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Littérama’ohi
Numéro 1
En partenariat avec
^citA ^ Zp ™6
Revue
Littérama’ohi
Kame^
dey Littérature/
Polyv\é4ter\r\>e/
Membres fondateurs
Patrick AMARU
Michou CHAZE
Flora DEVATINE
Danièle-Taoahere HELME
Marie-Claude TEISSIER-LANDGRAF
Jimmy LY
Chantal SPITZ
1
LES AUTEURS DE LITTERAMA’OHI : N° 01
2
Littérama'ohi
3
SOMMAIRE
PRESENTATION DE LA REVUE
Flora DEVATINE
INTRODUCTION
Bertrand-F. GERARD
Bernard RIGO
HOMMAGE
Michou CHAZE
4
Une revue littéraire polynésienne existe.
Son NOM est
Littérama'ohi
Te Hotu Ma'ohi
Patrick AMARU,
Michou CHAZE,
Flora DEVATINE,
Danièle HELME,
Marie-Claude LANDGRAF,
Jimmy LY,
Chantal SPITZ.
« Littérama'ohi »
pour l'entrée dans le monde
-
« Littérama'ohi
Ramées de Littérature Polynésienne
Te Hotu Ma'ohi »,
5
Sont :
« - écrivains originaires de la
de tisser des liens entre les
Polynésie française en leur offrant un espace de rencontre, de
partage, de découverte, de soutien, d'encouragement mutuels,
6
La Revue :
En 4°
de couverture une œuvre d'art (une
page
gravure, une bijou d'art, une photographie d'art
sculpture, un ...
excessif)
Et en 3° de couverture, le titre de l'œuvre d'art avec
-
7
Les auteurs d'articles
Destinataires du N° 1 de la revue:
Universités : 3 ex.
Presse : 5 ex.
8
Archives et bibliothèques : 5 ex.
« Littérama'ohi
Contenu du Numéro 1 :
9
Conteurs, poètes traditionnels, compositeurs de chants
traditionnels, chants lyriques, des artistes peintres,
de
photographe, des auteurs ayant déjà publié, des auteurs
ayant participé à des concours littéraires,(de l'Académie
Tahitienne, du Prix du Président, des Nouvelles, du Salon
d'Ouessant, de la Maison de la Culture...), des auteurs prêts
pour la publication, des chercheurs polynésiens jeunes et
moins jeunes, des étudiants,...et des amis invités à s'exprimer
dans ce premier numéro de
Littérama'ohi.
Et bonne lecture !
10
Ecrire à Tahiti.
écriture d'auteurs.
11
usages, mais elles ne nous disent pratiquement rien de leurs
auteurs, l'expression subjective trouvant à s'y dissimuler, se
masquer, derrière un savoir ethnohistorique et des enjeux
statutaires ou Tati sont plus explicites, il y
fonciers. Les lettres de
exprime certaines inquiétudes, agacements ou satisfactions, mais
elles n'étaient pas destinées à être publiées et malgré leur
caractère privé demeurent sous l'emprise d'une grande pudeur
quant à l'expression des sentiments.
Ecrire, prendre le risque d'écrire en première personne fut-
elle dissimulée sous le nom d'un personnage de roman, les auteurs
polynésiens ne s'y aventurent que depuis peu de temps. Je me
souviens de l'hésitation de Henri Hiro lorsqu'il fut sollicité de
traduire du français en langue tahitienne la présentation d'une
conférence pour le bulletin de la MJC de Paofai, je lui enjoignis
alors de ne pas traduire mon texte mais d'exprimer par écrit, ce
qu'il ressentait de l'argument de cette conférence. Il fit les deux,
établit la traduction de cette présentation insipide et livra un texte
faisant état du désarroi profond qu'il en ressentit. Ce fut me
semble-t-il le premier texte qu'il publia. Un texte oublié... pas tout
à fait, je le donne à lire et à commenter à mes étudiants depuis
lors en quelque sorte comme antidote aux enseignements qu'ils
reçoivent par ailleurs. Certains d'entre eux en tirent la leçon qu'il
n'y a pas de réhabilitation possible du passé ; le passé s'élabore au
présent ce qui pour la littérature peut faire point d'appui.
Nous étions en 1974, quelques années plus tard, Charles
Manutahi publiait ses premiers poèmes, bientôt suivis d'autres
ouvrages dont la quatrième de couverture fait rappel de mon nom.
S'agit-il pour autant de moi ? On peut l'imaginer et qui
l'imaginerait ne pourrait que se tromper : le rappel de ce nom est
rappel d'autre chose. Il s'agit d'une discussion qui s'est tenue il y a
près de trente ans sur le retour de la Papenoo. Il y fut moins
question de ces anfractuosités des falaises susceptibles de receler
des objets du passé, que du désir d'écrire qui s'en imposait.
12
publié des lettres françaises. Le regard de l'Autre donc comme
désir de ce qu'il dégage d'autorité et dont l'effet fut de stériliser sur
pas encore : des noms qui signent des témoignages, des romans,
des poèmes, des prières, des pièces de théâtre et combien de
textes encore inédits ? Un plus-tard donc déjà en mouvement.
Bertrand-F. Gérard
13
Lesphilosophes, bien souvent, écrivent mal. Littérairement
s'entend. Dès qu'ils écrivent bien, on ne les comprend plus. Lourde
clarté de Descartes ou de Kant. Fulgurances obscures d'Héraclite
ou de Nietzsche. Eloquence suspecte de Rousseau. Ceux-là mêmes
qui écrivent trop bien, n'accordent-ils pas trop à la forme pour être
autre chose que de piètres penseurs ? Le bon sens doit concéder,
toutefois, que, s'il suffisait d'écrire mal pour penser bien, le monde
tournerait différemment...
14
communiquons les nôtres ? ».
15
question est là, par quelle magie les personnages médiocres d'une
histoire médiocre peuvent-ils constituer le fond d'une grande
œuvre ? La réponse est simple : ils ne le peuvent pas. En quoi
16
pourtant enfin leur dire que, par exemple, Baudelaire n'est pas
forcément sympathique, que ses pensées sont souvent
réactionnaires et misogynes, et ajouter - car c'est bien là
l'essentiel - que ces considérations sont anecdotiques et hors
sujet : indépendamment de cela, Baudelaire reste l'un des plus
grands poètes modernes...
Il n'est de littérature que dans la fonction poétique, au sens
donné par Roman Jakobson. Ce qui compte, ce n'est pas ce qui est
dit, mais ce qui se dit. Le message n'est pas texte mais prétexte :
le fond n'est pas le vrai fond. Si Flaubert voulait seulement décrire
la vie d'Emma Bovary, il n'avait pas besoin de faire passer sa prose
à l'épreuve de son gueuloir : une phrase n'est acceptée que si,
gueulée par son auteur debout devant un pupitre, elle passe
l'épreuve de l'oreille et du souffle. Par quoi, on peut voir, en
passant, à quel point tout débat entre oralité et écriture est vide de
sens : la littérature existe dès que, orale ou écrite, la phrase,
n'étant plus simple instrument au service d'un message, devient la
matière même et la finalité de l'activité littéraire ; elle ne dénote
plus, elle s'impose en imposant sa réalité même. Elle ne veut rien
dire, elle se fait entendre en tant que telle. Par là, elle ne dit pas
rien, elle dit, enfin, autre chose parce qu'elle dit autrement. La
littérature des écrivains est cette capacité à dire autrement, tout le
reste est... littérature pour les écrivants qui distinguent fond et
forme, séparent le message des mots et, ce faisant, retirent aux
signifiants toute valeur. L'écrivain prend les mots au sérieux : sa
liberté souveraine, ce n'est pas de les instrumentaliser dans une
syntaxe commune, c'est de composer avec eux une syntaxe qui,
par elle-même, fasse sens. Sa priorité est comment dire. C'est bien
la raison pour laquelle Mario Vargas Llosa a, en même temps,
raison et tort : la littérature est la liberté même. Le roman n'est
qu'une de ses modalités particulière, historiquement datée et
géographiquement circonscrite. Contre l'étymologie, la littérature
ne se confond pas avec l'écriture : bien des écritures n'ont rien de
que de faire en sorte que quelque chose se dise ; bref, dès qu'il
prend les mots au sérieux, il entre de plain pied dans la
littérature : il réussit ce tour de force, dans l'oralité, d'assurer une
permanence de la parole, par ses effets de résonances intérieures ;
dans l'écriture, d'assurer la présence d'un auteur absent, grâce à
un timbre unique.
17
Littérama'ohi, j'aime le mot comme j'aime tous les
néologismes, dès qu'ils disent quelque chose qui ne se disait pas
avant.
Le 6 avril 2002
Bernard RIGO
18
« Comment j'écris ? »
Cette question posée comme s'il fallait qu'on soit tous dans le
même moule !
Ah là
là ! Qu'est-ce que cela m'agaçait aussi de faire un
devoir de français « à la mathématique » ! S'il y a 15 lignes dans la
première partie, il en faut aussi 15 dans la deuxième... N'importe
quoi ! ! !
«
Quasi absence d'ouverture dans la conclusion H!
Trop juste, trop juste !... Aucune méthodologie ! »
pourtant U! »
19
Ça m'est difficile de répondre à cette question, de constituer
un texte, d'écrire sur « Comment j'écris ? »,
Car
tout remonte, toutes les frustrations qui me sont
propres,plus celles que, chaque année, quasiment chacun de mes
profs, depuis la Sixième, a soigneusement confectionné,
simplement créé pour moi,
Pourquoi je pleure ?
Car
je m'aperçois que quand je la traverse et que je pense :
«
est ! J'ai réussi ! », et que je crois que j'ai dépassé le cap,
Ca y
je la retrouve, la même souffrance, sur mon chemin, plus tard, à
quelques mois.qui suivent, voire quelques années.
20
cette gorge, là où la parole sort, au bout du chemin du souffle qui
donne la parole.
21
A l'oral, c'est cette gorge qui transforme la pensée et qui
l'étouffe encore.
Quel bonheur ! ! !
Il m'arrivait de penser, ça
c'est vrai, que si un Prince, au
bout de cent ans, allait venir me réveiller, ce serait
mille ans,
quand le monde aura changé, mûri, quand il aura cessé de se
moquer ou de tuer l'expression par des formes, quelles qu'elles
soient à respecter !
Mais ce n'est qu'un rêve !!! Le monde est ce qu'il est ! Je suis
ce queje suis !
Bref, jusqu'à présent, je n'ai pas répondu à la question :
c'est bien moi, ça aussi !
Comment j'écris ?
22
J'écris en bloquant « l'intellect ». Cet intellect qui me trahit,
qui est source de frustration.
Mafaru.
23
L'écriture est une trace visible faite, laissée, donnée.
L'écriture est une transcription de signes, de lettres, de
chiffres, de symboles.
J'écris pour être lue, être comprise... J'écris pour produire,
reproduire... J'écris pour communiquer.
Mais qu'est-ce que j'écris ?
N'importe quoi, ce qui me vient à l'esprit, ce que j'ai envie
d'écrire, ce que je ne peux pas écrire à haute voix ou encore ce
que j'ai élaboré mentalement.
Comment j'écris ?
Avec une force motrice comme mes mains!
J'écris à l'encre, j'écris avec les touches d'un clavier, j'écris
avec de la peinture, j'écris avec une pression exercée dans le
Namoiata TETUANUI
(étudiante en Licence d'Anglais, Besançon 01/04/2002)
24
Société à Tradition Orale ?
L'oralité ?
25
D'ailleurs, parler, c'est écrire dans la pensée des gens qui nous
écoutent, c'est imprimer une parole dans la mémoire des gens.
J-D Tokainiua D.
26
Existe-t-il une littérature polynésienne ?
27
de Polynésien, avec une âme de Polynésien, mais pas en langue
polynésienne, est-ce de la littérature polynésienne ?
Polynésienne. L'adjectif porte en lui-même la pluralité.
La Polynésie a été explorée, et influencée, au cours des siècles
par des navigateurs espagnols, anglais, français...
( Et d'où viennent les Polynésiens ?)
Ces rencontres ont façonné les Polynésiens, qui les ont
parfaitement intégrées. Elles font partie de leur histoire. C'est leur
culture. C'est notre culture !
28
/4 <%uoi rent'd ci écwie ?
L'écriture est avant tout fonctionnelle. Elle permet de trans-
mettre un langage qu'on peut orienter de multiples manières en
zones sensibles.
29
Je n'ai pas une définition précise de l'utilité de l'écriture. S'il
fallait en j'écrirais que comme tout mode d'expression
choisir une,
achevé ou non, le fait d'écrire peut donner le sentiment d'exister
pleinement. Je ne sais si on peut y voir un rapport direct avec la
liberté mais les deux notions ne semblent pas incompatibles.
30
en a qui me tiennent particulièrement à cœur : les systèmes
deux
agricoles anciens (période pré-européenne) et l'adoption en
Polynésie. Le premier est « en devenir » entre un mémoire de DEA
qui se termine et une thèse qui va bientôt commencer. Quant au
second, il est contenu dans un roman dont la conclusion a du mal à
s'écrire.
31
@ était le début de l achèvement de mon puqqle. Çe n en connaiccaic pac
lec nèqlec et j ai eu au peu de tuai à lec appnendne. Ae chapitne de la
filiation a été panticuliènement dmicile à line. *11 était éenit avec une
qnammaine totalement di^éneute de celle que je connaiccaic. T^an la {pnce
dec évèuemeute. j ai dû névicen la valem de centaine venbec comme
« accepten » et comme « compnendne », entne lecquelc c ect dneccé un mm
quil m 'a {jollu abattne en abandonnant nombne de convictionc et de
pnéjuqéc. Çe fiencaic que ma déecce me coujfjflenait la néponce cm le
pounquoi de mon hictoine. maie elle m a nenvoyé au minoin de l existence
qui. lui. m a boucculé en me pnopocant le comment de la cuite dec
évènementc. Ae chapitne cm lec nappante au monde c ect avéné panjpic
chapitne le filue émouvant ect celui de notne nencontne. "Depute dec annéec.
je monnaie d envie de te voin. Ç en avaic piem aucci. Ç avaic piem de
netounnen venc toi j 'allaic venc ma bleccune
ponce que je eavaie que
ccfutifiue. »
Mickaelle-Hinanui CAUCHOIS.
32
Cartron Nicolas : né en 1979 à Vannes (Bretagne).
Brièvement français, en suivant mes parents j'ai rapidement adopté
une existence insulaire me promenant des Antilles à la Polynésie.
Actuellement étudiant à l'Université de Polynésie Française, c'est un
professeur motivé et motivant qui m'a jour mis en présence des
un
richesses de la littérature polynésienne. Depuis, je tente de mettre
à jour les multiples facettes de cette culture qui m'apporte
tellement de joie...j'espère ne jamais y arriver.
Littérature
polynésienne...comme l'idée est étrange, presque
amusante expression ne renfermait pas une réalité trop
si cette
longtemps oubliée.
Littérature polynésienne, rumeur sourde qui depuis trop
longtemps ne demandait qu'à éclater.
C'est en cherchant
jour /7/e des rêves écrasés de Chantal
un
J'ai finalement retrouvé L'Ile des rêves écrasés. Je l'ai lu. Je l'ai
relu.La dernière page accomplie, il ne restait en moi qu'une
immense confusion. Pourquoi ? Pourquoi ce livre reste-il oublié ?
Qui l'a écrit ? Quand, pourquoi ? Et surtout, y en avait-il d'autres ou
n'était ce là que l'éclair fugitif d'une plume qui ne faisait que passer
dans une culture que l'on m'affirmait orale ?
