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Camal Gallouj
Jean Brignon
Un précis, par définition, a pour vocation de toucher à l’essentiel d’une matière.
Or, la santé publique est un vaste domaine qui présente de multiples spécificités.
C’est pourquoi, cet ouvrage ambitionne d’aborder cette discipline de façon PRÉCIS
dynamique et didactique. Les grands concepts de la santé publique sont ici
présentés de façon claire et synthétique, illustrés par des applications pratiques
actuelles. de santépublique et
d’économie de la santé
2 e ÉDITION
Si l’exercice professionnel en santé publique est encore relativement méconnu,
c’est tout d’abord parce qu’il est à construire. Certes, ce mode d’exercice existe
déjà en France, en Europe et à travers le monde, mais il manque de visibilité.
Par ailleurs, il ne demande qu’à s’épanouir davantage, afin de participer à la
réorientation de nombreux systèmes de santé encore trop orientés vers une prise
en charge des usagers quasi-exclusivement individuelle et curative. Jean Brignon
ISBN : 978-2-7573-0331-3
9 782757 303313
© Initiatives Santé – eISBN : 9782757309339
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PRÉCIS
de santé
publique et
d’économie de la santé
PRÉCIS
de santé
publique et
d’économie de la santé
Jean Brignon
Camal Gallouj
2 e ÉDITION
DANGER Le Code de la propriété intellectuelle du 1er juillet 1992 interdit en effet expressé-
ment la photocopie à usage collectif sans autorisation des ayants droit. Or, cette
pratique s’est généralisée notamment dans l’enseignement, provoquant une baisse
brutale des achats de livres, au point que la possibilité même pour les auteurs de
LE créer des œuvres nouvelles et de les faire éditer correctement est aujourd’hui
PHOTOCOPILLAGE menacée.
TUE LE LIVRE
En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le
présent ouvrage sans autorisation de l’éditeur ou du Centre français du copyright (20, rue des Grands-
Augustins, 75006 Paris).
ISBN 978-2-7573-0331-3
’ Initiatives Santé, 2011
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Sommaire
Introduction..................................................... XIII
SOMMAIRE
SOMMAIRE
Commentaires.................................................... 119
Illustration : la sécurité sanitaire..................... 120
Chapitre 2 Établissements, filières, réseaux
et professionnels................................................ 125
Présentation et commentaires......................... 125
Établissements et filières........................... 125
Réseaux et professionnels.......................... 128
La permanence des soins........................... 130
Illustration : la filière gériatrique..................... 131
Chapitre 3 Évaluation des politiques et des actions
en santé publique.............................................. 135
Présentation........................................................ 135
Les principales orientations en matière
d’évaluation................................................ 136
Les différents domaines de l’évaluation
en santé...................................................... 138
Commentaires : au-delà des pratiques
traditionnelles – vers une logique
d’évaluation multicritères de la performance
hospitalière.......................................................... 144
Les mondes et les critères d’analyse des
produits et performances hospitalières :
une lecture en colonnes............................. 145
Les mondes et les critères d’analyse des
produits et performances hospitalières :
une lecture en ligne................................... 149
Illustration : l’évaluation des réseaux
gérontologiques.................................................. 149
Le cadre législatif et réglementaire
de l’évaluation des réseaux de santé.......... 150
Définition et finalité de l’évaluation
des réseaux de santé.................................. 151
Les champs de l’évaluation externe selon
la circulaire nationale................................ 152
SOMMAIRE
SOMMAIRE
Commentaires.................................................... 258
Illustration : l’OMD 3 (l’égalité entre les
sexes).................................................................... 260
Conclusion...................................................... 279
Bibliographie.................................................. 281
Glossaire......................................................... 287
Abréviations................................................... 291
Index.............................................................. 301
XII
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Introduction
L
es prochaines années seront celles qui verront les infirmiers
exercer de plus en plus dans le domaine extrêmement vaste et
a priori abstrait de la santé publique. Pourtant cette discipline
couvre un certain nombre de champs concrets ayant tous en commun
une approche populationnelle de la santé.
C’est pourquoi cet ouvrage se propose de présenter les différents concepts
liés à la santé publique de façon claire et synthétique, en les regroupant en
sept parties fonctionnelles. Ces dernières amèneront le lecteur à com-
prendre ce qu’est la santé publique, de manière progressive, en partant
de ses concepts de base pour aller vers ses principaux champs d’applica-
tion en France et à l’étranger (Europe, pays en développement) tout en
expliquant de manière claire et rigoureuse ce qu’est véritablement la
démarche de santé publique.
Chaque partie fonctionnelle est divisée en quatre ou cinq chapitres struc-
turés tous de la même manière : à une présentation des concepts font suite
des commentaires visant à prendre du recul par rapport aux notions théo-
riques et à les éclairer sous différents angles pour enfin déboucher sur une
illustration issue d’une pratique en santé publique.
Un chapitre « Actualité » a pour vocation d’insérer chaque partie fonction-
nelle dans l’actualité du moment, car la santé publique est en mouvement
perpétuel, comme en témoigne l’évolution récente du système de santé à
travers la loi HPST 1.
Une question d’intégration permet de valider les connaissances acquises
au sein de chacune des sept parties à l’aide d’un exercice concret corrigé.
À une présentation classique des principaux thèmes de santé publique
(historique, outils, structures, problèmes) sous la forme de chapitres dis-
tincts a donc été préféré ce classement sous la forme de parties plus fonc-
tionnelles à l’intérieur desquelles les thèmes classiques seront retrouvés.
La première partie, intitulée « Concepts de base » pose les principes pré-
curseurs de la santé publique, à partir d’une exploration de ce qu’est la
santé pour ensuite se diriger vers la santé des populations sous différents
aspects (santé communautaire par exemple).
La deuxième partie, tout en expliquant la démarche de santé publique, et
après avoir initié le lecteur à la démographie et à l’épidémiologie, donne
une méthodologie de diagnostic et de résolution de problèmes de santé.
1 Loi du 21 juillet 2009 portant sur la réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux terri-
toires.
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INTRODUCTION
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1
Concepts
de base
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CONCEPTS
DE BASE
Le concept de santé 1
Présentation
Définition de l’Organisation mondiale de la santé
(OMS, 1946)
« État de complet bien-être physique, mental et social, ne consistant
pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ».
Que peut-on dire au sujet de cette définition ?
Il s’agit d’une définition positive de la santé (par opposition à « être en
bonne santé, c’est ne pas être malade »). De plus, elle élargit le concept
de santé à une conception globale : biologique, psychologique et
sociale. Elle tient ainsi compte de la personne dans sa globalité,
mais reste utopique. En effet, qui peut se prévaloir de se trouver
dans cet état de complet bien-être ? De plus, la définition du bien-
être est variable selon les individus.
Le fait de parler d’« état » en fait une définition statique. La santé est
idéalisée.
Cette définition ne tient pas compte de la variabilité due aux indi-
vidus, aux sociétés et aux époques, et demande donc à être élargie.
Le concept élargi
La santé peut être vue comme un équilibre : « La santé est l’équilibre et
l’harmonie de toutes les possibilités de la personne humaine, biolo-
giques, psychologiques et sociales. Cet équilibre exige, d’une part, la
satisfaction des besoins fondamentaux de l’homme qui sont qualitati-
vement les mêmes pour tous les êtres humains (besoins affectifs,
nutritionnels, sanitaires, éducatifs et sociaux), d’autre part, une adap-
tation sans cesse remise en question de l’homme à un environnement
en perpétuelle mutation » (Monnier et al., 1980).
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CONCEPTS
DE BASE
Le concept de santé
1
associées à la santé et à la maladie ne peuvent pas être isolées de l’en-
semble des règles culturelles qui organisent les processus de socialisation
par lesquels chaque personne perçoit, interprète le monde et se ressent
malade. »
Ainsi, l’anthropologie nous aide à découvrir le sens que revêt la maladie
pour l’individu et comment elle est interprétée par ce dernier. Ces élé-
ments sont importants à connaître pour le thérapeute qui cherche à
apporter une réponse adaptée.
Ces deux disciplines (sociologie et anthropologie), apparemment simi-
laires, seraient en fait distinctes mais complémentaires.
En effet, Didier Fassin, médecin et anthropologue nous dit : « [...] les socio-
logues reçoivent une formation universitaire où les mathématiques occu-
pent une place plus grande, utilisent plus volontiers le questionnaire,
recourent plus souvent dans leur analyse à l’appareil statistique, s’intéres-
sent plus aux inégalités et aux différences, étudient plutôt les sociétés
industrielles et privilégient le social, quand les anthropologues reçoivent
un enseignement où la linguistique joue un rôle plus important, font plus
facilement des entretiens libres, se servent en général de méthodes d’ana-
lyse qualitative, recherchent plus des ressemblances à l’intérieur d’un
groupe ou entre groupes, travaillent pour la plupart dans des sociétés tra-
ditionnelles et privilégient le culturel. »
Commentaires
La définition de la santé telle que la formule l’OMS reste encore de nos
jours une référence, notamment pour les professionnels de santé d’une
manière générale.
Cependant le concept de santé varie selon les personnes, les groupes
sociaux et culturels, ainsi que les époques.
Ainsi, pour les professionnels de santé publique, la formulation d’objectifs
de santé en vue de la réalisation d’un programme nécessite d’aller au-delà
de cette première définition utopique, qui constitue en fait un but vers
lequel l’homme peut espérer s’approcher.
Il faut alors tenir compte du concept élargi beaucoup mieux adapté et
adaptable aux réalités du terrain. Ce concept a le mérite de rappeler
qu’être en bonne santé c’est d’abord voir ses besoins fondamentaux satis-
faits, puis c’est vivre en harmonie avec son environnement et pouvoir s’y
adapter sans cesse. La notion de besoin sera vue dans la deuxième partie
de cet ouvrage. Un besoin traduit une insatisfaction, et donc, pour le pro-
fessionnel de santé, appelle une réponse de sa part.
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CONCEPTS
DE BASE
CONCEPTS
DE BASE
Le concept de santé
publique 2
Présentation
« On utilise aujourd’hui ‘‘santé publique’’ au sens large pour évoquer
les problèmes concernant la santé d’une population, l’état sanitaire
d’une collectivité, les services sanitaires généraux et l’administration
des services de soins. La santé publique est devenue une discipline
autonome qui s’occupe de la santé globale des populations sous tous
ses aspects curatifs, préventifs, éducatifs et sociaux ; son objectif est la
mise en place de systèmes et d’actions de promotion de la santé, de
prévention et de traitement des maladies, de réadaptation des handi-
capés » (Monnier et al., 1980).
Champ d’application
La santé publique regroupe des disciplines telles que l’hygiène de
l’environnement (tel l’assainissement...), l’organisation des soins, la
surveillance de l’état de santé de la population, l’organisation de la
protection sociale, la prophylaxie des grandes épidémies, le dépistage
et la prise en charge des pathologies les plus fréquentes, la prise
en charge de la santé des collectivités (écoles, prisons...) (Tessier,
Andreys, Ribeiro, 1996).
Bref historique
L’avènement de la santé publique traduit une préoccupation publique
croissante à l’égard de la santé. Il faut remonter à l’Antiquité pour
déceler un début d’organisation attestant le souci des autorités
grecques puis romaines pour le bien-être de leur population. C’est
donc au début du premier millénaire de notre ère que s’est déve-
loppée tout d’abord une certaine idée de l’hygiène collective avec la
mise en place d’un système d’approvisionnement en eau potable, le
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CONCEPTS
DE BASE
Démarche
La démarche de la santé publique est globale. Elle fait appel à un ensemble
de disciplines variées et complémentaires (médecine, épidémiologie, éco-
nomie, sociologie...). Elle concerne toutes les dimensions du soin (préven-
tive, curative, éducative, de réhabilitation). Elle constitue aussi l’interface
(limite commune à deux systèmes, permettant des échanges entre ceux-
ci) entre le secteur politique (décideurs) et les professionnels de la santé,
et on peut décomposer la santé publique en une série d’actions visant
chacun des déterminants de la santé (Tessier, Andreys, Ribeiro, 1996).
Un programme de santé publique comprend toute une série d’étapes repo-
sant sur un diagnostic de santé, l’élaboration d’objectifs et la mise en place
d’activités ciblées. L’évaluation est un souci permanent d’un tel pro-
gramme.
Selon l’Agence nationale pour le développement de l’évaluation médicale
(ANDEM ; actuellement, il s’agit de la Haute Autorité de santé, HAS), on
distingue trois niveaux d’application de cette démarche : l’action, le pro-
gramme et la politique de santé publique.
. L’action de santé publique est une liste d’opérations à entreprendre, de
CONCEPTS
DE BASE
Commentaires
La santé publique est parfois assimilée à tort à la prévention. En effet, une
grande confusion est parfois colportée, notamment par les médias qui
excluent les soins curatifs du champ de cette discipline.
Cela s’explique par le fait qu’en France la prévention reste encore le parent
pauvre du système de santé et que la santé publique met effectivement
l’accent sur les soins préventifs (vaccination, dépistages, prévention des
complications...), dans un souci d’efficience – « mieux vaut prévenir que
guérir », cela coûte surtout moins cher ! – et de rééquilibrage des différents
champs d’application de cette discipline.
N’oublions pas que l’administration des structures de soins et l’organi-
sation en général du système de santé concernent également la santé
publique.
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CONCEPTS
DE BASE
Le concept de santé
communautaire 3
Présentation
« La santé communautaire recouvre un concept de responsabilité
communautaire de la santé. Elle inclut des méthodes de travail qui
impliquent à tous les niveaux de l’action de santé (définition, réalisa-
tion, évaluation) la participation effective d’une communauté... »
(Tessier, Andreys, Ribeiro, 1996).
Commentaires
D’après l’OMS, une communauté est un groupe d’individus qui vivent
ensemble dans des conditions spécifiques d’organisation et de cohé-
sion sociale.
En effet, d’une façon générale une communauté est un groupe dont
les membres ont des intérêts communs (association de quartier,
élèves d’une classe...).
Cette notion d’intérêt commun est la condition sine qua non à la consti-
tution d’une communauté. Les valeurs communes, quant à elles, vont
permettre d’établir des liens solides entre les membres de la commu-
nauté. En effet, plus une communauté partagera un certain nombre
de valeurs (valeurs d’ordre socio-culturel relatives au mode de vie, à
l’appartenance à une même ethnie ou culture, à la pratique d’une
même religion...), plus cette communauté sera soudée et, par consé-
quent, plus il sera facile pour le professionnel de santé publique de
s’appuyer sur cette communauté en vue de réaliser un programme de
santé communautaire (recensement des priorités, organisation des
actions...).
Enfin, cette notion de partage de valeurs permet de distinguer une
communauté d’une collectivité. Cette dernière définit un groupe d’in-
dividus présents sur un territoire (quartier, commune, région...) sans
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CONCEPTS
DE BASE
autres liens particuliers que ceux relatifs à cette base géographique (orga-
nisation commune, résidence sur un même lieu). Cette distinction entre
communauté et collectivité n’apparaît pas clairement dans le langage
courant qui parfois en fait des synonymes. Pourtant, la réalisation d’un
programme de santé communautaire n’est pas envisageable avec une
collectivité car il faudra d’abord que cette dernière se transforme en
communauté. C’est parfois possible. Des personnes issues d’une même
collectivité pourront se regrouper en communauté à la suite d’un événe-
ment les faisant partager un intérêt commun. C’est par exemple le cas des
collectifs d’usagers voulant faire entendre leur voix auprès des pouvoirs
publics.
Il est important à ce stade de bien faire la distinction entre santé publique
et santé communautaire. Bien que faisant partie du vaste champ de la
santé publique, la santé communautaire exige l’implication et la participa-
tion de la communauté pour sa propre santé.
Dans un programme de santé publique, la population cible pourra être
passive, alors qu’elle sera active au sein d’un programme de santé com-
munautaire.
La mise en place d’un programme de santé communautaire demande donc
un effort particulier de la part des professionnels de santé car ces derniers
doivent accepter de déléguer une partie de leurs responsabilités aux
membres de la communauté.
Illustration
La définition de la santé communautaire fait référence à une responsa-
bilité communautaire de la santé, qui se traduit par l’implication de la
communauté à tous les niveaux de l’action de santé.
En voici un exemple, issu du programme quinquennal de promotion de la
santé de la communauté française de Belgique 2004-2008 (concernant le
concept de promotion de la santé, voir la troisième partie de cet ouvrage) :
parmi les principes d’action de ce programme, la santé communautaire
tient une place privilégiée. Ainsi on peut lire : « Il importe, en effet, non
seulement de favoriser l’accès de la population aux services et soins de
santé, mais aussi d’impliquer les citoyens dans les actions de promotion
de la santé, depuis la définition des besoins et la conception des inter-
ventions jusqu’à la réalisation et l’évaluation de celles-ci. Cet objectif est
ambitieux ; il ne sera pas atteint facilement. Il constitue cependant un
important enjeu démocratique. »
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niveau local, tant chez les citoyens que chez les professionnels et les déci-
deurs et par un inventaire des besoins en matière de santé ainsi que des
ressources disponibles et à trouver : ces deux premières étapes contri-
buent à la réalisation d’un diagnostic de santé d’une population (voir la
deuxième partie de cet ouvrage) ;
. par une rencontre des acteurs locaux provenant de divers secteurs
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DE BASE
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CONCEPTS
DE BASE
Le concept de soins
de santé primaires 4
Présentation
Les soins de santé primaires (SSP) sont nés d’un constat fait par l’OMS
en 1977. Ses États membres se sont rendus compte que les plus
démunis dans chaque pays, qu’il soit développé ou en voie de déve-
loppement, ne peuvent accéder à des soins de qualité. C’est alors que
la « santé pour tous » est devenue l’objectif phare de l’OMS.
La mise au point de la stratégie mondiale des SSP s’est faite lors de la
Conférence d’Alma Ata en 1978. Plus de 140 pays y ont participé et ont
défini les SSP comme étant « des soins de santé essentiels fondés sur
des méthodes et des techniques pratiques, scientifiquement valables
et socialement acceptables, rendus universellement accessibles à tous
les individus et à toutes les familles de la communauté avec leur
pleine participation et à un coût que la communauté et le pays puis-
sent assumer à tous les stades de leur développement dans un esprit
d’autoresponsabilité et d’autodétermination » (OMS/UNICEF, Alma
Ata, 1978, « Les soins de santé primaires »).
Principes généraux
Tout individu et toute communauté ont le droit et le devoir de parti-
ciper pleinement aux services de soins qui leur sont destinés.
Les services de santé doivent avoir une base communautaire, pri-
vilégier le préventif sur le curatif et satisfaire aux principes de l’accep-
tabilité, de l’accessibilité, de l’efficacité et de l’efficience, de la
participation responsable des bénéficiaires, de la multisectorialité,
de la pluridisciplinarité et de l’intégration.
Le principe d’acceptabilité doit garantir que les actions mises en place
dans le cadre des SSP ne vont pas à l’encontre des us et coutumes de la
population.
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CONCEPTS
DE BASE
recours.
Les SSP visent une meilleure adéquation entre les besoins des populations
en matière de soins et les réponses à ces besoins apportées par le système
de santé sous la forme de prestations sanitaires.
Le fait que le foyer soit désigné comme premier niveau de mise en œuvre
reflète la volonté de responsabiliser les membres de la famille en matière
de santé. Ainsi incombe-t-il en premier lieu aux parents de veiller sur la
santé de la famille.
La participation communautaire est la clé de voûte des SSP. La délocali-
sation des prestations sanitaires est a priori de mise. Ce sera donc à la
collectivité locale qu’il incombera en premier lieu d’apporter des réponses
(prestation de santé, ressources, logistique). Les ressources locales seront
sollicitées en premier. Les prestations de soins étant attribuées en fonction
des besoins, ce sont les couches les plus vulnérables de la population qui
en bénéficieront en priorité.
Commentaires
Les SSP sont avant tout l’élément le plus périphérique d’un système
intégré et complet de soins de santé qui comprend, dans son organisation,
tous les échelons de soins, à savoir primaire, secondaire et tertiaire. Ces
échelons sont caractérisés par des structures différentes et par un fonc-
tionnement différent, allant du moins spécialisé au plus spécialisé. Ces
échelons sont liés entre eux (c’est cela l’intégration). Ainsi, on ne peut
parler de SSP qu’à partir du moment où ces soins s’inscrivent dans une
prise en charge coordonnée entre les trois échelons.
