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Créer un écosystème : une faune en fantasy

© 2020 Alberto Seijo

Commençons par confirmer la règle d’or : Ce qui va suivre n’est important que si vous voulez que ce soit
important. Vous pouvez suivre la méthode de JK Rowling : tout inventer au fur et à mesure de ce qui vous
fait envie, et ne pas vous inquiéter de ce qui viendra ensuite.

Ceci dit, entrons dans le vif du sujet. Bienvenue au cours d’Écologie en fantasy, premier année, premier
cours. Je suis Alberto Seijo, votre professeur. Je vais essayer de vous transmettre une partie connaissances
que j’ai accumulées, pendant une dizaine d’années en Créations d’univers de jeu et en Biologie, sur le thème
qui nous concerne.

Mon CV ne fera pas partie de l’examen ; ce que j’explique ci-dessous, si.

Un écosystème est un “Système biologique constitué d’une communauté d’êtres vivants et de


l’environnement naturel qu’ils habitent.”

Pour créer un écosystème, il est central de tenir compte :

 des êtres vivants qui l’habitent,


 des relations entre ces êtres vivants,
 des relations des êtres vivants avec l’environnement,
 de l’effet que cet environnement a sur les êtres vivants, et vice-versa.

Cet environnement est traditionnellement perçu comme l’imbrication de la Géographie et du Climat, mais
comme ici il s’agit d’un écosystème de fantasy, il est également indispensable de prendre en compte le
facteur « magie ».

[L’environnement] est l’étape la plus simple du processus, parce que c’est à peine plus que les fondations. Il
suffit de les choisir.

Pour la bonne compréhension de cet article, je vais créer un écosystème à partir de zéro. D’abord parce que
comme ça c’est plus clair, ensuite parce que ça sera pratique de l’avoir à l’avance pour mes futures parties
de JdR.

Ur-Valar, Les montagnes de la folie

Ur-Valar est une chaîne de montagnes qui sépare la region d’Ardara, au climat méditerranéen - à l’Est - des
forêts continentales de Varel’olo à l’Ouest. Connue pour sa forte activité volcanique et ses intenses pluies de
cendres, on dit aussi qu’elle fait perdre la raison et qu’elle corrompt toute créature qui y habite.

Dans ce paragraphe on a déjà tout ce qu’il faut savoir sur la région :


C’est une chaîne de montagnes, alors on peut la diviser en 3 zones : la partie élevée, et les parties de basse
altitude - celle du versant Est et celle du versant Ouest. Ceci est dû au fait que les chaînes de montagnes
constituent une barrière pour le vent et l’humidité, ce qui fait qu’un des deux côtés est plus sec et aride.
Cette différence a peu d’importance dans la zone rocheuse du sommet des montagnes elles-mêmes.

On sait également que ce climat de montagne est situé entre un climat méditerranéen (aux hivers doux et
étés secs) et un climat continental (hivers froids et étés chauds). Les types de climat, ce qui les définit et
leurs caractéristiques, est un vaste sujet que vous devriez déjà connaître (mais voici un lien (es) au cas où)
[Cet article Wikipédia regroupe également les types de climats (NdT)]

Enfin, nous savons qu’il y a une forte activité volcanique - donc les incendies dans les forêts aux alentours
seront fréquents à cause du magma. Il y a fréquemment des pluies de cendres : donc les forêts seront plus
fertiles que ce dont on pourrait s’attendre. De plus, les créatures qui y habitent semblent être corrompues et
« folles », ce qu’il faudra prendre en compte au moment de peupler cette région.

Puisqu’on sait enfin à quel environnement on est confronté, il est temps de le peupler. Il est important à ce
moment-là de prendre en compte ce que beaucoup d’entre vous connaissent sous le nom de « Pyramides
trophiques » ou « Chaînes trophiques ». Le nom le plus moderne et actuel est « Réseaux trophiques » : un
réseau trophique est l’interconnexion naturelle des chaînes alimentaires et, en général, c’est une
représentation de qui mange qui dans un écosystème.

Un réseau trophique est plus complexe que « qui mange qui », parce qu’il faut prendre en compte d’autres
facteurs comme les relations symbiotiques wiki, de refuge wiki en, de parasitisme wiki... mais c’est un bon
squelette pour commencer à construire.

