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Des gestes ou des mots

qui font très mal


Dans un contexte général de la prévention, une prise en charge
d’augmentation de la violence, appropriée. Les secteurs concernés
y compris au travail (incivilités, sont multiples : services de contact
agressions, attentats), la prévention avec le public ou la clientèle,
des risques liés aux agressions établissements de soins, enseignement
représente un enjeu d’importance et formation, banques, etc.
pour nombre d’entreprises. Les Dans un certain nombre d’entre
conséquences, tant physiologiques eux, des actions ont été menées,
que psychologiques, d’une agression en associant notamment les Caisses
peuvent être très graves et nécessitent, régionales d’assurance maladie
de la part de l’entreprise et des acteurs et les services de santé au travail.

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CONDITIONS DE TRAVAIL
L’employeur doit assurer la sécurité et la
Du simple mot de ■ Travail et Sécurité : Comment
travers à l’homicide, définit-on la violence sur le lieu
de travail ?
en passant par toutes
les formes d’agressions, Dr Bernard Siano, responsable
la violence externe EAM à l’INRS : Pour le Bureau
– subie par le salarié international du travail (1), la
de la part d’une violence sur le lieu de travail
personne étrangère se définit comme toute action,
tout incident ou tout compor-
à l’entreprise –
tement qui s’écarte d’une atti-
s’exprime de façons tude raisonnable, par lesquels
diverses et souvent peu une personne est attaquée,
prévisibles. Entretien menacée, lésée ou blessée,
avec le Dr Bernard dans le cadre ou du fait direct
Siano, responsable du de son travail. On distingue la
violence interne, entre les tra-
département Études et
vailleurs, et la violence externe,
Assistance médicales qui existe entre les travailleurs
(EAM) à l’INRS. et d’autres personnes pré-
sentes sur le lieu de travail. Le
concept de violence externe au

travail englobe généralement l’amélioration de condition de


Certaines les actes d’incivilité, les insul- vie et de travail (Dublin) montre
situations, comme tes, les menaces, agressions que 4 % (soit 6 millions de per-
le travail de nuit physiques ou psychologiques sonnes) de la population active
ou le travail isolé, exercées contre une personne déclarent avoir été victimes de
peuvent favoriser
les agressions sur son lieu de travail par des réelles violences physiques par
violentes, individus extérieurs à l’entre- des personnes extérieures au
surtout dans prise, y compris des clients, et lieu de travail durant les douze
© Florence Brochoire/editingserver.com

les professions qui mettent en péril sa santé, derniers mois.


chargées du sa sécurité ou son bien-être. Ces chiffres sont variables
contrôle de la
loi ou des en fonction des pays et des
règlements. ■ Quels sont les chiffres de la secteurs professionnels. Par
Il est donc essentiel violence au travail ? exemple, une étude effectuée
d’éviter leur dans le secteur des transports
survenue par Dr B. S. : La troisième enquête en France montre, entre 1997
une réflexion
sur les conditions sur les conditions de travail et 2002, une progression du
et l’organisation (en décembre 2000) de la nombre d’agressions de 2 230
du travail. Fondation européenne pour à 3 210 (2).

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t la santé des travailleurs
■ Quels sont les risques asso-
ciés aux agressions violen-
tes, pour l’individu et pour
l’entreprise ?

Dr B. S. : Ils sont de trois ordres :


risques sanitaires, d’abord
(atteinte à l’intégrité physique
ou psychologique, apparition
de symptômes post-traumati-
ques) liés au stress (apparition
d'angoisses, phobies, insom-

© gilles rolle/rea
nies) ; d’ordre social, ensuite
(perte de motivation, détério-
ration des relations du travail,
difficulté de recrutement) ; et,
enfin, les risques financiers. La
violence externe a un impact Le secteur bancaire a passé
plusieurs accords qui ont favorisé
sur la marche de l’entreprise la mise en sécurité des locaux et
(absentéisme accru, baisse de installations.
productivité).

