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CONCOURS D’ASSISTANT TERRITORIAL

DE CONSERVATION DU PATRIMOINE
ET DES BIBLIOTHÈQUES

RÉDACTION D’UNE NOTE


José‑Maria Comas
Maître de conférences à l’IEP de Toulouse

Pierre Gévart
Sous-Préfet, Haut fonctionnaire territorial

MÉTHODOLOGIE

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Sommaire

Méthodologie de la note . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4

Devoir autocorrectif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

Sujet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

Corrig���������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������� 36

Exemple commenté – Note administrative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46

Sujet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46

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Exemples commentés – Note de synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71

Sujet 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71

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Sujet 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95

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Méthodologie de la note

Utilité de la note
La note a pour objet de dégager du dossier, en fonction des indications contenues dans le sujet, les éléments
essentiels et les mettre en forme sous une modalité plus utilisable. La note permet ainsi à son destinataire de
se dispenser de la lecture d’un dossier.
La note est vouée à une utilisation rapide et immédiate en apportant des informations essentielles au destinataire
ou en l’éclairant sur le sens de la décision à prendre. Le rédacteur doit prendre en compte le contexte dans
lequel se trouve le destinataire (lorsqu’il est précisé). La note doit donc être claire, précise et concise. Le
destinataire n’a besoin ni d’un cours, ni d’un discours.
Elle doit dire autrement les mêmes choses, en évitant les énumérations. Le rédacteur doit « brasser » les
idées contenues dans les documents du dossier, sélectionner ce qui mérite d’être évoqué et hiérarchiser
les éléments retenus autour de quelques idées dominantes. Aucune connaissance personnelle ne doit être
apportée à la note.
Il convient d’abord de rappeler la distinction entre la note administrative et la note de synthèse.

Note administrative et note de synthèse


La note administrative porte sur une question administrative et elle est rédigée à partir d’un dossier à caractère
administratif, afin d’éclairer la prise de décision de l’autorité administrative qui en est le destinataire. Pour ce
type de note, le libellé du sujet apporte des précisions relatives à l’objet, au destinataire et, le cas échéant,
à l’affectation administrative du rédacteur de la note (administration dans laquelle il est censé être affecté).
Parfois, l’exercice de note administrative est une note assortie des propositions. Dans ce cas particulier, le
rédacteur de la note doit formuler des propositions en exploitant le dossier, mais aussi en faisant appel à ses
connaissances personnelles, voire à son expérience professionnelle.
En revanche, pour ce qui est de la note de synthèse proprement dite, son destinataire n’est pas précisé et
le dossier comprend des documents de nature diverse, même si dans la pratique les dossiers de synthèse
contiennent aussi des documents administratifs. La note de synthèse peut porter sur un sujet d’ordre général
relatif à des problèmes contemporains, ou bien être rédigée à partir d’un dossier à caractère politique, social
ou économique.

O Qetuoique la distinction soit utile, dans la pratique vous devrez vous en tenir au libellé du sujet donné
le respecter de façon scrupuleuse.

Ainsi, parfois, dans le cadre d’une épreuve libellé en tant que note de synthèse, l’énoncé du sujet peut vous
demander de rédiger une véritable note administrative, et vice-versa. Mais, dans tous les cas de figure, la
démarche méthodologique est la même (la seule différence portera sur la présentation de la note).

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Exemples de notes administratives
ff Vous êtes affecté(e) au Rectorat de l’Académie de X. Le Recteur vous demande de lui rédiger une note
concernant le congé de formation professionnelle des fonctionnaires de l’État.
ff Vous êtes secrétaire d’administration centrale et affecté(e) au service de communication d’un ministère.
Votre chef de service vous demande de rédiger une note sur les pouvoirs de sanction conférés au Conseil
supérieur de l’audiovisuel par la loi du 30 septembre 1986 modifiée.
ff Vous êtes affecté(e) à la Préfecture de X. Le Préfet vous demande de lui rédiger une note concernant la
réglementation relative aux raves-parties.

Distinguer l’exercice de note d’autres types


d’exercice
La note et le résumé
La note n’est pas un résumé de texte. Elle doit dire autrement les mêmes choses, en évitant les énumérations.
Le rédacteur doit « brasser » les idées contenues dans les documents du dossier, sélectionner ce qui mérite
d’être évoqué et hiérarchiser les éléments retenus autour de quelques idées dominantes.

La note et la dissertation
La note n’est pas une dissertation. Dès lors, le rédacteur ne doit tenir compte que des informations extraites
du dossier. Aucune connaissance personnelle ne doit être apportée à la note. De même, aucun jugement
de valeur ou prise de position personnelle n’est admis, sauf si le sujet vous invite à prendre position de façon
explicite. D’ailleurs, le style de la note ne ressemble pas à celui utilisé dans la dissertation. Il faut utiliser de
phrases courtes, et ne reformuler pas la même idée plusieurs fois.

La note et le commentaire de texte


Enfin, la note n’est pas un commentaire de texte. Vous n’êtes pas placé dans la situation d’un commentateur
extérieur aux textes : vous ne devez pas formuler des critiques. Vous devez établir une synthèse, comme
si vous étiez le ou les auteurs des textes du dossier.
Ainsi donc, il faut éviter la dérive vers la dissertation (défaut très répandu chez les rédacteurs de note) et
s’écarter de toute critique personnelle.
Le travail du rédacteur exige un respect scrupuleux de la méthodologie commune à la note de synthèse et à
la note administrative.

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La démarche à suivre
Ainsi, la démarche du rédacteur peut être décomposée en trois phases :
ff Lecture des documents
ff Mise en forme de la note (plan)
ff Rédaction de la note

La phase d’exploitation des documents a pour objectif


d’identifier le contenu de la note
Cette première phase comprend trois moments différents :
ff Lecture et compréhension du sujet
ff Évaluation de la nature et de l’utilité des documents
ff Lecture et exploitation des documents en fonction du sujet

Lecture et compréhension du sujet


Le sujet doit être lu attentivement afin de :
ff Bien délimiter ses contours, pour éviter le hors-sujet.
ff Si la note est administrative, l’énoncé du sujet vous précisera l’autorité destinataire de la note, et parfois
vous donnera sa mise en situation, c’est-à-dire, vous précisera les raisons de sa demande de note.
ff Parfois, l’énoncé peut vous suggérer le plan à suivre.

Après avoir pris connaissance du sujet, il faut procéder à l’évaluation de la nature et de l’utilité des ­documents
proposés dans le dossier.­

Évaluation des documents


Ainsi, il convient de lire la liste des documents et de feuilleter le dossier pour mieux appréhender l’intérêt des
textes proposés.

  Types de documents
Les documents peuvent être regroupés suivant trois critères cumulatifs :
ff En raison de leur nature, on distingue les textes administratifs et les textes non administratifs
Les textes administratifs peuvent être des textes juridiques de base (lois, décrets, arrêtés) ou des
textes d’application (circulaires, instructions, notes de services). Souvent, le contenu de ces derniers
textes est redondant vis-à-vis des textes juridiques de base. Ainsi, une circulaire reprendra les dispositions
d’une loi et des décrets.
Les textes non administratifs sont des articles de presse (quotidiens, hebdomadaires) ou des extraits de
revues spécialisées ainsi que des extraits de rapports. Parfois, ces textes reviennent sur des dispositions
contenues dans les textes juridiques, mais ils peuvent aussi apporter des informations nouvelles.

ff En fonction de leur contenu, on distingue les textes à portée générale et les textes ponctuels.
Les textes à portée générale – quelle que soit leur nature administrative ou pas – ont un contenu dont
l’exploitation permet d’obtenir un repérage global du sujet ou de ses principaux aspects (rares sont les
textes qui traitent tous les aspects du sujet). En revanche, les textes dits ponctuels ne s’intéressent qu’à
des aspects très limités du sujet, et leur apport à la note se traduira par quelques lignes.

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Exemple
Ainsi, par exemple, si vous deviez traiter un sujet concernant la lutte contre le dopage, la loi de 1999
relative au dispositif de lutte contre le dopage serait un texte à portée globale, puisque son exploitation
vous permettrait de saisir l’essentiel du sujet ; en revanche, un décret d’application de la loi suscitée
qui porte sur les modalités de contrôle des sportifs serait un texte ponctuel puisqu’il ne concernerait
qu’un aspect limité du sujet. A ce propos, il est utile de rappeler que la longueur d’un texte ne préjuge
pas de son utilité : un décret ne traitant qu’une question ponctuelle peut être un texte très long, tandis
qu’une courte réponse ministérielle à une question posée par un parlementaire pourrait s’avérer très
utile compte tenu de son contenu synthétique.
Ces deux catégories de textes présentent une utilité très différente.
En ce qui concerne les textes ponctuels, leur apport limité devra trouver un point d’ancrage dans la structure
globale.

ff En fonction de leur rôle, on distingue les textes d’information et les textes d’éclairage
Bien que tout texte soit une source d’information, certains documents apportent davantage les
informations nécessaires pour construire la note, permettant d’en identifier le contenu. En revanche,
d’autres textes – ayant un contenu informatif analogue – apportent un éclairage qui favorise une meilleure
compréhension des textes dits d’information ; par exemple, un texte de commentaire ou de compte rendu
d’une loi jouera un rôle d’éclairage par rapport à la loi elle-même.
Toutefois, il ne faut pas faire l’impasse sur un texte sous prétexte que son contenu n’apporte pas
d’informations nouvelles par rapport à d’autres textes. Lorsqu’on constate que deux documents ont un
contenu identique ou similaire, on doit choisir l’un des deux – le plus accessible, c’est-à-dire le plus
clair – pour en tirer les informations nécessaires ; le deuxième texte ne fera l’objet que d’une lecture
rapide pour confirmer – et le cas échéant – compléter l’exploitation du premier texte. En conclusion, il
convient de procéder à une lecture couplée de deux textes : le premier est à exploiter pour en tirer des
informations, le deuxième – ayant un contenu similaire – fera l’objet d’une lecture de vérification plus rapide
pour conforter l’analyse du précédent texte. A ce propos, on peut citer le cas d’une loi ou d’un décret et de
sa circulaire d’application. La circulaire, ayant un caractère plus accessible, est souvent un texte plus utile
qu’une loi, sous réserve que leur contenu soit analogue ; dans ce cas-là, la circulaire peut devenir le texte
à exploiter, tandis que la loi fera l’objet d’une lecture rapide. Donc, les documents les plus utiles ne sont
pas forcément ceux qui ont une plus grande valeur juridique.

  Priorités de lecture
En fonction des différents types de documents, le candidat peut établir – ce n’est pas obligatoire – des priorités
de lecture. Mais avant d’établir un ordre de lecture, il faut tenir compte de l’incidence de la chronologie des
documents. A ce propos il faut distinguer les textes juridiques et les autres textes.
Pour ce qui est des textes juridiques (lois, décrets etc.), il faut faire attention à leur chronologie afin de tenir
compte d’éventuelles modifications. En effet, un texte récent peut modifier un texte plus ancien. Dès lors,
dans un tel cas de figure, rien ne sert d’exploiter le texte ancien sans tenir compte des modifications introduites
par le texte récent modificatif. Donc, il faut saisir les modifications avant l’exploitation du texte ancien.
Mais, comment procéder dans la pratique ? Voici la démarche à suivre :
D’abord, sur une feuille établir trois colonnes, conformément au modèle suivant :

Texte modificatif Texte modifié (ancien) Types de modification

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On commence à lire le texte récent et on prend note dans la première colonne de la numérotation des articles
comportant des modifications. En face de ces numéros, dans la deuxième colonne, il faut noter la numérotation
des articles du texte ancien modifiés ; par exemple, l’article 5 du nouveau texte modifie l’article 12 du texte
ancien, donc les numéros des articles 5 et 12 seront inscrits face à face sur la première et la deuxième colonnes.
Il vous restera à préciser sur la troisième colonne, le type de modification intervenu : ainsi, il faut savoir que l’on
peut modifier un article d’un texte juridique soit en y ajoutant une disposition nouvelle, soit en y supprimant
une disposition qui existait auparavant, soit en rédigeant autrement la même disposition.
Dans le cas d’une modification par ajout, vous lirez le texte ancien en y ajoutant la nouvelle disposition. Dans
le cas d’une modification par suppression, vous lirez le texte ancien en lui ôtant la partie supprimée. Enfin,
dans le cas d’une modification par une nouvelle rédaction, il faut lire le texte récent contenant la disposition
nouvellement formulée.
Pour les textes non juridiques, par exemple des articles de presse, il faut vérifier que leurs informations ne
soient pas devenues obsolètes, et privilégier les textes les plus récents. Toutefois, l’exploitation des textes
anciens peuvent vous permettre de montrer une évolution, ce qui dans certains cas peut s’avérer utile.
En fonction de l’utilité des textes du dossier, on peut donner les conseils suivants en ce qui concerne leur
exploitation :
ff D’abord, sont à exploiter de préférence les textes à portée générale qui constituent une source
d’information. Ce sont les textes ayant un contenu plus complet qui vous permettront d’obtenir un repérage
général du sujet et d’en tirer les informations de base .
ff Puis, vous lirez plus rapidement – « lecture par balayage » – les autres textes ayant un contenu
informatif similaire, ce qui devrait vous permettre de mieux éclairer et conforter les analyses
effectuées des textes précédents, ou le cas échéant d’en tirer de nouvelles informations à titre de
complément. Parfois, un document d’éclairage peut s’avérer prioritaire lorsqu’il fournit des informations
plus claires et, donc, mieux assimilables par le lecteur. En effet, parfois vous constaterez qu’un texte
commentant une loi vous permet de mieux saisir l’essentiel des dispositions que la lecture de la loi elle-
même. Dans ce cas, vous devriez, pour des raisons d’efficacité, exploiter d’abord le commentaire de la loi
et passez ensuite à la lecture rapide du texte de loi pour confirmer votre analyse. C’est la pratique qui vous
guidera.
ff Enfin, les textes ponctuels sont à exploiter ultérieurement, tout en sachant que leur apport sera limité,
quelle que soit la longueur du texte.

Toutefois, sachez qu’il n’est pas obligatoire d’établir un ordre de lecture autre que celui découlant de la liste
des documents. Ainsi, lorsque le dossier n’est pas long, vous pouvez lire les documents sans établir
des ­priorités.

La lecture et l’exploitation des documents


La lecture doit être sélective – en fonction du sujet – et efficace afin de saisir ce qui mérite d’être retenu
dans la note. En cas de doute, il convient de se reporter au sujet pour bien orienter la lecture et éviter de retenir
des informations hors sujet.
Une lecture approfondie vous dispensera de tout report ultérieur au dossier qui vous ferait perdre du temps
lors de l’élaboration du plan détaillé.
Mais, comment déceler l’essentiel d’un texte ? et comment procéder pour le saisir ?

  Identifier l’essentiel d’un texte


Avant de procéder à la lecture d’un document, il faut regarder sa structure, c’est-à-dire, ses parties ou ses
divisions en paragraphes, afin d’appréhender le cheminement suivi par l’auteur, ou le cas échéant, s’il s’agit
d’un texte juridique, de cerner les différents aspects de la réglementation.
Dans cette approche préalable à l’exploitation du texte, deux cas de figure sont à distinguer, suivant que le
texte ait ou n’ait pas une structure visible.

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Un texte a une structure visible lorsque ces différentes parties sont énoncées par des titres ; c’est le cas
notamment des textes juridiques (lois, décrets, circulaires). Dans ce cas, il suffit de lire le titre général et les
sous-titres pour connaître la teneur de l’essentiel des propos contenus dans le texte. Certes, connaître les titres,
ne vous dispense pas de lire de façon plus approfondie le texte, mais vous serez mieux à même de l’exploiter.
Puis, dans le cas d’un texte qui n’a pas une structure matérialisée par des titres, vous devrez d’abord saisir
les divisions en paragraphes et alinéas. Ensuite, vous procéderez à son exploitation, en sachant qu’en
principe l’essentiel du contenu d’un paragraphe est formulé dans ses premières lignes et, aussi parfois vers sa
fin. Votre lirez donc attentivement son début et sa fin, en balayant du regard le reste du paragraphe, ce qui
vous permettra d’y déceler le cas échéant d’autres analyses intéressantes. De même, il faut savoir que souvent
les alinéas courts – de deux à trois lignes – contiennent des propos introductifs ou des brèves conclusions
partielles. C’est ainsi que vous parviendrez à exploiter des textes – parfois longs – n’ayant pas une structure
matérialisée.
Enfin, sachez que les introductions des textes sont en général très utiles pour saisir la problématique
analysée dans le reste du texte.

O Ilsystématiquement
faut se garder de la tendance naturelle qui consiste à vouloir tout dire et à exploiter
chaque élément du dossier. Il faut savoir choisir l’essentiel.

  La saisie de l’essentiel
Les éléments essentiels d’un texte sont annoncés par des en-têtes soit par des développements introductifs,
étayés d’arguments, reproduits avec une certaine insistance sous une expression différente. Au cours de la
lecture d’un texte, pour retenir les informations essentielles vous pouvez les souligner ou surligner. De même,
vous pouvez effectuer des annotations marginales, qui vous permettront déjà de mettre l’accent sur les aspects
à retenir. Seules quelques vérifications pourront être faites au niveau du détail, facilitées par le soulignement ou
les annotations marginales apportées en cours de lecture. Il convient de rappeler qu’un texte pas souligné ou
trop souligné sera difficilement exploitable. Les annotations marginales sont intéressantes dans la mesure
où elles permettent de formuler de façon précise des idées diffuses. Il est important de ne pas oublier l’objet
de la note en cours de lecture. Les développements hors sujet impliquent en général une note éliminatoire.
Il est souhaitable d’utiliser une grille de lecture qui permette de répertorier les idées les plus importantes
contenues dans chaque document avant de procéder à la lecture du document suivant. Ainsi, vous rédigez
sur une feuille au brouillon le compte rendu de ce qui mérite d’être retenu en tant qu’apport de chaque texte à
la note ; il faut préciser que vous ne devez retenir d’un texte que les aspects relatifs au sujet, le reste ne vous
intéresse pas. La grille doit contenir les idées essentielles, mais aussi les idées complémentaires et les
éventuels liens avec celles des autres documents. Autrement dit, vous devez retenir l’essentiel – c’est-à-dire
les informations sans lesquelles le sujet n’existerait pas –, et toute information nécessaire ou utile pour analyser
et comprendre l’essentiel. En revanche, le surplus d’information qui n’apporte rien à la compréhension du sujet
relève du détail et, en principe, ne devrait pas être retenu. Vous pouvez déjà établir une certaine hiérarchisation
entre les diverses questions retenues, ce qui facilitera ensuite la construction d’un plan.
Vous procédez de la même façon avec les autres textes, en précisant le cas échéant les liens entre deux ou
plusieurs textes. Ainsi, à partir du recensement des comptes rendus des différents documents, vous serez en
mesure de dresser l’inventaire des « ingrédients » de la note, tout en sachant que ce catalogue ne vous permet
pas encore de rédiger la note.

À titre d’exemple, on peut utiliser la grille de lecture suivante :

Documents Pages Idées Idées Liens


complémentaires

Il faut procéder en fin de lecture au recensement des idées ou des dispositions devant constituer le contenu
de la note. Ce contenu sera dressé en une forme aussi définitive que possible pour qu’une esquisse de plan
se dégage avec facilité à l’issue de ce travail de sélection.

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Cas particuliers
Des cas particuliers sont à envisager lorsque les informations portent soit sur des exemples, soit sur des
éléments chiffrés (statistiques), soit sur des opinions.

  Des exemples
Dans le cas d’exemples, deux remarques sont à retenir. D’une part, l’exemple sert à illustrer une idée, pas à
la remplacer ; dans ce cas-là, l’exemple donné par l‘auteur du texte a une valeur pédagogique : il sert à
mieux faire comprendre les propos de l’auteur. Donc, ce sont les propos qui devront être exploités, l’exemple
ne sera pas cité dans la note. D’autre part, dans certains cas, l’objet d’un texte peut porter essentiellement
sur un exemple ou sur une expérience concrète. Ainsi, leur analyse peut vous permettre de dégager une idée
essentielle, que vous allez mettre en valeur dans la note. Mais, le cas échéant, vous utiliserez l’exemple pour
éclairer l’idée générale.

O lui consacrez pas une longue analyse sauf si l’objet de la note le concerne directement.
Respectez la règle suivante : un exemple peut être cité exceptionnellement dans la note, mais ne

  Données statistiques
En ce qui concerne les données statistiques, les conseils d’exploitation sont analogues à ceux relatifs aux
exemples. D’abord, l’exploitation des tableaux statistiques permet de dégager des tendances générales
(augmentation, diminution…) que vous mettrez en valeur dans la note. Ensuite, les données chiffrées (de
préférence des pourcentages ou des rapports que vous-même pouvez établir) peuvent être utilisées pour
illustrer ces tendances, mais leur usage doit être pertinent et limité (pas trop de chiffres). N’oubliez pas qu’un
excès de chiffres nuit à la compréhension de la note.
En cas d’exploitation des tableaux statistiques ou des sondages, il est conseillé d’identifier la source, comme
vous le faites pour un document juridique.

  Les opinions
Parfois, les textes non administratifs contiennent des opinions, c’est-à-dire des prises de position ou des points
de vue émanant de l’auteur du texte. Faut-il les exploiter ? Et si oui, quelle place leur accorder dans la note ?
En principe, l’exploitation des opinions n’est pertinente que dans trois cas de figure :
ff Lorsqu’un texte est consacré à une prise de position, par exemple, une libre opinion ou l’éditorial d’un
quotidien de la presse écrite ;
ff Lorsque l’opinion émane d’une personne dont la qualité ou les compétences permettent de valoriser
ses prises de position (exemple : le Président de la République, des ministres,) ou bien lorsque l’opinion
est exprimée dans le cadre des textes signés par des spécialistes ou des personnes directement impliquées
dans le sujet à traiter ;
ff Lorsque le dossier fait état d’opinions suffisamment nombreuses et contrastées pour permettre de
structurer leur analyse sous forme de débat ou de controverse.

Ainsi, lorsqu’un texte fait état de façon isolée d’une opinion ne remplissant aucune des conditions précédentes,
cette opinion ne mérite pas d’être retenue, puisqu’elle ne présenterait pas un intérêt particulier pour la
compréhension du sujet. C’est toujours l’application du critère de l’essentiel qui doit guider votre démarche
d’exploitation des textes. Dès lors, les opinions ne sont à exploiter que si elles s’avèrent nécessaires pour
une meilleure compréhension du sujet.

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En ce qui concerne la place à accorder aux opinions dans la note, il faut distinguer les trois cas cités.
Lorsqu’il s’agit d’une opinion isolée devant être retenue, vous y accorderez la même place que pour une
information objective, mais en identifiant l’auteur de l’opinion ; parfois, vous pourrez l’utiliser pour éclairer une
idée ou un argument. Dans le dernier cas envisagé, vous pouvez consacrer éventuellement dans votre plan,
une partie ou une sous-partie du plan à l’analyse de la controverse ou du débat. Dans l’analyse du débat,
vous devez procéder de la façon suivante : mettre l’accent sur les arguments développés par les deux parties
engagées dans le débat ; en revanche, la référence aux auteurs de ces prises de position n’est pas nécessaire,
sauf s’ils remplissent la condition de notoriété déjà exposée et ainsi apportent un plus à l’argumentation.

La mise en forme de la note comporte la recherche


et la structuration d’un plan simple
La note doit être rédigée conformément à un plan. A ce propos votre démarche peut être décomposée en
trois phases :
ff Adopter un plan
ff Structurer le plan
ff Présenter le plan

L’adoption du plan
Deux cas de figure sont à distinguer :
ff soit le sujet vous suggère un plan, et vous l’adoptez ;
ff soit vous devez trouver un critère de plan, c’est-à-dire les grandes parties du plan.

Dans ce cas, vous pouvez procéder de la façon suivante :


ff Hiérarchiser les éléments d’information tirés du dossier, en mettant en valeur les idées essentielles.
Vous devez dissocier ce qui est essentiel de ce qui est accessoire. La note est bâtie autour de l’essentiel
et des informations nécessaires ou utiles pour comprendre l’essentiel. En principe, les questions de détail
ne figurent pas dans la note.
ff Rassembler les informations disponibles autour de quelques idées importantes – deux ou trois –, de
sorte à pouvoir identifier les parties du plan, en établissant un lien logique entre elles.

O Ocloisonnées.
bservation. Pour être correct le plan doit avoir trois qualités : être global, équilibré et doté des parties
La globalité permet au plan de traiter le sujet, rien que le sujet et tout le sujet. Un plan
partiel et un plan trop large sont à proscrire. Le cloisonnement implique que les contenus des parties
ne doivent pas être interchangeables ou se recouper. D’ailleurs, il convient de vérifier qu’il y a matière
à développer chaque partie. L’équilibre concerne la longueur et le contenu des parties : l’essentiel doit
être réparti entre les différentes parties du plan.

Cette première esquisse de plan, vous permettra de passer à sa structuration.

La structuration du plan
Il convient de diviser les parties en sous-parties, et de préciser les différents points qui doivent apparaître
dans la note. La structuration d’un plan détaillé au brouillon, faisant apparaître les parties, les sous-parties et
les différents points à retenir présente un double avantage. D’abord, ce brouillon va vous permettre de répartir
dans un ordre logique les différents éléments tirés du dossier, en utilisant la méthode de l’arborescence,
c’est‑à‑dire en établissant des liens entre eux. Ensuite, compte tenu que le temps imparti ne permet pas la
rédaction de l’ensemble de la note au brouillon, le plan vous servira de guide lors de la rédaction définitive de
la note. C’est le meilleur moyen pour éviter la rédaction décousue, les oublis ou les répétitions.

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La présentation du plan dans la note
Le plan doit être mis en valeur sous forme de phrases d’annonces rédigées ou d’intitulés bien délimités. Le plan
visualisé (avec titres soulignés) n’est pas obligatoire, mais il est conseillé car il est utile. En effet, il permet de
mieux vous repérer et, au correcteur de la copie, de mieux apprécier la consistance du plan. Toutefois, vous
avez le choix : ne pas intituler, tout intituler (parties et sous-parties) ou n’intituler que les deux ou trois
grandes parties.

A titre d’exemple on peut rappeler la structure d’un plan en deux parties :


Introduction
1re Partie
A. Sous-partie
B. Sous-partie
2e Partie
A. Sous-partie
B. Sous-partie
Conclusion

La note comprend une courte introduction, des parties et une conclusion.


L’introduction doit présenter l’objet de la note, en le situant dans son contexte général et pertinent.
Éventuellement, elle peut rappeler le texte juridique constituant la base de la réglementation applicable. Enfin,
l’introduction doit présenter de façon explicite, impersonnelle et directe le plan de la note.

O annoncées dans l’introduction.


Évitez le style scolaire ; utilisez une phrase pour annoncer chaque partie ; les sous-parties ne sont pas

En début de chaque partie le rédacteur doit veiller à présenter brièvement – en deux ou trois lignes – son
contenu (sous-parties). De même, des transitions entre les parties doivent être rédigées.

O Cetonseil pratique : utilisez des alinéas pas longs, utilisez le point à la ligne à bon escient, aérez l’écriture,
mettez l’accent sur l’essentiel dès les premières lignes de chaque paragraphe.

La mise en valeur des idées ne doit conduire à utiliser des artifices : ni reformuler les idées, ni indiquer que
c’est important. La note ne doit pas faire référence à la numérotation des documents. En revanche si, de façon
explicite, vous faites référence à un texte juridique il devra être identifié.

Exemple : «  aux termes de la loi du 12 avril 2000 » ; par contre, il ne serait pas correct d’écrire « aux termes
de la loi ».

Toutefois, vous devez éviter de faire référence systématiquement aux textes que vous êtes en train d
­ ’exploiter.
La conclusion n’est pas le moment d’exposer des idées qui n’ont pu l’être dans les parties, ni le moment
d’exprimer son point de vue. La conclusion clôt l’analyse, en rappelant éventuellement l’intérêt du sujet.

O Rappel : l’ensemble de la note – introduction et conclusion comprises – se nourrissent du dossier.


L’introduction et la conclusion doivent être rédigées au brouillon pour mieux soigner leur présentation.
En revanche, la durée de l’épreuve – suivant les cas, quatre, trois ou deux heures – ne permet pas de rédiger
l’ensemble de la note au brouillon.
La rédaction doit être claire, simple et concise, tout en évitant le style télégraphique. L’esprit de textes
importants doit être exploité sans reprendre les formules qui y figurent, évitant donc de reporter en citations
les éléments du dossier.

12  CNED  Méthodologie : Cours rédaction d’une note– 6-B392-TE-00-18


O Conseil : évitez l’usage de guillemets dans une note.
Après la rédaction il convient d’effectuer une relecture de la note pour corriger les fautes de syntaxe et
­d’orthographe.

Présentation de la note
Dans le cas d’une note de synthèse, sans indications dans le sujet du contexte et du destinataire, il suffit de
rédiger l’énoncé sous une forme simple : note relative à…
La note administrative a un en-tête à rédiger. Ainsi, vous devez préciser son destinataire – en utilisant les
formules Note pour… (lorsque le destinataire est un supérieur) ou Note à… (lorsque le destinataire est un
subordonné) – De même, l’objet et les références administratives doivent être précisés. La note est datée et
signée (en précisant la fonction du rédacteur : secrétaire, rédacteur, agent, …), mais jamais son nom. La note
affiche, en haut à gauche, le timbre administratif (administration d’affectation).

Exemple : 

Timbre administratif lieu, date

Note pour (ou à l’attention de…)

Objet :
Références :

Les mentions obligatoires : Destinataire, objet


O  Les mentions facultatives : Timbre, référence …

Observations concernant la gestion du temps


Pour une épreuve de trois heures il faut prévoir la répartition suivante :
ff Découverte du dossier : 10 minutes
ff Lecture : ≈ 1 heure
ff Structuration du plan : 30 minutes
ff Rédaction et relecture : 1 heure 20 minutes

Mais, quelle que soit la durée de l’épreuve, vous pouvez décloisonner les différentes phases de votre travail.
Ainsi, la lecture des documents peut vous suggérer une idée de plan, ce qui permettra de consacrer davantage
de temps à la lecture tout en envisageant une ébauche de plan. D’ailleurs, lorsque vous détaillez le plan au
brouillon vous pouvez amorcer la rédaction, en quelques phrases, pour ce qui est des idées principales.

CNED  Méthodologie : Cours rédaction d’une note– 6-B392-TE-00-18  13


À retenir 
Rappel des points essentiels de la méthodologie

1. Bien lire et comprendre le sujet afin d’en délimiter les contours, ce qui permettra d’éviter les analyses
hors sujet.

2. Évaluer la nature et l’utilité des documents avant de procéder à leur exploitation.

3. Faire attention à la chronologie des documents, en particulier pour les textes juridiques (certains textes
peuvent contenir des modifications à prendre en compte).

4. Si possible, établir des priorités de lecture. Les textes prioritaires sont ceux qui apportent une vision
générale du sujet, ou bien ceux qui en traitent de larges aspects.

5. Éviter d’exploiter de façon approfondie deux textes ayant un contenu analogue (exemples : loi et
circulaire, loi et commentaire de la loi). Dans ces cas-là, il faut choisir l’un des deux textes afin de
l’exploiter, tandis que l’autre texte fera l’objet d’une « lecture de confort », afin de confirmer l’analyse
effectuée du premier texte.

6. Exploiter les textes en fonction du sujet. Seul le sujet vous intéresse.

7. À partir des apports des différents textes, hiérarchiser les éléments tirés du dossier afin de trouver un
plan de note.

8. Bien structurer et détailler le plan adopté. Vous pouvez utiliser des titres pour les grandes parties, voire
les sous-parties.

9. Rédiger la note de façon claire et structurée (introduction, développement en deux ou trois parties et
conclusion). Dans chaque paragraphe, l’essentiel de l’analyse doit être mis en valeur au début (dès les
premières lignes), pas à la fin. Pour la note administrative, n’oubliez pas de rédiger l’en-tête administratif.

10. Relire la note rédigée afin d’effectuer quelques corrections de forme.

14  CNED  Méthodologie : Cours rédaction d’une note– 6-B392-TE-00-18


  Devoir autocorrectif 
Sujet

Ce premier devoir va permettre de tester la maîtrise des

O différents aspects de la démarche méthodologique.


Nous vous conseillons vivement de les aborder
après lecture du fascicule de méthodologie.

CNED  Méthodologie : Devoir autocorrectif– 6-B392-TE-00-18  15


Vous allez donc effectuer ces exercices comme un devoir normal.

1. La prise de contact avec le sujet


1A. Questionner le sujet
C’est le sujet qui vous met en situation, et précise la commande. Il faut y accorder beaucoup plus d’importance
et de temps que ce n’est souvent le cas. Un sujet doit être «questionné». Dans un devoir, le sujet dit beaucoup
de choses. Il suffit pour cela de le décortiquer.
Posez-vous alors les questions suivantes :
ff De quoi s’agit-il ? A propos de quoi ? Quel est le thème du devoir ?
ff Qui ? Qui êtes-vous censé être ? D’où allez-vous parler ?
ff Pour qui ? Pour qui travaillez vous ?
ff Pourquoi, pour quelle raison vous adresse-t-on cette commande ?
ff Où êtes-vous situé, à la fois matériellement (lieu, type de structure) et hiérarchiquement ? 
ff Quand ? En l’absence d’autre indication, c’est aujourd’hui. Mais il peut en être autrement.
ff Quelle est la commande ? La commande est souvent à la fois explicite et implicite.

Essayez de répondre à ces questions pour les sujets qui suivent, et d’en tirer les conséquences grâce à un
tableau que vous compléterez.

16  CNED  Méthodologie : Devoir autocorrectif– 6-B392-TE-00-18


EXERCICES

Questionnez les sujets

  Sujet 1  (2 points)

Placé à la direction des ressources humaines de la Ville de Paris, il vous est demandé de réaliser une note
rappelant les possibilités ouvertes aux agents de la Ville en matière de droit à la formation. Vous apporterez
notamment au DRH des éléments de réponse à des agents qui envisagent d’entamer une seconde carrière,
dans ou hors de la fonction publique de la Ville, et souhaiteraient auparavant bénéficier de quelques formations.

Question Votre réponse Incidences sur la note

De quoi s’agit-il ?

Qui êtes-vous censé être ?

Pour qui travaillez-vous ?

Pourquoi vous adresse-t-on


cette commande ?

Où êtes-vous situé ? 

A quelle date ? 

Quelle est la commande ?

Explicite

Implicite

CNED  Méthodologie : Devoir autocorrectif– 6-B392-TE-00-18  17


  Sujet 2  (2 points)

Vous êtes adjoint du responsable de la communication dans un établissement public culturel de la Ville de
Paris. Le responsable vous a demandé de réfléchir à l’installation d’un système de communication interne sous
forme d’écrans muraux, afin d’accueillir le public, de lui apporter des informations générales et particulières,
etc. Ces informations devront pouvoir être rapidement évolutives.
Un stagiaire a préparé une étude préliminaire, et vous avez demandé quelques devis. Il vous faut maintenant
proposer au responsable une solution technique, ainsi que la procédure à suivre pour rester en conformité aux
règles en vigueur pour les marchés publics.
Vous rédigez une note à cet effet.

Question Votre réponse Incidences sur la note

De quoi s’agit-il ?

Qui êtes-vous censé être ?

Pour qui travaillez-vous ?

Pourquoi vous adresse-t-on


cette commande ?

Où êtes-vous situé ? 

A quelle date ? 

Quelle est la commande ?

Explicite

Implicite

18  CNED  Méthodologie : Devoir autocorrectif– 6-B392-TE-00-18


  Sujet 3  (2 points)

Vous êtes en fonction au secrétariat général de la Ville de Paris. Le secrétaire général s’interroge sur les
dispositifs existants en matière d’urbanisme et de coopération intercommunale, et sur la compatibilité de
ceux- ci avec les projets de « grand Paris ». Il s’interroge notamment sur la cohérence à donner localement
aux différents dispositifs.
Il vous demande de lui rédiger une note faisant le point sur les textes en vigueur, sur ceux qui sont en préparation,
et de mettre en évidence les problèmes qui pourraient se poser.

Question Votre réponse Incidences sur la note

De quoi s’agit-il ?

Qui êtes-vous censé être ?

Pour qui travaillez-vous ?

Pourquoi vous adresse-t-on


cette commande ?

Où êtes-vous situé ? 

A quelle date ? 

Quelle est la commande ?

Explicite

Implicite

CNED  Méthodologie : Devoir autocorrectif– 6-B392-TE-00-18  19


1B. Les enjeux en présence
Pour bien aborder un sujet et vous assurer de bien l’avoir compris, il est indispensable d’avoir bien fait le tour
des différentes parties prenantes, et d’avoir identifier leurs enjeux, et leurs craintes. Pour cela, vous allez établir
un tableau comme celui- ci :

Acteurs identifiés Enjeux Craintes

20  CNED  Méthodologie : Devoir autocorrectif– 6-B392-TE-00-18


EXERCICES

Pour chacun des trois sujets proposés, recensez les acteurs identifiables, et déduisez du sujet et de votre
expérience quels sont les enjeux et les craintes de ces acteurs.

  Sujet 1  (2 points)

Placé à la direction des ressources humaines de la Ville de Paris, il vous est demandé de réaliser une note
rappelant les possibilités ouvertes aux agents de la Ville en matière de droit à la formation. Vous apporterez
notamment au DRH des éléments de réponse à des agents qui envisagent d’entamer une seconde carrière,
dans ou hors de la fonction publique de la Ville, et souhaiteraient auparavant bénéficier de quelques formations.

Acteurs identifiés Enjeux Craintes

  Sujet 2  (2 points)

Vous êtes adjoint du responsable de la communication dans un établissement public culturel de la Ville de
Paris. Le responsable vous a demandé de réfléchir à l’installation d’un système de communication interne sous
forme d’écrans muraux, afin d’accueillir le public, de lui apporter des informations générales et particulières,
etc. Ces informations devront pouvoir être rapidement évolutives.
Un stagiaire a préparé une étude préliminaire, et vous avez demandé quelques devis. Il vous faut maintenant
proposer au responsable une solution technique, ainsi que la procédure à suivre pour rester en conformité aux
règles en vigueur pour les marchés publics.
Vous rédigez une note à cet effet.

