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TECHNIQUES DE L’INGÉNIEUR
Techniques L’expertise technique et scientifique de référence
de l'Ingénieur
p2645
w5510
Spectrométrie
Eaux de -masse
de distribution Filières -dePrincipe
traitement
et appareillage
Michel SABLIER
Chargé de recherches au CNRS, École Polytechnique, DCMR, Palaiseau
Copyright
Copyright ©
© 2014
2015 | Techniques
Techniques de
de l’Ingénieur | tous droits réservés
l'Ingénieur
Eaux de distribution
Filières de traitement
par Bernard LEGUBE
Professeur des Universités (Chimie de l’eau et Traitement des eaux)
Directeur de l’École nationale supérieure de Poitiers (ENSI-Poitiers)
Coordonnateur du programme de recherche « Eaux-Sols » de l’Université de Poitiers
Ancien directeur du Laboratoire de chimie et microbiologie de l’eau (UMR CNRS 6008)
de l’Université de Poitiers
et Pierre MOUCHET
Ingénieur agronome INA Paris – GREF
Ancien directeur à la société Degrémont
Dans les années 1960-1970, les eaux souterraines étaient simplement pom-
pées, chlorées et distribuées. Toutes les filières de traitement d’eaux
superficielles étaient conçues selon le schéma classique « coagulation, flocula-
tion, décantation, filtration en profondeur, désinfection » avec une
pré-chloration quasiment systématique, permettant aux différents procédés de
travailler en ambiance chlorée sans qu’aucun phénomène biologique ne puisse
y prendre place.
Le développement considérable des connaissances en chimie analytique et en
toxicologie, la publication de nouvelles réglementations et les exigences du
consommateur permettent de comprendre pourquoi les filières ont considéra-
blement évolué à partir des années 1970-1980 (suppression de la pré-chloration,
optimisation de l’élimination des matières organiques, introduction de traite-
ment d’affinage de type ozonation/filtration sur charbon actif en grains). Ces
filières sont désignées comme « conventionnelles » dans cet article.
Les filières conventionnelles de traitement peuvent parfois – et cela sera
encore plus le cas dans l’avenir – présenter des limites en termes d’efficacité
et/ou de fiabilité. Depuis la fin des années 1980, et beaucoup plus fréquem-
ment aujourd’hui, les membranes apportent des solutions nouvelles, qui, bien
qu’elles ne soient pas universelles et généralisées, permettent indéniablement
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Les conseils qui suivent sur le choix de la meilleure filière de traitement dans le
domaine de l’eau potable doivent être considérés comme un guide et non comme une
règle infaillible, chaque eau constituant souvent un cas unique. Par ailleurs, aucun pro-
cédé n’est décrit dans cette partie ; le lecteur pourra se reporter à la base documentaire
« Technologies de l’eau » et notamment à la rubrique dédiée aux opérations unitaires de
traitement (volume W2).
• 30 000 captages (soit ≈ 95 % en eau souterraine et ≈ 5 % en eau superficielle), mais 90 % des captages ne produisent que 21 % des
volumes.
• 18 millions de m3 par jour sont captés (soit ≈ 34 % en eau superficielle et ≈ 66 % en eau souterraine).
• 80 % des ressources en eaux superficielles pour l’AEP sont des eaux courantes (rivières, canaux) et 20 % des eaux stagnantes (dont
13 % de barrages et réservoirs).
• 3 000 usines et stations, 560 000 km de canalisations et plus de 10 millions de m3 de capacité de réservoirs (soit ≈ 1 journée de
consommation).
• 150 litres d’eau potable consommée par habitant et par jour, avec un rendement (volume consommé/volume mis en distribution) de
70 à 75 %.
• Les pertes (30 à 25 % en moyenne) comprennent les volumes soutirés hors comptage (détournés et gaspillés), les fuites en réseau
(cassure ou rupture de canalisation, fuites sur vannes, pertes sur branchements) et les défauts d’enregistrement des compteurs.
siques (membranes) et des procédés biologiques aux procédés 3.2 Relations paramètres-procédés
physico-chimiques traditionnels.
Outre l’acquisition de données analytiques sur la ressource, les
tests en laboratoire sont généralement indispensables et ils sont Une seconde approche (ou approche complémentaire) pour
relativement aisés à réaliser (sélection d’un coagulant, de sa dose définir la filière consiste à s’appuyer sur les relations existantes
et de son pH optimum d’utilisation, sélection d’un floculant, sélec- entre paramètres de qualité et procédés de traitement.
tion d’un charbon actif en poudre, détermination de la demande en
désinfectant ou en oxydant et du potentiel de formation de
sous-produits de désinfection, tests simples de filtration sur mem- Il y a quelques années, un groupe de travail de l’AGHTM
brane comme le fouling index, etc.). Une démarche parfois prati- (aujourd’hui ASTEE) a établi les relations entre les paramètres de
quée avant la définition d’une filière consiste en des tests effectués qualité et les procédés de traitement (tableau 1) [3]. Il en ressort
à l’échelle pilote, qui sont compliqués, coûteux et consommateurs que :
de temps, mais qui peuvent dans certains cas complexes éviter de – certaines substances sont difficilement éliminables par un seul
graves déboires techniques et/ou financiers sur la future station procédé (exemple : antimoine, benzène, bore, 1,2-dichloroéthane,
industrielle. tétra-chloroéthylène et trichloroéthylène) ;
– un objectif de qualité peut être très souvent atteint par plu-
sieurs procédés de traitement (exemple : matières organiques, la
plupart des métaux) et inversement, un seul procédé peut
3. Différentes approches conjointement éliminer (en partie ou en totalité) plusieurs
paramètres ;
pour définir la filière – certains composés sont formés pendant la désinfection et
seule une minimisation de leur formation lors du traitement peut
être envisagée (exemple : THM, bromates, chlorites) ;
3.1 Désinfection précédée (au plus) – enfin, d’autres substances peuvent être apportées par le
réseau de distribution (plomb, acrylamide, chlorure de vinyle, épi-
de trois groupes d’étapes chlorhydrine) et ne dépendent donc pas (ou peu) de la filière.