A ces questions on répondait généralement : « La culture
polynésienne est basée sur l'oralité, c'est pour cela que personne
n 'écrit... »
La littérature
polynésienne s'est un jour révélée à moi.
Jaillissement puissant d'un monde ignoré...d'un monde refusé.
Entre ceux qui la désavouent gt ceux qui voudraient la voir recluse
dans une expression exotique, la littérature polynésienne existe,
étouffée, aux aguets, elle existe bien.
33
Prisonnière de son dit, Tahiti n'avait pas le droit à son écrit.
L'écriture polynésienne jure avec cette image de lagons, plages de
sables blancs bordées de cocotiers. Oui Tahiti c'est ça, seulement si
on ne reste que sur la plage. Mais si d'aventure on décide de
regarder derrière les cocotiers, on découvre Tahiti dans son
essence.
Littérature polynésienne, refus du mythe. Le Tahitien écrit.
L'écrit prolonge les paroles de l'orateur, leur crée cet écho qui les
pousse hors des limites du forum.
Il est temps de reprendre la parole...qu'elle que soit sa forme, il
est temps qu'elle rejaillisse des coeurs trop longtemps aliénés par le
mythe.
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langage, renouvellement perpétuel des idées. Création d'un espace
ouvert à tous ceux qui ont leurs mots à écrire.
reconnue par les siens. Mots oubliés sur des cahiers d’écolier jaunis
Punaauia, le 15/02/2002.
35
Biographie de Taaria TEINAORE dite PARE
Dès l'âge de six ans, les enfants sont inscrits à I 'école. A Auti
notre village, l'école n'a qu'une salle et les bancs sont disposés de
façon à séparer les enfants selon leur âge et leur capacité ou leur
instruction. Ces séparations s'appellent des divisions qui commen-
cent par le numéro trois les enfants nouvellement accueillis
pour
donc âgés de' six ans. Le numéro deux accueille ceux capables de
lire et compter et la troisième division garde les enfants jusqu'à
l'âge de treize ans : considérés comme atteints par la fin de scola-
rité. Ils sont alors classés comme adultes et rejoignent les groupes
des travailleurs selon leur sexe et leur capacité.
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Pierrot qui est décédé à la suite d'une tuberculose pulmonaire.
Monsieur Gillot, après m'avoir bien regardée et constaté ma
profonde désolation, déclara avec bonne humeur : « Ta bourse ne
sera pas supprimée car tu dois revenir faire une deuxième année
37
déranger pour des prunes à tout moment ». L'unique moyen de
communication consiste avec l'aide du télégraphiste à parler avec
son interlocuteur chacun son tour à tue tête de quoi ameuter tout
le voisinage. Le secret professionnel en milieu médical n 'existe
plus.
Depuis avril 1952 jusqu'en décembre 1959, j'étais l'unique
infirmière à Rurutu et je faisais le dentiste, la sage-femme, la
chirurgie, la cuisine pour les malades hospitalisés, etc... La méde-
cine traditionnelle, les propositions d'aide de toute bonne volonté
sont pour moi la bienvenue. Durant une épidémie de toxicose, j'ai
accepté avec joie l'aide du curé Père Alphonse qui cuisait l'eau de
riz et de l'eau de carottes pour alimenter tous ces enfants malades
complètement anémiés et maigres. Je n'avais aucune seringue
ni quinton pour les alimenter par voie veineuse. Naturellement
vomissement et diarrhées associées ont vite fait des ravages chez
les nouveaux-nés au bout de deux à trois jours. Les déplacements
et transports se font uniquement à cheval ou à pied, pas d'avion et
on a une goélette environ par mois ou tous les deux mois. Les ma-
38
durant toutes mes années d'élève et stagiaire infirmière. Avec mes
collègues, nous la considérons comme une SUPER WOMAN. Elle est
unique, de mémoire infaillible, d'une adresse incomparable dans
toute activité. En plus de notre formation
stricte, extrêmement
sévère, elle n'admet aucune excuse, aucune faiblesse. Elle exige de
nous une tenue
ipipeccable et la propreté, l'hygiène est de rigueur,
une conduite digne de respect. En somme, nous avions une
réputation de bonnes sœurs toujours prêtes à l'attaque et toujours
sur son trente et un.
39
qui parle tahitien car, parmi les nombreux ouvriers de l'EDT, la
moitié au moins sont tahitiens.
40
BREMOND Seta Hubert
41
Dans cette même période, il a fondé un journal pour les
Polynésiens de Nouvelle Calédonie : TAHITI TARATONI.
En 1978, retour sur le fenua, où il à été chargé, par la
direction de la Maison des Jeunes et de la Culture (MJMC) de
prendre la direction du "Département des Recueils de la Tradition
Orale" où ila pu sortir un recueil de mythes intitulé MAHINA.
Dans cette même période 1978 à 1980, il a écrit plusieurs
notes et poèmes sur la Polynésie, cinq de ces poèmes ont été
sélectionnés et publiés à Suva (Fidji) dans l'édition MANA. Les cinq
poèmes qui ont été sélectionnés et publiés sont :
Porinetia : l'arrivée des essais nucléaires en Polynésie qui
a bafoué la vie communautaire des Polynésiens.
mais non, quand tu es venu ici, tu viens chez toi, alors nous ne
savons pas comment t'accueillir".
42
Parti en retraite en 1995, il est actuellement gérant d'une
société touristique EURL ARIIURA TE MATA AIAI.
Les points forts de cette société :
-
Un camping écologiques.
-
Hubert BREMOND
43
Marie-Claire WHEELER
A tauturu ia na (2001)
Auteur de très nombreux textes de chants :
-
Hinerimahere,
Purapura here, O vai Miri e...
-
Après avoir mené une vie paisible sur son île natale, image
même de la beauté sublimée, Tefaaora suivra par amour Vérani,
celle qui deviendra sa femme pour l'éternité. Avec elle, Il vivra des
aventures extraordinaires en faisant des rencontres non inopinées
qui le ramèneront vers celle qui n'aura jamais cessé de l'attendre...
Matairea... son île souvent conquise mais jamais soumise.
44
Parti... libre, il y reviendra... libre. C'était écrit... Elle (son île)
le lui avait murmuré jadis...
Extraits :
Poèmes :
45
Aux notes d'amour à l'infini,
Ruban de mots ensoleillés.
toi, j'écrirai ce que je ne pourrai jamais te dire...
Pour
Par manque de temps.
Et, quant à mes rêves d'hier, d'aujourd'hui et de demain,
Je te les dédie... bel amant,
Car ils ont brisé les barreaux de mon cœur !
Je veux ainsi te dire merci
Pour tous ces printemps passés à tes côtés
Où je t'ai tant aimé.
Te ra’i aneane
Bienvenue Teraihere !
46
Toi, ma belle histoire d'amour
Teraihere, ravissante déesse.
Pour toi, je rêverai d'espoir pour tes lendemains.
Dédicace et adresse :
47
C'est une charge d'affectivité que je souhaite communiquer à
/'Autre.
Marie-Claire WHEELER
( 21-02-02)
48
Maeva SHELTON
Née à
Tahiti, d'origine polynésienne, américaine et
européenne, Maeva SHELTON part en 1967 pour suivre des
études supérieures, d'abord en France puis en Californie. Là, elle
fait la connaissance d'un jeune Colombien qu'elle épouse et dont
elle divorcera après avoir eu 2 enfants.
Titres proposés:
Extrait :
49
qu'ils se différenciaient des soldats qui, eux, portaient des bottes
en cuir. Les guérilleros, qui vivent cachés dans les montagnes,
traversent sans cesse des rivières et les bottes de cuir ne
pourraient leur permettre de marcher dans l'eau et la boue. Ils
portent donc des bottes imperméables en caoutchouc.
J'avais un peu perdu conscience de la gravité de ma situation
quant une nouvelle injonction me ramena à la réalité froide d’un
canon de fusil appuyé sur ma tempe. L'idée même de mourir ne
m'effrayait pas. J'aurais ainsi été libérée, de tous soucis alors
qu'eux seraient devenus des assassins. Je pensais alors à mes
enfants Manu et Maruia, je ne pouvais pas les abandonner, ils
avaient encore besoin de moi.
Bon ça va,je vais vous donner la clef, dis-je calmement, en
me dirigeant vers ma chambre où se trouvait mon trousseau de
clés. Je prenais soin de sortir uniquement la clef de la voiture pour
garder les autres clés avec moi. Chacun de mes gestes était
observé par mes ravisseurs. J'aurais peut être dû prendre le
revolver que je rangeais à la tête de mon lit, mais l'idée ne
m'effleura même pas. Cela n'aurait fait qu'empirer les choses. Le
chef barbu s'empara de la clef et me dit :
« - La petite vieille, vous venez avec nous !
-
Prenez la voiture et
partez avec. Il est hors de question que
je vous suive !
Il n'y a pas à discuter. Vous êtes Américaine, n'est ce pas ?
-
On vérifiera cela. »
M. SHELTON
50
Ço/ituwti 'Houveau
Née le 5 juin 1942 à Pape'ete, je fais mes études à l'Ecole
des sœurs de St Joseph de Cluny, aujourd'hui, Collège A.M
Javouhey.
Entrée dans la vie active en tant qu'enseignante, dès les
années 70, j'initie mes élèves au texte libre et me prends au jeu en
écrivant des histoires et des poèmes qui ont servi de base à mon
enseignement.
Nommée conseillère
pédagogique, en 1980, avec pour
mission la mise place de l'enseignement de la langue tahitienne
en
répondre à la demande,
Et pour parfaire ma connaissance de cette langue,
je
participe aux travaux de l'Académie tahitienne.
En 1984, je présente, sous un pseudonyme, un ouvrage
intitulé, A nu'u noa ai te tau (Et passe le temps), au concours
littéraire lancé par cette institution.
51
Issue d'une famille de musiciens, je suis co-auteur de
l'hymne territorial et de celui de la jeunesse,
Et auteur de plus d'une centaine de chansons de variété dont
certaines connaissent un franc succès, notamment Nouvelle
Calédonie, le Caillou et Soleil Couchant,
Et autant de textes pour enfants :
Chapi et Chapo
Qu'ils sont mignons
Ces p'tits jumeaux
Qui ont pour noms
Chapi et Chapo !
J'aime Chapi
Quand il sourit,
Et aussi Chapo
Quand il fait des sauts .
Le petit oiseau
Qu'il était beau, le petit oiseau
Qui, ce matin, près du ruisseau,
Ebouriffait son duvet fin,
Et qui soudain partit bien loin !
A-t-il senti une présence ?
S'est-il enfui par prudence ?
Je l'aurais bien pris dans la main
Et déposé un doux baiser
Sur cette petite boule de plumes.
L'immense mer
52
N'est pas une esseulée .
Nouvelle Calédonie
Johanna NOUVEAU
(Pape'ete le 6 avril 200)
53
Roti MAKE
Ma mère rapa, Jane Hinette Make, est plus connue sous le nom
de Ine, et mon père, un aristocrate français, sous celui de Roland
Marie Joseph Picot Daligny Baron d'Assignies.
Leur liaison dura 2 ans.
54
dimension nouvelle de la lecture. Une sensation de transcendance
dans un monde tridimensionnel. Un monde parallèle.
55
reçu un sort, je devais l'assister toute la nuit à la méditation sur
son peue. Je l'entendais faire des incantations et des prières, elle
me disait « demande et apprends, Ha'api'i maita'i », ce qui veut
dire « offre-toi et appelle les esprits du bien pour qu'ils
t'enseignent et que tu voies la vie des hommes ».
Elle m'expliquait le sens de la parole et des actes.
La parole avait un pouvoir sur le destin de l'homme.
C'est ainsi que je fus initiée, et je reçus mon bagage spirituel à
Page de 10 ans de son cousin germain, mon grand oncle Papa Rei.
C'est auprès de ma grand'mère et de ma famille Rapa que ma
culture polynésienne a pris le sens d'appartenance à cette grande
famille du Pacifique.
C’est ce vécu que je souhaiterais transcrire et partager.
Je suis diplômée de l'Ecole Supérieure de Jeunes Filles de Bâle
en Suisse.
J'ai faitapprentissage en couture dans un atelier de Haute
un
56
Mercredi » sur les ondes de RFO. Dans cette émission, il y avait
une histoire lue et animée par les élèves d'une classe que je
En préparation :
La grotte de Maii
-
57
*Un recueil de 2 nouvelles :
-
La dame de Faie.
58
Valérie GOBRAIT
59
En novembre 2001, elle présente une nouvelle pièce de
théâtre en tahitien, Te vàhira'a fenua, le partage de terre, dans le
cadre de la grande fête annuelle des langues polynésiennes, le 28
novembre 2001 au petit théâtre de la Maison de la Culture. Et,
deux semaines durant, des représentations théâtrales ont été
assurées en matinée pour les établissements scolaires et en soirée
pour tout public.
Elle est actuellement chargée de mission auprès de Madame
Louise PELTZER, Ministre de la Culture, de la Recherche et de
l'Enseignement supérieur, chargé de la promotion des langues
polynésiennes.
La pièce de théâtre
60
Et tant que cette étincelle fera vibrer tes prunelles et tes
paupières, - déclame Matari'i, - mais de
non pas par convoitise
respect pour tout être et pour tout ce qui t'a fait, alors, tu seras
digne d'être appelé à ton tour "petit ancêtre" ou descendant de
Matari'i, Te u'i nô Matari'i.
L'idée d'écrire
un long poème en tahitien était avant tout de
mettre la langue
tahitienne et avec elle toutes les langues
polynésiennes à l'honneur. Il s'agissait de limiter les
anachronismes autant que possible ainsi que les comportements de
type moderne tant la mémoire des mots et la transmission des
savoirs avait été si peu préservée.
Il n'était cependant pas difficile de travailler la beauté et la
musique des mots dans leur polyphonie et dans leur polysémie,
dans les rapports entre des mots moins usités aujourd'hui et des
mots plus connus et les échos sonores qui en résultaient. À ce
stade, le Mata'ura prenait petit à petit le chemin de l'écriture.
En outre, en s'inspirant des mythes anciens, l'on pouvait
alors retenir quelques récurrences dans nos mythes et légendes
qu'il ne nous restait plus qu'à adapter à notre histoire et aux
personnages qui tissaient peu à peu eux-mêmes leur propre vie et
à l'écrit, et dans le jeu des rôles sur scène.
Valérie GOGRAIT
TE TERE O REREATUA
"E na e... Naue i te vai, e na e... i te vài mata... naue i te vai, o Rereatua
Tei nâ te mua vai, tei nà te 1 i ri fenua,
Tei nâ te one tahatai tô na tûtonura'a...
Tei nâ anavai, tei nâ muriavai, tei nà uta nâ tai tô na mata-noa-ra'a...
Tei nà te miti, tei nà te 'â'au Moana topa tarere tô na tiura'a...
o
Nànâ ia pato huero, fâriu ia patô mo 'o, a neva ia tu 'a manu, a moe ia
[fânau ta'ata...
'O te mata ana'e ra te ura mata mua ô te ora !
62
LE VOYAGE DE REREATUA
63
Raymond PIETRI
64
Nommé membre de l'Académie Tahitienne à son installation
le 2juillet 1974. Elu membre du bureau directeur de la Société des
Etudes Océaniennes (trésorier puis secrétaire, de mars 1976 à juin
2001).
Souvenir de lycéen : son professeur de philosophie (1955 -
1956) à Toulouse l'avait complimenté pour son style d'écriture
avec un camarade (de nom corse aussi) pour sa richesse d'idées
sur un sujet de dissertation : le dit duo, combiné en
rédaction, eût
fait florès... ô présomptueuse réminiscence !
