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Antha Seminaire
Antha Seminaire
1. Problématique
La guerre voulue par la Russie contre l’Ukraine remet en cause tous les
principes du droit international pourtant admis par la Communauté internationale. Il
est donc indispensable de défendre l’ordre international et de traduire devant la
justice les coupables de l’agression contre un État souverain et indépendant.
1
ROCHE C., L’essentiel du Droit international public, 10e éd., Paris, Gualino, 2019. p.16.
2
CAMBACAU J. et SUR S. Droit international public, 12e éd., Paris, LGDJ, 2018, p.619.
3
DUPUY P.-M., Droit international public, 14e édition, Paris, Dalloz, 2018, p.467.
2. Hypothèse
Afin de cerner les lignes ayant guidé notre séminaire, nous avons
subdivisé le présent travail en deux points. Le premier point aborde la
règlementation du recours à la force en droit international. Le second analyse
l’action de la Russie en Ukraine au prisme du droit international.
I. Réglementation internationale du recours à la force
A. Portée du principe
4
VON VERDROSS A. : « Idées directrices de l’organisation des nations unies » RCADI, tome. 83,
1953, 1-78.
5
Article 2 § 4 de la Charte des Nations-Unies
6
Résolution 3314 (XXIX) de l’Assemblée générale des Nations Unies
7
BEN ACHOUR R. « Actualité des principes de droit international touchant les relations amicales et la
coopération entre États conformément à la Charte des NU », in. Les nouveaux aspects du droit
international, pp. 31-49.
Il est également dit dans cette résolution que les États doivent
s’abstenir de fomenter des bandes armées capables de nuire à la sécurité d’un autre
État. Cette Déclaration condamne aussi l’appui à la guerre civile et au terrorisme.
Cette interdiction lie tous les États du monde dans la mesure où elle
constitue une règle générale de droit international. En outre, précisons que, si l’article
2 § 4 est un article central de la Charte, il reflète aussi le droit international
coutumier. La norme qu’il énonce est ainsi opposable à tous les sujets de droit
international8.
8
SUR S., « La Charte des Nations Unies interdit-elle le recours à la force armée ? » in Alexandra
NOVOSSELOFF (dir) Le Conseil de sécurité des Nations Unies : entre impuissance et toute
puissance, CNRS, N°137, 2016, p.109-122.
9
COT J.-P, PELLET A. et FORTEAU M., La Charte des Nations Unies, Commentaire article par
article, Paris, Economica, 3e éd., 2005. p. p. 442.
10
Article 43 du premier protocole additionnel I de 1977 relatifs à la protection des victimes des conflits
armés internationaux
statut de norme de jus cogens11.La Cour internationale de Justice a rappelé à cet
égard que « la règle générale d’interdiction de la force comporte certaines exceptions
12
».
En effet, Il ne fait aucun doute que l’un des objectifs poursuivis par les
initiateurs de l’Organisation des Nations Unies était de créer une institution capable
de préserver les générations futures du fléau de la guerre. Cependant, conscients
que la guerre pourrait se déclencher à tout moment, ces initiateurs ont pris soin de
permettre l’organisation de l’usage de la force armée.
Ainsi la règle posée par l'article 2 § 4 ne signifie pas que tout emploi de
la force est illégal dans les relations interétatiques, puisque la Charte des Nations
Unies prévoit deux cas d'utilisation de la force non soumis à l'interdiction de cet
article. Il s'agit d'une part, la légitime défense et, d'autre part, de l'usage de la force
armée dans le cadre du maintien de la paix et de la sécurité internationales par le
Conseil de Sécurité.
1. Légitime défense
Pour ce qui est de l’agression, elle peut se définir comme « l'emploi par
un État de la force armée contre la souveraineté, l'intégrité territoriale ou
l'indépendance politique d'un autre État, ou de toute autre manière incompatible avec
la Charte des Nations Unies 16». En tant que violation grave d’une norme impérative
11
KAMTO M. L'agression en droit international, Paris, Pedone, 2010. p. 211.
12
Activités militaires et paramilitaires au Nicaragua et contre celui-ci (Nicaragua c. Etats-Unis
d'Amérique), fond, arrêt. C.I.J. Recueil 1986, p.14 par. 193.
13
Article 51 de la Charte des Nations-Unies
14
SALMON J. Dictionnaire de droit international public, Bruxelles : Bruylant, 200 l, p. 642
15
CAMBACAU J. et SUR S. Op.cit. p 637.
