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2006; 35: 1876-86


h é m ato l o g i e www.masson.fr/revues/pm
© 2006. Elsevier Masson SAS
Tous droits réservés
Mise au point

Purpura thrombotique
thrombocytopénique acquis idiopathique
Une maladie autoimmune à part entière

Paul Coppo, Agnès Veyradier, Matthieu Monge, pour le Réseau d’étude


des microangiopathies thrombotiques

Service d’hématologie et de thérapie cellulaire, Hôpital Saint-Antoine, Paris (75)

Correspondance :
Paul Coppo, Service d’hématologie et de thérapie cellulaire,
Hôpital Saint-Antoine, 184 rue du Faubourg Saint-Antoine, 75012 Paris.
Tél. : 01 49 28 26 21
Fax : 01 49 28 32 00
paulcoppo@aol.com

■ Key points ■ Points essentiels

Acquired idiopathic thrombotic thrombocytopenic Le purpura thrombotique thrombocytopénique (PTT) est une
purpura: arguments for an autoimmune disease
forme particulière de microangiopathie thrombotique (MAT) caracté-
risée par une anémie hémolytique mécanique, une thrombopénie de
Thrombotic thrombocytopenic purpura (TTP) is a severe form of
consommation, et la présence de microthrombi au sein des capillaires
thrombotic microangiopathy (TMA) characterized by systemic plate-
et des artérioles de la majorité des organes.
let clumping, hemolytic anemia, and multiorgan failure.
Le PTT est secondaire à un déficit en une protéase plasmatique
TTP results from a defect in ADAMTS13, a plasma enzyme spe-
spécifiquement impliquée dans le clivage des multimères de facteur
cifically involved in the cleavage of highly hemostatic unusually
Willebrand (FW) de très haut poids moléculaire (ou mégamultimères
large (UL) von Willebrand factor (vWF) multimers into smaller
de FW), appelée ADAMTS13. Ce déficit aboutit à l’accumulation de
and less adhesive vWF forms. Failure to degrade these UL-vWF
mégamultimères de FW, qui sont responsables de la formation de
multimers leads to excessive platelet aggregation and capillary
thrombi par hyperagrégabilité plaquettaire.
occlusion.
Chez l’enfant, le déficit en ADAMTS13 est le plus souvent héré-
ADAMTS13 deficiency is related to mutations of the encoding
ditaire, alors que chez l’adulte, il est classiquement lié à l’existence
gene in hereditary TTP, whereas in acquired forms it results from
d’anticorps anti-ADAMTS13 altérant l’activité de la protéine. Ces anti-
autoantibodies that may alter the protein function. This latter finding
corps sont retrouvés à la phase aiguë d’un PTT, et sont en faveur du
strongly suggests that acquired idiopathic TTP corresponds to an
caractère autoimmun de la maladie.
autoimmune disease.
Le PTT peut s’associer à différentes maladies autoimmunes
Acquired idiopathic TTP appears to be associated with clinical
comme en particulier le lupus érythémateux aigu disséminé. Le PTT
features suggestive of autoimmunity in one third of cases. In two
peut s’associer à des manifestations cliniques (1/3 des cas) ou bio-
thirds, autoantibodies such as antinuclear antibodies may be
logiques (2/3 des cas) évocatrices d’autoimmunité. La réponse de
observed. This review, based on an analysis of the literature and
certains patients à un traitement immunomodulateur constitue un
on French experience with TMA, focuses on the different autoim-
argument supplémentaire en faveur du caractère autoimmun du PTT.
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Le purpura thrombotique thrombocytopénique acquis idiopathique
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mune manifestations that may be observed in TTP, as well as the Les mécanismes précis de la rupture de la tolérance du système
putative pathophysiological link between autoimmune manifesta- immunitaire vis-à-vis d’ADAMTS13 restent à préciser. La fréquence
tions and TTP. accrue du PTT au sein de certaines ethnies suggère l’existence de
gènes de susceptibilité.
Coppo P, Veyradier A, Monge M, pour le Réseau d’étude
des microangiopathies thrombotiques. Le purpura thrombotique
thrombocytopénique acquis idiopathique. Une maladie autoimmune
à part entière. Presse Med. 2006; 35: 1876-86 © 2006. Elsevier Masson
SAS. Tous droits réservés