65
Ses écrits
volets :
*
l'abordage du village de Pape'ete » (95 pages)
« A
*
Au temps des maires des cent premières années
et «
de Pape'ete (1890-1990) »,
de nécrologies en hommage à
22 pages : Paul Moortgat,
précédent Président de la S.E.O. (17.12.1989 : 6 pages en français
+ 1 en tahitien) :
* «
Adieu, Président Moortgat »,
66
*
«L'adieu de la S.E.O. », Pauro
« Moortgat » et
«
Après Moortgat » ;
-
« La danse et la poésie en deuil » (16 pages) :
*« Gilles Teri'i Hollande, prince de la danse tahitienne »
(18.29),
67
contexte fortement occidentalisé, compte de nombreux
universitaires capés, licenciés en linguistique - philologie
océanienne comme en ethnographie - ethnologie - sociologie et
autres connaissances attachées au Fenua.
Raymond PIETRI.
(Académicien, Notice, Pape'ete, 18 mars 2002).
68
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69
Patua COULIN dite Mama VAETUA
70
Titres des ouvrages :
Légendes recueillies :
Te a 'ai o te mereni
Te a'ai no te miti papa'a
Na vai mato e toru
Namihere no Patio
Na tohora no Ta'ara'a
Te a'ai o Moa raua o Miro
Hinaraurea e te he no Papeiha
Tamaiti fanau matapo
Tiare Apetahi
Te mo'o tu ara ha
Teri'itepina'i'ohe (raconté par Marna de Patio)
Te uru
Auahi
Te ana mo'e o Rurutu (raconté par Dégagé)
71
contexte fortement occidentalisé, compte de nombreux
universitaires capés, licenciés en linguistique - philologie
océanienne comme en ethnographie - ethnologie - sociologie et
autres connaissances attachées au Fenua.
Raymond PIETRI.
(Académicien, Notice, Pape'ete, 18 mars 2002).
68
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69
Patua COULIN dite Mama VAETUA
culture polynésienne.
Elle a écrit des contes, légendes et histoires en tahitien tout en
assumant des émissions sur les ondes de RFO Tahiti pour le
compte de l'Académie Tahitienne :
-
70
Titres des ouvrages :
Légendes recueillies :
Te a'ai o te mere ni
Auahi
Te ana mo'e o Rurutu (raconté par Dégagé)
Tepua i te rau 'onini (raconté par Marna Rahi)
Na 'opu ari'i matameha'i no Tahiti (raconté par Mme
Cadousteau)
Tapuhute ma
Te ti'i no Ra'ivavae
Pipiri ma (Marna Rahi)
Tehaupua'ura Terororo'itepi'i (Marna Rahi)
Na Taputapuatea e piti (Marna Rahi)
Te tama'i i tu pu i Hua hi ne ...
71
Traductions à partir de l'ouvrage de Teuira Henry
"
Tahiti aux temps anciens "
Teiki a To'akare
Te anuanua
Te auahi
Te ha'ari
Te " troca " i Porinetia nei
Te taura o te pohe
Te niho
mau
72
-
Extrait :
.
E rave rahi te mau tiare e vai nei, na te fenua a to'a ; 'are'a
i te mau motu no Ra'iatea, te vai ra te ho'e tiare 'o tei 'ore e tupu i
te mau vahi ato'a. E taua tiare ra, 'o te tiare 'apetahi ia.
Tei ni'a i te mou'a 'o Temehani te tupura'a 'o taua tiare
ra . E rave rahi te mau ta'ata o tei haere e pafa'i i te tiare 'apetahi,
no te mea, e'ere tona 'ua'a mai to te mau tiare ato'a : e mea 'uo'uo
'o ni'a iho, e mea matie raro a'e i te 'ua'a.
No te haere i Temehani, e fa'aru'e te ta'ata i to ratou
'utuafare i te po'i'po'i, 'e, 'e tae ratou i te ahiahi, no te atea te vahi
i tupuhia e taua tiare ra. E ta'oto te ta'ata i reira,'e ,'ia 'a'ahiata, e
ara ratou no te fa'aro'o i te po'o'a o te tiare i te taime e mahora ai
73
Tae a'e rai te ho'e mahana, no te rahi o tona pe'ape'a
'a'au, 'ua ta'i 'oia i te reira mahana e po noa atura. 'Opua ihora
noa
taua vahiné ra, e ha'apohe iana. 'Ua pafa'i oia ite tiare pua, mai
tana i mataro, tamau a'era i ni'a i tona tari'a. 'Ua pafa'i te piti o te
tiare, haere atura i te ho'e vahi mato tarere, ma te tape'a maitai i
tana tiare, 'e 'ua 'ou'a atu i raro mai i taua mato ra. I te vahi i
topahia e ana, 'ua mo'e tona tino, 'are'a tona rima ra, te-rima i
tape'a i te tiare, 'aita ia i mo'e roa. I te vahi te reira tona rima, 'ua
tupu mai te ho'e ra'au iti rau'ere roroa, 'e i mûri a'e ra, 'ua 'ua'a
mai te tiare, e mea 'uo'uo 'o roto, e mea matie i rapae. ('oia ho'i, e
mea 'uo'uo '0 ni'a iho, e mea matie '0 raro a'e).
74
Louise PELTZER
ETAT CIVIL :
Nom : PELTZER
Prénom : Louise
Mariée : 2 enfants
Date de naissance : 18 Février 1946
Lieu de naissance : FUIT, île de HUAFIINE, Polynésie
Française,
FORMATION :
Etudes primaires :
DIPLÔMES
Baccalauréat D (Sciences expérimentales),
Doctorat de linguistique,
Habilitation à diriger des recherches (H.D.R.)
FONCTIONS :
Universitaires :
Maître de
Conférences de Langues et Littérature
Polynésiennes à l'Université française du Pacifique (UFP),
Directeur du département Lettres, Langues et Sciences
humaines à l'UPF de 1995 à 1998,
Membre du Conseil National des Universités (CNU) 15eme
Section - Paris, (1995 - 1998),
Présidente de la Commission de Spécialistes de lettres de
l'Université de la Polynésie française (depuis octobre 2000) et de
l'Université de la Nouvelle-Calédonie (depuis novembre 2000).
75
Professeur des universités depuis 1998 à l'Université de la
Polynésie française, (UPF),
Professeur invité à l'Université de Hawaii at Manoa,
Professeur invité à l'Université de Waikato, Nouvelle-
Zélande,
Professeur invité à l'INALCO - Paris,
Membre des jurys des concours de CAPES Tahitien/Français
(1998),
Présidente des jurys des concours de CAPES
Tahitien/Français depuis 1999,
Politiques :
Culturelles :
76
DISTINCTIONS HONORIFIQUES ET DÉCORATIONS
Articles :
77
Représentation et Structuration de l'espace en tahitien,
publié dans le Bulletin de la Société de. Linguistique de Paris, XCI,
1996,
Phonologie du tahitien, publié dans La Linguistique, Vol. 33,
1997,
Langues régionales en Polynésie française, Etudes françaises,
Bureau de coopération linguistique, Université de Wuhan, Chine,
1995,
Identité protestante, Actes du colloque international
"Evangile et Mission en Polynésie, 1797 - 1997", Pape'ete, 1997,
Identité culturelle en Polynésie française, Colloque Université
de la Polynésie française 1998,
Negation in Tahitian and some other Polynesian languages -
Article en collaboration avec G. LAZARD. Department of Linguistics
of Oslo, Norvège, 1999,
Le tahitien, langue régionale de France ? l'Harmattan,
Logiques sociales, Paris 1999,
La langue tahitienne, Encyclopédie des Sciences du Langage,
Dictionnaire des langues, Paris, 2001,
Brève histoire de l'enseignement du Tahitien en Polynésie
française (Bulletin de la Société des Etudes Océaniennes - BSEO).
Ouvrages et Références :
78
Quelques extraits tirés des ouvrages cités
Lettre à Poutaveri : p. 94
79
Pure
E te Atua ë,
I ha’aparare ai ‘oe i to mâtou reo
No te fa’autu’a ia i tô mâtou ‘à’au te’ote’o,
Vai-oti ‘ore noa (a)tu ra o Papera,
‘Aore râ te Mno, të vai ruperupe noa nei ia
I rotopü ia matou.
E te Atua ë,
Note piipuni i to na ha’amâ ë, ‘Auë !
! haere ‘ë ai to tâvini, Ua ho’i â matou i roto i te moana hâuriuri,
Inaha, e te Atua ë,
Ua ha’aparare ‘oe i tô mâtou
reo iti,
Ua ha’a’una’una ‘oe i tô mâtou ‘iri i
E te Atua ë,
Tâhiti’a mai na ‘oe i tâ mâtou pure !
Louise PELTZER.
80
AMARU Patrick Araia
« Te iho, te iho
Tei hea te iho... Turo a Raapoto »
« la 'u i tifenefene noa
I te muriavai o te tau... Henri Hiro »
Ecrire certain
bonheur, des paroles de chants.
avec un
« A noho mai » interprété
Patrick Noble, a été élu meilleur
par
chant de l'année 1992, prix de la SPACEM.
-
81
Rédiger, mettre en place, diriger des spectacles
-
reconnaissance officielle.
-
82
Extraits :
J'étais là
J'étais là
A votre arrivée.
J'étais là
A l'ouverture de ce livre sacré.
J'étais là
Aux sons tentateurs de la langue qui brise.
J'étais là
Aux coups de fusil
J'étais là
Lorsque mes croyances se sont brisées
J'étais là
Lorsque le balancier de mon clan s'est brisé
J'étais là
A l'ombre de cette croix
Jésus,
Tes mains ont-elle été transpercées
Pour me sacrifier ?
Tes côtes ont-elles été transpercées
Pour que je me renie ?
Es-tu arrivé
Pour m'effacer ?
Es-tu arrivé
Pour me flétrir ?
Moi, le fruit ramassé.
-
Traduction d'un passage du livre primé écrit en tahitien
« Te oho no te tau ahuneraa » extrait de « Te ao api ».
Le nouveau monde
A la poursuite de la lumière...
Et comme le « marara »,
« Marara » sera sa fin...
Grillé !
83
Hubert FAREEA
84
pourquoi beaucoup d'artistes en herbe ne se faisaient toujours pas
connaître).
L'occasion fut quand même belle lorsque Patrick AMARU me
demanda de bien vouloir illustrer ses poèmes. Je
pris donc des
cours d'arts plastiques chez Léon
TAEREA, mais celui-ci me parlait
plus de sa passion de la chasse aux cochons sauvages, de la
sauvegarde du plateau de la PUNARUU que de l'apprentissage des
effets de l'acrylique sur toile. Expert dans le
figuratif, il constatait
son impuissance devant quelqu'un
qui symbolisait des légendes
polynésiennes.
Qu'à cela tienne. Autodidacte, je me lançais dans l'achat
ne
d'écrits ou d'oeuvres d'artistes ayant peint la Polynésie.
J'enrichissais ma culture
livresque en achetant desïeuira HENRY,
« Tahiti aux temps anciens », « A la recherche de la
Polynésie
d'autrefois » de William ELLIS, « Les explorateurs dans le
Pacifique » de John DUNMORE, « Les Polynésiens » de Peter
BELLWOOD, «Les mémoires de Marau TAAROA», «Tahiti
autrefois » de Bengt DANIELSSON, « Les peintres inspirés
par
Tahiti », etc...
poésie, etc... J'en suis d'autant plus heureux qu'il reste toujours
85
mon ami de longue date). La première rencontre de tout ce monde
se passait finalement très bien. Je m'attendais à d'éventuelles
susceptibilités des uns ou de la mauvaise humeur des autres mais
il n'en fut rien. Aucontraire, chacun prenait conscience de l'enjeu
de l'événement. Outre le heiva, le tatouage, la danse et la chanson
polynésienne, il ressortait du groupe la volonté de montrer qu'en
Polynésie, des artistes locaux étaient aussi capables d'organiser
une manifestation dans le domaine pictural.
Cette association inédite me fut enrichissante. Outre cette
amitié naissante, outre la découverte d'autres techniques
picturales (fusain, pierre noire, aquarelle, pastel, etc...), je savais
maintenant que la Polynésie avait une « âme » parce que chacun à
sa façon, grand et surtout petit, parlait, chantait, dansait, écrivait,
peignait son fenua et sa culture.
86
Eriki MARCHAND
ERIKI
87
A haere ri'ari'a noa ai au i piha'i iho iana, te na'o mai ra o Rui
tane ia'u :
E 'oa'oa rahi to'u i teie mahana, e ! 'oia, e 'oa'oa iti rahi to'u !
Ha ! 'Oia mau !
88
matou no taua 'ohipa ra tei tupu maita'i. Mauruuru atura te 'a'au
fa'atau aroha i te iho tupu.
'la fa'aturahia to taua ti'ara'a ma'ohi, 'ia reo to taua reo, 'ia
tupa'eta'eta maita'i to taua ro'o hanahana. 'la ora roa atu a te iho
ma'ohi. Teie te tumu te ora nei au, 'ia tupu to'u ora hono hia i te
Aroha Atua no te natira'a i ta taua hua'ai i ni'a i te tumu nui o te
Ta'ere ma'ohi.
E. MARCHAND
89
Ueva Tane
nom de mariage.
90
Ueva Tane ou la Culture Polynésienne à la pointe du pinceau !
C'est en 1995 qu'il se décide enfin à se dévoiler en partie :
1. Il participe à un concours d'expression picturale à
l'issue duquel il n'obtient que le deuxième
prix mais
n'en est pas moins enchanté en
devançant des
artistes chevronnés et des professeurs d'arts
plastiques.
2. Son style est remarqué par la Banque Socredo qui lui
commande un tableau qui, depuis, orne ses
chéquiers et ses cartes magnétiques. Ce sera sa
discrète consécration.
3. Avec quatre copains, il participe à une exposition à la
mairie de Papeete où il ne présente qu'un seul
tableau (en relief). Son tableau est remarqué par une
galeriste qui s'empresse de vendre.
4. Cette même année, il lance sa propre marque de tee-
shirt Tuki.
Dans les année qui suivirent, des logos, des affiches et même
des décors scéniques lui sont commandés :
• La commémoration du Centenaire de la loi 1901-
2001.
• Le Tahiti Nui Marathon International de Moorea 2001
• Le Tahiti Nui Roller Marathon.
• Le dixième Championnat du monde de vitesse de Vaa
2002 à Bora Bora.
91
Mauarîi MEUEL
M.M. : Oui !
En réalité, j'en ai retenu deux, celles du suicide et
celle de la lampe.
Te « Ao Api » est l'histoire de Teruake, jeune des Tuamotu,
qui, attiré par les lumières de la ville, décide de quitter son île pour
venir tenter sa chance sur Papeete. Hélas, tous ses rêves de
réussite s'effondrent face à la dure réalité de la vie en ville.
Teruake fait
voler, violer, maltraiter et finit par sombrer dans
se
92
M.M. : Oui, la pierre noire est un crayon d'esquisse à mine noire.
Pour
Teruake, j'ai utilisé un verre fumé de quatre millimètres
d'épaisseur de manière à assombrir le dessin d'origine. L'effet
produit plonge Teruake dans l'obscurité.
93
Pour Hitianau, j'ai utilisé un verre teinté de couleur jaune
incrusté de motifs rappelant le verre brisé. Ce verre fait référence
à la lampe à pétrole que Hitianau laissa échapper de ses mains.
M.M. : Merci !
94
Marie-Hélène VILLIERME
Photographe
95
"du religieux en îles polynésiennes"
97
"Du religieux en îles polynésiennes"
98
Ecrire avec la lumière
Tous les sujets sont prétextes à saisir la lumière. Le sujet est exposé
aux expressions de la lumière, de l’impalpable. Ses manifestations
modèlent le sujet, le font tendre à la beauté.
