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1 '
J.
Littéramaohi
Publication d’un groupe d’écrivains autochtones de la Polynésie française
Directrice de la publication :
Chantal T. Spitz
Motu ’Ara’ara
Huahine
E-mail : vahinetumu(®mail.pf
Littéramaohi
Ramées
de Littérature
Polynésienne
Te Hotu Ma’ohi -
Liste des auteurs de Littéramaohi n°24
Leila Lissant-Ercoli
Mirose Paia
Goenda a Turiano-Reea
Patrick Amaru
Simone Grand
Loïc Li
Te’ura ’Opuu
Hokunui Clover
Lazare Paia
Danièle-Taoahere Helme
’Orama Nigou
RyanLi
Steeve Reea
Nicolas Kurtovitch
Karine Taea
Ku ualoha Hoomanavanui
Chantal T. Spitz
Arnaud Chollet-Leakava
Odile Purue-Alfonsi
Peter Sipeh
Clothilde Grand
SOMMAIRE
Littéramaohi N°24
Juillet 2018
Leila Lissant-Ercoli
Demain c’est Être Demain est ma victoire
- -
Créations autochtones
Patrick ’Amaru
1apeàHûeÂmeneNoa(Ataehoie!) p. 58
LoïcLi
Derniers mots - Admiration secrète - La course p. 68
Hokunui Clover
Te reva ra vau -
Rouge p. 71
Danièle-Taoahere Helme
Kia Ora au fenua Je me prends pour la lune -
-
Nicolas Kurtovitch
Les invisibles
p. 81
Ku’ualoha Ho’omanavanui
Matavai Wedding-Toa-NâPuaPurauoVaimâ p. 86
Arnaud Chollet-Leakava
Le cri du Tapa
p. 90
Peter Sipeli
Burn the Trees Brûlent les arbres
-
p. 92
Lartiste
Malissa Itchner
p. 98
Littérama’ohi
Rainées de Littérature Polynésienne
-
TeHotuMaohi-
La revue a
pour objectifs :
-
nant par la beauté d’une pensée humble et généreuse ou, nous agaçant quelque
part parce qu’on n’est pas d’accord. Ah ! prendre avec bonheur une pensée
comme un
objet digne de débats contradictoires quitte à ébranler ses certitudes
dans une démarche dynamique : ce serait amusant.
Merci aux auteurs pour ce partage, merci aux lecteurs et lectrices d’accueillir
ces
parcelles d’être et de venir à leur tour, participer à ce chant de la vie, porté
par Littéramaohi.
Ananahi
Tepano Jaussen :
•
Demain : ananahi, apopo, ninahi; - après-demain : ananahi atu,
apopo atu.
•
Ninahi nanahi : hier, demain, i nanahi atu : avant-hier, a nanahi : demain,
=
a nanahi atu :
après-demain.
Académie :
•
Ananahi (composée de ANA. Préfixe indiquant l’antériorité et de NAHI :
Demain. Ce mot signifiait anciennement « hier ». Par suite de la dispari-
tion de apopo : demain, il est utilisé maintenant pour demain, Inanahi étant
utilisé pour hier. Mais la langue populaire perpétue l’usage ancien .Ananahi
atu Après-demain. Ci
=
Apopo, inanahi, nanahi, ninahi.
•
Âpôpô : demain,Âpôpô atu : tout à l’heure, à l’auhe.
•
Inanahi : Hier. Inanahi atu : avant-hier.
•
Nanahi : Hier.
•
Ninahi : Hier.
Simone Grand
P.S. Les termes marquisiens m'étant peu familiers, je n’y fais pas référence.
Marine Taea
Hou a reva ai
’Ua rumaruma te ra’i
’Ua mohimohi roa be
I te fa’aineinera’a i to tereraa
Hou a reva ai i to tere
E opéré i te tà fenua
E tu’u i te ’ite i roto i te tama Avant de partir
Noa’tu te paruparu o te tino Les nuages assombrissent le ciel
Tuma hia e te paura ’ura La lumière de la vie te quitte
E mau hoa te matai
Alors que tu es sur le départ.
ora
Avant de partir,
’Ua huri tô manava, ’ua ha’i,
Tu prépares la transmission de la terre
’Ua topa te aito i roto i te pouri ano
Tu délivres ta connaissance à ton enfant
Hou a reva ai te pou o te hiro’a
Malgré la déchéance de ton corps
A apoite’ite Affaibli par les
effets des essais sanglants
’la fana’o te u’i hou i to’na faufa’a
Le souffle de la vie s’arrêtera
inéluctablement.
Tu as
perdu conscience, tu t’es effondré,
Le guerrier a sombré dans les
poto à Arue. Leila a les yeux toujours plongés dans un livre, une
plume constamment à la main et des nouvelles plein la tête.
Leila Lissant-Ercoli
Je metais endormie,
Tranquille et sereine
Confortable et confiante
De mes incertitudes étourdies.
Dossier
Sur toi étranger aux yeux verts qui a troublé mon désert nocturne.
Demain est ma victoire,
Sur toi Famille aux tentacules puissantes encerclant ma jeunesse.
Demain est ma victoire,
Sur toi mon pays qui ma laissé entendre les cris et les
gémissements de l'injustice.
Demain est ma victoire,
Sur vous amis, mirages enchanteurs qui ont falsifié mes terreurs
Demain est ma victoire,
demain
t
LittéRama'OHi # 2M
Leila Lissant-Ercoli
Charmant lendemain
Charmant lendemain
Te voici, petit oiseau velouté
Crème de dentelles et de soies
Parfum de muscs et d’enscens
Là, tu te poses, gracile moineau.
