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FSJES Souissi
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Université Mohammed 5
Adresse de correspondance : Maroc (Rabat)
10170
00212 5 37 67 17 19
oussama.benlabbah@gmail.com
L’auteur n'a pas connaissance de quelconque financement qui
Déclaration de divulgation :
pourrait affecter l'objectivité de cette étude.
Conflit d’intérêts : L’auteur ne signale aucun conflit d'intérêts.
Benlabbah, O. (2022). Obstacles freinant l’autonomisation des
femmes : Contribution au débat sur l’autonomisation des
femmes sous la lumière du nouveau modèle de développement.
Citer cet article
International Journal of Accounting, Finance, Auditing,
Management and Economics, 3(1-2), 486-502.
https://doi.org/10.5281/zenodo.5910278
Cet article est publié en open Access sous licence
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CC BY-NC-ND
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Oussama BENLABBAH. Obstacles freinant l’autonomisation des femmes : Contribution au débat sur l’autonomisation des
femmes sous la lumière du nouveau modèle de développement
Résumé
Cet article intervient dans le cadre de l’insuffisance des mesures prises par les autorités publiques en ce qui
concerne l’empowerment des femmes. L’empowerment est un concept récent qui a suscité l’intérêt des
académiciens et praticiens depuis quelque décennie. L’ambigüité de s’accorder au tour d’une définition universelle
persiste toujours. Par contre, les principaux traits d’une définition globale existent. Cependant, nous pouvons
définir l’empowerment des femmes comme la capacité de la femme à prendre des décisions stratégiques de sa
propre vie et d’accéder aux ressources nécessaires pour assurer son indépendance et contribuer à son bien-être et
la prospérité de son pays. Ce travail a pour objectif de mettre l’accent sur les obstacles face à l’empowerment des
femmes au Maroc. Pour ce, nous avons envisagé des entretiens semi-directifs dans le cadre d’une méthodologie
qualitative afin de mettre le point sur ces obstacles du point de vue des femmes. Par la suite une analyse textuelle
à l’aide de l’outil Nvivo a été appliquée pour interpréter les résultats. Ces derniers montrent que l’accès à
l’éducation et sa qualité, la structure socio culturelle, l’emprise familiale sont parmi les obstacles principaux face
à un empowerment global et effectif des femmes marocaines. Cependant, intégrer la notion de l’autonomisation
dans les programmes scolaires, garantir l’égalité de l’accès à l’enseignement supérieur, les TIC, la sensibilisation
peut jouer un rôle crucial pour faire de l’empowerment des femmes un processus participatif, effectif, global et
efficient.
Mots clés : Autonomisation des femmes, nouveau modèle de développement, obstacles face à l’empowerment des
femmes
Classification JEL : B54, B55.
Type de l’article : Recherche appliquée
Abstract
This article comes within the framework of the insufficiency of the measures taken by the public authorities with
regard to the empowerment of women. Empowerment is a recent concept that has aroused the interest of academics
and practitioners for some decades. The ambiguity of agreeing around a universal definition still persists. On the
other hand, the main features of a global definition do exist. However, we can define women's empowerment as
the ability of women to make strategic decisions about their own lives and to access the resources necessary to
ensure their independence and contribute to their well-being and the prosperity of their country. This work aims
to highlight the obstacles facing the empowerment of women in Morocco. For this, we considered semi-directive
interviews as part of a qualitative methodology in order to focus on these obstacles from the point of view of
women. Subsequently, a textual analysis using the Nvivo tool was applied to interpret the results. These show that
access to education and its quality, the socio-cultural structure, family influence are among the main obstacles to
the overall and effective empowerment of Moroccan women. However, integrating the notion of empowerment
into school curricula, guaranteeing equal access to higher education, ICTs, awareness-raising can play a crucial
role in making women's empowerment a participatory process, effective, comprehensive and efficient.
Keywords: Women's empowerment, new development model, Obstacles to women's empowerment, Inclusive
development
JEL Classification: B54, B55.
