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Synthèse

Ann Biol Clin 2018 ; 76 (4) : 393-405

Le dosage du cortisol salivaire :


aspects pré-analytiques et analytiques
Salivary cortisol testing: preanalytic and analytic aspects

Pierre Bastin1 Résumé. L’analyse du cortisol salivaire, bien que décrite pour la première
Dominique Maiter2 fois il y a une quarantaine d’années, n’est cependant en expansion que depuis
Damien Gruson1,2 une dizaine d’années. Sa simplicité, sa non-invasivité, la répétition aisée du
prélèvement ont stimulé l’intérêt autour de ce dosage. Ainsi, depuis les recom-
Copyright © 2021 John Libbey Eurotext. Téléchargé par Benyoussef le 06/07/2021.

1 Département des laboratoires,


Cliniques universitaires Saint-Luc
mandations de 2008 de l’Endocrine society, le cortisol salivaire est reconnu
et Université catholique de Louvain, comme faisant partie de l’un des trois tests de dépistage du syndrome de
Bruxelles, Belgique Cushing. Cette revue développe brièvement les trois tests principaux du dépis-
2 Pôle de recherche en endocrinologie,
tage du syndrome de Cushing pour exposer les raisons de l’intégration du test
diabète et nutrition, Institut de recherche salivaire dans ce dépistage. Cet article présente aussi les variables pouvant
expérimentale et clinique, Cliniques
universitaires Saint-Luc et Université influencer le taux de cortisol salivaire d’un point de vue pré-analytique, phy-
catholique de Louvain, Bruxelles, siopathologique et analytique. Cette synthèse reprend également les enjeux de
Belgique standardisation autour du dosage ainsi que les perspectives associées au dosage
<damien.gruson@uclouvain.be>
de cortisone.
Mots clés : salivaire, cortisol, pré-analytique, endocrinologie, Cushing

Abstract. Salivary cortisol assay, described for the first time almost forty
years ago, has not been expanding until the last decade. Its simplicity, non-
invasiveness and the easy repetition of sampling make it an analytical matrix of
interest. Since the publication of the recommendations of the American endocri-
nology society in 2008, salivary cortisol is recognized as one of the three main
tests to screen for Cushing’s syndrome. In addition, salivary cortisone, the major
metabolite of salivary cortisol, still represents a severe potential interferent but
could also be a complementary analyte for indications where evaluation of
cortisol secretion is sought. Moreover, in the current context of practices and
methods harmonization, the problem of lack of standardization presents also for
salivary cortisol. This review briefly develops the three main tests of Cushing’s
syndrome screening to explain the reasons for integrating the saliva test into
this screening. Then we will develop the variables that can influence salivary
cortisol from a pre-analytic, physiopathological and finally analytical point of
view.
Article reçu le 03 avril 2018,
accepté le 27 mai 2018 Key words: salivary, cortisol, preanalytic, endocrinology, Cushing

Le dosage de 17-hydroxycorticostéroïdes salivaires non-invasivité et la répétition aisée des prélèvements ont


(incluant le cortisol) a été décrit pour la première fois stimulé l’intérêt autour de ce dosage réalisé alors par
en 1959 dans une étude américaine par l’équipe de technique radio-immunologique [3, 4]. Il en découle que
Shannon [1]. Une réactualisation du marqueur fut faite le prélèvement peut être délocalisé, acheminé vers le
au début des années 1980, où les premiers usages pour la laboratoire par voie postale, répété pour des études dyna-
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recherche de pathologies endocriniennes, essentiellement miques et est accompagné d’une diminution de l’« effet
d’hypercorticisme, sont décrits pour la première fois blouse blanche ». Ainsi, en plus de son développement
par l’équipe de Cardiff [2]. En effet, sa simplicité, sa en endocrinologie [5, 6], son utilisation s’est rapidement
étendue à la sphère psychiatrique dans l’étude de la
Tirés à part : D. Gruson dépression et de la réponse au stress [7-9]. Il a aussi une
Pour citer cet article : Bastin P, Maiter D, Gruson D. Le dosage du cortisol salivaire : aspects pré-analytiques et analytiques. Ann Biol Clin 2018 ; 76(4) : 393-405
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plus grande sécurité d’emploi, vis-à-vis d’agents infectieux pouvant influencer le taux de cortisol salivaire d’un
présents en plus faible quantité que dans la matrice sérique. point de vue pré-analytique, physiopathologique et enfin
Au niveau analytique, il y a moins d’interférences optiques analytique.
(hémolyse, excès de bilirubine, lipémie) vu que la matrice
salivaire est nettement moins riche que les matrices
sanguine ou urinaire. Dosage du cortisol
Ces avantages s’étendent également à une grande diversité et syndrome de Cushing
d’autres paramètres présentés dans la littérature : dosage
de marqueurs protéiques (protéine C réactive, troponine Le syndrome de Cushing
cardiaque, peptide cérébral natriurétique), sérologiques
L’indication la plus étudiée du dosage du cortisol sali-
(virus de l’immunodéficience humaine où des tests rapides
vaire est celle du dépistage du syndrome de Cushing (SC).
effectués au « lit du patient » sont déjà sur le marché),
Ce syndrome se caractérise par un état d’hypercorticisme,
marqueurs de techniques « -omiques » (avec comme
le plus souvent avec perte du profil circadien normal de
exemple une trentaine de marqueurs mis en évidence
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sécrétion du cortisol, et trouve une origine soit centrale


