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Prise en charge de la douleur chronique à l’officine : état

des lieux, physiopathologique, thérapeutiques


médicamenteuses et médecines alternatives. Enquête
réalisée auprès de patients et conseils associés du
pharmacien
Tristan Péret

To cite this version:


Tristan Péret. Prise en charge de la douleur chronique à l’officine : état des lieux, physiopathologique,
thérapeutiques médicamenteuses et médecines alternatives. Enquête réalisée auprès de patients et
conseils associés du pharmacien. Sciences du Vivant [q-bio]. 2021. �dumas-03659998�

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UNIVERSITÉ CLERMONT AUVERGNE
UFR DE PHARMACIE

Année : 2021

THÈSE D'EXERCICE
pour le
DIPLÔME D’ÉTAT DE DOCTEUR EN PHARMACIE

Présentée et soutenue publiquement


le 20 juillet 2021
par
Tristan PÉRET

PRISE EN CHARGE DE LA DOULEUR CHRONIQUE À


L’OFFICINE : ÉTAT DES LIEUX, PHYSIOPATHOLOGIE,
THÉRAPEUTIQUES MÉDICAMENTEUSES ET MÉDECINES
ALTERNATIVES. ENQUÊTE RÉALISÉE AUPRÈS DE
PATIENTS ET CONSEILS ASSOCIÉS DU PHARMACIEN

Directeur de thèse : M. Christophe MALLET

Jury

Président : Mme Marie-Pierre SAUVANT-ROCHAT Professeur,


UFR Pharmacie de Clermont-Ferrand

Membres : M. Christophe MALLET Maître de conférences,


UFR Pharmacie de Clermont-Ferrand

Mme Nadine VERGNOL Docteur en Pharmacie,


Titulaire de la Pharmacie du Mont-Dore
UNIVERSITÉ CLERMONT AUVERGNE
UFR DE PHARMACIE

Année : 2021

THÈSE D'EXERCICE
pour le
DIPLÔME D’ÉTAT DE DOCTEUR EN PHARMACIE

Présentée et soutenue publiquement


le 20 juillet 2021
par
Tristan PÉRET

PRISE EN CHARGE DE LA DOULEUR CHRONIQUE À


L’OFFICINE : ÉTAT DES LIEUX, PHYSIOPATHOLOGIE,
THÉRAPEUTIQUES MÉDICAMENTEUSES ET MÉDECINES
ALTERNATIVES. ENQUÊTE RÉALISÉE AUPRÈS DE
PATIENTS ET CONSEILS ASSOCIÉS DU PHARMACIEN

Directeur de thèse : M. Christophe MALLET

Jury

Président : Mme Marie-Pierre SAUVANT-ROCHAT Professeur,


UFR Pharmacie de Clermont-Ferrand

Membres : M. Christophe MALLET Maître de conférences,


UFR Pharmacie de Clermont-Ferrand

Mme Nadine VERGNOL Docteur en Pharmacie,


Titulaire de la Pharmacie du Mont-Dore

1
REMERCIEMENTS

Tout d’abord je tiens à remercier toutes les personnes qui m’ont permis de mener ce
travail à bien et en particulier le Dr Christophe Mallet, pour son temps, son expertise et sa
pertinence en tant que directeur de thèse. Il a su me donner les bons conseils et m’aiguiller
sur les bonnes pistes pour que je donne le meilleur dans ce travail.

Pour ma formation professionnelle au cours de mes études de pharmacie, je tiens à


remercier les Dr Vigier Catherine et Amouroux Hélène ainsi que leur équipe officinale qui
m’ont donné toutes les armes pour devenir un bon professionnel de santé. En plus des
stages obligatoires, elles m’ont accueilli au sein de leur officine à de multiple reprise pendant
les périodes de vacances afin de m’offrir un travail me permettant de payer une partie de
mes études. Pour cela et pour toute l’expérience que cela m’a apportée, merci.

A mes actuels employeurs de la pharmacie du Mont-Dore à qui je dois aussi un travail


durant mes études mais aussi mon premier emplois en tant que pharmacien assistant. Pour
tout ce qu’ils ont fait pour moi, professionnellement et humainement je remercie le Dr
Nadine Vergnol et le Dr Matthieu Salat. Et parce qu’elles ont aussi joué ce rôle au sein de
l’équipe officinale, merci à Françoise et à Maryse.