de traitement Cette approche, tout comme la précédente, bien que très utile,
ne permet pas à elle seule de préciser les filières de traitement.
exploitation et dosage
oxydation-rétention
Agrément matériau
Flottation-Filtration
Coag-Décantation/
Exigences qualité
Réduction par fer
Collage-Filtration
Décarbonatation
Osmose inverse
Échange d’ions
Microfiltration
Nanofiltration
Électrodialyse
Ultrafiltration
Optimisation
Précipitation
Coagulation
Adsorption
Traitement
biologique
Ozonation
Oxydation
spécifique
Couplage
Stripping
chimique
chimique
Aération
directe
Paramètres
exploitation et dosage
oxydation-rétention
Agrément matériau
Flottation-Filtration
Coag-Décantation/
Exigences qualité
Réduction par fer
Collage-Filtration
Décarbonatation
Osmose inverse
Échange d’ions
Microfiltration
Nanofiltration
Électrodialyse
Ultrafiltration
Optimisation
Précipitation
Coagulation
Adsorption
Traitement
biologique
Ozonation
Oxydation
spécifique
Couplage
Stripping
chimique
chimique
Aération
directe
Paramètres
Chlorites +++ ++
Chlorures +++ +++ +++
Couleur (2) ++ ++ +++ + ++ ++
Conductivité (2) + ++ ++
Carbone ++ ++ ++ +++ +++ +
organique total
Équilibre + + + +
calco-carbonique
(2)
Fer ++ ++ ++ ++ ++ +++ ++
Manganèse ++ ++ ++ ++
Ox. KMnO4 ++ ++ +++ +++ +++ +
(10 min. H+)
Odeur + +++ +++ ++ +++ +++ +++ ++ ++
Saveur ++ +++ +++ +++
Sodium +++ +++ +++
Sulfates +++ +++ +++
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Autre paramètre
Algues ++ ++ ++ +++
(1) Pour l’élimination du bore par osmose inverse, il faut régler le pH à environ 10.
(2) Paramètres pouvant être corrigés par la neutralisation (chaux, soude...) et/ou la reminéralisation (CO2 + chaux ou CaCO3), dans les cas d’eaux agressives et/ou
trop douces.
4.2 Filières de traitement des eaux pour éviter la reviviscence des micro-organismes sans pour cela
créer de saveurs et odeurs inacceptables.
souterraines ou profondes
Les principales filières sont schématisées figure 1 où les 4.2.2 Eau souterraine (épisodiquement) turbide :
symboles EPc et EPa signifient « eaux profondes, filière filières EP1c ou EP1a
conventionnelle » et « eaux profondes, filière avancée », avec un
numéro correspondant ; le « zéro » ayant été attribué au cas où
seule la désinfection est utilisée. Quelques cas particuliers sont Une eau souterraine épisodiquement turbide est traitée tradi-
décrits au § 4.2.9. tionnellement par filtration en profondeur (lente ou rapide),
parfois précédée d’une coagulation (ou collage) sur filtre (filière
4.2.1 Eau souterraine d’excellente qualité : EP1c).
filière EP0
Dans ce dernier cas, on parle encore de « filtration de contact ».
La coagulation permet également d’éliminer les matières orga-
Une eau souterraine d’excellente qualité est simplement niques naturelles (MON). Assez exceptionnellement (cas difficile,
désinfectée avant sa distribution, généralement par du chlore ou débit important), une clarification complète comportant coagu-
gazeux, de l’hypochlorite de sodium (eau de Javel) ou du lation-floculation-décantation-filtration peut être appliquée (voir
dioxyde de chlore. filière ES1c pour eaux superficielles).
Aujourd’hui, les procédés à membranes microporeuses (MF ou
UF) remplacent de plus en plus souvent la filtration en profondeur
Une attention particulière sera portée sur le résiduel de chlore (filière EP1a) [4]. L’unité de filtration peut être précédée d’une coa-
avant distribution, résiduel qui doit être suffisamment important gulation simple ou d’une coagulation-floculation.
Aération ou Oxydation
Filière EP2c
Ajustement pH Filtration en profondeur3 Désinfection
Aération ou Oxydation
Filière EP2c bis
Ajustement pH Filtration biologique4 Désinfection
Décarbonatation à la chaux
Filière EP3c Filtration en profondeur Désinfection
ou à la soude
CAP/UF ou CAP/
Filière EP5a Désinfection
autre système de séparation
Filière EP6c Dénitrification biologique Aération ou Ozonation Filtration sur CAG Désinfection
Pré-oxydation
Filière EP7c Coagulation FeCl3 Filtration en profondeur Désinfection
(O3 ou ClO2 ou KMnO4)
Pré-oxydation1 Adsorption
Filière EP7a bis Désinfection
(O3 ou ClO2 ou KMnO4) (alumine ou GHF5)
1. Étape éventuelle.
2. Filtration rapide (le plus souvent) ou filtration lente.
3. Filtration rapide (physico-chimique) pouvant être précédée d’une décantation ou d’une flottation à air dissous.
4. Dans la majorité des cas, 2 étages de filtration si présence simultanée de fer et de manganèse.
5. GHF : Granulé d’hydroxydes de fer.
Les étapes d’ajustement du pH et de reminéralisation ne figurent pas sur les diagrammes, à l’exception de la déferrisation
et de la démanganisation où l’ajustement de pH doit être prévu à titre optionnel dans le procédé.
