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Edition999 propose gratuitement ce livre

AUDE ET SON ÉTOILE

Ce conte érotique, Aude et son étoile, présente des situations à caractère sexuel. Il est
réservé à un public averti de + de 18 ans.

ISBN pour Édition999 ePub : 978-2-9583035-2-5


ISBN pour Édition999 PDF : 978-2-9583035-3-2

Il est interdit de reproduire une partie quelconque de ce livre sans l’autorisation écrite de
l’auteur et de l’éditeur. Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés.

© Ji Bocis 2022

Crédit photographique : © Alena Shekhovtcova, Nizhny Novgorod Oblast, Russia (Photo


de couverture)

À PROPOS DE L’AUTEUR

Auteur : Ji Bocis

Web : www.jibocis.work

Contact Twitter : @JBocis

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Une surprise pour 2023

Elle sera exclusivement disponible via mon site web www.jibocis.work dans le courant
2023.
Elle sera brièvement annoncée sur mon compte Twitter.

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Conseil amical

Si vous souhaitez entretenir le mystère, ne lisez pas tout de suite la dernière page de ce
livre intitulée Définition !

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Liste des chapitres

1. Des questions très directes

2. L’homme au kimono blanc

3. Gourmandise ?

4. Liberté douce-amère

5. Inaccessible étoile

6. Flashbacks

7. Cercles vertueux

8. La Voie Médiane

9. De surprises en surprises

10. La vérité reste au fond du puits

11. Et rebelote !

12. Les apparences sont sauves

13. Plein soleil

14. En catimini

15. Envol en weekend

16. Au Carrousel

17. Fin de partie

18. Coïncidence

19. Vous retirer dans un couvent ?

20. Du toc !

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1. Des questions très directes

Aude a 27 ans. Elle est mariée à Julien depuis 3 ans, le couple a deux enfants. Cette famille
vivait en harmonie jusqu’à ce que le stress professionnel d’Aude, devenu intolérable, ait
raison de ce bel équilibre.
Aude supervise plusieurs rayons aux Galeries Nouvelles, un grand magasin en ville. La
moitié du personnel a été brutalement licenciée. La surcharge de travail, la crainte d’être, à
son tour, mise à pied bouleversent le quotidien d’Aude. Elle aimait pourtant son métier,
avant…

Aude se résout à consulter le médecin de famille, le docteur Moranne. Son diagnostic


tombe vite.
— Je pourrais vous prescrire un traitement à base d’antidépresseurs. Mais je ne suis pas
convaincu. Par contre, vous pourriez rencontrer Hélène Rivarati…
— La célèbre psychologue ? s’enquiert Aude.
— Oui, elle est également sexologue. Elle pose des questions très directes, dérangeantes.
Mais rassurez-vous : la première visite est totalement anonyme. Hélène Rivarati ne vous
demandera pas votre nom et ne m’enverra aucun rapport. Elle estime cette méthode plus
efficace. En contrepartie, répondez-lui très franchement. Surtout ne soyez pas choquée par
son côté abrupt, la consultation prendra sans doute le tour d’un interrogatoire…

Pour Aude, cela ressemble à un saut dans le vide. Mais elle est prête à tout pour se soigner.

Hélène Rivarati est une femme souriante, affable même, et pleine d’une tranquille sérénité.
Elle a peut-être quarante-cinq ans.
— Le docteur Moranne vous envoie pour une entrevue anonyme, n’est-ce pas ?
— Oui.
— Parfait. Quel est votre prénom ? Vous n’êtes pas obligée de me dire votre véritable
prénom, bien entendu.
— Aude.

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— Je ne sais rien de vous, Aude. Pouvez-vous m’en dire davantage ?


Aude expose son désarroi.
Rivarati tout à coup l’interrompt :
— Votre libido, Aude, qu’en est-il ?
Aude, surprise, n’avait pas l’intention d’évoquer d’emblée cette question. Mais puisque la
sexologue veut savoir, Aude répond sans ambages.
— Partie à vau-l’eau, comme tout le reste…
— Depuis ?
— Depuis que j’ai commencé à me sentir très mal, depuis trois mois environ.
— Pratiquez-vous le naturisme ?
— Non.
— La baignade nue, de temps à autre ?
— Non.
— Comment votre conjoint réagit-il face à votre absence de libido ?
— Il en est conscient. Nous n’en parlons pas.
— Des rapports ?
— Le dernier remonte à un mois. Julien, mon mari, ne veut pas me perturber davantage, je
crois.
— Avant de perdre votre libido, aviez-vous une activité sexuelle extra-conjugale ?
— Comment cela ?
— Masturbation ?
— Non.
— Relations sexuelles avec d’autres hommes, ou femmes ?
— Non… cela n’est pas dans mes habitudes.
— Mais vous en avez eu ? insiste Rivarati, perspicace.
Sentant Aude gênée, elle précise :
— J’ai besoin de la vérité, de toute la vérité pour établir votre profil et vous proposer, peut-
être, une thérapie.
— Une fois oui, il y a longtemps.
— Longtemps ?
— Trois mois après mon mariage.
— Étiez-vous amoureuse ?
— Non. J’étais enceinte. Un soir, je me sentais seule.
— Votre mari a-t-il d’autres partenaires que vous ? Femmes ? Hommes ?
— Non, je ne crois pas. Nous avons quelques principes, nous sommes croyants.
— Pratiquants ? Traditionnels ?

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— Nous formons un Cercle Religieux avec des amis et des connaissances qui partagent
notre foi. Nous avons instauré quelques rites, de notre propre chef. Nous n’allons pas à
l’office régulièrement.
Rivarati se tait un instant, comme si elle faisait le point.

Puis ses questions fusent de nouveau.


— Enceinte, vous avez couché. Avez-vous alors passé un moment agréable ?
— Oui…
— Par rapport à votre foi, le regrettez-vous ?
— Je me suis confessée et j’ai fait pénitence.
— Je comprends. Avec le recul, conservez-vous un bon souvenir de cette soirée interdite ?
— Je n’aurais pas dû.
— Soit, mais vous avez joui ?
— Oui… naturellement.
— En avez-vous parlé à votre mari ?
— J’aurais dû, mais je ne l’ai pas fait.
— Vous gardez donc le secret de votre jouissance extra-conjugale ? Je ne vous juge pas,
mais votre réponse est importante pour mon travail.
— Je ne voulais pas blesser mon mari inutilement.
— Vous étiez enceinte avant le mariage, n’est-ce pas ?
— Oui, nous avions des rapports sexuels.
— Non protégés ?
— Nous ne concevons pas de prendre du plaisir en évitant toute possibilité de fécondation.
— Pourquoi vous êtes-vous mariée ?
— J’ai eu la chance de rencontrer Julien. Comme moi, il souhaitait fonder une famille,
avoir des enfants.
— Êtes-vous heureuse en famille ?
— Oh oui, absolument !
— Êtes-vous sexuellement épanouie ?
— Julien m’amène régulièrement à l’orgasme, et moi aussi.
— Évoquez-vous des fantasmes ensemble ? Les réalisez-vous ?
— Julien et moi n’accordons pas une place démesurée à la sexualité.

Le docteur Rivarati, sagace, pousse Aude dans ses derniers retranchements.


— Je vois. Si vous aviez… non pas un fantasme mais un souhait, sur le plan sexuel…
— Julien ne pratique pas la sodomie, répond-elle, imperturbable.

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— Et cela vous manque ?


— Oui, beaucoup.
— Il existe des instruments pour vous satisfaire seule…
— Je n’ai pas exploré cette voie, la masturbation ne me dit rien.
— Croyez-vous que votre foi soit un obstacle à l’épanouissement de votre sexualité ?
— Non, croire cela serait un point de vue d’athée. Par ailleurs, je fréquente un Cercle
Religieux. Nous y sommes très libres, chacun vit comme il l’entend ; mais c’est bien notre foi
en Dieu qui nous réunit.

Rivarati se lève et se dirige vers sa bouilloire électrique.


— Je peux vous offrir quelque chose ? Un thé ?
— Volontiers, fait Aude.

La sexologue boit en silence, le dos tourné, comme pour donner un moment de répit à sa
visiteuse. Puis elle fait volte-face et reprend en arpentant la pièce à pas lents.
— Vous affirmez ne pas avoir de relation sexuelle extra-conjugale. Et pourtant, tel n’est
pas le cas.
— Ah bon !
— Une femme enceinte, qui plus est mariée depuis trois mois, couche-t-elle si facilement ?
Vous êtes allé très loin. Ne voyez là aucun jugement de ma part, seulement un constat.
— J’estime avoir expié ma faute.
— Je n’en doute pas. Mais il s’agit d’un acte sexuel important pour l’ébauche de votre
profil.
— N’ai-je donc pas droit au pardon ni à l’oubli de ma faute ?
— Devant Dieu, sans aucun doute. Mais vous êtes sur terre et je dois vous soigner sans
préjugé. Vous avez pris la liberté de coucher puis jamais vous n’avez mis votre mari dans la
confidence. C’est un secret qui n’appartient qu’à vous. Il s’agit donc bien d’un acte sexuel
extra-conjugal.
— C’était exceptionnel !
— Certes. Mais aujourd’hui même, vous aspirez à la sodomie sans pouvoir la pratiquer.
Voilà un désir de rapport extra-conjugal.
— Il n’est donc rien de plus important à vos yeux que la sexualité ?
— Aude, vous consultez une sexologue et vous n’avez plus de libido. De quoi voulez-vous
que je vous entretienne ? Je note combien votre libido peut être forte.
— Ce n’est plus le cas aujourd’hui.

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— Bien entendu. Mais… nous pourrions nous appuyer sur cette force latente pour vous
aider à vous en sortir.
— C’est paradoxal !
— Peut-être pas. Cette libido que vous croyez perdue gît en vous comme une ressource
inexploitée.
— Je ne comprends pas.
Rivarati lève une main en signe d’apaisement.
— Aude, avez-vous entendu parler de massage taoïste sensuel ?
— Très vaguement.
— Aucune importance ! Cela remonte à une tradition très ancienne, bien loin de notre
mode de vie occidental. C’est très complexe ; rien que pour vous préparer au massage taoïste,
il vous faudrait de longs mois. C’est pourquoi je vous en propose une version très édulcorée :
le massage paratantrique. Il prend le corps dans toutes ses dimensions : physique,
énergétique, spirituelle, émotionnelle. Sa grande particularité est qu’il se concentre sur la
sexualité. Vous pourriez suivre un stage avec votre mari pour ensuite pratiquer tous deux
chez vous.
— Julien n’acceptera pas, cela ne correspond pas à sa personnalité, je vous le dis
d’emblée !
— Votre mari serait donc incapable de vous aider dans le cadre que je vous propose ?
— Oui, il n’en verra pas l’intérêt.
— Alors vous aurez recours aux services d’un tiers, masseur ou masseuse ; quoique… dans
votre cas, l’énergie masculine me semble plus appropriée. Le stage se déroule à votre propre
rythme.
— De quoi s’agit-il ?
— De puiser à la source d’énergie la plus forte que produit le corps humain : la sexualité.
— Comment fait-on ?
— Ah !… Idéalement, masseur et massée sont nus…
— Je devrais me trouver nue aux mains d’un homme nu que je ne connais pas ? coupe
Aude.
— Rassurez-vous, il n’y a ni règles précises ni obligations. Le masseur peut être vêtu et
vous conserver vos sous-vêtements, du moins pour commencer. Sachez toutefois que vos
zones érogènes, donc principalement seins et sexe, sont livrées aux soins du masseur.
— Cela ne me plait pas !
— Permettez-moi de poursuivre, s’il vous plaît. Le but n’est pas d’avoir une relation
sexuelle, mais au contraire de l’éviter ! Il s’agit de stimuler vos organes sexuels pour en
libérer l’énergie capable de vous aider. Le rapport sexuel est hors de question et n’a pas lieu

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d’être. Voici un fascicule qui explique cela en détail. Lisez-le attentivement et sans préjugés.
Si vous le souhaitez, je vous indiquerai à qui vous adresser.

Quelques jours après cette consultation anonyme, Aude reprend contact avec Hélène
Rivarati.
— J’ai lu votre documentation. Ce traitement est très axé sur la sexualité. Il s’agirait pour
moi d’atteindre l’orgasme entre les mains d’un parfait inconnu.
— Bien entendu. Vous avez perdu votre libido, il vous faut la retrouver ! Et vous m’avez
expliqué que votre mari ne souhaiterait sous aucun prétexte apprendre à vous prodiguer ce
massage. En avez-vous tout de même parlé avec lui ?
— Non car je connais déjà sa réponse. Il ne comprendra pas et il ne se prêtera pas à de tels
exercices.
— Quelles que soient ses motivations — religieuses principalement, je crois —, nous
devons les respecter. Mais vous ? Voulez-vous guérir ?
— Un homme qui n’est pas mon mari va tripoter mon clitoris, glisser ses doigts dans ma
vulve…
— Eh là, seulement si vous l’acceptez ! La seule manière pour vous de le savoir est
d’essayer. Les mouvements sont lents et doux. Vous restez, à tout moment, libre de tout
arrêter. Le masseur pour sa part sentira vite s’il peut continuer ou pas. De votre côté, ne vous
focalisez pas sur le toucher de vos zones érogènes, il s’agit d’un massage de tout votre corps,
avec des éléments de respiration et aussi de méditation. Si vous vous avérez réceptive, vous
atteindrez l’orgasme ; mais pas nécessairement. Et sans doute pas lors de vos premières
séances. Oubliez votre sexe ! Songez au bien être de votre corps et de votre esprit. Je vous
rappelle que le but n’est pas de vous stimuler en vue d’un rapport sexuel, le masseur ne vous
le proposera jamais. Vous recevrez. Vous apprendrez à recevoir. Sans rien offrir en échange.
Une connexion spirituelle entre masseur et massée est indispensable pour que le massage
réussisse.
— Et si je ne souhaite pas essayer ?
— Nous envisagerons une autre thérapie. Mais les chances de réussite seront limitées et
elle sera très étalée dans le temps. Avez-vous du temps à perdre ?
— Je suis à bout…
— Suivez donc mon conseil ! L’essentiel pour vous est d’oublier. Sitôt entrée dans la salle
de massage, oubliez ! Oubliez votre présent, votre passé, le monde extérieur et ses tourments.
N’attendez rien, mais soyez disponible. Laissez-vous faire.
— Facile à dire !

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— Bien. Je vous propose le masseur Yvan, que je connais personnellement. Discutez


librement des modalités de votre massage. Inutile de lui rapporter notre conversation, elle
reste confidentielle. Yvan saura agir selon vos besoins et vos souhaits. Si le courant ne passe
pas, je vous proposerai quelqu’un d’autre. Deux séances hebdomadaires d’une heure et demie
devraient convenir pour commencer.

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2. L’homme au kimono blanc

Yvan, vêtu d’un kimono blanc, accueille sa patiente à la réception.


— Le docteur Rivarati vous a expliqué… s’inquiète la jeune femme.
— Hélène m’a dit l’essentiel. Je sais très peu de choses sur vous, nous apprendrons à nous
connaitre au fil de nos séances.
Yvan conduit Aude à la salle de massage. L’endroit est sobre, propre et ordonné.
— Je vous laisse vous familiariser avec notre environnement, prenez votre temps. Retirez
vos vêtements et quand vous serez prête, pressez cette sonnette pour m’appeler, termine le
masseur en s’effaçant.

Aude, presque absente, le regard égaré, arpente la pièce. Une table de massage, des fioles
de couleurs diverses, des galets plats dans un bain d’eau chauffée. Elle n’a plus qu’à se
défaire. Elle conserve ses sous-vêtements, une banale culotte de coton blanc et un soutien-
gorge qu’elle a choisi à dessein, très enveloppant. Elle presse la sonnette et s’allonge sur le
dos.
Yvan apparait.
— Pouvons-nous commencer ? s’enquiert-il avec délicatesse.
Aude répond par un signe de tête approbateur.
— Je vais enduire votre corps d’huile végétale. Pendant ce temps, respirez ! Soyez très
attentive à votre respiration, je vous le rappellerai.

Yvan commence par les épaules, les bras, les cuisses, puis viennent les pieds, auxquels il
accorde une attention toute particulière. Ses mains remontent ensuite les jambes, massent le
ventre, les hanches, le buste autour du soutien-gorge.
— Tournez-vous maintenant !
Yvan reprend les plantes de pied, s’attarde sur les mollets, les cuisses et l’entrecuisse. Puis
les reins, le dos, les épaules de nouveau.
Aude se laisse porter par ces agréables sensations. La main d’Yvan est occupée sur ses
omoplates quand Aude lui dit :
— Vous voulez bien défaire mon soutien-gorge ?
Yvan, sans mot dire, obtempère. Il peut ainsi masser le dos de sa patiente sans restriction.

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— C’est beaucoup mieux ainsi, fait-elle. N’oubliez pas de le ragrafer quand vous aurez
terminé, s’il vous plaît.
— Bien sûr. Respirez Aude, respirez profondément comme vous l’avez fait jusqu’à
maintenant !

La séance suivante se déroule sur le même mode, qui convient parfaitement à Aude.
Toutefois, le massage pourrait être plus complet. Elle envisage des sous-vêtements moins
enveloppants. Des sous-vêtements ?… Cela produit un effet de déshabillé dérangeant, comme
si elle cherchait à faire quelque effet. Pourquoi donc ne pas se présenter en tenue de plage ?
Son string à lacets est minimaliste, tout autant que son soutien-gorge ; mais il s’agit d’un
bikini qu’Aude porte en public sans la moindre gêne. Dorénavant, elle l’utilisera lors de ses
massages ! C’est la barrière dont, inconsciemment, Aude a encore besoin.

Yvan, toujours discret, accueille Aude sans sourciller. Le string-ficelle permet de masser
ses fesses sans entrave. C’est tellement mieux, songe Aude. Puis elle a appris à respirer, à
faire table rase du monde extérieur, à ne plus sentir que les huiles imprégner sa peau.

Une nouvelle semaine s’est écoulée. Le pétrissage des fessiers, comme celui du ventre, est
plus précis et plus prononcé. L’entrejambe est partiellement sollicité. Yvan, dans cette danse
qui unit masseur et massée, a glissé son doigt sur l’aine. Puis sous le petit triangle du string,
tout près du sexe dont innocemment il masse les grandes lèvres. Aude, concentrée sur son
bien être, s’en est à peine aperçu. Mais Yvan, prudent, s’arrête là. Jusqu’à quand ne pas aller
plus loin ? Son esprit, en phase avec celui de sa patiente, lui indiquera le moment propice.

Aude entame sa quatrième semaine, optimiste et heureuse de se rendre chez Yvan. Elle
n’est pas guérie, bien sûr, mais elle parvient à écarter toute impatience. Elle a appris à ne rien
attendre, à simplement lâcher prise quand commence la séance. Son bikini minimaliste fait
très bien l’affaire. Son soutien-gorge ne masque certes pas la naissance de ses seins fermes et
oblongs, qu’Yvan se garde précautionneusement de masser. Ses incursions sous le string pour
presser les grandes lèvres semblent désormais si naturelles qu’aujourd’hui son doigt huilé se
risque sur le sillon des petites lèvres. Il contourne le clitoris, puis y revient et se pose sur son
capuchon. Aude frémit sans pour autant s’en offusquer. La connexion mentale prévaut, la

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thérapie semble en bonne voie.

Aujourd’hui comme à l’accoutumée, Aude se prépare dans la salle de massage. Observant


les conseils d’Yvan, elle se concentre et médite pour s’abstraire du monde extérieur. Aude
s’étend en bikini. Confusément, elle perçoit une anomalie dans cette situation. Mais
laquelle ? Peut-être s’agit-il d’une impression parasite ; elle s’empresse de l’oublier et sonne
son thérapeute.

Avec calme et douceur, Yvan prodigue à Aude le massage le plus intégral possible. Cela
suffit-il ? Peut-être pas désormais. Il y a cette paire de seins qu’il conviendrait de libérer.
Mais un je-ne-sais-quoi retient le masseur à l’écoute silencieuse. Il semble préférable de
s’occuper des fessiers, particulièrement réceptifs aujourd’hui ; il les écarte sans pudeur puis
fait signe à Aude de s’allonger sur le dos.
Il enduit de nouveau ses mains et s’attarde sur l’entrejambe, presse les grandes lèvres,
glisse sur les petites, frôle le clitoris d’Aude qui se laisse aller. Yvan dénoue les lacets qui
maintiennent le string. Enfin libre de toute entrave, la vulve apparait. Yvan en masse le
pourtour. Une légère friction suffit à retrousser le capuchon du clitoris. La jeune femme
frémit d’aise. Yvan, tente une prudente incursion à l’orée du vagin… Rien ne semble
s’opposer à son exploration. « Respirez profondément ! » rappelle-t-il à Aude en la guidant
dans sa requête. Il presse la paroi interne du vagin en lents cercles concentriques. Son doigt
qui s’avance détecte le point G. L’osmose tant attendue se produit alors. « Oh ! fait Aude, oh,
continuez, je vous en supplie ! ». Et Aude, au bout de cinq semaines de soins, éprouve son
premier orgasme. Yvan l’accompagne en massant le corps de sa patiente jusqu’au cou, puis
sa tête et son cuir chevelu.
Il prend ensuite ses seins dans le tissu du soutien-gorge dont Aude, d’un geste, l’invite à la
débarrasser. Yvan peut ainsi les encercler librement. Il commence par un toucher de plume
puis les huile et les masse, les presse à pleines mains avant d’en faire rouler les mamelons
entre ses doigts. Aude ne résiste pas à la vague de plaisir qui de nouveau l’emporte. Les seins
d’Aude seraient-ils sa zone la plus érogène ? Yvan tient les mains d’Aude entre les siennes et
l’accompagne dans son retour d’orgasme.
Le calme revenu, ils méditent.
Aude rompt finalement le silence :
— Aurais-je retrouvé ma libido ?
— Partiellement, oui. Nous avons bien progressé. Mais il nous faut poursuivre, si vous le
souhaitez bien entendu.
— Je ne suis sans doute qu’à mi-chemin…

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— Le flux mental qui nous lie vous permettra de savoir aussi bien que moi quand le
moment de mettre fin à nos séances sera venu, dit le masseur.
Aude semble acquiescer, consciente que son masseur en sait bien plus long qu’elle. Puis,
elle réalise soudain ce qui l’avait confusément alertée en début de séance.
— Je suis nue, mais vous pas.
— En effet… Souhaitez-vous que nous pratiquions tous deux nus ?
— C’est ce que préconise l’opuscule du docteur Rivarati, n’est-ce pas ?
— C’est préférable, mais en aucun cas indispensable.
— Je comprends maintenant combien cela est important pour la qualité du flux mental
entre masseur et massée.
— N’allons pas trop vite, Aude ; pour la première fois aujourd’hui, vous acceptez votre
propre nudité…
— Cette impudeur absolue, requise par la thérapie, me dérangeait énormément. La
dimension sexuelle me semblait démesurée. Tout cela s’opposait à mes convictions
religieuses, à ma foi en Dieu. Accepter m’a demandé au départ un très gros effort. Puis, au fil
des séances, vous m’avez montré qu’il s’agissait d’un tout ; qu’isoler ma sexualité était
absurde.
— Cette inhibition est fréquente chez beaucoup de non-initiés. Mais vos réticences sont
désormais surmontées.
— Peut-être, en effet.
— Bien, puisque tel est votre souhait, nous serons désormais tous deux nus.

Lors de la séance qui suit, Yvan, nu, retrouve Aude, nue. Mais, contrairement à l’habitude,
elle est allongée sur le ventre et porte un masque de soie noire qui cache complètement ses
yeux, et même une partie de son front.
— Êtes-vous nu ? demande-t-elle à Yvan.
— Oui, comme convenu…
— Je vous tourne le dos et je masque ma vue, excusez ma pudeur ! Je pourrai ainsi me
concentrer pleinement.
— Vous n’avez pas à vous excuser, Aude, vous restez libre d’agir comme bon vous
semble. Commençons ! Respirez profondément, dit-il en massant le dos de la jeune femme.

Puis il prend ses pieds, s’attarde sur sa voute plantaire et traite les doigts un à un. Ensuite
revient le glissement doux des mains du masseur sur la peau d’Aude enduite d’huile végétale.
Il ouvre librement les fesses sans string, les travaille, et enrobe les hanches sans ficelles. Il

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demande à Aude de se tourner. Il prend ses seins, cette paire d’ogives jusque là interdites et
pourtant incontournables. Sitôt frôlés, les tétons raidissent. Aude soupire d’aise au sentir
d’une coulée d’huile tiède sur son cœur puis sur son ventre. Le poil sur le pubis est rare, taillé
à ras, très bas, près de la vulve totalement dégagée. Yvan la couvre de sa paume de longs
instants pour accorder sa respiration avec celle d’Aude. Puis ses doigts pressent les grandes
lèvres à des endroits précis, les lissent avec une infinie douceur tout en s’approchant de la
fente qui, lentement, s’ouvre. Il y glisse son majeur. Aude l’accueille dans un soupir. À deux
doigts maintenant, il caresse la paroi du vagin. L’énergie, plus intense, parcourt le corps
d’Aude. Le masseur glisse alors sa main libre sur le ventre, le cœur, les jambes, les mollets,
les pieds.

Yvan opte alors pour un soin qu’il prodigue rarement : le contact buccal avec le clitoris.
Aude parait prête et l’instant propice. Yvan la place au bord de la table de massage. Le regard
masqué, elle sent le masseur ouvrir ses jambes. Il s’agenouille face à la vulve. Ses paumes la
couvrent puis ses pouces, de part et d’autre, la lissent. Les lèvres s’ouvrent tels des pétales.
Yvan, ici et là les embrasse, puis doucement les suce et les rejoint. Bouche du masseur et
vagin de la massée ne font qu’un tandis que la langue flatte le clitoris. Aude, seins bandés,
halète sous les succions régulières du masseur. Le dos arqué, Aude soudain gémit et projette
son bassin en avant, tout contre Yvan. Elle va jouir. Yvan prend ses mains dans les siennes
quand, exultante, elle sourit. Yvan caresse son ventre sans interrompre le contact entre ses
lèvres et celles de la vulve honorée. Une fulgurance, plus intense encore que la précédente,
parcourt le corps d’Aude tout entier. La main du masseur glisse alors sur le cœur et entre les
seins. Sa bouche s’est éloignée de la fente ruisselante. Toujours agenouillé, il caresse les
cuisses de la jeune femme. Elle, le regard occulté par son masque pose machinalement ses
pieds sur le crâne d’Yvan en signe de gratitude.

Yvan est debout derrière Aude. Il pose son visage contre le sien et, immobile,
l’accompagne, jusqu’au bout. Puis, délicatement, il l’embrasse sur la tempe. Il prend de
nouveau ses mains dans les siennes, frôle son visage, et lui donne un furtif baiser sur les
lèvres.
Le couple, apaisé, sans un mot se défait.

Aude, seule dans le salon, retire son masque et se rhabille.

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3. Gourmandise ?

Dès le lendemain, Aude annonce l’excellente nouvelle à sa sexologue.