Un remerciement général à tous les pharmaciens qui m’ont offert un emploi, qui ont
eu confiance en mois et qui m’ont fait progresser dans mon métier de pharmacien. Pour
ceux qui n’ont pas été cité précédemment, merci au Dr Fabrice Legrand, au Dr Mélanie
Gaudon et au Dr Bruno Bordas.

A tous mes copains qui m’ont soutenu, qui ont toujours était là pour moi et qui
attendent depuis un certain temps la fin de ce travail pour pouvoir le fêter, merci à Dylan,
Boboy, Valou, Piec, Mickey, Marine et j’espère n’oublier personne !

2
Une pensée à tous mes collègues de ma promo avec qui j’ai passé 5 super années
avec une mention spéciale pour Julien, Audrey, Ophélie, Wendy et Océane.
Je vais terminer en ayant pris soin de garder le meilleur pour la fin. Un énorme merci
à toute ma famille qui m’a soutenu, qui m’a poussé à donner le meilleur de moi-même pour
atteindre mon objectif symbolisé par la soutenance de cette thèse.
Merci à ma grand-mère Kinou surtout pour m’avoir aidé à passer le cap de la PACES
qui fut une épreuve mentale et physique.
Merci à Jean, à Philippe pour leurs conseils et leur soutien depuis toutes ces années.

J’ai une grosse pensée pour mon papa et ma maman qui n’auront sans doute pas la
chance de pouvoir venir me voir lors de ma soutenance mais qui ont toujours su me
réconforter quand il le fallait, me pousser et me remotiver dans les situations les plus
difficiles. Ils ont toujours crus en mois, m’ont toujours dit de faire ce que je pensais être le
mieux pour mon avenir. Je suis fière de leur dire aujourd’hui que j’ai atteint mon objectif
universitaire et bientôt mon objectif professionnel en partie grâce à leur confiance
indéfectible.

Suite à ce travail, un livre se ferme. En parallèle, l’écriture d’un deuxième livre a


commencé le 30 Janvier 2019 avec une deuxième paire de mains comme auteur de ce
nouvel ouvrage. Il s’agit de ma fiancée, de ma Laetipuce.
Il n’existe pas d’expression, de mots pour lui dire à quel point je la remercie d’avoir
était mon soutien, ma volonté et ma moitié.

Enfin je termine par citer un être d’une taille extrêmement petite possédant un
caractère particulier qui lui est propre. Certains penserait tout de suite à un Hobbit mais
non ! Bien qu’on en soit pas très loin, je parle de mon petit Bébou qui est né le 15/02/2020
et qui s’appelle Maleaume. Mon petit homme haut comme trois pommes et demie m’a
apporté, m’apporte et m’apportera un bonheur indéfinissable.

3
Je dédie cette thèse à mon fils Maleaume

4
SOMMAIRE

Liste des tableaux

Liste des Figures

Liste des abréviations

INTRODUCTION............................................................................................................... p. 15

Partie 1 : La douleur chronique.................................................................. p. 16


I. Épidémiologie................................................................................................... p. 17
II. Physiopathologie.............................................................................................. p. 20
1. Définitions et généralités............................................................................ p. 20
2. Mécanismes d’action.................................................................................. p. 22
2.1 Douleurs par excès de nociception........................................................ p. 22
2.2 Douleurs neuropathiques....................................................................... p. 23
2.3 Douleurs nociplastiques......................................................................... p. 26
2.4 Douleurs mixtes..................................................................................... p. 26

III. Traitements classiques et alternatifs spécifiques........................................... p. 26


1. Traitements des douleurs par excès de nociception.................................... p. 27
1.1 Antalgiques anti-inflammatoires........................................................... p. 27
1.2 Antalgiques non anti-inflammatoires non opioïdes............................... p. 29
1.2.1 Le paracétamol...................................................................... p. 30
1.2.2 Le néfopam........................................................................... p. 32
1.3 Les Opioïdes......................................................................................... p. 33
1.4 Les autres traitements et alternatives thérapeutiques........................... p. 36
1.4.1 La phytothérapie................................................................... p. 36
1.4.1. 1. L’harpagophyton.................................................... p. 37
1.4.1. 2. La scrofulaire.......................................................... p. 38
1.4.1. 3. Le saule blanc......................................................... p. 38
1.4.1. 4. La reine-des-prés.................................................... p. 39
1.4.1. 5. Le curcuma............................................................. p. 39

