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Date: 2018/01/15

Volume 220 - Développements récents en droit de la santé et sécurité au travail 2005


Quand l’accident de travail devient un crime : C-21, la terreur des conseils d’administration
Sophie Bourque et Mathieu Beauregard*
Informations bibliographiques

Table des matières


Présentation
Chagnon, Pierre
La présence d’une tierce personne à un examen médical du travailleur
Cloutier, Maurice
Le régime de pensions d’invalidité des membres des forces armées et des membres de la GRC
Tétrault, Robert
Les tribunaux administratifs et la mise en oeuvre des droits et libertés
Hébert-Tétrault, Gabriel ; Villaggi, Jean-Pierre

Quand l’accident de travail devient un crime : C-21, la terreur des conseils d’administration
Beauregard , Mathieu ; Bourque, Sophie
INTRODUCTION
I- L’étude et l’analyse des nouvelles dispositions législatives
A. Qui sont les personnes visées par les nouvelles dispositions ?
1. L’organisation
2. Les individus
a) Celui qui dirige le travail d’autrui
b) Les agents de l’organisation
c) Les cadres supérieurs de l’organisation
B. Quels sont les incidents visés par la nouvelle loi ?
C. Les peines adaptées à l’organisation
D. La norme de diligence raisonnable
1. Le devoir de prévoyance
2. Le devoir d’efficacité
3. Le devoir d’autorité
II- L’analyse de l’interaction entre l’enquête criminelle et les enquêtes d’organismes de
réglementation
A. Les pouvoirs d’enquête de la C.S.S.T.
1. La collaboration de l’organisation
2. La collaboration des cadres supérieurs
3. La collaboration des autres agents de l’organisation
B. Les pouvoirs d’enquête du coroner
C. Les pouvoirs d’enquête du policier
D. Le droit à l’avocat et le droit de garder le silence
1. Le droit à l’avocat
E. L’utilisation ultérieure de la preuve recueillie lors de ces enquêtes dans le cadre d’une poursuite
criminelle
F. L’exigence du respect des garanties procédurales
III- Les mandataires, sous-traitants et commanditaires de l’organisation
A. La responsabilité de l’organisation pour les gestes des sous-traitants
B. La responsabilité de l’organisation pour les gestes de ses mandataires
CONCLUSION

La re-caractérisation des statuts de travailleur autonome critères et conséquences


Archambault, Jacques L.
[Page 111]

INTRODUCTION
1
La Loi C-21 (Projet de loi C-45) est entrée en vigueur le 31 mars 2004. Elle modifie le Code criminel
de manière à ce que celui-ci reflète dorénavant notre intolérance au fait qu’un travailleur puisse être
blessé ou tué en raison de la négligence de son employeur.
La loi révolutionne également le domaine de la responsabilité criminelle des entreprises. L’approche
2
traditionnelle développée par les tribunaux est connue sous le nom de la « théorie de l’identification » .
Selon cette théorie, une entreprise pouvait être reconnue criminellement responsable si l’on pouvait
établir la preuve que la personne qui en incarnait « l’âme dirigeante » avait elle-même commis le crime.
Ainsi, une entreprise ayant profité de la fraude commise par l’un de ses représentants, dont les
responsabilités au sein de celle-ci étaient accrues, échappait néanmoins aux poursuites criminelles dans
3
la mesure où l’on venait à la conclusion que ce représentant n’en incarnait pas l’âme dirigeante . Le
nouveau régime établi par la Loi C-21 est basé sur une présomption. L’entreprise est présumée avoir
participé à un crime de négligence si l’on établit que les employés ont posé des gestes équivalant à un
tel crime et que leurs supérieurs ont omis d’intervenir. La présomption s’applique aussi aux crimes qui
requièrent une intention, comme la fraude et même le meurtre ou l’homicide involontaire. Dans ce cas, la
présomption s’appuie sur la connaissance qu’a le cadre supérieur des infractions qui sont commises par
les agents.
Une telle présomption, ainsi que les concepts qui la supportent, témoignent d’un effort louable du
législateur visant à surmonter l’impasse à laquelle conduisait le droit prétorien. Bien entendu,
[Page 112]

comme dans le cas de toutes les lois, l’application de celle-ci engendrera des complications. Nous nous proposons ici d’aborder quelques-unes d’entre elles.

Comme son titre l’indique, ce texte jette un éclairage sur la participation des organisations aux crimes
de négligence donnant lieu à ce que l’on a pris l’habitude d’appeler « les accidents du travail ».
La première section est consacrée à l’étude des nouvelles dispositions du Code criminel qui
établissent la présomption de participation criminelle des organisations et de celle qui définit le devoir du
commettant. Nous y abordons le thème de la « diligence raisonnable » développé dans le domaine de la
santé et sécurité du travail. Nous exposerons les éléments qui sont susceptibles de définir la norme de
diligence à laquelle le Code criminel projette d’assujettir le commettant. Ces éléments constituent à la fois
les armes du poursuivant et le bouclier de l’accusée. La deuxième section expose le problème de
l’interaction entre l’enquête de l’inspecteur du travail menée en vertu de la Loi sur la santé et la sécurité au
4
travail , l’enquête du coroner menée sous l’autorité de la Loi sur la recherche des causes et des circonstances
5
des décès et l’enquête policière menée en vertu du Code criminel. Nous aborderons ensuite les droits
des inculpés. Enfin, la troisième section concerne le problème que pose l’imputabilité criminelle d’une
organisation pour les actes de ses entrepreneurs et mandataires. L’« agent » étant une notion au
contenu extensible, conséquence de l’activité contractuelle de l’organisation, il est primordial pour cette
dernière de disposer des moyens nécessaires afin de contrôler ceux qui engagent sa responsabilité.

I- L’étude et l’analyse des nouvelles dispositions législatives


La Loi C-21 ajoute de nouveaux concepts au Code criminel : l’« organisation », l’« agent » et le
« cadre supérieur ». Leur définition apparaît à l’article 2 C.cr. :
« organisation » Selon le cas :
a) corps constitué, personne morale, société, compagnie, société de personnes, entreprise, syndicat professionnel ou municipalité ;

[Page 113]

b) association de personnes qui, à la fois :


(i) est formée en vue d’atteindre un but commun,

(ii) est dotée d’une structure organisationnelle,


(iii) se présente au public comme une association de personnes.

« agent » S’agissant d’une organisation, tout administrateur, associé, employé, membre, mandataire ou
entrepreneur de celle-ci.
« cadre supérieur » Agent jouant un rôle important dans l’élaboration des orientations de l’organisation
visée ou assurant la gestion d’un important domaine d’activités de celle-ci, y compris, dans le cas d’une
personne morale, l’administrateur, le premier dirigeant ou le directeur financier.

L’article 22.1 C.cr. expose la logique selon laquelle une organisation est présumée participer à un crime
de négligence commis par ses agents :
22.1 S’agissant d’une infraction dont la poursuite exige la preuve de l’élément moral de négligence, toute
organisation est considérée comme y ayant participé lorsque :
a) d’une part, l’un de ses agents a, dans le cadre de ses attributions, eu une conduite – par action ou omission – qui, prise individuellement ou
collectivement avec celle d’autres de ses agents agissant également dans le cadre de leurs attributions, vaut participation à sa perpétration ;

b) d’autre part, le cadre supérieur dont relève le domaine d’activités de l’organisation qui a donné lieu à l’infraction, ou les cadres supérieurs,
collectivement, se sont écartés de façon marquée de la norme de diligence qu’il aurait été raisonnable d’adopter, dans les circonstances, pour
empêcher la participation à l’infraction.