Tu es
fragile et fort à la fois.
Charmant lendemain
Gentille serre d été où se pâment roses et orchidées
Dans les délices des longues discussions.
Oh ! Comme je t ai attendu ! Tant d’impatience
Et toi voilà enfin,
Charmant lendemain
Tu sonnes vrille joyeuse et tintante.
Dans le fushias des bougainvillers dArue,
Où tu as fait ton nid, beau volatile.
Les effluves viennent me susurrer que le temps des autres est terminé.
Tel un vainqueur : doux et puissant
Tu déposes, ta jolie musique qui virevolte :
Tu t’engouffres dans ma vie merveilleux matin
Charmant lendemain
Aux promesses multiples.
19
Dossier
Joli lendemain
Froissements de lin
A
interroger nos destins...
Charmant vent cristallin
Voilà un lendemain
Victoire du bien
Sur le chagrin
Mes lendemains
Sont corallins.
lemain
T3
LittéRama'OHi it 2M
Goenda a Turiano-Reea
Epa'i ! Teie noa à 'o Paraita mà e 'imi nei i te rôve'a ! Inaha, e mea
here i te pàpa'i, e mea au i te tai'o, e mea 'ana'anatae ato'a i te
hïro'a tumu o te fenua. 'Atae ho’i ! 'la eaea noa te ta'o, 'ia oraora
noa te tai'o, 'ia maumau ri'i noa a'e i roto i te 'â'au ! Enà 'outou !
Dossier
Meaaaa...
'Aiü !!!
Herü na...
’Ua 'ite be :
« ’Eiaha e tapitapi i to ananahi IMahana tâna tautai ! »
demain
t
LittéRama'OHi » 2M
Simone Grand
Bon ! OK ! Nous avons vidé une partie du sac de colère contre les formatés
monothéismes inévitablement persuadés detre supérieurs à tous les autres. Les
monothéistes méprisent ceux qui ne croient pas comme eux. Si bien que
même en s’affranchissant de leurs
religions, ils restent convaincus detre le sel
de la terre. Tant fat efficace leur endoctrinement à leur supériorité intrinsèque.
Ils ont fait intrusion dans nos îles et ont tout chamboulé. Nous sommes les des-
cendants métissés de cette histoire que nous ne pouvons changer.
La seule chose que nous pouvons modifier, c’est le récit... forcément mul-
Dossier j
Il importe de visiter revisiter les multiples interprétations
du Passé comme
des objets de connaissance relative pour qu'au lieu de nous plomber, il nous
porte vers un futur plus apaisé. Car s’il est rare qu’un âne tombe deux fois dans
un même trou, l’être humain traumatisé
qui n’a pas pris conscience du trauma
et n’a donc pu le traiter,
répète indéfiniment ce qui l’a violenté. C’est dire à quel
point demain est indissociable d’hier.
Notre mémoire est inévitablement sélective. Et forte est notre tendance à
la discrimination affective nous faisant distribuer des bons et mauvais points
de manière pas toujours objective à nos plus ou moins illustres devanciers.
Selon le Larousse, « coloniser » un pays est le transformer en un territoire
demain
vées pour les céder à des colons à condition qu’ils les exploitent. Quand le
projet échoua et prit fin, nul ne rétrocéda les terres qui furent et sont toujours t
Simone Grand
Tous les colons n’étaient pas d’origine européenne. Il y en eut qui vinrent
des îles de ce qui est devenu la Polynésie française et les Cook. L’exploitant Ste-
wart rêvait d’un vaste domaine dédié à l’impératrice Eugénie. Avec le soutien
marché, le gisement d’esclaves noirs étant trop éloigné en une période où les-
clavage était combattu, ils se tournèrent vers lAsie où ils enrôlèrent des coolies
chinois traités de manière indigne. Les archipels voisins ne furent pas épargnés
et virent partir leurs jeunes hommes dans la Grande Plantation.
que la notion de divinité était différente de celle des monothéistes. Les mythes
des origines racontent une vibration traversant tout ce qui existe y compris le
néant et non une autorité supérieure toute puissante déléguant son pouvoir à
l’être humain. Plus prosaïquement, son arrière-grand-mère paternelle Teriitau-
maitera’i était fille de Ariimanihini a Marama et de Tepa’u a Tati. Elle épousa
Maheanu’u a Mai de qui elle eut des enfants dont Taurua, mon arrière-grand-
mère, qui eut un certain nombre d’enfants d’un Français, hobereau officier de
l’armée napoléonienne battue à Sedan et à qui échut la charge de notaire. C’est
ainsi que Taiana ma mère est Vincent. Sa mère Marae était de Tubua’i, fille
Quant à Ta’cma, si son père était Tubua’i de naissance, sa mère Tera (Stella)
était fille de Ani a Atamoe, une Tahitienne de Punaauia et de Adolphe Bonnard
qui commanda les troupes françaises lors de la guerre franco-tahitienne fomen-
tée par des Anglais qui ne se présentèrent pas sur les champs de bataille.
Mon père est né d une Mexicaine métisse amérindienne et espagnole et
d’un Arcachonnais étonnant voyageur qui écrivit ses mémoires que je publiai
sous le titre de : Tribulations à Tahiti et en Amériques.