Le niveau primaire, le plus périphérique, correspond en Afrique noire aux
cases de santé, aux maternités rurales et aux dispensaires (ces déno-
minations sont propres au Sénégal, mais l’équivalent existe à notre
connaissance dans la plupart des pays qui composent cette région). Les
professionnels responsables de ces différentes structures sont respective-
ment, au Sénégal, les secouristes, les sages-femmes et les infirmiers.
Le niveau secondaire est le premier niveau au sein duquel se trouve un
médecin, il s’agit en général de petits hôpitaux de proximité (centres de
santé, hôpitaux de districts). On peut joindre à ce niveau secondaire des
structures plus importantes, tels que les hôpitaux régionaux.
Le niveau tertiaire est celui qui est présent dans la capitale, correspondant
à des structures de plus grande taille et qui comprennent un plateau tech-
nique plus élaboré ainsi que des consultations spécialisées. C’est le cas des
centres hospitalo-universitaires (CHU).
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CONCEPTS
DE BASE
Illustration
Au Sénégal, la majorité des infirmiers d’État exercent au sein des dispen-
saires (appelés aussi « postes de santé »). Nous l’avons dit plus haut, il s’agit
de structures de santé de niveau primaire, mais qui ont la particularité de
représenter le premier niveau de recours avec à son bord un professionnel
de santé diplômé.
Le dispensaire est dirigé par l’infirmier chef de poste qui réalise des acti-
vités opérationnelles (consultations curatives dont visites à domicile,
consultations prénatales, vaccination, récupération nutritionnelle, planifi-
cation familiale et supervision des cases de santé) et des activités gestion-
naires (gestion financière, gestion pharmaceutique, recueil de données
démographiques et épidémiologiques concernant la population, encoura-
gement à la participation communautaire).
Il est théoriquement prévu un dispensaire par tranche de 10 000 habitants,
mais dans certaines régions reculées, un infirmier peut être responsable
d’une zone allant jusqu’à 30 000 habitants (appelée « zone de polarisation
du poste »).
L’infirmier est en général secondé par un ou plusieurs agents de santé
communautaire, formés par lui, et qui réalisent les soins, s’occupent de
la vente de tickets et de médicaments. Sont présentes également une ou
plusieurs matrones, qui sont les accoucheuses traditionnelles (elles
s’occupent des consultations prénatales et des accouchements non dys-
tociques).
Les activités opérationnelles recouvrent tous les secteurs de la santé repré-
sentés par les huit composantes des SSP.
L’exemple suivant montre la cinquième composante qui est la vaccination
contre les grandes maladies infectieuses : l’activité de l’infirmier chef de
poste entre dans le cadre du programme élargi de vaccination (PEV)
auquel il faut adjoindre la vaccination antitétanique (VAT) pour les
femmes en âge de procréer.
Les étapes successives de réalisation du PEV sont :
. la délimitation d’une zone de responsabilité à couvrir par la vaccination ;
. la stérilisation du matériel ;
RÉCAPITULATIF
Trois concepts concourent à la restauration, au maintien et à l’amélioration de la santé
d’une population.
. Le concept de santé publique : il fait référence à une discipline au champ d’action très
de la santé publique, en se fondant sur une démarche participative à tous les niveaux de
l’action de santé.
. Le concept de soins de santé primaires : il fait référence à une stratégie de santé
publique, établie sur une approche également participative, mais aussi délocalisée et
intégrée aux niveaux plus spécialisés de prise en charge.
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CONCEPTS
DE BASE
Actualité : de la loi
du 9 août 2004 5
à la loi HPST 1
1 Loi no 2004-806 du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique et loi no 2009-879 du
21 juillet 2009 portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires.
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CONCEPTS
DE BASE
décrit les modalités de mise en place du Plan blanc par les établissements de
santé en cas d’afflux massif de victimes lors d’une catastrophe.
.Le titre IV nous parle des objectifs et de la mise en œuvre des plans
nationaux : création par exemple de l’Institut national du cancer.
.Le titre V traite de la recherche et de la formation en santé, et consacre
notamment la transformation de l’École nationale de la santé publique
(ENSP) en École des hautes études en santé publique (EHESP). Cette
école, établissement public de l’État, prodigue un enseignement pluri-
disciplinaire, effectue des recherches en santé publique et dans le
domaine de l’action et de la protection sociale, enfin anime un réseau
national de formation en santé publique.
Mais cette loi, c’est tout d’abord cent objectifs à atteindre sur cinq ans
(période 2004-2008). Ces derniers sont le fruit des consultations régionales
organisées par les ex-DRASS (directions régionales des affaires sanitaires
et sociales) à la demande de la Direction générale de la santé. Ils s’appuient
également sur un rapport d’analyse des problèmes de santé de la popula-
tion et des facteurs susceptibles de les influencer, établi par le Haut Comité
de la santé publique (HCSP).
C’est en cela que cette loi peut être qualifiée de grande loi, car elle adopte
déjà, dans sa construction même, un raisonnement de santé publique : la
volonté de préserver et d’améliorer la santé des Français grâce aux objec-
tifs quantifiés et aux plans stratégiques qui doivent constituer la politique
de santé publique sur une période définie (5 ans : 2004-2008), l’atteinte de
ces objectifs étant évaluée à l’aide d’un certain nombre d’indicateurs.
Cette loi définit le problème de santé comme désignant « les maladies qui
retentissent sur l’état de santé de la population, ainsi que les principaux
déterminants associés à la survenue de ces maladies, à leur aggravation ou
à l’importance de leur retentissement ».
Les indicateurs traditionnels utilisés se fondent sur la mortalité et la
morbidité, couplés à des indicateurs synthétiques, c’est-à-dire construits
à partir de plusieurs éléments et d’apparition beaucoup plus récente,
faisant intervenir par exemple le retentissement de la maladie en
termes de qualité de vie. Il s’agit de l’AVCI 1 qui correspond à un
nombre d’années de vie « en bonne santé » perdues pour chaque problème
de santé. L’OMS définit l’incapacité comme la réduction (résultant d’une
déficience), partielle ou totale, de la capacité d’accomplir une activité
d’une façon ou dans les limites considérées comme normales pour un
être humain.
1 L’abréviation AVCI (années de vie corrigées de l’incapacité) est désignée en anglais par le sigle DALYS.
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Il faut remarquer que, 6 mois après la promulgation de cette loi, la moitié des
158 articles qui la composent n’étaient pas encore applicables, faute de textes
d’application. Ce retard s’explique par le caractère ambitieux de cette loi qui se
propose de réorganiser le système français de santé publique, et les indispensables
consultations exigées par la rédaction des textes règlementaires d’application. Les
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CONCEPTS
DE BASE
Loi HPST
La Loi n o 2009-879 du 21 juillet 2009 portant réforme de l’hôpital
et relative aux patients, à la santé et aux territoires est une loi de réforme
hospitalière. Elle fait suite aux plans « Hôpital 2007 » et « Hôpital 2012 » (voir
p. 153) en renforçant la nouvelle gouvernance telle qu’elle est préconisée
notamment par le plan « Hôpital 2007 », mais en modifiant la structure, la
composition et les missions de certaines instances hospitalières.
Pourquoi évoquer la loi HPST ici ?
Cette loi, plus qu’une loi de réforme hospitalière, est une loi de santé
publique, notamment par la mise en place d’une nouvelle territorialisation
de la politique de santé.
En effet, dans l’énoncé des motifs, Madame Roselyne Bachelot-Narquin,
ministre de la Santé et des Sports au moment de la parution de la loi, cite la
problématique de l’accès aux soins qui, en France, contribue à la formation
d’inégalités sociales de santé. Ainsi, cette loi a pour ambition de remédier à
l’inégale répartition des professionnels de santé au sein d’un territoire et à
leur insuffisante coordination.
Plus que les mesures relatives à la gouvernance hospitalière, la mesure
phare de cette loi est sans conteste la création des ARS (agences régionales
de santé), dont le but est d’arriver à une meilleure coordination des
champs sanitaire (hospitalier et ambulatoire) et médico-social, grâce à
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CONCEPTS
DE BASE
CONCEPTS
DE BASE
primés, les ministres chargés des Personnes âgées et des Personnes han-
dicapées établissent un schéma national décliné par le directeur général de
l’ARS à travers les schémas régionaux d’organisation médico-sociale.
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DE BASE
CONCEPTS
Programme
pluriannuel régional
de gestion du risque
Plan stratégique
régional de santé
Schémas régionaux
Orientations
et objectifs de santé
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Organisation
Prévention Organisation des soins
médico-sociale
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CONCEPTS
DE BASE
ÉLÉMENTS DE RÉPONSE
. La consommation de tabac est un déterminant (cause) majeur de plusieurs maladies,
dont le cancer. En tant que tel, le tabagisme, bien que n’étant pas un problème de
santé, peut être considéré comme problème de santé publique.
. Le cancer est une maladie grave et fréquente, elle représente d’ailleurs l’une des
principales causes de mortalité dans les pays développés et prend une certaine
ampleur au sein des pays en développement. C’est pourquoi le cancer est un problème
de santé publique.
. La canicule n’est pas un problème de santé en soi, mais c’est un déterminant qui a la
particularité d’être inévitable. La canicule du mois d’août 2003 qui, en France, a causé
15 000 décès montre bien que ce phénomène climatique peut constituer un problème
de santé publique. On peut agir dessus en prévenant ses conséquences néfastes,
notamment en luttant contre la chaleur (climatisation) et en organisant de manière
plus adéquate la prise en charge des personnes vulnérables (essentiellement les per-
sonnes âgées).
. L’illettrisme n’est pas un problème de santé mais le fait d’être illettré (ne pas savoir
fréquence et sa gravité. Il constitue, avec le sida et la tuberculose, l’une des trois pre-
mières causes de mortalité à travers le monde.
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2
La démarche
de santé publique
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LA DÉMARCHE
DE SANTÉ
PUBLIQUE
Les déterminants
de l’état de santé 1
Présentation
Pour être efficace un programme de santé publique devra viser les
différents facteurs influençant la santé et la maladie des individus.
Il s’agit de facteurs de risque ou de protection associés aux problèmes
de santé que l’on peut rencontrer, et que l’on appelle « déterminants
de l’état de santé ».
« Les déterminants sont les facteurs ayant une influence sur l’état de
santé, soit isolément, soit en association avec d’autres facteurs » (Haut
Comité de la santé publique, 2002.)
Ces déterminants se regroupent en quatre catégories :
. les déterminants biologiques (le sexe, l’hérédité...) ;
Commentaires
Lorsqu’on évoque les déterminants de l’état de santé, on se réfère
généralement à ceux qui favorisent la survenue de maladies ou d’acci-
dents. Il s’agit alors de déterminants dits négatifs (facteurs de risque).
A contrario, on peut évoquer des déterminants dits positifs (facteurs
de protection) sur lesquels on pourra se fonder lors de l’élaboration
d’un programme de santé publique visant à résoudre un problème
de santé identifié. Il s’agira alors de renforcer le poids de ces déter-
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LA DÉMARCHE
DE SANTÉ
PUBLIQUE
minants positifs. Mais retenons que lorsque cela n’est pas précisé, la
simple évocation de déterminants fait référence à ceux dits négatifs.
Il faut comprendre la différence entre le déterminant environnemental
dit politique et réglementaire et le déterminant « politique de santé et orga-
nisation du système de soins ».
En effet, le premier fait référence à toute décision d’ordre législatif (lois) et
exécutif (règlements), quel que soit le domaine concerné, qui pourra avoir
une influence sur la santé des gens.
Illustration
Quels exemples choisir pour illustrer ce chapitre sur les déterminants de
l’état de santé ? Tout simplement les trois premières causes de mortalité
en France : les cancers, les maladies cardio-vasculaires et les accidents
auxquels s’ajoutent les maladies liées à l’environnement.
Les cancers
Le cancer (voir tableaux 1 et 2) serait la première cause de mortalité en
France (29,5 % des décès), devant les maladies cardio-vasculaires jusqu’en
2011, année où ce classement s’inverserait.
Le cancer représente la première cause de décès en France chez l’homme
(32,9 % de l’ensemble des décès masculins) et la deuxième chez la femme
(23,4 % de l’ensemble des décès féminins), mais représente la première
cause de mortalité prématurée (survenue du décès avant l’âge de 65 ans). 1
Chaque année 280 000 personnes sont atteintes d’un cancer en France et
plus de 150 000 personnes en décèdent.
Les progrès récents en matière de lutte contre les cancers, coordonnés
notamment par l’INCA, inverseraient le classement des premières
causes de mortalité en 2011 en positionnant à nouveau les MCV à la pre-
mière place. D’aucuns en appellent à un plan « cœur » au même titre que le
plan « cancer ».
Tableau 1 Cancers les plus fréquents chez les hommes et croissances les plus fortes
CROISSANCE CROISSANCE CROISSANCE
(POURCENTAGE (POURCENTAGE (POURCENTAGE
FRÉQUENCE FRÉQUENCE
DU NOMBRE DU NOMBRE DU NOMBRE
LOCALISATION EN NOMBRE EN NOMBRE
DE NOUVEAUX DE NOUVEAUX DE NOUVEAUX
DU CANCER DE CAS DE CAS
CAS ENREGISTRÉS CAS ENREGISTRÉS CAS ENREGISTRÉS
(EN 2000) (EN 2005)
ENTRE 1978 ENTRE 1980 ENTRE 2000
ET 2000) ET 2005) ET 2005)
Prostate 40 300 + 5,33 % 62 245 + 6,3 % + 8,5 %
Poumon 23 100 23 937 + 0,2 % – 0,5 %
Côlon et rectum 19 400 19 913 + 0,5 % – 0,5 %
1 D’après « La prise en charge du cancer », Actualité et dossier en santé publique, no 51, juin 2005, p. 15-58.
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LA DÉMARCHE
DE SANTÉ
PUBLIQUE
Tableau 2 Cancers les plus fréquents chez les femmes et croissances les plus fortes
CROISSANCE CROISSANCE CROISSANCE
(POURCENTAGE (POURCENTAGE (POURCENTAGE
FRÉQUENCE FRÉQUENCE
DU NOMBRE DU NOMBRE DU NOMBRE
LOCALISATION EN NOMBRE EN NOMBRE
DE CAS DE NOUVEAUX DE NOUVEAUX
DU CANCER DE CAS DE CAS
ENREGISTRÉS CAS ENREGISTRÉS CAS ENREGISTRÉS
(EN 2000) (EN 2005)
ENTRE 1978 ENTRE 1980 ENTRE 2000
ET 2000) ET 2005) ET 2005)
Sein 41 800 49 814 + 2,4 % + 2,1 %
Côlon 16 800 17 500 + 0,3 % + 0,1 %
et rectum
Mésothéliomes + 6,83 %
Thyroı̈de + 4,80 % 5 073 + 6% + 6,1 %
Poumon + 4,36 % 6 714 + 5,1 % + 5,8 %
Peau + 4,33 % 4 098 + 3,4 % + 0,5 %
(mélanomes)
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1 Tumeur formée de cellules capables d’élaborer de la mélanine, siège surtout au niveau de la peau et
de l’œil (Manuila L., Manuila A., Nicoulin, 1996).
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LA DÉMARCHE
DE SANTÉ
PUBLIQUE
1 D’après Anglade et Crétin, « Les actions et programmes de prévention », Actualité et dossier en santé
publique, no 47, juin 2004, p. 23-26.
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mentaire...
LA DÉMARCHE
DE SANTÉ
PUBLIQUE
Les accidents
Ils regroupent plusieurs entités distinctes qui, réunies, constituent la troi-
sième cause de mortalité dans notre pays (voir tableau 5).
Ainsi, ils comprennent les accidents de la route, les accidents de la vie
courante (qui surviennent à domicile, à l’école ou lors d’activités sportives
ou de loisirs), les accidents professionnels et les suicides. Ces derniers,
bien que ne répondant pas exactement à la définition de l’accident (évé-
nement imprévisible par excellence), sont en général rattachés à cette
catégorie.
LA DÉMARCHE
DE SANTÉ
PUBLIQUE
D La pollution de l’eau
La pollution de l’eau est aujourd’hui un phénomène généralisé qui affecte
la santé des populations. Cette pollution peut être d’origine microbienne,
chimique ou physique. Les principales sources de pollution sont souvent
liées aux déchets industriels et agricoles ou encore aux rejets domestiques.
Les effets sur la santé de cette forme de pollution sont principalement
indirects et passent par le biais de la chaîne alimentaire. On distingue
trois grandes pathologies.
. Les maladies microbiennes d’origine hydrique : elles sont principalement
concentrées dans les pays pauvres. Elles sont à l’origine de plus de 3 mil-
lions de décès annuellement, dont 80 % chez les enfants de moins de 5 ans.
. Les intoxications : elles peuvent être d’origine accidentelle ou chronique
LA DÉMARCHE
DE SANTÉ
PUBLIQUE
. etc.
LA DÉMARCHE
DE SANTÉ
PUBLIQUE
Social
Vivable Équitable
Durable
Environnemental Économique
Viable
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LA DÉMARCHE
DE SANTÉ
PUBLIQUE
Démographie
et épidémiologie 2
Présentation et commentaires
La démographie
La démographie est l’étude quantitative des populations humaines et
de leurs dynamiques à partir des caractéristiques que sont la fécon-
dité, la mortalité, la nuptialité et la migration. La tâche du démo-
graphe consiste à analyser les variations de ces phénomènes dans le
temps et dans l’espace en fonction des milieux socio-économiques et
culturels. La démographie s’intéresse également aux mécanismes par
lesquels les populations humaines assurent leur régulation, confor-
mément à certaines règles ou normes 1.
La démographie dépasse largement le cadre de l’analyse statistique et
permet d’étudier les phénomènes sociaux dans une perspective
globale.
Ses applications sont nombreuses, notamment dans l’aide à la déci-
sion au sein de l’élaboration des politiques publiques dans des
domaines très variés, comme la Sécurité sociale ou l’éducation.
Cette discipline entre dans le champ de la santé publique en tant que
discipline connexe. En effet, la mortalité, la létalité (rapport entre le
nombre de décès dus à une maladie et le nombre de personnes
atteintes de cette maladie) et la fécondité sont des phénomènes très
utiles à la compréhension de nombre de problématiques de santé
publique. Ces dernières peuvent être la santé de la reproduction
(maladies sexuellement transmissibles, régulation des naissances),
le vieillissement et les incapacités ou encore les maladies liées à
l’environnement.
De nombreux indicateurs démographiques constituent des indica-
teurs clés en santé publique pour poser des diagnostics sur la situation
LA DÉMARCHE
DE SANTÉ
PUBLIQUE
Un taux désigne le rapport entre les événements survenus dans une population
durant une année, et l’effectif de la population au milieu de l’année. 1
Un taux brut se réfère à l’ensemble de la population (exemple du taux de mortalité
qui est le nombre de décès rapporté à la population totale moyenne d’une année),
alors qu’un taux spécifique se réfère à un âge ou à un groupe d’âges.
Les concepts-clés
L’étude d’une population peut être réalisée selon deux approches. La pre-
mière peut être qualifiée de statique, elle permet de connaître l’état de la
population à partir de recensements, enquêtes et sondages. La deuxième
approche est plus dynamique, grâce à un enregistrement continu d’événe-
ments, ce qui permet d’appréhender le mouvement de la population
0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9
En % de la population totale
A : Déficit de naissances dû à la guerre de 1914-18
55
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LA DÉMARCHE
DE SANTÉ
PUBLIQUE
1 L. Toulemon, Pyramide des âges de la France et de l’Union européenne, Graphique du mois, no 2, juillet
2006. http://www.ined.fr/fr/tout_savoir_population/graphiques_mois/pyramide_ages_france_u_e/
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Démographie et épidémiologie
2
baby-boom des années 1946 à 1973, relative stabilité des naissances depuis
30 ans. Les effectifs d’hommes et de femmes sont à peu près égaux, sauf
aux grands âges où les femmes sont plus nombreuses que les hommes,
parce qu’elles meurent plus tard.
Par rapport à l’ensemble de l’Union européenne, représentée par un trait
bleuté, la France se caractérise par des effectifs plus importants, en part
relative, à tous les âges jusqu’à 22 ans. Les enfants de moins d’un an repré-
sentent 1,3 % de la population (0,65 + 0,65), contre seulement 1,0 % pour
l’ensemble de l’Union.
L’épidémiologie
L’épidémiologie est l’étude de la distribution et des déterminants d’une
maladie dans des populations humaines, et l’application des résultats de
cette étude dans la lutte contre cette maladie (d’après Mac Mahon).