Pour ça, on distinguera les Hétérotrophes (qui ont besoin de manger un autre organisme) et les Autotrophes
(qui génèrent leur propre nourriture).

Lorsque je commence à peupler [une région], j’aime commencer de haut en bas, puisque les problèmes qui
commencent à apparaître au fur et à mesure qu’on imagine les prédateurs, peuvent se résoudre en créant
leurs proies.

Les Hétérotrophes peuvent être divisés dans les sous-catégories suivantes :

Superprédateurs,

Mésoprédateurs [Prédateurs « moyens » (NdT)],


petits carnivores,

grands herbivores,

petits herbivores,

parasites,

charognards et décomposeurs.

Superprédateurs
Quand on parle de superprédateurs, on désigne de grands carnivores

 capables de chasser n’importe quel autre individu présent dans l’écosystème, pour s’alimenter
 et qui n’a, lui-même, pas de prédateur.

La nature du superprédateur déterminera les stratégies de survie des autres créatures. D’habitude ils sont peu
nombreux et dominent de grandes étendues de terrain.

Dragon Rouge (Draco terriblis) – Dans l’Ur-Valar, toutes les créatures marchent en surveillant le ciel, car
ces montagnes sont la demeure d’un grand Dragon Rouge qui a bâti son nid sur un des pics à plus forte
activité volcanique.

Roc (Achila enormicus) – Le dragon rivalise pour la domination des cieux avec une petite famille de Rocs
qui habite les pics les plus élevés de la zone Sud.

Il y a peu de choses qui peuvent poser problème à ces bestiaux, donc on n’aura pas à se casser la tête. Ces
deux créatures sont bien adaptées à la montagne et le Dragon utilise notre anomalie volcanique, alors il n’y a
pas grand chose à ajouter. Ces créatures s’alimenteront surtout de Mésoprédateurs, de Grands herbivores et
de quelques Charognards.

Mésoprédateurs
Voici le début des problèmes. Les mésoprédateurs doivent être capables de chasser les petits carnivores et
tous les herbivores, mais doivent faire attention aux superprédateurs. Pour faire une analogie avec le monde
réel, ce sont l’équivalent des renards, des coyotes et des guépards.

Ces créatures ne pourraient pas rivaliser avec les superprédateurs pour la domination aérienne, alors il est
logique qu’elles rôdent dans les forêts des zones basses, où la plupart de leurs proies habitera également,
sauf exception.

Vargs gris (Canis cinis) – Implacables chasseurs en meute, ils suivent et traquent des proies de grosse taille à
travers les bois récemment carbonisés, profitant de la couleur grise-tachetée de leur fourrure pour se
camoufler sur fond de charbon et de cendre.

Krenshars (Herpestes stirgis) – On peut apercevoir ces aberrations rodant sur le flanc Est de la chaîne de
montagnes. Ce sont des prédateurs opportunistes et solitaires, qui utilisent leur cri psychique pour tenter
d’étourdir leur proie avant de l’attraper.
Hippogriffes (Achilaequs comunis) – Ces créatures profitent des incursions d’autres prédateurs - qui font
s'envoler leurs proies - pour s’élancer sur celles-ci. Ils peuvent aussi se comporter en charognards si
nécessaire.

Ogres (Pseudogiganta comunis) – Grands, brutaux et à l’intelligence presque humaine, les ogres protègent
férocement des petites zones de territoire près des grottes qu’ils habitent.

Petits carnivores
Les petits carnivores sont ceux qui traquent les petits herbivores et certains charognards. Les territoires
qu’ils défendent ne sont habituellement pas trop étendus, et il est aussi probable qu’ils soient autant
chasseurs que chassés.

Ils préféreront des habitats qui les maintiennent éloignés des Mésoprédateurs ; par conséquent, être près du
territoire des superprédateurs peut être une stratégie valide s’ils ont un moyen d’éviter d’être dévorés.

Lynx écarlate (Lynx tincto) – Ces félins dominent l’écosystème arboricole d’Ur-Valar, grimpant la nuit sur
les grands sequoias, et prenant par surprise ceux qui cherchent à se réfugier dans les branches.

Magmatiques aidednd (Antropoignis magmaticus) – Profitant que le dragon rouge ne peut pas les manger, ces
créatures de magma ont une vie paisible sur son domaine.