Avec un tel patchwork d’origines sur cinq générations, je ne vois pas les-
quelles rejeter ni pourquoi. Il me plaît à penser que si certains de mes ancêtres
se sont combattus, ils se sont réconciliés et
je suis l’un des fruits de cette récon-
ciliation qui élargit mes appartenances à au moins trois continents sur cinq. Ce
sentiment d’appartenir à des espaces si grands et des peuples si divers fut pour
sages. J’étais habitée par une immense fringale de savoir. Je rêvais de pouvoir par-
1er à ma grand-mère hispanophone morte en couches alors que mon père avait
deux ans. J’ai appris l’espagnol et lui parlai dans ma tête tout en cherchant à corn-
prendre les peuples du continent amérindien. Idem pour l’Europe dont j e dévo-
rais les romans. A grand-mère Marae, dans ma tête je parlais aussi en tahitien
mais dans le réel, je lui parlais français, c’était obligé. Elle ne comprenait pas et se
mettait en colère. Il fut un temps où passionnée de Bible, j’ai suivi des cours de
théologie après l’avoir lue deux fois en français, une fois en tahitien, une fois en
anglais. Bien plus tard, j’ai tenté d’apprendre le grec et ai dû passer à autre chose.
M’habitait aussi une phrase du discours de Tehatu pasteur adventiste. Il
avait organisé un grand repas pour la gamine de 14 ans que j’étais et qui devait
H
LittéRama'OHi « zm
Simone Grand
supérieure, il n’y a pas de culture inférieure, il n’y a que des cultures humaines. »
Aujourd’hui, c’est ma richesse dans des langues et cultures autres qui me guide
dans l’évaluation des traitements infligés aux langues et cultures polynésiennes.
Je suis choquée par la désinvolture avec laquelle elles sont traitées par celles-là
et ceux-là même qui sont rétribués
pour les promouvoir et célébrer.
Comme un navigateur fait le point astronomique avant de tracer sa route
du jour, d’avoir autant parlé d’Hier nous permettra je l’espère de construire un
Demain délesté des préjugés qui nous ont façonnés à notre insu et dont nous
devons nous alléger. Absolument.
27
I Te'ura 'Opu'u
Pensant que rêver éveiller, c'est comme penser trop haut ce
que tout le monde pense tout bas.
Cherchant le courage de surpasser cette douleur aussi vive
qu'une blessure à l'arme blanche.
Ne pas oublier
Te'ura 'Opu'u
J’examinerais mon visage et dirais « j’ai l’air d’avoir 50 ans pourtant je n’ai que
15 ans »,
J’examinerais mon corps et dirais « que s’est-il passé avec mon ventre ? »,
J’examinerais les parcelles de mon corps et serais horrifié,
Puis...
Il sera là et me montrera,
Il sera là et me dira «
je suis là »,
Il sera là et me regardera comme un homme amoureux,
Où va-ton ?
Je me pose la question de notre avenir à tous, nous, qui vivons sur une île.
Parfois je me dis que nous avons de la chance detre loin des guerres qui font
rage ailleurs dans le monde car nous sommes trop loin pour être atteints puis
je me rappelle que nous vivons aussi des conflits, des conflits d’intérêts qui
détruisent notre savoir vivre, notre savoir-faire et l’avenir de nos enfants.
Pourquoi ? Suis-je si pessimiste ? Est-ce que j’ai baissé les bras ? Ais-je aban-
donné l’espoir ? Suis-je lâche? Suis-je pitoïste ? Je me voile la face ? Je me cache ?
Et pourtant je vois ce qu’il se passe sur mon île, je suis témoin de cette chute
mais je ne fais rien.
J’ai aussi un rêve ou plutôt des rêves alors j’oublie que je suis témoin de cette
fameuse chute et je pars dans mon rêve de bisounours dans lequel je me perds
et ne veux plus en sortir. Quand
j’y suis, j e rêve tellement trop que la frustration
me tend la main avec
vigueur. J’y retourne chaque jour dans ce rêve, j’en deviens
accro, il me faut ma dose sinon je tombe dans une spirale de dépression et me
rappelle que je vis sur une île égrainée par la corruption, les inégalités, l’injustice,
la violence, la rage et la mort.
LittéRama'OHi 8 28
Te'ura 'Opu'u
Serait-ce à moi de faire quelque chose pour améliorer les choses dans nos
vies ? Non je noserais pas, mon nom de famille ne signifie rien pour personne,
les gens m’oublierontdans la seconde comme à chaque fois. Non je n’oserais
clichés reviendront
pas, mon physique ne plaît pas. Non je n’oserais pas car les
au
galop comme un mustang. Non je n’oserais pas, je ne suis pas grandement
diplômé. Non je n’oserais pas, je suis bien trop banal. Non je n’oserais pas, je
suis bien trop occupé à vivre ma vie.
Allô lÂvenir as-tu de quoi nous aider ? Allô lÂvenir que nous réserves-tu ?
Allô lAvenir, Allô ? Allô ?
Lazare Paia
Pâtia àrai
E ai tu
purotuhara ’ia ooto te ta’i varovaro o te vevovevo o te reo o tô’u mau
tupuna, i te faauru vaa nâ te tuateaha o te moana nui o Hiva. 'E 'ia roaroa iti ae
au, te hôe o te ono faufa’a é, ei auvaha i te faufa’a i fa’aha’amà noa hia na, e 'ua
riro ei teoteoraa nô tatou i teie aru’i.
E aitu fa’ati’i râ i teie tau 'ia ooto te ta'i varovaro o te vevovevo o te reo o tô
'E inaha 'ia ui atu vau : « Tei hea roa te vàhi ho’ora’a raau i o nei, âniania ri’i
au ? ».