— Je suis très heureuse de ce résultat, Aude ! Mais il faut poursuivre.
— Oui… bien sûr, fait Aude.
— Désormais, une séance par semaine suffira amplement. Puis nous devrions assez vite
passer à une séance mensuelle, jusqu’à ce que vous recouvriez pleinement votre libido.
— Une séance hebdomadaire suffirait donc ?
Rivarati, lui répond abruptement :
— Vous ignorez tout du massage taoïste ! Votre traitement est paratantrique, c’est-à-dire
fondé sur une spiritualité simplifiée à l’extrême. Le risque est maintenant pour vous de
basculer.
— Basculer ?
— Oui, dans la gourmandise. Soyez parcimonieuse et suivez à la lettre le chemin que vous
indique votre masseur !

La prochaine séance n’aura donc lieu que lundi prochain. La gourmandise ? D’orgasmes
sans doute… C’est bien là un travers qu’Aude n’imaginait pas ! Et pourtant… Jeudi déjà,
Aude éprouve quelque impatience ; la connexion a été si parfaite la fois passée ! Qu’attend
désormais Aude de son traitement ? Du plaisir ? Oui. Sexuel ? Oui… puisqu’elle a presque
retrouvé sa libido ! Mais… n’est-ce pas là un piège diabolique qui la détourne de la grâce
divine ?… Non, car elle doit guérir.
Aude prie ; son impatience s’estompe. La gourmandise est un péché. La mise en garde
d’Hélène Rivarati vient à point nommé. Aude prie de nouveau… Oui, comme au début, elle
doit se prêter aux séances futures sans rien en attendre ! Ainsi, le flux spirituel entre Aude et
son masseur sera plus fort encore. Ainsi, l’ouverture de son corps libèrera les énergies
nécessaires.

Lundi, Aude est au rendez-vous, nue, calme et disponible. Elle conserve les larges lunettes
de soie noire qui masquent son regard, mais elle s’étend aujourd’hui sur le dos.

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Yvan la salue, masse ses épaules et d’emblée prend ses seins ; les expériences passées lui
ont appris que, chez Aude, tout commence là. Les deux masses oblongues durcissent. Yvan
passe au ventre, aux cuisses, aux mollets, aux pieds. Puis viennent l’aine, les grandes lèvres,
et les petites. Le clitoris répond dès les premières pressions. Yvan, très délicatement, en
retrousse le capuchon et le lutine. Aude halète, supplie Yvan de ne pas cesser. Ses doigts se
crispent sur le bras de son masseur. Yvan accompagne son orgasme, une main entre ses seins
et l’autre dans son cou, tout en guidant sa respiration.
La vague passée, Aude caresse le torse du masseur.
— Aude ! fait-il, comme pour la rappeler à l’ordre.
— Vous me faites tant de bien, j’ai besoin de vous toucher, de vous renvoyer cette énergie !
— Je comprends, mais pensez uniquement à vous. Acceptez de recevoir sans donner !
— C’est plus fort que moi, j’ai besoin d’exprimer ma reconnaissance, souffle-t-elle sans
cesser de chercher, derrière le masque qui occulte sa vision, le corps du masseur.
Sa main rencontre par hasard le sexe d’Yvan, érigé.
— Vous… vous bandez ! s’exclame-t-elle.
— Cela arrive fréquemment… Dans le flux mental qui nous lie, je danse avec vous,
j’accompagne votre extase sans vous désirer. Lâchez mon sexe, ne vous occupez pas de moi !
répond-il calmement.
Mais Aude presse le phallus entre ses doigts.
— Aude, non ! fait Yvan, d’un ton doux, mais ferme.
— Me laisserez-vous vous rendre le bonheur que vous m’apportez ! dit-elle en retirant son
masque.
— Aude, lâchez prise ! Ne rompez pas le lien qui nous unit !
Aude secoue la tête en signe de dénégation.
— L’énergie concentrée se dissipe, le flux qui nous baigne se tarit, votre thérapie va
échouer ! fait Yvan en se dégageant.
Aude lève les yeux.
— Laissez-moi vous prendre dans ma bouche ! Je… je n’irai pas plus loin.
Yvan lui jette un regard très dur.
Puis il se ressaisit.
— En êtes-vous certaine ?
Aude hoche la tête.
— Après tout, vous êtes libre de mettre fin au traitement quand vous le souhaitez, de la
manière qui vous plaira, dit-il d’un ton désabusé.

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Aude s’accroupit et embouche le phallus, très profondément. Elle ferme les yeux.
Immobiles, masseur et massée conservent de longues minutes cette étrange position. Puis
Aude serre ce qui n’est désormais qu’une bite entre ses joues, et de sa langue lape le gland.
— Aude, vous brisez toute connexion mentale…
Elle s’interrompt.
— Et si nous tirions simplement un coup ? suggère-t-elle crûment, dans un vocabulaire qui
n’est pas le sien. Je n’entends rien au tantrisme, baisez-moi !
— Non, Aude !
Aude s’assied sur le bord de la table de massage, et présente sa fente où se mêlent huile et
cyprine.
— Yvan, vite !
D’autres auraient cédé, mais Yvan est un professionnel, recommandé par le docteur
Rivarati.
— Aude, dit-il posément. N’hésitez pas à parler de cet incident au docteur Rivarati. Elle
vous orientera peut-être vers un autre masseur, je ne peux plus vous aider.

Aude, horriblement frustrée, mais sans honte, se rhabille.

Yvan, toujours nu, patiente pendant qu’elle, le dos tourné effectue de profondes
respirations.
Enfin radoucie, elle dit :
— Merci Yvan, pour tout ce que vous m’avez apporté.
— Il n’y a pas de quoi, Aude. Vous n’avez pas à me remercier.

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4. Liberté douce-amère

Quelques jours plus tard, Aude rencontre sa sexologue. L’air penaud, elle s’attend à des
remontrances. Mais Rivarati, efficace, se limite à la questionner.
— Où en êtes-vous au juste ? Avez-vous eu des rapports depuis que vous avez
soudainement mis fin à votre thérapie ?
— Oui, le soir même.
— Avec qui et comment ?
— Avec Julien, mon mari. Lui-même les a provoqués.
— Comment ?
— Il m’a d’abord demandé pourquoi depuis quelque temps j’épilais mon sexe si bas, le poil
ras, comme lors de mes grossesses. Je ne savais que répondre. Votre brochure précise qu’une
vulve totalement dégagée est plus réceptive au traitement…
— Avez-vous parlé de vos séances paratantriques à votre mari ?
— Non, il n’imagine pas qu’un masseur a glissé son doigt dans mon sexe pendant plusieurs
semaines.
— Soit. Alors, ce rapport conjugal ?
— Julien m’a tripotée puis pénétrée en missionnaire. C’était bon.
— Vous vous en êtes bien tirée, constate Rivarati. Ensuite, d’autres rapports ?
— Oui, deux.
— Normaux ?
— À peu près. Je veux dire très classiques, mais je reprends quelque plaisir, je vais mieux.
— Mieux, mais pas complètement guérie.
— Je devrais poursuivre mes séances ?
— La connexion mentale avec un masseur est longue à établir, il vous a fallu cinq semaines
pour atteindre votre premier orgasme. Non, plus de séances, car vous-même avez mis fin à
l’expérience ! Je vous conseillerais de vous occuper désormais de votre anus, tranche
Rivarati.
— De mon…
— Vous m’aviez parlé de votre insatisfaction chronique sur le plan anal. La libido forme
un tout. Côté vagin, vous semblez être sur la bonne voie. Reste maintenant l’autre orifice.
— C’est impossible.

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— Je voudrais que votre rétablissement soit total, et solide.


— Pour Julien, anus et rectum ne servent qu’à expulser les matières fécales.
— Puisque votre mari ne peut rien pour vous, vous devez faire quelques efforts de votre
côté.
Rivarati plonge sa main dans un tiroir et en sort un objet métallique en forme de pomme de
pin, solidaire d’une courte tige soudée à une base circulaire.
— Je suppose que vous savez l’utiliser ?
— Oui, je l’ai pratiqué il y a longtemps.
— Il est temps de reprendre les bonnes habitudes ! Procurez-vous un stimulateur anal de ce
type et placez-le régulièrement dans votre anus. À votre gré, mais au moins une fois par jour.
— Vous croyez que cela peut remplacer…
— Pas du tout ! Le but est de familiariser de nouveau votre anus avec une pratique presque
oubliée.
— Et puis ?
— Ah, et puis ! Essayez d’abord ce procédé d’autosatisfaction à votre gré, puis nous ferons
le point.

De retour chez elle, Aude éprouve un sentiment de liberté doux-amer. Le docteur Rivarati a
préconisé ce qu’Aude s’interdisait depuis son mariage ! Un stimulateur anal ? Un plug, quoi.
Et Aude en a un ! Depuis que Gonzague, le restaurateur de vitraux, l’a quittée, Aude a
conservé précieusement l’objet de plaisir sans oser y toucher.
Elle fouille dans une commode aux formes arrondies. Enfin, au fond du dernier tiroir qui ne
contient que ses effets personnels, Aude déniche cette boîte de cuir guilloché, noirci par les
ans. Elle en pousse le couvercle coulissant et, non sans joie, elle retrouve son plug intact.
L’objet est en acier inoxydable, d’envergure moyenne ; sur sa base cylindrique est gravée une
discrète étoile. Combien de joies ce cône d’acier n’a-t-il pas préparées lorsque Gonzague le
glissait en elle puis le retirait, puis le laissait s’introduire presque de lui-même dans son anus
dilaté !

Aude se souvient que Julien avait accédé à sa requête : pour leur nuit de noces, il lui avait
promis une toute première pénétration anale. Mais le malheureux, malgré les flux de
lubrifiants, malgré ses doigts bien engagés, malgré ses efforts contraints, n’y parvenait pas.
Le plug se serait peut-être avéré utile… Mais Aude n’osa pas le présenter à son mari. C’était
un cadeau de son ancien amant, un souvenir toujours vivace… Sa présence incongrue entre
les nouveaux mariés aurait gâché la fête.

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Aude n’avait pas caché à Julien son goût prononcé pour l’orgasme anal ni sa pratique
régulière avec Gonzague. Mais elle n’avait jamais fait état de l’existence de ce bouchon
conique qu’elle conservait, sans en faire usage, depuis qu’elle avait rencontré son futur mari.

Cet après-midi, pourtant, tout a soudainement changé. Comme Gonzague n’est plus de la
partie, Aude s’invite elle-même à introduire le plug dans son anus — sur le conseil express
du docteur Rivarati ! Le sentiment de mentir à Julien par occultation n’a plus lieu d’être,
raison médicale oblige. La voie anale est de nouveau ouverte !
Aude se précipite à la pharmacie pour acquérir plusieurs tubes de lubrifiant, astique
l’oblongue pomme de pin jusqu’à lui redonner l’éclat du neuf, la stérilise et, soigneusement
pommadée, la glisse entre ses fesses. Elle n’éprouve pas la moindre douleur, au contraire. À
sa joie se mêlent d’heureux souvenirs. Satisfaite, elle conserve son plug pour aller faire ses
courses.
Puis elle décide d’emporter l’objet magique au travail. Assise à son bureau, elle se plait à le
serrer puis le relâcher dans son rectum. Régulièrement, elle s’enferme dans les toilettes pour
le lubrifier ou le retirer quelques heures durant.
Un soir, après la douche, l’envie lui prend de boucher son anus. Plus tard, au lit, Julien la
désire, la caresse, et en missionnaire la chevauche. Le plaisir est bref, mais intense, surtout
pour Julien. Il ne sait pourquoi. Il n’a pas remarqué la bénéfique présence du plug dans le
derrière de sa femme — l’objet rend en effet son vagin plus étroit…

Pour plusieurs raisons, il est temps de consulter Rivarati.

— Le stimulateur anal me fait le plus grand bien, annonce Aude.


Rivarati hoche la tête en souriant.
— Pas de perte de libido ?
— Non, cela va mieux.
— Vous parlez des rapports sexuels avec votre mari, n’est-ce pas ?
— Oui, bien sûr ! Nous faisons l’amour plusieurs fois par semaine…
— Combien ?
— Disons deux fois environ…
— Parfait.
— Julien ignore tout de mon plug…
— C’est votre libido que nous soignons, pas la sienne ! En quoi cela le concerne-t-il ?

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— Vous savez que la pénétration anale est pour lui inconcevable. S’il découvrait que je
porte mon plug régulièrement et avec plaisir, il serait très humilié et me trouverait… indigne.
— Votre mari aurait des raisons plus sérieuses de douter de votre vertu, Aude ! tranche
Rivarati.
Aude rougit.
— Aude, mon rôle n’est pas de vous juger, mais de vous aider à mieux vous connaitre. Il
serait ridicule de vous cacher derrière votre petit doigt : vous n’êtes pas, votre fidélité à part,
une épouse chaste. Mais qu’importe ! clame Rivarati d’un ton badin. Parlez-moi plutôt de
votre stress professionnel !
— J’ai encore du mal… Mais il y a du nouveau, on me demande d’effectuer un stage de
formation avec une promotion à la clé.
— Superbe !
— Sauf que si je ne donne pas satisfaction, je serai licenciée au terme du stage.
— Ennuyeux.
— Il y a une partie théorique qui exige des recherches et la rédaction d’un mémoire ; et, en
parallèle, un versant pratique où je dois me rendre dans plusieurs succursales, chez les
fournisseurs…
— Quelle est la durée de ce stage ?
— Six mois.
— Cela ne va pas faciliter notre travail sur votre libido encore trop instable.
Aude se tait, inquiète.
— Mais attendez donc… vous me parlez de recherches théoriques…
— Oui, éplucher les archives au Centre Administratif des Galeries Nouvelles…
— Le Centre Administratif a fait appel à mes services il y a quelques années, je songe à
une piste qui pourrait vous aider…
— Au Centre Administratif ?
— Oui, cela relève du secret professionnel. Je cours un risque en vous livrant cette
information.
— Je comprends, docteur, je ne dirai rien.
— Je n’en suis pas certaine. Quoi qu’il en soit, voici. Vous serez probablement amenée à
rencontrer Armand Vernot, l’archiviste en chef. Il a eu quelques problèmes, des dames se
sont plaintes.
— De harcèlement ?
— Oui et non. Du harcèlement soft. Il n’a jamais forcé quiconque physiquement. Les
plaignantes l’ont reconnu, j’en ai longuement parlé avec elles. Cela m’a permis de conclure

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par un rapport qui incitait à la clémence. Les appuis en haut lieu d’Armand Vernot ont fait le
reste ; il n’a été ni licencié ni condamné par la Justice.
— Mais qu’a donc fait ce monsieur ?
— Rien, à vrai dire. Ses requêtes choquent certaines personnes, ne soyez pas intimidée. Il
est inoffensif.
— Que dois-je faire ?
— Je ne sais si Vernot vous sollicitera. Si tel est le cas, faites comme bon vous semblera.
N’ayez pas peur de Vernot, ne le méprisez pas non plus, il ne le mérite pas. Et surtout, évitez
de lui dire que vous me connaissez ! Restez libre et sans préjugés, Aude ! N’hésitez pas à
m’appeler si vous avez besoin de mon aide ; mais l’idéal serait que vous vous débrouilliez
seule face à Vernot.

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5. Inaccessible étoile

La formation d’Aude a bien commencé. Elle s’est déjà rendue dans plusieurs villes où les
Galeries Nouvelles sont présentes ainsi que dans des succursales de l’enseigne. Elle a
beaucoup à apprendre dans un temps limité, mais cela lui plait ; et elle en oublie presque le
stress insupportable dans son magasin d’origine.

Aujourd’hui, elle se rend au Centre Administratif des Galeries où elle doit rencontrer le
responsable des archives, cet Armand Vernot dont le docteur Rivarati lui a parlé. L’homme à
la cinquantaine passée, pas très grand, flotte dans son ample tablier gris à larges poches où il
glisse sa tablette et accroche crayons et marqueurs multicolores. D’un abord à la fois
professionnel et détendu, il informe Aude qu’il a vingt ans de maison et que tout le monde ici
le tutoie. « Alors pourquoi pas vous ? » glisse-t-il avant de proposer à la nouvelle stagiaire de
l’accompagner déjeuner au restaurant de l’entreprise.
— Tout n’est pas informatisé, des milliers de documents restent en souffrance, il faudrait
les numériser et les répertorier autrement, mais depuis 1897… tu te rends compte ! Ah, tu ne
le croirais pas au vu de l’environnement high-tech des bureaux, non ?
— Non, fait Aude en souriant.
— Tu auras l’occasion de t’en rendre compte lors de tes recherches. Je t’aiderai, bien
entendu.
— Volontiers.
— En fait, c’est le but de ton travail ici. Tu es parmi nous pour mettre de l’ordre dans les
archives, exhumer les plus pertinentes et produire un rapport de synthèse, dit-il en plantant sa
fourchette dans une boulette de viande à la sauce tomate. Voyons, quel âge as-tu ?
— Vingt-huit ans.
— Tu connaitras vite tous nos secrets. De mon côté, j’ai une petite requête…
— Oui, dites-moi, répond Aude sans parvenir à tutoyer l’archiviste.
— Cela est directement lié à ta présence ici, et si personnel…
Où veut-il en venir ? Pourquoi ces contorsions ?
— J’imagine ton étoile fort belle… tu me la montreras ?
Les mises en garde de Rivarati reviennent soudain à l’esprit de la stagiaire.

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— Je ne comprends pas, fait-elle sincèrement.


— Je voudrais voir ton anus, quand tu voudras bien entendu.
Interdite, Aude le toise quelques instants puis reprend ses esprits.
— Quand je… voudrai ! Vous ne manquez pas de toupet !
— Oh, tu ne seras pas la première, tu sais, fait-il calmement. Je n’ai jamais contraint
personne et pourtant bien des femmes qui sont passées par ici ont un jour franchi ce pas.
— N’attendez pas cela de moi !
— Pourquoi pas ? Tu trouves ma requête vicieuse. Mais, regarde un instant les choses sous
l’angle inverse ! Crois-tu que river ton anus à une chaise de bureau, l’occulter en permanence
soit bien raisonnable ? Cela tient de l’inconscience.
— Votre requête est celle d’un obsédé !
— Oui, si tu conserves tes préjugés. Et non, si tu vois au-delà. Imagine-t-on si proche étoile
dissimulée dans le sol ? Nous avons tous des obsessions, en quoi celle-ci est-elle si
différente ?
— C’est de la pornographie !
— Vraiment ? La face cachée de la lune suscite la curiosité, une étoile l’admiration ! Le
beau et l’intime ne se révèlent qu’au regard de qui sait y goûter.
— Vous voulez goûter à mon trou de cul, c’est cela ? s’enquiert Aude crûment.
— Je souhaite simplement contempler ton étoile, rien de plus. Quelque chose dans la
lumière de tes yeux me dit que tu es différente…
— Vous me draguez maintenant ? l’interrompt la jeune stagiaire.
— Pas du tout. Je suis amateur de secrets bien gardés. Quoi de plus mystérieux pour moi
que ton étoile ?
— Je vous en prie Monsieur Vernot, n’insistez pas !
— Je ne te harcèle pas, je ne te fais aucun chantage. Ma requête ne doit pas perturber notre
collaboration pour ton mémoire de fin de stage. Je te laisse y repenser. Je sais aussi qu’on
n’acquiert pas un joyau du jour au lendemain.
— Comptez sur moi ! lance Aude dans un éclat de rire.
— Eh bien voilà ! fait-il, jovial, comme s’il prenait Aude au mot. Laisse ta mauvaise
impression se dissiper et n’en parlons plus ! Je songerai à ton étoile en silence. Comme elle
doit briller en privé ! Cela ne me regarde en rien, mais je parierais qu’elle est souvent visitée.
Oublions tout pour l’instant, je te retrouve dans une demi-heure avec la Direction. Bon café !

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Aude boit son double express à petites gorgées. Ce Vernot lui a parlé sur un ton
bienveillant, malgré son extravagante requête. Puis Rivarati le dit inoffensif… La stagiaire
retrouve son calme et reste pensive.

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6. Flashbacks

De retour chez elle le soir, la tête farcie de données techniques et de procédures en cours
d’analyse, Aude s’étourdit sous le jet puissant de sa douche. Puis ce… comment s’appelle-t-il
déjà ? Ah oui, Vernot ! Cet Armand Vernot lui revient à l’esprit. Un vicieux ? Mais qu’est le
vice, dans l’optique de Vernot, amateur d’étoiles ?… Il ne demanderait qu’à voir, sans plus…
Sa requête est trop sincère pour qu’Aude se sente menacée de harcèlement. Aude ne sait
comment qualifier ce personnage. Et peu importe ! Pourtant, malgré elle, cette étrange
rencontre la ramène à son intimité. À son passé, pas si lointain.

Aude était étudiante quand elle a connu Gonzague. Gonzague restaurait des vitraux qui
représentaient des scènes tirées de l’Histoire sainte, ou bien de hauts dignitaires de l’église
reconnaissables par leurs attributs. Ce travail, extrêmement délicat, fascinait Aude. Elle
voyait là un exemple vivant de spiritualité appliquée. Elle tomba rapidement amoureuse du
vitrailliste qu’elle eut l’occasion de voir plusieurs fois à l’œuvre. D’abord il refroidit ses
ardeurs, arguant qu’il avait cinquante ans et elle à peine vingt-et-un, qu’ensemble ils
fileraient un mauvais coton. Aude insista. Elle l’accompagnait sur ses chantiers chaque fois
que possible, et elle suivait ses travaux avec passion. La fraîcheur primesautière, la sincérité
et la détermination de cette si jeune admiratrice eurent un jour raison des réticences et de la
sagesse de Gonzague.
— J’aurai tout fait pour te protéger ! murmura-t-il un soir en couvrant Aude de baisers.
— Et si je ne veux pas être protégée ? C’est bien mon choix ! s’exclama-t-elle.

Gonzague était en réalité très attaché à Aude, bien plus qu’elle ne l’aurait soupçonné. Il
s’était efforcé de n’en rien montrer, par droiture et par respect pour cette jeune femme qui,
par rapport à lui, commençait sa vie. Au contact de cet homme expérimenté, fin, cultivé, et —
comme d’Aude — très croyant, cette dernière apprit énormément.
Il ne tarda pas à l’initier à sa pratique sexuelle favorite : la sodomie. Après les premières
expériences, parfois douloureuses ou sans intérêt particulier, Aude y prit goût. Son amant,
créatif, lui enseigna diverses positions. Le bateau ivre leur permettait de jouir sexes alignés,
les yeux dans les yeux ; Aude en raffolait. Le lotus était plein de tendresse. Gonzague, adepte
des positions à la fois esthétiques et difficiles, aimait le papillon et, plus encore, le trône de

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fer, véritable défi qu’Aude, empalée sur le siège à un pied que formait son amant, relevait
merveilleusement. Toutefois, sa préférée, à elle, restait sans conteste la levrette, intuitive,
facile et propice à offrir son intimité au regard et à la visite, de son amoureux. Bref, Aude
devint une experte et, aussi avide que son maître, elle ne tarda pas à l’égaler.

Deux ans de bonheur coulèrent ainsi. Puis, la vie sépara ceux qui s’aimaient. Presque d’un
commun accord : Aude était jeune et Gonzague était vieux. Leurs attentes n’étaient plus les
mêmes. Les gestes du vitrailliste semblaient trop lents, ceux d’Aude trop précipités.
Gonzague, sans égoïsme, conservait ses habitudes bien ancrées tandis qu’Aude n’avait pas de
routine. Etcétéra. Si bien qu’ils décidèrent qu’Aude s’en irait, puisqu’elle vivait chez
Gonzague. Le chagrin des amants séparés fut immense. Jamais ils ne se revirent.

Un an passa. Puis Aude rencontra Julien, dans un Cercle Religieux. Ils s’entendaient à
merveille et partageaient le même souhait de fonder une famille. Le comportement sexuel
d’Aude changea sous l’influence de son compagnon, qui l’incita à approfondir sa foi. Le
principe souvent rappelé par Julien était très simple : on ne prend pas son pied en évitant
toute possibilité de fécondation. Aude et Julien faisaient l’amour sans contraceptif ni
préservatif. Elle tomba enceinte quelques mois plus tard. Aude avait vingt-quatre ans. Ils se
marièrent et devinrent vite les heureux parents d’une petite fille.

Aude et Julien sont membres d’un Cercle Religieux — comme il en existe des centaines —
composé de personnes à peu près du même âge décidées à partager leur foi en Dieu, leurs
joies et leurs peines, en toute simplicité. Le Cercle Religieux n’est nullement organisé par la
paroisse ; il s’est constitué de manière spontanée, par connaissances ou affinités. On se réunit
chez les uns ou les autres pour échanger points de vue et expériences et pour s’entraider.
Parfois on prie ensemble. Et l’on y célèbre les évènements marquants : unions, mariages,
adoptions d’enfant, pendaison de crémaillère… Les fêtes les plus chargées de sens
concernent la célébration de la vie et de sa transmission. Dans une société où maints couples
optent pour l’avortement, par nécessité ou par inconscience, les membres du Cercle fêtent
avec bonheur chaque naissance. La grossesse, au-delà de ses difficultés, n’est pas un fardeau,
mais un motif d’élévation, un honneur, et surtout un don du Ciel. Lorsqu’une femme est
enceinte, chaque étape, autour des troisième et sixième mois, donne lieu à de joyeuses
réunions. Ces cérémonies, appelées célébrations du ventre, n’ont rien de formel, mais elles se
déroulent selon un rituel précis. Ainsi, la femme, debout face aux membres du Cercle,
dévoile fièrement son ventre bombé et ses seins pleins. Chacun est invité à poser sa main sur

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la rondeur prometteuse. Puis une courte prière est prononcée à haute voix, et la fête se
poursuit par un bon repas.

Le ventre d’Aude fut célébré à son quatrième mois. Sandrine, sa meilleure amie, était bien
sûr présente, mais pas son mari, Pacôme. « Tu sais bien qu’il n’est pas croyant, rappela
Sandrine, mais il ne t’oublie pas. Il te rendra visite dans la semaine ». Érika prit l’initiative
d’inviter l’abbé Piron… Ce dernier s’étonna de constater que la plupart des membres du
Cercle Religieux n’assistaient pas à l’office dominical. Il bénit le ventre de l’heureuse élue
presque à contrecœur. Puis il affirma que La célébration du ventre tenait d’un rite païen que
la Sainte Église n’approuvait pas. Il refusa de partager le repas qui suivit. Son absence vite
oubliée, les compliments à l’intention d’Aude fusèrent et la fête se déroula à merveille.

