ON, EN 1999-2001

Cette étude a été réalisée pour le compte de la préfecture de La Réunion par la société
GlazRun, le BRGM, J. Girel et V. Hemans, ces deux derniers étant céramistes d’art de
réputation internationale et consultants, Elle a fait I’objet d’un premier rapport en 1999
puis, à la suite de travaux complémentaires effectués par J. GireI et V. Hermans, d‘un
second rapport début 2001.
Initialement identifiée autour de la céramique à partir de matériaux essentiellement
argileux, l’étude a été étendue aux pierres ornementales. On ne s’intéressera ici qu’au
premier volet de cette étude qui aborde à la fois les perspectives d‘utilisation artisanale
et industrielle.

2.3.1 Ressources en matières premières locales et essais de fabrication


de produits céramiques

Dans un premier temps, l’étude a comporté l’examen des travaux antérieurs, notamment
ceux du CTTB de 1969 à 1972 et ceux du BRGM en 1998, en ce qui concerne les
ressources en matériaux argileux, leurs caractéristiques et les premiers essais de
fabrication.
Après une visite des sites de La Montagne à Saint-Denis et de Savanna dam la plaine de
Saint-Paul, J. Girel et V. Hennans ne les ont pas retenus en tant que gisements
potentiels. Le premier aparaït peu favorable SUT le plan environnemental à une
ouverture de camère)). Le second, recouvert - d‘eau ou de vase, «rend l’extraction
impossible)) ;en outre, ((depuis l’étude de 197l;l’aménagement et l’urbanisation du site
de SaTanna interdisent toute idée d’exploitation de ce gisement».

Dans un deuxième temps, ils ont visité et échantillonne la plupart des sites de matériaux
argileux pré-identifiés par le BRGM en 1998 (voir 4 2.2.2.). Ils ont également procédé à
-
BRGWRP-5086BFR 2001 SGWREU 10 19
Ressources et valorisation des matériauxargileux de La Réunion

métropole (argile de Beaulon), et de syénite népbélinique de Norvège (matériau


fondant). Les résultats de ces essais sont regroupés en annexe 2.

Suivant les mélanges, les résultats obtenus sont plus ou moins acceptables. En éliminant
les mélanges entraînant des retraits excessifs au séchage et à la cuisson, ceux donnant
des produits trop poreux, et ceux qui ne se prêtent pas à l’émaillage, il reste quelques
compositions acceptables à partir de 70 à 80% d’un mélange de tuf et de scories
volcaniques de La Réunion et de 20 à 30 % d’argile plastique métropolitaine (agite de
Beaulon), sans aucun apport de matériau argileux réunionnais.

Mais les produits cuits obtenus nécessitent d‘être émaillés, leur couleur naturelle étant
terne ou brun-noir, peu esthétique pour des produits de terre cuite classiques. En
revanche, la substitution d‘une partie de l’argile plastique métropolitaine par le matériau
de Piton Rouge donne des produits d‘une bonne coloration rouge brique, mais d’un plus
fort retrait. L‘objectif étant de vaioriser au maximum les matériaux locaux, le fait de
devoir incorporer de grosses quantités (20 à 30 % en poids du mélange des matières
premières) d‘argile plastique inexistante à La Réunion, qui nécessitent donc d’être
importées, reste, malgré tout, assez peu satisfaisant.

A l’issue de leur étude, J. Girel et V. Hermans parviennent aux conclusions suivantes :

1) ((des produits arîisanaux et artistiques variés peuvent être réalisés à partir de


mélanges de produits plus ou moins argileux de La Réunion, éventuellement
corrigés pour augmenter leur plasticité (ajout d’argile plastique), diminuer leur
retrait ou augmenter leur palier de grésage (ajout de sables feldspathiques, de tufs ou
scories). Les défauts inhérents à l’ensemble des G argiles D testées (apport d‘eau de
plasticité trop important, retrait important, porosité importante du produit cuit) ne
sont pas rédhibitoires dans une perspective artisanale. Diverses expériences ont été
réalisées en atelier à partir des (( argiles 1) référence REU 005 (Hauts de Piton Saint-
Leu) et référence REU 006 (Les Avirons, Piton Rouge). Leur mélange dans
différentes proportions et leur correction, autorisent des méthodes de fabrication par
tournage, calibrage, étimge, pressage, et des méthodes de cuisson rapide en
monocuisson dans les domaines du carrelage, de la poterie horticole, sans traitement
particulier, avec des apports supplémentairesnon rédhibitoires.
La plasticité, le bon comportement au feu de ces mélanges, et surtout leur intense
coloration sont autant d’atouts en faveur du développement d’une poterie artistique
locale qui trouverait dans le tourisme un débouché immédiab) ;

2) d a n s une perspective industrielle, les schémas céramiques classiques (correction


d‘une argile par ajouts de fondants, de dégraissants, de liants...) doivent être
abandonnés, au profit d’une approche spécifique aux produits volcaniques. Les
industriels du carrelage (Espagne, Italie, Bulgarie ...) ont déjà cette démarche et
cherchent à réaliser aujourd’hui des compositions où les matériaux d‘origine
volcanique seraient majoritaires (exemple de composition : îuf : 55 % ; argile : 25
% ; sable quartzeux : 20 %»).
((L‘usage de scories ou de tufs non ou peu altérés permet d’introduire du même
coup des fondants (à dominante basique dans les basaltes, et de plus en plus alcalins
avec la différenciation), des dégraissants et une partie de l’argile nécessaife. Le
choix entre ces deux matériaux détermine la plage de cuisson, plus basse avec les

-
ERGIIVRP-60866-FR 2001 SGRIREU 10
21
Ressources et valorisation des mat4rlaux argileux de La Rdunion

tufs, et la coloration, plus intéressante avec les scories (le mélange des deux
pouvant constituer un compromis))).

«Une composition du iype scorie ou tuf (2/3) et matériau argileux type i E U 005
(113) peut être envisagée comme point de départ pour des produits 100 % pays [...],
puis modifiée par le remplacement de «i’argile» locale par de I’argile plastique
-2 importée (10 %pour calibrage, 20 % à 30 %pour tournage,...).
La plage de cuisson paraît être entre 1050’ et 1150° pour des produits finis
conservant un certain degré de porosité et 1150O à 1200’ pour des produits
vitrifiés)).

Finalement, J. Girel et V. Hermans admettent que les matériaux argileux de La Réunion,


atypiques, (< n’ont pas de valeur marchande en soi, mais peuvent éventuellement entrer
dans des compositions où les produits volcaniques non ou peu alt6rés seraient
majoritaires. Ceux-ci existent en gisements importants et déjà en cours d‘exploitation
pour d’autres usages (scories rouges de canes stromboliens, fines des carrières de tufs)
et ne nécessitent donc pas forcément d’ouverture de carrières n [...].