L’article 22.2 C.cr. expose quant à lui la logique selon laquelle une organisation est présumée participer
à un crime requérant la preuve d’une d’intention :
[Page 114]

22.2 S’agissant d’une infraction dont la poursuite exige la preuve d’un élément moral autre que la négligence,
toute organisation est considérée comme y ayant participé lorsque, avec l’intention, même partielle, de lui en
faire tirer parti, l’un de ses cadres supérieurs, selon le cas :
a) participe à l’infraction dans le cadre de ses attributions ;
b) étant dans l’état d’esprit requis par la définition de l’infraction, fait en sorte, dans le cadre de ses attributions, qu’un agent de l’organisation
accomplisse le fait — action ou omission — constituant l’élément matériel de l’infraction ;

c) sachant qu’un tel agent participe à l’infraction, ou est sur le point d’y participer, omet de prendre les mesures voulues pour l’en empêcher.

La preuve d’intention étant plus exigeante que celle de négligence, l’article 22.2 C.cr. insiste davantage
sur la participation du cadre supérieur. Ce dernier devra à tout le moins avoir l’intention de faire profiter
l’organisation de l’infraction à laquelle participe l’agent. Par ailleurs, il n’est plus question ici d’agent
« collectif ». La preuve doit être faite qu’un agent particulier participe ou est sur le point de participer à
l’infraction.
La Loi C-21 ajoute également un élément nouveau au chapitre de la négligence criminelle. L’article
217.1 spécifie en effet le devoir du commettant à l’égard de la sécurité de ses préposés :
217.1 Il incombe à quiconque dirige l’accomplissement d’un travail ou l’exécution d’une tâche ou est habilité à
le faire de prendre les mesures voulues pour éviter qu’il n’en résulte de blessure corporelle pour autrui.

Cet article s’ajoute à ceux du Code criminel qui définissent des devoirs spécifiques dans le but de
faciliter ou d’orienter l’application des articles 219, 220 et 221 C.cr. Il est commode de reproduire ces
articles :
219. (1) Est coupable de négligence criminelle quiconque :
a) soit en faisant quelque chose ;

[Page 115]

b) soit en omettant de faire quelque chose qu’il est de son devoir d’accomplir, montre une insouciance déréglée ou téméraire à l’égard de la vie ou
de la sécurité d’autrui.

(2) Pour l’application du présent article, « devoir » désigne une obligation imposée par la loi.
220. Quiconque, par négligence criminelle, cause la mort d’une autre personne est coupable d’un acte
criminel passible :
a) s’il y a usage d’une arme à feu lors de la perpétration de l’infraction, de l’emprisonnement à perpétuité, la peine minimale étant de quatre
6
ans ;

b) dans les autres cas, de l’emprisonnement à perpétuité.


221. Est coupable d’un acte criminel et passible d’un emprisonnement maximal de dix ans quiconque, par
négligence criminelle, cause des lésions corporelles à autrui.

A. Qui sont les personnes visées par les nouvelles dispositions ?

1. L’organisation
La définition de l’« organisation » témoigne de l’effort du législateur pour inclure toute forme
d’organisation, dont les gouvernements et les municipalités. Le paragraphe a) de la définition énumère
des formes connues d’institutions civiles dont les structures organisationnelles sont généralement
formelles. Par exemple, une compagnie a ses statuts qui définissent les titres et responsabilités de ses
agents. Le paragraphe b) donne une définition générique des associations innomées de personnes dont
les structures organisationnelles sont plus susceptibles d’être informelles. Cette définition générique
comprend trois aspects : une finalité ; une structure ; une identité sociale. Ainsi, une association de
bénévoles se donnant pour mission d’aider les indigents, attribuant à ses membres des rôles et
responsabilités définis et se présentant au public comme telle correspond à la définition
d’« organisation ».
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Les articles 22.1 et 22.2 C.cr. établissent une présomption de participation de l’organisation aux crimes
que commettent ses agents. Ce mode de participation s’ajoute aux modes traditionnels qui concernent
les individus, la complicité par exemple (art. 21 C.cr.). Ainsi, un individu peut être trouvé complice d’une
organisation présumée avoir participer à une infraction criminelle.

2. Les individus
a) Celui qui dirige le travail d’autrui
Le cas de l’article 217.1 C.cr. est plus complexe parce que l’application de celui-ci est universelle. Le
devoir de prendre les mesures voulues pour éviter que celui dont on emploie la force de travail ne
subisse des blessures incombe à « quiconque » dirige l’accomplissement d’un travail ou l’exécution
d’une tâche ou est habilité à le faire. Cet article vise d’abord les personnes qui, sans agir dans le cadre
7
d’une organisation, emploient le travail d’autrui soit à titre gratuit, soit à titre onéreux . L’article 217.1, en
raison de sa formulation, peut s’appliquer à toute situation qui implique un rapport de subordination
autorisant l’une des parties à diriger le travail de l’autre.

b) Les agents de l’organisation


Étant d’application universelle, l’article 217.1 vise aussi les agents d’une organisation qui, sans être
des cadres supérieurs, dirigent néanmoins le travail d’autrui, soit le travail des agents de la même
organisation, soit le travail des personnes n’appartenant pas à l’organisation. On pense, par exemple, au
contremaître sous l’autorité duquel travaillent une vingtaine d’ouvriers œuvrant au sein d’une
organisation comptant quatre mille employés. Dans ce cas, le défaut marqué du contremaître de
prendre les mesures voulues pour éviter que les ouvriers sous sa direction ne se blessent constitue, au
cas où un ouvrier se blesse, une négligence criminelle d’un agent de l’organisation ou, pour reprendre le
langage du paragraphe 22.1a), constitue une conduite valant participation à la perpétration de la
négligence criminelle entraînant des blessures corporelles. Pour que
[Page 117]

cet incident entraîne la responsabilité criminelle de l’organisation, il restera à évaluer la conduite du cadre supérieur à la lumière du paragraphe 22.1b). Mais
il peut s’agir également du cas où l’agent de l’organisation emploie le travail d’une personne ne faisant pas partie de l’organisation. Une négligence marquée
de l’agent entraînant des blessures à un membre du public pourrait être imputée à l’organisation.

c) Les cadres supérieurs de l’organisation


La personne qui occupe la position de cadre supérieur pourra elle-même être accusée,
personnellement, de négligence criminelle si elle est habilitée à diriger l’accomplissement d’un travail.
Comme l’article 217.1 s’applique à tous ceux qui dirigent le travail d’autrui ou qui ont l’autorité pour le
faire, tous les agents d’une organisation qui ont une telle responsabilité sont visés, quelle que soit la
place qu’ils occupent dans la hiérarchie.