pour le syndrome de Sjögren, une cinquantaine pour le
(hypothalamo-hypophysaire), soit périphérique (sécrétion
diabète. . .) et enfin les dosages des stéroïdes, dont le
ectopique d’ACTH ou origine surrénalienne). La survie
cortisol reste le plus étudié [10].
médiane sans thérapie des patients atteints du syndrome
Le cortisol salivaire, par rapport à la majorité des autres
de Cushing est de 4,6 ans avec des décès principale-
analytes salivaires, présente l’avantage d’être un bon reflet
ment liés à des complications vasculaires (infarctus du
de son taux sérique bioactif, malgré sa conversion salivaire
myocarde, AVC. . .) ou infectieuses [12]. Du fait de la pro-
(jusqu’à 30 %) en cortisone. En effet, seule la fraction
gression souvent rapide de la pathologie et sachant que
libre sérique diffuse passivement au niveau salivaire, avec,
l’hypercorticisme s’accroît mais est d’emblée un critère
en quelques minutes, un équilibre des concentrations
de mauvais pronostic, une thérapie la plus précoce pos-
[11].
sible est vivement recommandée [12]. Actuellement, il est
Les limitations des premières études autour du corti-
démontré que le pronostic du SC est influencé par le phé-
sol salivaire résidaient dans des performances analytiques
notype clinique et les comorbidités associées au syndrome.
médiocres, aussi bien en termes de sensibilité (taux salivaire
Par contre, le degré d’augmentation du cortisol libre uri-
de dix à cent fois moins concentré qu’au niveau sanguin)
naire de 24 h ou salivaire n’a pas montré de lien avec le
que de spécificité (la cortisone salivaire est de quatre à dix
pronostic. En effet, la sensibilité tissulaire au cortisol pré-
fois plus concentrée que le cortisol). En outre, l’aversion du
sente une importante variabilité interindividuelle avec une
personnel de santé pour le prélèvement salivaire et l’absence
influence du polymorphisme du gène codant pour le récep-
de système de remboursement (bien que temporairement
teur nucléaire du cortisol et de la durée d’exposition du sujet
présent en France) ont progressivement amené cette analyse
aux glucocorticoïdes.
en désuétude.
Dans les dernières recommandations de l’Endocrine
Avec l’amélioration de la technologie, les performances
society, les tests de dépistage avec haute exactitude (sensi-
analytiques ont évolué bien que la spécificité reste un sujet
bilité et spécificité de plus de 90 %) reconnus sont : le test de
discuté en ce qui concerne les immunodosages. Dans le
suppression à 1 ou 2 mg de dexaméthasone, la cortisolurie
contexte actuel d’harmonisation des pratiques et méthodes,
de 24 h et le cortisol salivaire [12].
la problématique du manque de standardisation n’échappe
pas au dosage du cortisol salivaire.
Par ailleurs, depuis la publication des recommandations de Le test de suppression à la dexaméthasone
l’Endocrine society américaine en 2008, le cortisol salivaire Une cortisolémie post-dexaméthasone de plus de 137,9
est reconnu comme étant l’un des trois tests de dépistage nM (5 ␮g/dL) est clairement suggestive d’un syndrome de
du syndrome de Cushing (SC). Cushing. Néanmoins, plusieurs inconvénients se présentent
L’étendue récente du dosage sur spectrométrie de masse pour des valeurs moins élevées [13] : La cortisolémie est
donne un nouveau souffle au cortisol salivaire. Derniè- sujette aux variations de protéines porteuses, principale-
rement, la cortisone salivaire est aussi devenue un sujet ment la transcortine ou cortisol binding globuline (CBG),
d’intérêt en ce qui concerne l’état d’hypercorticisme en l’acte reste invasif et ne peut se faire par soi-même à domi-
étant complémentaire au dosage du cortisol salivaire. cile. Les causes de fluctuation du taux de la CBG les plus
Cette revue développe brièvement les trois tests prin- fréquentes sont reprises dans le tableau 1.
cipaux du dépistage du syndrome de Cushing pour Par exemple, chez la femme sous contraceptifs œstro-
exposer les raisons de l’intégration du test salivaire progestatifs, l’augmentation de la CBG est proche d’un
dans ce dépistage. Ensuite seront discutées les variables facteur 2 et entraîne jusqu’à 50 % de faux positifs lors des

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Aspects pré-analytiques et analytiques du cortisol salivaire

tests de suppression. Une exactitude diagnostique est sou- Tableau 1. Principales causes de modifications du taux de cortisol
vent suffisante avec un arrêt d’une semaine mais certains binding globuline (CBG).
auteurs proposent jusqu’à 6 semaines d’arrêt des hormones
et une répétition dans les mesures pour certains cas douteux Augmentation Diminution
Haut taux d’œstrogènes : Protéinurie/syndrome
[14]. À l’inverse, la présence d’une pathologie rénale grave grossesse, pilule contraceptive néphrotique
amène à des résultats faussement bas. (âge de procréer), thérapie Inflammation aiguë/chronique,
Enfin, la dexaméthasone est sujette à des variabilités dans hormonale de substitution brûlure étendue, sepsis/choc
(ménopause) septique
son absorption (malabsorption, maladie cœliaque. . .) et son Hépatite C Maladie hépatique
métabolisme qui sont modifiés lors de pathologies rénales Mitotane Hypothyroïdie
ou hépatiques ou de prise de médicaments étant substrats Hyperthyroïdie Déficit génétique
et/ou inhibiteurs ou inducteurs du cytochrome P450 3A4
(EC 1.14.13.97). Actuellement, aucune donnée n’existe
concernant la durée d’arrêt de prise médicamenteuse pour médicamenteuse avec la carbamazépine et le fénofibrate,
éviter cette interférence et celle-ci est probablement très disparaissant avec l’ajout de la spectrométrie de masse)
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variable selon le médicament utilisé [12]. Néanmoins, le [17, 18].


test optimal pour exclure une activation excessive de l’axe
hypothalamo-hypophysio-surrénalien sans vrai hypercor-
ticisme (diabète type 2, obésité, alcoolisme, désordres Le cortisol salivaire
psychiatriques) est le test par faible dose de dexaméthasone Le nombre d’études sur le cortisol salivaire dans le syn-
(en une ou plusieurs prises). De plus, le test de suppres- drome de Cushing est en augmentation depuis une vingtaine
sion à la dexaméthasone est le meilleur test pour exclure d’années. Une plus grande sensibilité clinique du nadir noc-
une sécrétion autonome de cortisol lorsque l’imagerie a turne du cortisol salivaire par rapport à la cortisolurie de 24
montré la présence d’un incidentalome surrénalien qui peut h a été récemment publiée, montrant que 17 % des patients
s’accompagner assez fréquemment d’un hypercorticisme avec SC avéré et cortisolurie de 24 h dans les normes pré-
subclinique [15]. En outre, une haute exactitude diagnos- sentaient un cortisol salivaire au coucher trop élevé lors du
tique est démontrée si ce test est combiné avec le cortisol dépistage [19].
salivaire de fin de nuit pour différencier les vrais syndromes Depuis la parution de ces recommandations, une tendance
de Cushing des syndromes dits de « pseudo-Cushing » [16]. parmi les publications place même le cortisol salivaire
comme le premier test de dépistage du fait de ses avantages
en termes de simplicité, non-invasivité et facilité de répé-
Le cortisol libre urinaire de 24 heures
tition [17]. Ceci contribue à diminuer la charge de travail
La cortisolurie de 24 h reste considérée comme le test de liée au diagnostic du SC jugée parfois trop lourde et moins
référence du dépistage d’un syndrome de Cushing et une accessible à une structure hospitalière moins spécialisée.
augmentation au-delà de trois à quatre fois les valeurs nor- Une standardisation du dosage du cortisol salivaire a aussi
males supérieures peut signer un état d’hypercorticisme été proposée avec le développement de scores diagnostiques
sans que d’autres tests soient nécessaires [13]. en faveur d’un SC. L’idée a été pour la première fois pro-
Néanmoins, plusieurs inconvénients existent pour ce posée en 1964 par Nugent, avec l’usage de l’incidence de
dosage. La compliance est souvent compromise avec symptômes cliniques et de paramètres biologiques parmi
des oublis de collecte (enfants, personnes âgées), ce qui 211 patients, mais ce score présentait de très faibles valeurs
fait que la répétition du test est souvent conseillée. La prédictives positive (16 %) et négative (61 %). Plus récem-
complétion de la collecte peut être évaluée par une mesure ment, un score a été proposé dans une étude prospective
de créatinine urinaire. Les infections urinaires peuvent multicentrique avec une prévalence du SC de 7,4 % dans
donner des valeurs abaissées en raison d’une dégradation l’échantillon [20]. Celui-ci combine trois paramètres cli-
bactérienne du cortisol [13]. L’insuffisance rénale influence niques incluant l’ostéoporose, la graisse dorso-cervicale et
aussi le taux de cortisol urinaire : un stade modéré à sévère l’atrophie musculaire (avec un score de 2, 2 et 3 respective-
(débit de filtration glomérulaire inférieur à 60 mL/min) ment) et un seul paramètre biologique, le cortisol salivaire
donne des taux faussement diminués, et les hypercorti- (avec un score de 4 si entre 9,17-13,9 nM ou de 5 si > 13,93
cismes modérés et/ou cycliques, peuvent alors présenter nM). Le dépistage est considéré positif si le score est de 4 ou
une cortisolurie normale [12]. plus (96,2 % de sensibilité et 82,9 % de spécificité). Ainsi,
Enfin, des interférences analytiques ont aussi été mises en avoir uniquement un taux de cortisol salivaire de plus de
évidence pour les immunodosages (dues à la matrice et aux 9,17 nM amène à une positivité pour le dépistage. Ceci
métabolites du cortisol) et les méthodes développées sur explique qu’avoir un score faussement positif est en lien
chromatographie liquide à haute performance (interférence direct avec les états de pseudo-Cushing.