■ Comment organiser une


prévention efficace, face à un Pour en savoir
risque aussi diffus ? plus
© Pierre Bessard/Réa

Dr B. S. : La réglementation • Travail et agressions. État


énonce clairement l’obligation des lieux et prévention des
pour l’employeur d’assurer la risques. Dossier sur le site
sécurité et la santé des tra- www.inrs.fr. Mis à jour en
vailleurs dans tous les aspects janvier 2003.
liés au travail, y compris la vio- • Santé mentale au travail.
lence au travail (planification Stress, violence et agres-
de la prévention dans l’entre- sion, harcèlement moral,
prise, évaluation des risques, épuisement professionnel.
nécessité de les combattre à la Dossier sur le site
source). www.inrs.fr. Mis à jour en
L’entreprise doit au préalable octobre 2002.
évaluer les risques encou- • La violence au travail
en Europe : la réalité du
problème et les réponses
L’employeur dispose d’outils apportées. « Documents
pour mener une réflexion pour le médecin du travail »,
sur l’amélioration des conditions 2001, réf. 85 TD109.
de travail. Notamment,
© Ian Hanning/Réa

• J’ai mal au travail. Stress,


le document unique d’évaluation
harcèlement moral,
des risques, qui permet de repenser
les situations et les postes pour violences. INRS, 2004, CD ou
une meilleure prise en compte DVD, réf. CD ou DV 0327.
de la sécurité.

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L’employeur doit assurer la sécurité et la santé des travailleurs

Quelques mesures simples rus par les salariés exposés,


notamment en précisant l’or-
pour éviter les violences externes ganisation générale de l’entre-
prise et en étudiant les postes
concernés, la disposition des
Mesures préventives Exemples locaux, les horaires et les pro-
cédures de travail, afin d’iden-
Environnement • Prendre en compte les mesures de sécurité physique, tifier les principaux facteurs
du milieu de travail par exemple : verrouillage des entrées, écrans de contrôle, de risque d’agression (3).
éclairage adéquat, bureaux d’accueil, issues de secours, L’étape suivante consiste à
installation de systèmes de surveillance vidéo, systèmes d’alarme, élaborer une politique de
portes codées, élimination ou limitation des zones sans issue et sécurité dans l’entreprise
des objets pouvant servir de projectiles, etc. (ou dans la branche d’acti-
• Fournir aux clients, aux usagers un accueil adéquat, un cadre plus
vité), et à apporter quand
cela est possible des solutions
agréable et des renseignements le plus précis possible quant aux
pour améliorer la sécurité
délais de réponse, etc.
des personnes y travaillant.
La participation des travailleurs
et de leurs représentants à
Organisation du travail • Retirer régulièrement l’argent liquide et les objets de valeur ; ces deux étapes est cruciale,
et conception du travail privilégier l’utilisation des solutions de remplacement, aussi bien pour identifier les
sous forme autre que billets de banque et pièces ; facteurs de risque que pour
mettre en œuvre ultérieure-
• organiser les files d’attente ;
ment les solutions retenues.
• prévoir des effectifs suffisants ;
La prévention s’effectue à deux
• adapter les heures d’ouverture aux besoins de la clientèle,
niveaux. Il s’agit d’abord de
des usagers ; prévenir les actes violents et
• demander aux visiteurs de décliner leur identité ; les incivilités par des actions
• accompagner le personnel, si nécessaire ; sur le milieu de travail, telles
• éviter le travail isolé et, lorsque cela s’avère impossible, que système de surveillance
maintenir un contact avec le salarié ; vidéo, éclairage adéquat, sys-
• améliorer la réception des clients, leur information, etc. tèmes d’alarme, actions sur
l’organisation du travail (retirer
Formation et information • Tenter d’identifier les comportements et les signes annonciateurs régulièrement l’argent liquide,
du personnel d’une agression ; organiser les files d’attente).
• apprendre à gérer les éventuelles situations difficiles avec Ensuite, il faut agir sur l’orga-
nisation pour éviter les inci-
les clients, et/ou usagers ;
dents avec les clients (analyse
• suivre les procédures mises en place pour assurer la sécurité
des incidents pour prévenir les
des employés comme, par exemple, appliquer les instructions
situations de conflit…), et éga-
de sécurité, garantir une communication adéquate, dans le secteur lement de former et informer
de la santé agir de manière à réduire l’agressivité éventuelle les salariés : apprendre à gérer
d’une ou des personnes, et à prendre en compte les patients les éventuelles situations dif-
ayant un passé connu en matière de violence ; ficiles avec les clients... (cf.
• créer un environnement de travail permettant de gérer tableau ci-contre).
le stress inhérent à des situations de violence, afin de contrôler Ensuite, il est aussi nécessaire
les éventuelles réactions émotionnelles. de limiter les effets néfastes
de l’acte violent par la mise
en place de procédures à sui-
(Source : Facts n°24. Agence européenne pour la santé et la sécurité au travail)