L e purpura thrombotique thrombocytopénique (PTT) est une


forme particulière de microangiopathie thrombotique (MAT),
La formation de microthrombi dans le PTT est consécutive à un
déficit sévère (< 5 % de l’activité normale) en une protéine
caractérisée dans sa forme typique par l’association de 5 mani- plasmatique spécifiquement responsable du clivage des multi-
festations: une atteinte du système nerveux central, une fièvre, mères de FW de très haut poids moléculaire (ou mégamulti-
une insuffisance rénale, une anémie hémolytique mécanique et mères de FW), transformant ces derniers en multimères de bas
une thrombopénie de consommation. Ce tableau n’est cepen- poids moléculaire [3-5]. Cette protéine est le treizième membre
dant complet que dans 40 % des cas, et de nombreux PTT peu- d’une famille de protéines appelée ADAMTS (A Desintegrin And
vent n’être révélés que par une bicytopénie isolée sans Metalloproteinase with ThromboSpondin-1 motifs) ; elle est
défaillance d’organe. Actuellement, la présence d’une anémie ainsi désignée sous le terme d’ADAMTS13. Un déficit en cette
hémolytique mécanique (caractérisée par la présence de schi- protéine aboutit à l’accumulation plasmatique de mégamulti-
zocytes sur le frottis sanguin) associée à une thrombopénie péri- mères de FW, au pouvoir hémostatique élevé, et ainsi à une
phérique doit être suffisante pour évoquer le diagnostic de PTT. hyperagrégabilité plaquettaire à l’origine des microthrombi [5].
Sur le plan histopathologique, le PTT se définit par la présence Ces mégamultimères sont libérés par les cellules endothéliales
de microthrombi riches en multimères de facteur Willebrand activées [6], le plus souvent à la suite d’une agression d’origine
(FW) [1]. Ceux-ci sont présents au sein des vaisseaux de la infectieuse.
microcirculation, et sont à l’origine de la souffrance viscérale. Ils Le déficit en ADAMTS13 peut être consécutif à des mutations
peuvent s’observer au sein de la plupart des organes [2], ce qui sur le gène codant pour la protéine, aboutissant au tableau
témoigne du caractère multisystémique de cette maladie. de PTT héréditaire observé chez l’enfant ou même le nouveau-
né, et caractérisé par des rechutes répétées à intervalles
variables. Chez l’adulte, le déficit en ADAMTS13 est dans la très
grande majorité des cas acquis et secondaire à la présence
d’autoanticorps altérant l’activité de la protéine. Ceux-ci dis-
paraissent le plus souvent et de manière durable au décours
Glossaire de l’épisode de PTT, qui est alors dit sporadique. Plus rarement,
les anticorps persistent en rémission, et sont alors responsables
ADAMTS A Desintegrin And
Metalloproteinase with d’un déficit persistant en ADAMTS13, exposant le patient à un
ThromboSpondin-1 motifs risque de rechutes répétées, ce qui définit le PTT intermittent
Elisa Enzyme-linked immunosorbent (ou récurrent) [5].
assay La mise en évidence d’anticorps anti-ADAMTS13 soulève à nou-
FW Facteur Willebrand veau l’hypothèse déjà ancienne de l’origine autoimmune du PTT
IL Interleukine acquis, qui était jusqu’alors fondée sur l’association occasion-
LED Lupus érythémateux aigu
disséminé
nelle du PTT à une maladie systémique, sur l’existence de com-
MAT Microangiopathie thrombotique plexes immuns circulants, et sur l’efficacité (bien qu’inconstante)
PTT Purpura thrombotique des corticoïdes à forte dose [7] ou d’autres immunosuppres-
thrombocytopénique seurs. Cette mise au point, basée sur une revue exhaustive des
SHU Syndrome hémolytique
et urémique
données de la littérature et sur l’expérience du Réseau d’étude
TLR Récepteurs toll-like français des MAT, a pour objectif de présenter les différentes
TNF-α Tumor Necrosis Factor manifestations autoimmunes décrites au cours du PTT, et de dis-
TSP-1 Thrombospondine-1 cuter des liens physiopathologiques pouvant être établis entre
ces manifestations et la survenue d’un PTT.
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Coppo P, Veyradier A, Monge M

Purpura thrombotique thrombocytopénique La détection d’anticorps anti-ADAMTS13 (inhibiteurs ou non inhi-


acquis secondaire à un déficit acquis biteurs) par technique Elisa a permis d’étudier les cibles antigé-
en ADAMTS13 niques de ces anticorps. Les anticorps anti-ADAMTS13 sont ainsi
le plus souvent dirigés contre le domaine riche en cystéine et le
Le PTT de l’adulte est dans la grande majorité des cas acquis. Il domaine “spacer” d’ADAMTS13. Chez certains patients, ces anti-
est alors secondaire à la présence d’autoanticorps capables de corps sont les seuls trouvés. Dans d’autres cas, ils sont associés à
neutraliser l’activité d’ADAMTS13. Cet effet inhibiteur peut être d’autres anticorps qui peuvent reconnaître les deux domaines
mis en évidence en mélangeant le plasma d’un patient atteint CUB, le premier domaine thrombospondine-1 (TSP-1), ou le frag-
de PTT avec un plasma témoin, ce qui a pour conséquence de ment d’ADAMTS13 comprenant le domaine catalytique (ou métal-
neutraliser l’activité de la protéase du plasma témoin. Le rôle loprotéase), le domaine de type désintégrine et le premier
prédominant des anticorps anti-ADAMTS13 inhibiteurs dans la domaine TSP-1. Plus rarement, ces anticorps reconnaissent les
physiopathologie du PTT a été conforté par l’efficacité du rituxi- répétitions TSP-1 2 à 8, ou la région du propeptide [13] (figure 1).
mab (Mabthera®) dans la prévention des rechutes de la maladie Les anticorps anti-ADAMTS13 de type IgG détectés par technique
[8]. Dans tous les cas où il a été étudié, cet anticorps inhibiteur Elisa se sont révélés positifs chez une majorité de patients atteints
s’est avéré être de type IgG [3, 4]. Dans 1/3 des cas cependant de PTT associé à un déficit en ADAMTS13 (35/36 patients, 97 %).
[9, 10], le déficit en ADAMTS13 chez l’adulte ne s’associe pas à À l’inverse, ils n’ont été décelés chez aucun des 4 patients atteints
un effet inhibiteur du plasma. Ce chiffre varie d’une équipe à de syndrome hémolytique et urémique (SHU) (associé à une acti-
l’autre, et reflète l’absence de standardisation et la reproducti- vité d’ADAMTS13 normale). Ces anticorps ont également été
bilité limitée du test détectant un inhibiteur plasmatique. Par détectés chez 3 patients atteints de PTT pour lesquels l’activité
conséquent, il n’est pas exclu que chez certains patients le titre d’ADAMTS13 était détectable (11 à 16 %), ce qui suggère que la
de l’inhibiteur soit trop faible pour être mis en évidence par les technique Elisa pourrait être au moins aussi sensible et plus rapide
techniques de détection actuelles. Il semble cependant que chez que l’évaluation de l’activité fonctionnelle d’ADAMTS13 pour tra-
une majorité de patients n’ayant pas d’inhibiteur plasmatique duire un déficit en ADAMTS13 en rapport avec un PTT acquis. Le
détectable, le déficit en ADAMTS13 soit lié à la présence d’anti- faible effectif de patients étudiés à ce jour nécessite cependant
corps anti-ADAMTS13 non neutralisants, identifiés par technique une confirmation de ces résultats. Il faut de plus noter que ces
Elisa (Enzyme-linked immunosorbent assay) [11]. Les méca- anticorps peuvent être trouvés chez les patients atteints de lupus
nismes par lesquels ces autoanticorps pourraient altérer l’acti- érythémateux aigu disséminé (LED) (12,5 %) ou de syndrome pri-
vité d’ADAMTS13 restent à découvrir. Ceux-ci pourraient impli- maire des antiphospholipides (5,5 %), chez des patients ayant
quer un processus d’opsonisation, une activité catalytique une thrombopénie sans rapport avec un syndrome de MAT (8 %),
vis-à-vis d’ADAMTS13, ou une inhibition de la liaison ainsi que chez le sujet sain (3,6 % des cas). Dans ce dernier cas
d’ADAMTS13 à l’endothélium. Il est probable que d’autres méca- cependant, le titre d’anticorps est faible [14].
nismes à l’origine d’un déficit en ADAMTS13 seront découverts Différents travaux ont tenté d’évaluer la valeur pronostique des
chez l’adulte. En particulier, certains PTT sans inhibiteur détec- anticorps anti-ADAMTS13. Certains groupes ont rapporté que les
table pourraient correspondre à des formes héréditaires anticorps anti-ADAMTS13 inhibiteurs étaient associés à un délai de
à expression tardive [12]. Cependant, bien que leur prévalence normalisation du taux de plaquettes plus long et des volumes de
reste à déterminer avec précision, ces formes cliniques semblent plasma plus importants, en rapport avec des épisodes de rechute
rares. précoce durant le traitement ou lors de l’espacement des échanges

