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L'AFRIQUE NOIRE PRÉCOLONIALE

D U MÊME A U T E U R

Les antaisaka. Géographie humaine, histoire et coutumes d'une


population malgache, Tananarive, 1938. Thèse de Lettres de la
F a c u l t é de Paris.
Le dialecte antaisaka (ibid.).
Madagascar (Berger-Levrault, 1947 ; 2 éd., 1951).
Côte des Somalis (Berger-Levrault, 1948).
Les pirates à Madagascar (Berger-Levrault, 1948).
Gallieni pacificateur (Presses Universitaires de France, 1949).
La fin des empires coloniaux (Presses Universitaires de France, coll.
« Que sais-je ? », 1950).
Les voyages de Samuel Champlain Saintongeais, père du Canada
(Presses Universitaires de France, 1951).
L ' U n i o n Française, histoire, institutions, réalités (Berger-Levrault,
1952).
L'éveil politique africain (Presses Universitaires de France, coll.
« Que sais-je ? », 1952).
Pirates et flibustiers (Presses Universitaires de France, coll. « Que
sais-je ? » 1952).
Les méthodes et les doctrines coloniales de la France (Armand Colin,
1953).
P a y s et nations d'Outre-Mer (Dalloz, 1953).
Les religions de l'Afrique noire (Presses Universitaires de France,
coll. « Que sais-je ? », 1954).
Tahiti (Berger-Levrault, 1957).
Les Malgaches du Sud-Est (Presses Universitaires de France, coll.
« Le Peuple malgache », 1958).
Les migrations intérieures à Madagascar (Berger-Levrault, 1959).
Histoire de Madagascar (Berger-Levrault, coll. « Mondes d'Outre-
Mer », série « Histoire », 1960).
Les institutions politiques de l'Afrique noire (Presses Universitaires de
France, coll. « Que sais-je ? », 1962).
Traditions orales et archives au Gabon (Berger-Levrault, 1962).
L'Afrique noire précoloniale (Presses Universitaires de France, coll.
« Que sais-je ? », 1962).
Paramour, r o m a n (pseudonyme : Marc La Boisière), (Plon, 1963).
Le Sénégal et la Gambie (Presses Universitaires de France, coll.
« Que sais-je ? », 1964).
Quinze ans de Gabon, 1839-53 (Société française d'Histoire d'Outre-
Mer, 1965).
L'Afrique du X X siècle (en collaboration, Sirey).
L'Europe découvre l'Afrique (Afrique occidentale), 1794-1900 (Berger-
Levrault).
L'Afrique occidentale en 1818 vue par un explorateur français :
Gaspard Théodore Mollien (Calmann-Lévy).
Madagascar (Presses Universitaires de France, coll. « Que sais-je ? »,
1968).
EN PRÉPARATION
Histoire générale de l'Afrique noire, de Madagascar et des archipels
(2 vol., en collaboration, Presses Universitaires de France).
Histoire des explorations (Presses Universitaires de France, coll.
« Que sais-je ? »).
« QUE SAIS-JE ? »
LE POINT DES CONNAISSANCES ACTUELLES
N° 241

L'AFRIQUE
NOIRE
PRÉCOLONIALE
par

Hubert DESCHAMPS
Professeur à la Sorbonne

D E U X I È M E ÉDITION MISE A J O U R

PRESSES UNIVERSITAIRES DE FRANCE


108, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS

1969
VINGTIÈME MILLE
Dépôt légal. — 1 édition : 4e trimestre 1962
2 e édition : 1 trimestre 1969
Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation
réservés pour tous pays
© 1962, Presses Universitaires de France
INTRODUCTION

