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Introduction
Marc BOLLECKER et Gérald NARO
Chapitre 2
Le système des tableaux de bord et la cohésion
stratégique et organisationnelle
DENIS TRAVAILLÉ ET YVES DUPUY
Chapitre 3
La question du contrôle des comportements à
l’épreuve des transformations des organisations et
du travail
Lionel HONORÉ
Chapitre 4
Contrôle de gestion et management public : quel
retour d’expérience pour les entreprises ?
PASCAL FABRE
Chapitre 5
Le contrôle de gestion, f gure impensée de la
pensée occidentale
Annick ANCELIN-BOURGUIGNON
Chapitre 6
Le contrôle de gestion, une interface de cohérence
organisationnelle
Hugues BOISVERT et Marie-Andrée CARON
Chapitre 7
Les impasses du contrôle de gestion : débats et
perspectives
Ariel EGGRICKX
Chapitre 8
Le contrôle de gestion aujourd’hui, ce qu’en disent
les praticiens
Marc BOLLECKER et Gérald NARO
Chapitre 10
Quelle place pour l’environnement dans le contrôle
de gestion : du concept d’éco-ef cacité à
l’exploration de nouvelles frontières ?
NICOLAS ANTHEAUME
Chapitre 11
Le contrôle de gestion de l’immatériel : concept,
outils et méthodes
LAURENT CAPPELLETTI
Chapitre 12
Une nouvelle approche du contrôle de gestion des
services 197
François MEYSSONNIER
Chapitre 13
Le contrôle de gestion bancaire : entre
standardisation et interactions
Christine MARSAL
Chapitre 14
L’évolution du management de la performance à
l’hôpital : du contrôle de gestion au contrôle
organisationnel
Thierry NOBRE
Chapitre 15
Le contrôle de gestion dans la PME : mythe ou
réalité ?
THIERRY NOBRE ET CINDY ZAWADZKI
Conclusion
Marc BOLLECKER et Gérald NARO
Remerciements
Les auteurs
Introduction
MARC BOLLECKER
GÉRALD NARO
107 000 000 (0,31), 62 400 000 (0,23)… Une requête lancée sur un
célèbre moteur de recherche en décembre 2013 révèle qu’en 0,31
seconde, plus de cent millions de résultats sur les mots clés « contrôle
de gestion » sont disponibles, plus de 62 millions pour « contrôleur de
gestion ». En comparaison, la requête « stratégie » est 2,5 fois moins
populaire, gestion des ressources humaines et « gestion de production »
sont respectivement 30 et 100 fois moins présentes ! Sans vouloir
dresser un constat réducteur sur l’utilité comparée des fonctions
managériales, et malgré le simplisme de ce type de démarche, les
chiffres révèlent une présence significative de la fonction sur internet.
Mais les spécialistes du contrôle de gestion le savent bien, les
chiffres, aussi nombreux soient-ils, ne constituent que le fragment
d’une carte qui elle-même n’est qu’une piètre représentation du
territoire. La prégnance du contrôle de gestion ne serait-elle alors
qu’une réalité virtuelle ? Ce serait tomber dans une autre extrême que
de ne pas interpréter les signaux provenant de la carte.
Nombreuses sont les entreprises qui déploient des dispositifs de
contrôle de gestion pour opérationnaliser et cristalliser un management
par objectif permettant une responsabilisation accrue et une mise sous
tension permanente : contrôle de gestion sociale, commerciale,
industrielle, achat, logistique, informatique, investissement, recherche et
développement… Sous prétexte légitime de stratégie de domination par
les coûts, ou plus simplement de maîtrise de la consommation des
ressources et d’optimisation des processus, le contrôle de gestion dispose
depuis deux décennies d’une opportunité inédite de développement dans
les entreprises. Dans le secteur public, les réformes visant à mettre les
dépenses sous surveillance par et pour les citoyens (Mussari et Steccolini,
2006) dans le cadre d’un New Public Management (Hood, 1995)
propulsent également le contrôle de gestion sur le devant de la scène. Ce
dernier s’institutionnalise par une volonté politique, s’enracine par une
démarche législative, bref, se déploie au travers de différentes réformes,
notamment la LOLF en 2001, la T2A en 2004, la LRU ou la RGPP en
2007. Bien entendu la cour des comptes veille à l’application de ce
déploiement : elle préconise régulièrement la mise en place du contrôle de
gestion, que ce soit à l’hôpital, dans l’éducation, voire même à l’opéra1.
Dans ces conditions, est-il judicieux de consacrer un ouvrage au
contrôle de gestion d’aujourd’hui ?
Malgré le développement quantitatif des outils, des pratiques et
même des postes de contrôleurs de gestion, force est de constater que
la fonction essuie de nombreuses critiques depuis quelques années.
Les plus vives et les plus marquantes proviennent de spécialistes des
conditions de travail. Certains dénoncent en particulier la souffrance
de salariés, voire même les graves troubles pour la santé,
qu’engendrerait l’introduction d’outils de contrôle de gestion (Fabre,
2011, 10). Son déploiement jusqu’au plus bas niveau opérationnel est
visé à l’instar du cas McDonald’s : en intégrant dans leurs tâches du
contrôle de gestion, des caissières endossent simultanément la
casquette de travailleur et de manager, d’opérateur et d’évaluateur (De
Gaulejac, 2011, 81). À ce conflit identitaire se superpose un sentiment
de désincarnation du travail. Dominé désormais par une logique
bureaucratique, la critique porte sur un contrôle de gestion qui impose
des normes au détriment des finalités et valeurs professionnelles : la
logique comptable et le formatage des conduites auraient devancé
l’esprit et la substance des actes (De Gaulejac, 2011, 280). Évaluer
pourrait même tuer (!!!) (Del Rey, 2013, 97) : les êtres seraient vidés
de leur intériorité, de leurs repères puisqu’on les empêcherait de se
fixer, de se territorialiser (Del Rey, 2013, 113).
Et quand la norme est appréhendée comme une simplification
chiffrée de la réalité pour faciliter la comparaison des performances et
alimenter un reporting coercitif (Dupuy, 2011, 16), elle serait
considérée comme une mesure réductrice, partielle, partiale,
inconséquente, provisoire (Caillé, 2012, 111). Elle deviendrait
oppressive en soi car ne reposant que sur des motivations
extrinsèques. Et comme les acteurs aux manœuvres (directions et
comptables) sont accusés de trouver les marges et la souplesse
nécessaires pour fabriquer le résultat qu’ils cherchent (la dénonciation
des « braconniers du chiffre » est devenue banale (Hibou, 2012, 172)),
la norme déstabiliserait plus encore l’évalué surtout si on a affaire à
des Cost Killers dont la mission perçue est de réduire les effectifs (De
Gaulejac, 2011, 315). Assimilé à un outil de domination d’un sujet
incarcéré, c’est clairement à une vision postmoderniste (Bessire,
2002) d’un contrôle de gestion disciplinaire (Miller et O’Leary, 1987) à
laquelle il est fait référence dans ces critiques.
De telles contestations ne peuvent simplement être attribuées à
l’ambiguïté de la traduction française du mot control pour expliquer
des pratiques fortement normalisées de surveillance plutôt que de
pilotage. Les carences et imperfections des outils (budgets, tableaux de
bord, comptabilité de gestion…) ne peuvent être davantage
incriminées, au risque de se tromper de cible en ne se focalisant que
sur la dimension technique du contrôle. C’est à une réflexion en
profondeur qu’imposent ces critiques pour en cerner leur légitimité,
leur fondement et leurs origines.
S’agissant fondamentalement d’un mécanisme de coordination,
certains pourraient y voir une forme de défaillance du leadership. Les
dysfonctionnements et les perversions liés à l’exercice de l’autorité
conduiraient ainsi à une organisation paranoïaque voire compulsive
(Kets de Vries et Miller, 1985) et au déploiement de dispositifs de
contrôle resserrés. D’autres y verraient la résultante des dérives d’un
capitalisme où la démarche comptable est considérée comme
constitutive et constituée par les macroconflits entre les différentes
classes (Chua, 1986) : le contrôle de gestion permettrait de garantir la
reproduction des intérêts du capital et de discipliner la force de travail
(Bessire, 2002). D’autres encore plaideraient en faveur d’une
interprétation économique et, en particulier, de l’impact des crises
contemporaines sur le management. La globalisation des économies,
l’intensification de la concurrence, le ralentissement de la croissance,
voire la récession dans de nombreux pays occidentaux font le lit de
stratégies organisationnelles réifiées (à moins que ce ne soit
l’inverse !). Les stratégies voulues ou subies de domination par les
volumes et les coûts, à l’instar du low cost, supposent le déploiement
généralisé d’outils de contrôle optimisateurs et l’institution d’un
imaginaire social uniquement centré autour du technico-financier
(Tannery, 2009). Le filet d’outils financiers, qui couvre
progressivement processus et activités, présente l’avantage du contrôle
à distance (par et pour les directions), de la simplicité d’usage et de
mise en place. C’est aux contrôleurs de gestion que revient la mission
de tisser et de déployer le filet, ce qui peut provoquer des problèmes de
légitimité auprès des personnels de terrain (Bollecker, 2009) et des
questionnements sur leur champ d’intervention. Il est bien reconnu
aujourd’hui que la mission des contrôleurs peut prendre deux options
alternatives : expert du chiffre, pour garantir l’efficacité du
déploiement du filet budgétaire au service des dirigeants et des
actionnaires, ou consultant interne assistant des opérationnels dans
l’amélioration de leurs performances. Nombreux sont les spécialistes
qui plaident avec force depuis près de 20 ans pour la seconde option et
notamment pour des modes de pilotage fondés sur l’apprentissage et
les qualifications abandonnant les médiations universelles (Lorino,
1995). Mais les vieilles habitudes ont la vie dure, la vision
conservatrice de nombreux dirigeants (Lorino, 2009) renforce
l’application de la première option (Guilding et al., 2000, Roslender et
Hart, 2003). Nombreux sont les contrôleurs de gestion devenant
expert du chiffre délaissant le champ des opérationnels aux
spécialistes du Lean, de la qualité, ou encore du contrôle interne.
Quand bien même la boite à outils des contrôleurs s’est complexifiée
en apparence d’outils prometteurs au début des années 1990 (BSC et
ABC notamment) pouvant contribuer à amincir la différence entre les
deux options par leurs aspects multidimensionnels et intégratifs, c’est
l’expertise financière qui s’est le plus souvent imposée pour
l’optimisation à tous les niveaux. Une telle évolution se cristallise
d’ailleurs dans les pratiques de planification qui donnent l’illusion de
la démocratie (Bouquin et Fiol, 2007) mais qui conduisent à une
absence de pertinence, de cohérence et de compatibilité entre des
objectifs quantitatifs stratégiques et les contraintes des opérationnels
(Chasserio et Maeder, 2007).
Dès lors, faut-il s’étonner que le déploiement d’outils de contrôle
suscite de l’incompréhension et des résistances et, pour certains
sociologues, des sentiments de souffrance au travail ? D’ailleurs, ces
hostilités ne font que renforcer les différences de cultures
professionnelles entre les personnels de la comptabilité et du contrôle
et d’autres groupes tels que les ingénieurs ou les commerciaux (Dent,
1991, Ezzamel et Burns, 2005).