Quelques jours plus tard, Pacôme en effet passa, muni de sa harpe. Il savait combien Aude
appréciait la sonorité de cet instrument, tout comme l’habileté de son jeu qu’à chaque
occasion elle vantait. Julien était malheureusement en déplacement pour quelques jours.
— Je ne suis qu’un païen, désolé pour samedi dernier… s’excusa Pacôme.
— Eh bien, figure-toi que nous sommes logés à la même enseigne par l’abbé Piron !
interrompit Aude d’un ton enjoué en relevant son large t-shirt. Veux-tu païennement honorer
mon ventre ?
La main de Pacôme épousa hâtivement la rondeur d’Aude et la gratifia d’un « Superbe ! ».
Puis, le musicien à la blonde crinière nouée en queue de cheval sortit sa harpe et se mit à
jouer tout de go un long morceau dont Aude apprécia la souplesse et le raffinement des
trilles. Elle servit ensuite un frugal dîner et des tablettes de chocolat qu’elle dévorait à pleines
dents. Ils parlèrent de choses et d’autres. La soirée s’étirait. Pacôme, prêt à rentrer, rangeait
sa harpe quand Aude lui dit :
— Pacôme, je me sens seule, tu ne veux pas rester ? Rester un peu, me tenir compagnie ?
Pacôme la regarda, peut-être aussi surpris qu’Aude elle-même de s’entendre lui confier son
état d’âme si ouvertement.
— Oui, bien sûr ! fit-il.
— Alors viens, je suis fatiguée, dit-elle en passant dans la chambre à coucher plongée dans
la pénombre.
Elle s’étendit sur le lit.
— Reste près de moi, veux-tu ? Jusqu’à ce que je m’endorme.
Pacôme s’allongea aux côtés de son amie. Ils ne parlaient pas. Le calme gagna Aude. La
présence de Pacôme la rendait sereine. Elle se leva, se dévêtit dans l’obscurité, puis soudain
donna de la lumière. Pacôme se dressa. Souriante, fière de ses formes, Aude s’affichait

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entièrement nue. De face, de dos, de profil, elle criait sa grossesse en silence. « Tu es


enceinte, Aude ! » s’exclama-t-il comme s’il excusait son outrance. Elle crut cependant
déceler là une pointe d’admiration. Elle éteignit et vint se lover contre le musicien dans la
pénombre. Lui posa sa main sur l’épaule d’Aude en signe d’apaisement.
— Câline-moi ! lui demanda-t-elle.
Il ne broncha pas.
— En copains ! insista-t-elle en guidant sa main sur son buste.
Sentant Pacôme passif, Aude reprit :
— Ça ne te plait pas ?
— Si… souffla Pacôme à son oreille.
Une paire de seins pleins et fermes, des obus prêts à éclater !
Sous sa caresse, elle les sentait durcir. La douce main du garçon enveloppa alors son
ventre, son pubis au poil ras. Son doigt glissa dans le creux de ses jambes, sur sa fente.
— En copains… murmura Aude comme une mise en garde.
— En copains ! reprit Pacôme, prononçant le sésame qui lui ouvrait la grotte des merveilles
tandis que son doigt poursuivait entre les lèvres humides.
— Oh, que c’est bon ! lâcha-t-elle, surprise par son propre plaisir. C’est bon ! C’est bon !
La bouche de Pacôme rejoignit Aude entre ses jambes. Sa langue décupla le plaisir
impromptu.
Puis soudain, il cessa et se leva.
Allait-il s’arrêter là ? Allait-il la laisser ? Aude se taisait.
Mais elle entendit le froissement de vêtements que l’on retire.
Il revint nu dans son dos, tout contre elle. Elle sentit son sexe dur contre ses reins. Elle se
retourna et le prit.
— Mais tu triques ! susurra-t-elle stupidement.
Elle se mit à le masser lentement sur toute sa longueur.
Pacôme la tira au bord du lit et l’aida à se placer à quatre pattes. Debout derrière elle, il
l’empala. Et, sans répit, la lima.
— En copains ! s’écria-t-elle du septième ciel.
— En copains, oh, Aude oui, en copains ! lâcha-t-il dans un grognement sauvage avant de
se libérer au fond de sa chatte.
Toujours en elle, il flatta le galbe de ses fesses.
— Aude, ma chérie… murmura-t-il.
Puis il se retira, se vêtit, et la quitta sans un mot.
Aude s’endormit quelques instants plus tard.

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Ce n’est que le matin, une fois son petit-déjeuner avalé, qu’Aude prit conscience de son
acte. Une accumulation de péchés capitaux. D’abord la luxure… Puis la trahison… Aude
avait carrément mis le mari de son amie dans son lit ; ce dernier avait résisté, mais nul n’est
de marbre. Puis enfin Julien, son mari, qu’elle venait de tromper sans vergogne !
Oubliant la table à desservir, Aude s’agenouilla et se mit à prier, implorant le pardon. Mais
elle savait que cela ne suffirait pas. Aude devait aller confesser ses fautes. Puis… les avouer à
ses victimes. Aurait-elle ce courage ?

Elle se vêtit à la hâte et se rendit à la paroisse en quête d’un prêtre. Le sacristain lui
annonça que seul l’abbé Piron était disponible. Aude essaya de dominer son aversion pour ce
religieux. L’effort s’avéra d’autant plus rébarbatif qu’elle ne s’était pas confessée depuis la
veille de son mariage, trois mois plut tôt.

Tapi dans la pénombre du confessionnal, l’abbé Piron l’écouta. Elle termina en sanglots.
L’abbé Piron restait mutique. Allait-il lui donner l’absolution ?
Enfin, il parla.
— Vos célébrations du ventre où vous vous dénudez et invitez les participants à toucher
votre corps, au-delà de leur caractère païen, sont des cérémonies sataniques. À quels excès ne
vous ont-elles pas menée ! Votre… faute n’est que l’œuvre de Satan embusqué sous le voile
de la modernité. Au nom de notre Sainte Église, je vous demande à l’avenir de renoncer à
toute mise à nu en public, fût-elle partielle. Comprenez-vous ?
— Oui, mon Père.
— Je l’espère vivement, ma Fille. Je vais vous remettre une liste de prières qui exhortent le
pardon de Notre Seigneur pour les sacrilèges que vous avez commis. À titre de pénitence,
vous viendrez chaque jour prier dans notre église ; à l’aube comme au coucher du soleil.
Vous prononcerez également ces prières agenouillée devant le lit conjugal, trois fois par jour.
Puis vous réunirez votre Cercle dit religieux. Devant tous, vous avouerez votre conduite
libidineuse. Vous demanderez ensuite pardon à celui et à celle dont vous avez trahi l’amour,
l’amitié et la confiance.

Le déballage public requis par l’abbé Piron n’eut jamais lieu. Aude endossa sa culpabilité
complètement seule. Elle ne souhaita pas perturber l’harmonie de son Cercle Religieux.
D’autant plus qu’elle avait commis sa faute en partie à l’extérieur, puisque Pacôme, non
croyant, se tenait à l’écart du Cercle. « Au diable l’abbé Piron ! » alla-t-elle même jusqu’à

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penser. Resta Sandrine. Si Pacôme révélait son écart à son épouse et si cette dernière la
questionnait, alors oui, Aude reconnaitrait qu’elle-même l’avait attiré dans sa couche, sur ses
seins, et entre ses jambes. Mais cela ne se produisit pas. Resta son mari, Julien…
Comprendrait-il ce qu’Aude elle-même ne parvenait à s’expliquer : cette soudaine fureur
utérine ? Dans ces circonstances, demander pardon à Julien parut à Aude dérisoire. Elle
décida d’expier ses graves fautes autrement : chaque jour, jusqu’à la naissance de l’enfant
qu’elle attendait, Aude se rendit à l’église et chuchota la liste de prières appropriées que
l’abbé Piron lui avait fournies. Taire à Julien qu’elle avait, de son propre gré, invité un autre
homme à emplir son vagin, qu’elle avait succombé au stupre restait pour Aude intolérable.
Julien pourtant ne sut rien. Aude porta seule le fardeau de son sacrilège.

Par ailleurs, la déception d’Aude fut grande quand elle découvrit que Julien restait rétif à la
sodomie. Longtemps elle avait espéré le convaincre puis l’initier. En vain. Cette pratique le
répugnait. Puis s’imposait l’enseignement des théologiens : l’éjaculation dans l’anus, la
bouche, la main, ou dans tout autre endroit que le vagin est un péché mortel pour la grâce
sanctifiante. Aude s’efforça d’y adhérer. Elle reconnaissait que sa liaison avec Gonzague,
aussi enrichissante qu’elle fût, péchait par certains aspects ; elle s’était du reste soldée par un
cuisant échec.

Aude et Julien conçurent un second enfant, de deux ans le cadet du premier. Aude minorait
son état de manque, sa frustration. Puis, maternité aidant, elle finit par ne plus y penser.

Mais voilà, ce soir, malgré la fatigue… la grivoise requête d’Armand Vernot éveille en
Aude des souvenirs glorieux, oubliés à contrecœur. L’archiviste a, sans le savoir, frappé droit
dans le mille ! Non que ce brave homme la séduise, mais sa sollicitation renvoie Aude tout
simplement à elle-même…

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7. Cercles vertueux

Trois jours par semaine, Aude voyage. D’une ville à l’autre, d’un magasin à l’autre, d’un
entrepôt à l’autre, pour se former à la logistique.

Le jeudi et le vendredi, elle se rend au Centre Administratif pour son mémoire de fin de
stage. Elle doit effectuer ses recherches théoriques en binôme, avec un certain Maxime,
stagiaire comme elle, lui a-t-on appris inopinément, après sa première rencontre avec Vernot.
On a affecté un minuscule bureau aux deux stagiaires pour faciliter leur collaboration.

Maxime, un grand gaillard de trente-cinq ans, célibataire, convoite Aude depuis la première
fois qu’il l’a rencontrée. Et il ne se gêne pas pour le lui rappeler et la chauffe en permanence.
Aude lui répond invariablement qu’elle est mariée et mère de deux enfants ; rien n’est
envisageable. Par ailleurs, Maxime est un compagnon de travail sérieux et efficace. La
collaboration entre les deux stagiaires, requise par la Direction, porte ses fruits. C’est
pourquoi Aude tolère les avances et les écarts de Maxime, dont elle préfère rire en douce.
Il n’est pas rare que Maxime interrompe une séance de travail par une question très crue
qui en dérangerait plus d’une…

— Ton mari t’a baisée ce matin avant de partir ?


— Non, hier soir, répond Aude du tac au tac.
— Il en a de la chance, j’aimerais être à sa place !
— Mais tu ne l’es pas.
— Et si je t’avais rencontrée avant lui ?
— Tu aurais peut-être de la chance aujourd’hui, qui sait !
Puis le binôme, après cette brève interruption, reprend son travail. Maxime aime entendre
Aude répondre à ses sorties provocatrices. Il ignore qu’Aude prend un malin plaisir à dire la
simple vérité.

Toujours au moment où Aude s’y attend le moins, une autre question revient régulièrement.
— Tu portes un slip ou un string aujourd’hui ?
— Un shorty, désolée !

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— Ah, je l’oublie toujours celui-là !

Au fil des semaines, Maxime se fait plus indiscret encore. Cela parfois agace Aude, mais
ne parvient pas à la déconcerter.
— Tu t’épiles ?
Aude, qui porte ce jour-là une robe à bretelles, lève un bras et révèle son aisselle glabre.
— Tu ne l’as même pas remarqué !
— Si, si, mais la chatte ?
— Idem.
— Complètement ?
— Reste un petit triangle…
— Tous les combien ?
— Très bas, taillé à ras, poursuit-elle négligemment.
— Ça veut dire toutes les semaines.
— En principe, fait-elle sans cesser de compulser ses documents.
Maxime a sa réponse, il se tait et se remet au travail. C’est sa manière de chauffer Aude. Il
ne lâche pas prise tout en se gardant d’aller trop loin ; il ne demandera pas, lourdement, à
voir. C’est pourquoi Aude, qui a appris à connaitre le lascar, lui répond spontanément. Et
Maxime fantasme à l’idée improbable qu’elle dit peut-être vrai. Lui mentirait-elle avec un tel
naturel ?…

Quant à l’archiviste, Aude le retrouve régulièrement pour ses recherches. Il s’avère


courtois, discret, et surtout, très utile. Les premières fois, Aude restait sur ses gardes. Vernot
pourtant ne semble rien attendre d’elle en échange de sa précieuse aide, il fait simplement son
travail. Il connait tous les rouages des Galeries Nouvelles et les démonte pour assister Aude
dans la mise au point de son mémoire. Leur sulfureuse première entrevue parait oubliée.
Harceler la jeune femme serait vain ; puis ce n’est pas la façon de Vernot. Tel un sous-marin,
il a fait surface dès l’arrivée d’Aude dans sa zone pour marquer sa présence, puis il a
discrètement plongé en eaux profondes. Pas d’allusion grivoise, aucun sous-entendu ; rien qui
permette de le repérer. Mais il reste à l’affût. Chaque semaine qui s’écoule confirme sa
première impression : montrer son étoile brune ne dérangerait pas cette jolie femme, bien au
contraire. Comment l’archiviste devine-t-il ce qu’Aude elle-même ignore ? Le flair du
connaisseur, son intérêt et sa passion pour cet astre mystérieux, à la fois proche et lointain ?
Probablement.

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La formation professionnelle d’Aude tire à sa fin.


Et la mer, du côté des Archives, reste étale. Aude a pourtant l’impression confuse que la
partie n’est pas jouée ; et que la balle est dans son camp… Pourquoi cette pensée absurde ?
Le mémoire d’Aude est bouclé et transmis en haut lieu. Elle peut oublier Armand Vernot à
tout jamais. Inutile de rester sur le qui-vive, prête à contrer des avances que Vernot n’a
jamais renouvelées. L’amateur de pièces précieuses n’a-t-il pas fait chou-blanc ?

Aude apprend qu’elle est reçue ! Son stage a donné pleine satisfaction, tout comme son
mémoire.
Ce soir, le Cercle Religieux célèbre ce succès, en même temps qu’un autre évènement plus
important encore : la grossesse de Sandrine. Cette dernière a invité un prêtre pour bénir son
ventre, le père Varny. Aude apprend, non sans soulagement, que le père Varny remplace
l’abbé Piron muté dans une lointaine paroisse. Varny se montre très ouvert à la célébration
du ventre. Sous sa gentillesse et sa décontraction, on perçoit une certaine rigueur qui inspire
confiance.

Sandrine, debout face à tous, n’a conservé que son string, en partie dissimulé par son ventre
gonflé. Chacun y pose une main en émettant un vœu de bonheur. Ensuite, le père Varny
s’agenouille près du ventre et entame une prière que le groupe récite avec lui. Puis, faisant le
signe de la croix, il sollicite la faveur divine pour la future mère, l’enfant à naitre et son père
— absent pour les raisons que l’on connait.
Devant le buffet servi pour la circonstance, les langues se délient. Aude sympathise avec le
père Varny. Il comprend qu’elle voudrait le rencontrer seul et lui propose de passer à la cure
selon son gré, à condition de s’annoncer auparavant.

Le lendemain, libre de toute contrainte, Aude s’éveille tard. Elle trouve dans sa boîte à
lettres un paquet en forme de cube livré par porteur spécial. Cela vient… d’Armand Vernot !
Un superbe écrin renferme un objet de verre transparent dont la forme conique rappelle
certains champignons. Elle le pose sur sa base, mais… n’est-ce pas là un plug anal ? Aude le
regarde miroiter dans la lumière. Son diamètre moyen pourrait tout à fait lui convenir. Aude,
à peine revenue de sa surprise, remarque un mot d’Armand Vernot resté dans la boîte. « Ma
chère Aude : Daigne accepter ce modeste présent. Je n’oublie pas les riches heures passées
en ton agréable compagnie. Puisse ce corps fuselé pénétrer ton étoile au gré de tes désirs ! Il

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est transparent, invisible presque, à l’image du lien secret que nous avons tissé. J’ose espérer
que sa présence en toi t’honorera en maintes circonstances, seule ou accompagnée. Ton
dévoué Armand Vernot ».

La tentation est grande pour Aude d’user de cette merveille immédiatement. Mais le
moment n’est pas venu, pressent-elle. Assise au sol, elle fixe cette ampoule translucide que la
lumière naturelle fait briller, comme si elle tentait de trouver là réponse à une question que,
confusément, elle se pose.
Elle songe à répondre à Vernot, sur le même mode, sensuel et optimiste, pour… le
remercier. Un tel cadeau mérite-t-il une réponse ? Vernot est un admirateur, pas un ami. Il fut
tout au long du stage un auxiliaire précieux, mais il reste une vague connaissance.
Vraiment ?…

Aude ne prendra pas la plume, elle fera bien mieux ! Sans réfléchir davantage, elle consulte
son téléphone et appelle l’archiviste.
— Monsieur Vernot ?
— Soi-même. Mais… je crois reconnaitre votre voix…
— Aude, dit-elle. Je viens de recevoir votre présent.
— Qu’en dis-tu ? Il te plait ?
— Je ne l’ai pas encore utilisé. Je… je pourrais l’étrenner en votre présence.
Un silence s’en suit. Puis l’archiviste calmement, répond.
— Bien, Aude. Peux-tu venir à mon bureau samedi, en fin de matinée ?
— Je peux m’arranger, oui.
— Parfait, Aude. Je suis impatient de te revoir.
Aude met fin à la conversation et pose son téléphone. Vernot a su patienter. Jusqu’au bout.
Même lorsque la partie semblait perdue après qu’Aude lui ait fait ses adieux.
Et maintenant je vais accéder à sa requête de mon propre gré, songe froidement Aude.

Samedi, elle prétexte un déjeuner avec une amie, Julien s’occupera des enfants. Munie de
la précieuse pièce de verre, elle sort le cœur léger sans penser le moins du monde à ce que,
une fois sur place, elle fera ou pas.

Elle traverse le Centre Administratif désert des Galeries Nouvelles. De rares employés
viennent ici le samedi, en général pour quelque tâche qu’ils n’ont pu effectuer pendant la

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semaine. À sa grande surprise, Aude rencontre Maxime au rez-de-chaussée, devant


l’ascenseur.
— Je viens récupérer mes affaires dans notre petit bureau. J’ai raté l’examen, je suis
licencié. Toi ?
— J’ai réussi. Disons qu’ils m’ont acceptée.
— Tant mieux, je suis content pour toi, Aude ! Tu m’accompagnes dans notre bureau ?
— Désolée Maxime, j’ai rendez-vous.
— Le samedi ? Ici ?
— Oui aujourd’hui, ici, répond Aude d’un ton qui ne tolère pas de réplique.
Elle s’éloigne pour laisser Maxime prendre l’ascenseur seul. Elle attendra que la voie soit
libre pour monter chez Vernot. Cette rencontre si peu opportune la rend nerveuse. Elle en
profite pour passer par les toilettes ; là, elle retire son slip et le glisse dans son sac.

Aude, en simple jupe, entre sans frapper car la porte de l’archiviste est ouverte.
— Aude ! Comme je suis heureux que tu sois venue !
— Moi de même, dit-elle, souriante, sans la moindre intention de l’aguicher.
Aude pourrait… rendre son cadeau à Vernot et partir. Mais elle ne fuira pas, elle ne se
dérobera pas à elle-même. Elle a eu le courage d’en arriver là, elle ira jusqu’au bout. Où au
juste ?… Vernot le sait. Le rôle de chacun semble défini d’avance par l’étrange complicité
qui lie ces deux êtres. Elle extirpe le plug de son sac et le dépose sur le bureau. Le
champignon translucide réfracte la généreuse lumière qui pénètre par la baie vitrée.
— Eh bien, qu’attendez-vous pour m’aider ? dit-elle en se retournant pour qu’il défasse sa
jupe.
— Est-ce vraiment nécessaire ? C’est à toi qu’il revient de révéler ton étoile. Cette petite
table, derrière toi, serait un présentoir idéal.
Elle avise une table basse entre un canapé et deux fauteuils. Elle y dépose discrètement son
flacon de lubrifiant et fait face à Vernot.
— Je vais me retourner pour te laisser te présenter. Une fois prête, tu n’auras qu’à
m’appeler.
Aude se dénude et retire ses baskets en tremblant. Puis elle passe son masque oculaire, le
même que celui qu’elle a utilisé en présence de son masseur, il y a quelque temps. Elle prend
place à quatre pattes, fesses ouvertes, sur la table basse.
— Voici ! lance-t-elle.
Elle entend Armand Vernot s’approcher. Immobile, il la scrute longuement.
— Aude, tu recèles un authentique joyau ! Tout est beau en toi, et ton étoile brune ne fait
pas exception.

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Elle sent alors le doigt de Vernot l’enduire et la pénétrer délicatement.


— Excusez-moi, j’ai besoin d’uriner.
— Un peu de stress sans doute, c’est bien normal. Les toilettes sont presque face à mon
bureau. Le bâtiment est vide, tu n’as rien à craindre, fait Vernot en tournant de nouveau le
dos à sa visiteuse.

Aude retire promptement son masque et se précipite dans le couloir entièrement nue. Une
fois soulagée, elle regagne le bureau et se masque à nouveau avant d’ouvrir ses fesses à
l’archiviste. Rapidement, le plug parfaitement lubrifié rencontre son anus. Le verre oblong,
que l’archiviste a pris le soin de tiédir, lisse, glisse à la perfection jusqu’à boucher tout à fait
Aude.
— Comment te sens-tu ?
— Très bien, répond Aude sincèrement.
Tous deux se taisent et jouent avec le plug dans une complicité partagée.

Puis Vernot finit par dire :


— Ton étoile est souple ; son cratère volcanique… Je savais qu’elle ne me décevrait pas !
Plus les jours passaient, plus je sentais l’heure approcher où tu me la révèlerais. Puis, à ma
plus grande déception, tu es partie, aussi mystérieuse qu’à ton arrivée. J’ai alors songé à
t’offrir cet objet de plaisir sans rien attendre de ta part, en hommage à la brune étoile qu’il ne
m’avait pas été donné d’observer. Je ne soupçonnais pas que tu me solliciterais pour
l’étrenner, je t’imaginais en jouir avec un amant…
— Je n’ai pas d’amant ! rétorque Aude. Je suis mariée.
— Bien, alors avec ton époux… La seule pensée de savoir ce présent dans ton corps me
satisfaisait.
— Mon mari n’est pas sodomite, lâche Aude.
Le sang afflue au cerveau d’Aude, trop longtemps cambrée à quatre pattes. Toujours
masquée, elle se relève et, sans retirer le plug, prend place sur le canapé de vieux cuir.
— Ton mari ne visite donc jamais ton étoile ?
— Non, fait Aude.
— Comment ton astre peut-il endurer une telle solitude ? Comment peux-tu vivre de la
sorte ?
— Je ne sais pas… C’est pourquoi j’ai songé à vous pour étrenner votre présent.
Vernot reste silencieux. Il sait qu’Aude n’attend rien d’autre de lui. Tous deux sont
complices dans l’impudeur d’Aude, obsédés par son orifice stellaire. Ils n’ont d’autre
satisfaction que visuelle, ou modestement sensuelle, provoquée par l’introduction du plug.

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— Merci Aude, pour la joie que tu m’as donnée. Je comprends ta fidélité conjugale. Mais
ne laisse pas ton étoile s’éteindre !
Puis l’archiviste vide les lieux pour laisser sa complice se rhabiller.

Aude quitte le Centre Administratif des Galeries Nouvelles en pensant sans doute ne jamais
y revenir.

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8. La Voie Médiane

Aude ne s’était encore jamais rendue à la cure. L’intérieur modeste, presque spartiate, du
père Varny la surprend un peu. Ce dernier lui sert un thé au citron. Ils parlent calmement.
D’abord de l’affaissement de la morale religieuse.
— C’est pourquoi, plus que jamais, nous devons rester fidèles à notre foi, dit-il. Croire est
le plus important.
— Oui…
Sentant Aude mal à l’aise, désorientée, il lui livre une confidence inattendue.
— J’étais un très chaud lapin, vous savez. Puis à vingt-cinq ans, j’ai rencontré Dieu. Dix
ans sont passés et je ne L’ai plus quitté. Du reste, le célibat du prêtre est indispensable à son
ministère.
Aude se tait.
— Peut-être attendez-vous quelque chose de moi… C’est pourquoi je vous ai brièvement
parlé de mon passé mouvementé.
Aude lui parle de sa vie avec Gonzague, le restaurateur de vitraux, avant de connaitre son
mari. Puis elle en vient à la provocante invite d’Armand Vernot dès le premier jour et sa
récente mise à nu dans son bureau.
— J’ai finalement montré à Vernot ce qu’il voulait voir, conclut-elle soudain. D’où le motif
de ma présence ici, père Varny.
— Vernot n’a pas tenté d’abuser de vous ?
— Pas du tout. Il était enchanté. Nous avons joué quelques instants avec le plug. Il ne s’est
rien passé d’autre. Me montrer grand ouverte à Vernot m’est apparu comme une évidence,
une nécessité, un retour aux sources. Vernot en admirant mon anus, en le dilatant avec le plug
m’a rendu ma dignité. Quelle aubaine pour moi de renouer avec la sodomie dont je suis
privée depuis mon mariage ! Ai-je commis quelque péché ?
Le regard du père Varny est doux et compréhensif.
— Le péché éventuel relève du sacrement de la confession. Souhaitez-vous vous
confesser ?
— Est-ce nécessaire ? s’enquiert Aude.
— Avez-vous l’intention de revoir Vernot ?
— Non, pas du tout. Je souhaite conserver ce souvenir intact.

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— La pénétration du plug dans votre anus a éveillé en vous des tentations très fortes…
— Des pulsions enfouies et impures, coupe Aude.
— Vous éprouvez un désir que vous ne pouvez satisfaire. Vous restez fidèle à votre mari.
La voie anale vous est interdite, résume durement le père Varny.
— Que faire ?
— Il existe peut-être une voie qui tolèrerait vos écarts et vous détournerait du stupre.
— Quelle voie ?…
— Une voie médiane. Si vous acceptez de l’emprunter.
— Je ne comprends pas.
— Retournez-vous et ôtez vos vêtements !
Aude fixe le père Varny, médusée.
— Souvenez-vous de ce que je vous ai dit à propos de mon penchant pour la luxure avant
que je ne rencontre Dieu. J’ai emprunté cette voie pour échapper au mal. Cette voie est
médiane, entre Ciel et Terre. Tout comme mon prédécesseur, l’abbé Piron, l’Église en
général la rejette.
Aude ne peut réprimer une moue amère à l’évocation de ce prêtre réfractaire aux mœurs de
son Cercle Religieux.
— Faites ce que je vous demande ! reprend Varny avec une pointe de sévérité.
— Mais… pourquoi ? Est-ce vraiment nécessaire ?
— Aude, acceptez-vous d’emprunter la Voie Médiane ? Rien ne vous y oblige. Vous restez
libre de mettre un terme à cette expérience sitôt que vous le souhaiterez.

Aude, à contrecœur, se défait. Son lourd sentiment de culpabilité n’est-il pas la raison de sa
présence auprès du père Varny aujourd’hui ? Ce dernier a quitté la pièce, peut-être pour
permettre à la jeune femme de balayer ses réticences, mais pas seulement…
Rapidement, Varny revient. Il tire une chaise et s’y assied.
Aude n’a conservé que ses sous-vêtements.
— Cela ne suffit pas, dit-il d’une voix neutre.
Aude lui tourne le dos et se dénude entièrement.
— Quelle paire de fesses ! Callipyge en personne ! Retourne-toi ! lance-t-il dans le dos
d’Aude.
Cet ordre, autant que ce soudain tutoiement, suscite chez Aude une méfiance courroucée.
— Je ne suis pas mariée sur un mensonge !
— C’est précisément ce que nous essayons de dissiper, le mensonge ! répond-il calmement.
Aude, immobile, garde le silence.

