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Les trois petites fées

et le bébé soleil

Anna Ferrier
Il était une fois trois petites fées qui
vivaient cachées sous les racines d’un gros
chêne. Leur nid était tapissé d’une mousse
moelleuse et douce et protégé par des
fagots de brindilles. Elles étaient nées
durant l’été et vivaient leur premier hiver.
Elles trouvaient la neige très belle et
aimaient son scintillement.
Cependant, elles commençaient à s’inquiéter. De
jour en jour, le soleil semblait plus fatigué et
plus malade, ses rayons ne les réchauffaient
presque plus. Allait-il un jour cesser
complètement de venir ? Allait-il mourir ?
Les petites fées frémissaient d’angoisse à cette
idée et ne pouvaient s’empêcher de sangloter.
« Allons petites fées, ne pleurez pas, les consola le
vieux chêne qui leur servait d’abri. Attendez la
fête du Nouvel An et vous aurez une surprise. »

Les petites fées reprirent espoir. Les enfants


écureuils dont la famille habitait les branches de
leur chêne leur avaient déjà parlé de cette fête,
où se retrouvaient toutes les fées et tous les lutins
de la forêt, ainsi que les animaux qui
n’hibernaient pas. Elles patientèrent, toujours un
peu inquiètes.
Le jour de la fête du Nouvel An arriva enfin.
Le soleil avait été encore plus pâle que les autres
jours. Il avait à peine émergé du brouillard, et
était allé se coucher tout de suite derrière la
montagne.
Les petites fées
entendirent frapper à
leur porte. C’était la
famille écureuil.
« Dépêchez-vous,
crièrent les enfants,
impatients.
Nous venons tout de
suite, » s’exclamèrent
les petites fées en
s’emparant de leurs
bonnets et de leurs
cache-nez.
Elles partirent, marchant avec peine dans la neige, ou
voletant de leurs petites ailes au-dessus, pendant que les
écureuils sautaient d’arbre en arbre.
Ils arrivèrent à la clairière où se trouvait la
maison de la vieille, très vieille dame Islada. Son
visage ridé se plissa dans un sourire chaleureux
en les apercevant.
« Bienvenue à nos trois petites fées qui vont fêter
le Nouvel An pour la première fois avec nous.
Venez, l’honneur vous revient d’ouvrir cette
graine magique. » Elle leur montra une très
grosse graine, qui ressemblait à une graine de
tournesol. Sa peau était rugueuse, mais
étonnamment chaude.
On attendit encore quelques minutes, que tous
les lutins et tous les invités soient arrivés.
Les renards étaient déjà là, ainsi que les lièvres
et les hermines qui avaient revêtus leurs
vêtements blancs de l’hiver. Le hibou, les
mésanges et les autres oiseaux qui n’avaient pas
quitté la forêt pour l’hiver les observaient, posés
sur les branches les plus basses des bouleaux qui
entouraient la clairière.
Quand tout le monde fut là, Dame Islada
fit un signe aux petites fées.
Elles écartèrent l’enveloppe de la
graine avec difficulté et soudain,
reculèrent, émerveillées. A
l’intérieur de la graine, tout
chaud, tout brillant, un bébé soleil
dormait en souriant.
« Et oui, leur dit Dame Islada, l’année se
termine. Le soleil était fatigué, malade et
vieux. Il est venu me voir comme chaque hiver
à la fin de l’année. Je l’ai accompagné en haut
de la montagne, il a brillé une dernière fois, et
à la place de son dernier rayon, j’ai trouvé, la
graine contenant le bébé soleil, celui du Nouvel
An. Et c’est pour cela que nous faisons cette
fête, tous les hivers.
Les petites fées, folles de joie de retrouver un soleil,
certes petit mais qui allait vite grandir, se mirent
à danser. Un lutin prit son harmonica fabriqué
dans une feuille d’acacia, un autre, sa guitare aux
cordes de jonc, les oiseaux se mirent à chanter, les
animaux dansaient avec les fées, et la fête dura
toute la nuit.
Au loin, le vieux chêne bougonnait car le bruit de
la fête emplissait la forêt et l’empêchait de dormir.
Mais ses yeux pétillaient en pensant à la joie des
petites fées qui avaient découvert le bébé soleil du
Nouvel An.

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