On peut donc assez clairement relier les pratiques de contrôle,
objets de ces vives critiques, au contexte économique particulièrement
contraignant. Le déploiement massif du contrôle de gestion, dans le
secteur privé tout comme dans le public, constitue une réponse
contemporaine à une forte concurrence impliquant une amélioration
continue de la compétitivité et, parfois, à une baisse du volume
d’activité, des financements et des crédits. Pour autant, le
déterminisme d’une orientation financière du contrôle de gestion et du
contrôleur ne peut être gravé dans le marbre. Malgré le conservatisme
voire parfois le mimétisme, de nombreuses réflexions et pratiques
émergent pour transformer le contrôle de gestion.
Une des pistes est de revenir sur ses modalités, ses propriétés, et ses
finalités, c’est-à-dire de s’intéresser à ses dimensions ontologique et
téléologique. C’est ce que développent les contributeurs à la première
partie de cet ouvrage en exposant les débats et controverses
actuels. C’est par le positionnement de la discipline au sein des
sciences humaines et sociales, puis au sein des sciences de gestion, et
en particulier des théories des organisations que Marc BOLLECKER et
Gérald NARO nous apportent un éclairage sur les fondements des
critiques et sur le rôle du contrôle de gestion. Ce positionnement nous
rappelle l’importance de sa fonction coordinatrice. La coordination
ainsi recherchée est souvent celle de la mise en harmonie des
intentions stratégiques et des logiques d’action locales, c’est-à-dire
celle de la cohésion, comme l’expliquent Denis TRAVAILLE et Yves
DUPUY dans le second chapitre. Pour eux, la conception du système
de tableaux de bord suppose la recherche de compromis autour des
paradoxes pour une coordination efficace et une cohésion forte. Mais
les situations de gestion sont parfois si spécifiques que cette quête de
coordination reste difficile. Dans le domaine de la santé, Lionel
HONORE montre, dans le chapitre suivant, que la problématique
managériale est souvent de piloter localement la prise en compte des
aléas et des événements. Compte tenu de l’urgence des situations, la
dérive disciplinaire par rapport à des normes globales peut devenir…
la norme ! Plus globalement, dans le chapitre 4, Pascal FABRE
explique que c’est l’inadaptation d’un modèle de contrôle universaliste
à des contraintes opérationnelles, économiques et politiques qui
explique à la fois les problèmes de coordination rencontrés et le rejet
des systèmes de contrôle de gestion dans certaines organisations. Pour
autant, les intentions de développement du contrôle de gestion n’en
sont pas freinées. Annick ANCELIN-BOURGUIGNON démontre ainsi
dans le cinquième chapitre que la réponse souvent apportée à ces
problèmes, et surtout aux risques psycho-sociaux qui y sont liés, est
celle d’un raffermissement de ce qui les génère (!), le contrôle de
gestion étant l’incarnation d’un « pli de pensée » du monde occidental.
C’est alors une véritable quête de cohérence qui semble s’imposer et à
laquelle nous invitent Hugues BOISVERT et Marie-Andrée CARON
dans le chapitre 6, non seulement entre le contrôle de gestion et les
autres fonctions, mais aussi et surtout entre le système technique et le
système social des organisations, c’est-à-dire celui des valeurs, des
pouvoirs et des savoirs. Une telle quête de cohérence suppose une
vision systémique comme l’explique Ariel EGGRICKX dans le chapitre
suivant pour (re)construire un contrôle de gestion qui fait sens, qui
contribue à une intelligence téléologique distribuée. Et c’est également
ce dont témoignent les praticiens : dans le dernier chapitre de cette
partie, l’étude réalisée par Marc BOLLECKER et Gérald NARO auprès
de professionnels du contrôle révèle un ancrage de la fonction devenu
fragile. En raison de la surabondance des données différenciées à
produire, ils n’assureraient qu’insuffisamment leur rôle d’articulation
entre les niveaux hiérarchiques.
S’intéresser au contrôle de gestion d’aujourd’hui suppose donc de se
pencher sur la cohérence organisationnelle et donc, de fait, aux
besoins spécifiques de chaque contexte. Sans vouloir ni pouvoir cerner
de manière exhaustive toutes les contingences, les contributeurs de la
seconde partie proposent des lectures riches des nouvelles
perspectives du contrôle de gestion.
C’est d’abord la transformation de l’outil fondateur du contrôle – la
comptabilité de gestion – qui interpelle. Transposés de systèmes
industriels simples et rigides vers des industries complexes, flexibles et
responsables, les aménagements proposés sont-ils suffisants pour
garantir une cohérence ? La seule méthode ABC n’est pas satisfaisante
comme l’indique Grégory WEGMANN dans le chapitre 9. Elle suppose
d’être complétée ou simplifiée et, surtout, repositionnée dans les
contextes dans lesquels elle se développe. L’adaptation des budgets et
des tableaux de bord est également indispensable dans les contextes
où les préoccupations environnementales sont particulièrement fortes
et dans ceux où l’investissement immatériel est à valoriser, comme
nous le proposent respectivement Nicolas ANTHEAUME puis Laurent
CAPPELLETTI dans les deux chapitres suivants. C’est ensuite, plus
globalement, l’adaptation de la fonction contrôle de gestion au secteur
spécifique des services qui constitue actuellement un défi majeur pour
les professionnels et les chercheurs ainsi qu’une voie de
renouvellement. François MEYSSONNIER suggère dans le chapitre 12
que la ligne de fracture entre le business model et la création de valeur
sur le terrain peut se briser dans ce secteur, ne serait-ce par la
mobilisation d’outils intégratifs tels que le balanced scorecard. Mais
cette évolution ne peut se faire qu’à condition d’impliquer les acteurs
dans une démarche de contrôle interactif. C’est ce que Christine
MARSAL démontre dans le secteur bancaire, dans le chapitre suivant :
malgré le déploiement massif des outils de contrôle dans les réseaux
bancaires coopératifs, le modèle industriel nécessite d’être renouvelé
par la participation des personnels et des élus. Pour autant, cette
participation n’est pas une condition suffisante pour transformer le
contrôle, notamment dans les établissements hospitaliers. Thierry
NOBRE explique ainsi, dans le chapitre 14, que le contrôle de gestion
dans ce secteur s’inscrit dans un pilotage plus global de contrôle
organisationnel à visée transformative en raison des fortes contraintes
de performance. Enfin, dans le dernier chapitre de cet ouvrage Thierry
NOBRE et Cindy ZAWADZKI nous invitent d’ailleurs à emprunter cet
axe de réflexion pour la PME où le contrôle de gestion peut être dilué
et informel, prenant des formes relevant davantage du contrôle
organisationnel.
Les débats et controverses qui traversent le contrôle de gestion
d’aujourd’hui coïncident étrangement avec son succès. Sa présence
dans les organisations n’a probablement jamais été aussi massive, les
critiques et les craintes le concernant n’ont probablement jamais été
aussi fortes et nombreuses. Dès lors, comment sortir de ce paradoxe ?
Désirée mais contestée, la fonction nécessite sans aucun doute une
réflexion approfondie et de nouvelles perspectives.
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Première partie
MARC BOLLECKER
GÉRALD NARO
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Chapitre 2
DENIS TRAVAILLÉ
YVES DUPUY
Conclusion
Ainsi, c’est sans doute un des intérêts fondamentaux de la conception
et de l’utilisation des STB que d’inciter à mieux aller au cœur des
organisations, que d’aider à en approcher puis à en décrire les
capacités et la dynamique, la reconstruction structurelle et stratégique
permanente. Certains évoqueraient à ce propos l’idée d’un mythe
mobilisateur, d’autres celle d’un support propre à la critique et à
l’expression politique, d’autres enfin celle d’un processus mimétique
ou cérémoniel. Plus concrètement, et fût-ce provisoirement, il
convient sans doute, d’interpréter les STB comme l’un des outils mis à
la disposition des contrôleurs de gestion pour étayer la cohésion des
organisations et leurs systèmes de pilotage. Mais, pour répondre
correctement à cette finalité, cet outil appelle, comme tous les autres
dans le domaine de la gestion, un usage contingent donc raisonné, et
en tout cas affranchi de l’esprit et de l’espoir d’une simplification
normative et positive, donc universaliste.
C’est dire que l’outil en question ne peut constituer le support
exclusif de l’intégration. Malgré tous les perfectionnements formels et
méthodologiques qu’en suggèrent les consultants et la littérature, il ne
saurait en effet prétendre satisfaire les attentes de chacun des acteurs,
de chacune des parties prenantes de l’organisation, quelle qu’elle soit.
Il ne peut donc se concevoir que comme un complément à d’autres
outils, plus ou moins conventionnels et formalisés, de la mise en
cohésion et du contrôle de l’organisation et de sa stratégie :
comptabilités à usage interne et externe, systèmes de « reporting »,
systèmes budgétaires, systèmes d’aide à la décision, etc. Mais le
problème devient alors celui de la compréhension et de la
représentation d’une hypothétique « performance élargie », c’est-à-
dire durable et sociétale, de l’organisation. C’est une mise en question
de cette dernière qu’il s’agit alors d’imaginer, ce à quoi ne sauraient
prétendre ou répondre les systèmes de tableau de bord.
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Chapitre 3
LIONEL HONORÉ5
Discussion
En réanimation, la déviance est fonctionnelle et elle joue le rôle de
charnière entre les deux niveaux de normes. Elle est un principe
d’opérationnalisation de la norme théorique et est définie comme
normale par la norme opérationnelle. Elle est le mode de
fonctionnement porté par la norme. Elle est le fait des acteurs qui
agissent en fonction des perturbations provoquées par les évolutions
chaotiques de l’état de santé du bébé. En néonatologie de suite la
déviance est toujours provoquée par les évolutions de l’état de santé
du bébé mais elle est alors anormale. Dans les deux cas, la place, le
rôle et le statut (normal ou anormal) de la déviance comme son objet
(mise en cause de la norme théorique en réanimation et mise en cause
de la norme opérationnelle en néonatologie de suite) sont définis par
la situation et sa prise en compte par les normes théoriques et
opérationnelles.
En réanimation, tout est singulier et déviant. La déviance est le
mode de fonctionnement normal et est intégrée dans la norme
opérationnelle. Le fonctionnement organisationnel définit la déviance
comme nécessaire et la bloquer serait bloquer l’efficacité.
En néonatologie classique la situation du bébé est regardée comme
devant être normale et non singulière et devant être prise en compte et
gérée comme telle en appliquant les protocoles et les processus définis
par la norme théorique. Dans le cas de la réanimation qui peut-être
caractérisée, dans une optique de généralisation, comme celui d’une
situation perturbée, incertaine et chaotique, la problématique
managériale est double. Elle est celle du maintien d’un
fonctionnement centré sur la déviance, mais qui prévient le risque
comportemental lié à la transgression de la norme opérationnelle et
qui maintient une maîtrise de la prise de distance par rapport aux
normes théoriques. Dit autrement, le risque ici est celui que la
déviance devienne de la transgression, il est celui :
1. d’une transgression de la norme opérationnelle qui serait un trop
grand respect des normes théoriques
2. d’une transgression des normes théoriques par une non-maîtrise
de la déviance fonctionnelle permise par les normes
opérationnelles.
Dans le cas de la néonatologie, qui peut être caractérisée dans une
optique de généralisation, comme celui d’une situation stabilisée la
problématique managériale n’est pas de borner la déviance, mais de la
permettre. Elle est de permettre et de piloter la prise en compte des
aléas et des événements. Le risque ici n’est pas celui d’apparition de
comportements de transgression des normes. Il est celui d’une dérive
disciplinaire du fonctionnement centré sur les normes et sur leur
respect.
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Chapitre 4
Contrôle de gestion et
management public : quel retour
d’expérience pour les entreprises
?