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— Sur la Voie Médiane, nous ne sommes plus les mêmes. Tu n’es plus Aude, mais
Callipyge, permets-moi de te tutoyer. Quant au père Varny, oublie-le et appelle-moi Médian.
Je te rappelle que notre mutation peut prendre fin immédiatement si tu le souhaites. Regarde-
moi maintenant !
Aude se tourne et, nue face à Médian, elle rougit de honte.
— Père Varny ! implore-t-elle en dissimulant sa féminité sous sa main, laissez-moi passer
mon masque pour cacher mes yeux, il est dans mon sac !
— Médian ! corrige-t-il, il n’y a plus de père Varny ! Je vais te guider sur la Voie Médiane
pour sauver ta vertu. Comment la retrouverais-tu si tu te voiles la face ? Il est normal que tu
sois mal à l’aise, la Voie Médiane n’est pas confortable. Écarte ta main, veux-tu ? Ton sexe
n’est tabou que pour celui qui le convoite. Cela n’est pas de mise sur la Voie Médiane.

Aude ne comprend pas. Mais, consciente qu’elle n’a d’autre choix pour se purifier, elle
obéit.
— Voilà qui est mieux, fait Médian. Tu auras bientôt l’occasion de rougir plus encore.
De sa chaise, Médian tend la main à Callipyge et l’invite à s’asseoir sur ses genoux, le dos
tourné.
— Je vais t’administrer une fessée.
Joignant le geste à la parole, il projette Aude en avant. Le haut de son corps dans le vide,
elle ne tient plus que sur ses mains au sol. Les jambes écartées de part et d’autre de la taille
de Médian, toute l’intimité d’Aude, sa vulve comme sa lointaine étoile, sont ainsi
parfaitement exposées.
Soudain, une volée de claques s’abat sur la paire de fesses à portée immédiate de la main
de Médian. La honte Aude s’estompe vite sous la pluie cinglante des gifles, de plus en plus
fortes, de plus en plus piquantes. Callipyge se mord les lèvres pour ne pas crier. Cela s’arrête.
Les mains, impitoyables un instant plus tôt, la flattent, tentent de l’apaiser.
— Cela va mieux ?
— Un peu…
— Ainsi, Callipyge voudrait sentir le membre viril traverser son étoile, fait Médian sans
cesser de masser les fesses ouvertes et meurtries. Ton désir n’a rien d’impur. Mais il n’est pas
compatible avec ta condition d’épouse. D’aucuns, dans ce cul, s’en donneraient à cœur joie.
Sauras-tu les éconduire ?
— Oui, oui, oui !
— Soit ! lâche Médian.
Une seconde salve de claques, interminable, s’abat sur les fesses galbées. Callipyge, à bout,
éclate en sanglots.

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Médian l’aide à se relever et l’accompagne jusqu’au canapé où elle s’effondre à plat ventre.
Elle l’entend s’éloigner.
Quelques instants plus tard, il revient avec un grand verre d’eau fraîche qu’elle boit d’un
trait.
— Tourne-toi !
De nouveau couchée sur le ventre, Callipyge sent la main de Médian soigner son arrière-
train avec un baume apaisant à la fragrance caractéristique.
— Tu ne manques pas de courage, Callipyge, fait Médian en séchant ses larmes avec un
tissu de coton. Peux-tu te relever maintenant ?
— Je crois, oui, fait-elle.
Il l’aide et la guide face au mur.
— Nous avons bientôt terminé. Lève-toi et reste debout pour faire pénitence.
— Je vais essayer…
— Repose ton front contre le mur si tu veux. Et pense à ce que tu m’as dit. Et à ce qui vient
de t’arriver sous la férule de Médian, dit-il doucement. Prends ton temps.

Il laisse Callipyge à son sort quelques instants puis, voyant qu’elle ne pourra rester debout
plus longtemps, il l’invite à s’asseoir face à lui dans le canapé mou.
— Chaque fois que le désir d’accueillir un étranger en ton étoile, interroge-toi ! Est-ce
vraiment nécessaire ? Est-ce indispensable ?
Aude acquiesce et Médian ajoute :
— Chaque fois, tu consigneras la réponse que tu auras donnée à cette question sur un
carnet. Puis, quand tu l’estimeras nécessaire, nous verrons cela ensemble.
— Je n’y manquerais pas si l’occasion se présentait.
— La Voie Médiane ne condamne pas le plaisir illicite ; elle peut nous mener à la vertu
malgré nos turpitudes.
— Je comprends, Médian. Merci infiniment.
— Tu n’as pas à me remercier. Je dois te quitter maintenant, dit-il en s’éloignant.

Quelques instants plus tard, le père Varny est de retour.


— Médian a disparu, Aude. Je suis le père Varny. Où en es-tu ?
— J’ai mal !
— Espérons que ta douleur te sera utile.
— Et j’ai honte, terriblement honte, murmure-t-elle en rougissant de nouveau.
— De quoi ?

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— Vous m’avez fessée comme une collégienne, mon sexe et mon anus exposés à votre
regard.
— Ta honte ne me concerne pas. Au même titre que ton désir non assouvi d’ouvrir ton
étoile. Comprends-tu ?
— C’est donc cela la Voie Médiane ? fait-elle dans un haussement d’épaules.
— Peut-être. C’est la seule que je connaisse, pour l’avoir parcourue dans toute sa longueur.
— Vous aussi… avez été humilié de la sorte ?
— Oui, Aude. Ne t’ai-je pas dit qu’avant de rencontrer Dieu j’étais un chaud lapin ? Mais
Le rencontrer ne suffisait pas. Je devais être digne de Lui.
— La Voie Médiane vous a donc aidé ?
— Oui, en grande partie. Ainsi j’ai pu devenir le ministre de Notre Seigneur. Tu n’as
aucune honte à éprouver face à moi. Nos humiliations sont semblables ; je reçois une branlée
de temps à autre, quand je cesse d’être digne. Et Médian ne me fait pas de quartier, crois-moi
sur parole ! Rien, en notre bas monde, n’est jamais acquis… Médian reste à ta disposition si
besoin est, et si tu le souhaites.
— Merci, fait Aude, confuse.
Elle trouve la force de se relever et se rhabille.
Elle quitte le père Varny déconcertée, le derrière en feu.

Médian, cette créature presque surnaturelle a humilié Aude autant que l’archiviste Armand
Vernot l’a adulée. L’humiliation, subie avec courage, laissera-t-elle en Aude une trace plus
profonde que les louanges de Vernot ? Aude seule sera juge du fruit de ces expériences
hasardeuses. Son seul désir — insatisfait — les a suscitées. Devrait-elle s’en plaindre ?
L’archiviste libidineux, tout comme le prêtre mué en démon vengeur, chacun a reconnu Aude
sous l’un de ses vrais visages. Chacun a pris Aude au sérieux, chacun a respecté sa quête
éperdue, à l’écart de son couple ou la sodomie n’est pas envisageable. Le bât blesse
douloureusement.

Aude consigne ses pensées sur le carnet que Médian lui a demandé de tenir.
Le père Varny n’a pas exigé que je me confesse. La pénitence aurait été plus terrible
encore que la douleur physique infligée par Médian : sans doute des aveux aussi
insupportables qu’incompréhensibles !
Sur la Voie Médiane, j’ai subi le châtiment terrestre, la pire des vexations et l’expiation
dans mes chairs. Je sais cette Voie imparfaite. Mais je l’ai empruntée pour m’acquitter des

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dettes que j’avais contractées par mes pensées intimes et par mes actes contraires à la
volonté de Dieu.
Seigneur, à Toi seul, j’ai avoué mes fautes. Mais Seigneur, je ne m’en suis pas lavée car
elles ne m’ont pas souillée. Si j’ai tort, Seigneur, pardonne-moi.

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9. De surprises en surprises

Plus d’une semaine s’est écoulée depuis la visite impudique d’Aude à l’archiviste et
l’étrange pénitence qui s’en est suivi aux soins de Médian.

La jeune femme trouve ce matin deux lettres dans son courrier.


La première, signée de la main du directeur général, la félicite de sa réussite et lui offre une
promotion inespérée. Aude, ravie, n’en croit pas ses yeux. Elle annonce immédiatement
l’excellente nouvelle à Julien.
La seconde missive… est une convocation d’Angelette Lalonde, psychologue au Centre
Administratif des Galeries Nouvelles : « Je vous prie de vous présenter à mon bureau pour
affaire urgente. Veuillez prendre rendez-vous par téléphone, etc. ». Aude n’a jamais entendu
parler de ce personnage dont elle ne soupçonnait même pas l’existence. Très intriguée, elle
contacte son secrétariat et obtient son rendez-vous l’après-midi même.

Angelette Lalonde, d’un ton impersonnel, entre tout de suite dans le vif du sujet.
— Madame Aude Garnier, vous n’êtes pas sans savoir que toute relation sexuelle, quelles
qu’en soient les modalités, est formellement prohibée dans les locaux du Centre Administratif
des Galeries Nouvelles, et de l’entreprise en général ?
— Je ne comprends pas… répond Aude.
— Vous faites l’objet d’un signalement formel. Samedi 20 juin, vous étiez nue en
compagnie de Monsieur Armand Vernot dans le bureau de ce dernier. Reconnaissez-vous le
fait ?
Aude, stupéfaite, considère son interlocutrice.
— Je ne vous accuse pas. Il peut s’agir d’une dénonciation calomnieuse… Sachez toutefois
que, si vous niez le fait, je serai dans l’obligation de demander les enregistrements des
caméras de surveillance. Cela éveillera nécessairement les soupçons en haut lieu, même si
cette affaire restait finalement entre vous et moi. Je suis là pour vous aider. L’incident n’est
pour l’heure connu que de moi-même, et rassurez-vous : rien ne filtrera hors de mon bureau
tant que vous n’aurez pas pris votre décision.
— Je voudrais savoir qui m’accuse, fait alors Aude.

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— J’ai reçu la personne qui vous dénonce pour confirmer son signalement. Je vous reçois
aujourd'hui. Il me reste à recevoir Monsieur Vernot seul. Ensuite, je réunirai les parties
concernées en vue d’une confrontation. Vous pourrez alors répondre à l’accusation portée
contre vous.
— Je n’y manquerai pas, rétorque Aude.
— Bien. Je vous convoquerai très prochainement. Vous pouvez disposer.

Aude quitte le bureau de la psychologue abasourdie. Vernot, Armand Vernot l’aurait-elle


trahie ? Et pourquoi, puisque lui-même est impliqué ?

Sitôt dans la rue, Aude compose l’unique numéro de Vernot qu’elle connaisse, celui de son
bureau. Par chance il est encore au Centre Administratif. Elle lui fait part de sa très
désagréable entrevue avec la psychologue.
— Aude, j’ai reçu la même convocation que vous. Je ne comprends pas, l’étage était
complètement vide, comme c’est très souvent le cas le samedi. Juste avant votre arrivée,
j’avais pris la précaution de visiter chaque bureau pour m’en assurer.
— Une fois dans votre bureau, vous m’avez filmée à mon insu ! Ce film a pu vous être
emprunté, à votre insu également, puis copié…
— Aude ! Je ne filme jamais les moments privilégiés comme celui que nous avons
partagé ; ils restent gravés dans ma mémoire. Comment soupçonner telle trahison de ma
part ?
— Je ne sais pas. Je suis bouleversée. J’émettais seulement une hypothèse, excusez-moi.
— Angelette Lalonde vous a donc parlé d’un film ?…
— Elle va visionner les enregistrements des caméras de surveillance.
— Mais… Il n’y a pas de caméras dans les bureaux, seulement dans les couloirs.

Vernot s’interrompt un instant pour réfléchir.


— C’est donc que quelqu’un vous a vue entrer nue dans mon bureau… Oh, je crois savoir !
Souvenez-vous, vous étiez très tendue au début. Vous avez placé votre masque occultant
avant de vous mettre nue puis vous m’avez permis d’introduire le plug. « Il est plus large que
celui que je porte d’habitude », m’avez-vous confié. Il pressait sur votre vessie et, tension
nerveuse aidant, vous avez éprouvé le pressant besoin d’uriner. Je vous ai alors indiqué les
toilettes, pratiquement en face de mon bureau. Vous avez fait quelques pas dans le couloir,
puis vous êtes revenue et vous avez de nouveau mis votre masque occultant.
— Oui, je me souviens parfaitement, je suis allée me soulager.

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— Nue. Vous avez traversé le couloir nue, c’est à ce moment précis que l’on vous a vue !
Et… les caméras de surveillance ont peut-être enregistré votre allée retour.
— Que faire, Armand ? Je suis perdue…
— Écoutez, pour ma part, je ne me rendrai pas au tête-à-tête avec Angelette Lalonde — j’ai
déjà eu affaire à elle par le passé — ni à la convocation des parties. Je nierai catégoriquement
le fait par une simple lettre manuscrite. De mon côté, vous êtes couverte, Aude, dit-il d’un
ton rassurant.
— Merci Armand. Restent le dénonciateur et les caméras du couloir !
— Niez, Aude, niez tout ! Les caméras sont anciennes et pas infaillibles. Il est très
plausible que vous soyez restée hors champ, votre passage du bureau aux toilettes a été si
bref !
— Et le témoin ?
— Soit il se rétracte, soit les caméras ne vous ont pas filmée et il est coupable de
dénonciation calomnieuse — ce qui pourrait lui coûter très cher.
— Hum… Tout dépend de la précision des caméras…
— Et de l’intention de celui ou de celle qui vous a dénoncée. C’est probablement un
employé du Centre, un jaloux, un envieux qui n’a aucune idée du Beau. Si vous niez
fermement, je crois que cela le fera taire. Sachez en outre que le passage chez la psychologue
se solde souvent par un arrangement à l’amiable ; vous pourrez négocier si l’accusateur ou
l’accusatrice s’entête. Les Galeries Nouvelles n’ont aucun intérêt à engager des procédures
contre leurs employés pour relations sexuelles dans leurs locaux, cela nuit à leur image de
marque. Je crois que vous n’avez pas trop à vous en faire, ma chère Aude.
La jeune femme, à demi rassurée, met fin à la conversation et rentre chez elle.

Dès le surlendemain doit se tenir la confrontation des parties. Aude, malgré les assurances
de l’archiviste, est préoccupée. Au sortir d’une hâtive douche, elle songe soudain au superbe
plug translucide. Ce cadeau n’a-t-il pas déclenché tous ses ennuis ? Elle le sort de sa gousse
et, comme fascinée, le contemple dans la lumière. Pourquoi ne pas… Mais oui, bien sûr ! Elle
l’enduit calmement et le glisse dans son étoile. Elle soupire d’aise. Cet objet bienfaisant
s’impose soudain comme le talisman qui va la protéger !

Assise seule à l’arrière du bus qui la mène à la confrontation, serre à plusieurs reprises le
cône de verre logé dans son rectum. Elle reprend confiance. Elle verra bien.

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Avant de se présenter, elle enduit de nouveau son porte-bonheur et bouche de nouveau ses
entrailles.

Vernot, comme promis, brille par son absence. Le dénonciateur, lui, est bien là : ce n’est
autre que… Maxime !
Aude, révulsée, sent sa gorge se serrer. Elle parvient à masquer son émotion et affiche une
expression impassible face à la psychologue du Centre Administratif.
— Malgré l’absence regrettable de Monsieur Vernot, je demande aux parties présentes
d’arrêter leur position définitive aujourd’hui même dans le cadre de leur confrontation,
annonce Angelette Lalonde. Mon rôle consiste à établir la vérité. Lequel de vous deux,
accusée ou accusateur, est-il dans son tort ? Je suis à votre écoute. Auparavant, je vous
rappelle que mon but premier n’est pas de sanctionner quiconque ; si chaque partie adopte
une attitude constructive, le dossier qui nous occupe sera détruit et la procédure éteinte.

La psychologue se tourne d’abord vers l’accusateur.


— Maxime Dormand, maintenez-vous le fait constaté le samedi 20 juin que vous avez
porté à ma connaissance dans votre lettre manuscrite datée du même jour ?
— Je le maintiens, répond Maxime d’un ton calme.
— Veuillez nous le rappeler.
— J’ai constaté la présence d’Aude Garnier, nue, dans le couloir du dernier étage. Elle a
pénétré dans le bureau d’Armand Vernot, lequel a ensuite fermé la porte à clé.
— Aude Garnier, cette affirmation est-elle exacte ?
Aude, épuisée de soupeser avantages et inconvénients d’un éventuel mensonge, ne suit pas
le conseil de l’archiviste.
— Oui, c’est exact, répond-elle froidement.
— Je ne porte aucun jugement sur votre personne. Je vous demande si vous comprenez que
votre comportement contrevient au règlement de l’entreprise, très strict sur de telles
questions.
— Je ne comprends pas l’attitude de Maxime, réplique Aude.
— Qu’entendez-vous par là ? questionne la psychologue.
— Cette dénonciation est insensée.
— J’ignore les relations que Maxime Dormand entretient avec vous, Aude Garnier, et je
n’ai pas à les connaitre. Tout comme vos liens avec Armand Vernot ne me regardent en
aucune manière. J’ai simplement connaissance de la faute que vous avez commise.
— Merci de votre discrétion, fait Aude. Je reconnais mon tort et le regrette.

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— Cela suffit-il, à votre avis ?


— Je vous ai dit toute la vérité. Que puis-je d’autre ?
— Vous avez commis une faute grave. Mon devoir est soit d’en informer les Relations
Humaines, soit de vous proposer de la réparer. Le dossier ne peut rester en souffrance dans
mon bureau.
— Réparer ma faute ? Mais comment ?
— Tout dépend maintenant de la personne qui a signalé votre comportement. J’invite donc
les deux parties à trouver un arrangement à l’amiable. Maxime Dormand, que proposez-
vous ?
Maxime reste silencieux, comme soudain pris à son propre piège. La psychologue semble
le deviner qui dit :
— Votre cas n’est pas isolé, des dossiers comme le vôtre sont assez fréquents. Maxime
Dormand, souhaitez-vous une compensation financière ?
— Non, non ! fait Maxime.
— Bien. J’allais vous la déconseiller. Un mouvement financier laisse toujours des traces, à
moins qu’il ne soit effectué en espèces. Aude Garnier pourrait par contre offrir un cadeau à
son accusateur, une semaine de vacances, un city trip, ou que sais-je encore… Après tout, il
s’agit d’une bénigne affaire de mœurs, n’est-ce pas ?
Aude et Maxime acquiescent de concert.
— Maxime Dormand, dites-nous ce qu’Aude Garnier pourrait vous offrir pour réparer sa
faute !
Maxime a un léger sursaut et, soudain détendu par la tournure inattendue de la
confrontation des parties, benoîtement il lâche :
— Une fellation.
La psychologue, impassible, se tourne vers Aude.
— Qu’en dites-vous ? fait-elle d’un ton conciliant.
Aude la fixe, ébahie.
— Sachez qu’une telle requête, dans le cas qui nous occupe, est courante. Souvent,
l’accusateur ou l’accusatrice recherche une revanche d’ordre sexuel.
Aude se lève, prête à prendre congé.
— Aude, un instant s’il vous plaît ! Un tel arrangement n’élève la dignité de personne,
n’est-ce pas Maxime ? Mais qui s’enferme nue dans le bureau d’Armand Vernot — bien
connu ici pour ses nombreux écarts — ne joue pas les mijaurées !
Aude se rassied.

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— Madame Aude Garnier, vous risquez gros ! Le licenciement, la réputation de coucher au


bureau qui vous suivra dans vos emplois successifs et, peut-être, la découverte du pot aux
roses par votre époux non averti…
Aude, comme sonnée, se tait.
— Mon but est de vous épargner des difficultés insurmontables, Aude. Vous avez
désormais la possibilité de réparer votre faute de la manière la moins compromettante
possible.
Aude, douchée par cette logique implacable, reste muette.
— Soit, tranche Angelette Lalonde. Une entente à l’amiable semble difficile. Malgré mes
efforts pour vous aider à éteindre cette procédure, sachez que vous n’êtes pas dans un bureau
de bienveillance, mais en entreprise. Chacun, vous deux tout comme moi, doit se couvrir de
toute retombée néfaste pour sa carrière. Je solliciterai donc les enregistrements des caméras
de surveillance.
Aude agite brièvement sa tête en signe de refus.
— Dois-je comprendre qu’Aude Garnier accepte la transaction à l’amiable que lui propose
Maxime Dormand ?
— Oui, murmure Aude comme si cette approbation lui était arrachée de la bouche.
— Aude, détendez-vous ! Votre décision est la bonne. Vous avez un mauvais quart d’heure
à passer, je le comprends parfaitement. Mais, prenez cela du bon côté, vous avez tout à y
gagner !
Puis, s’adressant aux deux parties, la psychologue précise :
— Le dédommagement s’effectue ici même, sous mon contrôle. Les parties concernées
s’exécutent sur un pied d’égalité : en l’occurrence, chacune doit être nue. Veuillez
procéder…

Angelette Lalonde se retourne tandis qu’Aude et Maxime retirent leurs vêtements. Une fois
la nudité de chacun dûment constatée, la psychologue ouvre un tiroir et en sort une poignée
de préservatifs qu’elle dépose au bord de son bureau.
— À votre entière disposition, fait-elle, complaisante. Une simple affaire de mœurs n’est,
de nos jours, pas la mer à boire. Je vais maintenant quitter la pièce et verrouiller ma porte de
manière à ce que personne ne vous dérange. Si quelque chose n’allait pas, appelez-moi
immédiatement en pressant la touche 7 du téléphone qui est sur mon bureau. Maxime
Dormand, n’oubliez pas les règles de respect élémentaire que vous devez à votre désormais
partenaire ! Tout abus de votre part se retournerait contre vous. Quant à vous, Aude, tentez
tout de même de vous distraire !…

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10. La vérité reste au fond du puits

La psychologue est sortie.


Aude et Maxime sont debout, nus, face à face.
— Tu es un salaud ! jette Aude, rouge de honte et pleine de rage.
— Aude, je regrette de t’avoir dénoncée, je le regrette infiniment…
— Mais tu l’as fait !
— Je n’imaginais pas nous retrouver dans une telle situation. Oublions cette histoire de
dédommagement, je ne te demande absolument rien si ce n’est de me pardonner. Attendons
simplement le retour de la psy, fait Maxime le sexe en berne.
Aude, interloquée et vaguement rassurée, s’exclame :
— Mais, pourquoi as-tu fait cela ?
— J’ignorais tout de ta relation avec Vernot. Je t’ai soudain vue sortir de son bureau
entièrement nue puis retourner t’y enfermer avec lui. Découvrir que tu couches avec ce type
m’a rendu fou. Fou ! J’étais prêt à tout pour briser votre relation. Et voilà…
— Je ne couche pas avec Vernot ! Tu as maintes fois tenté de me séduire et je t’ai dit et
répété que j’étais mariée !
Maxime, stupéfait, n’ose pas demander à Aude pourquoi elle s’est enfermée nue avec
Vernot. Du reste, cette dernière ne lui en donne pas le loisir.
— Que faisais-tu dans ce couloir à ce moment précis ?
— Samedi matin, je t’ai appelée sur ton portable. Je voulais te revoir une dernière fois,
simplement te proposer d’aller boire un verre en ville. Ton portable ne répondait pas. J’ai
appelé ton fixe. Ton mari m’a répondu ; il a dit que tu te trouvais au Centre. J’ai flairé
quelque chose d’anormal et j’ai décidé de m’y rendre également. Je voulais savoir de quoi il
retournait. Après t’avoir croisée devant l’ascenseur au rez-de-chaussée, je t’ai cherchée à
chaque étage. Et soudain, je t’ai aperçue nue dans le couloir du troisième…
— Ah, c’est donc cela ! Tu n’avais pas pu me sauter au bureau et tu ne le supportais pas,
s’exclame Aude enfin au fait des évènements. Puis une suite de hasards qui n’en sont pas
vraiment a fait le reste.
— Pardonne-moi, Aude, je t’en supplie !
Aude hausse les épaules.
— Te pardonner ? Quoi qu’il en soit, te voici parvenu à tes fins !

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— Mes fins ?
— Me coincer au bureau nue seule avec toi, n’est-ce pas ?
— Je ne l’ai pas fait exprès.
— Oui, si l’on veut…
— Me permets-tu au moins de te regarder, maintenant ?
— Ai-je le choix ? Rince-toi bien l’œil !
— Tu es… au-delà de mon imagination !
— Avec toutes les questions que tu n’as cessé de me poser sur mon anatomie, tu ne devrais
pas être surpris, fait-elle, indifférente.
— Toutes tes réponses sur ton intimité étaient vraies. Jusqu’au soupçon de poil taillé à ras
tout au bas de ton ventre !
— Je n’avais aucune raison de te mentir, répond Aude en se retournant pour atteindre
l’unique fauteuil adossé au mur gris du bureau de la psychologue.
Et elle se penche pour libérer le siège du fauteuil encombré d’une pile de documents.
— Aude ! s’exclame Maxime. Aude, tu portes un plug !
Elle réalise trop tard qu’elle aurait pu éviter cette maladresse qui révèle son secret à
Maxime.
— Eh bien quoi, c’est interdit ? Tu vas encore me dénoncer ? fait-elle d’un ton mi-figue
mi-raisin.
— Tu ne m’en avais pas parlé… dit Maxime bêtement, pour masquer son trouble.
— Tu ne me l’avais pas demandé.
Elle tourne toujours le dos à Maxime et n’a aucune envie de traverser la pièce nue pour
qu’il la mate de nouveau de face.
— Peux-tu me porter mon sac ? fait-elle.
Maxime s’exécute et la regarde sortir un flacon qui pourrait bien être du lubrifiant.
— Veux-tu te retourner un instant ?
— Aude, je sais que tu vas retirer ton plug pour le lubrifier, peux-tu me le montrer ?
— En quoi mon plug t’intéresse-t-il ? s’enquiert Aude, surprise.
— J’adore ces objets.
— Ah !
Un silence s’en suit.
Puis Aude, instinctivement, retire le cône de verre et le tend à Maxime derrière elle.
— Superbe ! lâche-t-il. Parfaitement translucide, avec un diamant enchâssé dans sa base !
On ne se refuse rien, ajoute-t-il en souriant. Tu le portes souvent ?
— Je me sens bien avec, si tu veux savoir.

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Maxime prend le flacon qu’Aude, encore debout, a posé sur le fauteuil, l’ouvre et laisse
couler du lubrifiant sur le cône de verre transparent.
— Je ne t’en demandais pas tant, rends-moi mon plug !
— Aude, laisse-moi le glisser en toi !
— Je t’avais demandé de te retourner, Maxime !
— Oui, si tu insistes. Mais n’est-ce pas mieux si le plug est introduit par une autre main
que la tienne ?…

Aude sent soudain son cœur battre. Elle baisse la tête, gênée. Elle n’avait pas songé à cela.
Nue malgré elle, mais à l’abri dans ce bureau verrouillé, cet acte intime n’engage en rien…
La perspective soudain la tente.
Maxime dans son dos patiente. Il sent sa verge raidir mais parvient à la contenir.
— Ma paire de fesses ne te suffit pas ? Tu désires en plus voir le fond de mon cul dans le
verre translucide ! lâche-t-elle d’un ton crâneur qui cache mal son trouble.
— N’y pense pas et laisse-toi faire, lui répond doucement Maxime.
Aude s’accroupit sur le fauteuil, les fesses écartées. Face à cette vulve nue soudain révélée,
devant cet anus disponible, le sexe de Maxime s’érige librement. Le lubrifiant coule sur
l’étoile d’Aude que Maxime masse et pénètre d’un doigt pour l’y épandre. Puis, par petites
poussées, il bouche le cratère d’Aude, discrètement satisfaite — à n’en pas douter, il sait s’y
prendre ! Le diamant étincelle au cœur de l’étoile d’Aude. Les mains de Maxime atteignent
subrepticement les seins oblongs et fermes. Il effleure les tétons, caresse la paire d’obus. Il
ignore encore le pouvoir magique de tels attouchements : qui prend les seins d’Aude détient
le sésame de son corps, prêt à s’offrir sans retenue. Aux innocents les mains pleines !