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Néanmoins, en pratique clinique, une récente étude multi- lorsqu’un plus faible volume salivaire est déposé [25]. Ainsi
centrique récente a mis en évidence que le cortisol salivaire pour contrer le problème, le recours à un écouvillon syn-
reste peu utilisé en Europe [21]. Malgré le faible coût de thétique, où la composition est nettement moins variable
l’analyse, le rapport cout-efficacité reste incertain dans cer- et ne présentant pas de rétention significative du cortisol
tains pays et l’accessibilité à l’analyse reste encore limitée. salivaire, est possible [24]. La récupération en cortisol a
même été montrée plus élevée sur des tampons en polyester
[26].
Dosage du cortisol salivaire :
aspects pré-analytiques Le rinçage buccal et la contamination sanguine

Le rinçage de la bouche à l’eau est communément réalisé


Le matériel de collecte avant de prélever la salive pour diminuer la contamination
L’influence du matériel de collecte a été évaluée sur le due aux débris, cellules, nourriture ou boissons. Le respect
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taux d’analytes salivaires. La nature chimique des ana- de 10 minutes de délai entre le rinçage et le prélèvement est
lytes (protéique versus stéroïdienne) peut être un facteur suffisant pour éviter une dilution de la salive [27].
influençant la quantité d’analyte récupéré où les structures La présence d’une contamination sanguine dans le pré-
protéiques montrent des taux d’adsorption plus importants lèvement salivaire est importante à exclure vu les taux
sur coton que les stéroïdes [22]. Néanmoins, des diver- sanguins régulièrement plus élevés que les taux sali-
gences d’adsorption significatives existent également entre vaires (ratio sérum/salive ∼10). La contamination se
stéroïdes. Par exemple, sur prélèvement en polyester, le taux retrouve dans les pathologies parodontales (gingivite,
de récupération en cortisol et cortisone (ajoutés en concen- abcès buccal. . .), certaines maladies infectieuses (virus de
tration connue) est proche de 100 % (103,3 ± 5,8 % ; 98,0 l’immunodéficience humaine) ou encore plus fréquemment
± 9,7 % respectivement) alors qu’il est de l’ordre de 75 % parmi les fumeurs et les populations du tiers-monde [28].
pour la 17-hydroxy-progestérone et la testostérone (73,8 ± Deux moyens ont été développés pour détecter la présence
6,1 % ; 77,7 ± 4,3 % respectivement). de sang en quantité microscopique : l’usage qualitatif de
Il existe aussi plusieurs modes de récupération de la salive. tigette urinaire Hémastix® et la recherche quantitative de
Ainsi la récolte peut se faire par salivation directement transferrine.
dans un tube ou via un matériel absorbant. Bien qu’il n’ait Le mode de détection de la tigette Hémastix® se fait via
pas été démontré de différences significatives de récupéra- la réaction enzymatique avec l’activité pseudo-peroxydase
tion du cortisol, l’usage d’un tampon de collecte présente de l’hémoglobine. Tout comme pour le milieu urinaire,
des avantages supplémentaires tels qu’une meilleure stan- les performances sont limitées avec comme exemple la
dardisation du flux salivaire, une meilleure ségrégation peroxydase salivaire, présente en haute concentration, don-
après centrifugation entre débris et salive et il est aussi nant des résultats faussement positifs [29]. La recherche
plus esthétique [23]. Ces tampons peuvent être compo- salivaire de transferrine peut être une alternative intéres-
sés de coton ou de polymères synthétiques. Le coton a sante. La transferrine, présentant un poids moléculaire élevé
été l’un des premiers matériaux utilisé pour la récupéra- de 76 000 g/mol, ne se retrouve normalement qu’en très
tion de salive. Ce polymère naturel récupéré à partir de faible quantité au niveau salivaire (inférieur à 5 mg/L) et
graine du genre Gossypium est composé essentiellement la contamination sanguine est rapidement signalée vu son
de cellulose et dans une moindre mesure de pectine, cire, taux sérique élevé, supérieur à 1 000 mg/L. Par ailleurs,
sels solubles et sucres. Comme pour tout matériel naturel, aucune corrélation n’existe entre le taux de transferrine
l’inconvénient principal est la variabilité de composition, et les valeurs d’Hémastix® comme le montrent 19 posi-
qui même si la fiabilité de récupération a été étudiée, ne tivités à l’Hémastix® sur 20, alors que la transferrine est
peut pas être aussi bien garantie à travers le temps que pour inférieure à 5 mg/L pour ces mêmes prélèvements [29].
les matériaux synthétiques. En ce qui concerne le corti- Par contre, la concentration de transferrine a montré une
sol, une variabilité de récupération de cortisol entre 62 et bonne corrélation avec le degré de contamination san-
89 % a été démontrée [24]. Il y a en outre un relargage guine et reste augmentée durant au moins 45 minutes après
potentiel à partir du coton de composés interférant avec une microlésion [29]. De manière intéressante, cette étude
l’immunodosage [24]. De plus, il existe une adsorption de et celle de Granger et al. ont montré une augmentation
plusieurs biomarqueurs (ions, protéines dont enzymes, hor- du taux salivaire de cortisol lorsque la concentration de
mones) et un degré de saturation suffisant est nécessaire transferrine salivaire dépasse les 10 mg/L (à ce taux de
avant qu’une extraction correcte puisse être faite comme transferrine, la contamination reste invisible macroscopi-
le montre un plus faible taux de récupération de cortisol quement).

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Aspects pré-analytiques et analytiques du cortisol salivaire

