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Dynamique culturelle dans le cas d'une fusion. Et si faire évoluer sa culture


était possible ?

Article in French journal Revue Francaise de Gestion · September 2010


DOI: 10.3166/rfg.206.65-83

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3 authors:

Bénédicte Aldebert Olivier Meier


Aix-Marseille Université University of Paris-Est
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Audrey Missonier Montpellier


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DYNAMIQUE CULTURELLE DANS LE CAS D'UNE FUSION
Et si faire évoluer sa culture était possible ?
Bénédicte Aldebert, Olivier Meier, Audrey Missonier

Lavoisier | « Revue française de gestion »

2010/7 n° 206 | pages 65 à 83


ISSN 0338-4551 ISBN
9782746231658
Article disponible en ligne à l'adresse :
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http://www.cairn.info/revue-francaise-de-gestion-2010-7-page-65.htm
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- 86.246.51.215 - 25/10/2016 16h28. © Lavoisier


Pour citer cet article :
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Bénédicte Aldebert et al., « Dynamique culturelle dans le cas d'une fusion. Et si faire
évoluer sa culture était possible ? », Revue française de gestion 2010/7 (n° 206),
p. 65-83.
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FUSIONS ET ACQUISITIONS
BÉNÉDICTE ALDEBERT
Université de Toulouse, LERASS
OLIVIER MEIER
Université de Paris Est, IRG
AUDREY MISSONIER
ESC Montpellier, CEROM

Dynamique culturelle
dans le cas
d’une fusion

- 86.246.51.215 - 25/10/2016 16h28. © Lavoisier


Et si faire évoluer sa culture était
possible?

Cet article cherche à comprendre, à partir d’une analyse


dynamique d’un rapprochement interentreprise, comment et
pour quelles raisons des managers ont pu faire évoluer la
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culture de leur organisation dans le cadre d’une opération de


rapprochement. L’étude qualitative, de nature exploratoire
conduite en temps réel sur un cas unique de rapprochement
interorganisationnel entre deux sociétés (Médiamétrie et
eStat), nous révèle que le changement réel et profond d’une
culture est possible, dès lors que l’évolution du marché tend
à remettre en cause le paradigme stratégique des
entreprises, c’est-à-dire, leurs légitimités institutionnelle et
économique et par voie de conséquence, leur survie à
moyen/long terme.

DOI:10.3166/RFG.206.65-83 © 2010 Lavoisier, Paris


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L
e développement des stratégies d’in- entreprise, comment et pour quelles raisons
terdépendance entre entreprises constitue des managers ont pu faire évoluer la culture
l’un des phénomènes caractéristiques de de leur organisation.
l’évolution économique contemporaine et L’apport principal de cette recherche est de
fournit un thème de recherche majeur aux montrer que les acteurs d’une entreprise ne
gestionnaires. En effet, la survie des peuvent faire évoluer rationnellement leur
organisations est condi-tionnée par la culture organisationnelle. En effet, le chan-
nécessaire adaptation des entreprises à gement réel et profond d’une culture est
l’environnement. Afin d’y répondre, possible, dès lors que l’évolution du
certaines sociétés sont incitées à rechercher marché tend à remettre en cause le
des partenaires auprès desquels elles paradigme stra-tégique des entreprises,
peuvent obtenir des compétences clés et des c’est-à-dire, leurs légitimités
actifs incorporels indispensables à la institutionnelle et économique et par voie
création de valeur (Finkelstein et Haleblian, de conséquence, leur survie à moyen terme.
2002; Sullivan et Sullivan, 2000). Dans le Dans une première partie, le cadre concep-
même temps, l’organisation recomposée

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tuel de l’étude est présenté autour de deux
doit faire face à un défi de taille, trop sou- approches. La première, délibérément sta-
vent sous-estimé par les dirigeants des tique, propose une grille d’analyse permet-
sociétés concernées: veiller à ce que les tant d’identifier, de façon pragmatique et
comportements, les actions et la manière de explicite, les éléments constitutifs d’une
penser des nouveaux acteurs en présence, culture organisationnelle. La seconde
conduisent le collectif à atteindre des approche, plus dynamique, se concentre sur
objec-tifs stratégiques à l’origine du les résultats des travaux menés autour du
rapproche-ment (Barkema et Schijven, concept de processus d’intégration cultu-
2008; Cording
et al., 2008). Selon cette logique, les diri- relle post-fusion. La deuxième partie
geants doivent en particulier veiller à ce expose la méthodologie suivie. La
que la culture organisationnelle du nouvel troisième restitue un cas réel d’évolution de
ensemble s’apparente à une ressource utile culture organisationnelle entre les sociétés
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pour accomplir efficacement les défis de la eStat et Médiamétrie. Enfin, la dernière


nouvelle organisation (Laamanen et Keil, partie est dédiée à l’analyse et à la
2008; Thévenet, 1993). discussion des résultats et insiste sur les
Néanmoins, face à cette nécessité, un pro- implications managériales de la recherche.
blème majeur subsiste. Comme le souligne
Rojot (2003), si le concept de culture orga- I – CADRE THÉORIQUE
nisationnelle suscite l’attention et la discus-
sion, ce dernier demeure un concept diffi- 1. Identifier la culture organisationnelle:
cile à apprécier et à exploiter dans une proposition d’une grille d’analyse
optique managériale d’autant plus qu’une Selon Ouimet (2005), la culture peut se
culture est propre à une organisation. définir comme un système de valeurs
Tenant compte de ces éléments, cet article (importances des choses) et de croyances
cherche à comprendre, à partir d’une ana- (fonctionnement des choses) partagées par
lyse approfondie d’un rapprochement inter- les membres de l’organisation et dont l’ef-
Dynamique culturelle dans le cas d’une fusion 67

fet principal réside dans l’homogénéisation au fait qu’elle a été spécifiquement


durable de leurs paradigmes (interprétation construite dans le cadre de changements
et signification des choses), et de leurs pra- organisationnels et plus précisément de
tiques. Ainsi définie, on comprend changements post-acquisitions, contexte
aisément que la culture nécessite une dans lequel s’inscrit cet article. Néanmoins,
investigation approfondie, tant son nous avons choisi d’actualiser et d’enrichir
périmètre est large et sujet à interprétation. cette grille à l’aide d’autres travaux,
En effet, se limiter aux seules notamment ceux de Johnson et al. (2005)
manifestations extérieures peut conduire à qui positionnent les composantes
une compréhension superficielle
de la culture organisationnelle, dans la d’une culture en fonction de quatre
mesure où cette dernière puise sa force niveaux: manifestations visibles, comporte-
dans les croyances partagées des ments, valeurs proclamées et croyances
organisations (Schein, 1999). Par tacites1. La grille d’analyse ainsi construite
conséquent, l’observa-tion ne suffit pas est directement mise en pratique à partir de

