Bizarre...

Une aide de jeux sur les folies des

malkaviens
Par Mathilde Gory, à l'occasion du Némésine numéro 8

L'ami imaginaire - L'amnésie - Le besoin

La conviction inhabituelle - la cyclothymie - L'écholalie - la fascination
l'hallucination - La mégalomanie - Le mimétisme - La mythomanie
Le Narcissisme - L'Obsession - La Pulsion - La schizophrénie
Quelques recommandations
2 exemples de personnages malkaviens et leur folie

N'imaginez pas les Malkaviens comme des fous en camisole seulement, leur folie est en général bien moins visible. Vous ne
pouvez pas à première vue les différencier d'un vampire normal, et cela les rend bien plus inquiétants, car quand leur folie se
révèle, vous pouvez penser que ce n'est pas un dérangement mais la réalité, et tout d'un coup "vous entrez dans la quatrième
dimension..."

Donc à bas l'image du Malkavien la bave au lèvre, éclatant d'un rire dément toute les deux minutes, et trouvant amusant de se
démettre l'épaule pour enlever sa camisole...

Mais comment faire pour se renouveler, et n'avoir pas sans cesse des schizophrènes ou des paranoïaques? Il est vrai que ces
deux folies sont probablement les plus répandues chez les vampires, donc il est possible de les multiplier, en particulier la
schizophrénie, qui peut revêtir diverses formes, mais il existe d'autres folies intéressantes.

L'ami imaginaire
Cette folie peut être apparentée à de la schizophrénie, le malade voit un être humain, animal, ou objet avec lequel il
communique et qui lui prodigue conseils et réconfort. Vous pouvez estimer que c'est une extension de lui-même, dans ce cas
là il s'agit de schizophrénie, ou qu'il s'agit d'une chose que les changelins appellent "chimère", et qui a, pour eux du moins,
une certaine réalité. Il peut être amusant de jouer sur l'ambiguïté: l'ami existe-t'il, intervenant de manière limitée sur le
monde, ou est-ce le pur produit de l'imagination de votre ami?

L'amnésie
Lorsqu'elle est récurrente, elle devient, pour un vampire, une forme de folie. Elle porte rarement sur de longues périodes, et
n'est pas forcément définitive. Elle est souvent couplée à un autre problème, refus de quelque chose ou autre folie. Par
exemple, une Malkavienne refuse l'idée d'appartenir à un clan de fous parce qu'elle a vécu a une époque où les fous étaient
brûlés comme sorciers, en conséquence elle se réclame d'un autre clan (forme de mythomanie), donc à chaque fois qu'on lui
dit qu'elle est folle ou du clan Malkav, son cerveau le refuse et oblitère ce passage ("je dois vous dire une chose très
importante: vous êtes Malkavienne." "Et bien, parlez, que voulez- vous me dire?" "...").
Un vampire pourrait refuser la Bête et oublier tout moment de frénésie. C'est intéressant de le coupler avec la mythomanie: il
invente ce qui s'est passé pendant le laps de temps qui lui manque.

Le besoin
La folie peut prendre la forme d'un besoin régulier de quelque chose: voir une personne, écouter une musique, avoir un
auditoire, ou au contraire avoir un moment de silence complet régulièrement. Ce qui peut être pire c'est d'avoir besoin de tuer
un être humain chaque nuit...

La conviction inhabituelle
Le Malkavien ne voit pas la réalité de la même manière que la majorité. Il soutient des théories qui ont l'air de tenir debout et
qu'il veut faire comprendre aux autres. Il peut avoir sa propre version de l'origine des vampires, et cela influence sa manière
de vivre. Ou croire que la lune est en gruyère...
C'est un problème qu'il est aisé d'associer à la paranoïa.
La cyclothymie
Le vampire passe sans transition du parfait bonheur à la plus grande tristesse, de la colère à la douceur ou de l'amour à la
haine. Le cyclothymique est le jouet de ses émotions, mais si c'est fatigant pour lui, ça l'est aussi pour ses compagnons...