5
1.4.1. 6. Le cassis.................................................................. p. 40
1.4.1. 7. L’encens.................................................................. p. 41
1.4.1. 8. Les autres plantes.................................................... p. 42
1.4.2 L’aromathérapie.................................................................... p. 44
1.4.2. 1. La Gaulthérie couchée............................................ p. 45
1.4.2. 2. L’Eucalyptus citronné............................................. p. 45
1.4.2. 3. Le Romarin à camphre........................................... p. 46
1.4.2. 4. Le Laurier noble..................................................... p. 46
1.4.2. 5. Le Gingembre......................................................... p. 47
1.4.2. 6. Le Lemon grass...................................................... p. 47
1.4.2. 7. L’Encens................................................................. p. 48
1.4.2. 8. Les autres huiles essentielles ................................. p. 49
1.4.3 . L’homéopathie ................................................................... p. 50
1.4.3. 1. La sphère inflammatoire ........................................ p. 53
1.4.3. 2. La sphère musculo-squelettique............................. p. 54
1.4.3. 3. La sphère nerveuse ................................................ p. 56
1.4.3. 4. Focus sur Arnica montana...................................... p. 57
1.4.4 . La kinésithérapie................................................................ p. 58
2. Traitements des douleurs neuropathiques.................................................. p. 62
2.1 Les antidépresseurs.............................................................................. p. 62
2.2 Les antiépileptiques.............................................................................. p. 64
2.3 Les autres traitements et alternatives thérapeutiques........................... p. 66
2.3.1 La Neuromodulation............................................................. p. 66
2.3.1. 1. Neurostimulation médullaire ................................. p. 67
2.3.1. 2. Stimulation électrique transcutanée........................ p. 67
2.3.1. 3. Stimulation magnétique transcrânienne RTMS...... p. 68
2.3.2 Autres alternatives................................................................ p. 69

IV. Autres traitements alternatifs de la douleur chronique............................... P. 70


1. Acupuncture................................................................................................ p. 70
1.1 Généralités et principe de base............................................................. p. 70
1.2 Les différentes douleurs....................................................................... p. 71
1.3 Le traitement des douleurs................................................................... p. 73
2. Hypnose....................................................................................................... p. 74

6
2.1 Généralités et principe de base............................................................. p. 74
2.2 État des lieux et efficacité de l’hypnose............................................... p. 74
2.3 Principe de suggestibilité et autohypnose............................................. p. 75
2.4 Le traitement des douleurs.................................................................... p. 76
3. La Gemmothérapie...................................................................................... p. 77
3.1 Généralités et efficacité........................................................................ p. 77
3.2 Méthode d’obtention............................................................................ p. 78
3.3 Son utilisation....................................................................................... p. 79
3.4 Exemples de bourgeons antalgiques..................................................... p. 79
4. La crénothérapie......................................................................................... p. 80
4.1 Généralités............................................................................................ p. 80
4.2 Efficacité............................................................................................... p. 80
4.3 Soins réalisés........................................................................................ p. 81
4.4 Mécanismes d’action............................................................................ p. 82
4.5 Indications et précautions d’emploi...................................................... p. 83
5. La mésothérapie.......................................................................................... p. 84
5.1 Généralités et définition....................................................................... p. 84
5.2 Ses indications et son utilisation........................................................... p. 85
5.2.1 Les indications...................................................................... p. 85
5.2.2 Son utilisation pratique........................................................ p. 85
5.2.2. 1. Type d’injection...................................................... p. 85
5.2.2. 2. Les aiguilles............................................................ p. 86
5.2.2. 3. Les produits injectés............................................... p. 86
5.2.2. 4. Les zones d’injection.............................................. p. 86
5.3 Son inclusion à la crénothérapie : la Carbothérapie............................. p. 87
5.4 Effets indésirables et précautions d’emploi.......................................... p. 88

Partie 2 : Évaluation de la prise d’antalgique en officine......................... p. 89


I. Objectifs............................................................................................................... p. 90

II. Matériel et méthodes......................................................................................... p. 90

1. Choix de la méthode d’enquête................................................................... p. 90


2. Population étudiée et taille de l’échantillon............................................... p. 91
3. Description des items de l’enquête............................................................. p. 91