Paper type: Empirical research
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ISSN: 2658-8455
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1. Introduction
Depuis 2004 le Maroc commença la mise en place d’une panoplie de politiques et de
stratégies socio-économiques dans l’ambition de bénéficier des avantages d’un développement
social et économique inclusif. Il ne s’agissait plus de faire bénéficier les parties prenantes
exclues de la société. Mais plutôt de les faire participer au développement de leur pays. Dans
ce cadre, une attention particulière a été prêtée à l’autonomisation des femmes à travers la mise
en place d’un ensemble de procédures. Ainsi, la voie de l’autonomisation des femmes débute,
sur le plan politique, économique, social, et culturel. Parmi les réformes catégoriques, on trouve
le nouveau code de la famille de 2004, considéré comme un pas énorme vers la libération de la
femme et son autonomisation. Récemment, Le gouvernement marocain a élaboré le plan
gouvernemental de l’égalité « Ikram ». Ce dernier a été mis en place en deux phases « Ikram1 »
et « Ikram 2 ». La deuxième phase porte sur une durée de 5 ans entre 2017 et 2021. Ce plan
insiste sur 3 volets. Premièrement, l’accès égalitaire à un travail décent et la possibilité et une
meilleure gestion de carrière. Deuxièmement, ce plan joue le rôle du garant et du facilitateur de
la réussite des entreprises féminines. Troisièmement, l’amélioration de la situation économique
des femmes dans le milieu rural en lui procurant les moyens nécessaires. Ce programme touche
à sa fin en 2021 sans avoir réussi à autonomiser considérablement la femme, malgré
l’amélioration légère des indicateurs. Par exemple, en ce qui concerne l’emploie, le taux
d’emploi ne de dépasse pas 15% pour les femmes dans le milieu urbain avec un taux de
chômage de 24% durant le quatrième trimestre de 2019. Aussi en ce qui concerne
l’autonomisation économique des femmes, on remarque un écart flagrant entre la participation
économique des femmes et celle des hommes. À titre d’exemple, le taux des coopératives
féminines actives ne dépasse pas 16.6% en 2019 face à 83.4% pour les Hommes. Cependant
beaucoup d’espoirs sont mis sur le nouveau modèle de développement, dont le rapport a été
présenté à Sa Majesté le Roi Mohammed 6 par le comité chargé d’élaborer ledit modèle. Sa
Majesté a donné ses hautes instructions pour commencer la mise en place des stratégies de
développement sur la base des recommandations du nouveau modèle. Le Rapport rendu public
récemment montre qu’il s’agit d’une vision holistique pour un développement global, inclusif
et participatif. De plus, ce modèle a consacré tout un axe à l’inclusion sociale dont le premier
choix stratégique est l’égalité de genre via l’autonomisation des femmes. Dans ce rapport le
comité a parlé des contraintes qui limitent la participation des femmes. Dans le but de
contribuer à l’enrichissement du débat sur l’autonomisation des femmes et ses obstacles. Nous
essayerons, à travers cet article, d’interpeller les femmes dans le but de mettre le point sur leurs
perceptions de l’empowerment. Ainsi les impliquer dans ce débat puisqu’elles sont l’acteur
principal dans le processus de l’empowerment. Tunon en 2007 a précisé que l’autonomisation
de la femme nécessite sa participation à l’ensemble des activités susceptibles de lui procurer
l’autonomie et la satisfaction d’utiliser ses compétences de façon efficiente.
Cet article a pour but de mettre le point sur les contraintes socioculturelles se tenant entre la
femme marocaine et son autonomisation. Pour répondre à cette problématique, nous
commencerons par éclaircie les concepts clés. Par la suite nous présenterons les théories
fondamentales de l’empowerment des femmes. Et finalement, nous allons présenter les résultats
de l’étude de terrain.
2. États de lieux
Depuis quelques années, les autorités publiques se sont intéressées à la constitution des bases
de données en relation avec les questions du genre et de l’empowerment des femmes. Il va de
soi que sans ces bases de données, il est pratiquement impossible de réaliser un diagnostic précis
ni de faire le suivi d’une éventuelle évolution. Raison pour laquelle plusieurs institutions
publiques, notamment, le ministère de la Solidarité et le HCP ont mobilisé des ressources
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importantes pour réaliser des études et des enquêtes dans le but de constituer des bases de
données pertinentes sur des problématiques sociales, notamment, l’empowerment des femmes
et l’égalité de genre. Avant de présenter les données pertinentes en relation avec notre
problématique. Précisons tout d’abord que la littérature autour des questions de la femme a
commencé par mettre l’accent sur la discrimination dont souffraient les femmes. Puis, de plus
en plus de voix se sont manifestées pour réclamer l’égalité entre les hommes et les femmes.