((Les produits envisageables et correspondant à un marché pourraient être les pots de


fleurs, le carrelage, les briques de parement, les briques de construction, des objets
utilitaires ou décoratifs, du culinaire, des réalisations architecturales ».

2.3.2 Etude technico-économique d’un projet de filière céramique à La


Réunion
Parallèlement à l’étude précédente, une étude technico-économique de l’activité
céramique artisanale a été réalisée en 1999-2001.

J. Girel et V. Hermans ont recensé six artisans potiers sur l’île, qui travaillent de
manière totalement indépendante, sans structure professionnelle et sans lien apparent
avec la métropole. Selon eux, (( la production des céramiques fabriquées localement
manque de savoir-faire, d‘originalité, de couleur locale. II n’y a pas d’organisation pour
regrouper la profession ».

La consommation d‘argile importée pour la poterie est estimée à environ 30ffan


(ensemble des ateliers existants f écoles et activités de loisirs). Le prix de la tonne
rendue sur l’île varie de 5000 à 8000 F, à comparer à celui de I’argile de Salemes, en
métropole, qui est de 300 F la tonne rendue, ou celui de l’argile plastique qualité VA de
Damrec, pour carreaux céramiques, vendue 526 F/t départ métropole.

Selon leurs estimations, la création d’une unité de production de pâtes céramiques à La


Réunion, qui produirait et commercialiserait 100 t de pâtes céramiques à 4000 F/t,
pourrait être amortie en 5 ans, dans l’hypothèse de l’achat du matériel pour partie
d‘occasion, de l’importation de matières premières de métropole, de Madagascar ou
d’Afrique (argile plastique, kaolin, carbonate de calcium, sable siliceux, feldspath),
mais également de l’utilisation de certaines matières premières locales (scories, tufs).

-
BRGhWRP-50866.FR 2001 SGWREU 70 22
Ressources et valorisation des matériaux argileux de La Réunion

3 Travaux complémentaires réalisés par le BRGM en


2000-2001
3.1. INVENTAIRE ET ECHANTILLONNAGE DES RESSOURCES EN MATERIAUX
ARGILEUX

Dans le cadre de l'étude des filières (( Roches et minéraux industriels de La Réunion », réalisée par
le BRGM en 1998, d'importantes ressources en matériaux plus ou moins argilisés avaient été
identifiées sur l'île (Rocher, 1998). La description lithologique de ces formations et leur
composition minéralogique ont été rappelées en début de ce rapport, dans le paragraphe 2.2, tandis
que leur localisation est reportée sur les cartes hors texte de l'annexe 3.
-c.

Dans le cadre de la présente étude, tous ces gisements potentiels en matériaux argileux ont été à
nouveau Visités, contrôlés, échantillonnés et photographiés (voir planches photographiques en
annexe 4). Leurs limites d'extension ont été vérifiées et parfois modifiées par rapport aux limites
antérieurement proposées par P. Rocher (op. cit.). Par ailleurs, d'autres gisements complémentaires
ont été pris en compte et échantillonnésdans le cadre de cette étude.

Dans le tableau 4, sont synthétisées les informations relatives à chacun de ces gisements, en guise
de légende aux cartes de l'annexe 3, à savoir :
- la description lithologique du matériau cartographié ;
- la commune, le lieu-dit du point de prélèvement des échantillons représentatifs sur chacun des
gisements, et le numéro des échantillons correspondants ;
- les numéros des photographies des aAleurements les plus caractéristiques, en particulier des
sites de prélèvement des échantillons (annexe 4).

A l'issue de ce travail de terrain, les 28 échantillons de matériaux argileux prélevés au total, à raison
de 30 à 50 kg par échantillon, ont été regroupés par grandes catégories lithologiques identifiables à
vue, à partir de critères simples tels que :
- le degré apparent d'argilisation du matériau ;
- sacouleur;
- l'appréciation de sa teneur en éléments sableux ou granuleux ;
- la présence ou non de fantômes des roches mères initiales (lapilli, scories, éléments de brèches
ou de coulées de lave,. ..).

23
Ressources et valorisation des matériaux argileux de La Réunion

3.2. ANALYSES PRELIMINAIRES EN LABORATOIRE

3.2.1. Composition minéralogique des matériaux argileux

Parmi ces quatre matériaux sélectionnés, trois d’entre eux avaient déjà fait l’objet
d’analyses minéralogiques en 1998 :
- REU O09 (Piton Bassin Martin)
- REU 005 (Hauts de Piton Saint-Leu)
- RE[J 006 (Piton Rouge).

Leur composition minéralogique semiquantitative a été présentée dans le paragraphe


2.2.3 de ce rapport, en particulier dans le tableau 2.
L’altérite brun foncé de Bagatelle (NSS2) n’a pas fait l’objet d’analyse minéralogique,
car elle semble tout à fait anaiogue B I’altérite des Hauts de Bras-Panon (échantillon
E U O08 de 1998) ;on peut donc admettre que leurs compositions minéralogiques sont
probablement î&s voisines (tabl. 2).

3.2.2. Composition chimique des matériaux argileux

L’analyse chimique des matériaux argileux de Piton Saint-Leu (REU 005) et de Piton
Rouge (REU 006) ayant déjà été effectuée en 2000 par J. GireI et V. Hermans dans le
cadre de leur étude (chapitre 2.3.1 .), elle n’a volontairement pas été refaite inutilement.
Ces auteurs nous en ont aimablement communiqué les résultats (tabl.3) qui ont fait
l’objet de nos commentaires du paragraphe 2.3.1,

En revanche, les matériaux argileux de Piton Bassin Martin (NSPi 3A) et de Bagatelle /
Sainte-Suzanne (A/SS 2), de composition chimique encore inconnue, ont fait l’objet
d‘une analyse chimique par fluorescence X dans les laboratoires du BRGM à Orléans.
-
Le rapport détaillé d‘analyses est joint en annexe 5, tandis que les résultats sont
regroupés dans le tableau 6.
9
0

BRGMIRP-5086&FR - 2001 SGWREU 10 30


Ressources et valorisaliondes matdriaux amileux de La Réunion

- sa teneur en alumine est comparable à celle des altérites de Piton Saint-Leu (21,3 %
contre 21,6-22,2 %), mais sensiblement plus faible que celle de l’altérite de Piton
Rouge (27,2 %) ;
- sa teneur en éléments alcalins (Na10 i- &O) est quasi-nulle (inférieure B la limite
inférieure de dosabüité par cette méthode d’analyse), et tout à fait comparable à
celles des autres altérites (0,12 à 0,7 %).

