Vous êtes sur la page 1sur 7

Mettre ses coûts d’engraissement  au régime, pas ses revenus… 

Conjoncture oblige, c’est tout un système qui souffre économiquement. Devant une telle situation, 
on peut‐être tenté de réduire ses intrants en espérant qu’une telle diminution des charges se 
traduira par une amélioration des marges. Il n’en est rien ! 

Si en voiture lever le pied permet de baisser la facture, en engraissement c’est tout le contraire.  

Toutefois les pistes permettant de maintenir une marge sur l’atelier existent. Sans prétendre être 
exhaustif, en voici quelques une : 

1. Attention à la qualité de l’aliment 
2. Respecter les préconisations de ration : 1 gmq = des quantités d’aliment 
3. N’engager de l’argent que sur des animaux sains 
4. Ne pas chercher des poids de carcasses trop important 
5. Travailler sur les fourrages produits sur l’exploitation 
6. Savoir être opportuniste sur l’achat et l’utilisation raisonnée de certains co‐produits 

1_Un aliment économique coûte souvent bien cher au final 

Le chant des  sirènes que représente  l’aliment « pas cher » peut‐être tentant. Mais si des différences 
de tarif existent, les contraintes de formulation aussi. Un aliment ration sèche moins cher aura trois 
inconvénients : 

‐ Une concentration énergétique moindre : l’animal va compenser cela en augmentant son 
ingestion.  Bilan : vous êtes perdant ! 
‐ Des protéines moins nobles : les races à viande à faible ingestion ont besoin de protéines 
« bypass » qui seront absorbées dans l’intestin grêle. En effet, leur faible volume de panse ne 
permet pas une synthèse microbienne suffisante pour fabriquer les protéines qui 
constitueront le muscle. De plus vous vous priveriez de l’effet complémentaire des acides 
aminés. Bilan : vous êtes perdant ! 
‐ La sécurisation vis‐à‐vis de l’acidose en ration sèche est un élément primordial. Elle peut être 
réalisée en partie par une mise à disposition de paille en râtelier libre service, mais elle doit 
aussi être pensée dans la formulation de l’aliment, grâce entre autre à l’incorporation de 
pulpe de betterave et de substances tampons. 
Si cette sécurisation n’est pas faite, dans le meilleur des cas vous aurez des performances 
d’engraissement en baisse à cause d’acidose subclinique. Bilan : vous êtes perdant ! 

2_Vingt jours = 200 kgs d’aliment = 60 euros 

Les aliments coutent cher, c’est un fait. Ne pas respecter les préconisations de votre technicien, s’est 
s’exposer à des baisses de croissance.  

Perdre seulement 100 g / jour sur la moyenne, c’est rallonger la durée d’engraissement d’en 
moyenne 21 jours. 

Exemple sur une ration sèche céréales + correcteur : 

 
Vous supprimez 100 g d’aliment du commerce dans la ration de vos taurillons. Cette économie de 
seulement 100 g d’aliment formulé par jour va vous permettre d’économiser 28 kg d’aliment sur la 
durée d’engraissement.  

Ils seront présents 20 jours de plus et consommeront donc 200 kgs d’aliment supplémentaires. Vous 
êtes donc perdants de 170 kgs d’aliment. Faites les comptes… 

En engraissement, pour gagner, il faut foncer ! 

3_Une ration saine, oui mais dans un corps sain ! 

Il n’est jamais inutile de le rappeler :  

Des animaux à l’engrais s’engagent dans une course de fond !  

Les poumons et l’appareil digestif doivent être à l’optimum de leur fonctionnement pour obtenir les 
meilleures performances. Respectez à la lettre les protocoles de déparasitage et de vaccination qui 
vous sont proposés. 

De même, l’ambiance d’un bâtiment est un facteur prépondérant dans les performances obtenues. 
N’hésitez pas à demander un diagnostic  ambiance à votre technicien(ne)  

4_Une carcasse lourde = un gros chèque ? Pas forcement pour vous ! 

