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17/05/2022 07:17 «Hendiyya» marocaine renaît de ses cendres - La Vie éco

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«Hendiyya» marocaine renaît de ses cendres


Par Ibtissam Benchan…
Le 21 Juin, 2021

• L’EFFET DÉVASTATEUR DE LA COCHENILLE EST TOUJOURS D’ACTUALITÉ.

• LES PERTES S’ACCUMULENT DANS TOUTES LES RÉGIONS.

• LE PRIX DU FRUIT CONNAÎTRA UNE FORTE AUGMENTATION.

• LE MINISTÈRE ET L’INRA CONTINUENT DE DÉPLOYER LEURS EFFORTS POUR TROUVER DES


SOLUTIONS À CETTE MALADIE.

La culture du figuier de barbarie a connu un important développement au Maroc. Aidée en


cela par le Plan Maroc Vert, cette filière a pris de l’importance dans toutes les régions du
Maroc, surtout qu’elle est très peu consommatrice d’eau et ne requiert pas d’entretien
particulier. Elle a permis de générer des revenus satisfaisants à nombre d’agriculteurs,
notamment dans les régions arides et semi-arides. A côté, des unités de transformation et
de conditionnement ontEmail
vu le jour, permettant au figuierS'abonner
de se transformer en huile, en
confiture, en produits cosmétiques…

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Cependant, l’apparition de la cochenille sauvage de cactus en 2014 a eu un effet


dévastateur. «Elle est apparue pour la 1ère fois au Maroc au niveau de la commune Saniet
Berguig de la province de Sidi Bennour. La dissémination rapide et imprévisible de cette
cochenille vers d’autres bassins de production de cactus du pays a engendré la destruction
de plusieurs haies et plantations de cactus, notamment dans Doukkala, Rhamna,
Benguerir, Abda, Azilal, Beni mellal, Taourirt, Haouz et Chaouia, Souss, Meknès ainsi qu’au
nord et au Gharb. Au niveau de ces zones la cochenille a décimé des milliers d’hectares et
de kilomètres de plantations de cactus, causant des pertes socioéconomiques et
environnementales énormes», explique Dr Mohamed Sbaghi, directeur de recherche et
chef du département de la protection des plantes à l’INRA (Institut national de recherche
agronomique). Sept ans plus tard, cet insecte n’est toujours pas maîtrisé et continue à
faire des ravages. «Plusieurs dégâts sont enregistrés dans la région de Bejjaâd. Les
agriculteurs souffrent énormément, surtout que près de 70% du rendement agricole
provient de la figue ; le reste est généré d’autres cultures parallèles», se lamente Hassan
Anali, vice-président de l’association Lkrarma pour le développement et la solidarité dans
la localité d’Ouled Akouawch. Il ajoute : «Le coût du traitement chimique reste assez
élevé, compte tenu du niveau de vie des agriculteurs de la région, à raison de 120 DH le
litre, sachant que cette quantité suffit à peine pour une semaine et traite moins d’un
hectare».

Il faut savoir aussi que cette cochenille s’est attaquée également aux humains. Dès le
coucher du soleil, elles sont attirées par les lumières et se déplacent pour attaquer les
habitants. Une situation qui devient invivable et, si rien n’est fait, c’est toute la culture qui
est compromise. «D’environ 50 hectares que compte la localité, à peine 20% de la
superficie tiennent le coup», indique notre source. La situation est presque similaire dans
la région d’Aït Baâmrane. Selon Zahra Boudebaiz, responsable de la coopérative Aknari
dans la région de Sidi Ifni, «les cultures sont presque perdues. La production est quasi
nulle, en raison du programme de plantations de nouvelles semences, consécutivement à
la cochenille, mais aussi à cause de la pandémie qui a mis en stand-by toute
production/transformation. Actuellement, nous faisons tourner la machine, grâce au stock
constitué en 2019, qui était une bonne année agricole».

Ces contraintes vont, inévitablement, faire augmenter le prix de la figue sur le marché de
la consommation locale. «La rareté du fruit, conjuguée aux craintes nourries chez les
consommateurs quant à l’utilisation de ces produits de traitement, vont tirer le prix vers le
haut. De 0,30 centime en moyenne, le prix de la pièce devra culminer à 3DH», estime
M.Anali. Pour confirmer cette prévision, Mme Boudebaiz évoque une augmentation de prix
à 950 DH par caisson de 30 kg.