'E inaha, ua hàmani tô’u nâ metua i tôna rà’au, e tuu e ono ae tôpata tab i
roto i te hôe au’a 'ïrava e a
paraparau noa ai, fa’atere i te po'ipo’i, i te avatea e i te
ahiahi hou a tàmà’a ai..., teie te i’oa o te rà’au : «Àparau i tô be reo».
demain
t
LittéRama'OHi » 2M
Lazare Paia
Nô reira, b vai râ ho’i tâua i te pâpü bre i te parau o tô tâua reo, e mata na i
te hi’o i te teiteiraa o tô mou’a, té tâhirihiri ri’i noa ra â tô reva noa atu ïa e ’ua
taata, te reira i tâna tauto’ora’a, te reira i tàna rave a, te reira i tôna pùai,
te reira i
tôna anaanatae e i tôna itoito, nô te rahi o te aroha e te here ia tâua e te nûnaa
maohi, here i tô tàtou reo e b tei pau roa i te tïahihia e tàtou i ràpae i tô tâtou
mau utuâfare’Ua haamata ato a tàtou i te ha’amou haere i tei vai ra i roto i te aru-
taimareva,oia ïa : «’ia tu’u tâtou i te tahi reo e atu i nia iho i terà e terâ rà’au të
tïahi atura ïa tâtou i tô tàtou iho reo i vaho».
Dossier
Aux quatre coins de la Polynésie française, recevez mes salutations les plus
vives.
Lazare Paia
nuances de ta
langue en la parlant à tout instant».
Aussi, mes chers aînés, mes chers parents, savez-vous que des communau-
tés de gens agissent chacune à leur manière, leurs moyens, leur force, toutes ani-
mées de grande volonté et de bravoure, et d’un si grand respect et d’amour pour
toi peuple polynésien, pour que vivent nos langues si précieuses, que nous
avons
pour autant chassées hors de nos foyers.
Sans notre engagement à tous dans nos familles, le chemin vers nos langues
et par nos
langues sera le chemin d’un éclopé. Cela ne manquera pas d’alimen-
ter nos devinettes bien
polynésiennes : Je suis une personne à la langue
d’éclopé, qui suis-je ?
Peuple polynésien, veillez bien à suivre cette injection de rappel qui a pour
adage : «parler sa langue c’est signe de bonne santé pour un peuple».
Miranda
J’aime bien ce parc, surtout la nuit. On voulait un endroit calme, je crois que
c’est parfait. Il y a un banc au milieu de la promenade, éclairé par un lampadaire.
La lumière n’est pas trop forte, elle s’impose tout en laissant sa place à la nuit...
et à la conversation.
Ça fait du bien de parler, des choses importantes, des choses qui font mal,
des choses de rien.
On voulait courir au milieu des arbres, sauter comme des débiles au milieu
desjam, des palmiers et des flamboyants. Matari’i i nia est en pleine ascension
et les flamboyants sont en fleurs. De nuit, c’est magnifique un flamboyant en
fleurs.
Mais on a oublié de courir ; le lampadaire,
la lumière nous ont délié la
langue, tout en nous liant au banc, et on a oublié de courir.
L’angoisse est partie, même si on a oublié de courir. On a fait courir nos
langues et elles ont fait un véritable marathon. demain
t
LittéRama'OHi » 2M
'Orama fligou
“Caramels,bonbons et chocolats...”
Mâ'ohi tei here i te reo tumu o tôna fenua. Ta'ata hïmene 'e ta'ata
Moemoeà nô ananahi
’Ë ! »
Hora hitu. E haere i te bhipa i te fare ha’api’ira’a. Fârerei te mau hoa brome-
tua
ha’api’i.
« E aha tô be hum ? »
Tô ràtou ïa reo màtàmua nô te aroha mai iâ’u. Mûri noa mai ihoa, te mau
fa’ati’ara’a a’amu hope ore ïa. ’Aita e pau hà noa. E a’amu noa rà.
Steeue Reea
Ha’amata i te tai’ora a :
huru, ’oa’oa ânei, hepohepo ânei ! A faaafaro mai te pàpa’i ! A ’imi i te tab tano !
A hi’o i roto i te puta fa’atoro ! Te tamari’i e hina’aro e tai’o i tàna pehepehe, a tai’o
mai ! ’O vai të hinaaro ?
« ’O vau !
Moemoeâ
Dossier
E tâpae ihoa
E ti aturiraa mau
E moemoeâ tàm au
Tei mua noa iâ’u
Teie ao baba
Teie ao hâviti
Teie ao hau atu i te maita’i
Penei ae, e moemoeâ noa. »
Te hoa, ua ani au ia be e faariro tàua ? Pàhono mai nei be, e ! Te auraa ïa,
’ia pau anae be, e tàpe a ihoa ïa vau i tâ be pôro nâ u !
-
Fâfaru !
-
-
'Oia atoa, e'ita ihoa râ te fâfaru e ü !
Afa’i e atu i tà be fâfaru. A amu na i tâ be pipi!
demain
t
LittéRama'OHi it 2M
Steeue Reea
E’ita vau e amu i tenâ mâ’a. Ahani i ano’ihia mai te tahi maa raiti, ’ua amu
ri’iïavau.
-
Fàtata te fa aotira a ha api’ira’a. Të pàpa’i nei te mau piahi i roto i tà ràtou puta
faaueraa :
’Ë, ’ua ’ite a’ena ’outou, pau roa te mahana maha, e haere tàtou i haapu-
-
Dossier
« Aita atu ai ! ’Ua fa’aho’ihia mai ta matou hi’opo’ara’a reo peretàne, ’ua roaa
iau e
ahurumapae i nia i te piti ahuru. Eere i te mea au ?