L’émulsion se sensibilise à la rencontre de la lumière et de la
pénombre, du silence et de la réalité assourdissante.
Les photographies de "Visages de Polynésie" constatent il est
vrai un environnement socio-culturel ; mais elles existent également
99
Michou CHAZE
Publications :
100
Textes : OU VONT LES OISEAUX LORSQU'IL PLEUT ?
Il regarde dehors.
Le temps s'est arrêté et s'étale, inerte et blanc, dans le ciel et
sur la mer.
101
virgule, sans souffle et sans expiration, des mots et des mots. Une
porte claque. Le silence à nouveau se fait.
L'homme derrière la vitre entend les oiseaux chanter. Il
s'étonne des bruits
qui ne sont plus, ceux qui semblent
n'appartenir qu'aux heures délayées de la nuit et favorables à la
pensée. La voix métallique de l'océan juste avant l'aube.
Le jour s'est installé. Mort. Étouffant. Inerte. Sans un souffle.
Sans joie et' sans sourire. Le jour s'est installé parce que c'est
l'heure du jour.
L'homme derrière la porte vitrée regarde et oublie qu'il veut
vivre. Le jour s'éternisera et les vagues s'affaisseront sans bruit.
L'homme regardera les moucherons contre le ciel blanc au-dessus
des vagues, puis il fermera les yeux. Ne plus voir le jour se figer
dans une blancheur sans soleil. Ne plus voir qu'il a oublié de vivre.
Il ferme les yeux et fait le mort. Puis il fait semblant de ronfler. Ce
n'est pas facile de faire le mort. Ronfler, c'est vivre ! C'est çà :
ronfler ! Dormir ! C'est çà ! Pourquoi pas ? Dormir un instant !
Dormir toujours ! Dormir et ne pas voir qu'on dort. Le temps d'un
rêve. Un rêve d'amour. Un rêve, de femme. Dans le rêve, le vent
se lève et on respire l'haleine de la terre. Dans le rêve, une rivière
reflets le sable, les fleurs et les oiseaux, les palmes des cocotiers et
la peau du bébé contre le sein de sa mère.
102
'otu'u, j'ai pris mon envol. En vol plané, j'ai suivi la frégate. Avec
elle, je flottais librement dans le temps et dans l'espace. Avec elle,
je me laissais tomber lourdement vers le poisson insouciant. Je le
saisissais au bec. Avec elle, je disparaissais dans un autre monde.
-« Où vont les oiseaux
lorsqu'il pleut ? »
-
« Dans un autre monde. »
Michou CHAZE
103
LA BALLADE DE HAMBO
On chevauche les corps allongés par terre sur les pe'ue dans le
salon, tels des momies enroulées de la tête aux pieds dans le
tifaifai. Les uns contre les autres, ils sont allongés devant la porte
grande ouverte au hupe de la nuit. Et l'on ignore les lits surchargés
de coussins colorés, dans les chambres propres aux murs de
parpaings chauffés de soleil.
L'un contre l'autre, on s'imprègne de chaleur humaine, et
l'enfant apprend l'odeur de sa mère près de son père.
Le vent, un instant, s'est levé. Dans un souffle de miri, il a
couché la flamme de la lampe à pétrole qui s'est éteinte. "Les
tupapau vont venir'' se dit l'enfant apeuré. Les yeux grands ouverts
dans la nuit, il observe pendant longtemps les silhouettes, ombres
silencieuses des adultes.
On chevauche les corps, et de part et d'autre s'éveillent les
voix, les radios, les coups de balai, les bruits de casseroles et de
l'eau qui coule, les parfums de café et les odeurs de voitures qui
s'échauffent, les tas de feu qui s'embrasent et les râteaux qui
raclent le sol.
Les chiens aboient et les enfants crient.
On chevauche les corps, et du magasin on ramène le pain
chaud. Assis autour de la table, on partage le pain que l'on trempe
beurré dans le café chaud.
Le père roule son tabac, puis sort de la maison et crache.
104
"C'est ici queje suis né !" dit Hambo.
Il pleuvait cejour là sur le bidonville. Une pluie chaude sous un
ciel ensoleillé. En remplissant les trous du chemin, elle ressemblait
à une rivière d'argent. Une mère et son enfant la remontaient sous
un parapluie noir.
Peu à peu le bidonville prend des allures de
négatif. La pluie
s'abat sur les tôles. Dans la maison rose et bleue, tous les yeux
sont rivés sur les cuisses de la femme. La sueur dégouline dans les
cheveux, sur les fronts et sous les bras, comme la pluie dans le
caniveau.
La femme est allongée sur un pareu posé par terre, sur le
linoléum. Les yeux vitreux, elle regarde la pluie venir jusqu'à ses
pieds par la porte de boid cassé.
Sous la pluie qui tombe sur le toit de tôles, tous les bruits
s'effacent : les cris, la télé, la radio, les gémissements. Seuls
demeurent la crainte, l'angoisse et les regards...
105
le délinquant, le drogué, l'alcoolique, le batteur de femme, le
batteur d'enfant, le prisonnier..."
Il est né l'enfant de la colère, celui qui un jour s'assoira sur un
pont, à toute heure du jour, matin, midi, à la tombée du soir, la
tombée du noir... Il regardera la nuit noire et les lumières des
voitures qui passent, la tête entre ses mains, la tête vide, la tête
pleine de mots, des mots qui l'empêchent de rêver, qui
l'empêchent de parler, qui l'empêchent de pleurer.
"Peur ! Ils auront tous peur de moi ! Et le vent qui caressait les
plages, claquera les portes à clef ! bang ! à double tour ! bang !"
"Fessez-le !" ont-ils dit. "Fessez-le ! Il faut qu'il crie ! Il faut
qu'il hurle ! C'est ainsi qu'on vient au monde !"
Il est né dans une baraque aux tôles grises. Et le vent criait au
monde délaissé, le rejeté, le voyou, le voleur, le violeur,
le
l'indépendantiste, le tôlard, le prisonnier, le hambo...
Il est né l'enfant de la colère, qui s'assiéra sur un pont, vivant,
tremblotant, ridicule de poésie... Il regardera, hébété, le silence
pouffer de dérision.
"Ils me semblaient tous si sûrs d'eux derrière les vitres propres
de leur voiture, la séparation d'un bureau, l'impact d'un
uniforme..."
106
Une sale histoire !... Je suis dans la vie comme dans une sale
histoire. Victime et coupable. Les deux en même temps.
J'ai contemplé les heures. Les oiseaux passaient dans le
ciel, et
j'étais là... là où pourriture rime avec vie. Là où les vies sont
garées comme dans un garage. Et l'on vit comme ces oiseaux qui
ont gardé la mémoire du ciel, et qui se heurtent mille fois
par jour
aux barreaux de leur cage.
Michou CHAZE
107
Chantal T. Spitz - 1954 - Enfance naviguée entre Paofai Paea et
Mataiea ondoyée entre un cadre parental occidental riche d'Ailleurs
et une famille maternelle généreuse peine d'ici où le temps prenait
le temps de la vie s'accordant aux êtres quand la rencontre
communiée et la parole partagée fondaient notre monde.
Adolescence commotionnée par une modernité aveugle aveuglante
cinglée par le souffle nucléaire, étranges odeurs étranges valeurs
étranges bonheurs étranges douleurs.
Ainsi, après avoir tant disserté sur tous les pourquoi les comment de
mon écriture, ne subsiste au fond de mon être
qu'une évidence et
tous les essais d'acculer l'acte d'écrire dans des
explications
rationnelles raisonnées d'étioler l'acte d'écrire dans des normes
conventionnelles conventionnées me sont désormais vanité. Ecrire
ne s'origine dans aucune aurore ne s'enfante d'aucune décision
prévue préméditée. Je n'ai pas choisi d'écrire. Ecrire est une force
naturelle un instinct biologique. Ecrire est une fatalité une...
108
persévérance qui font défaut. Le cercle composé par la chaleur
me
et la rigueur deFlora tressaille ma léthargie anime mes
inconsistances et démêle émotions aspirations motivations. Ma
pensée dilate dorénavant l'évidence l'urgence la pertinence de
publier. Publier systématiquement les écrits qui hantent cahiers
carnets registres et saturent tiroirs étagères caisses. Publier posé
comme acte d'existence d'écrivant-pensant parce que d'un
peuple
vivant dans un pays où la plupart des sources écrites-publiées sont
aliénantes, issues de l'écriture-publication d'impérialismes
étrangers occidentaux. Publier pour prendre-dire parole d'une
histoire dérobée déformée défigurée par tous les autres d'hier et
d'aujourd'hui s'installant pensants disants de nous pour nous.
Publier pour mettre le doigt sur les plaies les purulences et ronger
avec le suprême outil la suffisance des mystificateurs qui nous
affirment que notre peuple est toujours enfant notre pays toujours
paradis notre ciel toujours bleu notre océan toujours vierge.
Publier pour revendiquer une originalité mutisée par ceux-là
arrogants nous croupissant dans leurs certitudes pour exiger une
intégrité récusée par ceux-là pontifiants nous racornissant sous
leurs vérités. Publier pour discorder le concert des idées balisées
des sentiments convenus des causes entendues et signifier notre
inaliénable droit de refuser les injustices les abus de pouvoir les
normalisations. Publier pour témoigner de notre différence et en
témoignant la garantir comme richesse pour l'humanité ouverture
à l'autre rencontre avec l'autre, comme manifeste contre les
intolérances les uniformisations les exclusions les racismes.
Drôle de pays où l'on se définit sans porter le nom du pays qui nous
porte. Drôle de pays où l'on s'origine dans un pays étranger. Drôle
de pays où l'on ne parle pas la langue du pays. Drôle de pays où l'on
folklorise son peuple. Drôle de pays où l'on exotise sa culture. Drôle
de pays, ce pays, le nôtre qui n'est même pas un pays.
110
On se dit
maohi, mot utilisé dans plusieurs îles du triangle
polynésien qualifier tant les êtres humains que les animaux et
pour
les plantes. A défaut d'une définition en langue tahitienne de ce
terme, intéressons-nous à la traduction qu'en fait l'Académie
tahitienne." Maohi, adj. 1°) ordinaire, indigène, qui n'est pas
étranger." Le dictionnaire de la langue française Bordas indique:
indigène, adjectif : qui est né dans le pays même, qui est
originaire du pays où il vit. NB : Ce mot ne s'emploie guère qu'en
parlant des habitants des pays lointains et primitifs, et il a souvent
une valeur un peu méprisante; c'est pourquoi on évite de
l'employer lorsqu'on parle d'une population indigène." "-indigène,
nom masculin ou féminin : personne qui habite le pays où elle est
née et où ses ancêtres sont nés et ont vécu, quand ce pays est un
pays lointain et primitif. NB : Ce mot s'employait notamment pour
désigner les habitants d'origine non européenne des territoires
coloniaux ou semi-coloniaux; il est considéré de nos jours comme
péjoratif et on évite son emploi."
111
Ainsi après la mainmise main-basse sur une identité commune
indivise, voici Tahiti colonisant "ses îles" Tuamotu Maareva Tuhaa
pae Henua Enana par la domination de la langue tahitienne.
Nouveau pouvoir auto-colonial qui singe l'organisation centralisatrice
parisienne et nie à chaque archipel le droit élémentaire à s'auto
déterminer tout en menaçant réclamant de l'état français ce droit
pour lui-même.
On se dit
demi, "fraction qui vaut la moitié de l’unité" ou "la moitié
d'un tout" Bordas qui indique entre autres "demi-dieu demi-gros
demi-groupe demi- mesure demi-monde demi-place demi-produit
demi-queue demi-sang demi-teinte". Demi. Mot-hymne à la gloire
du colon ancêtre blanc fondant jadis une caste supérieure aux
pouvoirs tentaculaires terrien social économique politique. Mot-
armoiries pour s'extirper de la fange populacière revendiquer son
blanchissement son occidentalisation et affirmer son accession à
112
Fatu-Hiva de Rikitea. Je ne puis être de partout et de nulle part. Il
nous faut désormais improviser une identité insolite déclinée sur
des modes occidentaux, patrie état nation, concepts extérieurs
pour lesquels nous n'avons pas de mot pas d'image. Il nous faut
nous concevoir dans une nébuleuse
logique nous équilibrer dans
une laborieuse instabilité nous construire dans une hasardeuse
Identité comment...
113
Rarahu iti e autre moi-même...
fige les gens de notre peuple de notre pays dans leur paresse leur
laideur leur incomplétude leur chosité. Rarahu iti e autre moi-même
...héroïne d'une banale histoire de marin, vulgaire fille à marins,
grâce à ton Loti nous ne sommes que différents sans possibilité
d'accéder à la civilisation à l'humanité, à jamais affligés affublés
affabulés d'un exotique mythe qui résiste à toutes les modernités -
Internet n'y pourra rien non plus- et qui ne veut voir en nous que
d'étranges étrangers dépaysants.
114
Je suis comme ces vieux bateaux
***
Chantal T. SPITZ
115
Danièle-Taoahere HELME
116
1997 Créativité, après la tempête, le réveil, le changement.
Créativité !
pour voir les choses grandir autour de toi. Lorsque tu les verras de
cette façon tu pourras être heureux !
117
Merci pour chaque personne qui m'a enseignée les choses de la vie
pardes expériences vécues.
Merci pour chaque personne qui a encouragé et soutenu une étape
pour réussir.
Merci à mes enfants pour toutes les joies qui ont éclairé les
moments difficiles.
Merci à mes grands-parents pour l'amour du vrai et du bien.
Merci à toutes les personnes qui veulent bien manifester leur
« Merci à la Vie ! »
Le Moment Présent !
118
1997 Créativité, après la tempête, le réveil, le changement.
Créativité !
117
Merci pour chaque personne qui m'a enseignée les choses de la vie
pardes expériences vécues.
Merci pour chaque personne qui a encouragé et soutenu une étape
pour réussir.
Merci à mes enfants pour toutes les joies qui ont éclairé les
moments difficiles.
Merci à mes grands-parents pour l'amour du vrai et du bien.
Merci à toutes les personnes qui veulent bien manifester leur
« Merci à la Vie ! »
Le Moment Présent /
118
Ont trouvé l'alchimie de calculs savants,
Pour récolter ce nectar
précieux,
Qui s'écoule doucement en découvrant,
La chaleur contenue dans un vase d'argent.
Contemplé pour n'en perdre aucune miette,
Extase prolongée de l'instant sublime !
Afin que l'empreinte du moment,
Laisse ses cicatrices de souvenirs
Profonds comme une marque indélébile,
De cette richesse qui aura fait une vie,
Dilatée à l'infini d'avoir été là,
Au moment présent !
La Polynésie f
Votre vœu !
119
La vie m'a donné des retournements,
Qui m'ont fait désirer un peu,
De ciei bleu dans un être fait de nœuds,
Qu'il en soit fait selon votre vœu !
120
Ces sages observent les maîtres dans leur spécificité de créateurs
dans le langage particulier à chacun dans son unicité.
121
Il est important d'entendre les attentes réelles de la Polynésie à
travers le vécu de chacun et la perception des choses. C'est aller
vers un développement culturel et cultuel qui épouse les
transformations d'une réalité qui se cherche.
122
J'ai besoin de naître en Polynésie,
Veux-tu bien m'accueillir,
Je ressens ton consentement,
Et je m'invite chez toi,
Qu'est-ce que j'ai à te dire ?
Je te connais déjà dans un autre espace
temps,
Je n'ai pas pu être ton frère,
Je me présente comme ton enfant.
Je suis un secoué quand tu exprimes,
peu
La danse, mais c'est notre langage.
Nous Polynésiens pour grandir, il nous faut,
Soleil, nature et eau.