Acteurs identifiés Enjeux Craintes

CNED  Méthodologie : Devoir autocorrectif– 6-B392-TE-00-18  21


  Sujet 3  (2 points)

Vous êtes en fonction au secrétariat général de la Ville de Paris. Le secrétaire général s’interroge sur les
dispositifs existants en matière d’urbanisme et de coopération intercommunale, et sur la compatibilité de
ceux- ci avec les projets de « grand Paris ». Il s’interroge notamment sur la cohérence à donner localement
aux différents dispositifs.
Il vous demande de lui rédiger une note faisant le point sur les textes en vigueur, sur ceux qui sont en préparation,
et de mettre en évidence les problèmes qui pourraient se poser.

Acteurs identifiés Enjeux Craintes

22  CNED  Méthodologie : Devoir autocorrectif– 6-B392-TE-00-18


2. L’analyse de la liste
Utiliser la liste pour entrer dans le dossier
Nous vous conseillons de déterminer avant d’entrer dans le dossier deux documents clefs, qui sont respectivement
le document d’entrée et le document central.
Le document d’entrée est celui qui va vous permettre très rapidement « d’entrer » dans le sujet, de comprendre
celui-ci, même si les renseignements apportés restent d’une précision qui peut être relative. On attend de ce
document qu’il apporte le « minimum vital » pour comprendre le sujet. C’est donc un document qui devra être :
ff Court é d’où l’importance de noter le nombre de pages)
ff Clair é vous éliminez donc un texte trop technique ou un texte juridique rectifiant un texte antérieur
ff Assez large pour couvrir l’essentiel du sujet.

Le document central est celui par lequel vous allez vraiment commencer le dépouillement, et qui va vous
permettre de déterminer votre grille de lecture (Vous verrez cela plus en détail dans le cahier autocorrectif n° 3).
Son choix est donc encore plus important que celui du document d’entrée. Il sera pourvu des caractéristiques
suivantes :
ff Ni trop court, ni trop long trop long, il vous prendrait bien trop de temps pour le résoudre en
idées force, trop court, il ne vous permettrait pas d’élaborer une grille
convenable)
ff Récent de façon à vous donner un point de départ le plus actuel possible
ff Le plus large possible relativement au sujet
ff Le plus incontestable possible préférez une analyse objective à un article d’opinion. L’origine du texte
(titre de la revue), le nom de l’auteur et même la formulation du titre
vous donnent à cet effet les informations suffisantes.
ff Rédigé en paragraphes cohérents chaque paragraphe aborde une idée nouvelle, et une idée n’est pas
séparée en plusieurs paragraphes.

Vous vous rendez bien sûr compte que cette quatrième caractéristique ne sera pas décelée dans la liste,
mais en balayant le dossier. Le cas échéant, elle vous permettra de choisir entre deux documents de valeur
apparente équivalente.

CNED  Méthodologie : Devoir autocorrectif– 6-B392-TE-00-18  23


EXERCICES

Pour chacune des listes, en procédant par élimination, désignez le document d’entrée et le document central.

Liste du sujet concernant les OGM

Document 1  xtrait du rapport de l’AFSSA (Agence française de sécurité sanitaire des aliments), publié en
E
janvier 2002 – 5 pages

Document 2 Extrait de la revue « Plantes transgéniques » (N°10 – novembre 2005) – 10 pages

Document 3 OGM : le projet de loi présenté le 8 février 2006 (archives Le Nouvel Observateur) – 2 pages

Document 4 Nouveaux soupçons sur les OGM (Le Monde – 9 février 2006) – 2 pages

Document 5 Les tests toxicologiques ? Silence, secret industriel (Le Monde – 9 février 2006) – 1 page

Document 6  ommuniqué de Presse du 17 janvier 2006 (Ministère délégué à l’enseignement ­supérieur et


C
à la recherche) – 1 page

Document 7 Réaction des faucheurs volontaires suite au projet de loi relatif aux OGM – 1 page

Document 8 OGM : le projet de loi fait déjà des vagues (Le Figaro – 19/01/06) – 1 page

Document 9 Les OGM sont inconstitutionnels (Le Monde – 19 janvier 2006) – 1 page

Document 10 Attendu depuis 2002, le projet de loi sur les OGM… (Le Monde, 19 janvier 2006) – 1 page

Document 11 Le tribunal de Versailles relaxe des faucheurs d’OGM (Le Monde,14 janvier 2006) – 1 page

24  CNED  Méthodologie : Devoir autocorrectif– 6-B392-TE-00-18


Votre analyse :  (Total : 5 points)

Commentaire :  (2 points)

Document 1 : Commentaire : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Document 2 : Commentaire : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Document 3 : Commentaire : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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..................................................................................

Document 4 : Commentaire : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
..................................................................................
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Document 5 : Commentaire : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Document 6 : Commentaire : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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..................................................................................

Document 7 : Commentaire : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
..................................................................................
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Document 8 : Commentaire : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Document 9 : Commentaire : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Document 10 : Commentaire : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Document 11 : Commentaire : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Conclusion : Entrée : (1 point) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .


Central : (2 points). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

CNED  Méthodologie : Devoir autocorrectif– 6-B392-TE-00-18  25


Liste du sujet concernant la propriété intellectuelle

Document 1  « Exceptions : l’émergence du ‘triple test’ » – Les grands arrêts de la propriété intellectuelle,
sous la direction de Michel Vivant, Ed Dalloz, 2004 – 3 pages

Document 2   Le livre numérique et l’union européenne – chapitre 2 », Maud Plener, Ed de l’Harmattan, 2003
«
– 9 pages

Document 3 « Le téléchargement : un débat sans fin », Le Monde, 12 février 2005 – 1 page

Document 4   Le nouveau prêt public des œuvres en droit d’auteur », La semaine juridique administrations
«
et collectivités territoriales, 19 janvier 2004 – 4 pages

Document 5 « Propriété intellectuelle et internet », Service public n° 108, octobre-novembre 2004, 2 pages

Document 6 « Un internaute poursuivi pour téléchargement », La Voix du Nord du 16/12/2004, 1 page

Document 7 « Les professionnels décidés à enrayer le piratage sur internet », Le Monde, 17/02/2004, 1 page

Document 8 Un article – Le Monde -02/08/2004 – 1 page

Document 9   Droits voisins du droit d’auteur et numérique  », Pages 32 à 37, Isabelle Wekstein –
«
Éditions Litec, 2003 – 3 pages

Document 10 «
  Droits voisins du droit d’auteur et numérique  », Pages 99 à 106, Isabelle Wekstein –
Éditions Litec, 2003 – 5 pages

26  CNED  Méthodologie : Devoir autocorrectif– 6-B392-TE-00-18


Votre analyse :  (Total : 5 points)

Commentaire :  (2 points)

Document 1 : Commentaire : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Document 2 : Commentaire : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Document 3 : Commentaire : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Document 4 : Commentaire : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Document 5 : Commentaire : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Document 6 : Commentaire : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Document 7 : Commentaire : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Document 8 : Commentaire : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Document 9 : Commentaire : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Document 10 : Commentaire : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Document 11 : Commentaire : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Conclusion : Entrée (1 point) :. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Central (2 points) : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

CNED  Méthodologie : Devoir autocorrectif– 6-B392-TE-00-18  27


Deux aspects fondamentaux de la méthode sont abordés dans les exercices qui suivent : la construction de la
grille d’analyse et celle des éléments structurants du devoir à partir du plan.

3. La fabrication de la grille
Après avoir pris contact avec le sujet et avec la liste, et en avoir retiré toutes les informations possibles, vous
avez lu rapidement, sans prendre de notes, le document d’entrée, qui vous a permis de trouver un éclairage
sur le dossier. Vous savez de quoi il est question.
Vous allez maintenant aller plus loin, et, à partir du document central que vous avez repéré, littéralement
fabriquer une grille d’analyse. Cette fabrication repose avant tout sur un principe de rédaction, qu’il va bien
vous falloir faire vôtre : un paragraphe nouveau équivaut à une idée nouvelle. A partir de là, vous allez vous
efforcer, pour chaque paragraphe, de trouver cette idée et de la résumer en quelques mots.
ATTENTION ! N’oubliez pas que le but n’est pas de résumer un document, et cet exercice n’est pas un
exercice de résumé. Vous devez y passer le minimum de temps. Il ne s’agit pas de tourner pour chaque
idée une phrase bien faite, mais d’aller vite. N’hésitez pas, ne revenez pas en arrière. L’important est
de disposer d’un outil : la grille, qui ne sera lui-même rien de plus qu’un outil.

EXERCICE

Voici un document relatif à la grippe A. Par définition, nous dirons que c’est le document central d’un sujet qui
serait :
Sujet : Vous êtes affecté à la DASES (Direction de l’Action Sociale, de l’Enfance et de la Santé), au cabinet du
directeur, et, dans le but de préparer une note d’information pour les personnels de la ville, il vous est demandé
d’effectuer la synthèse de divers documents relatifs à l’épidémie de grippe A. Vous vous attacherez dans cette
note à mettre en évidence les mesures à mettre en œuvre par les administrations.

28  CNED  Méthodologie : Devoir autocorrectif– 6-B392-TE-00-18


Grippe A : l’état de pandémie mondiale déclaré
Lefigaro.fr du 11/06/2009

L’Organisation mondiale de la santé a relevé son niveau d’alerte au niveau maximal, le 6, mais sans prendre de
nouvelles mesures. La France laisse entendre qu’elle restera en phase 5 pour le moment.
§1 La grippe A reste plus menaçante que jamais. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a en effet relevé
son niveau d’alerte sur la grippe porcine au niveau 6 (le plus grave), ce qui correspond à une pandémie
mondiale. L’OMS réunissait jeudi son comité d’urgence compte tenu de la propagation du virus A (H1N1)
qui a fait près de 28 000 malades et 141 morts dans 74 pays touchés après son apparition au Mexique et
aux États-Unis fin mars. Elle prévient que les pays ayant connu une activité importante du virus A (H1N1)
devaient s’attendre à une deuxième vague, d’autant que le virus circulera dans le monde pendant «un à deux
ans».
§2 Pour prendre sa décision, l’organisation attendait d’avoir des preuves que le virus se propageait bien
localement dans une région autre que le continent américain, critère géographique retenu pour déclencher
la phase 6. Il s’agit de la première pandémie déclarée depuis plus de 40 ans par l’organisation dont le siège est
à Genève. Un gros bémol toutefois : l’OMS, qui qualifie cette pandémie de «modérée», ne recommande pas
de restriction de mouvement des personnes, des biens et des services malgré ce niveau 6. Elle a simplement
demandé jeudi aux laboratoires pharmaceutiques de «s’atteler rapidement» à la production de vaccin contre
le virus, «dès qu’ils terminent la production de vaccin contre la grippe saisonnière».
§3 La situation en France ? Pour l’instant, rien ne change. La ministre de la Santé Roselyne Bachelot a laissé
entendre que la France ne relèverait pas son niveau d’alerte et resterait en phase 5. « Avec 73 cas répertoriés
de grippe A, la France peut rester au niveau 5A, mais nous prendrons la décision formellement » vendredi
lors d’une réunion de la cellule interministérielle de crise, a-t-elle expliqué jeudi à la presse, en marge d’un
forum citoyen sur la bioéthique.

Un plan anti-pandémie grippale


§4 Depuis l’apparition de la grippe aviaire en 2004, la France s’est dotée d’un plan anti-pandémie grippale,
dont la dernière version remonte à février 2009, « applicable à toute souche du virus, quelle qu’en soit
l’origine ». Rédigé par le Secrétariat général de la défense nationale, un service qui dépend de Matignon, ce
document suggère pour chaque niveau d’alerte (sept en tout) une cinquantaine de mesures. L’adoption de
ces dispositions est ensuite validée au cas par cas par une cellule interministérielle de crise.
§5 Si elle devait finalement passer en phase 6, la France pourrait être amenées à prendre des mesures très
contraignantes pour la population : contrôles des frontières, arrivées et départs internationaux de passagers
interrompus, port de masques chirurgicaux par les malades, droit de visite limité dans les hôpitaux, transports
en commun restent à quai, fermeture des établissements scolaires...

Les pays bien préparés à une pandémie de grippe


§6 Au niveau international, le numéro deux de l’OMS, Keiji Fukuda, avait reconnu mardi «une transmission
locale» dans l’État de Victoria en Australie. Cinquième pays le plus touché au monde avec 1 263 cas,
l’Australie a indiqué jeudi que quatre malades avaient été admis en soins intensifs. Mais il n’est pas seul.
Le Chili a vu le nombre de malades plus que tripler en deux jours, atteignant désormais 1 694 personnes.
A Hong-Kong, la fermeture des écoles primaires et les crèches a été ordonnée après la contamination de
douze élèves par le virus. Et en Allemagne (78 cas répertoriés mercredi), 27 élèves d’une école japonaise
de Düsseldorf (ouest) ont contracté la maladie.

CNED  Méthodologie : Devoir autocorrectif– 6-B392-TE-00-18  29


§7 «Passer en phase six signifie que la propagation [du virus] continue... mais ne signifie pas que la gravité de
la maladie a augmenté», a expliqué le Dr Fukuda. De fait, la mortalité du virus s’est révélée jusqu’à présent
à peu près équivalente à celle de la grippe saisonnière (0,1%), en dehors du Mexique (0,4%), alors que celle
de la grippe aviaire est de 60%. Mais le virus devrait muter et pourrait se combiner avec une souche plus
virulente, ouvrant la voie à des scénarios beaucoup plus pessimistes, craint l’OMS. Malgré tout, l’organisation
se veut rassurante, répétant à l’envie que le monde n’a jamais été aussi bien préparé à une pandémie de
grippe.
§8 Les Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge «doivent être mobilisées à travers le monde entier et
se préparer à répondre» à la pandémie de grippe porcine, a néanmoins annoncé la Fédération internationale
de la Croix-Rouge dans un communiqué.
Nota : C’est un document court. Les numéros des paragraphes ont été indiqués de façon à prévenir tout risque
de confusion. Il est bien évident que cela ne sera pas le cas dans le sujet du concours, et que vous devrez
numéroter vous-même.

30  CNED  Méthodologie : Devoir autocorrectif– 6-B392-TE-00-18


EXERCICES A

Reformuler l’idée  (2 points)


Le premier exercice consiste à reformuler le plus simplement l’idée directrice de chaque paragraphe. Vous
allez le faire en deux ou trois lignes au plus pour les deux premiers paragraphes :
§ 1 :. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . (0,5 point)
§ 2 :. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . (0,5 point)

Il faut maintenant aller plus loin dans votre travail de synthèse et condenser votre pensée en une seule ligne.

Condenser l’idée directrice


Allez-y, sans dépasser l’espace imparti :

§1 : (0,5 point)

§2 : (0,5 point)

Voilà : vous avez compris le principe. Maintenant, vous allez reconduire le même exercice sur l’article entier,
et reporter les résultats de votre analyse dans le tableau qui suivra.
Attention ! : les deux étapes que vous venez de suivre ne doivent pas être écrites : reformulez d’abord
mentalement, puis à partir de cette première reformulation, rédigez votre idée directrice dans l’espace prévu
dans le tableau, sans sortir du cadre.
Bien entendu, c’est à vous qu’il reviendra de tracer au brouillon le tableau. Il faut pour cela commencer par
compter les paragraphes, et faire trois colonnes (dont la troisième restera vierge pour le moment).

EXERCICES B

Remplir le tableau  (4 points)


Allez-y , remplissez la colonne du milieu comme vous l’avez fait précédemment à l’exercice A. Encore une
fois, fiez-vous à votre première impression. Le but n’est pas de vous faire perdre du temps, mais de vous en
faire gagner.

§1
§2

§3

§4

§5

§6

§7
§8

CNED  Méthodologie : Devoir autocorrectif– 6-B392-TE-00-18  31


EXERCICES C

Déterminer les rubriques


La troisième colonne (en gris) va servir à synthétiser encore plus ce travail en regroupant ces idées par
rubriques. Dans l’idéal, vous devez essayer de ne pas dépasser 5 ou 6 rubriques, et de ne pas descendre en
dessous de trois ou quatre.
Vous allez maintenant reprendre le tableau 1 et rechercher vous-même comment regrouper les idées directrices
en rubriques. C’est maintenant que vous allez pouvoir remplir la troisième colonne.

EXERCICES D

Déterminer la grille d’analyse  (2 points C + D)


Nous voilà arrivés au terme de l’étape numéro 3 de ces exercices : construire la grille d’analyse. Hé bien, ne
cherchez plus : vous venez de le faire. En effet, la grille d’analyse, ce sont les rubriques !
A vous de la compléter en recopiant les titres des rubriques.

•. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
.....................
•. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
.....................
•. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
.....................
•. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
.....................
•. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
.....................
•. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Vous remarquez bien sûr qu’il y a six boutons, alors que vous n’avez peut-être trouvé que cinq rubriques. Ne
vous en préoccupez pas. Mais ne dépassez pas ici 6 rubriques !

32  CNED  Méthodologie : Devoir autocorrectif– 6-B392-TE-00-18


4. La construction du plan
Maintenant, à partir de questions élaborées depuis la grille d’analyse, et en les assemblant, il est possible de
concevoir un plan. A votre tour, concevez des plans à partir des questions mixtes suivantes.

EXERCICES

  Sujet 1 : sur la famille  (2 points)

Qa : La famille est-elle encore une référence alors que son modèle devient polymorphe ?
Qb : Les textes sont-ils condamnés à être à la traîne de l’évolution sociale ?
Qc : Comme le disent de nombreux penseurs, la famille reste-t-elle une valeur refuge ?
Qd : La perte du lien familial est-elle la clef de la dégradation de la paix sociale ?

Plan proposé :........................................................................................................................................................................................................................................................
.................................................................................................................................................................................................................................................................................................

.................................................................................................................................................................................................................................................................................................

.................................................................................................................................................................................................................................................................................................

  Sujet 2 : sur l’espace  (2 points)

Qa : La question de l’utilité des dépenses spatiales ne se pose-t-elle pas dans une société qui se paupérise ?
Qb : Les découvertes issues de la conquête de l’espace ont-elles une rentabilité ?
Qc : L’espace n’est-il pas d’abord une source indispensable de rêve et d’idéal ?
Qd : Ma maîtrise de l’espace reste-telle une condition de la capacité à se protéger ?

Plan proposé :........................................................................................................................................................................................................................................................
.................................................................................................................................................................................................................................................................................................

.................................................................................................................................................................................................................................................................................................

.................................................................................................................................................................................................................................................................................................

CNED  Méthodologie : Devoir autocorrectif– 6-B392-TE-00-18  33


  Sujet 3 : sur les aides publiques à l’emploi  (2 points)

Qa : Les aides publiques à l’emploi doivent-elles être supprimées pour respecter la concurrence ?
Qb : Le chômage peut-il être jugulé par les politiques publiques ?
Qc : Faut-il préférer des aides pour l’emploi ou des aides à la personne ?
Qd : Les entreprises bénéficiaires d’aides publiques ont-elles des devoirs ?

Plan proposé :........................................................................................................................................................................................................................................................
.................................................................................................................................................................................................................................................................................................

.................................................................................................................................................................................................................................................................................................

.................................................................................................................................................................................................................................................................................................

  Sujet 4 : sur les dépenses de santé  (2 points)

Qa : L’allongement de l’espérance de vie justifie-t-il l’augmentation perpétuelle des dépenses de santé ?
Qb : L’accès aux soins est-il un droit légitime pour tous ?
Qc : La gestion des dépenses de santé peut-elle être améliorée sans dégradation de l’offre ?
Qd : La société doit-elle fixer un plafond à l’augmentation des dépenses de santé ?

Plan proposé :........................................................................................................................................................................................................................................................
.................................................................................................................................................................................................................................................................................................

.................................................................................................................................................................................................................................................................................................

.................................................................................................................................................................................................................................................................................................

5. L’introduction (12 points)
Cette fois, revenez à l’exercice 3-D. A partir de la grille d’analyse que vous avez produite sur le sujet de la grippe
A, regroupez vos rubriques en quatre questions, concevez un plan, et rédigez une introduction :

EXERCICE

A.  Construction du plan  (5 points)


Définissez sous forme de questions la problématique ........................................................................................................................................
.................................................................................................................................................................................................................................................................................................

.................................................................................................................................................................................................................................................................................................

34  CNED  Méthodologie : Devoir autocorrectif– 6-B392-TE-00-18


Rédigez les titres du plan .......................................................................................................................................................................................................................
.................................................................................................................................................................................................................................................................................................

.................................................................................................................................................................................................................................................................................................

.................................................................................................................................................................................................................................................................................................

.................................................................................................................................................................................................................................................................................................

.................................................................................................................................................................................................................................................................................................

B.  Rédaction de l’introduction  (7 pionts)


Rédigez l’introduction

[Première phrase] (1 point).......................................................................................................................................................................................................................


.................................................................................................................................................................................................................................................................................................

.................................................................................................................................................................................................................................................................................................

[Paragraphe introductif] (4 points)...................................................................................................................................................................................................


.................................................................................................................................................................................................................................................................................................

.................................................................................................................................................................................................................................................................................................

.................................................................................................................................................................................................................................................................................................

.................................................................................................................................................................................................................................................................................................

.................................................................................................................................................................................................................................................................................................

.................................................................................................................................................................................................................................................................................................

.................................................................................................................................................................................................................................................................................................

.................................................................................................................................................................................................................................................................................................

.................................................................................................................................................................................................................................................................................................

.................................................................................................................................................................................................................................................................................................

[Annonce du plan] (2 points)..................................................................................................................................................................................................................


.................................................................................................................................................................................................................................................................................................

.................................................................................................................................................................................................................................................................................................

.................................................................................................................................................................................................................................................................................................

.................................................................................................................................................................................................................................................................................................

CNED  Méthodologie : Devoir autocorrectif– 6-B392-TE-00-18  35


  Devoir autocorrectif 
Corrigé proposé

1. La prise de contact avec le sujet


1A. Questionner le sujet

CORRECTION DES EXERCICES

Questionnez les sujets

  Sujet 1  (2 points)

Rappel : Placé à la direction des ressources humaines de la Ville de Paris, il vous est demandé de réaliser une
note rappelant les possibilités ouvertes aux agents de la Ville en matière de droit à la formation. Vous
apporterez notamment au DRH des éléments de réponse à des agents qui envisagent d’entamer
une seconde carrière, dans ou hors de la fonction publique de la Ville, et souhaiteraient auparavant
bénéficier de quelques formations.

Question Votre réponse Incidences sur la note

De quoi s’agit-il ? Le sujet porte sur la question de la


Le thème est double. Ces deux parties
formation des fonctionnaires tout au long
devront ressortir.
de la vie et sur la deuxième carrière.

Qui êtes-vous censé être ? Un collaborateur du DRH de la Ville de Il s’agit donc de la gestion de très grands
Paris. effectifs.

Pour qui travaillez-vous ? Inutile de lui rappeler des notions de base,


Pour le directeur des ressources
ou de dresser l’apologie de la formation :
humaines.
vous n’avez pas à le convaincre.

Pourquoi vous adresse-t-on Pour deux raisons : disposer d’un


cette commande ? « memento » sur la formation, et parce Votre rédaction devra être rigoureuse,
qu’il veut répondre à des questions claire, fonctionnelle.
précises.

Où êtes-vous situé ?  A la direction des ressources humaines Attention, la moindre inexactitude peut
de la Ville de Paris. « engager » la Ville.

A quelle date ? 
Le sujet ne permet pas de le savoir. Donc, la date est celle du jour réel.

36  CNED  Méthodologie : Devoir autocorrectif– 6-B392-TE-00-18


Quelle est la commande ?

Explicite * U ne synthèse sur les possibilités


Deux commandes avec deux logiques
ouvertes aux agents en matière de
internes différentes : la première doit être
droit à la formation.
claire et exhaustive
* D es éléments de réponse à des
La seconde doit anticiper les questions et
agents qui envisagent d’entamer une
les situations. C’est le document qu’il aura
seconde carrière, dans ou hors de la
devant les yeux et dans lequel il devra
fonction publique, et souhaiteraient
pouvoir se repérer instantanément en cas
auparavant bénéficier de quelques
de rendez-vous avec les syndicats.
formations.

Implicite Peu d’implicite ici. Souvenez-vous


simplement que la synthèse restera le
memento de votre DRH.

  Sujet 2  (2 points)

Rappel : Vous êtes adjoint du responsable de la communication dans un établissement public culturel de
la Ville de Paris. Le responsable vous a demandé de réfléchir à l’installation d’un système de
communication interne sous forme d’écrans muraux, afin d’accueillir le public, de lui apporter des
informations générales et particulières, etc. Ces informations devront pouvoir être rapidement
évolutives.
Un stagiaire a préparé une étude préliminaire, et vous avez demandé quelques devis. Il vous faut
maintenant proposer au responsable une solution technique, ainsi que la procédure à suivre pour
rester en conformité aux règles en vigueur pour les marchés publics.
Vous rédigez une note à cet effet.

Question Votre réponse Incidences sur la note

De quoi s’agit-il ? Il faudra ici réaliser une note très pratique,


L’ i n s t a l l a t i o n d ’ u n s y s t è m e de du type étude de cas, en séparant bien
communication interne. les aspects techniques (choix du modèle)
et juridique (marchés publics).

Qui êtes-vous censé être ? L’ a d j o i n t d u r e s p o n s a b l e d e l a Vous devez proposer une solution, après


communication dans un établissement avoir mis en face à face les solutions
public culturel de la Ville de Paris. possibles.

Pour qui travaillez-vous ? Dans la suite du dossier, il se pourra que


des documents mettent en avant des
avantages, ou des possibilités allant plus
Pour le responsable de la communication
loin que la demande du responsable.
N’oubliez pas que c’est celle-ci qui
l’emporte.

Pourquoi vous adresse-t-on Si le responsable ressent ce besoin,


cette commande ? Pour concrétiser une volonté de c’est aussi qu’il est pressé de voir aboutir
communiquer. le projet. Faites en sorte de ne pas
« l’enterrer ».

CNED  Méthodologie : Devoir autocorrectif– 6-B392-TE-00-18  37


Où êtes-vous situé ?  Dans un établissement public

A quelle date ?  Le sujet ne permet pas de le savoir Donc, la date est celle du jour réel

Quelle est la commande ?

Explicite Un choix net, et une procédure rigoureuse, Vous rechercherez le choix le plus proche
mais rapide. de la commande.

Implicite Le responsable sans l’exprimer, souhaite Vous privilégierez la solution la plus


sans doute que le projet aboutisse rapide : une procédure de marché
rapidement. négocié.

  Sujet 3  (2 points)

Rappel : Vous êtes en fonction au secrétariat général de la Ville de Paris. Le secrétaire général s’interroge
sur les dispositifs existants en matière d’urbanisme et de coopération intercommunale, et sur la
compatibilité de ceux-ci avec les projets de « grand Paris ». Il s’interroge notamment sur la cohérence
à donner localement aux différents dispositifs.
Il vous demande de lui rédiger une note faisant le point sur les textes en vigueur, sur ceux qui sont
en préparation, et de mettre en évidence les problèmes qui pourraient se poser.

Question Votre réponse Incidences sur la note

De quoi s’agit-il ? Des différents dispositifs intercommunaux,


des projets de réorganisation territoriale Si vous ne maîtrisez pas bien les notions,
dits « grand Paris » et leur mise en puisez dans le dossier.
cohérence.

Qui êtes-vous censé être ? Vous êtes sans doute placé auprès d’un
En fonction au secrétariat général de la chargé de mission, et il est attendu de
Ville de Paris. vous autre chose que des considérations
générales.

Pour qui travaillez-vous ? Le Secrétaire général de la Ville de Paris.

Pourquoi vous adresse-t-on Attention, on vous dit que le Secrétaire


cette commande ? général s’interroge, ce qui veut dire que
Parce qu’il existe une situation territoriale sa décision n’est pas prise. Ce que vous
et administrative complexe, et que rédigez est donc une note d’aide à la
le Secrétaire général a la volonté de décision. Ne vous avancez pas trop loin
maîtriser cette complexité. dans la mise en œuvre : la vraie décision
reste à prendre, et elle ne dépend pas
de vous.

Où êtes-vous situé ?  Vous devez envisager l’ensemble de la


Au secrétariat général de la Ville de Paris.
commande de ce point de vue particulier.

A quelle date ? Le sujet ne permet pas de le savoir. Donc, la date est celle du jour réel.

Quelle est la commande ?

38  CNED  Méthodologie : Devoir autocorrectif– 6-B392-TE-00-18


Explicite * Une synthèse sur les dispositifs et sur Il y a plusieurs dispositifs. N’essayez pas
les projets de les faire rentrer à toute force dans un
* « Éventuellement » une démarche plan en deux parties, quatre sous-parties.

Implicite Donc, le « éventuellement » doit être pris


Le Secrétaire général souhaite « garder
comme une simple figure de style : il faut
la main », contrôler l’évolution
aboutir !

1B. Les enjeux en présence

  Sujet 1  (2 points)

Acteurs identifiés Enjeux Craintes

•• * Avoir une bonne connaissance de


sa « boîte à outils » en matière de •• N
 e pas avoir connaissance de toutes
formation continue à destination des les possibilités qui lui sont offertes.
Le DRH agents. •• D
 onner de mauvaises réponses ou ne
•• * Être capable de répondre de façon pas pouvoir répondre.
pertinente aux agents qui l’interrogent.

Les agents qui souhaitent Partir en réunissant le plus de chances, Rater leur reconversion en passant « à
entamer une seconde carrière. notamment grâce à la formation. côté » d’un dispositif existant.

  Sujet 2  (2 points)

Acteurs identifiés Enjeux Craintes

Se donner les moyens d’informer


Que le dispositif soit trop rigide, et (non
Le responsable rapidement le public avec des écrans
exprimé) trop coûteux.
muraux.

Disposer des informations utiles, en


Le public Que les informations ne soient pas fiables.
temps réel.

Que leurs concurrents ne bénéficient


Les entreprises Vendre leur produit
d’aucun favoritisme.

CNED  Méthodologie : Devoir autocorrectif– 6-B392-TE-00-18  39


  Sujet 3  (2 points)

Acteurs identifiés Enjeux Craintes

Faire en sorte que la Ville de Paris


conserve sa place et son influence. Provoquer une réaction hostile des autres
Le Secrétaire général
acteurs.
Être l’interlocuteur de l’État.

Se voir absorbés dans une communauté


Les élus des communes et
Maintenir l’existence de leur structure. ne leur laissant plus aucune autonomie
structures de la périphérie
ni existence.

Obliger les élus à aller dans le sens de la


L’État et ses représentants Aboutir à une situation de blocage total.
politique publique.

2. L’étude de la liste
Utiliser la liste pour entrer dans le dossier

Liste du sujet concernant les OGM


(5 points : Commentaire - 2 points ; Document d’entrée - 1 point ; Document central - 2 points)

Document 1 : Commentaire : Longueur moyenne, rédigé en paragraphes sous forme de questions-réponses,
couvre bien le sujet. Peut faire un bon document central

Document 2 : Commentaire : Trop long et forcément partisan : il ne sera pas retenu.

Document 3 : Commentaire : Court, informatif, pourrait être un bon document d’entrée

Document 4 : Commentaire : Couverture partielle et titre polémique : non retenu

Document 5 : Commentaire : Ne concerne qu’un point technique – non retenu

Document 6 : Commentaire : Descriptif pas assez précis : à compléter pour savoir s’il ferait un bon document
d’entrée, trop court pour un document central

Document 7 : Commentaire : Partisan, manque de neutralité. Non retenu

Document 8 : Commentaire :Trop ponctuel - Non retenu

Document 9 : Commentaire : Trop ponctuel (juridique) Non retenu

Document 10 : Commentaire : Court, informatif : pourquoi pas en document d’entrée ?

Document 11 : Commentaire : Trop ponctuel : non retenu

Conclusion : Entrée : Document 3 ou 10, choisissez l’un mais pas les deux !
Central : Document 1

40  CNED  Méthodologie : Devoir autocorrectif– 6-B392-TE-00-18


Liste du sujet concernant la propriété intellectuelle
(5 points : Commentaire - 2 points ; Document d’entrée - 1 point ; Document central - 2 points)

Document 1 : C
 ommentaire : Le titre est un peu obscur, mais cela semble bien ponctuel et technique : non
retenu

Document 2 : Commentaire : Le titre montre qu’il ne s’agit que d’un aspect de la question : non ­retenu

Document 3 : Commentaire : Court, mais limité au téléchargement : non retenu

Document 4 : Commentaire : Ne concerne qu’indirectement le thème principal : non retenu

Document 5 : Commentaire :Un article qui couvre bien le sujet, pas très long, mais suffisamment, fera un bon
document-central

Document 6 : Commentaire :Assez anecdotique : non retenu

Document 7 : Commentaire : Un bon article pour entrer dans le sujet, court mais complet.

Document 8 : Commentaire : Pas assez de renseignements pour en décider

Document 9 : Commentaire : Le titre repris dans la liste est celui du livre, mais ne décrit pas assez précisément
ce dont il s’agit.

Document 10 : Commentaire : Le titre repris dans la liste est celui du livre, mais ne décrit pas assez précisément
ce dont il s’agit.

Conclusion (sous réserve de précisions apportées sur les documents 8, 9 et 10) :


Entrée : Document 7
Central : Document 5

Attention : Nous cherchions ici les documents « Central » et « Entrée ». La mention « non retenu » ne
signifie donc que cela. Les documents ainsi écartés devront bien entendu être pris en compte pour le
dépouillement du dossier. D’une façon générale, il ne faut écarter aucun document, sauf si celui-ci est
manifestement hors thème, ce qui est rare.

3. La fabrication de la grille
CORRECTION DE L’EXERCICE A

Reformuler l’idée  (2 points)


§ 1 : La grippe A reste très menaçante. L’OMS a relevé le niveau d’alerte au niveau 6, qui correspond à une
pandémie mondiale. 28 000 malades et 74 pays touchés. Le virus circulera pendant 1 à 2 ans encore.

§ 2 : Première pandémie depuis 40 ans. Mais l’OMS la qualifie de modérée, sans restriction particulière
(mouvement, etc.) Demande est faite aux laboratoires de prévoir des stocks de vaccin, mais sans poser une
priorité devant les vaccins contre la grippe traditionnelle.
(L’idée de cette première étape est de vous aider à synthétiser ce qui caractérise le paragraphe, quelle est
son idée directrice).

CNED  Méthodologie : Devoir autocorrectif– 6-B392-TE-00-18  41


Condenser l’idée directrice
Allez-y, sans dépasser l’espace imparti :
§1 : Grippe A toujours menaçante. OMS porte alerte à niv. 6.
§2 : Mais pandémie « modérée », pas préconisations « dures ».

CORRECTION DE L’EXERCICE B

(Remplir le tableau  (4 points)


Nota : Bien entendu, les deux premières lignes ne sont que la reprise de l’exercice précédent !

§1 Grippe A toujours menaçante. OMS porte alerte à niv. 6

§2 Mais pandémie « modérée », pas préconisations « dures »

§3 La France reste au niveau d’alerte 5

§4 Depuis 2006, il existe en France un plan d’action pandémies

§5 Si phase 6 en France : mesures très contraignantes

§6 Au niveau mondial, virus continue à se répandre

§7 Maladie à faible gravité, mais possibilité mutation du virus

§8 Mise en alerte croix-rouge et croissant-rouge

CORRECTION DE L’EXERCICE C

Déterminer les rubriques


Nota : On va s’obliger à déterminer au moins quatre rubrique et au plus huit

§1 Grippe A toujours menaçante. OMS porte alerte à niv. 6 Position OMS

§2 Mais pandémie « modérée », pas préconisations « dures » Position OMS

§3 La France reste au niveau d’alerte 5 Décisions France

§4 Depuis 2006, il existe en France un plan d’action pandémies Décisions France

§5 Si phase 6 en France : mesures très contraignantes Mesures locales

§6 Au niveau mondial, virus continue à se répandre Épidémiologie

§7 Maladie à faible gravité, mais possibilité mutation du virus Épidémiologie

§8 Mise en alerte croix-rouge et croissant-rouge Position ONG

42  CNED  Méthodologie : Devoir autocorrectif– 6-B392-TE-00-18


CORRECTION DE L’EXERCICE D

Déterminer la grille d’analyse  (2 points C + D)

• Position OMS
• Décisions France
• Mesures locales
• Épidémiologie
• Position ONG
• ……………….

Nota : Il est prudent de laisser une ligne ou deux, au cas ou les autres documents révéleraient une ou deux
rubriques non présentes dans le document choisi comme central.

4. La construction du plan
Nous vous donnons ici simplement un exemple de plan pour chaque thème. Souvenez-vous qu’il y en a de
nombreux autres !

CORRECTION DES EXERCICES

  Sujet 1 : sur la famille  (2 points)

Réponses :  b c d a
Plan : Même tardive, l’évolution des textes montre que, comme le disent de nombreux penseurs, la famille
reste une valeur refuge, et si  la perte du lien familial est peut-être la clef de la dégradation de la paix sociale,
la famille devenue polymorphe, reste une référence.

  Sujet 2 : sur l’espace  (2 points)

Réponses :  a c b da
Plan : Alors que la question de l’utilité des dépenses spatiales se pose dans une société qui se paupérise,
on peut se demander si l’espace n’est pas d’abord une source indispensable de rêve et d’idéal. Au surplus,
certaines découvertes issues de la conquête de l’espace ont une rentabilité, et la maîtrise de l’espace reste
une condition de la sécurité.

CNED  Méthodologie : Devoir autocorrectif– 6-B392-TE-00-18  43


  Sujet 3 : sur les aides publiques à l’emploi  (2 points)

Réponses :  d c b a
Plan : Si les entreprises bénéficiaires d’aides publiques n’avaient aucun devoir, sans doute faudrait-il préférer
aux aides pour l’emploi des aides à la personne, mais la conviction que le chômage peut être jugulé par les
politiques publiques conduit à préserver celles-ci malgré les exigences de la concurrence.

  Sujet 4 : sur les dépenses de santé  (2 points)

Réponses :  a b c d
Plan : L’allongement de l’espérance de vie justifie pour certains l’augmentation perpétuelle des dépenses de
santé alors que l’accès aux soins est- en France un droit légitime pour tous. Dans ces conditions, la gestion
des dépenses de santé doit pouvoir être améliorée sans dégradation de l’offre, même si la question reste de
l’opportunité de fixer un plafond à l’augmentation des dépenses.