Figure 1 – Principales filières de traitement des eaux souterraines (EP) destinées à la consommation humaine
4.2.3 Eau souterraine avec fer et/ou manganèse : l’ordre de 1,5 mg/L en ion NH+4 , doit comporter une insufflation
filières EP2c d’air intégrée dans un biofiltre aéré de type Biostyr®, Nitrazur N®,
etc.) suivie d’une filtration sur sable ou bicouche, et éventuel-
lement une étape de finition (ozonation et filtration CAG) en aval.
Une eau souterraine contenant du fer et/ou du manganèse Un apport en phosphore (acide phosphorique) peut être néces-
est oxydée puis filtrée en profondeur, par voie saire. À une température inférieure à 10 oC, la nitrification est for-
physico-chimique pouvant inclure une décantation avant la fil- tement ralentie.
tration (filière EP2c), ou par voie biologique (filière EP2c bis).
4.2.6 Eau souterraine polluée par les pesticides :
Si l’eau brute est dépourvue d’oxygène dissous, la première filières EP5c ou EP5a
oxydation doit être de préférence une aération (ouverte à l’air libre
ou sous pression, suivant le type de station), éventuellement
complétée par une oxydation chimique (KMnO4, ClO2, O3, Cl2...). Une eau souterraine contenant des pesticides est générale-
Ici encore, les procédés à membrane peuvent être utilisés (très ment filtrée sur lit de CAG (filière EP5c).
exceptionnellement compte tenu de l’essor des traitements biolo-
giques dans ce cas), l’ultrafiltration remplaçant la filtration en pro-
fondeur. Le filtre CAG peut présenter une activité biologique positive
La déferrisation biologique est généralement facile à démarrer vis-à-vis de la présence d’azote ammoniacal et de matières orga-
(sauf en eau trop froide), tandis que la démanganisation doit sou- niques naturelles.
vent être initiée par ajout d’un oxydant, notamment le permanga- Les procédés nouveaux dans ce domaine sont le couplage
nate de potassium (à 2 mg/mg de manganèse), pendant la période CAP/UF de type CRISTAL® ou CARBOFLUX® (filière EP5a). Des
d’ensemencement du sable (1 à 2 mois) [17]. tests sur l’efficacité des charbons actifs doivent être préalablement
effectués (tests de sélection au laboratoire, essais sur unités
Lorsqu’une eau contient simultanément du fer et du manganèse,
pilotes).
on se heurte à l’obligation d’observer des conditions (Eh, pH, rH) dif-
férentes pour l’élimination de ces deux éléments par voie biologi-
que (voir [W 2 703] § 1.3 et 1.4), d’où la nécessité de passer par deux 4.2.7 Eau souterraine polluée par les nitrates :
étages successifs de filtration. L’élimination du manganèse ne filières EP6c ou EP6a
commencera que lorsque celle du fer sera terminée. Exceptionnelle-
ment, pour des teneurs faibles et un pH voisin de la neutralité, l’éli-
mination peut parfois être obtenue sur le même filtre (mais au prix Une eau souterraine contenant des nitrates (moins de
d’une vitesse limitée et d’une campagne d’essais préliminaires). 100 mg/L) peut être dénitrifiée par voie biologique (filière EP6c,
cas le plus fréquent) en milieu anaérobie, à condition que la
4.2.4 Eau souterraine bicarbonatée calcique : température de l’eau soit supérieure à 7-10 oC.
filière EP3c
Dans ce cas, une source carbonée est apportée généralement
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Bien que l’alumine activée soit un adsorbant traditionnellement se développe en traitement des eaux potables, notamment dans le
utilisé pour éliminer l’arsenic (AsV), cet adsorbant est aujourd’hui cas de la dénitrification.
de plus en plus remplacé par un oxo-hydroxyde de fer ferrique (ou Le procédé est constitué de deux parties essentielles (bioréac-
GHF ; en allemand : « GEH », acronyme parfois utilisé en France) teur et poste de filtration tangentielle, reliés par la boucle de recir-
qui n’impose pas de pré-oxydation. Dans ce cas, on peut culation) et assure le traitement de l’eau en trois étapes
considérer que c’est une filière avancée (filière EP7a bis). successives :
– dénitrification en culture libre dans le réacteur agité ;
4.2.9 Quelques cas particuliers – adsorption des pesticides (et autres matières organiques qui
accompagnent presque toujours les nitrates) sur CAP ajouté dans
4.2.9.1 Arsenic et fer le bioréacteur ;
Lors de la déferrisation biologique d’eau contenant de l’arsenic, – clarification/désinfection/rétention de la biomasse et du CAP
il est observé une baisse systématique et significative de l’arsenic par les membranes UF.
total sans atteindre toutefois les 10 µg/L imposés par la réglemen-
tation pour l’arsenic total. 4.2.9.5 Sélénium
Quelques études pilotes réalisées sur différents sites ont Ce paramètre ne fait jamais (ou que très rarement) l’objet de
montré que, pour des eaux oxydantes (AsV > 99 %) ou réductrices traitement ; le distributeur d’eau cherche plutôt à régler le pro-
(AsIII compris entre 50 et 70 %) contenant 200 µg/L de fer, quelle blème par mélange avec des eaux dépourvues de sélénium.
que soit la vitesse de filtration (30 à 50 m/h), il faut doper en FeSO4 L’échange d’ions sur résines anioniques (du même type que celles
à des concentrations qui dépendent de la teneur initiale en arsenic utilisées en dénitratation) régénérées par le chlorure de sodium est
total (jusqu’à 2 000 µg/L quand As atteint 80 µg/L). Le rapport [FeII un procédé efficace mais coûteux.
ajouté]/[As]t est en moyenne de l’ordre de 30 µg/µg.