Heureusement, la présence de microlésions mineures à gustatives (acide (acide citrique) ou amer), psychologique
modérées ainsi qu’un brossage de dent vigoureux ne (le stress émotionnel diminue le flux, l’état passionnel
montrent a priori pas d’influence sur le taux du cortisol l’augmente), ou pathologique (sclérodermie). Le flux sali-
salivaire, à l’inverse d’autres stéroïdes comme la testosté- vaire est aussi influencé par le statut d’hydratation, la
rone [30]. L’effet de la gingivite sur le dosage du cortisol réponse au stress, l’âge, l’hérédité et le moment de la
salivaire reste inconnu [12]. journée [33]. Une influence iatrogène est également fré-
quente vu que plus de 400 médicaments sont associés à
une diminution du flux salivaire (diurétiques, hypotenseurs,
Le flux salivaire
antipsychotiques, antihistaminiques, barbituriques, halluci-
On ne peut pas parler de marqueurs salivaires sans abor- nogènes, cannabis, alcool. . .) [32].
der l’influence potentielle que représente le flux salivaire On peut retrouver une salivation insuffisante chez les per-
sur la concentration des divers analytes. Comme les autres sonnes âgées ou chez des sujets atteints de xérostomie
stéroïdes non-estérifiés et non liés aux protéines porteuses, (présent par exemple dans la sclérodermie systémique) [32].
le cortisol se retrouve par diffusion passive dans la salive Une augmentation du flux salivaire peut être obtenue par
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en suivant la loi de Fick. Le risque principal de la stimu- le mâchage ou avec des substances à caractère acide. Ces
lation salivaire est une dilution due à une augmentation substances (acide citrique, boissons aromatisées, Sweet-
du solvant salivaire aqueux par rapport à la quantité de TartsTM) n’ont toutefois pas montré d’influence sur le taux
l’analyte recherché. L’étude de Vining et al. a montré que la de cortisol salivaire dans plusieurs études [34, 35]. L’effet
concentration de cortisol est indépendante du flux salivaire bénéfique du mâchage reste plus controversé. En effet, une
à l’inverse d’autres stéroïdes conjugués où le mécanisme de diminution des concentrations de cortisol est observée après
transport du sang vers la salive serait différent. Néanmoins, 15 minutes de mastication, situation dans laquelle un effet
l’accumulation de facteurs influençant le flux pourrait avoir relaxant, une interaction avec le métabolisme du cortisol ou
un effet potentiel. une interférence analytique sont envisageables.
La sécrétion salivaire se fait via les acini de trois paires Enfin, la salive non-stimulée reste le moyen le plus sûr et
de glandes principales qui sont les glandes parotides, sub- conseillé par de nombreux auteurs. Si un usage de stimu-
mandibulaires et sublinguales. La contribution au volume lant est parfois nécessaire, il faut s’assurer de l’absence
salivaire n’est pas la même pour chaque glande où, lors d’interférences avec la récolte de salive et avec le test utilisé.
de situations sans stimulation, les glandes sous-maxillaires
sont responsables de 65 % du volume total, les parotides de La stabilité salivaire du cortisol
23 %, les sublinguales de 4 % et d’autres glandes mineures La dégradation salivaire du cortisol est liée à des réac-
des 8 % restants [24]. tions non-enzymatiques (hydrolyse, oxydoréduction), au
En outre, les différentes glandes ne sont pas stimulées métabolisme bactérien (enzymes intracellulaires et exo-
principalement par les mêmes voies du système nerveux enzymes) et au métabolisme endogène (par l’action de la
autonome : les deux glandes principales (sous-maxillaires 11-bêta-hydroxy-stéroïde-déshydrogénase (11b-HSD ; EC
et parotides) sont surtout contrôlées par le système para- 1.1.1.146)). Toutes ces réactions peuvent être influencées
sympathique et les autres par l’orthosympathique. La par le pH. La diminution de température de conservation
conséquence de la stimulation parasympathique est une permet de prévenir ces deux phénomènes. Néanmoins, une
vasodilatation, ce qui augmente le flux de manière indirecte étude sur la relation entre la charge bactérienne et la dimi-
et rend la salive aqueuse, pauvre en solutés organiques et nution du taux de cortisol au cours du temps a montré que
inorganiques. À l’inverse, un stimulus sympathique dimi- l’augmentation de la quantité de bactéries n’influençait pas
nue le volume salivaire et augmente la concentration des statistiquement le taux de cortisol après 10 jours à tem-
composés (mucine, alpha-amylase, calcium, potassium, pérature ambiante et ce bien que le taux de cortisol était
bicarbonate). L’alpha-amylase a d’ailleurs été proposée statistiquement réduit à la même température par rapport
dans le milieu sportif comme marqueur de la stimulation au cortisol congelé le jour de la collection [27]. De plus, le
orthosympathique [31]. De plus, l’augmentation de mucine recours au filtre de 0,22 ␮m de diamètre diminue substan-
influence la viscosité qui influence la récolte et le pipetage tiellement le taux bactérien et prévient des interférences que
[32]. l’on rencontre avec certains conservateurs chimiques.
La modification du flux peut se faire de manière volontaire La centrifugation permet de séparer grossièrement la salive
lorsque la salivation est difficile, mais aussi de manière invo- de débris cellulaires servant de support et de ferment
lontaire ce qui est une situation plus difficile à maîtriser. au développement bactérien. Elle permet aussi de rete-
Ainsi la définition d’un stimulus de sécrétion salivaire peut nir une majorité de mucine, diminuant de fait la viscosité
être large : il peut être mécanique (mâchage, succion, cra- et pourrait potentiellement minimiser la fluctuation de
chat, mouvements oro-faciaux), chimique via des propriétés concentration liée aux cycles de congélation/décongélation.
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Malheureusement, le prélèvement à domicile ne permet Une étude importante a récemment publié des valeurs
pas cette centrifugation dans un court délai et il est donc physiologiques de cortisol par percentiles 5, 50 (valeur
conseillé au patient de réfrigérer le prélèvement le plus médiane) et 95 sur base de plus de 100 000 prélèvements
rapidement possible. Néanmoins, la stabilité du cortisol pré- salivaires à partir de 15 grandes études réalisées dans dif-
centrifugation a été établie pour une durée allant jusqu’à 5 férents pays d’Amérique du Nord et d’Europe) [38]. Ces
jours à température ambiante ou réfrigéré à 4 ◦ C [34]. valeurs ont été classées par âge, sexe, moment de la journée
Les plages de stabilité post-centrifugation aux différentes et l’influence de la saison a été également évaluée. Ainsi,
températures d’usage (température ambiante, 2-6 ◦ C, - une variation circannuelle a été constatée avec des valeurs
20 C et -80 ◦ C) présente des divergences inter-études plus élevées de cortisol salivaire en hiver et au printemps
[24, 26, 34, 36]. Ceci peut s’expliquer par des consignes et plus basses en automne et en été, avec une différence
de prélèvement différentes, une composition différente du entre les deux « extrêmes » de près de 1 nM. Ce chan-
matériel de prélèvement voire une différence d’effet de gement saisonnier est lié à des facteurs comportementaux
matrice salivaire incluant une charge et une composition et environnementaux, mais les auteurs proposent aussi une
bactérienne différentes. Néanmoins, nous pouvons affirmer influence du temps d’ensoleillement qui pourrait être un
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de manière générale que le cortisol salivaire est stable au modulateur important. Par exemple, le degré de latitude
moins 7 jours après centrifugation à température ambiante, plus faible en Australie (30S) concorde avec une différence
1 mois à 4 ◦ C et 3 mois à -20 ◦ C. Enfin, le phénomène de pic/vallée sur une journée plus faible (8,6 %) qu’en Europe
cycles de congélation/décongélation a aussi son importance (50N) (près de 10 %). L’altitude pourrait aussi jouer un rôle,
concernant la stabilité. En effet, le phénomène physique mais celui-ci n’a pas encore été évalué.
d’adsorption est bien décrit pour les stéroïdes [34]. Pour le Enfin, les travailleurs de nuit, ou plus généralement les
cortisol, l’altération de la stabilité est décrite après 3 cycles patients avec rythme de travail décalé, ont été étudiés par
ou 4 cycles [26, 34]. plusieurs équipes concernant les fluctuations de leur taux
de cortisol plasmatique et ses conséquences physiopatho-
logiques. Le travail à rythme décalé est associé à une
augmentation de cytokines pro-inflammatoires et à une inci-
Modifications biologiques dence plus élevée d’obésité, de maladies cardiovasculaires,
de perturbations du sommeil et du système immunitaire
et iatrogènes des concentrations
ainsi que de cancer [37]. Dans ce contexte, une altération
de cortisol du rythme de sécrétion des glucocorticoïdes sans perturba-
tion des noyaux supra-chiasmatiques a été montrée, comme
Influence biologique pour la fatigue ou le stress chronique. L’analyse du nadir
Les influences potentielles étant nombreuses et la quan- de cortisol pour le dépistage d’un syndrome de Cushing
tité de cortisol sécrétée étant aussi le résultat intégré des ou du pic matinal pour l’insuffisance surrénalienne n’est
modulations de l’axe hypothalamo-hypophysio-surrénalien donc pas conseillé pour ce type de patients [12]. Ce degré
(axe HHS), les variabilités intra- et interindividuelles des d’altération dépend de l’intensité du décalage de l’horaire
concentrations sériques et salivaires de cortisol sont impor- de travail. La mesure du profil circadien pourrait donc être
tantes. un outil prédictif et préventif d’effets secondaires du tra-
La source de variation la plus connue est l’influence du vail à horaire décalé. L’usage du ratio cortisol/mélatonine
rythme circadien. Les noyaux supra-chiasmatiques (NSC) a aussi été proposé et a montré un lien avec la progres-
représentent le « pacemaker » central du système circadien sion de maladies chroniques et un déficit de récupération
et sont associés à d’autres régions cérébrales et aux glandes de sommeil [39]. Par ailleurs, des moyens thérapeutiques
surrénales. Ils sont considérés comme seconde horloge peuvent être proposés après détection de la perturbation :
biologique [37]. Les NSC subissent l’influence de synchro- complémentation de mélatonine, exposition adéquate à la
nisateurs externes tels que le cycle jour-nuit, l’influence de lumière, modification de la composition et/ou du moment
facteurs sociaux et de l’activité physique [37]. La sécrétion de prise des repas [37].
circadienne du cortisol se présente avec un pic de cortisol D’autres facteurs d’influence peuvent être catégorisés en
atteint 30 à 45 minutes après le réveil et le nadir environ variations physiologiques non-modifiables (âge, sexe, état
16 h après le réveil, ce qui correspond approximativement de stress intense, exercice intense, 2e et 3e trimestre de gros-
à la période autour de minuit. Le cortisol est plus précisé- sesse), variations des protéines porteuses (essentiellement
ment sujet à une pulsatilité de sécrétion ultradienne (12 à de la CBG), variations pathologiques somatiques (maladies
18 pulsations de sécrétion par 24 h) ce qui peut être mis en critiques, diabète de type 2, obésité sévère) et variations
évidence avec des prélèvements répétés réalisés à de très psychologiques et psychiatriques (dépression, alcoolodé-
courts intervalles [37]. pendance) [13].