5. L’introduction  (12 points)


À titre de rappel, nous vous proposons ici la démarche de construction du plan, avant de vous proposer une
introduction

CORRECTION DES EXERCICES

A.  Construction du plan  (5 points)


Questions correspondant aux rubriques :
ff Position OMS : Q1  =  Quelles sont les dispositions prises par l’OMS ?
ff Décisions France : Q2  =  Comment le gouvernement français se positionne-t-il ?
ff Mesures locales : Q3  = Quelles sont les mesures qui seraient à prévoir en cas de passage au niveau 6
en France ?
ff Epidémiologie : Q4  =  Quelle est la réalité de la menace ?
ff Position ONG : Q5  =  Comment les ONG se préparent-elles ?

Les questions 1 et 5 peuvent être regroupées :


Q1 + 5 =  Quelles sont les dispositions prises par l’OMS et par les ONG ?

On apparie ensuite les questions deux par deux :


ff Q 4 et 1 + 5  :  Quelle est la réalité de la menace et comment l’OMS et les ONG se préparent-elles ?
ff Q 2 et 3  : Quelle est la position du gouvernement français, et quelles mesures locales pourraient être à
prévoir ?

44  CNED  Méthodologie : Devoir autocorrectif– 6-B392-TE-00-18


D’où une problématique globale qui sera déclinée en plan :
Problématique : Quelle est la réalité de la menace, comment l’OMS et les ONG se préparent-elles, quelle est
la position du gouvernement français, et quelles mesures locales pourraient être à prévoir ?
Plan : La menace d’une pandémie de grippe A est une réalité, à laquelle l’OMS et les ONG se préparent (1).
La position du gouvernement français, doit amener les autorités locales à se préparer à l’éventualité de la mise
en place de mesures contraignantes (2).

B.  Rédaction de l’introduction  (7 points)

Introduction

[Première phrase]
Apparu au Mexique, le virus de la grippe A se répand dans l’ensemble du monde.

[Paragraphe introductif]
Avec 28 000 malades recensés et 74 pays touchés, la grippe A a acquis aux yeux de l’OMS (Organisation
mondiale de la santé) le caractère d’une pandémie, ce qui a justifié, pour la première fois depuis 40 ans le
passage à une alerte de niveau 6 de la part de cette organisation. Ce fait ne manque pas de poser tout un
ensemble de questions relatives à la portée exacte de cette alerte, à sa traduction en France, à la réalité et à la
gravité de la menace constituée par la maladie, et aussi à la nécessité pour les collectivités locales, comme la
Ville de Paris, de se préparer à une aggravation du niveau d’alerte. Ces questions présentent pour une direction
comme la DASES (Direction de l’action sociale, de l’enfance et de la santé) un caractère particulièrement pointu,
mais la question peut aussi se poser du cantonnement de la mobilisation à cette direction, ou d’une mise en
œuvre de mesures touchant à la quasi-totalité des directions de la ville.

[Annonce du plan]
La menace d’une pandémie de grippe A est une réalité, à laquelle l’OMS et les ONG se préparent (1). La
position du gouvernement français, doit amener les autorités locales à se préparer à l’éventualité de la mise
en place de mesures contraignantes (2).

Nota : Dans les faits, vous n’allez pas à la ligne après la première phrase, mais vous le faîtes avant l’annonce
du plan.

CNED  Méthodologie : Devoir autocorrectif– 6-B392-TE-00-18  45


  Exemple commenté 
Note administrative

Sujet
Votre chef de service vous demande de lui rédiger une note relative au Médiateur de la République.

Documents joints
Document 1  : Loi du 3 janvier 1973, modifiée
Document 2  : Extrait de la loi du 12 avril 2000
Document 3  : Extrait de l’ordonnance du 25 mars 2004
Document 4  : Extrait du rapport du médiateur, année 2004.

46  CNED  Méthodologie : Note administrative– 6-B392-TE-00-18


DOCUMENT 1

Loi n° 73-6, du 3 janvier 1973 instituant un Médiateur


Complétée par la loi n° 76-1211 du 24 décembre 1976
et par la loi n° 89-18 du 13 janvier 1989,
et modifiée par la loi n° 92-125 du 6 février 1992

Article premier Article 6


Un Médiateur de la République, autorité indépendante, Toute personne physique ou morale qui estime, à
reçoit, dans les conditions fixées par la présente loi, les l’occasion d’une affaire la concernant, qu’un organisme
réclamations concernant, dans leurs relations avec les visé à l’article premier n’a pas fonctionné conformément
administrés, le fonctionnement des administrations à la mission de service public qu’il doit assurer, peut, par
de l’État, des collectivités publiques territoriales, des une réclamation individuelle, demander que l’affaire soit
établissements publics et de tout autre organisme investi portée à la connaissance du Médiateur de la République.
d’une mission de service public. La réclamation est adressée à un député ou à un sénateur.
Dans la limite de ses attributions, il ne reçoit d’instruction Ceux-ci la transmettent au Médiateur de la République si
d’aucune autre autorité. elle leur paraît entrer dans sa compétence et mériter son
intervention.
Article 2 Les membres du Parlement peuvent, en outre, de leur
Le Médiateur de la République est nommé pour six ans propre chef, saisir le Médiateur de la République d’une
par décret en Conseil des ministres. Il ne peut être mis question de sa compétence qui leur paraît mériter son
fin à ses fonctions avant l’expiration du délai qu’en cas intervention.
d’empêchement constaté dans des conditions définies Sur la demande d’une des six commissions permanentes
par décret en Conseil d’État. Son mandat n’est pas de son assemblée, le président du Sénat ou le président
renouvelable. de l’Assemblée nationale peut également transmettre
au Médiateur de la République toute pétition dont son
Article 3 assemblée a été saisie.
Le Médiateur de la République ne peut être poursuivi,
recherché, arrêté, détenu ou jugé à l’occasion des opinions Article 7
qu’il émet ou des actes qu’il accomplit dans l’exercice de La réclamation doit être précédée des démarches
ses fonctions. nécessaires auprès des administrations intéressées.
Elle n’interrompt pas les délais de recours notamment
Article 4 devant les juridictions compétentes.
Il est ajouté au code électoral un article L. 194-1 ainsi
rédigé : Article 8
Art. L. 194-1 : « Pendant la durée de ses fonctions, le Les différends qui peuvent s’élever entre les administrations
Médiateur de la République ne peut être candidat à un et organismes visés à l’article premier et leurs agents ne
mandat de conseiller général s’il n’exerçait ce même peuvent faire l’objet de réclamations auprès du Médiateur
mandat antérieurement à sa nomination ». de la République.
Les dispositions du présent article ne sont pas applicables
Article 5 à ces agents après la cessation de leurs fonctions.
Il est ajouté au code électoral un article L. 230-1 ainsi
rédigé : Article 9
Art. L. 230-1 : « Pendant la durée de ses fonctions, le Lorsqu’une réclamation lui paraît justifiée, le Médiateur
Médiateur de la République ne peut être candidat à un de la République fait toutes les recommandations qui lui
mandat de conseiller municipal s’il n’exerçait ce même paraissent de nature à régler les difficultés dont il est saisi
mandat antérieurement à sa nomination ». et, le cas échéant, toutes propositions tendant à améliorer
le fonctionnement de l’organisme concerné.

CNED  Méthodologie : Note administrative– 6-B392-TE-00-18  47


Lorsqu’il apparaît au Médiateur de la République, à Article 13
l’occasion d’une réclamation dont il a été saisi, que Le Médiateur de la République peut demander au ministre
l’application de dispositions législatives ou réglementaires responsable ou à l’autorité compétente de lui donner
aboutit à une iniquité, il peut recommander à l’organisme communication de tout document ou dossier concernant
mis en cause toute solution permettant de régler en équité l’affaire à propos de laquelle il fait son enquête. Le
la situation du requérant, proposer à l’autorité compétente caractère secret ou confidentiel des pièces dont il demande
toutes mesures qu’il estime de nature à y remédier et communication ne peut lui être opposé sauf en matière de
suggérer les modifications qu’il lui paraît opportun à des secret concernant la défense nationale, de sûreté de l’État
textes législatifs ou réglementaires. ou de politique extérieure.
Le Médiateur de la République est informé de la suite En vue d’assurer le respect des dispositions relatives au
donnée à ses interventions. A défaut de réponse satisfaisante secret professionnel, il veille à ce qu’aucune mention
dans le délai qu’il a fixé, il peut rendre publiques ses permettant l’identification des personnes dont le nom lui
recommandations. L’organisme mis en cause peut rendre aurait été ainsi révélé ne soit faite dans les documents
publique la réponse faite et, le cas échéant, la décision publiés sous son autorité.
prise à la suite de la démarche faite par le Médiateur de la
République. Article 14
Le Médiateur de la République présente au Président de la
Article 10
République et au Parlement un rapport annuel dans lequel
A défaut de l’autorité compétente, le Médiateur de la il établit le bilan de son activité. Ce rapport est publié.
République peut, au lieu et place de celle-ci, engager contre
tout agent responsable une procédure disciplinaire ou, le Article 14 bis
cas échéant, saisir d’une plainte la juridiction répressive.
Sera punie d’un emprisonnement de un à six mois et
d’une amende de 2 000 à 10 000 F ou de l’une de ces deux
Article 11
peines seulement toute personne qui aura fait ou laissé
Le Médiateur de la République ne peut intervenir dans une figurer le nom du Médiateur de la République, suivi ou
procédure engagée devant une juridiction, ni remettre en non de l’indication de sa qualité, dans tout document de
cause le bien-fondé d’une décision juridictionnelle, mais propagande ou de publicité, quelle qu’en soit la nature.
a la faculté de faire des recommandations à l’organisme
mis en cause. Article 15
Il peut, en outre, en cas d’inexécution d’une décision Les crédits nécessaires à l’accomplissement de la mission
de justice passée en force de chose jugée, enjoindre à du Médiateur de la République sont inscrits au budget du
l’organisme mis en cause de s’y conformer dans un délai Premier ministre. Les dispositions de la loi du 10 août 1922
qu’il fixe. Si cette injonction n’est pas suivie d’effet, relative au contrôle financier ne sont pas applicables à leur
l’inexécution de la décision de justice fait l’objet d’un gestion.
rapport spécial présenté dans les conditions prévues à
Le Médiateur de la République présente ses comptes au
l’article 14 et publié au Journal officiel.
contrôle de la Cour des comptes.
Article 12 Les collaborateurs du Médiateur de la République sont
nommés par celui-ci pour la durée de sa mission. Ils
Les ministres et toutes autorités publiques doivent faciliter
sont tenus aux obligations définies par l’article  10 de
la tâche du Médiateur de la République.
l’ordonnance n° 59-244 du 4 février 1959 relative au
Ils sont tenus d’autoriser les agents placés sous leur statut général des fonctionnaires. Lorsqu’ils ont la qualité
autorité à répondre aux questions et éventuellement aux de fonctionnaire de l’État ou des collectivités publiques
convocations du Médiateur de la République, et les corps territoriales, ils bénéficient de garanties quant à leur
de contrôle à accomplir, dans le cadre de leur compétence, réintégration dans leur corps d’origine, déterminées par
les vérifications et enquêtes demandées par le Médiateur décret en Conseil d’État.
de la République. Les agents et les corps de contrôle sont
tenus d’y répondre ou d’y déférer. Ils veillent à ce que ces
injonctions soient suivies d’effets.
Le vice-président du Conseil d’État et le premier président
de la Cour des comptes font, sur la demande du Médiateur
de la République, procéder à toutes études.

48  CNED  Méthodologie : Note administrative– 6-B392-TE-00-18


DOCUMENT 2

5646 JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE 13 avril 2000

LOIS

LOI n° 2000-321 du 12 avril 2000 relative aux droits des citoyens


dans leurs relations avec les administrations (1)
NOR : FPPX9800029L

L’Assemblée nationale et le Sénat ont délibéré, modifications nécessaires pour améliorer la cohérence
L’Assemblée nationale a adopté ; rédactionnelle des textes rassemblés, assurer le respect de
Le Président de la République promulgue la loi dont la la hiérarchie des normes et harmoniser l’état du droit.
teneur suit :
Chapitre II
Article 1er Dispositions relatives
Sont considérés comme autorités administratives au à la transparence administrative
sens de la présente loi les administrations de l’État, les
collectivités territoriales, les établissements publics à Article 4
caractère administratif, les organismes de sécurité sociale Dans ses relations avec l’une des autorités administratives
et les autres organismes chargés de la gestion d’un service mentionnées à l’article 1er, toute personne a le droit
public administratif. de connaître le prénom, le nom, la qualité et l’adresse
TITRE Ier administratives de l’agent chargé d’instruire sa demande
ou de traiter l’affaire qui la concerne ; ces éléments figurent
DISPOSITIONS RELATIVES A L’ACCÈS
sur les correspondances qui lui sont adressées. Si des
AUX RÈGLES DE DROIT
motifs intéressant la sécurité publique ou la sécurité des
ET A LA TRANSPARENCE personnes le justifient, l’anonymat de l’agent est respecté.
Toute décision prise par l’une des autorités administratives
Chapitre Ier
mentionnées à l’article 1er comporte, outre la signature de
Dispositions relatives à l’accès aux règles de droit. son auteur, la mention, en caractères lisibles, du prénom,
du nom et de la qualité de celui-ci.
Article 2
Le droit de toute personne à l’information est précisé et Article 5
garanti par le présent chapitre en ce qui concerne la liberté La loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l’informatique,
d’accès aux règles de droit applicables aux citoyens. aux fichiers et aux libertés est ainsi modifiée :
Les autorités administratives sont tenues d’organiser un 1o  L’article 28 est ainsi rédigé :
accès simple aux règles de droit qu’elles édictent. La mise à « Art. 28. - I. - Au-delà de la durée nécessaire à la réalisation
disposition et la diffusion des textes juridiques constituent des finalités pour lesquelles elles ont été collectées ou
une mission de service public au bon accomplissement traitées, les informations ne peuvent être conservées sous
de laquelle il appartient aux autorités administratives de une forme nominative qu’en vue de leur traitement à des
veiller. fins historiques, statistiques ou scientifiques. Le choix des
Les modalités d’application du présent article sont informations qui seront ainsi conservées est opéré dans
déterminées, en tant que de besoin, par décret en Conseil les conditions prévues à l’article 4-1 de la loi n° 79-18 du
d’État. 3 janvier 1979 sur les archives.
« II. - Les informations ainsi conservées, autres que celles
Article 3 visées à l’article 31, ne peuvent faire l’objet d’un traitement
La codification législative rassemble et classe dans des à d’autres fins qu’à des fins historiques, statistiques ou
codes thématiques l’ensemble des lois en vigueur à la date scientifiques, à moins que ce traitement n’ait reçu l’accord
d’adoption de ces codes. exprès des intéressés ou ne soit autorisé par la commission
Cette codification se fait à droit constant, sous réserve des dans l’intérêt des personnes c­ oncernées.

CNED  Méthodologie : Note administrative– 6-B392-TE-00-18  49


« Lorsque ces informations comportent des données l’autorité administrative sur une demande vaut décision de
mentionnées à l’article  31, un tel traitement ne peut être rejet.
mis en oeuvre, à moins qu’il n’ait reçu l’accord exprès Lorsque la complexité ou l’urgence de la procédure le
des intéressés, ou qu’il n’ait été autorisé, pour des motifs justifie, des décrets en Conseil d’État prévoient un délai
d’intérêt public et dans l’intérêt des personnes concernées, différent.
par décret en Conseil d’État sur proposition ou avis
conforme de la commission. » ; Article 22
2°  Il est inséré, après l’article 29, un article 29-1 ainsi Le silence gardé pendant deux mois par l’autorité
rédigé : administrative sur une demande vaut décision
« Art. 29-1. - Les dispositions de la présente loi ne font d’acceptation dans les cas prévus par décrets en Conseil
pas obstacle à l’application, au bénéfice de tiers, des d’État. Cette décision peut, à la demande de l’intéressé,
dispositions du titre Ier de la loi n° 78-753 du 17 juillet 1978 faire l’objet d’une attestation délivrée par l’autorité
portant diverses mesures d’amélioration des relations administrative. Lorsque la complexité ou l’urgence de
entre l’administration et le public et diverses dispositions la procédure le justifie, ces décrets prévoient un délai
d’ordre administratif, social et fiscal et des dispositions du différent. Ils définissent, lorsque cela est nécessaire, les
titre II de la loi n° 79-18 du 3 janvier 1979 précitée. mesures destinées à assurer l’information des tiers.
« En conséquence, ne peut être regardé comme un tiers non Toutefois, ces décrets ne peuvent instituer un régime de
autorisé au sens de l’article 29 le titulaire d’un droit d’accès décision implicite d’acceptation lorsque les engagements
aux documents administratifs ou aux archives publiques internationaux de la France, l’ordre public, la protection
exercé conformément aux lois n° 78-753 du 17 juillet 1978 des libertés ou la sauvegarde des autres principes de valeur
précitée et n° 79-18 du 3 janvier 1979 précitée. » ; constitutionnelle s’y opposent. De même, sauf dans le
domaine de la sécurité sociale, ils ne peuvent instituer
3°  Il est inséré, après l’article 33, un article 33-1 ainsi
aucun régime d’acceptation implicite d’une demande
rédigé :
présentant un caractère financier.
« Art. 33-1. - Les modalités d’application du présent
chapitre sont fixées par décret en Conseil d’État pris après
avis de la commission. » ; Article 23
Une décision implicite d’acceptation peut être retirée, pour
4°  La dernière phrase du deuxième alinéa de l’article 40-3 illégalité, par l’autorité administrative :
est remplacée par deux phrases ainsi rédigées :
« La demande d’autorisation comporte la justification 1o  Pendant le délai de recours contentieux, lorsque des
scientifique et technique de la dérogation et l’indication mesures d’information des tiers ont été mises en œuvre ;
de la période nécessaire à la recherche. A l’issue de cette 2°  Pendant le délai de deux mois à compter de la date à
période, les données sont conservées et traitées dans les laquelle est intervenue la décision, lorsqu’aucune mesure
conditions fixées à l’article 28. » ; d’information des tiers n’a été mise en œuvre ;
5°  Dans le premier alinéa de l’article 45, les références : 3°  Pendant la durée de l’instance au cas où un recours
« 27, 29 » sont remplacées par les références : « 27, 28, contentieux a été formé.
29, 29-1 ».
Article 24
Article 20 Exception faite des cas où il est statué sur une demande,
Lorsqu’une demande est adressée à une autorité les décisions individuelles qui doivent être motivées
administrative incompétente, cette dernière la transmet à en application des articles 1er et 2 de la loi n° 79-587
l’autorité administrative compétente et en avise l’intéressé. du 11 juillet 1979 relative à la motivation des actes
administratifs et à l’amélioration des relations entre
Le délai au terme duquel est susceptible d’intervenir une l’administration et le public n’interviennent qu’après que
décision implicite de rejet court à compter de la date de la personne intéressée a été mise à même de présenter des
réception de la demande par l’autorité initialement saisie. observations écrites et, le cas échéant, sur sa demande,
Le délai au terme duquel est susceptible d’intervenir une des observations orales. Cette personne peut se faire
décision implicite d’acceptation ne court qu’à compter assister par un conseil ou représenter par un mandataire
de la date de réception de la demande par l’autorité de son choix. L’autorité administrative n’est pas tenue de
compétente. satisfaire les demandes d’audition abusives, notamment
Dans tous les cas, l’accusé de réception est délivré par par leur nombre, leur caractère répétitif ou systématique.
l’autorité compétente. Les dispositions de l’alinéa précédent ne sont pas
applicables :
Article 21 1er  En cas d’urgence ou de circonstances ­exceptionnelles ;
Sauf dans les cas où un régime de décision implicite 2°  Lorsque leur mise en œuvre serait de nature à
d’acceptation est institué dans les conditions prévues à compromettre l’ordre public ou la conduite des relations
l’article 22, le silence gardé pendant plus de deux mois par internationales ;

50  CNED  Méthodologie : Note administrative– 6-B392-TE-00-18


3°  Aux décisions pour lesquelles des dispositions conformément à la mission de service public qu’il doit
législatives ont instauré une procédure contradictoire assurer, il peut proposer à l’autorité compétente toutes
­particulière. mesures qu’il estime de nature à remédier à cette situation.
Les modalités d’application du présent article sont fixées « Lorsqu’il lui apparaît que l’application de dispositions
en tant que de besoin par décret en Conseil d’État. législatives ou réglementaires aboutit à des situations
inéquitables, il peut suggérer les modifications qui lui
Article 25 paraissent opportunes. » ;
Les décisions des organismes de sécurité sociale et de 4°  La deuxième phrase du second alinéa de l’article 9 est
mutualité sociale agricole de salariés ou de non-salariés complétée par les mots « et ses propositions » ;
ordonnant le reversement des prestations sociales indûment 5°  La seconde phrase de l’article 14 est complétée par les
perçues sont motivées. Elles indiquent les voies et délais mots : « et fait l’objet d’une communication du Médiateur
de recours ouverts à l’assuré, ainsi que les conditions et les de la République devant chacune des deux assemblées. »
délais dans lesquels l’assuré peut présenter ses observations
écrites ou orales. Dans ce dernier cas, l’assuré peut se faire
assister par un conseil ou représenter par un mandataire de TITRE IV
son choix. DISPOSITIONS RELATIVES
AUX MAISONS DES SERVICES PUBLICS

TITRE III Article 27


DISPOSITIONS RELATIVES
Afin de faciliter les démarches des usagers et d’améliorer
AU MÉDIATEUR DE LA RÉPUBLIQUE
la proximité des services publics sur le territoire en milieu
urbain et rural, une maison des services publics réunit des
Article 26 services publics relevant de l’État ou de ses établissements
La loi n° 73-6 du 3 janvier 1973 instituant un Médiateur de publics, des collectivités territoriales ou de leurs
la République est ainsi modifiée : établissements publics, des organismes de sécurité sociale
1er  Après le deuxième alinéa de l’article 6, il est inséré un ou d’autres organismes chargés d’une mission de service
alinéa ainsi rédigé : public parmi lesquels figure au moins une personne morale
« Le Médiateur européen ou un homologue étranger du de droit public.
Médiateur de la République, saisi d’une réclamation qui lui Les agents exerçant leurs fonctions dans les maisons des
paraît entrer dans la compétence et mériter l’intervention services publics sont régis par les dispositions prévues par
de ce dernier, peut lui transmettre cette réclamation. » ; leur statut ou les dispositions législatives et réglementaires
les concernant. Le responsable de la maison des
2°  Il est inséré, après l’article 6, un article 6-1 ainsi rédigé :
services publics est désigné parmi les agents soumis aux
« Art. 6-1. - Le Médiateur de la République dispose, sur
dispositions de la loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 portant
l’ensemble du territoire, de délégués qu’il désigne.
droits et obligations des fonctionnaires.
« Ils apportent aux personnes visées au premier alinéa de
La maison des services publics est créée par une convention
l’article 6 les informations et l’assistance nécessaires à la
qui est approuvée par le représentant de l’État dans le
présentation des réclamations.
département.
« A la demande du Médiateur de la République, ils
Cette convention définit le cadre géographique dans lequel
instruisent les réclamations qu’il leur confie et participent
la maison des services publics exerce son activité, les
au règlement des difficultés dans leur ressort géographique.
missions qui y sont assurées, les modalités de désignation
« Un député ou un sénateur, saisi d’une réclamation qui lui de son responsable, les prestations qu’elle peut délivrer
paraît entrer dans la compétence et mériter l’intervention et les décisions que son responsable peut prendre dans le
du Médiateur de la République, peut remettre cette domaine de compétence de son administration ou signer sur
réclamation à un délégué qui la transmet au Médiateur de délégation de l’autorité compétente. La convention prévoit
la République. » ; également les conditions dans lesquelles les personnels
3°  Le premier alinéa de l’article 9 est remplacé par trois relevant des personnes morales qui y participent exercent
alinéas ainsi rédigés : leurs fonctions. Elle règle les modalités financières et
matérielles de fonctionnement de la maison des services
« Lorsqu’une réclamation lui paraît justifiée, le Médiateur
publics ainsi que les modalités d’accès aux services publics
de la République fait toutes les recommandations qui lui
des personnes ayant des difficultés pour se déplacer.
paraissent de nature à régler les difficultés dont il est saisi
Les services publics concernés peuvent être proposés,
et, notamment, recommande à l’organisme mis en cause
notamment en milieu rural, de façon itinérante dans le
toute solution permettant de régler en équité la situation de
cadre géographique défini par la convention.
l’auteur de la réclamation.
Les modalités d’application du présent article sont fixées
« Lorsqu’il apparaît au Médiateur de la République qu’un
par décret en Conseil d’État.
organisme mentionné à l’article 1er n’a pas fonctionné

CNED  Méthodologie : Note administrative– 6-B392-TE-00-18  51


Article 28 de l’article 53 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 portant
I.  La première phrase du deuxième alinéa de l’article 29-1 dispositions statutaires relatives à la fonction publique
de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 d’orientation pour territoriale :
l’aménagement et le développement du territoire est ainsi 1°  Les mots : « secrétaire général » sont remplacés par les
rédigée : mots : « directeur général des services » ;
« A cette fin, les organismes visés au premier alinéa 2°  Les mots : « secrétaire général adjoint » sont remplacés
peuvent, dans les conditions prévues par les articles 27 et par les mots : « directeur général adjoint des services ».
29 de la loi n° 2000-321 du 12 avril 2000 relative aux droits Toutefois, jusqu’à leur modification, les délibérations et les
des citoyens dans leurs relations avec les administrations, décisions individuelles mentionnant les appellations telles
créer des maisons des services publics ou participer à qu’elles étaient fixées par le code général des collectivités
leur fonctionnement, afin d’offrir aux usagers un accès territoriales et par la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984
simple, en un lieu unique, à plusieurs services publics ; ces précitée avant les modifications prévues par le présent
organismes peuvent également, aux mêmes fins et pour article sont réputées conformes aux dispositions modifiées
maintenir la présence d’un service public de proximité, par la présente loi.
conclure une convention régie par l’article 30 de la même
loi. » Article 32
II.  Dans le IV de l’article 30 de la loi n° 99-533 du Le dernier alinéa de l’article 110 de la loi n° 84-53 du
25 juin 1999 d’orientation pour l’aménagement et le 26 janvier 1984 portant dispositions statutaires relatives
développement durable du territoire, après les mots : à la fonction publique territoriale est complété par une
« maisons des services publics », sont insérés les mots : phrase ainsi rédigée :
« prévues par l’article 27 de la loi n°  2000-321 du
« Cette disposition ne saurait interdire aux juridictions
12 avril 2000 relative aux droits des citoyens dans leurs
compétentes et aux autorités administratives chargées
relations avec les administrations. »
du contrôle de légalité d’exercer leurs missions dans les
conditions de droit commun. »
Article 29
Une ou des maisons des services publics peuvent être Article 33
créées sous la forme d’un groupement d’intérêt public régi
I.  Au deuxième alinéa de l’article L. 30 du code des
par les dispositions de l’article 21 de la loi n° 82-610 du
pensions civiles et militaires de retraite, les mots : « indice
15 juillet 1982 d’orientation et de programmation pour la
réel correspondant à l’indice brut 125 » sont remplacés par
recherche et le développement technologique de la France
les mots : « indice brut afférent à l’indice 100 prévu par
et soumis aux règles de la comptabilité publique et du
l’article 1er du décret n° 48-1108 du 10 juillet 1948 ».
code des marchés publics, dans les conditions définies
à l’article 27 de la présente loi. Les fonctionnaires qui y II.  1.  Il est inséré, après le premier alinéa de l’article L. 28
travaillent sont mis à disposition ou détachés. du même code, un alinéa ainsi rédigé :
Les modalités d’application du présent article sont fixées « Le droit à cette rente est également ouvert au fonctionnaire
par décret en Conseil d’État. retraité qui est atteint d’une maladie professionnelle dont
l’imputabilité au service est reconnue par la commission
Article 30 de réforme postérieurement à la date de la radiation des
cadres, dans les conditions définies à l’article L. 31. Dans
Une convention régie par les dispositions des troisième
ce cas, la jouissance de la rente prend effet à la date du
et quatrième alinéas de l’article 27 peut être conclue par
dépôt de la demande de l’intéressé, sans pouvoir être
une personne morale chargée d’une mission de service
antérieure à la date de publication de la loi n° 2000-321
public avec l’État, une collectivité territoriale ou une
du 12 avril 2000 relative aux droits des citoyens dans leurs
autre personne morale chargée d’une mission de service
relations avec les administrations. Il en est également ainsi
public afin de maintenir la présence d’un service public
lorsque l’entrée en jouissance de la pension est différée en
de proximité.
application de l’article L. 25 du présent code. »
TITRE V 2.  Le deuxième alinéa de l’article L. 30 du même code est
DISPOSITIONS RELATIVES complété par une phrase ainsi rédigée :
A LA FONCTION PUBLIQUE « Le droit à cette majoration est également ouvert au
fonctionnaire relevant du deuxième alinéa de l’article
Article 31 L. 28. »
Au 1° de l’article L. 2122-19 et à l’article L. 2511-27 du
code général des collectivités territoriales, aux troisième
et quatrième alinéas de l’article 47 et au quatrième alinéa

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DOCUMENT 3

5894 JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE 27 mars 2004

Ordonnance n° 2004-281 du 25 mars 2004 relative


à des mesures de simplification en matière fiscale
NOR : ECOX0400020R

Le Président de la République, Article 2


Sur le rapport du Premier ministre, du ministre de I. - L’article 199 sexies du code général des impôts est
l’économie, des finances et de l’industrie et du ministre abrogé.
délégué au budget et à la réforme budgétaire, II. - Le code général des impôts est modifié comme suit :
Vu la Constitution, notamment son article 38 ; 1° Au premier alinéa du 3 de l’article 170, les mots : « aux
Vu le code général des impôts ; réductions d’impôts prévues par les articles 199 sexies et
Vu le livre des procédures fiscales ; » sont remplacés par les mots : « à la réduction d’impôt
prévue par l’article » ;
Vu la loi no 2003-591 du 2 juillet 2003 habilitant le
Gouvernement à simplifier le droit, notamment ses 2° Les articles 199 sexies A et 199 sexies B sont abrogés ;
articles 7 et 10 ; 3° Au a du II de l’article 1733, les mots : « aux réductions
Le Conseil d’État entendu ; d’impôt prévues aux articles 199 sexies et » sont remplacés
par les mots : « à la réduction d’impôt prévue à l’article ».
Le conseil des ministres entendu,
III. - Au premier alinéa de l’article L. 16 du livre des
Ordonne : procédures fiscales, les mots : « , 199 sexies » sont
supprimés.
Chapitre Ier
IV. - Les dispositions des I, II et III s’appliquent à compter
Abrogation et adaptation de dispositions fiscales de l’imposition des revenus de 2005.
devenues sans objet ou obsolètes
Article 3
Section 1
Les dispositions du 4° de l’article 208 du code général des
Dispositions relatives aux impôts directs
impôts sont abrogées.
Article 1
I. - L’article 39 octies B du code général des impôts est Article 4
abrogé. L’article 209-0 A du code général des impôts est ainsi
II. - Le code général des impôts est modifié comme suit : modifié :
1° Au c du 5° du 1 de l’article 39, les mots : « des articles 1° Le huitième alinéa du 1° est supprimé ;
39 octies A et 39 octies B » sont remplacés par les mots : 2° Les dispositions des 4° et 5° sont abrogées.
« de l’article 39 octies A » ;
2° Au premier alinéa du II bis de l’article 39 octies A, les Article 5
mots : « dans la proportion définie au deuxième alinéa du I. - L’article 239 bis B du code général des impôts est
I de l’article 39 octies B » sont remplacés par les mots : abrogé.
« dans la proportion, calculée en valeur nominale, des II. - Le code général des impôts est modifié comme suit :
titres de la filiale ouvrant droit à dividendes détenus par
1° Au 4° du 1 de l’article 39, les mots : « , 239 bis B » sont
l’entreprise française sur l’ensemble des titres ouvrant
supprimés ;
droit à dividendes émis par la filiale » ;
2° Au 2 de l’article 119 bis, les mots : « sous réserve des
3° A l’article 39 octies C, les mots : « de l’article 39
dispositions de l’article 239 bis B, » sont supprimés ;
octies B » sont supprimés ;
3° Au a du 1 de l’article 220, les mots : « ou à la taxe
4° Au VI de l’article 39 octies D, les mots : « , du deuxième
forfaitaire prévue à l’article 239 bis B, » sont supprimés.
alinéa du V de l’article 39 octies B » sont supprimés.
III. - Le 4° de l’article L. 169 A du livre des procédures
fiscales est abrogé.

CNED  Méthodologie : Note administrative– 6-B392-TE-00-18  53


Section 2 professionnelle, à l’exception des I et II des articles 1648
Dispositions relatives à la fiscalité locale A et 1648 AA, et perçoivent le produit de cette taxe. »
D. - Dans la première phrase de l’article 1636 B nonies, les
Article 6
mots : « et, jusqu’au 1er janvier 2002, dans les districts à
Le code général des impôts est ainsi modifié : fiscalité propre » sont supprimés.
1° Le quatrième alinéa de l’article 1464 G est s­ upprimé ; E. - Au II de l’article 1638 quater, les mots : « , à un district
2° Les dispositions du VIII de l’article 1466 B sont » sont supprimés.
abrogées ; F. - A l’article 1639 A bis :
3° La seconde phrase des quatrième et cinquième alinéas 1° Au second alinéa du I, les mots : « et à l’article 1609
de l’article 1518 B est supprimée ; quinquies B, » sont supprimés ;
4° Le premier alinéa de l’article 1609 ter A est s­ upprimé ; 2° Aux premier et deuxième alinéas du 1 du II, les mots : «
5° Le II de l’article 1647 C est ainsi modifié : 1609 quinquies, » sont supprimés.
a) Les dispositions du a sont abrogées ; G. - Au quatrième alinéa du 1 du I ter de l’article 1647
b) Au b, les mots : « Au titre des années 2000 et suivantes, B sexies, les mots : « en application des articles 1609
» sont supprimés ; bis, 1609 quinquies » sont remplacés par les mots : « en
application de l’article 1609 bis ».
6° La seconde phrase du deuxième alinéa et la troisième
phrase du troisième alinéa de l’article 1647 C bis sont
supprimées ; Article 8
7° Les articles 1647 A, 1647 B, 1647 B bis, 1647 B ter et L’article 1648 A du code général des impôts est ainsi
1647 B quater sont abrogés. modifié :
1° Au c du 2 du I ter, le mot : « quatrième » est remplacé
Article 7 par le mot : « dernier » ;
I. - Les articles 1609 quinquies, 1609 quinquies A, 1609 2° Les deuxième et troisième alinéas du I quater sont
quinquies B et l’article 1609 nonies A bis du code général supprimés ;
des impôts sont abrogés. 3° Le dernier alinéa du I quater est remplacé par les
II. - Le code général des impôts est ainsi modifié : dispositions suivantes :
A. - L’article 1609 quinquies C : « Pour les communautés de communes issues, à compter
de la date de publication de la loi no 99-586 du 12
1° Le premier alinéa du 4° du II est remplacé par les
juillet 1999 précitée, de districts créés avant la date
dispositions suivantes :
de promulgation de la loi no 92-125 du 6 février 1992
« La perception de la taxe professionnelle selon les d’orientation relative à l’administration territoriale de la
dispositions prévues ci-dessus est applicable aux République, le prélèvement mentionné au premier alinéa
communautés de communes issues, dans les conditions est égal au produit du montant des bases excédentaires par
prévues au II de l’article 51 de la loi no 99-586 du la différence, lorsqu’elle est positive, entre le taux voté par
12 juillet 1999 précitée, de districts ayant opté pour les la communauté de communes l’année précédant l’année
dispositions prévues au II. » ; considérée et le taux voté par le district en 1998. »
2° Le deuxième alinéa du III est remplacé par les
dispositions suivantes : Section 3
« Toutefois, la perception de la taxe professionnelle selon Suppression de pénalités, sanctions, amendes
les dispositions prévues à l’article 1609 nonies C est ou majorations fiscales
applicable de plein droit aux communautés de communes
issues de communautés de villes dans les conditions Article 9
prévues par l’article 56 de la loi no 99-586 du 12 juillet I. - Les articles 1735 bis, 1756 quinquies, 1757, 1762 ter,
1999 précitée ainsi qu’aux communautés de communes 1763, 1766, 1767, 1770 bis, 1770 ter, 1783 bis A, 1784,
issues, dans les conditions prévues au II de l’article 51 de 1785 A, 1826, 1831, 1835, 1840 H et 1840 N et le III de
la même loi, de districts faisant application des dispositions l’article 1785 D sont abrogés.
prévues au I de l’article 1609 nonies C. » II. - Le code général des impôts est ainsi modifié :
B. - Au premier alinéa de l’article 1609 nonies A ter, les 1° Au second alinéa du I de l’article 275 du code général
mots : « 1609 quinquies, » sont supprimés. des impôts, les mots : « , sans préjudice des pénalités
C. - Le 2° du I de l’article 1609 nonies C est remplacé par prévues aux articles 1725 à 1740 » sont supprimés ;
les dispositions suivantes : 2° Le premier alinéa de l’article 1736 est remplacé par les
« 2° Les communautés de communes faisant application dispositions suivantes :
des dispositions fiscales prévues au III de l’article 1609 « Les amendes, majorations et intérêts de retard prévus aux
quinquies C sont substituées aux communes membres articles 1725 à 1734, 1740 ter, 1740 ter A, 1740 nonies,
pour l’application des dispositions relatives à la taxe 1756, 1756 ter, 1762 sexies, 1762 octies, 1762 nonies,