4.2.9.6 Couleur
4.2.9.2 Azote ammoniacal et fer ou manganèse
Certaines eaux souterraines sont naturellement colorées par des
La nitrification simultanée sera toujours très limitée au cours des acides humiques. Les filières les plus simples à appliquer sont :
traitements de déferrisation et/ou démanganisation biologique
(temps de contact trop courts, vitesses de filtration trop rapides – pour des valeurs inférieures à 15-25 ppm Pt-Co, une coagula-
pour accrocher des bactéries nitrifiantes et trop faible teneur en O2 tion-filtration (voir filière EP1c) en appliquant une oxydation préa-
dissous). La nitrification biologique ne peut donc en général lable si nécessaire (combinaison EP1c et EP2c) ;
s’effectuer que dans un stade postérieur à la déferrisation biolo- – pour des valeurs supérieures à 15-25 ppm Pt-Co, une filière
gique. De plus, la démanganisation biologique n’est pas possible complète de clarification, comme pour une eau de surface de turbi-
si la nitrification n’est pas terminée (voir [W 2 703] § 1.6.1 et dité élevée (ES1c) ou riche en algues (voir § 5.3.6.2).
figure 8). Dans certains cas, l’application de techniques avancées (ozone,
Si l’eau contient les trois paramètres (Fe2+, Mn2+, NH+4 < 0,5 à CAG, NF...) peut être requise.
1,8 ppm), le traitement peut être alors basé sur une filière à deux
étages (comme pour les eaux qui contiennent Fe2+, Mn2+), mais en
dimensionnant la deuxième filtration sur les critères de la 4.3 Quelques tests pour le choix
nitrification : la démanganisation biologique sera alors réalisée en des filières
même temps que la fin de la nitrification.
Il est parfois nécessaire de réaliser de simples tests de labora-
Pour des concentrations supérieures en azote ammoniacal, il
toire sur la traitabilité de l’eau. Dans quelques cas, seule une étude
faut adopter une autre solution, par exemple incluant : une déferri-
à l’échelle pilote (et/ou le savoir-faire de l’homme de l’art) permet
sation biologique (pour ne pas encrasser le réacteur de nitrifica-
de définir au mieux la filière avant de la proposer à l’exploitant et
tion), une nitrification classique en réacteur aéré (voir filière EP4c,
au constructeur. Dans tous les cas, seuls des essais réalisés sur
§ 4.2.5), puis une filtration de finition où nitrification et démangani-
place, immédiatement après le prélèvement (effectué à l’abri de
sation s’achèveront simultanément par voie biologique [17].
l’air), peuvent être représentatifs de la traitabilité des eaux souter-
raines privées d’oxygène dissous, dont les caractéristiques
4.2.9.3 Fluorures seraient modifiées après tout contact accidentel avec l’atmos-
L’élimination des fluorures en traitement des eaux potables n’est phère.
pas simple dans la mesure où la précipitation et/ou la fixation sur Pour les eaux souterraines, les tests de laboratoire sont relative-
adsorbant nécessite des quantités importantes de réactifs. Dans ment limités, on peut citer :
tous les cas, il faut mettre en œuvre, au moins, un mélangeur suivi
d’un décanteur et/ou d’un filtre. – les tests d’aération par transvasements en béchers et filtration,
après traitement chimique éventuel, sur papier de laboratoire (par
L’utilisation d’un mélange bien choisi de chaux et d’acide phos- exemple, Durieux bande bleue), membrane 0,45 µ ou petite
phorique (conduisant à la formation de phosphate tricalcique) est colonne de sable, pour évaluer la traitabilité d’une eau contenant
une solution pour précipiter les fluorures, ainsi que la coagula- du fer et/ou du manganèse dissous ;
tion-floculation-décantation par le sulfate d’alumine (mais à très – les tests sur les conditions (dose et pH) d’utilisation de certains
forts taux de traitement). Une autre solution est la filtration sur alu- réactifs (chaux, coagulant, charbon actif en poudre) pour l’élimina-
mine activée, de faible granulométrie, régénérée par de la soude et tion d’un paramètre donné (turbidité, MES, MON, dureté, micro-
de l’acide sulfurique. polluant organique, arsenic...) ;
Il faut noter que pour les eaux souterraines « dures » et magné- – les tests de colmatage pour les procédés à membrane (fouling
siennes, l’adoucissement (ou décarbonatation) à la chaux peut index et modified fouling index).
conduire à des résultats intéressants sur les fluorures.
La filtration sur CAG (pesticides ou autres micropolluants) et les
traitements biologiques (déferrisation, démanganisation, nitrifica-
4.2.9.4 Nitrates et pesticides par bioréacteurs tion, dénitrification) peuvent faire l’objet d’essais à l’échelle pilote,
à membranes
souvent coûteux et consommateurs de temps (il faut compter 1 à
L’association d’un traitement sur membranes à un traitement 5 jours pour une déferrisation biologique, 2 à 3 mois pour une
biologique, constituant ainsi un bioréacteur à membranes (BRM), démanganisation biologique, 6 à 12 mois pour une filtration CAG).
5. Filières de traitement rable de distinguer, d’une part, les eaux de cours d’eau, et d’autre
part, les eaux de retenues, ces dernières étant toujours très parti-
pour eaux superficielles culières à traiter surtout lorsqu’elles sont eutrophisées (ou en
cours d’eutrophisation).