L'écholalie
Nous faisons tous de l'Echolalie à un moment ou à un autre, et si vous aimez les Malkaviens qui se remarquent, cela pourra
vous plaire. Il s'agit de répéter les dernières paroles de son interlocuteur: "Que pensez-vous de la politique princière?" "De la
politique princière? Je pense que..." Vous le voyez, cela nous arrive souvent en conversation, mais sous une forme chronique
cela relève de la psychanalyse. Une personne souffrant d'écholalie répétera les paroles de son interlocuteur au moment de
prendre la parole, ou dans des moments de tension. Défaut: Cela peut être drôle au début, mais rapidement c'est lourd!
Réservez-le aux PNJs, car un PJs finira par se faire exécuter par ses propres partenaires.

La fascination
Le Malkavien qui souffre de fascination peut ressembler à un toréador devant une oeuvre d'art. Sauf qu'il n'y a pas d'oeuvres
d'art, mais par exemple des actes criminels humains ou des objets technologiques. Le fasciné aime bien collectionner ce qui
l'intrigue à ce point. Souvent il lui faut pour cela se munir d'un moyen d'enregistrement. Il est aussi captivé par le
fonctionnement de l'objet de sa fascination, alors il fait des expériences, il démonte, remonte (sur les êtres vivants,
malheureusement, ça ne va que dans un sens), etc.

L'hallucination
Le Vampire qui souffre d'hallucinations voit s'introduire dans la réalité des personnages ou des choses qu'il est le seul a
percevoir (à part éventuellement un autre halluciné). Cela peut être un personnage de son passé qui le hante (à vous de dire si
c'est réel ou pas), ou alors il peut rencontrer des licornes (s'il a le cœur pur). Si vous connaissez la série Ally McBeal, vous
voyez de quoi il s'agit.
Les hallucinations peuvent toucher tous les sens (les voix de Jeanne d'Arc, la sensation d'être frôlé pour un paranoïaque, ou la
totale...). Elles peuvent déformer un être qui existe vraiment: par exemple le vampire voit le Prince comme un monstre, ou il
croit le voir parler avec une fée assise sur son épaule.
C'est au MJ de décider si ces visions sont un reflet d'une autre réalité (le vampire voit ce que les autres sont au fond d'eux-
mêmes, ce qui peut s'expliquer s'il a l'Auspex), ou si elles sont sans rapport avec la vérité.
L'ami imaginaire est une forme d'hallucination.

La Mégalomanie
Le mégalomane est en proie à un effarant complexe de supériorité. Un vampire atteint de ce mal pensera être très brillant à
chaque instant, et tout contrôler. Il pourra être persuadé que le Prince lui-même le craint, ou tient son opinion en grande
estime. Il sera condescendant envers tout ce qui n'est pas Primogène, Prince, Archonte ou Justicar, qu'il considérera comme
des égaux (et encore)... Gare au PJ qui acceptera l'aide, royalement accordée, du mégalomane, cela ne le mènera pas bien
loin... Et attention au mégalomane lui-même, il irrite la susceptibilité des Princes et autres vampires réellement puissants.

Le Mimétisme
Un mimétiste a tendance a prendre, sans vouloir les offenser, la manière d'agir et de parler de ses interlocuteurs. C'est une
sorte de caméléon social. C'est flatteur, d'une certaine manière. Mais certaines personnes sont d'une susceptibilité...

La Mythomanie
Les Pookas de Changelin en sont atteints: ils ne peuvent s'empêcher de mentir. Cependant si nous nous méfions, en
connaissance de cause, des Pookas, ce problème n'est pas facile à repérer chez quelqu'un qui a l'air tout à fait sain d'esprit. Le
mythomane crée des mensonges tout à fait plausibles, qui ont souvent trait à son histoire personnelle. "J'ai longtemps vécu
dans le Wyoming, nous y avions un ranch, et je dressais des chevaux." Il est rare que ces mensonges soient au désavantage de
son auteur. Le mythomane aime à prendre à son actif une histoire qu'on lui a raconté et qui lui a plu.
Le mythomane est très convainquant, au point de se persuader lui-même de ses mensonges, il niera donc jusqu'au bout avoir
menti. A l'inverse du mégalomane, le mythomane puise en général la source de son problème dans un grave complexe
d'infériorité.
L'une des formes de la Mythomanie est de se prendre pour un personnage connu (Napoléon, Lizzie Borden, Jack l'éventreur,
Houdini, ou Clinton...).