54  CNED  Méthodologie : Note administrative– 6-B392-TE-00-18


1763 A à 1768, 1768 bis, 1768 ter et aux articles 1788 Section 4
quinquies, 1788 sexies, 1788 septies, 1827 à 1836, 1840 Dispositions relatives aux contributions
I à 1840 N quater et 1840 N nonies ainsi que les droits en indirectes
sus sont constatés par l’administration fiscale. » ;
3° Au 3 de l’article 1772, les mots : « , indépendamment de Article 11
la sanction fiscale visée à l’article 1763, » sont supprimés ; I. - Les articles 350, 351, 352, 353, 355, 356 et 357 du code
4° A l’article 1783 B, les mots : « Indépendamment général des impôts sont abrogés.
des sanctions fiscales prévues à l’article 1770 ter » sont II. - L’article 564 du code général des impôts est remplacé
­supprimés  ; par les dispositions suivantes :
5° Le premier alinéa de l’article 1786 bis est supprimé et, « Art. 564. - L’article 422 détermine l’assiette et le tarif de
au deuxième alinéa du même article , les mots : « En outre, la taxe spéciale sur le sucre utilisé au sucrage en première
» sont supprimés ; cuvée. »
6° A l’article 1789, les mots : « , 1740 et 1784 » sont III. - L’article L. 33 du livre des procédures fiscales est
remplacés par les mots : « et 1740 » et les mots : « , abrogé.
indépendamment de l’amende fiscale prévue à l’article
1785 A, » sont supprimés ; Article 12
7° Le deuxième alinéa de l’article 1830 est supprimé ; Le code général des impôts est ainsi modifié :
8° Au premier alinéa de l’article 1833, les mots : « et I. - La première phrase de l’article 432 est remplacée par
passible, en outre, d’une amende de 0,75 EUR » sont une phrase ainsi rédigée :
supprimés ; « Les vins de marcs, vins de sucre, piquettes et autres
9° A l’article 1840 C, les mots : « aux articles 1728 et 1835 vins non conformes aux dispositions des règlements
» sont remplacés par les mots : « à l’article 1728 » ; communautaires portant organisation commune du marché
10° A l’article 1840 D, les mots : « aux articles 1728 et vitivinicole, saisis chez le producteur de ces vins ou chez
1835 » sont remplacés par les mots : « à l’article 1728 ». le négociant, doivent être transformés en alcool après
paiement de leur valeur ou être détruits. »
III. - L’article L. 250 du livre des procédures fiscales est
remplacé par les dispositions suivantes : II. - Au second alinéa du 2° de l’article 441 :
« Art. L. 250. - Les demandes présentées par les 1° La première phrase est remplacée par une phrase ainsi
contribuables en vue d’obtenir la remise des majorations rédigée :
de droits prévues par l’article 1729 du code général des « Dans les cas prévus aux deux alinéas précédents, les
impôts, dans les cas où la mauvaise foi du contribuable boissons circulent sous couvert du document mentionné
est établie, sont soumises pour avis à la commission au II de l’article 302 M. » ;
départementale des impôts directs et des taxes sur le chiffre 2° La dernière phrase est remplacée par une phrase ainsi
d’affaires lorsque ces majorations sont consécutives rédigée :
à des rectifications relevant de la compétence de cette « Il ne peut plus établir de document d’accompagnement
commission, telle qu’elle est définie aux articles L. 59 et lorsque les expéditions faites depuis la récolte ont épuisé
L. 59 A. » cette quantité ; ».
III. - Le 1° de l’article 458 est remplacé par les dispositions
Article 10
suivantes :
Le code général des impôts est modifié comme suit :
« 1° Quelle que soit la quantité déplacée, les alcools
1° Au I de l’article 1840 G ter, les mots : « et, en outre, un dénaturés définis au a du I de l’article 302 D bis ; ».
droit supplémentaire de 1 % » sont supprimés ;
IV. - Après l’article 465, il est inséré un article 465 bis
2° L’article 1840 G quater A est modifié comme suit : ainsi rédigé :
a) Au premier alinéa, les mots : « et, en outre, une taxe « Art. 465 bis. - Sauf dans les cas prévus au 6° de l’article
supplémentaire de 1 % » sont supprimés ; 458, les produits définis à l’article 1er, paragraphe 2, du
b) Au deuxième alinéa, les mots  : « et la taxe supplémentaire règlement (CE) no 1493/99 du Conseil du 17 mai 1999
précitée » sont remplacés par le mot : « précité » ; portant organisation commune du marché vitivinicole sont
3° Au I de l’article 1840 G quinquies, les mots : « et un accompagnés d’un document mentionné à l’article 302 M.
droit supplémentaire de 1 % » sont supprimés ; »
4° A l’article 1840 G septies, les mots : « et, en outre, une V. - L’article 468 est remplacé par les dispositions
taxe supplémentaire de 1 % » sont supprimés ; suivantes :
5° A l’article 1840 G octies, les mots : « et, en outre, un « Art. 468. - Tout expéditeur de marcs de raisins ou de lies
droit supplémentaire de 1 % » sont supprimés. est tenu d’établir un document mentionné au II de l’article
302 M indiquant le poids pour les marcs ou le volume et le
titre alcoométrique volumique pour les lies. »

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VI. - L’article 482 est remplacé par les dispositions Section 5
­suivantes  : Dispositions diverses
« Art. 482. - Quiconque veut exercer le commerce des
Article 15
produits mentionnés au 1° de l’article 302 G est tenu de
prendre la position de débitant ou d’entrepositaire agréé. » I. - Les articles 15 quater, 163 bis, 209 quater A, 209
quater B, 209 quater C, 244 ter, 797, 1048 bis, 1082, 1123,
VII. - L’article 483 est abrogé.
1124, 1648 AB et 1697 ainsi que le 10° de l’article 257 et
VIII. - L’article 494 du code général des impôts est le 2° du II de l’article 298 bis du code général des impôts
remplacé par les dispositions suivantes : sont abrogés.
« Art. 494. - Tout excédent à la balance de la comptabilité II. - Au a du I de l’article 269 du code général des impôts,
matières constaté en fin de campagne, à la clôture de les mots : « , l’achat au sens du 10° de l’article 257 » sont
l’exercice commercial de l’entrepositaire agréé ou lors supprimés.
d’un contrôle donne lieu à procès-verbal. »
IX. - Il est ajouté au II de l’article 1560 un alinéa ainsi Chapitre II
rédigé : Élargissement des possibilités et
« Quel que soit le coefficient appliqué, le tarif doit être assouplissement des modalités d’option
exprimé en unités d’euros. A défaut, il est automatiquement pour des régimes fiscaux spécifiques
arrondi à l’euro le plus proche, dans les conditions prévues
à l’article 1724. » Article 16
X. - A la fin du 7° de l’article 1810, après les mots : « dans I. - Les dispositions du 4° quater du 1 de l’article 39 du
un quelconque de ses emplois », sont ajoutés les mots : code général des impôts sont abrogées.
« lorsque ces mélanges sont destinés à la consommation II. - Au 7° du 1 de l’article 93 du code général des impôts,
humaine ou qu’ils présentent des dangers pour la santé les mots : « , dans les conditions du 4° quater du 1 de
publique ; ». l’article 39 » sont supprimés.
Article 13 Article 17
Le code général des impôts est ainsi modifié : Le quatrième alinéa du 1 de l’article 42 septies du code
I. - Le a de l’article 524 bis est complété par les mots : général des impôts est remplacé par les dispositions
« et ceux postérieurs à cette date déjà revêtus d’anciens suivantes :
poinçons français de garantie ; ». « Lorsque la subvention est attribuée au crédit-preneur
II. - Les articles 525, 540 et 541 sont abrogés. directement ou lorsqu’elle l’est par l’intermédiaire d’une
entreprise de crédit-bail et que la décision accordant cette
Article 14 subvention prévoit son reversement immédiat au crédit-
Le code général des impôts est ainsi modifié : preneur, cette dernière est répartie, par parts égales, sur
I. - Le II de l’article 520 A est complété par un troisième les exercices clos au cours de la période couverte par le
alinéa ainsi rédigé : contrat de crédit-bail. »
« Les expéditions vers un autre État membre de la
Article 18
Communauté européenne et les exportations vers un
pays tiers sont exonérées du paiement du droit spécifique Le deuxième alinéa du 1 de l’article 239 du code général
lorsqu’elles sont réalisées directement et sans intermédiaire des impôts est remplacé par les dispositions suivantes :
par les personnes mentionnées au premier alinéa ou par « L’option doit être notifiée avant la fin du troisième mois
leurs sociétés de distribution. » de l’exercice au titre duquel l’entreprise souhaite être
II. - A l’article 1618 septies : soumise pour la première fois à l’impôt sur les sociétés.
Toutefois, en cas de transformation d’une société de
1° Au deuxième alinéa, après les mots : « vers des pays
capitaux en une des formes de société mentionnées au 3
tiers », sont ajoutés les mots : « ou vers les départements
de l’article 206 ou en cas de réunion de toutes les parts
d’outre-mer » ;
d’une société à responsabilité limitée entre les mains d’une
2° Le troisième alinéa est remplacé par les dispositions personne physique, l’option peut être notifiée avant la fin
suivantes : du troisième mois qui suit cette transformation ou cette
« La taxe est perçue en France continentale auprès des réunion pour prendre effet à la même date que celle-ci.
meuniers, des opérateurs qui procèdent à l’introduction des Dans tous les cas, l’option exercée est irrévocable. »
produits sur ce territoire et des importateurs de produits en
provenance de pays tiers. » ;
3° Au quatrième alinéa, les mots : « et par campagne »
sont supprimés.

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Chapitre III placer des alcools, des boissons alcooliques et des tabacs
Simplification des formalités de manufacturés sous ces régimes, et qui sont soumises à toutes
déclaration ou de paiement les obligations prévues pour l’application de ces régimes
de certains impôts douaniers, n’ont pas à prendre la qualité d’entrepositaire
agréé et ne sont pas soumises aux obligations prévues aux
Section 1 III, IV et V ci-après. »
Dispositions relatives aux impôts directs III. - Il est inséré après l’article 302 H un article 302 H bis
ainsi rédigé :
Article 19
« Art. 302 H bis. - Les opérateurs enregistrés définis à
La dernière phrase du premier alinéa de l’article 150
l’article 302 H doivent transmettre à l’administration des
V ter du code général des impôts est remplacée par les
douanes et droits indirects, au plus tard le dixième jour
dispositions suivantes :
de chaque mois, une déclaration indiquant le montant
« Lorsque la vente est réalisée dans un autre État membre de l’impôt dû au titre des réceptions du mois précédent.
de la Communauté européenne, la taxe est versée dans L’impôt est acquitté lors du dépôt de la déclaration. »
les mêmes conditions par l’intermédiaire participant à la
IV. - L’article 422 est remplacé par les dispositions
transaction s’il est domicilié en France ou, à défaut, par le
­suivantes  :
vendeur. »
« Art. 422. - La quantité de sucre ajoutée à la vendange ne peut
Article 20 être supérieure, par hectare de vigne ayant effectivement
produit les vins pour lesquels l’enrichissement par sucrage
Le 5 du II de l’article 237 bis A du code général des impôts
est autorisé, à 250 kilogrammes dans les zones viticoles
est remplacé par les dispositions suivantes :
C et à 300 kilogrammes dans la zone viticole B. Le sucre
« 5. Lorsqu’un accord est conclu au sein d’un groupe ainsi utilisé est frappé d’une taxe de 13 EUR par 100
de sociétés soumis au régime défini aux articles 223 kilogrammes due au moment de l’emploi. »
A et suivants et aboutit à dégager une réserve globale
V. - L’article 444 est remplacé par les dispositions
de participation, la provision pour investissement est
­suivantes  :
constituée par chacune des sociétés intéressées dans
la limite de sa contribution effective à la participation « Art. 444. - Les modalités d’application des dispositions
globale. Toutefois, chacune de ces sociétés peut transférer relatives à l’apposition des capsules ou des vignettes
tout ou partie de son droit à constitution de ladite provision représentatives de droits indirects, notamment en ce
à l’une des autres sociétés du groupe dont il s’agit, ou à qui concerne les frais de confection des matrices et
plusieurs d’entre elles. » de surveillance de leur emploi, sont fixées par arrêté
ministériel. »
Section 2 VI. - A l’article 458, il est ajouté un 10° ainsi rédigé :
Dispositions relatives aux contributions « 10° Les fruits à cidre ou à poiré. »
indirectes VII. - Les articles 463, 465 et 467 sont abrogés.
Article 21 VIII. - Le dernier alinéa de l’article 502 est remplacé par
Le code général des impôts est ainsi modifié : quatre alinéas ainsi rédigés :
I. - 1° Le 3° du 1 du I et le 3° du 2 du I de l’article 302 D « Ne sont pas soumises à l’obligation déclarative prévue
sont abrogés ; par le présent article :
2° Au III de l’article 575 E bis, les mots : « aux 1°, 2° et « 1° Les personnes ou associations qui, à l’occasion d’une
4° du 1 du I de l’article 302 D et au II du même article foire, d’une vente ou d’une fête publique, établissent des
» sont remplacés par les mots : « au 1 du I et au II de débits de boissons temporaires en vertu d’une autorisation
l’article 302 D ». municipale, ou du préfet de police à Paris, délivrée au titre
de l’article L. 3334-2 du code de la santé publique, pour
II. - Le II de l’article 302 G est complété par deux alinéas vendre des boissons des deux premiers groupes ;
ainsi rédigés :
« 2° Les personnes qui, à l’occasion de l’organisation
« Sont également considérés comme se trouvant en régime et de la promotion d’activités physiques et sportives,
suspensif des droits d’accises, les alcools, les boissons établissent des débits de boissons temporaires en vertu
alcooliques et les tabacs manufacturés placés ou destinés d’une autorisation municipale, ou du préfet de police à
à être placés sous l’un des régimes suivants prévus par Paris, délivrée au titre de l’article L. 3335-4 du code de la
les règlements communautaires en vigueur : magasins et santé publique, pour vendre des boissons relevant des trois
aires de dépôt temporaire, entrepôt d’importation, zone premiers groupes ;
franche, entrepôt franc, perfectionnement actif, admission
temporaire en exonération totale, transformation sous « 3° Les personnes qui, à l’occasion d’une foire ou d’une
douane et transit communautaire externe. exposition organisée par l’État, les collectivités publiques
ou les associations reconnues comme établissements
« Par dérogation aux dispositions du I, les personnes d’utilité publique, établissent des débits de boissons
autorisées par les services des douanes et droits indirects à temporaires à consommer sur place en vertu d’une

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déclaration administrative déposée auprès de l’autorité II. - L’article 1698 du code général des impôts est a­ brogé.
municipale ou du préfet de police à Paris, au titre de III. - Le cinquième alinéa de l’article 1926 du code général
l’article L. 3334-1 du code de la santé publique, pour des impôts est supprimé.
vendre des boissons de toute nature. »
IX. - A l’article 508, les mots : « dont les installations en Chapitre IV
vue de la dénaturation ont été agréées par » sont remplacés Amélioration des relations avec les
par les mots : « désigné à ».
contribuables et clarification de la
Section 3 formulation d’actes administratifs relatifs
Dispositions relatives aux droits d’enregistrement à l’assiette ou au recouvrement de l’impôt
Article 22 Article 27
Le code général des impôts est ainsi modifié : I. - Le livre des procédures fiscales est ainsi modifié :
I. - L’article 625 est remplacé par les dispositions 1° Au premier alinéa des articles L. 57 et L. 62, les mots :
­suivantes  : « notification de redressement » sont remplacés par les
mots : « proposition de rectification » ;
« Art. 625. - Les registres de perception, de déclaration et
tout autre document pouvant servir à établir les droits du 2° Au second alinéa de l’article L. 17, à l’article L. 21, au
Trésor et l’accomplissement des obligations des redevables dernier alinéa de l’article L. 23 A, au premier alinéa des
sont cotés et paraphés par un des fonctionnaires publics articles L. 45 A, L. 45 B, L. 45 D, aux articles L. 49 et
que l’autorité administrative désigne à cet effet. » L. 54 B, au premier alinéa des articles L. 55 et L. 56, au
dernier alinéa de l’article L. 80 L et au premier alinéa de
II. - Le second alinéa du III de l’article 867 est remplacé
l’article L. 189, le mot : « redressement » est remplacé par
par les dispositions suivantes :
le mot : « rectification » ;
« Les répertoires des greffiers des cours et tribunaux sont
3° Au premier alinéa des articles L. 50 et L. 166, le mot :
cotés et paraphés par le greffier en chef de la juridiction
« redressements » est remplacé par le mot : ­« rectifications
et ceux des huissiers, par le président de la chambre
» ;
départementale des huissiers ou son délégué. »
4° Au premier alinéa de l’article L. 59 et au cinquième
III. - Au premier alinéa de l’article 868, les mots : « par le
alinéa de l’article L. 64, les mots : « redressements notifiés
président du tribunal de grande instance » sont remplacés
» sont remplacés par les mots : « rectifications notifiées » ;
par les mots : « dans les conditions prévues au second
alinéa du III de l’article 867 ». 5° Au sixième alinéa de l’article L. 64, les mots : « du
redressement » sont remplacés par les mots : « de la
Article 23 rectification » ;
L’article 861 du code général des impôts est abrogé. 6° Au dernier alinéa de l’article L. 80 et à l’article L. 205,
les mots : « un redressement » et « le redressement » sont
Section 4 respectivement remplacés par les mots : « une rectification
» et « la rectification » ;
Simplification de modalités particulières
de recouvrement 7° Au premier alinéa de l’article L. 209, les mots : «
un redressement » sont remplacés par les mots : « une
Article 24 rectification » ;
Le 1 de l’article 1668 du code général des impôts est ainsi 8° A l’article L. 48 :
modifié : a) Le premier alinéa est remplacé par les dispositions
1° La dernière phrase du premier alinéa est remplacée par suivantes :
les dispositions suivantes : « Les sociétés nouvellement « A l’issue d’un examen contradictoire de la situation fiscale
créées sont dispensées du versement d’acomptes au cours personnelle au regard de l’impôt sur le revenu ou d’une
de leur premier exercice d’activité ou de leur première vérification de comptabilité, lorsque des rectifications
période d’imposition arrêtée conformément au second sont envisagées, l’administration doit indiquer, avant que
alinéa du I de l’article 209 » ; le contribuable présente ses observations ou accepte les
2° Le quatrième alinéa est supprimé. rehaussements proposés, dans la proposition prévue au
premier alinéa de l’article L. 57 ou dans la notification
Article 25 mentionnée à l’article L. 76, le montant des droits, taxes et
Les articles 1660 et 1683 du code général des impôts sont pénalités résultant de ces rectifications. Lorsqu’à un stade
abrogés. ultérieur de la procédure de rectification contradictoire
l’administration modifie les rehaussements, pour tenir
Article 26 compte des observations et avis recueillis au cours de
cette procédure, cette modification est portée par écrit
I. - Le troisième alinéa de l’article 1692 du code général
à la connaissance du contribuable avant la mise en
des impôts est supprimé.
recouvrement, qui peut alors intervenir sans délai. »

58  CNED  Méthodologie : Note administrative– 6-B392-TE-00-18


b) Au troisième alinéa, le mot : « redressements » est b) Au sixième alinéa, les mots : « d’un redressement relatif
remplacé par le mot : « rectifications » ; » et « le redressement est effectué » sont respectivement
9° Au premier alinéa de l’article L. 55, les mots : « remplacés par les mots : « d’une rectification relative » et
redressements correspondants sont effectués » sont « la rectification est effectuée » ;
remplacés par les mots : « rectifications correspondantes 9° Au 2 de l’article 204, le mot : « notifications » est
sont effectuées » ; remplacé par les mots : « propositions de rectification ».
10° Au premier alinéa de l’article L. 77 et au deuxième III. - Les dispositions des I et II entrent en vigueur à
alinéa de l’article L. 189, les mots : « notification de compter du 1er juin 2004.
redressements » sont remplacés par les mots : « proposition
de rectification » ; Article 28
11° Au troisième alinéa de l’article L. 77, les mots : Le deuxième alinéa de l’article L. 190 du livre des
­« redressements effectués » sont remplacés par les mots : procédures fiscales est modifié comme suit :
« rectifications effectuées » ; 1° Dans la première phrase, après les mots : « résultat
12° A l’article L. 76 : déficitaire » sont insérés les mots : « ou d’un excédent
a) La première phrase du premier alinéa est remplacée par de taxe sur la valeur ajoutée déductible sur la taxe sur la
les dispositions suivantes ; valeur ajoutée collectée au titre d’une période donnée » et
les mots : « ces dernières » sont remplacés par les mots :
« Les bases ou éléments servant au calcul des impositions
« ces erreurs » ;
d’office et leurs modalités de détermination sont portées
à la connaissance du contribuable trente jours au moins 2° Dans la seconde phrase, après les mots : « à l’article L.
avant la mise en recouvrement des i­mpositions. » 57 » sont insérés les mots : « , ou à compter d’un délai de
30 jours après la notification prévue à l’article L. 76 ».
b) Le deuxième alinéa est remplacé par les dispositions
suivantes :
Article 29
« La prescription des sanctions fiscales autres que
celles prévues au troisième alinéa de l’article L. 188 est L’article 1649 ter G du code général des impôts est abrogé.
interrompue par l’information notifiée au contribuable
qu’elles pourront être éventuellement appliquées. » Chapitre V
Dispositions relatives aux délégués
II. - Le code général des impôts est ainsi modifié :
du Médiateur de la République
1° Au cinquième alinéa de l’article 199 quater C, au
premier alinéa du 5 de l’article 200, au deuxième alinéa Article 30
de l’article 235 ter XA, au 3 de l’article 1727 A, au 2 de Le premier alinéa de l’article 6-1 de la loi no 73-6 du 3
l’article 1728, au 2 de l’article 1729 et au a du 2 de l’article janvier 1973 instituant un médiateur est complété par les
1756 sexies, les mots : « notification de ­redressement » dispositions suivantes :
sont remplacés par les mots : « proposition de rectification
« Les délégués exercent leur activité à titre bénévole.
» ;
Ils perçoivent une indemnité représentative de frais
2° Au septième alinéa du c du 5° du 1 de l’article 39 et au dont le montant est fixé par décision du Médiateur de la
premier alinéa de l’article 1508, le mot : « redressements » République. »
est remplacé par le mot : « rectifications » ;
3° Au troisième alinéa de l’article 98 et à l’article 1929 Article 31
ter, le mot : « redressement » est remplacé par le mot : « Le Premier ministre, le ministre de l’économie, des finances
rectification » ; et de l’industrie et le ministre délégué au budget et à la
4° Au quatrième alinéa de l’article 57, les mots : « réforme budgétaire sont responsables, chacun en ce qui le
redressements prévus » sont remplacés par les mots : « concerne, de l’application de la présente ordonnance, qui
rectifications prévues » ; sera publiée au Journal officiel de la République française.
5° Au premier alinéa de l’article 235 ter XA, les mots : «
redressements effectués » sont remplacés par les mots : « Fait à Paris, le 25 mars 2004.
rectifications effectuées » ; Jacques Chirac
6° A l’article 1732, les mots : « redressements ­opérés » Par le Président de la République :
sont remplacés par les mots : « rectifications o­ pérées » ; Le Premier ministre,
7° Au IV de l’article 1733, les mots : « redressements Jean-Pierre Raffarin
apportés » sont remplacés par les mots : « rectifications Le ministre de l’économie,
apportées » ; des finances et de l’industrie,
Francis Mer
8° Au 4 bis de l’article 158 :
Le ministre délégué au budget
a) Au quatrième alinéa, les mots : « un redressement » et et à la réforme budgétaire,
« ce redressement » sont respectivement remplacés par les Alain Lambert
mots : « une rectification » et « cette r­ ectification » ;

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DOCUMENT 4

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 Exemple commenté 
Corrigé de la note administrative

Compréhension du sujet
L’énoncé du sujet ne pose pas de problème particulier. La noté doit porter sur l’institution du Médiateur de la
République. La note est adressée au chef de service.

Évaluation des documents


Le dossier est composé de quatre documents, dont trois sont des textes juridiques, le quatrième est un
rapport d’activité du Médiateur pour l’année 2004. Le texte de loi du 3 janvier 1973 est un texte qui intègre les
modifications intervenues jusqu’en 1992. Donc, c’est un texte modifié mais pas complété, puisque deux autres
textes du dossier y ont introduit des modifications après 1992. En effet, l’article 26 de la loi du 12 avril 2000 et
l’article 30 de l’ordonnance du 25 mars 2004 contiennent des modifications du texte de loi de 1973. Donc, il
convient d’effectuer une lecture en parallèle de ces trois textes pour tenir compte de ces modifications.
En ce qui concerne, l’extrait du rapport du Médiateur, il est à exploiter pour obtenir des données chiffrées sur
son activité.

Exploitation des documents


Exploitation en parallèle des lois de 1973 et 2000, ainsi que de l’ordonnance de 2004. En raison des modifications
intervenues en 2000 et 2004, vous devez préciser les articles de la loi du 3 janvier 1973 modifiée ayant subi de
nouvelles modifications. Ainsi, l’article 26 de la loi du 12 avril 2000 a modifié les articles 6, 9 et 14, et elle a créé
un nouvel article 6-1 dans la loi du 3 janvier 1973. L’article 6 est modifié en y ajoutant une nouvelle disposition
qui élargit la saisine du médiateur. Le premier alinéa de l’article 9 est remplacé par trois nouveaux alinéas
concernant les pouvoirs de recommandation et de proposition du médiateur. Enfin, l’article 14 est complété,
en précisant que le médiateur fera une communication au Parlement concernant son rapport.
En ce qui concerne le nouvel article 6-1, il réglemente le statut et la saisine des délégués départementaux du
médiateur.
De même, cet article est complété par l’article 30 de l’ordonnance du 25 mars 2004 qui précise le caractère
bénévole de l’activité des délégués et leur droit à percevoir une indemnité représentative.
Ces modifications étant précisées, vous pouvez passer à l’exploitation de la loi du 3 janvier 1973, en y intégrant
les nouvelles dispositions.
La lecture du texte de 1973 modifié permet de préciser les règles relatives au statut ─ nomination, durée de la
fonction, incompatibilités (articles 1 à 5) ─, aux conditions de saisine du médiateur et des délégués (articles 6
et 6-1) et aux missions du médiateur ─ régler les différends entre l’administration et les administrés- ainsi que
ses pouvoirs ─ pouvoir d’instruction, de recommandation, d’injonction et de proposition.

L’analyse de ce dispositif juridique est complétée par l’apport des données statistiques tirées de l’extrait du
rapport pour 2004, notamment pour ce qui est du nombre et des origines des saisines, de l’activité des délégués
et des suites données aux propositions du médiateur.

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Corrigé proposé

Plan proposé
En raison des informations tirées du dossier, deux propositions de plan sont à envisager. Le premier repose
sur le critère dispositif / application du dispositif, et il se structure autour de deux idées : 1.  Analyse du régime
juridique du médiateur et 2.  Bilan de son activité.
Le deuxième plan est axé sur la réglementation de l’institution du médiateur, en dissociant son statut et ses
fonctions, et en y intégrant les données statistiques extraites du dernier texte. Ainsi, ce plan comprend les deux
parties suivantes : 1) une institution au statut indépendant, et 2) une institution aux fonctions élargies.
C’est le deuxième plan qui correspond mieux à l’esprit de la note administrative. Ainsi, la structuration du plan
serait la suivante :

I. Une institution au statut indépendant


A. Les caractères de l’institution
• Nomination
• Fonction non renouvelable
• Incompatibilités
• Immunités

B. Les conditions de la saisine


• Origines des saisines : données statistiques
• Procédure : filtre parlementaire ; données statistiques

II. Une institution aux fonctions étendues


A. Les missions du médiateur
• Règlement des différends
• Proposition de réformes

B. Les pouvoirs du médiateur


• Pouvoir d’instruction
• Pouvoir de recommandation
• Pouvoir d’injonction

Introduction et conclusion
L’introduction comprend une mise en contexte ─ l’amélioration des rapports entre l’administration et les
­administrés ─, la présentation du sujet ─ rappel de l’idée de médiation ─ et l’annonce du plan.
La conclusion met en valeur l’utilité des interventions du médiateur pour les administrés et pour l’administration.

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Proposition de corrigé de note

Timbre administratif lieu, date

Note pour le Chef de service

Objet :  le Médiateur de la République


Références :  Loi du 3 janvier 1973 modifiée
Loi du 12 avril 2000
Ordonnance du 25 mars 2004
Extrait du rapport d’activité 2004

L’amélioration des relations entre l’administration et les administrés constitue un souci permanent des pouvoirs
publics.
La loi du 3 janvier 1973, modifiée à maintes reprises, a créé l’institution du Médiateur de la République, dont
l’idée essentielle est de recueillir les réclamations des administrés et de tenter d’améliorer les comportements
de l’administration.
Le Médiateur apparaît comme une institution originale par son statut et par ses fonctions.

I. Une institution au statut indépendant


Le Médiateur est une institution personnalisée et indépendante qui n’intervient que lorsqu’elle fait l’objet d’une
saisine.
Le Médiateur est un organisme individuel, dont le titulaire est nommé pour six ans non renouvelables par
décret en Conseil des Ministres. De nombreuses dispositions confortent son indépendance. Ainsi, il n’est peut
être révoqué et son mandat n’est pas renouvelable. D’ailleurs, il est soumis à un régime d’incompatibilités et il
bénéficie d’immunités en raison des opinions émises ou des actes accomplis dans l’exercice de ses fonctions.
De même, le Médiateur n’est pas subordonné à d’autres organismes administratifs. Il ne reçoit d’ordres d’aucune
autorité.
L’institution a une organisation déconcentrée. Ainsi, pour exercer ses tâches, le médiateur est aidé par des
collaborateurs, dont les délégués départementaux qu’il nomme dans chaque département. Ils sont bénévoles,
mais ils peuvent percevoir une indemnité représentative pour leurs frais. Ils sont en mesure de conseiller sur
place les administrés et ils peuvent aussi traiter les affaires que le médiateur leur confie.
Mais pour pouvoir s’acquitter de sa mission, le médiateur doit être adéquatement saisi.
Ainsi, il est saisi de réclamations en provenance des administrés, personnes physiques ou personnes morales ;
sont toutefois exclus les agents publics en litige avec l’administration qui les emploie.

CNED  Méthodologie : Note administrative– 6-B392-TE-00-18  69


Les réclamations concernent des différends existants avec des personnes publiques (État, collectivités locales,
établissements publics) ou organismes chargés d’une mission de service public. Toutefois, le Médiateur ne
peut pas intervenir dans une procédure engagée devant une juridiction, ce qui ne lui interdit pas de tenter de
rechercher, parallèlement à l’instance en cours, une solution amiable du litige.
La saisine doit respecter quelques règles procédurales. D’une part, l’administré doit avoir fait les ­démarches
nécessaires auprès des services intéressés de façon à éviter le risque de saisines inutiles. D’autre part, il ne
peut saisir le médiateur que par l’intermédiaire d’un parlementaire, qui jouera le rôle d’un filtre et ne transmettra
au médiateur que les réclamations qui lui paraissent relever de sa compétence. Depuis 2000, le médiateur
peut être saisi par les médiateurs européen ou étrangers. En 2004, 68 % des saisines du médiateur ont transité
par des parlementaires, mais 98 % des affaires transmises aux délégués départementaux ont fait l’objet d’une
transmission directe par les intéressés.
Les réclamations portent notamment sur des domaines tels que la fiscalité et l’application de la législation
sociale, ainsi que les problèmes de justice et les pensions. En 2004, le Médiateur avait été saisi d’environ
28 672 réclamations, et un nombre similaire de demandes d’information et d’orientation, chiffres en progression
par rapport à l’année précédente ; un cinquième des réclamations avait été traité par les services centraux.
La saisine du Médiateur lui permet d’exercer les fonctions que la loi lui reconnaît.

II. Une institution aux fonctions étendues


Les missions du Médiateur lui permettent d’assurer un contrôle de l’administration en exerçant de larges
pouvoirs.
Le médiateur exerce les deux fonctions que la loi lui reconnaît : une fonction de règlement des différends et
une fonction de proposition.
D’abord, la fonction de règlement des différends comporte l’exercice d’un pouvoir d’instruction et d’un pouvoir
de recommandation. Les plus grandes facilités sont données au médiateur pour instruire les affaires de
sa compétence. Ainsi, les ministres et autres autorités publiques sont tenus d’autoriser leurs subordonnés
à répondre aux questions et convocations du médiateur et les services d’inspection doivent procéder aux
vérifications et enquêtes demandées.
Dans l’exercice du pouvoir de recommandation, le médiateur conseille à l’administration les mesures équitables
qui lui paraissent de nature à régler l’affaire dont il est saisi. Le médiateur peut utiliser des pouvoirs particuliers
propres à renforcer le poids de ses interventions. Ainsi, en cas de carence de l’autorité compétente, il peut
engager à sa place des poursuites disciplinaires contre tout agent fautif et, lorsque l’administration n’exécute
pas un jugement définitif, il peut lui adresser une injonction en lui demandant de s’y conformer. De même
lorsqu’il n’a pas été informé des suites données à ses interventions, il peut faire appel à l’opinion en rendant
publiques ses recommandations.
L’expérience montre que ses interventions s’avèrent assez efficaces. Ainsi, en 2004, plus de 81 % des médiations
tentées par les services du médiateur ont été couronnées de succès. D’ailleurs, le médiateur rédige un rapport
annuel qui fait l’objet de publication et d’une communication devant les deux chambres du parlement.
En outre, le médiateur remplit une fonction de proposition d’une part auprès de l’administration en lui suggérant
des mesures pour améliorer son fonctionnement et d’autre part à l’égard des pouvoirs publics en proposant
des réformes de nature réglementaire ou législative lorsqu’il lui apparaît que l’application des dispositions en
vigueur aboutit à des situations inéquitables. En 2004, le Médiateur a fait 21 nouvelles propositions de réforme.
D’ailleurs, 44 % des nouvelles demandes de réforme émanent directement des citoyens.
L’action du Médiateur contribue à sauvegarder les intérêts des administrés tout en améliorant le fonctionnement
de l’administration.

L’agent

70  CNED  Méthodologie : Note administrative– 6-B392-TE-00-18


 Exemple commenté 
Note de synthèse

Sujet 1
Depuis quelques mois des formes inattendues de revendication apparaissent. Les manifestations prennent
parfois comme objet des lois sur les problèmes de société comme le mariage pour tous, la limitation du droit des
femmes à l’avortement, mais aussi des questions fiscales comme l’écotaxe ou l’accroissement de la pression
fiscale. Ces mouvements disparates déstabilisent le gouvernement qui doit répondre dans un contexte difficile
à une demande qu’il n’est pas facile d’identifier.
Dans une note de synthèse, vous essaierez de comprendre les différentes formes de revendications sociales
dans leurs origines et leurs manifestations, et d’analyser les réponses possibles du gouvernement.

Documents joints
Document 1 
Les nouveaux mouvements sociaux, Le politiste, lundi 31 octobre 2011

Document 2  mmanuel Todd, Les bonnets rouges, une chance pour la France, Samedi 23 Novembre 2013,
E
Marianne propos recueillis par Bertrand Rothé

Document 3 Après le mariage gay, la Manif pour Tous mobilise contre la « familiphobie », AFP 2 février 2014

Document 4  ne manifestation contre l’écotaxe mais aussi pour l’emploi et pour la Bretagne samedi à
U
Quimper, Plein champ, 30/10/13

Document 5  es conflits sociaux prennent des formes de plus en plus diversifiées, Les Échos n° 20123 du
L
4 Mars 2008

Document 6  onflit au travail : de nouvelles formes de résistance, Capucine Cousin pour Lentreprise.com,
C
publié le 24/07/2009

CNED  Méthodologie : Note de synthèse– 6-B392-TE-00-18  71


DOCUMENT 1

Les nouveaux mouvements sociaux


Le politiste │lundi 31 octobre 2011

Les mouvements sociaux désignent d’importantes mobilisations qui réunissent des individus issus de plusieurs
catégories socioprofessionnelles en vue de faire valoir des objectifs communs, voire de contester la légitimité
du régime politique en place. Ils ont recours, le plus souvent, à la manifestation et à la grève, formes de
participation politique non conventionnelles, à visée contestataire. Depuis les années 60, les mouvements
sociaux ont connu une transformation majeure qui a conduit à parler de nouveaux mouvements sociaux
(NMS). Ce changement de l’action collective s’explique en partie par les mutations socio-économiques qui ont
caractérisé les pays industriels avancés. Ainsi, les nouveaux publics contestataires sont majoritairement issus
de la classe moyenne, leurs revendications reposent davantage sur la question identitaire, leur participation
─ dégagée des structures traditionnelles ─ est plus sporadique et circonstanciée, et ils privilégient des modes
d’action innovants et originaux.

1. Depuis la fin des années 60, l’émergence de nouveaux


mouvements sociaux a conduit à un renouvellement des
formes de la mobilisation collective
A.Les mouvements sociaux traditionnels opposent des classes sociales. Ce conflit est théorisé dans Le
Manifeste du Parti communiste (1848) par Karl Marx sous le concept de « lutte des classes » : dans le
capitalisme, il existe une opposition entre les propriétaires des moyens de production et les prolétaires qui n’ont
que leur force de travail. Un mouvement social intervient lorsque la classe dominée prend conscience de sa
domination et décide de mettre fin à son exploitation. Cette conscience de classe nécessite que les dominés
se trouvent placés dans des conditions de travail et d’existence communes. La classe devient ainsi un acteur
doué de volonté et de raison capable de lutter contre l’exploitation capitaliste.
Dans Le 18 Brumaire de Louis Napoléon Bonaparte (1851), Karl Marx montre que « les paysans parcellaires »
n’ont pas pu développer de conscience de classe, car, bien que placés dans des conditions économiques
analogues et possédant des intérêts économiques similaires, ils leur manquaient un lien national ou une
organisation capable de forger une communauté pour agir ensemble. A l’inverse, le prolétariat possédait une
conscience collective du fait des liens de solidarité que les ouvriers entretenaient non seulement du fait de la
division du travail, mais aussi de leur situation de domination à l’égard des capitalistes.
Dans Un nouveau paradigme. Pour comprendre le monde d’aujourd’hui (2005), Alain Touraine explique que la
conscience de classe est moins un effet des crises du capitalisme, qu’une conscience du conflit entre employeurs
et salariés pour l’appropriation de la richesse créée par la production. Elle a été la plus forte chez les ouvriers
qualifiés, dont le métier était brisé par l’introduction des méthodes d’organisation scientifique du travail (l’OST :
taylorisme, puis fordisme) dont la grève des usines Renault, en 1913, apparaît comme symptomatique. Dans ce
type de conflit, il existe deux enjeux : un enjeu économique et un enjeu de classe. Or ce qui caractérise surtout
les mouvements sociaux traditionnels, c’est moins l’enjeu économique que l’enjeu de conflit de classes tel
qu’il se rencontre dans le travail quotidien.