16
DUPUY P.-M. Droit international public, op.cit. . p. 227.
du droit international, l’agression armée entraîne des conséquences juridiques
sérieuses dans l’ordre juridique international.
2. Sécurité collective
17
KAMTO M. op.cit. p. 315.
18
CAMBACAU J. et SUR S. op.cit. p 638.
19
Article 2 § 5 de la Charte des Nations-Unies
20
SUR S., Relations internationales, Paris, Montchrestien, 2e éd., 2000, pp. 413-416.
21
VIRALLY M., Le Droit international au service de la paix, de la justice et du développement. Paris,
Pedone, 1991, p. 56.
discrétionnaire, constitue l'acte-condition indispensable à la mise en œuvre des
pouvoirs qui lui sont conférés par le même chapitre 22.
La première catégorie est dite des mesures non coercitives. Elle est
prévue à l'article 41. Ces mesures « peuvent » être décidées par le Conseil, auquel
cas elles auront bien pour les États membres un caractère obligatoire en vertu de
l’article 25 de la Charte. Mais cette terminologie signifie également que lesdites
mesures pourront aussi bien ne faire l'objet de sa part que d'une recommandation 24.
A l’épreuve des faits, il s’agit des mesures représailles non militaires pratiquées de
longue date individuellement par les États, bien avant la création des institutions de
la sécurité collective notamment interruption complète ou partielle des relations
économiques, des communications ou rupture des relations diplomatiques.
Des lors sous ce second point, nous allons voir les violations de principe
de non-recours à la force et les conséquences que celle-ci peut avoir.
28
MAHIOU A. (2009) « Le droit international ou la dialectique de la rigueur et de la flexibilité », RCADI,
tome 337, p. 213
29
PELLET A. Le droit international à l'aube du XXIème siècle. Castellon, Bancaja, 1997. p. 71.
Il traduit, en outre, à lui seul les transformations de la société
internationale et une véritable avancée de l’ordre juridique international car la guerre
qui, dans l’ordre international classique, était légale puisque relevant de la
compétence souveraine des États, est désormais mise « hors la loi 30 ».
Cette interdiction qui marque l’aboutissement d’un long processus
constitue l’une, voire la plus manifeste des limitations de l’exercice des droits
souverains des États et donc de leur compétence nationale. En effet, en acceptant
d’être liés par les traités ayant posé cette interdiction du recours à la force, les États
ont renoncé volontairement à une de leurs compétences discrétionnaires. Elle
marque une rupture symbolique avec le monde westphalien car « l’illégalité
sanctionne ici la perte de la légitimité de l’usage de la force » 31. Désormais, en
dehors des exceptions prévues par la Charte des Nations Unies, le droit de guerre
est, en théorie, supprimée pour tous les États.
S’agissant de l’action menée par la Russie, la qualification requise
dans le cadre de ce séminaire est de crime d’agression. En effet, le « crime
d’agression » est considéré comme un crime international, mais aussi comme un
crime individuel, qui conduit à écarter l’immunité des responsables des Etats, y
compris du chef de l’Etat. Les expressions crime contre la paix et crime d'agression
sont équivalentes et désignent pareillement une notion unique. Aucune subordination
catégorielle n'existe : le crime d’agression n’est pas simplement une forme du crime
contre la paix. Les deux expressions se contiennent mutuellement et se superposent.
Il s'agit de deux angles complémentaires : l'expression crime contre la paix fait
référence à l'élément intentionnel de l'infraction et l'expression crime d'agression à
son élément matériel. Par définition, le crime d'agression suppose la volonté libre,
éclairée et consciente de menacer ou de briser la paix, de même que le crime contre
la paix consiste en la planification ou l'exécution d'une agression illégale 32.
En 2010, à la suite de la Conférence de révision qui s’est tenue à
Kampala, l’article 8 bis a été ajouté au Statut de Rome : le crime d’agression
s’entend de la planification, la préparation, le déclenchement ou la commission d’un
acte consistant pour un État à employer la force armée contre la souveraineté,
l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique d’un autre État. Les actes
d’agression comprennent notamment l’invasion, l’occupation militaire ou l’annexion
par le recours à la force et le blocus des ports ou des côtes, si par leur caractère,
leur gravité et leur ampleur, ces actes sont considérés comme des violations
manifestes de la Charte des Nations unies33.
L’Etat agresseur engage, par son acte, sa responsabilité internationale.