Le Narcissisme
Moi, Moi, Moi... Voici le Narcissique. Il s'aime, et souvent est aussi Mégalomane (mais ce n'est pas obligé). Il faut admettre
qu'il est souvent à la fois très beau et très charismatique. Il ne supporte pas qu'on trouble son beau reflet dans le miroir, et
veut lui donner ce qui se fait de mieux. Le Narcissique aime se donner les moyens de se suffire à lui-même, et il aime le luxe.
S'il n'est pas mégalo, il n'a pas besoin d'une cour d'admirateur ni de prouver à quel point il leur est supérieur en tout, son
propre avis lui suffit.

L'obsession
Le pauvre obsédé a une idée fixe: un but qu'il désire atteindre, ou un acte qu'il a commis et dont il doit se repentir chaque jour
de sa vie. Mais jamais il ne peut être satisfait, car même s'il atteignait ce qui l'obsède (et c'est très rarement possible) une
autre obsession prendrait sa place.

La pulsion
Sous l'action d'un stimulus précis le vampire ne peut s'empêcher d'agir d'une certaine manière. Cela peut aller de consoler une
personne qui pleure (même si c'est son pire ennemi), à tomber en frénésie au son de son véritable nom.

La schizophrénie
Variez les plaisirs, les différentes personnalités peuvent:
- Se chevaucher (plusieurs voix se répondent) ou pas (quand une voix parle les autres sont absentes)
- Avoir conscience des autres ou pas (la mémoire des faits reste quand même)
- Ne pas prendre possession du vampire: être seulement des voix dans sa tête
- Etre liées à des capacités différentes (une feuille de personnage pour chacune) ou pas
- Etre de force différente, l'une prenant le pas sur les autres
- Etre en opposition directe (si elles sont nombreuses, elle peuvent former des clans)
- Etre connues (dans ce cas il faudra déterminer si c'est un cas de possession ou de mythomanie) ou non
N'oubliez pas que les conflits intérieurs restent justement intérieurs, les voix se parlent dans la tête de la personne sans que les
autres puissent en avoir conscience, sauf dans des situations de tension.

Celles qui n'ont pas besoin d'être développées ici...

Les différentes phobies, haines, le sadisme, le masochisme...

Quelques recommandations:
1. La folie n'est pas immédiatement repérable
Je le répète: la plupart des Malkaviens ont l'air normal 99% du temps, la folie apparaissant en cas de stress. Certains essaient
de lutter contre leur folie et d'agir le plus normalement possible (dans le cas d'hallucinations en particulier, mais il leur est
difficile de différencier la réalité de l'hallucination, ils font donc parfois semblant de ne pas voir quelque chose qui est réel ! /
dans le cas où un besoin, une obsession ou une pulsion va à l'encontre de leurs principes ou de leur amour-propre).

2. Une folie peut en cacher une autre

Il est parfois intéressant d'associer des folies, car certaines en entraînent d'autres en toute logique (si l'on peut dire!).
Cependant faites attention à ne pas en faire trop.

3. Et en plus ils ont des pouvoirs surnaturels...

Un Malkavien peut utiliser ses Disciplines de manière inconsciente pour justifier ou agrémenter sa folie: un schizophrène
utilise la dissimulation (niveau 3) pour changer d'apparence selon sa personnalité, quelqu'un possédant la Discipline des
Ravnos (Chimérie) pourrait donner forme à ses hallucinations, etc.