7
4. Réalisation de l’enquête.............................................................................. p. 92
5. Méthodes d’analyses des résultats.............................................................. p. 93
6. Conception du questionnaire...................................................................... p. 93

III. Résultats et discussion..................................................................................... p. 94


1. Profil des répondants.................................................................................. p. 95
1.1 L’âge des patients................................................................................. p. 95
1.2 Le sexe des patients.............................................................................. p. 96
1.3 La catégorie professionnelle................................................................ p. 96
1.4 L’origine et la durée de leur douleur.................................................... p. 96
1.4.1 La durée de présence des douleurs chroniques................. p. 96
1.4.2 L’origine des douleurs chroniques.................................... p. 98
1.5 Ressenti douloureux des patients........................................................ p. 100
1.5.1 L’intensité douloureuse avant la prise du traitement...... p. 100
1.5.2 L’impact sur le quotidien du patient............................... p. 100
1.5.3 L’importance accordée au soulagement de la
douleur par le patient....................................................... p. 102
1.6 Discussion du profil des patients...................................................... p. 103
1.6.1 L’âge des patients.......................................................... p. 103
1.6.2 Le sexe des patients....................................................... p. 103
1.6.3 La catégorie professionnelle.......................................... p. 104
1.6.4 L’origine et la durée de leur douleur............................. p. 104
1.6.5 Ressenti douloureux des patients sous traitement......... p. 106
2. Le traitement médicamenteux des douleurs chroniques........................... p. 109
2.1 Les traitements sur prescription médicale.......................................... p. 109
2.1.1 Molécules utilisées par les patients................................. p. 109
2.1.2 Soulagement de leur(s) douleur(s) et efficacité
du traitement.................................................................... p. 112
2.2 Les traitements en automédication..................................................... p. 116
2.2.1. Population s’automédiquant.............................................. p. 116
2.2.2. Médicaments utilisés par les patients................................ p. 117
2.2.3. Utilité et efficacité des médicaments utilisés.................... p. 119
2.2.4. Fréquence de prise des médicaments utilisés.................... p. 121
2.3 Fréquence et types d’effets indésirables rencontrés........................... p. 121

8
2.4 Discussion sur le traitement médicamenteux
des douleurs chroniques..................................................................... p. 124
2.4.1. Les traitements sur prescription médicale...................... p. 124
2.4.2. Les traitements en automédication.................................. p. 132
2.4.3. Fréquence et types d’effets indésirables rencontrés........ p. 135
3. Le traitement des douleurs chroniques par d’autres méthodes................ p. 137
3.1 Les alternatives thérapeutiques utilisées............................................ p. 137
3.2 L’efficacité des alternatives thérapeutiques sur le
traitement de la douleur...................................................................... p. 138
3.3 Les effets indésirables rencontrés....................................................... p. 141
3.4 Discussion sur le traitement des douleurs chroniques
par d’autres méthodes......................................................................... p. 143
3.4.1. Les alternatives thérapeutiques utilisées......................... p. 144
3.4.2. L’efficacité des alternatives thérapeutiques
sur le traitement de la douleur........................................ p. 146
3.4.3. Les effets indésirables rencontrés.................................... p. 147
4. Place du pharmacien d’officine dans la prise en charge
des douleurs chroniques............................................................................ p. 149
4.1 Résultats obtenus.............................................................................. p. 149
4.2 Discussion de la place du pharmacien d’officine
dans la prise en charge des douleurs chroniques.............................. p. 154
5. Perspectives officinales pour la prise en charge du patient
douloureux chronique............................................................................... p. 161
5.1 Résultats obtenus............................................................................. p. 161
5.2 Discussion des perspectives d’évolution......................................... p. 163
6. Conclusion de l’enquête menée en officines............................................. p. 165

CONCLUSION.................................................................................................................. p. 166
Bibliographie.................................................................................................................... p. 167
Annexe.............................................................................................................................. p. 173

9
Liste des tableaux

Tableau I : Synthèse des résultats de l’étude STOPNEP………………………………………………... p. 18

Tableau II : Origines rapportées des douleurs chroniques…………………………………………….. p. 98

Tableau III : Médicaments utilisés sur prescription médicale………………………………………. p. 109