Les limites géographiques de ce livre seront celles


de mes précédents volumes dans cette collection :
Les religions de l'Afrique noire et Les institutions
politiques de l'Afrique noire, donc l'Afrique négride,
en excluant les blancs d'Afrique du Nord et du
Sahara, les Ethiopides du Nord-Est et les Malgaches.
Les limites temporelles vont des origines préhis-
toriques à l'ère coloniale. C'est-à-dire, pour les
extrêmes, de la préhistoire à 1911, et, en moyenne,
du VIII siècle à la seconde moitié du X I X
On peut mesurer ainsi l'immensité du sujet.
Ces 128 pages ne donneront évidemment qu'un
aperçu général et ne sauraient rendre la multipli-
cité quasi infinie des formations politiques qui se
sont succédé pendant des millénaires sur une si
vaste étendue.
Aussi bien la bibliographie sommaire figurant à
la fin du volume proposera-t-elle quelques œuvres
où l'on pourra trouver des développements plus
amples. On a placé, au début, des indications sur
les sources et quelques réflexions sur les méthodes.
Puisse ce petit livre intéresser un large public au
passé d'un continent qui, bien qu'il tienne une
place grandissante dans la vie de la planète, ne
figure guère encore dans nos manuels classiques
d'Histoire.
SOURCES

La science de l'Histoire, élaborée dans des


pays où l'écriture est un fait ancien, utilise surtout
les documents écrits : inscriptions, papyrus, parche-
mins, manuscrits, imprimés. Pour l'Afrique noire,
comme pour toutes les contrées du monde dont les
langues n'ont été écrites que récemment ou ne le
sont pas encore, les documents écrits (en grande
partie étrangers) sont très loin de suffire à la connais-
sance historique. Il faut y joindre la tradition orale,
et aussi d'autres témoignages du passé : les objets
anciens et les constatations des autres sciences.

I. — Objets anciens
Ils sont, d'après leur nature, recherchés et étudiés
par deux disciplines différentes : la Préhistoire et
l'Archéologie.
1. Préhistoire. — L'objet le plus rare est l'homme
préhistorique lui-même ; quelques squelettes humains
des périodes les plus anciennes, trouvés notamment
en Afrique du Sud et de l'Est attestent la très haute
antiquité de l'homme en Afrique. L'étude de ces
squelettes donne des indications sur leurs races.
Les objets de pierre, taillée et polie, sont beaucoup
plus abondants et ont pu faire l'objet d'un classe-
ment d'après leurs techniques. L'âge relatif des
fossiles et des outils est indiqué par la stratigraphie,
c'est-à-dire les couches de terrain dans lesquels ils
sont inclus. Fréquemment ces objets sont trouvés
en surface. Il semble que, dans certaines régions
au moins, les techniques africaines de la pierre se
soient maintenues jusqu'à des époques très récentes,
qu'il s'agisse de techniques évoluées de la pierre
taillée (en Afrique du Sud), ou de pierres polies ; les
Touareg du Sahara ont encore des bracelets de pierre.
Il en est de même des peintures et gravures rupes-
tres dont certaines (en Afrique du Sud) semblent
récentes, alors que d'autres datent de cinq millé-
naires et plus. Une datation absolue est impossible,
mais la succession peut être établie lorsque des
images se recouvrent, comme il arrive dans cer-
taines régions du Sahara.