B.Apparus au cours des années 60, les nouveaux mouvements sociaux (NMS) n’ont pas pour principe
la transformation des rapports économiques. Ces NMS agissent au nom d’idéologies nouvelles telles que
l’écologie, le féminisme, le pacifisme, la défense des droits de l’homme, le régionalisme, etc. Parallèlement,
certains groupes luttent pour se voir reconnaître certains droits tels que les homosexuels ou les femmes, etc.
Ils sont fondés sur l’autonomie, la liberté et la responsabilité individuelle, l’égalité des droits, la solidarité ou

72  CNED  Méthodologie : Note de synthèse– 6-B392-TE-00-18


la participation collective. Ils s’opposent à la logique impersonnelle du profit et de la concurrence, ainsi qu’à
l’ordre établi. Ils entretiennent également une méfiance envers les partis politiques, les syndicats et les formes
institutionnalisées de revendication politique.
Ces nouvelles luttes sont caractérisées par leur éclatement : chaque groupe défend un projet unique et non
plus des projets globaux tels que ceux défendus par les partis. C’est « la fin des grands récits » théorisée
par le philosophe Jean-François Lyotard dans La Condition postmoderne : rapport sur le savoir (1979). Le
passage de la modernité à « la postmodernité » se caractérise par une incrédulité à l’égard de la pensée des
Lumières qui faisait de l’histoire de l’humanité un long chemin vers l’émancipation. Dans l’esprit moderne, la
science, la politique et les arts se mesurent à leur contribution au progrès. La postmodernité, selon Lyotard,
c’est le constat de l’éclatement de ce récit. À l’âge postmoderne, chaque domaine de compétence est séparé
des autres et possède un critère qui lui est propre. Il n’y a aucune raison que le « vrai » du discours scientifique
soit compatible avec le « juste » visé par la politique ou le « beau » de la pratique artistique. Chacun doit
donc se résoudre à vivre dans des sociétés fragmentées où coexistent plusieurs codes sociaux et moraux
mutuellement incompatibles.
L’émergence des NMS met également fin à un compromis historique entre la sphère économique et la sphère
sociale tel que le symbolisait l’État-providence. De la fin des années 40 au début des années 60, un consensus
régnait sur l’alliance d’un fonctionnement libéral de l’économie et d’une protection sociale des salariés dans le
but d’assurer à la fois la croissance économique et l’augmentation du pouvoir d’achat. Par conséquent, l’impératif
de croissance économique justifiait une certaine division des tâches entre d’un côté, les partis politiques, qui
s’occupaient de la conquête du pouvoir et de l’autre, les syndicats, qui se souciaient de défendre les intérêts
sociaux. Les NMS font éclater cette division des tâches en se plaçant en dehors du système politique. Ils
organisent de nouvelles formes de protestation (sit-in, occupation de locaux, grèves de la faim), mettant en
avant leur caractère ludique ou expressive (gay pride). Ils contestent la centralisation et la représentativité qui
est le propre des sociétés démocratiques occidentales et privilégient des procédures participatives (assemblée
générale, contrôle des dirigeants).

2. A travers ces nouveaux mouvements sociaux se joue un


changement social profond ouvrant un nouveau registre
de mobilisation à l’action collective
A.Dans La Révolution silencieuse (1977), Ronald Inglehart souligne que les sociétés occidentales sont
marquées par des revendications de plus en plus qualitatives de la part de leur population. La satisfaction des
besoins matériels de base accomplie, les citoyens cherchent à améliorer leur autonomie, leur qualité de vie
et leur participation à la vie politique. Les attentes essentiellement matérialistes deviennent progressivement
post- matérialistes, c’est-à-dire plus qualitative et davantage fondée sur les aspirations individuelles. En
s’appuyant sur une étude comparative des systèmes d’attitudes et de hiérarchies de valeur dans six pays
d’Europe occidentale, Inglehart constate ainsi la montée de ce type de valeurs, notamment à partir des premières
générations du baby-boom.
Dans Production de la société (1973), Alain Touraine insiste sur « l’historicité » des mouvements sociaux.
Selon lui, toute société est caractérisée par un système d’action historique, c’est-à-dire un mode de production
particulier. Or à chaque type de société correspond un mouvement social particulier :
• dans la société industrielle : le mouvement ouvrier s’articule sur l’opposition capital/travail ;
• dans la société postindustrielle : le pouvoir appartient aux détenteurs du savoir et de l’information qui
gèrent les appareils de production et d’information dominants. Il qualifie aussi cette société de « société
programmée ». La lutte s’y fait entre ces appareils et les usagers.

Pour Alain Touraine, la société programmée est un système de plus en plus apte à centraliser les données de
toute nature sur les individus. Elle accroît les possibilités de maîtrise et de contrôle du développement social
qui sont l’objet de luttes entre les acteurs, parce qu’aussi enjeux de pouvoir.
Son approche se distingue fortement de celle de la théorie de la mobilisation des ressources. Pour lui, les
mouvements sociaux ne sont pas les simples supports de revendications matérielles ressemblant tous à des
groupes de pression. Il faut prendre en compte aussi les contenus idéologiques, les dimensions de solidarités et

CNED  Méthodologie : Note de synthèse– 6-B392-TE-00-18  73


d’hostilité à l’égard de l’adversaire, c’est-à-dire réintroduire une certaine dimension subjective. Tout mouvement
doit donc s’analyser à partir de trois questions :
• qui est l’acteur de classe ?
• quel est son adversaire de classe ?
• quel est l’enjeu de la lutte ?

La méthode de l’intervention sociologique, utilisée par Touraine, consiste ensuite à entrer en contact direct
avec les acteurs de classe afin de les obliger à expliciter le sens de leur action, en les confrontant, tour à
tour, à leur adversaire et à l’analyse des sociologues. Ce double processus doit ainsi permettre au groupe de
s’auto-analyser, ce qui lui permet de prendre conscience de lui-même et favorise la construction d’une analyse
sociologique.

B.Il faut toutefois faire preuve d’un certain sens critique dans l’analyse de la nouveauté, afin de ne pas se
laisser fasciner par l’objet étudié. Les valeurs morales auxquelles adhèrent les militants des NMS sont aussi
celles des Lumières (autonomie individuelle, égalité, solidarité, participation). En outre, il est fort possible
d’analyser la revendication de la journée de 8 heures, initiée par le mouvement ouvrier au début du XXe siècle,
comme une revendication post-matérialiste. Et les occupations d’usine ou les marches de chômeurs dans les
années 30 montrent que les NMS n’ont pas le monopole de l’innovation tactique sur le plan de la mobilisation
collective.
Il faut ajouter que certains NMS connaissent une institutionnalisation marquée. Greenpeace, par exemple,
organisation issue du mouvement écologiste, s’est dotée d’un bureau central situé aux Pays-Bas et dirigé par
un personnel qualifié. Les enjeux défendus ont aussi pu aboutir à la création de ministères spécialisée (condition
féminine, environnement, consommation).
Enfin, dans Stratégies de la rue (1996), Olivier Fillieule établit que les mobilisations matérialistes (avec pour
enjeux les salaires, l’emploi ou le social) restent la composante dominante de l’activité manifestante.
Ce qui est nouveau, en revanche, c’est le profil sociologique des militants. Le noyau mobilisé des NMS
sont des individus issus des nouvelles classes moyennes. Ils sont caractérisés par un niveau d’éducation
élevé, bénéficient d’une certaine sécurité économique, notamment parce qu’ils occupent un emploi dans le
service public (enseignement, santé, travail social, administration). Contrairement au mouvement ouvrier, ils ne
revendiquent pas une conscience de classe (ce qui peut apparaître comme une limite à l’analyse tourainienne
qui ressemble à la recherche, jamais aboutie, du Mouvement Social capable de remplacer le mouvement ouvrier
à l’époque de la société programmée).
Autour de ce noyau gravite plusieurs catégories sociales, au gré des mobilisations. Ce sont parfois des paysans,
petits commerçants, artisans dont les intérêts économiques peuvent coïncider avec ceux des NMS. Ces alliances
conjoncturelles sont fréquentes dans le cadre de mobilisations NIMBY (Not in my garden = pas de ça chez
moi), lors de mobilisations locales contre le nucléaire par exemple. On trouve aussi des individus dont la situation
sociale n’est pas définie et dont l’autonomie individuelle est faible (étudiants, femmes au foyer, retraités, jeunes
sans emploi). Quant aux ouvriers et aux employés, ils restent au contraire peu mobilisés.
Ces groupes ont en commun de ne pas vouloir passer par le système politique et ses institutions traditionnelles
(partis politiques, syndicats). Ils remettent en cause à la fois les notions de représentativité et de bureaucratisation
qui sont synonymes de pesanteurs et de dévoiement de la volonté collective. Cependant, ils ne rejettent pas
toujours toute stratégie instrumentale et peuvent s’allier à des élites modernisatrices afin de peser dans les
réformes sociales ou politiques (environnement, avortement, etc.). Il reste que ce rejet de l’inscription dans le
système politique rend les NMS assez éphémères : les mouvements se font et se défont sans s’inscrire dans
la durée.
Enfin, dans L’invenzione del presente (1986), Alberto Melluci souligne l’ambiguïté modernisatrice des NMS.
Deux facteurs expliquent à la fois leur réussite et leur disparition :
• L’attaque aux secteurs archaïques des institutions sociales (prisons, avortement, etc.) ;
• L’accent mis sur la question des identités a abouti à la création de marchés propres à valoriser ces
nouveaux enjeux : argumentaire « vert » des marques, accent sur la tradition ou sur le commerce
équitable.

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DOCUMENT 2

Emmanuel Todd :
« Les bonnets rouges,
une chance pour la France »
Marianne propos recueillis par Bertrand Rothé │ 23 Novembre 2013

Marianne : Il y a un an avec Hervé Le Bras vous avez publié « le Mystère


français », une analyse approfondie de la situation de la France.
Ce travail soulignait les particularités de la Bretagne. A ce moment-là,
pouvait-on imaginer que cette dernière se révolterait ?
Emmanuel Todd : Dans notre livre, la Bretagne est très présente pour des raisons rationnelles et irrationnelles.
Elle occupe incontestablement une place particulière en France. Ses systèmes familiaux sont très divers,
ses performances scolaires sont étonnantes. C’est désormais la région la plus à gauche, un bastion du Parti
socialiste, le PS y ayant migré de ses terres du Nord et du Sud. Du côté sentimental, à des degrés divers,
Hervé Le Bras et moi-même avons des origines bretonnes et passons beaucoup de temps là-bas.
La Bretagne offre un exemple extrême mais caractéristique de basculement dans la révolte d’une région que les
commentateurs percevaient comme prospère, de gauche, européiste et stable. Notre livre a été trop rapidement
analysé comme une radiographie de la France qui va bien, en opposition à celle qui va mal. Les régions qui
allaient bien, selon cette lecture, étaient les anciens bastions catholiques, ou de « catholicisme zombie ». La
pratique religieuse catholique, forte jusque vers 1960, y a tardivement disparu mais a laissé subsister une
forte aptitude à la coopération ─ des communes, des groupes professionnels, par exemple ─, bref une forte
intégration locale. Le reflux récent de la religion y a surtout libéré un dynamisme spécifique. Depuis la réforme
protestante, et encore plus depuis la Révolution de 1789, le catholicisme était arc-bouté contre la modernité.
Sa disparition a libéré une énergie positive. Aujourd’hui, les régions « catholiques zombies » ont de meilleurs
résultats éducatifs, des taux de chômage plus faibles, une meilleure résistance à la crise économique. Mais
ce que le Mystère français suggérait, c’est seulement que les régions catholiques zombies allaient moins mal
que les régions de vieille laïcité, pas qu’elles allaient bien. La crise touche tout le monde, le vide du pouvoir
est visible partout.

Mais la révolte ?
E.T. : Nous y arrivons. Cette région lancée sur les rails de l’européisme est aujourd’hui touchée de plein fouet
par la logique européenne du jeu sur le coût du travail, sous contrainte de l’euro. Et nous constatons que son
dynamisme culturel donne à cette région la force de la révolte. Les historiens savent bien que les révolutions
sortent du progrès, pas de la régression. La tradition d’entraide et de solidarité héritée du catholicisme contribue
à l’efficacité de la protestation. A cela vient s’ajouter un autre élément de cohésion : la Bretagne est une région
où l’immigration ne compte pas. Il suffit de feuilleter l’annuaire du Finistère pour s’apercevoir que les noms y
sont massivement bretons. Ces milieux populaires ne sont pas divisés par l’immigration. Cette société politique
n’est pas désorganisée par le Front national, insignifiant régionalement. Ce que montre paradoxalement la
révolte bretonne, c’est à quel point le FN, parce qu’il divise les Français, est une aide au système, fait partie
du système. Quand le FN n’existe pas, la société a la cohésion nécessaire à la révolte.

CNED  Méthodologie : Note de synthèse– 6-B392-TE-00-18  75


On peut donc conclure que, parce que la Bretagne est « à la pointe de
la modernité » (Jacques Julliard, Marianne, n° 864 du 9 novembre 2013),
elle est à la pointe de la révolte ?
E.T. : Oui, c’est assez bien résumé, mais attention, il faut se méfier de toute caricature. La Bretagne est aussi
une France en miniature. C’est une région très diverse. La partie du Finistère la plus concernée n’est pas
n’importe quelle Bretagne. C’est une région catholique certes, mais où ont toujours existé des poches de
gauche importantes.

Dont des poches communistes...


E.T. : Oui, une poche de communisme rural, centrée sur la partie ouest des Côtes-d’Armor mais qui atteignait
l’intérieur du Finistère autour de Carhaix. Et, faut-il le rappeler, le PC a une tradition plus nationale centraliste
que le PS régionalisant. Le pays bigouden, au sud-ouest de Quimper, a un fond républicain. Et tout cela ne date
pas d’hier : dans son Tableau politique de la France de l’Ouest sous la IIIe République (1913), André Siegfried
soulignait le potentiel républicain de la Bretagne. Il montrait que le département du Finistère était, par la présence
de la marine nationale à Brest, directement relié à Paris. L’interprétation de la révolte en termes d’autonomisme
breton, malgré l’omniprésence du gwenn ha du, le drapeau blanc et noir breton, est absurde. La réalité profonde
du mouvement n’est pas dans Christian Troadec, maire bretonnant de Carhaix, mais dans le fond rouge de sa
région qui ne relève effectivement pas d’un type socialiste banal. L’identité bretonne combine, sans contradiction,
fidélité à la Bretagne et loyauté envers la France.

On reproche aussi à cette révolte de ne pas être très cohérente...


E.T. : C’est incontestable, les revendications sont floues. Mais comment cette révolte pourrait-elle être cohérente
puisque l’idéologie au pouvoir elle-même n’est plus cohérente, en cette période crépusculaire d’échec de
l’euro, dans une province qui croit à l’Europe ? De toute façon, une révolution n’est jamais cohérente dès le
départ. Toutes les oppositions s’expriment et les forces dominantes n’apparaissent que par étapes. Je propose
un début de clarification conceptuelle : on pourrait dire que la Bretagne des producteurs, ouvriers et patrons,
affronte le Paris des prédateurs, les banques et l’État, banques et État étant désormais contrôlés par les mêmes
inspecteurs des finances.

Qu’est-ce que vous répondez à ceux qui attendaient plutôt une révolte
des banlieues ?
E.T. : Je répondrai qu’il y a déjà eu une révolte des banlieues, en 2005, qui relevait d’une même logique :
l’abandon de régions entières par les élites et les groupes nationalement dominants. La révolte des banlieues
a d’ailleurs aussi démarré, autour de Paris, dans une région où le Front national ne compte plus, cette fois-ci
parce qu’il y avait déjà eu tant d’immigrés que la question de l’immigration était dépassée. Ça se confirme : la
faiblesse du FN permet la révolte. Le FN sert le statu quo : Marine Le Pen et l’UMPS, même combat.

Comment expliquer la phrase de Mélenchon : « À Quimper, les esclaves


manifesteront pour les droits de leurs maîtres » ?
E.T. : Mélenchon s’est démasqué. Il montre son appartenance aux élites parisiennes et son mépris du peuple.
Certes, la stupéfaction est la même partout, spécialement à gauche. La CFDT nationale a développé un
hallucinant discours antipatrons bretons, assez amusant quand on se souvient de la façon dont la CFDT a
aidé Hollande et le patronat à rendre plus « flexible » le marché du travail. Mais au moins peut-on voir dans
l’hostilité de la CFDT à la révolte sociale une trace du catholicisme de la CFTC, avec son respect de l’autorité,
sa préférence pour la collaboration des classes. « Merci, notre maître »...

76  CNED  Méthodologie : Note de synthèse– 6-B392-TE-00-18


Le cas Mélenchon, lui, ne correspond à rien de connu. Cet homme se gargarise du mot « révolution » mais traite
des révoltés porteurs de bonnets rouges d’« esclaves », il est insensible à la symbolique du rouge et du bonnet
dans un contexte français et non seulement breton. Il semble d’ailleurs dépourvu d’une culture révolutionnaire
minimale : les révolutions naissent toujours dans l’ambiguïté. La Révolution française a commencé par une
révolte des parlements au nom d’une idéologie qui n’avait rien de progressiste. Quant à son discours anticlérical,
c’est l’élément stable de sa doctrine, puisqu’il rejette aussi la révolte tibétaine au nom de l’anticléricalisme...
Loin d’être un révolutionnaire, Mélenchon est un petit-bourgeois radical-socialiste qui n’aime pas le désordre.
Avec lui, la gauche de la gauche est vraiment mal barrée.

Le groupe Les Économistes atterrés ont aussi condamné cette révolte


« archaïque » qui « refuse les contrôles et les taxes »...
E.T. : La condamnation est ici différente : ils refusent le rejet de l’impôt. Ils ont raison de se méfier. Durant
les trente dernières années, le rejet de la fiscalité a été une revendication constante de la droite ultralibérale,
c’est aujourd’hui celle du Tea Party américain, la droite extrême du Parti républicain. Il faut bien sûr sauver la
protection sociale et donc son financement par l’impôt. Reste que bien des révolutions commencent par une
crise fiscale et un rejet de l’impôt injuste. En 1789, l’exemption fiscale de la noblesse et du clergé a mené à la
banqueroute et à la convocation des états généraux. On connaît la suite. La révolution anglaise a commencé
parce que Charles Ier a dû convoquer le Parlement pour obtenir les impôts nécessaires à la répression d’une
révolte écossaise. Tiens, l’Écosse, avant la Bretagne, un véritable festival interceltique...
Mais nous entrons dans une période nouvelle. Il faut voir à quoi servent les prélèvements obligatoires. Au
financement de l’État social et des nécessaires biens communs, bien sûr. Mais l’impôt, de plus en plus, permet
aussi de servir les intérêts d’une dette publique qui n’est plus légitime. Le prélèvement fiscal sert désormais
aussi à donner de l’argent à des gens qui en ont déjà trop. Nous sommes confrontés à une ambivalence de
l’impôt, à une ambivalence de l’État, serviteur à la fois de l’intérêt collectif et d’intérêts privés, d’intérêts de classe,
diraient les marxistes. Il faut clarifier la situation, nous ne couperons pas à un débat sur la légitimité de l’impôt.
Deuxième problème de légitimité de l’impôt, l’Europe. Dans un cadre strictement national, le vote du budget
par les députés légitime l’impôt, sans discussion possible. Mais le transfert à Francfort du pouvoir de création
monétaire dépossède en pratique les députés de leur contrôle du budget. Les instances bruxelloises, aujourd’hui
sous contrôle idéologique allemand, exigent un contrôle de ce budget. L’impôt est de ce fait délégitimé au sens
où la théorie de la démocratie représentative conçoit la légitimité. Il y a là un vaste champ de réflexion pour la
philosophie politique. Mais, honnêtement, le bon sens immédiat nous permet de voir que cette écotaxe, dont le
prélèvement doit être assuré par le secteur privé après une négociation douteuse, n’a rien à voir avec l’impôt
légitime et noble de l’État social.

Quelles sont les évolutions possibles de cette révolte ?


E.T. : Après la révolte des banlieues, la révolte bretonne marque une étape dans la dislocation du système social
et politique français. Il me semble que nous avons franchi un seuil parce que la capacité des classes dirigeantes
françaises à protéger leur peuple n’est plus du tout évidente. C’est l’effet de la crise qui dure depuis 2008
et de la montée en puissance de l’Allemagne à l’intérieur du système européen. Dans les déclenchements
révolutionnaires, il y a souvent, avec l’impôt, la question nationale, dimension révélée en creux par la présence
du drapeau breton. Une classe dirigeante est en danger si elle apparaît internationalement ridicule. La Grande
Jacquerie trouve son origine dans l’incapacité des chevaliers français à faire face aux archers anglais, la
révolution russe ne peut s’expliquer sans la défaite face aux armées allemandes.
Nous ne sommes pas loin de cette situation en France. Nous vivons une déroute industrielle et nos dirigeants
n’en finissent pas de se ridiculiser sur la scène internationale. Moscovici accepte sur Chypre un accord qu’il
ne comprend pas, Fabius tente de nous entraîner dans une guerre syrienne pour finir éjecté par les Russes
de la négociation. Quant à Hollande, il semble moins président de la République française que vice-chancelier
du système allemand. Aucun pouvoir ne peut survivre dans la durée à l’appauvrissement économique et à
l’humiliation nationale. Les commentateurs français ont du mal à comprendre pourquoi Angela Merkel est
si populaire dans une population allemande qui ne profite pas des succès allemands à l’exportation. Tout
simplement parce que l’Allemagne vit le contraire d’une humiliation nationale : la gratification nationale d’être
redevenue dominante en Europe et de voir les autres obéir.

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Mais la Bretagne là-dedans ?
E.T. : La révolte bretonne est une chance pour la France... Une révolte dans la grande région socialiste et
européiste, au cœur du conformisme qui paralyse la France ! Le véritable enjeu maintenant est idéologique.
Si les Bretons s’aperçoivent que l’Europe est leur problème, que leurs vrais concurrents sont les Roumains
et les Allemands qui importent ceux-là à 5 € l’heure, le système idéologique explose, et là, tout est ouvert...
Les classes dirigeantes françaises ne peuvent plus défendre l’euro, il est liquidé et la France, toutes énergies
libérées, revient dans l’histoire.

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DOCUMENT 3

Après le mariage gay, la Manif pour Tous


mobilise contre la « familiphobie »
AFP 2 février 2014

Les défenseurs d’une vision traditionnelle de la famille, opposés à ce qu’ils considèrent comme la « familiphobie  »
du gouvernement, ont prouvé dimanche leur capacité à mobiliser avec d’importants cortèges à Paris et à Lyon,
sans aucun incident.
Dans la capitale, 80 000 personnes ont manifesté selon la police, 500 000 selon La Manif pour Tous (LMPT), qui
a évoqué « une vague bleue et rose ». A Lyon, ils étaient 20 000 selon la police, le double pour les organisateurs.
A Paris, une foule dense, sous un soleil radieux. De nombreuses familles se mêlent à des jeunes filles en
Marianne, bonnet phrygien sur la tête, des enfants en Gavroche, une poignée d’élus et à quelques prêtres
comme Philippe Blin, curé à Sèvres (Hauts-de-Seine), qui « sent un acharnement contre les familles ».
Beaucoup arborent le nom de leur département ou ville d’origine, reprenant les slogans « Hollande ta loi, on
n’en veut pas ! » ou « Peillon démission! », au milieu de quelques drapeaux tricolores.
Pour Ludovine de la Rochère, présidente de LMPT, son mouvement s’inscrit dans une « continuité », plus d’un
an après les manifestations contre le mariage homosexuel.
Quelques plaisantins anti-LMPT se sont faufilés dans son dos, alors qu’elle donnait une interview télévisée,
plaçant dans le champ de la caméra des pancartes : « Sous les pavés: la bible » ou « Protégeons nos enfants
des sorcières : brûlons les rousses », selon des journalistes de l’AFP.
Venue de Saumur avec six membres de sa famille, Françoise, qui ne veut donner que son prénom, « a fait trois
manifs l’année dernière » et promet de revenir « tant qu’il faudra ». Pour Said Ahmet, père de famille algérien de
Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis), c’est la « première manif de (sa) vie ». La polémique de la semaine
sur une supposée « théorie du genre » enseignée à l’école l’a décidé à descendre dans la rue.

Ministres hués
Dix-huit personnes ont été interpellées pour « risques de troubles à l’ordre public », dont plusieurs membres
du mouvement étudiant d’extrême droite GUD et de la droite identitaire. Deux d’entre eux ont été placés en
garde à vue, l’un pour avoir agressé un journaliste et cassé sa caméra et l’autre pour jets de projectile, outrage
et rébellion, selon la préfecture de police qui n’a relevé aucun autre incident.
Manuel Valls avait prévenu qu’il ne tolérerait « aucun débordement ». Les organisateurs soulignaient, eux, l’état
d’esprit « paisible et déterminé » des manifestants. Environ 2 000 membres des forces de l’ordre ont encadré
le cortège, survolé par un hélicoptère.
Place Denfert-Rochereau, les organisateurs ont fait huer les ministres Vincent Peillon (Éducation) et
Najat Vallaud- Belkacem (Droits des femmes).
Harlem Désir, premier secrétaire du PS, a dénoncé « les manipulations et les mensonges sur lesquels une frange
réactionnaire essaie de cimenter une opposition à la politique du gouvernement, avec le soutien irresponsable »
d’élus UMP.
Le député UMP Henri Guaino, présent dans le cortège parisien, a estimé au contraire que la majorité « cherche
à attiser toutes les divisions, à réveiller les plus vieilles fractures de la société française ».

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A Lyon, quelques élus dont le député Hervé Mariton (UMP) ont été rejoints par l’archevêque Philippe Barbarin
et le recteur de la Grande Mosquée de Lyon, Kamel Kabtane. « On a un témoignage à donner. On a un + Non
+ à dire tout simple, tout clair, tout fort », a déclaré Mgr Barbarin.
L’une des revendications de la Manif pour tous est le retrait de l’ABCD de l’égalité, expérimentation mise en
place à l’école pour lutter contre les stéréotypes filles/garçons. Elle dénonce aussi l’ouverture redoutée de la
procréation médicalement assistée (PMA) aux lesbiennes et la gestation pour autrui (GPA), ainsi que le futur
projet de loi sur la famille qui ne prévoit pourtant ni PMA ni GPA.
La Manif pour tous « a mobilisé sur de la désinformation », a estimé la ministre déléguée à la Famille,
Dominique Bertinotti, sur France Info. Ce sont des « combats imaginaires », a jugé la ministre des Droits des
femmes, Najat Vallaud-Belkacem, sur i-Télé.
Le 26 mai, la Manif pour Tous avait mobilisé à Paris 150 000 personnes selon la police, un million selon les
organisateurs, contre le mariage homosexuel.

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DOCUMENT 4

Une manifestation contre l’écotaxe


mais aussi pour l’emploi et pour la Bretagne
samedi à Quimper
Plein champ │ 30/10/13

Malgré la décision du gouvernement de suspendre l’écotaxe, agriculteurs, marins, transporteurs, artisans,


commerçants, salariés des entreprises en difficultés sont attendus pour une manifestation samedi à Quimper,
point d’orgue d’une mobilisation contre l’écotaxe, mais aussi pour l’emploi et pour la Bretagne.
Une semaine après la manifestation aux pieds du portique écotaxe de Pont-de-Buis (Finistère), qui a dégénéré
en violents affrontements entre manifestants et forces de l’ordre, incitant le gouvernement à suspendre la
mesure qui a cristallisé la colère en Bretagne, les appels au calme se sont succédé.
« On veut éviter les débordements, il faut que les choses se déroulent dans le calme et la dignité », a déclaré
Christian Troadec, maire (DVG) de Carhaix (Finistère), à l’origine du collectif « Vivre, décider, travailler en
Bretagne » qui a lancé l’appel à la manifestation.
Dans un rare communiqué commun, l’archevêque de Rennes, Pierre d’Ornellas, et les trois évêques de la
région ont exhorté tous ceux qui connaissent « de graves difficultés et ressentent la colère, le désespoir ou la
tentation de la violence », à « ne pas céder à cette tentation ».
Des sources proches des autorités tablaient initialement sur la présence d’environ 10 000 personnes, une foule
hétéroclite venant de tous les horizons ─ patrons, salariés licenciés, agriculteurs... coiffés comme la semaine
dernière de bonnets rouges, symbole de la révolution antifiscale en Bretagne au XVIIe siècle.
Toutefois, la décision de suspendre l’écotaxe a satisfait un certain nombre d’acteurs économiques, dont le
« Collectif des acteurs économiques de la Bretagne », qui affirme représenter 150 000 entreprises.
Pour la Fédération Nationale des Transports Routiers (FNTR), la suspension de la taxe poids lourds est aussi
une « bonne nouvelle ». La FNSEA, premier syndicat agricole, s’est aussi félicitée de cette décision.

« Tsunami social »
Reste que ces sentiments sont loin d’être partagés unanimement en Bretagne. Pour le collectif « Vivre, décider,
travailler en Bretagne », seule est acceptable la suppression définitive de cette taxe, surnommée la « nouvelle
gabelle » par ses détracteurs bretons. Prenant le contrepied de la fédération nationale, la FRSEA de Bretagne
partage cette revendication et a appelé à manifester samedi.
« Produit en Bretagne », la plus importante association française gérant une marque collective de territoire et
qui réunit plus de 300 entreprises, réclame elle aussi la suppression de la taxe. Et elle a appelé mercredi les
100 000 salariés de ces entreprises à participer à la manifestation.
« On a des appels de partout », confie M. Troadec. « On sait qu’il y a des bus qui vont venir des Côtes d’Armor,
du Morbihan... Des mairies du nord-Finistère vont fermer plus tôt pour permettre à leurs agents d’aller à
Quimper », dit-il, sans s’avancer sur la participation.
L’écotaxe, qui devait prendre effet le 1er janvier, arrive en outre au moment où la région traverse une crise et
« un tsunami social », analyse Christian Troadec. « C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase », renchérit
Jacques Jaouen, président de la Chambre d’agriculture de Bretagne, qui sera présent à Quimper.

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Depuis plusieurs mois, la liste des fermetures de sites, de
restructurations, de licenciements, dans l’agroalimentaire et l’industrie,
ne cesse de s’allonger
Chez le volailler Doux, les abattoirs de porcs Gad SAS, PSA, le leader mondial du saumon fumé Marine
Harvest, ou encore Alcatel, la Bretagne « a perdu 8 000 emplois en un an dans les domaines industriels et
agroalimentaires », des chiffres « tragiques », assure le maire de Carhaix.
« Il y a aujourd’hui une colère bretonne », reconnaissait récemment le conseiller officieux du chef de l’État et
maire de Quimper, Bernard Poignant, pour qui « tous les Bretons se sentent concernés » par la crise, question
de « réflexes péninsulaires ».
C’est pourquoi le rassemblement de samedi sera aussi placé sous le thème de la « Bretagne », a indiqué
M. Troadec, militant quant à lui pour la régionalisation, la seule voie capable à ses yeux de répondre aux enjeux
politiques et économiques, de libérer les énergies, la création, face à la mondialisation.
« Cette manifestation sera le cri des gens qui veulent vivre et voir vivre leur territoire », résume Jacques Jaouen.

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DOCUMENT 5

Les conflits sociaux prennent des formes


de plus en plus diversifiées
Les Echos, n° 20123 │ 04 Mars 2008

Les blocages de Miko, de l’usine Kléber de Michelin ou du site sidérurgique de Gandrange chez Arcelor Mittal
prouvent que la mobilisation syndicale reste forte face à une menace de restructuration, notamment dans le
secteur industriel. Les récents mouvements de protestation relatifs aux salaires dans le secteur privé sont plus
nouveaux, notamment dans un groupe comme L’Oréal, peu habitué à ce genre de conflit, même si le nombre
de salariés en grève s’est limité à 5 % le 18 février dernier. Mais si le recours à la grève s’est plusieurs fois
illustré ces dernières semaines, il ne doit pas faire oublier qu’il n’est qu’un des vecteurs de la conflictualité. Le
plus visible, mais pas forcément le plus difficile à affronter pour les DRH.
Le conflit de Toray Plastics Europe, dans le département de l’Ain, est par exemple passé quasiment inaperçu
le mois dernier. Pas de paralysie de l’entreprise ni d’arrêt de l’activité. Dans cette usine de fabrication de films
plastiques qui a adopté une organisation du travail en 5 × 8, une partie des salariés, motivés par l’obtention d’une
prime, avaient choisi de débrayer systématiquement à chaque changement d’équipe. Après trois semaines de
protestation, ces intermittents de la grève ont obtenu gain de cause. Chez Alcatel-Lucent, le plan de suppressions
d’emplois dévoilé par la direction a été à l’origine d’une fièvre permanente. Entre février 2007 et février 2008, à
l’exception de la période estivale, le groupe n’a pas connu une semaine sans un débrayage, un rassemblement,
une manifestation, une rencontre entre des représentants du personnel et des politiques, ou l’organisation d’un
barrage filtrant sur les routes. « Nous avons même envisagé une grève à la japonaise : continuer le travail mais
en portant un brassard avec la mention en grève », précise Hervé Lassalle, délégué CFDT.
Pourtant, qu’il s’agisse de Toray ou d’Alcatel-Lucent, ces conflits ne seront pas pris en compte par les statistiques
du ministère du Travail, qui se focalisent sur des cessations totales du travail, c’est-à-dire les grèves au sens
juridique. Résultat, au cours des trente dernières années, le nombre de journées individuelles non travaillées
a fortement baissé dans les entreprises privées, alimentant l’idée d’un déclin permanent de la conflictualité.
« Ce constat est faux, affirme le sociologue Jean-Michel Denis, les formes de protestation se sont diversifiées.
La conflictualité du travail ne faiblit pas, elle connaît même un regain ». Une étude du ministère du Travail
prend le contre-pied de ses propres statistiques. Dans cette enquête, dite « Réponse », qui croise les points
de vue des représentants de la direction de 2 900 établissements de plus de 20 salariés et ceux des élus du
personnel et des salariés, 30 % des directions d’établissement ont déclaré avoir connu un conflit collectif entre
2002 et 2004, contre 21 % entre 1996 et 1998. Autre enseignement, les salariés privilégient de plus en plus le
débrayage, c’est-à-dire des arrêts inférieurs à la journée.

Déplacés sur le terrain juridique


Ce sont surtout les actions collectives sans arrêt de travail qui ont contribué à la hausse globale de la
conflictualité : grève du zèle, grève perlée, manifestation et, surtout, pétition ou refus d’effectuer des heures
supplémentaires. « La grève n’est plus le principal mode d’expression d’un conflit collectif, qui s’est notamment
déplacé sur le terrain juridique », explique Hélène Grignon-Boulon, DRH de la Lyonnaise des Eaux. En 2007,
trois syndicats de HP ont déposé 900 dossiers aux prud’hommes pour réclamer le rétablissement d’une prime
collective. Une analyse partagée par Mourad Rhabi, secrétaire général de la fédération CGT du textile : « Il
est devenu de plus en plus difficile pour un syndicaliste de lancer ses troupes dans une grève au-delà d’une
journée. Nous voyons au contraire se développer des formes très soft, parfois très festives et, à l’opposé, des
blocages traduisant un désespoir des salariés qui les amène à des actions radicales ».

CNED  Méthodologie : Note de synthèse– 6-B392-TE-00-18  83


Des conflits courts, plus ciblés : pour expliquer cette mutation, les directions pointent les changements de
comportement des salariés qui auraient intériorisé la précarité économique de l’entreprise. « Dans un contexte
de compétition internationale, les organisations syndicales savent bien que les marges de manoeuvre sont
faibles. Une grève prolongée pénaliserait l’activité de l’entreprise et s’avérerait être contre-productive », souligne
Frédéric Agenet, directeur des relations sociales d’EADS. Incertaine dans son issue, la mobilisation est aussi
financièrement pénalisante. « Avec les problèmes actuels de pouvoir d’achat, le débrayage répété nous a
permis de faire grève mais à moindre coût pour les ouvriers », indique Pascal Chazel, délégué CGT de l’usine
Toray Plastics Europe.
Autre explication : les formes de travail contemporaines créent de nouvelles contraintes. « Lorsqu’on travaille
en mode projet, les tâches s’accumulent mais ne s’annulent pas, détaille Franck Pramotton, délégué syndical
d’Oracle. Après une grève qui dure, il faut rattraper le temps perdu, ce qui peut être dissuasif ». Les syndicats
de cette société informatique ont déployé une stratégie de guérilla visant à interpeller régulièrement leurs
dirigeants, soit lors de réunions, ou par des messages répétés sur les hot-lines d’alerte éthique pour, par
exemple, signaler les écarts de rémunération entre hommes et femmes. Les registres d’action sont aussi variés
chez IBM. Opposés à un projet d’externalisation, les représentants syndicaux ont menacé d’appliquer à la lettre
les règles de sécurité, ce qui ralentirait significativement l’activité. « C’est plus efficace que bloquer le travail,
souligne Jean-Michel Daire, représentant CFDT, car dans une multinationale de services informatiques, toute
activité peut en quelques heures être transférée vers un autre pays ».

Les blogs, vitrine imparable


Pour exister, un conflit doit bénéficier de l’attention médiatique et les nouvelles technologies d’information et
de communication ont offert une vitrine imparable. Ils s’appellent « Blogofnac », « délocalisation savoyarde »,
« Amen en grève », « On redoute La Redoute », « SFR en colère » : tous ces blogs ont été créés par des
salariés ou des syndicats à l’occasion d’un conflit. Chroniques régulières, comptes rendus de réunions de comité
d’entreprise, photos, vidéos de manifestations ou de rassemblements, forums de discussion. Ces carnets de
bord permettent aux salariés d’externaliser le conflit, appelant même parfois les consommateurs à soutenir leur
mouvement. « Chaque information de l’entreprise était aussitôt commentée ou démentie par le blog. Face à
cette bataille amplifiée par ce média, notre mode de communication était traditionnel et insuffisamment réactif »,
admet Stéphane Roussel, DRH de SFR. L’entreprise n’a pas tardé à tirer les leçons de ces événements et vient
d’ouvrir au sein de son intranet un blog où tous les salariés sont invités à s’exprimer sur tout sujet.
Au plus fort de la crise liée à la restructuration d’Airbus, la rapidité de circulation de l’information via les
messageries électroniques a pris de court la direction. « Le temps d’un week-end, une information avait fait
le tour des messageries personnelles, raconte Frédéric Agenet, et alors que nous pensions avoir apaisé la
situation, le lundi matin, la pression était montée d’un cran ».
Mais le conflit que redoutent avant tout les DRH aujourd’hui est celui qui ne s’exprime pas collectivement.
« La baisse des journées de grève que nous observons dans nos entreprises n’est certainement pas la
traduction d’une absence de difficultés. La résistance est individuelle et je suis aujourd’hui beaucoup plus
inquiet par le désengagement, la lassitude des salariés et leur doute dans l’évolution de l’entreprise », souligne
Philippe Decressac, DRH de la FNAC. « Le vrai danger serait d’être confronté à un mécontentement larvé, plus
difficile à analyser et à gérer », note Hélène Grignon-Boulon.