En définitive, les analyses chimiques de ces quatre échantillons représentatifs des


altérites sétectionnées confirent bien que l’on a affaire à quatre catégories distinctes
de matériaux susceptibles de réagir différemment à la cuisson.

3.3. ESSAIS DE FABRiCATiON DE PRODUITS CERAMIQUES

3.3.1. Considérations prétirninaires

A la lumière des différentes analyses et des tests de cuisson réalisés antérieurement, tant
par le C”i3 dans les années 1969 - 1972 (chapitre 2.1) que par J.Gire1 et V. Hermans
en 1999-2001 -chapitre 2.3.1), et compte tenu de la composition minéralogique et
chimique de ces matériaux argileux très atypiques, si on les compare aux matières
premières argileuses classiquement utilisées pour la fabrication de produits céramiques
du type terre cuite ou produits en grès (annexe 1), on savait au préalable qu’ils ne
pouvaient être utilisés à eux seuls, ni dans de fortes proportions, et qu’ils nécessitaient
d’être corrigés par l’ajout d’autres matières premières (chapitre 2.3.1).

En particulier, il fallait impérativement leur adjoindre :


- une forte proportion d’un matériau sableux dégraissant, riche en silice, renfermant 2
à 5 % d‘alcalis, assez pauvre en alumine, et de très faible teneur en fer, ces altérites
en renfermant déjà une teneur excessive ;
- une argile plastique grésante, pour améliorer la cohésion de l’ensemble des
constituants et faciliter le &onnage des pièces.

Dans l’industrie de la terre cuite, on utilise classiquement des matériaux argileux


essentiellement constitués d’un mélange d’illite et de kaolinite (avec illite dominante)
et d’un faible pourcentage de smectites (environ 5 %), du sable quartzeux en proportion
variable selon les utilisations, mais en moyenne 20 à 30 %, avec un faible pourcentage
d’éléments colorants : 5 à 10 % de F203(coloration rouge à la cuisson), 3 à 10 % de
Ti02 (en présence de Fe203 donne une coloration jaune), 0.5 à 4 % MnO (en présence
de Fe203 donne une coloration brune à la cuisson).

L’idéal eut donc été d’adjoindre à ces altérites réunionnaises, à la fois de fortes
proportions d‘argile plastique et de sable quartzeux En. Mais l’un et l’autre sont quasi-
inexistants dans l’île, notamment les sables quartzeux, en raison de la nature
essentiellement basique (sous-saturation en silice) des formations volcaniques qui
composent son sous-sol.

En ce qui concerne l’argile plastique, il faudra donc obligatoirement recourir à


l’utilisation d’une argile importée. Dans la mise au point des compositions du mélange

BRGM/RP*5066&FR- 2001 SGWREU 10 32


Ressources et valorisation des matériaux argiIeux de La Réunion

de matières premières, on s’est donc efforcé d’en minimiser la proportion, sans nuire
pour autant à la qualité des produits cuits obtenus.

a) Ajout d’argile plastique


L’argile utilisée pour ia réalisation de ces tests céramiques en laboratoire a été celle de
Nançay (Cher), exploitée par la sociétE Cératéra, filiale du groupe Imerys. Cette argile
sédimentaire est essentiellement constituée d‘un mélange de kaolinite et de smectite
(montmorillonite).

Elle se caractérise par sa plasticité trés élevée qui améliore la cohésion de la pâte et
renforce la résistance mécanique des produits cuits. Pauvre en fer et en titane, elle prend
une couleur claire (beigejaunâtre) à la cuisson.

Elle est particulièrement appréciée en France et en Italie, où elle est exportée, pour la
fabrication industrielle des carreaux céramiques, dans laquelle elle entre pour 5 %
environ dans la prépatation du mélange des matières premières.

La composition chimique de cette argile et ses principales caractéristiques physiques et


mécaniques sont regroupées dans le tableau 7.
b) Ajout de dégraissanfsiliceux et alcalin

En ce qui concerne le dégraissant siliceux, assez pauvre en alumine, mais qui


apporterait les substances alcalines manquantes (fondant), l’idée est rapidement venue
de rechercher un matériau local de substitution au sable siliceux ou au sable
feldspathique.
Menée parallèlement à cette étude des matériaux argileux de La Réunion, la valorisation
des matériaux pouzzolaniques (Rapport BRGM/RP 50865/FR - 2001 SGRmEU I l )
clairement montré qu’en raison de leur composition chimique (voir annexe 5),
caractérisée par une forte teneur en silice (46à 55 %), une plus faible teneur en fer (10 à
13,5 %) que les altérites (19 à 36 %), une teneur non négligeable en alcalis (Na20+K20
= 3,5 à 6,5% environ), et une nature lithologique essentiellement sableuse après
concassage et / ou criblage, les pouzzolanes semblaient susceptibles de comgcr
notablement le mauvais comportement céramique de ces altérites.

D’ailleurs, différentes études effectuées ces dernières années, notamment celle de


Petkova, Jonev et Marinov (1990) en Bulgarie, ont montré qu’il était possible d’obtenir
par monocuisson rapide, des carreaux pour sols et murs intérieurs à partir de 40 à 55 %
de tuf ou de perlite, 25 à 35 % d’argile et 15 à 30 % de quartz, avec une amélioration de
certaines qualités du produit fini, le tuf et la perlite se substituant parfaitement au
feldspath en tant que fondant, en apportant 7 à 15 % d’éléments alcalins.

On notera d‘ailleurs qu’au cours de leurs essais, Girel et Hermans (2001) ont égaiement
incorporé de fortes proportions de scories ou de fines de tuf (60 à 80 %) aux matériaux
argileux.

33
-
BRGWRP-50868.FR 2001 SGWREU I O
Ressources et valorisation des matériaux argiieux de La Réunion

3.3.2. Essais de fabrication de produits de terre cuite par pressage

Tous les tests de fabrication des produits céramiques ont été effectués dans les
laboratoires du BRGM à Orléans.

a) Composition des 13 mélanges successifs de matières premières

Compte tenu des difficultés rencontrées dans les années antérieures pour ajuster le
mélange optimum de matières premières, et en raison du grand nombre de matériaux à
tester ( 4 matériaux argileux, 2 pouzzolanes et 1 argile plastique), nous avons procédé
par étapes successives, les résultats obtenus après chaque série de cuissons déterminant
les nouveaux dosages expérimentaux à tester dans la série suivante.
Les compositions des 13 mélanges successifs sont regroupées dans le tableau 9.

b) Préparation des mélanges et fabrication des éprouvettes d'essai

Après séchage à l'étuve à 105 "C pendant 24 h, les matériaux bruts ont été mélangés
suivant les proportions pondérales fixées. Plusieurs opérations de broyage de i'ensembie
ont été conduites pour amener la granulométrie du mélange en dessous de -5 -2
d'abord manuellement au mortier, pour les mélanges M1 à M4, puis à l'aide d'un
broyeur à mâchoires et d'un broyeur à marteaux pour les mélanges suivanîs.