Tableau IV : Médicaments utilisés en automédication par le patient


douloureux chronique................................................................................. p. 118

Tableau V : Lien entre effets les effets indésirables et le traitement pris....................... p. 124

Tableau VI : Lien entre les effets indésirables et les alternatives


thérapeutiques utilisées.............................................................................. p. 143

Tableau VII : Réalisation d’un entretien pharmaceutique sur les


douleurs chroniques à l’officine.................................................................. p. 161

Tableau VIII : Commentaires justifiants les réponses des patients


autour de leur prise en charge douloureuse............................................. p. 162

10
Liste des Figures

Figure 1 : Echelle d’évaluation de la douleur...................................................................... p. 25

Figure 2 : Questionnaire DN4 (Douleurs Neuropathiques en 4 questions)........................ p. 25

Figure 3 : Mécanisme d’action du paracétamol sur les voies inhibitrices descendantes... p. 31

Figure 4 : Illustration graphique des différentes causes de la maladie en médecine


traditionnelle chinoise........................................................................................ p. 72

Figure 5 : Organigramme de la classification de la douleur en médecine


traditionnelle chinoise....................................................................................... p. 73

Figure 6 : Répartition de l’Age des patients par tranches.................................................. p. 95

Figure 7 : Catégories socioprofessionnelle des patients.................................................... p. 96

Figure 8 : Durée des douleurs chez les patients................................................................. P. 97

Figure 9 : Répartition des origines des douleurs chroniques des patients......................... p. 99

Figure 10 : Histogramme des intensités douloureuses ressenties par les patients.......... p. 100

Figure 11 : Impacte de la douleur chronique sur les patients.......................................... p. 101

Figure 12 : Importance du soulagement de la douleur..................................................... p. 102

Figure 13 : Utilisation des antalgiques par classe thérapeutique..................................... p. 110

Figure 14 : Spécialités utilisées et patients traités classés par palier d’antalgie............... p. 111

Figure 15 : Intensité de soulagement de la douleur d’un traitement antalgique sur


prescription médicale..................................................................................... p. 112

Figure 16 : Corrélation entre l’intensité douloureuse et le palier d’antalgie prescrit...... p. 113

11
Figure 17 : Augmentation de posologie de leur traitement ............................................ P. 114

Figure 18 : Relation entre le soulagement de la douleur et l’augmentation


de posologie.................................................................................................... p. 115

Figure 19 : Stabilité du traitement antalgique prescrit par le médecin............................ P. 116

Figure 20 : Intensité douloureuse avant traitement chez les patients qui


s’automédiquent............................................................................................. p. 117

Figure 21 : Médicaments utilisés en automédication....................................................... P. 118

Figure 22 : Efficacité des médicaments pris en automédication sur les douleurs


chroniques...................................................................................................... p. 119

Figure 23 : Utilité constaté de l’automédication.............................................................. p. 120

Figure 24 : Fréquence de prise des médicaments pris en automédication...................... p. 121

Figure 25 : Fréquence des effets indésirables liée au traitement antalgique................... p. 122

Figure 26 : Fréquence d’apparition des effets indésirables par palier d’antalgie............. p. 123

Figure 27 : Alternatives thérapeutiques antalgiques utilisées par les patients


douloureux chroniques................................................................................... p. 138

Figure 28 : Intensité de soulagement de la douleur chronique par les méthodes


alternatives..................................................................................................... p. 139

Figure 29 : Efficacité d’alternatives thérapeutiques sur les douleurs chroniques............ p. 140

Figure 30 : Fréquence des effets indésirables lors de l’utilisation d’alternatives


thérapeutiques................................................................................................ p. 141

Figure 31 : Rapprochement entre les effets indésirables et les alternatives


thérapeutiques utilisées.................................................................................. p. 142

Figure 32 : Place du pharmacien dans le dialogue avec le patient autour


de sa douleur chronique................................................................................. p. 150

12
Figure 33 : Freins au dialogue entre le patient et le pharmacien concernant
sa douleur chronique...................................................................................... p. 151

Figure 34 : Informations données par le pharmacien au patient


douloureux chronique..................................................................................... p. 152

Figure 35 : Informations souhaitez par le patient douloureux chronique........................ p. 153