Figure 1
20 % 56 % 56 % 100 % 28 % 64 % Épitopes reconnus par les autoanticorps
anti-ADAMTS13
Fréquence de leurs spécificités.
CUB: acronyme formé avec les initiales de
3 protéines possédant ces domaines: complément
(C1r/C1s), uEGF (Epidermal growth factor-related
protein de l’oursin [sea urchin] et Bone morphome-
op PS

m téi e
en aine 1

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tic protein; TSP-1: domaines thrombospondine-1.


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Source: Klaus et al. Epitope mapping of ADAMTS13


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autoantibodies in acquired thrombotic thrombocyto-


Do

penic purpura. Blood. 2004; 103: 4514-9.


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Le purpura thrombotique thrombocytopénique acquis idiopathique
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plasmatiques. À l’inverse, les patients ayant un déficit sévère en et survenir sans syndrome clinique ou biologique de MAT [35].
ADAMTS13 sans inhibiteur détectable (et pour lesquels l’existence Si le diagnostic de LED semble être également rare chez le patient
d’anticorps anti-ADAMTS13 non neutralisants est fortement sus- adulte atteint de PTT (< 4 % des PTT) [2, 9, 10], il est par contre
pectée) normalisent souvent rapidement leur taux de plaquettes plus fréquent chez l’enfant (jusqu’à 26 % des PTT) [36]. Le plus
[15-17]. D’autres groupes ne semblent cependant pas trouver ces souvent, le diagnostic de LED précède celui de PTT (73 % des cas)
résultats [18]. Ces résultats variables pourraient au moins en par- [23, 27 37]. Le délai de survenue du PTT une fois le diagnostic
tie s’expliquer par l’absence de standardisation de la technique de de LED fait est variable, pouvant aller de 3 mois à 25 ans. Le PTT
recherche et de quantification de l’anticorps anti-ADAMTS13, qui survient classiquement chez des patients dont la maladie lupique
varie d’une équipe à l’autre. Une autre hypothèse est que les anti- est en rémission. Dans certains cas cependant, le PTT survient
corps anti-ADAMTS13 non neutralisants pourraient avoir un rôle alors que quelques manifestations autoimmunes persistent. Plus
pathogène, qui n’est actuellement pas exploré par les tests fonc- rarement, le PTT précède le LED (15 % des cas), d’un délai variant
tionnels. Ainsi, ces deux types d’anticorps (neutralisants et non de 2 semaines à 9 ans [23]. Enfin, le PTT peut survenir chez un
neutralisants) pourraient altérer l’activité d’ADAMTS13 par des patient en poussée de LED (12 % des cas) [23, 38]. Dans cette
mécanismes distincts. L’étude du titre des anticorps anti-ADAMTS13 situation, il est difficile de distinguer un PTT d’un syndrome
par technique Elisa, couplée à la recherche d’anticorps anti- d’Evans. De plus, des schizocytes (en faible quantité cependant)
ADAMTS13 neutralisants, devrait permettre d’affiner la valeur pro- peuvent parfois être aperçus sur le frottis sanguin au cours d’une
nostique de ces anticorps. Par ailleurs, la valeur pronostique de ces poussée de LED, en dehors de tout PTT. La mise en évidence d’un
anticorps pourrait varier en fonction de leur type [11]. déficit sévère en ADAMTS13 dans ce contexte [24] peut per-
Chez l’enfant, le PTT résulte le plus souvent de mutations sur le mettre de conforter le diagnostic de PTT associé, puisqu’en l’ab-
gène d’ADAMTS13 [5]. Cependant, différents travaux ont rap- sence de PTT, l’activité d’ADAMTS13 dans le LED est sensiblement
porté l’existence d’authentiques PTT acquis chez l’enfant, secon- normale [39]. Au moindre doute diagnostique, le pronostic péjo-
daires à la présence d’anticorps anti-ADAMTS13 [19-21]. Le dia- ratif du PTT non traité doit inciter à associer des échanges plas-
gnostic n’est pas toujours aisé, et l’aspect clinique peut matiques au traitement immunosuppresseur de la maladie
ressembler à celui de cytopénie(s) autoimmune(s). Il faut ainsi lupique. L’association non fortuite entre PTT et LED, ainsi que le
savoir évoquer ce diagnostic chez des enfants ayant en appa- caractère le plus souvent non simultané des épisodes de PTT et
rence les signes d’un purpura thrombopénique idiopathique ou de LED permettent de supposer l’existence d’une prédisposition
d’un syndrome d’Evans ne répondant pas aux thérapeutiques génétique commune aux 2 pathologies. Ainsi, les anticorps anti-
classiques. Dans ces situations, il faut rechercher de manière ADAMTS13 pourraient s’intégrer dans l’éventail des autoanticorps
répétée la présence de schizocytes sur le frottis sanguin, et réa- pouvant être observés au cours de l’histoire du LED.
liser une étude de l’activité d’ADAMTS13. La mise en évidence Le rôle des anticorps antiphospholipides en tant que facteur
d’une hémolyse mécanique associée à un déficit sévère en pro- déclenchant d’un épisode de PTT chez les patients lupiques reste
téase permet alors de redresser le diagnostic [21]. discuté. Cette hypothèse repose sur certaines observations qui ont
rapporté une prévalence plus élevée d’anticorps antiphospholi-
Le purpura thrombotique pides chez les patients lupiques ayant développé un PTT. Ainsi,
thrombocytopénique acquis peut s’associer Nesher et al. rapportent l’existence d’anticorps antiphospholipides
à différentes maladies autoimmunes chez 5/8 patients atteints de PTT et de LED (62 %). Des résultats
similaires ont été rapportés par Musio et al., qui retrouvent des
Le PTT a pu être associé à de nombreuses maladies autoimmunes,
anticorps anticardiolipine chez 8/17 patients (47 %) [23]. Un autre
ce qui a constitué durant de nombreuses années un argument
argument en faveur de cette hypothèse est que ces anticorps ont
indirect pour suspecter le caractère autoimmun du PTT.
été décrits comme pouvant activer les cellules endothéliales [40,
PTT, lupus érythémateux aigu disséminé, et anticorps 41]. Ainsi, si les anticorps antiphospholipides seuls s’avèrent pro-
antiphospholipides bablement insuffisants pour être responsables d’un PTT, comme
en témoigne la rareté du PTT chez les patients atteints de syn-
L’association d’un PTT à un LED a été largement rapportée [9, 10,
drome primaire des antiphospholipides [42], il n’est pas totale-
22-25], mais reste rare (< 1 à 2 % des LED) [26, 27]. Cette fré-