Après ajout d'eau, le malaxage de la pâte a été conduit jusqu'à obtenir une pâte
suffisamment plastique et cohérente (contrôle de la plasticité par la confection d'un petit
colombin).

Les éprouvettes d'essais ont été confectionnées ar ressage de la pâte dans un moule
P P
en acier, a une pression d'environ 30 à 50 kg/cm . Après démoulage, les éprouvettes ont
été séchées à l'air ambiant du laboratoire, puis séchées à l'étuve à 105 O C pendant 24 h.

c ) Essais de cuisson et mesures effectuées sur les éprouvettes

Pour chaque mélange, 4 éprouvettes ont été confectionnées. Chacune a été soumise à un
essai de cuisson à 950 OC ou 1000 OC ou 1050 OC ou encore 1100 O C , dans un four
programmé pour effectuer une montée en température régulière, à raison de 100 O C par
heure, et un palier de deux heures à la température de cuisson fixée. Le refroidissement
du produit cuit se fait progressivement en plus de 12 h par extinction du four.

Sur chaque éprouvette, les mesures suivantes ont été réalisées :


- teneur en eau et pertes au feu : pesée des éprouvettes après façonnage, passage à
l'étuve et cuisson ;
- retraits au séchage et à la cuisson ;

-
BRGhWRP-6086BFR 2W1 SGWREU 10 36
Ressources et valorisation des matériaux argileux de La Réunion

- définition précise de la couieur à l’aide de la charte hWNSELL ;

- mesure de l’absorption d‘eau après cuisson, après immersion dans l’eau pendant
48 h (ce coefficient d‘absorption d‘eau des tessons cuits donne une bonne
indication sur leur porosité ;il est souvent dénommé abusivement a porosité )) par la
majorité des céramistes, mais en toute rigueur, il est différent de la porosité réelle
qui doit être mesurée selon un autre protocole d‘essai).

Le rapport détaillé de ces essais avec les résultats obtenus est joint en annexe 7.

d) Commentaires des résultats


Les résultats détaillés des essais de fabrication des produits de terre cuite par pressage,
sont consignés dans le rapport d’essais joint en annexe 7, tandis que les photographies
des éprouvettes obtenues sont jointes en annexe 8. A titre indicatif et de comparaison,
on trouvera en annexe 9 les caractéristiques de 6 argiles métropolitaines typiques pour
tuiles et briques et des produits cuits correspondants.

Dans une première série d’essais, les 4 matériaux argileux ont été testés avec
différents dosages de pouzzolanes et d’argile plastifiante (mélanges MI à M4).

D’entrée, les résultats sont globalement assez satisfaisants avec :


- des teneurs en eau de façonnage classiques, voire un peu élevées en pâte assez molle
(24à 33 % du poids sec) ;
- des retraits de séchage admissibles (4 à 7 %), voire faibles (1 à 3 %) suivant les
compositions des mélanges ;
- des pertes au feu tout à fait correctes (3 à 5,5 % du poids sec), mais sensiblement
plus élevées pour le mélange M4 avec Paltérite de Sainte-Suzanne (8,8 à 9,3 %) ;
- des retraits de cuisson tout à fait satisfaisants (par exemple: 0,50 - 1,17 % à
noSo ’‘ F C ) ,plus faibles que ceux constatés avec beaucoup d’argiles à terres cuites de
métropole (voir annexe 9 : 0,6 à 5,8 %) ;
- des produits cuits de couleur brun rouge foncé, un peu plus foncée que la couleur
(( brique )) classique, se rapprochant davantage des teintes ((brun rustique )) ou

(( rouge antique )) du catalogue des tuiles TBF ;

- des coefficients d’absorption d’eau un peu élevés (13,7 - 19 % à 1050 OC pour les
mélanges MI à M3, mais de 24 % pour le mélange M 4 avec l’alterite de Sainte-
Suzanne) ;ceux-ci ne sont pas rédhibitoires pour la fabrication de briques pleines ou
creuses (les produits creux du sud de la région parisienne ont un coefficient
d’absorption d’eau de 17,8 % après cuisson à 1050 OC; les produits perforés
fabriqués avec du loess d’Alsace mélangé à une marne ont jusqu’à 33,3 % de
coefficient d‘absorption d’eau ;annexe 9). Les coefficients que nous avons obtenus
traduisent une forte porosité des produits, qui devra être sensiblement réduite dans
l’hypothèse d’un projet de fabrication de tuiles, par exemple.

ERGM/Rp5086&FR- 2001 SGWREU 10 38


Ressources ef valorisation des matériaux argileux de La Réunion

Dans une deuxième série de tests (mélanges M5 à MlO), on a procédé à des essais de
mélanges des 4 matériaux argileux pris deux par deux dans des proportions différentes,
avec le même pourcentage (55 - 60 %) de matériaux pouzzolaniques et des teneurs en
argile plastifiante de 5 ou 10 %. On constate les résultats suivants :
- la teneur en eau de façonnage est un peu plus élevée qu'à l'habitude (25 - 32 %),
car on a travaillé volontairement en pâte assez molle ;
- les retraits de séchage sont très acceptables (environ 3 à 5 %) et assez homogènes ;

- les pertes au feu sont correctes (4,4 - 8,s % à 1050 OC) ;

- -
les retraits de cuisson sont fdbles (1,4 2,6 % à 1050 OC ), un peu supérieurs à ceux
de la série précédente, mais bien meilleurs que certains reîmits constatés sur des
produits industriels (annexe 9) ;
- les produits sont rouges ou brun-rouge après cuisson à 950 O C , voue 1000 OC,mais
comme les précédents, ils demeurent brun-rouge à 1050 - 1100 "C ;
- les coefficients d'absorption d'eau restent globalement assez élevés (i7 - 23,4 % à
1050 OC), toujours un peu plus élevés dans le cas de l'altérite de Sainte-Suzanne
(mélange M 10) ; cela peut s'expliquer à la fois par le mode de préparation des
éprouvettes (pression relativement modeste BU pressage, entraînant un faible serrage
des particules), par i'abondance des matériaux de nature sableuse (60 % de
pouzzolanes), et par la très faible proportion de liant argileux (5 à 10 % d'argile
plastique).