PASCAL FABRE
1. Le retour de la contingence
Les conditions d’emploi des outils de contrôle de gestion, en
particulier la comptabilité de gestion, sont souvent mal connues par
ceux qui les mettent en place. Ces conditions d’emploi tiennent aussi
bien aux caractéristiques de l’environnement d’accueil qu’au mode
d’utilisation de ces outils (Baranger, 1995). Or comme le montre
Hofstede (1981), dans les organisations publiques on se trouve souvent
aux limites des conditions d’emploi de ces outils ce qui permet d’en
tester la robustesse, c’est-à-dire la capacité à s’adapter à des
environnements et des situations très variées. Au niveau de la
comptabilité de gestion, la mise en œuvre de cet outil dans les
organisations publiques semble se heurter à de nombreuses difficultés
dues en particulier au non-respect de ces conditions d’emploi
entraînant assez fréquemment son abandon. Si le phénomène est
particulièrement visible dans ce type d’organisation, la remise en
cause de la comptabilité de gestion (en particulier les sections
homogènes) et les tentatives de renouveau (en particulier la
comptabilité à base d’activité) avec également leur lot d’échecs,
semblent indiquer que ces conditions d’emploi ne sont pas forcément
mieux connues au niveau du secteur privé.
Facteurs
internes
Politiques
1. Valeurs
2. Objectifs
3. Stratégie
Opérationnels
1. Niveau de maturité
organisationnelle
2. Structure et mode
d’organisation
Économiques
1. Situation financière
2. Moyens disponibles
(Source : l’auteur)
faible élevée
Conclusion
Au terme de ce retour d’expérience, au-delà des préconisations sur
l’utilisation des outils de gestion, se pose également le problème du
positionnement du contrôle de gestion par rapport aux autres services
et composantes de l’organisation quelle que soit sa nature.
Ainsi comme nous l’avons vu, la mise en place d’outils de contrôle
de gestion passe obligatoirement par un diagnostic préalable de
l’organisation et de son environnement couplé à une réflexion sur les
limites et conditions d’emploi des outils mis en place de façon à
assurer leur pertinence. En effet, à défaut outre les problèmes liés à
une information non adaptée, le danger est que les services
opérationnels développent leur propre instrumentation de gestion
indépendante du contrôle de gestion avec les problèmes de cohérence
interne inhérents à ce genre de situation.
Nous avons vu également que les tableaux de bord, dans le secteur
public mais aussi dans le secteur privé, gagnent à être complétés par
des indicateurs d’intrants et d’impacts (au moins annuellement). Cette
démarche déjà sous-jacente au Balanced Score Card peut très bien être
également envisagée dans le cadre de tableaux de bord stratégiques à
périodicité annuelle. Mais, les informations nécessaires, en particulier
celles liées à l’impact nécessitent la mise en place de capteurs à
l’extérieur de l’organisation, les services opérationnels (notamment les
nouveaux services clients) étant les plus à même de collecter cette
information. Dès lors se pose le problème de la répartition des tâches
avec le contrôle de gestion traditionnellement plus tourné vers
l’interne.
Enfin nous avons vu que la dimension politique du contrôle de
gestion ne peut être ignorée par le contrôleur de gestion. Celui-ci de
facto doit se positionner dans l’organisation au risque sinon d’être
marginalisé. Il s’agit également pour ce dernier d’intégrer sa
nécessaire participation à la communication externe de l’organisation,
en particulier au niveau sociétal et environnemental (en particulier
pour ce qui concerne la fourniture d’informations fiabilisées). À ce
niveau, comme dans les organisations publiques, le danger majeur
reste une focalisation excessive des dirigeants sur la communication
externe aux dépens de la déclinaison interne des opérations
stratégiques et de l’amélioration des processus internes.
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Chapitre 5
ANNICK ANCELIN-BOURGUIGNON
1.2 L’action
La vision chinoise du monde et de l’homme non-séparé de son
environnement va de pair avec une conception de l’action non-
volontariste, où l’action idéale passe par le « non-agir », vision souple
de l’action qui ne correspond pas à la passivité, mais à
l’accompagnement des processus en cours. Ainsi, un bon jardinier ne
cherchera pas à tirer sur les tiges du blé pour en accélérer la pousse,
mais accompagnera et favorisera le développement naturel de la
plante en arrosant, sarclant, protégeant du vent, du soleil, etc.
(Mencius ou Meng Zi, 3ème siècle avant J.-C., cité par Jullien, 1996).
L’action la plus efficace (et reconnue socialement) consiste à exploiter
le « potentiel de la situation » (Jullien, 1996), pas à chercher à agir
directement sur le monde pour le plier à sa volonté. Inversement
l’Occident pense l’action comme l’acte, valorisé socialement, d’une
volonté de mettre en pratique une théorie, qui mobilise un modèle
dans lequel les moyens sont soigneusement articulés avec les fins. En
cohérence avec tout ce qui précède, les héros chinois, beaucoup plus
rares qu’en Occident, ne sont pas des surhommes comme les héros
grecs : ce sont des êtres humains comme les autres, « devenant
héroïques par accident » (Chieng, 2006, p. 125).
Dans la conception chinoise du monde et de l’action, la théorie n’est
pas séparable de la pratique, le contexte est premier et s’intéresser aux
relations de causalité n’a pas grand intérêt puisque dans un autre
contexte, les mêmes causes produiront des effets différents. Il n’y a
donc pas de modèle sous-jacent à l’action : « le stratège chinois ne
délibère pas sur les moyens » (Jullien, 1996, p. 56). Dans la pensée
grecque, le contexte est toujours secondaire par rapport au modèle et à
la théorie. La voie européenne est celle de la modélisation et passe par
le rapport moyens-fins : « une fin étant idéalement conçue, nous
cherchons ensuite les moyens à mettre en œuvre pour la faire entrer
dans les faits (avec tout ce que cette « entrée » peut supposer
d’intrusion – à la fois de relativement arbitraire et de forcé) » (Jullien,
1996, p. 49). Chieng (2006) remarque que pour expliquer les succès de
la Chine, l’Occident invoque le « pragmatisme » et le
« gradualisme » – deux termes qui font toujours référence au
« modèle ». Le pragmatisme implique l’idée d’une « dérogation »
rendue nécessaire par les circonstances et le gradualisme rend compte
d’une progression par étapes, mais l’idéal et l’objectif forment toujours
le cadre dans lequel on pense.
Dans chacune des deux pensées, il y a une cohérence interne entre
la manière de percevoir le monde et de concevoir l’action. C’est parce
que la pensée grecque sépare et oppose que le modèle est autonome
vis-à-vis de la pratique ; c’est parce que la pensée chinoise est
holistique que théorie et pratique sont indissociables. La conception
de l’action volontariste n’est possible que parce que le monde est perçu
comme extérieur à l’individu (qui peut donc contraindre le monde),
alors que l’accompagnement des processus en cours est cohérent avec
une vision de l’être humain qui fait partie du monde – et également
avec une vision première du monde en termes de dynamiques.
1.3 Le temps
Une conception du temps radicalement différente va de pair avec ces
deux univers de représentations. Dans la pensée chinoise, l’idéal de
l’accompagnement des processus en cours suppose, même si on
intervient souplement, de laisser le processus se dérouler jusqu’à son
terme. Le temps chinois est un « temps-occasion » (Chieng, 2006),
inspiré de la tradition agraire, et tout l’art consiste à intervenir au
moment propice, pour tirer profit sans le perturber du processus en
cours. Le temps fait donc intégralement partie du processus dont il
faut respecter l’avancement. Le temps est ouvert – on ne sait pas
d’avance quand le processus va se terminer, puisqu’il est soumis aux
aléas de l’environnement (climatique, politique, commercial, etc.). On
retrouve ici l’importance du contexte et l’absence de modèle (la
prévision).
Comparativement, le temps occidental est clos – c’est celui de la
finalité de l’action – et il est segmenté en passé, présent et futur. D’une
certaine manière, le temps, comme le monde, est segmenté en états,
séparés les uns des autres. Que la langue chinoise ne conjugue pas les
verbes15 et qu’elle mobilise le même mot pour désigner à la fois un
verbe, un nom ou un adjectif (Jullien, 2009, 2012) est pleinement
cohérent avec une pensée qui pense le temps comme un continuum
fluide et l’action de façon oblique et non-volontaire. Au contraire, nos
langues occidentales mobilisent de multiples temps et indiquent les
actions par des verbes, autour desquels toute la phrase s’organise. La
langue « inscrit », non seulement le rapport au temps, mais aussi le
rapport à l’action des deux pensées (Jullien, 2012).
Cette très brève synthèse des écarts entre pensées grecque et
chinoise montre bien comment le rapport à l’action (volontaire ou
non) s’inscrit dans une vision du monde (divisé ou holiste) et une
perspective temporelle (fermée ou ouverte) qui privilégie une
sensibilité à des « choses » différentes (états ou dynamiques). Du côté
grec (et par extension occidental), on pense états du monde, fins et
moyens, modèle et application, théorie et pratique, avec la volonté de
contraindre le monde aux volontés humaines. Du côté chinois, l’action,
discrète et fluide, accompagne les dynamiques à l’œuvre (« non pas
imposer l’effet, mais le laisser s’imposer », Jullien, 1996, p. 77) dans
un monde perçu dans sa globalité, en mouvement et rebelle à la
modélisation. On résistera ici à la tentation du tableau conclusif à deux
colonnes – expression s’il en est de la pensée grecque – pour résumer
les différences de pensée entre les traditions gréco-occidentale et
chinoise. On préférera rappeler la définition du non-agir dans la
tradition taoïste (Lao Tseu, 1984) – « ne rien faire, et que rien ne soit
pas fait » (Jullien, 1996, p. 110) – qui, en quelques mots, résume le
rapport à l’action et la non-dualité du monde dans la pensée chinoise.
2. Le contrôle de gestion ou
l’incarnation de la pensée grecque
Cette deuxième partie mobilise les éléments présentés précédemment
pour montrer que le contrôle de gestion, qui formalise les grands
principes de la gestion, est l’incarnation presque parfaite de la pensée
grecque. Qu’il s’agisse des modèles stratégiques, de la soigneuse
articulation des objectifs, stratégies, plans d’action et indicateurs de
performance, des cartes causales de performance, il est bien question
d’agir volontairement sur le monde, de mobiliser des modèles,
d’identifier des causalités – le tout dans un cadre temporel très balisé.
D’une part, lorsqu’on définit la stratégie comme les moyens
mobilisés pour atteindre les objectifs (les fins), on s’inscrit dans une
vision (grecque) du monde qui articule soigneusement fins et moyens,
sur la base de causalités. La stratégie est un modèle causal – dans les
deux sens du terme « modèle », c’est-à-dire à la fois un système
logique et un objet d’imitation ou de reproduction. La stratégie a pour
vocation à être mise en œuvre – le modèle à être appliqué, dans la plus
pure tradition de la pensée grecque. Et de la gestion « stratégique »
des ressources humaines au contrôle de gestion « stratégique », la
référence aux buts et moyens à atteindre, autrement dit, au modèle,
est omniprésente.
Le contrôle de gestion inscrit l’ensemble fins-moyens dans les
instruments de gestion qui accompagnent la mise en œuvre de la
stratégie. Les indicateurs et les objectifs qui leur sont associés ont
valeur de modèles pour l’action – modèles de comportements (réduire
les coûts, recruter de nouveaux clients, etc.) et modèles-cibles (niveaux
à atteindre). Le contrôle de gestion incarne la notion de modèle cher à
la pensée grecque.