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pour analyser et com-prendre la culture notre cas empirique, et plus précisément
d’une entreprise. des sociétés étudiées, à savoir eStat (voir
Afin d’optimiser et faciliter cet exercice, tableau 1) et Médiamétrie (voir tableau 2).
une grille d’analyse est proposée par Meier Si ces différentes représentations ont le
et Schier (2009), visant à décrypter la cul- mérite de mettre en lumière de nombreux
ture d’entreprise à partir d’un ensemble critères d’identification d’une culture d’en-
d’éléments plus ou moins identifiables au treprise et d’opérationnaliser cette dernière,
sein des organisations données. Cette grille elles restent cependant foncièrement sché-
a été retenue pour deux principales raisons. matiques et statiques. Elles omettent, en
La première est qu’elle reprend l’ensemble particulier, le caractère diachronique de la
des éléments constitutifs de la culture culture spécialement dans le cadre d’un
recensés dans la littérature, à savoir dix rap-prochement interorganisationnel.
items: l’histoire, le métier, les valeurs
2. Culture et processus de
dominantes, les éléments d’identification et
rapprochement interorganisationnel:
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d’appartenance, le positionnement face à


l’environnement, le type de structure, le une question d’intégration
processus de décision, le style de manage- L’intégration consiste en la réunion de
ment et de source de pouvoir, les politiques deux sociétés, initialement indépendantes,
des ressources humaines et les comporte- qui décident de se réunir en une seule et
ments et attitudes. La seconde raison tient même

1. Pour Johnson et al. (2005), les manifestations visibles recouvrent les composantes de la culture les plus
évidentes à l’observation (codes vestimentaires, ambiance, répartition des bureaux, etc.). Les comportements
correspondent aux activités de l’organisation lui permettant de fonctionner normalement et durablement (structure,
modes de contrôle, routines etc.). Les valeurs proclamées sont généralement les raisons communiquées
officiellement par les membres de l’organisation, le plus souvent dans les objectifs affichés par cette dernière (par
exemple, la compagnie IBM communique fortement sur l’idée qu’elle est un « innovateur au service des
innovateurs »). Les croyances tacites partagées sont composées de croyances fortes, souvent invisibles car
inconscientes (elles sont du domaine de l’évidence), mais partagées par les acteurs de l’organisation. Pour
comprendre et identifier ces dernières, il faut remonter à l’origine de la création d’une organisation, retracer son
histoire et sa manière d’agir au travers des évé-nements qui l’ont faite évoluer.
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entité. Barmeyer et Mayrhofer (2002) pose à l’autre), la séparation (préservation


préci-sent que ce « processus d’intégration des cultures et des structures) et enfin, la
ne concerne pas uniquement la stratégie, déculturation (création d’une nouvelle cul-
les techniques et les relations humaines. Il ture). Complétant ces travaux, Marks et
doit aussi prendre en compte la dimension Mirvis (1994) ont analysé plus particulière-
cul-turelle collective: les entreprises ont ment le rapport de forces entre les parte-
une histoire et des modes spécifiques de naires et les apports respectifs de chacun à
fonc-tionnement, qui constituent leur la nouvelle entité. En fonction des
identité » (ibidem, p. 4). concessions plus ou moins fortes opérées
Plusieurs travaux ont étudiés la question du par chacun d’entre eux, cinq configurations
niveau culturel de l’intégration de deux possibles ont été mises en évidence:
sociétés, aux prises à des valeurs, l’absorption (l’acquéreur apporte de
comporte-ments et pratiques spécifiques. nouveaux systèmes de management et
Certains tra-vaux ont porté leur intérêt sur transforme l’autre entité en profondeur), la
les risques encourus par l’apparition fusion renversée (l’acquis impose sa
culture à l’acquéreur), la préser-vation, la

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d’incompatibilités culturelles (Schweiger et
Weber, 1989), afin d’examiner les transformation créatrice (les parte-naires
changements de comporte-ments qui génèrent une nouvelle gestion de leur
résultent de l’interaction et de la mise en société et transforment leurs cultures), et
commun de deux cultures d’organi- enfin le meilleur des deux (mise en
commun
sations différentes (Sales et Mirvis, 1984). des caractéristiques culturelles perçues
L’argument mis en avant est que la comme étant les meilleures).
compati-bilité culturelle entre les deux Ces typologies combinent ainsi l’analyse
sociétés réduit les difficultés d’intégration des différences culturelles avec l’étude du
au niveau indivi-duel et favorise ainsi le processus d’intégration, avec comme
processus d’intégra-tion. De même, des objec-tif de mieux déterminer le profil
recherches se sont concentrées sur l’étude culturel de la nouvelle entité. Cependant,
des divergences cul-turelles (Buono et al., comme nous le voyons ci-après, ces
1985). Pour Marks et Mirvis (1992, 1998),
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travaux n’expliquent pas quels sont les


Cartwright et Cooper (1996), critères culturels qui conduisent les
l’incompatibilité organisationnelle et dirigeants à privilégier cer-taines
culturelle serait susceptible d’expliquer la configurations culturelles au détri-ment
faiblesse du taux de réussite des opérations d’autres, et si leurs choix initiaux de
de rapprochement. D’autres recherches se configuration sont amenés à évoluer au
sont plus précisément intéressées à la cours du même processus, en vue d’at-
notion d’acculturation, définie par teindre l’objectif du rapprochement.
Nahavandi et Malekzadeh (1988) comme
l’ensemble des changements opérés dans
deux systèmes culturels en contact et II – ENJEUX ET DIFFICULTÉS D’UN
s’influençant mutuel-lement (Elsass et PROCESSUS DE CHANGEMENT
Veiga, 1994). Les auteurs ont ainsi identifié CULTUREL: LE CAS
quatre modes d’accultura-tion: l’intégration MÉDIAMÉTRIE-ESTAT
(préservation des cultures en présence mais L’étude du rapprochement entre les sociétés
fusion des structures), l’assimilation (une Médiamétrie et eStat vise à présenter un
des deux cultures s’im-
Dynamique culturelle dans le cas d’une fusion 69