-
Maita’i ri’i. Te tahi noa ma’a ohipa tei faaharaob iâ’u i teie mahana.
-
E aha ho’i ?
-1 terà taime ha’api’ira’a nümera, nà o mai te orometua ha’api’i ia mâtou ë,
’eiaha e parau tahiti, eere te taime haapi’iraa reo tahiti teie. ’Ua riri au iâna !
-
Aita ho’i au i parau a’e hôe parau. Te mea ïa ta u e riri maita’i ra.
-
Eere ihoa i te mea tano terà fa’ahepora’a tàna. Aita hôe a’e ta’ata e nehenehe
e
opani ia be i te parau i tô be reo. A ’ite ona a faabroma i !
’Ua ’ite au Pàpà.
-
Taime tâmâ’ara’a. ’Ua pô. ’Ua pa’ia ato’a. Të hina’aro ra b ’aiü mà i te tahi
tu’ura’a piri. Nau te reira e ha’apa’o :
« E ta’ata iti huruhuru vau. ’O vai au ? »
Të tâpiti
atu nei i tà’u pàhonora’a : Aita ! »
Tiare’ura :
Steeue Reea
«
Mea, mai te peu pa’i e ere i te animara, e ere ato a ïa i te animara ha’avare !
'O be rahi !
-
E rave ona i terâ tao’a nô te tàmâ i tôna fare. Terâ pa’i raau e huruhuru
manutô niaiho ! »
Atara’a ïa b Tiare’ura.
« Terâ tâna i tâmata ato a i nia i tô be avae nô tô be fa’aro’o bre ?
-
Aita Tiare’ura.
-
’Ua oti ! E piti pàhonora’a tà orua i hôroa. Të hôro’a atu nei i te pàhonora’a
tano. Terâ ta’ata iti huruhuru, terâ ïa ta’ata iti tà orua e haere e ti’i i teie nei nô te
Nà reira ïa Mâmâ. »
’Ua hora iva i te pô. Të haere nei e apà i ta u nâ tamari’i hou râua e ta’oto ai.
Ahi’o ia Tiare’ura, të tai’o ra i tâna puta.
Ahi’o ia Manatea, të ha’uti ra i nia i tâna màtini roro uira.
Ha’amana’o i te reo o tô’u mâmâ. Tô’u ato’a ïa reo i terâ taime :
«
Bonjour Papa, t’as bien dormi ? »
M3
Marine Taea Dossier
Passionnée de lettres,
l'auteure dévore les livres depuis sa tendre enfance.
Enseignante par conviction
et oeuvrant dans diverses associations,
Et demain
demain
Quel gain ?
Quel intérêt à toute cette souffrance ? t
Quelle perte....
LittéRama'OHi « 2M
Marine Taea
Si loin
Seule.
M5
J'eus un pays
ce
qui frappe c est lordre
l’ordre et l’espace
l’ordre et le silence
l’ordre et la paix
l’ordre comme un moule dans lequel tout se restreint s’éteint se tait
l’ordre comme une insulte à l’humanité affaiblie atrophiée abolie
l’ordre comme un oubli un défaut un vide
je me souviens
j’habitais encore mon pays comme mon pays m’habitait
inconsciente de l’impitoyable trame qui s’ourdissait et
qui changea bientôt le
cours de nos existences
inconsciente
comme nous tous
non
pas inconsciente
échouant à imaginer qu’un projet aussi dément puisse naître de cerveaux
humains
malfaisance achevée absolue aboutie
demain
une
qui entend soumettre un pays aux griffes assoiffées d’une poignée de rapaces
t
impatients de se défaire de toute contrainte limitant leurs vastes voracités
LittéRama'OHi tt 2M
Chantal T. Spitz
lesinégalités qui déséquilibrent notre société sont bien plus intenses que les
élucubrations d’une bande d’ultralibéraux qui désirent fonder une nouvelle ère
chômage massif
richesses bedonnantes pauvretés bouffies
violences physiques sexuelles contre les enfants les femmes
obésité morbide cancers diabètes maladies cardio-vasculaires en
explosion
déracinement des populations
Dossier
je me souviens
j’habite encore mon pays comme mon pays m’habite
les perdants des élections orchestrent des manifestations financées
par
NoFrontiers
des grèves paralysent l’économie du pays
les pénuries s’organisent
les misères s’étalent
les violences s’enflent
Chantal T. Spitz
de tortures murmure-t-on
couvre-feu perpétuel
interdiction de s assembler de circuler
mon
pays ressemble à tous les pays
qui n’ont pour eux que leur taille modeste et leur éloignement des continents
proies faciles pour les grands prédateurs
on murmure
que l’état d’invasion a passé contrat avec NoFrontiers
qui prend le pouvoir dans l’île principale
et lui laisse le reste du pays
Dossier
nous avons
disparu de notre pays
parqués dans des camps d’habitation
entourés de grillages électriques
survolés de drones de surveillance
laisser passer obligatoire pour sortir de notre enclos
afin de servir les nouveaux maîtres
esclaves emprisonnés sur notre terre
mur
végétalisé florissant
qui empêche tout contact avec les étrangers
nous
éradique du monde des vivants
certains sont traités mieux que nous
je me souviens
j’eus un pays
demain
t
LittéRama'oHi » 2M
Odile Purue-fllfonsi
I te tikita’i a
paega o te oraga, mei te toromikiraga ki te taigoregore, e maka-
rakara te ae ki Apopo. I mua roa ki ana noti : Mei te toromikiraga tae-
ta aga me
Meara kotou nei ? Etagi ana kotou me kite te ’aga moru no Apopo ?
