La chanson de geste.

Les motifs
- Le thème central de la Chanson de geste (poème épique français) est la bataille.
- Le roman est ouvert tandis que les poèmes épiques sont fermés (important) et
diffusés oralement par les jongleurs
Les motifs sont en relation ave les thèmes des chansons de geste et ils sont limités. La
poésie épique reprend des idées de la société féodale (du XIe, XIIe s.) à laquelle la
chanson est destinée. La liste est fermée (on va mentionner les plus importants)
- Conseil (1ère principe féodal) : motif épique qui se rapporte au code féodal. Il s’agit
de la réunion des chevaliers, qui sont proches du roi Charlemagne, car le roi doit
écouter leur opinion pour prendre des décisions importantes (toute la Chanson de
Roland est composée à partir de scènes de conseil, conseil du roi sarrasin-Marsile
et chrétien-Empereur)
- Auxilium (2ème principe féodale) : système de réciprocité de droits et de devoirs
entre le roi et ses vassaux. Lorsqu’il y a une bataille, les vassaux aident son roi à
avec leurs armés (le roi organise l’auxilium)
- Mobilisation des troupes : les ambassadeurs/ messagers
 Ces motifs littéraires sont la transposition des principes juridiques de la féodalité
- Combats singuliers entre deux chevaliers : cela met en relief la force de chaque
personnage, il serve à fixer la fonction du personnage. On trouve les armes
chevaleresques (lance, épée…)
- Adoubement (ceremonia de investidura por la que se nombra caballero a alguien):
cérémonie initiative qui sert à introduire un jeune homme dans la chasse
chevaleresque. Avant l’adoubement, le personnage est un jeune homme qui n’est
pas un chevalier. Cette cérémonie marque le passage de l’adolescence à l’âge adulte.
o La plupart des personnages qui peuplent les ouvres épiques ou romanesques du
Moyen Âge sont des adultes car la littérature médiévale a une valeur exemplaire
et les personnages deviennent des modèles à suivre.
- Suite du combat
- Poursuite
- Plainte funèbre ≠ combat : motif lyrique qui arrête l’action (moment où les
personnages expriment sa souffrance) ≠ motif narratif (on avance)
- Prière
- Songe (dans la Chanson de Roland il y en a 4) : ce sont des visions du futur de
Charlemagne
- Personnages : ambassadeurs/messagers dont la fonction est de transmettre des
décisions.
o (pregunta de examen-fonction de Blancandrin) Il est le messager de Marsile, il
est chargé de transmettre à Charlemagne la décision que le conseil de Marsile a
prise. Une autre fonction est la répétition des messages (les ambassadeurs
répètent). Il faut voir s’il répète tout ce que l’on a décidé chez Marsile ou s’il
introduit des idées propres (s’il manipule ou pas)
- Évocation générale de la bataille : la bataille est merveilleuse et générale
Il y a des motifs pas codifiés au niveau syntaxique, par exemple : la mort (chaque mort
est différente). Mais, il y a d’autres motifs très codifiés :
- Évocation générale de la bataille : la bataille est merveilleuse et générale, donc la
bataille est fixe (mots répétés de la même manière)
- La veïsez : la présentation le panorama de la bataille
- La veissez :
Ces formules (répétitions des mots identiques) sont reprises par les romanciers du XIIe
siècle pour raconter les combats car c’est une technique facile pour que les jongleurs
récitent par cœur, donc les motifs épiques ont des dégrées de codification différents
(liberté totale et formule).
La chanson de geste est fidèle à la tradition car il s’agit de conserver dans la mémoire
collective les événements qui font partie de la collectivité du peuple français, donc il ne
faut pas inventer
Conclusion : l’oralité contraint le développement thématique et les techniques de
compositions des chansons de geste. L’art épique est un art fermé qui est fidèle à la
tradition, donc la Chanson de geste n’invente pas, mais il se produit une contamination
du roman à la Chanson de geste
Théories sur les origines --> rapidement
1. Les chansons de geste ont été composées à une époque tardive ou récente
2. Si la composition est savante (auteurs clercs ou pas)
3. Si la composition est anonyme ou pas
775-------------------------------------1090 (3 siècles)
La bataille de Roncevaux date au VIIIe s. et La Chanson de Roland au XIe s. Il faut
expliquer le décalage temporel des 3 siècles.
1. Origine collective (G. Paris, Wolff), c’est une origine populaire et anonyme. À
l’époque des événements, au VIIIe siècle, des soldats poètes composent de façon
anonyme et collective des chansons brèves épico-lyriques appelées « cantilènes ».
Au Xe siècle, les jongleurs réunissent les cantilènes autour d’un même événement
et, au XI-XIIe siècle, on compose la Chanson de geste (mise en écrite sur un
manuscrit)--> mais pas de cantilènes conservées
- Arguments pour et contre
o la vie de Saint Faron (875), au IXe siècle, une œuvre qui témoigne de
l’existence des chansons, composées avant la Chanson de geste, sur les
événements
o G. Paris compare la poésie épique française et la poésie espagnole médiévale. Si
en Espagne, il y a des romances (pièces brèves) et des chansons de geste, en
France il y a aussi des cantilènes et des chansons de gestes. Mais, I. Fontanals
établit que le romance est postérieur
2. Origine individuelle (Bédier) : on la résume comme «Au commencement était la
route» car La Chanson de geste est la création d’un seul écrivain à partir de légendes
 racontées dans les monastères du chemin de Saint Jaques de Compostelle --> le
problème est la quantité d’information nécessaire pour composer les chansons
dans une époque où les voyages ne sont pas faciles
3. Théorie néo-traditionnelle (Menéndez Pidal) reprend des éléments de l l’origine
collective et de l’origine individuelle. Au VIIIe siècle, les soldats poètes composent
des chansons brèves le lendemain des faits historiques. Ces chansons ne s’appellent
pas cantilènes, mais des chansons d’actualité (cantos noticieros) et, à la fin du XI,
un auteur compose La Chanson de Geste (origine individuelle). Comme ces chanson
évoluent du VIIIe au XIe s, il y a une tradition permanente et riche depuis les faits
historiques jusqu’aux chansons. Donc, La Chanson de geste s’inspire de faits
historiques qu’elle transforme.
- les variantes : différences entre les manuscrits
- les remaniements : les différentes versions obéissent à des remaniements (étapes)
différentes. Par exemple : une technique de combat qui n’est pas celle de l’époque
Les manuscrits. Les cycles
On parle de la mise en écrit de La Chanson de Geste
Il y a un décalage temporel entre la composition des chansons de geste et leur mise sur
un manuscrit (qui est postérieur car le phénomène de l’écriture est postérieur au celui de
l’oralité).
Les manuscrits médiévaux organisent les chansons de geste en 3 cycles (groupes) qui
sont des compilations des chansons de geste sur l’histoire d’un lignage ou d’un règne.
Un cycle est la composition de plusieurs chansons de geste à partir d’une chanson de
geste qui est la plus importante. Bertrand de Bar-sur-Aube introduit la première
distinction en cycles:
- cycle du roi de France (le plus important) 
- cycle de Doon de Mayence
- cycle de Garin de Monglane