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© Frédéric Maigrot/Réa
L’installation de dispositifs de vidéosurveillance et de sas fermés dans les locaux permet de prévenir les agressions et les incivilités. Ici, dans un tribunal.

vre en cas d’incident violent et dures sont définies dans le quent dans l’aide à la victime Enfin, une déclaration en acci-
portées à la connaissance des cadre de la mise en place dans en lien avec le service de santé dent du travail (AT) doit être
salariés. l’entreprise de l’organisation au travail ; établie. La CNAMTS a publié en
des secours avec les conseils • de fournir à la victime une 1999 une circulaire à cet effet
■ Comment aider les victimes du médecin du travail. Dans aide psychologique ; (4). ■
d’agression sur leur lieu de cette optique – et en dehors • de fournir à la victime,
travail ? des soins d’urgences éven- toute l’aide nécessaire pour Propos recueillis par A. B.
tuellement nécessaires – il est les procédures légales et 1. Site internet : www.ilo.org
Dr B. S. : Des procédures à sui- important : administratives ;
2. Source : Union des transports publics
vre en cas d’incident violent • de ne pas laisser un tra- • de réévaluer les risques. 2003.
doivent être mises en place vailleur qui a été victime ou Une enquête sur l’incident
3. Code du travail, article R 230-1 et
et portées à la connaissance témoin d’un acte de violence, doit être menée, permettant suivants. Lire : « ED 5018 – L'évaluation des
des salariés. L’objectif est de seul durant les heures suivant une réévaluation des risques risques professionnels ». INRS 2005.

prévenir tout dommage sup- l’incident ; afin d’identifier les mesures 4. Circulaire CNAMTS : prévention des
traumatismes psychologiques au titre du
plémentaire et de limiter les • que les membres de la direc- supplémentaires nécessaires risque professionnel. 1999. Site internet :
dommages subis. Ces procé- tion et l’encadrement s’impli- pour améliorer la prévention. www.risquesprofessionnels.ameli.fr

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Vers une prise
en charge collective
Face aux difficultés ■ Travail et Sécurité : Quels de la profession, mettent le
engendrées par la sont les secteurs les plus expo- salarié en présence de per-
sés à la violence externe ? sonnes potentiellement vio-
violence, au niveau
lentes. On pense évidemment
des individus et des Dr Christine Breton : Dans de au personnel pénitentiaire (1),
entreprises, celles-ci nombreuses professions, les à ceux qui travaillent dans les
refusent la fatalité. salariés sont susceptibles d’être établissements psychiatriques
Des pistes de prévention exposés à la violence. D’abord, ou dans des officines pharma-
émergent dans les celles qui mettent en contact ceutiques. Ou bien à tous les
avec de l’argent ou des valeurs : métiers de l’hôtellerie, de la
secteurs les plus
caissiers, convoyeurs de fonds, restauration et des établisse-
exposés. Le point sur employés de banque, person- ments dans lesquels sont ven-
les pratiques en Ile- nels de sécurité, vendeurs, etc. dues des boissons alcoolisées.
de-France, avec le Puis les services au contact du Enfin, les personnes travaillant
Dr Christine Breton, public, d’usagers ou de clients seules, et susceptibles de se
médecin à la Caisse en grand nombre : person- déplacer pour l’exercice de leur
nels hospitaliers et soignants, métier, sont plus exposées que
régionale d’assurance
ambulanciers, pompiers, tra- d’autres. Citons les conduc-
maladie Ile-de-France vailleurs sociaux, enseignants, teurs dans les transports et les
(Cramif), spécialiste des par exemple. Il y a également chauffeurs de taxi, les livreurs,
risques professionnels. les métiers chargés du contrôle les démarcheurs, les artisans
et de l’application de la loi ou et professions libérales inter-
de règlements : agents et venant à domicile, les vendeurs
officiers de police ou de gen- et gestionnaires de kiosques, limiter l’isolement, ou du
darmerie, gardiens de monu- stations-service, etc. moins rendre les travailleurs
ments ou de parcs, contrôleurs isolés aisément détectables,
dans les transports. Des situa- ■ L’employeur peut-il se faire et joignables ? Comment limi-
tions particulières de travail, aider pour prévenir la violence ter les files d’attente et déve-
liées aux conditions d’exercice et ses conséquences sur la lopper une information claire
santé de ses salariés ? aux usagers ou clients ? Que
faire en cas de réclamation,
Nouvel accord Dr C. B. : Bien sûr. Le médecin de récrimination, de litige, de
de branche du travail ou le contrôleur de menaces… ? Très peu d’agences
la Caisse régionale sont des bancaires ou postales conser-
Un accord sur la sécurité des agences bancaires
interlocuteurs tout désignés vent des valeurs, ou ont accès
a été signé entre l’AFB (Association française des
pour une réflexion sur les pis- à leurs distributeurs de billets,
banques) et trois syndicats du secteur (CFDT,
tes de prévention. Plusieurs depuis que des actions de pré-
CGT, FO), le 15 novembre dernier. Les objectifs
exemples de réorganisation vention ont été menées par les
de la politique de sécurité tels que décrits dans
des espaces et des situations directions, avec le concours des
l’accord s’articulent autour de quatre grands axes :
de travail, dans des services Comités d’hygiène, de sécu-
• l’équipement des agences ;
sociaux ou des entreprises rité et des conditions de travail
• les procédures de sécurité, notamment pour la
en relation avec le public, ont (CHSCT). Des sas permettant
dissuasion et en vue d’identifier les malfaiteurs ;
montré l’intérêt de leur inter- de contrôler l’accès, ainsi que
• la formation pratique des personnels ;
vention. Les responsables d’en- des systèmes de surveillance
• l’assistance aux salariés agressés.
treprise doivent comprendre vidéo, font partie de leurs
qu’il est dans leur intérêt de équipements habituels. La for-
(Source : Liaisons sociales, 24 novembre
mener une réflexion visant à mation du personnel à l’éven-
et 11 décembre 2006).
limiter les situations à risques tualité de situations violentes
pour les salariés. Comment est également indispensable