Au-delà, le contrôle de gestion a deux ambitions : offrir les
instruments qui permettent de corriger l’action pour atteindre les
objectifs (inscrits dans les plans et les budgets) et influencer le
comportement humain dans le sens des stratégies. On retrouve là le
projet volontariste de la pensée grecque : agir sur le monde, sur les
autres, pour infléchir de manière volontaire le cours des choses. La
dimension « pro-active » du contrôle de gestion, réaffirmée il y a
environ vingt ans, met un accent renouvelé sur l’action, but ultime –
pour plus de détails, voir Bourguignon (2003).
Malgré le développement d’indicateurs de performance tentant de
mesurer ce qui, dans l’activité d’aujourd’hui, conditionnera la
performance de demain, malgré la mise sous contrôle des activités et
des processus, la gestion ne porte que peu, voire pas d’attention à ce
qui n’est pas visible. En effet, les instruments de gestion ne savent
capter que les états du monde, les résultats tangibles et mesurables de
processus « silencieux ». Un taux d’absentéisme, même sous la forme
relative de son évolution dans le temps, renseigne très imparfaitement
sur la dynamique complexe du climat social. Le calcul des
pourcentages de progression/régression par rapport aux périodes
précédentes reste une différence entre deux états et (quand elle existe)
la réflexion sur les dynamiques à l’œuvre sert avant tout à concevoir
des plans d’action destinés à assurer l’application du modèle. Si l’écart
est tel que l’objectif apparaît hors d’atteinte, on procède à une
redéfinition de l’objectif. Autrement dit, quels que soient les aléas, la
pensée revient inéluctablement au modèle.
Dans cette perspective, à la manière grecque, le contexte est
toujours perçu comme secondaire, souvent comme « empêcheur » de
faire tourner la théorie « en rond ». L’évolution des « bonnes
pratiques » de gestion illustre bien cette impossibilité occidentale à
échapper à la tentation modélisatrice. Le passage du « one best way »
aux variantes reconnues légitimes en fonction de multiples facteurs de
contingence montre bien à la fois comment le modèle est premier par
rapport au contexte et comment, in fine, ce dernier se retrouve intégré
dans la modélisation.
Dans nos organisations, l’inaction, assimilée à de la passivité et du
désengagement (voire à un défaut de responsabilité), est condamnée,
sinon sanctionnée. Que la quasi-totalité des publications continue à
nommer « acteurs » les membres des organisations, malgré le
développement, voire l’intégration explicite de cadres théoriques qui
insistent sur le fait qu’action et cognition sont indissociables, dit sans
équivoque notre rapport central et premier à l’action. La
condamnation de la « gestion au rétroviseur », qui a accompagné
l’émergence de la vision pro-active du contrôle de gestion, porte la
marque de l’infamie qui s’attache à l’inaction (voir par exemple Malo
et Mathé, 2000).
3. Conséquences
Cette troisième partie présente les conséquences induites par l’ancrage
du contrôle de gestion, et au-delà de la gestion, dans la pensée
grecque.
D’une part, cet ancrage explique l’irrésistible attrait de la logique
gestionnaire dans nos sociétés. Il permet de compléter des analyses
qui jusqu’à présent, ont plutôt mis l’accent sur les processus de
domination sociale (de Gaulejac, 2005) – analyses qui, si elles ont leur
pertinence, n’épuisent pas le sujet, et n’expliquent en particulier pas
pourquoi des experts qui dénoncent les risques psycho-sociaux
recommandent des remèdes qui risquent fort de conduire à leur
aggravation. De Gaulejac (2005) a proposé le terme d’ « idéologie
gestionnaire » pour mettre en lumière le processus selon lequel la
traduction des activités humaines en indicateurs de performance
participe d’une idéologie, c’est-à-dire d’un « système de pensée qui se
présente comme rationnel alors qu’il entretient une illusion et
dissimule un projet de domination » (de Gaulejac, 2005, p. 22).
L’idéologie gestionnaire, dit-il, est née dans les multinationales et se
diffuse depuis les années 1980 dans toutes les grandes organisations
privées et publiques, transformant la société en une « société
d’individus sous pression » (ibid., p. 174), contraints en outre de se
gérer eux-mêmes. L’explosion des risques psycho-sociaux dans les
entreprises ces dernières années montre que le propos n’a hélas rien
perdu de son actualité. Sans nier l’existence de rapports sociaux de
domination, l’analyse précédente suggère que le succès de cette
idéologie a sans doute des racines profondes, celles de toute la
tradition de pensée occidentale, qui rendent manifestement difficile
l’invention d’autres formes de coordination des activités sociales. Si la
logique gestionnaire envahit progressivement toutes les sphères du
monde social, c’est peut-être (aussi) parce que, au-delà du mimétisme
qui pousse à reproduire les méthodes de l’entreprise privée et à
soumettre les individus, cette logique est celle de notre mode de
pensée : se doter de modèles qui représentent le monde en en isolant
les éléments et en précisant leurs relations d’interdépendance
(causalités), tenter d’appliquer ces modèles au plus près de la
« théorie », valoriser l’action volontaire et ceux qui mettent en œuvre
leur pouvoir d’agir sur le monde, tout ceci dans un cadre temporel qui
distingue soigneusement le passé du présent et du futur – ce dernier
captant la plus grande part de l’attention, parce qu’il est le point
d’aboutissement de l’action, elle-même pensée en amont à l’aide des
modèles. En France, la tradition de positivisme et la fierté que suscite
fréquemment notre héritage cartésien sont peut-être des facteurs qui
renforcent la légitimité de la pensée grecque. Et la persistance de
l’échelle du noble et du vil (d’Iribarne, 1989), qui sépare depuis
longtemps la théorie de la pratique, suggère que la pensée grecque et
ses incarnations ont vraisemblablement de beaux jours devant elles.
D’autre part, l’ancrage occidental du contrôle de gestion permet de
douter de son pouvoir d’influence dans le monde sinisé, et plus
largement de celui des instruments de gestion, ainsi que d’expliquer ce
qui nous apparaît comme certaines bizarreries ou certains
« dysfonctionnements » des systèmes de mesure de la performance
dans les entreprises implantées en Extrême-Orient. Les instruments
de gestion, qui incarnent la pensée occidentale, offrent des visions du
monde et de l’action totalement étrangères à la pensée locale. Même si
les Orientaux ont le talent de l’adaptation et savent, lorsqu’ils
l’estiment nécessaire, accepter (voire adopter) d’autres usages que les
leurs, il reste que la modélisation de la performance et la recherche des
causalités ne sont pas la tasse de thé locale. Même si on dispose de
relativement peu de travaux sur les pratiques de contrôle de gestion
dans les pays sinisés, ceux-ci offrent des résultats concordants.
Par exemple, il y a vingt ans, le recensement des travaux disponibles
concernant le Japon montrait un désintérêt pour la prévision
comptable et financière, un lien souple entre choix opérationnels et
d’investissement et calculs économiques, et mettait en évidence des
modes d’allocation des coûts indirects ayant parfois peu de rapport
avec (en d’autres termes, modélisant mal) la consommation de
ressources (Bourguignon, 1993) – toutes caractéristiques qui
s’expliquent par l’absence d’intérêt pour la modélisation du présent ou
futur et un management « par les chiffres ». Ces résultats font écho à
une recherche récente sur les systèmes de coûts dans les entreprises
chinoises, qui montre l’utilisation massive des coûts directs (Ding et
al., 2007), à l’opposé de nos usages qui recommandent d’étudier
soigneusement les inducteurs de coût afin de modéliser au mieux la
consommation de ressources indirectes pour calculer des coûts
complets. Ces auteurs montrent également qu’il n’y a pas, dans ces
entreprises, d’intérêt pour mettre au jour des relations de causalité qui
pourraient fonder une allocation « fidèle » des coûts indirects.
Par ailleurs, en matière de contrôle de gestion, Laulusa (2011) a
montré que, dans une entreprise d’État en Chine, la planification
(réalisée à la demande du gouvernement local) n’était pas utilisée pour
coordonner des plans d’action, au motif que l’environnement ne
pouvait pas être maîtrisé – perception cohérente avec la conception
locale de l’action (non volontariste et non modélisée a priori) et du
monde (que l’on ne cherche pas à maitriser). Laulusa (2011) remarque
aussi que les indicateurs de performance ont une portée très limitée
dans la gestion des opérations (l’évaluation est d’abord subjective via
le jugement des pairs) ; que, si le résultat n’est pas atteint, il est
essentiel de préserver avant tout la « face » de l’employé et que pour la
même raison, il arrive que l’on reporte l’implantation d’un nouvel
instrument de gestion. Si Laulusa (2011) explique toutes ces étrangetés
par l’impact des valeurs confucéennes, on peut également les expliquer
par le rapport au monde (la priorité donnée à la cohésion du groupe
social est aussi une expression de la non-séparation de ses membres)
et la conception de l’action et du temps (l’action s’adapte souplement
au contexte, dans une perspective temporelle ouverte). Si le
volontarisme et la précipitation sont perçus comme heurtant la
bienveillance17 qui doit présider aux rapports sociaux (Ascensio et Rey,
2010), ils sont également aux antipodes de la manière légitime dont
l’action doit être conduite, ou plus exactement accompagnée.
Notre détour philosophique complète donc les analyses précédentes
sur la faible appropriation des systèmes de contrôle de gestion dans le
monde sinisé : au-delà des valeurs confucéennes, au-delà de la
prééminence du contrôle culturel sur le contrôle bureaucratique
(Bourguignon, 1993), le faible intérêt pour nos méthodes de gestion
occidentales s’explique par la manière radicalement différente de
penser le monde, l’action et le temps.
Enfin, l’ancrage du contrôle de gestion dans la pensée gréco-
occidentale peut expliquer la résistance que le contrôle de gestion
rencontre souvent dans nos organisations : porteur des impensés de la
pensée grecque, le contrôle de gestion n’intègre pas les autres
logiques/rationalités à l’œuvre, celles qui ne sont pas nécessairement
de l’ordre de la pensée. La pensée chinoise, moins « mécaniste » que la
pensée grecque, est sans doute mieux « équipée » pour, en particulier,
comprendre et intégrer la complexité du psychisme, avec ses
ambivalences, ses processus de réduction de la dissonance cognitive et
autres mécanismes de défense. Le psychisme, avec ses mouvements
parfois contradictoires, toujours non-linéaires, n’emprunte en effet
pas les voies directes et rationnelles de la pensée grecque. Ainsi, les
processus psychiques prennent du temps et résistent au volontarisme ;
le désir suit rarement la loi de l’utilité, au sens rationnel que l’on donne
habituellement à ce terme ; nos actions, nos mots, nos émotions
échappent souvent à notre volonté. Tout ceci explique pourquoi la
volonté « grecque » des dirigeants se heurte souvent au psychisme fort
peu grec des membres de l’organisation. La fréquente résistance des
êtres humains au changement, prétendument18 naturelle, est
l’expression du décalage entre la rationalité stratégique (« grecque »)
de l’organisation et de ses dirigeants, qui ne connaît que la cohérence
instrumentale, et la rationalité psychologique des individus, en quête
de cohérence psychologique, autrement plus complexe (Bourguignon
et Jenkins, 2004). On peut avancer un argument similaire concernant
le contrôle dont la justification rationnelle doit, en France, composer
au quotidien avec les mouvements contraires de l’illégitimité des
représentations culturelles (Bourguignon, 2009) et des besoins du
psychisme (Vidaillet, 2013). L’analyse qui précède jette une nouvelle
lumière sur le conflit des rationalités qui ont cours dans nos
organisations.