B. Quels sont les incidents visés par la nouvelle loi ?


La Loi C-21 a fait suite à un grave accident du travail survenu à la mine Westray, située à Plymouth
(Nouvelle-Écosse). D’importantes quantités de méthane saturaient l’air de la mine à mesure que les
ouvriers en creusaient les parois. Les machines étaient équipées de détecteurs de méthane qui
arrêtaient leur fonctionnement lors des épisodes de saturation. Ce dispositif de sécurité avait
l’inconvénient de ralentir le travail d’autant plus que les épisodes de saturation étaient fréquents. Les
ouvriers, au su des superviseurs et des gérants, avaient désactivé les détecteurs de gaz. Une explosion
survint, tuant 26 d’entre eux. Une poursuite criminelle contre la mine et ses dirigeants fut intentée mais
8
abandonnée par la suite en raison de la difficulté que représentait l’établissement de la preuve . La Loi
C-21 répond directement à cette difficulté en associant explicitement la négligence de l’employeur au
chapitre de la sécurité du travail à la négligence criminelle (art. 217.1 C.cr.) ainsi qu’en jetant les bases
d’une présomption de participation criminelle de l’organisation (art. 22.1 C.cr.). Ce sont donc évidemment
les accidents du travail qui sont visés. Cependant, le « travail » est défini de façon générale et ne se
limite pas au salariat, ni à un secteur particulier (il peut s’agir du travail de construction aussi bien que
d’un travail de bureau).
[Page 118]

Par ailleurs, le mot « autrui » utilisé dans l’article 217.1 renvoie au public en général. Ainsi, même si le
devoir de vigilance incombe à celui qui dirige l’accomplissement d’un travail, il n’est pas nécessaire
qu’un travailleur soit blessé. Il peut s’agir d’un membre du public.
9
Enfin, l’expression « blessure corporelle » inclut les traumatismes psychologiques . Ceux-ci incluent
notamment le harcèlement au travail, le harcèlement sexuel et le stress relié au travail (dépression, burn-
10
out, etc.) .

C. Les peines adaptées à l’organisation


Nous ne faisons que souligner ici l’ajout de nouvelles dispositions au Code criminel relatives à la
sentence, dont celles qui définissent les conditions de probation auxquelles une organisation pourra être
soumise.
L’article 718.21 C.cr. énonce les facteurs à considérer lors du prononcé de la sentence relative à une
organisation reconnue coupable d’un crime :
Le tribunal détermine la peine à infliger à toute organisation en tenant compte également des facteurs
suivants :
a) les avantages tirés par l’organisation du fait de la perpétration de l’infraction ;

b) le degré de complexité des préparatifs reliés à l’infraction et de l’infraction elle-même et la période au cours de laquelle elle a été commise ;

c) le fait que l’organisation a tenté de dissimuler des éléments d’actif, ou d’en convertir, afin de se montrer incapable de payer une amende ou
d’effectuer une restitution ;

d) l’effet qu’aurait la peine sur la viabilité économique de l’organisation et le maintien en poste de ses employés ;

[Page 119]

e) les frais supportés par les administrations publiques dans le cadre des enquêtes et des poursuites relatives à l’infraction ;

f) l’imposition de pénalités à l’organisation ou à ses agents à l’égard des agissements à l’origine de l’infraction ;

g) les déclarations de culpabilité ou pénalités dont l’organisation — ou tel de ses agents qui a participé à la perpétration de l’infraction — a fait
l’objet pour des agissements similaires ;

h) l’imposition par l’organisation de pénalités à ses agents pour leur rôle dans la perpétration de l’infraction ;
i) toute restitution ou indemnisation imposée à l’organisation ou effectuée par elle au profit de la victime ;

j) l’adoption par l’organisation de mesures en vue de réduire la probabilité qu’elle commette d’autres infractions.
Les paragraphes 732.1(3.1) et (3.2) énoncent les conditions de probation qu’un juge peut imposer à
l’organisation :
(3.1) Le tribunal peut assortir l’ordonnance de probation visant une organisation de l’une ou de plusieurs des
conditions ci-après, intimant à celle-ci :
a) de dédommager toute personne de la perte ou des dommages qu’elle a subis du fait de la perpétration de l’infraction ;

b) d’élaborer des normes, règles ou lignes directrices en vue de réduire la probabilité qu’elle commette d’autres infractions ;

c) de communiquer la teneur de ces normes, règles et lignes directrices à ses agents ;

d) de lui rendre compte de l’application de ces normes, règles et lignes directrices ;

e) de désigner celui de ses cadres supérieurs qui veillera à l’observation de ces normes, règles et lignes directrices ;

[Page 120]

f) d’informer le public, selon les modalités qu’il précise, de la nature de l’infraction dont elle a été déclarée coupable, de la peine infligée et des
mesures – notamment l’élaboration des normes, règles ou lignes directrices – prises pour réduire la probabilité qu’elle commette d’autres
infractions ;

g) d’observer telles autres conditions raisonnables qu’il estime indiquées pour empêcher l’organisation de commettre d’autres infractions ou
réparer le dommage causé par l’infraction.

(3.2) Avant d’imposer la condition visée à l’alinéa (3.1)b), le tribunal doit prendre en considération la question
de savoir si un organisme administratif serait mieux à même de superviser l’élaboration et l’application des
normes, règles et lignes directrices mentionnées à cet alinéa.

Rappelons enfin que les organisations peuvent être condamnées à payer des amendes dont le
montant varie selon le crime qui leur est reproché ainsi que le type de procédure entreprise pour établir
leur culpabilité. Dans le cas des actes criminels, le montant de l’amende pouvant être imposée à
l’organisation est illimité. Dans le cas des infractions punissables sur déclaration de culpabilité par
11
procédure sommaire, le montant maximal de l’amende est de 100 000 $ .

D. La norme de diligence raisonnable


Les articles 22.1 et 217.1 C.cr. prévoient qu’un cadre supérieur et quiconque est habilité à diriger
l’accomplissement d’un travail doivent veiller à ce que les personnes travaillant sous leur responsabilité,
soit ne commettent pas un crime de négligence (22.1), soit ne causent pas des blessures corporelles à
autrui (217.1). Selon nous, dans les deux cas, les personnes en position d’autorité face aux travailleurs
sont assujetties à une même norme de diligence. En effet, le monde du travail comporte des risques
inhérents. Ce sont ces risques que les employeurs ont le devoir de neutraliser. Ce sont donc ces risques
qui déterminent la norme de diligence. Cette affirmation nous semble appropriée lorsque nous
considérons la jurisprudence canadienne en matière de santé et sécurité du travail.
[Page 121]

Les gouvernements fédéral et provinciaux exigent déjà de chaque acteur du monde du travail,
employés, employeur, superviseur, contremaître, maître d’œuvre, etc., le respect de règles de sécurité
précises. Ces exigences des lois réglementaires ont une pertinence incontestable relativement à notre
besoin de définir la norme de diligence raisonnable en droit criminel. D’ailleurs, l’article 219 C.cr.,
disposant que l’omission de faire quelque chose qu’il est de notre « devoir » d’accomplir est un élément
de la négligence criminelle, réfère implicitement aux obligations qu’imposent les lois provinciales et la loi
12
fédérale sur la santé et la sécurité au travail . Les législations provinciales imposent notamment une
13
obligation générale de diligence aux personnes qui emploient le travail d’autrui . Cette obligation
générale de diligence a été définie par la jurisprudence canadienne.
Il importe de préciser que cette norme de diligence issue de l’application des lois réglementaires
14
n’interviendra pas en droit criminel comme une « défense » à une infraction de responsabilité stricte .
Comme nous le disions en introduction, les éléments de la diligence raisonnable définis dans le contexte
des infractions de responsabilité stricte relatives à la santé et sécurité du travail constitueront les
« armes de la poursuite et le bouclier de la défense ». La poursuite devra prouver que l’accusé a
manqué à son obligation de diligence. La défense devra soulever un doute raisonnable quant à la preuve
de la poursuite. Ainsi, les deux parties auront à se référer aux standards établis par les lois
réglementaires en santé et sécurité du travail.
L’obligation générale de diligence prévues par les lois provinciales et fédérale comporte trois
aspects : un devoir de prévoyance, un devoir d’efficacité et un devoir d’autorité.