Dès lors, on parle de l’égalité du genre. En effet, c’est à cause des inégalités flagrantes entre
hommes et femmes que les institutions mondiales, les pays, les ONG’s, les chercheurs et les
praticiens se sont penchés sur l’ascension socio-économique de la femme et son autonomisation
dans tous les domaines. Suivant la même logique, nous allons présenter au cours de cette
rubrique les statistiques témoignant des inégalités hommes-femmes au Maroc. Il s’agit des
données empiriques relatives aux droits sociaux, économiques, politiques et culturels.
Indicateurs relatifs aux droits sociaux :
Dans ce cadre nous allons nous focaliser sur l’accès à l’éducation et l’accès à l’emploi
Graphe 1 : taux d’analphabétisme pour les hommes et les femmes 2007-2017 dans le milieu urbain
45,00%
40,00% 38,50%
34,40%
35,00%
30,00%
25,00%
19,00%
20,00% 17,20%
15,00%
10,00%
5,00%
0,00%
2007 2017
Hommes Femmes
Source : HCP
Ce graphe montre que le taux d’analphabétisme chez les femmes est très élevé. Cela reflète
le faible accès, pour les femmes, à l’éducation. Malgré la légère diminution de 4%, le taux
d’analphabétisme demeure élevé. Tenant compte de l’importance de l’éducation dans le
processus de l’empowerment des femmes, le faible accès de la femme marocaine à l’éducation
est un obstacle qui s’impose sur son chemin de l’autonomisation. Heureusement, les données
plus récentes (2019-2021) du ministère de l’Éducation annoncent un taux de scolarisation au
primaire de presque 100%.
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68%
56% 57%
53,90%
46,10%
44% 43%
32%
Hommes Femmes
Source : HCP
D’après ce graphe, on peut remarquer que le nombre de femmes ayant un diplôme provenant
des institutions supérieures est très faible par rapport à celui des hommes. Il est à noter que les
statistiques du ministère de l’Éducation ont affirmé que les résultats obtenus dans l’école par
les filles sont en moyenne plus élevés que ceux des garçons. Selon le même graphe, le taux de
femmes sans diplôme est de 57% par rapport à 43% pour les hommes. La dangerosité de cette
donnée réside dans la nécessité d’avoir un diplôme pour avoir des chances d’accéder à un
emploi durable.
Tableau 1 : Taux d’activité (2015-2019), taux d’emploi (2007-2019) et taux de chômage (2016-2019) des
femmes.
Hommes Femmes
Source : HCP
Les données de ce tableau prouvent que le taux d’activité et le taux d’emploi de femmes sont
très faibles. Par conséquent, le taux de chômage est très élevé chez les femmes au Maroc.
Cependant, les autorités marocaines ont lancé plusieurs programmes et démarches pour
favoriser l’accès de la femme à l’emploi afin de lui garantir une autonomie financière. En effet,
il s’agit d’un des piliers de l’empowerment économique des femmes. Toutefois, les statistiques
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ont montré que les fluctuations entre les salaires des hommes et des femmes dans un même
poste et avec des compétences similaires tendent à 17% en 2016.
Indicateurs relatifs aux droits économiques :
Tableau 2 : La place de la femme dans les coopératives/entreprises
Hommes Femmes
2015 92% 8%
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Graphe 3 : Taux des femmes respectivement dans la chambre des conseillers et la chambre des représentants
79,50%
20,50%
11,70%
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d’argumenter leurs propos, ces théoriciens expliquent que l’autonomie implique, par définition,
l’indépendance. À l’opposé de l’empowerment qui peut être réalisé à travers l’interdépendance.
(Govindasamy et Malhorta 1996 ; Malhortra et Mather 1997 ; Kabber 1998). Toujours dans la
même optique, d’autres auteurs insistent sur l’aspect progressif de l’empowerment qui est un
processus visant à passer d’un état X à un autre état Y censé être meilleur. Tandis que
l’autonome n’implique pas la progression. (Kabeer2001 ; Rowlands 1995 ; Oxaal et Baden
1997 ; Jejeebhoy 2000). Le plus souvent, les chercheurs tendent à confondre ces concepts vu la
difficulté de bien cadrer chacun d’entre eux surtout au niveau des études empiriques. Raison
pour laquelle, ils sont généralement utilisés de façon interchangeable.