■ Les eaux de cours d’eau sont généralement turbides (plus
5.1 Principaux problèmes rencontrés turbides que les eaux de retenues ou les eaux souterraines). Leur
minéralisation est variable, généralement faible à l’amont (près de
dans les eaux superficielles la source) et plus élevée à l’aval, compte tenu des communications
destinées à l’AEP dans le sens nappe-rivière. En particulier, elles peuvent être carac-
térisées par leur plus ou moins forte teneur en ion hydrogénocar-
Pour les eaux superficielles (rivières et lacs naturels ou de bar- bonate (ou bicarbonate, mesuré par le TAC) de calcium, les eaux
rage), la qualité est très rarement excellente, les problèmes ren- les plus « dures » étant ainsi généralement les plus
contrés sont de trois types : « tamponnées », car leur teneur en bicarbonates s’oppose à de for-
– problèmes courants d’origine naturelle (turbidité et MES, fer, tes variations de pH qui pourraient être induites par certaines
manganèse, aluminium, MON, bactéries, algues, faible variations saisonnières de l’eau brute (exemple : CO2 libre) ou,
minéralité) ; pendant le traitement, par l’ajout de coagulant, de chlore, etc. On
– problèmes de plus en plus fréquents d’origine anthropique peut donc qualifier certaines d’entre elles comme des eaux
(nitrates, pesticides, résidus pharmaceutiques, perturbateurs endo- « dures », avec un pH stable (en cours de traitement), et d’autres,
criniens et autres micropolluants organiques, métaux, bactéries et comme des eaux « douces », présentant un pH variable. Ces der-
virus pathogènes, matières organiques issues des rejets urbains et nières vont être plutôt chargées en MON. Aux matières organiques
industriels, etc.) ; naturelles vont s’ajouter les rejets des agglomérations et autres
– problèmes engendrés par le traitement et la distribution (THM, industries avec des risques plus ou moins importants de
chlorites, bromates, plomb, acrylamide, chlorure de vinyle, épi- contamination par des polluants organiques ou minéraux d’origine
chlorhydrine, etc.). anthropique.
■ Les eaux de retenues, généralement eutrophisées, présentent
toujours une faible turbidité, une forte concentration en MON, de
5.2 Différentes classes d’eaux (douces) fortes fluctuations de pH, des teneurs parfois très élevées en
superficielles destinées à l’AEP algues, de faibles risques de contamination d’origine anthropique,
mais souvent de fortes concentrations en métaux naturels comme
Une classification possible des eaux superficielles pourrait le fer et le manganèse.
consister à utiliser l’annexe 13.1 (III) du décret no 2003-461. Cette
annexe définit trois classes d’eau (A1, A2 et A3) correspondant à ■ L’examen des données disponibles auprès des Agences (réseau
trois types de traitements (article R. 1321-38 du même décret) : RNB), des DASS et des DIREN, montrent assez nettement qu’il
– A1 : traitement physique simple et désinfection ; existe en fait trois types d’eau brute superficielle (tableau 2) qui
– A2 : traitement normal physique et chimique et désinfection ; peuvent servir de repères pour la définition des filières telles que
– A3 : traitement physique, chimique poussé, affinage et désin- présentées ci-dessous.
fection.
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La classe A1 correspond aux eaux d’excellente qualité ne néces- Attention, les filières de traitement pour eau superficielle
sitant qu’une désinfection, précédée éventuellement d’une filtra- étant parfois complexes, seules les filières de base sont présen-
tion (lente, ou rapide après coagulation, ou sur membranes UF ou tées ci-après (de nombreuses variantes sont fréquemment ren-
MF). Il n’y a vraiment pas beaucoup de traitement d’eau superfi- contrées).
cielle dans ce cas, en France. Pour les classes A2 et A3, il est préfé-
5.3 Filières de traitement des eaux 5.3.3 Eau « dure » de cours d’eau contaminée
superficielles (ES) ou avec de forts risques de contamination :
filières ES2
Les principales filières sont schématisées figure 2 où les
symboles ESc et ESa signifient « eaux superficielles, filière
conventionnelle » et « eaux superficielles, filière avancée », avec
Le type de filière ES2c est historiquement la filière de base
un numéro correspondant ; le « zéro » ayant été attribué au cas où
présentée ci-dessus (ES1c), à laquelle ont été ajoutés (générale-
le traitement est réduit à une filtration directe suivie d’une désin-
ment à cause de la détérioration de la ressource), une pré-oxy-
fection. Quelques cas particuliers sont décrits en § 5.3.6.
dation (souvent une pré-ozonation), ainsi que des traitements
Pour de plus amples informations sur les procédés mis en de finition (ou d’affinage) axés principalement sur une
œuvre, on pourra se reporter aux « Technologies de l’eau » et inter-ozonation et une filtration sur CAG (figure 5).
notamment aux opérations unitaires de traitement (volume W2).
Par ailleurs, il faut noter que les opérations de prétraitement
grossier tels le dégrillage, dessablage, débourbage, déshuilage, ■ La pré-ozonation (à ≈ 0,8 g/m3) a pour objectif principal d’amé-
tamisage et microtamisage ne sont pas mentionnées dans les liorer la coagulation-floculation en termes de turbidité éliminée,
schémas des filières proposées. durée de vie des filtres, économie de réactifs. La coagulation-flocu-
lation est réalisée au sulfate d’aluminium ou au polychlorure d’alu-
minium. Les doses appliquées sont généralement faibles, juste
5.3.1 Eau superficielle d’excellente qualité : suffisantes pour clarifier l’eau, c’est-à-dire quelques g/m3 à
filière ES0 quelques dizaines de g/m3. L’injection de CAP est indispensable
dans ce cas, car la contamination chimique (même temporaire)
En règle générale, la désinfection directe ne doit pas être utilisée peut être importante. Les doses utilisées sont de 10 à 30 g/m3, au
en traitement des eaux superficielles sans être précédée d’une maximum 50 g/m3 (au-delà, le coût du traitement serait excessif ;
filtration : ainsi, certaines eaux de lacs ou de retenues peuvent être par ailleurs, les technologies de décantation à contact de boues
clarifiées, soit par coagulation sur filtre (filière ES0c, analogue à permettent de réduire la demande en CAP [2] [1]) ; l’ajustement du
EP1c), soit par ultra- ou microfiltration (filière ES0a, analogue à taux de traitement aux fluctuations de la pollution permet de cou-
EP1a – figure 3). Un affinage est néanmoins souvent nécessaire per les « pics » et d’éviter l’arrivée de doses massives de polluants
(voir filières ES2). sur le CAG. La nitrification se fait généralement d’une manière
Les limites d’application de la filtration directe, au-delà des- naturelle sur les filtres à sable et/ou CAG. L’oxydation au niveau de
quelles il faut appliquer la filière ES1 (§ 5.3.2), sont récapitulées la désinfection par le chlore doit toutefois prendre le relais en
dans le tableau 3. Les valeurs admissibles des différents critères période froide.