Apopo ! Kakore anei ko te ta’i ta iaairaga i ta ’ia ki roto i te ta’i taviriviriraga otiga
kore ?
LittéRama'oHi « 24
Odile Purue-fllfonsi
Enfant, j’entendais déjà ma mère : « Aiu ! Eécole est ton avenir, il faut bien
car c’est ton Demain ! » Sans vraiment être consciente de la
travailler à l’école,
rêve, le même raisonnement qui ressurgit : Que faire de ma vie sans l’autre !
Vais-je la partager encore avec un autre partenaire ? Ou pas du tout ?
En fait, de prime abord, on pense toujours à sa sécurité personnelle et en
Dossier
demain
t
LittéRama'OHi # 2»
Clothilde Grand
Mariée à Simon Grand depuis 1974. Elle est mère de trois enfants :
Moeava 34 ans, Vaitea 29 ans, Heinarii 24 ans et grand-mère de
deux petites-filles : Moehei 11ans et Teavai 4 ans.
"Des mots pour prévenir les maux", voilà son message comme un
écho à "Des mots pour soigner les maux" de son très cher ami
Patrick Amaru.
Et demain...
Et demain, que deviendra la terre de nos enfants, vidée, bâtie, souillée par
une élite ? Que
deviendra ce sol inégal où l’or s’est transformé en purins ? Où
certains crèvent de faim et où d’autres se gavent ?
Dossier
demain
t
LittéRama'OHi s 2M
fTlirose Paia
E ananahi mau ?
I tô matou tau,
E’ita be e ’ite i te tamari’i ia pàhonohono i tô ràtou metua,
Fârerei be ta be i mua i te ta’ata, e’ere i te ha’amà nei !
Ananahi,
Nâ te tamari’i e haamâmü i te metua, ’ia bre,
Fârerei te mau metua i te fa aru’ehia.
I tô matou tau,
Aita tà te tamari’i e
parau, ’aita i ’ite i te ha’apa’ora’a,
Te fa’aro’o noa tà te tamari’i, tiràrà atu ai.
Ananahi,
Aita ta te metua e
parau, b vai ho’i be ?
Te mâmü noa ta te metua, ’ei aha nà ’oe ’ia parau mai !
I tô matou tau,
Aita e ta’oto maorora’a,
E péte mata, e màu’a te ao.
Ananahi,
Ta’oto i te ao, ara noa i te pô,
E pë te vaha i te ao noa, e màu’a te pô.
57
Dossier
I tô mâtou tau,
Pa’ari te tua i nia i te mahana, pau i te naonao,
Te pütë pühà i nia i te tua, te maihoa ’ia maraa
Ananahi,
Paari te tua i te pàrahi noa, pau i te rao,
Te tino iho të horo, e’ita e maraa fa’ahou.
I tô matou tau,
Hô e tâpü faraoa, auë ïa ma a fa ahiahia !
la bre anae, rao’ere tâporo noa ihoâ ïa.
Ananahi,
Faraoa ? E amuhia tenâ mea ?
E pa’ia noa vau i te rao’ere.
I tô mâtou tau,
E ao te pô i tai i te aau, ’aita e ta’ira’a,
Aita i màuruuru ra, a au noa ïa è uta roa.
Ananahi,
E pô te ao i te overe noa ra’a,
Nâ uta i te au ma’au noa atu i te aau, e ta ata fa’ahiahia roa ïa be.
I tô matou tau,
Va’u matahiti, e ama tâ be auahi, tâ be mâ’a,
E ma te aua, te au’a, te ahu, te ohure piripou
Ananahi,
Maa ta’a noa, pata atu ’ama mai
Aita â i repo ua ma aena.
I tô matou tau,
EIôe ’ahu, e toru ïa mahana ë a pua atu,
Toru noa ahu ë ohu noa ai ë marau roa atu.
Ananahi,
Hôe ’ahu i te hora, mea roa roa ïa,
Mea fa’aru’e roa ïa ahu ’ia oti i te ’omo. demain
t
LittéRama'oHi » 2m
fTlirose Paia
I tô matou tau,
E ha’uti, e ata, e ta i, e moemoeâ na matou nâ roto i te reo tupuna
Vevovevo te uru meia, te pô ana mâpé, te âhua i te reo pâteitei
Ananahi,
Tôpapaa, tômaohi, tôtaitai, tôorooro tô terâ e tô terà reo
lavevovevo noa ai te rorouira i te reo tupuna, te reira a’era.
E’ita e bre ë,
Tô ananahi ra,
Të tupu ra i teie mahana,
E aha ïa te huru
Ananahi mau...
Mokorea
Malissa Itchner
LittéRama'OHi » 2M
Patrick 'flmaru
Te nunaa e te Manahune
E âai iti teie i
tupu na i te tau a âuiui mai,
I te tahi motu i te atea, atea roa
I te hiti poto, potopoto o te moana a Vàhi...
E motu iti heeuri mau teie motu.
Ua api ino roa to na mau faa i te mau maitai mai te ià hinuhinu ra.
E ua tara to na mouà teitei roa aè mai te tara o te ià ra te Tatihi.
I mairi-atoà-hia ai o ia i te iôa ra o Tatihi.
Te faatià-atoà-hia nei,
E potii huiarii, aore ra e tuna teie motu i tahito ra,
E pàinu mai, na te hitiraa o te Râ...
ua
Les vallées étaient emplies de richesses, de nourriture comme un poisson bien gras.