Un plan d’urgence de lutte contre la cochenille mis en place depuis 2016

Depuis 2016, le ministère de l’agriculture a mis en place un plan d’urgence de la lutte


contre la cochenille de cactus pour contenir la progression de ce fléau. «Parallèlement aux
traitements chimiques et aux opérations d’arrachages et d’enfouissements de cactus
infesté entrepris par le Email
ministère, un autre volet de recherche a été mis en place et qui a
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été confié à l’INRA. Il s’articule autour de trois piliers de recherche et est conduit par une

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équipe mixte de chercheurs (INRA-ICARDA). Il s’agit d’identifier et proposer des


alternatives de lutte biologique par des ennemis naturels, d’identifier des biopesticides
d’origine végétale ou microbienne pour le traitement des vergers infestés et d’identifier
des variétés ou clones résistants ou tolérants aux attaques de ce ravageur», détaille le Pr
Sbaghi qui est aussi coordinateur national du programme de dévloppement de cactus du
ministère de l’agriculture. Plusieurs résultats ont été obtenus sur les 3 axes proposés.
Cela dit, «de toutes les voies de recherche étudiées, l’identification de 8 variétés
résistantes à la cochenille, par la recherche, est le volet qui offre pour le moment un
grand espoir pour accompagner le ministère dans le cadre de la nouvelle stratégie
‘‘Generation Green’’, dont l’un des objectifs est la relance de la filière de cactus et donc la
reconstitution des plantations ravagées par la cochenille», propose-t-il.

Il s’agit des variétés Marjana, Belara, Karama, Ghalia, Angad, Cherratia, Akria et Melk
Zhar qui, toutes ayant subi les tests de vérification de la stabilité de leur résistance, ont
été inscrites par l’ONSSA au catalogue officiel des espèces et variétés végétales au Maroc.
A partir de ces variétés, un parc à bois de matériel végétal de cactus de départ a été
installé, sur 4 hectares, à la Station expérimentale de l’ORMVAD (Office régional de mise
en valeur agricole des Doukkala) à Zemamra. Ainsi, «des dizaines de milliers de plantules
de cactus multipliées en sachets ont été produites et ont servi à l’établissement de onze
parcs à bois (plateformes de 105 ha)», nous éclaire le professeur. C’est dire qu’une
grande attention est tournée vers cette filière. D’ailleurs, le ministère compte s’orienter
vers un vaste programme de plantations à grande échelle vers la fin de 2021 dans le
cadre de l’agriculture solidaire. En effet, au cours de cette campagne, plusieurs milliers de
plantules de cactus (environ 2 millions), seront développés et devraient servir à la
reconstitution de 4 000 à 5 000 ha de cactus. Ce programme va monter en puissance et
arriver en 2030 à la plantation de 130 000 hectares.

La superficie cible du PMV a été atteinte en 2014 avec 160 000 ha


Le cactus est devenu très commun dans la plupart des régions du pays où sa culture a
pris de l’importance. Au niveau de la région de Guelmim-Sidi Ifni, la culture de cactus
occupe la première place avec plus de 80 000 ha de la surface nationale, suivie par la
région du Haouz-El Kelaa des Sraghnas et puis la région de Khourigba qui vient en
troisième position, suivie par celle de Doukkala, Al Hoceima… Les multiples valorisations
de cactus (consommation humaine, animale, lutte contre l’érosion, amélioration de la
biodiversité, l’apiculture, le cosmétique, le pharmaceutique…), conjuguées au soutien du
ministère de l’agriculture aux intéressés pour planter davantage et pour créer des unités
de transformation et de commercialisation, ont permis un développement de la filière.
Ainsi, «les prévisions des superficies plantées de cactus projetées par le PMV pour 2020
ont été atteintes seulement en 2014, avec le développement de plusieurs unités de
conditionnement et de transformation de la figue de barbarie pour valoriser davantage les
Emaildu cactus. Les superficies sont
produits et sous-produits donc passées de 50 000 ha en
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1998 à plus de 160 000 ha en 2014», conclut Pr Sbaghi.

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