398 Ann Biol Clin, vol. 76, n◦ 4, juillet-août 2018


Aspects pré-analytiques et analytiques du cortisol salivaire

Tableau 2. Influences médicamenteuses potentielles sur le taux de cortisol, d’après [32].

Effets subjectifs modulant l’impact environnemental sur l’axe HHS


1. Stress, menace 1. ISRS, antidépresseurs tricycliques, antipsychotiques,
2. Douleur benzodiazépines
2. Narcotiques, AINS et paracétamol
Action sur l’axe hypothalamo-hypophysaire
1. Hypothalamus (CRH) 1. ISRS
2. Hypophyse (ACTH) 2. Stéroïdes de synthèse, agonistes opioïdes
3. Autres sécrétagogues (augmente l’ACTH) 3. Ocytociques, antagonistes du récepteur à la vasopressine,
sympathicomimétiques (phénothiazines et inhibiteurs de la
monoamine oxydase A ou B)
Glucocorticoïdes synthétiques oraux, nasaux, topiques, ophtalmiques
Action sur la synthèse de cortisol Hypocholestérolémiant (statine, fibrate), pregnénolone,
progestérone, inhibiteurs de la synthèse des stéroïdes
(kétoconazole, fluconazole, métyrapone, mitotane)
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Certaines pathologies peuvent aussi influencer le taux de faussement élevé de par son effet inhibiteur de la 11-bêta-
cortisol salivaire et il a par exemple été établi que les diabé- hydroxy-stéroïde-déshydrogénase de type 2 [13].
tiques de type 2 et les obèses montrent également des taux Le tableau 2, adapté à partir de la revue de Granger et al.,
de cortisol plus élevés même en soirée, ce qui a pour consé- reprend ces principaux mécanismes et les classes pharma-
quence d’aplanir la diminution de cortisol au cours de la cologiques associées [32].
journée [40]. Dès lors, il est souhaitable d’ajuster les seuils En outre, le cortisol est un substrat du cytochrome p450
de décisions dans ces groupes afin d’éviter un taux trop 3A4 qui est le plus étudié dans la métabolisation de médi-
important de faux positifs. Les fumeurs présentent égale- caments. Ainsi tout autre médicament étant substrat et/ou
ment des taux plus élevés de cortisol et une inhibition de la inhibiteur ou inducteur de ce cytochrome pourrait avoir
11-bêta-hydroxy-stéroïde-déshydrogénase de type 2 a été un impact significatif sur la concentration en cortisol tout
démontrée [41]. Dans le cas de la grossesse, une recherche milieu biologique confondu. Une liste bien détaillée et mise
de cortisol libre (cortisolurie de 24 h ou cortisol salivaire à jour de ces interférences pharmacocinétiques est dispo-
prélevé en soirée) est souhaitable vu l’augmentation du nible en accès libre sur le site « www.cbip.be » dans la
taux de protéine porteuse (augmentation d’un facteur 2). rubrique « Interaction des médicaments ».
Néanmoins, le cortisol sérique libre augmente également
en cours de grossesse (de 2 à 3 fois durant les deuxième et
le troisième trimestre), notamment sous l’influence d’une Dosage du cortisol salivaire :
sécrétion placentaire de CRH. aspects analytiques
Différentes méthodes de dosages existent pour le dosage
Influence médicamenteuse
du cortisol salivaire et les principales sont basées sur
L’influence de la prise de médicaments sur le taux de cor- les immunodosages et la chromatographie liquide avec
tisol est souvent suspectée, mais peu étudiée, et l’ensemble détection par spectrométrie de masse. Les immunodosages
des médicaments pris par un patient est rarement consi- restent les dosages les plus répandus et leurs avantages
déré parmi les interférences potentielles dans les études résident dans leur simplicité d’usage et leur degré important
réalisées. Lorsqu’ils sont étudiés, la fréquence d’usage d’automatisation. Néanmoins, le dosage sur spectrométrie
n’est pas mentionnée et le faible nombre de patients inclus de masse offre globalement de meilleures performances
dans l’étude limite le pouvoir statistique [32]. Pourtant analytiques et certaines publications récentes proposent
les médicaments peuvent influencer les concentrations du également le dosage de la cortisone salivaire (discuté dans
cortisol salivaire via différents mécanismes : action soit la partie Perspective).
sur l’hypophyse ou la surrénale, sur la composition, la Étant donné que la concentration de cortisol salivaire est de
disponibilité ou le transport salivaire, sur la concentra- dix à cent fois plus faible qu’au niveau sanguin, le choix de
tion de la CBG ou un effet sur les anticorps anti-cortisol la méthode de dosage tiendra compte de sa sensibilité et sa
des immunodosages [32]. Par ailleurs, il est reconnu que spécificité.
l’usage d’anticholinergique est la cause la plus impor- Cette partie présente quelques techniques analytiques
tante d’insuffisance salivaire. Nous pouvons aussi citer ici (tableau 3) et ouvre la discussion sur la limite de quan-
l’effet de l’acide glycyrrhizique donnant un taux de cortisol tification, la spécificité et des différences inter-méthodes.