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dans de nombreux secteurs.
La Cramif a par exemple finan-
cé une formation à l’usage
des vendeurs et gérants des
officines de pharmacie, dans
le but d'améliorer leurs capa-
cités à repérer, prévenir et
gérer les situations difficiles et
de mettre en œuvre des amé-
nagements des locaux ou de
l'organisation du travail. ■

Propos recueillis par A. B.

1. Lire : G. Brasseur, C. Ravallec – « Prévenir


les risques en milieu pénitentiaire »,
Travail et Sécurité, octobre 2006.

Pour en savoir
plus
Document

© Ian Hanning/Réa
• Note technique
Cramif n° 6 – Prévention
des risques d’agression
lors des interventions
de convoyeurs de fonds
dans des établissements
commerciaux ou financiers.
1990, réf. DTE 142.

Formations, congrès
• Stage pour médecins et
infirmier(e)s d’entreprise :
« Prévenir les risques
psycho-sociaux ». Paris,
INRS, du 4 au 7 juin 2007,
réf. B043.
• Stage pour tous publics :
« Aborder les risques
psycho-sociaux en
pluridisciplinarité ».
Paris, INRS, du 26 au 30
novembre 2007, réf. A700.
© Laurent Sazy /Fedephoto

• Colloque international
« Risques pour la santé
des personnels de soins :
enjeux pour la prévention ».
Athènes (Grèce), AISS, du 4
au 6 juin 2007.
Contact :
Les professionnels de la sécurité comme ceux des établissements de soins mtrianti@elinaye.gr
font partie des métiers les plus fréquemment exposés à la violence.
Les CHSCT ont un rôle majeur à jouer dans l’analyse des postes et situations de travail.

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LES BOUTIQUES FRANCE TELECOM
Des mots aux maux
P
Dans les boutiques ersonne ne peut décider,
France Telecom, à part la victime, si une
agression même “béni-
les contacts avec la
gne” en apparence est grave
clientèle et le public ou non. Certains mots peuvent
peuvent s’avérer blesser profondément. Quant
délicats. Ils présentent aux gestes, leur portée peut être
des risques d’agressions dévastatrice. » C’est le constat
physiques ou verbales. établi par le D r Monique
Fraysse-Guiglini, médecin du
La direction régionale
travail rattachée à la direction
Rhône-Alpes a des ressources humaines de
développé un protocole France Telecom à Grenoble
visant à mieux protéger (Isère). « Vers 1998-1999, nous
ses salariés face à des avons été alertés par la hausse
situations de violence. des incivilités dans les bouti-
ques du groupe. » Le contexte
était alors à la résignation.
Cela n’était plus acceptable,
mais l’évolution ne s’est pas
faite en un jour. « Il y avait un
vrai désir de changement sur le
terrain, confie un responsable
de boutique. La violence subie
par les personnels avait un coût
important en termes de motiva-
tion. Et surtout, elle faisait alors
partie des risques tolérés par le
personnel et l’encadrement. »