Conclusion
Cette conclusion discute les limites de l’analyse qui précède et propose
des pistes pour les pratiques et la recherche en contrôle de gestion.
J’ai déjà souligné le paradoxe qui consiste à mettre à distance notre
pli de pensée (et tenter d’en découvrir un autre) dans un exercice de
style qui en est l’incarnation. Les chercheurs sont, au même titre que
les praticiens, « pris » dans le pli de pensée qui nous ramène toujours
aux fins et à l’articulation soigneuse et cohérente des moyens. Dans ce
chapitre, l’objectif du propos a été exposé dès l’introduction, le plan
structuré de manière à souligner la rationalité des moyens et étapes de
la démonstration. Quel que soit l’effort qui a été fait pour prendre de la
distance, il reste que cet effort ferait sans doute sourire un Oriental qui
y verrait encore une entreprise très « grecque ».
Quelles qu’en soient ses limites, ce détour par l’Orient et la
différence des pensées grecque et chinoise ouvre de nouvelles
perspectives pour les pratiques et la recherche en gestion. Si d’autres
chercheurs ont pu conclure que la pensée orientale n’avait « rien à
nous apprendre » hors une conscience de l’abondance, puisqu’elle ne
proposait « ni modèle, ni recette, ni guide concret pour l’action, ni
outils » (Pesqueux et al., 2005, p. 96), je pense au contraire que pour
peu qu’on accepte d’ouvrir notre mode de pensée, la pensée orientale
indique des pistes fécondes. Bien sûr le chemin qu’elles tracent sera
fait de faux pas, la progression sera lente et ces nouvelles méthodes ne
manqueront pas de créer de l’incohérence dans le bel édifice de nos
méthodes « grecques ». Penser de nouvelles méthodes ne se fera sans
doute pas sans retour récurrent du refoulé de la pensée grecque.
Persister sur ce chemin fait intégralement partie de la difficulté, mais
c’est au prix de renoncements que l’on inventera de nouvelles
manières de gérer. Ce qui reste encourageant, c’est que les pistes
tracées par la pensée chinoise croisent celles de certains chercheurs
occidentaux : le pli de pensée est donc dépliable.
En matière de recherche en contrôle de gestion, cette analyse
suggère d’abord de poursuivre les recherches sur le contrôle de gestion
dans le monde sinisé, pour accroître notre connaissance à la fois des
manières de gérer locales (quelles méthodes ? quels « instruments » ?)
et des comportements, attitudes et perceptions que suscite
l’importation des systèmes occidentaux. Comment les personnels
locaux, aux différents échelons hiérarchiques, s’accommodent-ils de
systèmes dont les hypothèses implicites sont radicalement différentes
des manières de penser locales ? La manière dont les entreprises
japonaises ont institutionnalisé l’approche de l’Américain Deming sur
la qualité (connue sous le nom de « roue de Deming » ou cycle PDCA,
Plan Do Check Act) montre que concrètement, un instrument de
gestion totalement grec dans sa conception – la prévision sert de
référence à l’évaluation de l’activité et guide les actions correctives –
peut être approprié par une culture orientale. À quelles conditions ce
transfert a-t-il été possible ? Sommes-nous en présence d’une
hybridation ou de l’effacement d’une pensée devant l’autre ? Quels
sont les compromis élaborés ? La recherche pourrait également
s’intéresser à la variété des compromis. Diffèrent-ils selon les pays, à
la fois orientaux et occidentaux ? Qu’est-ce qui explique les différences
entre deux entreprises confrontées en apparence à la même différence
interculturelle ? Il y a là matière pour un programme de recherche
d’autant plus ambitieux que la maitrise des langues orientales, dont on
a vu l’importance dans la pensée, reste une barrière significative.
En matière de pratiques, cette analyse, qui éclaire les différences
entre pensées chinoise et grecque, devrait contribuer à éviter les
désillusions, voire les erreurs des entreprises occidentales exportant
en Extrême-Orient leurs modèles et systèmes de gestion. En montrant
qu’il existe un autre pli de pensée que celui de la rationalité et de la
stratégie, elle pourrait aussi faciliter notre compréhension des
comportements et attitudes qui, inéluctablement, échappent à la
logique impersonnelle de la pensée grecque.
Plus près de nous, l’explosion des risques psycho-sociaux suggère
que le mode de gestion inspiré de la pensée grecque a atteint ses
limites et qu’il serait utile de développer des formes alternatives de
gestion. Le culte de la performance, mis en œuvre par le contrôle de
gestion et la GRH grâce aux avancées technologiques des dernières
décennies, contribue activement à l’aggravation de ces risques
(Ancelin-Bourguignon, 2014). Les psychologues du travail ont suggéré
des pistes de pratiques alternatives. Ainsi Dejours (2003) a proposé
que l’évaluation des pairs, fondée sur un jugement de beauté et un
jugement d’utilité sociale, complète l’évaluation du travail par la
hiérarchie. Clot (2010) a suggéré de ménager des temps et espaces
consacrés au partage et au débat, par le collectif de travail, sur les
manières de travailler (le « genre professionnel »). Ces échanges, dit-
il, doivent rester la propriété du collectif de travail et échapper à la
tentation gestionnaire d’une formalisation (sous forme par exemple de
guide de bonnes pratiques) : c’est la condition de la survie du métier et
au-delà, du bien-être au travail.
Ces propositions sont intéressantes, mais, outre qu’elles paraissent
bien minces eu égard à l’ampleur du chantier de refondation, elles ne
questionnent pas directement notre manière « grecque » de concevoir
l’action collective, le monde et le temps. Je suis convaincue que pour
inventer d’autres manières de gérer, il est nécessaire de questionner en
permanence nos « impensés » – précisément parce que ce sont des
impensés. La pensée chinoise peut être une ressource précieuse. Très
concrètement, elle peut nous conduire à poser les questions suivantes :
1. Avons-nous vraiment besoin de tel ou tel objectif, de tel ou tel
indicateur ? Par quoi pourrions-nous les remplacer (par
exemple, par des rencontres avec les personnes qui connaissent
bien les processus dont l’indicateur n’est qu’un symptôme) ?
2. Prenons-nous le temps nécessaire ? Quel est le coût de la
précipitation ?
3. Sommes-nous assez attentifs aux dynamiques en cours et au
temps dont elles ont besoin ? Quelles ruptures le volontarisme
implique-t-il et que risque-t-il de mettre en danger ?
4. Avons-nous considéré (dans tous les sens du terme) toutes les
dimensions et toutes les parties et personnes impliquées ? En
quoi une pratique, un projet menacent-ils le sens du collectif ?
5. Qui sont les héros ordinaires du quotidien ? Que pouvons-nous
apprendre de leurs méthodes ?
6. Que pourrions-nous « ne pas faire » au sens chinois du terme –
autrement dit, comment agir de manière oblique pour faire en
sorte que la dynamique en cours serve, à son terme, nos
intérêts ?
On devine que les réponses dépendront très largement du
contexte – de l’environnement externe, de la culture de l’entreprise, de
son histoire et de sa situation présente. En soi, cet exercice est déjà
une manière de sortir de la pensée grecque – de ses modèles et de ses
recettes de gestion. On devine aussi que les réponses n’iront sans
doute pas dans le sens du renforcement du rôle et de la place du
contrôle de gestion dans les organisations. À l’heure où j’écris ces
lignes, il n’y a guère de signes tangibles qui indiquent une telle
évolution mais si l’on porte attention aux dynamiques en cours (en
particulier, la généralisation et l’aggravation du stress et autres
malaises au travail), si l’on croit que le changement vise à maintenir
un équilibre (Marshak, 1993), il est probable que le contrôle de
gestion, qui a pris une ampleur sans précédent dans les organisations
et la société, risque de voir son importance refluer dans les années à
venir.
C’est à cette « transformation silencieuse » que ce chapitre tente
d’apporter une modeste contribution. Son titre, qui contient à dessein
la répétition du mot « pensée », est aussi une invite à changer notre
rapport au monde, à faire une pause dans l’action – dans la mise en
œuvre de nouveaux instruments, de nouveaux indicateurs, etc. Penser
le monde dans lequel chacun puisse (re)trouver au travail une source
de bien-être, fût-ce au prix de la contraction des instruments de
(contrôle de) gestion, participe aujourd’hui de la responsabilité sociale
des dirigeants et des managers.
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Chapitre 6
HUGUES BOISVERT
MARIE-ANDRÉE CARON
2. Définition de la cohérence
2. Définition de la cohérence
organisationnelle
La cohérence organisationnelle fait l’objet d’une quête perpétuelle
pour l’organisation, au même titre que la rentabilité financière. La
première est portée par la logique administrative et la seconde, par la
logique financière (ou comptable). Le contrôle de gestion se trouve à
l’interface entre ces deux logiques. Pour la logique administrative, le
principal enjeu de cohérence se situe à la jonction du système social et
du système technique. La littérature en contrôle de gestion a eu
tendance jusqu’à maintenant à opposer deux perspectives d’analyse de
la cohérence : un purement technique (Bertrand et Mévellec, 2005) et
un autre purement social (Bourguignon et Jenkins, 2004 ; Fiol, 2006).
Boisvert et Déry (2013) croisent le cadre technique et le cadre social
pour en retirer une grille d’analyse, permettant au contrôle de gestion
de se situer (analyser les aspects habilitants ou contraignants de sa
position) par rapport à la quête de cohérence organisationnelle. Cette
grille prend la forme de quatre matrices trois par trois, se rapportant à
deux matrices de cohérence des intentions et à deux matrices de
cohérence générale.
La première matrice de cohérence des intentions, présentée par ces
auteurs, évalue la contribution des cadres sociaux (politique,
symbolique et cognitif) à la réalisation des objectifs de performance
(légitimité, compétitivité et productivité). La deuxième matrice de
cohérence des intentions inverse l’analyse, pour évaluer de quelle
manière les cadres techniques (de gouvernance, stratégique et
opérationnel) favorisent chacun des cadres sociaux. La troisième
matrice (de cohérence générale) explore la relation entre les objectifs
du système technique (légitimité, compétitivité et productivité) et les
défis sociaux (collaboration, intégration et apprentissage). Et enfin, la
quatrième matrice de cohérence générale s’intéresse à la cohérence
entre les balises techniques (mode de propriété, orientation
stratégique, structure opérationnelle) et les balises sociales (direction,
identité, apprentissage).
Partant de cette grille d’analyse, ce chapitre vise à apporter encore
plus de visibilité à l’acteur et à la manière dont il réinterprète la
cohérence ‘instrumentalisée’ ou imposée par le contrôle de gestion.
Pour ce faire, il est nécessaire d’approfondir les matrices de la
cohérence de Boisvert et Déry (2013), pour considérer la cohérence
entre les ‘leviers’ du système technique (incitatifs, cibles et standards)
et les ‘obstacles’ du système social (compétition, individualisme et
rigidité cognitive) qu’ils sont censés résoudre, à travers les
mécanismes de contrôle de gestion (de gouvernance, stratégique et
opérationnel).
