La Junk au bois dormant

Il était une fois, un roi et une reine. Tous deux gouvernaient le royaume le plus

réputé du comté. Il était bordé par l'immense « forêt d'Hallucination ». Ce qui

faisait sa réputation n'était autre que les centaines de variétés de drogues,

herbes et champignons hallucinogènes qui poussaient en son coeur. Elle avait été

ainsi nommée, car nul ne quittait la forêt sans avoir fumé un bédo qui provoquait

souvent des apparitions psychédéliques et des visions kaléidoscopiques. La forêt

faisait la fierté du roi et de son épouse. Une seule chose manquait au bonheur

des deux souverains ; la naissance d'un enfant, héritier de ce royaume tant

convoité.

Un jour, alors que la reine prenait son bain, accompagnée de sa ligne de cocaïne

quotidienne sur le bord de la baignoire, elle fut victime d'une hallucination. Une

grenouille bleue avec une crête rouge et un perfecto en cuir noir lui apparut et

lui dit :

« - Oh, ma belle reine, je peux vous l'assurer,

Votre vœu de maternité, cette année sera exaucé. »

Une année s'écoula, et la reine accoucha d'une magnifique enfant. Ils

organisèrent une fête somptueuse, on pouvait y trouver des pétards sur chaque

buffet, les lignes de cocaïne et d'héroïne débordaient des plateaux, et une

fontaine de vodka ornait le centre de la pièce.

Le roi fit inviter tous les prétendants. Des centaines de toxicomanes et

alcooliques se présentèrent. Il n'oublia pas d'inviter les douze fées du pays, mais

la treizième fée, toxico-alcoolique renommée, manquait à l'appel. La reine ne

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tenait pas à sa présence de peur qu'elle ne sniffe le buffet en un coup de

baguette.

Le moment des vœux arriva. Ceci était le travail des fées, qui avaient pour devoir

de donner à la princesse les dons et atouts les plus recherchés chez une jeune

fille. L'une lui donna la vertu de pouvoir sniffer avec grande facilité, une autre

de posséder une grande résistance à l'alcool, la troisième de ne ressentir aucuns

maux de tête le lendemain d'une soirée arrosée, et ainsi de suite. Tout ce qui

était désirable au monde. Mais la treizième fée survint d'un coup. Elle voulait se

venger de ne pas avoir été invitée. Elle s'écria d'une voix forte et tremblante

due à la récente cure de désintoxication dont elle avait été victime :

« -La princesse, dans sa quinzième année, se piquera avec une seringue d'héroïne,

et en mourra ! »

La douzième fée, qui n'avait pas encore formulé son vœu, ne put annuler le

mauvais sort mais seulement l'atténuer. Elle rétorqua :

« -La princesse se piquera bien avec une seringue, mais n'en mourra pas, elle sera

plongée dans un sommeil de cent ans au bout duquel un fils de roi viendra la

réveiller. »

Le roi, malheureux que sa fille ne puisse goûter au plaisir de l'héroïne qui

poussait dans la « forêt des hallucinations », fit brûler toutes les seringues du

royaume. Ceci fut une fort triste nouvelle dans le château.

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Cependant toutes les vertus des fées s'épanouissaient chez la jeune fille, et peu

à peu la princesse prit goût aux plaisirs de la cocaïne et de l'alcool. Elle était la

princesse la plus fêtarde et sniffeuse de tout le pays. Enchainant overdoses et

comas éthyliques, jamais elle ne s'était plainte d'une quelconque « gueule de bois

» les lendemains. Mais la princesse avait beaucoup entendu parler d'héroïne et

de shoot, sans pouvoir y goûter. Ce manque était devenu l'objet de sa frustration

et son envie de découvrir ce produit interdit grandissait.

Un beau jour, après sa cueillette matinale de beuh dans la forêt, la princesse,

défoncée, grimpa en haut d'une des tours du château et arriva dans une petite

pièce où se tenait un homme qui n'avait jamais entendu parler d'elle. Il était en

train de goûter au plaisir de l'héroïne.

« -Tu veux de l'héro ? Un bon fix ? Elle est super bonne...Dit-il d'un ton

euphorique.

-Avec un plaisir infini, dit la princesse, ce produit jusqu'alors m'était interdit. »

La princesse ne résista pas, elle prit la seringue, se garrota et se piqua avec

assurance et envie. Quelques secondes plus tard, elle s'écroula sur le sol.