2. Archéologie. — Bien qu'il n'existe pas en


Afrique noire de monuments comparables à ceux
de l'Europe, de l'Asie ou de l'Afrique du Nord, on
y trouve des ruines de pierre impressionnantes,
comme celles de Zimbaboué, d'Engarouka, de
Koumbi Saleh, auxquelles il faut ajouter les villes
de style arabe de la côte orientale. La plupart des
constructions étaient en argile ou en bois, matériaux
que le temps ne respecte guère mais dont les traces
se constatent encore. Des terrasses, d'une grande
ampleur, ont été trouvées en Afrique orientale.
Dans ces diverses ruines, dans des tumuli (buttes
de terre), dans la terre, on a découvert des sépultures
et des objets témoignant de civilisations disparues :
poteries, statues de terre cuite, bronzes (tels les
fameux bronzes du Bénin). L'art traditionnel en
voie de disparition, témoigne de l'originalité des
conceptions noires et peut aussi fournir de pré-
cieuses indications à l'historien (symbolisme, style,
comparaisons).
La datation est généralement difficile ou impos-
sible. On peut seulement, par la superposition,
constater les antériorités. Quand on retrouve, dans
les fouilles, des débris organiques, notamment du
charbon de bois, on peut, grâce à la technique (fort
délicate) du Carbone 14, obtenir des dates absolues.
Les monnaies, très abondantes sur la côte Est,
fournissent des indications plus précises encore.
Enfin certains objets peuvent, par leur absence ou
leur présence, donner une approximation chrono-
logique : en admettant que le tabac ait été apporté
par les Portugais, on peut supposer que les pipes
indiquent une époque postérieure au XV siècle.
Les perles de verre peuvent donner des indications
de cet ordre.
Les objets anciens sont la source historique qui
permet de remonter au plus loin. Les autres sources,
sauf de rares exceptions, ne dépassent pas le Moyen
Age.
II. — Documents écrits

On peut en distinguer quatre catégories :