D’autres indices d’insatisfaction


La contestation s’organise aussi sous le manteau. A EDF, un tract signé CGT Consulting Group, visiblement
très bien informé et remettant en cause la stratégie de la direction, a fait le tour des bureaux. D’autres indices
d’insatisfaction sont apparus qui ne sont pas forcément comptabilisés : refus de mobilité, droit de retrait,
syndrome du « not paid for that »... Les coups de gueule trouvent leur expression dans des dégradations, des
vols répétés de matériel, des tags vengeurs dans les ascenseurs. « Un seuil plus critique peut être franchi,
notamment lorsque des salariés retournent l’agressivité contre eux-mêmes », avertit Henri Vacquin, expert en
relations sociales. « L’ensemble de ces signaux ne peuvent être ignorés car ils traduisent un conflit collectif
qui ne dit pas son nom, analyse Gérard Taponat, consultant en relations sociales. Après s’être positionnés
comme des « business partners », les responsables RH ont négligé leur rôle d’écoute sociale. Il est temps de
réhumaniser l’entreprise ». Face à cette protestation individuelle et larvée, les DRH se sentent désarmés, au

84  CNED  Méthodologie : Note de synthèse– 6-B392-TE-00-18


point de regretter la grève traditionnelle. « C’est un moyen de régulation des rapports sociaux qui est codifié. Son
déroulement, son dénouement, chaque acteur en connaît les règles et tient son rôle, explique Philippe Decressac
de la FNAC. Les autres types de conflits, beaucoup plus insaisissables, peuvent s’avérer plus dangereux ».
Plus dangereux ou pas, les DRH doivent aujourd’hui faire face aux deux.

CNED  Méthodologie : Note de synthèse– 6-B392-TE-00-18  85


DOCUMENT 6

Conflit au travail :
de nouvelles formes de résistance
Capucine Cousin pour LEntreprise.com │publié le 24/07/2009

Débrayage, absentéisme, pétitions, grèves perlées, ouverture de blogs, voire séquestration de leur patron...
De nouvelles formes de conflits et de revendications apparaissent chez les salariés. De nouveaux indicateurs
de tensions sociales.
Jeudi 12 mars au soir : les salariés du site Sony de Pontoux-sur-l’Adour (Landes), qui fermera le 17 avril, ont
séquestré leur PDG, Serge Foucher, et leur DRH. « Il ne veut pas nous entendre (?). On n’a plus grand-chose
à perdre, puisqu’on a déjà perdu notre emploi », argumentait le délégué syndical CGT, Patrick Hachaguer.
Le 13 mars au matin, le PDG de Sony France est délivré sans encombre. Il n’empêche, cette forme de conflit
social poussé à l’extrême était encore impensable il y a quelques années.
Ces dernières semaines, face aux plans de restructuration et aux fermetures d’usines, la riposte des salariés a
évolué, s’est radicalisée. Une manière, aussi, d’interpeller les médias. Avec notamment des menaces d’explosions
chez Nortel ou New Fabris, avec des bonbonnes de gaz disposées devant les usines, des destructions de
machines chez SKF, une grève illimitée chez Molex...
Manifestations du mal-être patent des salariés, plusieurs formes de contestations sociales apparaissent, avec
souvent une mise à l’écart des syndicats. Et constituent de nouveaux indicateurs pour les chefs d’entreprise.
Pour comprendre ce qui se passe dans la tête de leurs salariés. Plus encore avec la crise, et les plans de
licenciements massifs, ou de chômage partiel.
Déjà les enquêtes Réponse et Acemo de l’Insee observent la remontée des conflits depuis une quinzaine
d’années, et une évolution des modalités d’action utilisées par les salariés, notamment une montée des situations
conflictuelles sans arrêts de travail. D’après ces enquêtes, cela passe par exemple par le débrayage ? un mode
de conflit d’une durée inférieure à une journée, qui échappe donc au comptage par les inspecteurs du travail.
8 % des établissements de plus de 50 salariés ont connu ce type de mouvement dans les années 2002-2004,
contre 10 % au début des années 90. Ces débrayages peuvent prendre la forme d’un arrêt de travail d’une
demi-heure le matin, qui ralentissent nettement la production.
Autre forme de revendication, le refus des heures supplémentaires, apparue dans certaines usines. Ces études
reflètent aussi un certain passage du conflit collectif au conflit individuel, qui se manifeste par la montée du
recours aux prud’hommes et par une augmentation de l’absentéisme. Le recours aux pétitions est également
en hausse ? des pétitions dont l’efficacité renforcée par leur médiatisation, et le souci des entreprises de
maîtriser leur image.
Parfois, des collectifs se greffent aux salariés grévistes, et coordonnent de nouvelles formes d’actions sociales.
Durant plusieurs semaines, une vingtaine de vendeurs à domicile ont occupé les locaux du câblo-opérateur
Numéricable, pour dénoncer le licenciement d’une dizaine d’entre eux et un nouveau mode de calcul de leur
rémunération. Avec le soutien d’un collectif d’extrême gauche, « Les désobéissants » : initialement spécialisé
dans l’occupation de sites nucléaires, il apporte aux salariés frondeurs de Numéricable une vingtaine de
bénévoles, et une logistique pour diffuser articles et vidéos sur Internet, contacts auprès des médias, gestion
de l’occupation des locaux ?
Si le conflit a été dénoué en février, avec un médiateur (et trois licenciements à la clé), l’intervention d’un
mouvement altermondialiste dans les affaires internes d’une entreprise a constitué une première. Au grand
dam des syndicats, mis sur la touche.

86  CNED  Méthodologie : Note de synthèse– 6-B392-TE-00-18


Ces derniers mois, d’autres formes de revendications sociales, sans étiquette syndicale, plus pédagogiques
et « visuelles ». Comme des blogs collectifs de salariés, plus aucunement étiquetés par des syndicats). Des
journalistes et dessinateurs relaient aussi les conflits sociaux à travers des bandes dessinées engagées (notre
article). Dans un autre genre, au Québec, des journalistes et employés en chômage forcé du Journal de Montréal
ont ouvert leur propre site d’informations. Le propriétaire du journal québécois ayant déclaré le 24 janvier un
lock-out, cette procédure par laquelle un patron peut empêcher ses salariés de travailler en riposte à leurs
revendications.

CNED  Méthodologie : Note de synthèse– 6-B392-TE-00-18  87


Corrigé proposé du sujet 1

Compréhension du sujet

Thème de la note
Les nouvelles formes de conflits sociaux se manifestent d’abord en dehors des partis et des syndicats qui
traditionnellement incarnent les revendications sociales et poussent le système à se réformer. L’émergence de
ces nouveaux conflits déborde les questions économiques, mais elle prend appui sur elles.
Souvent très politisés, ces nouveaux mouvements sociaux n’ont pas pour autant une légitimité très sûre en
dehors de l’action, et surtout ils visent à décrédibiliser les formes de pouvoir établi.
La question qui se pose est de savoir si de tels mouvements servent seulement à canaliser les mécontentements
de toute nature, ou si au contraire ils peuvent déboucher sur des formes renouvelées d’exercice du pouvoir.

Objet demandé
Le dossier proposé aux candidats comporte seulement 6 documents. On y trouver aussi bien des textes qui
décrivent ces nouveaux mouvements sociaux, qui essaient d’en évaluer l’importance, et les formes, et aussi
des textes plus théoriques qui essaient d’offrir de nouvelles grilles de lecture pour les appréhender.
Bien entendu, il faut arriver à articuler les types de document, ou encore il faut arriver à recadrer les faits et la
réalité empirique de ces mouvements avec des formes interprétatives.
Par exemple la question pertinente à poser en ce qui concerne la problématique est la suivante : ces nouveaux
mouvements sociaux rendent-ils caduques les anciennes formes de contestation ? Sont-ils apparus parce que
la société a changé et qu’il faut bien s’adapter à ses nouvelles formes ? Ou au contraire ne sont-ils pas qu’un
phénomène passager dans le repli des luttes sociales traditionnelles parce que dans les périodes de crise, il
est toujours plus difficile de rendre cohérentes des revendications sociales ?

Un parcours rapide des documents va permettre de retenir les idées générales qui seront
développées et les faits saillants sur lesquels elles s’articulent.
Les éléments empiriques ne doivent pas être repris simplement comme une paraphrase
des textes présentés, mais ils doivent servir à argumenter une idée, à en démontrer le
bien fondé. Leur date de publication indique également comment la problématique de
la gouvernance peut avoir évolué dans le temps.
Cette approche doit permettre de repérer les documents les plus intéressants, ceux
qui ont un intérêt factuel, ou un intérêt théorique, mais également il faudra trouver le
bon ordre de lecture en quelque sorte de façon à ne pas perdre de temps avec des
détails qui ne rentreront pas dans l’ébauche de la problématique. Si chaque document
n’a pas la même valeur, ni la même longueur, il faut d’abord avoir une idée claire de la
problématique qui y est développée.

88  CNED  Méthodologie : Note de synthèse– 6-B392-TE-00-18


Exploitation des documents

Document 1
Les nouveaux mouvements sociaux, Le politiste, lundi 31 octobre 2011

▌Ce document explique que les NMS (Nouveaux Mouvements Sociaux) sont apparus dans les années soixante.
Si le mouvement social a pour principe de mobiliser un grand nombre d’individus pour influer sur le cours de
la vie politique et sociale, les NMS ont cette originalité d’être assez indépendants des partis et des syndicats
qui revendiquent une transformation de l’économie.
Les NMS sont souvent éclatés, mettent souvent en avant l’importance des individus par rapport à une collectivité
oppressante et insistent sur des points particuliers de la vie sociale, notamment sur la question des droits garantis
par les gouvernements. On note aussi que la manière dont ils émergent, à la périphérie des formes politiques
traditionnelles, amène en même temps une contestation du fonctionnement des démocraties.

Document 2
Emmanuel Todd, Les bonnets rouges, une chance pour la France, Samedi 23 Novembre 2013, Marianne
propos recueillis par Bertrand Rothé

▌La Bretagne a joué un rôle important dans les derniers mouvements contre l’écotaxe et plus généralement
contre les impôts. Todd explique pourquoi : cette région doit une partie de son dynamisme au développement
du projet européen, mais celui-ci s’essoufflant, la Bretagne connaît de graves difficultés qui font que les
petits patrons et leurs salariés se retrouvent unis contre l’État centralisateur. D’autres éléments spécifiques
apparaissent, comme une certaine homogénéité ethnique qui fait que le mouvement est moins divisé. Mais
pour Todd, cette révolte contre l’impôt est aussi une révolte contre l’Europe qui n’a pas les moyens de rendre
l’impôt légitime. Même si les revendications de ce mouvement sont très floues, il pourrait devenir le fer de lance
d’une rébellion contre l’Europe.

Document 3
Après le mariage gay, la Manif pour Tous mobilise contre la « familiphobie », AFP 2 février 2014

▌Le 2 février 2014 a eu lieu dans toute la France une manifestation dont le mot d’ordre principal était de défendre
la famille traditionnelle contre les transformations que le gouvernement voudrait imposer. Sont visés ici aussi
bien le mariage pour tous, que les orientations de l’éducation nationale qui voudrait remplacer la distinction
entre les sexes par une théorie du genre.
Ces manifestations ont eu un grand succès et ont déjà obligé le gouvernement à geler la réforme de la loi sur
la famille. Ce rassemblement très marqué à droite a réuni la droite et l’extrême droite dans une sorte de front
commun. Au-delà de la réalité des intentions du gouvernement, ce qui compte c’est que les manifestants mettent
en avant le fait que dans un monde en crise, la famille traditionnelle est le seul élément stable qui peut encore
servir de point d’appui à une reconstruction sociale.

CNED  Méthodologie : Note de synthèse– 6-B392-TE-00-18  89


Document 4
Une manifestation contre l’écotaxe mais aussi pour l’emploi et pour la Bretagne samedi à Quimper, Plein
champ, 30/10/13

▌Cet article décrit la mobilisation du mouvement des « Bonnets rouges » en Bretagne. Là encore le mouvement
a fait reculer le gouvernement sur l’Ecotaxe. Mais plus généralement, l’importance de ce mouvement est corrélé
directement au grand nombre de plans sociaux qui ravagent ces derniers temps cette région. Ce mouvement
renforce l’identité d’un territoire qui revendique non pas une indépendance par rapport au reste de la nation,
mais plutôt la possibilité de continuer de vivre et de travailler au pays.

Document 5
Les conflits sociaux prennent des formes de plus en plus diversifiées, Les Échos n° 20123 du 4 Mars 2008

▌Les conflits du travail changent aussi de forme. Les syndicats sont plus faibles qu’auparavant. La crise est
là, il s’ensuit que les salariés choisissent des modes de protestation différentes : par exemple, le débrayage
plutôt que la grève. Mais en même temps, le désespoir aidant, les salariés ont de plus en plus recours à des
actions de blocage de sites. Ces types d’action violente, parfois difficile à contrôler de la part des syndicats, sont
souvent entrepris sur des sites industriels en perdition, comme dans le cas d’Arcelor Mittal. Parmi les nouvelles
manières de lutter, les salariés commencent à intégrer des nouvelles formes de médiatisation, notamment en
utilisant les réseaux sociaux, en ouvrant des blogs sur Internet.

Document 6
Conflit au travail : de nouvelles formes de résistance, Capucine Cousin pour Lentreprise.com, publié le 24/07/2009

▌L’Insee observe une augmentation des conflits du travail depuis la crise de 2008. Mais cela se passe d’une
manière plus larvée, les débrayages, et encore un recours de plus en plus important qu’auparavant aux
prudhommes. Si les débrayages ralentissent la production et pèsent sur les résultats de l’entreprise, d’autres
actions sauvages, souvent entreprises avec l’aide d’acteurs extérieurs à l’entreprise et par-dessus la tête des
syndicats, viennent donner une nouvelle orientation aux conflits du travail.

Construction du devoir
Après avoir terminé la lecture du dossier, nous devons procéder à l’identification des idées forces qui l’animent.
À mon sens il y en a deux principales :
ff D’abord le fait que ces nouveaux mouvements sociaux se mettent en place en dehors des syndicats et des
partis, et donc que quelque part ils renouvellent la vie politique ;
ff Ensuite le fait que malgré les difficultés de tout ordre, ces nouveaux mouvements sociaux arrivent à avoir
une influence certaine sur la réalité économique et sociale.

90  CNED  Méthodologie : Note de synthèse– 6-B392-TE-00-18


Problématique et construction du plan
La problématique d’ensemble de la note est présenté dans une courte introduction qui cerne le sujet et qui
annonce également le plan. Celui-ci doit comporter deux parties et deux sous-parties. Leur articulation doit être
logique et progressive. C’est-à-dire que chaque point particulier doit représenter une unité, une idée sur laquelle
il ne faut pas revenir. La conclusion doit être comme une ouverture sur des mesures pratiques à définir, ou un
prolongement d’analyse. La problématique doit être claire et définie à partir d’une analyse causale.
Par exemple on peut se poser la question suivante : pourquoi de nouveaux mouvements sociaux émergent ?
J’attire votre attention sur le fait qu’il est bon de présenter chacune des deux parties avec une courte introduction
de quelques lignes qui résument le contenu.
Également il faut soigner l’introduction. Celle-ci doit être suffisamment longue pour que le correcteur voit tout
de suite si vous avez compris le sujet et où vous allez en venir.

Introduction

I. La diversité des Nouveaux Mouvements Sociaux


A. Débats de société
B. Les nouvelles formes des conflits du travail

II. L’efficacité des NMS


A. La transformation politique
B. L’incidence sur la vie de l’entreprise

Conclusion

Nous proposons un plan et un corrigé, sachant qu’il y en a plusieurs qui peuvent être avancés, les uns privilégiant
les modalités juridiques et politiques de l’évolution des écarts de salaire entre les genres, les autres focalisant
plus leur attention sur la diversité des causes présentées.

CNED  Méthodologie : Note de synthèse– 6-B392-TE-00-18  91


Proposition de corrigé du sujet 1

Les Nouveaux Mouvements Sociaux sont des formes de contestation de la vie politique ou économique qui
sont apparus dans les années soixante. Ils présentent une double particularité, d’abord ils existent en dehors
des structures ordinaires de la vie politique et économique, ils débordent les syndicats et les partis ; ensuite, ils
dépassent les enjeux strictement économiques qui dans l’ancien schéma opposaient le patronat aux syndicats.
Très volatiles, ces mouvements arrivent à mobiliser des populations importantes sur des sujets de société,
notamment en ce qui concerne la famille et son évolution. Cependant, ils se nourrissent aussi de la crise
économique. Le mouvement contre l’écotaxe a pour toile de fond une Bretagne en crise. Dans le monde de
l’entreprise, ces mouvements ont transformé aussi les conflits du travail, en intégrant de nouveaux acteurs,
des bénévoles extérieurs, mais aussi en innovant dans les formes de conflit.
Ces mouvements, même s’ils sont éphémères et spontanés, arrivent cependant à peser sur la vie sociale et
économique (I). Par leur puissance, ils arrivent à faire reculer partiellement le gouvernement sur les lois sur
la famille, voire à obliger les chefs d’entreprise à accorder des avantages que les syndicats n’avaient pas su
obtenir (II).

I. La diversité des Nouveaux Mouvements Sociaux


En France on a surtout été marqué par les mouvements spectaculaires de l’automne dernier (A), la manif
pour tous, mais aussi la contestation de l’écotaxe. Cependant pour importants que soient ces mouvements, ils
masquent d’autres formes à l’intérieur de l’entreprise et qui concernent les conflits du travail (B).

A. Débats de société
Dans une société en crise, où l’impopularité du Président de la République a atteint des records, les débats de
société apparaissent difficiles et crispés. Dans l’année 2013, ils se sont focalisé sur le mariage pour tous, une
loi destiné à contourner les restrictions du mariage à des personnes de sexe opposé. Cette loi sur le mariage
pour tous à d’ailleurs vu des manifestations pour et contre très fournies. Mais la loi est passée. Ensuite ceux
qui craignent pour les formes traditionnelles de la famille se sont à nouveau mobilisés en janvier et février 2014,
craignant que cette fois le gouvernement autorise la Procréation Médicalement Assistée. Mais la contestation
s’est élargie à la question de l’enseignement, et la prétendue évolution de celui-ci vers la théorie du genre. Ces
manifestations de nouveaux nombreuses ont également été marquées par la volonté de rendre le président
François Hollande illégitime, lui demandant de démissionner.
Ce mouvement très à droite, a été rejoint par les manifestants bretons qui en voulaient à l’écotaxe. Celle-ci
était accusée de tuer les entreprises et l’emploi. Ce qui a généré une nouvelle forme d’alliance entre le petit
patronat et les salariés. Ici encore les syndicats n’ont pas été à l’origine de la manœuvre, et ils ont eu beaucoup
de mal à se positionner. Et cela d’autant plus que la Bretagne, où les manifestations étaient les plus vives, a
commencé à poser une question plus large que celle de l’écotaxe – système fiscal mal calibré et surtout livré à
des intérêts privés – est-il encore possible de travailler et de vivre dans sa région d’origine ? On voit que dans
ce cas la question économique est complétée d’une interrogation sur les formes de la vie sociale.

92  CNED  Méthodologie : Note de synthèse– 6-B392-TE-00-18


B. Les nouvelles formes des conflits du travail
Le fait que les syndicats aient de moins en moins d’adhérents, les difficultés économiques que l’on connaît
depuis quelques années, ne veut pas dire pour autant que les conflits du travail aient disparu. Au contraire ils
semblent être en augmentation, mais ils vont prendre de nouvelles formes. Il y a d’abord le fait que dans les
cas de fermeture de sites industriels importants, ils prennent une allure violente, avec des séquestrations de
la direction ou le blocage des sites, un peu comme si on doutait des possibilités de négocier sérieusement.
Mais dans les entreprises qui ne sont pas vouées à disparaître, d’autres formes de conflit apparaissent. Les
motivations sont nombreuses, le durcissement des conditions de travail au nom de la nécessaire compétitivité,
la stagnation, voire la baisse des salaires en période de crise. Mais comme les syndicats hésitent à s’engager
dans la lutte, et que les grèves sont coûteuses pour les salariés, de nouvelles techniques de pression sur
les directions apparaissent. Ce sera par exemple le débrayage, c’est-à-dire un arrêt de travail inférieur à la
journée et qui n’est pas compté comme un jour de grève. Ou encore une forme de sabotage. La grève perlée
ou tournante est également une arme utilisée, moins coûteuse pour le salarié, elle n’en est pas moins efficace.
Bref tous ces moyens qui vont ralentir la production et qui peuvent finir par coûter cher à l’entreprise, mais ils
existent en dehors de la logique des syndicats qui préfèrent construire le rapport de force en n’émiettant pas
l’action et en y impliquant l’ensemble du personnel.

II. L’efficacité des NMS


De par leur côté éphémère, à première vue les NMS paraissent peu efficace. En réalité il n’en est rien. Ils arrivent
aussi bien à transformer la réalité politique (A), qu’à agir sur le devenir des entreprises (B). Ce qui semble
paradoxal, car le pouvoir politique, comme le pouvoir dans l’entreprise pourrait attendre que ces mouvements
assez peu structurés se dissolvent par eux-mêmes.

A. La transformation politique
Le mouvement contre l’écotaxe, et ensuite la « Manif pour tous » ont réussi à faire reculer le gouvernement.
L’écotaxe a été ajournée, et la loi sur la famille a été déprogrammée. Certes le gouvernement n’avait pas
reculé sur la loi instaurant le mariage pour tous, mais aujourd’hui, sur la défensive, alors que des échéances
électorales importantes approchent, il a dû admettre la profondeur du malaise sociétal et réviser son calendrier
politique. Cette transformation politique n’a été cependant possible que parce que la situation économique est
mauvaise et que les résultats en matière d’emploi ne sont pas bons. C’est donc l’articulation entre le social et
l’économique qui donne cette possibilité de transformation.
Rien ne dit cependant que ce mouvement soit durable. Déjà des dissensions importantes sont apparues, entre
une droite catholique et traditionnelle, et une extrême-droite radicale qui vise à l’affrontement. Comme on le voit
ce qui a fait le succès de la manif pour tous et de la lutte contre l’écotaxe, c’est l’éclectisme des manifestants,
et c’est ce qui en fait forcément sa limite. D’ailleurs les porte-paroles de ces mouvements sont changeants.
Si un moment la « manif pour tous » avait envisagé de présenter des candidats aux municipales qui arrivent
pour marquer son autonomie, elle y a renoncé. Cependant en continuant à harceler le gouvernement sur le
prétendu enseignement de la théorie du genre, elle entend poursuivre le mouvement et faire plier le ministre
de l’éducation nationale.

B. L’incidence sur la vie de l’entreprise


Les entreprises constatent qu’elles doivent s’adapter à ces nouvelles formes de contestation, regrettant sans
doute le dialogue avec les syndicats qui avait au moins l’avantage de poser clairement les bases d’un dialogue.
Aujourd’hui elles doivent faire face à une contestation mouvante. Non seulement celle-ci s’appuie de plus en
plus souvent sur des modes d’intervention nouveaux, par exemple avec la possibilité de mobiliser rapidement
via les réseaux sociaux sur Internet, mais aussi sur des groupes extérieurs à l’entreprise qui élargissent le plus
souvent le conflit.

CNED  Méthodologie : Note de synthèse– 6-B392-TE-00-18  93


Bien entendu le résultat du conflit est toujours issu du rapport de forces en présence : si l’entreprise perd trop
d’argent, elle cédera, si elle est adossée à un grand groupe, elle pourra passer au-dessus du conflit, voire
même dans certains cas, fermer carrément l’entreprise.
Certaines revendications sont satisfaites, par exemple dans le cas de refus de faire des heures supplémentaires,
ou des augmentations de salaires lorsque les résultats de l’entreprise sont bons. D’autres dans le cas des
délocalisations déjà programmées, comme ce fut le cas pour Arcelor Mittal, ne le sont pas. Cette impuissance
peut agir également sur la démotivation des salariés qui peuvent aller jusqu’à casser l’outil de travail.
Il semble que ce qui fait la spécificité des NMS, c’est d’une part la difficulté des corps traditionnels (syndicats et
partis) à répondre aux attentes très diverses des populations, mais d’autre part aussi le fait que la vie sociale
et économique a beaucoup changée. Elle se trouve de plus en plus mobile et exposée à tout un chacun. La
difficulté, pour les corps institués, c’est bien entendu de tenir compte de ces mouvements et de le recadrer
pour qu’ils puissent s’exprimer pleinement.

94  CNED  Méthodologie : Note de synthèse– 6-B392-TE-00-18


 Exemple commenté 
Note de synthèse

Sujet 2
Quotidiennement la presse relate les violences qui se font jour dans les banlieues, dans les RER. Si ces
nouvelles formes de violence peuvent être reliées à la crise économique et à la montée du chômage, elles
pointent aussi l’échec des politiques de la ville qui ont été mises en place depuis près de trente ans par les
gouvernements qui se sont succédé. Dans une note de synthèse vous vous efforcerez d’évaluer les mesures
qui ont été prises, et en même temps vous essaierez de tracer les contours d’une politique nouvelle de la ville.

Documents joints
Document 1 « La Politique de la Ville en quête de réforme », Cyprien Avenel, le 7 mai 2013

Document 2 « Politique de la ville : 20 milliards pour les quartiers », Les Echos, Laurence Albert, 22/04/13

Document 3 « Qu’est-ce que la politique de la ville ? », 24/10/2011, http://www.ville.gouv.fr/

Document 4  Politique de la ville : une géographie prioritaire resserrée, un rôle-pilote pour les intercos »,
«
H. Jouanneau, 31/01/2013
http://www.lagazettedescommunes.com/

Document 5  Politique de la ville : bilan et (absence de) perspectives », Renaud Epstein, Publié dans
«
Regards croisés sur l’économie, n° 9, mai 2011, pages 203-211

Document 6 « La politique de la ville, c’est quoi ? », http://www.agglo-seine-eure.fr/

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DOCUMENT 1

« La Politique de la Ville en quête de réforme »


Cyprien Avenel, le 7 mai 2013

La Politique de la Ville se voit une fois de plus réformée. Inventée pour transformer l’action publique et
cibler les quartiers les plus défavorisés, cette politique ne parviendrait pas à transformer les conditions
de vie des habitants. Mais doit-on pour autant parler d’échec ?

La question des quartiers réputés « sensibles » est constituée depuis plus de trente ans comme un problème
social et politique, parce que ces quartiers manifestent la concentration des phénomènes de l’exclusion et
l’archétype du mal de vivre des grands ensembles. Le durcissement des processus ségrégatifs dans les villes
ainsi que le développement des émeutes urbaines, parmi d’autres violences diverses, produisent dans les
représentations collectives une image de ghetto. La société française s’est finalement fabriquée une catégorie
générique des problèmes sociaux, s’imposant à tous : les « quartiers ».
[…] On observe ainsi la convergence d’un ensemble de travaux sociologiques autour d’une approche spatiale
des problèmes sociaux et des modes de vie, une approche qui conduit à envisager les questions sociales sous
l’angle de la territorialisation, de la ségrégation, et des violences. Cette approche a contribué à promouvoir une
intervention ciblée et volontariste des pouvoirs publics. Le principe d’une « Politique de la Ville » s’est finalement
imposé ; celle-ci émerge symboliquement à partir du contexte des premières violences urbaines de l’été 1981,
dans certains quartiers de l’agglomération lyonnaise. Des premières réponses pragmatiques, pour faire face à
cette situation de crise, à la mise en place de quelques dispositifs expérimentaux, la Politique de la Ville s’est
de plus en plus institutionnalisée, comme en témoigne la création d’une Délégation interministérielle à la Ville
en 1988, puis d’un ministère de la Ville en 1991 ; et de façon concomitante, sur le plan local, l’apparition d’un
service « Politique de la Ville » dans les organigrammes municipaux.
En même temps, cette nouvelle politique donne lieu à un objet d’étude spécialisé et alimente un champ
d’expertise, le plus souvent intégré dans le financement administratif. Contrairement aux « beaux quartiers »,
les quartiers pauvres font l’objet de nombreuses subventions (pour des études et des évaluations). Ainsi la
perception par les pouvoirs publics d’une territorialisation des problèmes sociaux s’est accompagnée d’une
territorialisation des politiques.
Au cours du temps, la Politique de la Ville se voit assignée deux grandes finalités, par-delà la modification des
programmes, des ressources et des organisations. La première s’inscrit dans la modernisation des services
publics. Il s’agit d’aller vers plus de proximité, de coordonner de façon optimale l’action publique, d’agir localement
et de façon transversale avec l’ensemble des acteurs concernés. L’application de cette politique implique une
mobilisation accrue des collectivités locales et de nouveaux rapports avec l’État. La deuxième orientation
consiste à cibler des populations spécifiques, spatialement définies, par-delà les logiques catégorielles des
politiques sociales classiques. En effet, c’est par le biais du « quartier », et moins en fonction de caractéristiques
d’« ayant-droit » de la protection sociale, que l’on vise les plus défavorisés, sur la base d’une « discrimination
positive territoriale » – un terme ambigu –, encourageant le passage d’une logique d’égalité à une logique
d’équité.
À l’heure où se prépare une « nouvelle étape » de la Politique de la Ville, cet article propose un parcours
rétrospectif de cette politique afin d’identifier les enjeux stratégiques de la réforme et les conditions de possibilité
de sa réussite. Cette réforme repose sur l’engagement de cinq priorités : la révision de la géographie prioritaire,
avec une concentration des crédits spécifiques sur un nombre plus restreint de quartiers (de 2500 actuellement
à 1000) ; la mobilisation du « droit commun renforcé » avec une politique contractuelle rénovée et une exigence
de solidarité territoriale et de péréquation plus juste et cohérente ; l’achèvement du programme de rénovation
urbaine ; l’association des habitants aux décisions et aux projets dans un objectif de co-construction ; et enfin
la lutte contre les discriminations. […]

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L’échec de la Politique de la Ville ?
Contrairement à une opinion courante, la plupart des quartiers concernés ne sont pas abandonnés et il importe
au contraire de souligner la forte présence des institutions publiques et privées. Ainsi, les politiques sociales
et la redistribution monétaire fournissent aux familles et à leurs enfants une part importante, parfois exclusive,
de leurs revenus. Plus généralement, la vie collective est régulièrement enchâssée dans des programmes
de rénovation urbaine, elle est encadrée par des « zones d’éducation prioritaire », par le travail social et des
dispositifs variés de prévention de la délinquance, des mesures d’insertion professionnelle, par de l’animation
sociale et culturelle, etc. Il serait donc trompeur, et même faux, de parler des « oubliés de la France » comme
on a pu parler des « oubliés de l’Amérique ». L’existence d’une tradition républicaine et interventionniste interdit,
à la différence des États-Unis, l’apparition d’une underclass privée de droits sociaux et politiques. En France,
entre la population (« people ») et le territoire (« place »), il y a les institutions, ce qui change tout.
Concernant la Politique de la Ville, il est toutefois de bon ton d’en relever régulièrement les échecs. Un trait
caractéristique de la Politique de la Ville est qu’elle véhicule sans cesse sa propre remise en cause tout en
étant régulièrement reconduite, depuis trente ans, d’un gouvernement à l’autre. Le premier résultat est donc
que cette politique existe. Très active, plus que nécessaire et utile, elle révèle cependant des limites, les
évaluations successives aboutissant à un constat très mitigé. En résumé, la Politique de la Ville ne parviendrait
pas fondamentalement à agir sur les causes de la ségrégation urbaine, mais on estime généralement que, sans
son application, la situation aurait été bien pire. En fait, la Politique de la Ville engendrerait un renouvellement des
méthodes de l’action publique mais ses effets sur les populations directement concernées seraient incertains. La
« remise à niveau » tant recherchée est sans doute bien plus celle des politiques que des quartiers proprement
dits. Pour autant, on ne peut manquer de relever le statut paradoxal d’une Politique de la Ville poursuivant des
objectifs démesurés avec des moyens plus que limités (0,36 % du budget de l’État).
Les divers rapports de l’Observatoire national des zones urbaines sensibles (ONZUS) montrent ainsi un
creusement des écarts avec les autres quartiers, notamment en termes d’emploi, de revenus ou de mixité
sociale. Les actions initiées par l’État, les communes, les départements, les organismes de protection sociale,
se sont multipliées, sans réussir à provoquer un effet levier sur les politiques de droit commun, ni à favoriser
la participation active de la population. Tel est le constat qui s’impose dans nombre de quartiers : alors que
jamais les intervenants locaux n’ont été aussi présents, une large partie des populations concernées éprouve un
sentiment d’abandon. Malgré un foisonnement d’initiatives, les politiques publiques achoppent sur le problème
de l’emploi et apparaissent souvent opaques. Elles sont moins vécues comme pourvoyeuses d’un tremplin
citoyen que comme aménageant l’exclusion, ce que rappellent régulièrement les émeutes urbaines.
Il s’est donc développé un vrai malentendu entre la société française et les habitants des quartiers. D’un côté,
ceux qui n’y vivent pas ont l’impression d’une dépense publique illimitée et sans retour sur investissement.
De l’autre, les habitants des quartiers se sentent le plus souvent stigmatisés et abandonnés (« on ne fait rien
pour nous »). Doit-on pour autant parler d’un « échec » de la Politique de la Ville ? Il s’agirait là, selon nous,
d’un contresens. D’abord, la Politique de la Ville comporte de nombreuses réalisations, qui sont loin d’être
négligeables. Ainsi, les « zones urbaines sensibles » sont en moyenne mieux équipées que les autres quartiers,
en certains équipements publics, bien que moins bien dotées en services marchands. Elles n’apparaissent pas
comme des territoires sous-équipés . L’intervention sur le cadre bâti n’a donc pas été vaine
Un des acquis de la Politique de la Ville est par ailleurs l’apparition dans les quartiers de nouveaux métiers,
comme les chefs de projets, le sous-préfet « ville », mais aussi les agents d’insertion, les chargés de mission,
les agents de développement local. Ces acteurs ont pour particularité d’initier la concertation afin de mettre
en œuvre l’aspect contractuel des relations entre l’État, la ville et les habitants. La médiation comme activité
de réparation du lien social devient également un moyen de régulation privilégié par la Politique de la Ville.
Il faut ajouter que l’idée d’échec est aveugle à la grande diversité des situations locales. Or, on peut observer
une amélioration réelle des situations dans certains lieux, tandis que d’autres subissent une dégradation. La
ségrégation urbaine n’est donc pas une fatalité. Au contraire, la réponse locale, avec l’appui de l’État, fait la
différence. Elle acquiert même une certaine consistance propre, par-delà les modèles d’intégration nationaux. En
effet, il existe des différences sensibles en ce qui concerne la gestion et le traitement des émeutes à l’intérieur
même de chaque pays, malgré l’existence de modèles nationaux d’intégration. Une étude très précise montre
ainsi que Lille et Roubaix, pourtant géographiquement proches, sont très éloignées dans leur façon de gérer
la démocratie locale, notamment la participation des populations issues de l’immigration. À certains égards,
Roubaix est sur ce dernier plan plus proche de Birmingham en Angleterre, alors que les modèles nationaux
sont différents.

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Enfin, le diagnostic d’échec est prisonnier d’une représentation en trompe l’œil du fonctionnement des quartiers.
Le territoire est de fait un lieu où les individus circulent. Le taux de mobilité résidentielle des habitants dans
ces quartiers est grosso modo le même que celui des agglomérations où ils sont insérés. Or, cette mobilité
résidentielle de la population des zones urbaines sensibles engendre des effets négatifs sur le territoire.
Les travaux de l’Observatoire national des zones urbaines sensibles montrent qu’en jouant « positivement »
sur la population par la mobilité engendrée, la Politique de la Ville joue négativement sur le territoire, par le
renforcement de la concentration spatiale de la pauvreté ; car ne restent que ceux qui ne trouvent pas de place
ailleurs. Les statistiques produisent donc une illusion d’optique : entre deux photographies du territoire, ce ne
sont plus les mêmes gens qui y habitent. Les trajectoires des lieux n’indiquent rien sur les trajectoires des gens.
La connaissance de la mobilité de la population transforme la vision des quartiers, et renouvelle même l’objet
d’étude, puisque ces quartiers ne sont pas coupés de la ville. En effet, avec les trajectoires résidentielles, les
quartiers préservent leur fonction d’origine pour un nombre non négligeable d’habitants : une fonction d’étape
dans un parcours de vie. Si les habitants circulent d’un logement à l’autre, on ne peut pas parler de ghetto. Toutes
les conduites des habitants ne sont pas la simple conséquence de la concentration spatiale des problèmes
économiques et sociaux. Les statistiques disponibles sur « l’effet ZUS » montrent que cet effet n’est guère
saisissant, dans le domaine de l’emploi notamment. On ne peut pas conclure trop rapidement sur l’idée d’une
rupture ou d’un décrochage des quartiers par rapport à l’ensemble de la ville. Car les quartiers remplissent bien
une fonction dans la structuration d’ensemble de l’agglomération. Autrement dit, la pauvreté et les inégalités
ne constituent pas un stock mais un flux continu. Les quartiers deviendraient donc des territoires de promotion
sociale en accueillant les populations pauvres et en gérant les inégalités qui se renouvellent constamment. Et
c’est là le point aveugle de l’observation.