. L’épidémiologie générale a pour objectif de quantifier l’état de santé
LA DÉMARCHE
DE SANTÉ
PUBLIQUE
Démographie et épidémiologie
2
Pour compenser ces différences, on peut calculer des taux « standardisés »
selon l’âge, le sexe ou les deux.
D L’enquête analytique (ou étiologique)
Elle cherche à associer l’exposition à un facteur de risque et la survenue
d’une maladie. Elle comprend l’enquête exposés-non exposés et l’enquête
de cohorte.
Enquête exposés/non exposés
La notion de risque est centrale en épidémiologie. Le risque représente la
probabilité de survenue d’une maladie ou de tout autre phénomène au
sein d’une population.
Une population à risque a une probabilité plus importante de présenter la
maladie, en étant exposée à certains facteurs de risque ou marqueurs de
risques. La différence entre les deux tient au fait que l’on peut agir contre
un facteur de risque (le comportement par exemple), mais pas contre un
marqueur de risque (le sexe par exemple).
La comparaison du risque dans deux groupes, l’un étant exposé au facteur
de risque et l’autre non, permet de définir le risque relatif (RR) qui est le
rapport des incidences de survenue de la maladie 1 dans chacun des deux
groupes :
Ie
RR ¼
Ine
Plus le risque relatif est élevé, plus le lien entre facteur de risque et
maladie est fort.
1 Ie : incidence de la maladie dans le groupe exposé au facteur de risque ; Ine : incidence de la maladie dans
le groupe non exposé au facteur de risque.
2 La durée d’incubation d’une maladie traduit le temps qui s’écoule entre la contamination et l’apparition
de symptômes.
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LA DÉMARCHE
DE SANTÉ
PUBLIQUE
Enquête de cohorte
De réalisation plus difficile car devant être effectuée sur une période
longue, ce type d’enquête permet d’analyser les conséquences d’un
facteur de risque pour la santé, mais n’est pas adapté à l’étude de phéno-
mènes rares, ni à l’étude de maladies dont la durée d’incubation est longue
ou si la population exposée est instable.
Il s’agit d’une enquête prospective, c’est-à-dire que les données sur les
facteurs de risque ou interventions à évaluer sont recueillies avant que
l’état des sujets comme malades ou non malades soit connu.
D L’enquête évaluative ou expérimentale
Elle permet d’évaluer les interventions pour prévenir les maladies et leurs
complications (enquête en double aveugle par exemple).
Dans une étude en double aveugle un ou plusieurs groupes de sujets bien
recensés reçoivent le traitement à titre expérimental, sans que ces sujets
ou que les investigateurs eux-mêmes n’aient connaissance du traitement
reçu, cela afin de réduire au mieux l’influence sur la ou les variables mesu-
rées que pourrait avoir la connaissance d’une information (utilisation d’un
produit actif ou d’un placebo).
C’est une démarche expérimentale utilisée en recherche médicale et phar-
maceutique. Elle entre dans le cadre de ce que l’on appelle l’Evidence Based
Medicine (EBM) ou « médecine fondée sur les faits ».
Démographie et épidémiologie
2
Ainsi, on assiste à une transformation des causes de décès avec une dispa-
rition progressive des maladies infectieuses au profit des maladies chro-
niques et dégénératives et des accidents (voir la partie 7 consacrée aux
pays en développement).
Taux
élevés
Taux de
natalité
Taux de
mortalité
Taux
d’accroissement
naturel
Taux
faibles
Régime Régime
démographique TRANSITION DÉMOGRAPHIQUE démographique
traditionnel 1re étape 2e étape moderne
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LA DÉMARCHE
DE SANTÉ
PUBLIQUE
Le problème
de santé publique 3
Présentation
« [Un] problème de santé se définit par sa nature et représente l’écart
entre un état constaté, observé, exprimé et un état considéré comme
souhaitable, attendu, défini par des références, des valeurs élaborées
par des experts, le législateur, etc..., ou des normes produites par des
équipes, la société, etc. Lorsqu’il s’agit d’un problème de santé
publique, l’écart se mesure pour une population donnée... »
(Baumann, Deschamps, 2001).
Le but d’une action de santé publique étant de répondre aux besoins
d’une population, le préalable à l’identification d’un éventuel pro-
blème de santé publique est l’identification de ces besoins. Ces der-
niers, en santé publique, renvoient « à l’écart existant entre un état de
santé donné et un état ‘‘idéal’’, ou du moins acceptable. Cet état ‘‘idéal’’
suppose résolue la satisfaction des différents besoins, lesquels sont
étroitement liés aux causes des problèmes de santé » (Cook, Couet,
1990).
Les besoins sont caractérisés par leur niveau de perception. On dis-
tingue ainsi les besoins latents, ressentis et exprimés (ces derniers
deviennent alors des demandes). Les besoins sont caractérisés aussi
selon leur nature, et on distingue les besoins sanitaires proprement
dits et les autres (nutritionnels, affectifs, sociaux, éducatifs...).
.Les besoins latents ne sont perçus ni par la population, ni par les
professionnels de santé. Ils ne peuvent être mis en évidence que par
une analyse approfondie de la genèse des problèmes de santé.
. Les besoins ressentis sont perçus par la population et/ou les profes-
sionnels de santé.
.Les besoins exprimés peuvent être « transformés » en demandes, ils
appellent alors des réponses.
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LA DÉMARCHE
DE SANTÉ
PUBLIQUE
Commentaires
Nous constatons que la définition du besoin est proche de celle du pro-
blème. C’est normal à partir du moment où le problème peut être consi-
déré comme étant le reflet d’un besoin non satisfait. La difficulté du
professionnel de santé réside souvent dans l’identification des besoins
des personnes, dans le cadre d’une relation de soins individuelle, ou au
contact d’une population. L’enjeu est pourtant de taille, car amener les
gens à exprimer leurs besoins conditionne la réussite des actions qui
seront mises en place pour résoudre le problème diagnostiqué. Les popu-
lations précarisées s’expriment moins facilement et sont donc plus sujettes
à présenter des besoins latents ou ressentis. La démarche du professionnel
doit alors être active, en allant à la rencontre de ces populations.
La tendance traditionnelle des professionnels de santé formés à la méde-
cine occidentale est de ne considérer que les besoins somatiques (qui se
rapportent au corps), objectivables à l’aide d’une mesure ou d’un examen
clinique et appelés par ces professionnels « besoins réels ». L’approche
en santé publique est de considérer la personne de façon globale afin
d’appréhender l’ensemble de ses besoins, qu’ils soient d’ordre sanitaire
ou non (besoin d’une prestation de santé, besoin de trouver un emploi,
besoin de quitter un logement insalubre...). Cette identification des
besoins conditionne la réussite des actions futures mises en place grâce
à une acceptation des ces actions par la personne ou le groupe. En effet, il
ne sert à rien de vouloir à tout prix mettre en place des actions sans savoir
si celles-ci sont adaptées car, dans ce cas, les bénéficiaires ne participeront
pas à la démarche de santé publique.
Illustration : le saturnisme
infantile
Comment passe-t-on d’un problème de santé à un problème de santé
publique ? En plus des critères (fréquence, gravité...) vus en première
partie, c’est par une appropriation collective de ce problème, qui le fait
passer de la sphère privée à la sphère publique (Fassin, 2005).
Cet auteur nous démontre qu’un problème de santé publique se construit
tout autant qu’il se découvre, et que c’est la création de cette entité nou-
velle qui permet alors de mener véritablement une politique de santé
publique.
Le saturnisme infantile en est une bonne illustration.
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LA DÉMARCHE
DE SANTÉ
PUBLIQUE
Le diagnostic de santé
d’une population 4
Présentation
La planification des actions de santé représente l’ensemble d’une
démarche de résolution de problèmes. L’identification et la définition
des problèmes collectifs de santé et des demandes d’intervention de la
population est la phase initiale, que l’on appelle « diagnostic de santé
d’une population ». Cette phase est essentielle, elle légitime la pour-
suite d’un programme (Baumann, Deschamps, 2001).
Le diagnostic de santé d’une population comporte quatre grandes
étapes. Avant d’aborder la première étape, il faut tout d’abord réaliser
un travail d’observation de la population. Cela consiste à noter les
comportements, les modes de vie, essayer de quantifier la répartition
par âge et par sexe, etc. ; tous ces éléments ont une influence sur les
problèmes de santé de cette population et par la suite serviront à la
programmation des actions de santé publique.
LA DÉMARCHE
DE SANTÉ
PUBLIQUE
Commentaires
Il faut bien retenir que le diagnostic de santé d’une population s’inscrit
dans une démarche plus globale : la démarche de santé publique, dont il
n’est qu’une étape, certes primordiale.
Les étapes du diagnostic doivent être scrupuleusement respectées afin
d’avoir la garantie de travailler ultérieurement sur un problème de santé
réellement prioritaire et considéré comme tel par la population. En effet,
le but du diagnostic est de rendre objectif le choix du problème, en
essayant de minimiser autant que possible les biais inhérents au contexte
(influences liées au mode d’exercice du pouvoir au sein d’une popula-
tion...) et au professionnel de santé publique lui-même (préférence pour
tel domaine plutôt que tel autre, expérience accrue dans la mise en œuvre
de telle stratégie plutôt que telle autre...).
Cette démarche de santé publique peut se résumer en trois grandes étapes,
dont l’évaluation est le souci permanent (voir figure 5).
1. Préalable : il s’agit de la phase d’observation qui précède la première
étape du diagnostic. Cela revient à contextualiser cette population, c’est-
à-dire à caractériser sa présence au sein d’un environnement. Par exemple
si vous travaillez en milieu scolaire, la définition du contexte se fera sous
différents angles :
. démographique (nombre d’élèves, âges, sexe, redoublants...) ;
. etc.
LA DÉMARCHE
DE SANTÉ
PUBLIQUE
mulées, mais il n’y a pas de réponses apportées. Cette zone exprime une
situation de mécontentement. Par exemple, des accidents fréquents à la
sortie d’une école (problème) peuvent inciter les parents à demander des
mesures de prévention (régulation de la circulation par un policier aux
heures de sortie des élèves...), ce qui correspond à une demande claire-
ment formulée.
. En 2, des problèmes existent ainsi que des réponses à ces problèmes,
LA DÉMARCHE
DE SANTÉ
PUBLIQUE
Besoins 1 Demandes
2 3
Réponses
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LA DÉMARCHE
DE SANTÉ
PUBLIQUE
Préalable
Diagnostic
Programmation
Stratégies
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LA DÉMARCHE
DE SANTÉ
PUBLIQUE
LA DÉMARCHE
DE SANTÉ
PUBLIQUE
cifique, portant sur les facteurs qui se situent en amont des problèmes
(maîtrise des conflits, gestion du stress) ;
. la nécessité de faire intervenir, en plus des professionnels de santé, des
personnes qui sont directement en contact avec les jeunes (parents, pro-
fesseurs, patrons...) ;
. le besoin de s’appuyer sur des jeunes issus de la même population,
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LA DÉMARCHE
DE SANTÉ
PUBLIQUE
QUESTIONS D’INTÉGRATION :
L’INSERM et les déterminants
économiques de l’obésité
L’INSERM S’INTÉRESSE AUX DÉTERMINANTS ÉCONOMIQUES DE L’OBÉSITÉ 1
« Faut-il ‘‘subventionner’’ les aliments ‘‘bons pour la santé’’ – comme les fruits et
légumes – pour rendre leurs prix compétitifs et favoriser ainsi leur consommation ?
Cette proposition inédite est l’une des pistes avancées par l’Institut de la santé et de
la recherche médicale (INSERM) dans son étude consacrée ‘‘à la prévention et à la prise
en charge de l’obésité’’ [...] Ce rapport se penche sur les ‘‘déterminants économiques’’
du développement de l’obésité, une ‘‘épidémie’’, selon celui-ci, qui ne cesse de pro-
gresser en France, comme dans la plupart des pays occidentaux.
[...] Si cette progression est ‘‘multifactorielle’’ (changement de mode de vie, sédenta-
rité, etc.), l’offre alimentaire a considérablement évolué, et les consommateurs vivent
dans un environnement ‘‘nutritif’’ favorisant la prise de poids.
En résumé, plus on mange gras ou sucré, moins on mange cher, les prix étant devenus
‘‘inversement proportionnels à la densité calorique’’. Il n’est pas étonnant, dans ces
conditions, que la fréquence de l’obésité varie en fonction du niveau socio-économique
des familles. Ainsi, rappelle l’étude, ‘‘le surpoids touche 7 % des enfants de cadres et
professions libérales contre 25 % des enfants de chômeurs’’. »
Pour tenter d’adapter l’offre alimentaire aux objectifs de santé publique, dix-huit États
américains ont choisi de taxer les produits trop caloriques (fat tax). Pour éviter « les
problèmes d’équité et d’efficacité » posés par cette taxe, l’INSERM avance l’idée d’une
subvention des aliments à faible densité énergétique et à forte valeur diététique afin
qu’ils soient plus facilement accessibles aux ménages modestes.
. Question 1 : Quels sont les déterminants de l’obésité qui apparaissent dans cet article ?
. Question 2 : En quoi le niveau socio-économique est-il un déterminant de l’obésité ?
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RÉPONSE 1
Cet article parle d’une progression de l’obésité multifactorielle, liée à des déterminants
environnementaux et psychologiques : les changements de mode de vie sont d’ordre
socio-culturel et liés à l’évolution de la société. Ainsi, on peut imaginer que le temps
consacré à la préparation des repas diminue, que les repas commercialisés « tout prêts »
font que l’alimentation peut être déséquilibrée (trop riche en graisses et en sel). Le
repas est de moins en moins l’occasion de partager un moment convivial, en famille ;
et les enfants s’habituent au grignotage entre les repas. La sédentarité est plutôt
d’ordre comportemental, mais peut être induite aussi par l’environnement (les dépla-
cements motorisés sont plus fréquents que la marche ou la pratique du vélo car ce type
de transport est devenu plus accessible).
Le principal déterminant évoqué est socio-économique : les familles les moins aisées
consomment plus d’aliments gras ou sucrés. On retrouve donc une proportion plus
importante d’enfants obèses parmi elles que dans les milieux plus riches.
RÉPONSE 2
Le niveau socio-économique est notamment lié au revenu (dont les salaires) et à la
catégorie socio-professionnelle, donc indirectement au niveau d’études des parents.
Cela conduit à identifier le niveau d’éducation comme facteur protecteur contre l’obé-
sité.
D’une part, les aliments gras sont préférés car ils sont moins chers ; d’autre part, un
niveau d’éducation plus faible renforce ce comportement alimentaire par une mécon-
naissance des risques. Enfin, le mode de vie fait que la consommation de ce type d’ali-
ments peut être un palliatif à divers problèmes (chômage, précarité, manque de
loisirs...) comme le sont d’autres comportements (consommation de tabac et d’alcool
par exemple).
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3
Prévention
et promotion
de la santé
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PRÉVENTION
ET
PROMOTION
Le concept
de prévention 1
Présentation
La définition de l’OMS
La prévention est l’ensemble des actions qui tendent à promouvoir la
santé individuelle et collective pour :
. assurer l’intégrité physique et mentale et développer les capacités
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PRÉVENTION
ET
PROMOTION
Commentaires
Cette définition d’ordre général (c’est une définition de l’OMS !) est inté-
ressante pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, il apparaît que la prévention s’adresse à un individu comme
à une collectivité. Ainsi, une pratique de prévention peut tout à fait s’ima-
giner au sein d’un rapport singulier entre un professionnel de santé et
un patient, tout comme une démarche préventive peut s’adresser à un
groupe, voire à une nation.
Ensuite, le concept de prévention tend à atteindre principalement deux
objectifs :
. d’une part, faire en sorte que tous les besoins de la personne soient satis-
Le concept de prévention
1
la promotion des modes de vie respectant un certain équilibre (hygiène de
vie), par l’intégration de la dimension santé dans les programmes touchant
à l’environnement, aux conditions de travail... Le concept de promotion de
la santé s’applique bien à cette notion de prévention globale et intègre la
responsabilisation de chaque individu.
La prévention, en France, tend à gagner du terrain car elle constitue
actuellement un enjeu majeur pour le système de santé (d’après le Haut
Conseil de la santé publique). Son action doit viser prioritairement la
réduction de la mortalité prématurée (décès des personnes de moins de
65 ans) et, vis-à-vis des contraintes économiques de plus en plus fortes, la
réduction des coûts du système de santé.
La prévention est garante d’un certain lien social car la reconnaissance
d’un groupe à risque permet à ce dernier d’accéder à un statut social.
Enfin, la prévention est un facteur d’intégration par la responsabilisation
de chacun au regard de ses droits et devoirs au sein de la société.
Illustration
La médecine du travail
Le service de médecine du travail a été mis en place en France en 1946.
Il a deux fonctions essentielles :
. le contrôle médical des salariés (visites destinées à vérifier l’aptitude
PRÉVENTION
ET
PROMOTION
Le concept de prévention
1
nomie, de l’hygiène, de la sécurité et de l’épidémiologie. Outre la prise
en charge des urgences, l’infirmier est responsable du matériel mis à sa
disposition et de l’utilisation des médicaments. Il tient à jour le registre de
l’infirmerie, les dossiers médicaux, les fiches de renseignement, les attes-
tations de vaccination, les autorisations de traitement et d’intervention
chirurgicale... Il enregistre les accidents du travail. Son travail s’effectue
en lien avec les autres membres de la communauté éducative, les méde-
cins de famille, les services de protection maternelle et infantile, les
parents, les élus locaux... L’enseignement supérieur a un service de méde-
cine dédié : le service de médecine préventive de l’enseignement supé-
rieur.
Les dépistages
Le dépistage a pour but d’identifier des personnes nécessitant une prise en
charge spécifique.
Il comprend :
. les dépistages systématiques (examens et bilans de santé réglemen-
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PRÉVENTION
ET
PROMOTION
Le concept
de promotion 2
de la santé
Présentation
Le concept de promotion de la santé a été défini par l’OMS lors de la
Conférence internationale pour la promotion de la santé réunie à
Ottawa le 21 novembre 1986.
La promotion de la santé est le processus qui confère aux populations
les moyens de mieux contrôler et d’améliorer leur propre santé.
Commentaires
La promotion de la santé relève d’un concept définissant la « santé »
comme la mesure dans laquelle un groupe ou un individu peut, d’une
part, réaliser ses ambitions et satisfaire ses besoins et, d’autre part,
évoluer avec le milieu ou s’y adapter. La santé est donc perçue
comme une ressource de la vie quotidienne, et non comme le but
de la vie – cela rejoint le concept élargi de la santé (voir partie 1).
La Déclaration d’Alma Ata a, ainsi que d’autres textes, servi de base
pour l’élaboration de la Charte d’Ottawa pour la promotion de la santé.
Ainsi, la promotion de la santé reprend l’idée de la Déclaration d’Alma
Ata selon laquelle il faut réduire les écarts caractérisant l’état de santé.
Elle prône donc l’égalité en matière de santé. L’intervention de tous
les secteurs connexes pouvant permettre une amélioration de l’état de
santé est exigée.
La nouveauté essentielle apportée par la Charte d’Ottawa est la recon-
naissance de conditions fondamentales préalables et nécessaires pour
être en bonne santé.
Ces conditions sont au nombre de neuf et peuvent être qualifiées de
« prérequis pour la santé » :
. la paix ;
. un abri ;
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PRÉVENTION
ET
PROMOTION
. l’éducation ;
. la nourriture ;
. un revenu ;
. un écosystème stable ;
. la justice sociale ;
. l’équité.
PRÉVENTION
ET
PROMOTION
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PRÉVENTION
ET
PROMOTION
L’éducation
pour la santé 3
Présentation
L’École de santé publique de Nancy propose une définition assez large
de la notion d’éducation pour la santé : « L’éducation à la santé est une
composante de l’éducation en général. Elle vise plus particulièrement
à rendre les personnes et les groupes aptes à adopter les modes de vie
les plus favorables possibles à leur santé et à celle des autres. Elle
s’adresse à chaque personne et à chaque groupe, pour lui permettre
d’accroître sa liberté de choix de mode de vie et de maîtrise de son
environnement dans un sens favorable à sa santé et à celle de son
entourage. Elle s’adresse aussi à tous ceux qui ont une responsabilité
– technique, administrative, politique – sur le mode de vie et l’envi-
ronnement de leurs concitoyens, afin d’éclairer leurs décisions pour
qu’elles soient compatibles avec la meilleure santé possible. L’éduca-
tion à la santé est l’un des moyens d’intervention de la promotion de la
santé, et d’une façon générale, de la santé publique. »
Commentaires
Cette définition complète mérite quelques explications, en particulier
des passages essentiels que nous avons soulignés.