L'homme, pensant à une overdose, tenta de la réveiller par toutes les méthodes

qu'il avait l'habitude de pratiquer. Rien ne réveilla la junk au bois dormant. Il se

décida finalement à prévenir le roi et la reine, mais tous deux rirent à l'annonce

de ce drame. Ils étaient sous l'emprise de l'héroïne, qu'ils s'empressaient de

consommer en l'absence de leur fille, afin de lui éviter toutes tentations.

Retrouvant leurs esprits, les époux alertèrent tout le royaume, mais personne ne

put réveiller la princesse. C'est alors que la reine se souvint du vœu de la

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treizième fée, il y a quinze ans de là. La douzième fée confirma qu'elle ne

pourrait rien y faire, et que la princesse se trouvait dans une forme de coma

prolongé dû a une overdose. Cette dernière, afin que le roi, la reine et leurs

disciples puissent attendre la princesse, répandit un sommeil sur tout le château.

Celui-ci ne prendrait fin que lorsque la junk aux bois dormants se réveillerait. Les

nobles s'endormirent sur leurs rails, les femmes avec leur verre de rhum presque

vides, le cuisinier son bédo à moitié roulé sur la cuisinière, et la bonne, seringue à

la main. Tous avaient laissé leurs activités quotidiennes pour se plonger dans un

long et profond sommeil.

C'est alors que l'immense « forêt d'Hallucination » devint plus touffue et plus

volumineuse. On n'apercevait plus que les tours du château. Les cultures

d'héroïne et de cocaïne était tellement grandes, qu'on aurait pu rouler des

millions de bédo. Si le roi était toujours éveillé, il n'aurait tardé à organiser une

grande fête.

De nombreux prince tentèrent de la traverser mais en vain. Chacun d'eux ne

pouvait s'empêcher de fumer un joint ou de se shooter avec l'herbe et la drogue

qui les entouraient. La tentation était trop forte. Ils ignoraient que la dose dans

chaque piqure était elle aussi bien plus forte que précédemment. Chacun des

princes mourraient alors d'une overdose rapide et non douloureuse.

Un jour, un prince du pays, apercevant les tours du château, questionna un grand-

père sur ce qui s'y trouvait. Le grand-père lui raconta alors l'histoire de la junk

aux bois dormants et du coma que la fée avait répandue sur la cour. Ils lui

expliquèrent ensuite que plusieurs princes tentèrent de traverser la forêt avant

de mourir d'une overdose, ne pouvant échapper à la tentation. Le prince

s'exclama :

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« -Je résiste parfaitement à la tentation, nul besoin de substance hallucinogène

pour réveiller la princesse, je ne snifferai ni ne fumerai aucune espèce de drogue

ou d'herbe ! »

Il partit alors d'un pas ferme à la rencontre de la Junk aux bois dormant. Il

traversa la forêt sans succomber à la tentation. Cocaïne, héroïne, extasy,

cannabis...... Le prince résista. Il arriva dans l'antre du château. Il se trouva

étonné de l'état dans lequel se trouvait le cuisinier, la bonne, ainsi que le reste

de la cour. Le silence était si profond que le prince entendait son propre souffle.

Même la fameuse fontaine composée de tous les alcools existants dans le pays

s'était arrêtée de couler. Le prince continua sa route. Il arriva ensuite dans la

chambre de la princesse.

Elle était si belle, encore si jeune. Le prince se pencha alors pour l'embrasser.

L'effet du baiser du prince sur la princesse était comme une cure de

désintoxication accélérée.

Elle se réveilla alors, et avec elle, tout le château. Chacun repris alors ses

activités. Le cuisinier termina de fumer son bédo, la bonne de se shooter et les

femmes de boire cul-sec leurs bouteilles.

Une grande fête fût célébrée pour fêter le retour à la vie du royaume de la «

forêt des hallucinations ». On célébra en même temps le mariage de la Junk aux

bois dormants et du prince. On n’avait jamais vu pareille fête. On respirait

autant d'air que de cocaïne, alternant vers de rhum et vodka, roulant des bédo

plus longs les uns que les autres. Tous les chevaliers, paysans et fées étaient

présents. Pas un seul ne repartait sans être bourré ou défoncé. On distribua

même un cadeau à la sortie, composé d'herbe les plus forte et d'essences de

cocaïne les plus rares. Cette « rave » version renaissance dura deux jours. Le

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prince et la princesse firent le vœu de sobriété et vécurent heureux en évitant

l'overdose finale.

La drogue ne résout rien, elle cache la difficulté. L'absence de drogue n'est pas

synonyme de malheur. Il faut résister à la tentation pour profiter de la vie et du

bonheur qu'elle peut engendrer chaque jour.