L’agression peut prendre fin soit sur décision propre de l’Etat agresseur, soit sous la
contrainte par l’exercice du droit de légitime défense. Dans tous les cas l’agression a
des conséquences sur les traités liant l’Etat agresseur aux autres Etats.
30
PELLET A. op.cit.. p. 71.
31
TOURME-JOUANNET E., Le droit international, Paris,Que sais-je ? PUF. p. 67.
32
NOLLEZ-GOLDBACH R., La Cour pénale internationale, Paris, Que sais-je ?, 2018, p.57.
33
NOLLEZ-GOLDBACH R., op.cit. p.58
B. Conséquences : obligations de réparation et responsabilité de l’Etat
Russe et de ses dirigeants
Dans le second cas, les Etats se basant des principes généraux issus
de Nuremberg peuvent, en vertu de leur souveraineté pénale, de l’universalité du
droit de punir, de l’imprescriptibilité des crimes internationaux et de la subsidiarité
des juridictions internationales, procéder à la répression du crime d’agression
devant leurs juridictions étatiques et ce, en préservant les droits garantis à toute
personne faisant l’objet de poursuite.
41
TSHIBUYI wa TSHIBUYI P., « Les compétences de la cour pénale international » in : Armée et Etat
de droit en RDC, KAS, Kinshasa, 2012, p.118
42
TSHIBUYI wa TSHIBUYI P. op.cit.118.
43
Article 8 bis du statut de Rome de la Cour pénale internationale.
44
MASAMANKI IZIRI E. « La Cour pénale internationale et la répression du crime d’agression » in :
Annales de la Faculté de Droit , Kinshasa, UNIKIN, 2018 p.543
Conclusion
2. Ouvrages
3. Articles
VON VERDROSS A. : « Idées directrices de l’organisation des nations
unies » RCADI, tome. 83, 1953, 1-78.
BEN ACHOUR R. « Actualité des principes de droit international touchant
les relations amicales et la coopération entre États conformément à la
Charte des NU », in. Les nouveaux aspects du droit international, pp. 31-
49.
MAHIOU A. (2009) « Le droit international ou la dialectique de la rigueur et
de la flexibilité », RCADI, tome 337, p. 213
MASAMANKI IZIRI E. « La Cour pénale internationale et la répression du
crime d’agression » in : Annales de la Faculté de Droit , Kinshasa,
UNIKIN, 2018, p.54 et s.
SUR S., « La Charte des Nations Unies interdit-elle le recours à la force
armée ? » in Alexandra NOVOSSELOFF (dir) Le Conseil de sécurité des
Nations Unies : entre impuissance et toute puissance, CNRS, N°137,
2016, p.109-122.
TSHIBUYI wa TSHIBUYI P., « Les compétences de la cour pénale
international » in : Armée et Etat de droit en RDC, KAS, Kinshasa, 2012,
p.118 et s.
4. Autres documents
Activités militaires et paramilitaires au Nicaragua et contre celui-ci
(Nicaragua c. Etats-Unis d'Amérique), fond, arrêt. C.I.J. Recueil 1986, p.14
par. 193.
CPJI, Usine de Chorzów (arrêt), 13 septembre 1928, p. 47.
SALMON J. Dictionnaire de droit international public, Bruxelles : Bruylant,
2001.
PELLET A. Le droit international à l'aube du XXIème siècle. Castellon,
Bancaja, 1997.
Table des matières
Introduction...........................................................................................................................................1
1. Problématique.............................................................................................................. 1
2. Hypothèse.................................................................................................................... 2
3. Plan du travail............................................................................................................... 2
I. Réglementation internationale du recours à la force.............................................................3
A. Portée du principe........................................................................................................ 3
B. Exception..................................................................................................................... 4
1. Légitime défense..................................................................................................................5
2. Sécurité collective................................................................................................................6
II. Analyse de l’action de Russie en Ukraine sous le prisme du droit international................8
A. Violation du principe de non-recours à la force.............................................................8
B. Conséquences : obligations de réparation et responsabilité de l’Etat Russe et de ses
dirigeants............................................................................................................................. 9
1. Obligation de réparation par l’Etat Russe.......................................................................10
2. Responsabilité pénale des dirigeants Russes...............................................................11
Conclusion..........................................................................................................................................13
Bibliographie.......................................................................................................................................14
1. Textes juridiques........................................................................................................ 14
2. Ouvrages....................................................................................................................14
3. Articles....................................................................................................................... 14
4. Autres documents......................................................................................................15
Table des matières............................................................................................................................16