Fiches incidents
et procédures
Quelle que soit la nature de
la violence subie par le sala-
rié, la direction des ressources L’aménagement des boutiques, avec un meilleur accueil du public
humaines a souhaité réagir. et l’évitement des files d’attente trop longues, a permis d’améliorer
Après plusieurs réunions du les relations entre le personnel et la clientèle.
CHSCT, la prévention des actes
violents et de leurs conséquen-
ces (physiques, psychologi- les cas, alerter sa hiérarchie, le plainte. Le médecin du travail
ques, financières) est devenue médecin du travail et le préven- et l’assistante sociale le cas
un enjeu prioritaire au sein du teur. Il établit une fiche d’in- échéant aident la victime dans
groupe. Des procédures parti- cident, qui relate les faits. La ses démarches. Le préventeur
culières, en cas d’incident avec victime bénéficie d’un soutien informe le CHSCT et crée un
la clientèle ou d’agression, sont complet : elle peut consulter dossier permettant une ana-
dorénavant affichées dans cha- un médecin et dispose d’une lyse ultérieure. ■
que boutique. Le responsable aide juridique, si le besoin s’en
du magasin doit, dans tous fait sentir, pour un dépôt de A. B.

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TRANSPORTS
Touche pas à mon bus !
Accrochage verbal,

P
crachat, agression as moins de 52 % des incendiés, la multiplication des pection du travail et un repré-
physique, tel est le conducteurs de bus res- incivilités, agressions verbales sentant du donneur d’ordre
sentent le risque d’agres- voire physiques est un fait. En Hérault Transport. Un ques-
lot trop quotidien des sion « de temps en temps ou décembre 2005, la direction tionnaire est distribué au per-
conducteurs de bus. régulièrement », suivant les des Courriers du Midi prend sonnel, qui, pour les deux tiers,
Exploitant le réseau lignes où ils sont affectés ou la question à bras-le-corps. répond présent. « Nous n’avi-
urbain et interurbain les quartiers traversés. Tel est Dans le cadre du CHSCT, elle ons que des remontées infor-
de Montpellier, les le résultat d’une enquête par réunit une commission où melles pour préjuger du risque
Courriers du Midi ont questionnaire lancée par les siègent deux conducteurs, un agression, témoigne Jean-
Courriers du Midi sur ses trois ouvrier d’atelier, un contrô- Pierre Chauvain, responsable
tenté de définir, à partir sites de Montpellier, Grabels leur, le correspondant local de du secteur Montpellier et cor-
d’un questionnaire, les et Lunel. À l’heure où l’atten- sécurité, un technicien de la respondant local de sécurité.
actions à mener. Une tion des médias se cristallise CRAM Languedoc-Roussillon, L’enquête a permis à une profes-
démarche progressive autour des épisodes des bus le médecin du travail, l’ins- sion en mal de reconnaissance
qui nécessite une de s’exprimer. » Avec la création
implication sans faille d’une base de données et la
restitution des informations
des salariés et de la au personnel, des pistes préci-
direction. ses pourront être envisagées.
« Aucune action n’est efficace,
tant que l’on n’a pas dressé
l’état des lieux, explique Claude
Sutter, directeur adjoint. Nous
avions tendance à penser que
le réseau interurbain, qui ne
draine pas la même densité
de population que l’urbain, ne
posait pas de problèmes. C’est
faux. La typologie des incidents
est identique, tout comme
les éléments générateurs de
conflit : titre de transport, clien-
tèle, circulation, temps de par-
cours, monnaie… »

Plus de violence :
mythe ou réalité ?
« Nous avons besoin de savoir
quel plan de route met-
tre en œuvre face à l’agres-
© Gaël Kerbaol pour l’INRS

sion », réclame Marcel Veloso.