13
Liste des abréviations

AIT : Accident Ischémique Transitoire IMAO : Inhibiteur de la Mono-Amine-


Oxydase
AMM : Autorisation de Mise sur le
Marché INRA : Institut National de Recherche
Agronomique
ANSM : Agence Nationale de Sécurité du
Médicament et des produits de santé IRM : Imagerie par Résonance
Magnétique
ARS : Agence Régionale de Santé
IRSNA : Inhibiteurs de la Recapture de la
AVC : Accident Vasculaire Cérébral Sérotonine et de la NorAdrénaline

CETD : Centres d’Évaluation et de NA : Noradrénaline


Traitement de la Douleur
OFMA : Observatoire Français des
COX : Cyclo-Oxygénase Médicaments Antalgiques

EPS : Extrait de Plante Standardisé. OMS : Organisation Mondiale de la Santé


Breveté par le laboratoire
Phytostandard® ce sont des extraits ORL : Oto-rhino-laryngée
liquide de plante ayant une
concentration connue et définie avec le SFETD : Société Française d’Étude et de
statut de médicament. Traitement de la Douleur

GABA : Acide Gamma-Amino-Butyrique UGD : Ulcère Gastro-Duodénal

14
INTRODUCTION

C’est un vaste sujet que celui de la douleur chronique, de par ses origines qui
peuvent être très variées, de la complexité de sa prise en charge et de la façon de venir les
traiter. Ce sujet très large va être étudié dans cette thèse en deux parties afin de synthétiser
les données que nous connaissons sur son traitement médicamenteux et sur les alternatives
thérapeutiques existantes, ainsi que de recueillir le point de vue des patients.

La première partie est basée du côté de la douleur et de sa chronicité. Après un


replacement épidémiologique, cette partie détaillera ce qu’est la douleur chronique,
comment elle se manifeste et quels en sont les spécificités physiopathologiques. Les
thérapeutiques médicamenteuses seront abordées pour chaque type de douleur et les
alternatives thérapeutiques existantes seront détaillées, cela donnera un état des lieux de ce
que les patients peuvent utiliser sur conseil de leur pharmacien ou sur prescription de leur
médecin pour venir prendre en charge leur douleur chronique.
La seconde partie de ce travail est basée sur l’enquête menée à l’officine auprès de
patient souffrant de douleur chronique. Pour cela, l’élaboration d’un questionnaire a été
faite en amont et nous verrons le point de vue des patients sur leur douleur et sur leur prise
en charge par le pharmacien d’officine. L’enquête interroge sur plusieurs aspects liés à ce
sujet, l’intensité des douleurs et leur impact sur le quotidien, l’efficacité des traitements pris,
et la place du pharmacien ainsi que les attentes des patients autours de leur prise en charge.

Ce travail fera une synthèse de la physiopathologie de la douleur avec sa composante


chronique ainsi que des traitements médicamenteux ou non, classiques ou alternatifs
permettant d’agir contre les douleurs. Tout ceci sera appuyé par les patients eux-mêmes via
les réponses récoltées lors de l’enquête. La place du pharmacien dans cette prise en charge
sera discutée et des perspectives d’amélioration de la prise en charge de ces patients
rentrant dans les nouvelles missions du pharmacien d’officine seront proposées.

15
Partie 1 : La douleur chronique

16
I. Epidémiologie

Il est difficile de trouver des données épidémiologiques concernant la douleur


chronique en France, en effet les études sont rares et parfois datées, cependant des
données sont répertoriées au niveau de l’Observatoire Français des Médicaments
Antalgiques OFMA1 et quelques travaux ont été consacrés à ce sujet dans la littérature.