Dans une troisième série ( mélanges M 11 à M 13), nous avons volontairement limité
la proportion d'altérites à 20 ou 25 %, au lieu de 35 à 40 % dans la série précédente,
maintenu le faible pourcentage d'argile plastique (5 à 10 %), et augmenté la proportion
de pouzzolanes à 70 % au lieu de 55 - 60 %. On enregistre les résultats suivants :
- une teneur en eau de façonnage analogue aux précédentes ;
- des retraits de séchage toujours acceptables et comparables à ceux des séries
précédentes ;
- des pertes au feu encore meilleures que les précédentes et toujours inférieures à 4% ;

- des produits cuits un peu plus clairs que les précédents, rouges ou brun-rouge, même
à 1050 OC ;
- des coefficients d'absorption d'eau meilleurs que les précédents, notamment dans le
cas du mélange M 13 où il reste inférieur à 17 % pour une température de cuisson de
1050 OC ;il est voisin de 15,4% pour une cuisson à 1100 O C .

En conclusion à ces essais, il faut admettre qu'il est tout à fait possible de fabriquer des
produits de terre cuite par pressage de la pâte, en adoptant des mélanges dans lesquels :

ERGWRP-50ô6&FR - 2007 SGWREU 10 39


Ressources et valorisation des matériaux argiIeux de La Réunion
~

I Pour chaque composition, 4 éprouvettes ont été confectionnées en pâte assez molle
(18,4 à 23 % de teneur en eau de façonnage), par pressage dans un moule métallique.

Après séchage, les éprouvettes ont été cuites aux températures suivantes : 1050 - 1100 -
1150- 1200 OC,un début de fusion étant constaté à cette dernière température, selon le
même protocole qu’indiqué précédemment (5 3.3.2). Les mêmes mesures ont égafement
été faites sur les éprouvettes crues, sèches et cuites. Les résultats détaillés de ces tests
sont joints en annexe 7, et les photographies des produits cuits sont regroupées en
annexe 8.

b) Commentaires des résultats


Les retraits de séchage sont très satisfaisants et faibles dans les 3 cas (1 à 4 %).

Les retraits à la cuisson sont très faibles (OJ3 à 1,72 %) jusqu’à une température de
cuisson de 1100 OC, mais augmentent bruiaiement à 1150 OC (4,lO à 8,96 %), tandis
qu’à 1200 OC, les éprouvettes sont plus ou moins fondues en un matériau vitrifié et très
vésiculaire, de couleur brun noir, très peu poreux (coefficient d’absorption d‘eau de
0,20 à 0,33 %) (annexe 8).

Dès 1150 OC,on obtient un matériau grésé assez satisfaisant, de couleur rouge foncé,
peu poreux (coefficient d’absorption d’eau de 1,28 à 6,23 %). Mais le palier de cuisson
est assez court entre 1100 et 1200 O C , le début de fusion du matériau devant se situer
vers 1170- 1180OC.

Parmi les trois essais de fabrication, le meilleur résultat semble avoir été obtenu avec le
premier dosage de matières premières (mélange A ) qui renfermait davantage de
fondant (feldspath turc) et de sable siliceux.

De nouveaux essais devraient être entrepris dans le cadre d’une étude complémentaire,
en réduisant à 10 % la proportion d’altérite trop riche en fer, en ramenant à environ 20
% la proportion de pouzzolanes, en augmentant sensiblement la proportion de feldspath
et surtout de sable siliceux (respectivement 35 % et 20 %), et en utilisant environ 20 YO
d’argile plastique.

Une telte composition devrait entraîner un palier de cuisson beaucoup plus long et des
produits de grès de meilleure qualité, pour une cuisson à environ 1150 1200 OC -
(monocuisson rapide des carreaux). Si ces nouveaux tests étaient positifs, des essais
technologiques de fabrication en usine pilote devraient alors être effectués, mettant en
œuvre de plus grosses quantités de matériaux.

3.4 AUTRES UTILISATIONS POSSIBLES POUR LES ALTERITES DE LA


REUNION

3.4.1 Barrière de sécurité passive pour fonds de décharges de classe


(installations de stockage de déchets ménagers et assimilés)
Les altérites de La Réunion ont déjà été utilisées par le passé, notamment pour la
réalisation de la couche d’étanchéité du centre d’enfouissement (décharge contrôlée) de

-
BRGIWRP-50885FR 2001 SGWREU 10
43
Ressources et valorisation des mafériaux argileux de La Réunion

Sainte-Suzanne. Dans ce cas il s’agissait de matériaux argileux dérivant de l’altération


supergène des tufs de Sainte-Suzanne.

L’arrêté du 9 septembre 1997 stipule, dans son article 11, dans le cas d’une décharge de
classe 2 (déchets ménagers et assimilés) : ((La barrière de sécurité passive est
normalement constituée par le substratum du site qui doit présenter, de haut en bas, une
-’
perméabilité inférieure à 1.10 m / s sur au moins 1 métre et inférieure à 1.106 m/s sur
au moins 5 mètres. Lorsque la perméabilité naturelle du substraîum ne répond pas à ces
exigences, des mesures compensatrices pourront être proposées par l’exploitant pour
assurer un niveau de protection équivalent. Ces propositions et leurs justifications
doivent figurer dans le dossier de demande d‘autorisation. n

Après vérification in situ de la perméabilité des matériaux argileux en fond de fouille, et


éventuellement leur correction par ajout de bentonite, les altérites les pius argilisées
pourraient être mises en œuvre lors de la création de nouvelles décharges de classe 2, en
particulier pour la mise en place de la couche supérieure de Ia barrière de sécurité
passive.

3.4.2 Fabrication de pigments naturels usages industriels

Diverses substances minéraies naturelles, telles les ocres, sont couramment utilisées
dans l’industrie en tant que pigments industriels, notamment dans la fabrication de
certains émaux pour produits céramiques, dans la fabrication des peintures, pour teinter
les mortiers dans le bâtiment, pour l’élaboration de certains papiers et dans les métiers
d’art

En raison de leurs colorations naturelles (brunes, rouges, oranges, ocre ...), dues à leurs
fortes teneurs en fer et en tiîane, sous forme d‘oxydes et d’hydroxydes (voir analyses
chimiques en annexe 5 et tableau 3), une bonne partie des altérites de La Réunion
pourrait être utilisée en tant que pigments naturels. A titre indicatif, on trouvera en
annexe 10 la composition chimique et quelques exemples d’utilisations des pigments
ocreux commercialisés par le Comptoir des Ocres en Bourgogne.