MÉTHODOLOGIE

La méthodologie de recherche retenue repose sur une démarche qualitative, longitudinale,


de nature exploratoire et sur l’étude en temps réel d’un cas unique et original de
rapprochement interorganisationnel entre deux sociétés dans le secteur des technologies de
l’information et des communications (cas Médiamétrie et eStat).
Le choix de ce cas unique se justifie par deux principales raisons mises en avant par une
par-tie de la littérature scientifique (Yin, 2009; Koenig, 2004). Il contribue à servir d’«
expé-rience cruciale » tout en apportant une « contribution théorique », en remettant en
question certains schémas établis sur l’émergence d’une nouvelle culture et en proposant de
nouveaux éléments explicatifs de la dynamique culturelle dans le cas d’une fusion. Le cas
proposé per-met aussi de délimiter, confirmer ou infirmer les travaux antérieurs sur les
changements cul-turels dans le cas de fusions acquisitions.
Cette recherche porte sur une opération de croissance externe réalisée sur le marché de la
mesure d’audience de sites internet. L’objectif du rapprochement est de compenser la
puissance et la taille des principaux concurrents sur le marché, par la mise en place d’une

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organisation nouvelle, s’appuyant sur les qualités et savoir-faire des deux entités, en vue de
produire un avantage concurrentiel durable. La description et la compréhension du
processus de changement culturel reposent sur la conduite d’entretiens semi-directifs réa-
lisés auprès de tous les acteurs d’eStat et de Médiamétrie, soit 33 entretiens (18 sur le site
d’eStat, et 15 sur le site de Médiamétrie). Les entretiens ont tous été intégralement
retranscris et validés par les acteurs concernés. 380 documents ont été collectés, y com-pris
des documents confidentiels rarement accessibles à la recherche (notamment, 16 pro-cès
verbaux des comités de direction et 5 des assemblées générales). 153 journées
d’observation sur une période de 18 mois ont été effectuées. Les faits observés et les
remarques des acteurs ont été notés dans un « journal de recherche ». Le logiciel
ATLAS/TI, spécifique à la recherche qualitative, a constitué une aide importante pour
synthétiser, présenter et analyser la variété des données récoltées. Le cas d’étude a fait
l’objet d’un codage autour de la grille de lecture sur l’analyse culturelle, élaborée et
présentée dans cet article. Ainsi, 14 codes ont été définis, comme par exemple: EV-CL
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(événements clés), CO-VEST (codes vestimentaires), SYM (symboles), etc.

processus réel, particulièrement long et 1. L’environnement des deux entreprises


complexe de changement culturel. Pour ce Le marché sur lequel interviennent eStat et
faire, l’environnement des entreprises et Médiamétrie est celui de la mesure d’au-
leur histoire respective sont présentés. Puis, dience. Il existe sur ce marché deux types
nous analysons le processus de rapproche- d’outils qui ne mesurent pas les mêmes
ment entre les deux sociétés, autour de paramètres et n’appréhendent pas les l’étude des
changements culturels. mêmes réalités. Ces deux types de mesure
70 Revue française de gestion – N° 206/2010

sont le SITE Centric (mesure basée sur le vingt ans, a su s’imposer comme leader sur
site internet) et le USER Centric (mesure le marché. La société a réalisé 36,2
basée sur l’utilisateur). millions d’euros de chiffres d’affaires en
Ils permettent de connaître, pour une entre- 2002, des bénéfices de l’ordre de 2 à 3 %
prise cliente, son audience2. Les clients sur par an, la plupart réinvestis pour améliorer
ce marché sont désireux de connaître leur les ser-vices. Sa reconnaissance forte est
audience, afin de pouvoir établir une com- due au fait qu’elle ait acquis le monopole
paraison avec les autres entreprises du de la mesure d’audience sur les marchés de
même secteur et ainsi se positionner face à la télévision, du cinéma et de la radio.
la concurrence. Cette position de leader lui confère une
eStat a été fondée en 1997 par deux jeunes assurance dans ses actions et décisions. De
ingénieurs et par un entrepreneur particuliè- plus, la taille de l’entreprise Médiamétrie,
rement dynamique et connu pour son sens (350 salariés) lui confère un poids
des affaires et son esprit « paternaliste ». La prépondérant. L’entreprise est située sur
société située à Sophia Antipolis était au Paris à Levallois Perret, et regroupe

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commencement une filiale de la société l’ensemble de ses équipes au sein d’un
Écho Interactive. Elle a assis sa prospérité immeuble de standing, reflet de sa
sur le développement de technologies inter- renommée. Médiamétrie est une grande
net vers la fin des années 1990. Avec peu entreprise et elle privilégie la mise en place
de moyens matériels et humains, elle a su et le respect de procédures et de normes
déve-lopper des outils innovants et s’est qualité.
vite imposée comme l’acteur de référence
sur le marché national (mis au point l’un 2. Le processus de rapprochement
des pre-miers moteurs de recherche pour interorganisationnel
internet). En février 2001, le rachat d’Écho Les entreprises eStat et Médiamétrie mani-
Interactive par France Télécom est conclu festent rapidement leur volonté mutuelle de
et cette der-nière devient le pôle de s’associer. Les partenaires partagent les
compétence « High Tech » du groupe mêmes perspectives d’avenir avec l’ambi-
Wanadoo. À ce moment, la majorité des tion de devenir leader du marché, notam-
acteurs d’eStat quittent France Télécom
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ment par la création d’une innovation tech-


pour relancer la start-up eStat. Ainsi, les nologique conjointe: commercialiser un
acteurs d’eStat ont un vécu commun qui se nouveau produit (« SITE+USER ») devant
manifeste par un fort atta-chement à la leur procurer un précieux avantage concur-
société et à ses dirigeants. Privatisée en rentiel. Le 11 juin 2003, la signature du
1985, Médiamétrie est recon-nue comme pro-tocole d’accord confirme et précise les
une « institution » sur le mar-ché de la intentions exprimées entre les deux socié-
mesure d’audience des médias. Son tés. Le capital de Médiamétrie-eStat est
président directeur général depuis partagé équitablement: 50 % des actions