Maxime aide Aude à se relever, prend place sur le fauteuil et l’invite à s’asseoir face à lui.
Il pelote ses seins bandés, touche le creux de ses cuisses, puis son corps tout entier. Aude, les
yeux clos, goûte aux longues caresses, aux chatouilles, aux multiples baisers qui effleurent
ses lèvres et ses épaules. Puis à l’irrésistible pression du doigt sur son clitoris… Et laisse la
bouche dévorer librement sa vulve.
La voici de nouveau à quatre pattes sur le vulgaire fauteuil. Maxime la pénètre. La présence
du plug rend son vagin délicieusement étroit. Maxime s’y régale mais se retient. Tout à coup,
Aude s’écrie « Je vais jouir, oh !… ».

Sitôt revenue à elle-même, Maxime retire le plug, enfile un nouveau préservatif et


s’introduit dans l’étoile au cratère dilaté. Aude glousse de bonheur. Enculée ! Enfin ! Après si
longue privation ! Lui s’enfonce en elle, à l’infini. « Vas-y Max, jusqu’au fond ! » lâche-t-

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elle en pâmoison. Lui n’a jamais connu si parfaite sodomie ; il ignore combien sa compagne
maîtrise cet art parfois hasardeux !
Et Max et Aude à l’unisson jouissent sur le fauteuil de similicuir du bureau où la psy a
réuni les parties concernées.
Reprenant leurs esprits, ils éclatent de rire à cette constatation partagée.

Une heure s’est écoulée. Angelette Lalonde frappe à la porte et tourne la clé dans la serrure.
Aude et Maxime sont toujours nus, assis face à face.
— Excusez mon indiscrétion, dit-elle en traversant la pièce. Vous semblez vous être
arrangés à l’amiable. Désolée pour l’unique fauteuil, mais il s’agit d’une ficelle de mon cru
destinée à faciliter le rapprochement des parties !

Elle aperçoit soudain le plug de verre que les amants ont abandonné sur un coin de sa table
de travail. Elle ne peut s’empêcher de jeter un furtif coup d’œil sur les fesses d’Aude et
entrevoit son anus encore dilaté.
— Les parties sont priées de se rhabiller.
Aude se lève et, rouge de honte, reprend son plug qu’elle range avec précaution dans son
sac.
— Chaque partie semble satisfaite, fait la psychologue. Pouvons-nous éteindre la
procédure ? Aude Garnier ?
Aude acquiesce en silence.
— Maxime Dormand ?
— Oui, fait-il sobrement.
— Votre dossier va donc être détruit. Je le livre sous vos yeux au broyeur de documents.
Aude Garnier, vous voici lavée de toute accusation. Suite à leur confrontation et à l’accord à
l’amiable qu’elles ont su trouver, je déclare les parties libérées. La vérité reste au fond du
puits.

Une fois dehors, les amants de hasard, apaisés, cheminent dans l’avenue sans mot dire.
Vient le moment de se séparer. Ils s’embrassent sur les joues. Maxime prend la main de sa
compagne.
— Aude, nous ne pouvons pas en rester là, dit-il d’un ton calme mais affirmé.
Aude, au terme d’un court silence, répond :
— Non, nous ne pouvons pas. Nous verrons.

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Maxime pose sa main sur l’épaule de sa partenaire, leurs regards se croisent, puis chacun
s’éloigne de son côté.

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11. Et rebelote !

Le lendemain, Aude, une fois douchée, en revient au plug plus modeste avec lequel son
ancien amour, le restaurateur de vitraux, lui a tout appris. Elle l’accueille dans son étoile
brune avec un malin plaisir et s’adonne à des tâches ménagères.
De temps à autre, elle s’interrompt et murmure une brève prière. « Seigneur, combien je te
suis reconnaissante d’avoir créé l’orgasme ! Maintes fois, et hier encore…, hier oui, j’ai
volontairement détourné Ton divin cadeau de sa finalité, mais ne prends pas ma conduite
comme une offense. Seigneur, je ne t’ai pas dit non ! ». Ou bien : « Pardonne-moi, Seigneur,
de t’avoir tourné le dos, d’avoir joui sans retenue en évitant toute possibilité de
fécondation ! ». Au fil des heures, les suppliques d’Aude sont plus graves, la culpabilité plus
lourde à porter. « Oui Seigneur, j’ai désiré avec ardeur le sperme, qui par Ta grâce
m’emplissait, hors de mon vagin. Oui Seigneur, par mon étoile noire ouverte tout grand, j’ai
reçu la semence éjaculée. Pour ce sacrilège, j’implore Ton pardon, Ô mon Dieu tout-
puissant ! Mais Seigneur, si c’est là l’œuvre de Lucifer, pourquoi permets-tu plaisir et joie si
intenses ? Est-ce un piège du démon ? Réponds-moi, Seigneur ! Réponds-moi ! Et pardonne
ma turpitude ! ».

Le téléphone soudain interrompt la pénitente. C’est Maxime. Au son de cette voix, Aude se
sent étrangement rassurée.
— Nous pourrions nous retrouver demain ? demande Maxime.
— Demain samedi ?… Julien va se demander où je vais, fait Aude, déjà prête à mentir.
— Eh bien, au bureau ! Tu éviterais ainsi toute question embarrassante.
— Au bureau de nouveau ? Tu es fou…
— Non. Comme tu le sais, les bureaux seront vides. Et nous prudents.
— N’est-ce pas nous jeter dans la gueule du loup, ou plutôt dans celle du diable ?
— Le bureau nous appartient, c’est notre espace secret, fait Maxime calmement. Tu te
rappelles cette après-midi de mai où nous travaillions le plus sérieusement du monde ? Tu ne
portais pas de soutien-gorge sous ton chandail de coton — ce fut du moins ta réponse à ma
question.
— Ah oui, je vois maintenant. Eh bien, quoi ?

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— Tes seins ballotaient, si proches de mes mains. Je m’étais retenu si fort pour ne pas les
cueillir qu’en nous séparant je n’ai pu m’empêcher de t’envoyer : « Aude, je sais, je sais que
tu es mariée, mais… tu en as autant envie que moi ». Ta réponse m’a surpris. Avec le plus
grand naturel, tu as dit : « Peut-être… Mais alors au bureau seulement ». Puis tu es partie.
C’était vrai ?
— Cela m’amusait beaucoup de répondre à tes questions les plus indiscrètes par la vérité !
Ce fantasme un instant m’a traversée, je n’y avais jamais songé. Mais il était l’heure de
rentrer, mon mari et mes enfants m’attendaient.
— Tu vois ! Le bureau ! Nous sommes faits pour nous retrouver au bureau.
— Bon, d’accord, fait-elle en partie convaincue. Dans notre minuscule bureau de stagiaires.
— Non, non, cela pourrait attirer l’attention. J’irai voir si le bureau de la psy est ouvert et je
t’appellerai.
Aude, abasourdie, répond simplement :
— À demain, Maxime.

La perspective est risquée, au confort limité — un étroit fauteuil en similicuir dans un


bureau d’entreprise… mais elle ne manque pas de piment !

Et Aude de prier de nouveau. « Seigneur, je brûle de désir. Est-ce là succomber à la


tentation du Malin ? Je ne sais. À jamais, je te serai reconnaissante de mes orgasmes. Si mes
desseins sont impurs, foudroie-moi ! Que ta volonté soit faite, Seigneur au plus haut des
cieux ! ».
Aude attend, prête au pire. Mais rien ne se passe.
Le cœur léger et le plug dans l’anus, elle va faire ses courses. Elle est heureuse. Le mal —
si cela est mal — viendra donc plus tard.

Le soir, bien après dîner, Julien nu, étendu sur le dos, attend Aude. Elle avise sa tige
bandée à bloc. Discrètement, elle s’enduit de lubrifiant. Et sans préliminaires, elle s’empale
joyeusement sur son époux. Aude, au-delà de ses préparatifs un rien truqués — le lubrifiant
fait des merveilles insoupçonnées — s’étonne d’être aussi chaude. Elle en veut. Cela ravit
Julien. Ensemble ils jouissent.
Mais, le plaisir est moins fort qu’avec Maxime. C’est le secret d’Aude. Et son mensonge,
elle le sait.

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Samedi, vers dix heures, Maxime s’aventure dans le Centre Administratif. Le bureau de la
psy est au rez-de-chaussée, dans un bâtiment éloigné de celui des stagiaires et de l’archiviste.
Maxime arpente le couloir. La règle étant de laisser la porte de chaque bureau ouverte,
Maxime s’assure que l’endroit est désert en ce chaud samedi de juin. Il expédie un court
message à Aude : « La voie est libre ». Aude lui envoie une icône : un pouce levé.

Elle ne tarde pas à apparaitre, splendide. Elle s’approche pour l’embrasser mais Maxime,
souriant, lui tend la main.
— Les parties concernées étant réunies, nous pouvons procéder, fait-il d’un ton
ironiquement solennel.
Il se dirige vers la porte que, d’une pression sur le loquet doré, il verrouille.
— En vue d’un accord à l’amiable, chaque partie est priée de se dévêtir ici même, dans ce
bureau, poursuit-il.

Les deux complices, en un tournemain font voler leurs vêtements, se rejoignent et


s’enlacent debout, nus devant la table de travail d’Angelette Lalonde.
Au terme d’un long baiser, Maxime s’empare des ogives d’Aude, déjà en position de tir, et
les gobe avidement. Il serre son amante contre lui, passe sa main dans son dos, sur ses reins,
puis trouve la base du plug qu’il presse dans l’étoile bistre. Le champignon de verre
lentement élargit le cratère brûlant de désir. Maxime allonge alors malicieusement Aude sur
la table de travail de la psychologue chargée de résoudre à l’amiable les conflits du
personnel.
— Tout doit se régler ici même ! souffle Maxime en parcourant le vagin d’Aude qui,
haletante, croise ses jambes autour de sa taille.
— Bien, s’interrompt-il essoufflé. Aude Garnier, nous attendons toujours votre décision,
murmure Maxime sur le point de se lâcher.
Aude a ce sourire calme que provoquent les convulsions du plaisir. Où est-elle au juste ?
Au bureau, oui, là où Maxime l’a entrainée. Elle ne dit rien, elle le laisse mener cette danse.
Ce dernier désigne le fauteuil carré en similicuir de la fois passée. Aude se lève et vient s’y
accroupir, révélant la base ornée de diamant du plug qui occulte son étoile. Maxime le retire,
l’enduit puis l’introduit délicatement.
— Ce n’est sans doute pas la première fois ? fait-il d’un ton inquisiteur.
— Oh non !
— La première fois au bureau, j’entends !
— Non, non… souffle Aude que les mouvements du cône magique chauffe à blanc.
— Je crois savoir, Aude Garnier, que vous êtes mariée…

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Aude, frissonnante, ne relève pas cette étrange question.


— Oh, Max, viens ! Viens !
Max débouche le cratère et y glisse aisément deux de ses doigts dans l’étoile. Aude jappe
de plaisir. Mais soudain, elle tend sa main et lui dit :
— Avant d’entrer, retire ma bague, veux-tu ?
Maxime baise la main d’Aude et la dépouille de son alliance qu’il pose sur le bureau de la
psy.
— Viens maintenant, viens dans mon étoile ! murmure fièrement Aude.
Elle sent la tige s’introduire en elle puis s’y enfoncer profondément. L’amant n’a jamais
investi d’anus si bien rodé ; le cratère d’Aude est une… bénédiction. Et cette croupe large au
galbe parfait, puissante et généreuse, est faite pour le grand galop ! Max encule alors Aude à
bride abattue. Soumise et avide, elle halète de bonheur. « Oh Max ! » lâche-t-elle. C’est peut-
être là son plus beau compliment : Maxime au fond du cul d’Aude devient Max, une bite
inlassable qui, de spasmes en fulgurances, la projette septième ciel.
— Oh ton cul ! souffle Maxime.
Suit un gémissement, et il s’épand dans son ventre.
Puis il se penche et, mordillant les oreilles de sa complice, il répète :
— Ton trou, Aude ! Oh ton trou !
— J’aime que tu me dises ça, fait-elle doucement.

Enfin, les amants repus passent leurs vêtements et s’échappent sans encombre, en prenant
soin de laisser la porte du bureau ouverte.

Aude passe l’après-midi au jardin public avec ses enfants et son mari, heureuse et
détendue, à mille lieues de sa galopade dans le bureau interdit, quelques heures plus tôt.

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12. Les apparences sont sauves

Dimanche au réveil, Julien, très habile de sa langue et de ses lèvres, fait longuement gémir
sa femme, puis tous deux mêlent leurs corps en missionnaires et jouissent à l’unisson.

Julien regarde nonchalamment sa sève couler entre les lèvres d’Aude.


— Pourquoi rases-tu ton poil si bas et si court ? Puis le pourtour de ta vulve
complètement ?…
— Tu me l’as déjà demandé il y a quelques mois, lors de ma thérapie.
— Ton poil avait repoussé depuis. Et tu le tailles de nouveau…
— Ça ne te plait pas ?
— Cela me rappelle tes grossesses, tu t’épilais ainsi.
— Je suis peut-être enceinte, qu’en savons-nous ?
— Oui, mais pour le moment tu n’es pas grosse.
— C’est plus hygiénique ainsi.
— Bah, cette précaution ne vaut que pour celles qui couchent à droite à gauche, au bureau,
ou que sais-je encore !
— Alors, serais-je enceinte ou putain ? Décide-toi ! lance Aude dans un éclat de rire.
Cependant Julien s’entête.
— Cette lubie de rasage intégral t’a prise lors de ta dépression, mais tu es guérie. Ta libido
est revenue, c’est le moins qu’on puisse dire !
— Julien, cette lubie fait partie de toutes ces petites choses qui m’ont aidée à m’en sortir.
Souviens-toi, je ne pensais jamais y parvenir.
— Oui, c’était terrible. Mais tout cela est terminé. Je te préfère normale.
— Je ne sais pas si j’ai retrouvé mon état normal, Julien. Je m’accroche encore à certaines
habitudes qui me tiennent à cœur.
— Soit. J’espère que cela ne durera pas. Dieu a couvert ton sexe de poils, tu n’as aucune
raison d’aller contre sa volonté en te rasant presque intégralement !
« Quand tu me suces la moule, c’est meilleur avec ou sans poils ? », voudrait demander
Aude. Mais elle se ravise, cela pourrait mener trop loin… Julien ignore tous les détails de la
thérapie paratantrique qu’elle a assidument suivie. Il ne comprendrait pas. Et pourtant, sans
cela, où en serait-elle aujourd’hui ? Et Maxime ? Julien n’imagine pas sa femme pénétrée par

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un autre. Comprendrait-il que la sodomie — qui le répugne — est pour elle une joie
nécessaire, indispensable ? Le sacrilège, aux yeux d’Aude, est de permettre au sperme de
l’inonder hors de son vagin ; pas de satisfaire un besoin auquel son époux ne peut subvenir.
Mais pour cela, elle doit mentir, donc pécher… Aude se promet de faire pénitence. Pas
aujourd’hui, mais dès qu’elle le pourra. Elle étire ses lèvres d’où goutte encore la semence de
son époux quand soudain elle s’aperçoit… qu’elle ne porte pas son alliance ! Et elle se
souvient… Quel oubli ! Sur le bureau de la psy, oui ! Mais la bague s’est peut-être égarée…
Le Centre Administratif est de toute manière fermé le dimanche.

Aude, toujours nue jambes écartées sur le lit conjugal, saisit son téléphone et appelle
discrètement Maxime.
— Je n’ai plus ma bague !
— Oh ! Complètement oubliée !
— J’irai voir la psy demain.
— Aude… cela risque de nous remettre dans le pétrin.
— Je dois absolument récupérer mon alliance.
— Tu ne peux pas dire que tu l’as égarée ?
— Non. Je ne l’enlève jamais, tu m’entends, jamais ! C’était la première fois. Pour toi.
— Je regrette tellement, Aude ! Nous irons ensemble au bureau de la psy.
— Pas question de te mêler à cette histoire, Max !
— Comme tu voudras, Aude. Si tu changes d’idée, préviens-moi.

Lundi, sur le coup de midi, Aude se présente au bureau d’Angelette Lalonde.


— Je pense avoir égaré mon alliance dans votre bureau.
— Ah, cette bague vous appartient donc ! Tenez, la voici. Est-ce bien cela ? fait-elle en la
lui tendant.
— Oui. Je vous remercie infiniment.
— Aude, je ne veux pas me montrer indiscrète, mais expliquez-moi, dit-elle d’un ton
amical.
— Que voulez-vous savoir ?
— Je ne comprends pas la présence de votre alliance sur ma table de travail, ce matin à
mon arrivée.

Aude n’a pas l’intention de mentir, ce serait trop compliqué et ce n’est pas son genre, en
principe.

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— J’étais samedi dans votre bureau, dit-elle avec courage. J’ai dû retirer ma bague. En
partant, je l’ai oubliée.
Un ange passe.
Mais la psychologue revient vite de sa stupéfaction.
— Je suppose que vous n’étiez pas seule ici samedi ?
— Non…
— Je ne souhaite pas connaitre l’identité de votre compagnon. Il s’agit d’un amant et vous
êtes venus faire l’amour ici. Est-ce exact ?
— Oui, c’était son idée. Je suis vraiment désolée.
— Oh non, vous ne l’êtes pas ! réplique Angelette Lalonde dans un sourire. Son idée vous a
plu et vous avez passé du bon temps, sans doute sur ce piteux fauteuil en similicuir.
— Tout à fait, dit Aude froidement. Voulez-vous que je signe une déposition ? Finissons-
en, je vous en prie !
— Accordez-moi un instant ! Vous n’avez rien à signer, je n’ai rien vu et n’ai reçu aucune
plainte, rassurez-vous. Faisons simplement le point ensemble, Aude. Cela pourrait vous être
utile, et c’est mon métier.
— Le point ?
— Avec votre amant, vous avez satisfait un fantasme très répandu : l’amour au bureau, là
où c’est interdit. Avez-vous joui ?
— Oui, répond Aude d’un ton neutre.
— J’en suis sincèrement heureuse. Cependant, vous m’avez dit il y a un instant : « J’ai dû
retirer mon alliance ». Une manière symbolique de rompre les liens du mariage le temps
d’assouvir vos désirs. Mais vous avez oublié cette alliance plus longtemps que cela… Et vous
avez pris de gros risques en venant ici dans l’espoir de la récupérer. Sitôt retrouvée, vous
l’avez passée à votre doigt. De crainte de l’égarer de nouveau ?
— Peut-être, je ne sais pas.
— Qu’importe, les apparences sont sauves. Cet incident, tout comme ce que je vais vous
dire, restera entre vous et moi. Une femme qui baise au bureau devrait rougir de honte — un
homme aussi, mais ce n’est pas le sujet. De plus, vous êtes revenue au bureau pour
recommencer. Cela ne vous dérange pas ?
— Si…
— C’est bien mon impression.
— Et vous insistez. Pour m’humilier ?
— Non, pour vous aider. Je perçois en vous une douleur. Vous adorez coucher, mais cela
vous rend malheureuse.
Aude, par son silence, semble approuver la psychologue.

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— Parlons franc, Aude. Pourquoi ne pas vous assumer comme salope ? Vous seriez plus
sereine. Si cela peut vous rassurer, vous seriez loin d’être la seule.
— Merci de votre conseil, mais je n’ai pas l’impression d’être une salope, répond Aude
calmement.
— Les faits sont là, Aude… Vous étiez très choquée que votre dénonciateur vous propose
une fellation à l’amiable. Vous vous étiez pourtant enfermée nue avec Vernot pour un rapport
sexuel — dont la nature ne me regarde pas. Vous avez accepté la fellation pour préserver
votre carrière, et sans doute votre couple. La concession fut très douloureuse, j’en suis
consciente. Et pourtant ? Cette fellation, acceptée du bout des lèvres, s’est muée en une
sodomie à laquelle vous avez manifestement pris plaisir. Assumez-vous, Aude !
— Vous ne pouvez pas comprendre, dit Aude d’un ton las.
— On ne peut être en même temps vierge et putain ! C’est tout ce que je sais, termine la
psychologue du travail en partant d’un éclat de rire.
— Je ne sais plus, répond étrangement Aude.
— Qu’importe, Aude ! Qu’importent les mots ! Essayez d’assouvir votre désir sereinement,
si cela est possible.

Sitôt dehors, au grand air, Aude éprouve un immense soulagement. Dans la longue avenue
elle marche, plutôt que de sauter dans le premier bus qui passe. À l’ombre d’un châtaignier,
appuyée sur le dos d’un banc en lattes de bois vertes comme on n’en fait plus, elle tapote
l’écran de son téléphone.
— Max ?
— Oui Aude.
— J’ai récupéré mon alliance, tout va bien !
— La psy n’a pas été trop curieuse ?
— Pas du tout. Je n’ai pas donné ton nom. Elle m’a surtout parlé de moi, pour m’aider.
— Que t’a-t-elle dit ?
— Oh, mille choses ! Je n’ai aucune envie d’en parler, je n’ai envie que de toi !
— Moi non plus, Aude, tu ne peux pas savoir !
— Viens à la maison en fin d’après-midi.
— Comment cela ? Venir chez toi ?
— Oui, j’y tiens. Autant que tu tenais à retourner au bureau.
— Mais… fait Maxime interloqué.
— Mais quoi ? Julien est en déplacement pour quelques jours. Sandrine veut bien garder
les enfants ce soir. La voie est libre ! annonce Aude joyeusement.

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13. Plein soleil

Quelques heures plus tard, Aude, fraîchement douchée, accueille Maxime au domicile
conjugal.
Les amants sans un mot s’enlacent. Le débardeur d’Aude révèle, plus qu’il ne la cache, sa
paire de seins. Maxime s’en empare. Aude soudain toute à lui, son désir est irrésistible, il doit
la pénétrer. Immédiatement. Sa langue parcourt les tétons déjà durs. Il défait promptement le
short qu’Aude porte sans sous-vêtement.
La voici nue.
— Comme tu es belle ! s’exclame-t-il.
Il glisse sans peine un doigt, puis deux, entre les lèvres engluées de son amante. Puis il la
prend là, ouverte, sur l’accoudoir du canapé.
— Oh ta petite chatte ! Oh Aude ! souffle-t-il en la parcourant frénétiquement.
Contrairement au bureau, Aude crie son plaisir sans retenue. Il ne porte pas de préservatif.
Tous deux le sentent, aucun ne le regrette.
— Ta peau dans la mienne, mon amour, viens, viens très fort !
Ils se sont retrouvés depuis quelques minutes et l’orgasme déjà les emporte ! Maxime, sur
le point d’éclater, s’écarte d’Aude, mais elle l’enserre entre ses jambes.
— Non Max, viens en moi, viens !
— Mais Aude… lâche-t-il dans un dernier effort pour se retirer.
— Max, je veux ta sève, tout au fond de moi !
Lui alors n’hésite plus. Il plonge en elle avec cette frénésie du coït imminent. Tous deux
vibrent au sommet de la vague. Et Aude sent l’écume chaude se projeter au fond de son antre.

Le mâle s’est retiré. La femelle est assise jambes ouvertes.


— C’est bon, dit-elle, de te sentir encore en moi.
Il regarde la fente inondée avec une pointe d’inquiétude.
— Prend-on son pied en évitant toute possibilité de fécondation ? demande-t-elle.
— Non, répond-il simplement.
Ils semblent attendre, comme prostrés, que le sperme s’écoule.
Enfin elle se lève et lui demande :
— Veux-tu manger quelque chose ? Une salade au thon ?

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— Oh oui, je meurs de faim !


Aude toujours nue s’affaire dans le coin cuisine. Maxime la regarde couper de juteuses
tomates en larges rondelles.
La salade, copieuse et assaisonnée à point, est vite avalée. Les amants se désirent de
nouveau.

Aude entraine Maxime dans la chambre conjugale.


Étonné, comme pour s’en assurer, il demande :
— C’est ici que tu dors avec ton mari ?
— Désolée, il n’y a pas d’autre lit ; à moins de déployer le canapé du séjour…
Croyant deviner la pensée de Maxime, elle ajoute d’un ton insouciant :
— Non, ça ne me dérange pas de coucher avec toi ici, c’est un nid d’amour. Nous y serons
beaucoup mieux qu’au bureau !
Puis, avec un naturel déconcertant, elle se place en levrette sur le grand lit, sa brune étoile
encore close.
— Où est ton bijou ? demande Maxime.
— Pas tout de suite. Je veux sentir ta langue sans barrière, sans lubrifiant. Embrasse-moi
Max !
Maxime plonge son visage entre ses fesses et pourlèche avidement la surface du cratère.
Aude frémit. Il introduit la pointe de sa langue, et l’étoile scintille.
— Continue ! Gobe-moi tout entière ! Sans filtre, peau contre peau !

Le moment venu, Maxime enfonce le cône magique.


— Que vois-tu à travers le verre ? demande-t-elle.
Il approche la lampe de chevet.
— Ton cul grand ouvert ! fait Maxime soudain très raide.
— Explore-moi, Max !
N’en pouvant plus, il enfile un préservatif et traverse l’étoile d’Aude, rompue à ces
incursions abyssales. Très vite, elle crie en jouissant. Lui, toujours dur, en veut plus.
— Tourne-toi ! ordonne-t-il.
Il est à genoux face à elle allongée. Il écarte ses jambes, vise l’étoile dilatée et la transperce
lentement, en profondeur. Les yeux dans les yeux, il encule Aude.
— Oh mon amour ! murmure-t-elle.
— Oui… répond-il du fond d’elle, oui !
Il la rattrape dans son envol, et ensemble ils jouissent.

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Ils se sont assoupis enlacés. Il peut être trois heures du matin quand Maxime murmure :
— Il va falloir que je parte, Aude.
— Mais pourquoi ?
— Tu veux que je dorme avec toi dans le lit de ton mari jusqu’au matin ?
— Je t’ai dit que la voie était libre, tu n’en as parcouru que la moitié, répond-elle en riant.
— C’est de la folie, les amants ne font pas cela…
— Mon mari ne m’encule pas, toi si ! lui confie soudain Aude.
Maxime, toujours friand des vérités intimes qu’Aude lui révèle, se sent cette fois mal à
l’aise.
— Ah bon ! fait-il d’un ton anodin.
— Julien déteste cela. J’ai longtemps tenté de le convaincre. Pour notre nuit de noces, il a
enfin essayé. Mais c’était vraiment trop lui demander, il n’a pas pu. Puis il m’a dit : « Non
Aude, anus et rectum servent à expulser les matières fécales, pas à ça ! ».
— Je n’ai jamais entendu pareille chose ! fait Maxime stupéfait.
— Maxime, Julien et moi, comme beaucoup de nos amis, avons foi en Dieu. Les principes
religieux sont importants pour nous ; nous essayons de les respecter, tout en les accommodant
à notre façon de vivre…
— Je comprends, dit Maxime après un silence un peu lourd. Mais, pour une fille qui aime
ouvrir son étoile, ça doit être l’enfer…
— Le contraire du paradis, en tout cas.
De nouveau le silence.
Puis soudain, Aude demande :
— Max, c’est quoi une salope ?
Sentant Max hésiter, Aude poursuit :
— Une fille qui couche au bureau, par exemple ?
— Par exemple, oui.
— Je suis une salope, moi ?
— Non, je ne crois pas.
— Mais je couche au bureau…
— Pas seulement, non ? répond-il dans un sourire.
— Je suis quoi, alors ?
— Je ne sais pas, je n’y ai jamais pensé.
— Bah, je suis sûre que tu penses quelque chose !
Maxime ne sait que dire.
Puis soudain il fait :
— J’ai trouvé, tu es une baiseuse !

