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La chambre du suicide 

Chaque jour la vie m'enseigne à avoir du respect pour les morts, les fantômes
et tous ces êtres surnaturels, bien qu’à un moment de mon enfance, après avoir lu la
légende de saint Georges luttant avec un dragon qui réclamait des sacrifices humains,
je décidai de les défier en tant que passe-temps, lorsque je visitais tous les nuits de
lune pleine le cimentier qui était près de mon école, en leur disant à haute voix qu’ils
devraient nous aider avec leurs pouvoirs au lieu de nous effrayer comme ils toujours
font. 

En effet, mon obsession pour ces choses me faisait souvent penser à ce que je
pouvais faire quand j’étais un fantôme, probablement, pensais-je, j’aiderai les petits
garçons à faire leurs devoirs pendant qu’ils dorment, ou peut-être, je ferai le ménage
de la maison où j'habiterai pendant l'absence de la famille. 

Avec ce passe-temps je n'avais pas de conséquences ou problèmes, en fait,


aucun fantôme n'osait m'intimider. Cependant, le soir après mon déménagement dans
mon nouvel appartement familial placé au dernier étage d’un bâtiment relativement
nouveau, près du centre-ville de Bogota, je découvris quelque chose d’étrange alors
que le vendeur me donnait les clefs. C’était une chambre vide dont sa porte était
fermée.

—Peux-je voir cette habitation ?

—Bien sur monsieur, mais, je vous recommande d’attendre votre famille.

—Pourquoi ?

—C’est seulement un conseil

Quand j’ouvris la porte, j’observai qu’il y avait une petite chaise tombée sur le
sol et une corde de potence suspendue à une de plusieurs poutres en bois qui
soutiennent le toit du bâtiment. Je demandai tout de suite au vendeur pourquoi ces
choses étaient là, et il répondit que l’ancien propriétaire s’y suicida parce qu’il avait
profané un ancien cimentier indigène en construisant ce bâtiment.  

« Mais ne vous inquiétez pas » il me dit avec un sourire un peu choquant, « la


malédiction indigène c’est fini avec sa mort, pourtant, ne dérangez pas leur âme et il
vous laissera tranquille ». 

« Quoi ? Attendez ! » Je lui répondis furieusement, « ce n’est pas possible que


vous m’ayez vendu cet appartement sans m’en avoir averti ! c’est injuste ! je vais me
plaindre chez l’agent immobilier dès maintenant ».

J’étais prêt à téléphoner à l’agent immobilier, mais cela ne semblait pas


l’inquiéter. Pire encore, il répéta sa phrase une fois de plus et il ferma la porte pour
partir sans dire adieu. Étant déjà seul, j’essayais de parler avec l’agent tandis que
j’écoutais avec rage le rire du vendeur qui s’évanouissait dans les escaliers du
bâtiment, mais la communication ne fut pas possible car personne ne répondait, c’était
comme si l’agent avait disparu. 

« Pourquoi on ne me répond pas ? » Je répétais furieusement, mais je me


rendis compte qu’il était trop tard pour que quelqu’un réponde à mon appel.
Pour une raison inconnue, une angoisse inexplicable m’envahit, peut-être à
cause du rire de ce vendeur, ou de la solitude que je sentais ou de mes souvenirs de
mon passe-temps ; de toute façon, je me consolais moi-même en pensant que je
passerais le lendemain matin chez l’agent et que ma famille viendra bientôt,
néanmoins, ma famille n’arrivait pas encore, c’est pour cela qu’avec le pas du temps,
je m'inquiétais beaucoup plus. D’ailleurs, j’essayais de les téléphoner, mais
curieusement, il n’y avait pas de réseau. 

À 21 heures 30 minutes, j'étais toujours seul dans mon appartement en


rappelant les mots de ce vendeur que j’avais connu justement un jour de novembre
lorsque je sortais d’un cimentier, mais, étant donné qu’un sommeil paralysant
m’envahit, je me couchai sur un canapé. Dans mes rêves brusques, j'écoutais près de
moi la voix de mes parents et de quelques amis dans le salon où je dormais, et cela
me réveilla soudain pour les saluer. Il était 22 heures. 