. L’éducation pour la santé (EPS), appelée aussi « information-éduca-
tion-communication » (IEC) s’adresse tout aussi bien à une personne
(relation individuelle) qu’à un groupe (communauté).
. Elle sert à donner une aptitude à faire quelque chose (en l’occur-
rence à adopter les modes de vie favorables à la santé) ; le but
est donc de permettre à « l’éduqué » d’être capable de (d’adopter
les modes de vie favorables à la santé), et ainsi de développer une
compétence.
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PRÉVENTION
ET
PROMOTION
des décisions qui auront une répercussion sur la santé des personnes, afin
que les décideurs agissent aussi en connaissance de cause.
. Elle est l’un des moyens d’intervention en santé publique et contribue à
la promotion de la santé.
Traditionnellement, l’éducation pour la santé fonctionne en délivrant un
certain nombre de messages dont le but est la modification de comporte-
ment de la part des destinataires de ces messages. Cette façon de procéder
a permis nombre de succès dans l’amélioration de la santé des personnes,
et notamment dans la lutte contre les maladies transmissibles. Ces mes-
sages sont encore parfois délivrés au moyen de larges campagnes s’ap-
puyant sur les médias. On l’appelle « l’information de masse ». C’est ce
que fait l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé
(INPES).
Cependant, cette démarche présente un certain nombre de défauts.
. On a longtemps pensé que la simple information des personnes suffirait à
leur faire adopter des comportements favorables à la santé, ce qui n’est pas
le cas.
. Les professionnels de santé ont pensé bien faire en transmettant un
grent qualité technique et qualité des relations avec le malade. [...] Ils
ont pour objet [...] de protéger, maintenir, restaurer et promouvoir la
santé physique et mentale des personnes ou l’autonomie de leurs fonc-
tions vitales physiques et psychiques »...
Ainsi, les dimensions du soin infirmier sont de différente nature.
PRÉVENTION
ET
PROMOTION
et de continuité de la vie.
. La dimension de réhabilitation : elle vise à créer des outils de sup-
quant aux attitudes culturelles et sociales d’un groupe, voire des indices
sur des facteurs spécifiques en lien avec le ou les comportements cibles.
L’étude d’ouvrages permet aussi d’appréhender la capacité d’un facteur à
induire un changement. Le comportement de cette population doit être
mis en relation avec ses motivations à agir qui peuvent reposer sur des
opinions ou des croyances particulières. Ces dernières, même erronées,
sont particulièrement difficiles à modifier car elles reposent sur une ou
plusieurs valeurs. Le repérage d’une attitude (ensemble d’opinions)
permet aussi d’expliquer l’adoption d’un certain comportement ;
. une connaissance de la population cible grâce à un recueil de données
PRÉVENTION
ET
PROMOTION
vation est nécessaire afin d’orienter la démarche (c’était déjà le cas pour
effectuer un diagnostic de santé).
Ce travail de préenquête aura pour but de justifier l’action de santé
publique en démontrant la prééminence des comportements suspectés
(conduites à risque par exemple), ce qui justifie l’action, et d’identifier
les trois catégories de facteurs. Il est capital de recenser les besoins de la
population en rapport avec les problèmes diagnostiqués, les réponses exis-
tantes et les éventuelles demandes d’intervention.
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PRÉVENTION
ET
PROMOTION
Actualité :
l’organisation de la 4
prévention en France
PRÉVENTION
ET
PROMOTION
. les vaccinations ;
. l’hygiène bucco-dentaire ;
1 Source : www.ameli.fr.
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PRÉVENTION
ET
PROMOTION
QUESTION D’INTÉGRATION :
repérer les niveaux
de prévention
Classez les thématiques suivantes selon leur niveau de prévention, primaire, secondaire
ou tertiaire :
. l’hygiène de l’eau ;
. les vaccinations ;
. la sérothérapie ;
. la surveillance des enfants dont les parents ont une maladie à caractère héréditaire :
. le test tuberculinique.
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LA PRÉVENTION PRIMAIRE
. L’hygiène de l’eau : boire une eau saine permet de prévenir l’apparition de nom-
breuses maladies dites hydriques si l’hygiène de l’eau est couplée à des mesures
d’assainissement (élimination des déchets...).
. Les vaccinations : action emblématique de prévention primaire.
. La distribution d’eau potable : une formule de l’OMS dit que « la bonne qualité de l’eau
de boisson fait davantage pour la santé publique que n’importe quel vaccin ou médi-
cament ».
. Le dépistage de la rubéole et de la toxoplasmose : la rubéole est une maladie virale se
traduisant par une fièvre éruptive et dont les seules complications graves sont les
malformations congénitales qui peuvent atteindre le fœtus lors d’une infection de la
mère au cours du premier trimestre de la grossesse ; la toxoplasmose est une maladie
parasitaire qui peut également se révéler dangereuse lorsqu’elle atteint le fœtus par la
transmission d’une infection cliniquement inapparente chez la mère ; la pratique du
dépistage de ces maladies relève donc bien de la prévention primaire et non secondaire
car elle doit permettre d’éviter l’apparition de malformations congénitales.
LA PRÉVENTION SECONDAIRE
. La sérothérapie : il s’agit d’une utilisation thérapeutique de sérum de sujets ou
d’animaux immunisés contre une maladie infectieuse ; par exemple, la sérothérapie
antitétanique effectuée de manière précoce peut permettre, en cas de contact avec
le bacille tétanique, de réduire la durée et la gravité de la maladie (le tétanos représente
encore un fléau dans certains pays en développement) – en revanche, la vaccination
antitétanique est une mesure de prévention primaire car elle permet d’éviter l’appari-
tion de la maladie.
. La surveillance des enfants dont les parents ont une maladie à caractère héréditaire :
LA PRÉVENTION TERTIAIRE
. L’installation de rampes d’accès pour les personnes handicapées : cette mesure
permet aux personnes handicapées de mener une vie plus normale au sein de la
société et doit donc permettre de réduire le handicap.
. La prévention des attitudes vicieuses chez une personne hospitalisée : cette mesure
permet de réduire la survenue de séquelles telles les rétractions qui constituent des
invalidités fonctionnelles.
1 La tuberculose est une maladie infectieuse et contagieuse due au bacille de Koch, qui se traduit par des
lésions anatomiques appelées « nodules tuberculeux » et dont les formes cliniques peuvent être diverses,
la plus connue étant la tuberculose pulmonaire.
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La santé
en France
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LA SANTÉ
EN FRANCE
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LA SANTÉ
EN FRANCE
Le système de santé
français 1
Présentation
Le système de santé est l’ensemble des moyens et activités dont la
fonction est la production de la santé. 1
M. G. Field, professeur émérite (université de Boston) précise qu’un
système de santé est l’ensemble des efforts, des engagements, des
ressources humaines et matérielles que toute société engage pour
lutter contre la morbidité et la mortalité prématurée.
Un système de santé peut être caractérisé par trois groupes d’élé-
ments :
. les usagers ;
. les responsables.
Historique et organisation
Le système de santé français essaye de concilier deux logiques contra-
dictoires : la première, libérale, est fondée sur la liberté d’accès aux
soins, alors que la seconde, sociale, est fondée sur l’égalité d’accès.
Il est placé sous la tutelle de l’État et associe un secteur public majo-
ritaire dans l’offre de soins et un secteur privé, moins développé.
Ce système de santé, dont la clé de voûte est la Sécurité sociale, créée
en 1945, tient à la fois du système beveridgien (ou système national de
santé) et du système bismarckien où les droits sociaux sont liés à
l’exercice d’une profession.
Au départ, le fondateur de la Sécurité sociale, Pierre Laroque, avait
souhaité réaliser un régime unique d’assurance-maladie ayant voca-
LA SANTÉ
EN FRANCE
tion à couvrir tous les Français et les résidents, donc un système s’appa-
rentant au système britannique bévéridgien 1. Cependant, il dut faire face
à une levée de boucliers de la part de corporations déjà couvertes par les
régimes – dits aujourd’hui spéciaux – et créés dans les années 1930
(exemple du régime des fonctionnaires).
C’est pourquoi le modèle d’assurance-maladie créé en 1945 s’est davantage
rapproché du modèle bismarckien. 2
Le système de santé français est en définitive un système mixte à prédo-
minance bismarckienne.
L’actualité récente montre toutefois une certaine orientation de ce
système vers l’universalisme, avec par exemple :
. la création de la contribution sociale généralisée (CSG) en 1990, impôt
. Cette couverture est financée par les assurés en proportion de leur capa-
cité contributive, mais chacun d’eux doit pouvoir accéder aux soins en
fonction de ses besoins.
. L’État doit réguler et contrôler la gestion pour garantir un bon rapport
efficacité/coût.
Le système de santé se décompose en plusieurs éléments comme le
système de soins (soins ambulatoires, hospitaliers...) ou la protection
sociale.
Or, le système de santé ne peut fonctionner isolément. Il interagit sans
cesse avec d’autres organisations, notamment le système politique qui se
décline selon plusieurs échelons (central, déconcentré et décentralisé)
(voir tableau 6).
. L’échelon central correspond au niveau législatif au Parlement composé
1 Lord Beveridge publia en 1942 un rapport caractérisant un modèle de couverture sociale unique, avec un
traitement égal pour tous, un financement par l’impôt et un contrôle par le Parlement. Ainsi naquit le
British National Health Service en 1944.
2 Ce modèle tire son origine d’Allemagne. Bismarck, à la fin du XIXe siècle, créa un système d’assurances
professionnelles géré par des caisses, financé par des cotisations liées aux salaires, offrant des prestations
sociales proportionnelles et dirigé par les partenaires sociaux.
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LA SANTÉ
EN FRANCE
1 Avec la parution de la loi HPST, on parle désormais de conférences régionales de la santé et de l’auto-
nomie (CRSA).
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LA SANTÉ
EN FRANCE
LA SANTÉ
EN FRANCE
Cette dernière est prononcée par le préfet. Les orientations des unités dont
certaines sont intersectorielles peuvent être spécifiques : psychogériatrie
(par exemple, le département intersectoriel de psychogériatrie – DIP),
toxicomanie, déficiences mentales...
D L’hôpital de nuit
Il organise une prise en charge thérapeutique de fin de journée, une sur-
veillance médicale de nuit et le cas échéant, de fin de semaine du fait de la
recrudescence de phénomènes anxieux la nuit chez certains malades.
LA SANTÉ
EN FRANCE
. actions santé-justice ;
nombre de professionnels ;
. le développement de programmes spécifiques en faveur de populations
Commentaires
Le système de santé français apparaît donc comme étant une entité com-
plexe qui interagit avec les autres secteurs de la société, comme l’éduca-
tion, le travail ou les transports.
Actuellement, l’orientation du système de santé tend à être plus univer-
selle grâce à une prise en compte accrue du secteur social aux côtés du
1 D’après la « Lettre de la mission nationale d’appui en santé mentale », Pluriels, no 78, avril 2009.
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LA SANTÉ
EN FRANCE
1 D’après Brignon J., « La sécurité sanitaire », L’Infirmière magazine, no 202, 2005, p. 34-38.
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toute menace pour la santé publique, d’en alerter les pouvoirs publics et
d’effectuer des recherches sur les risques sanitaires.
. L’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS)
1 L’AFSSA et l’AFSSET ont fusionné en une seule entité dénommée ANSES (Agence nationale de sécurité
sanitaire) le 1er juillet 2010.
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LA SANTÉ
EN FRANCE
sur l’AFSSE (2001), est chargé d’une mission de veille en matière de radio-
protection.
. L’Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé (ANAES),
1 L’AFSSA et l’AFSSET ont fusionné en une seule entité dénommée ANSES (Agence nationale de sécurité
sanitaire) le 1er juillet 2010.
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LA SANTÉ
EN FRANCE
Établissements,
filières, réseaux 2
et professionnels
Présentation et commentaires
Établissements et filières
Avant la parution de la loi HPST, la médecine de ville dépendait du
secteur sanitaire de l’assurance-maladie avec l’Union nationale des
caisses d’assurance-maladie (UNCAM) comme structure de pilotage
et les unions régionales des caisses d’assurance-maladie (URCAM)
au niveau des régions.
La création des ARS dans le cadre de la loi HPST a pour ambition de
confier à leur directeur général la gestion régionale des secteurs sani-
taire et médico-social, mais aussi de la médecine de ville. Les URCAM
ont été intégrées totalement au sein des ARS.
L’UNCAM a pour mission de conclure les conventions nationales qui
lient les CPAM avec les praticiens et auxiliaires médicaux. L’UNCAM,
créée par la loi du 13 août 2004 relative à l’assurance-maladie, définit
le contenu du « panier de soins » ainsi que le taux de remboursement
et le ticket modérateur.
Les établissements de santé publics et privés dépendent du secteur
sanitaire de l’État, qui part de la Direction générale de l’offre de soins
(DGOS ; ex-DHOS) et va aux ARS. Ces dernières sont responsables de
la régulation régionale du système hospitalier (sanitaire) et médico-
social (personnes âgées et handicap) et de la médecine libérale. Les
ARS ont notamment pour mission de répartir les moyens et les acti-
vités selon les établissements publics et privés.
Les ARS concluent des contrats d’objectifs et de moyens avec les
établissements de santé.
L’hôpital, structure historiquement à vocation plutôt sociale avec
l’accueil des vieillards et indigents, a évolué vers une fonction davan-
tage sanitaire, corrélativement aux progrès de la médecine et à l’avè-
nement de la Sécurité sociale. Ainsi, la loi du 21 décembre 1941 a
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LA SANTÉ
EN FRANCE
1 Le parcours de soins coordonné a été mis en place par la loi no 2004-810 du 13 août 2004 relative à
l’assurance-maladie.
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LA SANTÉ
EN FRANCE
Réseaux et professionnels
Les réseaux
Les premiers réseaux de soins naissent au début du XXe siècle dans le cadre
de la lutte contre la tuberculose (150 000 morts par an au début du siècle).
En 1914, année marquant le début de l’ouverture des dispensaires dans
les grandes villes, se met en place une prise en charge globale de ce fléau.
Le dispensaire, structure pivot de ce dispositif dont font partie les sanato-
riums, les hôpitaux publics et les visites à domicile, est notamment chargé
de la surveillance épidémiologique.
L’avènement de la Sécurité sociale en 1945 signe la séparation des prises
en charge préventive (État et collectivités locales) et curative (assurance-
maladie).
Ainsi, la lutte contre les fléaux sociaux est avant tout l’affaire de l’État et
s’organise autour de réseaux institutionnels dont l’hôpital public occupera
une place prépondérante à la suite de la réforme hospitalière de 1970. C’est
l’ère des réseaux sanitaires spécialisés gérés à l’époque par les DDASS.
Le changement de mode de financement des hôpitaux, en 1983 (passage
du prix de journée à la dotation globale), incite la création de réseaux de
soins coordonnés, en tant qu’alternative à la maîtrise comptable qui se met
en place avec la dotation globale. Mais ces réseaux de santé expérimentaux
se heurtent à un cloisonnement trop important des professionnels de
santé (dossier médical propre) et à un mode de gestion inadapté. C’est
avec l’arrivée du sida que se développe une nouvelle forme de prise en
charge coordonnée : le réseau ville-hôpital, financé cette fois de façon
mixte par l’État et l’assurance-maladie. Mais cette dualité ne simplifie
pas l’organisation et le fonctionnement de ces réseaux qui souffrent
encore d’un manque de visibilité, d’un manque d’outils et d’une absence
de statut juridique.
Une avancée significative sera réalisée sur ce point grâce aux ordonnances
du 24 avril 1996 qui confèrent une base légale aux réseaux tout en insti-
tuant un certain nombre d’outils indispensables à leur fonctionnement
(dossier médical partagé et informatisation). Ainsi, ces ordonnances
dites Juppé instaurent un encadrement légal des réseaux, d’une part en
réglementant les réseaux de soins dits du Code de la santé publique,
d’autre part en mettant en place les filières de soins et les réseaux de
soins expérimentaux dits du Code de la Sécurité sociale (expérimentation
« Soubie »).
Cependant, cela reste encore bien compliqué, avec d’un côté les réseaux
dits du Code de la santé publique ayant vocation à faire coopérer diffé-
rentes structures sociosanitaires entre elles et avec des professionnels de
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Les professionnels
1 Loi no 202-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé.
2 Source : DREES, INSEE.
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LA SANTÉ
EN FRANCE
D’un point de vue juridique, les professions de santé regroupent les pro-
fessionnels médicaux et paramédicaux dont le droit d’exercice et les actes
sont réglementés par une disposition législative ou réglementaire, et
répertoriés sur la liste des professionnels du fichier ADELI (automatisation
des listes des professions de santé) du ministère de la Santé. Il s’agit des
médecins (200 000 au total, moitié généralistes, moitié spécialistes ;
120 000 libéraux contre 80 000 salariés), chirurgiens-dentistes (40 000),
sages-femmes (18 000), pharmaciens (70 000), infirmiers (480 000), mas-
seurs kinésithérapeutes (64 000), pédicures podologues (11 000), ergo-
thérapeutes (6 400), psychomotriciens (7 000), orthophonistes (18 000),
orthoptistes (3 000), manipulateurs en électroradiologie médicale
(27 000), audioprothésistes (2 100), opticiens lunetiers (18 000). 1
L’exercice professionnel est soit hospitalier, soit ambulatoire, ou s’effectue
au sein de communautés (santé au travail, services de promotion de la
santé en faveur des élèves...).
Le système de santé ambulatoire recouvre des réalités différentes selon
que son exercice est réalisé en cabinet libéral, en soins à domicile, en
consultations externes hospitalières, voire en hospitalisation à domicile.
L’exercice professionnel est également soit libéral, soit salarié. Les profes-
sionnels de santé libéraux exercent en cabinet, au sein de laboratoires ou
d’établissements de santé privés à but lucratif. Ces professionnels sont en
général rémunérés à l’acte.
1 Une partition des lits d’USLD les a transformés soit en lits d’EHPAD (établissement d’hébergement pour
personnes âgées dépendantes), soit en lits SMTI (soins médico-techniques importants).
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LA SANTÉ
EN FRANCE
1 Extrait du plan « Solidarité-grand âge », présenté par Philippe Bas, ministre délégué à la Sécurité sociale,
aux Personnes âgées, aux Personnes handicapées et à la Famille, juin 2006.
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LA SANTÉ
EN FRANCE
Présentation
L’évaluation fait aujourd’hui partie du vocabulaire courant en matière
de santé publique. Cette notion regroupe un ensemble d’activités qui
impliquent un jugement de valeur et/ou une mesure (sous quelque
forme que ce soit) portant généralement sur des personnes, des struc-
tures, des systèmes techniques, des actions (programmes, pratiques,
politiques...) diverses.
Selon les termes officiels, « l’évaluation d’une politique publique
a pour objet d’apprécier l’efficacité de cette politique en comparant
ses résultats aux objectifs assignés et aux moyens mis en œuvre »
(décret no 98-1048 du 18 novembre 1998 relatif à l’évaluation des
politiques publiques).
Si la définition telle qu’elle est proposée ici semble relativement
claire, elle pose cependant de nombreux problèmes lorsqu’il s’agit
de passer à la pratique. En effet, les questions des objectifs d’une poli-
tique de santé, des résultats attendus et des outils de mesure fait régu-
lièrement débat ; et il existe de multiples autres définitions possibles
de l’évaluation. Par exemple, Viveret (1989) propose une vision nor-
mative de l’évaluation en affirmant qu’« évaluer une politique, c’est
fournir un jugement sur sa valeur ». Pour leur part, Freeman et
Rossi (1993) se focalisent sur une dimension instrumentale et utili-
taire de l’évaluation. Ces auteurs précisent ainsi que l’évaluation doit
se préoccuper de « l’utilité, de la mise en œuvre, de l’efficacité et de
l’efficience des mesures qui ont pour but d’améliorer le sort des
membres de la société ».
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LA SANTÉ
EN FRANCE
en œuvre de la politique publique. Quels sont les liens entre les différentes
composantes du programme mis en œuvre ? Les différents objectifs
énoncés sont-ils cohérents entre eux ? Les moyens (juridiques, humains
et financiers...) mis en place sont-ils adaptés aux objectifs ?
. L’atteinte des objectifs : les évolutions constatées de la réalité sociale
objectifs ?