ment exclu qu’ils puissent, en présence d’un déficit sévère en
quence est à distinguer de celle avec laquelle on trouve des
ADAMTS13, favoriser la survenue d’un PTT. Cette hypothèse reste
signes de MAT au niveau du rein des patients atteints de LED, qui
cependant à valider sur le plan expérimental.
varie de 0,6 à 18 % [28-31]. En effet, ces lésions histologiques de
Quelques études rapportent l’association entre PTT et anticorps
MAT ne sont pas spécifiques du PTT, et peuvent également s’ob-
antiphospholipides, en dehors de toute maladie lupique, parfois
server au cours du LED s’associant à un syndrome clinique et bio-
dans le cadre d’un syndrome primaire des antiphospholipides.
logique de MAT lié à un SHU, un syndrome des antiphospholi-
Cette association reste cependant rare (< 4 % des PTT) [9, 10, 43-
pides, ou une hypertension artérielle maligne [32- 34]. Dans
46]. Dans certaines situations, la distinction entre PTT et syn-
d’autres cas encore, ces lésions peuvent être purement rénales
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drome primaire des antiphospholipides peut être difficile. C’est plémentaire pour considérer le PTT comme une maladie autoim-
particulièrement le cas chez les patients ayant un syndrome mune à part entière [pour revue détaillée, voir 10]. Enfin, l’in-
catastrophique des antiphospholipides [47], chez lesquels l’at- terrogatoire chez les patients atteints de PTT acquis permet par-
teinte multiviscérale, associée à une anémie en partie mécanique fois de retrouver des antécédents de maladie autoimmune chez
et à une thrombopénie périphérique, peut mimer en tout point d’autres membres de la famille.
un tableau de PTT. Dans cette situation encore, l’étude de l’acti-
vité d’ADAMTS13 permet de distinguer les deux pathologies, Autoanticorps
puisque cette activité est normale dans le syndrome primaire des Différents autoanticorps peuvent être observés dans le PTT acquis.
antiphospholipides [45]. Les anticorps antiphospholipides, d’iso- Des anticorps antinucléaires peuvent être retrouvés chez près des
type IgG ou IgM, peuvent être découverts à l’occasion du dia- 2/3 des patients. Ces autoanticorps génèrent une fluorescence
gnostic de PTT [10, 43-46] ou apparaître à distance [10]. À l’in- mouchetée et/ou homogène, et/ou nucléolaire. Leur titre peut
verse, un PTT peut survenir chez un patient ayant par ailleurs un varier de 80 à 1600. Des anticorps dirigés contre les antigènes
syndrome primaire des antiphospholipides connu [45]. Ces anti- solubles du noyau (le plus souvent Ro/SSA, ou U1-snRNP) sont
corps reconnaissent différentes variétés de phospholipides: car- rarement trouvés. Les anticorps anti-ADN natifs sont beaucoup
diolipine, phosphatidylsérine, ou phosphoinositol [44, 46]. Un plus rares (< 10 % des cas). Des autoanticorps dirigés contre la
anticoagulant circulant peut être également retrouvé [46]. glycoprotéine membranaire CD36 (également appelée GPIV ou
Comme pour le LED, le syndrome des antiphospholipides peut IIIb) ont été mis en évidence dans 60 à 85 % des cas de PTT [52,
s’associer à des signes histologiques de MAT au niveau du rein, 53]. Cette protéine se situe à la surface de différentes cellules,
en dehors de tout contexte clinique de PTT [48-51]. dont les plaquettes, les cellules endothéliales (particulièrement
celles de la microcirculation), les réticulocytes, ou les monocytes.
Autres manifestations autoimmunes De manière intéressante, les anticorps anti-CD36 ont la propriété
pouvant être observées au cours du purpura d’induire une activation plaquettaire, et pourraient ainsi interve-
thrombotique thrombocytopénique acquis nir dans le processus d’agrégation plaquettaire pathologique
Maladies autoimmunes observé dans le PTT. Le CD36 est également le récepteur de la
TSP 1, qui est une protéine ayant une activité de réductase vis-à-
De nombreuses maladies autoimmunes (encadré 1) autres que
le LED ou le syndrome des antiphospholipides ont également
été rapportées en association à un PTT: polyarthrite rhumatoïde,
maladies inflammatoires de l’intestin, syndrome de Gougerot- Encadré 1
Sjögren, sclérodermie, ou connectivite mixte. Beaucoup plus Différentes manifestations autoimmunes rapportées
rarement, une hépatite autoimmune, une myasthénie, une en association au PTT
maladie de Behçet, une maladie de Still de l’adulte, une myo-
Maladies autoimmunes nosologiquement définies
site inflammatoire, une pelvispondylite rhumatismale ou une Lupus érythémateux aigu disséminé
périartérite noueuse ont pu être rapportées. De plus, différents Polyarthrite rhumatoïde
travaux ont décrit une association entre le PTT et des cytopénies Connectivite mixte
autoimmunes : thrombopénie autoimmune, anémie hémoly- Syndrome de Gougerot-Sjögren
Myosites
tique autoimmune, et pancytopénie autoimmune. De manière Lupus discoïde
plus générale, le PTT s’associe dans près d’un tiers des cas à des Sclérodermie
manifestations autoimmunes ou évocatrices d’autoimmunité, Maladie de Still de l’adulte
comme un aspect de polyarthrite chronique non destructrice, Pelvispondylite rhumatismale
Maladies inflammatoires de l’intestin
des lésions de lupus discoïde, un syndrome de Raynaud, ou des Maladie de Behçet
endocrinopathies autoimmunes. Certains patients enrichissent Hépatite autoimmune
parfois leurs manifestations autoimmunes durant l’évolution, Myasthénie
jusqu’à développer une maladie autoimmune nosologiquement Cytopénies autoimmunes
Syndrome primaire des antiphospholipides
bien définie. Ce phénomène d’addition progressive de manifes-
tations autoimmunes au cours de l’évolution, jusqu’à parfois la Autres manifestations autoimmunes ou d’allure autoimmune
Endocrinopathies autoimmunes
constitution d’un tableau de LED à part entière, a été observé
Polyarthrite non destructrice
au cours d’autres pathologies comme le lupus discoïde, le syn- Granulomatose
drome primaire des antiphospholipides, le purpura thrombocy- Syndrome de Raynaud
topénique idiopathique, le syndrome de Goujerot-Sjögren, ou Anticorps antinucléaires
Anticorps anti-ADN natif
même chez des patients n’ayant initialement que des signes
Anticorps antiphospholipides
très frustres d’autoimmunité, ce qui constitue un argument sup-