Ils discutaient d’un bruit qu'ils avaient entendu dans la chambre où l’ancien
propriétaire s'était suicidé, alors, je me levai pour voir qui ou quoi faisait ce bruit. Je me
souviens que j’étais vêtu d’une armure de chevalier en argent, avec un casque et des
bottes métalliques. Je marchai vers la porte de cette habitation pour l’ouvrir lentement.
Il y avait une épée près de moi et je la pris pour entrer. Sous le regard de tous, en me
rappelant mon passe-temps favori et avec un air de bravoure, je dis à haute voix : «
Hey, toi, qui te crois ? sors d’ici et fiche-nous la paix ! »

Avec ma prouesse, chacun était étonné et encore ils applaudirent et


célébrèrent comme s’il s'agissait d’une victoire sans pareil, de cette manière, je
retournai très fier mais très fatigué à mon canapé pour continuer à dormir, comme si
j’avais combattu une lourde bataille. Tout à coup, je me réveillai à nouveau, mais tout
ce lieu était en silence, en plus, l’horloge indiquait 21 heures 31 minutes. « Quoi ? Tout
était un rêve ? » j’y pensais, les cris et les applaudissements disparurent et ma famille
n’apparaissait pas encore. Comme il était trop tard, j’étais vraiment inquiet.  

Soudain, j’écoutai un bruit dans la chambre où l’ancien propriétaire s'était


suicidé, mais maintenant, je n’étais pas si courageux comme dans le rêve. Je
continuais à écouter ce bruit, le bruit de quelqu'un qui mouvait intentionnellement la
serrure de la porte de cette chambre pour se faire écouter. Un frisson terrible et une
peur indescriptible parcouraient tout mon corps, mais, pour une raison inconnue, je
marchai vers la porte. En me rappelant mon passe-temps favori, je dis nerveusement
en ouvrant la porte lentement : « Hey, toi, sors d’ici et laisse-moi tranquille »,
néanmoins, même si l’intérieur de cette chambre n’avait rien d’étrange, sauf la corde
de potence, je sentais que mes mots ne furent pas acceptés par cette âme, ainsi, je
fermai la porte et je reculai un peu. Un étrange sentiment de courir m’envahit tout mon
corps, c’est ainsi que je courus vers la rue précipitamment de telle manière que
j’oubliai de fermer l'entrée de mon appartement. 

Dans ma fuite, je trouvai ma famille qui marchait dans la solitude de la rue vers
mon appartement. Ils me dirent : « Notre voiture est en panné et nos portables aussi,
pour cette raison nous arrivons jusqu’à maintenant sans t’avoir averti ; mais, pourquoi
tu cours comme un fou ? » À ce moment-là, une force invisible me poussa à l’arrière
en m'attrapant en l’air. Je demandai désespérément de l’aide à ma famille, mais je
tombai inconscient sur le trottoir, non sans avoir écouté une étrange voix disant à mon
oreille pendant que tout le monde voyait cela : « c’est à cause de ton passe-temps que
je ne te laisserai tranquille jusqu’à ce que tu occupes ma place ». 

Le lendemain matin, je me réveillai sur le canapé de mon appartement avec un


mal de tête. Malgré ma situation, très tôt le matin avant que toute ma famille se
réveille, j’allai immédiatement à l’agent avec une grande indignation afin de me
plaindre, toutefois, l’endroit où je savais que l’agent était installé, n’était qu’une
boutique de fleurs. Très confus, je demandai à la personne qui était-là, et elle me dit : «
Je ne comprends pas de quoi vous parlez. Toute ma vie j’ai été ici et jamais on a
installé sur ma boutique une agence immobilière ». Après, j’essayai de téléphoner au
vendeur, mais son numéro de téléphone n’existait pas.