La montagne la plus élevée s’érigeait comme la nageoire de ce poisson, le Tatïhi.
Et c'est ainsi que cette îlefut appelée Tatihi.
On raconte aussi,
autochnes
Ou une anguille qui avait dérivé du côté où Râ, le soleil,se lève...
C’est ce que racontaient les tahuà, les spécialistes.
THréations
LittéRama'oHi it 24
Patrick 'Hmaru
Ariroaieiài, eiâai,
Ei àmu, ei âamu,
Ei màa, ei tâmâaraa na te taatoà
I topa ai ràtou i to râtou iôa Nunaa.
Patrick 'Hmaru
te Nunaa e o Manahune
No reira, ua âpiri, ua âpiti o
Mai te maire piri a mato i te peho
I tümahorahora ai te Hau i te tua o teie motu.
65
autochnes
Comme lefougère accolée à la parois rocheuse des vallons.
Et la Paix se développa magestueusement dans cette île.
TSréations
UttéRama'oHi » 2H
Patrick 'Hmaru
Te hièraa i te ao
Te tahi hiôraa.
E faaroo-pinepinehia te metua paari i teie motu, ia parau e :
Auë, ua hotu mai o Tane !
la hiôhia atu râ, eere i te taata,
Eere o Tane, e tumu ùru râ !
Un exemple.
On pouvait entendre souvent dans cette île,un ancien s'exclamer :
Aué, Tâne (Tâne est un prénom U!) a donné beaucoup defruits !
En regardant de plus près, personne,
Pas de Tâne, (aucun être humain U!) mais un tumu ùru, un pied d’arbre à pain !
autochnes
réations
LittéRama'OHi # 2H
Patrick 'Hmaru
Parau faaararaa
E âai iti hoàta noa teie lapeà Hü e Amene Noa... eere i te âi tumu!
o
No reira, iaâputa mai i roto ia outou, te hôhoà ânei o te tahi taata, aore ra, o te
tahi pupu taata, te parau ânei o te tahi ôhipa o tei tupu na, o te tupu nei, a faa-
riro te reira ei hapetanoraa...
Te nunaa e te Manahune.
Te hiôraa i te ao.
69
Et ce conceptfondateur
A guidé, aorganisé la vie de Nunaa.
Et ceconcept de base a aussi incité Nunaa
A ne pas marchander la terre.
Ceci n'est qu'une petite histoire amusante ...ce n’est pas une vérité!
Toutes ressemblances avec des personnes, des groupes depersonnes, desfaits ne sont
que pures coincidences.
autochnes
réations
LittéRama'OHi » zm
Loïc Li
Derniers mots
Admiration secrète
autochnes
BTréations
LittéRama'OHi a zh
Loïc Li
La course
Hokunui Clouer
Te reva ra vau
Tenevaravaue
ua motu te ori
e tona mauiui
te taui ra te ori
b tau tupuna
tei haere i ni’a i te to a
te mauiui ra te va’a
te mauiui ra te to’a
Te neva, te neva ra vau e
te mana i te peu matamua
mai te ’avae i te rima
te heva nei au i te ori
tei mo’e atu i te ’irita’i
autochnes
mai te va a o to’u metua tane
ta’u i vaihohia
atu e
painu mai te tai i tuo i mûri i te a’au rau
Aue! E te maemae e
te
te
neva rau e
Hokonui Closer
Rouge
Qui est donc ce rouge qui t’importait tellement ?
Est-il joie?
Est il peine?
I Danièle-Taoahere Helme
Je ne sais pas dire. Pour guérir les mots, je me façonne avec la
Il y avait un ciel et des lunes depuis que j’avais glissé la pirogue de ma vie
vers le rivage de Ao Te AroaJ avais mis dans ma valise, une bobine de souvenirs
enroulée dans des images du passé. Les photos de mes enfants dans mon cœur,
les ramées d’expériences avec ses plongées et remontées. J’avais acheté chez un
marchand d’espoir la carte de mon ciel pour conforter que la “Bonne Aventure”
pouvait prendre son cap, mon oracle intérieur disait de lâcher les amarres, c’était
le 22 septembre 2004.
Le voyage avait permis de déposer ce que je n’avais pas su dissoudre et qui
revenait tâche d’encre refaire surface avec des questions qui n’alimentent que
en
J’avais suivi les racines de Kea, dans la région de Wellington et Kapiti avait
ouvert les bras de Paraparaumu pour tenter l’aller simple.
Sur “Kapiti road” la grande voie qui conduit vers la plage, j’avais trouvé un
t/3
“Unit”, logement jumelé, deux chambres, avec des contrastes dans les propor- tu
fl
tions, cela faisait l’affaire. Une grande chambre comme je les aime avec cette O
Danièle-Taoahere Helme
Kea avait
apporté au jardin la touche artistique colorée, c’était sa façon
d’écrire à la terre
ce
que nos plumes disent au papier, sa vision du monde. Il
m’avait permis de croire à ma remontée pour ne pas rester en apnée du passé.
L’état de santé avait été le déclencheur et un résiduel de mal vécu, venait en
que j’espérais, j’aimais moins ces voitures, elles semblaient rouler en contre-cou-
rant, cependant j’allais être vite projetée dans ce contresens. Je pensais différer
cette étape mais les navettes vers l’hôpital étaient bien vite venues bousculer
mes hésitations. Ce
qui est élémentaire pour certains trouve sa complexité
lorsque l’orientation et vous ça fait une équation à plusieurs inconnues et je
n’avais pas à ce moment-là le fameux GPS !