1. Le devoir de prévoyance
Les législateurs en matière de santé et sécurité au travail imposent à l’employeur l’obligation
d’identifier les risques reliés au travail et de les contrôler. L’employeur est tenu d’identifier les risques. Il
ne
[Page 122]

peut prétexter son ignorance des faits, à moins qu’une enquête raisonnable de sa part ne lui eût pas permis de découvrir ces faits. Ce test est connu dans le
contexte des infractions de responsabilité stricte sous le nom de la « défense d’erreur de fait ». À tout coup, l’employeur échoue à ce test lorsque le risque
est apparent ou repérable à l’aide d’une enquête raisonnable. Dans tous les cas, l’employeur est tenu de prendre l’initiative de connaître le travail qu’il exige
d’autrui. S’il ne prend pas cette initiative, on présume qu’il connaissait le risque, à moins que ce dernier ait été imprévisible pour une personne raisonnable.
Bien qu’issu de l’application des lois sur la santé et la sécurité du travail, ce devoir de prévoyance est maintenant bien connu et constituera sans doute une
exigence minimale en matière criminelle.

L’obligation de l’employeur est d’identifier les risques que fait naître le travail demandé aux employés
et de développer des moyens visant à les diminuer. L’employeur doit être minutieux. Il doit prendre
l’initiative d’examiner tous les gestes que doivent poser les employés dans le cadre de leur travail et
identifier les risques qui en découlent. L’employeur doit alors développer des moyens afin de réduire ces
15
risques. Il doit enfin voir à la mise en œuvre de ces moyens en supervisant le travail .
Chaque nouvelle tâche et même la tâche ponctuelle doit être examinée et évaluée quant au risque
16
qu’elle comporte . Corrélativement, les moyens entrepris pour diminuer les risques d’accident doivent
être adaptés à chaque situation particulière. Même si l’employeur a développé des procédures de
sécurité, celles-ci ne suffisent plus lorsque le risque est aggravé momentanément. L’employeur a alors le
devoir de déterminer une procédure « sur mesure » en l’adaptant au risque que crée une tâche
17
particulière .
L’employeur doit s’assurer que ses employés ont la compétence et l’information nécessaires afin
18
d’effectuer chacune des tâches qui leur sont demandées .
[Page 123]

La pratique usuelle reconnue par les gens du milieu ne peut déterminer le standard de diligence
raisonnable. Ce standard est déterminé par le risque lui-même. C’est le risque créé par la tâche à
19
accomplir qui détermine le degré de diligence requis .
Le devoir de prévoyance découle de l’obligation générale de sécurité imposée par les lois
provinciales aux employeurs. Ces lois et leurs nombreux règlements contiennent par ailleurs plusieurs
normes de sécurité précises et adaptées aux innombrables aspects du travail. Ces normes dirigent
l’attention des employeurs vers les dangers potentiels du travail. Le respect de ces normes n’est
toutefois pas suffisant. Les employeurs doivent, en toutes circonstances, connaître le travail auquel ils
invitent leurs employés et les risques qui lui sont inhérents. À cet égard, les lois provinciales obligent les
employeurs (notamment dans le domaine de la construction) à tenir des réunions où les employés sont
invités à faire part de leurs commentaires au chapitre de la sécurité sur les lieux du travail. Leurs
commentaires s’avèrent être une source importante d’informations devant être intégrées continuellement
au processus du travail. Enfin, le devoir de prévoyance implique aussi que l’employeur prenne en
20
considération la fatigue et les erreurs de jugement de ses employés . L’employeur ne doit pas se fier à
leur bon sens, car une tâche répétitive accomplie sur une longue période de temps peut mener l’employé
à adopter une conduite lui facilitant la tâche mais qui accroît en même temps le risque d’accident pour
lui-même ou ses pairs.
2. Le devoir d’efficacité
Il ne suffit pas d’identifier les risques et de déterminer les mesures de sécurité appropriées.
L’employeur doit les mettre en œuvre concrètement.
L’employeur doit s’assurer que les employés possèdent l’équipement sécuritaire nécessaire selon les
circonstances. Il doit sensibiliser la personne qui supervise le travail aux questions de sécurité et doit
21
s’assurer que celle-ci fait respecter les règles à ce chapitre .
[Page 124]

L’employeur doit dispenser à ses employés une formation adéquate, compte tenu de la gravité du
risque qu’implique chacune de leurs tâches particulières. Il y a lieu ici de parler de « formation continue »
22
et de « formation sur mesure » .
La formation doit couvrir non seulement l’aspect productif du travail (la manœuvre exigée par
l’employeur), mais aussi son aspect sécuritaire. De même en est-il pour la supervision de l’employé.
Celle-ci doit porter non seulement sur le travail lui-même mais aussi sur la sécurité de l’employé.
23
L’employé doit recevoir des instructions sur la manière sécuritaire de travailler .
Un programme de prévention des accidents doit être enseigné aux employés et affiché dans les lieux
24
qu’ils fréquentent quotidiennement .
L’équipement de sécurité, qu’il soit défini par règlement ou dont l’utilisation s’impose raisonnablement,
est obligatoire et doit être en bon état. Les outils ou la machinerie fournis pour accomplir une tâche
doivent eux aussi être inspectés afin d’assurer leur bon fonctionnement. Le fonctionnement normal de la
machine ne doit pas créer un danger pour son opérateur. Le cas échéant, l’employeur doit équiper la
machine d’un dispositif approprié (qui empêche, par exemple, le contact de l’opérateur avec les pièces
amovibles de la machine). L’employeur doit prendre l’initiative de sécuriser ses machines plutôt que de
25
s’en remettre au bon sens de l’opérateur .
[Page 125]

En somme, le seul fait d’encourager les employés à travailler de façon sécuritaire ne constitue pas un
système efficace de prévention des accidents. Un système efficace comprend les éléments suivants :
les directives écrites de l’employeur ; les procédures d’accomplissement des travaux adressées aux
employés et leur expliquant comment agir face aux risques ; les procédures de communication entre
employés et superviseurs ; l’entraînement et la supervision systématique des employés et des
26
superviseurs ; le renouvellement de cet entraînement ; et l’évaluation périodique du système en entier .

3. Le devoir d’autorité
Le devoir d’autorité découle logiquement du droit de gérance et de son corollaire, la responsabilité
pour les faits d’autrui. La diligence raisonnable de l’employeur implique que celui-ci fasse preuve
d’intolérance à l’égard des conduites dangereuses de ses employés, surtout face à celles dont découle
27
un risque accru comme, par exemple, le fait de travailler en hauteur sans ceinture de sécurité .
L’imposition de sanctions en vue d’assurer le respect des règlements représente un aspect essentiel de
28
la diligence .
Il peut arriver bien sûr qu’un employé faisant l’objet d’une sanction imposée par l’employeur porte
plainte au Tribunal du travail et ait gain de cause. Ceci ne doit pas décourager l’employeur de
sanctionner les conduites dangereuses puisqu’un tel revers ne change rien à l’obligation de ce dernier
d’assurer la sécurité des employés. D’ailleurs, les tribunaux ont reconnu que l’employeur a l’obligation
d’imposer des sanctions afin d’assurer la sécurité des employés et ont souvent rejeté pour cette raison
29
les griefs des employés fautifs .
[Page 126]

L’employeur, avons-nous vu, a un devoir de prévoyance, c’est-à-dire qu’il doit faire l’examen des
gestes qu’implique le travail, reconnaître les risques qui en découlent et prendre les moyens nécessaires
afin de diminuer ces risques. L’employeur a, de plus, le devoir de protéger les employés contre eux-
mêmes ou leurs pairs. Ce devoir implique une présence continue et active d’une personne en position
d’autorité par rapport aux employés. La présence sur les lieux du travail d’une telle personne est
30
essentielle car c’est elle qui agit pour l’employeur, exécute ses devoirs et engage sa responsabilité .
Mais la seule présence d’une telle personne n’est pas suffisante. Encore doit-elle agir efficacement afin
31
d’assurer la sécurité des employés . D’ailleurs, l’employeur a toujours la responsabilité de s’assurer
32
que la personne qu’il délègue pour superviser les travaux respecte elle-même les règles de sécurité .
Le contremaître qui est témoin d’infractions aux règles de sécurité commises par les employés doit agir
33
efficacement afin de mettre fin à cette situation .