. L’efficience : il s’agit cette fois d’analyser les relations entre les ressources
1 Voir le Petit Guide de l’évaluation des politiques publiques du Conseil scientifique de l’évaluation, La Docu-
mentation française, Paris, 1996.
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à rendre des comptes aux citoyens et usagers sur la manière dont une
politique a été mise en œuvre et sur les résultats obtenus. On entre ici
dans une dimension civique ou démocratique et citoyenne.
. Une finalité d’apprentissage et de mobilisation : l’évaluation permet la for-
mation et la motivation des agents publics. Elle assure une certaine forme
de cohésion interne en permettant aux agents de mieux saisir les processus
internes et leur bien-fondé et, partant, de s’approprier les objectifs.
L’importance des enjeux liés à l’évaluation a amené les pouvoirs publics
à créer de toutes pièces, et dès 1989, une structure dédiée à la mise en
place et à l’organisation de pratiques évaluatives. Cette structure a connu
de multiples évolutions et réorientations au cours de son existence, réo-
rientations qui se reflètent en particulier dans les très fréquents change-
ments de dénomination qu’elle a subie. En effet, c’est en 1989 qu’est créée
l’Agence nationale de développement et d’évaluation médicale (ANDEM).
Cette dernière devient, en 1996, l’Agence nationale d’accréditation et
d’évaluation en santé (ANAES). À partir de 2005, l’ANAES devient elle-
même la Haute Autorité de santé (HAS) dont les missions sont clairement
définies dans le décret du 26 octobre 2004.
. la détermination des règles de bonne pratique devant être respectées par les sites
LA SANTÉ
EN FRANCE
Notons que les RBP issues de l’évaluation des pratiques médicales relèvent
de conventions à un moment donné. Autrement dit, les RBP ne sont en
aucun cas figées. Elles ont un caractère évolutif (durée de vie moyenne
estimée à cinq années) et nécessitent d’être revisitées et rediscutées régu-
lièrement (en fonction de l’évolution de l’environnement et des diverses
pratiques existantes).
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de santé.
LA SANTÉ
EN FRANCE
Dimensions cliniques
. Comment la technologie fonctionne-t-elle ?
. Quel est le statut de la technologie (expérimentale, innovatrice, acceptée,
désuète) ?
. Quelle est son efficacité ? Qu’est ce qui limite son efficacité ?
des patients ?
Dimensions économiques
. Quelles sont les composantes de coûts (fixes, variables, privés, directs, indirects) ?
. Combien en coûterait-il pour offrir la technologie à la population (nombre de
patients, durée, fréquence) ?
. Comment le rapport coût-efficacité se compare-t-il à d’autres technologies ?
cation) ?
Dimensions organisationnelles
. Quel est l’impact sur le fonctionnement de l’établissement ?
. Comment la technologie modifie-t-elle la division du travail, les processus orga-
nisationnels et les relations inter-organisationnelles ?
. Quels sont les aspects positifs et négatifs de cette modification ? Du point de vue
. Quelle est la durée de vie attendue de cette technologie ? Quelles sont les impli-
une responsabilité ?
. Comment la technologie est-elle susceptible de transformer les rapports sociaux
. De quelle manière ses impacts devraient-il être discutés avec les groupes
concernés ?
Dimensions éthiques
. Quelles normes et valeurs la technologie reflète-t-elle ?
. Sur le plan des valeurs, quels sont les aspects négatifs/positifs de la technologie ?
. Quels dilemmes sont associés aux résultats et aux conséquences de la techno-
. Y a-t-il des aspects juridiques qui sont impliqués dans ces dilemmes ?
anticiper ?
. Quels mécanismes pourraient être utilisés pour consolider une utilisation éthique
de la technologie ?
L’évaluation de la prévention
Dans la troisième partie de cet ouvrage, nous avons montré que la préven-
tion, qu’elle soit primaire ou secondaire, était une préoccupation majeure
des intervenants en santé publique. De ce fait, elle n’échappe pas à la
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LA SANTÉ
EN FRANCE
1 Le lecteur pourra cependant avoir un aperçu de la complexité de la question du résultat dans les com-
mentaires proposés un peu plus loin.
2 Réduction de la pression sanguine mesurée en mm/Hg ou nombre d’années supplémentaires de vie.
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LA SANTÉ
EN FRANCE
Commentaires : au-delà
des pratiques traditionnelles
– vers une logique d’évaluation
multicritères de la performance
hospitalière
La logique évaluative en matière de santé s’est largement diffusée dans
la société depuis les années 1990. Dans un certain nombre de domaines,
elle est même devenue un produit journalistique à succès. En témoignent
par exemple la multiplication des palmarès hospitaliers. Si ces multiples
palmarès prétendent favoriser la transparence et informer les publics
sur la boîte noire qu’est encore par de multiples aspects l’hôpital, il n’en
demeure pas moins que, à l’instar de nombre de pratiques évaluatives, ces
démarches s’appuient sur une conception restrictive tant de l’hôpital que
de la pratique d’évaluation. Autrement dit, on ne peut évaluer l’hôpital
en l’absence d’une vision (de la performance) partagée par l’ensemble
des acteurs concernés.
L’hôpital présente de multiples spécificités qui font que les pratiques de
classement, et plus généralement d’évaluation ne peuvent pas s’appuyer
sur des critères simples. En effet, du fait de ces spécificités, on se trouve
confronté, dans le cas de l’hôpital, à une situation où, face à la multiplicité
des stakeholders (parties prenantes), il n’y a pas d’accord des protagonistes
sur les objectifs, les résultats et les moyens (contrairement à ce que l’on
suppose sur un marché standard de « produits » aux caractéristiques objec-
tives et connues de tous). Il est donc nécessaire de mettre en place des
processus politiques de justification ou de jugement des contributions res-
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Produits et
résultats directs
de l’activité,
performances
correspondantes
Produits et
résultats
indirects,
performances
associées
1 Les colonnes 2 et 3 renvoient à l’essentiel de ce qui est pris en compte dans les palmarès.
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EN FRANCE
1 Pouvourville (1998, p. 101) note en ce sens : « Le niveau requis pour assurer des soins en toute sécurité
impliquerait un niveau de frais fixes tel que l’activité d’un hôpital de proximité ne saurait raisonnable-
ment l’amortir. »
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Ils font référence au monde des relations sociales fondé sur un souci de
l’égalité de traitement, de l’équité et de la justice. Il s’agit donc des nom-
breuses « quasi-prestations sociales » assurées par l’hôpital, qui sont ainsi
fournies par les agents aux usagers en difficulté cognitive, économique et
sociale 1. Ces différentes prestations peuvent être envisagées comme des
opérations de « réparation » de difficultés liées aux handicaps cognitifs, à
l’isolement spatial et affectif, aux conditions économiques et sociales. Elles
s’inscrivent dans des missions plus générales de contribution à la solidarité
nationale ou locale à l’égard des plus démunis ainsi que dans la mission de
contribution à l’aménagement du territoire et au développement local. Sur
ce dernier point, on ne peut pas nier que les équipements collectifs
comme l’hôpital ont bien un effet structurant sur la vie d’une commu-
1 C’est par exemple le cas de certains patients que l’on garde plus longtemps à l’hôpital pour des considé-
rations sociales ou humanitaires.
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LA SANTÉ
EN FRANCE
Illustration : l’évaluation
des réseaux gérontologiques
Les pratiques évaluatives sont devenues extrêmement courantes en santé.
Dans ce qui suit, nous proposons une illustration qui concerne l’évaluation
des réseaux gérontologiques. L’essentiel des éléments que nous avançons
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LA SANTÉ
EN FRANCE
ici est issu d’un cahier des charges pour une évaluation de deux réseaux de
santé proposé par la Mission régionale de santé de la région Champagne-
Ardennes : Cadre général de la consultation : évaluation des réseaux de santé
« personnes âgées » 1.
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LA SANTÉ
EN FRANCE
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EN FRANCE
ments de santé ;
. l’ordonnance du 1er septembre 2005 portant diverses dispositions rela-
cation à l’activité) ;
. une plus grande autonomie de gestion (c’est la nouvelle gouvernance) ;
LA SANTÉ
EN FRANCE
2 milliards ;
. « effet levier » : 3 milliards – il s’agit de la part qui doit être financée par
personnel, télémédecine...) ;
. accompagner les recompositions hospitalières (filières de prise
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ÉLÉMENTS DE RÉPONSE
RÉPONSE 1
La loi du 31 décembre 1970 portant réforme hospitalière définit les bases d’un grand
service public hospitalier, assuré non seulement par les établissements d’hospitali-
sation publics, mais aussi par les établissements de soins privés, à but lucratif ou
non, ayant manifesté l’intention d’assurer une ou plusieurs des missions de service
public que sont les soins, l’enseignement, la recherche et la prévention.
La loi du 31 juillet 1991 portant réforme hospitalière consacre le statut d’Établissement
public de santé (EPS), complétée par la loi HPST.
Ainsi, le secteur public se compose des EPS, le secteur privé regroupe les établissements
privés lucratifs et d’intérêt collectif (ESPIC).
Les EPS sont les centres hospitaliers (communaux et intercommunaux, départementaux
et interdépartementaux, nationaux), la dénomination « hôpitaux locaux » ayant été
supprimée par la loi HPST. Les centres hospitaliers à vocation régionale sont dits
centres hospitaliers régionaux. Les CHU (centres hospitaliers universitaires) correspon-
dent à des CHR ayant passé une convention avec une université comportant une ou
plusieurs unités de formation et de recherche médicales, pharmaceutiques ou odonto-
logiques.
RÉPONSE 2
La création des ARS dans le cadre de la loi HPST a pour ambition de confier au directeur
général de l’ARS la gestion régionale des secteurs sanitaire et médico-social, mais aussi
de la médecine de ville. Les URCAM ont été intégrées totalement au sein des ARS.
L’assurance-maladie (UNCAM) a pour mission de conclure les conventions nationales
qui lient les CPAM (caisses primaires d’assurance-maladie) avec les praticiens et auxi-
liaires médicaux. L’UNCAM, créée par la loi du 13 août 2004 relative à l’assurance-
maladie, définit le contenu du « panier de soins » ainsi que le taux de remboursement
et le ticket modérateur.
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RÉPONSE 3
Ces agences se regroupent autour du concept de sécurité sanitaire. Il s’agit des
établissements publics de l’État suivants :
. l’InVS (Institut de veille sanitaire) qui est notamment chargé de détecter toute menace
pour la santé publique et d’en alerter les pouvoirs publics, et d’effectuer des recherches
sur les risques sanitaires ;
. l’AFSSaPS (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé), qui assure
fusion sanguine. Son travail se fait en collaboration avec l’AFSSaPS qui gère par
exemple l’hémovigilance ;
. l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire), créé par la loi sur l’AFSSE
RÉPONSE 4
L’ONDAM (objectif national des dépenses d’assurance-maladie) a été créé en 1996.
Il est déterminé par la LFSS (loi de financement de la Sécurité sociale). Cette dernière
répartit l’ONDAM entre les grandes catégories de dépenses : structures de santé, soins
de ville, secteur médico-social et réseaux de soins.
L’ONDAM a pour ambition de limiter l’accroissement des dépenses de l’assurance-
maladie.
Depuis 2004, cette enveloppe globale est pluriannuelle. Il s’agit d’une maı̂trise
comptable des dépenses, par opposition à une maı̂trise médicalisée.
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Protection
sociale
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PROTECTION
SOCIALE
Protection sociale
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PROTECTION
SOCIALE
Une mise en
perspective historique 1
Présentation
On peut globalement distinguer quatre grandes étapes ou périodes
principales dans la mise en place du système français de protection
sociale.
. La première période couvre le XIXe siècle et le début du XXe jusqu’aux
PROTECTION
SOCIALE
1 Malgré une première alerte au milieu des années 1960 (événements de mai 1968).
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PROTECTION
SOCIALE
été instaurée par la loi de finance de 1991. Cette nouvelle forme de finan-
1 Notons qu’avant même le plan Juppé des réformes moins médiatisées avaient été menées : assurance-
chômage en 1992, retraites du secteur privé en 1993.
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1 Par ailleurs, une contribution (0,5 %) pour le remboursement de la dette sociale (CRDS) a été mise en
place en 1996.
2 En réalité, cette maîtrise serait beaucoup plus comptable que médicalisée.
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PROTECTION
SOCIALE
Commentaires
Sur les vingt dernières années, le système français de protection sociale a
connu de multiples transformations et mutations. Cependant, les réformes
introduites ne correspondent pas à un projet révolutionnaire mais bien à
une série de changements par défaut. Elles sont par ailleurs différentes de
celles qui ont prévalu jusque-là, et touchent tout à la fois les prestations
servies par le système, sa structure de financement et plus généralement
son mode de gouvernance (Parienty, 2005).
PROTECTION
SOCIALE
1 Auxquels il faut ajouter la prise en charge par l’État des exonérations de cotisations employeurs à partir
de 1994 ainsi que la prise en charge de dispositifs comme le RMI financé également par l’État.
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PROTECTION
SOCIALE
PROTECTION
SOCIALE
Le système français
de protection sociale
et la couverture
des grands risques
2
Présentation
Le système français de protection sociale se caractérise par une
extrême complexité, liée en particulier à l’accumulation de lois et
règlements qui s’ajoutent les uns aux autres pour former un vaste
patchwork. Malgré la volonté initiale des fondateurs de bâtir un
système unique, il existe encore en France quatre grands régimes
de Sécurité sociale (voir tableau 11) : le régime général, les régimes spé-
ciaux, le régime agricole et le régime autonome des professions non
salariées non agricoles (travailleurs indépendants essentiellement).
PROTECTION
SOCIALE
Commentaires
Le système français de protection sociale peut être décomposé selon les
grands risques dont il contribue à assurer la prise en charge : le risque
vieillesse, le risque santé, le risque famille, le risque chômage, qui consti-
tuent les quatre grands risques traditionnels auxquels il convient d’ajouter
le risque logement et le risque pauvreté-exclusion.
Depuis les années 1960, la structure des prestations par risque a évolué de
manière très significative (voir figure 7). Cette évolution traduit à la fois
des échelles de priorité différentes, mais également et surtout l’incidence
d’un certain nombre de phénomènes socio-économiques (vieillissement
démographique, intensification du sous-emploi...), et de leurs corollaires,
comme l’émergence de nouveaux risques.
Aujourd’hui, les risques vieillesse et santé représentent plus des trois
quarts des dépenses totales. Ils se caractérisent par une croissance régu-
lière et contribuent par ailleurs à l’essentiel de la croissance de l’ensemble
des prestations (plus de 80 % en moyenne).
2009
20
15
10
5
0
Santé Vieillesse- Maternité- Emploi Pauvreté-
survie famille- exclusion
logement
des conseils généraux, elles visent entre autres à atténuer les difficultés de
la vie courante ou parfois professionnelle 1 ;
. des prestations d’action sociale liées à la vieillesse – financées à près de
PROTECTION
SOCIALE
Le risque santé
L’assurance-santé a été introduite en 1930 puis redéfinie en 1945. Elle
compte aujourd’hui pour près d’un tiers des prestations et se place au
deuxième rang des postes de dépenses. En 2009, le risque santé représen-
tait en effet un total de 201,3 milliards d’euros.
En dépit d’un certain ralentissement depuis les années 1970, le taux de
croissance des dépenses de santé reste supérieur à celui du PIB. Ainsi, la
France se situe encore au premier rang des pays européens pour ce type
de dépenses. Le risque santé représente aujourd’hui environ 11 % du PIB
(contre 7,6 % une vingtaine d’années plus tôt). Sur cette base, la France se
situe au deuxième rang des pays de l’OCDE sans pour autant que cela ait
eu des effets probants sur les indicateurs socio-économiques nationaux 2 .
En vertu du principe de la demande induite (nous y reviendrons dans la
partie suivante), la politique de régulation des dépenses de santé a long-
temps visé l’offre. Il s’agissait alors, d’une part, de rationner les capacités
Le risque famille
Le risque famille, avec en 2009 des dépenses ou prestations de l’ordre de
53 milliards, compte pour 9 % de l’ensemble des prestations.
On peut constater que le volume des dépenses de la branche famille (qui
reste la plus unifiée des branches de la Sécurité sociale) a tendance
à stagner sur la période récente. Plus encore, elle a connu une érosion
tendancielle de son poids dans les prestations totales au cours des 40 der-
nières années.
Cette baisse tendancielle est imputable en partie à la baisse de la natalité,
mais également à un certain renversement de l’échelle des priorités. En
effet, entre 1945 et 1970, la politique familiale s’inscrit dans une logique
nataliste et vise une redistribution horizontale en direction des familles
ayant un enfant. Dans les années 1970-1980, on assiste à une réorientation
vers une politique de revenus et donc vers une redistribution verticale.
C’est durant cette période (en 1978) que les allocations sont généralisées
(et deviennent véritablement universelles) et les prestations accordées
sans condition d’activité ou de nationalité à toute personne résidant en
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PROTECTION
SOCIALE
Le risque logement
Les aides au logement comptent pour un peu moins de 16 milliards
d’euros, soit 2,7 % des dépenses de prestations sociales. Elles représentent
plus d’un quart des prestations versées par les caisses d’allocations fami-
liales (CAF) bien qu’elles n’aient pas le statut de prestations familiales.
L’objectif général des prestations ou allocations logement est de couvrir
partiellement et d’alléger les dépenses de logement des ménages pauvres
ou modestes. Aujourd’hui, 75 % des aides sont versées à des personnes
dont les ressources sont inférieures au salaire minimum (SMIC).
Au début de l’année 2000, près de la moitié des ménages locataires et
environ 18 % des ménages propriétaires ont ainsi bénéficié d’une aide
personnelle au logement.
Ces aides au logement (voir tableau 12) se décomposent en allocation de
logement à caractère familial (ALF) ou social (ALS), ou encore en aide
personnalisée au logement (APL).
À ces trois formes d’aide classiques, il convient d’ajouter l’aide aux asso-
ciations qui logent à titre temporaire des personnes défavorisées dans
l’attente de l’attribution d’un logement autonome. Cette aide, créée en
1991, est financée via le FNAL, pour moitié par la branche famille et
pour moitié par l’État. Elle est versée à des organismes conventionnés
(associations, CCAS) qui hébergent pour une durée limitée des personnes
défavorisées. Elle permet également de prendre en charge l’aide à la
gestion des aires de stationnement des « gens du voyage ».
PROTECTION
SOCIALE
Illustration : la question
du « cinquième risque » et de la prise
en charge de la dépendance
Depuis quelques années on assiste à un débat récurrent sur la notion de
cinquième risque. Ce cinquième risque qui est encore au stade de projet
viendrait compléter les risques traditionnels (maladie, famille, accident
du travail et retraite). L’idée centrale est la création d’une prestation uni-
verselle de compensation pour le maintien de l’autonomie des personnes
1 La loi d’orientation contre les exclusions du 29 juillet 1998 visera à entreprendre une certaine remise en
ordre.
2 Cette allocation ouvre droit à un certain nombre « d’avantages » annexes (CMU, aide au logement, etc.),
qui peuvent représenter près de 60 % du budget d’un « érémiste ».
3 Son montant est calculé comme l’écart entre les ressources de l’allocataire et le plafond de ressources,
limité au montant maximal de l’allocation.
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PROTECTION
SOCIALE
en situation de handicap quel que soit leur âge. Il est manifeste que c’est
bien la perspective de l’accroissement rapide des personnes âgées en situa-
tion de dépendance qui est le moteur principal de ce débat. Sur cette ques-
tion de la dépendance, nous proposons dans l’encadré suivant un extrait
d’une note rédigée par Brigitte Dormont (2009) dans le cadre d’un petit
ouvrage très stimulant sur la question des dépenses de santé.
1 Source : Dormont B., Les dépenses de santé : une augmentation salutaire, Presses de l’ENS, 2009, p. 51-52.
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PROTECTION
SOCIALE
Les acteurs
et le financement 3
de la protection sociale
Présentation
Les institutions en charge de la protection sociale, que ce soit sa mise
en œuvre ou sa gestion sont, là encore, d’une extrême diversité. Cette
diversité concerne tout à la fois l’objet, la nature juridique, la taille et
le mode de financement.
Les acteurs
Les institutions paritaires
PROTECTION
SOCIALE
Au-delà, il semble par ailleurs que la crise que connaît depuis quelques
années le syndicalisme français (chute très importante des taux de syndi-
calisation) sert également de base à la remise en cause de la légitimité des
organisations syndicales à gérer le social.