Les leviers techniques du contrôle de gestion sont par exemple les
incitatifs, les cibles et les standards. Ils proviennent indubitablement
d’une simplification de la complexité organisationnelle ; ils en
constituent des ‘abrégés du vrai’ (Justin, 2004) et constituent en ce
sens l’expression du système cognitif de la direction. Un problème de
cohérence survient lorsque l’interprétation qu’en font les employés
pour qui ces abrégés constituent des ‘abrégés du bien/du bon’ (Justin
2004), à titre d’incitatifs et d’indicateurs trop exigeants de leur
performance, les amène à falsifier l’information. Dans ce cas, le lien
entre le système technique et le système social est bloqué (interrompu,
rompu) sur le plan cognitif, politique ou symbolique, selon la nature
du point de rupture : déficience d’apprentissage, inégalité des
ressources ou choc des valeurs.
Nous verrons, dans la section suivante, de quelle façon les acteurs
compensent pour les incohérences engendrées par l’application des
leviers du contrôle de gouvernance, stratégique et opérationnel.
Conclusion
Les mécanismes du contrôle de gestion, de gouvernance, stratégique et
opérationnel, comprennent des leviers techniques (incitatifs, objectifs,
standards) pour freiner les obstacles du système social (compétition,
individualisme, rigidité cognitive). Or, une mauvaise adéquation de
ces mécanismes, même hautement sophistiqués, à ses conditions
d’utilisation en organisation peut engendrer des manquements graves
à la cohérence organisationnelle. Ces manquements peuvent se
traduire par de la manipulation, de la falsification et inévitablement
par des baisses de rentabilité. Ils s’accompagnent souvent à moyen
terme de drames humains qui auraient pu être évités, et il ne tarde pas
que la pertinence du contrôle de gestion soit sévèrement remise en
cause.
Informer la décision de manière adéquate implique pour le contrôle
de gestion de s’inscrire dans une lecture adéquate du cadre social. Ce
cadre est évidemment en évolution, influencé par le contrôle de
gestion, à la fois habilitant et contraignant. Le contrôle de gestion est
habilitant, lorsque par exemple la logique financière permet de porter
un regard critique sur la ‘cohésion’ pour l’empêcher de nuire à la
cohérence (Fiol, 2006).
La cohérence organisationnelle ne serait-elle pas celle que l’on co-
construit lorsque le contrôle de gestion permet un dialogue, une
interactivité externe avec les parties prenantes ou transversales entre
les directions, les divisions, les projets de l’entreprise (Dohou-Renaud,
2010) ?
Réfléchir sur le contrôle de gestion à travers ses différents
mécanismes invite à étudier son apport à la cohérence
organisationnelle, à partir des concepts de cohérence interne et de
cohérence externe de la technique (Bachimont, 2005). Ainsi, la
cohérence interne lui permettrait d’acquérir une réalité concrète, qui
le distingue des autres mécanismes (du marketing, de la finance, des
ressources humaines, etc.), alors que la cohérence externe assurerait
sa pertinence, permettant à des acteurs de s’y reconnaitre, de l’utiliser.
Informer la décision est bien plus que transmettre de l’information :
bien le comprendre permet au contrôleur de bonifier l’offre de ses
services, comparativement à celle des informaticiens, qui se font de
plus en plus présents en contrôle de gestion.
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Chapitre 7
ARIEL EGGRICKX
Axe économique
Axe social
Favoriser le développement des Nombre d’entrepreneurs de travaux forestiers locaux avec lesquels la
entreprises locales plateforme est en relation
Axe environnemental
Favoriser la formation de «puits Carbone stocké dans le bois d’œuvre et le bois de trituration (en
de carbone» tonnes)
Nombre de Tonnes Equivalent Pétrole (TEP) économisées (bois
bûche et plaquette)
Conclusion
Pour Henri Bouquin (2007), l’absence de cadre conceptuel du contrôle
de gestion est propice à la prolifération d’idéologies managériales. Si
l’incertitude et la complexité justifient l’existence du contrôle de
gestion, les pratiques du contrôle de gestion tendent à réduire de façon
excessive l’incertitude et la complexité par les multiples découpages
vertical et horizontal. En quelque sorte, les pratiques du contrôle de
gestion s’évertuent à supprimer ce qui justifie l’existence même du
contrôle de gestion : l’incertitude et la complexité.
Afin de provoquer le questionnement sur le contrôle de gestion, nous
avons mis en perspective les postulats qui fondent des certitudes,
indispensables pour développer les pratiques de gestion, mais
dangereux lorsqu’ils conduisent à occulter des questions fondamentales.
Si le contrôle de gestion est chargé de décliner les objectifs élaborés au
sommet stratégique, ne pas poser la question « quel est le bon
objectif ? » revient à occulter le phénomène de financiarisation du
contrôle de gestion, à exclure la question de pertinence des objectifs
élaborés par un PDG ou comité de direction ne possédant pas une
connaissance intime de l’organisation et agissant au nom de la finance,
à occulter le caractère nécessairement ambigu des objectifs. Cette
absence de questionnement permet au contrôleur de gestion de faire
illusion avec des certitudes, de gagner en légitimité apparente pour
justifier la prise de pouvoir sur les managers opérationnels, voire les
discipliner et maintenir une certaine distance avec ces mêmes
managers.
De façon similaire, les pratiques du contrôle de gestion partent du
postulat de centres de responsabilités dits autonomes et d’une
normalisation des comportements gage d’efficacité pour l’atteinte des
objectifs. Enfin, les pratiques du contrôle de gestion s’appuient sur des
outils et techniques fortement médiatisés pour leur caractère soi-
disant innovant, des techniques doublement légitimes du fait de leur
conception par des consultants (à l’extérieur de l’organisation) et de
leur adoption par des organisations leaders. Si ces postulats et modes
managériales permettent de renforcer la légitimité des pratiques du
contrôle de gestion et indirectement le contrôleur de gestion, il n’en
reste pas moins que les fondements demeurent fragiles. Ils reposent
sur des construits fictifs tels que le principe d’autonomie des centres
de responsabilité, le principe de normalisation des comportements
pour garantir l’atteinte des objectifs, le principe de la nécessaire
efficacité des techniques et outils adoptés dans d’autres organisations.
Chemin faisant, le contrôle de gestion oublie l’essence même du
contrôle de gestion : la gestion de l’incertitude et la complexité plutôt
que leur occultation, le rôle de traduction du sommet stratégique vers
l’opérationnel et réciproquement, et l’indéniable complémentarité entre
le contrôle de gestion et le management opérationnel. Le risque de non-
sens du contrôle de gestion est d’autant plus élevé que le contrôleur de
gestion est de plus en plus détaché des managers opérationnels, avec un
contrôle à distance exercé au siège du groupe à travers les multiples
outils et techniques. En d’autres termes, faute de prise de conscience
des impensés et du manque de cadre conceptuel, le contrôle de gestion
peut évoluer vers un modèle de contrôle automatisé de type « drone »
aux mains de la finance avec les inévitables dégâts collatéraux et une
incapacité à détecter les leurres. Un pilotage de type « drone » conçu
pour des machines chargées d’atteindre des cibles définies, et non pour
une organisation fonctionnant avec de multiples acteurs, soumise aux
fortes turbulences de l’environnement !
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Chapitre 8
Le contrôle de gestion
aujourd’hui, ce qu’en disent les
praticiens
MARC BOLLECKER
GÉRALD NARO
Conclusion
Le contrôle de gestion aujourd’hui, qu’en disent les praticiens ? Les
témoignages recueillis font état d’un contrôle de gestion de plus en
plus ancré dans les organisations tant au niveau stratégique qu’au
niveau opérationnel. Il semble que l’évolution des systèmes
d’information ait contribué en partie à cet ancrage. L’automatisation et
l’intégration des données, la rapidité et la facilité d’accès, la
transparence et démocratisation de l’information auraient permis au
contrôle de gestion de répondre plus précisément aux besoins des
utilisateurs et, aux contrôleurs de gestion, de consacrer davantage de
temps aux analyses et à l’animation des (contre) performances.
Cependant, cette évolution reste fragile : trop basé sur l’historique et
l’explicatif, trop accaparé par des demandes d’informations
croissantes et tous azimuts au sein de l’organisation, le risque pour les
contrôleurs de gestion est de (re) devenir principalement des
pourvoyeurs de données. Pour conserver et développer la valeur
ajoutée de la fonction, l’enjeu semble se situer tant au niveau de
l’efficacité des outils informatiques (ERP, Datawarehouse, Big Data…)
et de contrôle (Budget, tableaux de bord et comptabilité de gestion)
qu’au niveau des compétences et des activités des contrôleurs de
gestion eux-mêmes. C’est pour la recherche d’une proactivité et d’une
créativité, pour une orientation vers le futur permettant aux managers
d’innover et de créer de la valeur, que plaident les praticiens du
contrôle ayant témoigné dans ce chapitre.
Annexe 1
L’étude réalisée fin 2013, qui ne prétend évidemment à aucune
généralisation, visait à cerner :
1. les évolutions marquantes du contrôle de gestion ces dernières
années,
2. celles jugées positives et celles appréhendées comme négatives
3. les satisfactions apportées par le métier de contrôleur de gestion,
ainsi que les sources d’insatisfaction,
4. les grands « défis » actuels du contrôle de gestion et ses
perspectives pour les années à venir.
Différents professionnels français d’ancienneté, de responsabilité et
d’organisations très différentes ont souhaité témoigner sur ces
différents points.
Ancienneté en Abréviations
Poste actuel Organisation actuelle contrôle de utilisées dans le
gestion texte
Responsable Administratif
et Financier et contrôle de Agencement de bureaux 10 ans RAFCG-C
gestion
Responsable Finances –
Communauté d’agglomération 19 ans RFCG-D
Contrôle de gestion
Responsable du Contrôle
Villages de vacances 13 ans RCGO-E
de Gestion Opérations
Directeur du Contrôle de
Laboratoire de santé animale 19 ans DCG-I
Gestion Groupe
Producteur et fournisseur
Responsable du pilotage 5 ans RP-J
d’électricité
Directrice adjointe du
contrôle de gestion Transporteur routier 10 ans DCGR-K
régional
Ingénierie d’installations
Contrôleur de gestion 4 ans CG-N
techniques
Responsable du
département Contrôle de Hôpital 20 ans RDCG-S
gestion et Informatique
Responsable contrôle de
Transport en commun 4 ans RCG-T
gestion
Deuxième partie
GRÉGORY WEGMANN
1ère dimension : les parties prenantes ABC orienté clients, pratiques de benchmarking à
L’ABC en lien avec un élargissement spatial du base d’activités, gestion inter-organisationnelle des
périmètre d’analyse des coûts : aux clients, coûts à base d’ABC, coûts cibles et ABC, pilotage
fournisseurs, partenaires, aux questions des activités ayant un impact environnemental
environnementales, etc.
2ème dimension : le temps Budgets et planification à base d’activités, gestion
L’ABC en lien avec un élargissement temporel du au-delà du budget, gestion de projet à base
périmètre d’analyse des coûts : analyse des coûts d’activités, pilotage stratégique à base de coûts
futurs, sur un cycle de vie, des coûts projets, etc. cibles et d’ABC
3ème dimension : les ressources ABC dans les pays germaniques, méthode des coûts
L’ABC en lien avec une complexification du modèle à base de consommation de ressources, méthodes
analytique : raffinement du processus d’allocation statistiques pour optimiser les corrélations, analyse
des ressources, diversification des inducteurs, etc. des tâches, méthode des coûts caractéristiques
4ème dimension : les processus Méthodes par équivalence à base d’activités (time-
L’ABC en lien avec une simplification et une driven ABC), approches « lean » à base d’activités,
transversalité du modèle analytique : simplification ABC simplifiés et management à base de processus
des processus d’allocation, nombre réduit
d’inducteurs, analyses transversales
Conclusion
Nous avons montré dans ce chapitre la pertinence de la filiation de la
méthode ABC au courant de la gestion stratégique des coûts. Cette
méthode a généré de multiples applications que nous avons analysées
en quatre dimensions. Ces dimensions mettent en avant le rôle de
l’ABC comme outil de déclinaison et de contrôle des stratégies. En
étudiant plus spécifiquement deux familles d’applications, nous avons
montré le potentiel de l’ABC à répondre à des attentes différentes :
1. permettre une analyse fine des ressources afin d’améliorer
l’allocation lorsque les processus sont complexes et hétérogènes
pour la première famille ;
2. modéliser les coûts pour des activités de services où une bonne
homogénéité est constatée au niveau des processus et où les
activités humaines et informatiques constituent l’essentiel des
ressources.