Lorsque l’image des amis s’estompe, que ton regard s’amuse avec les res-
semblances, que tu frémis intérieurement parce que sur un front tu mets une
étiquette avec un prénom familier à des inconnus qui traversent le “mail” ou
ton quotidien, simplement pour avoir l’impression d’avoir mis ton monde dans
la valise !
Et puis vient l’accent quand tu prononces ton anglais, persuadée que tu as
épousé leur langage et qu’invariablement, la question vient démolir ta théorie :
D’où as-tu ton accent ?
autochnes
Déposer du baume,
Calmer la douleur humaine,
Dans sa blessure identitaire.
Créations
LittéRama'oHi « zm
Danièle-Taoahere Helme
Dans un monde en
déportation,
Pourquoi des hautes tours
Dans un cercle monétaire,
j Ryan Li
Elève en Terminal S à Raapoto, il aime les sciences et les mathé-
matiques. Après son bac, il compte faire une Prépa maths en Mé-
tropole. Si les maths et les sciences sont une part importante dans
sa vie, Ryan pense pourtant que la poésie a toute sa place dans le
Ma muse
autochnes
Envoûté de par son œillade meurtrière.
Les nippes et souliers éculés de la belle
Font sa pieuse splendeur. Diable ! Elle m’ensorcelle !
Qui est-ce ? Une ondine ou une âme de Dana ?
Non, il s’agit là d’une fille de Dagda ! réations
LittéRama'oHi » 24
Ryan Li
Maria
Soir du 13 août
autochnes
Blréations
Malissa Itchner
83
flicolas Hurtovitch
Les invisibles
invutetérss
reposent leurs visages
K
LittéRama'oHi tt 24
flicolas Kurtouitch
une ombre
se
glisse à l’aplomb du gratte-ciel
une voix s’affranchit
invtés
se tiennent au cœur
flicolas Hurtouitch
je l’ai entendu
Southbend-Chicago
elle convient au voyage de retour dormir puis contempler
un
paysage de bois et de fermes l’allure du train sera
comme une marche en Montagne Froide pourquoi pas
ingjvyutteérss
LittéRama'OHi u 2*4
Hu'ualoha Ho'omanauanui
Matavai wedding
a
midnight wedding
onMatavai bay
spoutingfire
like to'ere drums ofthe gods
89
Toa
Hu'ualoha Ho'omanamanui
invtés
nà pua purau o Vaimâ the hau blossoms of Vaimâ
e lanaau i ka ‘ili wai float serenely on the water
Buteurs
LittéRama'OHi » 2M
Rrnaud Chollet-Leakava
Le cri du Tapa
Peter Sipeli
We are inmourning!!
My eyes cannot weep enough tears
My hands cannot carry enough hurt
My arms are heavy, my heart is heavy
I have no words when I think ofthe rape and murder
And violence and pain
I have no wordsfor there are no words to truly respond
To that atrocity
95
invtés
A la violence et à la douleur
tueurs
LittéRama'OHi # 2M
Peter Sipeli
We must say a small prayer to farewell the lost spirits back into the light
Peter Sipeli
Stop prayingfor the next life, cause this one is bad asfuck and we,
We gotta stick together!!
All we got is each other,
God is not here
It is only us!!!!
Quand je pense aux anciens de Papouasie occidentale,
Je pense au poids de la tristesse,
S’abattant sur eux comme un dieu en colère chevauchant son peuple pour le
plaisir.
Cette tristesse physique qui se niche dans votre poitrine et vous interdit
De respirer profondément...
Les aînés doivent vivre dans la peur, effrayés de perdre tout ce
qui leur appartient.
Alors qu’ils traversent les eaux calmesde la vieillesse,
Leur plus grande tragédie doit être de témoigner
De la mort de leur peuple et de l’assujettissement de leur culture.
Où est l’Eglise ?
Où sont les religieux ?
Arrêtez de prier pour cette vie à venir, car celle que nous vivons est mauvaise,
et nous,
Malissa Itchner
Hotu vahiné
D'un numéro à l’autre, la revue continue d'explorer la société
contemporaine de la Polynésie française au travers de thèmes,
qui accompagnent les réflexions de ses citoyens. L'association est
particulièrement heureuse d'accueillir dans ce numéro le texte de
deux élèves du lycée Samuel Ra'apoto. Une place est offerte comme
d'habitude aux auteurs invités qui nous font l'honneur de partager
leurs écrits d'au-delà de l'océan.
2 000 Fcfp
ISBN 978-2-9164.11-10-0
Et pour en revenir aux premiers
objectifs, c’est avant tout de créer un mou-
vement entre écrivains polynésiens.
Les textes peuvent être écrits en français, en tahitien, ou dans n’importe
quelle autre langue occidentale (anglais, espagnol,... ) ou polynésienne (man-
garévien, marquisien, pa’umotu, rapa, rurutu... ), et en chinois.
Toutefois, en ce qui concerne les textes en langues étrangères comme pour
ceux en reo ma’ohi, il est recommandé de les
présenter dans la mesure du pos-
sible avec une traduction, ou une version de compréhension, ou un extrait en
langue française.
Invitation au
prochain numéro :
Ecrivains et artistes polynésiens,
cette revue est la vôtre : tout article bio et
biblio-graphique vous concernant,
de réflexion sur la littérature, l’écriture, sur la langue d’écriture, sur des
sur
auteurs, sur l’édition, sur la traduction, sur l’art, la danse,... ou sur tout autre
sujet concernant la société, la culture, est attendu.