N'oublie pas de m'inonder d'amour,
Cela me fait grandir plus vite !
Je voudrais déjà te délivrer les messages,
Dédiés à notre culture, cela se découvre,
Pour n'en boire que la subtilité !
Ma grand-mère ou première mère,
Selon la tradition va ouvrir,
Ma réalisation et préparer le terrain.
Elle a les prémisses de la tendresse,
Et la dignité du peuple polynésien,
Qui veut retrouver sa nouvelle vision des choses !
Quand je tressaille, les rythmes du « fenua » s'ajustent,
Tu perçois mes mouvements,
Comme le langage familier des « to'ere ».
Je résonne plus loin que tu ne le croies,
Car je suis « Hotu no te fenua »,
Mon placenta est sacré comme mon prénom,
Il faut le déposer en terre selon la coutume,
Car comme cet arbre planté,
Je prendrai racine dans le sol,
Pour relever tous ceux qui auront revêtu,
La nouvelle expression de notre peuple ma'ohi.
123
Littérama'ohi, c'est la forme et le désir de faire vivre cette
littérature avec ce qui est vrai et propre à chacun. Je salue
Il était
une fois, un loir toujours noir,
de ^ezdn S/ei^deedu
é$ee est dadàe de âgd de -/O a/zà . ■
14 octobre 2001 - Taiohae (Nuku-Hiva)
124
Les enfants veulent exprimer librement leur façon de percevoir les
choses pour nous montrer que nous osons trop timidement. Le
contenu a besoin d'être délié pour que la littérature trouve sa
direction et sa dimension par la diffusion des écrits.
125
Marie Claude TEISSIER/LANDGRAF
Présentation personnelle
*
Je suis une des nombreuses descendantes de Léocadie
VAN BASTELAERE, passagère du bateau "Cintra", débarquée à
Papeete le 18 Novembre 1842.
*
Ancienne élève de l'école des Sœurs de Saint
Joseph de
Cluny, j'ai passé enfance et mon adolescence à Tahiti.
mon
*
Après un séjour de 9 ans en France (études + mariage),
je suis revenue au fenua en 1964 pour débuter ma carrière
d'assistante sociale. A cette époque tout était à faire en ce
domaine.
*
J'ai donc été amenée à créer au cours de mes dix sept
la
un début de protection sociale pour les handicapés.
-
*
Puis, en 1980, j'ai occupé le poste d'éducatrice pour la
santé à la Commission du Pacifique Sud, basée à Nouméa. Durant
trois années j’ai exercé ce métier dans de nombreux territoires du
Pacifique. J'ai notamment organisé (à Papeete) la première
conférence régionale des femmes afin de susciter la création
d'organismes fédérateurs de promotion de la condition féminine à
la CPS et dans chaque pays du Pacifique.
*
J'ai vécu ensuite quatorze ans au Vanuatu.
*
Je suis revenue travailler de nouveau au fenua en 1997.
*
Depuis le milieu de l'année 2000 je profite de ma retraite
à Raiatea.
126
Travaux d'écriture
*
J'ai toujours aimé écrire mais, durant de nombreuses
années, je n'ai pu exercer cette activité que dans mon cadre
professionnel:
alors que les demandes d'assistance étaient
nombreuses face possibilités d'aides financières et sociales
aux
au Vanuatu
j'ai participé à un vaste projet de l'UNICEF
qui consistait, dans plusieurs territoires du Pacifique Sud, à susciter
l'élaboration de manuels scolaires relatifs à l'éducation pour la
santé. Les classes concernées allaient de la maternelle jusqu'au
CM2, compris. Avec l'aide de spécialistes et d'enseignants locaux,
avec celle de conseillers pédagogiques
français et australiens, j'ai
assumé la responsabilité de la conception, de la rédaction (en
anglais et en français) et de l'illustration de ces livres qui traitaient
d'agriculture, de nutrition et de santé .
*
Puis est venu le temps où j'ai pu écrire pour mon plaisir:
J'ai commencé par participer à des concours de
-
Suva - FIJI .
127
Oceania". A travers sa vie, j'ai voulu rendre hommage à l'art
océanien. Ouvrages publiés par l'Institut des Etudes du Pacifique
Sud - USP - Suva, FIJI.
-
128
revient tous les soirs habiter chez sa mère qui est une forte tête et
129
—
préfère rester silencieuse. Elle entend des bruits feutrés dans son
dos : les voisins arrivent, silencieux eux aussi. Elle attend sans rien
dire. Une éternité. La femme change de ton.
—
Tu es maman ?
--
130
éditeurs indépendants dans les îles. Leurs publications sont inclues
dans le catalogue publicitaire de l'I.E.P
La directrice de
publication se nomme Ms. Linda CROWL
-
Vous pouvez
lui écrire en français car elle comprend cette langue,
mais, probablement, sa réponse sera rédigée en anglais.
L'adresse est la suivante : Institute of Pacific Studies
University of the South Pacific
Po Box 1168 - Suva - FIJI
Tel(679)212018
Fax (679) 301594
Email : ips@dsp.ac.fi
Détail pratique pour téléphoner : il y a 22 heures de décalage entre
Tahiti_et FIJI. Expl : si vous téléphonez un lundi à llh, à Fiji c'est
mardi à 9 heures.
131
Fax (64) 3 355 2026
Email : twwchch@xtra.co.nz
27 Trovey Street
New Brighton
CHRISTCHURCH
Tel (64) 3 3884 926
Email : drneil@xtra. Co.nz
Dr. N.CARRUTHERS est professeur retraité de l'Université de
CHRISTURCH où il a enseigné la langue française.
Détails pratiques
Autre texte :
"
«
Récemment, en descendant de l'avion qui s'était garé sur la
portion de piste de l'aéroport de Faaa réservée aux lignes inter-
insulaires, j'ai rencontré sur le bitume un tupa ! ...
Petit tupa - toi qui évoque pour moi la sérénité des bords de
mer traditionnels ombragés de purau, rafraîchis par la brise légère
du large, bercés par le clapotis des vaguelettes - toi qui fait naître
132
en mon esprit association de mots tels que : peue, flânerie,
une
papotages, sieste que signifiaient notre rencontre ainsi que ta
-
Ecrivains
originaires de la Polynésie française, tissez des liens
entre par - delà les distances marines, par - delà les
vous,
générations, par - delà les différences d'expression. Soyez de plus
en plus nombreux à faire connaître la spécificité, i'originalité, la
133
risquent d'être tournés en dérision. Mais les personnes à qui je
m'adresse me prendront au sérieux.
Regarde-moi ! Regarde comme cette vie et l'indifférence totale
qu'elle engendre, broient celui qui témoigne seul contre l'oubli.
Regarde comme je suis amputé, comme je suis empoussiéré. Je
suis revenu aussi pour vous, écrivains du fenua ; pour vous dire
qu'il est grand temps de réagir face à l'évolution de cette époque.
Pour certains, osez franchir le pas de l'oralité pour entrer dans le
monde de récrit. Pour d'autres, osez écrire suivant la langue et le
style qui vous sont naturels et qui vous appartiennent. Mais comme
la tâche est difficile et périlleuse, assemblez-vous pour faire
connaître la littérature polynésienne dans le respect de
l'expression de chacun, qu'elle soit de langue polynésienne,
chinoise, européenne. "
Tupa iti e, je transmets donc ton message et j'espère qu'il sera
entendu.»
d'informations.
Nous, qui nous sommes jetés à l'eau les premiers, nous aimerions
savoir :
—
Marie-Claude TEISSIER/LANDGRAF.
134
LITTERAMA’OHI, LITTERAMA’OHI, LITTERAMA’OHI
Par Jimmy LY
Je reviens d’une semaine passée à Los Angeles dans une froidure de printemps
inhabituelle pour la saison. LAX, un terme d’aéroport, une destination de tourisme,
synonyme d’une mégapole très familière aux Polynésiens qui s’y rendent pour leur
shopping, comme si c’était la porte à côté. Et en fait, pour le temps d’un week-end,
c’est la ville d’à côté. Celle qui fait le désespoir des commerçants locaux ou des
pensions de famille dans les îles, ne pouvant regarder que d’un air navré tout ce
pouvoir d’achat qui part dans les poches américaines déjà trop remplies.
Mais Los Angeles moi, c’est bien plus qu’une escale de soldes affriolants à
pour
Santa Monica ou une orgie de dépenses dans ces temples dédiés à la consommation
qui ont pour nom, Costco, Sam’s Club ou Wal Mart, les magasins discount aux prix
délirants, bien connus de tous les Polynésiens. De temps à autre, il est nécessaire de
se plonger dans ce que sera la civilisation de demain. loin des atermoiements et des
11 n'est pas étonnant que Los Angeles soit la ville de la réalité virtuelle par
excellence. Elle est la capitale de
l’image où se trouvent tous les plus grands studios
de cinéma, et aussi la Mecque de l’illusion qu'engendrent ces grands parcs
d'attraction comme Disneyland ou Universal Studios. Un miroir aux alouettes où se
trouvent réunie une population aussi cosmopolite qu’à New York et pour qui le rêve
américain est une préoccupation constante. Une ville qui n'en est pas une vraiment.
135
car contrairement grandes capitales européennes, Los Angeles n’est pas le cœur
aux
La première chose qui frappe de plein fouet le voyageur qui débarque vers la sortie,
c’est évidemment le trafic incessant et hallucinant des bus d’hôtel ou de locations de
voitures mélangés à la horde des taxis, tournant dans une sorte de delirium tremens
en suivant un ovale sans fin
rappelant les Six jours de Paris aux plus beaux temps du
Vel d’Hiv, (les aficionados de l’Aigle de Tolède se souviendront). Dans ce ballet
tourbillonnant à vous faire perdre la tête, si l’on n’y pas habitué, les voyageurs en
quête d’un moyen de transport vont et viennent, pressés à l’américaine c’est-à-dire
ordonnés comme dans une fourmilière, contrairement à Roissy, où. dans un charivari
typiquement français, demander un renseignement pour une correspondance ou se
battre pour un taxi relève d’un vrai parcours du combattant : mais n’est ce
pas ce qui
fait tout le charme gaélique de l’Hexagone.
136
LAX est aussi la ville où est inscrit
en.filigrane le futur de la Terre dans tous les
domaines. Une mégapole où la communication est roi. 1000 canaux de télévision,
pas tous occupés tant s’en faut, où on trouve de tout, le pire comme le meilleur. D’un
côté, la publicité omniprésente, agressive, vantant à la limite du mensonge, les
qualités d’un produit aussi futile qu’un nième régime amaigrissant du docteur X, que
l’on peut commander à la minute même, sans avoir à se
déplacer et surtout sans
aucune garantie. De l’autre, la vraie
information, sandwichée entre les publicités,
souvent en direct, mais aussi dramatisée à outrance. Si au début on se laisse
Cette frénésie de consommation qui va de pair avec la prospérité s’étale aussi dans
les méga shopping center, où prolifèrent les chaînes de magasin omniprésentes au
prix d’une uniformité un peu lassante. Rien n’est moins surprenant que de retrouver
les mêmes produits sur les mêmes rayons. Mais l'acheteur polynésien futé recherche
moins les marques que les démarques sur les articles, et pour cela, il connaît
pratiquement toutes les adresses idoines de L.A. : (prononcer el ai) pour dénicher
toutes les bonnes affaires à faire.
Pays natal du néfaste food sur fond vieillissant et un peu dépassé de hamburger
McDo. et diabétisant du Coke Classic, qui possède le vrai goût du Coca et non
l’horreur du Coca light, l’Amérique se diversifie vers les tamales et autres burritos
mexicains, voisinage oblige. Même la cuisine japonaise et chinoise se déguste dans
des gargotes aux noms de chaînes aussi exotiques que Koo Koo Roo (poulet en
japonais et non l’attribut mâle en tahitien). et autres Chin Chin et Panda Express, qui
137
n’a rien à voir avec le
mythique Orient Express de notre chère SNCF. Mais à travers
ses restaurants de luxe,
ses productions de vins californiens et autres, l’Amérique
veut se donner une autre image que celle d’un cow-boy rustre et paysan. Fi des
largués d’un monde où toutes les informations nécessaires à leur survie ne seront
plus accessibles qu’à travers des messages préenregistrés, stockés dans des disques
durs avec sésame à la clé. Le savoir-faire, la réussite et ultimement le bonheur
dépendront donc de l’obtention d’un mot de code et de passe qui ne sera pas donné à
tout le monde.
Car la misère existe, bien cachée sous les rosaces de croisement des freeways
omniprésents. Loin des centres d’affaires où se traitent, se vendent et s’achètent les
richesses de la planète, des zones résidentielles aux jardins impeccablement
manucurés, des parcs d’amusement plus pour adultes que pour les enfants, elle
prolifère dans ces quartiers où pullule une population à caractère ethnique prononcé.
En prenant le temps de parcourir les artères encombrées et sordides du centre ville
qu’ils appellent ici downtown, subsiste toute une vie à l’européenne, pleine de
convivialité et de dynamisme. Ici régnent dans un coude à coude confraternel des
Mexicanos qui s’entendent curieusement très bien avec les Coréens, au point que
ceux-ci se sont mis à apprendre l’espagnol : commerce oblige. Par contre, sans qu’on
sache pourquoi, ces derniers n’ont aucun atome crochu avec la population noire
qu’ils détestent cordialement et les Blacks le leur rendent bien, allez savoir pourquoi,
car cette situation existait bien avant les émeutes raciales de 1993. Les Chinois
moins téméraires ou mieux
organisés et plus malins se regroupent bien serrés et en
force dans leur Chinatown quoiqu’ils aient déjà commencé à s’implanter déjà dans
des quartiers plus sûrs comme Monterey Park où ils sont majoritaires.
138
la modération dans les prix.
Manquent malgré tout dans ce domaine exigeant de la
création de mode, le professionnalisme du savoir-faire,
l’exigence de qualité dans la
fabrication et surtout cette étincelle de génie dans le
style qui fait toujours la
supériorité des créateurs européens, français et italiens surtout. Facteur culturel ? Je
ne suis pas loin de le
penser.
139
Mais il ne s ‘agit pas de faire le procès d’un pays, d’une culture qui, malgré tous ses
défauts, est la seule ayant les moyens comme l’Empire romain de faire régner une
Pax Americana dans le monde, ce dont ni l’Europe, ni la Russie ou le Japon et
encore moins la Chine ne peuvent assumer aujourd’hui et qui sont bien contents que
l'Amérique fasse le sale boulot de gendarme du bien à leur place. Loin de vouloir
mettre en doute la légitimité de la réaction américaine, il faut être aussi capable de
survoler les problèmes avec une vision interplanétaire sans faux-semblants, ni trop
manichéiste, car c’est la survie globale de la Terre qui est en jeu.
11 faut reconnaître qu’assurément, l’Amérique est capable de bien faire les choses. Il
estdes domaines, où depuis des lustres elle excelle à un niveau qu’aucun autre pays
n’est encore capable d’atteindre et notamment dans celui du sport. Dans les collèges
et universités, les activités sportives atteignent un niveau d’excellence mondiale,
même s’il a beaucoup baissé ces dernières années. J’ai eu la chance insigne de
pouvoir assister en direct aux deux finales de basket-ball universitaire, chez les
hommes et les femmes. Ce sont des évènements médiatiques nationaux couverts par
la télévision, qui mettent en effervescence l’Amérique tout entière. Et chaque fois, à
chaque finale, j’y ai retrouvé ce que le Nouveau Continent produit de meilleur.