4. La folie a son histoire

Si certains futurs papa Malkaviens adoptent leur petit rejeton dans l'asile psychiatrique du coin, d'autres pensent qu'on n'est
jamais mieux servi que par soi-même et les font tout seuls. L'histoire de l'origine de sa folie permet de mieux comprendre le
personnage, et les moments de rôle-play deviennent bien plus intenses. Pensez-y.

2 exemples de malkaviens et leur folie ...

Deux personnages malkaviens et leur folie

Par Mathilde Gory, à l'occasion du némézine numéro 8

Norma Keerman
Norma Keerman était une brillante avocate de New-Orleans jusqu'au jour où elle gagna un procès qu'elle aurait mieux fait de
perdre, car cela fit condamner la goule (ou un pion) d'un puissant Malkavien. D'une nature calculatrice et vindicative, et
partagé entre son admiration et sa haine pour la jeune femme, ce Malkavien décida de la rendre folle puis de l'étreindre. Il fit
oublier l'existence de Norma à tous ceux qui la connaissaient, et réussit à faire effacer sa trace des registres de l'état civil.
Du jour au lendemain, Norma perdit son identité, sa famille, ses amis, ses collègues et ennemis... et, rapidement, l'esprit. En
effet, cet jeune femme très rationnelle ne supporta pas de se retrouver dans une situation aussi étrange, et le traumatisme la
marqua d'une manière indélébile. Elle retrouva dans la société vampirique une famille et une existence, ce qui lui permit de
redevenir à peu près stable.
Cependant Norma a maintenant peur de disparaître: dès que plus personne ne s'intéresse à elle, elle doit attirer l'attention sur
elle, ne serait-ce qu'en parlant avec quelqu'un qui lui réponde. De plus, maintenant qu'elle possède Dissimulation à niveau 4,
elle peut sans le vouloir réellement disparaître si on persiste à l'ignorer.
Elle a par ailleurs cru réellement qu'elle avait inventé sa vie "d'avant", elle s'est donc auto-persuadée qu'elle était amnésique
et mythomane, et elle joue le jeu: après les moments de tension elle oublie ce qui s'est passé et invente une histoire à la place.
Mais il s'agit d'amnésie passagère, et, en la cajolant et en montrant bien qu'ils s'intéressent à elle, ses amis peuvent lui faire
retrouver la mémoire rapidement (parfois des faits anciens remontent dans sa mémoire quand elle est rassurée et entourée
d'amis).

Lorenzo Delavin (PNJ)

Pour son malheur, il fut choisit par un Malkavien vicieux.
Fils de la pègre Marseillaise, Lorenzo n'avait pas de scrupules et un seul amour: sa femme. Alors qu'ils se promenaient en
amoureux, rentrant à leur domicile par les petites rues de Marseille, ils se firent agresser. Lorenzo fut obligé d'assister à la
lente mort de sa femme, sans pouvoir rien faire, maîtrisé par des bras puissants. Il ne vit qu'une ombre penchée au-dessus
d'elle. Puis vint son tour, et il se réveilla vampire.
Il ne peut penser que son sire est à l'origine de cela, car celui-ci s'en est assuré par la puissante domination. Son sommeil ne
lui amène nul repos, mais la vision de sa femme à l'agonie, ses yeux plongés dans les siens, et la noire silhouette du bourreau,
un couteau sanglant à la main, regardant son oeuvre... Sa douleur est éternelle.
Mais surtout, pas un mois ne s'écoule sans qu'il croie reconnaître l'ombre du meurtrier qui hante ses rêves. Alors la chasse
commence, peu importe la vraisemblance, homme ou femme, jeune ou vieille, sa proie périra dans la souffrance. Après
chaque meurtre il connaît un sentiment de répit, jusqu'à ce qu'il trouve le "vrai" meurtrier, et sa colère s'accroît à la pensée de
ces morts inutiles.
Il se rend vaguement compte qu'il doit se tromper, mais malgré ses efforts il ne peut s'empêcher de pourchasser cette chimère.
(Cette histoire est inspirée d'un scénario d'Hitchcock)