Retour sur une innovation politique


Pour comprendre la genèse de ce malentendu, il faut se rappeler que l’approche territoriale de la Politique de
la Ville a impulsé une innovation dans l’action publique et s’est imposée, à partir du début des années 1980, là
où les politiques dites de droit commun (emploi, logement, école, santé, etc.) se révélaient en échec face aux
nouvelles formes d’exclusion. Cette approche innovante a été soutenue par une remise en cause des politiques
universelles, centralisées et sectorisées, au profit d’approches plus globales, transversales et plus proches des
populations. On peut rappeler les rapports fondateurs sur les quartiers, sur l’insertion des jeunes en difficultés
et la prévention de la délinquance. Ils sont à l’origine des nouveaux dispositifs d’action publique qui s’appliquent
à des territoires délimités, promeuvent une action globale et transversale, accordent un rôle central au local, et
fonctionnent par « contrat » où l’appui de l’État est conditionné par l’engagement des collectivités locales et la
« participation des habitants ». Se met ainsi progressivement en place une approche territoriale de lutte contre
l’exclusion, en faveur des zones urbaines défavorisées, menée par l’État en partenariat contractuel avec les
collectivités locales.
Par exemple, avec l’instauration des « zones d’éducation prioritaire » (ZEP) apparaît, au cœur de l’éducation
nationale, une logique d’intervention spécifique, car il s’agit de fournir plus de moyens à ceux qui en ont moins,
ainsi que des systèmes de points et de prime pour les enseignants qui choisissent d’y travailler. Alors que l’école
se référait à l’égalité de tous les élèves, les politiques scolaires mettent en œuvre aujourd’hui des dispositifs
ciblés, avec une multiplication des formes d’accompagnement et de soutien scolaire, des aides spécifiques
pour les jeunes issus des familles étrangères, une diversité des voies d’accès aux concours, des conventions
particulières, etc.
De même, c’est la Politique de la Ville qui impulse une nécessaire refonte des politiques sociales, car la notion
de « développement social » des quartiers est relativement nouvelle, au début des années 1980. Cette notion
n’entre pas dans les catégories classiques de l’intervention (aide et action sociales d’une part, assurance
sociale de l’autre). La notion de développement vient suggérer une nouvelle mise en relation entre ces deux
niveaux traditionnels de l’intervention par la promotion d’une conception ascendante et participative de l’action
publique, prenant appui sur les ressources locales existantes. Il en résulte une définition renouvelée tant des
stratégies que des métiers de l’action sociale, une perspective plus que jamais d’actualité.
Cependant, il est vrai que le vocable de « Politique de la Ville » peut surprendre et porter à confusion, puisque
cette dernière ne concerne pas toutes les villes et ne s’applique pas à toute la ville, mais seulement à des « zones
» de concentration de problèmes, au sens de « zones urbaines sensibles ». Parce que son champ d’application
est multidimensionnel, en raison de son aspect transversal et partenarial, la Politique de la Ville recouvre une
grande diversité d’interventions, portant à la fois sur la réhabilitation des logements et l’urbanisme, mais aussi

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l’action sociale et culturelle, l’école, l’emploi et l’insertion professionnelle, la prévention de la délinquance et la
sécurité. Elle se définit à la fois comme une politique sociale et une politique urbaine. Elle traite simultanément
les gens et les territoires. En effet, depuis les premières opérations « Habitat et Vie Sociale » (1977), l’approche
a toujours été une articulation entre l’intervention sur le cadre bâti et les politiques de cohésion sociale (insertion,
action sociale, culture, petite enfance, etc.). Le déploiement de la Politique de la Ville se situe sur une ligne
de crête entre les dimensions sociales et urbaines des processus d’exclusion, la création de la Délégation
interministérielle à la Ville (DIV) en 1988 incarnant la volonté de faire fusionner ces deux dimensions, avec
celle de la prévention de la délinquance.
De ce point de vue, la loi de rénovation urbaine de 2003 ne marque pas une rupture avec les politiques
antérieures, même si l’action physique de revitalisation des quartiers prédomine et si l’ampleur du montant des
crédits alloués sur ce volet apparaît inédite. Car la démarche réactualise le débat précédent, dès lors qu’il s’agit
non plus seulement de « dorer le ghetto », comme disent les anglo-saxons, mais de l’éradiquer, avec le risque
de dissocier l’action urbanistique des démarches d’accompagnement social, et de déplacer dans le temps et
l’espace les problèmes économiques et sociaux sans les résoudre pour autant. Par ailleurs, les démolitions
sont plus généralement une veille histoire des politiques de logement, et elles ont toujours été utilisées pour «
refaire la ville » dans les quartiers. La démolition est un phénomène sociologique normal du peuplement urbain.
L’approche de revitalisation des quartiers consacre toutefois la conception d’une politique de « rattrapage »
des quartiers pauvres pour un retour au droit commun. Aujourd’hui, le terme de ghetto est couramment utilisé,
ce qui n’était pas le cas il y a vingt ans.

Mobiliser le droit commun et décloisonner les institutions


La Politique de la Ville révèle ses limites quand elle est utilisée comme politique de substitution, alors qu’elle
est une politique d’innovation. À l’origine, elle devait être un levier pour irriguer et rendre plus efficaces les
politiques publiques dites de « droit commun » (emploi, éducation, santé, sécurité, logement) dans les quartiers.
Mais, loin parfois d’assurer ce passage de relais, une forme de dérive s’est peu à peu installée par laquelle les
crédits dédiés, en offrant une source de financements, se substituent aux crédits de droit commun.
En réalité, les politiques publiques se sont montrées très timides en matière de discrimination positive territoriale.
Sur le plan financier, la réalité d’une discrimination positive à la française reste à démontrer. En effet, étant
donné la plus grande proportion des enseignants de moins de 35 ans dans les ZEP, il est probable que les
salaires plus faibles de ces derniers neutralisent pour partie le surcoût lié à ce dispositif. On peut développer la
même analyse dans le domaine des politiques de l’emploi, car les moyens financiers alloués aux quartiers et à
leurs habitants sont restés très limités en ce domaine, par rapport à ceux consacrés à l’ensemble du territoire.
La question n’est donc pas l’échec de la Politique de la Ville, mais en premier lieu celle du redéploiement des
politiques de droit commun, en faveur des quartiers les plus défavorisés. Avant de prétendre donner plus à ceux
qui ont moins, encore faut-il s’assurer qu’il est donné autant à ceux qui ont moins. En termes de gouvernance,
on doit donc remplacer la notion de discrimination positive par la notion d’égalité de traitement.
Ce n’est pas la philosophie ni la méthode de la Politique de la Ville qui est en cause, mais l’adéquation du
droit commun aux caractéristiques spécifiques des quartiers, avec un service public adapté en termes de
compétences, d’effectifs et de pérennité. Ce sont ainsi toutes les politiques des différents ministères qui doivent
intégrer la préoccupation des quartiers dans leurs modes d’intervention. Il ne s’agit pas tant de remettre les
« marges » dans la « norme », ou pour le dire autrement, les « quartiers » dans le « droit commun », que de
faire de la marge un levier de transformation de la norme, puisque c’est le droit commun qu’il faut modifier.
Si ce dernier évolue dans le sens d’une plus grande égalité de traitement, alors la politique de la ville peut se
déployer comme une véritable politique spécifique et innovante et non pas substitutive et stigmatisante. Il s’agit
là d’un enjeu central, bien identifié, de la réforme actuelle de la politique de la Ville.
Or, l’évolution récente de la Politique de la Ville consacre moins la logique de développement endogène des
quartiers que la conception d’une politique de traitement des carences des territoires pour un retour au droit
commun. La stratégie de développement social de départ a été éclipsée par une approche valorisant le zonage
et le traitement des déficits s’est substitué à la mobilisation des habitants. Ce constat, que l’on peut bien sûr
nuancer, est toutefois récurrent d’un site à un autre. Le sentiment des professionnels locaux de la Politique de
la Ville est celui d’être dans une sorte de fin de cycle où l’on aurait perdu le « processus » dans la « procédure
», sans pour autant apercevoir le fil rouge d’un nouveau modèle d’action. Il faudrait donc, selon les acteurs
locaux, en finir avec l’empilement des « dispositifs » et la part croissante du temps consacré à la recherche
des financements et la gestion de la complexité administrative, au risque d’une perte de sens de la mission .

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Rétrospectivement, on perçoit à quel point la Politique de la Ville a été soumise au cours du temps à une
inflation de dispositifs et de procédures qui la rendent aussi difficile à lire qu’à appliquer. J.-M. Delarue (1991)
utilisait déjà la métaphore du « pain d’épice » et du « millefeuille », et différents rapports de la Cour des
Comptes soulignent la difficulté à évaluer les résultats de l’action en raison de l’imprécision des objectifs et de
l’enchevêtrement baroque des modes d’intervention. De la sorte, la dimension innovante de la Politique de la
Ville se trouve comme écrasée par le poids des logiques sectorielles de l’action publique. En clair, le diagnostic
est le suivant : la compartimentation tant administrative que politique est devenue l’un des principaux obstacles
au développement de la cohésion sociale. Si l’on osait la formule, désenclaver les quartiers, ce serait avant tout
désenclaver les institutions et les modes de faire : comment passer du constat d’une juxtaposition de politiques
sectorielles à l’impulsion et la diffusion d’une culture de « projet de territoire » ?

Renouer le lien entre urbain et social par un projet de territoire


Avec la loi de programmation pour la ville et la rénovation urbaine (1er août 2003), l’action publique en faveur
des quartiers visait à franchir une étape significative voire décisive. En effet, il s’agissait de mettre en œuvre
une nouvelle politique de peuplement et de produire une mutation urbaine en profondeur, à l’aide d’une action
physique de revitalisation des quartiers. Ainsi, le renforcement de la politique de démolition et de construction
des logements vise-t-il à restaurer la « mixité sociale » par une politique volontariste, planifiée et quantifiée,
de « rattrapage » des quartiers pauvres. Or, c’est bien sur l’objectif « social » et non strictement « urbain »
de la Politique de la Ville que réside un impensé. Pour le comprendre, il faut repartir d’une analyse de son
fonctionnement actuel.
Les opérations de rénovation urbaine constituent potentiellement une opportunité exceptionnelle de transformation
des conditions de vie des habitants, ne serait-ce que par les sommes financières investies. Ces opérations
sont en train de remodeler physiquement les quartiers dans le sens d’une amélioration objective de l’habitat.
En matière de qualité résidentielle, les progrès sont très nettement observables dans de nombreux quartiers.
Ces progrès contribuent d’ores et déjà à restaurer une relative confiance des habitants concernés dans les
pouvoirs publics. Les opérations sont donc un puissant levier d’une intervention sociale renouvelée, à même
de redonner espoir aux élus et acteurs locaux dans la capacité de la ville à « refaire société ».
Cependant, si le point d’entrée est urbain, la réussite de la Politique de la Ville est conditionnée par son impact
sur l’« humain ». Or, la rénovation urbaine demeure étroitement positionnée sur les dimensions fonctionnelles de
l’habitat. Le volet humain est atteint par ricochets. Ainsi, concernant la mixité sociale, les résultats actuellement
disponibles révèlent que la rénovation urbaine ne contribue pas véritablement à remodeler la composition
sociale des quartiers. En somme, la rénovation urbaine réussit l’intégration de la ville dans les quartiers, mais
elle peine encore à intégrer les quartiers dans la ville.
Ainsi, l’objectif affiché de mixité sociale ne relève pas seulement de la politique de logement. Il soulève un enjeu
incontournable, qui est celui de l’éducation et de la qualité des établissements scolaires. En effet, tant que
l’action publique ne parviendra pas à garantir des établissements scolaires avec un niveau permettant que les
parents n’aient pas de bonnes raisons d’inscrire leurs enfants ailleurs, aucune amélioration n’est sérieusement
envisageable. La politique scolaire conditionne de facto la politique de rénovation urbaine, dans la mesure où le
fonctionnement du système scolaire devient un facteur déterminant du niveau de mixité sociale dans l’habitat.
Finalement, la réussite de la politique de rénovation urbaine dépend à terme des politiques non urbaines, c’est-
à-dire de la réussite du projet social.
Cette articulation entre « l’urbain » et le « social » reste encore indirecte, aléatoire et incertaine. Sur la question
du travail social, il est important de noter que dans certains endroits, celui-ci peut ne pas être coupé de la
Politique de la Ville, comme on pouvait l’observer il y a une quinzaine d’années. La rénovation urbaine a pu
être un levier de transformation de l’action sociale, notamment à Valenciennes. Au Havre, à Besançon et
Clichy-sous-Bois aussi des rapprochements se dessinent entre travail social et Politique de la Ville, comme si
le rendez-vous manqué entre les deux secteurs n’était pas une fatalité. L’articulation entre projet social et projet
urbain demeure cependant largement insuffisante pour contrebalancer les processus lourds de ségrégation.
Aussi, la volonté de mise en œuvre d’un projet de territoire, avec une approche globale et un contrat unique
sur le plan du développement social et urbain, constitue un véritable chantier de la future Politique de la Ville,
voire une révolution culturelle de l’action publique. Cela impliquerait une définition locale de la Politique de la
Ville, avec un accompagnement de l’État, et moins une programmation nationale que le local doit appliquer.
Cela exigerait aussi la clarification des complémentarités entre les politiques du Département, chef de file de
l’action sociale, et les politiques municipales, les organismes de protection sociale et le mouvement associatif,

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qui interviennent sur le champ de la cohésion sociale. Mais on observe une vraie fragilité dans l’effort de
construction locale d’une politique sociale et d’insertion économique coordonnée autour du projet urbain. Le «
projet social » est un chantier engagé mais c’est un chantier difficile, en butte à un problème de conception et
de lisibilité. Il s’agit là d’une difficulté de fond, car le projet social est diffus et « ne se voit pas », à l’inverse du
projet urbain et des gestes architecturaux, qui sont tangibles.

Faut-il sortir de la logique de zonage ?


Ne faut-il pas alors en finir avec la logique de zonage ? Cette question est d’autant plus importante que
l’appréciation de la Politique de la Ville comme un échec tend à remettre en cause l’approche territoriale de
la question sociale. Ainsi, les politiques de « discrimination positive territoriale » soutiennent les populations
concernées mais contribuent en même temps à leur stigmatisation. Il s’agit là d’une contradiction inhérente aux
procédures visant des populations spécifiques spatialement définies. À partir de là, le débat sur la géographie
prioritaire oscille entre deux orientations : celle qui prône un renforcement du ciblage territorial, et celle, d’autre
part, qui en appelle à un retour à une politique universelle centrée sur les « publics » et les ayants droit et non
sur les territoires. On recommande alors d’organiser la Politique de la Ville à l’échelle de la commune et de
ne plus la fragmenter par quartier. Entre ces deux positions, se trouve un consensus sur la nécessité d’une
approche plus transversale de la question urbaine et sociale impliquant toutes les politiques publiques.
La réforme engagée poursuit l’objectif d’une concentration des moyens spécifiques de la Politique de la Ville
et des moyens du droit commun sur des quartiers très ciblés, ceux qui sont les plus dégradés, donc moins
nombreux. Car la multiplication au cours du temps du nombre des quartiers ciblés (2500) a engendré une dilution
de la géographie prioritaire et un saupoudrage des moyens engagés sur le terrain. Dans cette perspective, le
zonage n’est pas un problème en soi, à condition de reconnaître le périmètre ciblé comme un symptôme et non
la cause. Dans le cas contraire, le zonage enferme l’action publique sur elle-même et dans une intervention
sans fin sur les conséquences de la ségrégation urbaine sans pouvoir agir sur les facteurs qui sont à l’origine
des situations. En somme, la territorialisation se retourne contre le territoire.
Or, la réforme cherche à resserrer le ciblage territorial sur un nombre plus restreint de quartiers tout en inversant
la démarche négative qui s’est imposée au fil du temps. En effet, il ne s’agit plus de partir de « zones » de
concentration de problèmes, placées dans une situation d’« extraterritorialité », et auxquelles les autres politiques
publiques n’accordent que peu d’attention, mais d’adopter une approche globale à partir de l’ensemble de la ville
et de l’intercommunalité, où l’on part des autres politiques publiques de droit commun pour traiter le quartier. Il
s’agit d’intégrer une politique de quartier dans une approche plus générale qui est celle du projet de ville et de
l’agglomération, cette dernière constituant le niveau pertinent pour le traitement de la ségrégation. L’affirmation
de l’intercommunalité, avec la pleine responsabilité des maires, s’avère donc cohérente dans cette conception
d’un territoire de projet réinscrivant les quartiers cibles dans les dynamiques de leur environnement.
Comme le préconisent certains rapports parlementaires, le classement en Zus ne doit donc pas être figé. Il s’agit
d’impulser une réflexion de fond sur un assouplissement de la géographie prioritaire, afin de la rendre effective
tout en l’inscrivant dans la dynamique d’intégration d’ensemble de l’agglomération. L’enjeu de gouvernance de
la Politique de la Ville n’est pas de choisir une option plutôt qu’une autre, le territoire ou la population, les lieux
ou les gens, mais de pouvoir traduire leur interdépendance croissante dans un même projet.

Modifier le regard sur les quartiers


L’ensemble des réflexions ici proposées ne pourra trouver son application que si l’on change de regard sur la
conception de la Politique de la Ville et les représentations qui la sous-tendent. Le discours social et politique
sur les quartiers revient à en faire des quartiers « hors norme », à l’image d’une politique qui traite des carences
définies de façon pathogène par la somme des écarts statistiques à la moyenne de l’agglomération (la politique
de mixité sociale poursuit comme objectif d’en faire des quartiers dits « normaux »). L’intervention publique
véhicule alors une représentation des quartiers comme « zones à détruire » plutôt que territoires à valoriser,
renvoyant aux habitants une image négative d’eux-mêmes.
Au cours des années 1970 et 1980, la vie sociale dans ces quartiers est essentiellement décrite par les
sociologues sur le mode de la destruction du monde populaire, dont la « galère » constitue le symbole. Les
analyses ont souligné les effets de la désorganisation sociale pour expliquer les conduites de retrait et de
violence, la fragilité de l’action collective et la dégradation des formes classiques de solidarité. Les enquêtes

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de terrain soulignent pourtant la réalité d’un vif sentiment d’attachement au quartier et la densité des liens
de sociabilité. La plupart des jeunes y ont grandi et les immigrés ne sont plus des nouveaux venus. Avec le
temps se sont ainsi installées des stratégies d’adaptation et des identités spécifiques, et loin des stéréotypes
sur l’anonymat du grand ensemble, on observe un système de relations où tout le monde se connaît et se
surveille. Sont désormais interrogées les identités collectives et culturelles inscrites dans les comportements,
les modalités variées de mobilisation en faveur du quartier, mais aussi des formes d’organisation d’une vie
communautaire, leur caractère démonstratif parfois, notamment sur le plan religieux, comme compensation
symbolique et identitaire face aux difficultés d’intégration subie.
La mise en œuvre d’une démarche de développement social ne peut donc plus se concevoir à l’aune de la
situation des années 1970-1980. Il ne s’agit plus seulement de compenser la décomposition des liens populaires
dans les quartiers, mais bien de prendre appui sur la force de ces nouveaux liens de proximité afin de faire
de ces derniers un tremplin citoyen. Peut-on, et le cas échéant comment, prendre en compte ces formes de
sociabilité, dans une approche du travail social collectif ? Aujourd’hui, la virulence de la crise économique et
l’épuisement d’une certaine manière d’agir du travail social individualisé constituent une opportunité réelle de
changement. Le développement communautaire, au sens québécois, semble rendu possible par un bon usage
des liens communautaires, dans l’optique d’une stratégie d’émancipation et d’insertion. Il reste donc à inventer
et conforter le chaînon manquant, celui du déploiement de véritables « organisateurs de quartiers », là où une
certaine rigidité historique de l’action publique peine à envisager l’intégration pleine et entière des structures
intermédiaires dans la mise en œuvre des politiques. La mobilisation des liens avec la société civile, si celle-ci
est reconnue comme un acteur, constitue une des conditions de revitalisation des institutions du droit commun
et du projet de développement social, à l’échelle de la ville.

102  CNED  Méthodologie : Note de synthèse– 6-B392-TE-00-18


DOCUMENT 2

« Politique de la ville :
20 milliards pour les quartiers »
Source : Les Echos, Laurence Albert, 22/04/13

Le ministre de la Ville, François Lamy, veut une loi d’ici la fin de l’année.
En février dernier, Jean-Marc Ayrault, en visite à Clichy-sous-Bois promettait « un deuxième plan de rénovation
urbaine » (PNRU) pour ne pas laisser les quartiers à l’abandon. Ce lundi, son ministre délégué à la Ville,
François Lamy, en a dévoilé les grands axes et surtout, les premiers contours financiers : une enveloppe de
20 milliards d’euros pour rénover 230 quartiers, dont la liste sera connue en septembre.
A première vue, cette « deuxième vague » s’annonce donc plus modeste que le premier PNRU, gigantesque
entreprise ─ 44 milliards pour 500 quartiers ─ encore inachevée au bout de dix ans. Elle servira surtout à
le compléter : la liste des 30 quartiers inclura ceux  « pas terminés ou pas réalisés » lors du premier PNRU.
« L’objectif c’est de casser la concentration de pauvreté et au final nous aurons rénové 700 quartiers », rappelle
François Lamy.

Refonte de la politique prioritaire


Pour y parvenir, le ministre de la Ville présentera en juin prochain en Conseil des ministres un projet loi qui ne
traitera pas exclusivement de la rénovation urbaine, mais plus largement de la refonte de la politique prioritaire.
Il précisera notamment sur quels critères seront choisis les nouveaux quartiers bénéficiaires, le ministère ayant
décidé de resserrer ses crédits (500 millions) sur 1 000 sites au lieu de 2 500. « Il faut faire disparaître la notion
de grands ensemble. Une ville comme Guéret doit pouvoir en bénéficier », estime François Lamy.
Entre autres réformes, le revenu par habitant (- de 11 000 euros par an) deviendra un critère d’attribution clef.
Plus globalement, le ministère veut remettre « de la justice »dans un système de dotations très inéquitable
(22 euros par habitant à Marseille contre 60 dans les Yvelines). Enfin, le texte proposera d’expérimenter 11
« contrats de ville ».

Avoir « toutes les armes lors des municipales »


L’objectif est que, malgré un calendrier parlementaire chargé, le texte soit voté d’ici à la fin de l’année pour que
les maires « aient toutes les armes lors des municipales ». Reste la question de l’emploi. D’ici à juin, seront mis en
place les premiers emplois-francs que le ministère espère voir monter en charge à hauteur de 10.000 en 2016.
Plus délicat est le sort des emplois d’avenir qui stagnent en banlieue (17 %) en raison notamment de la difficile
employabilité de certains jeunes et de la politique de certaines agences Pôle Emploi en banlieue. Entre autres
pistes François Lamy veut mieux associer la BPI et booster le soutien à la création d’entreprises. Autant de
sujets que François Hollande, qui déjeunera mercredi avec les associations d’élus de banlieue, devra trancher.

CNED  Méthodologie : Note de synthèse– 6-B392-TE-00-18  103


DOCUMENT 3

« Qu’est-ce que la politique de la ville ? »


Source : http://www.ville.gouv.fr/?l-essentiel-de-la-politique-de-la, 24/10/2011

La politique de la ville désigne la politique mise en place par les pouvoirs publics afin de revaloriser les zones
urbaines en difficulté et réduire les inégalités entre les territoires.

Introduction
L’enjeu : réduire les inégalités territoriales et agir pour les quartiers en difficulté. De nombreux quartiers d’habitat
social sont aujourd’hui au cœur de la « crise des banlieues ». Ces « cités hors de la ville » regroupent plus de
5 millions d’habitants. L’accumulation de leurs difficultés – sociales, économiques et environnementales – met
en cause la cohésion sociale de notre pays.
C’est pour les aider à trouver toute leur place dans leurs agglomérations que la « politique de la ville » a été
mise en place.
Près de 2 200 quartiers sont concernés, dont 751 zones urbaines sensibles.
Trente ans de politique de la ville... Cette politique a été initiée en France il y a une trentaine d’années, alors
que le « problème des banlieues » émergeait. Dès le début des années 1970, les pouvoirs publics prennent
conscience des difficultés des « grands ensembles » d’habitat social : en 1973, la circulaire « Guichard » limite
la construction d’ensembles de plus de 2 000 logements, et en 1977, le rapport « Peyrefitte » sur la violence
est publié.

Agir sur tous les leviers


Pour répondre au cumul de difficultés qui touchent ces territoires, cette politique recouvre une grande diversité
d’interventions qui complètent les autres politiques publiques (éducation, logement, action sociale...). Car, en
la matière, aucun acteur public ou para public ne peut agir seul avec une pleine efficacité.
La politique envers les quartiers défavorisés requiert l’appui de tous les acteurs concernés pour agir sur tous
les leviers à la fois : développement social et culturel, revitalisation économique, emploi, rénovation urbaine et
amélioration du cadre de vie, sécurité, citoyenneté et prévention de la délinquance, santé...
Avec d’autres ministères Ses principales orientations se décident, depuis 1988, au sein du Comité interministériel
des villes (CIV). Présidée par le Premier ministre, cette instance gouvernementale arrête les programmes et
en répartit les moyens.
L’action interministérielle est destinée à favoriser la prise en compte, par chacun des ministères concernés, de
la spécificité des quartiers sensibles, dans leurs politiques et leurs moyens budgétaires.
Depuis la mise en place de la Lolf (loi organique relative aux lois de finances), la politique de la ville dispose
d’un « document de politique transversale » (DPT) qui recense l’ensemble des programmes et des moyens
des autres ministères et qui concourent à cette politique.

104  CNED  Méthodologie : Note de synthèse– 6-B392-TE-00-18


Sur la base de contrats avec les collectivités...
La politique de la ville est mise en œuvre par les collectivités territoriales. Les préfets passent des contrats avec
les maires ou les présidents d’EPCI (établissement public de coopération intercommunale) qui définissent un
projet de développement pour chaque quartier.
Signés pour une durée de trois ans renouvelable, ces contrats ─ baptisés « contrats urbains de cohésion sociale
(Cucs) ─ programment des actions précises dans cinq champs prioritaires :
• Habitat et cadre de vie ;
• Emploi et développement économique ;
• Éducation ;
• Citoyenneté et prévention de la délinquance ;
• Santé.
La politique de la ville repose aussi plus largement sur la mobilisation des organismes publics, bailleurs sociaux,
caisses d’allocations familiales, associations, monde économique... et sur la participation des habitants de ces
quartiers.

... sur des territoires prioritaires


Les interventions sont ciblées sur les territoires les plus en difficulté repérés grâce à des indicateurs économiques
et sociaux et un certain nombre de caractéristiques récurrentes : présence quasi exclusive d’habitat social ou
d’habitat dégradé, enclavement physique...
La liste, établie en 1996, des 751 zones urbaines sensibles (ZUS) sert encore aujourd’hui de référence ;
d’autres quartiers prioritaires y ont été ajoutés par la suite, notamment dans le cadre du programme national
de rénovation urbaine (PNRU) et des nouveaux contrats urbains de cohésion sociale (Cucs).

CNED  Méthodologie : Note de synthèse– 6-B392-TE-00-18  105


DOCUMENT 4

« Politique de la ville : une géographie prioritaire


resserrée, un rôle-pilote pour les intercos »
H. Jouanneau, 31/01/2013
Source : http://www.lagazettedescommunes.com/152302/politique-de-la-ville-une-geographie-prioritaire-
resserree-un-role-pilote-pour-les-intercos/

Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a dévoilé le 19 février sa politique en faveur des banlieues dans
un contexte de restriction budgétaire historique. Une réforme structurelle censée ramener les crédits
de droit commun dans les quartiers.
Cinq ans après les annonces en grande pompe du plan Espoir banlieues de Fadela Amara et son échec
retentissant, le gouvernement parviendra-t-il à redonner l’espoir aux habitants des quartiers pauvres ? C’est
en tout cas la volonté exprimée le 19 février par le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, lors d’un comité
interministériel des villes très attendu – le premier depuis 2010. Au cours de ce CIV, une série de mesures
interministérielles, plutôt techniques, ont été annoncées.

Concentration des crédits ─ « L’État est de retour dans les quartiers. L’État républicain est de retour, celui
de l’égalité entre les citoyens, celui de l’égalité entre les territoires », a lancé Jean-Marc Ayrault, entouré de
Cécile Duflot, ministre de l’Égalité des territoires et du logement, et de François Lamy, ministre délégué chargé
de la Ville, à l’issue de la réunion à Matignon, en présence de tous les membres du gouvernement.
L’enjeu est de taille : jamais les écarts entre les quartiers pauvres et les autres n’ont été aussi alarmants. Dans
les zones urbaines sensibles, un tiers des habitants vit sous le seuil de pauvreté, un quart renonce à des soins
et 40 % des moins de 24 ans sont au chômage.
Dans ce contexte de plus en plus sombre, et alors que la dépense publique est réduite à la portion congrue,
le Premier ministre a confirmé le resserrement de la géographie prioritaire sur « les quartiers où les besoins
sont les plus criants ». Une ambition qui a fait consensus lors de la vaste concertation engagée à l’automne
auprès des élus et des professionnels.
Sur le plan méthodologique, l’identification de ces « quartiers prioritaires » se basera sur un critère simple, la
part de population à bas revenus, afin de déterminer « la situation de décrochage des quartiers par rapport
au territoire national et à leur agglomération ». Ces quartiers formeront le centre de « périmètres d’action
thématique » définis par les acteurs locaux et concentreront tous les moyens d’intervention – ceux de l’État
et des collectivités, crédits spécifiques et fonds européens, etc. Mais, précise le relevé de décisions du CIV
sans plus de détails, l’intervention de l’État sera graduée « en fonction, d’une part, de l’intensité des besoins
sociaux, d’autre part, de la capacité contributive des collectivités concernées, c’est-à-dire de leurs ressources
propres (potentiel financier, effort fiscal) ».
De toute évidence, la nouvelle géographie prioritaire constitue le sujet le plus sensible de la réforme. Car, si
tous les élus s’accordent sur la concentration des moyens et la fin du saupoudrage, il est fort probable que rares
seront ceux à en accepter facilement les conséquences. En effet, le mécanisme se traduira inéluctablement
par la sortie de nombreux quartiers et de communes du zonage existant – et de ses avantages. En 2009, une
réforme similaire, conduite par Fadela Amara, s’était heurtée aux « égoïsmes locaux », selon ses mots, et
avait été abandonnée.

Nouveau contrat de ville ─ L’entourage de François Lamy, renvoyant le nouveau zonage à de futures
discussions parlementaires, assure qu’aucune liste n’a été établie. Mais, selon le ministre délégué, « on peut
estimer qu’entre 500 et 1 000 quartiers prioritaires seront le coeur de cible de la nouvelle géographie », à
comparer aux 2 500 couverts aujourd’hui par un contrat urbain de cohésion sociale (Cucs). Et de promettre

106  CNED  Méthodologie : Note de synthèse– 6-B392-TE-00-18


« une veille active» et « des mesures transitoires » pour les communes qui ne répondront plus aux critères. Autre
mesure phare : la création d’un contrat unique, dont le pilotage sera assuré au niveau intercommunal. En effet,
a justifié Jean-Marc Ayrault, « c’est au niveau de la solidarité territoriale des agglomérations que les questions
liées à la mobilité, au développement économique, à l’habitat peuvent être abordées le plus efficacement ».
Concrètement, ce nouveau contrat de ville, qui remplacera l’actuel Cucs, reposera sur un triptyque composé
du président de l’intercommunalité, des maires, qui « continueront de jouer un rôle important », et du préfet, qui
assurera la coordination. En réalité, tous les niveaux de collectivité sont appelés à s’y associer. « La signature
du conseil général et du conseil régional est une condition sine qua non de la réussite de cette politique de la
ville », soulignait en janvier Hervé Masurel, secrétaire général du Comité interministériel des villes, incitant ces
collectivités « à désigner un référent “politique de la ville” dans leurs services».

Après les élections municipales de 2014 ─ Sur le fond, le contrat de nouvelle génération, qui sera adossé
à un projet de territoire cher aux associations, alliera cohésion sociale et rénovation urbaine, mais également
politiques économique et environnementale. Il prendra effet après les élections municipales de 2014, pour une
durée de six ans calquée sur celle du mandat municipal et intercommunal.
Répondant à une requête insistante du milieu associatif, le chef du gouvernement a par ailleurs annoncé une
plus grande participation des citoyens à l’action publique. « Depuis la négociation des contrats de ville jusqu’à
leur déclinaison opérationnelle, [les habitants] doivent en être les auteurs et les coconstructeurs », a-t-il indiqué,
renvoyant cette réflexion à la mission conduite par la sociologue Marie-Hélène Bacqué et le président du collectif
AC le feu, Mohamed Mechmache, dont les conclusions sont attendues en juin.
Au chapitre de la gouvernance, le CIV a également adopté la création d’une nouvelle structure partenariale
d’évaluation de la politique de la ville. Pour ce faire, le comité d’évaluation et de suivi de l’Agence nationale
pour la rénovation urbaine sera intégré au sein du conseil d’orientation de l’Observatoire national des zones
urbaines sensibles. Le Conseil national des villes, instance consultative présidée par le Premier ministre,
verra son rôle renforcé. Annoncé ces dernières semaines, le « rapprochement » entre le secrétariat général
du Comité interministériel des villes et l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances est
par ailleurs acté.

Le droit commun, tous azimuts ─ Au-delà des réformes de structure, la nouvelle politique de la ville sonne la
mobilisation des crédits de droit commun, véritable mot d’ordre du Premier ministre. Ceux de l’État, tout d’abord,
car, « avant de prendre des mesures spécifiques dans les quartiers, il faut s’assurer qu’ils bénéficient comme
les autres territoires, et peut-être plus encore, des politiques générales qui sont conduites par les ministères ».
Et de citer l’éducation, la santé, les affaires sociales, la jeunesse, le sport, la sécurité, la justice et la culture,
mais aussi les droits des femmes et la lutte contre toutes les discriminations, qui feront l’objet de conventions
inédites avec l’ensemble des ministères.
En clair, tous les ministres vont devoir s’engager par écrit à orienter une partie de leurs actions vers ces quartiers
pour compenser le manque d’enseignants, de policiers ou de médecins. Cette mobilisation doit y être « visible »,
a voulu Jean-Marc Ayrault, évoquant des mesures destinées à lutter contre le chômage des jeunes, massif
dans les banlieues : les emplois d’avenir, dont 30 % seront déployés dans les territoires relevant de la politique
de la ville, et l’expérimentation de 2 000 « emplois francs » dans dix sites, qui permettra de subventionner à
hauteur de 5 000 euros l’embauche de jeunes des quartiers.
Pôle emploi sera également sollicité pour déployer des agences dans ces zones souvent désertées par les
services publics, au même titre que les agences régionales de santé ou les caisses d’allocations familiales.
Quant aux collectivités, peu évoquées par le chef du gouvernement, elles devront elles aussi s’impliquer
davantage, déclare François Lamy dans un entretien accordé à « La Gazette ». Il entend signer des conventions
d’engagement avec l’ensemble des associations d’élus.
Enfin, le volet « péréquation » de la réforme, à propos duquel le député (PS) François Pupponi doit rendre
prochainement un rapport, est renvoyé aux discussions sur le projet de loi de décentralisation, dont la présentation
en conseil des ministres est annoncée pour la fin du mois de mars, et sur le projet de loi de finances pour 2014.
Néanmoins, dans son relevé de décisions, le CIV prévoit de renforcer les mécanismes de solidarité financière
en transformant la dotation de développement urbain en une « dotation politique de la ville » et en rendant
« la dotation de solidarité communautaire obligatoire pour les intercommunalités comportant des quartiers
prioritaires, en contrepartie de la mobilisation de la solidarité nationale ». Un chantier qui, à la lumière de cette
réforme ambitieuse, s’annonce au long cours.

CNED  Méthodologie : Note de synthèse– 6-B392-TE-00-18  107


DOCUMENT 5

« Politique de la ville :
bilan et (absence de) perspectives »
Renaud Epstein, Publié dans Regards croisés sur l’économie, n° 9, mai 2011, pages 203-211

Prenant la suite de la politique de Développement Social des Quartiers initiée après « l’été chaud » des
Minguettes de 1981, la politique de la ville est née sous cette appellation en 1990, au lendemain des émeutes
qui ont embrasé le Mas du Taureau à Vaulx-en-Velin. Depuis lors, son caractère prioritaire est régulièrement
réaffirmé par les responsables politiques et de nouvelles mesures sont annoncées, au gré des mouvements
de rébellion qui secouent sporadiquement les grands ensembles d’habitat social qu’elle prend pour cible,
des rapports qui alertent sur le renforcement continu de la concentration des populations défavorisées et des
minorités visibles dans ces quartiers, ainsi que des changements incessants de titulaire du poste ministériel.
Les priorités, les cibles, les objectifs, les instruments, les moyens et l’organisation institutionnelle de la politique
de la ville ayant fortement évolué au cours des trente dernières années, établir rigoureusement son bilan
supposerait de présenter les différentes phases de cette politique ainsi que les résultats des évaluations réalisées
à chaque période. On se contente ici de proposer d’un bilan plus limité dans le temps, portant sur la politique
mise en œuvre depuis le vote de la loi d’orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine du
1er août 2003 (dite loi Borloo). Celle-ci a organisé une profonde réforme de la politique de la ville, directement
inspirée d’un rapport de la Cour des comptes qui appelait à une clarification des objectifs de cette politique, à
leur déclinaison dans des indicateurs de résultats, à l’identification plus précise des moyens mobilisés et à une
amélioration des systèmes de suivi. Autant de demandes justifiées sur le double registre de la performance
et de l’évaluabilité auxquelles la loi Borloo a répondu : la politique de la ville s’organise désormais autour
d’objectifs nationaux, formulés par le législateur en termes de réduction des inégalités sociales et des écarts
de développement entre les 751 zones urbaines sensibles (ZUS) et leur environnement. Ces objectifs sont
déclinés dans une batterie de 65 indicateurs suivis par l’Observatoire national des zones urbaines sensibles
(ONZUS) dont les rapports établissent, année après année, l’accroissement des écarts que la politique de la
ville prétend réduire.
Après avoir présenté les principaux programmes de la politique de la ville, les moyens qui leur sont consacrés
et leurs piètres résultats, on s’interrogera sur les perspectives de cette politique dont l’échec fait régulièrement
la une de la presse.

Les programmes : démolition, exonération, péréquation


Du fait de son caractère transversal, la politique de la ville couvre un vaste éventail de thématiques, de l’éducation
(programme de réussite éducative, écoles de la deuxième chance, internats d’excellence) à la médiation sociale
(adultes-relais) en passant par la santé (ateliers santé ville), l’insertion sociale et professionnelle (contrats
d’autonomie) ou la prévention de la délinquance (opérations Ville vie vacances). Historiquement centraux dans
la politique de la ville, ces actions et programmes réunis dans un contrat liant l’État et les collectivités locales
(contrat urbain de cohésion sociale), sont désormais secondaires. Moins d’un cinquième des crédits nationaux
dédiés à cette politique en 2009 l’ont été pour de telles actions directement tournées vers les habitants des
quartiers prioritaires, soit bien moins que d’autres programmes dont les communes, les bailleurs sociaux et les
entreprises sont les bénéficiaires directs.