Conducteur de bus depuis
22 ans, il a longtemps pensé
que le problème se cantonnait
au réseau extérieur, principa-
lement à Paris. Mais les cho-
ses ont changé. La société et

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la circulation ont évolué sans
que chacun se soit préparé à
ces mutations. Petit à petit, les
prises de bec avec le client sont
devenues plus fréquentes. Ces
dernières années ont égale-
ment été marquées par l’émer-
gence d’actes de violence plus
graves, sans motif apparent.
Pourtant, tous les conduc-
teurs ne le ressentent pas de
la même façon. Au niveau de
l’entreprise, les résultats sont
même très partagés. Et si la
perception du risque est bien

© Gaël Kerbaol pour l’INRS


plus faible chez les jeunes par
exemple, ce n’est pas le sim-
ple fait du hasard. 68 % des
21-35 ans n’ont jamais ou
rarement ressenti le risque
agression. Au-delà de 45 ans,
ils ne sont plus que 48 % dans
ce cas. Il ne s’agit pas non plus pas systématiquement faite à
de mettre en cause chez les la hiérarchie. 23 % « ne se sentent Les Courriers du Midi
anciens la lassitude du métier. pas écoutés » et 10 % « craignent
« Changer le public relève du de déranger ». Une large majo- • 222 personnes.
challenge, affirme Claude rité (56 %) estime pourtant que • 3 sites : Montpellier, Grabels et Lunel, les deux premiers
Sutter. Notre rôle aujourd’hui les responsables sont à l’écou- possédant un atelier intégré.
est de passer du temps avec te. Sentiment que la démarche • 186 conducteurs – 15 emplois d’ouvriers d’atelier – des postes
nos conducteurs pour expliquer elle-même vise à renforcer. administratifs.
que certaines expressions, pas- Pour Thierry Suau, contrô- • 70 % de lignes interurbaines et scolaires pour le compte
sées dans le langage courant leur de sécurité à la CRAM de Hérault Transport, 22 % de lignes urbaines pour le compte
chez les jeunes, ne constituent Languedoc-Roussillon, l’en- de l’agglomération de Montpellier, 8 % d’activité tourisme.
pas nécessairement un acte de treprise est désormais prête à
violence. » Mais gardons-nous penser aux suites. La forma-
bien de verser dans le déni. lisation d’une fiche de relevé du métier et les exigences de Midi devrait le permettre. Mais
L’agression existe. D’après le d’agression, renseignée par formations comptent égale- comme elle demande la parti-
questionnaire, un tiers des la victime et transmise au ment parmi les préoccupations cipation de tous, il est néces-
conducteurs expriment que la CHSCT ou à un membre de la des conducteurs. À différents saire de s’accorder du temps.
remontée d’information n’est hiérarchie, pourrait par exem- niveaux, dans d’autres com- Courant 2007, l’entreprise
ple servir à engager une dis- munes, des initiatives exis- entend proposer des actions
cussion autour de l’analyse de tent déjà : localisation GPS en termes d’organisation de
Pour en savoir l’agression et, ainsi, réduire le pour une meilleure efficacité l’activité ou d’aménagements
plus... stress post-traumatique. Après d’intervention, création d’une sur les véhicules. Sa direction
information de l’ensemble équipe mobile d’intervention, est, quoi qu’il en soit, disposée
Les principes à mettre en du personnel et présentation mise à disposition de caméras à étudier toutes les pistes. ■
œuvre dans les actions de des résultats, certains aspects embarquées… « Nous sommes G. B.
prévention des agressions soulevés par le questionnaire parmi les premiers à aborder la
sont résumés dans le devront encore être éclair- problématique agression avec
document de la CRAM cis. Les questions « ouvertes » nos équipes », estime Thierry
Languedoc-Roussillon : « Re- laissent entrevoir des pistes : Ferrère, secrétaire du CHSCT et
commandation adoptée par « plus de contrôle à bord des ouvrier d’atelier. Chaque réseau
les Comités techniques régio- véhicules », « des règles de a sa spécificité, et les moyens
naux de la CAM Languedoc-
comportement plus visibles », d’enrayer la violence doivent
Roussillon, lors des séances
des 4, 11 et 18 mars 1999. »
« mieux protéger le poste de y être adaptés. La démarche
conduite »... La reconnaissance entamée par les Courriers du

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