Sans sous-estimer les limites de l’ABC, ces développements
montrent la malléabilité de la méthode et son caractère
multidimensionnel.
Les aspects non traités dans ce chapitre et d’importance concernent
notamment les modes d’usage et les jeux d’acteurs. La méthode ABC
nécessite une analyse centrée sur la chaîne de valeur et la construction
de systèmes d’activités et d’inducteurs qui dévoilent les facteurs
déterminants des coûts de l’entreprise. Ceci requiert des modes de
pilotage proches du terrain car des processus de diffusion et d’échange
des connaissances aux différents niveaux de l’organisation semblent
indispensables pour l’élaboration de tels outils. Aussi, des études de
cas pour étudier ces questions compléteraient utilement ce chapitre.
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Chapitre 10
NICOLAS ANTHEAUME
Pertes matières
en milliers de tonnes 9 7 9
en milliers d’Euros 4 500 3 600 4 800
33 % 33 % 25 % 7% 2% 100 %
D’après Puma, 2011. Puma’s environmental profit and loss account for the year ended 31
December 2010.
Sans entrer dans le détail des méthodes de calcul des coûts externes,
nombreuses et dont la présentation détaillée dépasserait l’objet de ce
chapitre, il convient de souligner que toutes reposent sur la
comptabilisation de flux de matière et d’énergie, et parfois sur
l’interprétation de ces flux en termes d’impact écologique, puis sur
leur traduction monétaire. L’évaluation monétaire peut concerner les
dommages causés (méthode du coût des dommages), ou les dépenses
qu’il aurait fallu mettre en œuvre pour éviter ces flux ou impacts
(méthode des coûts d’évitement), ou encore les dépenses que
consacrent d’autres acteurs pour se protéger des dommages
environnementaux qu’ils occasionnent (méthode du consentement à
payer). Si le calcul de coût est réalisé dans une logique dite
incrémentale, ce sont les consommations et émissions d’un site donné
qui seront inventoriées et traduites en dommages physiques44, puis
couplées à des données monétaires. On cherchera à connaître le
dommage supplémentaire causé par les activités d’un site donné. Si le
calcul de coût est réalisé dans une logique dite moyenne, le calcul du
dommage sera réalisé à niveau très agrégé (secteur industriel, pays,
continent, voire monde). Les impacts liés à une catégorie d’émissions
seront estimés à ce niveau, en même temps que l’évaluation monétaire
des dommages qu’ils causent. On divisera ensuite les dommages
totaux par la quantité d’émission, pour calculer un coût moyen par
unité d’émission. Le plus souvent, ce sont des données monétaires
disponibles dans la littérature spécialisée qui sont utilisées par les
entreprises et que ces dernières tentent d’apparier au mieux avec les
flux de matière et d’énergie, ou les impacts écologiques qu’elles ont
comptabilisées. Malgré de grandes incertitudes dans les méthodes
utilisées, malgré les difficultés que soulève l’utilisation de données
secondaires et malgré l’absence de normalisation, les
expérimentations dans ce domaine se poursuivent régulièrement, et ce
depuis les années 1970. La possibilité de pouvoir traduire des données
physiques en unités monétaires, et de les rapporter ensuite à un
résultat comptable possède probablement un fort pouvoir de séduction
qui fait que ces méthodes rencontrent un intérêt sans cesse renouvelé.
Par exemple, en 2012 un consortium d’entreprises françaises avait
lancé un appel d’offre Européen destiné à réaliser une synthèse des
méthodes utilisées et à proposer des outils directement utilisables
dans le contexte de l’entreprise. Si la volonté de garder ces travaux
propriétaires freinera probablement la diffusion de normes de calcul
acceptées par tous, cet appel d’offre marque toutefois la volonté de
transformer des expérimentations qui associent le milieu scientifique
en outils de gestion autonomes et dont les résultats peuvent être
utilisés sans que les méthodes qui ont permis de les obtenir soient
chaque fois déconstruites. Autrement dit, nous observerons peut-être,
dans les années à venir une institutionnalisation des méthodes de
calcul de coût externes dans le monde de l’entreprise. Dans un
contexte d’institutionnalisation, les incertitudes et le caractère
incomplet, très construit, des résultats obtenus ne disparaîtront pas,
mais comme chacun saura que les autres utilisent les mêmes
méthodes, ces outils deviendront acceptés et utilisés dans un objectif
d’anticipation.
Analyse des impacts (**) Étude de l’effet potentiel des Classification des flux
(Impact Assessment) flux recensés sur Caractérisation des flux
l’environnement, la santé Normalisation des flux
humaine et les ressources
Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons montré que le contrôle de gestion
environnemental est à la fois une prolongation du contrôle de gestion
classique et une activité d’exploration des conséquences
environnementales d’une organisation, à des fins d’apprentissage
organisationnel. Cette activité d’exploration mobilise de nouveaux
outils, empruntés à des disciplines différentes et avec une grande
variété de filiations. Certains de ces outils émergents sont en fait des
méthodes scientifiques destinées à estimer les impacts sur les milieux
naturels et la santé humaine des produits et des procédés.
L’émergence d’un contrôle de gestion environnemental consiste à faire
sortir ces outils du domaine des sciences de l’ingénieur, des sciences
de la vie et des sciences physiques, où elles ont été conçues, pour en
faire des outils de gestion. Pour comprendre le processus selon lequel
cette émergence a lieu, Delphine Gibassier (2014) propose de
l’analyser comme un processus d’innovation et analyse différents cas
sous l’angle de la littérature consacrée à ce concept. Elle propose ainsi
une voie de recherche prometteuse pour donner à voir la création,
l’institutionnalisation, l’adoption puis la pratique d’outils associés au
contrôle de gestion environnemental.
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Chapitre 11
Le contrôle de gestion de
l’immatériel : concept, outils et
méthodes
LAURENT CAPPELLETTI
1. Le contrôle de la performance
1. Le contrôle de la performance
durable
Le déplacement de la performance de l’économique vers le durable
auquel nous assistons depuis dix ans pose problème au contrôle de
gestion. En effet, les performances sociales et environnementales, sur
lesquelles repose la performance durable avec la performance
économique, mettent en jeu des phénomènes immatériels, que ses
méthodes traditionnelles ne parviennent pas, ou mal, à saisir. Il
convient donc pour mesurer et contrôler la performance durable, et
notamment ses composantes sociales et environnementales qui sont
essentiellement immatérielles, de mobiliser des indicateurs et une
méthodologie de mesure adaptés.
absentéisme
accident du
travail
rotation du
personnel
défauts de
qualité
écarts de
productivité
© ISEOR
Conclusion
À l’heure où les immatériels représentent une part de plus en plus
importante des coûts et des performances d’une entreprise, le contrôle
de gestion ne peut les ignorer. Pour exister, le contrôle de gestion de
l’immatériel doit abandonner ses concepts, ses outils et ses méthodes
traditionnels fondés pour l’essentiel sur les systèmes d’information
comptable classique qui ignorent peu ou prou les immatériels.
Notamment en s’appuyant sur le modèle d’analyse socio-économique
et sa méthodologie extra-comptable, le chapitre a montré qu’il était
d’ores et déjà possible de mettre en œuvre dans les entreprises un
contrôle de gestion de l’immatériel susceptible d’aider au contrôle de
la performance durable, au pilotage du capital humain et au calcul de
la rentabilité des investissements immatériels qui sont trois de ses
enjeux majeurs.
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Chapitre 12
FRANÇOIS MEYSSONNIER
1) Identification des Méthode DEA Aide à la décision Forte densité des Diversité
unités d’excellence agences
dans un réseau de et service complexe
prestation de
services
Orientation des
2) Généralisation Benchmarking comportements Service homogène Inter-activité
des meilleures et pour une clientèle
pratiques dans les Blueprint de masse
relations avec le
client
grande librairie
+ ou – grande hétérogénéité de la généraliste et
prestation : universitaire
offre généraliste Personnalisation versus
Diversité modulée en fonction des segments magasin spécialisé
du service
de clientèle dans la bande dessinée
versus
offre ciblée
homogène et standardisée
attributs
maximisation
nombreux,
de la marge
variés et
modèle unitaire
visibles pour
« riche » et
des
optimisation
des liquidités
perception consommateurs
du service exigeants
chaîne de maximisation
valeur de la marge
modèle efficiente et totale
« dépouillé » appareil et
productif optimisation
low cost des liquidités
service maximisation
disponibilité des
assuré de la marge
hommes et
dans toutes unitaire et
surdimensionnement
les optimisation
des moyens matériels
circonstances des liquidités
rapidité
du service optimisation maximisation
service
temporelle de la marge
assuré
et lean totale
dans
management et
certaines
de l’appareil optimisation
limites
productif des liquidités
client
formation relationnelle maximisation
« co-créateur »
service high et autonomie des profits
de valeur dans
contact du personnel et optimisation
la phase de
en contact des liquidités
contact
modes de
réalisation
automatisation
de la prestation maximisation
client « acteur » et
des profits
autonome développement
service low et
de la création des
contact optimisation
de valeur technologies
des liquidités
de self-service
maximisation
formation technique
prestations des profits
offre de tout le personnel
polyvalentes et
généraliste (en contact et en
et adaptées optimisation
back-office)
personnalisation des liquidités
du service
focalisation de maximisation
prestations formation relationnelle
l’organisation des profits
offre ciblée dédiées et et autonomie du
et standardisation et optimisation
spécialisées personnel
des opérations des liquidités
* Toutes les composantes du business model doivent être présentes dans la balanced scorecard
mais nous mettons en exergue ici celles qui nous semblent particulièrement importantes dans
chacun des cas considérés.
Conclusion
Le contrôle de gestion doit être appréhendé aujourd’hui non
seulement dans sa dimension financière traditionnelle et universelle
(calcul, analyse et gestion des coûts ; budgets et tableaux de bord ;
etc.) mais aussi dans ses articulations stratégiques avec le business
model que dans sa déclinaison contextualisée au niveau des processus
opérationnels de terrain. Parce qu’elle s’incarne dans les particularités
du métier de l’entreprise, une telle approche est forcément
contingente.
Nous avons étudié le contrôle de gestion des entreprises de service.
Les outils de contrôle opérationnels emblématiques des services ont
été présentés et une typologie indicative des systèmes de contrôle des
processus opérationnels a été esquissée. Nous avons montré comment
dans les activités de service, par-delà les outils classiques du contrôle
de gestion et notamment son budget, on peut développer un système
de pilotage de la performance faisant le lien entre le business model et
la création de valeur sur le terrain. La dimension opérationnelle clé
pour l’entreprise peut ainsi être pilotée dans le cadre d’une balanced
scorecard en s’appuyant sur des indicateurs relevant de l’équation
économique de l’entreprise et sur des indicateurs relevant (de façon
plus ou moins importante et plus ou moins combinée) de l’offre de
valeur, de l’architecture de valeur ou des ressources et des
compétences mobilisables.