On distingue ici d’un côté l’État au sens strict, qui se caractérise par son
pouvoir de tutelle et de contrôle sur les organisations de la protection
sociale, et de l’autre tout un ensemble de collectivités territoriales dont
le poids semble également grandissant.
D Le rôle de l’État
L’État joue un rôle-clé dans le domaine de la protection sociale. Il est
cependant rarement gestionnaire direct et « préfère faire appel à des ins-
titutions autonomes, de droit public, comme les hôpitaux, mais également
de droit privé à but non lucratif comme les organismes de Sécurité sociale,
les mutuelles, les associations loi de 1901 gestionnaires d’établissements
de santé, sociaux et médico-sociaux, voire de droit privé à but lucratif... »
(Simon, 2004, p. 69).
En contrepartie de la mission qui est confiée à ces différents organismes,
l’État exerce un pouvoir de tutelle et de contrôle sur l’ensemble des
organismes du domaine de la protection sociale. L’autonomie de ces orga-
nismes est donc encadrée tout comme le pouvoir effectif des représentants
des salariés dans la gestion de ces mêmes organismes.
L’émergence de l’État comme acteur majeur, voire parfois dominant, de la
protection sociale se reflète au travers de plusieurs éléments.
. Tout d’abord, c’est lui qui produit les normes juridiques (arrêts, lois,
décrets, circulaires...) 1.
. Il finance directement ou indirectement (et de manière croissante) la
1 C’est lui notamment qui fixe les taux de cotisation et les conditions d’attente.
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PROTECTION
SOCIALE
Le financement
Le financement de la protection sociale s’appuie sur quatre sources prin-
cipales : les cotisations sociales, les impôts et taxes affectées, le budget de
l’État et les recettes d’appoint diverses (voir figure 8).
. Les cotisations sociales établies sur les revenus du travail, même si leur
Autres
recettes
Contributions
3,0 %
publiques
10,0 %
Impôts
et taxes Cotisations
affectés sociales
21,0 % 66,0 %
1 Cette évolution n’a cependant qu’une importance économique faible dans la mesure où les cotisations
en question pèsent toujours en définitive sur les revenus des salariés.
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PROTECTION
SOCIALE
. Les impôts et taxes affectés ont connu une forte croissance sur les vingt
dernières années. Elles ne représentaient que 2 % des ressources de la pro-
tection sociale en 1981 contre 21 % en 2009. Cette évolution est essentielle-
ment due à l’instauration de la CSG en 1991 et à son rapide développement.
. Les cotisations publiques servent à financer les dépenses d’intervention
des taxes sur les alcools, sur les assurances automobiles et les publicités
pharmaceutiques. Dans la mesure où elles cherchent à mettre à contribu-
tion ceux dont les pratiques de consommation sont susceptibles d’avoir des
incidences sur les dépenses de Sécurité sociale, on peut dire que ces taxes
renvoient à un principe de type « pollueur-payeur ».
Le financement de la protection sociale est aujourd’hui nettement plus
diversifié que par le passé où il s’appuyait presque exclusivement sur les
cotisations sociales. Cependant, l’évolution la plus importante nous
semble être son orientation, de plus en plus marquée, vers la fiscalisation,
comme en témoigne la figure 9.
90
80
70
60
50
%
40
30
20
10
0
92
06
08
86
88
90
96
98
00
02
80
82
84
94
04
19
20
19
19
19
19
19
20
20
20
19
19
19
19
20
Figure 9 Répartition des recettes affectées au financement de la protection sociale (en pour-
centage)
Source : Eurostat.
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1 Les évangiles attribuent à Matthieu la phrase suivante : « À celui qui a, on donnera ; à celui qui n’a pas, on
ôtera même ce qu’il a. »
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SOCIALE
1 D’après Chambaretaud et Lequet-Slama, Actualité et dossier en santé publique, no 46, mars 2004, p. 9-12.
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PROTECTION
SOCIALE
Actualité : changements
et ruptures dans 4
le modèle français
PROTECTION
SOCIALE
1 Même si cette notion reste toujours difficile à définir et est toujours en débat...
2 Il s’agit de La France injuste, traduction française de son ouvrage intitulé France in Crisis.
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PROTECTION
SOCIALE
QUESTIONS D’INTÉGRATION :
le système français
dans le cadre du modèle
d’Esping Andersen
Les chercheurs ont l’habitude d’opposer deux grands modèles de protection sociale : le
modèle bismarckien d’un côté et le modèle beveridgien de l’autre (qui renvoient aux
personnalités de leurs initiateurs : Birmarck en Allemagne et Lord Beveridge au
Royaume-Uni). En s’appuyant sur cette opposition, le sociologue danois Gosta Esping
Andersen propose de distinguer trois grands modèles d’État-providence : le modèle
conservateur-corporatiste, le modèle résiduel et le modèle social-démocrate (voir
tableau 13). Cette typologie est aujourd’hui une référence et est incontournable à
qui veut comprendre le fonctionnement des États-providence européens.
Objectifs Maintenir le revenu des Lutter contre la pauvreté Assurer un revenu à tous
travailleurs et le chômage Redistribution égalitaire
Principe de Contributivité Sélectivité Universalité
fonctionnement
Technique Assurance sociale Ciblage Redistribution
Accès aux prestations Le statut Le besoin La citoyenneté
(fondé sur) L’emploi La pauvreté La résidence
Nature de la prestation Proportionnelle Sous condition de Forfaitaire
ressources
Mode de financement Cotisations sociales Impôts Impôts
Structure de gestion et de Par les intéressés État central État décentralisé
décision Partenaires sociaux
200
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RÉPONSE 1
. Le modèle conservateur corporatiste regroupe les principaux pays du centre de l’Eu-
rope (Allemagne, France, Benelux, Autriche) qui considèrent que les droits sociaux repo-
sent essentiellement sur la participation au marché du travail.
. Le modèle résiduel ou libéral regroupe les pays anglo-saxons (Royaume-Uni, Irlande,
mais également États-Unis) qui considèrent que l’État n’intervient que là où le marché
n’assume pas son rôle (c’est en ce sens que l’intervention est dite résiduelle).
. Enfin le modèle social-démocrate caractérise les pays scandinaves (la protection
On peut dès lors penser que l’on assiste à l’émergence d’un système combinatoire ou
hybride. Dans la réalité, le système français puise dès son origine aux sources des deux
modèles bismarckien et beveridgien. Il emprunte au premier ses modes de financement
et d’organisation et au second son principe d’universalité de la couverture sociale. Ce
qui en revanche est nouveau, c’est bien l’évolution vers un équilibre entre les apports
respectifs des deux modèles sources.
Sur cette question, on observe de multiples conceptions et visions possibles et souvent
opposées des évolutions en cours. Arnaud Parienty considère que la France s’éloigne de
plus en plus d’un modèle bismarckien qu’elle n’aurait jamais totalement assumé :
« mettant bout à bout toutes ces petites modifications, on obtient une image assez
claire du changement d’ensemble ; la France bascule peu à peu vers un système de
protection résiduel à l’anglo-saxonne, même si ce basculement est loin d’être
achevé » (Parienty, 2006, p. 248). À l’inverse, d’autres auteurs considèrent que c’est
un système de plus en plus intermédiaire entre le modèle libéral-résiduel et le
modèle social démocrate universaliste qui serait en train de se mettre en place 2.
RÉPONSE 2
Aujourd’hui le système français repose sur trois piliers principaux :
. l’assurance sociale traditionnelle ;
1 Cette vision des choses est d’ailleurs un peu générique puisqu’on constate que la plupart des systèmes
bismarckiens tendent à se « beveridgiser » et réciproquement ; ce qui pourrait suggérer le début d’une
forme de convergence au niveau européen.
2 Certains auteurs vont même jusqu’à considérer que le modèle français est lui-même un modèle original
(voir Friot et al., 1995).
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PROTECTION
SOCIALE
Poids dans la
protection sociale
Assistance
Assurances sociales
Assurances privées
Temps
Dans ces conditions, il est difficile de ne pas envisager le fait que le modèle français
s’oriente de plus en plus vers une ouverture au marché et vers un modèle libéral rési-
duel, entraı̂nant dans son sillage un creusement de plus en plus profond des inégalités.
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6
Économie
de la santé
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ÉCONOMIE
DE LA SANTÉ
L’économie de
la santé : une mise 1
en perspective
Présentation
Les économistes définissent l’économie comme la science de l’admi-
nistration des ressources rares ou encore comme la science des choix
dans un univers de contraintes sur les ressources. Ces définitions
s’appliquent pleinement à l’économie de la santé.
La santé représente en effet une branche relativement récente de
l’économie ; elle a émergé timidement dans les années 1960 et s’est
fortement développée et renforcée par la suite. Si dans l’immédiat
après-guerre, la santé et surtout la priorité qui lui était donnée en
termes d’allocations des fruits de la croissance faisait consensus, on
constate que cette priorité est remise en cause en particulier à la
faveur de la crise économique et du poids croissant que vont
prendre les dépenses publiques de santé dans le PIB de la plupart
des pays européens et de l’OCDE. Dès lors, l’économie de la santé
s’affirme et s’impose graduellement comme la recherche de méthodes
rationnelles de réduction des coûts sans diminution de la satisfaction
des besoins des usagers ou des clients.
Commentaires
Le champ de l’économie de la santé est cependant plus vaste que ne
le laisse suggérer la simple définition que nous avons proposée plus
haut. Ainsi, à la suite de Pouvourville et Costandriopoulos (2000), on
peut repérer quatre grands champs ou centres d’intérêt de l’économie
de la santé : la régulation du système de santé, l’évaluation écono-
mique des actions de soin, la relation activité économique et
système de soins et enfin la relation entre santé et développement
économique et social.
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ÉCONOMIE
DE LA SANTÉ
ÉCONOMIE
DE LA SANTÉ
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ÉCONOMIE
DE LA SANTÉ
Le marché de la santé
et la place 2
des usagers 1
Présentation
Le marché des soins de santé est marqué par un certain nombre
de spécificités économiques. En effet, les travaux récents d’économie
de la santé mettent en avant les fortes incertitudes et asymétries
d’information affectant le monde de la santé (voir Majnoni d’Inti-
gnano et Ulmann, 2001).
Le marché des services de santé s’éloigne à bien des égards des
standards du modèle d’équilibre cher aux économistes. Dans le
modèle standard de l’économiste, le consommateur est souverain
et le volume de biens et services produits répond à la demande de
ce dernier. Autrement dit, le consommateur choisit en connaissance
de cause entre des offres alternatives.
Dans le cas des services de santé, la demande est influencée par de
fortes asymétries informationnelles en faveur des offreurs de soins.
En effet, il est, dans la plupart des cas, extrêmement difficile pour un
malade d’évaluer de manière pertinente les causes de sa maladie et de
déterminer le meilleur traitement possible 2 . Aussi les patients
doivent-ils se reposer sur le système de santé, et plus particulièrement
sur le médecin, qui est le seul à pouvoir leur dire quels types de soins
médicaux sont requis. Cette situation est également vraie ex-post en
ce sens que, même après le traitement, les patients sont toujours inca-
pables de déterminer si le niveau de services qu’ils ont reçu était per-
tinent ou pas. Dans ces conditions, il est particulièrement difficile,
du point de vue du consommateur, d’agir en connaissance de cause
(comme le stipule la théorie standard).
ÉCONOMIE
DE LA SANTÉ
1 Sur cette base, Darby et Karny (1973) analysent ainsi comment les effets de réputation, combinés aux
conditions du marché, déterminent le niveau de la fraude observé sur le marché.
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Commentaire : système
de régulation et place des usagers
ÉCONOMIE
DE LA SANTÉ
1 Les hôpitaux publics et les hôpitaux privés à but non lucratif sont soumis au budget annuel global. Les
cliniques privées à but lucratif sont rémunérées quant à elles au prix de journée et au forfait.
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1 La procédure PMSI n’existe pas pour les établissements de soins de longue durée et n’est pas achevée
pour les établissements de soins de suite en particulier en raison de l’extrême diversité des structures
concernées.
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ÉCONOMIE
DE LA SANTÉ
des représentants...) ;
. les procédures d’aide et d’indemnisation des victimes d’aléas thérapeu-
tiques.
Il convient cependant de noter que la participation croissante de la nou-
velle figure de l’usager ne doit pas cacher une influence réelle encore
relativement modeste. Comme le souligne Carricaburu (2005, p. 83) :
« Non seulement les professionnels considèrent qu’ils sont eux-mêmes
en mesure de s’exprimer au nom des ‘‘usagers’’ du fait de leur expérience
et de leur détachement, mais les ‘‘usagers’’ sont presque toujours suspectés
de défendre des intérêts partisans... »
Illustration : le modèle
de « production ostentatoire »
de Lee
Au début des années 1990, Lee propose un modèle particulièrement
stimulant mettant en avant le fonctionnement du « marché hospitalier »
selon la logique de l’économie standard. Cet auteur considère en effet
que l’hôpital peut être analysé comme une organisation en compétition
constante avec d’autres organisations, en particulier pour s’attacher des
patients et des compétences. Néanmoins, cet hôpital opère sur un
marché oligopolistique ; c’est-à-dire un marché sur lequel la compétition
ne s’exerce pas par les prix mais par la qualité des facteurs de production,
(autrement dit, elle porte sur des compétences médicales et des équipe-
ments).
1 Source : Fargeon V., Introduction à l’économie de la santé, PUG, Grenoble, 2009, p. 71.
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ÉCONOMIE
DE LA SANTÉ
Dépenses
et financement 3
du système de santé 1
Présentation
La comptabilité nationale française est un élément d’information
incontournable sur les dépenses de santé en France. En effet, le
compte de la santé qui est un compte satellite de la comptabilité natio-
nale fournit un état de l’ensemble des dépenses de santé réalisées par
les Français (ainsi que l’origine des ressources financières affectées
aux dépenses en question). Trois principaux agrégats sont habituel-
lement distingués : la consommation de soins et de biens médicaux,
la consommation médicale totale et les dépenses courantes de santé.
Dans les comparaisons internationales, on fait référence à un indica-
teur dit de dépenses totales de santé qui est un dérivé des dépenses
courantes de santé. Cet indicateur est utilisé par l’OCDE, Eurostat
et l’OMS pour comparer les dépenses de santé de leurs membres.
En France, les dépenses totales de santé sont évaluées à partir de la
DCS en retirant les indemnités journalières, une partie des dépenses
de prévention, les dépenses de recherche et de formation médicales,
et en ajoutant les dépenses en capital du secteur de la santé ainsi que
les dépenses liées au handicap et à la dépendance.
1 Ce chapitre a été préparé et rédigé en collaboration avec Marion Vidal (Université de Montpellier)
et Lotfi Azzabi (Université de Paris XIII).
2 Dont un peu plus de 44,4 % sont affectés aux soins hospitaliers et un peu plus de 27 % aux soins
ambulatoires...
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ÉCONOMIE
DE LA SANTÉ
les dépenses globales (en masses financières) qui ont été engagées pour les soins
curatifs, préventifs et de maintenance. Il regroupe la consommation de soins et de
biens médicaux (98 % de l’ensemble) et la médecine préventive (environ 2 % de
l’ensemble).
. Dépense courante de santé (DCS) : c’est l’ensemble des dépenses courantes (les
dépenses en capital en sont exclues) dont la charge est assurée par les financeurs du
système de santé : Sécurité sociale, État, collectivités locales, organismes de protec-
tion complémentaire (mutuelles, sociétés d’assurances, institutions de prévoyance)
et ménages. Elle couvre un champ plus large que la CSBM puisqu’elle prend égale-
ment en compte les soins aux personnes âgées en établissement (unités de soins de
longue durée et établissements d’hébergement pour personnes âgées), les indem-
nités journalières (IJ), les subventions reçues par le système de santé (correspondant
à la prise en charge par l’assurance-maladie des cotisations sociales des profession-
nels de santé), les dépenses de prévention (individuelle ou collective), de recherche
et de formation médicales ainsi que les coûts de gestion de la santé.
Médicaments Médicaments
18,8 % 20,1 %
Soins Soins
hospitaliers hospitaliers
48,6 % 44,4 %
Soins Soins
ambulatoires ambulatoires
27,3 % 27,5 %
Dépenses Dépenses
pour le système pour le système
de soins de soins
Coût 3,4 % Prévention Coût 2,9 % Prévention
de gestion de gestion
2,8 % 2,8 %
7,7 % 6,9 %
Dépenses Dépenses
pour les pour les
malades malades
7,2 % 8,7 %
CSBM CSBM
78,9 % 78,8 %
ÉCONOMIE
DE LA SANTÉ
La demande de santé
Le consumérisme médical
La demande de santé est aussi, dans une certaine mesure, le reflet d’un
développement important du consumérisme médical. En effet, dans
l’esprit de nombre de consommateurs, la santé et les biens de santé
deviennent des biens de consommation comme les autres. Par ailleurs,
on assiste à une modification du rapport à la santé et au corps, en ce
sens qu’il ne s’agit plus simplement de soigner et de guérir une maladie,
mais également d’accéder à une certaine forme de bien-être. Ces évolu-
tions sont facilitées d’abord par une très faible étanchéité des frontières
entre médecine de soins et médecine de bien-être, et ensuite par une
véritable marchandisation de la santé mise en avant par la presse et les
politiques marketing des producteurs et prestataires de santé.
Le dimension socio-culturelle
La dimension socio-culturelle semble avoir elle aussi un impact sur la
demande de soins de santé. Néanmoins, la plupart des études sur la ques-
tion montrent que l’impact ne se situe pas au niveau de la consommation
médicale, mais plutôt au niveau de la structure de cette consommation.
Par exemple, on constate que les cadres ont recours aux spécialistes (den-
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ÉCONOMIE
DE LA SANTÉ
1 Les ménages à hauts revenus ont une probabilité trois fois plus importante de consulter un spécialiste
que les ménages les plus pauvres.
2 Source : « Accès aux soins, attitude vis-à-vis de la santé et de la prévention », Haut Comité de la santé
publique.
3 La consommation est également variable selon le sexe, les femmes utilisant généralement plus de pres-
tations de santé que les hommes. Une grande partie des écarts est expliquée par la surveillance de la
grossesse, de la maternité et des troubles de la fécondité.
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L’offre de soins
L’offre de soins de santé renvoie à l’ensemble des producteurs ou offreurs
de soins. On s’intéresse ici à la fois aux aspects de démographie médicale
(nombre de médecins, d’infirmiers, d’hôpitaux, etc.), mais également à
leurs comportements respectifs. Sur ce point, on notera que les écono-
mistes parlent de « demande induite ».
Au-delà, un autre élément explicatif fondamental de l’accroissement des
dépenses de santé renvoie au progrès technique médical et à ses effets.
ÉCONOMIE
DE LA SANTÉ
Nombreux sont les travaux qui considèrent que l’innovation médicale est
le principal facteur explicatif de l’accroissement jugé excessif des dépenses
de santé dans la plupart des pays développés (voir en particulier Evans,
1986 ; Newhouse, 1992 ; Fuchs, 1996).
Les innovations médicales sont en effet statistiquement liées à l’accroisse-
ment des consommations médicales et par voie de conséquence aux coûts.
En étudiant les différentes composantes des soins, Kervasdoué et Lacro-
nique (1981) montrent que « les postes de consommation à évolution la
plus rapide sont tous des postes où des innovations techniques nom-
breuses sont apparues ». Les auteurs notent par ailleurs que c’est dans
les hôpitaux que les évolutions sont les plus remarquables dans la
mesure où ces derniers sont les lieux de concentration privilégiée des
conduites thérapeutiques les plus techniques.
Selon Newhouse (1992), « les dérives de la santé » aux États-Unis sur un
demi-siècle s’expliquent pour moitié par l’innovation médicale et pour
moitié par de nombreux autres facteurs 1. En France, les travaux de
L’Horthy, Quinet et Rupprecht (1997) montrent que le progrès technique
médical joue un rôle non négligeable dans la croissance des dépenses de
santé. En effet, celui-ci expliquerait plus du quart de la progression des
dépenses de santé sur la période 1970-1995 2.
Majnoni d’Intignano et Ulmann (2001, p. 241) proposent une liste de cinq
raisons expliquant pourquoi le progrès technique apparaît souvent comme
coûteux.