1. Cycle du roi, la chanson plus importante est La Chanson de Roland.

À partir de cette chanson, les écrivains du Moyen Âge composent des chansons pour
compléter des étapes de vie d’un personnage principale ou pour raconter des exploits
qui n’apparaissent pas dans La Chanson de Roland.
Ce cycle rassemble les chansons qui tournent autour de la personnalité et les exploits de
Charlemagne. Le système réciproque de droits et de devoirs entre le roi et ses vassaux
(ordre féodal) est respecté, de sorte qu’il y a un ordre de collectivité car le bien de tous
prévaut sur le bien individuel.
2. Cycle de Guillaume d’Orange (Garin de Monglane), La Chanson de Guillaume
Ce cycle est très apprécie par le public médiéval car il est le plus réaliste de tous.
Ce cycle est le plus homogène car toutes les chansons de geste racontent des
événements de la famille de Guillaume d’Orange qui se situent après la mort de
Charlemagne. C’est un contexte historique différent où la figure du roi est remplacée
par la figure du chevalier car le roi, qui est fainéant (vago), n’a pas les mêmes qualités
que l’empereur Charlemagne. Le chevalier devient un héros extraordinaire caractérisé
par la force, le courage, mais aussi la ruse (absente du cycle du roi- le héros
extraordinaire est différent à Roland).
Une autre caractéristique de ce cycle est la présence de la femme car Guillaume tombe
amoureux de Guiboure (belle sarrasine qui évoque la beauté de l’Orient). Il s’établit un
parallélisme entre la conquête de la ville et la conquête de la femme, donc il apparaît le
thème de l’amour (mais pas développé comme dans les romans car la relation entre le
chevalier et la dame dans la ch. Geste est mariage-conversion-baptême). Ce cycle
introduit l’univers domestique car la dame est chargée d’administrer la maison (absent
du cycle du roi). En plus, le rôle de la femme est actif car elle encourage son mari lors
des moments de faiblesse (initiatives guerrières-Guiboure organise la défense de la
ville).
Un autre élément caractéristique de ce cycle est le personnage du géant Rainouart
(homme fabuleux). Sa taille suggère une force extraordinaire liée au bien ou au mal (le
géant a une valeur ambiguë). Il et Guillaume sont unis par un lien d’amitié, de sorte
qu’ils forgent le couple d’amis. Ce personnage introduit des éléments comiques (il
n’utilise pas les armes chevaleresques car il n’est pas adoubé, donc il lutte avec les
casseroles, les cuillers…)
3. Cycle de Doon ou des barons révoltés, Gormontet Isembart ; Raoul de Cambrai
C’est le cycle le plus hétérogène de tous car c’est un ensemble de gestes sur de
personnages différents (il n’y a pas de personnage central).
La caractéristique principale de ce cycle est la lutte entre le roi et ses vassaux (qui
deviennent des félons), de sorte que l’ordre collectif disparaît et il y a des chevaliers
individuels qui défendent leurs propres intérêts. Les chansons de geste de ce cycle sont
plus sanglantes et dramatiques car ces individus deviennent des victimes de leurs
intérêts.
Ce cycle est un fait postérieur au cycle du roi et au cycle de Guillaume qui sont des
cycles contemporains, comme une transition vers le roman.