II- L’analyse de l’interaction entre l’enquête criminelle et les enquêtes d’organismes de réglementation
Lorsque survient un accident en milieu de travail, différentes instances commencent une enquête.
Chacune de ces instances dispose de moyens qui lui sont propres et poursuit une finalité spécifique.
L’enquête de la Commission de la santé et de la sécurité du travail vise à prévenir les accidents du
travail. La C.S.S.T. dispose du pouvoir de contraindre les personnes à collaborer à son enquête.
L’enquête du coroner vise à identifier les causes d’un décès. Le coroner dispose aussi du pouvoir de
contraindre les personnes à collaborer à son enquête. L’enquête policière, enfin, vise la répression de la
criminalité. Le policier ne dispose pas du pouvoir de contraindre les personnes à collaborer à l’enquête.
Toutefois, les preuves recueillies lors des enquêtes de la C.S.S.T. et du coroner pourront servir à
prouver la culpabilité de certaines personnes lors d’un procès criminel. L’interaction entre les différentes
enquêtes est un sujet complexe qui doit néanmoins être connu des acteurs du milieu du travail.
[Page 127]

A. Les pouvoirs d’enquête de la C.S.S.T.


34
Dans le cadre de la L.S.S.T., un « inspecteur » est désigné par l’autorité publique pour voir au
respect des normes de sécurité sur les lieux du travail. Sa fonction est avant tout préventive, quoiqu’elle
puisse se réaliser non seulement par l’adresse d’ordres ou de conseils aux employeurs mais aussi par
l’imposition d’amendes. L’inspecteur peut pénétrer dans les lieux du travail à tout moment, avant ou
après la survenance d’un accident. Il a alors accès à tous les livres, registres et dossiers de
l’organisation ou de ses agents, y compris d’un fournisseur ou de toute autre personne qui exerce une
activité dans les domaines visés dans la présente loi et les règlements. Une personne qui a la garde, la
possession ou le contrôle de ces livres, registres ou dossiers doit en donner communication à
35
l’inspecteur et lui en faciliter l’examen .
L’article 185 L.S.S.T. dispose :
Il est interdit d’entraver le travail d’un inspecteur dans l’exercice de ses fonctions, de le tromper ou de tenter
de le tromper par des réticences ou par des déclarations fausses ou mensongères, de refuser de lui déclarer
ses nom et adresse ou de négliger d’obéir à un ordre qu’il peut donner en vertu de la présente loi ou des
36
règlements.
37 38
Cette disposition ainsi que les obligations positives des travailleurs et employeurs sont appuyées
par la menace de sanctions pénales :
235. Commet une infraction quiconque fait une fausse déclaration ou néglige ou refuse de fournir les
informations requises en application de la présente loi ou des règlements.
236. Quiconque contrevient à la présente loi ou aux règlements ou refuse de se conformer à une décision ou
à un ordre rendu en vertu de la présente loi ou des règlements ou induit une personne à ne pas s’y
conformer, commet une infraction et est
[Page 128]

passible d’une amende d’au moins 200 $ et d’au plus 500 $ s’il s’agit d’une personne physique, et d’une
amende d’au moins 500 $ et d’au plus 1 000 $ s’il s’agit d’une personne morale.
En cas de récidive, les amendes prévues par le premier alinéa sont portées à un minimum de 500 $ et un
maximum de 1 000 $ s’il s’agit d’une personne physique, et à un minimum de 1 000 $ et un maximum de
2 000 $ s’il s’agit d’une personne morale.
238. Le tribunal peut, sur demande du poursuivant, ordonner à la personne déclarée coupable d’une
infraction à une disposition de l’article 236 ou 237 de se conformer aux exigences de la loi ou des règlements
dans le délai qu’il fixe ou d’exécuter une mesure qu’il juge susceptible de contribuer à la prévention des
accidents du travail ou des maladies professionnelles. [...]

1. La collaboration de l’organisation
Un « employeur » est la personne qui, en vertu d’un contrat de travail, utilise les services d’un
travailleur. Il est visé par l’alinéa 51(14) L.S.S.T. :
51. L’employeur doit prendre les mesures nécessaires pour protéger la santé et assurer la sécurité et
l’intégrité physique du travailleur. Il doit notamment :
[...]
14o collaborer avec le comité de santé et de sécurité ou, le cas échéant, avec le comité
de chantier ainsi qu’avec toute personne chargée de l’application de la présente loi et
des règlements et leur fournir tous les renseignements nécessaires ;
[...]
L’employeur a aussi l’obligation d’informer la C.S.S.T. de la survenance d’un accident sérieux le plus
rapidement possible et de lui soumettre un rapport écrit sur les circonstances de l’accident. Il est tenu de
39
maintenir les lieux de l’accident tels quels afin de permettre à l’inspecteur d’en faire l’examen .
[Page 129]

Les entrepreneurs qui sont liés à l’employeur par contrat de service ou d’entreprise sont considérés
comme des employeurs et non comme les employés de ce dernier. Dans le cadre d’un chantier de
construction, chaque entrepreneur qui est au service d’un « maître d’œuvre » (c’est-à-dire le propriétaire
du chantier ou celui qui est responsable de l’exécution de l’ensemble des travaux) est considéré comme
un employeur au sens élargi de l’article 194 L.S.S.T. (« quiconque fait exécuter un travail par un
40
salarié ») . Les entrepreneurs sont donc tenus aux mêmes obligations que l’employeur.

2. La collaboration des cadres supérieurs


Les dirigeants, administrateurs, gérants, surintendants, contremaîtres ou représentants de
l’employeur dans leur relation avec les travailleurs sont réputés avoir participé à l’infraction commise par
41
l’organisation . Réputés participer aux actions de l’« employeur », ils sont en quelque sorte inclus dans
son concept et ont les mêmes obligations que ce dernier.

3. La collaboration des autres agents de l’organisation


Un « travailleur » est celui qui exécute un travail en vertu d’un contrat de travail. Il est visé par l’alinéa
49(6) L.S.S.T. :
49. Le travailleur doit :
[...]
6o collaborer avec le comité de santé et de sécurité et, le cas échéant, avec le comité
de chantier ainsi qu’avec toute personne chargée de l’application de la présente loi et
des règlements.
Le travailleur doit répondre aux questions que lui pose l’inspecteur.

