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CHAPITRE III : LA CONNEXION ACIER – BETON

Les connecteurs et les armatures transversales répartis le long de l’interface acier – béton
d’une poutre mixte doivent être capables de transmettre les efforts de cisaillement
longitudinal entre la dalle et le profilé.

On peut se dispenser d’effectuer une vérification au soulèvement de la dalle lorsque les


connecteurs ne sont pas soumis à une traction directe et qu’ils présentent une résistance en
traction au moins égale à 10% de leur résistance en cisaillement.

Il existe deux catégorique de connecteurs. Les connecteurs «ductiles» et connecteurs


« non ductiles».
Un connecteur est considéré comme ductile lorsqu’il présente une capacité de déformation
suffisante en glissement pour justifier l’hypothèse d’un comportement plastique parfait de la
connexion. En pratique, cette capacité de glissement a été fixée d’au moins 6 mm dans
l’Eurocode.
Les goujons soudés à tête d’un diamètre nominal de fût allant de 16 à 25 mm et d’une hauteur
hors-tout (après soudage) d’au moins 4 fois le diamètre, peuvent être considérés à priori
comme ductiles; également les boulons à haute résistance (à serrage contrôlé), les cornières
soudées avec une aile verticale élancée et les cornières formées à froid et clouées au pistolet.
En bâtiment, la vérification d’une connexion ne s’effectue qu’aux ELU, sauf dans le cas très
particulier d’une connexion par boulons HR. Lorsque les sections mixtes sont de classe 1 ou
2et que les connecteurs sont ductiles, la connexion peut être « complète» ou « partielle» en
fonction du niveau des charges appliquées, comme détaillé plus loin.

1. Résistance de calcul des goujons soudés à tête

Les goujons soudés à tête sont les plus utilisés avec les dalles pleines ou mixtes de bâtiment.

La résistance d’un goujon (présentant en pied un bourrelet de soudure normal), utilisé en dalle
pleine, est donnée par la plus petite valeur des deux formules ci-après :

Avec la condition : 16 mm ≤d ≤25 mm,

Et pour une résistance ultime en traction de l’acier du goujon : fu ≤500 N/mm².

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α est un coefficient correctif, égal à 1 pour h/d > 4 , et égal à 0,2(h/d + 1) pour

3 ≤ h/d ≤4.

En dalle mixte, avec les nervures de tôle profilée perpendiculaires à l’axe de la poutre
métallique, les deux formules doivent être multipliées par un coefficient kt de réduction
éventuelle pour tenir compte des conditions d’enrobage des goujons et de leur mode de mise
en place. Ce coefficient est donné par la formule empirique :

Où nr est le nombre de goujons dans une nervure (sans prendre nr > 2 dans la formule) et ne
doit pas dépasser les valeurs suivantes du tableau:

La formule de Kt n’est applicable que si :

hp ≤ 85 mm et b0 > hp et si : d ≤2 0 mm pour des goujons soudés à travers la tôle,

Ou si : d ≤22 mm pour des goujons soudés directement sur la semelle en utilisant une tôle pré-
perforée.

En dalle mixte, mais dans le cas d’une nervure de tôle parallèle à l’axe de la poutre
métallique, les deux formules doivent être multipliées par le coefficient :

Avec la condition: h ≤ hp + 75 mm.

2. Calcul élastique de la connexion

La méthode de calcul élastique a l’avantage d’être générale (pouvant s’appliquer aux poutres
isostatiques ou aux poutres continues de classes 1, 2 ou 3); en revanche, elle doit tenir compte
des réactions d’étai (si la poutre a été étayée en phase de construction), des effets du retrait et
des effets différentiels de température entre dalle et profilé lorsque ces phénomènes ne
peuvent être négligés.

Cette méthode est vivement recommandée dans le cas d’utilisation de connecteurs non
ductiles.

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La méthode consiste à déterminer le flux de cisaillement longitudinal par unité de longueur le
long de l’interface acier – béton, soit :

Où VEd (x) est l’effort tranchant de calcul en fonction de l’abscisse x de la section ; Ih (x) est
le moment d’inertie homogénéisé de flexion; et Sh(x) est le moment statique, par rapport à
l’A.N.E, de l’aire de la section de dalle capable de reprendre des contraintes normales. Plus
précisément, sous flexion positive, e moment statique est celui de l’aire homogénéisée b+eff.
hc /n si l’A.N.E est en dehors de la dalle; il est celui de l’aire homogénéisée b+eff .z /n
lorsque l’A.N.E coupe la dalle à la position z.