de qualité d’eau brute dépendent de divers facteurs : présence
simultanée ou non de plusieurs paramètres défavorables, techno- ■ L’inter-ozonation a deux objectifs principaux : désinfecter et
logie appliquée tant en filtration en profondeur (sur sable ou sur transformer une partie du COD restant en carbone organique bio-
milieu bicouche : granulométrie des matériaux, vitesse de filtra- dégradable, éliminable partiellement sur les filtres CAG biolo-
tion, nature des réactifs...) que sur membranes de clarification (MF giques. Un autre objectif est l’oxydation des micropolluants
ou UF, filtration frontale ou tangentielle, sous pression ou en organiques. Toutefois, il est actuellement déconseillé d’optimiser
immersion, présence ou non d’une coagulation préalable...). l’étape d’ozonation sur cet objectif à cause de la formation de
sous-produits d’ozonation dont certains pourraient être plus
« nocifs » que les micropolluants initiaux.
5.3.2 Eau « dure » de cours d’eau non
(ou faiblement) contaminée : filière ES1 Les doses appliquées sont variables (entre 1 et 4 g/m3). Si une
apparition importante de bromates est observée, il faut alors soit
Pour des usines à faible débit, c’est la filière de base tradition- diminuer le pH d’ozonation (ce qui n’est pas toujours facile), soit
nelle qui est utilisée dans ce cas, c’est-à-dire une clarification diminuer les taux d’ozonation, en restant vigilant sur la désinfec-
complète suivie d’une désinfection (filière ES1c – figure 4). tion.
Une variante (non représentée sur la figure 2) consiste en un
traitement membranaire (MF ou UF) en remplacement ou en ■ L’étape de filtration sur CAG est maintenant indispensable sur
complément de la filtration en profondeur, notamment si l’on toute filière de traitement d’eau de surface de ce type, surtout
craint la présence de kystes de protozoaires parasites (Giardia, lorsqu’une étape d’ozonation la précède. En effet, il est fortement
Cryptosporidium) dans l’eau brute. déconseillé d’appliquer l’ozonation en fin de filière (post-ozona-
Notons que la pré-oxydation par le chlore ou l’hypochlorite (bien tion) sans filtre biologique en aval, qui représente un support bac-
que longtemps utilisée dans ce cas) est aujourd’hui « interdite » à térien idéal entraînant un abattement partiel mais permanent de la
cause de la détérioration des qualités organoleptiques de l’eau et matière organique (10 à 30 %) et contribue à la nitrification faite
de la formation potentielle de composés organochlorés (dont les déjà en grande partie en premier étage de filtration, évitant ainsi la
THM sont les traceurs). poursuite de ces réactions secondaires dans le réseau, ce qui favo-
riserait la formation de biofilms.
L’eau étant naturellement dure, le pH sera pratiquement
constant lors de l’ajout du coagulant. L’utilisation de polychlorures La désinfection peut être effectuée au chlore (ou dérivés) ou
d’aluminium sera préférée à celle du sulfate d’aluminium car leur encore par le dioxyde de chlore, en prenant soin de conserver du
solubilité à pH légèrement basique (7,5 à 8 dans ce cas) est faible chlore sur le site (par exemple au niveau de la production du
comparativement à celle du sulfate d’aluminium. La possibilité ClO2), à cause de la présence fréquente d’azote ammoniacal, diffi-
d’injecter du CAP doit être prévue dans la filière, en cas de pollu- cilement éliminable par voie biologique en période froide. Dans le
tion accidentelle de la ressource. cas d’une désinfection par le chlore, une déchloration est parfois
pratiquée avant la distribution en réseau.
La désinfection sera généralement effectuée avec du chlore
gazeux ou, plus fréquemment, avec de l’hypochlorite de sodium
Certaines variantes (rares mais connues) de cette filière pour eau
(qui nécessite moins d’équipement que le chlore gazeux).
dure (ou moyennement dure) incluent l’utilisation de la filtration
Pour les eaux très chargées en MES, voir § 5.3.6.1. lente sur sable à la place de la filtration rapide.
Filtration
Filière ES0c Désinfection Filière ES0a UF ou MF Désinfection
(lente ou rapide)
CAP/UF ou autre
Filtration en profondeur Ozonation1 Désinfection Déchloration partielle1
procédé de séparation
Ajustement pH ou Reminéralisation
Inter-Ozonation Filtration en profondeur Post-ozonation1
Reminéralisation5 éventuelle1,7
1. Étape éventuelle.
2. SA : sulfate d’alumine – PCA : Polychlorure d’aluminium.
3. Filtration rapide (le plus souvent) ou filtration lente.
4. Seulement dans le cas du procédé CAP/UF (concentrat de l’ultrafiltration).
5. À éviter quand potentiel élevé de formation de bromates.
6. Reminéralisation conseillée avant filtre CAG pour éviter problème de turbidité.
7. Au cas où la reminéralisation n’est pas prévue avant l’inter-ozonation
’
(c’est-à-dire peu de problèmes de manganèse ou élimination correcte avant l’inter-ozonation).
Les technologies avancées présentées dans les filières ES2a et ES2a bis peuvent être insérées dans les filières ES3c et ES4c.
Figure 3 – Exemple de filière ES0a : modules d’ultrafiltration 5.3.4 Eau « douce » de cours d’eau : filière ES3
traitant l’eau du lac Léman sur la station de LAUSANNE (Suisse).
Capacité : 70 000 m3/j (doc. Aquasource)
■ En cas de manganèse dans l’eau brute, l’expérience montre que CAG sont les mêmes que ceux décrits dans les filières précédentes
pour ce type d’eau, il est bien éliminé au niveau de la clarification. (ES2c et ES3c).