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— Les filles que tu connais ne sont pas comme ça ?


— Certaines oui, mais toi… Tu es faite pour ça !
— Moi, faite pour baiser ?
— Tu adores baiser et tu baises si bien… Tu me plais trop Aude, j’ai faim !
— Tu peux te servir dans le frigo…
— Non… Donne-moi ta chatte ! Toute crue ! Tu me rends fou, fait Maxime en frottant la
moule d’Aude.
Et il la dévore. Plusieurs fois elle jouit.
— 69 ? murmure-t-il.
Aude ne se fait pas prier. Et son étoile brille sur la langue de Maxime.
Puis la hampe de Maxime, telle une fusée, glisse dans l’astre. Le dos tourné, Aude accueille
l’engin spatial et en prend les commandes. Elle le pilote avec délice, à son propre rythme,
tout en offrant à Maxime le plus sublime des spectacles : son tour de hanches, ses fesses
parfaites, et son anus dilaté qui coulisse sur sa bite ! Mais… n’est-ce que ma bite ? songe
Max, ou tant d’autres aussi sur lesquelles Aude fantasme à loisir ?…
— Oh Max ! Oh Seigneur ! lâche-t-elle soudain dans un cri de joie céleste.
Cette bite dure et droite qui crève son étoile, cette fusée au fond de son cosmos n’est-elle
pas un don du Ciel ? Providentielle alchimie où jouissance terrestre se transmute en louange
divine ! Aude, au sommet de son orgasme, n’a-t-elle pas trouvé la Voie Médiane ? Oh
Seigneur ! Oh Max ! Plus elle jouit, plus elle prie, comblée par la Grâce.

Aude, le matin, s’éveille avant Maxime. Elle le regarde endormi. C’est, somme toute, un
beau garçon qui lui a fait l’amour, au bureau… là où tout a commencé. Quand, accroupie sur
cet étroit fauteuil de similicuir, elle lui a tendu son cul, histoire d’y glisser le plug. Les
paroles de la psy lui reviennent sourdement : Aude, pourquoi ne pas vous assumer comme
salope ?. Oui, Vernot et Maxime ont atteint son étoile, au bureau. Elle en avait besoin. Oui,
au bureau. Est-elle pour autant une salope ? Qu’est-ce qu’une salope ? Aude l’ignore
toujours. Sans hésiter, elle a accueilli Maxime dans le lit conjugal où jamais auparavant on ne
l’avait enculée. Où est le mal ? Fallait-il poursuivre au bureau ? Mais quand, comment, et
dans quel bureau ? Certes, Aude a profané ce lit en s’y accouplant avec Maxime. Mais en
quoi cela concerne-t-il le mari d’Aude qui ne peut et ne veut enculer son épouse ?
L’important est que le liquide séminal s’écoule dans ton vagin , lui répétait Julien avant leur
mariage.
« Seigneur, ne fut-ce pas le cas hier avec Maxime ? N’ai-je pas fait mon possible ? En
recevant la semence de Maxime, je ne me suis pas détournée de Toi ! Mais Seigneur,

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pourquoi as-tu conçu mon étoile si je dois renoncer aux joies qu’elle me procure ? Ta volonté
est-elle que cet astre dans le firmament reste éteint ? Seigneur, je ne comprends pas tes
desseins ! Éclaire-moi, Ô Seigneur ! » prie secrètement Aude.

Maxime ouvre un œil. Sa compagne prend innocemment ses bourses dans le creux de sa
main, puis agite son sexe qui rapidement s’érige.
— Je ne t’ai toujours pas donné ce que tu avais demandé au bureau, fait-elle en souriant.
Maxime, encore dans les brumes du sommeil, sait seulement qu’il bande très fort sous la
poigne d’une fée.
Elle embouche sa pine.
— Ainsi nous serons quittes, chuchote Aude malicieusement.
La pipe, d’abord lente et douce, se fait vite sauvage, endiablée… Maxime va se laisser aller
dans la bouche ensorcelée… Puis non ! Le désir de pénétrer la fée le brûle, ses gâteries ne
sont plus de mise ! Il glisse un oreiller sous ses reins, l’écarte et franchit ses lèvres
ruisselantes. Il n’y a plus alors que cette chatte, étroite. La chatte d’Aude. Toute Aude ! Qu’il
baise, qu’il baise, et qu’il baise membre nu !
Il va se lâcher… Doit-il sortir pour éclater ? À quoi bon, elle veut sa sève ! Alors il
s’enfonce, et laisse libre cours à ses spasmes dans un long gémissement.

Les amants prennent le petit-déjeuner.


— J’adore sentir ton sperme.
Maxime se tait.
Entre deux gorgées de café noir, Aude porte son doigt couvert de semence à sa langue et la
fait claquer contre son palais.
— Aucun goût, juste pour la forme !
— Tu ne crains pas d’être enceinte ?
— Nous avons joui ensemble.
— Que va dire ton mari si tu es engrossée par un autre ?
— Mon mari, comme moi, a la foi, je te le répète. La fécondation est l’œuvre de Dieu.
Quant aux jeux sexuels avec un autre, il serait mécontent. Mais j’ai mes raisons, et tu les
connais !
— Aude, je ne me laisserai plus aller en toi sans capote, aussi impérieux que soit notre
désir !
— Bah, nous verrons bien… Tu reviens ce soir ?
— Crois-tu que nous devrions nous revoir ?
— La voie est encore libre ce soir, profitons-en.

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— Oui Aude, mais…


— Mais quoi ? Maintenant, je dois aller chercher mes enfants chez Sandrine. Sinon, je te
ferais l’amour toute la journée !
— Moi aussi, Aude ! répond Maxime la voix tremblante, moi aussi je voudrais…
— À ce soir, Max !
Leurs lèvres se frôlent et Maxime quitte sa bien-aimée sans se retourner.

Pour la nouvelle nuit qui commence, Aude s’est arrangée avec Erika, une autre amie du
Cercle Religieux, qui gardera ses enfants.

Maxime est de retour.


Les amants disposent librement de la couche conjugale. Aude ne voit là ni profanation ni
sacrilège. C’est l’endroit où se faire aimer par l’homme qui la comble ; puis pour s’endormir
entre ses bras. Lui ne songe plus à la quitter aux hautes heures de la nuit. L’amour n’a plus de
montre. Au réveil, il poursuit librement son cours, comme l’eau d’une intarissable source.

Semaine exceptionnelle. Plein amour. Plein soleil !

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14. En catimini

Le beau fixe semble un instant perturbé quand, mercredi, Aude conduit de nouveau ses
enfants chez Sandrine. Oh, ce n’est qu’une fausse alerte ! Sandrine s’occupera volontiers des
enfants, mais elle ne peut s’empêcher de questionner Aude. Après tout, elles sont amies et se
confient souvent l’une à l’autre.
— Tu vois quelqu’un ? s’enquiert Sandrine.
— Oui, répond Aude tout sourire. Un homme qui me fait l’amour par tous mes pores !
Sandrine n’ignore pas la frustration d’Aude depuis son mariage. Certes, la sodomie est une
pratique déviante, mais comment ne pas se montrer indulgente avec Aude ?
— J’en parlerai au père Varny le moment venu, fait Aude, trop heureuse pour envisager
aujourd’hui une ombre au tableau. Ces jours sont bénis ! ajoute-t-elle.
— J’ai été rossée, il y a un moment déjà… confie Sandrine. Pour faute grave. Sais-tu que
Varny est adepte de la Voie Médiane ?
— Oui… fait Aude, signifiant par là qu’elle aussi a été rossée… pour faute grave.
— La Voie Médiane est la seule réaliste. Après tout, un orgasme illicite n’est pas la fin du
monde !
— Non, bien sûr que non, approuve Aude, à la fois soulagée et confortée dans ses écarts
avec Maxime.
Sandrine voudrait en dire plus. Mais le moment est mal venu. Sandrine voudrait préciser
qu’elle s’est donnée à… Julien, l’époux d’Aude, il y a un an déjà. Et que cela continue. Qu’il
est aussi à elle désormais ! Mais Sandrine gâcherait le bonheur d’Aude, en manque depuis si
longtemps, et aujourd’hui comblée par cet amant magnifique.

Pour Aude et Maxime, soirée, nuit et petit matin échappent encore au temps. Magiques
moments ! Aude ne demande plus à Maxime s’il reviendra le soir. Sauf que jeudi est le
dernier soir, du moins ici, chez elle, car Julien sera de retour le lendemain.

Comme personne d’autre, ce dernier soir, n’est disponible, Aude confie de nouveau ses
enfants à Erika. Celle-ci, toujours serviable, les accueille gaiement et leur sert un goûter.

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— Tu as bien raison de prendre du bon temps ! lui glisse-t-elle discrètement.

Une heure plus tard, les seins d’Aude roulent dans les douces paumes de Maxime. Comme
chaque soir, il fait voler l’ample t-shirt dans le salon et défait l’étroit short qu’elle porte à
même la peau. La voici de nouveau nue : charnue, galbée, humide, brûlante.

Pendant ce temps… Sandrine reçoit un visiteur inattendu : son Julien. De retour un jour
plus tôt que prévu, il sera ainsi tout à elle. Une soirée, une nuit, une matinée, à l’abri de tout
soupçon. C’est si bon, mais si court, et trop rare ! Les amants s’enlacent et s’embrassent
longuement.
— Julien, souffle Sandrine dans son cou, il faut que tu parles à Aude.
— Oui, nous verrons, Sandrine…
— Non ! coupe-t-elle. Cela fait un an que tu me promènes de la sorte. Le moment est venu.
— Je ne crois pas, Sandrine. Aude vient de terminer brillamment son stage de formation et,
de plus, elle est promue à un meilleur poste. Ne gâchons pas ce bonheur ! Et puis tu sais, elle
a pleinement retrouvé sa libido. Si elle apprenait notre liaison, elle risquerait de retomber en
dépression.
— Sa libido… Julien, Aude voit quelqu’un !
— Non, Aude est la fidélité même !
— La fidélité ! Sais-tu au moins de quoi tu parles ? Aude a pris un amant qui la sodomise,
ce dont tu n’es pas capable…
À ces mots, Julien sent son sang se glacer.
— Oui Julien, c’est difficile. Mais il est temps d’avouer à Aude que tu m’aimes, que tu
nous aimes toutes les deux. Que j’aime moi aussi mon mari Pacôme. Que toi et moi sommes
dans la même situation : polyamoureux !
Julien, accablé, baisse la tête.
— Paix sur terre aux Hommes de bonne volonté ! fait Sandrine. Es-tu prêt à faire preuve de
cette volonté qui nous apportera enfin la sérénité ?
— Je ne sais pas, murmure Julien. J’ai commis une très grave faute au départ en acceptant
tes avances répétées.
— Mes avances ? C’est toi qui es entré dans notre chambre et qui m’as prise sans façons !
— Tu ne manquais pas une occasion de m’attirer ! Combien de fois t’es-tu mise nue dans
votre chambre, la porte entrouverte ! Même en présence d’Aude !
— C’est vrai… Je te voulais, je ne trouvais jamais les mots pour te le dire. J’ai tout fait
pour que tu sois mien. Mais… je n’ai jamais caché notre relation à Pacôme, moi. Dès le

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lendemain, je lui ai dit que nous avions couché ensemble. Et il sait que je t’aime, et que,
contre un sentiment, on ne peut rien. Cela ne l’a pas empêché de me faire un enfant. Tu sais
que je suis enceinte de quatre mois maintenant. Notre mensonge m’est insupportable.

Julien baisse les yeux et prend son visage dans ses mains. Sans doute prie-t-il. Sandrine en
silence se joint à lui.
— Je ne peux imaginer qu’Aude me trahisse, fait-il après un long silence.
— Es-tu prêt à regarder la vérité en face ? dit Sandrine calmement.
— Que veux-tu dire ? demande Julien, comme perdu.
— Je peux t’aider, mais à une condition…
— Laquelle ?
— Tu vas comprendre. Aude est en ce moment chez vous avec son amant, Erika garde les
enfants. Va le constater de tes propres yeux ! Mais arrange-toi pour rester discret : entre,
regarde ou écoute, et repars en silence. Sinon… Si la folie te prend de déranger les amants,
inutile de revenir chez moi, jamais !

Julien se lève et marche vers la porte.


— Tu m’as bien comprise ? Prends acte et éclipse-toi. Si tu t’en mêles, ce sera fini entre
nous, Julien !
L’homme la fixe et répond par un hochement de tête.

Julien, le cœur serré, se rend au domicile conjugal.


L’affirmation assassine de sa maîtresse ne cesse de retentir dans son esprit : Aude voit
quelqu’un. Julien ne sait pas si cela est moral, il n’est pas Dieu. Aude a pris un amant qui la
sodomise ! La sodomie est-elle démoniaque ? Ou pas ? Julien ne sait plus. Lui refuse
catégoriquement de s’y adonner, en effet.
Cela dit, Aude n’a pas à voir quelqu’un dans son dos ! Et pas non plus si elle l’en
informait ! Aude est sa femme, pas celle du voisin. C’est aussi simple comme bonjour ! Lui
voit Sandrine, certes, certes… Mais Sandrine l’a cherché. Tandis qu’Aude… Aude ne joue
pas à cela !
Sa promesse à Sandrine lui revient soudain à l’esprit. Julien peut-il jeter la pierre à la
femme adultère ?… Non, non ! Mais Aude…

Parvenu à destination, avec d’infimes précautions, le mari d’Aude fait tourner sa clé dans la
serrure de l’appartement. Immobile sur le pas de l’entrée, il entend des feulements… Il

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s’avance jusqu’à la porte entrebâillée du salon. Aude nue, appuyée au buffet, se cambre sous
les coups de boutoir d’un individu d’une trentaine d’années. Julien ne peut voir le visage de
sa femme masqué par sa chevelure. Il écoute ses halètements mêlés à ses cris d’extase.
L’inconnu se retire, apparemment sans s’être libéré. Sa main se porte entre les fesses d’Aude,
il en retire un objet de verre et y introduit alors profondément son majeur. L’épouse de Julien
glousse de plaisir. « Oh Max ! lâche-t-elle, allons dans le lit ! ». Aude partage donc leur lit, le
lit conjugal, avec ce drôle ! Pour mieux lui offrir son anus ! Comment peut-elle… Julien va
les surprendre ! Julien va regarder sa femme ainsi pénétrée droit dans les yeux ! Elle crie de
nouveau, plus fort encore ; le drôle doit toucher le fond de son ventre ! Mais Julien reste
immobile derrière la porte du séjour. La promesse faite à Sandrine, ne pas déranger les
amants, le retient. Il ne veut pas perdre Sandrine ! Il ne veut pas perdre Aude ! Non, non,
non ! La torture est insupportable. Julien se sent défaillir. Puis il se reprend. Après tout,
qu’Aude jouisse ! Qu’elle hurle ! Qu’elle hurle encore et encore ! songe son mari en lâchant
prise.
Peut-être sa femme est-elle en train de se damner… Dieu seul le sait. Et lui, Julien ?… Ne
jouit-il pas en douce dans le con de Sandrine chaque fois qu’il le peut ? Et Aude ignore les
liens profonds qu’il a tissés avec son amante. Horrible sacrilège dont Julien ne s’est toujours
pas confessé !
Pour l’heure, Julien s’en retourne aussi subrepticement qu’il est entré et retourne tout droit
chez Sandrine.

Sa mine décomposée confirme à son amante qu’il en a vu et entendu au-delà du


supportable. Mais lui se tait. Il la serre fort dans ses bras. Il sent sa peine partagée. Et soudain
il bande, très fort. Sandrine le sent, mais le cœur y est-il ? Julien, sans prendre son avis, de
ses doigts frotte son sexe à travers son string de dentelle. Puis il la retourne, la pousse sur un
fauteuil, relève sa jupe, écarte le string et, sans le retirer, sauvagement, la pénètre. Sandrine
pousse un cri de douleur. Puis elle se laisse trousser. Dans cette position, ses quatre mois de
grossesse ne la dérangent pas. Au contraire même… son vagin, vite humide, en veut plus.
Mais Julien n’attend pas Sandrine. Très vite, il éjacule. Il s’attarde quelques instants en elle,
puis doucement s’extirpe.
Sandrine, satisfaite malgré ce fugace plaisir, laisse la semence goutter dans son string.
— Julien, es-tu maintenant prêt à révéler notre liaison à Aude ?
— Oui. Même si l’aventure d’Aude n’a rien de commun avec notre relation. Elle est
purement sexuelle. Je crois, malgré tout, connaitre Aude : elle adore baiser.

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— Peut-être, mais en ce qui nous concerne, nous devrions consulter le père Varny
ensemble et parler de notre liaison, suggère Sandrine.
— Oui, je ne veux pas me détourner de Dieu. J’ai commis plusieurs sacrilèges, je suis une
brebis égarée.. Je ne souhaite pas quitter Aude, nous sommes unis par les liens du mariage. Et
je t’aime, Sandrine, tout autant qu’Aude.
— Moi non plus, fait Sandrine. Le père Varny peut comprendre notre situation et nous
aider. T’a-t-il jamais parlé de la Voie Médiane ?
— Non. Je ne me suis pas confessé depuis bien longtemps.

Julien rentre au foyer vendredi en fin de journée. Aude l’accueille, la mine réjouie. Lui se
comporte comme s’il ne savait pas.
Puis, après la douche, il a envie d’elle. Malgré tout. Il s’en étonne, mais l’attend allongé sur
le dos, le sexe érigé. Aude sourit, l’étire et le presse, l’embouche jusqu’au fond de sa gorge.
Puis, le dos tourné, elle s’empale, s’agite à sa guise tout en régalant Julien. Ils jouissent
ensemble.
Mais, contrairement à leur habitude, ils ne s’assoupissent pas. Julien, de nouveau
désorienté, cogite. Aude, pour sa part, à quelque chose à lui annoncer.
— Julien, je dois m’absenter tout le weekend. Des réunions de travail pour me préparer à
mes nouvelles responsabilités. Ça tombe mal après ta semaine en déplacement, je sais bien.
— Où vas-tu ?
— À Montpellier, demain matin. Je ne rentrerai que dimanche soir tard.
— Bien. Je t’accompagnerai à l’aéroport, répond Julien d’un ton neutre.

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15. Envol en weekend

Maxime est sur le même vol qu’Aude. Ils voyagent côte à côte. Elle porte une jupe en lin
mi-cuisses sous laquelle Maxime ne peut s’empêcher de glisser une main. Il ne rencontre que
la peau d’Aude, et sa fente nue. Il y glisse un doigt, puis deux, et choie son clitoris jusqu’à ce
que sa compagne, prise d’irrésistibles spasmes, exulte sous la tablette où l’hôtesse vient de
déposer thé et petits gâteaux.
Une fois atterri, les amants empruntent la navette du Cap d’Agde.

C’était une idée de Maxime, ce weekend.


— Qu’y a-t-il là-bas ? avait demandé Aude.
— Comment, tu ne sais pas ?
— Des plages et de grands immeubles.
— Bien mieux, le paradis terrestre ! Des quartiers où tout le monde est nu, toujours et
partout.
— Ah oui, on en parle de temps en temps à la télévision, répond Aude. Mais moi, je ne suis
nue que pour toi ; en public, sous des regards inconnus, cela me gêne. Si je dois être nue face
à un étranger, je porte toujours un masque occultant.
— Au Cap d’Agde, c’est différent, tout le monde va nu ! Les premiers instants peuvent être
intimidants, mais tu oublieras vite ta pudeur. C’est très agréable.
— Tu y vas souvent ?
— Non, non… simple occasion. Un ami me prête son studio pour le weekend, il donne sur
une piscine !
Aude, voyant que c’était là la seule manière de prolonger cette semaine de plein amour
avec Maxime, avait accepté.

Le studio est minuscule, comme beaucoup ici. Sitôt entrés, Aude et Maxime, avant même
de défaire leurs sacs, baisent.
— Allons nous baigner ! dit ensuite Maxime.

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La piscine bleue est encore peu fréquentée, Aude se joint nue à son amant sans gêne
apparente. Ils dégustent ensuite leur premier bain de soleil de la saison, étendus sur leurs
serviettes.
— De l’autre côté de l’immeuble, il y a une petite place avec une supérette. Tu pourrais
aller acheter du café et un pain pour le petit déjeuner demain matin.
— Aller faire les courses nue ?…
— Bien entendu ! Tu ne seras pas la seule, la nudité intégrale est obligatoire. Tu ne vas pas
rester cloitrée dans l’appartement !
— Bon, bon, j’essaierai de ne pas rougir… Tu ne m’accompagnes pas ?
— Tu dois faire ta première expérience seule. Je te suivrai à courte distance. Tout le plaisir
est là.
— Quel plaisir ? Tu es méchant…
— Le plaisir de te regarder parcourir les rayons de la supérette complètement nue !

Aude, résignée, traverse la placette. Son premier réflexe est de dissimuler son sexe derrière
sa main ; mais non, il ne faut pas. Elle croise hommes, femmes et enfants, joyeux dans le plus
simple appareil. On semble à peine la remarquer. Elle pénètre dans le petit supermarché.
Comme c’est étrange ! Personne, ici non plus, n’est vêtu. Sa pudibonderie lui parait alors
naïve. Sauf qu’au rayon du pain de mie, un homme, face à elle, la mate sans vergogne. Puis à
la caisse, accompagné de sa femme et de ses enfants, il se trouve juste derrière elle. Elle sent
comme une onde ces yeux parcourir ses hanches, puis le galbe de ses fesses. Cela mérite une
gifle ! Elle va se retourner, mais vient son tour. Elle paie et s’enfuit sans prendre sa monnaie.

Maxime l’attend à la porte du magasin.


— Alors, comment te sens-tu après ce baptême ?
— Ça va, dit Aude, mais un type m’a fixée puis suivie dans le magasin, avec un sans-
gêne !…
— J’ai bien vu, dit Maxime, il te trouve sans doute à son goût !
— C’est donc cela le naturisme ?
— Il t’a montré qu’il te désirait, rien de plus.
— C’était insupportable !
— Il y est allé un peu fort peut-être, mais s’il t’avait croisée vêtue, dans le métro par
exemple, ne crois-tu pas que son insistance aurait été la même ? Tu ne dois pas te formaliser,
Aude. On ne cache rien ici, et certainement pas l’attirance qu’on éprouve pour un passant ou
une passante. Il a observé ta chatte, et alors ?
— Plutôt mon cul, je crois…

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— Sans doute les deux ! Il a flashé sur toi, une fille sexy ne passe pas inaperçue. Il est libre
de te mater, et toi de ne lui accorder aucune attention. Nue, tu ne caches rien ; libre aux
mateurs d’en prendre à leur aise, c’est leur affaire. Bien des filles ici aiment cela, et elles
aussi matent à leur façon.
— Oui… peut-être. Mais je ne sais si je m’y ferai.
— Nous sommes tout juste arrivés, tu verras bien…

Pour le dîner, Maxime propose un restaurant asiatique.


— Manger toute nue avec des baguettes, je n’y avais jamais pensé, fait Aude en éclatant de
rire.
— Des grains de riz à la cantonaise éparpillés sur tes seins, miam ! Je devrai me dépêcher
pour n’en perdre aucun !

Chez l’Asiatique, toutes les tables sont occupées. Mais un couple hèle Aude et Maxime. De
loin, Aude croit reconnaitre l’homme de la supérette. Maxime lui glisse :
— Oui, c’est bien lui. Tout à fait inoffensif, pourtant. Je t’ai fait une petite cachoterie tout à
l’heure. C’est l’ami qui nous prête le studio que nous occupons. Il ne savait pas que nous
étions ensemble, je ne l’ai pas encore rencontré depuis notre arrivée. Cela te dérange de
partager leur table ?
— Les amis de mes amis sont mes amis, bougonne Aude.
Maxime salue ses amis. Très avenant, le couple accueille Maxime et Aude.
— Aude, je te présente Yolande et Vivien Auvray, et chers amis, je vous présente Aude
Garnier ! lance Maxime joyeusement.
Le regard de l’homme, métamorphosé, serait presque doux.

Rouleaux de printemps frais et soupe piquante au chou, servis presque séance tenante, ont
tôt fait de délier les langues. On se félicite de la météo exceptionnellement clémente ainsi que
de l’aubaine de séjourner ici juste avant la pleine saison.
Vivien, du coin de l’œil, reste attentif aux ballottements des seins en obus d’Aude assise
face à lui, mais son regard, dépourvu de toute véhémence, serait presque flatteur. Yolande,
gaie et nonchalante, a la peau dorée et des petits seins en virgule garnis de larges aréoles. Elle
affiche allègrement sa petite trentaine, tandis que Vivien a probablement dix ans de plus. Elle
forme un beau couple avec ce Vivien, songe Aude.
Après le thé, on sert l’alcool de rose. Vivien s’enquiert alors :
— De sortie ce soir, les amoureux ?

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— Oh, nous n’avons rien de prévu, répond Maxime, indifférent.


— Nous voudrions essayer Le Carrousel Palace, cela vous dirait ?
— Ah, je ne connais pas ! fait Maxime.
— Cette boîte vient d’ouvrir, elle est sur la place principale parmi toutes les autres,
explique Vivien.
— La musique est bonne ? demande Aude. Je n’ai pas dansé depuis une éternité.
— Sans doute. J’ai visité les décors cet après-midi. Très originaux. L’agencement incite à
la danse et à bien plus, comme le nom de l’endroit l’indique : tournois équestres et figures
osées pour les cavalières courtisées, mais en toute discrétion, glisse malicieusement Vivien.
Aude, qui ne relève pas ce sous-entendu coquin, semble très tentée. Mais Maxime lui
envoie un discret coup de pied sous la table et la prend de vitesse.
— L’air est si agréable ! Je crois que nous allons nous promener près de la mer, avance-t-il.
— Vous êtes sûrs ? fait Vivien en les regardant tour à tour. Aude a envie de se déhancher et
Yolande de se déchainer, allons Maxime, laisse ces dames nous entrainer ! insiste-t-il.
— Nous allons marcher un peu, puis nous vous rejoindrons, répond Maxime évasivement.
— Bien, alors à plus tard ! dit Yolande debout, déjà sur le départ.

Aude et Maxime cheminent sur le sable, les pieds dans la mer.