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Le purpura thrombotique thrombocytopénique acquis idiopathique
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vis des ponts disulfure du FW. Cette réduction du FW semble per- inhibiteur, survenu simultanément à l’âge de 23 ans pour l’une
mettre un clivage plus efficace des mégamultimères de FW par et 24 ans pour l’autre [57]. Par ailleurs, l’antigène HLA DR53 a
ADAMTS13 [54]. À l’inverse, des anticorps anti-CD36 pourraient, été suggéré comme étant un facteur protecteur vis-à-vis du PTT
en inhibant la liaison de la TSP-1 à son récepteur, altérer l’activité [58]. Ce résultat est cependant issu d’un groupe hétérogène de
réductase de celle-ci à la surface de l’endothélium, et ainsi réduire patients (qui étaient atteints de PTT ou de SHU, et qui étaient
le clivage des mégamultimères de FW par ADAMTS13. Cette hypo- issus de diverses ethnies), et nécessite donc confirmation.
thèse n’a cependant pas été confirmée in vitro. Le rôle direct des
anticorps anti-CD36 dans la physiopathologie du PTT reste donc à PTT acquis, facteurs déclenchants, et facteurs
l’heure actuelle incertain. Ces derniers pourraient n’être finale- de susceptibilité
ment que l’un des multiples témoins de l’atmosphère autoim-
La classification des MAT en fonction des facteurs de risque et
mune existant dans le PTT. De plus, les anticorps anti-CD36 sem-
des facteurs déclenchants est détaillée dans la figure 2.
blent ne pas être spécifiques du PTT puisqu’ils sont également
retrouvés dans le SHU, aussi bien chez l’enfant que chez l’adulte. Antiagrégants plaquettaires
Bien qu’il semble exister une réaction croisée entre les anticorps
anti-CD36 et la toxine de la souche bactérienne Escherichia coli Des PTT ont été décrits, de manière paradoxale, chez des
O157: H7 [55], le rôle pathogène direct des anticorps anti-CD36 patients traités par des antiagrégants plaquettaires comme la
dans le SHU reste encore à démontrer. ticlopidine [59] et le clopidogrel [60]. L’activité d’ADAMTS13 a
Différents autres autoanticorps, comme des anticorps dirigés été retrouvée basse (en règle < 10 %) dans tous les cas étudiés,
contre les cellules endothéliales ou des anticorps anti-pla- en rapport avec des anticorps anti-ADAMTS13 inhibiteurs. Le
quettes ont été retrouvés à des titres significatifs à la phase mécanisme physiopathologique aboutissant à la synthèse de ces
aiguë d’un épisode de PTT. Certains anticorps anticellules endo- anticorps reste mal compris. Le délai entre la première prise de
théliales reconnaissent un antigène de 43 kd présent au niveau clopidogrel et l’épisode de PTT, rapporté comme étant de 3 à
du cytosol et du noyau des cellules endothéliales de la micro- 14 jours chez la majorité des patients, pourrait être compatible
circulation rénale [pour revue, voir 10]. Ces anticorps pourraient avec un processus immunoallergique. À l’inverse, chez les
activer ou léser les cellules contre lesquelles ils sont dirigés, et patients traités par ticlopidine, le PTT peut survenir plusieurs
accroître l’agrégabilité plaquettaire. Cependant, leur rôle direct semaines après la première prise du médicament, ce qui rend
dans la physiopathologie du PTT reste actuellement très hypo- peu probable l’hypothèse d’un mécanisme immunoallergique.
thétique. De plus, ils ne sont pas spécifiques du PTT et ont été Le déficit en ADAMTS13 associé à la prise de ticlopidine pourrait
décrits dans diverses autres pathologies ne s’accompagnant pas donc ainsi être un authentique processus autoimmun induit par
de microangiopathie. De manière beaucoup plus anecdotique, un médicament. La ticlopidine pourrait également favoriser la
des anticorps anti-facteur VIII ont été décrits chez un patient survenue d’un PTT par un effet cytotoxique et proapoptotique
ayant présenté un PTT compliqué de rechutes multiples. Ce sur la cellule endothéliale [61].
patient avait cependant par ailleurs une leucémie à tricholeu-
Œstrogènes
cocytes traitée par interféron α, rendant difficile l’interpréta-
tion de ces anticorps dans ce contexte. Les mécanismes par lesquels les œstrogènes ou la grossesse
favorisent la survenue d’un PTT (et de manière générale une
Prédisposition au PTT acquis de l’adulte maladie autoimmune) [62, 63] restent à l’heure actuelle encore
La survenue le plus souvent non simultanée du PTT et des diffé- mal compris. Il a cependant été démontré que certains œstro-
rentes manifestations autoimmunes, ainsi que l’absence de cor- gènes comme l’œstradiol sont capables d’entraîner une rupture
rélation entre le titre des différents autoanticorps observés de la tolérance des lymphocytes B vis-à-vis de différents autoan-
(comme par exemple les anticorps antinucléaires) et le pronos- tigènes chez la souris, et induire un phénotype proche de celui
tic du PTT suggère que ces autoanticorps n’ont pas de rôle patho- du lupus [64, 65]. Le mécanisme de la rupture de la tolérance
gène direct, mais sont plutôt les témoins d’un terrain propice aux médiée par l’œstradiol semble passer par l’expression de pro-
maladies autoimmunes plus général, au sein duquel apparais- téines anti-apoptotiques comme Bcl-2 par les lymphocytes B
sent les anticorps anti-ADAMTS13. Par ailleurs, différents travaux naïfs, ce qui leur permet d’échapper au processus de délétion
ont mis l’accent sur le fait que le déficit acquis en ADAMTS13 clonale [66]. De plus, l’œstradiol semble pouvoir favoriser la sur-
semble survenir préférentiellement au sein de certaines ethnies, venue de manifestations autoimmunes en induisant la synthèse
comme les sujets noirs et les sujets d’Afrique du Nord [10,18, d’interleukine (IL)-6 par les cellules dendritiques [67]. Ces tra-
56], ce qui suggère l’existence chez ces patients de gènes de sus- vaux montrent que par différents mécanismes, les œstrogènes
ceptibilité impliqués dans l’autoimmunité. Cette hypothèse est peuvent favoriser la survenue de manifestations autoimmunes.
confortée par la description de deux sœurs jumelles ayant cha- On peut émettre l’hypothèse que celles-ci pourraient inclure la
cune développé un PTT acquis lié à un anticorps anti-ADAMTS13 synthèse d’autoanticorps anti-ADAMTS13.
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Coppo P, Veyradier A, Monge M