La fabrication industrielle de ces pigments nécessite très peu d’investissements,


puisque, après extraction à la pelle mécanique, le minemi subit :
- un simple lavage par arrosage ;
- une décantation des a u x de lavage dans des cuves ou des bassins ;
- une élimination de l’eau par évaporation ;
- un broyage du résidu sec ;
- une calcination à 600 “C environ ;
- un conditionnement en sacs.

Des essais de fabrication en laboratoire de tels pigments industriels à partir de


différentes altérites réunionnaises devraient être entrepris dans le cadre d’une étude
complémentaire.

BRGIWRP-50866FR- 2001 SGWREU 70 44


Ressources et valorisation des matériaux argileux de La Réunion

4 Conclusions

L’inventaire des ressources potentielles en matériaux argileux de l’île de La Réunion a


montré que celle-ci dispose d’importantes ressources en matériaux plus ou moins
argileux, dérivant principalement de l’altération supergène sous climat tropical, à la fois
de coulées de lave et de brèches, et de cônes de scories basaltiques.

Ces matériaux argileux constituent un manteau superficiel parfois de plus de 10 m de


puissance, qui recouvre les roches mères dont ils dérivent, souvent sur de grandes
superficies, en particulier dans les hauts de Sainte-Marie, Sainte-Suzanne, Saint-Benoît,
Saint-Pierre et Saint-Leu.

Les analyses minéralogiques et chimiques ont montré qu’il ne s’agit pas d’argiles à
proprement parler, mais d‘altérites peu plastiques, de consistance généralement limono-
sableuse et grumeleuse, particulièrement pauvres en silice, en éléments alcalins et
alcalino-terreux, mais en revanche, très riches en hydroxydes de fer.

Cette composition particulière, très éloignée de la composition minéralogique et


chimique des argiles utilisées classiquement dans l’industrie céramique, explique que,
pris tels quels et à eux seuls, ces matériaux ne permettent pas de fabriquer des produits
céramiques de qualité acceptable.

En revanche, l’étude a montré qu’en limitant la proportion de ces altérites à environ 20-
25 % du mélange initial de matières premières, dont l’essentiel (60-70 %) serait
constitué par un mélange de scories basaltiques et de tufs de Saint-Pierre concassés et
criblés à environ 500 pm (avec une majorité de tufs, plus favorables que les scories, car
ils renferment moins d‘alcalino-terreux), et avec un ajout de 5 à 10 % d‘argile plastique
(qu’il faut envisager d’importer à La Réunion à partir d’un pays voisin, tels que
Madagascar ou des pays d ‘ a q u e de l’Est ou Australe, car aucun gisement d’argile n’y
est actuellement connu), il était tout à fait possible de fabriquer des produits de terre
cuite par pressage et cuisson à 1 O00 -1 050OC.

Les produits cuits obtenus ont des caractéristiques tout à fait acceptables, parfois
meilleures que celles des briques fabriquées actuellement en métropole, sauf toutefois
leur porosité qui reste élevée en raison de la faible proportion d’argile utilisée.

L’étude a également montré qu’avec la même proportion d’altérites (20-25 %), environ
50-55 % de pouzzolanes de Saint-Pierre et 20 à 25 % d’argile plastique, on pouvait
fabriquer des produits de terre cuite (briques, tuiles, claustres...) par extrusion
(a filage D). Les premiers essais de laboratoire effectués nécessitent néanmoins d‘être
confirmés par des tests complémentaires.

Par ailleurs, des essais préliminaires de fabrication de carreaux de grès ont montré que,
sous réserve d’essais complémentaires, cette fabrication pouvait être envisagée, à
condition d‘utiliser un mélange de matières premières composé d‘environ 2 0 % de
pouzzolanes, 10 % d’altérites, 30-35 % de feldspath sodique ou sodi-potassique, 20 %
d’argile plastique. La vitrification du tesson devrait avoir lieu pour une température de
cuisson d‘environ 1150-1200°C.

-
BRGWRP-5O86B.FR 2001 SGWREU 10
45
Ressources et valorisatlon des matériaux argileux de La RBunion

Dans le cadre de cette étude, plusieurs matériaux indispensables, mais inexistants à La


Réunion, ont dû êîre utilisés, tels l’argile plastique de Nançay, le sable hypersiiiceux de
Fontainebleau et un feldspatb sodique provenant de Turquie. A l’occasion d‘essais
complémentaires, il serait souhaitable de substituer à ces matériaux des substances
analogues susceptibles d‘être importées à moindre coût à La Réunion, par exemple à
partir de Madagascar où d’importants gisements sont connus et/ou exploités.

Dans le même esprit, d’autres essais de fabrication de produits céramiques devraient


être entrepris, mettant en œuvre d’autres matériaux volcaniques présents à La Réunion,
tels des laves différenciées (benmoreites, trachytes, ...), des tufs ignimbritiques et des
basaltes à phénocnstaux de feldspath (moche pintade))), qui apporteraient à la fois la
silice et les alcalis qui font défaut dans les altérites. De tels essais de fabrication de
briques ont été réalisés avec succés en Egypte à partir d‘un mélange d’environ 60 %
d’argile sableuse et silteuse, et de 40 % de basalte altéré.

Hormis cette utilisation possible pour la fabrication locale de produits céramiques, il ne


faut pas perdre de vue que ces altérites pourraient éventuellement être utilisées pour la
création de barrières de sécurité passive pour fonds de décharges de classe 2, soit
directement, soit après iraitement à la bentonite, après vérification de leur perméabilité
in situ. D’ailleurs, de tels matériaux ont déjà été utilisés dans le passé, notamment pour
la décharge de Sainte-Suzanne.

Par ailleurs, en raison de leur composition chimique et de leur forte coloration jaune,
ocre, rouge ou brune, due à leur très forte teneur enhydroxydes de fer, ces aitérites
pourraient également êîre utilisées pour la fabrication de pigments naturels à usages
industriels, au même titre que les ocres de Provence et de l’Auxerrois, toujours
exploitées de nos jours.

Des essais de fabrication de ces pigments en laboratoire devraient être entrepris sur
divers échantillons de ces altérites, pour vérifier la qualité des produits obtenus en
fonction des spécifications industrielles exigées par les utilisateurs.