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Tableau 3. Caractéristiques analytiques de quelques immunodosages et méthodes développées sur spectrométrie de masse.

400
Méthode Principe analytique Automatisé/ Limite de Limite de Insert kit : dernière
analytique manuel détection quantification version/source
(fabriquant) (nM) (nM) bibliographique
Salimetrics Compétitif hétérogène Manuel 0,2 1,9 Insert kit : 2014
(State College, PA) Colorimétrie
Synthèse

DetectX Compétitif hétérogène Manuel 0,1 2,0 Insert kit : 2016


Arbor Assay Colorimétrie
(Michigan, USA)
IBL International Compétitif hétérogène Manuel 0,008 0,014 Insert kit : 2015
(Hambourg, Colorimétrie
Allemagne)
Roche Compétitif hétérogène Automatisé 1,5 3,0 Insert kit : 2017
Cortisol II, Cobas, Électrochémiluminescence
(Suisse)
Siemens Compétitif hétérogène Automatisé 2,0 3,4 [54]
Immulite 2000® Électrochémiluminescence
(Gwynedd, UK)
Spectrométrie Prétraitement : extraction en phase solide offline et online Semi-automatisé Cortisol : 0,2 Cortisol : 0,5 [18]
de masse Système chromatographique : Agilent HPLC series 1200 (prétraitement Cortisone : 0,3 Cortisone : 0,6
avec colonne Zorbax Eclipse XDB-C18 manuel)
Spectromètre de masse :
Mode d’ionisation : électrospray en mode positif
Analyseur : triple quadrupole mass spectromètre Agilent 6430
Détection en mode MRM (multiple reaction monitoring)
Spectrométrie Prétraitement : précipitation au sulfate de zinc Semi-automatisé Cortisol : 0,08 Cortisol : 0,3 [55]
de masse Système chromatographique : Prominence UFLC de Shimadzu (prétraitement Cortisone : 0,08 Cortisone : 0,3
avec extraction en phase solide online et colonne Chromolith® manuel)
SpeedROD column
Spectromètre de masse :
Mode d’ionisation : ionisation chimique à pression
atmosphérique en mode positif
Analyseur : QTRAP® 5500 de AB SCIEX
Détection en mode MRM
Spectrométrie Prétraitement : précipitation à l’acétonitrile Semi-automatisé Cortisol : 0,01 Cortisol : 0,01 [53]
de masse Système chromatographique : (prétraitement Cortisone : 0,01 Cortisone : 0,01
Colonne de garde : Phenomenex Security Guard Ultra C18 manuel)
PerkinElmer Flexar FX10 UPLC avec une colonne de garde C18
et une colonne analytique Phenomenex Kinetex C18
Spectromètre de masse :
Mode d’ionisation : électrospray en mode négatif
Analyseur : Sciex 5500 QTRAP
Détection en mode MRM
Spectrométrie Système chromatographique : extraction en phase solide, Automatisé Cortisol : Cortisol : 0,8 [56]
de masse colonne de garde Phenomenex® C18 et colonne analytique non déclaré Cortisone : 0,5
Phenomenex® Onyx monolithic C18 column Cortisone :
Spectromètre de masse : non déclaré
Mode d’ionisation : électrospray en mode positif
Analyseur : Waters® XevoTM TQ MS
Détection en mode MRM

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Aspects pré-analytiques et analytiques du cortisol salivaire

Limite de quantification suivi thérapeutique du SC, de favoriser un surdosage en


metyrapone. En ce qui concerne la salive, c’est essentiel-
La limite de quantification des méthodes développées
lement avec la cortisone qui est de trois à dix fois plus
sur spectrométrie de masse est en moyenne dix fois
concentrée, en partie due à une demi-vie prolongée, que
plus basse que celle des immunodosages (exception pour
le problème de spécificité analytique a été étudié [46].
l’immunodosage manuel d’IBL).
Ainsi, on retrouve une hétérogénéité du pourcentage de
Les valeurs physiologiques de cortisol salivaire en soi-
réaction croisée pour la cortisone salivaire allant de 0,13
rée (étudiées sur spectrométrie de masse) ne descendent
à 15,7 % pour les immunodosages, alors que la spectromé-
habituellement pas en dessous de 0,10 nmol/L (5e per-
trie de masse affiche moins de 0,5 % [44, 46]. Concernant
centile) [38]. Les limites de quantification de la plupart
la prednisolone, un corticostéroïde exogène fréquemment
des immunodosages n’atteignent pas cet ordre de gran-
utilisé, le pourcentage d’interférence peut même atteindre
deur, mais l’intervalle de mesure couvre tout de même les
les 40 à 60 % dans certains immunodosages [44]. Mal-
seuils cliniques utilisés dans la littérature (de l’ordre du
gré la co-élution avec le cortisol sur certains systèmes
nanomolaire).
chromatographiques, elle reste différenciable avec la spec-
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Les différences de limite de quantification entre immuno-


