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“Halte. Regardez au sol.

 »
Le groupe s’immobilisa. Myriam mit prestement pied à terre, planta sa lance dans le sol meuble
et s’en servit comme d’une canne pour s’accroupir et observer ce qu’elle venait d’indiquer. A ses côtés,
le docteur Enguerrand se pencha aussi, bien qu’au vu de sa petitesse, il eut simplement à s’incliner
quelque peu. Il retira son imposant masque afin de profiter d’une vue qui ne soit pas déformée par sa
paire de lunettes protectrice en verre. Se penchant légèrement par dessus eux, le docteur Radegonde
observait plus ses camarades que l’objet de leur attention. Lui-même ne toucha pas à son masque, car
son bec caractéristique de médecin de la peste était cassé, laissant entrevoir la moitié de son visage au
travers du cuir déchiré. Ce saccage était clairement le résultat de quelque chose de très tranchant, et de
violent. Docteur Radegonde, le plus jeune des membres du groupe, pensait probablement que conserver
cette relique inutile le rendait impressionnant, ou au moins « stylé ». Étant donné le regard à la fois
blasé et exaspéré du docteur Ariane, il n’en était rien. Celle-ci laissait bien volontiers ses collègues
remuer la fange, étant donné ce qu’elle soupçonnait qui put en sortir. Elle se contentait de jeter des
regards aux alentours, restée juchée sur son cheval, un peu en retrait de la berge, une main sur sa
volumineuse besace, son bec bien en place lui couvrant toute la peau du visage et du cou.
« Des traces », reprit Enguerrand. « Il semble que ce soit celles d’une beste, des traces de porc
encore nettes dans le sol humide, mais le positionnement de leurs pas semble indiquer qu’ils se
déplacent sur deux et non quatre pattes. Elles suivent la rivière.
– Elles vont donc dans la même direction que nous », renchérit Radegonde.
« Nous allons donc adopter le comportement le plus logique qui soit dans cette situation, nous
allons quitter cette piste bien évidemment… » lança Docteur Ariane d’un ton cynique.
S’en suivit un silence lourd de sens. Ceux qui observaient les empreintes se redressèrent et
contemplèrent les terres alentours pensivement. Le jeune Docteur Radegonde se risqua alors à lancer
sur un ton dont l’arrogance contrastait quelque peu avec sa juvénilité :
« Et vous préférez peut-être, professeure, que l’on traverse la rivière dans laquelle nous avons vu
un homme périr sous les assauts de ses propres doubles, qu’il vomissait suite à l’ingestion probable de
l’eau qui s’y trouve ? Ou bien que nous fassions demi-tour, perdant ainsi un temps précieux ? Ou
encore que…
– Assez ! » l’interrompit-on.
Une dispute s’en suivit alors quant à la marche à suivre dans une pareille situation. Les hurlevents
décrivaient de larges cercles dans le ciel au dessus-d’eux. Il en résulta que, pour une fois que la Brigade
se retrouvait dans la position des traqueurs, et non des traqués, ils pouvaient peut-être se permettre de
suivre ces traces et de profiter de leur avantage dans cette situation.
« En selle », conclut Enguerrand. « Myriam, garde la lance près de toi. »
La taverne se dressait seule sur le bord de la route, en rase campagne. Quelques arbres erraient ici
et là, une forêt se discernait au loin, mais dans l’ensemble, on voyait à des lieues à la ronde. Le soleil
brillait radieusement. Cependant, au fur et à mesure qu’ils approchaient du bâtiment, qui ne présentait
pourtant rien d’extraordinaire, les membres de la Brigade se sentaient de plus en plus inquiets. Arrivés
à quelques distances du bâtiment, des éclats de voix leurs parvinrent.
« On va enfin pouvoir se reposer ! » gémit un des débauchés que les Docteurs avaient récupérés
un peu plus tôt. « Par la peste, que ça crève de courir la campagne comme ça… »
Les Docteurs ignorèrent ces jérémiades, mais ses deux camarades le suivirent dans un concert de
plaintes nasillardes. Tandis que le reste de la troupe allait s’occuper d’installer les chevaux dans les
écuries annexes à la masure, dans lesquelles se trouvait déjà un cheval tout maigre, Docteur Ariane et
Docteur Radegonde s’approchèrent prudemment de la porte d’entrée, grande ouverte, de laquelle
s’échappait quelque rumeur. Arrivés sur le seuil, ils observèrent une salle minable, presque dénudée de
son mobilier. Seule une table affublée d’un unique tabouret chancelant se dressait dans un coin, à
gauche. Autour de cette table, étaient installées trois personnes. Un vieillard, assis sur le tabouret et qui
compensait la fragilité du troisième pied de celui-ci en s’appuyant sur sa canne. Un homme dans la
force de l’âge, à l’encolure de taureau probablement forgée par des années de labeur. Son visage avait
l’air fatigué et ses yeux étaient sombre. Enfin, un garçon, de probablement moins de vingt ans, tout
dégingandé, le regard vide. A droite, une petite vieille se tenait contre un semblant de bar décrépit,
discutant par bribes de phrases avec un autre jeune homme, de l’autre côté du bar, au visage ravagé par
ce qui semblait être une infection cutanée. A sa vue, les deux Docteurs s’immobilisèrent, portant leurs
mains à la garde de leurs épées, mais après l’avoir observé quelques secondes, il se rassurèrent, les
marques de son visage ne ressemblant en rien à ce qu’ils avaient pu observer auparavant des
symptômes de la malemort. A leur arrivée, le pauvre tenancier se tourna vers eux, et s’enquit de ce
qu’ils venaient faire ici. Les deux membres de la Brigade retirèrent leurs masques caractéristiques
devant l’absence de danger dans la pièce, et certainement par soucis de ne pas effrayer davantage leur
interlocuteur. Ils lui assurèrent qu’ils étaient seulement de passage, et que s’il était possible d’avoir un
lit pour la nuit, ils en seraient bien aise.
Récit avec les chauves souris la nuit taverne/écurie.
Récit avec l’Eminence.
Récit avec le vieux dans l’abbaye.
Récite au village de Montrésor.
Récit avec Sigurd Malebranche, et la grosse bête dans la rivière.
Récit du rush dans le château des Gémonies.

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