-
BRGIwRP-60866-FR 2001 SGWREU I O 46
Ressources et valorisation des matériaux argiIeux de La Réunion

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48
Ressources et valorisation des maténaux argileux de la Réunion

Annexe I

les argiles à ferre cuite

(d'après C. Bardin, complété par P. M. Thibaut,


in a Mémento roches et minéraux industriels. Argiles
communes pour produits de terre cuite, 1991 »)

OHG&l/RP-50866-I'R - 2OOI SGIUREU IO


Ressources et va/of?safiondes matériaux agi/eux de La Réunion

Annexe 2

~ésu/tatssyn fhét i ~ u e s
des expériences de cuisson
/ M e s avec
e
(d’après J. Giref et V. Hermans, 2ûûl)

BRGM/RP-50866-FR- 2001 SGFUREU 10


Ressources et valorisation des matériaux argiteux de la Réunion

nnexe 3

(voir cartes hors texte)

B R G I M / R P - ~ O ~ ~ -~2001
- F R SGWREU II)
Ressources ef valorisation des matériaux argileux de La Réunion

BRGM/RP-50866-FR- 2001 SGWREU 10


Ressources ef valorisation des matériaux argileux de la Réunion

Annexe 5

e de S a i ~ t - ~ i e r r e ,

üRGM/RP-.-511NS6-FR- 2001 SGWREU 10


Responsables des unités :
Chef du semice : AM. FOUILLAC .Chimie Minérale: O. MARTINEAU
Correspondant üualité : F. AUGUSTIN .Enviionnement : R. JEANNOT
Coordination des analyses: A. GAOALIA .Chimie Isotopique : J.P. GIRARD

Demandeur THIBAUT
REM
Provenance des échantillons REUNION
Nature des prélèvements
No ANA H6012B13
No de demande 1500566
No d'affaire
No de compte WE238
fa6oraroKe Analyse chimiquo par fluorescence X
Responsa6/e B. BOUSIER

Téléphone :133)O2 38 64 30 17 Télécopie :(331 O2 38 64 39 25

Résultats certifies par lefs)responsahlefsj de laboratoire 10 : OSJUL-2001

Visa A. Gadalia

->.>ATTENTION AUX INFORMATIONS PORTEES PAGEIS) SUIVANTE61.

Les résuliats exprimés no cenceinent que les Echantilloos soumis a essais.


La reproduction do ce rapport d'essais n'est auinrisée que sous sa ferme intégrale. Nb Paoes ...

-
BRGM Analyse
3. o v m m Cloud. Gvilicmin. B.P. 6009.45050 Orliani cnder 2, fivnio
W6phons. 1331 02 38 64 30 17. i&lkopicu<, 1331 02 30 64 IV 2s. T6lcx. BiGM 780258 F
05.JUL.01 BRGM ANALYSE PegeN" 2
Etude H6017.û Demande 1500566

Les analyses suivantes ont éié réalisées dans le laboratoire : Analvse chimisue nar fluorescence X

Le mode opératoire MO005 Analyses par Spectrométrie de Fluorescence X


est utilise pour doser :
Aiumine
Oxyde de Calcium
Fer total exprimé en Fe203
Oxyde de Potassium
Oxyde de Magnésium
Oxyde de Manganèse
Oxyde de Sodium
Piiorphates en P205
Silice
Oxyde de îïtane
t e mode opératoire MO01 1 Mesure de la pette au feu A IOOO'C
est utilisé pour doser :
Perte au feu à 1000DC

Commentaire du laboratoire :Ce rapport annule e t remplace le rapport d'enalyçe no H6012B du 23103101. Les résultats sont
exprimés sur produit séché i 10!i°C.
RESULTATS :Sauf remarque parIiculi8re. les résultats sont exprimés en valeurs pondérales sur produit brut FE203 seul est la teneur en
fer total dans i'échantillon, exprlmé sous forme d'oxyde. Fe203 exprime la teneur en fer ferrique de l'échantillon lorsque le fer ferreux est
dos6 (exprim6 sous la forme FeO). La pr6cision moyenne pour les éléments majeurs est de 2% relative en milieu da gamme. La précision
moyenne pour les éléments trace est de 10%relative en milieu de gamme.
BRGM ANALYSE Efude H6012B Oemands No 1500566 PageNo 3

Unité
9
39.5 16.1

26.4 10.4
......................
. ....................................... ......
xyde de Calcium % LDI 0.1 < o. 1 5.2
... .... .......II..._.._.-III.. .
xyde do Magnésium % LOI 0.2 0.4 2.4
____
.... 1--~
_-_._II_-__.
_I_

tyde de Manoanese % LOI 0.02 0.33 0.21

0.19 2.29

:ydedo Sodium % LOI 0.2 0.3 4.1

yda de Titane % LDI 0.05 5.40 1.96


..__.._I__
... ___.
. .-
rie au feu 2 1ûûO'C % LOI 0.1 23.0 2.2
..
rrphates en P205 % LOI 0.05 0.49 0.34
.... .........
............................ .- ............. ~~ ......................
ce % LOI 0.2 4.4 54.8

LDI :Limite Inférieure de dorabiliié


Ressources et valorisation des matériaux argifeux de La Réunion

Annexe 6

BRGM/RP-50866-FR - 2001 SGWREU 10


Ressources et valorisation des malériaux argileux de la Réunion

BRGM/Ri’-SO866-I;RR - 2001 SGR/REU 10


RESULTATS

1 - PREPARATION DES ECHANTILLONS ET


FABRICATION DES EPROUVETTES D'ESSAIS
Les matériaux utilisés pour les tests ont été fournis sous forme brute au laboratoire.
Les produits utilisés pour la fabrication des éprouvettes de cuisson ont été
composés en mélangeant les différents matériaux bruts dans des proportions
définies.

Les différentes compositions ont été élaborées en respectant la procédure


suivante :

- mélange des matériaux bruts préalablement séchés,


- plusieurs opérations de broyage pour amener la granulométrie en dessous de
500 pm et homogénéiser le mélange,
Ces opérations ont été réalisées manuellement au mortier pour les mélanges M I
à M4 et MA ou à l'aide d'un broyeur à mâchoires puis broyeur à marteaux pour
tous les autres mélanges,
- rajout d'eau et malaxage manuel pour obtenir une pâte :
0 suffisamment plastique et cohérente pour les mélanges pressés c terres
cuites >) (testé en fabriquant un petit boudin qui doit se tenir sans se casser),
0 une pâte semi-ferme et cohérente pour les mélanges pressés <( carreaux de
grès »,
une pâte ferme pour les mélanges extrudés c terres cuites D (la teneur en
eau sera ajustée au moment de l'extrusion pour optimiser le mélange),
- repos de la pâte de quelques heures à une nuit.