— J’ai envie d’aller danser ! fait Aude.
— N’as-tu jamais dansé nue devant une foule d’inconnus ? Ça ne te dérange pas ?
— Non, pour danser pas du tout, puisque tout le monde est nu… C’est tout de même toi qui
m’as amenée ici, n’est-ce pas ?
— Aude, Le Carrousel Palace n’est pas qu’une discothèque ! Comme toutes les boîtes ici,
c’est aussi et surtout un club échangiste.
— Ah ! dit Aude, un peu surprise.
Puis elle se reprend :
— Oui bien sûr, c’est Le Cap d’Agde, quoi. Mais nous pouvons très bien aller danser sans
échanger.
— Je ne crois pas que cette atmosphère te plaise, Aude !
— Nous sommes ensemble, nous n’irons pas chercher ailleurs.
— Aude, il y a encore une semaine, tu insistais pour que j’éjacule dans ton vagin sans
préservatif…
— Le préservatif, c’est pour la sodomie et rien d’autre ! coupe Aude.
— C’était de la folie ! J’ai eu toutes les peines du monde à te faire accepter un rapport
protégé, le troisième soir seulement… Tu es peut-être déjà enceinte…

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— Je suis très croyante, Maxime, et tu le sais ! Je te répète que le sperme doit être éjaculé
dans le vagin sans contraceptif, c’est ainsi.
— Ouais… Et tu vas aller danser nue dans un club échangiste !
— Mais où est donc le problème puisque je suis avec toi ? Personne ne va nous obliger à
changer de partenaire tout de même ! Quant au reste, je prie très souvent pour que Dieu me
pardonne, mais en même temps pour le remercier d’avoir créé l’orgasme. Je ne tourne pas le
dos à Dieu.
— J’espère que Dieu entend tes prières, dit sincèrement Maxime. Mais, pourquoi Dieu t’a-
t-il dotée de ce corps sublime si c’est pour ne pas en jouir ?
— J’essaie de vivre ma foi avec cette contradiction ! Cela dit, en allant danser nue avec toi,
je n’offense pas Dieu !
— Aude, tu veux vraiment que nous allions au Carrousel ?
— Mais pourquoi pas ?
— Parce que dans un pareil endroit tu pourrais être amenée, malgré toi, à te laisser prendre
par d’autres. Et je ne tiens pas à ce que tu me le reproches ensuite.
— Maxime, si tu ne veux pas m’accompagner, j’y vais seule. Je retrouverai tes amis.
Maxime se tait et, ensemble, ils se dirigent vers la place centrale où sont tous les clubs…

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16. Au Carrousel Palace

Au Carrousel Palace, Vivien les accueille avec enthousiasme.


— Allons prendre un cocktail au bar !
— Yolande ? finit par demander Aude.
— Elle est occupée, fait Vivien en souriant, allons danser !

Aude semble boire tous les sons, épouser tous les rythmes. Elle est venue pour cela, elle
oublie tout. La voir danser — nue — avec une telle passion est un régal, vite remarqué et
dont on ne se lasse pas. Jusqu’à ce que, fatiguée, elle se réfugie dans les bras de Maxime. Ils
prennent des rafraichissements sans alcool. Puis Vivien les entraine loin de la piste de danse,
dans le large couloir en hélice du Carrousel Palace. De part et d’autre, des pièces aux décors
aussi variés que surprenants. Cette boîte, Le Carrousel Palace, porte bien son nom : elle
pourrait en effet passer pour un gigantesque manège. Ici et là, dans les pièces, des couples ou
de petits groupes, les corps en symbiose, prennent du plaisir. Vivien indique à Aude et
Maxime une chambre disponible et s’éloigne discrètement. L’endroit est très propre et
apprêté pour les nouveaux visiteurs : une confortable banquette, un vaste lit d’amour, un
guéridon avec une carafe d’eau fraiche, quelques verres à bougie colorés et un plateau où
trône un imposant flacon de lubrifiant entouré de préservatifs.

Aude et Maxime s’enlacent, de nouveau soudés par cet incontrôlable magnétisme. La main
de Maxime se pose sur la vulve d’Aude, ses doigts la franchissent, humide, déjà prête. Et de
nouveau Maxime brûle de pénétrer Aude, immédiatement. Aude l’accueille en courtisane,
assise jambes ouvertes sur le large accoudoir de la banquette. Délicieuse et indémodable
position ! Fou de désir, il la fourre et la fourre. Elle glousse parcourue d’un premier orgasme.
Il va se libérer… Mais non, surtout pas ! Pas encore !

Les voici sur le lit d’amour. Aude, fesses tendues, présente son étoile enduite et dilatée.
C’est alors qu’apparait Vivien. Les amants, interloqués, s’interrompent. Vivien baisse les
yeux et se tient discrètement debout dans un coin de la pièce. Il semble ne rien attendre. Mais

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pourquoi reste-t-il ? Le désir des amants est troublé. Vivien est-il là pour… mater ?! Aude
jette un regard interrogateur à Maxime.
— Il voudrait se joindre à nous, murmure ce dernier.
Aude ne dit mot, elle n’a pas envisagé cela. Le silence et la retenue de Vivien donnent une
étrange solennité à cet imprévu. Maxime fixe alors son amante et lui demande à voix basse,
mais suffisante pour que Vivien entende :
— Aude, qu’est-ce qui te ferait plaisir ?
La question lui parait saugrenue. Que Vivien s’en aille ! va-t-elle rétorquer. Mais son
intuition la pousse à conserver le silence. Quelque chose lui échappe, elle ne sait quoi.
Maxime se tourne vers l’intrus.
— Vivien !
Ce dernier lève les paupières et considère Aude. Elle a quitté le lit d’amour et, debout face
à Vivien, elle se sert un verre d’eau qu’elle avale d’un trait.
— Vivien, reprend Maxime, qu’est-ce qui te ferait plaisir ?
Vivien, très calme, considère Aude. Elle a repris quelque assurance. Elle semble attendre la
réponse de l’ami de Maxime, peut-être par simple curiosité.
— Aude, fait-il d’un ton modeste comme s’il émettait un vœu. Simplement Aude…

Il la regarde avec calme.


Maxime, implicitement, lui a donné le feu vert.

Sous les yeux d’Aude, sa tige s’allonge, s’élargit, durcit. N’a-t-elle jamais vu un étranger
bander aussi franchement face à son corps nu ? Quoi qu’il en soit, elle ne s’en souvient pas.
Une nouvelle fois, son instinct lui dicte sa conduite. Oubliant soudain Maxime, elle va
répondre à l’appel du mâle. Sans savoir au juste comment… Elle s’approche de lui.
— Vous êtes bien membré, dit-elle en glissant ses doigts sur la hampe.
Elle la presse, comme pour s’en assurer. Puis, la main enduite de gel, elle imprime un lent
va-et-vient à cette bite surgie de nulle part. La voici soudain maîtresse du jeu. Tout est
possible. Ou bien rien. À elle d’en décider.

Elle est agenouillée sur un épais coussin, le membre dans sa bouche. Vivien, d’abord
stoïque, frémit, glousse et s’enhardit entre les joues bienfaisantes. Il frôle le fond de sa gorge,
prend son visage entre ses mains, semble vouloir s’y lâcher, mais se ravise. D’un léger
mouvement, il s’écarte, aide Aude à se relever et l’amène à lui. Ses mains se posent sur cette
sublime paire de fesses. Ses lèvres effleurent celles d’Aude en quête d’un baiser, mais cette
dernière se détourne poliment.

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— Voilà, fait-elle.
— Aude, quelle merveilleuse surprise ! J’étais sur le point de m’abandonner sur ta langue
de soie.
— Tu aurais dû !
— Non Aude, non. Je voudrais, chuchote-t-il dans l’oreille d’Aude, je voudrais rejoindre
ton étoile !
— Mon étoile ? Seul Max…
— Es-tu amoureuse de Maxime ?
— Oui, répond Aude.
— Mais il n’est plus là, fait Vivien en jetant un regard circulaire dans la chambre du
Carrousel Palace.
Aude l’imite et se rend à l’évidence.
— Peut-être a-t-il préféré nous laisser seuls…
— Je ne crois pas, dit-elle.
— Eh bien, attendons-le, propose habilement Vivien en prenant le bras d’Aude. Viens sur
mes genoux, ça ne te dérange pas ?
— Non, fait Aude en écartant ses jambes pour se placer face à Vivien.
Ses doigts effleurent les seins d’Aude, en parcourent la provocante forme ogivale.
— Tu me chatouilles ! se plaint-elle.
— Oh, excuse-moi ! Ils sont comme des ballons qui ne demandent qu’à prendre leur envol,
dit-il en accueillant les seins dans ses paumes. Tu me permets de les flatter ?
— Ce n’est pas désagréable, fait Aude négligemment, en attendant Maxime…
Vivien les masse doucement en invitant Aude à prendre appui sur ses épaules. La poitrine
ainsi pend, offerte malgré elle.

« Où peut être Maxime ? » s’interroge-t-elle tandis que Vivien la pelote et la malaxe


prudemment. Ses tétons durcissent.
— Maxime a sans doute fait halte dans une autre pièce, glisse Vivien.
— Mais pourquoi ?
— Peut-être a-t-il trouvé le repos du guerrier, répond Vivien en souriant, quoi de plus
normal ?
Voyant qu’Aude ne relève pas cette grivoiserie, Vivien ajoute :
— Ou bien il a rencontré Yolande.
— Yolande, ta femme ?
— Ils s’aiment bien tous les deux… Ses petits seins en virgule le rendent fou… Cela ne me
dérange pas.

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— Ah ! fait Aude, à demi étonnée. Mais pas aujourd’hui, pas cette fois !
— Bah, nous le saurons bien assez tôt, susurre Vivien tout en pétrissant les seins d’Aude, le
sésame du corps de la jeune femme — ce qu’il ignore peut-être encore.
Aude hausse les épaules et, lassée de cette incompréhensible absence, elle s’appuie plus
lourdement sur Vivien. La main de ce dernier va alors droit à la vulve de l’amante de
Maxime assise sur ses genoux. Il y plonge sans peine un doigt.
— Non Vivien, non, pas ça !
— Tu ruisselles, Aude…

Aude s’écarte, se lève et fait quelques pas. Vivien enfile un préservatif et, le sexe dressé,
rattrape l’amoureuse de Maxime, la pousse sur le lit d’amour et porte son visage entre ses
jambes. Aude, indécise, le laisse choyer son con, juteux à souhait. Sentant son plaisir monter
sur la bouche de cet inconnu, la remarque de Sandrine lui revient soudain à l’esprit : Un
orgasme volé, ce n’est pas le bout du monde, après tout !. Non, sans doute pas !
Mais Vivien est déjà en elle.
— Vivien non, pas dans ma chatte, je t’en supplie !
Ce dernier, loin d’imaginer la motivation d’Aude, s’interrompt un instant pour lui répondre.
— Non ma chérie, pas dans ta chatte, oh que non ! Mais avant, je vais te faire jouir ! Je te
dois au moins cela !
Aude, déjà très haut dans le ciel, incapable de se retenir, s’abandonne sur la bite de Vivien.
Il la baise de plus en plus fort. Mais, tel un bonze, il se retient.

Quand Aude revient à elle, Vivien est toujours dans sa chatte. Long, dur, immobile.
Comme promis, il n’a pas joui. Aude jette un regard circulaire. Maxime brille par son
absence.
— Retire-toi, dit-elle.
— Comment ? Ce n’était pas bon ?
— Si, si, très, mais…
— Mais quoi ? interrompt Vivien.
— Nous devrions en rester là. Notre aventure n’a jamais eu lieu. Je t’ai taillé une pipe sans
engagement, Maxime voulait que je te fasse plaisir, rien de plus.
— Pas d’inquiétude pour Maxime, il va revenir ! Souvent il s’échappe, tu sais ! Tout
comme moi. Et comme nous deux en ce moment…
Aude semble enfin comprendre… Vivien la sent soudain se refermer. La partie n’est pas
gagnée. La chance est-elle en train de tourner ? Vivien joue son va-tout.

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— D’accord Aude, restons en là si tu veux, je sais que tu es amoureuse de Maxime. Mais


toi tu sais que je t’adore. Accorde-moi une dernière faveur, tu veux bien ?
— Quoi ? fait Aude d’un ton neutre.
— Montre-la-moi seulement !
Aude, désorientée, voudrait en finir. Que veut encore Vivien ?
— Sais-tu la meilleure position ? fait-il en s’allongeant sur le dos.
— Non.
— Enjambe-moi et ouvre tes fesses.
— En 69 ?
— Oui, pour me montrer ton étoile, tout simplement.
— Bon, si tu veux. Je te préviens, je ne suce plus !
— Non, non, il n’est question que de ton étoile. Voilà, comme ça, écarte-toi bien.

Aude, à quatre pattes sur le lit d’amour, fesses cambrées, visage relevé, regarde dans le
vide. Elle ne pense à rien. Vivien, sous elle, inspecte l’étoile toute proche désormais. Ce trou,
au centre, est légèrement ouvert ; sans doute est-il souvent creusé… Au fond se trouve le
trésor que convoite Vivien. Aude, de son côté, se dit qu’elle rentrera seule à l’appartement si
Maxime ne revient pas. Elle sent soudain l’haleine chaude de Vivien au creux de ses fesses et
voit son sexe dressé près de son visage, tandis que lui savoure cette intime proximité.
La pointe de sa langue effleure l’entrée dérobée. Aude frémit. Avec ses pouces, Vivien
élargit le cratère. Ses lèvres l’encerclent, sa langue amoureusement le pourlèche. Aude
soudain s’écarte.
— Aude, un flirt avec toi !
— Un flirt ?
— Laisse-moi t’embrasser ! fait-il en la ramenant à lui.
Ce n’est pas désagréable… Et voilà qu’elle flirte avec Vivien, anus contre bouche ! Est-ce
bien sérieux ? Non, mais son étoile appartient-elle encore à Maxime ? Aude ne sait plus. Les
absents ont toujours tort.

Aude s’est redressée. Elle tourne toujours le dos à Vivien. Le membre viril est droit sous
elle, à l’orée de son cul, que Vivien a savamment préparé. Aude gémit. Elle sent le gland
entrer puis sortir comme un petit plug. Oh, qu’il vienne ! Qu’il entre ! Lui regarde le cratère
qu’il a creusé dans l’étoile convoitée. La main d’Aude cherche sa bite pour l’y introduire. La
voici. Elle entre et lentement la traverse. Elle l’oriente pour mieux l’entourer. Puis lentement,
en cowgirl, elle entame sa chevauchée. Elle le serre et le possède, enculée à son rythme, à sa
guise, selon son désir. Dans sa rage de jouir, elle poursuit au-delà des espoirs de Vivien

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empalé dans son cul jusqu’à la garde. Le désir le dévore, mais il attend son amazone… Et
soudain des éclairs invisibles lardent le cœur de l’étoile… « Oh, je vais jouir ! » lâche-t-elle.
L’orage éclate. Violemment, Aude hurle et Vivien libère sa sève au fond de son ventre.

Aude est encore empalée sur Vivien quand Maxime apparait. Dans les brumes du plaisir
qui se dissipe, tandis que son corps repu s’amollit, Aude croit à une hallucination. Mais c’est
bien son amoureux qui est de retour. Aude de ses grands yeux le regarde, sans honte ni fierté.
C’est ainsi, semble-t-elle dire. Il sourit. Le spectacle d’Aude juchée sur la tige d’un autre ne
semble ni le surprendre ni l’émouvoir.
— Aude suçait sans souci, j’ai préféré vous laisser seuls, fait-il simplement.
Puis il ne peut s’empêcher d’ajouter :
— Alors ? Partis sur une innocente fellation, nous terminons par une sodomie !

— Le Carrousel Palace est une très belle boîte, dit une voix féminine derrière eux.
Ce n’est autre que Yolande, avec sa peau cuivrée, ses seins en virgule et son sourire
toujours avenant.
— Tu as l’intention de rester, chéri ? fait-elle à l’adresse de Vivien, tout juste sorti d’Aude.
— Moi pas ! interrompt Aude. Je vais me doucher et…
— Nous nous retrouvons au bar, dit Yolande. Tu viens Maxime ?
Et tous deux s’éloignent dans la spirale du Carrousel Palace.

Aude, épuisée, mais détendue, sort de sa douche et dit à Vivien :


— Tu peux aller à la salle de bain. Merci !
Vivien la considère, surpris et désolé de la sentir lui échapper.
— Pour les orgasmes, précise-t-elle.
— Aude, pardonne-moi !
— De quoi ?
— Pour la supérette.
— Ah oui ! répond-elle d’un ton dégagé.
— Aude, dès que je t’ai vue, je… t’ai voulue. C’était plus fort que moi, je voulais t’enculer.
Ton corps, ta démarche, tout en toi me disait que tu aimais ça, que… tu ne demandais que ça.
J’étais désespéré, je ne savais comment te le dire ! Et tu t’en allais, bien sûr. Je ne le
supportais pas.
— Tu ne comportes ainsi avec toutes celles que l’envie te prend d’enculer ?
— Non Aude, crois-moi. Je te sentais pressée, gênée…

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— Je ne m’étais jamais baladée nue en public !


— Ah, c’est donc cela ! Je comprends maintenant. En général, j’engage la conversation et
je sais très vite me faire comprendre. Une femme dit rarement non à l’orgasme ; mais elle
doit être certaine que leur prétendant va les y mener…
— Ton regard était insupportable ! coupe Aude. Je ne te crois pas.
— Peu importe, je ne joue pas au playboy. Encore une fois, Aude, est-ce que tu me
pardonnes ?
— Non, on ne harcèle pas une fille de la sorte !
— Soit. Mais je me suis fait une raison quand tu es partie.
— Tu connaissais Maxime, tu conservais toutes tes chances…
— Je ne savais pas que tu étais venue avec Maxime, je vous ai rencontré ensemble au
restaurant asiatique.
— Et tu nous as entrainés au Carrousel Palace… Pour m’enculer.
— Au restaurant, ma passion pour toi m’a violemment repris, mais je me tenais à carreau.
Je ne savais pas si tu sentais que je pouvais te satisfaire. Une fois au Carrousel Palace, je
n’étais sûr de rien non plus. Et puis… ta pipe m’a sauvé ! Tu voulais sucer et j’avais la
chance de me trouver face à toi.
— Avec un petit coup de pouce de Maxime, tout de même…
— Maxime est un pote, on a souvent les mêmes goûts. Cette pipe était un merveilleux
cadeau, je n’en demandais pas plus.
— C’est ce que je croyais aussi. Mais peu après, tu m’as baisée.
— Oui… Je voulais te faire jouir, pour te remercier…
— Et comme par hasard, Maxime te laissait le champ libre.
— C’est un peu vrai, mais lui aussi avait besoin d’aller voir ailleurs. Tu m’excitais
tellement que j’ai failli éclater dans ta chatte ! Puis au dernier moment je me suis retenu. Le
désir de t’enculer était le plus fort. Mais c’était jouer à quitte ou double, je ne savais pas si tu
accepterais.
— Tu ne savais pas, mais tu as trouvé le bon prétexte…
— J’étais sincère. Je me serais contenté de voir ton étoile, malgré ma frustration.
— Et ton baiser noir ?
— Oui, j’ai franchi la ligne rouge sans trop savoir. Tu ne disais rien. D’abord étonné, j’ai
senti que tu en avais besoin, que ton désir était peut-être plus impétueux que le mien.
— Tu m’as bien cernée… Et tu m’as prise par tous mes orifices !
— Tu m’en veux ?

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— Non, au contraire ! C’est à moi que j’en veux. Tu ne peux pas comprendre cela, même si
tu m’as parfaitement devinée. T’expliquer serait trop long, conclut Aude.

Elle quitte la pièce en agitant sa main en signe d’adieu. Vivien la regarde s’éloigner,
entièrement nue, telle qu’il l’a toujours connue.

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17. Fin de partie

Aude retrouve Maxime dans le minuscule studio. À défaut de place, elle s’étend sur le lit à
ses côtés. Elle ne songe à rien. Elle n’en veut pas à Maxime, elle n’a tout simplement rien à
dire. L’idée ne la traverse même pas de le questionner à propos de Yolande et de ses
pérégrinations au Carrousel Palace. Mais, l’enchantement du plein amour n’est plus ; il a
éclaté comme une bulle de savon, quelque part dans la spirale du Carrousel Palace. Pour
Aude, Maxime est redevenu le collègue de stage, son binôme de plusieurs mois. Maxime
partage la même impression. Que dire ? Lové contre Aude, son doigt parcourt le soupçon de
poil taillé au ras du pubis de sa compagne et tous deux, épuisés, s’endorment.

Le lendemain après-midi, dans l’avion qui les ramène à Paris, les magnifiques amants de
naguère, comme s’ils voulaient conclure sans éclat, se limitent à quelques échanges banals.
Ils pourraient en rester là, mais Aude finalement cède. Ou peut-être s’adresse-t-elle à elle-
même quand elle dit :
– Je ne sais pas ce qui m’a pris.
–…
– Dans le bureau d’Angelette Lalonde, là où cela a commencé.
– Cela a commencé bien avant… fait Maxime.
– Pour toi sans doute. Tu me cherchais, tu me chauffais. Puis tu as trouvé un moyen de
parvenir à tes fins. En me dénonçant, tu savais que la psy nous proposerait une transaction à
l’amiable… Je me suis documentée, c’est souvent le cas dans les grandes entreprises pour
étouffer les affaires de mœurs qui ruineraient leur réputation, la psy ne nous a pas menti.
– Soit, c’est ma faute et tu as été plus ou moins contrainte d’accepter. Mais si tu t’étais
lâchée au bureau seule avec moi, cela ne serait pas arrivé.
– Ce n’est pas mon genre, tu le sais parfaitement !
– Ton genre ? C’est quoi un genre ? Une montagne de préjugés. Il n’y a pas de genre, on
veut ou on ne veut pas !
– Je ne voulais pas.
– Je n’en suis pas sûr. Une des dernières après-midis avant la fin du stage, tu étais très
chaude.

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– Ah bon ?
– Ta robe s’arrêtait en haut de tes genoux, difficile d’entrevoir ta culotte. Je t’ai demandé
de me la décrire. Ce que tu as fait. Plus tard, tu es sortie un petit moment. Quand tu es
revenue, tu ne portais plus de culotte ; je l’ai reconnue, fourrée dans ton sac entrouvert sur le
bureau. Tu étais prête… Mais tu t’es abstenue.
– Je me souviens. Ça m’amusait de retourner au bureau sans culotte, alors je l’ai fait.
– Ma main me brûlait. Elle voulait glisser sur tes cuisses jusqu’à ta chatte. Mais tu m’avais
interdit de te toucher. Je n’ai même pas songé à te demander si tu portais une culotte !
– Tant pis pour toi.
– Qu’aurais-tu répondu ?
– Que non. Je ne t’ai jamais menti sur mon intimité. Savoir que tu fantasmais sur la pure
vérité était très excitant.
– Fantasmes de bureau.
– Tout à fait ! approuve Aude.
– L’impasse, quoi, puisque te lâcher au bureau n’est pas ton genre !
– Et quelle impasse ! Partis sur une fellation, on termine par une sodomie ! lance Aude,
sarcastique.
– Tu as fini par te rendre à l’évidence : entre toi et moi, il ne pouvait en être autrement.
Aude ne répond pas et regarde au hublot.
– Aude !
– Quoi ?
– Est-ce que tu couches au bureau ?
– Non, jamais. Sauf avec toi, dit-elle froidement.
– Et Vernot ?
Ah Vernot ! Aude l’avait presque oublié !
– Je n’ai pas couché avec Vernot.
– Ah bon ! Je pensais… Mais cela ne change rien, Aude. Je peux te dire ce que je pense ?
– Pense ce que tu veux ! réplique Aude, un peu lasse.
– Ne le prends pas mal, c’est un compliment… Tu as été impeccable au bureau.
– Merci du peu. Chacun ses fantasmes.
– Nous partagions celui-ci, et nous l’avons réalisé, Aude. Sur le petit fauteuil carré en
simili, c’était bon !
– Oui… concède Aude dans un haussement d’épaules.

Tous les passagers bouclent leur ceinture, l’avion est sur le point d’atterrir à Orly.

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Aude, le soir, s’endort forte d’une unique certitude : elle mérite d’être rossée. Pour la
semaine écoulée, pour la veille au Carrousel Palace, et pour avoir tout caché à Julien, assoupi
à ses côtés, elle doit solliciter Médian.

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18. Coïncidence

Sandrine et Julien ont pris rendez-vous avec le père Varny.

Sandrine expose la situation.


— Père Varny, Julien et moi avons une liaison durable depuis un an. Nous avons
l’intention d’en informer Aude, l’épouse de Julien. Cela n’est pas facile. Nous voudrions
votre conseil.
— Sandrine et Julien, vous vivez dans le mensonge par omission. Souhaitez-vous vous
confesser ?
— Oui, dit Sandrine.
— Avez-vous l’intention de mettre fin à votre liaison ?
— Non, répondent les amants presque à l’unisson.
— Dans ce cas, il est inutile de vous confesser. L’absolution n’est accordée qu’aux
pécheurs qui s’engagent à ne pas recommencer, fait Varny calmement.
— Nous regrettons notre mensonge, mais notre liaison est durable, dit Sandrine. Nous
aimons nos conjoints. Nous sommes polyamoureux.
— Le polyamour n’est pas reconnu par la Sainte Église.
— Mais la Voie Médiane… glisse Sandrine.
— La Voie Médiane ? La Voie Médiane est une modeste tentative de compromis entre Ciel
et Terre pour nous aider, nous, pauvres pécheurs dans un monde matérialiste où Dieu est bien
oublié. Pourtant, Dieu existe ! Lorsque Médian agit, vous comme moi nous plaçons en
marge. Nous endossons des rôles pour trouver le difficile équilibre entre le sacré et le
charnel. Puisque vous confesser vous parait inutile, il faudrait invoquer Médian…
— Bien sûr, père Varny, fait Sandrine. Mais souvenez-vous, Médian m’avait rossée lorsque
j’avais couché hors mariage la première fois…
— Je me souviens. Ce n’était alors qu’une aventure passagère dont vous aviez fait part à
votre époux Pacôme. La Voie Médiane tolère le péché de la chair s’il est expié. Ce qui fut le
cas. Pourtant, vous n’aviez pas dit à Médian que votre amant était Julien… Coupable
omission ! Puis aujourd’hui, à votre liaison illicite s’ajoute l’adultère de Julien jamais
expié…

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— Père Varny, j’ai succombé à la tentation en goutant au fruit que m’offrait Sandrine. Je
suis prêt à expier ma faute. Et, plus généralement, je voudrais me rapprocher de Dieu !
intervient Julien.
— La tâche est énorme pour Médian. Pourra-t-il élargir la Voie Médiane à votre situation ?
— C’est notre seule issue… fait Sandrine.
— Issue ? Il n’y a pas d’issue, Sandrine. J’ignore totalement ce qui ressortira de
l’intervention de Médian. Excusez-moi un instant, on frappe à ma porte.