3.1 Cadre conceptuel et théorique
3.1.1 De l’empowerment à l’empowerment des femmes
Bernard Vallerie stipule que le mot « empowerment » est un mort d’origine Nord-
Américaine. Ce terme a été utilisé pour la première fois aux États-Unis d’Amérique au début
du XXe siècle. Bennet (2002) décrit l’empowerment comme « the enhancement of assets and
capabilities of diverse individuals and groups to engage, influence and holdaccuntable the
institutions which affect them ».Dans sa définition, Bennet, met l’accent surl'amélioration des
atouts et des capacités des individus permettant d’influencer voire de responsabiliser les
institutions qui les affectent. Quant à lui, G Sen (1993) défini empowerment comme « altering
relations of power…which constrain women’s options and autonomy and adversely affect
health and well-being ». Pour G Sen il s’agit d’éliminer les relations de pouvoir qui limitent les
options et l'autonomie. Batliwala’s (1994) défini l’empowermentsuit : « how much influence
people have over external actions that matter to ther welfare ». Cette définition de
l’empowerment est en termes de l’influence que les gens ont sur les actions extérieures qui
comptent pour leur bien-être. Kabeer (2001) quant à lui définit l’empowerment : « the
expansion in people’sability to makes trategic life choices in a context where this ability was
previously denied to them ». Ce dernier met en relief l'expansion de la capacité des personnes
à faire des choix de vie stratégiques. Dans sa conception basée sur les choix stratégiques de vie,
Kabeer fait référence à trois composantes inter-liées. Premièrement, les « ressources », qu’il
définit comme les conditions dans lesquelles ces choix sont pris. Deuxièmement le « libre
arbitre » qui est au cœur du processus du choix, et « les réalisations », soit les résultats des
choix. Selon Amartya Sen l’empowementdes femmes désigne le fait d’« d’étendre la capacité
des femmes à faire des choix de vie stratégiques dans un contexte où elles étaient auparavant
privées de cette capacité ». Cette définition met l’accent sur la fatalité qui caractérise la
participation de la femme sur le plan économique, social, culturel et politique. Srilatha
Batliwala quant à elle définit l’empowerment comme « le processus, et le résultat du processus,
grâce auquel les femmes obtiennent une meilleure maîtrise des ressources matérielles et
intellectuelles et remettent en cause l'idéologie patriarcale et les discriminations sexuelles qui
s'exercent à l'égard des femmes dans toutes les institutions et les structures de la société ». De
leur côté, Ibarraran et Shady (2009) ont défini l’autonomisation des femmes comme «
l’expansion des droits, des ressources et de la capacité des femmes à prendre des décisions et à
agir de manière indépendante dans les sphères sociale, économique et politique ». Dans une
autre optique, Khattab&Sakr (2009) stipulent que l’empowerment des femmes est leur capacité
à prendre des décisions et à générer des résultats importants pour elles et pour leurs familles.
Tandis que Tunon en 2007 a précisé que l’autonomisation de la femme nécessite sa participation
à l’ensemble des activités susceptibles de lui procurer l’autonomie et la satisfaction d’utiliser
ses compétences de façon efficiente. D’après l’analyse de ces définitions présentées ci-dessus,
nous pouvons remarquer une certaine complémentarité entre les différents éléments composant
ces définitions. Par conséquent, on peut présumer que l’empowerment des femmes est un
processus consistant à allouer aux femmes la capacité de faire des choix et de prendre des
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décisions stratégiques de vie. Ainsi qu’il permet à la femme de bénéficier des opportunités à
travers un accès équitable aux ressources. Cela permet à la femme de jouer un rôle important
dans sa famille et d’agir de manière autonome dans sa société sur le plan économique, social,
politique et culturel. Par conséquent, il ne faut surtout pas réduire l’empowerment au bien-être
de la femme qui n’est que le premier stade de l’empowerment. À savoir qu’au niveau de ce
stade la femme se contente d’être bénéficiaire et passive (assistanat). Cependant,
l’empowerment ne peut avoir lieu sans l’implication effective de la femme dans ce processus.
On peut même supposer que l’accès de la femme à l’empowerment et sa réussite dépend de son
degré de conviction quant à sa capacité d’apporter des changements dans sa vie et sa situation,
et de son implication dans la création de ces derniers.