B. Les pouvoirs d’enquête du coroner


Le coroner doit faire une enquête au sujet de tout décès afin d’identifier la personne décédée et les
42
causes de son décès . Bien qu’il
[Page 130]
43
ne soit pas autorisé à se prononcer sur la responsabilité criminelle d’une personne , le coroner dispose d’un pouvoir d’enquête considérable. Il peut faire
44
fouiller un lieu où se trouve un objet nécessaire à son enquête et peut inspecter lui-même tout lieu qu’il croit susceptible de lui révéler des informations
45
pertinentes . Par ailleurs, le coroner peut assigner à l’enquête, afin de l’interroger, une personne qu’il croit être en mesure de fournir des informations utiles
46 47 48
à l’enquête . Cette personne peut être tenue d’apporter des documents . Elle doit répondre aux questions sous peine d’outrage au tribunal .
L’ensemble de ces dispositions s’applique à toute personne, dont l’organisation, le cadre supérieur et l’agent de l’organisation.

C. Les pouvoirs d’enquête du policier


La situation est différente face à l’enquêteur de police. Personne n’est obligé de collaborer avec ce
dernier, sauf si le policier obtient un mandat de perquisition. Le cas échéant, on devra s’assurer que le
mandat est valide. Par ailleurs, il est souvent opportun de collaborer à l’enquête policière même si rien
n’y oblige. Par conséquent, dès qu’il est question d’enquête policière, l’organisation et les individus
visés par l’enquête devraient avoir recours aux services d’un avocat afin de s’assurer que leurs droits
soient respectés et que leurs intérêts soient bien représentés.

D. Le droit à l’avocat et le droit de garder le silence

1. Le droit à l’avocat
Chaque personne, tant l’organisation que le cadre supérieur et le travailleur, a droit à l’assistance d’un
avocat à tout moment durant les enquêtes de la C.S.S.T., du coroner et de la police. Dans certains cas,
chaque agent d’une organisation devrait avoir recours aux services d’un avocat indépendant afin de se
confier à lui en toute sécurité.
Même si la L.S.S.T. contraint les acteurs du monde du travail à fournir des renseignements, ces
renseignements se limitent au
[Page 131]

minimum, c’est-à-dire qu’ils concernent uniquement les faits entourant l’accident. Il serait malheureux que la personne interrogée aille au-delà de ce que la loi
lui demande et livre ainsi des informations qu’elle n’était pas tenue de dévoiler. En outre, l’émoi que cause l’accident risque d’avoir un impact sur la perception
des témoins. Aussi l’assistance d’un avocat est-elle primordiale le plus tôt possible après la survenance d’un accident. Les déclarations écrites faites à
l’enquêteur de la C.S.S.T. doivent aussi faire l’objet préalablement d’un examen par l’avocat. Ces déclarations écrites, émanant des personnes physiques,
devraient faire mention du contexte réglementaire dans lequel elles sont produites et rappeler qu’elles ne peuvent être utilisées afin d’incriminer leur auteur.
De même, les personnes interrogées par l’enquêteur de la C.S.S.T. devraient requérir la présence d’un avocat durant l’entrevue.

Par ailleurs, les informations que le coroner recueille peuvent servir de preuve lors d’un procès
criminel. Mais ces informations ne peuvent servir à incriminer les personnes qui les ont fournies, sauf si
49
elles sont accusées de parjure . Il en va de même lorsque les agents de l’organisation et notamment
les cadres supérieurs sont tenus d’apporter des documents au coroner.
Dans tous les cas, l’avocat dont les services sont retenus à la suite d’un accident du travail doit bien
connaître non seulement la L.S.S.T. et la L.R.C.C.D. mais aussi les faits entourant l’accident ainsi que la
conduite passée de l’organisation vis-à-vis des autorités en matière de santé et sécurité du travail.
L’avocat doit évidemment connaître le statut des enquêteurs et la loi en vertu de laquelle ils requièrent
des renseignements. De plus, et ceci est fondamental afin de représenter adéquatement son client,
l’avocat doit chercher à connaître le plus tôt possible le statut qu’a ce dernier aux yeux des différents
enquêteurs. Selon que le client est simple témoin ou suspect, les conseils à prodiguer seront
évidemment fort différents.
Face à l’enquête policière, chaque personne a le droit de garder le silence. Toutefois, plusieurs
personnes désirent spontanément collaborer avec les policiers. Celles-ci devraient avant tout consulter
un avocat. Il peut être profitable de collaborer à l’enquête policière à condition d’avoir au préalable
évalué l’ensemble des facteurs.
[Page 132]

E. L’utilisation ultérieure de la preuve recueillie lors de ces enquêtes dans le cadre d’une poursuite
criminelle
Les organisations, leurs employés ou agents, superviseurs et dirigeants, etc., ont l’obligation de
collaborer à l’enquête de la C.S.S.T. et l’information qu’ils fournissent pourra servir à prouver leur
contravention aux dispositions de la L.S.S.T. ou de ses règlements. Celui qui mène une activité
réglementée par une loi particulière ne peut invoquer le droit au silence pour refuser de fournir les
50
renseignements qu’exige cette loi . Cette exception au principe de non-incrimination se justifie
notamment par le fait qu’il serait difficile de contrôler l’application des normes de santé et sécurité du
travail sans permettre à l’autorité publique d’avoir accès aux lieux de travail, aux dossiers et aux
témoignages des principaux acteurs.
Les infractions criminelles obéissent à des règles différentes. Le principe sous-jacent aux droits des
personnes faisant l’objet d’accusation criminelle est que l’on ne peut contraindre un être humain à fournir
les informations qui seront utilisées pour l’incriminer. On peut certes contraindre une personne à parler
au procès d’un tiers en l’assignant par subpoena. Mais les informations que fournit celle-ci ne pourront
servir à prouver sa propre culpabilité.
Ainsi, la partie cherchant à établir lors d’un procès qu’une personne a commis une infraction criminelle
51
ne peut avoir recours aux renseignements obtenus par l’enquêteur de la C.S.S.T. ou le coroner . Ces
renseignements peuvent toutefois être utilisés contre des tiers. Par exemple, l’information fournie par la
secrétaire de l’organisation peut être utilisée pour incriminer un des cadres supérieurs. Les
renseignements que doit fournir l’organisation à la C.S.S.T. ou au coroner peuvent être utilisés contre
52
elle .

F. L’exigence du respect des garanties procédurales


Ce que peut exiger une organisation en matière de garanties procédurales est relativement restreint
par rapport à ce qu’est en droit de recevoir un être humain. L’organisation jouit des droits
constitutionnels
[Page 133]

qui peuvent s’appliquer dans son cas. Ainsi, quoiqu’elle n’ait pas cet attribut humain qui commande le respect du silence d’un accusé, l’organisation possède
53
néanmoins un intérêt propre. Elle jouit donc du droit d’être jugée dans un délai raisonnable et celui d’avoir un procès équitable, droit qui inclut par exemple
celui d’obtenir avant le procès toute la preuve qui est en la possession de la poursuite. De plus, rien n’empêche une organisation de contester la validité
54
d’une loi en invoquant des droits propres aux individus .