Sous flexion négative, le moment statique ne concerne que l’aire de la section d’armature
(puisque le béton fissuré ne reprend pas de contraintes normales).

On répartit ensuite les connecteurs par tronçons successifs le long de l’interface, définis de
manière que dans chaque tronçon, d’une certaine longueur ℓ , le flux ne s’écarte pas trop de
la valeur moyenne sur le tronçon (par ex., ± 5%).

Le nombre nℓ connecteurs à placer sur le tronçon de longueur ℓ , avec un espacement qui


peut être uniforme, est donné par :

3. Calcul plastique de la connexion – Connexion complète

La méthode implique que les sections de poutre puissent être plastifiées (classe 1 ou 2, ou
encore 2 équivalente lorsque l’âme est de classe 3). Les connecteurs doivent être également
ductiles.

Elle est basée (en connexion complète) sur le calcul de l’effort total de cisaillement
longitudinal Vℓf exercé sur chaque « longueur critique» de poutre.

Une longueur critique est définie comme la longueur entre deux sections critiques
successives; Considérons d’abord le cas d’une poutre isostatique simplement appuyée,
soumise à une charge répartie ou à une charge concentrée :

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En supposant l’atteinte de M+pl,Rd dans la section critique intermédiaire B , l’effort Vℓf sur
chaque longueur critique (AB comme BC) est donné par :

Compte tenu de la possibilité de redistribution des efforts entre connecteurs ductiles, le


nombre de connecteurs par longueur critique est donné par :

Les connecteurs peuvent être uniformément espacés sur chaque longueur critique. Pour une
poutre continue, l’effort de cisaillement Vℓf(AB) pour une longueur critique de rive AB, et le
nombre de connecteurs nf(AB) sur cette longueur sont donnés par les deux dernières relations.

Sur la longueur critique intermédiaire BC, l’effort de cisaillement doit être calculé égal à:

l’armature devant être plastifiée pour avoir la garantie d’atteindre le moment de résistance
plastique M-pl,Rd au droit de l’appui C.

Le nombre de connecteurs sur la longueur critique BC est alors donné par :

l’armature devant être plastifiée pour avoir la garantie d’atteindre le moment de résistance
plastique M-pl,Rd au droit de l’appui C. leur espacement pouvant être pris également constant.

Le nombre total de connecteurs de la travée AC (en connexion complète) est donc :


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4. Calcul plastique et connexion partielle

Dans le cas de la poutre isostatique, lorsque le nombre de connecteurs n est inférieur à nf sur
les longueurs critiques AB et BC, ou même sur une seule de ces longueurs, la poutre est dite
en « connexion partielle». Le flux total de cisaillement longitudinal repris par les connecteurs
ne peut dépasser :

Et le moment résistant que peut offrir la section Ba nécessairement une valeur réduite:

Pour déterminer M+Rd(red), il est admis de pouvoir le considérer comme un moment réduit de
résistance plastique M+pl,Rd (red)(en sections de classe 1ou 2), en distinguant alors deux
A.N.P, l’un dans la dalle et l’autre dans le profilé. Il est alors possible d’établir
analytiquement une relation entre M+pl,Rd(red) et le nombre de connecteurs n; dans un
diagramme (M+pl,Rd(red), n/nf ), cette relation se traduit par une certaine courbe abc que l’on
peut démontrer convexe . Le rapport η=n/nf est désigné comme le degré de connexion de la
longueur critique concernée.

Pour η= 1, on est en connexion complète et

Pour η= 0 (en l’absence virtuelle de connecteurs)

moment de résistance plastique du profilé métallique seul.

Une méthode simplifiée de dimensionnement, plaçant en sécurité, consiste à utiliser la droite


(ab) au lieu de courbe convexe abc. Elle conduit à la relation linéaire :

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Lorsque le degré de connexion η est trop faible, la courbe abc (ou la droite ab) n’est plus
valable en raison de la rupture prématurée des connecteurs, même ductiles, avant formation
d’une rotule plastique dans la section B. Sur la base d’études numériques, l’Eurocode 4
impose, par exemple en présence d’une dalle pleine et d’un profilé doublement symétrique,
d’avoir :

Où L est la portée de la poutre (en mètres).