3.1.2 Courants théoriques
Malgré que l’empowerment des femmes est un terme récent, surtout sa conception moderne
et universelle élaborée à l’issue de la conférence de Bejjing. Ce dernier a suscité une réflexion
théorique importante. Dans cette partie, nous présenterons les courants essentiels traitant
l’empowerment des femmes.
Courant de pensée WID « Intégration des femmes dans le développement ». Ce courant a vu
le jour pendant les années 70’s dans les travaux de Esther Boserup. Ce dernier se démarque par
sa tendance à dépasser les approches biologistes qui ont généré l’appauvrissement des femmes
et leur marginalisation. Elisabeth Hoffman et Kamal Marius-Gnanou ont analysé ce courant
d’où ils ont ressorti 4 approches fondamentales, à savoir :
• L’approche du bien-être : Selon cette approche, la femme est considérée comme simple
bénéficiaire passive qui a besoin de l’assistance des pouvoirs publics et des ONG.
• L’approche Équité : Considère que la femme ne doit pas se contenter d’être passive par
contre qu’elle peut contribuer au développement économique et social.
• L’approche lutte contre la pauvreté : Par du constat que la femme est la principale
victime de la pauvreté. Par conséquent, il faut permettre à la femme d’accéder aux
ressources et moyens lui permettront de lutter contre sa pauvreté.
• L’approche efficacité : Selon cette approche, le moyen le plus efficace pour lutter contre
le sous-développement est d’accorder à la femme la même place et les mêmes moyens
accorder aux hommes.
Le courant Genre et développement (GAD). Ce courant vient en réaction au précédent
qui le considère réductrice des femmes et de leur rôle dans le développement économique
et social. Ce courant va intégrer pour la première fois la notion de l’empowerment des
femmes dans sa relation avec le développement socio-économique. Le courant GAD nous
invite à reconnaitre le rôle de la femme dans le processus du développement. Cette
reconnaissance passe par l’augmentation des niveaux d’empowerment sur tous les plans.
3.1.3 Hypothèses
Les données présentées au niveau de l’état des lieux démontrent que la situation des femmes
au Maroc n’est pas satisfaisante. Du coup, le constat est que la mise en place des stratégies
d’autonomisation des femmes fait défaut. C’est effectivement dans ce cadre qu’intervient ce
travail de recherche qui a pour but de mettre la lumière sur les obstacles freinant le processus
d’empowerment. Tenant compte du cadre conceptuel et théorique présenté ci-dessus ainsi que
l’état des lieux. Nous avons pu élaborer des hypothèses préalables au travail empirique réalisé.
Dans ce cadre nous proposons que l’analphabétisme, le taux faible de femmes ayant obtenu des
diplômes supérieurs et la structure socioculturelle marocaine soient les principaux obstacles
face à un empowerment effectif et efficient des femmes marocaines.
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semi-directifs avec 15 femmes habitant dans plusieurs villes du Maroc. Ci-après un tableau
récapitulant les caractéristiques de notre échantillon.
Tableau 3 : caractéristiques de l’échantillon
Niveau d’étude Situation professionnelle Situation familiale
Toutes les interviewées ont 10 exercent un travail 11 célibataires
eu accès aux études actuellement 4 mariés (dont 3 ayant des
universitaires sauf une avec 1 entrepreneuse enfants)
un niveau bac 1 active
3 étudiantes
Source : nos propres soins
Le guide des entretiens se compose de 4 questions qui se présentent comme suit :
Quels sont les obstacles face à l’empowerment des femmes au Maroc ?
Quelles sont, à votre avis, les solutions qu’on pourrait envisager pour surmonter ces
obstacles ?
Que pensez-vous de la situation actuelle par rapport au passé en ce qui concerne la situation
des femmes et leur empowerment au Maroc ?
Pensez-vous que le rythme actuel pourra nous mener vers les taux d’autonomisation
souhaités ?
Les entretiens se déroulaient sur les logiciels de visioconférence (GoogleMeet-Zoom) et
s’étalaient sur des durées entre 25 minutes et 50 minutes.