1 Ces autres facteurs sont les suivants : l’augmentation de l’espérance de vie des individus, l’augmentation
de leurs revenus, « l’amélioration de la couverture sociale », la stagnation de la croissance de la producti-
vité dans les services médicaux ainsi que les problèmes de mesure de cette variable, « le renchérissement
du traitement des maladies en phase terminale, l’induction de la demande par l’offre », la montée en
puissance d’une médecine dite défensive, orientée non pas vers l’amélioration de l’état de santé du
malade, mais vers les réductions des erreurs médicales, et qui est source de « sur-prescriptions »...
2 L’impact du progrès technique est mesuré par le volume des dépenses thérapeutiques par lit d’hôpital.
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ÉCONOMIE
DE LA SANTÉ
PROGRÈS
Dépenses TECHNIQUE
Années 1970-80
Années 1950
Santé
1 Si l’on suppose que ces facteurs évoluent nettement plus lentement que les autres.
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ÉCONOMIE
DE LA SANTÉ
l’accès aux soins spécialisés. Dans cette perspective, il devrait jouer un rôle
central dans la constitution de réseaux de soins coordonnés.
ÉCONOMIE
DE LA SANTÉ
D Le prix de journée
Le prix de journée s’apparente au paiement à l’acte présenté plus haut. Il
en présente donc les caractéristiques inflationnistes. L’hôpital reçoit une
somme fixe en fonction du nombre de journées passées par un malade
donné. Autrement dit, le budget est lié à l’importance de la production
de journées.
Ce système présente des biais importants ; il incite notamment à l’allonge-
ment des séjours, à la multiplication des lits ou encore à la maximisation
des taux d’occupation.
D Le budget global
Dans le système de budget global, l’hôpital reçoit l’équivalent d’une enve-
loppe globale d’honoraires. Le budget est fermé et est imposé par le payeur
qui décide d’un budget prospectif fondé sur le budget de l’année anté-
rieure.
Ce type de financement, adopté en France en 1984 et abandonné progres-
sivement, reporte le risque financier sur les établissements hospitaliers. Il
les incite par conséquent à diminuer les séjours et à réduire leurs coûts. Il
reste néanmoins difficile à gérer et à mettre en œuvre dans la mesure où la
fixation d’un budget et d’un juste taux de croissance ne va pas de soi. Ainsi,
la formule contribue parfois à des rigidités et des inégalités sur le long
terme. C’est pourquoi a été mise en place une tarification à l’activité dès
2004 en France.
1 Notons cependant que les procédures de tarification et de remboursement de l’ensemble des produits de
santé sont désormais soumises aux même règles que celles qui prévalent pour les médicaments.
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DE LA SANTÉ
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ÉCONOMIE
DE LA SANTÉ
ÉCONOMIE
DE LA SANTÉ
possible.
On notera que ce n’est pas un hasard si les palmarès se multiplient à des
moments où l’on parle de maîtrise des dépenses de santé, de restructura-
tion hospitalière, etc. Ainsi, le palmarès de 1992 est publié à la veille d’une
grande réforme ; ceux de 1997 et 1998 correspondent quant à eux à la mise
en place des agences régionales de l’hospitalisation (ARH) et de l’ensemble
des préconisations du plan Juppé (par exemple les procédures d’accrédi-
tation). On peut ainsi, à la suite de Pierre Pierru, s’interroger sur les condi-
tions réelles du succès médiatique des palmarès : « Comment peut-on
expliquer une telle fortune médiatique ? En premier lieu, si la santé a
toujours été une valeur médiatique sûre, elle l’est encore plus en ces
années 1996-1997. Au cours de cette période, en effet, la restructuration
du parc hospitalier est un enjeu particulièrement saillant tant sur le plan
politique que sur le plan médiatique. Les controverses autour du plan
Juppé et de la création des agences régionales de l’hospitalisation, puis
la médiatisation des conflits relatifs à la fermeture des services de chi-
rurgie et d’obstétrique du centre hospitalier de Pithiviers inscrivent sur
le haut de l’agenda médiatique la question du maintien des ‘‘petites struc-
tures de proximité’’. Les publications de Sciences et Avenir de 1997 et 1998
tombent donc à point nommé et contribuent à relancer un débat qui avait
tendance à décliner, faute d’arguments nouveaux... Dans un tel cadre, on
comprend mieux tout l’intérêt que certains hauts fonctionnaires et
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ÉCONOMIE
DE LA SANTÉ
hommes politiques peuvent trouver dans les palmarès, et qui est égale-
ment à l’origine de leur succès. À de multiples égards les relations entre
journalistes et politiques sont marquées par l’ambiguïté et l’ambivalence.
Il apparaît ainsi que « les hauts fonctionnaires et les hommes politiques en
charge du secteur considèrent les journalistes comme des ‘‘alliés objectifs’’
en ce sens qu’ils remplissent une fonction pédagogique vis-à-vis des popu-
lations, légitimant ainsi les processus très coûteux politiquement de res-
tructuration hospitalière » (Pierru, 2004).
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ÉCONOMIE
DE LA SANTÉ
ÉLÉMENTS DE RÉPONSE
RÉPONSE 1
L’économie de la santé s’intéresse prioritairement à quatre champs principaux.
. La régulation du système de santé : elle met alors en évidence les difficultés de fonc-
RÉPONSE 2
La théorie de l’agence renvoie à une situation où une personne (voire plusieurs) appelée
« principal » engage une autre personne appelée « agent » pour exécuter en son nom
une tâche quelconque qui implique de déléguer un certain pouvoir de décision à l’agent.
C’est donc bien le cas lorsqu’un malade (le principal) confie à son médecin (l’agent)
la mission de le soigner. Les relations d’agence posent souvent problème parce que
l’information est imparfaite et que ces relations sont marquées par de fortes asymétries
informationnelles.
Les asymétries informationnelles correspondent pour le client ou le malade à des incer-
titudes importantes qui touchent principalement à cinq domaines ou dimensions (cf. De
Bandt, 1995).
. Le niveau précis de compétence et d’expertise du médecin dans les domaines pour
blème ou de la pathologie.
. Le contenu et la qualité de la prestation : dans la mesure où il n’existe pas de critères
prestation de soins : on fait ici référence aux efforts consentis, au temps consacré au
client considéré. Le prestataire peut faire « tout ce qui est en son pouvoir, tout comme il
peut n’en faire que le minimum ».
. L’ensemble des facteurs exogènes aléatoires : de multiples facteurs exogènes peuvent
en effet affecter la prestation de soins et sa qualité sans pour autant que le client (le
malade) puisse réellement faire la part des choses entre ce qui relève de ces facteurs
exogènes et ce qui, à l’inverse, relève du comportement opportuniste du prestataire.
Les incertitudes éprouvées par le demandeur, tant sur la qualité que sur l’efficacité de la
prestation, incitent au développement de dispositifs institutionnels destinés à réduire
l’incertitude (certifications accréditation, régulation et contrôle public, codes déontolo-
giques...).
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7
Santé, mondialisation
et pays
en développement
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SANTÉ,
MONDIALISATION...
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SANTÉ,
MONDIALISATION...
Santé
et mondialisation 1
Présentation
La mondialisation (on parle encore de globalisation) est une notion à
la fois polysémique et protéiforme. Il n’est pas nécessaire d’y revenir
ici en détail.
Notons cependant que le concept peut renvoyer au fait qu’une entre-
prise ou une organisation considère le marché mondial comme un
seul et même marché ou encore à l’adoption, par l’entreprise, d’une
forme organisationnelle spécifique (par exemple, une division fonc-
tionnelle et spatiale du travail effectuée à une échelle mondiale). La
mondialisation ou la globalisation tient tant à des évolutions de l’offre
(diffusion rapide des technologies, coûts de R&D élevés qui nécessi-
tent l’extension des marchés) que de la demande (émergence de
groupes homogènes de consommateurs...).
On peut constater que la mondialisation concerne aujourd’hui toutes
les facettes de la santé. Autrement dit, on peut parler d’un caractère
invasif du concept de mondialisation en santé. Ainsi, au-delà de la
mondialisation bien documentée des industries de santé (fournis-
seurs de technologies médicales, industries du médicament...), on
peut également parler de mondialisation des risques sanitaires, de
mondialisation des institutions sanitaires (OMC...) et des régulations
économiques (Doha...), de mondialisation des plans de santé
publique (VIH/sida...), mais également de mondialisation de la
médecine (liée en particulier à la « scientifisation » croissante des pra-
tiques médicales et à l’affaiblissement relatif des traditions natio-
nales...).
Nous souhaitons aborder dans ce chapitre trois dimensions de la mon-
dialisation « appliquée à la santé » : la santé comme bien public
mondial, la mondialisation des biens et technologies médicales, et la
mondialisation, plus récente semble-t-il, des services.
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SANTÉ,
MONDIALISATION...
Santé et mondialisation
1
de l’industrie pharmaceutique qui est dominée par de grands opérateurs
de niveau mondial et relevant de quelques pays ciblés.
Les pays
Aujourd’hui, le marché mondial des médicaments se situerait autour
de 850 milliards de dollars (contre moins de 200 milliards en 1990). Il
devrait selon certaines estimations dépasser très nettement les 1 300 mil-
liards d’ici à 2020. Ce marché est fortement dominé par les États-Unis,
qui contrôlent un peu moins de 44 % du marché mondial (voir tableau 17)
et qui se situent très loin devant le Japon ou encore la France.
SANTÉ,
MONDIALISATION...
Reste du monde
5%
Japon
10 %
« Pharma » Amérique
émergents du Nord
16 % 40 %
Europe
29 %
Les acteurs
Les acteurs de l’industrie pharmaceutique sont nombreux. Parmi les plus
connus, on peut citer Pfizer (États-Unis), Merck & Co (États-Unis),
Novartis (Suisse), Sanofi-Aventis (France), GlaxoSmithKline (Royaume-
Uni), AstraZeneca (Royaume-Uni), Roche (Suisse), Johnson & Johnson
(États-Unis), Abbott (États-Unis) ou encore Lilly (États-Unis)...
Ces acteurs, déjà très largement mondialisés, produisent et vendent leurs
produits simultanément dans la plupart des pays du monde. Leurs réseaux
de vente et de production, qui traversent très nettement les frontières
nationales, font de ces firmes des acteurs de premier plan sur la scène
internationale. Notons cependant que malgré de spectaculaires opérations
récentes de fusions-acquisitions, l’industrie pharmaceutique reste relative-
ment peu concentrée comparativement à d’autres secteurs économiques.
En effet, les cinq premiers groupes ne représentent encore (en 2010) que
27 % du marché mondial (contre par exemple 40 % dans l’informatique,
50 % dans l’automobile ou encore 80 % dans l’aérospatiale).
Santé et mondialisation
1
mouvement et l’on assiste à une internationalisation et une organisation
croissante de l’offre de service sur une échelle ou un espace mondialisé.
En effet, les nouvelles technologies de l’information et de la communica-
tion (NTIC) ont fortement atténué une des caractéristiques principales des
services, à savoir la coproduction et la présence simultanée du prestataire
et du client. Plus largement, elles ont permis le développement d’une divi-
sion fonctionnelle et spatiale du travail à l’échelle mondiale. Ainsi en est-il
par exemple de la chirurgie à distance qui relâche donc la proximité entre
l’opéré et l’opérant. Par ailleurs, on observe de plus en plus des situations
de surveillance des patients à distance, de diagnostics à distance (exemple
des lectures radio en Inde pour des patients localisés au Royaume-Uni).
SANTÉ,
MONDIALISATION...
des organes prélevés en Chine sur les détenus exécutés (plus de 8 000
chaque année). Selon Organs Watch, une ONG qui tente de lutter contre
le commerce d’organes, la liste des pays accueillant facilement le tourisme
médical et plus spécifiquement le tourisme de transplantation aurait ten-
dance à s’allonger rapidement : Moldavie, Inde, Brésil, Russie, Afrique du
Sud. Ce dernier pays serait même devenu une plaque tournante de la
transplantation des reins et des cornées.
Certains économistes comme le prix Nobel Gary Becker avancent l’idée
d’une marchandisation du corps humain. Dans un article qu’il publie
en collaboration avec Julio Jorge Elias (2007), cet auteur propose en
effet de payer les donneurs d’organes. Il évalue ainsi le prix d’un rein à
15 000 dollars et estime qu’une telle compensation financière pourrait
contribuer à accroître de moitié le nombre de transplantations.
Santé et mondialisation
1
propres besoins) 1, l’essentiel des autres pays, à l’inverse, souffre d’un
déficit chronique de personnels soignants que l’émigration ne fera qu’am-
plifier. Ainsi, toujours selon Clark et al., l’Afrique subsaharienne accuse-
rait un déficit de plus de 600 000 infirmières alors même que des pays
comme le Zimbabwe 2, le Nigeria ou encore le Ghana sont des pour-
voyeurs internationaux de soignants.
1 Cette exportation stratégique est fortement génératrice de devises au travers des transferts financiers des
professionnels émigrés.
2 Plus de 70 % des médecins formés au Zimbabwe durant les années 1990 seraient parti travailler à
l’étranger.
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SANTÉ,
MONDIALISATION...
nismes locaux, ensuite parce qu’elle est souvent en partie détournée par la
corruption locale, et enfin parce qu’elle est insuffisamment orientée vers
des problématiques de santé. On peut également noter que bien souvent
une part non négligeable des aides financières est captée par les donateurs
eux-mêmes au travers de frais de gestion excessifs.
La faible efficacité de l’aide est souvent rattachée à son caractère public.
C’est sans doute en partie ce qui explique le développement remarquable
de l’aide privée (individus, fondations, investissements d’entreprises...)
sous diverses formes : dons en nature, paiement direct des prestataires,
financement d’institutions locales...
Santé et mondialisation
1
PAYS DÉVELOPPÉS PAYS ÉMERGENTS PAYS EN DÉVELOPPEMENT
Tendance récente à
l’extension de la
couverture des plus
pauvres et couvrant
les gros risques
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SANTÉ,
MONDIALISATION...
Problématique
des pays 2
en développement
Présentation
Le concept de développement
L’expression « sous-développement » désignait, au sortir de la Seconde
Guerre mondiale, les pays qui n’avaient pas encore atteint le stade
industriel.
Ainsi, les pays sous-développés étaient ceux qui avaient devant eux
« leur » révolution industrielle.
Dans les années 1950 et 1960 le monde était partagé en deux en fonc-
tion d’un critère purement économique, le PNB par habitant (produit
national brut), avec d’un côté les pays développés et de l’autre les pays
sous-développés.
Ainsi, le concept de développement a pendant longtemps été caracté-
risé du seul point de vue économique.
Plus récemment, la définition du développement s’est élargie à la
prise en compte des progrès technologiques et des changements
structurels au sein de la société. Ces derniers font référence aux
conditions sociales (diminution de la mortalité notamment infantile
et maternelle, diminution de la natalité, augmentation du nombre
d’emplois rémunérés) et institutionnelles (établissement d’un sys-
tème de protection sociale, mode d’exercice démocratique du
pouvoir, stabilité politique) du pays.
La prise en compte de ces conditions sociales et institutionnelles vise
à inclure le développement dans la réponse aux besoins essentiels de
la population, en termes notamment de santé et d’éducation.
C’est pourquoi actuellement le PNB par habitant seul n’est plus satis-
faisant pour qualifier un pays de développé ou non. C’est l’indicateur
du développement humain (IDH) mis au point par le programme des
Nations Unies pour le développement (PNUD) à partir des années
1990 qui est le critère de référence.
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SANTÉ,
MONDIALISATION...
. taux d’alphabétisation ;
. mortalité infantile ;
milieu urbain mais surtout rural et qui correspondent, outre les cases de
santé, aux dispensaires et aux maternités rurales.
. Au niveau intermédiaire se trouvent des structures plus élaborées offrant
central et régional.
Au Sénégal, par exemple, le découpage sanitaire définit des régions médi-
cales (avec à leur tête un médecin chef de région) et des districts sanitaires
(avec un médecin chef de district) rayonnant chacun sur un ensemble de
structures délocalisées (postes de santé et maternités rurales). Or, il est
important de distinguer découpage sanitaire et découpage administratif
(régions, départements, arrondissements, communautés rurales) car ces
deux systèmes ne se superposent pas exactement, ce qui peut engendrer
sur le terrain des malentendus sur les compétences respectives de chacun,
entre le pouvoir politique déconcentré et les autorités sanitaires.
Grâce au plan national de développement sanitaire (PNDS) établi dans la
plupart des pays en développement, les domaines de responsabilité admi-
nistrative et sanitaire sont mieux définis et s’articulent autour d’un paquet
minimum d’activités (PMA).
Au niveau sanitaire, le PMA offre un ensemble de prestations de soins aux
patients grâce à un regroupement des différents champs d’intervention de
chaque structure périphérique (consultation curative, santé maternelle et
infantile, vaccination, planning familial et éducation pour la santé).
Or, l’établissement par le pays d’un PNDS est indispensable afin de pouvoir
bénéficier d’aides financières internationales.
Du fait du nombre limité de personnels de santé, les médecins sont rares
en milieu rural ; c’est là d’ailleurs qu’exercent principalement des infir-
miers et des sages-femmes. Ce manque de personnel est partiellement
compensé par l’existence, aux côtés des agents diplômés, d’assistants com-
posés essentiellement d’agents de santé communautaire (ASC) qui réali-
sent des soins techniques, des vaccinations et de l’éducation pour la santé,
ainsi que de matrones (accoucheuses traditionnelles) qui réalisent des
accouchements non dystociques, des consultations prénatales et du plan-
ning familial.
La médecine traditionnelle est utilisée de façon plus ou moins systéma-
tique, soit en amont, soit simultanément ou en aval du recours au système
de santé. Cela peut s’avérer utile ou parfois compliquer grandement la
tâche de l’infirmier chef de poste (lorsque l’interaction entre les deux thé-
rapies s’avère néfaste pour le patient). En parallèle au réseau de structures
publiques existe un ensemble de structures privées présentes à tous les
étages de la pyramide sanitaire.
Il s’agit d’une part de l’ensemble des structures caritatives (sœurs infir-
mières réalisant un travail qui s’apparente à celui de l’infirmier chef de
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SANTÉ,
MONDIALISATION...
poste), d’autre part des cabinets de soins infirmiers (souvent illégaux par
rapport à la législation régissant les compétences des professions de santé)
et nombre de cliniques. Ces dernières fonctionnent en règle générale à
l’aide de professionnels travaillant par ailleurs dans le secteur public (fonc-
tionnaires).
Les organisations non gouvernementales (ONG) nationales et internatio-
nales gèrent elles aussi un certain nombre de structures, notamment des
unités de soins primaires.
Commentaires
La description de l’état de santé des pays en développement répond dans la
majorité des cas au phénomène dit de « transition épidémiologique ».
La théorie de la transition épidémiologique a été formulée par Abdel R.
Omran en 1971 et marque la passage d’une situation où la mortalité est
élevée à tous les âges (notamment aux âges jeunes) – essentiellement à
cause des maladies transmissibles – à une situation où la mortalité baisse,
avec des décès essentiellement concentrés aux âges plus avancés et dus
essentiellement aux maladies non transmissibles et aux accidents.
Alors que les pays développés ont achevé leur transition épidémiologique
depuis plusieurs années, la plupart des pays en développement, notam-
ment ceux d’Afrique subsaharienne sont en train de la vivre.
En s’intéressant de plus près à la situation sanitaire de ces derniers on
s’aperçoit que la prévalence des maladies infectieuses est d’une manière
générale encore importante (tuberculose, paludisme, sida...), tout en étant
couplée à une incidence galopante de plusieurs maladies chroniques
(maladies cardio-vasculaires, cancers, traumatismes par accidents).
C’est pourquoi, à l’égard de ces pays, l’expression « double fardeau » est
plus appropriée que celle de transition, cette dernière marquant le
passage d’un état à un autre, ce qui n’est pas tout à fait le cas en Afrique
subsaharienne.
Pour refléter la situation sanitaire d’un pays, plusieurs indicateurs peuvent
être utilisés. Parmi les plus pertinents figurent certains taux de mortalité,
notamment le taux de mortalité maternelle, le taux de mortalité infantile
et le taux de mortalité infanto-juvénile. Ce dernier reflète la mortalité des
enfants âgés de 0 à 5 ans.
Non seulement le profil épidémiologique des pays en développement
reflète le double fardeau évoqué plus haut, mais il s’accompagne de l’ap-
parition de maladies émergentes qui peuvent soit caractériser la survenue
de maladies jusqu’ici inconnues (par exemple le syndrome respitatoire
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SANTÉ,
MONDIALISATION...
Illustration : l’OMD 3
(l’égalité entre les sexes) 1
L’égalité entre les sexes est un outil incontestable du développement car
les femmes, qui constituent la moitié de la population mondiale, jouent un
rôle primordial au niveau de la santé de la famille.