Les technologies avancées présentées dans les filières ES2a Les technologies avancées présentées dans les filières ES2a
et ES2a bis peuvent être insérées dans la filière ES3c. Une et ES2a bis peuvent être insérées dans la filière ES3c.
autre variante possible de la décantation pour lutter contre les La désinfection sera de préférence effectuée par chloration.
algues est l’utilisation de la flottation (voir les limites d’appli- En cas d’utilisation de dioxyde de chlore, les mêmes précau-
cation dans le § 5.3.6.2). tions que précédemment (filière ES3) devront être prises.
Une telle filière exige la construction d’ouvrages résistant à Une telle filière exige la construction d’ouvrages résistant à
la corrosion. la corrosion.
La filière de base pour les eaux de retenues douces, avec Sous certains climats, les teneurs en MES des eaux courantes
notamment des MON, du fer et du manganèse, est comme pré- peuvent (au moins épisodiquement) dépasser 1 g/L ; certains
cédemment articulée autour de la coagulation-floculation par le « pics » peuvent atteindre 120 à 150 g/L ; il convient alors d’appli-
fer ferrique à pH légèrement acide, avec 2 mg de fer par mg de quer des technologies adaptées en particulier pour les phases de
COD (filière ES4c). floculation-décantation.
Lorsque la teneur en MES est comprise entre 1 et 5 g/L, on adop-
tera, selon la granulométrie des MES, soit un décanteur statique
■ La pré-ozonation ou la pré-oxydation par le dioxyde de chlore raclé, soit un dessableur suivi d’un décanteur rapide ou statique,
aura les mêmes objectifs et sera appliquée aux mêmes taux que selon la granulométrie des MES.
dans le cas précédent (ES3c). Un poste (en secours) d’injection de
permanganate de potassium sera prévu pour les périodes Lorsque la teneur en MES est supérieure à 5 g/L, on adoptera
« difficiles » de manganèse dans l’eau brute. Comme dans le cas une décantation en deux stades, comprenant un prédécan-
précédent, voire d’une manière plus marquée, l’eau étant naturel- teur-débourbeur suivi d’un décanteur à contact de boues et/ou
lement douce, le pH descendra par simple ajout de chlorure lamellaire (moins de 20 g/L de MES dans l’eau brute), voire d’un
ferrique. L’addition d’acide sulfurique sera donc rarement néces- décanteur statique raclé pour les eaux brutes les plus chargées. Un
saire, mais celle de chaux à prévoir. traitement chimique (coagulant minéral et/ou polymère) doit pré-
céder chaque stade de décantation.
■ La flottation sera préférée à la décantation car les flocs sont
généralement plus légers que pour les eaux de rivière (absence de 5.3.6.2 Eaux occasionnellement riches en algues
turbidité) et les algues sont mieux éliminées que par décantation.
Sous l’influence de rejets riches en phosphates, de nombreuses
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Les concentrats, qui représentent 5 à 10 % du volume d’eau pro- Quand l’objectif principal est l’élimination des MON, il a été
duit, sont soit retournés dans le milieu récepteur quand aucun pro- démontré que les doses théoriques optimales sont de 1 mg Al/mg
duit chimique n’est ajouté (rarement, cf. § suivant), soit plus COD ou 2 mg Fe/mg COD. Dans ce cas, le nombre d’essais peut
généralement envoyés en assainissement. être limité à 2 (un essai à dose théorique optimale et à pH variable,
puis un second essai à pH optimal pour vérifier la dose).
5.3.6.5 Dessalement Les effets de la pré-oxydation, de l’ajout de floculant (polyélec-
En 2007, la capacité des installations de dessalement par mem- trolytes) et de CAP peuvent être ensuite étudiés à partir des
brane dans le monde, notamment par osmose inverse (OI), était de conditions optimales dose/pH (qui peuvent toutefois varier légère-
l’ordre de 15 millions de m3/j, dont 40 % pour la production d’eau ment après ozonation).
potable. Bien que ce procédé ne soit pas (ou rarement) utilisé en À partir de floc formé dans les conditions optimales déterminées
France pour l’alimentation en eau potable, il doit être cité comme dans les essais précédents, des tests de décantabilité, propres à
une possibilité de secours, voire d’avenir. chaque constructeur (par exemple : mesure du coefficient de cohé-
Attention, les procédés membranaires (UF, NF et OI) nécessitent sion des boues pour les appareils à lit de boues pulsé) [9], peuvent
très souvent des prétraitements et des post-traitements (NF et OI). guider l’ingénieur de projet dans le dimensionnement des
Ces prétraitements sont parfois simples (MF, acidification, ajout de ouvrages.
complexant...), parfois constitués d’usines complètes de clarifica-
tion avec traitement d’affinage ou de décarbonatation. Les 5.4.2 Demande en oxydant et potentiel
post-traitements sont la désorption de gaz (CO2 dû à l’acidification
préalable), l’optimisation de l’équilibre calco-carbonique (par
de formation de sous-produits
mélange d’eau, ajustement de pH, reminéralisation...) et la chlora-
de désinfection
tion. La demande en ozone (pour l’inter-ozonation) est réalisée sur
Le lecteur trouvera les détails nécessaires sur les opérations de l’eau clarifiée. Son objectif est de déterminer la dose d’ozone à
dessalement et autres opérations par traitements membranaires appliquer pour obtenir 0,4 mg/L (au minimum) après 4 min. de
dans les références TI [J 2 700] et [W 4 120]. temps contact (au minimum). La teneur en bromates formés doit
être également évaluée, si possible en faisant varier le pH d’ozona-
tion, la concentration résiduelle en ozone dissous et le temps de
5.4 Quelques tests pour le choix maintien du résiduel d’ozone (produit « C · t »).
des filières La demande en chlore ou en dioxyde de chlore est réalisée sur
l’eau clarifiée et ozonée (en absence d’ozone résiduel) sur plu-
Une filière de traitement d’eau de surface est toujours sieurs temps de contact (si possible pour prendre en compte le
compliquée à tester en laboratoire, puisqu’elle met inévitablement réseau de distribution). Des analyses de THM ou de chlorites et,
en œuvre plusieurs opérations unitaires. La filière conventionnelle éventuellement, des tests organoleptiques peuvent alors être
de base est toujours constituée (sauf cas exceptionnel) d’une coa- effectués.