III- Les mandataires, sous-traitants et commanditaires de l’organisation

A. La responsabilité de l’organisation pour les gestes des sous-traitants


Les constructeurs ont souvent recours à des entreprises spécialisées, communément appelées les
« sous-traitants ». La présence des sous-traitants pose le problème de la définition de l’« agent » d’une
organisation. La notion d’agent comprend les entrepreneurs de l’organisation. Il peut s’agir par exemple
de l’entrepreneur général que l’organisation engage afin de construire un complexe immobilier. Mais la
définition d’agent comprend-elle les sous-entrepreneurs, c’est-à-dire les entrepreneurs qui sont engagés
à leur tour par l’entrepreneur général ?
Les lois provinciales en matière de santé et sécurité au travail cernent la responsabilité de celui qui
emploie la force de travail. En analysant ces lois, les juges provinciaux accordent moins d’importance
55
aux titres officiels des acteurs qu’au « degré de contrôle » qu’ils possèdent sur le travail d’autrui . Selon
ce critère, des propriétaires peuvent être tenus responsables pour les gestes posés par les sous-
entrepreneurs engagés par l’entrepreneur général. Si le sous-entrepreneur est requis d’exécuter son
travail sur le site de l’organisation et sous les directives de ses représentants, l’organisation aura fait la
preuve de son contrôle sur celui-ci et pourra être tenue responsable de ses gestes. En somme, le
contrôle qu’exerce l’organisation sur des individus risque de conférer à ces derniers le statut d’agents de
l’organisation. Le cas échéant, l’organisation n’a
[Page 134]

d’autre choix que d’exercer un contrôle efficace de ses sous-entrepreneurs, notamment par le biais des contrats et par celui de ses superviseurs postés sur
les lieux du travail.

B. La responsabilité de l’organisation pour les gestes de ses mandataires


Le Code civil du Québec définit le mandat comme étant le contrat par lequel le mandant donne au
56
mandataire le pouvoir de le représenter en vue d’accomplir un acte juridique avec un tiers . Par le
contrat d’entreprise, l’entrepreneur est chargé de réaliser un ouvrage. Par le mandat, le mandataire est
chargé d’effectuer un acte juridique au nom du mandant. Ces deux types de contrat sont souvent liés l’un
à l’autre. L’entrepreneur général engagé par l’organisation afin de construire un immeuble est à la fois un
entrepreneur et un mandataire de l’organisation puisqu’il doit non seulement réaliser un ouvrage mais
aussi engager des travailleurs spécialisés pour le compte de l’organisation. Ces sous-entrepreneurs
sont des tiers qui contractent avec l’organisation mandante par le biais du mandataire, l’entrepreneur
général.
La situation des mandataires ressemble donc à celle évoquée précédemment au sujet des sous-
entrepreneurs. Sur le plan civil, l’organisation est responsable des fautes de son mandataire (par
exemple, l’entrepreneur général qui ne paierait pas les sous-entrepreneurs). Cette responsabilité civile
57
découle de la loi . En droit criminel, la responsabilité de l’organisation pour les gestes de ses
mandataires pourrait découler, selon nous, du « contrôle » que la première exerce sur la seconde.
Notons qu’en droit civil le mandant peut s’exonérer en prouvant qu’il n’aurait pu empêcher le dommage
58
causé par son mandataire . Le mot « empêcher » rappelle le libellé de l’alinéa b) de l’article 22.1 du Code
criminel, exigeant du cadre supérieur qu’il intervienne pour « empêcher » la commission d’un crime.
Nous voici donc revenu, après un long détour, au thème récurrent de la diligence. En bref, le mandant, à
qui risquent d’être reprochées les fautes de ses mandataires, n’a d’autre solution que de veiller à bien
encadrer ces derniers par le biais des contrats et celui de ses superviseurs.
[Page 135]

CONCLUSION
La théorie de l’identification exigeait, pour prononcer la responsabilité criminelle d’une personne
morale, la preuve que la personne physique représentant l’âme dirigeante de celle-ci ait elle-même
commis le crime. Dorénavant, la loi pose explicitement l’obligation du cadre supérieur d’exercer
adéquatement son autorité face aux conduites des agents valant participation à une infraction. Cette
« obligation de gérance » constitue la pierre angulaire de la réforme. La présomption de participation de
l’organisation à une infraction criminelle est entièrement basée sur la croyance en l’existence, au sein de
l’organisation et jusque dans ses ramifications, d’une hiérarchie clairement établie et efficace liant les
décideurs aux exécutants. Témoignant de l’importance accordée à cette nouvelle « obligation de
gérance », le nouveau paragraphe 732.1(3.1) du Code criminel autorise le juge à s’ingérer dans la gestion
d’une organisation et d’exiger qu’elle définisse ses politiques et les fasse respecter.
La Loi C-21 impose aux organisations et aux individus de nouvelles obligations auxquelles ces
derniers devront se conformer rapidement. Il s’agira pour eux non seulement d’étudier attentivement les
lois en santé et sécurité du travail mais plus fondamentalement de développer et de promouvoir une
« culture de la sécurité ».

Notes de bas de page


*.
Avocats du cabinet Hébert, Bourque & Downs. Ce texte a été antérieurement publié dans Développements récents en droit criminel (2004),
vol. 211.

1.
Loi modifiant le Code criminel (responsabilité pénale des organisations), L.C. 2003, c. C-21 (Projet de loi C-45).

2.
Canadian Dredge & Dock Co. Ltd. c. The Queen, [1985] 1 R.C.S. 662.

3.
Pour un exemple en droit environnemental, voir R. c. Safety-Kleen Canada Inc., (1997) 114 C.C.C. (3d) 493.
4.
L.R.Q., c. S-2.1, ci-après L.S.S.T.

5.
L.R.Q., c. R-0.2, ci-après L.R.C.C.D.
6.
Le superviseur d’une fabrique d’armes à feu, reconnu coupable de négligence criminelle par suite de l’accident d’un ouvrier survenu lors de la manipulation
d’armes, encourt-il une condamnation à la peine minimale de quatre ans d’emprisonnement conformément à l’alinéa 220a) C.cr. ?

7.
Norman KEITH, Workplace Health and Safety Crimes, LexisNexis Butterworths, Markham (Ont.), p. 72, se demande si un bénévole agissant
comme directeur d’une organisation charitable dirige un travail au sens de l’article 217.1. Son hésitation a de quoi surprendre. Il ne fait aucun doute que la
réponse à sa question est affirmative.

8.
Commissaire K. Peter RICHARD, The Westray Story, A Predictable Path to Disaster. Report of the Westray Mine Public Inquiry,
Gouvernement de Nouvelle-Écosse, novembre 1997.

9.
R. c. McCraw, (1991) 128 N.R. 229 (C.S.C.).
10.
N. KEITH, op. cit., p. 41-42. Ce dernier est d’avis qu’une blessure reconnue par les lois provinciales sur la compensation financière des accidents de
travail est visée par l’article 217.1 C.cr. Ces lois reconnaissent aussi les maladies professionnelles dont, par exemple, la tendinite occasionnée par un
mouvement répétitif.

11.
Art. 735 C.cr.

12.
R. c. Titchner, (1961) 131 C.C.C. 64 ; R. c. Leblanc, [1977] 1 R.C.S. 339.
13.
Toutes les provinces imposent cette obligation générale de diligence, sauf le Yukon. Les termes employés sont à peu près identiques d’une province à
l’autre (« chaque employeur doit prendre les mesures nécessaires pour protéger la santé et assurer la sécurité de ses employés »). Voir N. KEITH, op. cit.,
p. 106-107.

14.
R. c. Sault Ste Marie (Ville), [1978] 2 R.C.S. 1299.

Rio Algom Ltd., [1988] O.J. No 1810 (Cour d’appel de l’Ontario) ; R. c. Timminco Ltd., [2001] O.J. No 1443 (Cour d’appel de
15.
R. c.
l’Ontario).