5. Résultats et discussions
5.1 Résultats
5.1.1 Analyse textuelle
L’analyse textuelle sur l’outil Nvivo, spécialisé dans l’analyse des données qualitatives, nous
a permis d’identifier en premier lieu les mots les plus utilisés dans les réponses des 13
interviewées. Les résultats de cette requête sont présentés dans le tableau ci-après :
Tableau4 : Fréquences des mots
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suggestion la plus fréquente consiste en l’action sur le plan éducatif. Dans ce cadre les
participantes ont mis l’accent sur l’école comme un lieu où se font ancrer les valeurs d’un côté,
notamment les valeurs d’égalité, de genre, d’équité, de la différence…etc. Et/ou se font
exercées d’un autre côté. À savoir que les enfants passent plus de temps à l’école que d’autres
places. D’où la nécessité d’agir au niveau de l’école, et ce par l’intégration de ces notions au
niveau des programmes enseignés. Ou bien par l’exemple que donne l’enseignant qui contribue
au partage de ces valeurs par son comportement équitable et égalitaire dans la classe. Dans ce
cadre une interviewée précise qu’« Il s’agit d’un rôle important qui réside dans l’éducation,
l’enseignement, la sensibilisation et dans la constitution de la conscience des jeunes citoyens
de demain. ». Une autre participante trouve qu’« on doit apprendre aux jeunes enfants dès jeune
âge que l’homme et la femme sont égaux par conséquent on aura des citoyens conscients de la
question de la femme ». Tandis qu’une troisième insiste sur le comportement de l’enseignant
« il est primordial que les enseignants se comportent de façon égalitaire et équitable entre les
filles et les garçons ». En deuxième lieu, nous trouvons le rôle des médias comme la deuxième
recommandation la plus fréquente. Dans ce cadre, certaines participantes ont insisté sur
l’intégration des notions de l’égalité homme-femme et de l’empowerment dans les programmes
télévisés (série, film, débat…). À titre d’exemple, une interviewée a précisé que « les
programmes diffusés dans la télé doivent intégrer des notions de l’égalité homme-femme et de
l’empowerment des femmes et avec le temps ça va être adopté par la société. ». Tandis que
d’autres se sont focalisés à diffusion des histoires de succès des femmes qui ont bénéficié des
opportunités que procure l’empowerment. Dans ce cadre une autre participante affirme qu’« Au
niveau des médias, il faut que les médias se concentrent sur les « success stories » des femmes
qui ont réussi pour donner l’exemple ». Et d’autres ont parlé de la sensibilisation à travers les
médias. En ce qui concerne la troisième recommandation la plus présente dans les réponses des
interviewées, nous trouvons l’éducation à la maison et en particulier le rôle important que joue
la femme l’éducation de sa fille. Dans ce cadre, une participante a précisé que « La mère peut
jouer un rôle très important en supportant sa fille, mais également en étant l’exemple. Si la mère
encourage sa fille, rien ne pourra retenir cette dernière. » Tandis qu’une autre précise que «
Pour l’éducation au niveau de la famille, il faut cesser certains comportements qui défavorisent
la femme par rapport à l’homme. Et éduquer ses enfants de façon égale et équitable. »
5.2 Discussion des résultats
Selon les interviewées, la discrimination est la différence au niveau des actions et des
réactions envers d’un côté les hommes et d’un autre les femmes, dans la mesure où ce
comportement favorise l’homme par rapport à la femme. Les interviewées ayant abordé ce
facteur ont différencié entre deux types de discrimination. D’un côté la discrimination
comportementale de la société envers les femmes. Et d’un autre côté la discrimination dans le
lieu de travail. Par la suite, les interviewées ont évoqué l’obstacle de la liberté. En d’autres
termes, ces femmes dénoncent la limitation voire l’absence de certaines libertés fondamentales.
Dans ce cadre, les interviewées qui ont parlé de ce facteur ont différencié entre la liberté de
mouvement, qui désigne la capacité de se déplacer et de changer de ville. Et entre la liberté
d’expression et de prise de décision. D’autres participantes ont parlé des stéréotypes culturels.