trométrie de masse en tandem où le mode MRM (multiple
dosages et spectrométrie de masse sont certes liées à la
reaction monitoring) renforce la sélectivité de la détection
technologie utilisée mais aussi à la spécificité analytique
par rapport au mode SCAN [47]. D’autres interférents ont
de ces derniers. En effet, étant donné que le taux de réac-
aussi été mis en évidence (prednisone, corticostérone, cor-
tion croisée est plus faible avec la spectrométrie de masse,
tisone et 11-déoxycortisol) allant du dixième à plusieurs
pour une même quantité de cortisol, le résultat rendu avec
dizaines de pourcents pour les immunodosages et restant
la spectrométrie de masse sera plus faible.
à moins de 0,5 % pour la spectrométrie de masse avec en
plus l’identification de ces interférents via le multiplexage
Spécificité analytique [44, 46].
Des différences importantes existent entre immunodo- Concernant la cortisone, la réactivité croisée relative est
sages et spectrométrie de masse, reflétant le manque de 0.6 à 3,2 % (évalués sur les 5 immunodosages les
de spécificité de certains immunodosages. En effet, plus utilisés). En outre, l’interférence avec la cortisone
malgré l’avancée faite avec l’usage d’anticorps monoclo- est plus importante lorsqu’on rend le résultat en valeur
naux, le manque de spécificité dû à la réaction croisée absolue car la concentration salivaire de la cortisone peut
avec d’autres stéroïdes reste le problème majeur des être jusqu’à dix fois plus importante que celle du corti-
immunodosages [42]. sol salivaire [46]. La dépendance à une firme n’est que
Les interférences peuvent être potentiellement nombreuses plus forte avec une chaîne automatisée qui n’offre pas
avec le cortisol étant donné la présence abondante de mul- toujours les meilleures performances pour le paramètre
tiples précurseurs et métabolites, sans parler de l’influence d’intérêt et où le choix de l’appareil est fait sur un compro-
éventuelle de stéroïdes exogènes. L’une des causes de réac- mis coût/vitesse/performances. Ainsi, pour maximiser les
tivité croisée en immunodosage est la présence du cycle-A performances, le recours additionnel à un instrument d’un
similaire entre le cortisol et ces autres stéroïdes [43]. Ces autre fournisseur au sein d’un laboratoire est possible
interférences ont été bien décrites avec le milieu sérique [42].
ou urinaire où la matrice est plus riche et concentrée en Ce problème de valeur absolue est accentué dans les cir-
métabolites stéroïdiens. Ceci explique que dans certaines constances où le cortisol salivaire est diminué. Ainsi la
circonstances particulières, le recours à la spectrométrie de fraction de réaction croisée attribuée au résultat analytique
masse est le seul outil analytique utilisable pour une quan- global est augmentée par rapport au cortisol salivaire dimi-
tification fiable de l’ensemble de ces stéroïdes, et ce malgré nué. Un bon exemple est le cas du syndrome de Cushing
la forte spécificité des anticorps anti-cortisol-3-oxime et où l’hypercorticisme est subclinique. Le taux de cortisol
la faible concentration relative des interférents [42, 44]. étant relativement peu élevé et fluctuant, la détection d’un
Une telle situation se retrouve lors d’augmentation des pré- taux pathologique est ainsi d’autant plus difficile par immu-
curseurs de la synthèse du cortisol (11-déoxycortisol) en nodosage. En outre, l’absence de certains signes cliniques
rapport avec un blocage ou un déficit de la 11b-hydroxylase typiques du SC réduit la probabilité pré-test ce qui rend le
(EC 1.14.15.4) ou lors de l’usage de metyrapone, un anti- diagnostic encore plus difficile.
surrénalien utilisé dans le SC ou comme test dynamique Certaines interférences ont aussi été publiées concernant
pour le diagnostic de l’insuffisance surrénalienne dans la chromatographie liquide couplée à la spectrométrie
certains pays [44, 45]. Ceci a pour conséquence soit de de masse, mais elles sont en général soit déjà solution-
donner des faux négatifs dans le diagnostic de l’insuffisance nées ou tout simplement non retrouvées dans d’autres
surrénalienne en masquant l’hypoadrénalisme ou, lors du études. Citons par exemple l’interférence avec le cortisol de

Ann Biol Clin, vol. 76, n◦ 4, juillet-août 2018 401


Synthèse

composés isobariques (21-déoxycortisol, 11-déoxycortisol, de Taylor et al. décrit l’importance de la préparation de


corticostérone, isotope M+2 de la prednisolone) et celle de l’échantillon face à ce problème. Ainsi pour la spectro-
la prednisolone avec la cortisone. Ces interférences sont métrie de masse, une standardisation du nettoyage et de
toutefois résolues grâce à une bonne séparation par chro- la séparation chromatographique améliore les résultats. En
matographie ou encore avec une abondance de fragments ce qui concerne les immunodosages, l’opération est plus
ioniques différents [47]. L’effet suppresseur d’ions a aussi difficile vu la différence de reconnaissance épitopique des
été décrit mais absent dans la plupart des études sur le anticorps utilisés, de formulation des kits et la pauvreté de
sujet [18]. En outre, l’usage de standard interne deutéré standardisation et de calibration de la technologie [42].
permet d’éviter ce problème d’ionisation et d’interférences En ce qui concerne la deuxième alternative, une table de
matricielles. conversion numérique est disponible depuis la publication
de l’équipe de Miller en 2013 [46]. Le modèle statistique
utilisé prend en compte la variance systématique du test et
Différences inter-méthodes inclut un ajustement des erreurs de mesure et des interfé-
À notre connaissance, une comparaison de ces méthodes a rences avec la cortisone salivaire. Néanmoins, l’exactitude
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été réalisée dans 3 études [46, 48, 49]. La comparaison inter- est diminuée pour les valeurs faibles et hautes à cause
laboratoire la plus récente (2014) comprend 4 méthodes du modèle linéaire conventionnel. De plus, bien qu’utile,
de chromatographie couplée à la spectrométrie de masse, l’étude ne comprend que 5 IDs en prenant comme réfé-
un RIA et un Elisa. Des prélèvements salivaires réalisés rence l’une des méthodes de spectrométrie de masse parmi
en fin de journée chez 8 patients sont analysés une pre- tant d’autres. De plus, comme les auteurs le précisent, des
mière fois, puis à nouveau après enrichissement en cortisol changements inter-IDs parmi les cinq considérés peuvent se
[49]. Ceci permet ensuite de calculer le taux de recouvre- produire avec des modifications dans les réactifs ou antisera
ment en cortisol ajouté. Néanmoins, la spécificité n’est pas utilisés.
réellement évaluée étant donné l’abondance non physio-
logique du cortisol par rapport aux interférents matriciels.
Les résultats qui en ressortent sont : a) une forte variabilité
inter-laboratoire ; b) un intervalle de recouvrement englo- Perspective : le dosage
bant 100 % qui n’est atteint que par une seule méthode de de la cortisone salivaire
spectrométrie de masse et la méthode RIA proposée. Les
explications proposées reposent sur une différence concer- La somme des concentrations salivaires de cortisone et de
nant la calibration, le prétraitement (au sujet des méthodes cortisol a démontré être un bon reflet du cortisol plasma-
développées sur spectrométrie de masse) et la spécificité tique dès 1969 et ce bien avant l’utilisation préférentielle
des méthodes [49]. du cortisol [50]. La « redécouverte » de l’utilité potentielle
Dans la revue de Taylor et al., les performances des immu- de la cortisone salivaire est principalement due au gain de
nodosages sont décrites comme insatisfaisantes : bien que spécificité apporté par la spectrométrie de masse qui reste
certains montrent une excellente corrélation avec la spec- l’unique méthode reconnue pour ce dosage où les immuno-
trométrie de masse, la majorité montre une non-linéarité dosages montrent une réactivité croisée allant jusqu’à 32 %
majeure et un manque de précision inter-immunodosage [51]. Il est donc envisageable qu’une méthode de référence
majeur [42]. Il en ressort un besoin impérieux de méthode commune au cortisol et à la cortisone émerge et se base sur
et de matériel de référence ainsi que d’un contrôle qualité la spectrométrie de masse.
externe de la matrice salivaire pour résoudre ces problèmes En effet, une simple réaction d’oxydoréduction en posi-
de variabilité inter-méthodes, surtout inter-IDs, afin de tion 11 du noyau des stéroïdes, donc une différence de 2
pouvoir comparer correctement les résultats des diverses en masse moléculaire (due aux 2 atomes d’hydrogène) dif-
études et établir des intervalles/valeurs seuils de référence férencie les deux molécules. Plusieurs auteurs ont publié
robustes. leur méthode de spectrométrie de masse à haute perfor-
En attendant, deux alternatives provisoires ont été propo- mance pour les 2 stéroïdes (exactitude et précision de plus
sées à savoir la comparaison inter-laboratoire classique, de 90 %) [18, 52]. Néanmoins, l’étude récente d’Al-Dujaili
donnant une idée du biais et de la dispersion de résul- et al. en 2012 présente un Elisa développé pour la recherche
tats entre méthodes, mais sans apporter de valeur cible. de cortisone avec de bonnes performances analytiques, une
La deuxième solution est l’usage de facteurs correctifs. faible réactivité croisée avec le cortisol (0,27 %) et une
Comme décrit ci-dessus, les méthodes de spectrométrie de limite de quantification rivalisant avec celle des méthodes
masse peuvent aussi présenter des problèmes de variabi- de spectrométrie de masse (77,7 pM) [52].
lité inter-laboratoires malgré leur meilleure spécificité et L’enzyme qui permet la conversion entre le cortisol et la
leurs imprécisions intra- et inter-tests plus faibles. L’équipe cortisone est la 11-bêta-hydroxy-stéroïde-déshydrogénase