Par ailleurs, un travail a pu montrer que les œstrogènes avaient cémie aiguë myéloïde [9]. Ces PTT sont à distinguer des autres
la propriété d’augmenter la capacité d’agrégation des plaquettes processus de MAT observés chez les patients atteints de cancer,
[68], ce qui pourrait favoriser la formation de microthrombi chez qui se distinguent par une thrombopénie moins profonde, et la
un patient ayant un déficit sévère en ADAMTS13. survenue à un stade le plus souvent plus tardif et disséminé de
la pathologie tumorale [69]. À ce jour cependant, aucune étude
Cancers n’a pu rapporter de corrélation claire entre l’activité
D’authentiques PTT avec un déficit sévère acquis en ADAMTS13 d’ADAMTS13 et le pronostic des MAT associées à un cancer.
ont été rapportés chez les patients atteints de différentes Comme pour les autres maladies autoimmunes survenant dans
pathologies tumorales : ostéosarcome, cancer du sein, ou leu- ce contexte [70, 71], les mécanismes aboutissant à la synthèse
d’anticorps anti-ADAMTS13 chez ces patients restent à l’heure
actuelle mal compris.

Infections
Syndrome de MAT
Il est fréquent de trouver à l’interrogatoire un épisode d’allure
infectieuse ayant précédé de 10 à 15 jours le PTT [2]. Ces pro-
cessus infectieux jouent très vraisemblablement un rôle majeur
en tant que facteur déclenchant. En effet, les constituants de la
ADAMTS13 détectable Déficit sévère
paroi de certaines bactéries comme le lipopolysaccharide, cer-
taines cytokines libérées lors d’un processus infectieux, (IL-1, IL-
en ADAMTS13
6, Tumor Necrosis Factor TNF-α) ou encore différents résidus pro-
téiques oxydés [72-76] sont capables d’activer les cellules
endothéliales, favorisant ainsi la libération de mégamultimères
SHU
de FW et l’agrégation des plaquettes. Chez la souris C57/BL6
dont le fond génétique a été enrichi avec celui des souris
HELLP syndrome PTT
CASA/Rk (caractérisées par des taux de FW plasmatiques spon-
Autre syndrome de MAT
tanément élevés), l’inactivation du gène d’ADAMTS13 aboutit
au développement d’une thrombopénie avec microthrombi au
sein des capillaires et des artérioles de la microcirculation. Dans
ce modèle, les souris ne développent un tableau de PTT com-
plet qu’après une injection de vérotoxine, ce qui confirme bien
PTT + mutations PTT + autoanticorps
que la physiopathologie du PTT inclut d’une part une suscepti-
d’ADAMTS13 anti-ADAMTS13
bilité à l’agrégabilité plaquettaire (déficit en ADAMTS13), et
d’autre part un facteur déclenchant (agression de l’endothélium
par des antigènes microbiens) [77].
De nombreux virus ont également été associés à un épisode de
PTT, comme en particulier le virus de l’immunodéficience
PTT + infection VIH
humaine (VIH). Le syndrome de MAT est plus fréquent chez les
+ prise d’antiagrégants
sujets infectés par le VIH que dans la population générale.
plaquettaires
Cependant, les associations d’antirétroviraux chez ces patients
+ maladie systémique
ont permis une nette régression du syndrome, puisque l’inci-
+ pathologie tumorale dence est passée de 1,4 % avant l’ère des associations d’anti-
“idiopathique” rétroviraux, à 0,3 % actuellement [78]. Différents mécanismes
peuvent contribuer à la survenue d’un PTT. Un premier méca-
nisme possible est la survenue d’anticorps anti-ADAMTS13. Cette
situation est particulièrement classique chez les patients infec-
tés par le VIH et jusqu’alors asymptomatiques. Le tableau est
PTT congénital PTT acquis celui d’un PTT typique et la réponse au traitement est généra-
lement satisfaisante. Chez les patients à des stades plus avan-
cés de la maladie, la présentation est moins typique, avec en
Figure 2 particulier une atteinte rénale plus sévère. Des infections oppor-
Classification des MAT en fonction des facteurs de risque et des facteurs tunistes, ainsi que différents médicaments pourraient agir
déclenchants comme des facteurs déclenchants de l’épisode de PTT [78].
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Le purpura thrombotique thrombocytopénique acquis idiopathique
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Mise au point
Une autre hypothèse découlant de l’association entre infections seule dans des formes de PTT purement hématologiques [7].
et PTT serait que les processus infectieux pourraient favoriser la Chez les patients ayant un PTT acquis réfractaire aux échanges
survenue de différentes manifestations autoimmunes en sti- plasmatiques associé à des défaillances d’organe menaçantes
mulant le système immunitaire, comme cela a été souligné pour (atteinte du système nerveux central ou atteinte cardiaque), un
d’autres pathologies autoimmunes. Récemment, différentes traitement par bolus de cyclophosphamide peut être associé
protéines ont été reconnues comme pouvant établir un lien [17]. Chez des patients souffrant de PTT idiopathique avec défi-