Il s’agit, selon elles, des perceptions masculines non fondées et des traditions. Parmi les facteurs
évoqués par cet échantillon, nous trouvons les freins psychologiques que ces femmes ont divisés
en deux catégories. D’un côté, les femmes victimes de traumatismes psychologiques engendrés
par les comportements de la société. D’un autre côté, les femmes bénéficiaires, ayant tout, qui
avides de toute motivation, rêve ou volonté. Par la suite, il y a l’emprise de la famille et/ou du
mari. Dans ce cadre, les interviewées différencient entre la dépendance financière envers les
parents ou le mari et entre l’imposition de certains choix et décisions par ces derniers à
l’encontre de la volonté de la femme concernée. Ensuite, nous trouvons l’éducation qui figure
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au niveau de deux réponses. Par l’éducation, les interviewées concernées parlent d’un côté, de
l’éducation à l’école et d’un autre de l’éducation à la maison. Parmi les points évoqués
également, nous trouvons le manque de support et d’encouragement par la société, la famille et
l’entourage. Il y a aussi le manque de confiance qu’éprouvent la société envers la femme, les
parents envers leur fille et le mari envers sa femme. La pression qu’exerce la société sur la
femme et les familles également est un des facteurs les plus cités. Il s’agit de l’implication, non
souhaitable, de l’entourage dans les affaires de la femme ou de la famille ayant des filles ce qui
exerce une réelle pression sur ces dernières. Toujours dans le cadre d’énumération des obstacles
cités par les interviewées, nous trouvons la pauvreté, le mariage forcé qui englobe le mariage
forcé proprement dit et l’orientation amicale vers le mariage, et également la dévalorisation de
la femme.
Lors des entretiens, nous avons demandé aux participantes ce qu’elle pense de l’évolution
de la situation de la femme et son empowerment durant les dernières décennies. Et aussi leurs
avis sur le rythme de progression et sur leurs perceptions du futur proche. 11 interviewées
trouvent qu’il y a une vraie progression sur tous les niveaux au Maroc durant les dernières
décennies. Tandis qu’une seule interviewée trouve que la situation de la femme et son
empowerment sont en dégradation. En ce qui concerne le rythme d’évolution, 8 participantes
trouvent que le rythme d’évolution est pas mal et précisent qu’il faut qu’il y ait toujours
beaucoup d’effort à fournir dans ce cadre. Toutes fois, une participante trouve que le rythme de
progression en termes d’empowerment des femmes ne permettra pas d’atteindre les taux
souhaités prochainement. Par contre deux interviewées trouvent que la cadence de changement
est bonne et permettra d’aboutir à un empowerment efficace des femmes et à une égalité
homme-femme au Maroc.
6. Conclusion :
L’empowerment des femmes est le processus permanent selon lequel une femme acquiert
des capacités et des droits dont elle était privée. Il s’agit de donner à la femme les compétences,
les outils et l’accès aux ressources nécessaires pour qu’elle puisse se faire une place dans la
société et par conséquent contribuer au développement de son pays. Néanmoins, les données
démontrent que le Maroc est loin d’assurer un niveau satisfaisant d’autonomisation malgré les
avancés surtout sur le plan juridique et éducatif. D’où l’idée de ce travail de recherche qui a
pour objectif de mettre l’accent sur les obstacles qui freinent l’accès effectif et équitable des
femmes à l’empowerment, et ce en suivant une approche participative impliquant les femmes
elles-mêmes dans la réflexion autour du sujet. Dans cette optique, nous avons opté pour une
méthodologie qualitative selon laquelle des entretiens semi-directifs ont eu lieu avec un
échantillon des femmes marocaines. Ces entretiens ont permis de dégager des données
qualitatives qui après interprétation ont décelé les différents obstacles freinant l’empowerment
des femmes. Notamment, la discrimination, l’emprise familiale, l’éducation, etc…
Ainsi, plusieurs solutions ont été proposées par ces femmes, telle la sensibilisation de la
société, se concentrer sur les générations à venir, l’interdépendance financière de la femme, etc
… Enfin, si nous avons pu énumérer les principaux obstacles de l’empowerment des femmes
au Maroc, la recherche académique doit porter davantage d’intérêt à cette problématique.
Plusieurs questions de recherches se manifestent : Quel rôle pour les TEC et le digital dans
l’empowerment des femmes au Maroc ? Comment l’empowerment des femmes dans le milieu
rural pourrait contribuer au développement socio-économique dans le milieu rural ? Et Quelle
corrélation/relation entre l’empowerment des femmes et le développement socio-économique
du Maroc
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ISSN: 2658-8455
Volume 3, Issue 1-2 (2022), pp.486-502
© Authors: CC BY-NC-ND
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SOCIAL AU MAROC : ETUDE EXPLORATOIRE DU STATUT ECONOMIQUE DES
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