Rapaces wiki (Falconiformes) – Qu’il s’agisse d’aigles (géants ou communs), de faucons, de hiboux ou de
chouettes, les falaises et les forêts d’Ur-Valar sont parfaites pour ces oiseaux.

Loups (Canis Lupus) – Le carnivore typique de basse montagne. Capables de dévorer un Krenshar en
profitant de l’effet de surprise ; on en a aperçu en périphérie de meutes de vargs gris, poursuivant les proies
qui réussissent à s’enfuir des assauts de leurs cousins plus grands.

Harpies – À l’aide de leur chant et de leur nombre, certains clans de harpies défendent férocement les
falaises où elles construisent leurs nids.
Ours (Ursidae) – Qu’ils soient Bruns, Noirs ou Géants, les ours sont des prédateurs généralistes capables de
rivaliser avec tous les petits carnivores, ainsi que se défendre de certaines des plus grosses bêtes.

Grands herbivores
Les grands herbivores sont ceux qui ont besoin de grosses quantités de végétation pour subsister. Il n’y a pas
beaucoup d’herbe dans les bois de montagne, donc ces créatures devront être capables d’atteindre les feuilles
hautes et nourrissantes des arbres, ou d’accéder à un biome impénétrable pour la plupart des autres animaux.

Chèvre géante (Capra valaris terriblis) – Ces grandes chèvres de montagne grimpent aux parois les plus
abruptes comme s’il s’agissait de larges passerelles, accédant aux arbres et arbustes inatteignables pour
autrui.

Mite des cendres (Danaus carbo) – Tant sous sa forme de chenille géante que dans son état adulte, cette
énorme créature se nourrit de bois carbonisé et de cendre volcanique.

Destrier Noir aidednd (Equs solebatia) – Ces chevaux infernaux sont capables de s’envoler pour fuir les
prédateurs terrestres, et de se cacher parmi les arbres pour échapper au regard des prédateurs volants.

Petits herbivores
Les petits herbivores seront des créatures qui se nourrissent de feuilles et de fruits dans les bois sur les flancs
des montagnes. À un endroit aussi exposé aux incendies, il faudra trouver des créatures qui creusent des
terriers et qui cachent des graines sous terre, puisque ces graines sont souvent l’avenir de ces bois.

Rongeurs (Rodentia) – Souris, écureuils… Que ce soit au sol ou dans les arbres, ces créatures ont pour
stratégie de survie d’enterrer les graines [pour se constituer un garde-manger].

Lièvres tueurs (Lepus sanguinis) – Les flancs rocheux et irréguliers des montagnes permettent aux lièvres
tueurs de prospérer. À cause de l’influence de ces montagnes, ces lièvres sont très agressifs et, au lieu de
s’enfuir lorsqu’un rapace essaye de les prendre en chasse, ils bondissent violemment contre lui, pouvant
parfois lui briser une aile ou même le tuer.

Chèvres (Capra aegargus) – C’est la montagne, il y a des chèvres ; pas grand-chose à ajouter.

Petits oiseaux (variés) – qu’il s’agisse de chardonnerets, de cailles, de serins, de mésanges ou de rouges-
gorges, aucun bois n’est complet sans une grande population de ces oiseaux. Note : certains de ces oiseaux
sont insectivores. Pour construire cet écosystème de fantasy prévu pour des parties de JdR, on va laisser de
côté le développement d’un écosystème minuscule, pour simplement supposer qu’il y a des insectes, et que
ces insectes sont communs. Si, par contre, vous voulez inventer des insectes pour ça, faites-vous plaisir.
Parasites
Les parasites sont des êtres vivants qui utilisent un autre animal encore en vie pour leur propre bénéfice. Il
peut s’agir d’une relation trophique (comme les moustiques) ou d’une autre nature (1). Lors de la création de
nos parasites, il nous faut réfléchir à qui sont les créatures parasitées, de quelle façon, et pourquoi.

Suceurs de cervelle (Leucochloridium capudoxum) – Ce ver parasite le cerveau de sa victime, le dévorant de


l’intérieur pour se reproduire. Lorsqu’il a assez grandi, il voyage à travers les vaisseaux sanguins jusqu’aux
muscles, où il pond des œufs, pour ensuite induire un comportement suicidaire chez l’hôte, afin qu’il soit
dévoré [par un prédateur], complétant ainsi son cycle d’infection.