entre l’immunité innée et adaptative. Parmi celles-ci, on peut cit acquis en ADAMTS13 réfractaire ou ayant des rechutes à répé-
citer les récepteurs toll-like (TLR) [79-82]. Ces derniers recon- tition, le rituximab (Mabthera®) s’est révélé particulièrement
naissent des peptides microbiens, et agissent de la même intéressant, puisqu’utilisé à distance des échanges plasmatiques,
manière qu’un adjuvant en activant différentes voies de signa- il a permis une correction partielle ou totale de l’activité
lisation du lymphocyte B et de la cellule dendritique, comme en d’ADAMTS13 à 6 mois [8]. Une étude multicentrique cherche
particulier la voie NF-κB. Ce phénomène pourrait constituer un actuellement à préciser l’intérêt du rituximab en association aux
des mécanismes de rupture de la tolérance immunitaire vis-à- échanges plasmatiques au cours des rechutes précoces, ou chez
vis de différents antigènes comme la protéine ADAMTS13, chez les patients ayant un épisode d’aggravation en cours de traite-
des individus ayant des facteurs de prédisposition qui restent à ment d’attaque ou à la décroissance des séances d’échange
déterminer. plasmatique, ou encore en situation de PTT réfractaire aux
échanges plasmatiques. Enfin, les échanges plasmatiques peu-
Fas-ligand vent être considérés eux-mêmes comme une thérapeutique
Des concentrations élevées de Fas-ligand ont pu être trouvées immunomodulatrice puisqu’ils pourraient en théorie diminuer
dans le plasma des patients au cours du PTT [83, 84]. La signifi- le titre des anticorps anti-ADAMTS13. La réalité de ce phéno-
cation de cette élévation de Fas-ligand n’est pas claire. Elle pour- mène et son rôle thérapeutique nécessitent cependant d’être
rait être à l’origine de lésions et/ou d’une activation des cellules clairement démontrés. L’intérêt des colonnes de protéine A sta-
endothéliales aboutissant à la libération de mégamultimères de phylococcique dans cette indication reste à évaluer.
FW et autres substances proagrégantes. Un argument en faveur
de cette hypothèse est la capacité du plasma des patients Conclusion
atteints de PTT d’induire l’apoptose de cellules endothéliales en De nombreux éléments suggèrent fortement que le PTT acquis
culture [84]. Cependant, des concentrations élevées de Fas- représente une maladie autoimmune à part entière. Des expé-
ligand ne sont pas spécifiques du PTT, puisqu’elles sont égale- riences visant à reproduire la maladie chez l’animal (via le trans-
ment retrouvées dans un grand nombre d’autres maladies fert adoptif de lymphocytes de patients, ou via l’injection d’an-
autoimmunes non associées au PTT, comme le LED, la maladie ticorps anti-ADAMTS13) restent cependant nécessaires afin de
de Behçet et la sclérodermie [85, 86]. Là encore cependant, si démontrer de manière définitive l’importance des autoanticorps
Fas-ligand seul peut s’avérer insuffisant pour déclencher un PTT, anti-ADAMTS13 dans la pathogenèse du PTT. De même, les tra-
les conséquences de son association à un déficit sévère en vaux à venir devront préciser les mécanismes de la rupture de
ADAMTS13 restent à ce jour inconnues. La mise au point récente la tolérance vis-à-vis d’ADAMTS13. Ceux-ci pourraient, entre
de modèles murins invalidés pour le gène de la protéase devrait autres, inclure des particularités structurales de la protéine
pouvoir apporter des éléments de réponse, et permettre de ADAMTS13, des anomalies au niveau de la population de lym-
mieux préciser le rôle des différents facteurs déclenchants phocytes T régulateurs, ou encore une réponse anormale à des
potentiels [77]. stimuli infectieux, via les protéines TLR. La survenue du PTT
acquis au sein de certaines ethnies particulières suggère l’exis-
Perspectives thérapeutiques tence de facteurs génétiques de prédisposition, qui restent à
Le fait que le PTT puisse être considéré comme une maladie découvrir.
autoimmune incite à rediscuter la place des thérapeutiques
immunomodulatrices dans cette pathologie. À la phase initiale,
Conflits d’intérêts : ce travail a été financé en partie par une bourse
une corticothérapie est généralement proposée en l’absence de de l’Établissement français du sang (CS/2002/009) et du GIS/Institut
contre-indications. Cette mesure, qui est systématiquement des maladies rares (GISMR0428).
associée aux échanges plasmatiques, reste empirique puis-
qu’aucune étude contrôlée n’a pu démontrer clairement son Remerciements : Les auteurs remercient le Professeur K. Lassoued
intérêt. Elle semble cependant s’être révélée efficace à elle (Service d’immunologie, CHU d’Amiens), le docteur D. Nochy
et le docteur E. Daugas pour la lecture critique du manuscrit,
et S. Malot pour son aide technique.
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1885