2. La mesure SITE permet à une entreprise bénéficiant d’un site internet, de connaître et d’évaluer la fréquentation
de son site, le nombre de pages vues, le parcours de l’internaute, le nombre de connexions par jour, etc. À la diffé-
rence du USER Centric, cette mesure n’est pas nominative. Le USER Centric permet d’identifier l’internaute se
connectant sur le site, à partir de sa catégorie socioprofessionnelle. Le USER Centric est notamment connu pour
mesurer l’audience de la télévision et de la radio.
Dynamique culturelle dans le cas d’une fusion 71

Tableau 1 – Grille d’analyse de la culture eStat

Composantes Application à la société eStat Analyse

1) MANIFESTATIONS VISIBLES

Mythes: (histoire, – Fondateurs qualifiés de « génie »


événements clés) Sentiment fort d’appartenance du personnel
CULTURE
– Tenue vestimentaire très décontractée FAMILIALE
Symboles (jargon, code
– Répartition des bureaux importe peu
vestimentaire, horaires de
– Jargon très technique
travail, logos, etc.)
– Gestion du temps de travail très souple

2) COMPORTEMENTS

– Absence de formalisme
Système de contrôle – Management consultatif
– Actionnaires-salariés

– Système d’autorité informelle

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– Absence de planification
Structure de pouvoir et
– Privilégier la flexibilité et la réactivité
processus de décision
– Croyances des dirigeants dans le dynamisme
de la société et leur capacité à innover
CULTURE
Structure – Très bon climat social INFORMELLE
organisationnelle – Acteurs fortement impliqués et motivés CULTURE
+ – Forte autonomie accordée aux équipes – DÉCENTRALISÉE et
Politique de gestion des Pas de réelle hiérarchie et organisation – PARTICIPATIVE
ressources humaines + Acteurs évalués sur leurs résultats –
Communication-mode Volonté de valoriser le personnel –
de diffusion Communication interne faible: aucune
réunion formelle

– La majorité des acteurs d’eStat ont quitté France


Télécom pour relancer la start-up et suivre une «
Rites et routines nouvelle aventure » auprès de leurs dirigeants –
Discussion informelle entre les acteurs
– Sortie entre collaborateurs fréquentes en dehors des
heures de travail
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3) VALEURS PROCLAMÉES

Objectifs dominants – Devenir la mesure de référence


– Pérenniser la société
– Développer des solutions innovantes
Référentiels en termes CULTURE
de développement – La notoriété technique TECHNOLOGIE –
– Les innovations apportées aux produits PRODUIT
Position face à TOLÉRANCE AU
– Subit les pressions de l’environnement RISQUE
l’environnement (innover rapidement)
– Devenir la référence du marché

4) CROYANCES TACITES PARTAGÉES

Société historiquement insoumise, qui n’a pas peur du changement et de se lancer de nouveaux défis.
Orientée vers l’extérieur, elle est désormais contrainte à changer suite à la fusion avec Médiamétrie
72 Revue française de gestion – N° 206/2010

Tableau 2 – Grille d’analyse de la culture Médiamétrie

Composantes Application à la société Médiamétrie Analyse

1) MANIFESTATIONS VISIBLES

– Privatisée en 1985, monopole de la mesure


Mythes: (histoire, d’audience des médias audiovisuels
événements clés) – Forte stabilité des résultats (situation de monopole)
– Poids important du P-DG
CULTURE FORTE
Symboles
(jargon, code – Tenue vestimentaire stricte
vestimentaire, horaires – Bâtiments luxueux
de travail, logos, etc.)

2) COMPORTEMENTS

– Fermeté des décisions


– Respect de nombreuses procédures
Système de contrôle – Management autocratique

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– Préparation importante des réunions
(ordre du jour, reporting, etc.)

– Système d’autorité formelle


Structure de pouvoir et – Dirigeants sont des salariés
processus de décision – Très formalisée et standardisée
CULTURE
Structure – Faible autonomie accordée aux équipes FORMELLE
organisationnelle – Importance de la stabilité interne et PROCÉDURIÈRE
+ et au respect du règlement
Politique de gestion des – Forme pyramidale/Nombreux niveaux hiérarchiques
ressources humaines + – Nécessité d’établir de nombreux budgets, de
Communication-mode planifier, de coordonner
de diffusion – Communication interne forte: nombreuses réunions
– Mentalité centrée sur la préservation des acquis

– Société connue comme étant une « institution »


Rites et routines – Société prestigieuse et d’un certain « standing » avec
des actionnaires connus comme TF1 et M6 – Sortie
entre collaborateurs peu fréquentes
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3) VALEURS PROCLAMÉES

Objectifs dominants – Devenir leader incontesté du marché


– Satisfaire ses clients (dont certains sont aussi
actionnaires de la société)

Référentiels en termes – La notoriété


de développement – Les références (nombre de clients) CULTURE CLIENT
– La qualité de service (rigueur scientifique pour la
mesure d’audience)
Position face à
l’environnement Devenir la référence de la mesure d’audience pour tous
les médias audiovisuels sur le marché national

4) CROYANCES TACITES PARTAGÉES


Médiamétrie a une confiance forte dans ses décisions et actions. Son ancienneté, son expérience
managériale, ses succès l’amènent à penser qu’elle dispose d’une certaine légitimité pour orienter
les règles de fonctionnement face à un nouveau partenaire, comme eStat.
Dynamique culturelle dans le cas d’une fusion 73

sont détenues par eStat et 50 % par Média- « Un des points importants pour nous lors
métrie. Le 11 septembre 2003, les action- des négociations était de préserver nos spé-
naires se réunissent pour décréter l’exis- cificités: toute notre équipe, notre dyna-
tence juridique de la société. La forte misme. Nous gardons notre site et Média-
implantation de Médiamétrie sur le marché métrie le leur. » (cadre dirigeant eStat).
des médias audiovisuels et la reconnais- Toutefois, située à des distances géogra-
sance d’eStat dans le milieu Internet, phiques importantes, chaque équipe opéra-
confè-rent à la nouvelle société une double tionnelle, confiante dans ses actions et com-
assise que celle-ci doit renforcer, en créant pétences techniques, prend des décisions et
une
innovation née de la fusion des deux solu- opère des manipulations sans avertir
tions techniques USER et SITE, en vue de l’équipe située sur l’autre site. De fait, la
devenir leader. situation devient vite ingérable.