Cet OMD 3, qui comprend l’égalité entre les sexes et l’autonomie des
femmes, voyait l’une de ses échéances arriver en 2005, à savoir l’élimina-
tion des disparités entre les sexes dans les enseignements primaires et
secondaires. Or, le constat que dans nombre de pays, du fait du fonction-
nement des institutions et du poids des traditions, les femmes sont discri-
minées dans l’accès à l’éducation, à l’emploi ou aux services de santé, est
encore une triste réalité.
L’évaluation de l’atteinte de l’OMD 3 se fait en fonction de sept indica-
teurs :
. la polygamie ;
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SANTÉ,
MONDIALISATION...
Présentation
L’adjectif « interculturel » désigne ce qui concerne les contacts entre
des cultures différentes. Ainsi on peut parler de soins infirmiers inter-
culturels à partir du moment où le soignant et le soigné appartiennent
à des cultures différentes.
En réalité, les soins interculturels sont bien plus que cela.
Madeleine Leininger, première infirmière anthropologue dans
le monde, constata que « les valeurs hospitalières, la technologie, les
soins professionnels sont insuffisants pour soigner les gens d’autres
cultures » (C. Rohrbach, 1999).
Ainsi Madeleine Leininger décrit les soins interculturels en les clas-
sant en trois niveaux.
. Les soins interculturels à préserver ou à continuer : c’est une
SANTÉ,
MONDIALISATION...
Commentaires
L’approche de Leininger en trois niveaux est intéressante car elle permet
de montrer que la pratique des soins interculturels nécessite bien souvent
un travail partagé de la part du soignant et du soigné.
C’est donc, au sein de l’interculturalité, au niveau de « l’inter » que cela se
passe, dans ce no man’s land constituant la zone de mise en relation des
personnes.
Être adepte des soins interculturels ne signifie en rien l’affranchissement
de ses propres repères et de sa pratique soignante, mais oblige à adapter
cette dernière en tenant compte des repères du patient et à faire appel à sa
participation lors des soins autant que possible.
Ainsi, Catherine Lepain, infirmière spécialiste clinique de l’équipe mobile
d’accompagnement au centre hospitalier d’Argenteuil (qui compte 30 %
d’étrangers au sein de sa population), nous dit ceci : « Nous avons donc
souhaité développer l’approche multiculturelle pour permettre au
patient d’être un véritable partenaire de soins ». Elle nous dit que la
réflexion sur l’approche interculturelle dans les soins comprend deux
niveaux : « Elle doit être intrapersonnelle, car elle interroge le soignant
sur ses valeurs, croyances, certitudes, sa propre culture et identité, ses
conceptions de la santé, la maladie et la mort. Et la réflexion est également
interpersonnelle, notamment en reconnaissant l’autre à travers sa culture,
ses valeurs, son unicité » (C. Lepain, citée par M. Germain, 2002).
L’approche intrapersonnelle nécessite un certain travail sur soi car elle
passe forcément par une interrogation. En effet, lorsque nous sommes
confrontés à un autre « différent » et que nous acceptons de nous interroger
sur cette différence, nous prenons alors le risque de nous remettre en
question à travers la remise en cause possible de nos propres repères.
Or, se remettre en question, cela revient à détruire quelque-chose (nos
propres convictions et certitudes) pour reconstruire autre chose (une nou-
velle façon de voir les choses, plus ouverte).
L’approche intrapersonnelle met mal à l’aise car elle ébranle nos certi-
tudes. Elle est pourtant une condition sine qua non à une approche inter-
culturelle des soins.
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1 D’après Castilla C., « Amicaux, les hôpitaux européens ? », L’Infirmière magazine (enquête), no 220,
octobre 2006, p. 42-4.
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SANTÉ,
MONDIALISATION...
La pratique
humanitaire 4
Présentation
D’après Jean-Patrick Debert (2001), le terme « humanitaire » recouvre
aussi bien le domaine de l’urgence proprement dite, telle que pratiquée
par le mouvement « sans frontières », que celui du développement, de la
solidarité ou des droits de l’homme, ainsi que certaines interventions
réalisées dans le cadre de la coopération décentralisée des collectivités
locales. Il intègre également à la définition de ce concept l’action huma-
nitaire des fondations et du mécénat d’entreprise.
Commentaires
Faire de l’humanitaire peut se comprendre de deux façons.
. Il peut s’agir de s’engager, de militer, bref d’en faire une vocation.
SANTÉ,
MONDIALISATION...
La pratique humanitaire
4
. de formations complémentaires en médecine tropicale (par exemple, à
titutionnels) ;
. le ministère des Affaires étrangères (Coopération française) ;
ici, l’action humanitaire vise à améliorer les conditions de vie des popula-
tions dans la durée et avec leur participation. Le travail de l’infirmier peut
être la promotion et la participation à l’élaboration d’un système de santé
viable, la coordination de différents acteurs, la formation de personnels
locaux, un travail de santé communautaire (diagnostic de santé, program-
mation d’actions de santé)... Il s’agit dans tous les cas d’un travail qui va
s’inscrire dans la continuité. Les missions sont longues, en général d’au
moins un an. C’est dans le cadre des missions de développement que l’on
perçoit mieux la nécessité d’une formation complémentaire, notamment
en santé publique.
Cette distinction entre urgence et développement ne doit cependant pas
être comprise de manière trop rigide car nombre d’associations travaillent
dans les deux domaines (notamment Action contre la faim).
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SANTÉ,
MONDIALISATION...
des séjours d’au moins une année, comprenant une indemnité de subsis-
tance sur place, des avantages en nature (véhicule...), une couverture
sociale et une aide à la réinsertion au retour, avec un versement d’indem-
nités en France (voir ci-après le paragraphe consacré à l’association France
volontaires).
. La coopération : il s’agit de missions salariées de long terme au sein d’une
La pratique humanitaire
4
de 200 e versée sur le terrain) ; les autres expatriés sont des volontaires
(pour une durée d’un an renouvelable avec une indemnité de 800 e par
mois et une allocation de frais de vie de 200 e par mois). Tous les expatriés
bénéficient d’une couverture sociale, d’une protection complémentaire
ainsi que d’une assurance-rapatriement.
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SANTÉ,
MONDIALISATION...
SANTÉ,
MONDIALISATION...
Voilà le travail d’infirmier chef de poste tel qu’il est enseigné à l’École
nationale de développement sanitaire et social (ENDSS). Les élèves infir-
miers en stage en dispensaire sont amenés à effectuer de tels diagnostics et
à élaborer des plans d’action.
Cependant, sur le terrain, il est souvent difficile pour l’infirmier de réaliser ce
travail. La majorité du temps de travail est en général absorbée par les consul-
tations à visée curative car les malades sont souvent nombreux (un dispen-
saire couvre en moyenne une zone de 10 000 à 30 000 personnes). Le
manque de moyens explique aussi la difficulté pour l’infirmier de se rendre
dans les villages de sa zone aussi souvent qu’un diagnostic de santé l’exigerait.
Néanmoins, son travail se situe quotidiennement dans le cadre de la santé
communautaire car il est le professionnel de santé qui a un contact privi-
légié avec la population. Cela est dû au fait que le dispensaire est une
structure de santé très délocalisée, c’est le premier niveau de recours aux
soins après les cases de santé gérées par un secouriste. De plus, à partir du
moment où l’infirmier se déplace dans les villages de sa zone, il pourra
recenser un certain nombre de plaintes qui, couplées à ce qu’il observe,
vont concourir à établir un diagnostic de santé. Le fait de se déplacer est
important, cela lui permettra d’aller à la rencontre de l’ensemble de la
population, et pas uniquement de celle se rendant au dispensaire.
. Espérance de vie à la naissance (en 2008) : 61 ans pour les femmes et 58 ans pour
les hommes.
. Nombre de professionnels de santé pour 100 000 habitants (en 1995) : 10 méde-
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SANTÉ,
MONDIALISATION...
QUESTIONS D’INTÉGRATION :
une description de la
situation sanitaire des
pays en développement
LES GRANDS INDICATEURS DE SANTÉ 1
« Les grands indicateurs de santé mettent en évidence de profonds déséquilibres en
matière de couverture médicale, d’accès aux soins, entre pays riches et pays pauvres.
Au sein même de ces derniers, on constate également de grandes disparités, l’Afrique
subsaharienne étant le continent le plus défavorisé.
À titre d’exemple, on peut citer les dépenses de santé par habitant qui s’élèvent à
3 100 dolars (11 % du PIB) 2 dans les pays riches, alors qu’elles ne représentent que
81 dollars pour les pays en développement (6 % du PIB). En Afrique, la situation est
encore plus critique avec une moyenne de 37 dollars par habitant (5,5 % du PIB). De
même, le nombre de lits d’hôpitaux pour 1 000 habitants est de 7,5 dans les pays
occidentaux, contre 2,7 pour les pays en développement, et seulement 1,2 pour l’Afrique
subsaharienne. Un autre indicateur significatif est celui du nombre de médecins rap-
porté à la population totale. Ce chiffre est de un médecin pour 500 habitants dans les
pays occidentaux, contre un pour 25 000 dans les 25 pays les plus pauvres, dont la
grande majorité se situent en Afrique.
Ces déséquilibres dans l’accès à la santé se traduisent par de grandes inégalités face à la
maladie et à la mortalité. Ainsi, le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans
s’élève à 84,3% dans les pays en développement et atteint 161,6% en Afrique sub-
saharienne, alors qu’il n’est que de 7,3 % dans les pays riches. La morbidité et la mor-
talité infantile et maternelle dans la plupart des pays du sud sont dues pour l’essentiel à
quelques pathologies : le paludisme, les diarrhées, les affections respiratoires, les MST,
le sida et les maladies dermatologiques, la malnutrition de l’enfant et les pathologies
maternelles liées à la grossesse et à l’accouchement.
Trois maladies sont particulièrement préoccupantes :
. le paludisme (2 millions de morts par an) ;
. la tuberculose (2 millions de décès par an), dont la situation est très inquiétante du fait
de la conjonction sida/tuberculose ;
. l’infection à VIH/sida, qui atteint 40 millions de sujets en 2001, dont plus de 28 millions
en Afrique subsaharienne.
En dépit des grandes améliorations réalisées au cours des 30 dernières années, l’état
sanitaire de l’Afrique subsaharienne reste préoccupant. Cela peut s’expliquer par des
facteurs physiques, tels que le climat et le milieu naturel, mais surtout par le faible
niveau de développement dans lequel se trouvent la plupart des États. Trois quarts
d’entre eux figurent parmi les pays à faible ou très faible revenus. La grande pauvreté
touche la majorité de la population, comme à Madagascar ou au Mali, où 70 % de la
population vit en dessous du seuil de pauvreté défini par le PNUD.
Le milieu rural, qui représente parfois plus de 75 % de la population, est le plus touché,
car les niveaux de revenu y sont insuffisants pour assumer le coût élevé des prestations
1 Extrait de « La coopération dans le secteur de la santé avec les pays en développement », rapport du Haut
Conseil de la coopération internationale, 2002.
2 D’après la Banque mondiale pour l’année 2000.
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SANTÉ,
MONDIALISATION...
ÉLÉMENTS DE RÉPONSE
RÉPONSE 1
Ce texte présente une série d’indicateurs utilisés classiquement afin de décrire l’état
sanitaire d’une population.
. Le taux de mortalité infanto-juvénile (84,3 % dans les pays en développement dont
lions de morts par an), la tuberculose (2 millions de décès par an), le sida qui atteint
40 millions de personnes en 2001 dont plus de 28 millions en Afrique subsaharienne.
. La proportion de gens ayant accès à l’eau potable : 70 % dans les zones rurales de
contre 81 dollars pour les pays en développement (6 % du PIB) et 37 dollars par habitant
(5,5 % du PIB) en Afrique subsaharienne.
. Le nombre de lits d’hôpitaux pour 1000 habitants : 7,5 dans les pays occidentaux,
contre 2,7 pour les pays en développement, et seulement 1,2 pour l’Afrique subsaha-
rienne.
. Le nombre de médecins rapporté à la population totale : un médecin pour 500 abitants
dans les pays occidentaux contre un pour 25 000 dans les 25 pays les plus pauvres.
RÉPONSE 2
Le taux de mortalité infanto-juvénile du Sénégal (108 %) est relativement élevé
comparé à l’ensemble des pays en développement (84,3 %) mais meilleur que la
moyenne des pays d’Afrique subsaharienne (161,6 %) dont il fait partie.
Concernant le nombre de médecins rapporté à la population totale, le Sénégal compte
(en 1995) 10 médecins pour 100 000 habitant, soit 1 250 médecins pour sa population
totale, soit environ un médecin pour 10 000 habitants, ce qui est plus élevé que la
moyenne des pays les plus pauvres (un médecin pour 25 000).
Il apparaı̂t à la vue de ces deux indicateurs que, bien que possédant un profil sanitaire
correspondant à celui d’un pays en développement, la situation sanitaire du Sénégal
tendrait à être relativement meilleure que celle de la moyenne des autres pays
d’Afrique subsaharienne.
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Conclusion
CONCLUSION
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Glossaire
GLOSSAIRE
fants nés vivants qu’aurait une femme en fin de période féconde dans les condi-
tions de fécondité actuelles.
Hémovigilance : ensemble des procédures de surveillance organisées depuis la col-
lecte de sang et de ses composants jusqu’au suivi des receveurs.
Hygiène : ensemble de mesures destinées à prévenir l’apparition de maladies infec-
tieuses ; l’hygiène de vie caractérise, quant à elle, l’ensemble de mesures desti-
nées à prévenir les problèmes de santé.
Incapacité : réduction de la capacité fonctionnelle de mener une existence pouvant
être qualifiée de normale.
Incidence : c’est un taux qui désigne le nombre de nouveaux cas d’une maladie
apparus au sein d’une population donnée et au cours d’une période donnée.
Indicateur : d’après la Haute Autorité de santé, un indicateur est une variable qui
décrit un élément de situation ou une évolution d’un point de vue quantitatif.
Indigent : se dit de quelqu’un de très pauvre, qui a besoin de tout ce qui est le plus
élémentaire pour vivre.
Institution : organisme visant à maintenir les normes et pratiques officielles et
légales au sein d’une société ; on parle d’institutions politiques (qui relèvent
du droit public : constitution par exemple), sanitaires et sociales, religieuses...
Justice : principe régi par un traitement équitable des personnes.
Létalité : caractère mortel d’une maladie.
Maladie orpheline : il s’agit d’une maladie rare touchant moins d’une personne sur
2 000 (selon les cas, une maladie orpheline concerne de quelques personnes
à plusieurs milliers). De plus, ces maladies font l’objet de peu de recherches,
ne connaissent pas ou peu de traitements et leur prise en charge médico-sociale
reste très lacunaire ; on en dénombrerait 8 000 à travers le monde.
Maladie transmissible : se dit d’une maladie infectieuse qui peut être transmise d’un
individu à l’autre.
Marqueur de risque : caractéristique propre à un individu (race par exemple) qui,
lorsqu’elle est présente, intervient dans l’apparition d’une maladie donnée.
Mécénat : action visant à apporter une aide financière à une association ou une
œuvre charitable ; on parle de mécénat d’entreprise lorsque cette aide est
apportée par une entreprise.
Migration : traduit le déplacement d’une personne quittant son lieu de naissance ou
de résidence pour un autre lieu. Elle est dite interne lorsque ce déplacement se
fait à l’intérieur d’un même pays, et internationale lorsqu’il se fait d’un pays vers
un autre.
Morbidité : fréquence de cas d’une maladie dans une période donnée par rapport à
la population totale au sein de laquelle ils surviennent.
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Mortalité : fréquence des décès dans une période donnée par rapport à la popula-
tion totale au sein de laquelle ils surviennent.
Mortalité infantile : nombre de décès d’enfants de moins de 1 an, le taux de morta-
lité infantile étant ce nombre rapporté pour 1 000 naissances vivantes pour une
année.
Mortalité infanto-juvénile : nombre de décès d’enfants de moins de 5 ans, le taux de
mortalité infanto-juvénile étant ce nombre rapporté pour 1 000 naissances
vivantes pour une année.
Mortalité maternelle : nombre de décès de femmes survenus lors de leur grossesse
ou au cours des 42 jours qui suivent leur accouchement pour une cause déter-
minée ou aggravée par la grossesse, le taux de mortalité maternelle étant ce
nombre rapporté pour 100 000 parturientes pour une année.
Non-malfaisance : principe selon lequel les interventions en santé publique ne
doivent pas faire de tort ni à un individu, ni à un groupe, ni à la société entière.
Nuptialité : traduit la fréquence, les caractéristiques et la dissolution des mariages
dans une population. Le taux de nuptialité mesure le nombre de mariages de
l’année rapporté à la population totale moyenne de l’année.
Opinion : avis ou jugement qu’un individu ou un groupe a sur un sujet quelconque.
Prévalence : c’est une proportion qui correspond au nombre total des cas d’une
maladie (nouveaux et anciens cas) observés au sein d’une population donnée
à un moment donné.
Prophylaxie : toute méthode de prévention d’une maladie ; la chimioprophylaxie
utilise des médicaments.
Psychotrope : désigne une classe de médicaments qui agissent sur les fonctions et le
comportement psychique, quel que soit le type d’effet exercé (dépresseur, sti-
mulant ou déviateur).
Réadaptation : ensemble des mesures mises en œuvre pour permettre à une per-
sonne touchée par une maladie ou un traumatisme de recouvrer son autonomie
maximale.
Réhabilitation : ensemble des mesures mises en œuvre pour permettre à une per-
sonne touchée par une déficience mentale ou physique d’occuper, dans la
mesure du possible, une place normale au sein de la société.
Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) : maladie virale due à un coronavirus,
caractérisée par une fièvre élevée associée à un ou plusieurs symptômes respi-
ratoires (toux sèche, essoufflement, etc.).
Valeur : ce qui est considéré comme vrai, soit d’un point de vue personnel, soit de la
part de la société et qui constitue un idéal à atteindre.
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GLOSSAIRE
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Abréviations
ABRÉVIATIONS
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LISTE
DES TABLEAUX
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LISTE
DES FIGURES
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Index
INDEX
INDEX
Épidémiologie F (tarifications
(générale, clinique) 57 hospitalières) 230
Équipement sanitaire Facteurs de
256 changement de
comportements 97 G
Équipes mobiles de
Facteurs de protection Géopolitique 246
gériatrie (EMG) 132
37 Gériatrie 131
Ergonomie 87 Facteurs de risque 37, Gestion de la santé 218
Espérance de vie 194 59, 84 Gestion du système de
Établissement français Facteurs de santé 37 santé 220
du sang (EFS) 122 Faim 271 Gestion hospitalière 232
Établissement public de Famille (risque) 176, 179 Globalisation 245
santé mentale (EPSM) Fécondité 53 Grossesse 76
115 Fichier ADELI 130 Groupe à risque 85
Filière de soins 127 Groupement de
État civil 56
Financement de la coopération sanitaire
État et système de protection sociale 191 28
régulation 211 Financement des Groupement régional
État sanitaire dépenses de santé 220 de santé publique
(indicateurs) 278 Financement du (GRSP) 26, 112
État sanitaire des pays système hospitalier
en voie de 212
développement 246 Fiscalisation de la H
État-providence 167, protection sociale 171 Handicap 105, 112
174, 198 Fléaux sociaux 84, 128, Haut Comité de la santé
189 publique (HCSP) 24
État-providence
Fonds d’intervention Haut Conseil de la santé
(modèle d’Esping
pour la qualité et la publique (HCSP) 85
Andersen) 200
coordination des soins Haute Autorité de santé
Éthique 249 (FIQCS) 129 (HAS) 9, 29, 137
Étude en double Fonds de financement Hémovigilance 122
aveugle 60 international 259 Hérédité 42
European Network of Fonds national de Hôpital 144
Health Promoting prévention, Hôpital (financement)
Schools (ENHPS) 91 d’éducation et 212
d’information Hôpital psychiatrique
Évaluation des
sanitaires (FNPEIS) 102 115
politiques et des
Fonds pour la Hospitalisation
actions en santé
modernisation des (structures) 115
publique 135
établissements de Hospitalisation à la
Évaluation économique santé publics et privés demande d’un tiers
des actions de soins (FMESPP) 27 (HDT) 115, 118
206 Forfait par admission ou Hospitalisation d’office
Exclusion 6 par pathologie (HO) 115, 118
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