Car cesjoutes finales sont comparables à de véritables tragédies antiques avec une
unité de lieu : la salle où se joue la finale, une unité de temps :celui que dure le
match, une unité d’action : la lutte entre le favori et l’outsider, dont les médias nous
auront gavés de pré-interviews, de conseils d’experts, de statistiques d’avant match
dont les supporters sont si friands. Le tournoi entre les quatre meilleures équipes
universitaires d’Amérique qui ont bataillé toute la saison pour arriver à ce stade
suprême afin de décider qui sera le champion de l’année est retransmis et suivi par
tout le pays en prime time : c’est-à-dire ces plages horaires où les spots publicitaires
sont les plus coûteux. C’est aussi pour les stars adulés de ces équipes, à la fois une
consécration nationale et un tremplin vers une future et lucrative carrière
professionnelle dans la fameuse National Basket-ball Association (NBA) où ne sont
choisis et ne survivent que les plus talentueux et les plus motivés.
Soutenues par des supporters passionnés sans être chauvins, volontaires et pourtant
bon enfant, les équipes viennent des quatre coins des Etats Unis après avoir disputé
des matchs éprouvants de qualification. Sur le plancher, se retrouvent par le système
d’élimination directe, les meilleurs joueurs non seulement par leurs qualités
physiques mais aussi morales. A cause de la pression impitoyable, les matches sont
souvent émaillés par une succession de paniers les plus fabuleux comme de ratés les
plus confondants de la part de ces jeunes stars qui ont à peine vingt ans.
Et j’ai toujours vu arriver à la fin, ce qui est à mes yeux lajustification de l’existence
des sports de compétition, ce moment fatidique, le plus dramatique, celui où,
confusément on sent que le match commence à être plié. Se lit alors sur le visage
pathétique des futurs vaincus, dans leurs yeux un peu fixes, légèrement hagards, le
début du désarroi. Celui de ceux qui savent au fond de leurs corps endoloris, aux
muscles tétanisés que le destin a déjà choisi l’équipe adverse.
140
Mais ce qui ajoute encore plus à la grandeur du drame qui se noue et qui se joue sous
nos yeux, c’est la résilience de l’entraîneur, qui essaie à lui seul, et cela, par devoir
souvent, par habitude peut-être, mais aussi par conviction et par orgueil parfois, et
trait bien américain, parce que c’est son boulot, de remotiver ses
joueurs jusqu’à la
dernière seconde réglementaire. On appelle cela du professionnalisme. Il faut qu’il
arrive à faire croire que rien n’est perdu, que tout peut encore arriver et peut encore
changer d’âme et c’est son travail. Mais qu’importe les motivations, avec ce genre de
caractère bien trempé, on apprend qu’il ne faut jamais abdiquer, ne jamais rien lâcher
et faire comme si la victoire était toujours possible. Finalement on
comprend que
c’est de ce bois que les exploits les plus fous sont faits et que les miracles
s’accomplissent.
Tout est donc finijusqu’à l’année prochaine. Rideau. Pub. Demain la nouvelle saison
commence. Déjà tournoi, de golf celui-là, se profile à l’horizon : le Masters
un autre
d’Augusta avec le jeune Dieu de vingt six ans, des greens et des fairways, Tiger
Woods. Et il y en a qui n’aiment pas l’Amérique ?
Né le 1er Janvier 1941, à Papeete, Jimmy LY, écrivain polynésien d’origine chinoise,
version Hakka. est l’auteur de trois livres, « HAKKA EN POLYNESIE » sur la
communauté chinoise à Polynésie, « BONBON SOEURETTE ET PAI COCO » sur
Tes souvenirs d’enfance et d’adolescence à Tahiti et en France, « DE SI KA PU EN
141
« BONBON SOEURETTE ET PAI COCO » (Extrait)
« Le rock ‘n roll n’aura pas eu enPolynésie une influence aussi profonde ni durable,
dû au fait
qu’il y avait moins matière à révolte et à contestation de l’ordre établi. La
jeunesse était-elle trop heureuse en ce temps-là ? J’ai bien peur que l’accident mortel
d'un de mes camarades de classe (Ladislas Malinowski) au volant de sa belle
américaine à Tipaerui vers la fin des années 50 ne pourrait que me pousser à
répondre par l’affirmative.
Quant à la musique tahitienne, enfermée dans un cocon protecteur, loin encore des
bouleversements du monde, elle continuait son petit bonhomme de chemin
tradifionnel et imperturbable, avec ses mélodies joyeuses et nostalgiques. Eddie
Lund et son Quinn’s Tahitian Hut avec l’orchestre du Col Bleu sous la houlette du
sémillant Yves Roche tenaient vaille que vaille toujours le haut du pavé. Ce n’est
que plus tard, les jeunes Polynésiens s’essaieront à jouer du rock à leur façon, diluée
et affadie. Mais on ne retrouvera pas ni 1 ‘énergie de la révolte ni la joie animale de
Ces groupes prenaient aussi des noms qui collaient à l’actualité : les Surfsiders du
Zizou Bar de Tony Chardo avec David Scott et son langoureux saxo, en contre-chant
dans «Quand le soleil dit bonjour aux montagnes... », le souvent oublié Tiare
Apetahi. jouant dans des baraques plus obscures, comme aussi ce compositeur et
chanteur méconnu, Coco Mamatui. crooner vedette de l’orchestre des Super Bovs
d’Alphonse. Mais les jeunes qui voulaient déjà flirter avec la mode yéyé et des
cheveux longs ne prenaient leur pied qu’avec les Savates Jaunes, à l’hôtel Taaone.
fief des frères Vemaudon. tandis que, signe précurseur des temps, apparaissait
également au firmament musical, un jeune chanteur d’origine chinoise, victime plus
tard d’un mauvais fait divers, Jules Chan.
142
Et si par hasard, il vous arrivait d’avoir une envie pressante de vous soulager la
vessie un peu trop tendue par suite de nombreuses canettes fraîches de bière Hinano.
on le faisait à même sur la plage, pieds dans l’eau, sous la voûte étoilée, dans l’infini
de la nuit, bercé par le clapotis du lagon, et souvent à côté d’une
personne du sexe
opposé, saisie de la même urgence, mais à un étage plus bas, qui vous gratifiait
incontinent mais n'était-ce pas de circonstance, d’un large sourire de connivence
qu’on pourrait méprendre dans la chaleur du moment pour de la séduction. Cette
miction lagonaire. fraternelle et solidaire créait de fichtre liens pour la soirée
qui
venait à peine de commencer... »
Aussi, il nous fallait réagir contre cette ambiance délétère et réductrice. Faire jaillir
une revendication et la mettre en forme dans un projet, et pourquoi pas, pensions-
nous, une association d’étudiants chinois de Tahiti. Nous étions trop isolés,
éparpillés aux quatre coins de la France. Pour survivre en tant que groupe, nous
devions nous réunir et nous rassembler autour d’un projet qui pourrait être la
recherche de notre propre identité, dont les plus anciens étudiants n’avaient gardé
qu’un souvenir incertain. Reconnaître qui nous sommes avec nos propres spécificités
et différences, faire jaillir de nous-mêmes la conscience d’une identité à naître et à
construire même de bric et de broc. Voilà de quoi rendre une vie d’étudiant plus
passionnante et plus motivante comme une épopée ou une croisade. Comme avec les
pèlerins et les croisés, il nous suffisait simplement d’avoir la foi.
morosité aussi déclinante que le jour qui n’en finissait pas de mourir, quand l’idée
géniale et conviviale de d’une table de mah-jong germa dans
nous retrouver autour
nos cœurs neurasthéniques. Que n’ayons pas sous la main un jeu de ces
nous
indispensables figurines en ivoire n’était pas un obstacle insurmontable, ni suffisant
pour contrecarrer notre premier culturel. Vaillamment découpées à la va comme je te
143
scie dans de fines lamelles decontreplaqué, les plaquettes poncées, puis vernies avec
un soin
d’archéologues sinologues à la Teilhard de Chardin, furent soigneusement
calligraphiées par notre seul étudiant spécialiste ayant fréquenté l’école chinoise à
Tahiti. Puis, cœur battant la chamade, nous les disposâmes en un ersatz de
Tout étant prêt et dans l’ordre des choses, cette fois-là enfin, l’heure du destin avait
sonné pour les quatre protagonistes positionnés aux quatre coins cardinaux,
inoubliables pionniers d’une aventure qui les emmènerait virtuellement jusqu’aux
confins des routes de la soie. Quand le plus ancien d’entre nous, assis côté Est, eut le
premier l’honneur de lancer les deux dés sur le centre de la table enfermant l’aire de
jeu, en s’écriant rituellement, « Le jeu est ouvert », il passa alors sur cette partie de
mah-jong d’une chambre de bonne du Quartier Latin, ce moment magique indicible
qui nous ramena vers cette Chine étemelle et immémoriale.
rêvais, le cœur et les yeux hilares, qu’au-dessus de cette table, je pouvais sentir
passer le souffle de ce vent des steppes septentrionales de Samarkand et de plus loin
encore, qui nous faisait remonter des siècles en arrière jusqu’à l’ère mythique de
l’Empereur Ts’in Che Houang Ti de la dynastie des Han. Avec les moyens du bord
et notreingéniosité légendaire, nous avions réussi la gageure de renverser le cours du
temps et du destin. Comme pour cette France qu’on dit cocardière c’était le soleil
d’Austerlizt, contrairement à Waterloo, nous n’attendions pas Grouchy mais ce ne
fut pas Blücher non plus. Sonnant la charge comme la cavalerie américaine dans la
« Chevauchée Fantastique » de John Ford, avec un « Kong Song Fa » belliqueux
ceux qui avaient précédé sur cette terre de l’empire du Milieu, de ceux
nous
découverts par les voyages de Marco Polo ou embarqués sur les expéditions
maritimes de l’amiral Cheng Ho, de ceux de la diaspora et bien sûr de tous nos
parents et amis restés en terre polynésienne. Et quand le plus chanceux des quatre
joueurs gagna la première donne d’anthologie avec un « POLTNG » retentissant, nous
avions retrouvé nos racines oubliées et notre âme perdue, dispersée dans les
pérégrinations forcées.
144
« HAKKA EN POLYNESIE » (Extrait)
l’oreille que la bouche, (Pascal ne disait-il pas'que nous sommes corps autant
qu’esprit), qu’ils (les membres de l’association Wen Fa) sont constamment à la
recherche de ces passerelles qui leur permettraient de relier des cultures aussi
dissemblables que celles qu’ils vivent au jour le jour. Ils espéraient ainsi secrètement
accomplir cette utopie maîtresse qui est de pouvoir marier la joie de vivre du pays,
avec la sérénité ancestrale sous
l’éclairage de la raison occidentale dans un raccourci
significatif bien que. j’en conviens, un peu trop rapide, sinon trop sommaire d’une
vision de la future société polynésienne.
Dans cette cuisine des idées, ils pensent à la passion culinaire, qu’elle soit chinoise,
française oupolynésienne, comme un des moyens pour arriver à la fusion de ces
affinités naturelles, complices et uniques dans une vivante illustration du mythe qui
voudrait qu’on ne se nourrit que de ce qu’il y a de meilleur chez les autres. Et à
force, ils en arrivent presque à s’identifier à leur plat favori, ce poisson cru dit « à la
chinoise », plat de polyglotte s’il en est un. souvent galvaudé par une mauvaise
préparation, mais plat mythique quand il est sublimement réussi.
145
Flora AURIMA épouse DEVATINE
( Va itiare)
146
Par tradition familiale et par sens, un peu
désuet, du devoir social, je
m'initie à la poésie traditionnelle, à l'ancien
parlerauprès des orateurs
d'alors, composant à l'ancienne des chants-poèmes, en tahitien, à i'instar
des oncles et grands oncles, et écrivant en français des textes libres.
Jusqu'à ce jour, l'objectif de ma vie n'a pas varié : culture et société
polynésiennes, même lorsque les hasards et/ou les largesses de la vie
m'avaient conduite à m'investir dans des actions en faveur des
femmes, le
projet était avant tout, « femme et culture », « rôle de la femme dans la
transmission de la culture »,
Une ligne de conduite tenue et menée de front avec une vie familiale
nombreuse, (mon mari et moi avons six enfants et nous sommes grands
parents de quatre petites-filles), une ' vie professionnelle, para
professionnelle, sociale, non moins chargée, en tant que membre de
plusieurs associations I
147
J'ai gagné ma vie en enseignant au Lycée-Collège Pômare IV,
l'espagnol (1968-1998), et le tahitien, (1977-1998), avec une coupure de
deux ans, 1983-85 où je suis allée enseigner l'Espagnol au Lycée français
La Fontaine de Niamey (Niger).
J'ai initié mes élèves de 4° et de 3° à la récitation poétique
traditionnelle, en organisant un Intermède poétique sur les textes poétiques
tahitiens (en mars 1972), de même qu'à la poésie espagnole, en les faisant
participer aux "Juegos poéticos", Concours de poésie espagnole à Tahiti
organisé par le Club d'Espagnol du CES du Ta'aone (otobre 1978).
J'ai été
chargée d'enseignement vacataire, (1986-95 ) pour les 1° et
2° année de Dulco (antenne de l'Inalco en Polynésie Française) au Centre
de la Promotion Universitaire du Territoire de la Polynésie française, puis
pour les 1 ° et 2° année de Deug de Tahitien à l'Université Française du
Pacifique, devenue l'Université de la Polynésie Française, à Outumaoro,
(Punaauia-Tahiti),
En tant que "personnalités choisies en raison de leur compétence
dans les domaines scientifique, culturel ou professionnel", pour enseigner
"dans les établissements publics à caractère scientifique et culturel" et
"dans les établissements publics d'enseignement supérieur relevant du
Ministère de l'éducation" national,
Pour y enseigner langue et poésie tahitiennes.
148
Pahu
2)«Tergiversations et Rêveries de l'Ecriture Orale" - "Te
Hono'ura", (le tambour de Hono'ura), Au Vent des Iles, Editions
a
149
c) un Pata'uta'u pour la rame.
(le "fa'atara" fut chanté en "tarava tahiti" par un groupe de Papara,
remportant le 1° prix) ; publié dans Les Tablettes -Te Hiapo - Tata'u sur
Tapa de Vaitiare, (juin 2001).
150
15)Mars
11) 8 Mars 1991 : "Rôle de l'homme et de la femme dans la société
pirogue" (Intervention lors de la Journée Internationale de la Femme sur le
thème de la Planification familiale, à l'Assemblée Territoriale : texte publié
dans "Les Interventions de la Journée Internationale des Femmes".
18)93
13) 17 Sept. 1991 : Fa'ateni des Missionnaires, des Anciens élèves
et Exhortation des jeunes élèves, lors de la Fête des 125 ans de
l'Enseignement Protestant en Polynésie Française 1866-1991; publié dans
le Pomarescope 1991-1992.
14) 13 et 14 Mars 1992 : La mémoire polynésienne, une création :
texte publié dans les Actes du Colloque organisé par l'Association Racines
sur La Mémoire Polynésienne - L'apport de /'Autre, Musée de Tahiti et des
Iles.
1992 : « Propos libres sur l'Apport de /'Autre dans la recherche
de la Mémoire Polynésienne » : inséré dans une Correspondance, "Logues"
(à paraître) ; publié dans Les Tablettes - Te Hiapo - Tata'u sur Tapa de
Vaitiare, suivi de deux textes, Questionner /'Autre et Manger la mémoire, de
Bertrand-F. GERARD (Octobre 2001).
16) 4-7 Mail992: "Les Moyens pédagogiques pour l'enseignement
en langue polynésienne - Production de matériel
didactique"; intervention
au 2° Colloque des Langues Polynésiennes, "Te taura firi i te reo ma’ohi" :
célébrée à Tautira par les Pères Missionnaires Espagnols (1er Janv. 1775 -
1er Janv. 1995).
