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Bulletin de fa S()déré Française de Parasitologie /989, Tome 7, n° J

TIQUES D'IMPORTATION OBSERVEES EN BRETAGNE

A. COUATARMANAC'H*, C. CHASTEL**, O. CHASTEL**


et J,C. BEAUCOURNU*

* Laboratoire de Parasitologie, Faculté de Médecine,


Avenue du Prof. Léon Bernard - 35043 RENNES Cedex

**Département de Microbiologie et Santé Publique, Faculté


de Médecine, Avenue Camille Desmoulins - 29279 BREST
Cedex

RESUME - Des tiques d'importation ont été observées 7 fois en


Bretagne entre 1975 et 1985, permettant la récolte de 30
Rhipicephalus sanguineus et 1 Hyalomma detritum. Elles ont été
trouvées libres dans des habitations, ou fixées, sur des chiens le
plus souvent (R. sanguineus), mais aussi sur l'homme (H. detritum) et
un hérisson (R. sanguineus). Certaines observations montrent la
possibilité pour R. sanguineus de survivre et de se développer en
Bretagne, dans le milieu extérieur, au moins pendant l'été. Enfin, un
rappel des capacités de transmission de rickettsioses et
d'~rboviroses par ces tiques semble rendre indispensable une
déteraination précise des tiques apportées au laboratoire.

MOTS-CLES~ Tiques - Bretagne - Importation.

Imported ticks observed in Brittany.

SUMMARY - Cases of imported ticks were observed 7 times in Brittany


between 1975 and 1985. 30 Rhipicephalus sanguineus and 1 Hyalomma
detritua were collected. They have been found, free in the bouses, or
fixed, on dogs usually (R. sanguineus), but also on a aan (H.
detritu11) and a hedgehog (R, sanguineus). Some observations
~eaonstrated the possibility for R, sanguineus to survive and develop
1n Brittany, outsides, at least during the summer. Finally, a recall
of the trans11issison abilities of rickettsiosis and arbovirosis of
these ticks seems to make absolutely necessary a precise
deteraination of the ticks brought to the laboratory,

KEY-WORDS - Ticks - Brittany - Introduction.

-·---
l..tim.QQUCTION
Si le transport de tiques africaines en Europe par des
~!seaux migrateurs est un fait bien admis (Hoogstraal, 1961), le
Veloppeaent considérable des voyages touristiques, souvent
effectués avec des animaux domestiques, est également à l'origine de
nombreux cas d'introduction de tiques hors de leur aire de
Recu oour oublication le 17.02.89.

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.
répartition. Ce a pu être constaté à plusieurs reprises en
Bretagne, dans le cadre des activités de diagnostic des
Laboratoires de Parasitologie et Microbiologie des C.H.U. de Rennes
et de Brest.
OBSERVATIONS - Août 1975 : 2 C}.9. de Rhipicephalus sanguineus ont été
trouvées sur le chien de l'un d'entre nous. Ce chien n'avait pas
voyagé et n'a pu se que sur les pelouses entourées de
Cotoneaster du CHU de Rennes où il se regulièrement.
- 1975 : une nyaphe de R, sanguineus a été trouvée sur la
d'une habitation de Brest. Elle a très certainement été
iaportée par le chien de la maison revenu depuis peu avec ses maitres
de vacances en Corbières,
- Janvier 1981, puis Mai de la même année 3 ~q, 11 Ôcf' et 2
nymphes de R. sanguineus sont trouvées sur un chien à Brest. Ce chien
rentrait de "vacances" à Palma de Majorque. En septembre 1981, ce
aêae chien, retourné entre temps aux Baléares, rapporte à nouveau 6
nyaphes de R. sanguineus.
- 1984 : une nymphe de R. sanguineus est trouvée sur un
hérisson Erinaceus europaeus à Plouzané (Finistère).
- Juin 1985 : une tique fixée sur l'ombilic d'un enfant, à Rennes,
s'est révélée être un mâle de Hyalom•a detritu•. Cet enfant n'avait
pas voyagé, un tapis avait été apporté par ses parents de
Ghardaia (Algérie) la précédente et déroulé dans sa chambre.
- Juillet 1985 : un adulte (sexe non noté) de R,sanguineus est trouvé
sur le intérieur d'un appartement rennais, probablement amené par
un chien cette fois sur les pelouses de Villejean, quartier
bordant le CHU de Rennes.
- Enfin, en de la année, 3 ~2 gorgées de R. sanguin:u~
ont été observées dans un appartement de Rennes. Elles ont ete
trouvées après le passage dans cette pièce d'un chien arrivé au
Faouet (Finistère) en juillet 1985, en provenance des Philippines.

pISCUSSION
1) Rh~picephalus sanguineus (Latreille, 1806) est une
tique de chien, à prédominance méditerranéenne et
tropicale (Gilot, 1985), En France, elle est abondante dans le
méditerranéen et le sud-ouest, et a déjà été reconnue responsable
d'invasions à Lyon, dans la region parisienne et à
Strasbourg (Carpentier et Colas-Belcour, 1935; Rageau, 1972; Waller
et coll, , 1988).