La principale étude menée en France date de 2004, il s’agit de l’étude STOPNEP2


(study of the prevalence of neuropathic pain) qui dresse une estimation de la prévalence de
la douleur chronique en France. C’est une étude basée sur une enquête postale envoyée à
des personnes présélectionnées. Cela constitue un échantillon représentatif permettant
d’extrapoler les résultats à la population générale française. 30 155 personnes ont donc été
contactées pour répondre à un questionnaire permettant d’évaluer la chronicité de leur
douleur.
Sur 24 497 réponses, 31,7% {IC à 95% : 31,1-32,3} des Français interrogés déclarent
présenter une douleur quotidienne depuis plus de 3 mois, soit 7 522 sujets ; ceci est le
premier chiffre que nous pouvons sortir de cette étude, il permettra d’en déduire la
prévalence de la douleur chronique en France. Il a été remarqué que cette prévalence est
plus importante chez les femmes que chez les hommes. En effet, cela concerne 35% {IC à
95% : 34,4-35,6} des femmes contre 28,2% {IC à 95 % : 27,6-28,7} des hommes.
L’étude détermine aussi la prévalence en fonction de l’intensité de la douleur chez les
31,7% de sujets douloureux chroniques et 19,9% {IC à 95% : 19,5-20,4} de la population
générale souffre de douleurs chroniques d’intensité modérée à sévère. Pour ce qui est des
caractéristiques de la population souffrant de douleurs chroniques, l’étude révèle que la
prévalence augmente avec l’âge des sujets, surtout passé 65 ans, et qu’il y a des disparités
socio-professionnelles. Ces remarques sont visibles dans le tableau ci-dessous extrait de la
publication de Bouhassira et al de 20082. Il apparait, par exemple, que la prévalence est
presque deux fois plus importante chez les ouvriers que chez les cadres.

17
Tableau I : Synthèse des résultats de l’étude STOPNEP

Lien entre la prévalence de la douleur chronique et les caractéristiques socio-


démographiques2. Etude réalisée en France.

Cette étude (tableau I) reste basée sur une approche subjective de la part des sujets
via les réponses obtenues au questionnaire proposé, de plus elle remonte à 2004, mais les
autres études que nous trouvons ne sont guère plus récentes et leurs résultats sont très
variables, en effet, des études donnent une prévalence de la douleur chronique comprise
entre 10,1 et 55,2% en terme de population générale3.

L’OFMA fait en 2018 une actualisation de l’étude STOPNEP qui permet de préciser la
prévalence générale de la douleur chronique dans la population française4. Pour ce faire, elle
se fonde sur différentes bases de données (hospitalisations, prescriptions, interrogation des
CETD, etc).

18
En définitive, ce sont 700 000 sujets qui sont inclus dans cette mise à jour. Ils ont pu
en déduire un intervalle de prévalence de la douleur chronique chez les adultes qui serait
compris entre 27,2% et 32,7%, ils se sont aussi posé la question de la douleur neuropathique
et ils ont montré qu’elle aurait une prévalence de 5,6% à 7,3% de la population générale. Les
caractéristiques socio-professionnelles sont aussi extraites, il est à noter que l’âge médian
d’un sujet douloureux chronique est de 67 ans et qu’il s’agit en majorité de femmes.

Pour être complet et préciser la prévalence de la douleur chronique au niveau


d’autres pays, des études ont été faites et le bilan qui en ressort est le suivant : selon une
étude (Breivik et al., 2006)5, la douleur chronique touche 18,7% de la population
européenne, les mêmes chiffres sont retrouvés pour le Canada dans une publication de
Schopflocher et al., 20116, 30% de la population des États-Unis d’Amérique (Johannes et al.,
2010)7, 50% de la population au Royaume-Uni selon une auto-évaluation rapportée par
Elliott et al., 19998. La tendance notable de ces prévalences est à l’augmentation du fait du
vieillissement de la population des pays développés.

Pour terminer sur l’épidémiologie en France, voici quelques notions données par
l’ARS9 afin d’illustrer cette partie, je cite :
- « 5,7 ans, durée moyenne de la douleur des patients douloureux chronique.
- Une personne atteinte de douleurs chroniques réalise en moyenne 14
consultations médicales.
- 45% des patients douloureux sont concernés par des arrêts de travail dont la
durée moyenne cumulée est de 4 mois/an.
- Les patients souffrant de douleurs chroniques sévères sont plus fréquemment
hospitalisés.
- La prévalence augmente avec l’âge, touchant 50% des personnes âgées vivant à
domicile, 49% à 83% de celles vivant en institution et 80% des personnes âgées en
fin de vie.
- La douleur cancéreuse est devenue une maladie chez 50% des patients. »

19
C’est pour cela que la douleur chronique est devenue une priorité de santé publique
depuis 2004 avec de nombreux plans et différentes actions mis en œuvre afin d‘améliorer la
prise en charge des patients.