Lichen coupefeu (Lichen igniavertis) – Ce lichen a tendance à apparaître sur les arbres partiellement brûlés
après un incendie, libérant dans la sève une substance qui accélère la régénération du tissu endommagé. Ceci
peut sembler être une relation symbiotique, mais le lichen ne tarde pas à en profiter pour recouvrir
entièrement l’arbre, absorbant tous les nutriments qu’il peut extraire de la sève.

Charognards et Décomposeurs
Un écosystème ne peut pas exister sans ce type de créatures. Elles dévorent ce que les autres espèces laissent
de côté, ou elles catalysent le processus de décomposition qui permettra à la végétation de se nourrir. Le
cycle de la vie, quoi.

Dans cette catégorie il faudrait beaucoup plus de créatures microscopiques, mais pour que cet exercice soit
plus intéressant niveau fantasy, on mentionne quelques-unes des plus grosses.

Vautours (Gyps fluvus) – Les charognards par excellence d’un écosystème de montagne. Indispensables.

Boues goudronnées (Limus picem) – Naissant dans les puits de goudron qui bouillonnent dans les rigoles
remplies de cendres boueuses, ces vases hautement inflammables sortent de leurs mares la nuit, lorsque leur
couleur sombre les rend pratiquement invisibles.

Myconides (Antropofungi comunis) – On rencontre les myconides au bord des sources d’eau naturelle en
contact avec une crevasse de magma, formant de grandes colonies d’êtres quasi-intelligents.

Une fois les créatures choisies, en fait le plus gros du travail est fini. On a juste besoin de leur fournir un
habitat approprié, et pour ça il nous faut des plantes.
Les sommets sont dénudés, mais les flancs devront avoir de grands bois dont la nature variera selon le côté
de la montagne. Sur le flanc sec au climat méditerranéen, je mettrais des séquoias sur les zones basses - pour
profiter de ce sol fertile obtenu grâce aux pluies de cendre -, puis je ferais une transition avec des hêtres au
fur et à mesure que l’on monte en altitude, en accompagnant ces deux espèces d’un sous-bois adapté à un
climat aussi sec ; par exemple des plantes épineuses, et quelques herbacées partout. Le flanc humide devrait
être recouvert de pins et de chênes.

Choisir la végétation demanderait un article en soi, parce que celui-ci a dépassé les 2000 mots et ça risque
d’être pénible si je continue.

Cette méthode pour créer un écosystème détaillé est ma façon personnelle de faire, mais ce n’est pas la
seule. Je l’utilise parce que lorsque je crée une région, j’ai un scénario de D&D en tête, donc les grands
prédateurs ont tendance à être le point d’intérêt de mon travail. Mais si votre histoire a un autre point
d’intérêt, qui vous fait préférer vous concentrer sur les grands herbivores de votre écosystème, ou peut-être
sur les parasites, sentez-vous libres de commencer le peuplement par là.

Ce qui est important est de suivre un raisonnement logique au moment de choisir quelles créatures habitent
où, comment elles interagissent et comment cela va influencer votre histoire. C’est extraordinaire de
découvrir qu’un monstre ancestral habite dans une île où il n’a rien à manger.

Dans un futur article, on parlera de plantes.

Article d'origine : Ecología Fantástica 101- Creando un ecosistema

Sélection de commentaires

Vaunneal :

Je suis justement en train de développer une nouvelle région pour mon groupe, qui arrivera là-bas dans une
ou deux sessions et ce sera vraiment super. Je vais adapter certaines choses au système d’énergie arcane de
la région, qui a son importance et je crois que le résultat sera plutôt décent.

Mille mercis !

Draughleth :

Article très intéressant sur la faune et la fantasy. J’aime le point de vue et le mélange d’animaux fantastiques
et réels me semble très intéressant.

En fait les animaux réels rajoutés dans cet univers de fantasy sont des animaux qui sont extrêmement
adaptés à ces écosystèmes et qui sont de bons compétiteurs, même contre des bestioles magiques, dont
certaines ont même des pouvoirs.
(1)
NdT : En effet, il existe d’autres sortes de parasitisme comme celui des coucous, qui pondent dans les
nids d’autres espèces qui prennent alors soin de la progéniture des coucous. [Retour]

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