documents en langues locales, en arabe, en langues
européennes ; archives.
1. Documents en langues locales. — Peu nom-
breux, ils ne sont pas inexistants. L'histoire Bamoun
a pour sources principales les documents écrits dans
cette langue, pour laquelle le sultan Njoya Arouna
avait créé un alphabet. Il faut y ajouter quelques
documents écrits dans des langues locales (peul,
souahili), mais en caractères arabes. Les inscriptions
pharaoniques égyptiennes, puis les documents
coptes et amhariques fournissent des renseignements
sur la Nubie antique et les pays voisins.
2. Documents en Arabe. — Le Moyen Age, au
Soudan et sur la côte orientale, est surtout connu
par les documents écrits en arabe, les uns par des
voyageurs ou géographes, orientaux ou maghrébiens,
les autres par des noirs, devenus lettrés musulmans.
Au I X siècle le géographe Al Kwarizmi complète
une nomenclature empruntée à Ptolémée par quel-
ques notions nouvelles ; il cite Ghâna, en lui don-
nant une position fantaisiste. Les Prairies d'or de
Maçoudi ( X siècle) donnent quelques renseigne-
ments sur l'Afrique, notamment sur la côte Est,
où il s'était lui-même rendu. Ibn Hauqal, qui tra-
versa le Sahara au même siècle pour atteindre
Aoudaghost au Soudan occidental, a laissé des
indications sur ses itinéraires.
Sur l'Empire du Ghâna et le Nord du Soudan
au X I siècle, les indications essentielles sont fournies
par l'Andalou El Bekri, dans sa Notice du pays des
noirs. La Géographie d'Idrissi (XII siècle) est une
compilation sans éléments nouveaux importants.
Il en est de même d'Aboulféda au XIV siècle. Avant
lui, Ibn Saïd Gharnati (XIII siècle) avait apporté
quelques précisions et révélé l'existence du lac
Koura (Tchad).
Le Masalik est une encyclopédie du XIV siècle,
œuvre de l'Egyptien Al Omari qui, à l'occasion du
passage au Caire du souverain du Mali a recueilli
un très grand nombre de notions sur ce pays. Le
même siècle a vu les voyages du Marocain Ibn
Batouta qui se rendit dans l'Inde et jusqu'en Chine,
passa au pays des Zandj (côte orientale d'Afrique)
puis au Mali ; après être allé à Tombouctou et Gao,
il retraversa le Sahara. A la différence de tous les
précédents auteurs (sauf Ibn Hauqal), Ibn Batouta,
le plus grand voyageur du Moyen Age, est donc
un témoin direct, curieux de tout et dont les notes,
dictées à son retour, fourmillent de renseignements
sur la vie matérielle, la politique et les mœurs. Le
Tunisien Ibn Khaldoum, justement célèbre par sa
philosophie de l'histoire, donne, dans son Histoire
des Berbères (fin XIV siècle), quelques notions nou-
velles sur le Sahara et le Mali.
De nombreux écrits soudanais en langue arabe
portant des noms arabes divers (mahram, gigam,
tarikh) et désignés généralement en français sous le
nom de Chroniques, relatent les généalogies, les
histoires familiales, et parfois celles des royaumes.
Les premiers écrits de ce genre remontent au X I siè-
cle. Les deux principaux sont le Tarikh-el-Fettâch
et le Tarikh-es-Soudân, écrits au début du XVII siècle
et consacrés à l'histoire des royaumes soudanais
du Moyen Age, particulièrement à l'Empire de Gao,
dont les auteurs (Mahmoud Kati, pour le premier,
Es-Saadi pour le second) étaient des fonctionnaires.
Malgré leur souci de donner aux souverains noirs
des origines arabes, et malgré un certain recours au
merveilleux, ces œuvres soudanaises sont la base
des connaissances sur l'histoire Sonrhaï et celle de
divers royaumes.
On peut citer également les Chroniques de l'Aïr,
la Chronique de Kano, les Listes dynastiques du
Bornou et, pour la côte orientale, la Chronique de
Kiloa et la Chronique de Paté. De nombreux écrits
en arabe restent encore à traduire ou à recueillir
dans les contrées musulmanes de l'Afrique noire.
Comme documents sur des époques plus récentes
on peut citer notamment le Voyage au Ouadaï
de l'Egyptien El Tounsi (XIX siècle). Des synthèses
d'un grand intérêt, bien que sans méthode historique,
ont été réalisées par le conquérant Osman dan Fodio
et son fils Mohamed Bello pour les Peul de Nigeria,
par Mamadou Aliou Tyam (en caractères arabes,
mais en langue peul) pour la vie d'El Hadj Omar,
par Hadj Osman pour celle du sultan du Bornou
Idriss Aloma, par Wad Daïf Allah pour les saints
de la période Foundj au Soudan oriental.
3. Documents en langues européennes. — Les
documents les plus anciens sont, en grec, le Périple
de la mer Erythrée ( I siècle) qui donne des indica-
tions sur la côte orientale, et la Géographie de
Ptolémée ( I I siècle), fabuleuse à l'Ouest, mieux
renseignée à l'Est. Les rares allusions romaines à des
expéditions qui auraient dépassé le Sahara restent
contestables.
Les cartes du Moyen Age occidental reproduisent
Ptolémée avec quelques emprunts aux Arabes.
L'atlas du Majorquin Abraham Cresques (1375)
indique, avec les oasis du Sahara, Mali et Tombouc-
tou. En 1447, le Gênois Malfante, établi au Touat,
donne de nombreux renseignements sur le trafic
transaharien.
Avec les découvertes portugaises, les Portulans et
les récits de voyage vont, au XV et au XVI siècle,
apporter la révélation du tracé de la côte et des
populations qui l'habitent. Derrière la frange sou-
danaise islamisée, c'est toute une nouvelle Afrique,
la plus originale, qui apparaît. Les principaux ou-
vrages sont : la Cronica dos Feitos de Guiné de
Gomes Eanes de Zurara (1453) qui ne dépasse pas
la Gambie ; les Navigations de Ca da Mosto (1463)
qui vont jusqu'au Libéria ; le voyage d'Eustache
de La Fosse à la Côte de l'Or (1480) ; la Descripçao
de Valentin Fernandez (1507) sur l'Afrique occiden-
tale ; l'Esmeraldo de situ orbis de Duarte Pacheco
Pereira (1508) qui va jusqu'au-delà du Congo ; les
voyages de Varthema, compagnon de Vasco de Gama.
Dès 1502, le planisphère de Cantino représentait le
dessin des côtes avec une étonnante perfection.
A la fin du XVI siècle, l'Italien Pigafetta donna,
1969. — Imprimerie des Presses Universitaires de France — Vendôme (France)
ÉDIT. N° 30 424 IMPRIMÉ EN FRANCE IMP. N° 21 062
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