402 Ann Biol Clin, vol. 76, n◦ 4, juillet-août 2018


Aspects pré-analytiques et analytiques du cortisol salivaire

(11b-HSD). La 11b-HSD de type 2 réalise la conver- Liens d’intérêts : Les auteurs déclarent ne pas avoir de
sion de cortisol en cortisone, où la cortisone représente lien d’intérêt en rapport avec cet article.
la forme inactive du cortisol et la 11b-HSD de type
1 réalise la conversion inverse. Ces iso-enzymes sont
tissus-spécifiques. Ainsi au niveau des glandes parotides,
c’est la forme de type 2 qui est présente. La conversion
rapide produite par l’enzyme salivaire fait que le taux de Références
cortisone est en moyenne six fois supérieur à celui du corti-
sol, à l’inverse du taux sérique où le cortisol est la fraction 1. Shannon I, Prigmore J, Brooks R, Feller R. The 17-
hydroxycorticosteroids of parotid fluid, serum and urine following
majoritaire (4 fois plus concentré que la cortisone). Le intramuscular administration of repository corticotropin. J Clin
ratio au cours de la journée peut fluctuer (autour de 4 le Endocrinol Metab 1959 ; 19(11) : 1477-80.
matin et de 10 en soirée) car l’activité de la 11b-HSD-
2. Riad-Fahmy D, Read G, Walker R. Salivary steroid assays for screening
2 est diminuée lorsque les taux de cortisol salivaire sont endocrine function. Postgrad Med J 1980 ; 56 : 75-8.
plus élevés comme en matinée [52]. En outre, la prise de
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réglisse contenant des acides glycyrrhiziques est à pros- 3. Al-Ansari A, Perry L, Smith D, Landon J. Salivary cortisol determi-
nation: adaptation of a commercial serum cortisol kit. Ann Clin Biochem
crire car ils inhibent l’activité de la 11b-HSD-2 et faussent 1982 ; 19(3) : 163-6.
l’interprétation du ratio. Un déficit génétique de l’enzyme,
bien que rare, amène à la même conséquence. 4. Ryoji H. Direct assay of cortisol in human saliva by solid
phase radioimmunoassay and its clinical applications. Clin Chim Acta
Un des intérêts de la mesure de cortisone salivaire réside 1981 ; 117(2) : 239-49.
dans l’exclusion d’une contamination salivaire par de
l’hydrocortisone (= cortisol exogène). En effet, étant 5. Luthold WW, Marcondes JAM, Wajchenberg BL. Salivary cortisol for
the evaluation of Cushing’s syndrome. Clin Chim Acta 1985 ; 151(1) :
donné que la conversion par la 11-bêta-hydroxy-stéroïde- 33-9.
déshydrogénase de type 2 ne se fait pas in vitro, une
contamination se caractérise par un ratio cortisol/cortisone 6. Vining RF, McGinley RA, Maksvytis JJ, Ho KY. Salivary cortisol: a
better measure of adrenal cortical function than serum cortisol. Ann Clin
anormalement élevé de plusieurs dizaines d’unités (norma- Biochem 1983 ; 20(6) : 329-35.
lement entre 0,1-1,2) [51]. Certains auteurs intègrent même
ce test dans leur algorithme diagnostique du syndrome de 7. Ansseau M, Sulon J, Doumont A, Cerfontaine J-L, Legros J-J, Sodoyez
J-C, et al. Use of saliva cortisol in the dexamethasone suppression test.
Cushing lorsque le taux de cortisol salivaire analysé par Psychiatry Res 1984 ; 13(3) : 203-11.
immunodosage est au-dessus de 20 fois la limite supérieure
de l’intervalle physiologique [17]. 8. Copolov DL, Rubin RT, Mander AJ, Sashidharan S, Whitehouse
AM, Blackburn IM, et al. Pre-and post-dexamethasone salivary cor-
Une variation du ratio cortisol/cortisone a également été tisol concentrations in major depression. Psychoneuroendocrinology
démontrée dans certaines situations pathologiques, essen- 1985 ; 10(4) : 461-7.
tiellement l’hypertension artérielle, mais aussi le diabète de
9. Burke PM, Reichler RJ, Smith E, Dugaw K, McCauley E, Mitchell
type 2 et l’obésité. Une altération de l’activité enzymatique J. Correlation between serum and salivary cortisol levels in depressed
de la HSD-1 est suggérée dans ces situations. À l’inverse, and nondepressed children and adolescents. Am J Psychiatry 1985 ; 142 :
le ratio des patients avec syndrome de Cushing démontré 1065-7.
n’est pas différent de celui des sujets sains [53]. 10. Javaid MA, Ahmed AS, Durand R, Tran SD. Saliva as a diagnostic
tool for oral and systemic diseases. J Oral Biol Craniofac Res 2016 ; 6(1) :
67-76.
Conclusion 11. Konishi S, Brindle E, Guyton A, O’Connor KA. Salivary concentra-
tion of progesterone and cortisol significantly differs across individuals
Le cortisol salivaire, l’un des trois tests principaux du dépis- after correcting for blood hormone values. Am J Phys Anthropol
2012 ; 149(2) : 231-41.
tage du syndrome de Cushing, est un dosage d’intérêt
croissant de par sa simplicité, sa non-invasivité ainsi que 12. Nieman LK, Biller BM, Findling JW, Newell-Price J, Savage MO,
la répétition aisée de son prélèvement et l’étendue récente Stewart PM, et al. The diagnosis of Cushing’s syndrome: an endocrine
society clinical practice guideline. J Clin Endocrinol Metab 2008 ; 93(5) :
du dosage sur spectrométrie de masse. Néanmoins, afin 1526-40.
de garantir un résultat fiable et interprétable, une attention
particulière doit être portée sur la bonne intégration dans 13. Bansal V, Asmar NE, Selman WR, Arafah BM. Pitfalls in the
diagnosis and management of Cushing’s syndrome. Neurosurg Focus
l’analyse des facteurs influençant la qualité du prélèvement 2015 ; 38(2) : E4.
salivaire et l’interprétation correcte des valeurs obtenues,
ainsi que sur le choix de la méthode permettant de respec- 14. Vastbinder M, Kuindersma M, Mulder A, Schuijt M, Mudde A. The
influence of oral contraceptives on overnight 1 mg dexamethasone sup-
ter les exigences de grande qualité en termes de sensibilité pression test. Breathlessness after a radiological procedure: what is your
et de spécificité. diagnosis? Neth J Med 2016 ; 74(4) : 158-61.

Ann Biol Clin, vol. 76, n◦ 4, juillet-août 2018 403


Synthèse

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