Comme chacun sait, le calcul d’une marge se fait en déduisant les charges du produit. Si les charges 
augmentent, on peut humainement penser qu’il faut augmenter le produit. Or, si les prix ne sont pas 
à la hausse, il ne reste plus qu’à augmenter le poids de carcasse. 

C’est ici que les choses se gâtent ! 

1. Augmentation du risque de « 4 » 

C’est vrai, surtout sur les animaux de race Holstein. Ces animaux possèdent une forte propension à 
s’engraisser rapidement bien que les apports de concentrés soient modérés sur toute la période 
d’élevage. C’est lié au caractère « précoce » de la race. 

Sur la chaine d’abattage, une note de 4 représente une perte de 4.8 % du poids de carcasse produit, 
soit environ 18 kg de carcasse qui ne seront pas payés ! 

Or pour gagner 30 à 40 kg de carcasse, ce taurillon aura consommé entre 4 et 600 kg de fourrages en 
plus, soit l’équivalent de 15 % de la surface qui lui est consacré. 

2. Dégradation de l’indice de consommation : 

L’indice de consommation est le nombre de kilos d’aliment nécessaires pour réaliser 1 kilo de croît.  
Cette courbe représente 
l’évolution du gmq et de 
l’ingestion pour un 
taurillon charolais qui 
réaliserait une croissance 
journalière moyenne sur 
la période 
d’engraissement de 1600 
g / jour .  (données INRA) 

Croissance

Ingestion

L’indice de consommation évolue de façon quasi linéaire, alors que le gmq augmente fortement dés 
350 kg pour commencer à s’infléchir  vers 550 kg. 

Faites vos comptes :  

Nous vous proposons une petite simulation. Des variantes peuvent bien sur être appliquées, le but 
n’étant pas de retenir des chiffres, mais une tendance. Les chiffres utilisés sont ceux des tables INRA 
pour éviter tout amalgame. En fait, depuis son système et ses performances, c’est à chacun de faire 
son propre calcul. Votre technicien pourra d’ailleurs vous proposer un bilan de lot. 

Un Charolais de 800 kg vif, soit 470 kg de carcasse va consommer environ 14,5 kg d’aliment (1,8 kg 
par 100 kg de Poids vif, si la concentration énergétique est suffisante) 

Une ration à 24 centimes du kilo, consommée à raison de 14,5 kilos coute  3,5 € par jour.  

Si la croissance est à ce moment de 1,1 kg par jour, à combien devrait être payée la viande pour ne 
pas perdre d’argent :   

1100 g de croit = 638 g de carcasse à 58 % de rendement 

3,5/0,64= 5,4 € du kilo 

Or à  400 kilos de carcasse, soit 680 kg vif, la consommation est d’environ 12,2 kg soit 2,92. La 
croissance de l’animal est encore de 1400 g chez un charolais soit 810 g de carcasse. On arrive donc 
presque a un poids d’équilibre entre le gain et le coût journalier. 

C’est la période de finition, où l’on termine d’arrondir les animaux avant abattage. 
€/jour 

Exemple sur une viande 
payée à 3,2 € du kilo  de 
différentiel économique 
en fin d’engraissement 
sur un taurillon charolais. 

Les valeurs d’ingestion et 
de croissance sont tirées 
des normes INRA pour un 
taurillon charolais d’une 
croissance moyenne de 
  1600 g/jour 
400 kg de  470 kg de 
  carcasse  carcasse 

Bilan : les deniers kilos peuvent couter cher et ne justifient pas toujours un hypothétique passage au 
tiers de classe supérieur ! 

3. Les kilos de viande produits par ha de SFP 

Garder des animaux lourds, signifie donc garder plus longtemps des animaux qui ont des vitesses de 
croissance plus faibles. 

Bien logiquement, sur la même production fourragère (blé ou maïs), les indices de consommation 
augmentant fortement, le nombre de kilos de viande produits par ha de SFP plonge. 

La marge en sera d’autant diminuée. 

5_La prairie, une ressource fourragère sous‐estimée 

Dans le cadre de certaines productions (génisses de viande, bœufs, ou taurillons laitiers) l’intégration 
d’herbe de qualité dans la ration peut être un facteur déterminant dans la rentabilité d’un atelier. 