gulation-floculation, précédée parfois d’une oxydation, et suivie
d’une clarification et d’une désinfection. Les autres étapes
(inter-oxydation et filtration sur CAG ou traitement par CAP/UF) et 5.4.3 Autres études préliminaires
la reminéralisation ne sont que des étapes de finition, utilisées soit Il est quasiment impossible (actuellement) d’évaluer la durée
pour affiner l’abattement des MON, soit pour éliminer les micro- d’efficacité d’un filtre à charbon actif en grains (CAG) au labora-
polluants ou encore pour rendre l’eau moins corrosive. Compte toire. Il faut faire appel à des essais sur unité pilote (longue durée)
tenu du nombre important d’essais qui résulterait du croisement et/ou à l’habitude de l’homme de l’art ; à partir de quelques résul-
de chaque étape, il est important d’étudier la filière par étape ou tats expérimentaux, certains centres de recherches appliquent par-
groupe d’étapes : fois des algorithmes mis au point dans leurs laboratoires pour le
– coagulation-floculation, décantation (et éventuellement filtra- dimensionnement des filtres à CAG.
tion) et effet de la pré-oxydation, voire de l’ajout de CAP ;
Les systèmes mettant en œuvre le CAP et les procédés membra-
– demande en oxydant et potentiel de formation de sous-pro-
naires sont également difficiles à évaluer sans essais sur unité
duits de désinfection (bromate et THM) ;
pilote.
– étude pilote sur filtre CAG.
saturation des CAG, transformation des polluants et formation de mais, plus facilement en baisse des performances hydrauliques
sous-produits de traitement, difficile adaptabilité aux variations de due au colmatage progressif de la membrane qui nécessite alors
la ressource, etc.). C’est pourquoi, depuis la fin des années 1980 et une opération de maintenance.
avec une progression très significative depuis, les procédés mem-
Cependant une (ou plusieurs) membrane(s) ne peuvent pas tou-
branaires ont été introduits dans ces filières conventionnelles,
jours répondre à toutes les problématiques posées par une res-
voire les ont intégralement remplacées. Les nouvelles filières cor-
source. C’est, dans la plupart des cas, une association avec des
respondantes sont également décrites dans cet article sous l’appel-
opérations conventionnelles qui permet d’optimiser la filière en
lation « filières avancées ». Elles permettent en particulier de
termes de coût d’investissement et d’exploitation : c’est dans cet
répondre aux questions de réduction des réactifs mis en œuvre, de
esprit que cet article a été rédigé.
constance de la qualité de l’eau et s’inscrivent alors dans le cadre
de la réduction des impacts environnementaux et d’une politique
de développement durable.
Les principaux avantages de ces nouvelles filières avec procédés Supports et sources
membranaires sont :
– la simplicité d’exploitation (technique « presse-bouton ») ; • L’eau potable en France – Guide technique du ministère de
– la faible utilisation de produits chimiques ; la Santé et de la Solidarité.
– une production de boues qui peut être qualifiée de plus • V. Bonnelye et al. : Apport des membranes dans les filières
naturelle ; EP [4].
– l’excellence de la désinfection, notamment vis-à-vis des kystes • ASTEE – Duguet [3].
de protozoaires (Giardia, Cryptosporidium).
• Cours de Pierre MOUCHET à l’ENGEES-Strasbourg.
De plus, la dégradation des performances de la filière ne se juge
• Cours de Bernard LEGUBE à l’ENSI-Poitiers.
plus uniquement en termes de dégradation de la qualité de l’eau
Parution : août 2010 - Ce document a été délivré pour le compte de 7200092269 - cerist // 193.194.76.5
Filières de traitement E
N
par Bernard LEGUBE
Professeur des Universités (Chimie de l’eau et Traitement des eaux)
Directeur de l’École nationale supérieure de Poitiers (ENSI-Poitiers)
Coordonnateur du programme de recherche « Eaux-Sols » de l’Université de Poitiers S
Ancien directeur du Laboratoire de chimie et microbiologie de l’eau (UMR CNRS 6008)
de l’Université de Poitiers A
et Pierre MOUCHET V
Ingénieur agronome INA Paris – GREF
Ancien directeur à la société Degrémont O
I
R
Sources bibliographiques
O
U À lire également dans nos bases
BAIG (S.) et MOUCHET (P.). – Oxydation et réduc- MOUCHET (P.). – Traitements des eaux avant utili-
GILLES (P.). – Lutte contre la pollution des eaux.
tion appliquées au traitement de l’eau. Ozone, sation. Matières particulaires. [G 1 170] Traité
Finitions à haute performance. [G 1 330] Traité
autres oxydants, réducteurs. [W 2 702] Traité Environnement (2000).
Environnement (1999 et 2002).
Technologies de l’eau (2010). GODART (H.). – Eaux de distribution. Traitements
P BAIG (S.) et MOUCHET (P.). – Oxydation et réduc-
tion appliquées au traitement de l’eau. Mise en
unitaires. [C 5 200] Traité Technologies de l’eau
(2000).
MOUCHET (P.). – Traitement des eaux avant utili-
sation. Filières et applications. [G 1 172v2] et
[Doc. G 1 173v2] Traité Environnement (2006).
Législation
Décret no 2003-461 de mai 2003 relatif à certaines dispositions réglementaires
du Code de la Santé publique.
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