151
24) 1er Janvier 1995 : Exposition sur Tautira à l'arrivée des
Espagnols : texte de présentation de l'Exposition.
25) Mai 1996 Fa'atara no Tautia : poème en tahitien d'éloge de la
terre et du père ; publié dans Les Tablettes - Te Hiapo - Tata'u sur Tapa de
Vaitiare, (juin 2001).
26) Septembre 1996 : "Y a - t - il une littérature ma’ohi?" : article
écrit à la demande du Ve'a porotetani, Mensuel Protestant, mais y est
publié partiellement : publication in extenso dans le bulletin de la Société
des Etudes Océaniennes N° 271: p.24-38 du mois de septembre 1996 ;
publié dans Les Tablettes - Te Hiapo - Tata'u sur Tapa de Vaitiare, (octobre
2001).
27) 1996 : Postface du livre, "Lieux-dits ou le Malentendu culturel"
de Bernard RIGO, Au vent des Iles, Scoop, 1997) ; publié dans Les
Tablettes - Te Hiapo - Tata'u sur Tapa de Vaitiare, (octobre 2001).
28) Décembre 1996 : "Dans quelle langue écrire"? : article écrit pour
la Revue annuelle N° 6, Dixit 1997, Revue économique, sociale et culturelle,
Créaprint ; publié dans Les Tablettes - Te Hiapo - Tata'u sur Tapa de
Vaitiare, (janvier 2002).
29) 7 et 8 Mars 1997 : " Vivre sa foi au quotidien, ou l'adaptation de
la religion à la population" ; publié dans Les Actes du Colloque International
(Papeete Evangile et Mission en Polynésie: 1797-1997, Les Cahiers du Ve'a
Porotetani, Mensuel Protestant de Polynésie française ; publié dans Les
Tablettes - Te Hiapo - Tata'u sur Tapa de Vaitiare, (octobre 2001).
30) Février 1998 : Oralité : L'histoire de Hina et de l'anguille ;
Rencontres Africaine et Polynésienne autour de la tradition orale, (10-13
Février 1998), à la maison de la Culture* et à propos des "Contes et
légendes d'hier et d'aujourd'hui" ; publié dans Les Tablettes - Te Hiapo -
Tata'u sur Tapa de Vaitiare, (juin 2001) et dans 'Le Grand Sud' (2002).
31) 22 Mars 1998 : « Récit de mémoires mêlées: mémoire familiale,
mémoire sociale et mémoire historique »; sur les fondations de la Maison
des Missionnaires anglais à Papara, (4° Colloque des Langues
Polynésiennes, "Te Taura fi.ri o te reo ma'ohi") ; joint au rapport du
Colloque ; publié dans Les Tablettes - Te Hiapo - Tata'u sur Tapa de
Vaitiare.
32) 17 Avril 1998 : Quelques "Noms" d'élèves et "La légende de
Heitarauri", interventions dans le cadre d’une série de Conférences mises
en place par l'AREN PF, (Association des Rééducateurs de l'Education
Nationale, section de Polynésie Française) en préparation du thème,
"L’Ecole au cœur des Cultures", au Congrès Nationale de l'AREN, du 19 au
22 Mai 1998 à Lille, et publié dans leur rapport.
« Mon Nom » : composition d'un texte sur le Nom que l'on s'est
donné (non publié).
33) 10 Juin 1998 : "Le Savoir du Nom" : intervention dans le cadre
d'une série de Conférences sur la thématique générale de "Communication
et transmission des savoirs, hier et aujourd'hui", mise en place par l'IUFM,
(Antenne de Polynésie française), du 20 Mai au 10 Juin 1998. (non publié).
34) 1998 : "Entre Mémoire et Histoire" : article (non publié).
152
35) Octobre 1998 : « Tergiversations et Rêveries de l'Ecriture Orale"
ou "Te Pahu a Hono'ura", ( Le tambour de Hono'ura), Au Vent des Iles,
Editions de Tahiti, Scoop, Papeete.
153
42) Mai 2001
Te hura vai te hura o te ora : « Danse de l'eau, danse
:
de la vie » poème
tahitien pour un concours de « 'orero » ; publié dans
en
Les Tablettes -Te Hiapo - Tata'u sur Tapa de Vaitiare, (juin 2001).
articles à paraître:
Extraits :
Et j'écris
Et j'écris
Et de fruits de la passion !
Et de "maire rauri'i" !
154
Et j'écris
Et j'écris
Sur le senti
Pour exprimer l'essence !
Et j'écris
Sur l'écrire
Pour épuiser l'écrire !
Et j'écris
En fait, on sait qu'il faut écrire et qu'il y a cette nécessité d'une écriture spécifiquement
polynésienne,
Mais entre le moment de la formulation de l'idée et le passage à l'acte, il peut s'écouler du temps!
Car, jusque-là, les gens voulaient bien écrire, mais n'osaient le faire,
Peu familiers de l'écriture, doutant d'eux-mêmes, ils tergiversaient,
Ne se sentant pas des qualités, des compétences, pour se lancer dans l’aventure de l'écriture.
F. Devatine
(Avril 2002)
155
Ecrire pour raconter
parfois vrai, elle ment aussi, déguise la réalité ne serait-ce que par
le caractère partiel de son témoignage.
156
En fait, tout le monde écrit quelque chose sur sa vie et sur sa
mort, son passé, son présent et son futur comme sur ceux des
autres. Toute la journée se font des écritures
qui ne sont pas
l'Ecriture, qui ne sont pas littérature. Tous ces signes sont
témoignages mais, non reliés entre eux de manière harmonieuse,
ils ne sont pas récits, sinon exceptionnellement. La
majeure partie
du temps, le récit est implicite.
157
nostalgie des temps où la culture polynésienne était légitime. Il ne
les comprenait pas.
faits.
158
cyclique de leurs morts, alors on se tait. On s'est pris de tendresse
pour ceux qui, portant la mort, croyaient dur comme fer apporter
la vie. Pour ne pas leur faire de la peine, on se tait. Ainsi, le silence
convenu est devenu traditionnel et
ça ne rend justice à personne.
Ne parler que de son indignation pour ce qui s'est
passé après le
reniement du sacré des origines, c'est fermer les yeux sur l'acte
fondateur de la reddition morale et
politique indigène. C'est
s'interdire la réconciliation avec les mots des générations
d'hommes et des femmes qui ont jalonné l'histoire depuis le début
des temps et au cours des temps successifs jusqu'à nous. En niant
les ennemis d'hier, on s'oblige à en inventer des actuels. S'en
offusquer est tout aussi inutile.
Nul ne peut changer
ce qui est passé.
Pour oser,
depuis quelque temps, rompre ce silence par de
courts écrits dans les journaux et magazines, interrogeant
autrement la réalité de notre société et de notre imaginaire, ce
présent article témoigne d'une expérience d'écriture non encore
totalement libérée des contraintes mentales qui pèsent sur tout
être issu de notre société insulaire.
Laparution dans Tahiti Pacifique, de mes premiers
tevtes impertinents » : « Vous avez dit histoire ? », « Tamahine
«
159
mutisme d'une population qui comprenait des poètes et des
orateurs, des humoristes et des auteurs de dits » paripari bien
«
souvent malicieux. Ils ambitionnent pour l'auteur et d'autres, la
sortie de la préhistoire qui, selon Ouaknin et Rotnemer, est une
attitude et non une époque. « L'homme préhistorique est l'homme
'des astres', 'l'homme désastre' de la destinalité préfabriquée, de
l'écoute non révoltée..., où il n'est qu'un anonyme, noyé dans la
masse d'un 'on' où il était parlé sans avoir jamais accès à lui-
C'est les rendre plus forts, plus sûrs d'eux et plus libres face aux
tentatives diverses de capture par la drogue, les idéologies et les
sectes.
l'écriture. Car tant qu'on a pas essayé, on ne peut pas dire qu'on
est bon ou mauvais. Au travail
Simone GRAND
BIBLIOGRAPHIE
160
OLIER F. adjudant chef (1994), Le service de santé des armées en
Notice bio-biblioaraphiaue
161
en tahitien signifie « fêlure, division séparation, schisme »,... tout
un programme ! Je préfère le terme « métisse ».
Née
en 1943, à Pirae dans un « quartier » qui, bien qu'habité
enfants qui, surtout les garçons, étaient partout chez eux, du pont
de la Fautaua à celui de la Ha muta. Aucune de ces familles n'était
riche, aucune n'était pauvre. C'était une vie simple où la nature
était respectée car elle produisait ce que nous n'avions pas les
moyens d'acheter : anguilles et chevrettes dans les rivières,
poissons et coquillages dans le lagon et productions du jardin. La
nature offrait aussi la beauté de ses paysage, la fraîcheur des
162
termina ces études. Le professeur François Doumenge fut un
précieux mentor.
Après une tranche de vie dans un village du Gard, je décidais
de revenir au fenua avec mes trois enfants. En 1980, embauchée
au Service de la pêche, j'ai travaillé sur les poissons de lagons,
sillonnant les Tuamotu. Nommée chef du service de la mer et de
l'aquaculture 1985, j'eus le bonheur entre autre, de participer
en
au développement de la perliculture ; à la conception et à la mise
en œuvre du programme de pêche hauturière.
Eléments bibliographiques :
163
perliculture, agriculture, environnement, réglementation, organisa-
tion de service, éducation, élevage, non seulement sous l'angle
technique mais aussi humain. Car c'est pour la société des
*
Tahiti Pacific
164
°
au cours de l'année 2001 : A quand faut-il faire remonter la
tradition ? - Vous avez dit demi ? A quand faut-il faire remonter la
tradition ?
°
mars 2002 : langage juridique
-
La Dépêche
°
en mars 2001 : Crimes sexuels àu pays des amours et de
l'enfant roi
°
en décembre 2001 : la ora i te reo tahiti, o vai oe ?
°
en mars 2002 : Vous avez dit païen ?
-
S. Grand
165
"
retïoials1
Il aurait été
avantageux d'associer à cette modeste
présentation littérature polynésienne francophone dite
de la
d'émergence, que la critique actuelle nomme littérature
postcoloniale, le cadre socio-culturel dans lequel elle s'inscrit.
Malheureusement la place nous manque pour effectuer cette
présentation.
prosélytisme chrétien.
Bien différentes sont les fonctions que l'écriture, associée à
la fiction -apparue depuis une vingtaine d'années en
Polynésie-
peut recouvrir. Elle constitue un "transfert" au double sens
166
laquelle il s'observe et prend conscience de lui-même et de la
société à partir d'un nouveau point de vue. Il peut ensuite opérer
une double ré-interprétation syncrétique de la culture tout en
maniant langage devenu universel : la société change par
un
"
Le discours polynésien "
167
passé présenté comme glorieux, l'attachement à la terre, la
recherche d'une langue originale forment la toile de fond de cette
jeune littérature en devenir.
Cette littérature est le signe à la fois d'une appropriation,
celle de l'usage de l'écriture, d'une intégration culturelle dans la
modernité et paradoxalement parfois d'une révolte face à une
culture étrangère vécue comme envahissante puisqu'on ne peut y
échapper.
Henri Hiro, Message poétique. Tupuna Productions 1991. Ouvrage posthume. Le lien entre politique et
culture aété illustré par l’existence de Henri Hiro qui a d’abord participé à la création d’un mouvement
politique progressiste (1975) puis a choisi le combat politico-culturel à dominante indépendantiste (1982) et
pour finir a choisi l’expression culturelle associée au mode vie rural conforme à ses aspirations (1985).
168
sa terre et à une culture vécue. "Henri Hiro était mémoire et il était
projet", "verbe et lumière" a-t-on pu dire de lui. Il adoptait une
poésie au ton incantatoire, qui exprimait une quête à la fois sereine
et désespérée. Le travail créatif de Hiro doit être
appréhendé dans
sa totalité en y incluant le cinéma, le théâtre et le chant choral. Sa
169
Légendes collectives, légendes familiales fondatrices, histoires de
terres, poésies florales en l'honneur du tiare, îles et lieux où
soufflent la tradition et le lien entre la terre et la spiritualité. Il
omet toutefois d'observer les transformations que ces récits
familiaux ont subies compte tenu du décalage existant entre les
faits racontés et le temps de l'énonciation. Ces "ouvrages rêvés"
qui passent pour représenter le passé fidèle et authentique de la
Polynésie, sont en réalité des récits relevant d'un phénomène
syncrétique : celui de l'appropriation par certains Polynésiens de
l'écriture apprise par les Missionnaires protestants.
Pour Chantal Spitz enfin, la culture et les transformations
qu'elle subit et qu'elle imprime aux mentalités, tiennent une place
importante dans son roman "l'Ile des rêves écrasés", “mais
l'écrivain met la culture au service de la fiction littéraire et de son
écriture ; c'est en cela que Chantal Spitz est très moderne et
pourra dans l'avenir soit approfondir le lien culturel, soit le
dépasser et peut-être même s'en affranchir parce que sa démarche
est d'abord créatrice.
L'affirmation de l'individu
Flora Devatine10initie
Polynésie la réflexion sur l'acte
en
10
Tergiversations et rêveries de récriture orale^ Au vent des îles, Papeete 1998.
11
titre d’un essai daté de 1998 de l’écrivain haïtien René Depestre.
12
selon une expression de l’écrivain haïtien R. Depestre.
13
Poutaveri est le nom que les Polynésiens ont donné au navigateur français L. A. de Bougainville. Editions
Scoop, Papeete 1996.
170
Occidentaux puis l'évangélisation vont réduire à un rôle de
figuration exotique la culture traditionnelle, qui peu à peu se fige et
sera réduite au formalisme
puis à un certain silence. Est-ce parce
que le principal personnage est une petite fille qui, sur la durée du
roman -une quarantaine d'années- ne
grandit pas ou très peu, que
le lecteur ne sent pas la volonté de défendre la culture menacée ?
En effet, entre la culture de la guerre représentée
par son père qui
l'impressionne et la révolte, et la fréquentation des missionnaires,
elle choisit la deuxième relation : l'école, l'écriture, les
apprentissages nouveaux, les visites aux missionnaires notamment
auprès de Tavi (Davies) pour lequel elle éprouve une certaine
affection. La gamine n'attaque pas la puissance
missionnaire, elle
cherche à se la concilier et assurer sa propre transformation.
Dans un recueil de poèmes, Louise Peltzer
s'interroge sur
l'identité: "Est-ce le pareu qui fait le Tahitien ?" demande-t-elle,
soulignant ainsi une acculturation prononcée de l'homme ; ailleurs
à propos de la langue tahitienne "miraculeusement
préservée", elle
déclare préférer "qu'elle disparaisse plutôt que d'être dénaturée"
alors que, selon elle, la langue a un statut "sacré" Elle n'hésite .
14
Vai. la rivière au ciel sans nuages. Cobalt/Tupuna, Papeete 1990.
15
Le Centre d’Expérimentation du Pacifique créé en 1963 comme structure permettant les essais nucléaires
français.
171
Chaze donne à lire l'exotisme d'un monde qui a brutalement
disparu entraînant avec lui un art de vivre insulaire privilégié pour
une classe sociale métisse. La conscience personnelle nostalgique
demeure seule pour assumer l'histoire.
Chantal Spitz effectue un parcours créatif original : elle
s'inspire de actuels que rencontre la société
problèmes
polynésienne et cherche en même temps une écriture personnelle
pour les énoncer. L'alibi culturel n'est, chez elle, pas le seul en jeu,
même si les dysfonctionnements dénoncés ont une origine socio-
culturelle. Chantai Spitz effectue un travail sur l'imaginaire autant
que sur la langue et le style. Sa démarche relève d'une
authentique vocation littéraire. Pour elle le français est sa langue
d'écriture, elle ne se perçoit ni comme écrivain francophone, ni
comme écrivain français. Elle se définit comme une Tahitienne qui
Rupture et révolte
16
L?île des rêves écrasés. Les éditions de la plage, Papeete 1991.