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,,.----

La possibilité pour cette tique de survivre et


de se dé_velopper _dans de~ régions au nord de son aire de
répartition, a déJà été bien en Allemagne (Gothe, 1968), au
(Haarlov, 1969), en Suisse 1975), en An-
gleterre (Fox et Sykes, 1985), en Tchécoslovaquie (Cerny, 1985) et en
Belgique et coll., 1986). Nos observations concernant des
chiens conta11inés sur des pelouses à Rennes et surtout le hérisson du
Finistère que cette possibilité existe en
Bretagne, au l'été.
Cette tique, capable de piquer est le réservoir
et le vecteur principal de la fièvre boutonneuse
rickettsiose due à Rickettsia conori. Cette en
Afrique noire, en Inde et dans les pays méditerranéens, est
dans le sud-est de la France. Une récente étude prospective
dans les hôpitaux de la région y a la en
évidence de 355 cas entre 1982 et 1987 (Drancourt et coll . , 1988). Ce
chiffre d' ai Heurs très certainement le de cas
réels, car il ne prend en compte que les cas hospitalisés.
, Les _cas de fièvre boutonneuse terranéenne peuvent
egale~ent apparaitre dans les zones oà R, sanguineus est épiaodique-
aent le montrent les cinq cas recensés en
Suisse entre 1980 et 1985.
R. sanguineus a aussi été trouvé porteur de différents arbo-
virus: celui de la fièvre héoorragique Congo-Criaée, dans le Sud de
l'U , R,S,S, (Hoogstraal, 1979) et le virus Wad Medani, au Soudan
(Taylor et coll., 1966).
25 des 30 R. sanguineus observés ont fait l'objet de
recherches de virus non de rickettsies) : ces recherches se
sont révélées négatives.
2 - Hyalo-• detritu• Schulze, 1919, sous-espèce de
Hyaloua scupense Schulze, 1918 pour Feider (1965) est easen-
une tique de bovin, elle parasite l es
aoutons et le• chevaux, Sa répartition géographique, oéditerranéenne ,
couvre toute l'Afrique au nord du sahara, oais aussi la Bulgarie, la
Yougoslavie, la Grèce , l • Espagne et la Turquie (Fei der, 1965 ) , Sa
Présence en France dan• le sud-ouest, nous sujet à
discuss i on, Laaontelierie, en effet, en 1954, signale l a présence
dans cette région de Hyalo•"" savit111Yi (Gervais, 184 4 ) sensu Delpy
1194 9 ) , synonyme donc en fait, de H, •MIiln• tu• Koch, 1844 . Morel
(l959) en doute' cette et penae qu 'il pourra it
•' agi r putô t de H, anat oil c•• Koch, ! 844 , En 1965,
revient sur ses détermi nations et pense que ce qu'il a identifié
• . . H, savi /lJ1Yi é tait en f ai t H, scupense, introduite dan• l e aud-
oueat
00 de l a Fr ance pa r des chevaux au cour• de l a oeconde guerre

IOndiale.

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_...
Ce probème n'a pas, à notre connaissance, été résolu
définitivement depuis (1) .

Hyalo•œa detrituœ est une tique très commune dans le nord


de l'Algérie, puisqu'elle y est retrouvée sur 50 à 80 % des bovins
entre les de juin et septembre (Youefi-Monod et Aeschlimann,
1986) .

Son rôle comme réservoir de Côxiella burnetti, agent de


la fièvre Q a été en Algérie (Blanc et Bruneau, 1949). Cette
maladie, dont la se fait essentiellement de façon
directe, peut en effet être également transmise par les excretas de
tiques qui sont, avec les bovins, les réservoirs de germes.

H. detritu• est en Algérie le vecteur principal de la


Theileriose bovine (Rouina, 1981).

Plusieurs arbovirus ont également été isolés de H.


detritu• West Nile, Bhanja et surtout celui de la fièvre
Congo-Crimée, de différentes républiques du Sud de
!'U.R.S.S. (Hoogstraal, 1979).

CONCLUSION

L'importation de tiques ''exotiques" en Bretagne est un


dont l'apparente rareté est vraisemblablement liée à celle
des déterminateurs. La possibilité pour ces acariens de
des maladies qui ne sont pas habituellement retrouvées dans cette
région (telles que fièvre boutonneuse méditerranéenne, fièvre Q, mais
aussi arboviroses) ne doit pas être sous-estimée, et devrait à notre
avis i nciter à faire déterminer les tiques qui peuvent être
observées, fixées sur des patients, des animaux domestiques, ou
simplement retrouvées dans des habitations. Ces maladies pourraient
ainsi venir s'ajouter à la liste de celles déjà rencontrées en Bre-
tagne chez l'homme et les animaux domestiques et transmises par des
tiQues autochtones : la soi rochétose à Borrelia burgdorferi e t
la babésiose à Babesia divergens transm i ses par Ixodes ricinus d'une
part, la babésiose à Babesia canis transmise par Derœacentor s p.
d ' autre part.

( 1) En Juillet 1978, 1 f eme lle e t 2 mâles de Hyal omma aegyptiu•


(Linné , 1758) ont é té r écoltés sur une tor t ue Testudo graeca dans un
jardin de Brest. Cette obse rvation n'es t citée qu 'à titre
anecdot i que, car H. aegypt i um est une t i que méd iterranéenne,
spéc i fique de la t ortue , sur l aquelle el l e est retrouvée très
fréquemment, e t inc apable de pi qu e r l'homme (Fe i der , 1965 ).

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