Commençons, Jean-Robert Pasche, par le début. Parlez-moi
de votre enfance. De mon enfance, il y a peu de choses à dire. Je suis né à Lausanne en 1950. Ma mère a fait partie de ces grandes vagues d’immigration italienne des années 47-48. Quatrième enfant d’une famille pauvre de la région de Padoue, elle a fui avec ses frères et sœurs l’Italie ravagée par des années de guerre. Après avoir refoulé des milliers de juifs aux frontières, la Suisse accueillait alors une immigration massive, italienne, portugaise et espagnole, afin de faire redémarrer l’économie. C’est à Lausanne qu’elle rencontra mon père. Lui ouvrier, elle femme au foyer, c’était un couple très simple, sans histoire. S’il fallait retenir un évènement marquant de votre enfance... Lors de la fête nationale suisse, la tradition est de manipuler allumettes, fusées et autres objets incandescents. Je jouais dehors avec d’autres enfants de mon âge lorsque l’une des petites filles, s’amusant avec une boîte d’allumettes dans la poche de son tablier, y mit le feu. Celui-ci se propagea en quelques secondes. Nous étions tous impuissants, la petite fille se transforma en torche vivante et mourut sous nos yeux. Une vie de rêves 16 Une scène de guerre où, après un bombardement au napalm, la peau et les cheveux ont disparu...J’avais alors cinq ans. Cette scène restera à jamais gravée en m