La réflexion que nous avons développée sur le contrôle de gestion
des services devra être approfondie, vérifiée empiriquement et élargie
à d’autres secteurs mais elle montre comment on peut repenser et
élargir l’approche traditionnelle du contrôle aussi bien dans la
pratique (au niveau de la fonction contrôle de gestion ou dans les
actions de contrôle des managers de terrain) que dans la réflexion plus
théorique (en dépassant définitivement la vision fondatrice mais datée
d’Anthony et en proposant une alternative aux visions sociologique
critiques aujourd’hui dominantes dans la communauté universitaire).
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Chapitre 13
CHRISTINE MARSAL
Pour illustrer notre propos, nous prenons appui sur une étude de cas
comparée des pratiques de contrôle, observées dans trois établissements
bancaires régionaux. Ces établissements appartiennent tous au secteur
mutualiste et coopératif.
La banque A.
Le positionnement hiérarchique du contrôle de gestion est peu lisible. La
Direction du Contrôle de Gestion et de la Prévision (DCGP) se situe sous la
responsabilité d’un cadre qui supervise trois directions (juridique,
comptabilité et contrôle de gestion). Ce cadre étant lui-même sous la
responsabilité d’un DGA.
La banque B.
Au début des années 2000, le service contrôle de gestion se situe sous la
responsabilité de la Direction Finances, Recouvrement et logistique. Il existe
par ailleurs un service Pilotage et Coordination rattaché à la Direction du
Développement Commercial.
En 2012, le service « Pilotage et Contrôle de gestion » est toujours rattaché
à la Direction Financière. Il se scinde en deux pôles. Un pôle « Pilotage »
chargé du suivi de l’activité commerciale et financière de la banque (tableaux
de bord à destination du comité de Direction, Conseil d’Administration,
Direction Générale). Un pôle « Contrôle Budgétaire » en charge du suivi des
budgets de fonctionnement et d’investissement.
La banque C.
La Direction du Contrôle de Gestion est rattachée au pôle Finances et Risques
et hiérarchiquement sous la Direction des Finances.
Ces cas sont loin d’être isolés : le site de l’ANACT révèle une mission
d’audit portant sur les risques psycho-sociaux d’un établissement
bancaire de la région Languedoc Roussillon, le rapport annuel 2009
du groupe Crédit Agricole fait état de formations à destination des
salariés pour la prévention des risques psycho-sociaux. On y apprend
qu’il existe un manuel des bonnes relations au travail. L’établissement
procède régulièrement à des enquêtes d’opinion pour renforcer la
motivation et l’adhésion des collaborateurs à la stratégie du groupe.
Dans ces différents contextes, les outils de contrôle de gestion loin
d’emporter l’adhésion des collaborateurs et de permettre la mise en
place des stratégies, agissent comme de puissants instruments de
démotivation. Pour autant, cette situation n’est pas une fatalité comme
en témoignent les pratiques de contrôle interactif que l’on retrouve
dans certains réseaux.
Conditions d’octroi des crédits (décision d’octroi) Oui Dans certaines caisses,
examen des dossiers et
validation du processus
d’octroi de crédit
Contrôle interne, suivi des risques crédit, délégation, Oui Le conseil de surveillance
reporting des encours risqués. effectue le contrôle interne
des procédures.
Réglementation bancaire
Comprendre les exigences en matière Le rôle d’un administrateur au
de risque et de contrôle permanent sein de sa caisse, réglementation
Les impacts de la réglementation sur bancaire
les activités de la banque
Être auditeur
Données recueillies après analyse des comptes rendus de réunion et entretiens avec les
dirigeants.56
Quoi Les cadres intermédiaires et les élus sont impliqués régulièrement et de façon
importante dans les activités de la caisse
Pourquoi Pour focaliser les élus sur les nouveaux défis : téléphonie et concurrence de nouveaux
acteurs dans le secteur bancaire.
Comment Les discussions sont importantes et régulières. Il y a des débats entre élus et entre élus
et cadres intermédiaires.
Pas de changement des hypothèses de travail durant la crise financière.
Quand Incertitudes stratégiques fortes sur les axes de diversification du groupe, importance de
maîtriser la dimension technologique.
Impact sur Pas de stratégie radicalement différente qui émerge au niveau local et qui viendrait
les contraindre l’action du dirigeant ou orienter ses choix. Ils connaissent mieux l’accueil
dirigeants qui est fait sur le terrain des nouveaux produits commercialisés.
Entre 4 et 12 selon les caisses Comparaison des résultats commerciaux et financiers des
autres caisses régionales
Données recueillies après analyse des comptes rendus de l’activité des conseils
d’administration lors des AG de Caisses Régionales.
L’examen attentif de certains rapports annuels permet de supposer
que les dimensions interactives du contrôle sont aussi bien présentes
dans le fonctionnement des caisses régionales. Parmi les thèmes
abordés en conseil, ceux concernant les nouveaux produits et services,
les nouveaux canaux de distribution, les campagnes commerciales en
cours sont régulièrement évoquées. Pour ces thèmes, il existe un
véritable suivi (un premier CA est par exemple consacré au lancement
d’une campagne novatrice, plusieurs CA suivants seront consacrés à
l’avancée des résultats). Le bureau en charge de préparer les travaux
du CA (et qui comprend à la fois des administrateurs et des salariés)
consacre aussi son temps à l’étude de ces thèmes. Il existe parfois des
commissions dédiées à ces thèmes ou des groupes de travail.
Dans ces deux exemples, la contribution des administrateurs est
réelle, et les outils de contrôle de gestion servent de « support » aux
discussions entre élus et salariés. Le rôle des administrateurs ne se
résume cependant pas à la participation au pilotage de court terme, ils
sont aussi sollicités pour l’élaboration du plan stratégique à moyen
terme.
Conclusion
Le contrôle de gestion bancaire se caractérise par un déploiement
massif des outils de contrôle de l’activité commerciale. L’application
systématique des pratiques de comparaison, la dimension
exclusivement disciplinaire des outils de contrôle en limitent
l’efficacité. Pour autant, les dispositifs en place peuvent aussi servir de
support à un contrôle de gestion plus « flexible », en phase avec les
évolutions rapides de l’environnement. Les salariés de terrain et les
administrateurs deviennent alors les partenaires privilégiés des
contrôleurs de gestion et des dirigeants. Ce mode de coordination n’est
développé que dans certaines banques mutualistes. La question de son
efficacité à long terme est alors posée et fera l’objet d’un prochain
agenda de recherche.
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Chapitre 14
L’évolution du management de la
performance à l’hôpital : du
contrôle de gestion au contrôle
organisationnel
THIERRY NOBRE
2. La transformation du pilotage de la
2. La transformation du pilotage de la
performance par l’irruption du fait
organisationnel
Les contraintes de performance se renforcent pour les établissements.
Après avoir fait l’objet de nombreuses critiques cet impératif s’impose
et commence à faire l’objet d’un consensus au sein de la communauté
hospitalière. Cette évolution se traduit par un élargissement de la
perception des modalités à mettre en œuvre pour prendre en compte
la performance. Après une première étape fortement marquée par le
développement de l’instrumentation du contrôle par des outils
développés pour y voir plus clair (CAH, PMSI, TSA, TCCM)57, une
autre démarche se met progressivement en place pour appréhender la
performance à partir de sa dimension organisationnelle. Cette
transition est perceptible à partir d’une action volontariste au niveau
institutionnel puisque les tutelles mettent en place le bras armé de la
performance pour le système hospitalier et médico-social à savoir
l’Agence Nationale d’Appui à la Performance (ANAP). C’est en effet
cette agence qui a pour mission d’améliorer la performance des
établissements en menant un programme de travail qui aborde les
différentes facettes de la performance à partir d’une pluralité de
modalités d’actions. L’analyse du programme de travail de l’ANAP
nous permet ainsi de recenser les pistes actuelles de l’évolution du
contrôle et gestion et du pilotage de la performance à partir des
différents chantiers entrepris actuellement. L’ANAP s‘avère ainsi la
concrétisation et l’affirmation de la dimension organisationnelle de la
performance.
L’ANAP (Agence Nationale d’Appui à la Performance de santé et
médico-sociaux) est créée en octobre 2009 en fédérant les expériences
et les compétences du GMSIH, de la MAINH et de la MEAH,
auxquelles sont venues s’ajouter des compétences complémentaires.
La loi HPST (Hôpital, Patients, Santé et Territoires) lui confie la
mission d’appuyer les établissements de santé et médico-sociaux et les
ARS (Agences Régionales de Santé) afin d’améliorer leur performance.
Encadré. Les précurseurs de l’ANAP
Conclusion
Le pilotage de la performance est devenu une préoccupation
fondamentale pour l’hôpital. Sa prise en compte est marquée par deux
évolutions. La première réside dans l’apparition de la fonction contrôle
de gestion qui s’est développée au sein des établissements, animée par
une nouvelle figure pour l’hôpital, le contrôleur de gestion et dans
l’introduction d’outils de contrôle de gestion pour pouvoir disposer de
mesures et d’outils permettant l’instrumentation de l’analyse et du
pilotage de la performance. Plus récemment, une seconde étape issue de
la prise de conscience de la dimension organisationnelle de la
performance a poussé les tutelles à aborder cette thématique avec une
perspective systémique. Il s’agit d’actionner différents leviers
simultanément pour jouer sur les différentes facettes du
fonctionnement des établissements afin d’appréhender la complexité de
leur fonctionnement. Ainsi, compte tenu de la place centrale de l’ANAP
pour améliorer la performance du système hospitalier, les actions
entreprises par cette agence permettent d’une part d’identifier les leviers
mobilisables et d’autre part les pistes d’actions pour les contrôleurs de
gestion dans les établissements.
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Chapitre 15
THIERRY NOBRE
CINDY ZAWADZKI
Conclusion
Le contrôle de gestion, en tant que système global et cohérent de
gestion de la performance a du mal à trouver sa place dans la PME. Il
est mis en évidence les interrogations sur l’adéquation du contrôle de
gestion aux caractéristiques de la PME. Dans ce contexte particulier, le
contrôle de gestion est dilué et informel, prenant des formes relevant
davantage du contrôle organisationnel. Il doit donc être appréhendé
dans une vision plus globale, relativisant les approches purement
mécanistes et rationnelles. Étudier le contrôle de gestion en PME
nécessite d’accorder une place plus importante à la dimension
humaine en mettant les acteurs au cœur de l’analyse. Pour cela, il
semble indispensable de mobiliser d’autres regards tels que les
approches cognitives et les théories sociologiques pour mieux rendre
compte des mécanismes liés au contrôle de gestion.
Finalement, le contrôle de gestion apparaît lorsque l’entreprise
quitte le stade de PME pour atteindre celui d’Entreprise de Taille
Intermédiaire (ETI). L’intérêt réside donc dans l’étude de cette phase
d’introduction du contrôle de gestion, qui nécessite une approche
longitudinale, souvent absente dans les recherches académiques. Les
différents travaux identifiés permettent de définir des pistes
structurant le processus d’introduction et guidant les acteurs en
charge de l’implantation d’un système de management de la
performance. Ces derniers doivent appréhender cette évolution en
intégrant les dimensions stratégique, organisationnelle, humaine et
ingénierique.
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