Phase 1: une volonté de préserver Phase 2: Médiamétrie veut imposer


les cultures existantes sa culture face à celle d’eStat

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La nouvelle société Médiamétrie-eStat Au bout de trois mois, chacune des deux
repose ainsi sur un partage équitable du équipes techniques dénoncent les
pou-voir et du contrôle. Les acteurs difficultés de collaboration. Les problèmes
dirigeants entendent privilégier une de commu-nication couplés à ceux de mise
démarche « de partage », centrée sur le en commun de leurs technologies,
respect des entités et la mise en place de handicapent la réalisa-tion des synergies
comportements coopératifs. Lors de attendues. Les acteurs de Médiamétrie se
l’annonce de la fusion, les dirigeants ont plaignent du manque de transparence et de
veillé à rassurer les équipes quant aux visibilité. Les acteurs d’eStat, peu habitués
changements à venir. Notamment, les à communiquer de manière formelle,
valeurs proclamées visaient à mettre en n’éprouvent pas le besoin de tenir
évidence l’avenir prospère de la société régulièrement informés les équipes de
suite au rapprochement dans un cli-mat de Médiamétrie. Ces divergences contrai-
confiance. gnent la réussite de la fusion et retarde
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Au niveau culturel, les salariés ont été l’avancement du projet d’innovation,


informés que leurs habitudes de travail comme l’explique le discours des
n’al-laient pas changer et qu’aucun dirigeants:
licenciement ne devait être opéré. Les « Je crois que culturellement il y a un choc,
effectifs de la nou-velle entité sont répartis et on ne sait pas comment coordonner l’en-
dans deux locaux semble. Nous n’avons pas appris à suffi-
différents (Paris pour Médiamétrie et samment nous connaître. » (membre 1
Sophia-Antipolis pour eStat). Le comité de comité direction).
direction (Codir) contrôle chaque mois l’at- « Le rapprochement de culture n’est pas
teinte des résultats escomptés et fixe les possible […]. Nous n’avons pas les mêmes
objectifs à court et moyen terme. méthodes de travail. Toute la difficulté est
« […] La fusion ne doit pas changer nos de faire coexister ces deux mondes. »
conditions de travail. Les équipes restent (membre 3 comité direction).
les mêmes, les responsables aussi. » Ces difficultés se manifestent par des
(directeur financier eStat). retards dans les projets stratégiques, des
74 Revue française de gestion – N° 206/2010

problèmes de définition des responsabilités, sement dénoncer les retards concernant la


de modalités de contrôle, etc. Aussi, à ce commercialisation de cette innovation tech-
stade de la fusion, Médiamétrie veut claire- nologique, particulièrement attendue par le
ment imposer son mode de marché.
fonctionnement. Les actionnaires Le 9 mars 2005, les fondateurs d’eStat
s’accordent alors pour confier la gestion de accompagnés des membres du Codir, déci-
la société à l’entreprise Médiamétrie. Cette dent d’organiser une réunion auprès des
dernière recrute en externe, un nouveau équipes afin de les rassurer. Lors de cette
président du Codir. Il possède une voie réunion sur le site d’eStat, un des techni-
prépondérante et a toute légitimité pour ciens explique clairement qu’il est préfé-
trancher les décisions, en cas de blocage. rable pour le fonctionnement de la société
Médiamétrie modèle le nouvel ensemble et la réalisation du projet, de répartir les
selon ses principes de fonctionnement: fonctions des deux parties. La solution
planification stratégique forte, création envisagée est que chacune des parties ait la
d’un règlement intérieur, mise en place de responsabilité d’une activité bien définie du

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nombreuses procédures techniques, projet, activité qui devra correspondre à ses
élaboration de reportings pour les équipes compétences.
opérationnelles et création de niveaux Cette solution n’avait jamais été envisagée
hiérarchiques. jusqu’alors et s’impose comme une néces-
Face à l’impossibilité de trouver une ges- sité et une évidence aux membres du Codir.
tion efficace de la société, les tensions ne Les membres du Codir et actionnaires
font que se multiplier et aucune avancée souli-gnent la nécessité d’opérer une
n’est constatée sur le projet d’innovation meilleure répartition des tâches afin que
technologique « SITE+USER ». Les diri- chacun puisse se concentrer sur ses
geants de Médiamétrie reconnaissent pro- spécificités: eStat, l’opérationnel et les
gressivement que la rigueur de développements tech-nologiques, et
management imposée à eStat créée des Médiamétrie, le décisionnel, l’organisation
contraintes fortes et nuit à toutes formes de et la planification du projet d’innovation.
« créativité » : En annexe du Codir du 9 mars 2005, les
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« Ça n’est pas dans notre culture que d’in- actionnaires énoncent, dans un document
nover. Il est certain qu’eStat a des compé- officiel intitulé « Réponse des actionnaires
tences et une expertise que nous n’avons aux questions posées par les salariés », les
pas, notamment en termes d’innovation. Il dispositions prises pour appli-quer la
est impératif de trouver un mode de fonc- nouvelle stratégie, améliorer et réor-ganiser
tionnement avec eStat qui nous permet de le fonctionnement de la société. La
développer nos synergies et d’innover. » stratégie de l’entreprise est redéfinie, tandis
(membre comité direction, directeur tech- que l’ambition forte des dirigeants est clai-
nique médiamétrie). rement stipulée:
« […] Nous voulons que Médiamétrie-
Phase 3: le renouveau? eStat devienne une organisation bien huilée
À l’annonce de la fusion, Médiamétrie- pos-sédant les bons outils et dont les
eStat avait largement communiqué sur la membres partagent ensemble une vision
sortie prochaine de l’innovation SITE+ commune et nouvelle. C’est notre objectif
USER. Leurs clients commencent à sérieu- que d’opérer
Dynamique culturelle dans le cas d’une fusion 75

cette transformation radicale. » (Annexe du professionnels avant les intérêts personnels.