tome 35 > n° 12 > décembre 2006 > cahier 2


Coppo P, Veyradier A, Monge M

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Annexe

Les membres du Réseau d’étude des microangiopathies thrombotiques

Amoura Zahir, Service de médecine interne, Frémeaux-Bacchi Véronique, Laboratoire Poullin Pascale, Service d’hémaphérèse
Hôpital la Pitié-Salpêtrière, Paris (75) d’immunologie, Hôpital Européen et d’autotransfusion, Hôpital la Conception,
Audat Françoise, Service de thérapie cellulaire, Georges Pompidou, Paris (75) Marseille (13)
Hôpital Necker-Enfants malades, Paris (75) Galicier Lionel, Service d’immunopathologie, Ramakers Michel, Service de réanimation
Azoulay Elie, Service de réanimation Hôpital Saint-Louis, Paris (75) médicale, Hôpital de Caen (14)
médicale, Hôpital Saint-Louis, Paris (75) Guidet Bertrand, Service de réanimation Ribeil Jean-Antoine, Service de thérapie
Belhocine Ramdane, Unité de clinique médicale, Hôpital Saint-Antoine, Paris (75) cellulaire, Hôpital Necker-Enfants malades,
transfusionnelle, Hôpital Hôtel-Dieu, Paris (75) Hamidou Mohamed, Service de médecine Paris (75)
Bengoufa Djaouida, Laboratoire interne, CHU Hôtel-Dieu, Nantes (44) Rondeau Eric, Service de néphrologie,
d’immunopathologie, Hôpital Saint-Louis, Heshmati Farhad, Unité de clinique Hôpital Tenon, Paris (75)
Paris (75) transfusionnelle, Hôpital Cochin, Paris (75) Saheb Samir, Fédération d’hémobiothérapie,
Bordessoule Dominique, Service Korach Jean-Michel, Service de réanimation Hôpital la Pitié-Salpêtrière, Paris (75)
d’hématologie, Hôpital Dupuytren, médicale, Hôpital Châlon-en-Champagne (51) Samy Modeliar Santhi, Service
Limoges (87) Lepage Virginia, Laboratoire de néphrologie, Hôpital Nord, Amiens (80)
Boulanger Emmanuelle, Service d’immuno- d’Histocompatibilité, Hôpital Saint-Louis, Schlemmer Benoît, Service de réanimation
pathologie, Hôpital Saint-Louis, Paris (75) Paris (75) médicale, Hôpital Saint-Louis, Paris (75)
Bussel Annette, Unité de clinique Makki Jaffar, Unité de clinique Vernant Jean-Paul, Service d’hématologie,
transfusionnelle, Hôpital Cochin, Paris (75) transfusionnelle, Hôpital de Beyrouth, Liban Hôpital la Pitié-Salpêtrière, Paris (75)
Choukroun Gabriel, Service de néphrologie, Meyer Dominique, Service d’hématologie Veyradier Agnès, Service d’hématologie
Hôpital Nord, Amiens (80) biologique, Hôpital Antoine Béclère, biologique, Hôpital Antoine Béclère,
Coppo Paul, Service d’hématologie clinique Clamart (92) Clamart (92)
et de thérapie cellulaire, Hôpital Saint-Antoine, Mira Jean-Paul, Service de réanimation Vincent François, Service de réanimation
Paris (75) médicale, Hôpital Cochin, Paris (75) médicale, Hôpital Avicenne, Bobigny (93)
Daubin Cédric, Service de réanimation Monge Matthieu, Service de néphrologie, Wolf Martine, Service d’hématologie
médicale, Hôpital de Caen (14) Hôpital Nord, Amiens (80) biologique, Hôpital Antoine Béclère,
Clamart (92)
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