Les éprouvettes ont été obtenues par deux méthodes de fabrication :

- par pressage: la pâte élaborée est déposée, uniformément répartie, dans un


moule en acier de 80mm de long et 40mm de large, puis pressée à l'aide d'une
petite presse manuelle (pression utilisée pour les mélanges <( terre cuite B entre
30 et 50 kglcm', pour les mélanges G carreaux de grès >> à 100 kglcm'). Les
BRGM/ANNCMI /UB-RMI 01/027 2
éprouvettes ainsi réalisées sont démoulées manuellement et déposées sur une
grille pour le séchage.
- par extrusion : la pâte préparée est mélangée et malaxée dans l'extrudeuse à 5
reprises en ajustant la teneur en eau afin d'obtenir un produit dune plasticité
compatible avec l'extrusion. Les éprouvettes sont réalisées en plaçant un embout
de section carrée 20 x 20mm à la sortie de l'appareil. La pâte extrudée est
découpée en éléments de IIOmm de long environ, permettant ainsi d'obtenir les
éprouvettes recherchées qui sont ensuite déposées sur une grille pour le
séchage.

2 - ESSAIS SUR EPROUVETTES


Au total, ont été réalises :
- 13 mélanges <( terre cuite )) - pressés (mélanges M I à M13),
- -
2 mélanges << terre cuite )) extrudés (mélanges M I 4 et M15),
- 3 mélanges carreaux de grès >> - pressés (mélanges MA à MC).

Les essais de cuisson ont été réalisés en procédant comme suit :

- séchage des éprouvettes à l'étuve à 105°C durant 24h,


- cuisson dans un four programmé pour effectuer une montée en température a
raison de 100°C par heure et un palier de deux heures à la température de
cuisson. Le refroidissement se faisant par extinction du four.

Les différentes mesures réalisées sur les éprouvettes :

- teneur en eau et pertes au feu: pesée des éprouvettes après fabrication,


étuvage et cuisson,
- retraits au séchage et à la cuisson : la longueur des éprouvettes (pour les
compositions pressées) ou, distance entre les marques tracées sur les barrettes
(pour les mélanges extrudés) est mesurée au pied à coulisse après fabrication,
séchage et cuisson,
- couleur: la définition des couleurs est faite à l'aide du code MUNSELL sur
chaque éprouvette après fabrication, séchage et cuisson,
- absorption d'eau après cuisson: cette mesure est réalisée en pesant les
éprouvettes avant et après immersion dans l'eau durant 48h à température et
pression ambiante.

Les compositions, mesures et essais sont présentés pour chaque mélange dans les
pages suivantes.

BRGM /ANA/CMl /UB-RM101/027 3


Ressources et vaiorisafion d e s rnafériaux argileux de La Réunion

Annexe 8

Essais de fabrication
its de terre cuite

BRGMRP-50866-FR - 2001 S G W E U 10
Ressources et valorisation des matériaux argileux de fa Réunion

nnexe 9

Û R G I W R P - S ~ N ~ ~-- 2001
F R SGR/REU 10
Ressources et valonsafion des matériaux argileux de La Réunion

Annexe

BRGMRP-50866-FR- 2001 SGWREU 10


Ressources et valorkalion des rnattSrieux argileux de la RBunion

COMPTOIR DES OCRES

OCRE JAUNE
_CR-!ROU.G.E
H.EMAT!T.E
Quslquo exomploa d'uülisaliona

OCRE JAUNE

COCRE JAUNE, argile


riche en limonite, est
extrait de notre carrière de
Saint-Amand en Puisaye
(Bourgogne).
L'Ocre Jaune naturel est
utilisé dans les peintures,
les mortiers et en
céramique pour teinter les
argiles ou les émaux.
Son principe actif est
I'Oxyde de fer hydraté
appelé goethite.

Présentation

rn En poudre
O OuBrut
d'extraction de
carriere

ANALYSE CARACTERISTIQUES
CHIMIQUE TECHNIQUES

e SiO,63.76% Avec 20% d'eau


O AI,O, 12.06%
O Fe,O, 20.19%
O %O 0.96%
* Na,OO.11%
O TiO,0.61%
D CaO0.07%
O

. MgO0.21%
P,O,O.42%

ERGM/RP-50866-FR
Ressources et valorisation des matériaux argileux de la Réunion

OCRE ROUGE

L'OCRE ROUGE est


extrait de noire carriére de
Saint-Amand en Puisaye
(Bourgogne).
Pour un produit plus
régulier dans le temps,
l'Ocre Rouge est obtenu
par calcination de l'Ocre
Jaune A 600°C.
L'Ocre Rouge naturel est
utilisé dans les peintures,
les mortiers.

Présentation

O En poudre

ANALYSE CARACTERISTIQUES
CHIMIQUE TECHNIQUES
O Si0261.52% Avec 20% d'eau
e Al,O, 12.97%
e Fe,Oj 22.24%
O K,O1.03%
O Na,OO.I%
O TiO,0.62%
O CaO0.06%
MgO0.26%
0 P,0,0.29%
O P.F. 1.6%

HEMATITE

HEMATITE est extrait de


notre carrière de Saint-
Arnand en Puisaye.
L'Hématite est utilisé pour
teinter les peintures, les
mortiers ou, en céramique,
pour teinter i'argile ou les
&maux.
Ressources et valorisation des matériaux argileux de la Réunion

Présentation

Enpoudre
Ou Brut d'extraction
de carrière

CARACTERISTIQUES
ANALYSE CHIMIQUE TECHNIQUES
SiO,37.41% Avec 20% d'eau
Al,O, 12.76%
s Fe,O, 37.40%

K,O1.12%
rn Na,O0.05%
TiO,0.60%
CaO0.83%
O MgO0.51%

e MnO0.02%
e P,OO.46%

Exemples d'utilisations :
A L'HUILE 100 g de terre colorante
30 à 100 g d'huile de lin clarifiée
2 à 8 g de siccatif
1à 3 g de cire d'abeille purifiée
ACRYLIQUE 100 g de terre colorante
40 à 60 g de liant acrylique
eau en quantité suffisante
A LA BiERE 1 litre e t demi de bière
6 cuillères à soupe de terre colorante
EN BADIGEON 2 kg de lait de chaux
400 g d'alun
500 g de blanc de Meudon
10 litres d'eau
terre colorante en quantité suffisante
EN MORTIER Mélanger à sec :
chaux
sable
terre colorante
humidifier en suite, au fur et à mesure

BRGM/RP-50866-FR

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