Codir du 9 mars 2005). Maintenant je suis confiant car je sais que
La société est organisée en logique projet la société va se pérenniser. Quoiqu’il en
autour d’équipes spécifiques autonomes, soit l’intégration est terminée et maintenant
sélectionnées pour leurs compétences clés nous pensons et agissons comme une
(techniques ou commerciales) ayant une unique et seule société! » (membre comité
durée de vie limitée. Ce mode d’organisa- direction, 12 septembre 2005).
tion est désormais considéré par les diri-
geants comme le mode de fonctionnement
III – ANALYSE ET DISCUSSION
normal du nouvel ensemble, afin d’insuffler
en permanence une culture de mouvement Afin de comprendre le déroulement du pro-
pour rester innovants au sein du secteur. En cessus de changement culturel observé, il
plus du projet « SITE+USER », des projets convient d’abord de procéder à un diagnos-
techniques innovants ont vu le jour (le e- tic des cultures. À partir de la grille d’ana-
commerce, la mesure d’audience radio) lyse proposée, nous identifions les complé-
ainsi qu’un projet commercial ambitieux

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mentarités culturelles entre les partenaires,
(visant à conquérir 80 % des clients du mais aussi les différences susceptibles de
prin-cipal concurrent). Un nouveau comité poser des difficultés quant à la réalisation
est crée, qualifié de « comité de des objectifs stratégiques. Ensuite, le pro-
surveillance » (CS), regroupant les cessus de changement post-fusion est ana-
principaux action-naires de la société. Il a lysé et discuté.
pour mission d’in-troduire un nouveau
système de pilotage et de contrôle au sein 1. Des cultures différentes
des activités et fixe les objectifs mais complémentaires
stratégiques à plus de trois mois. Par Le double diagnostic réalisé au sein des
ailleurs, afin de créer une nouvelle cohésion sociétés eStat (voir tableau 1) et Médiamé-
de groupe, la société a pris pour habitude trie (voir tableau 2) permet d’identifier
d’organiser des réunions collec-tives dans leurs points forts et de souligner des diffé-
un cadre ludique et conviviale, le plus rences notables entre les partenaires et de
souvent au Club Méditerranéen, qui
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présenter la nouvelle culture de Médiamé-


démarque fortement de la culture tradition- trie-eStat (voir tableau 3). L’entreprise de
nelle de l’entreprise Médiamétrie. Un an type « start-up » (eStat) est face à une
après la mise en place de cette nouvelle grande entreprise structurée, hiérarchisée et
organisation, le climat social semble rétabli formalisée (Médiamétrie). eStat repose sur
et les objectifs stratégiques en bonne voie. « un système d’autorité « informelle » et
La société va bien et notre objectif de privilégie un système de management
fusion est près d’être atteint. Je trouve que fondé sur la flexibilité et la réactivité. Sa
c’est un succès. C’est vrai que le seul point culture est fortement technologique. Les
négatif n’est pas professionnel mais person- acteurs partagent une histoire et manifes-
nel. L’ambiance a changé, ce n’est plus tent des pratiques de travail communes et
comme avant, mais c’était obligé. Nous soudées. A contrario, Médiamétrie repose
nous sommes rapprochés d’une autre sur un système d’autorité formelle et
société! Mais il faut faire passer les intérêts
76 Revue française de gestion – N° 206/2010

Tableau 3 – Grille d’analyse de la nouvelle culture Médiamétrie-eStat


(en phase 3)

Composantes Application à la société Médiamétrie-eStat Analyse

1) MANIFESTATIONS VISIBLES

Mythes (histoire, – Fusion des sociétés Médiamétrie et eStat en 2003


événements clés) – Légitimité économique et technique forte sur le
marché
Symboles
(jargon, CULTURE
code vestimentaire, DE MOUVEMENT
horaires de travail, Organisation de week-end « Club Med »
logos, etc.)

2) COMPORTEMENTS

– Création d’un Comité de Surveillance qui fixe les


Système de contrôle
objectifs stratégiques > à 3 mois

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– Préparation collective des réunions (dispositifs
d’ordre du jour, de reporting, etc.)
Structure de pouvoir et
processus de décision – Équipes projets autonomes
– Évaluation aux résultats
Structure
organisationnelle – Organisation par équipes projet
+ – Mise en place d’un système de veille CULTURE
Politique de gestion – Benchmarking D’OUVERTURE
des ressources humaines – Procédures d’alerte avec remontée de l’information – et de PROJET
+ Communication de l’avancement et des difficultés du
Communication-mode projet à l’aide de tableaux de bord
de diffusion – Recrutement d’anciens dirigeants (expérience
managériale et ouverture d’esprit)
Rites
et – Société connue comme voulant devenir
routines la référence sur le marché
– Sortie entre collaborateurs deviennent fréquentes

3) VALEURS PROCLAMÉES
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Objectifs dominants – Devenir le leader incontesté du marché


– Pérenniser la société
– Faire de la nouvelle société un pôle « high Tech »
Référentiels en termes de
développement – La notoriété des deux anciennes sociétés CULTURE HIGH
– La qualité de service et des innovations produites TECH/INNOVANTE
Position face à
l’environnement Obtenir un précieux avantage concurrentiel:
commercialiser l’innovation « SITE + USER »

4) CROYANCES TACITES PARTAGÉES

La nouvelle société a une vision commune de l’avenir, identifiant les mêmes priorités stratégiques:
pérenniser la société et se positionner en tant qu’entreprise à la pointe de la technologie
Dynamique culturelle dans le cas d’une fusion 77

impose une planification et une coordina- différenciation culturelle. La principale rai-


tion forte de ses activités. Aussi, les diri- son est due au désir de préserver leurs spé-
geants d’eStat sont actionnaires de la cificités, jugées nécessaires à l’atteinte de
société et manifestent ainsi la nécessité de l’objectif de fusion: la création de l’innova-
valoriser leurs parts. À la différence, les tion technologique. À la différence, l’accul-
dirigeants de Médiamétrie sont salariés et turation observée durant la phase 2, semble
ont tendance à vivre sur leurs acquis. Enfin, coïncider avec le modèle « d’assimilation »
eStat est une société historique-ment (une des deux cultures s’impose à l’autre)
insoumise, qui n’a pas peur du chan- défini par Nahavandi et Malekzadeh
gement et de se lancer dans de nouveaux (1988), ou encore celui de « l’absorption »
défis avec une tendance à définir les (l’ac-quéreur apporte de nouveaux
objectifs à court terme. A contrario, le systèmes de management et transforme
l’autre entité en
diagnostic culturel de Médiamétrie profondeur) selon Marks et Mirvis (1994).
témoigne de la tendance qu’elle peut avoir eStat doit s’aligner au système de manage-
à vouloir maîtriser et contrôler l’ensemble ment de Médiamétrie. Si on se réfère à