108  CNED  Méthodologie : Note de synthèse– 6-B392-TE-00-18


En instituant le Programme National de Rénovation Urbaine (PNRU), la loi Borloo a fait de la restructuration
physique des quartiers le cœur de la politique de la ville. Cet ambitieux programme de transformation de
l’urbanisme et de l’offre de logements des ZUS vise à restaurer une mixité sociale et fonctionnelle qui fait défaut
dans ces quartiers spécialisés. Il prévoit la mobilisation de près de 40 milliards d’euros sur la période 2004-2013,
pour démolir 250 000 logements sociaux, en reconstruire autant, réhabiliter 400 000 HLM supplémentaires et
conduire diverses opérations d’aménagement dans plus de 400 quartiers.
En complément du PNRU, qui cherche à attirer une attirer dans les ZUS une population moins défavorisée -et
implicitement moins colorée- que celle qui y réside, la loi Borloo a étendu le programme des Zones franches
urbaines (ZFU) mis en place en 1996 pour attirer des entreprises dans les grands ensembles touchés par le
chômage de masse. Les établissements implantés dans une des 104 ZFU y bénéficient d’importants allégements
fiscaux et de charges sociales, en contrepartie desquels ils doivent effectuer au moins un cinquième de leurs
nouvelles embauches parmi les résidents de la zone (ou d’une autre ZUS de l’agglomération).
A ces deux programmes de mixité sociale par la banalisation urbaine et de développement économique par
l’exemption fiscale s’ajoutent plusieurs dispositifs de péréquation des dotations de l’État en faveur des communes
comprenant sur leur territoires des quartiers prioritaires de la politique de la ville (dotation de solidarité urbaine
et de cohésion sociale, dotation de développement urbain, fonds de solidarité des communes de la région
Île- de-France). Les moyens : une politique de discrimination positive territoriale ?
La politique de la ville est souvent présentée comme une illustration du principe de discrimination positive,
justifiant un traitement discriminatoire par un objectif de réduction des inégalités. En l’occurrence, il s’agirait
d’une « discrimination positive territoriale », plus conforme aux principes républicains que les politiques
anglo- saxonnes d’affirmative action, parce que ciblée sur des quartiers plutôt que sur des minorités éthniques.
Force est pourtant de constater que si les habitants des quartiers prioritaires de la politique de la ville font
l’objet d’un traitement discriminatoire, c’est rarement dans le sens attendu, consistant à « donner plus à ceux
ont moins » conformément à la définition la plus courante de la discrimination positive.
Dans un rapport récent sur les aides aux quartiers défavorisés, le Comité d’évaluation et de contrôle des
politiques publiques de l’Assemblée nationale a estimé à 3,7 Mds d’euros les moyens budgétaires nationaux
spécifiquement dédiés à la politique de la ville en 2009 (tableau 1), soit 0,96 % des crédits de paiement du
budget général dans la loi de finances. En théorie, ces moyens spécifiques viennent s’ajouter à ceux engagés
par les politiques de droit commun de l’État et des collectivités, dont sont supposés bénéficier également
tous les territoires. En pratique, la discrimination positive attendue ne semble pas au rendez-vous. Plusieurs
tentatives de construction d’une comptabilité territorialisée à l’échelle infracommunale ont montré que les moyens
supplémentaires de la politique de la ville ne suffisent pas à compenser les inégalités de traitement résultant
des autres politiques publiques d’une part, l’inéquitable distribution territoriale des bases fiscales d’autre part,
qui se combinent au détriment des quartiers pauvres.

Tableau 1 : Moyens budgétaires nationaux dédiés à la politique de la ville en 2009

en millions d’euros en % du total

Dotations de péréquation 1 399 37,8 %

Rénovation urbaine (ANRU) 996 26,9 %

Exonérations fiscales et « sociales » 693 18,7 %

Autres interventions 613 16,6 %

Total 3701 100 %

D’après PUPPONI F., GOULARD F. (2010) Quartiers défavorisés ou ghettos inavoués :


la République impuissante, Paris : Assemblée Nationale

CNED  Méthodologie : Note de synthèse– 6-B392-TE-00-18  109


Les habitants des ZUS ne bénéficient pas, loin s’en faut, d’un traitement privilégié de la part des services
publics. Les modes d’intervention très particuliers de la Police dans ces quartiers en fournissent une illustration,
même s’ils échappent à la quantification. D’autres secteurs se prêtent plus aisément à la mesure. Plusieurs
études portant sur les politiques de l’emploi ont ainsi montré que, toutes choses étant égales par ailleurs,
les demandeurs d’emploi résidant en ZUS sont sur-représentés dans les dispositifs les moins coûteux et les
moins efficaces en termes de retour à l’emploi, et sous-représentés dans d’autres dispositifs, plus coûteux,
qui permettent un accès plus durable à l’emploi non aidé. Des études plus anciennes portant sur les Zones
d’Éducation Prioritaire (ZEP) avaient elles aussi montré le caractère tout relatif de la discrimination positive
territoriale. Les établissements en ZEP (zonage qui recouvre en grande partie celui des ZUS) bénéficient de
moyens supplémentaires conséquents de l’Éducation nationale, sous la forme d’heures d’enseignement et de
crédits indemnitaires pour les enseignants, qui permettent d’abaisser les effectifs par classe : les collèges en
ZEP comptent en moyenne deux élèves par classe de moins que les autres collèges. Mais les enseignants de
ces zones, qui sont plus jeunes et moins qualifiés qu’ailleurs, ont des salaires moins élevés qui compensent
le surcoût résultant des postes supplémentaires et des crédits indemnitaires.
L’aménagement (PNRU) et le développement économique (ZFU) sont les deux seuls domaines dans lesquels
la politique de la ville produit un réel effet de discrimination positive territoriale. C’est particulièrement le cas
du PNRU, qui a permis l’orientation de moyens inédits vers les quartiers prioritaires. Il convient néanmoins de
souligner la faible contribution de l’État à ce programme de démolition-reconstruction dont le coût (40 milliards
d’euros sur la période 2004-2013) est principalement pris en charge par les bailleurs sociaux (42 % du total)
et les collectivités (21 %). La loi Borloo prévoyait que l’État apporte au minimum 465 millions d’euros par an à
l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU), à parité avec le 1 % logement. Cet engagement n’est
plus tenu par l’État depuis 2009, qui a imposé une augmentation temporaire de la contribution du 1 % logement,
puis un prélèvement sur les organismes HLM pour compenser son retrait du financement d’une Agence dont
les subventions représentent 30 % du coût total du PNRU.

Des réalisations aux résultats : le grand écart


L’avancement du PNRU est régulièrement célébré par les responsables politiques, qui insistent sur les
transformations visibles qu’il produit dans les quartiers. La confusion entretenue entre les réalisations (outputs)
et les résultats (outcomes) masque difficilement l’échec de la rénovation urbaine : les moyens colossaux qui
lui sont consacrés n’ont pas permis d’atteindre l’objectif de réduction significative des écarts entre les ZUS et
leur environnement arrêté dans la loi Borloo. Au contraire la concentration des populations pauvres et précaires
dans ces quartiers a été en s’accroissant depuis le lancement du PNRU, comme l’indique la quasi-totalité des
indicateurs réunis dans les rapports de l’ONZUS. Ainsi, le revenu fiscal moyen par unité de consommation
des ménages résidant en ZUS s’élevait à 56 % de celui des ménages de leurs unités urbaines en 2007, contre
58 % en 2002. La part des personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté demeure 2,4 fois plus élevée en
ZUS qu’ailleurs. Le chômage reste massif dans ces quartiers, dont 18,6 % des actifs étaient sans emploi en
2009 soit deux fois plus qu’en moyenne nationale (9,2 %). Six ans plus tôt, ces taux étaient respectivement de
17,2 % et 8,1 %. L’écart a donc légèrement cru sur la période, les jeunes constituant les principales victimes de
ce sur¬chômage : parmi les actifs de moins de 25 ans résidant en ZUS, 43 % des hommes et 37 % des femmes
actives étaient au chômage en 2009.
Les rares indicateurs dont l’évolution pourrait sembler plus favorable ne le sont qu’à première vue. Ainsi, l’écart
de réussite au brevet des collégiens scolarisés en ZUS vis-à-vis de leurs homologues d’autres établissements,
qui était de 11,7 points en 2005, n’est plus que de 9,6 points en 2009. Mais la diminution du nombre de jeunes
sans qualification dans les ZUS s’accompagne d’une élévation continue des niveaux de qualification des jeunes
des autres quartiers, qui perpétue les écarts.
Au regard des objectifs arrêtés par le législateur en 2003, force est de constater l’échec de la politique de la ville,
pour immédiatement le nuancer. Car l’effet propre de cette politique demeure incertain, en l’absence d’études
rigoureuses rapportant l’évolution des quartiers prioritaires avec celle de quartiers comparables qui n’auraient
pas bénéficié de la politique de la ville. En outre, il convient de rappeler que la catégorie administrative des
ZUS réunit des quartiers dont les situations et les dynamiques sont très hétérogènes. Les moyennes nationales
masquent d’importantes variations locales, liées aux contextes territoriaux et aux politiques menées. Les
dynamiques de développement économique et l’action publique ont permis, dans certaines agglomérations,
d’arrimer ou de réintégrer les quartiers dans le fonctionnement urbain, quand d’autres agglomérations ont vu
des quartiers comparables s’enfoncer dans la spirale de la mise à l’écart. Si la politique nationale de la ville
est globalement en échec, certaines villes sont heureusement parvenues à conduire des politiques locales
plus efficaces.

110  CNED  Méthodologie : Note de synthèse– 6-B392-TE-00-18


Quelles perspectives pour la politique de la ville ?
Orphelins des grands espoirs qu’ils avaient placés dans la rénovation urbaine, les responsables politiques
français semblent désormais sans idées ni projets pour les quartiers prétendument prioritaires. Les annonces
gouvernementales récentes (prolongation des contrats urbains de cohésion sociale jusqu’à 2014, nomination
d’un ministre de la Ville de plein exercice) masquent difficilement l’absence de perspectives pour la politique
de la ville. L’avenir de ses principaux programmes est incertain et les critiques répétées des chercheurs quant
à l’approche qui les sous-tend peinent toujours à être entendues.
Sauf à considérer que la situation des quartiers populaires et des minorités visibles qui y sont concentrées ne
représente qu’un enjeu secondaire (ou un simple enjeu de maintien de l’ordre), il convient pourtant de prendre
acte de l’échec de la stratégie poursuivie depuis 2003 et d’envisager l’exploration de nouvelles approches.
Plutôt que de s’évertuer à rétablir, par l’intervention urbaine, une hypothétique et indéfinissable mixité sociale
dans les quartiers populaires, ne faudrait-il pas privilégier des politiques de soutien aux parcours de promotion
sociale de leurs habitants, voire dempowerment suivant le modèle américain ? L’alternative est tout sauf
théorique, tant ces deux registres d’objectifs (people versus place) s’avèrent en tension : les habitants des
ZUS qui connaissent des trajectoires sociales ascendantes déménagent fréquemment hors de ces quartiers,
où ils sont remplacés par de nouveaux habitants en situation de précarité accrue. Dès lors, ouvrir de nouvelles
perspectives pour la politique de la ville suppose de décaler une réflexion trop exclusivement centrée sur des
questions institutionnelles et budgétaires, pour réinterroger la stratégie poursuivie : la politique de la ville ne
devrait-elle pas d’abord chercher à favoriser la mobilité sociale (et résidentielle) des habitants des quartiers
pauvres, au risque d’une dégradation accrue de la situation statistique de ces territoires ? Le débat, dont les
termes ont été importés en France voilà près de 10 ans, est plus que jamais d’actualité.

CNED  Méthodologie : Note de synthèse– 6-B392-TE-00-18  111


DOCUMENT 6

« La politique de la ville, c’est quoi ? »


Source : http://www.agglo-seine-eure.fr/La-politique-de-la-ville-c-est-quoi_a102.html

La politique de la ville, née au début des années quatre-vingts, est une politique publique d’exception.
Elle a pour objectif de réduire les inégalités sociales et les écarts de développement entre les territoires,
de favoriser la cohésion sociale, en développant une intervention publique renforcée dans des quartiers
urbains en difficulté.

L’approche se veut globale, associant les dimensions urbaine, économique et sociale. Ainsi les domaines
d’intervention s’étendent-ils de l’emploi à l’habitat, en passant par la santé, la citoyenneté...
La politique de la ville ne doit donc pas être confondue avec la politique urbaine ou sociale menées par les
communes.
En quelques mots clefs, la politique de la ville de définit comme :
• Une politique interministérielle : le CIV ─ Comité Interministériel à la Ville, qui oriente et décide la
politique de la ville, est composé de l’ensemble des ministres. Le SG-CIV, Secrétariat général du CIV,
conçoit, anime, met en œuvre et évalue la politique de la ville ;
• Une politique contractuelle : les CUCS ─ Contrats urbains de cohésion sociale constituent un
partenariat entre, a minima, l’État d’une part et un Établissement public de coopération intercommunale
d’autre part (parfois des communes). Ainsi les priorités de la politique de la ville sont déterminées sur la
base de la concertation et de décisions conjointes ;
• Une politique territorialisée : des quartiers en difficulté sont identifiés comme étant prioritaires (on
parle de la « géographie prioritaire »). Ainsi la politique de la ville s’applique au niveau de la commune,
les décisions et le suivi des projets étant effectués à la fois par des instances locales et par la Préfecture
au niveau départemental ;
• Une politique d’exception : les actions financées par la politique de la ville ont pour objectif de corriger
des inégalités en apportant un « plus » par rapport aux actions et politiques habituelles (de « droit
commun ») des différents ministères. Elles constituent un différentiel, un soutien pour aller plus vite, être
plus efficace, avec des priorités établies ;

La Géographie prioritaire
Une Zone Urbaine Sensible : Louviers – la ZAC de la Justice (quartier Maison Rouge)
Sept quartiers CUCS, hors Zones Urbaines Sensibles :
➞ Louviers
- Quartier des Acacias
- Quartier des Amoureux
- Quartiers des Oiseaux

➞ Val-de-Reuil
- Quartier du Germe de ville

➞ Pont de l’Arche
- Quartier du Bon Air

112  CNED  Méthodologie : Note de synthèse– 6-B392-TE-00-18


➞ Pîtres-Le Manoir : la totalité du territoire communal

Les actions financées au titre du CUCS doivent impérativement concerner ces territoires : soit un opérateur
propose un projet qui se tiendra au cœur des quartiers, soit le projet est plus global, avec un montage de projet
qui fait participer les habitants des quartiers prioritaires.

Les dispositifs relevant de la politique de la Ville


> Deux quartiers en rénovation urbaine (conventionnement avec l’Agence de la Rénovation Urbaine)
- Val-de-Reuil – le germe de ville
- Louviers ZUS Z.A.C. de la Justice

> Une Maison de la Justice et du Droit

> Trois programmes de Réussite Éducative à Val-de-Reuil, Louviers et Pîtres/Le Manoir

> Un Plan Local pour l’Insertion et l’Emploi (PLIE) :

Les axes de travail


Axe 1 : Habitat et cadre de vie
Axe 2 : Développement économique, emploi
Axe 3 : Réussite éducative
Axe 4 : Citoyenneté et prévention de la délinquance
Axe 5 : Santé

Les chantiers du patrimoine


L’Agglomération a lancé en partenariat avec l’association CURSUS et les 29 communes de l’Agglo un chantier
d’insertion permanent du patrimoine Seine-Eure.
Pour rappel, la convention signée avec l’association CURSUS prévoit une intervention de l’Agglo.
Elle prend en charge 100 % des frais de fonctionnement, 80 % des travaux et laisse à la charge des communes les
20 % restants. En 2011, l’Agglomération Seine-Eure a consacré 194 636 euros pour les chantiers du patrimoine.

Le Pôle Mobilité et Insertion


Le Pôle Mobilité et Insertion a pour mission de favoriser les déplacements et de développer l’autonomie des
personnes en difficulté de mobilité sur notre territoire dans 3 domaines prioritaires : l’emploi, la formation et la
santé.
Quatre actions sont menées par les associations IFAIR et la MJC deDuclair. Il s’agit de :
L’action « Inser-Volant » mise en œuvre par la MJC de Duclair propose des sessions d’apprentissage à la
conduite pour des personnes en difficulté d’assimilation et d’apprentissage ne pouvant prétendre au passage du
permis B en auto-école dite classique. Cette action a pour objectifs de faciliter l’insertion sociale et professionnelle
de ces publics en difficultés, de permettre une mise en valeur de leur capacité individuelle au sein d’un groupe,
et créer un comportement de conducteur responsable. Deux sessions de formation à l’obtention du permis de
conduire B ont été mises en place en 2011 pour un total de 16 personnes.

CNED  Méthodologie : Note de synthèse– 6-B392-TE-00-18  113


« Atelier deux roues », association IFAIR. Cette action met à disposition des publics des mobylettes, des
scooters électriques. Elle s’adresse essentiellement aux publics les plus mobiles.
« Transport à la demande », association IFAIR. Cette action concerne les publics les moins mobiles pour
une durée de 3 mois. Elle fonctionne avec deux chauffeurs permanents et deux véhicules. Le transport à la
demande est utilisé par des bénéficiaires suivis par l’UTAS, le PLIE, Pôle Emploi, les CCAS, les CMS et la
mission locale. Au total, 163 personnes ont eu recours au transport à la demande en 2011 sur le territoire de
l’Agglo. 1 772 trajets ont été effectués en 2011 pour 59 287 km parcourus, soit une moyenne hebdomadaire de
35 trajets (moins 10 % par rapport à 2010).
« Parc locatif sans permis », association IFAIR. Depuis 2009, l’association IFAIR a été missionnée pour le
développement de nouvelles formes de mobilité pour des personnes rencontrant des difficultés face à l’utilisation
des 2 roues et quand le transport à la demande est impossible. A ce titre, la Communauté d’agglomération
Seine-Eure a accordé une subvention à l’association IFAIR pour se doter de trois véhicules sans permis à
moteur thermique. L’accès pour les publics à ce service s’inscrit dans une démarche d’ensemble développée par
l’association IFAIR. Pour 2011, 8 personnes ont bénéficié de ces locations, toutes avec des locations mensuelles
pour du travail en CDD ou en horaire atypique, ce qui montre le besoin de mobilité pour des personnes n’ayant
pas le permis de conduire.

Le Réseau Local de Promotion de la Santé


L’Agglomération Seine-Eure anime un réseau local de promotion de la santé depuis plusieurs années.

Le Contrat local de santé


L’Agglo a été sélectionnée par l’Agence Régionale de la Santé de Haute-Normandie pour mettre en œuvre un
Contrat Local de Santé. Il a été signé en juin 2012, le premier en Haute Normandie. Ce contrat vise à définir
un programme d’actions autour des champs de la promotion de la santé, la prévention, les politiques de soins,
l’accompagnement médico-social et la santé-environnement. Le dernier trimestre 2011 a donc été consacré à
la mise en place de groupes de travail thématiques pour définir les priorités pour le territoire.
Le deuxième axe concerne les formations. Avec le soutien de la délégation aux droits des femmes et des
familles, en 2011, 25 professionnels du territoire ont été formés pendant 5 jours à la question des violences
intrafamiliales.
Le dernier axe permet d’apporter un soutien technique aux porteurs de projets. En 2011, dix porteurs de projet
ont été soutenus dans :
- la mise en place d’une action globale,
- la recherche de financements et la rédaction d’un dossier de demande de subvention,
- la recherche d’intervenants pour une action,
- la réalisation d’une évaluation.

En 2011, les actions santé ont été financées à hauteur de 300 552 € dont 46 550 € sur fonds propres de
l’Agglomération.

114  CNED  Méthodologie : Note de synthèse– 6-B392-TE-00-18


Corrigé proposé du sujet 2

Compréhension du sujet

Thème de la note
Le dossier traite de la politique de la ville et de la dégradation des relations sociales dans les quartiers
sensibles. C’est une politique décentralisée qui met en scène un grand nombre d’acteurs de la vie publique,
État, collectivités locales, associations. L’approche est nécessairement transversale, puisque la politique de
la ville vise aussi bien la rénovation urbaine, l’emploi que la lutte contre la délinquance. Elle suppose que ces
zones ciblées géographiquement sont des zones défavorisées dans lesquelles s’accumulent les problèmes.
Ce sont généralement des zones périphériques qui se trouvent dans des situations d’inégalité de dotations
factorielles : non seulement ces quartiers sensibles concentrent des populations faiblement qualifiées, mais
aussi faiblement dotées en termes d’infrastructures publiques. La logique qui l’inspire suppose que la violence
a une origine d’abord sociale, elle est le résultat des difficultés d’insertion sociale.

Objet demandé
Le dossier proposé aux candidats comporte 6 documents. La note doit faire apparaître la complexité du problème,
ses multiples dimensions. Il faut également faire ressortir le contexte de faible croissance de l’économie et
donc, par voie de conséquence les difficultés d’emploi pour une population marginalisée et déclassée. Le but
sera donc de mettre en avant les différents niveaux auxquels cette politique s’attaque. Le regard critique qu’on
portera sur la politique passée mettra justement en cause la dimension géographique des interventions. Il faudra
bien resituer le travail dans le contexte actuel, au moment où le nouveau gouvernement cherche à insuffler des
idées nouvelles au-delà de la question des moyens financiers qui vont être déployés.

Un parcours rapide des documents va permettre de retenir les idées générales qui seront développées et
 
les faits saillants sur lesquels elles s’articulent.
Le titre, les éléments empiriques sont susceptibles de donner au candidat une idée générale du dossier et
de la manière de l’aborder. Leur date de publication indique également comment la problématique de la
gouvernance peut avoir évolué dans le temps.
Cette approche doit permettre de repérer les documents les plus intéressants, ceux qui ont un intérêt factuel,
ou un intérêt théorique, mais également il faudra trouver le bon ordre de lecture en quelque sorte de façon
à ne pas perdre de temps avec des détails qui ne rentreront pas dans l’ébauche de la problématique. Si
chaque document n’a pas la même valeur, ni la même longueur, il faut d’abord avoir une idée claire de la
problématique qui y est développée. Il faut s’efforcer de décrire clairement le but du texte lu en une phrase
de façon à en dégager le sens. On peut répondre à la question suivante : Pourquoi ce texte est-il écrit ?
Très souvent le point sur lequel butte les étudiants est la question de la problématique. Il faut trouver un
axe directeur. Celui-ci peut être, pour le sujet qui nous intéresse, la logique de transversalité de l’approche
de la politique de la ville et également le niveau géographique de l’intervention.

CNED  Méthodologie : Note de synthèse– 6-B392-TE-00-18  115


Exploitation des documents

Document 1
Après avoir rappelé les différentes dimensions et origines de la politique de la ville, le document s’intéresse
au fait que la nouvelle réforme va se concentrer sur un nombre plus faible de quartiers, on passera de 2 500 à
1 000. Il développe ensuite l’idée selon laquelle en France les pouvoirs publics interviennent depuis longtemps
dans ces quartiers, et donc que les institutions ne les ont pas abandonnés. Il note cependant que le budget de
l’État est relativement faible, seulement 0,36 % du total est réservé à la politique de la ville. Pour autant, il semble
que les statistiques montrent qu’avec le temps les écarts se sont creusés entre les quartiers difficiles et les
autres, que ce soit en termes de mixité sociale, de revenu ou d’emploi. A ce titre on peut parler d’échec, et cela
malgré les investissements réguliers de l’État et des collectivités locales. On note aussi un grand foisonnement
des initiatives, parfois sans concertation. La politique de la ville est par ailleurs développée sur le mode de
la contractualisation, et donne lieu à des tentatives de coordination. On remarque qu’un des effets paradoxal
de la politique de la ville est d’avoir accéléré la mobilité sociale, avec des effets négatifs sur les ZUS. Dans la
politique de la ville, l’action sur le bâti s’articule toujours avec les autres formes d’intervention, sur l’éducation
ou l’emploi. Les fonds engagés ne semblent pas avoir engendré une discrimination positive. La complexité
des mesures avancées et la difficulté à cadrer des objectifs clairs donnent une impression d’indétermination.
Le premier échec constaté est que l’action sur le bâti – rénovation, démolition, construction – n’a pas amélioré
la mixité sociale qui est considérée comme un bon objectif à atteindre. Deux problèmes sont soulignés : le
zonage et la trop grande multiplication des ZUS qui donnent une impression de saupoudrage. Il conclut qu’il
faut prendre en compte les nouvelles formes de sociabilité qui se sont développées dans les années récentes
et donc partir de l’humain plutôt que d’imposer une norme.

Document 2
Ce second texte trace les grandes lignes de la réforme de la politique de la ville à venir. On retient que les
objectifs sont à la fois qualitatif, casser la spirale de la pauvreté et quantitatif. Il s’agit à la fois d’un nouveau plan
de rénovation urbaine pour un montant de 20 milliards d’euros distribués sur 230 quartiers, donc une enveloppe
relativement modeste, et de créer environ 10 000 emplois à l’horizon de 2016 en s’appuyant sur les emplois
francs et aussi en redéployant les emplois d’avenir. Une des autres pistes est de répartir de manière un peu
plus équitable les fonds qui à l’heure actuelle présentent des écarts importants entre les villes.

Document 3
Ce document gouvernemental rappelle les dimensions de la politique de la ville et ses objectifs. Ce sont au total
2 200 quartiers qui sont concernés et 751 ZUS. L’action doit être menée sur le terrain de l’habitat, de l’emploi,
de l’éducation, de la lutte contre la délinquance et de la santé. Au total, c’est une population de 5 millions de
personnes qui est concernée. Le but est de réduire les inégalités dans les dotations factorielles et dans le
développement économique local.

Document 4
L’article rappelle que le Conseil Interministériel de la Ville ne s’est plus réuni depuis 2010. Le but de la nouvelle
réforme annoncée en février dernier est de redéfinir les quartiers qui bénéficieront en priorité de la politique
de la cille. Un effort particulier sera donné à l’emploi : 2 000 emplois francs qui seront subventionnés à hauteur
de 5 000 € par an, et 30 % des emplois d’avenir. Ce plan emploi liée à la politique de la ville sera accompagné
par Pôle emploi.

116  CNED  Méthodologie : Note de synthèse– 6-B392-TE-00-18


Document 5
Le texte rappelle les origines de la politique de la ville dans les émeutes qui ont eu lieu en 1981 dans le
quartier des Minguettes. Cette politique ne prit cependant le nom de politique de la ville qu’en 1990. Cependant
les difficultés commencent dès qu’il s’agit d’évaluer son impact. Les plans sont déclinés du point de vue
budgétaire notamment un programme destiné à l’amélioration de l’habitat, destruction, mais aussi programme de
400 000 logements de type HLM. Ensuite l’article semble indiquer que les politiques d’emploi en ZUS sont très
difficiles à mettre en œuvre, eu égard le profil des populations ciblées. Pour l’auteur également la politique de
ZEP qui est massivement mise en œuvre par des jeunes enseignants, même si le nombre d’élèves par classe y
est plus faible, cela entraîne un surcoût important. L’échec de la politique de la ville se mesure essentiellement
par les écarts de chômage à la moyenne, et par des écarts également importants en matière de résultats
scolaires. Il pense que la volonté de mixité sociale se heurte à la réalité de ceux qui, ayant des trajectoires
sociales ascendantes, changent de quartier, entraînant les zones sensibles dans une spirale dépressive.

Document 6
Ce texte décrit concrètement comment la politique de la ville a été appliquée. Les quartiers ont été définis avec la
préfecture au niveau du département. Les priorités ont été données à l’habitat urbain, mais aussi à l’équipement
administratif. Deux autres axes ont été développés : l’un portant essentiellement sur une amélioration de la
mobilité des personnes, et l’autre sur l’amélioration des conditions sanitaires. Ce plan sanitaire s’est développé
avec l’implication des associations des quartiers.

Construction du devoir

Choix des documents


Après avoir terminé la lecture du dossier, nous devons procéder à l’identification des idées forces qui l’animent.
On voit tout d’abord que les textes justifient la politique de la ville par les inégalités territoriales qui sont le
plus souvent le résultat de la concentration de populations en difficultés, massivement d’origine étrangère.
Identifier les causes de ces écarts de dotations entre les quartiers revient à considérer que les problèmes
sont essentiellement liés à la pauvreté et aux difficultés d’insertion dans un parcours scolaire traditionnel. La
seconde idée est que les résultats de la politique de la ville depuis une trentaine d’années ne sont pas très
bons et que les écarts de revenus, de chômage et de résultats scolaires se sont accrus avec le temps. Il faudra
donc examiner les pistes d’une réforme de l’action gouvernementale : comment faire pour être plus efficace,
surtout quand l’argent manque ?

Problématique et construction du plan


La problématique d’ensemble de la note est présenté dans une courte introduction qui cerne le sujet et qui
annonce également le plan et la façon de le traiter. Il est important de soigner l’introduction pour bien montrer
que vous avez compris l’importance du sujet. Dès ce stade le correcteur se fait une opinion de vos compétences.
Le plan doit comporter deux parties et deux sous-parties. Leur articulation doit être logique et progressive.
C’est-à-dire que chaque point particulier doit représenter une unité, une idée sur laquelle il ne faut pas revenir.
La conclusion doit être brève, comme une ouverture sur des mesures pratiques à définir, ou un prolongement
d’analyse.

CNED  Méthodologie : Note de synthèse– 6-B392-TE-00-18  117


Dans l’introduction on rappellera à la fois les origines de la politique de la ville, et également son bilan, on
éclairera le propos en signalant que le gouvernement actuel est à la recherche de la mise en place d’une
nouvelle logique. Il faudra bien insister sur le caractère transversal de la politique de la ville. On remettra en
question la définition géographique des zones d’intervention puisqu’en effet, si on cible des quartiers sensibles,
traiter de ces questions à part semble mener à une reconnaissance des formes ghettoïsées de ces quartiers.

Annonce du plan

Introduction

I. Les dimensions de la politique de la ville


A. L’approche sectorielle
B. L’approche géographique

II. Bilan et perspectives


A. Des écarts qui perdurent
B. Vers une nouvelle approche

Conclusion

Nous proposons un plan et un corrigé, sachant qu’il y en a plusieurs qui peuvent être avancés, les uns privilégiant
les modalités juridiques et politiques de l’évolution des écarts de salaire entre les genres, les autres focalisant
plus leur attention sur la diversité des causes présentées.

118  CNED  Méthodologie : Note de synthèse– 6-B392-TE-00-18


Proposition de corrigé du sujet 2

Dans une période de crise économique et sociale aggravée, la politique de la ville concentre en elle tous les
enjeux et toutes les difficultés. Elle est née dans les années quatre-vingts, consécutivement aux émeutes qui
ont eu lieu dans les quartiers sensibles de la région lyonnaise. Elle suppose que dans ces quartiers où la loi
n’est pas toujours respectée, la violence urbaine est la conséquence d’une grande concentration de personnes
défavorisées. La violence est vue comme le résultat d’une dégradation des paramètres traditionnels de la vie
civile. Ce n’est donc pas la dégradation des quartiers qui entraîne leur effondrement social et économique, mais
à l’inverse c’est ce qui ressemble à un abandon de vastes territoires qui engendre violence et décomposition du
lien social. Le terme de politique de la ville est apparu en 1990. D’emblée cette politique volontariste se voulait
transversale, agissant sur un grand nombre de leviers pour remettre ces territoires à niveau.
Dans une période de croissance économique faible et de rigueur budgétaire, le gouvernement est à l’heure
actuelle en voie de produire une réforme de fonds et de forme. Il est donc amené à tirer un bilan des politiques
de la ville des trente dernières années (I) et à trouver de nouveaux axes de réflexion (II).

I. Les dimensions de la politique de la ville


La politique de la ville se donne pour tâche de combattre la dégradation continue de quartiers sensibles en
agissant sur un ensemble de leviers qui dépendent du domaine de l’investissement public. Comme les moyens
ne sont pas illimités, l’État cible des quartiers prioritaires, en se fixant pour but de les désenclavés et donc
d’accroître la mixité sociale. C’est une politique transversale qui va mettre à contribution différents ministères,
l’éducation, le travail, l’intérieur, mais aussi un grand nombre de partenaires, les collectivités publiques et les
associations.

A. L’approche sectorielle
La politique de la ville est définie rigoureusement à partir de cinq critères résumant en quelque sorte la faiblesse
des dotations factorielles de ces quartiers. La priorité a souvent été donnée à la rénovation de l’habitat et à
l’amélioration du cadre urbain. C’est l’axe qui mobilise le plus de moyen, c’est le plus onéreux. Par exemple
dans le plan Borloo 2004-2013, il était prévu de construire 400 000 logements de type HLM. Le second axe
est celui de l’emploi et du développement. On va donc tenter d’aider ces quartiers en déployant des emplois
subventionnés, ou essayer de donner une meilleure formation. Cet axe peut être compléter par des mesures
au plan local pour favoriser l’émergence d’entreprises. On suppose que les populations de ces quartiers ont
également un manque d’éducation important, aussi on tentera de développer des méthodes pédagogiques
différentes, ou encore on essaiera de mettre en œuvre des moyens éducatifs supplémentaires pour faire en
sorte que le nombre d’élèves soit moins important par classe et que ceux-ci soient mieux suivis. La politique de
la ville prévoit également un volet axé sur la lutte contre la délinquance et l’amélioration de la vie civile. Enfin un
volet de cette politique est très souvent celui de la santé publique. La santé comme l’éducation est vue comme
des éléments indispensables pour l’amélioration du capital humain. Même si ce dernier point ne mobilise pas
les fonds les plus importants, il est très important par les agents qu’il mobilise et les emplois qu’il pérennise
dans les quartiers justement, cette priorité donnée à la santé part du constat qu’un quart de la population de
ces quartiers ne se soigne pas.

CNED  Méthodologie : Note de synthèse– 6-B392-TE-00-18  119


B. L’approche géographique
Le critère retenu est celui de la pauvreté économique, c’est-à-dire une concentration de population dont le
revenu est inférieur à 11 000 euros par an. Cette approche est nécessaire parce qu’elle définit les quartiers qui
bénéficieront de la part de l’État de ressources supplémentaires. En tout ce sont 5 millions de personnes qui
sont concernées. Celles-ci se répartissent dans 2 000 quartiers sensibles et 750 Zones Urbaines Sensibles
(ZUS). Dans ce dernier cas les moyens sont plus importants et les plans plus complets. Les critères qui servent
à les définir sont toujours un peu les mêmes : un taux de chômage élevé, des résultats scolaires inférieurs à
la moyenne, ce sont les quartiers où fleurissent des grands ensembles immobiliers, des tours, des barres, des
logements sociaux qui ont été construits à la périphérie des villes ce qui évidemment ne fait que renforcer le
caractère de ghetto de ces quartiers sensibles. Définis par des critères de pauvreté – dans ces quartiers les
revenus sont très souvent des aides de l’État – ils concentrent aussi des populations issues de la diversité
ethnique. Cette concentration de population issues de l’immigration rend bien sûr plus difficile l’amélioration
des performances scolaires.

II. Bilan et perspectives


Globalement les sommes affectées à la politique de la ville ne sont pas très importantes, on l’évalue, sur la longue
durée, à environ 0,36 % du budget de l’État. Mais au fil des années la politique de la ville a brassé des sommes
relativement importantes. Ainsi le premier PNRU (Programme National pour la Rénovation Urbaine) avait mis
en train un vaste plan de rénovation urbaine pour plus de 44 milliards d’euros concentrés sur 230 quartiers.

A. Des écarts qui perdurent


Les statistiques mesurent les performances de la politique de la ville en prenant essentiellement comme critère
des écarts à la moyenne nationale.
Quand on dresse le bilan de la politique de la ville, on se sert d’une grande batterie d’indicateurs – en tout 65 –
mais on s’attarde plutôt aux performances en matière d’emploi, de revenu et de scolarisation. Une des difficultés
pour mesurer l’efficacité de la politique de la ville provient du fait que les habitants de ces quartiers sensibles
qui ont des trajectoires sociales ascendantes fuient ces quartiers, et donc cette mobilité sociale tend à tirer les
performances de la politique de la ville vers le bas.
Les critères le plus souvent retenus sont les écarts en matière de scolarisation sur la longue durée ; ces écarts
se sont accrus, ils restent supérieurs à deux points. En matière de chômage on cite encore les chiffres de 43 %
pour les hommes et de 37 % pour les femmes dans les ZUS.
La pauvreté s’est accrue également puisque si au début des années 2000 56 % des foyers fiscaux vivaient en
dessous de la moyenne de leur agglomération, en 2007, ils étaient 58 %. Cette concentration de la pauvreté
fait que couramment on utilise maintenant le terme de ghetto pour désigner ces quartiers.

B. Vers une nouvelle approche


Le bilan que l’on tire de la politique de la ville demande un recentrage. De nombreux chercheurs pensent
que les dotations étatiques lorsqu’elles sont réparties sur un trop grand nombre de secteurs ressemblent à
un saupoudrage et donc n’ont plus guère d’efficacité. Et bien sûr dans un contexte d’austérité budgétaire, ce
recentrage devient un impératif pour la nouvelle politique de la ville que le nouveau gouvernement veut mettre
en place après les élections municipales. L’idée sera donc de redéfinir les quartiers ciblés, ils passeraient ainsi
de 2 200 à un millier. Mais on suppose également qu’il faut une meilleure coordination de l’action, cela devrait
passer par le renforcement de la coopération intercommunale.
En ce qui concerne la politique de l’emploi, il est proposé des emplois-francs, emplois aidés à hauteur de
5 000 euros par an, et des emplois d’avenir, 30 % de ceux-ci devraient être localisés dans ces zones prioritaires.
Le gouvernement s’est donné comme objectif la création de 16 000 emplois à l’horizon 2016. L’enjeu est de
taille puisqu’on estime qu’environ 40 % des populations de ces quartiers se trouvent sans emploi.

120  CNED  Méthodologie : Note de synthèse– 6-B392-TE-00-18


L’autre partie de la réforme concernera une meilleure péréquation des ressources. On cite le fait qu’à Marseille
seulement 22 euros par habitant sont dévolus à cette politique contre par exemple 60 euros par habitant dans
les Yvelines.

Devant l’ampleur de la tâche, on constate que la redynamisation de ces quartiers ne pourra atteindre des
objectifs que dans le long terme. Cependant il reste des interrogations importantes sur les objectifs concrets de
cette politique de la ville. Doit-on encourager la mobilité des personnes qui s’y trouvent, au risque de concentrer
un peu plus la misère, ou au contraire doit-on abandonner l’idée de réhabiliter la mixité sociale qui manifestement
ne s’est pas réalisée ? Se pose alors la question de la prise en compte des modes de sociabilité particuliers à
partir de groupes ethniques qui semblent suivre des trajectoires finalement différentes.

CNED  Méthodologie : Note de synthèse– 6-B392-TE-00-18  121

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