Le concept de connexion partielle s’applique également au cas des poutres continues.

Sur la travée critique BC est alors donné par :

5. Vérification de la connexion pour des sections intermédiaires(en calcul plastique)

Lorsque des charges concentrées, de valeurs relativement élevées, s’exercent en supplément


d’une charge répartie,

il est prudent d’introduire des sections intermédiaires de vérification de la connexion à


l’intérieur des longueurs critiques. De manière sécuritaire, on peut adopter :

Il convient d’introduire des sections intermédiaires:

- lorsque le moment de résistance plastique de la section mixte est nettement plus élevé
que celui du profilé seul (en pratique, à mi-distance des sections critiques, lorsque
M+pl,Rd ≥ 2,5 Mapl,Rd ):

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- lorsque le profilé en acier a une hauteur de section variable (les sections intermédiaires
étant définies de sorte que le rapport des moments de résistance plastique entre deux
sections successives reste inférieur à 1,5).
6. Dimensionnement des armatures transversales de la connexion

L’objet est de déterminer la section des barres transversales d’armature par unité de longueur
de poutre, Ae , définie d’un côté ou de l’autre de l’âme par l’intersection de ces barres avec
toute surface potentielle de rupture par cisaillement dans la dalle. La valeur de Ae dépend
évidemment de la disposition des connecteurs et des barres d’armature :

On désigne par hf la demi – longueur de la ligne d’intersection de cette surface de rupture


avec la section droite de la dalle. Par exemple, pour la ligne b–b:

Où h est la hauteur d’un goujon, d’ le diamètre de sa tête et s l’entraxe des deux goujons.
Pour la ligne a-a :

Soit vEd le flux de cisaillement longitudinal apporté par les connecteurs, en approche
élastique ou plastique ;(par exemple, en calcul plastique, vEd est égal à Vℓf ou Vℓf (red) divisé
par la longueur critique).

L’Eurocode 4 fait référence au modèle de résistance en treillis de l’Eurocode 2 où les barres


d’armature jouent le rôle de tirants tendus, équilibrés par des bielles comprimées de béton

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inclinées de l’angle θf par rapport à l’axe de la poutre. L’aire d’armature transversale doit
satisfaire :

Tout en évitant parallèlement la ruine des bielles de béton en compression :

Toute latitude est laissée par l’Eurocode 2 pour choisir θf dans les intervalles suivants :

Dans le cas d’une dalle mixte avec nervures de la tôle perpendiculaires à la poutre en acier et
continues au passage de cette poutre, le terme Ap fypd peut être ajouté au membre de gauche
de l’inégalité de l’aire d’armature, où Ap est l’aire de la section de tôle (par unité de longueur)
intersectée par la surface potentielle de rupture, d’un côté de l’âme.

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CHAPITRE IV : Le Comportement des Structures Mixtes à Hautes Températures

La protection de la structure contre l´incendie est de limiter les risques en cas de feu pour les
personnes, individuelles ou en groupe, pour les biens avoisinants et,
lorsque cela est exigé, pour les biens directement exposés.

Les exigences essentielles pour limiter les risques d´incendie sont les suivantes :
"La construction doit être conçue et réalisée de façon telle qu´en cas d´incendie:

 la résistance des éléments porteurs de la construction soit assurée pendant une durée
déterminée ;

 la naissance et la propagation du feu et des fumées dans les constructions soient


limitées;

 la transmission du feu aux constructions voisines soit limitée ;

 les occupants puissent quitter les bâtiments ou soient évacués par d´autres moyens ;

 la sécurité des personnels d´intervention soit prise en compte".

La capacité d’une structure est ainsi décrite par 3 critères notés R, E, I (résistance
mécanique, étanchéité et isolation thermique), que doivent satisfaire les éléments
exposés à un feu normalisé selon leur fonction.

Les éléments mixtes partiellement ou complètement enrobés possèdent une résistance au feu
appréciable. Elle ne peut cependant plus être évaluée à partir de la température critique de
l’acier

La présence du béton augmente l’effet de masse et l’inertie thermique de l’élément. Le champ


des températures internes à un moment donné d’un incendie est fondamentalement non
uniforme, dans l’acier comme dans le béton, et présente des gradients importants. L’existence
de zones relativement froides au cœur de la masse assure encore une résistance suffisante
pour maintenir pendant un certain temps la stabilité de l’élément soumis au feu.