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des situations. Marks et Mirvis (1994), les degrés de chan-
Si des contradictions fortes existent entre gements au sein de Médiamétrie sont
leurs cultures organisationnelles, toutefois, faibles à la différence de ceux observés au
les dirigeants identifient les mêmes sein d’eStat. Enfin, la phase 3 semble
priorités stratégiques et partagent une correspondre au modèle de « décultu-ration
vision com-mune de l’avenir (analyse » (création d’une nouvelle culture)
semblable du mar-ché et même approche (Nahavandi et Malekzadeh, 1988), ou de «
de la concurrence). Médiamétrie souhaite, transformation créatrice » (les partenaires
par le rapprochement avec eStat, bénéficier génèrent une nouvelle gestion de leur
du dynamisme et de la réactivité d’une société et transforment leurs cultures)
petite société. (Marks et Mirvis, 1994), ou encore de «
création organisationnelle » (Leroy, 2003)
2. Les changements de culture que nous qualifions « d’innovation cultu-
relle ». Dans ce cas, l’intégration n’est pas
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À partir des travaux sur le processus d’inté-


gration et le changement culturel mention- simplement un choix entre le meilleur des
nés dans le cadre théorique, il est possible deux systèmes mais se caractérise par
d’identifier et de qualifier chaque phase de l’apparition d’une nouveauté organisation-
changement observée. La phase 1 apparaît nelle. On évolue vers la création d’un nou-
correspondre au mode d’acculturation qua- vel ensemble, régi par de nouvelles valeurs,
lifié par les auteurs de « préservation » une nouvelle approche du métier et des
(Nahavandi et Malekzadeh 1988; Elsass et clients et de nouveaux principes de mana-
Veiga, 1994). Le pluralisme culturel est ici gement (mise en place d’équipes projet,
volontairement maintenu. Les partenaires lancement de nouveaux projets, de nou-
n’entendent pas s’intégrer organisationnel- velles procédures de recrutement, etc.).
lement et demeurent relativement auto- Médiamétrie-eStat ambitionne alors de
nomes au niveau de leur fonctionnement. développer une nouvelle vision stratégique
Les forces d’intégration organisationnelle et une nouvelle culture.
sont faibles et les dirigeants privilégient la
78 Revue française de gestion – N° 206/2010

Si le cas étudié permet d’enrichir les tra- d’actions). Les deux organisations sont
vaux sur le phénomène d’acculturation, il considérées réciproquement comme légi-
n’en demeure pas moins que ces derniers times dans le cadre du rapprochement.
nous limitent dans la recherche d’explica- Médiamétrie est légitime sur le plan écono-
tions fondées. En effet, comment expliquer mique en tant qu’initiateur du rapproche-
le passage entre ces trois phases? Pourquoi ment et un des leaders du secteur. De
les acteurs dirigeants ont-ils finalement jon- même, eStat tire sa légitimité de sa spécifi-
glé entre un modèle de « préservation » cité technologique qui lui confère un avan-
(phase 1), « d’assimilation » (phase 2) et de tage distinctif sur le marché. Il y a donc ici
« déculturation » (phase 3) ? La grille préservation des « paradigmes straté-
d’analyse proposée ainsi que l’examen giques » des deux entreprises, ce qui
approfondie des modèles de classification conduit les dirigeants au choix du mode de
de la culture en phase d’intégration, nous « préservation », de peur de détruire de la
limitent dans la compréhension et valeur dans le cadre du nouvel ensemble.
l’explica-tion des phénomènes observés. Il En phase 2, le paradigme stratégique
d’eStat ou en d’autres termes sa légitimité

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convient donc de poursuivre la réflexion,
en compa-rant la nature des phases et leur institutionnelle et économique est remise en
spécificité. cause par Médiamétrie, qui va de fait, lui
imposer sa vision stratégique, son mode
3. La remise en cause du paradigme d’organisation et de gestion managériale.
stratégique: pour un changement Face à l’absence de résultats Médiamétrie
culturel réussi décide de prendre les choses en main et
Afin d’enrichir la discussion, il nous a sem- d’asseoir sa domination sur l’autre entité.
blé utile d’introduire le concept de « para- On constate dès lors des changements cul-
digme stratégique », défini par Koenig turels uniquement au sein d’eStat. Ces der-
(2004), comme la traduction plus ou moins niers s’opèrent au niveau des trois «
explicite de la façon admise au sein de couches culturelles » définies par Hall
l’en-treprise d’expliquer les succès d’hier (1984). Plus précisément, les changements
et d’aujourd’hui. Nous développons ici de premier niveau concerne ce qui est aisé-
l’idée forte selon laquelle c’est la mise en ment identifiable et explicite, à savoir les
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péril du paradigme stratégique d’une règles/procédures. Ces changements se tra-


entreprise, de sa légitimité institutionnelle duisent par une mise en place stricte de pra-
et économique, qui pose la nécessité tiques de gestion et d’organisation chez
d’opérer un change-ment réel et profond de eStat et par la création de règles explicites
la culture d’entre-prise. En effet, la phase 1 de fonctionnement (1). Le deuxième niveau
se caractérise par une volonté de préserver touche ce qui est plus implicite à la société
le paradigme stra-tégique d’eStat et de eStat, à savoir ses croyances (transforma-
Médiamétrie (main-tien des bases de tion de ses orientations générales)3, ses
légitimité de chaque entité et conservation
de leurs modes de pensée et
3. Une modification des croyances d’eStat se traduit par une transformation de ses orientations générales. Alors,
que ces dernières étaient « s’orienter vers ses collaborateurs » (manifeste l’importance de maintenir un bon climat
social) et « valoriser la société » (témoigne de la volonté d’innover et du dynamisme de la société) (cofondateur de
eStat), Médiamétrie lui impose ses propres croyances qui sont: « s’orienter vers ses clients » et « la recherche de
consensus » (directeur commercial de Médiamétrie).
Dynamique culturelle dans le cas d’une fusion 79

valeurs (redéfinition de la rémunération ties prenantes (clients notamment), conduit


avec une révision du système d’octroi des à une réorientation de la façon d’envisager
primes) et ses normes (les règles de com- le développement du nouvel ensemble,
portement propres sont changées avec impliquant une évolution radicale de la cul-
notamment une redéfinition des horaires de ture du groupe (voir figure 1). La remise en
travail plus stricte) (2). Enfin, une mutation question de la stratégie du nouvel ensemble
est opérée au niveau des postulats impli- par des acteurs extérieurs et plus générale-
cites définis comme les fondamentaux tou- ment par les clients, conduit les dirigeants
chant à l’existence et à la justification de de Médiamétrie à se retrouver quelque peu
l’entreprise en termes de rôle et de légiti- désarmés, perdus, n’ayant pas de réponse
mité à l’intérieur et à l’extérieur de celle-ci. institutionnelle et enracinée à l’absence de
Ces fondamentaux touchent la recherche résultats et à la perte progressive de compé-
d’indépendance qui est remise en cause (les titivité. Cette situation nouvelle et non pré-
équipes d’eStat cultivaient jusqu’alors leur vue, conduit à repenser le cadre stratégique
autonomie et indépendance) et la défense des métiers et des activités des entreprises
des intérêts des actionnaires (l’équipe diri- et donc progressivement à renouveler le