Construction Ltd., [1989] O.J. No 1665 (Cour d’appel de l’Ontario) ; R. c. Van-Rob Stampings Inc., (1996) O.J. No 1 (Cour
16.
R. c. Dagmar
provinciale de l’Ontario).

17. o o
R. c. Bayview-Wellington Homes (Port Union) inc., [2003] O.J. N 1103 (Cour provinciale de l’Ontario) ; R. c. Canron inc., [1995] O.J. N
4311 (Cour provinciale de l’Ontario).

Leil Cranes & Equipment (1986) Ltd., [2003] N.S.J. No 524. (Cour provinciale de la Nouvelle-Ecosse) ; R. c. Bellai Brothers
18.
R. c. A.W.
o
Ontario, [1993] O.J. N 1600 (Cour provinciale de l’Ontario).

19.
Dziwenka et al. c. Regina et al., [1972] R.C.S. 419 (Cour suprême du Canada) (cause en responsabilité civile citée dans le domaine de la santé et
o
sécurité du travail) ; R. c. Stuart Olson Construction Inc., [1993] S.J. N 109 (Cour supérieure de la Saskatchewan) ; R. c. General Scrap Iron
& Metals Ltd., [2001] A.J. N 828 (Cour provinciale de l’Alberta, jugement confirmé par la Cour supérieure, [2002] A.J. No 897).
o

St. Mary’s Cement, [1996] O.J. No 5307.


20.
R. c.

21.
C.S.S.T. c. Marc Filiatreault Couvreur inc., D.T.E. 2001T-842 (Tribunal du travail du Québec).

Pederson Construction Ltd., [1990] O.J. No 653 (Cour provinciale de l’Ontario).


22.
Ontario c. Helmer

(Town), (1990) 8 C.O.H.S.C. 121 (Cour provinciale de l’Ontario) ; R. c. Collins & Aikman Canada inc., [1998] O.J. No 6304.
23.
R. c. Napanee
o
(Cour provinciale de l’Ontario) ; R. c. St. Mary’s Cement, [1999] O.J. N 942. (Cour provinciale de l’Ontario) ; R. c. St. Lawrence Cement Inc.,
o
[1992] O.J. N 3770 (Cour provinciale de l’Ontario).

24.
Construction et pavage Dufour ltée c. C.S.S.T., [1999] J.Q. N
o 4684 ; C.S.S.T. c. Chevrons Royal inc., [2000] D.T.T.Q. No 45.
25.
C.S.S.T. c. EntreprisesLagacé (1982) inc., D.T.E. 90T-163 (Tribunal du travail du Québec). Voir aussi C.S.S.T. c. 90599614 Québec inc.,
[2000] D.T.T.Q. N
o 42 ; R. c. Inco Ltd., [1999] O.J. No 4648 (Cour supérieure de l’Ontario, jugement confirmé par la Cour d’appel et amendes rehaussées
o o
à 500 000 $, [2000] O.J N 1868) ; R. c. Adomako, [2002] O.J. N 3050 (Cour provinciale de l’Ontario) ; R. c. Drosts Supermarket Ltd.,
o
[2003] N.B.J. N 383 (Cour supérieure du Nouveau-Brunswick).

26.
C.A. EDWARDS et C.E. HUMPHREY, Employer Liability for Contractors Under the Occupational Health and Safety Act, Carswell,
Scarborough (Ontario), 2000, p. 9.

Jocelyn Paquette inc., [2000] D.T.T.Q. no 22 ; R. c. St. Mary’s Cement, [1996] O.J. No 5307 (Cour provinciale de
27.
C.S.S.T. c. Aluminium
l’Ontario).

28. o
C.S.S.T. c. Marc Filiatreault Couvreur Inc., D.T.E. 2001T-842 ; R. c. St. Lawrence Cement inc., [1992] O.J. N 3770.

29.
ACTWU, (1991) 21 L.A.C. (4th) 312 (Commission arbitrale de l’Ontario) ; Royal Oaks Mine Inc. c. USW (décision inédite
Pavaco Plastics Inc. c.
de la Commission arbitrale de l’Ontario, 22 avril 1992) ; United Steel Workers of America, Local 6500 c. Inco (décision inédite de l’Arbitre des
griefs de l’Ontario, 28 janvier 2003). Ces trois dernières décisions sont citées par C.A. EDWARDS et C.E. HUMPHREY, Due Diligence Under the
Occupational Health and Safety Act, A Practical Guide, Carswell, Scarborough (Ont.), 2000, p. 22. Voir aussi Gould Manufacturing of
Canada c. IMAW, (1978) 18 L.A.C. (2d) 286 (Commission arbitrale de l’Ontario), rapporté par le Lancaster’s Health and Safety Law Reporter, juillet-août
2003, vol. 19, n
os 7-8.

30. o o
R. c. Inco Ltd., [2002] O.J. N 4938 (Cour supérieure de l’Ontario) ; R. c. Jetters Roofing and Wall Cladding inc., [1999] O.J. N 5244 (Cour
provinciale de l’Ontario).

31. o
R. c. Atcon Construction inc., [1994] N.B.J. N 185 (Cour provinciale du Nouveau-Brunswick).

Northland Fleet Services (Yukon) Ltd., [1993] Y.J. No 32 (Cour territoriale du Yukon, jugement confirmé en appel, [1993] Y.J. No 180).
32.
R. c.

33. o
R. c. Pattar Cedar Products Ltd., [2002] B.C.J. N 2813 (Cour provinciale de Colombie-Britannique).
34.
Art. 177 L.S.S.T.

35.
Art. 179 et 180 L.S.S.T.

36.
Art. 185 L.S.S.T.

37.
Voir la sous-section iii) La collaboration des autres agents de l’organisation.

38.
Voir la sous-section i) La collaboration de l’organisation.

39.
Art. 62 L.S.S.T.

40.
Voir la Loi sur les relations de travail, la formation professionnelle et la gestion de la main-d’œuvre dans l’industrie de la
construction (c. R-20).
41.
Art. 241 L.S.S.T.

42.
Art. 1 et 2 L.R.C.C.D.

43.
Art. 4 L.R.C.C.D.

44.
Art. 49 L.R.C.C.D.

45.
Art. 50 L.R.C.C.D.

46.
Art. 112 L.R.C.C.D.
47.
Art. 114 L.R.C.C.D.

48.
Art. 126 L.R.C.C.D.

49.
L’article 127 L.R.C.C.D. stipule que « [l]e coroner doit informer un témoin de son droit de demander la protection de l’article 5 de la Loi sur la
preuve au Canada [...] à l’égard de toute question pouvant tendre à l’incriminer ».
50.
Thomson Newspaper Ltd. c. Canada (Directeur des enquêtes et recherches, Commission sur les pratiques restrictives du
commerce), [1990] 1 R.C.S. 425 ; R. c. Fitzpatrick, [1995] 4 R.C.S. 154.

51.
R. c. White, [1999] 2 R.C.S. 417.

52.
R. c. Amway, précité.

53.
R. c. C.I.P. inc., [1992] 1 R.C.S. 843.

54.
R. c. Big M Drug Mart Ltd., [1985] 1 R.C.S. 295.

55. o
R. c. Stelco Inc., [1989] O.J. N 3122 (Cour provinciale de l’Ontario).

56.
Art. 2130 C.c.Q.

57.
Art. 2164 C.c.Q.

58.
Ibid.

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