L’Eurocode 4 admet différentes possibilités pour justifier la résistance au feu d’un élément
mixte :

 Utilisation de tables résultant essentiellement de conditions observées lors d’essais.

 Calcul d’une capacité portante ultime par une méthode simplifiée, établie sur base de
nombreux essais.

 Simulation numérique au moyen d’un logiciel suffisamment validé par des essais

L’Eurocode 4 propose deux méthodes de justification de la résistance au feu ISO de poutres


partiellement enrobées.

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La première, dite méthode des valeurs tabulées, nécessite des calculs de résistance et quelques
interpolations. Elle est très sécuritaire, et conduit à des sections d’armatures très élevées.
Aussi, la deuxième méthode dite “méthode de calcul simplifiée” lui sera idéalement préférée.

Les niveaux de chargement sont définis comme étant le rapport entre l´effet des actions et la
résistance de calcul :

Où Ed est l´effet de calcul des actions dans le dimensionnement à température normale ; et,
Rd est la résistance de calcul dans le dimensionnement à température normale ;

Efi,d,t est l´effet de calcul des actions en situation d´incendie, au temps t.

le critère de ruine "R" est atteint lorsque la résistance de calcul en situation d´incendie Rfi,d,t a
diminué jusqu´au niveau de l´effet de calcul des actions Efi,d,t en situation d´incendie, soit :

1. Valeurs tabulées

L’Eurocode 4 établit des tableaux qui permettent de lier le critère de résistance au feu
d´éléments de structure à leur niveau de chargement ηfi,t et à des dispositions géométriques et
constructives de leur section transversale. En pratique, on peut supposer indépendant du
temps l´effet des actions de calcul en situation d´incendie Efi,d,t et donc le niveau de
chargement. Dans ces conditions, l´utilisation de ces tableaux peut s´effectuer de deux
manières :

 en dimensionnement, on calcule les effets des actions Ed et Efi,d à partir des


combinaisons d´actions appropriées et on adopte (en sécurité) le rapport Efi,d/Ed
comme valeur de ηfi,t; en fonction de cette valeur et de la durée de stabilité
recherchée, les tableaux permettent d´arrêter des dispositions géométriques et
constructives de la section transversale ;

 le dimensionnement de cette section est ensuite complété pour assurer la résistance à


température ambiante, c´est à dire assurer Rd ≥ Ed.

 en vérification, la résistance de calcul à température normale R4 est connue ; on


calcule Efi,d pour en déduire le niveau de chargement ηfi= Efi,d/ Rd; en fonction de cette
dernière valeur et des dispositions géométriques et constructives de la section
transversale, les tableaux fournissent la durée de stabilité atteinte.

L´effet de calcul des actions en situation d´incendie, supposé être indépendant du temps ; peut
être pris égal à Efi,d. On doit vérifier que:

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1.1. Poutres mixtes avec profilé en acier partiellement enrobé de béton

Les poutres mixtes avec profilé en acier partiellement enrobé de béton peuvent être classées
en fonction de leur niveau de chargement ηfi,t, de la largeur b de la poutre et de l´aire As des
armatures additionnelles rapportée à l´aire Af de la semelle inférieure.

Pour la détermination de Rd et de Rfi,d,t = ηfi,tRd, les conditions suivantes sont à prendre en


compte :

- l´épaisseur de l´âme tw ne dépasse pas 1/15 de la largeur b ;


- l´épaisseur de la semelle inférieure tf ne dépasse pas deux fois tw;
- l´épaisseur de la dalle de béton hc est d´au moins 120 mm ;
- la section des armatures additionnelles rapportée à l´aire totale située entre les
semelles As/(Ac+As) ne dépasse pas 5 %;
- la valeur de Rd est calculée à condition que:
 la largeur participante de la dalle beff ne dépasse pas 5 m ;
 les armatures additionnelles As ne soient pas prises en compte.

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Pour un poteau mixte et dalle mixte faut tableau et plus de détail dans la Partie 1-2 : Règles
générales de l’Eurocode 4.

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