172
culture. Ainsi le discours sur la culture constitue bien souvent une
mise en question de l'histoire coloniale, mais elle évite l'agression
politique et fait l'économie de la déconstruction du discours
colonial. Ce qui explique, sur un autre plan, l'engouement actuel
des élus pour l'architecture coloniale... Ce détour par la culture
s'explique par l'histoire politique du fenua depuis 1945 et
particulièrement par celle du leader Pouvana'a a O'opa. Le travail
actuel de Simone Grand qui aborde la question de la personnalité
métisse, personnalité double donc comme la sienne, et cherche à
la déconstruction des influences polynésiennes et popa'a qu'elle a
et vit intérieurement, est très intéressant et prometteur. La
littérature francophone n'est toutefois pas ouvertement une
littérature de libération, elle est plus ambiguë dans Sa démarche,
comme l'est globalement ce pays sur cette question.
173
numéro du Bulletin de la Société des Etudes
et conviction dans le
Océaniennes consacré à l'écrivain Pierre Loti, publié fin 2000.
Un concours littéraire17organisé
par le quotidien "Les
Nouvelles de Tahiti" a permis découvrir l'imaginaire que
de
véhiculent certains jeunes Polynésiens, ceux du moins qui se sont
livrés en amateurs à cet exercice.
L'écriture sert moins à inventer une fiction qu'à témoigner
et à se raconter ; la tendance réaliste, souvent autobiographique
est donc forte. L'inspiration s'appuie sur du vécu ou s'élabore à
partir d'un réel immédiat observé ou raconté : trois récits évoquent
18
d'abominables viols incestueux , quatre histoires sont construites
à la suite d'une adoption (fa'a'amu) problématique. La question de
l'identité (te iho tumu) est récurrente : "qu'est-ce qui fait de‘moi
un Polynésien ?" s'interroge l'un des auteurs qui recherche et
énumère des critères d'appartenance. Le sang, la langue, le lien à
la terre ou la connaissance de la culture etc. ? L'identité se définit
également métisse lorsque des parents sont originaires d'archipels
différentset de religions chrétiennes concurrentes. Les récits
témoignent d'identités refoulées, ou en recherche, en tout cas
paradoxales. C'est dans cette souffrance qu'il faut trouver l'origine
de l'écriture libératrice de adolescents et jeunes adultes :
ces
17
Ce concours, intitulé "Ecris ta Polynésie’" a été ouvert entre le 3 avril et le 31 juillet 2000, aux classes
d’âge de 15 à 19 ans et de 20 à 28 ans; il a permis de recueillir 36 participations. La moitié des ‘‘nouvelles’'
reçues provenait d’auteurs considérés comme “polynésiens”.
18
un jeune garçon, né d’une rencontre entre une très jeune fille et un militaire énumère les conséquences
psychologiques du viol dont il a été victime de la part de son beau-père diacre : “soumission, impuissance,
infériorité".
174
Il serait inconvenant de vouloir suggérer à la littérature
polynésienne les voies qu'elle devrait emprunter, tout au plus peut-
on exprimer,en tant que lecteur, quelques attentes. J'en vois deux
ou trois.
D'abord, au-delà de ses liens naturels avec la culture qui
"l'inspire", on souhaite de cette littérature qu'elle développe
davantage son propre imaginaire, son espace fictionnel à partir des
lieux, de l'histoire et des hommes, car l'écriture référentielle de la
subjectivité et de la sensibilité ne sont pas totalement des
imaginaires ; qu'elle tâche d'être plus inventive et raconte des
histoires inédites, qu'elle innove en inscrivant aussi plus souvent
ses récits dans le temps présent. On attend également l'expérience
du vécu, l'élucidation et le dévoilement du réel insulaire,
l'expression des sentiments vrais. En fait, qu'une certaine fierté
altière et qu'un paraître avenant laissent la place au discours sur
soi (comme on le trouve chez Sia Figiel). Enfin toute littérature
étant d'abord langage, elle peut encore ou renouveler le sien, ou
en multiplier les manifestations, comme le souhaite Flora Devatine
Daniel Margueron
Tahiti, avril 2002
175
Qu'en est-il de la littérature sur « le Territoire »
de « la Polynésie » « française »?
H.Hiro, durant sa trop brève vie, fut le seul, jusqu'à présent, à avoir
pu, avec talent et bonheur, toucher quasiment à toutes les formes
d'expression,
Qu’elles soient poétique, théâtrale, cinématographique, artistique...
Sa formation, sa position et son rôle à la direction de la Maison des
Jeunes, Maison de la Culture, l'avaient amené tout naturellement à
développer cesdifférentes formes d'expression,
Lui donnant, en même temps, l'opportunité, l'espace et les moyens
de réaliser ses rêves, d’exprimer ses talents d'orateur, de poète, d'acteur,
de cinématographe,
Pour l'enrichissement du patrimoine culturel polynésien.
« Phoenix de ces bois , il s'y était exprimé avec le génie qui lui a été
reconnu »
176
Un mouvement
qui va bénéficier du changement des
mentalités, la reconnaissance, au niveau mondial, des
avec
peuples minoritaires et de leurs langues,
Et qui va favoriser l'émergence d'une littérature
polynésienne
s'exprimant dans une mosaïque de langues :
En effet,
Concours littéraire Prix de l'Académie Tahitienne,
ce
renouvelé treize fois sur une période allant de 1976 à
1990, et
relayé en 2000, soit dix ans après, par celui Prix du Président
auquel va s'ajouter en 2001, celui Prix du Président pour la
Jeunesse, va faire apparaître
177
Johnny TERII FAAHEE (1976, 1977 et 1986),
Louise PELTZER (1984, 1986, 1989).
Emile HIRO,
Iosua PENI,
TaariaWALKER,
Jacques IHORAI,
Vaetua TERIIAMA-COULIN
Pani HEIMAU
Louise PELTZER
Taaria WALKER.
178
Laquelle littérature tahitianophone est suivie de loin par des
écritsen langue pa'umotu, et
depuis peu, en langue rapa et en
marquisien.
-
1 était écrit en langue marquisienne,
-
1 en tangue paumotu,
-
1 en langue rapa,
Et
-
9 en tahitien.
179
Les ouvrages qui avaient été retirés des Concours sont :
180
Un récit d'une
Jeune racontant la vie de sa grand'mère : ses origines
familiales, la vie dans le district, le mariage arrangé, la fuite de l'emprise
sociale, familiale ...
Le thème
en est l'évolution de la société polynésienne, à travers une
succession de
cinq histoires ( présentées sous forme de « 5 puta », 5
livrets) se déroulant dans l'espace, du district devenu par la suite commune
de Paea, et dans le temps,
*
Depuis les temps immémoriaux, celui des pehepehe ou
chants épiques anciens,
Te pehepehe o Manorua, O vai o Paea, Aito-Vahimoe
Te ha'aipoipora'a, te tautai,
*
L'histoire de deux jeunes,
Te tamahine no Maraa,
*
Aux temps des Arioi, celui des taurë'are'a,
Taneara'i,
*
L'époque moderne, celle de la drogue,
Te 'a va'a va ta'ero,
*
De nos jours, avec le temps des huma mero,
Te Parahira'a o Tetuari'i.
La
langue elle aussi évolue, depuis l'expression proche de celle des
textes de T. HENRY, passant par celle plus biblique avant d'en arriver peu à
peu à la langue d'aujourd'hui,
181
N° 2 : Ua turerua to tama ... no Matairea (101 pages)
jeune compagne en France... et qui finit par revenir au fenua, par réintégrer
son île.
Ceci étant dit, les observations relevées attestent par ailleurs des
qualités même du texte,
A savoir que son auteur a effectué un travail de recherche
indéniable, cherchant à faire revivre la langue, à s'immerger elle-même
dans la langue de ses tupuna.
C'est une narration de réflexions de fin de vie, dans une langue bien
écrite, riche, poétique, et dans un esprit positif, confiant en l'avenir.
On y trouve la même recherche et adaptation du vocabulaire ancien
polynésien dans l'écriture, avec l'effort remarquable, et très utile pour le
lecteur, de donner en bas de page la signification de termes spécifiques peu
usités.
182
D'un autre point de vue, dans ce manuscrit, et sur le plan social,
quelque chose de l'ordre de la transmission d'une génération aînée à
l'autre s'écrit!
C'est aussi ce qui fait la valeur de cet ouvrage.
C'est un récit fictif intéressant, un peu sur le modèle des contes des
mille et une nuits, à travers une série de rêves, - des sauts -, voyages
éclairs (flash back) dans le passé,
Effectués, vécus par Pakakina, personnage du temps présent, d'une
grande curiosité et d'un vif intérêt pour les gens et pour les lieux de chaque
époque qu'il entrevoit et visite en rêve.
Il nous en fait
description détaillée, simple.
une
183
d'éléments de l'environnement physique permettent-elles au locuteur
tahitien de lire l'ouvrage,
184
société, sa vie, avant de pouvoir entrer dans le monde de la fiction,
du récit, de l'imaginaire,
Son fils Ernest SALMON qui, lui aussi, avait laissé des
écrits.
185
Quant à Mai-Ari'i CADOUSTEAU, elle tenta d'aborder l'aspect
historique de la société tout en s'intéressant à la langue, publiant
grammaire, dictionnaire, manuel d'apprentissage de la langue
tahitienne, et autres livres sur les généalogies, sur les prénoms
tahitiens..
écrits en anglais par des Tahitiens, soit dans les ouvrages plus
récents écrits et/ou publiés en français !
Ils doivent à
présent briser leur coquille, tout comme l'a fait
Ta'aroa l'ancien dieu créateur des Tahitiens, pour accéder à une
vision et à une saisie plus large du monde, à partir du lieu où ils
sont, à partir de leur monde.
186
Donc, pour conquérir et remporter de façon éclatante leurs
lettres ou titres de noblesse, et leur droit de cité dans le monde
littéraire polynésien, océanien, et/ou national, international,
aujourd'hui,
au-dessus du
quotidien, taquinant l'esprit critique, aiguisant la
réflexion, pratiquant le questionnement sans fin,
français,
Tout comme les livres d'auteurs français devraient être
traduits en langues polynésiennes, comme cela se passe dans
d'autres pays,
Comme cela avait été initié ici, il y a plus de cent ans, dans
les journaux d'alors, avec les publications de textes sur Socrate ou
des fables de la Fontaine... dans les deux langues, française et
tahitienne.
187
Un exemple frappant de cette nécessité est le cas de
l'écrivain péruvien Mario Vargas LLOSA à qui l'Université de
Polynésie française a remis, en janvier 2002, le Diplôme de
Docteur Honoris Causa : il n'aurait jamais été l'écrivain
internationalement connu et apprécié qu'il est, ni devenu Docteur
de l'Université de Polynésie française, si ses œuvres n'avaient pas
été traduites dans plusieurs langues dont l'anglais et le français.
188
C'est en cela que
la publication, par l'Association Hitimano
'Ura et Ministère de la Culture et de l'Enseignement
par le
supérieur, chargé de la promotion des langues polynésiennes, de
l'ouvrage, Te Oho no te tau 'auhunera'a, de Parick Araia
AMARU, 1° Prix du Concours littéraire Prix du Président 2000,
Elle existe,
Elle existe comme elle est,
Et elle est comme les auteurs polynésiens ont pensé qu'elle
est et disent qu'elle existe, aujourd'hui,
C'est à dire différente, variée, polynésienne, multilingue.
189
C'est celui d'autres personnes animées par la passion,
Parce qu'il y faut de la passion, passion de l'édition, passion
de la traduction, -plus difficile que l'écriture-,
Ce sont des
domaines, des mondes qui se croisent et
travaillent à un ensemble, et dans lesquels où l'on
moment
n'avance pas autrement qu'avec de la passion, de la foi, de
l'amour !
Lïttérama'ohi,
Ramées de Littérature Polynésienne
Te Hotu Ma'ohi !
F. DEVATINE
(21-04-2002)
190
« Ecrire, c’est redire à l’infini l’élan des possibles. Comme
nous ne rendons grâce, au fil du temps, qu’à ceux qui nous ont
laissés des traces, puissent-elles sans cesse signifier. »
Hina-Marie ARBELOT
191
Conversation autour d'une tasse de café
« -
Michèle, lis cela ! Lis tout avant de réagir ! »
« - revue
... donne une existence, une réalité à la
Cette
littérature polynésienne qui enfin va appartenir à un monde
littéraire, du moins à un monde d'expression !...
Le titre Littérama'ohi est un mot noble qui englobe un tel
domaine d'expression de liberté, d'éloquence, de poésie.
C'est une inscription claire dans la littérature !
Enfin le mot prend son plein sens, c'est l'écrit !...
aux hommes qu'aux femmes, un nom polynésien. Pour moi qui n'ai
pas reçu de nom tahitien, la remise de décoration devant la Presse
par le Président du Gouvernement a été un baptême, une
reconnaissance venant d'ici, de la Polynésie,
192
Ici où j'ai vécu, grâce à l'accueil des gens, à la télé, à la radio,
aux gens que j'ai rencontrés et qui m'ont fait confiance, quelque
chose de beau,
Ici où j'ai ressenti une humanité qui est universelle !
Donc il y en a qui recherchent cette reconnaissance,
Or la reconnaissance passe par le nom,
Le nom d'auteur !
Auteur polynésien !...
Il faut craindre la dilution qui est dans l'histoire et dans le
monde de l'édition,
Car dans tout ce qui paraît, il y a le ressenti occidental et une
pénétration dans la mémoire polynésienne : cela pourrait être une
ombre qui va vous éteindre ...
F.D.
193
«
Identité marquée
Le dernier souffle
Je ne sais pas
qui remercier :
la terrequi nous accueille ou
nos ancêtres qui y ont bâti leur monde, le nôtre.
194
Je ne sais plus qui blâmer :
mes ancêtres qui se sont dissociés de ma terre ou
moi-même qui porte un jugement sur ce que je ne connais pas ?
Moiqui ne maîtrise pas mon histoire,
Moi qui ne maîtrise pas mes ancêtres,
Moi qui ne maîtrise pas ma terre.
Taraua.
(Informaticien, France)
195
Notes
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Notes
Notes
198
Littérama'ohi
Ramées de Littérature Polynésienne
Te Hotu Ma'ohi
Directrice de la publication :
Flora Devatine boîte postale 3813 Papeete
98 713 Tahiti
fax (689) 820 680
mel tahitile@mail.pf
Comité de direction :
Patrick AMARU
Michou CHAZE
Flora DEVATINE
Danièle-Taoahere HELME
Marie-Claude TEISSIER-LANDGRAF
Jimmy LY
Chantal SPITZ
199
Attiré par des rêves de richesse
Il quitta son pays avec sa tresse
Qui a Tahiti se révéla l'objet
Et la cible de maints et maints quolibets
De vexation en vexation il s'en fut
Mais faire fortune, hélas ! il ne put
Son logis était un vrai capharnaüm
Mais heureusement il avait l'Opium
Qui lui ouvrit les portes d'un paradis
Peuplé des plus belles filles du Pays
Quand enfin à Canton il s'en retourna
En son honneur l'on tua le cochon gras.
A jeune il vendit son passeport
un
René SHAN
08/05/77
200
)
,, -L
René Shan
on lui dit, à lui, "le nul en maths" qu'il doit être bon en
Michou CHÂZE
l(]‘7 d'aSchz Twvf ftrruvè D/m mPmie
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