C’est Aude. Exceptionnellement, elle s’est rendue à la cure sans prévenir de sa visite.
— Pardonnez-moi père Varny de vous déranger ainsi, mais… je dois vous parler, c’est
urgent.
— Je suis occupé, soyez brève.
Le père Varny écoute un moment son récit puis l’interrompt :
— Pourquoi me racontez-vous cela comme s’il s’agissait d’une confidence ? Je vous
rappelle que la confession est un sacrement. Je suis à votre disposition si vous le souhaitez.
— Je ne souhaite pas me confesser, je ne pense pas avoir commis de péché. Je parle au père
Varny car je crois que Médian pourrait intervenir.
Après un instant de surprise, le père Varny adopte une expression sévère.
— Vous ne pouvez solliciter Médian de la sorte, à votre bon gré ! Vous comprenez ?
— Je n’en suis pas sûre. Que dois-je faire ?
Varny réfléchit un instant puis invite Aude à le suivre dans une pièce annexe.
— Patientez ici. Pensez aux fautes que vous confierez à Médian pour lui permettre
d’évaluer votre châtiment.
La chance d’avouer hors du sacrement de la confession rassure Aude. Elle songe aux
multiples baisers, lèches et pénétrations dont elle doit rendre compte.

Le père Varny rejoint Sandrine et Julien. Il prend sa tête entre ses mains et entre dans une
profonde méditation. Des gouttes de sueur perlent sur son front. À voie très basse, il
prononce quelques prières dans une langue incompréhensible. De l’araméen ?… Enfin il
relève la tête, le visage serein.
— Je suis Médian, annonce-t-il.
Le couple se signe et s’incline.
— Voyez-vous un inconvénient à ce qu’Aude soit des nôtres ?

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Les amants stupéfaits croient à une intervention divine… Mais Médian, impassible, leur
précise qu’il s’agit d’une pure coïncidence.
— C’est sans doute mieux ainsi, qu’Aude nous rejoigne ! soufflent-ils.
— Accordez à Médian un instant pour recueillir l’avis d’Aude, car Médian ne peut
intervenir sans le consentement de chaque intéressé.

Médian retrouve Aude dans la pièce isolée où le père Varny l’a laissée patienter.
— Vous vouliez voir Médian, le voici !
— Oh Médian ! lâche Aude comme soulagée. J’ai tant à vous dire.
— Callipyge, acceptes-tu de parler en présence de Sandrine et Julien ?
Aude reste pantoise. Puis elle finit par répondre :
— Je ne dis mes fautes qu’à Médian.
— Et si Médian souhaite ta présence ainsi que celle de Sandrine et Julien ?
— Je ne comprends pas.
— Sandrine et Julien ont fauté eux aussi. Il serait bon que tu saches, de la même manière
qu’eux sauront, ce que chacun dira à Médian.
— Je ne suis pas curieuse du péché d’autrui. Je suis venue dans l’espoir de rencontrer
Médian seule.
— La Voie Médiane tolère toute vérité, aussi pénible à avouer qu’à entendre.
— Devrais-je dévoiler toutes mes fautes et tous mes secrets ?
— Non, seulement ce que tu voudras. La Voie Médiane est par essence imparfaite.
— Je ne m’attendais pas à une telle rencontre.
— Je n’aurais pas songé à vous réunir, répond Médian. Le hasard a voulu que Sandrine et
Julien se trouvent ici aujourd’hui. Empruntez ensemble la Voie Médiane !
— Soit, Médian.

Médian, suivi d’Aude, rejoint Sandrine et Julien. Chacun baisse la tête, à la fois gêné et en
signe d’humilité.
— Ce que vous allez voir et entendre n’est pas agréable. C’est la vérité, peut-être
incomplète, que chacun d’entre vous souhaite révéler à Médian.

Ce dernier se tourne vers Julien.


— Remontons aux sources. Sois précis.

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— C’est… c’est très simple, fait Julien d’une voix éteinte. Un soir, après une réunion de
notre Cercle Religieux qui s’était tenue chez Sandrine, en l’absence de son mari athée, mon
épouse est rentrée à la hâte pour s’occuper des enfants. Une fois tous les membres du Cercle
Religieux partis, je me retrouvais seul avec Sandrine. Elle s’est retirée dans la chambre
conjugale laissant la porte entrebâillée et, sans raison apparente, a retiré tous ses vêtements.
J’entrevoyais ses formes attrayantes et le triangle brun de son sexe. J’ai soudain eu la
certitude que Sandrine m’attendait. Je l’ai rejointe et j’ai succombé à la tentation.
— Étrange certitude… fait Médian. Sandrine, qu’en dis-tu ?
— Julien ne s’est pas trompé.
— Lors de ta première visite, tu avais évoqué un désir soudain et inexplicable. Sur la Voie
Médiane, ce péché véniel t’avait valu une correction. Tu t’étais engagée à ne pas
recommencer.
— Médian… Depuis longtemps, je voulais que Julien m’appartienne.
— Ton désir était donc prémédité !
— Ton choix fut pourtant de dissimuler la vérité…
— En effet Médian. J’étais amoureuse de Julien. Et je le suis encore aujourd’hui.
— C’est moi qui suis venu expier ma faute ! proteste Julien.
— Tais-toi ! Tu ne perds rien pour attendre.

Médian quitte la pièce et réapparait avec de courtes chaines au bout desquelles brillent des
cercles métalliques.
— Des… des menottes ! s’exclame Julien.
— C’en est trop, Julien ! Tu es libre de congédier Médian immédiatement.
Julien, bouleversé, se tourne vers Sandrine.
— Non Médian, reste parmi nous ! implore-t-elle.
— Julien ?
— Pardonnez mon trouble ! fait ce dernier, confus.
Médian hausse les épaules.
— Baisse ton pantalon et tends tes fesses !
Puis il se tourne vers Sandrine.
— Mets-toi nue !
Sandrine s’exécute sous le regard attentif de Médian.
— Le châtiment de l’épouse enceinte sera doux afin de ménager l’enfant à naître.
Accroupis-toi sur ce tapis, au centre de la pièce. Joins poignets et chevilles.
Médian lui passe les deux paires de menottes. Sandrine ne s’appuie plus que sur ses coudes
et ses genoux.

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— Écarte-toi bien pour conserver l’équilibre aussi longtemps que possible !


Médian s’en prend alors à Julien.
— Relève ta chemise ! Plus haut, au-dessus des reins ! Et pose tes mains sur tes genoux.
Médian se penche sur une commode dans un coin obscur. D’un profond tiroir, il tire un
martinet à lanières de cuir.
— Julien, place-toi face à ces dames pour qu’elles puissent te voir !
Et Médian fesse violemment le derrière que lui tend Julien. Ce dernier encaisse un moment
les coups puis s’écrie :
— J’ai péché ! J’ai menti ! J’avoue que j’aime Sandrine ! J’aime Sandrine autant que
j’aime Aude, ma femme ! Entre elles deux, je ne peux choisir !
Les lattes du martinet, indifférentes, cinglent la peau de Julien jusqu’au sang, puis soudain
cessent.
— Ainsi la Voie Médiane ! claironne Médian. Sandrine et Julien disent aimer leurs amants
autant que leurs conjoints. Ils seraient polyamoureux. Peut-être. Le savent-ils eux-mêmes ?
Mais soit. Le polyamour alors n’a de valeur que s’il est proclamé haut et fort !

Aude, les yeux hagards, semble défaillir. Mais Médian la rappelle à l’ordre.
— Aude, non ! Ce serait trop facile ! Tu t’es engagée sur la Voie Médiane, veux-tu
poursuivre ?
— Oui… articule péniblement Aude.
— As-tu complété ton carnet depuis notre dernier parcours sur la Voie Médiane ?
— Oui, Médian.
— Bien. Commence par te mettre nue face à tous.
Aude se défait et attend les injonctions de Médian. Il la fait ainsi patienter puis dit :
— Ouvre ton carnet et lis à haute voix !

Aude, sur un ton monocorde, presque sourd, obtempère.


Julien et Sandrine tendent l’oreille. Médian semble ailleurs. L’écoute-t-elle ?… Sans doute,
du moins en partie, car une fois qu’elle a terminé, d’un ton dégagé il affirme :
— Cette litanie rend donc compte de ta honteuse débauche ?
Aude, contrite, acquiesce.
Puis elle lève une main pour demander la parole.
— Devant Dieu, je regrette mon inconduite. Mais devant Dieu, je ne regrette pas ma
jouissance et je Lui en rends grâce.
— Tu as choisi la Voie Médiane plutôt que la confession et l’abstinence à laquelle elle
t’engage. Ta cause est entendue !

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— J’ai commis de graves fautes et sur la Voie Médiane je suis prête à les expier.
— Ton tempérament lascif te fait perdre toute raison. Mais ta foi t’incite à t’amender. Tes
fornications ne sont pas sataniques. Dieu sait se montrer miséricordieux. Puisse la Voie
Médiane te ramener sur l’étroit chemin de la vertu !
— Médian, rosse-moi !
— Allonge-toi sur ce divan le visage face au Ciel. Je vais libérer Sandrine de ses menottes.
Elle pourra ainsi, debout auprès de Julien, assister à ton châtiment.
Médian s’approche et glisse un coussin sous le dos de la pénitente.
— Agrippe tes cuisses et rapproche-les de ton ventre.
Médian examine son fessier, son sexe et son anus exhibés, puis la regarde droit dans les
yeux.
— Callipyge ! Pour ton insolence envers le Ciel ! Pour avoir ouvert ton corps à tes amants
dans le dos de ton époux ! scande Médian, flegmatique.
Et il arbore un battoir à manche court. Aude n’a jamais vu un tel instrument. Médian d’une
main saisit ses jambes et de l’autre manie la palette de bois. Les coups s’abattent sans pitié
sur la chair consentante. Puis il s’interrompt.
— Reprends ton souffle !
— J’ai mal !
— Mal, quoi de plus naturel ?
— J’ai honte ! implore Aude.
— La honte, Callipyge, t’a-t-elle effleurée la semaine durant ? Cette posture est conçue
pour te remettre dans le droit chemin. Reprenons, veux-tu ?
Docilement, Aude tend de nouveau ses jambes que Médian, de sa main libre, l’aide à
maintenir en l’air. Il lève son battoir, mais suspend son geste un interminable instant. Comme
pour signifier de nouveau à Aude la parfaite indécence de sa position. Puis le battoir frappe.
Les coups sont plus secs, moins espacés. Aude ne peut retenir ses larmes et hoquète
désespérément. Enfin il cesse.
— Tu t’en tires plutôt bien, Callipyge, bravo pour ton courage ! Mais cela donne des bleus,
que Julien ne s’étonne pas ce soir, ajoute-t-il en aidant la jeune épouse à se relever. As-tu la
force de marcher jusqu’au mur pour faire pénitence ?
Tant bien que mal, Aude obtempère.
— Appuie ton front contre le mur et essaie de comprendre combien nous avons offensé
Dieu — toi par ta luxure, et Médian en te corrigeant de la sorte.
Quelques instants plus tard, Médian appelle Aude.
— Je ne peux pas m’asseoir, lâche-t-elle à bout de souffle.
Il lui permet de s’allonger à plat ventre, sur le couvre-lit effrangé.

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— Ton plaisir n’est que stupre. En es-tu encore fière ?


— Je ne sais plus.
Médian balaie cette réponse d’un haussement d’épaules et s’éloigne, laissant les pénitents à
leur destinée.

Les jours qui suivent, Aude ne peut rester assise plus de quelques minutes. Puis ses
contusions, bleues ou brunes, deviennent moins douloureuses. Elle reprend son carnet et
écrit :
Je ne peux renoncer à mon plaisir. Je voudrais l’éprouver de nouveau. Mais de manière
pure, sans tromper mon époux et sans T’offenser, Seigneur. Sur ma route, Tu as mis Hélène
Rivarati. Peut-être pourra-t-elle m’aider…

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19. Vous retirer dans un couvent ?

Mercredi, Aude a rendez-vous chez Hélène Rivarati, l’éminente spécialiste qui la suit
depuis sa dépression.

On entre sans fard dans le vif du sujet. Rivarati répond du tac au tac. Mais Aude connait ses
façons…
— Mon mari a une liaison avec ma meilleure amie, Sandrine.
— En êtes-vous certaine ?
— Eux-mêmes l’ont avoué hier.
— Votre mari a-t-il l’intention de vous quitter ?
— Non, pas du tout. Il se prétend polyamoureux.
— Votre mari vous aime tout en aimant Sandrine. Croyez-vous au polyamour ?
— Ai-je le choix ? Cela dure depuis un an.
— Oui, et pour vous rien n’a changé ?
— En quelque sorte non… Mais j’ignorais cette liaison.
— Votre mari, Julien, conserve-t-il sa foi en Dieu ?
— Oui. Ses aveux en ma présence en sont la preuve la plus récente.
— S’interdit-il toujours d’éjaculer en évitant une éventuelle fécondation ?
— Oui, bien sûr.
— Vos rapports sexuels avec votre mari sont-ils toujours aussi fréquents que satisfaisants ?
— Oui.
— Il est étrange que vous n’ayez été fécondée que deux fois en trois ans.
— Les voies du Seigneur sont impénétrables.
— Il est tout aussi étrange que Sandrine n’ait jamais été fécondée. Elle est mariée avec
Pacôme qui est athée. Probablement est-elle sous contraceptif. À l’insu de Julien, et de vous-
même…
— Je n’avais jamais songé à cela.
— Sandrine est enceinte, n’est-ce pas ? De Julien ?
— Non, Sandrine n’a pas caché sa relation à son mari. Pacôme est bien le père de l’enfant à
naître.

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— Soit. Sandrine n’a donc qu’un secret : son contraceptif. Essayez de vous renseigner.
Venons-en à vous, vous m’aviez parlé d’un amant magnifique.
— C’est terminé ! répond Aude.
— J’en suis désolée. L’important est maintenant de vous mettre sous contraceptif. Comme
Sandrine…
— À l’insu de mon mari ?
— Vous avez eu des amants, vous en aurez d’autres. Soyez prudente.
— Je me suis engagée devant Dieu à ne plus recommencer.
— Ces promesses n’ont qu’un temps…
— J’étais tombée amoureuse de ce Maxime… alors que lui se serait contenté de me sauter
au bureau.
— Mais l’avez-vous fait ?
— Quoi ?
— L’amour au bureau.
— Oui, mais pas seulement.
— Des regrets ?
— Non, aucun ; si ce n’est que j’ai offensé Dieu.
— Chez soi, au bureau ou ailleurs, les belles occasions se refusent rarement. C’est la réalité
contemporaine. Nous voulons jouir. Le mieux et le plus possible. Mais, qui suis-je pour vous
encourager à jouir davantage ? Qui suis-je pour mettre en doute votre foi ?
Hélène Rivarati se tait un instant, comme si elle observait un silence respectueux. Puis elle
reprend :
— Votre profil a peu de secrets pour moi. Mon travail consiste à poser un diagnostic quand
la situation évolue. Vous venez de redécouvrir la sodomie. Avec joie ?
— Oui.
— Comment allez-vous continuer de vivre ?
— Dieu y pourvoira.
— Allez-vous vous retirer dans un couvent ?
— J’en serai bien incapable. Puis j’ai un mari et des enfants.
— Même si vos rapports sexuels avec votre mari sont bons, vous n’êtes qu’en partie
satisfaite. Vous souffrez d’un vide anal, d’une absence rectale. Que vous supporterez de
moins en moins. Voilà pour le diagnostic. Vous ne prendrez plus d’amants, c’est du moins
votre intention.
— Tout à fait.
— Et vous ne vous masturbez pas.
— Vous savez que cela ne m’a jamais intéressée.

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— Bien des femmes désireuses de jouir, d’une manière ou d’une autre, se trouvent
insatisfaites. Sachez qu’il existe des remèdes à cette souffrance.
— Ah !… lâche Aude, sceptique.
— Elles ne produisent aucun effet chez celles qui n’y croient pas… avertit la sexologue.
Dois-je m’arrêter là ?
— Non, non, je vous écoute ! s’excuse Aude.
— Je travaille en liaison étroite avec des gynécologues. Le Docteur Martiniou, par
exemple, pourrait vous aider. Ses méthodes sont douces, mais radicales. Choquantes au
premier abord, elles dégagent vite des résultats souvent très bons.
— De quoi s’agit-il ?
— Vous verrez cela concrètement avec le docteur, soyez confiante. Ne vous offusquez
pas !
Voyant Aude dans l’expectative, Rivarati ajoute :
— Ce qui vous sera proposé n’a rien de commun avec le paratantrisme — qui vous a
permis de recouvrer votre libido. Mais le principe fondamental est identique : oublier vos
préjugés et vous laisser faire.

Aude quitte la sexologue intriguée. Mais, la méthode Rivarati n’a-t-elle pas auparavant fait
ses preuves ? Ses pratiques hors-normes, ses remarques à la fois coupantes et efficaces n’ont-
elles pas tiré plus d’une fois Aude d’affaire ?

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20. Du toc !

Samedi, Aude est attendue au cabinet du Docteur Martiniou.

Une jeune secrétaire l’accueille aimablement.


— Veuillez passer en cabine, dit-elle en lui tendant un épais drap de bain. Douchez-vous
sans oublier de rincer votre rectum, une poire est à votre disposition. Restez nue. Le médecin
sera à vous dans un quart d’heure, un signal lumineux vous préviendra. Vous n’aurez qu’à
pousser la porte pour accéder au cabinet médical.

À l’appel du docteur, Aude, entièrement nue, quitte sa cabine.


— Madame Aude Garnier ?
— Moi-même, fait Aude.
— Vous m’êtes recommandée par Hélène Rivarati. Vous avez 27 ans, vous êtes mariée et
mère de deux enfants. Vous pratiquiez régulièrement la sodomie, mais depuis votre mariage,
vous êtes privée d’orgasme anal. Et cette frustration est devenue intolérable.
— C’est exact.
— Votre cas n’est pas isolé, répond Martiniou, rassurant. Nombre de personnes sont
anorgasmiques, ou incapables de satisfaire leur désir par elles-mêmes. Mes traitements sont
peu orthodoxes. La preuve de leur efficacité se fait ici même, dans mon cabinet. L’essentiel
pour vous est de rester détendue. Hélène Rivarati vous a prévenue, n’est-ce pas ?
— Oui, en quelque sorte…
— Écartez de votre esprit tout ce qui pourrait vous déconcerter. Pensez uniquement aux
sensations que vous éprouvez.

Le docteur Martiniou procède à l’examen de routine : palpation de l’abdomen, du bas-


ventre, des seins, puis examen de la vulve, toucher vaginal, pose du spéculum pour inspection
approfondie. Ses gestes sont doux et attentionnés.
— Tout semble aller bien, dit-il à Aude allongée sur la table d’examen, pieds dans les
étriers et jambes largement ouvertes. Avant de commencer notre traitement, je dois connaitre
votre fréquence cardiaque lors de l’excitation sexuelle. L’idéal serait que vous atteigniez
l’orgasme le plus naturellement possible, fait le médecin.

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— Je ne me masturbe pas. Le docteur Rivarati ne vous a donc pas prévenu ?


— Si ! C’est, du reste, une des raisons de votre présence ici. Mon assistant va vous aider
avec un vibromasseur.
— Non ! Je refuse toute pénétration vaginale !
— J’ai lu votre rapport attentivement. Exceptionnellement, vous pourriez déroger à vos
principes religieux… Mes appareils doivent être paramétrés pour éviter de vous mettre en
danger, vous comprendrez mieux quand vous les verrez en action. Mon assistant va vous
appliquer le vibromasseur pendant que je vous ausculte.
— N’y a-t-il pas d’autre possibilité ?
— Non.
— Je ne crois pas atteindre l’orgasme de la sorte.
— Balayez vos préjugés, Aude ! Mon assistant est très expérimenté. Bien des patientes ne
savent pas, ou n’osent pas, user de cet instrument de plaisir. Souvent, nous parvenons à les
initier et à les convaincre, dit Martiniou en tendant à Aude une pièce de tissu bleu marine.
Passez ce masque occultant, il cachera vos yeux et une partie importante de votre visage.
Vous pourrez ainsi vous laisser aller sans la moindre gêne en présence du manipulateur que
vous ne pourrez voir.

Aude se souvient alors du masque similaire noir qu’elle a sanglé autour de son visage
lorsqu’elle s’est montrée à Armand Vernot dans son bureau. Que de chemin parcouru
depuis !
L’auxiliaire ne tarde pas à entrer. Elle le sent tout proche. Martiniou pose son stéthoscope
sur son sein gauche. Le phallus artificiel, abondamment lubrifié, glisse de son clitoris à ses
lèvres, s’y introduit partiellement, puis émettant un bruit caractéristique se met à vibrer.
L’assistant est manifestement rompu à la masturbation assistée. Il introduit progressivement
la fausse bite au plus profond. De temps à autre, il la retire entièrement et l’enfonce de plus
belle dans le vagin, désormais grand ouvert. Aude, derrière son masque occultant, soudain
gémit et projette son bassin en avant pour en réclamer davantage. Puis elle lève un bras et
s’agrippe au dossier du fauteuil. Son corps durcit, l’orgasme l’emporte. Et, comblée, elle
sourit.

— Vous pouvez retirer votre masque, mon assistant nous a quittés.


— Je préfère le conserver, répond Aude, le vagin béant.
— Votre cœur est en excellente santé ! annonce Martiniou. Détendez-vous quelques
instants. Nous pouvons commencer le traitement dès aujourd’hui si vous le souhaitez.
— Oui ! dit Aude, lasse de ces examens préliminaires.

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— Afin de pallier votre frustration, cette solitude rectale décrite par Hélène Rivarati, nous
utiliserons plusieurs stimulateurs. D’après le rapport de votre sexologue, vous utilisez un plug
anal dont vous êtes satisfaite, n’est-ce pas ?
— Oui, rien d’autre.
— Nous poursuivrons dans cette voie, mais en mieux ! À la différence du plug, vous
n’avez aucun objet à manier, je me charge de tout. Mon objectif sera de traiter votre anus
selon vos désirs.

Le médecin enduit les seins d’Aude d’une huile au parfum agréable. Longuement il les
masse, jusqu’à l’érection des tétons.
— C’est bon, n’est-ce pas ? fait-il en souriant. Désolé pour cette stimulation, c’est la seule
que je pratique manuellement, car aucun dispositif actuel ne donne satisfaction.
Aude, dissimulant sa gêne, se tait.
— Mes appareils vont maintenant prendre le relai. Auparavant, huilons vulve et anus.
Martiniou présente à Aude un bel objet, rose fuchsia et orange. Cela ressemble à une souris
d’ordinateur, mais la base n’est pas plate ; elle présente un embout creux que le médecin
place autour du clitoris.
— Il s’agit d’une petite bouche aspirante. Sans aucun contact, elle vous envoie des ondes
de pression. Commençons par le mode le plus doux. Attention, ses effets sont très rapides !
Aude, étendue sur la table gynécologique, ne tarde pas à frémir. Martiniou monte en
gamme et opte pour le mode moyen. Aude gémit. Le médecin prend sa main et l’entraine
dans un second orgasme.
— Oh que c’est vite venu ! lâche-t-elle, encore haletante.
— C’est tout à fait normal. Maintenant, tournez-vous. À quatre pattes fesses ouvertes, s’il
vous plaît !

Aude perçoit le frottement discret des roues d’un chariot sur le sol. Puis un moteur
électrique au son étouffé. Et soudain, elle sent son anus en contact avec… ce qui pourrait être
un gland. Puis avec un doigt ?… La tige de chair imprime à son rectum un mouvement rotatif
des plus agréables. La tige semble s’élargir à mesure que l’anus d’Aude se dilate, puis elle se
retire. Le gland de nouveau la pénètre puis s’arrête sur son étoile, comme s’il lui demandait la
permission de la transpercer. Aude presse son rectum contre ce mystérieux visiteur, l’entoure
et l’aspire. Sitôt le gland introduit, un phallus large et incroyablement raide progresse
délicatement en elle, puis va et vient, toujours plus loin, avec une parfaite régularité. Soudain,
la fulgurance de l’orgasme ! Il se propage à une vitesse inouïe dans ses entrailles, ses reins,
son dos, ses épaules… Le mouvement, un instant ralenti, reprend. Et cette bite si dure, oh

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cette bite ! Cette bite encule Aude comme elle ne l’a jamais été. Toujours masquée, elle hurle
de plaisir dans le cabinet du docteur Martiniou quand elle sent l’organe éjaculer au fond de
ses entrailles. Enfin, lentement, le membre magique, toujours raide, se retire. Aude, épuisée,
se tourne et s’étend sur la confortable table gynécologique.

Martiniou la laisse se reposer de longues minutes, puis lui tend un verre d’eau de source
qu’elle avale d’un trait.
— Êtes-vous satisfaite ? s’enquiert-il.
— Oui ! souffle Aude.
Elle se dresse et considère le dispositif qui, maintenant au repos sur son chariot, l’a
rassasiée. Une tige de métal dont l’embout est un superbe godemiché high tech à tension et
largeur modulables. Le liquide tiède projeté au fond du ventre de la patiente n’est autre que
de l’eau claire sous pression.
— Pour une première séance, nous avons dégagé un excellent résultat. N’y voyez aucune
vanité de ma part, mais plutôt un compliment à votre égard, Aude. Vous vous êtes prêtée aux
stimulations et pénétrations avec une grande maturité sexuelle. Vous avez merveilleusement
joui !
Aude hoche la tête.
— Sans vous masturber, sans tromper votre mari et sans pénétration vaginale ! fait valoir
Martiniou.
— En effet. Je ne crois pas avoir offensé Dieu en prenant du plaisir de la sorte, répond
Aude avec un sourire forcé.
— Mais quelque chose vous dérange, semble-t-il. Ai-je commis une erreur, un faux pas ?
— Non, non…
— Mais ?
— Tout ceci est factice, de la pompe à air télécommandée sur mon clitoris à la tige qui m’a
pénétrée… Du toc !
— Mes pratiques ont une finalité très concrète : permettre à mes patientes d’accéder à des
plaisirs qui, dans leur existence quotidienne, leur manquent et leur paraissent inaccessibles —
quelle que soit leur motivation, répond le médecin d’un ton neutre.
— Cela me renvoie à moi-même…
Le docteur Martiniou ne perçoit pas la véritable portée de cette réponse. Il croit Aude
rassurée et confiante.
— Parfait ! Souhaitez-vous un rythme de séances régulier — hebdomadaire, mensuel… —
ou préférez-vous venir à l’improviste, selon vos désirs ?

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— Je ne sais pas si je reviendrai, Docteur. Je n’aime pas vos appareils et vos prothèses…
Même si vos pratiques sont très efficaces.
— Je comprends. Les premières séances, même réussies, sont parfois déroutantes. N’y
songez plus et revenez jouir à l’appel de votre anus !
— Je ne peux pas. Pas comme cela.
— Comment donc alors ? fait Martiniou perplexe.
— Naturellement. Avec des êtres vivants.
— Je croyais que vous souhaitiez justement éviter…
— Oui, répond Aude. Mais… je… je suis une salope qui n’en a pas l’étoffe.
— Je vois, fait Martiniou compréhensif, et sans doute habitué à de tels revirements. Hélène
Rivarati est la seule qui puisse vous aider.
— À devenir une salope ?

Martiniou semble ne pas avoir entendu. Ses doigts pianotent sur son clavier. Ses
conclusions destinées à la célèbre sexologue seront expédiées dans quelques instants.

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Définition (au cas où)

Étoile est synonyme d’anus.


On parle également d’étoile sombre, d’étoile brune, d’étoile bistrée.

Source : Bob, dictionnaire d'argot

Définition, citations, chronologie et sources : étoile sombre

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© Ji Bocis

Web : www.jibocis.work

Contact Twitter : @JBocis

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