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Japprends le francais

Ma très chère Tante Léonine, 12/12/19 J’espère que tu vas très bien dans ton pays adoptif, et ta
famille aussi. Je t’écris pour une raison précise : pas parce que tu as une préférence pour les lettres
plutôt que les courriels, les sms ou les appels par Skype ou Whatsapp mais parce que je tenais
absolument à te raconter cette unique et splendide aventure. Celle qu’il m’a été donné de vivre,
sans doute pour la première fois dans ma vie ! Comme tu ne me laisses pas d’autres choix que les
voies postales à l’ancienne, je continue donc ma correspondance avec toi à travers des lettres. Un
peu classique, mais bon… ! Tata, tu sais très bien que j’adore la natation. Eh bien figure-toi, ma très
chère tantine, que pour la finale des Jeux des Iles, j’y étais ! Eh oui ! J’y étais pour la finale des 50
mètres nage libre qui s’était jouée dans ce nouveau complexe sportif à Côte d’Or dont je t’avais
vanté la modernité dans ma dernière lettre. Il y avait ce jour-là une de ces bousculades. Il m’avait
bien fallu de la patience. Mais j’avais réussi malgré tout à me retrouver sur les gradins et de là où je
m’étais installée, la vue était, mais alors, splendide. L’ambiance y était aussi. La foule était vraiment
surexcitée et les supporters de l’équipe mauricienne, habillés pour la plupart aux couleurs de notre
drapeau national, hurlaient à tue-tête « Maurice ! Maurice ! Maurice ! Allez Maurice ! » Les
participants, eux, étaient occupés à réchauffer les muscles en agitant de temps à autre un bras en
direction des gradins comme pour saluer leurs fans. C’est la première fois que je me suis retrouvée
dans une ambiance pareille. Mais pour moi, le moment le plus formidable, c’était celui juste avant le
départ lorsque les concurrents s’apprêtaient à se jeter à l’eau. Il y avait partout dans le stade un de
ces silences mais alors angoissants. Je pense que c’est une tradition chez les supporters qui ne
veulent pas perturber la concentration de leurs idoles. Mais à ce moment-là, j’avais ressenti comme
1 d’étranges palpitations au cœur. C’était l’étrange silence je suppose. Enfin, au signal du départ, le
vacarme était revenu de plus belle. On entendait tous les noms des concurrents. Chacun dans la
foule y allait de plus en plus fort. J’avoue que cela m’avait un peu dérangée, moi qui ne suis pas trop
habituée aux bruits des foules. Maintenant je comprends les sensations que tu me décrivais quand
tu revenais du stade après avoir assisté à la victoire de ton équipe préférée au championnat de la
ligue anglaise ! J’avoue que j’avais pensé à toi quand j’avais ressenti cet insoutenable suspense,
surtout vers la fin de l’épreuve, parce que de là où on était, on ne pouvait pas savoir qui l’avait
remportée malgré les images qu’affichaient les écrans géants. Les deux concurrents, un Mauricien et
un Réunionnais, étaient arrivés au but presqu’à la même seconde. Mais quelle ne fut pas ma surprise
lorsque le tableau afficha le temps record ! C’était une explosion de joie partout dans le stade.
Même si notre compatriote avait remporté le championnat avec un léger avantage de quelques
secondes sur son adversaire, c’était un exploit formidable pour nous tous. À la fin, lorsque le
vainqueur était sur le podium pour recevoir sa médaille d’or des mains du Premier Ministre en
personne, tout le monde était debout dans le stade. Il y avait un tonnerre d’applaudissements. La
foule présente avait adressé une révérence solennelle à notre champion des îles qui a fait honneur
au pays. C’était un grand moment de fierté et d’unité nationale que j’avais ressenti à ce moment-là.
Mais pour tout te dire, Tante Léonine, tout ça m’a fait rêver : qu’est-ce que j’aurais aimée être à sa
place ! Mais il me faudra beaucoup d’entraînement. Tante Léonine, il faut que je te laisse sinon je
serai en retard. Il faut bien que je reprenne le cours normal de ma pauvre vie d’étudiante ! À la
prochaine. Gros bisous à tout le monde. Ta nièce préférée.

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