Avec un soja à 380 € par tonne, il est important de choisir des fourrages qui ne soient pas trop 
déficitaires en protéines. 

1 L’incidence du stade de récolte : choisir entre qualité et quantité 

Les plantes  fourragères (graminées comme légumineuses) suivent une évolution similaire selon le 
stade où elles sont récoltées, le stade début épiaison restant le meilleur compromis entre quantité et 
qualité (cf courbe : évolution des valeurs alimentaires du RGA) 
 

2 L’incidence des espèces en présence : il y a herbe et…………herbe ! 

Une prairie moyenne, bien récoltée donnera un ensilage d’herbe dosant 0,9 UFL et 85g de PDIN / kg 
de matière sèche. 

Sur une association Ray‐grass hybride + trèfle violet, il est possible d’obtenir des valeurs d’environ 1 
UFL et 120 g de PDI par kg MS. 

35 g de PDI * 6 kg de MS= 210 g de PDI   (je vous laisse faire le calcul de l’équivalent soja !) 

Sur des productions qui sont moins exigeantes, voire certaines productions spécifiques comme le 
BNR, il y a une formidable carte à jouer ! 

Une association RGH + TV est prévue pour produire 3 ans. Voici un graphique d’un essai réalisé dans 
une ferme expérimentale : 

Production de kilos de PDI / ha en 2002 (Essai de LACAZE) 
 

Le même raisonnement peut être appliqué sur les UF, d’autant plus que le court de l’énergie est aussi 
à la hausse. 

En objection, vous pourriez avancer que des productions comme celle‐ci sont très gourmande en 
fumure minérale. Voici donc un autre volet des essais de LACAZE : 

Rendement cumulé des trois coupes en 2002 (Essai LACAZE) 

En plus de permettre une productivité et une valeur alimentaire exceptionnelles, l’association RGH + 
TV vous permet de réaliser des économies sur vos achats d’engrais, autre poste financier important 
en ce moment. 

6_Co‐produits : bien choisir et bien acheter ! 
Les co‐produits ne sont pas destinés à remplacer les aliments du commerce. Ils peuvent par contre 
en être un excellent complément, permettant de réaliser de substantielles économies sans 
conséquences. 

Nous nous arrêterons sur deux exemples, mais nous travaillons actuellement sur le sujet avec 
quelques éleveurs ainsi que la société BONDA. 

La drèche de brasserie : 

Ce produit est caractérisé par une bonne valeur énergétique, mais surtout azotée. Toutefois, la 
fraction protéique est très by pass et ne peut prétendre à remplacer un soja dans les mêmes 
proportions.  

Si la drèche ne règle que partiellement le problème de la quantité de protéine, elle en résout au 
moins le coté qualitatif : la protéine by pass étant apportée, on peut se contenter d’apporter en 
complément des sources d’azote plus solubles et moins couteuses, tout en gardant la même qualité 
de ration. Autre point important, 6 kg de drèches de brasserie permettent aussi de prendre la place 
de 4 kg d’ensilage de maïs quand les stocks sont un peu limites. 

Pour l’achat de drèches, le bon moment c’est maintenant ! 

Le wheat feed  (fibre de blé déshydratée) + corn gluten déshydraté : 

Pour les éleveurs disposant de paille, il est possible de réaliser une ration avec 80 % de wheat feed 
déshydraté et 20 % de corn gluten, et pour un cout très compétitif. 

Caractéristiques de la ration : MAT 16 %, PDI 110 g, 1,04 UF, Amidon + sucres 27,2 

Ce type de ration est toutefois à réserver aux éleveurs maitrisant bien l’apport de fibre avec 
l’adjonction de substances tampons. 

D’autres solutions sont à l’étude (corn feed humide 75 % et 25 % pomme de terre). Nous ne 
manquerons pas de vous informer au fur et à mesure. 

Continuer l’engraissement et gagner de l’argent c’est toujours possible. Pour cela, le seul CAP que 
nous nous autorisons à vous proposer est celui de l’adaptation. 

Nous restons à votre entière disposition pour toute question technique. 

Vous aimerez peut-être aussi