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geante de salariés de Médiamétrie va impo- paradigme des deux partenaires (voir
ser son mode de gestion à l’équipe diri- tableau 3). Cette ouverture au changement
geante d’actionnaires d’eStat) (3). Ainsi, au niveau des postulats implicites des deux
eStat accepte cette triple remise en cause de organisations permet de déboucher sur une
sa culture. Médiamétrie devient dès lors révolution culturelle chez les deux entités.
maîtresse du destin stratégique de la nou- Si la littérature a jusqu’alors mis en évi-
velle entité créée. Le paradigme stratégique dence différents typologies et modèles cul-
de Médiamétrie est donc inchangé, alors turels en phase post-fusion, nous l’avons
que celui d’eStat, durant cette phase, est vu, ces travaux n’explicitent pas concrète-
sérieusement remis en cause. ment, comment et pourquoi s’opèrent ce
De ce fait, en phase 1 et en phase 2, le choix du modèle. Toutefois, Leroy (2003) a
changement culturel prend une allure de montré que le choix des partenaires quant
va-et-vient (de la préservation à une au mode de composition organisationnel et
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remise en cause forte du paradigme straté- culturel en phase d’intégration post-fusion,


gique d’eStat), sans pour autant qu’il y ait pouvait être influencé par cinq variables:
réellement changement de culture au sein les objectifs du rapprochement, les diffé-
de la nouvelle entité. Ce mouvement oscil- rences stratégiques, organisationnelles et
latoire irrésolu, se solde par le non avance- culturelles entre les partenaires, mais aussi
ment du projet de création d’une innova- par des contraintes de temps, des
tion technologique. considéra-tions politiques, et enfin par un
A contrario, durant la phase 3, tout vient à ajustement nécessaire à l’environnement et
se transformer. Au cours de cette phase, la à la vision de la nouvelle entité souhaitée
perte de légitimité de Médiamétrie imposée par la direc-tion. Ces variables exercent
par les exigences fortes du marché et ren- une influence plus ou moins forte sur le
due visible par le mécontentement des par- changement cul-turel. Or, l’analyse du cas
Médiamétrie-
80 Revue française de gestion – N° 206/2010

Figure 1 – Le processus de changement culturel

Phase 1: Préservation
Pluralisme culturel

eStat Médiamétrie
Légitimité forte Légitimité forte
Préservation du paradigme Préservation du paradigme
stratégique Culture stratégique Culture
Familiale/Informelle/Produit Hiérarchique/Formelle/Client

Phase 2: Assimilation
Médiamétrie impose sa culture à eStat

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eStat Légitimité Médiamétrie
remise en cause Légitimité forte
par Médiamétrie Préservation du
Changement des 3 couches paradigme
culturelles stratégique

Phase 3: Transformation créatrice Création


d’une nouvelle culture Médiamétrie-eStat

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Médiamétrie-eStat
Légitimité de Médiamétrie
remise en cause par le marché
Influence
Nécessite en termes de survie de l’impératif
de changer fondamentalement marché
leur culture

Culture de
Mouvement/Projet/Innovante
Dynamique culturelle dans le cas d’une fusion 81

eStat rend clairement compte que la appui sur un ensemble de points et ques-
variable « environnement » doit être diffé- tions clés, qui devront être posés à un col-
renciée et considérée à un autre niveau. lectif. Dans cette perspective, cette étude se
Elle n’est pas simplement modératrice veut utile à la recherche comme aux prati-
et/ou amplificatrice du changement, mais ciens, en proposant des techniques et
bien transformatrice, conduisant à une méthodes d’opérationnalisation de la cul-
mutation profonde de toutes les règles du ture. Néanmoins, si cette grille sert de «
jeu. L’ap-port principal de cette recherche lunettes » pour déchiffrer une culture
est ainsi de montrer que si la pression organisationnelle, sa simple application ne
exercée par le marché entraîne une peut prétendre proposer à elle seule des
transformation radi-cale du paradigme hypothèses. Elle doit donc être envisagée et
stratégique d’une entre-prise (remise en utilisée comme une aide essentiellement.
cause de la légitimité et de la survie sur le Par conséquent, un tel diagnostic n’est utile
marché), alors une évolution réelle de la que s’il est comparé aux défis stratégiques
culture est envisageable. que se pose l’entreprise.

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Vouloir créer ou changer radicalement la
culture est inconcevable. On ne peut
CONCLUSION ET IMPLICATIONS
effacer l’histoire d’une organisation, son
MANAGÉRIALES
passé et
L’histoire du changement culturel de ses croyances. Par contre, envisager de
nou-
Médiamétrie-eStat incite à tirer plusieurs veaux projets conduit les acteurs à
enseignements pratiques. Le premier est l’utiliser, progressivement, comme un
que les acteurs n’ont pas cherché, capital utile au changement. Le cas
d’emblée, à changer de culture. Prenant Médiamétrie-eStat démontre clairement
progressive-ment conscience de leur perte qu’il est important de ne pas se « leurrer ».
de légitimité institutionnelle et économique Exercer un contrôle sur la culture est
et du risque de mise en péril du projet, les matière impossible et toutes démarches
acteurs réagissent et revoient leur manière suggérant l’inverse nous semblent vaines.
Le processus de change-ment culturel de
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d’inter-agir, de penser et de fonctionner.


Le second enseignement proposé repose Médiamétrie-eStat, dans toute sa
sur l’utilité et la mise en pratique d’une complexité, témoigne de cette logique. À
grille d’analyse culturelle. Le diagnostic sa lecture, les managers pour-ront ainsi
des cultures effectué vise à guider les bénéficier d’une analyse riche et féconde
acteurs internes ou externes à l’organisa- sur la conduite d’un changement culturel,
tion en charge de ce travail, en prenant où la culture est replacée à une dimension
centrale mais non excessive.
82 Revue française de gestion – N° 206/2010

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