Très inquiet, je retournai chez moi pour demander à ma famille par rapport à ce
qu’avait passé la nuit dernière, mais ma mère me dit : « mon cher, hier soir nous
sommes arrivés un peu tard parce que notre voiture était en panné. Nous t’avions
téléphoné pour t’avertir en avance, mais tu étais très fatigué à tel point que tu t'es
endormi sur ce canapé ». 

« Quoi ? Attends ! » Je lui répondis, « Hier soir je vous demandai de l’aide


pendant j’étais sous l’attaque d’un fantôme ». 

« Tout fut un cauchemar mon chéri » Ma mère dit en m’embrassant la tête.

Il n’y avait pas de mots pour décrire toute la confusion que je sentais ce matin.
Mais, ce qui passa après fut la chose la plus étrange de ma vie puisqu’on frappa à la
porte et mon père me demanda de l’ouvrir. C’était un homme que je n’avais jamais vu
dans ma vie.

« Monsieur Lefebvre, merci d’arriver ? » dit mon père.

« J’ai besoin de quelques signatures de votre part » me dit cet homme.

« Qui êtes-vous monsieur ? » je lui demandai

« Je suis le vendeur monsieur. Hier soir je vous avais vendu cet appartement »
Dit-il avec surprise.

« Je ne vous connais pas » Je répondis.

« Comment tu oses dire telle chose mon fils ! » Dit mon père. « Il est mon ami
de toute ma vie, s’il te plaît, signe les documents et ne lui fais pas perdre son temps ! »

Étant donné que mon père semblait un peu fâché, je signai les documents,
mais je lui dis : « S’il vous plaît, prenez la corde et la chaise qui sont dans cette
chambre. »

Lorsque j’ouvris la porte, hélas ! Il n’y avait ni corde et ni chaise. « Est-ce


quelqu’un a pris la corde ? » Je demandai à haute voix en attendant une réponse
affirmative. Au lieu de cela, on me dit : « assez de blagues ! tu nous effraies. » 

À partir de ce moment, je compris que, à cause de mon passe-temps, le monde


surnaturel vengeait tous mes défis que je faisais aux cimentiers, malgré tout, les
journées passèrent, et je n’écoutais plus aucun bruit dans cette chambre.

Avec le temps, nous organisâmes les choses et notre vie dans mon
appartement après le déménagement, bien que nous utilisions l’habitation du suicide
en tant que penderie. Cependant, quelqu’un d’étrange arrivait lorsque je me trouvais
tout seul.

« À bientôt mon fils », dit mon père, « nous arriverons en deux heures »
C’était l’image de la corde de potence qui était suspendue encore au toit. 

Cette corde causait une attraction sensuelle et envahissante qui entrait dans
mon esprit. C’était une nouvelle obsession. Chaque fois que j’étais seul, je sentais
beaucoup d’envie d’ouvrir la porte de cette habitation pour m’y accrocher. Mon cœur
battait fortement de l’émotion lorsque je pensais cela. Ceci m’arrivait avec beaucoup
plus de force chaque journée, mais mon raisonnement arrêtait mon désir, c’est ainsi
qu’avec le temps je voulais être seul chez moi, seulement pour sentir la forte envie d’y
entrer et m’accrocher. 

Tandis que j’écris cette histoire, je sais bien que mon passe-temps m’apporta
quelque chose d'intéressant, car je veux seulement que ce désir surmonte mon
raisonnement, et ainsi, je puisse entrer pour sentir la corde sur ma gorge, de cette
manière, j’occuperai le lieu de l’ancien propriétaire de mon appartement. Ce sentiment
de plaisir que, paradoxalement ne me laisse pas tranquille, c’est la manière dont
l’ancien propriétaire m’aida pour soulager mon obsession de la mort, ainsi, je sais bien
qu’il sera libre et je serais le nouvel habitant de cette chambre du suicide afin d’aider
un nouveau propriétaire sur quelque chose que je puisse faire pour lui ou elle. 

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