II. Physiopathologie
1. Définitions et généralités

Tout d’abord, la nociception est le phénomène qui permet de détecter une sensation
qui va être transmise pour qu’une réponse adaptée soit choisie. La nociception est la
capacité à percevoir, via des récepteurs appelés nocicepteurs, un stimulus externe ou
interne qui pourrait être une cause de perte d’intégrité de l’organisme, donc un stimulus
douloureux. Le stimulus capté par les nocicepteurs va être transmis, via des fibres
nociceptives, au cerveau où le message sera traduit, puis en fonction de la situation et du
message, une réponse adaptée sera apportée, par exemple un mouvement.

La douleur a une définition précise donnée par l’Association Internationale pour la


Recherche sur la Douleur IASP (International Association for the Study of Pain), et elle fut
reprise par l’OMS. Selon ces deux institutions, la douleur est définie comme étant « une
expérience sensorielle et émotionnelle désagréable liée à une lésion tissulaire réelle,
potentielle ou décrite en des termes évoquant une telle lésion ».

Afin d’expliquer cette définition et tout ce qu’elle regroupe, on va définir et détailler


les différents éléments, les différentes composantes et dimensions qui composent la
douleur et sa perception.

à La composante temporelle10 :

En fonction de la durée, des facteurs intervenant et de la conséquence à terme ou sur


l’évolution, la douleur est classée selon deux composantes :
- la douleur aiguë
- la douleur chronique

20
Pour une douleur considérée comme étant aiguë, elle sera de courte durée (de
quelques minutes à quelques semaines), dans la majorité des cas, unifactorielle et
d’évolution généralement favorable avec ou sans acte thérapeutique. La douleur aiguë est
comme un signal d’alarme, une alerte qui permet de préserver l’intégrité de l’organisme. Il
est important de préciser que ce type de douleur est soulagé par la thérapeutique et qu’à
terme elle disparaitra, ce qui n’est pas le cas avec la douleur chronique.

Concernant la douleur dite chronique, elle sera définie par une durée longue, c’est-à-
dire supérieure à 3 mois, elle est permanente et non soulagée par la thérapeutique. La cause
peut être mal connue ou difficile à traiter, parfois même elle persiste alors que la cause n’est
plus présente. C’est un type de douleur qui est multifactoriel et qui comporte des facteurs
d’entretien variés : psychologiques, sociaux, culturels. Elle entraine des conséquences sur le
moral, le physique, sur l’interaction social et le comportement d’une personne en plus de la
cause primaire de cette douleur qui peut toujours être présente et parfois, pas encore
identifiée. Tout ceci fait que c’est une douleur qui est très difficile à prendre en charge, à
maitriser et à guérir.

à Les différentes dimensions de la douleur :

Parfois appelées les composantes de la douleur, il existe 4 grandes dimensions qui


composent ce phénomène. En effet, la douleur est multidimensionnelle, il ne s’agit pas
uniquement d’une alarme qui fait un « petit » mal au corps humain pour lui permettre
d’éviter un mal plus important ou un danger ! Ce processus physiologique possède une
certaine intensité, une certaine interprétation du message délivré, mais possède aussi des
dimensions émotionnelles (psychologiques donc), socio-culturelles et fonctionnelles. En
effet, il y a tout une partie physique et physiologique du signal douloureux, mais aussi tout
une partie d’interprétation, d’appréhension de ce signal pour le traduire en douleur
ressentie par une personne.

Détaillons maintenant ces 4 composantes de la douleur10 :

21
Composante sensitivo-discriminative : c’est la qualification de la douleur, c’est-à-dire
son intensité, sa durée, son rythme, son type, sa localisation.

Composante affectivo-émotionnelle : C’est la perception de la douleur, le côté


désagréable qui en fait une expérience qu’on ne veut pas reproduire. Cet impact de la
douleur peut varier en fonction des états émotionnels de la personne, par exemple si la
personne est soumise à un stress, si elle est dépressive ou a contrario euphorique.

Composante cognitive : c’est une composante qui fait appel à la perception


personnelle que chacun a d’une expérience, un vécu qui donne un certain sens à ce
message. En effet, cette composante inclut le vécu dans la perception de la douleur. Elle fait
intervenir la mémoire, l’anticipation, l’interprétation mais aussi l’attention portée et, entre
autres, le comportement à avoir.

Composante comportementale : Cette dernière correspond aux manifestations


comportementales liées à une douleur. Cela peut être des manifestations visibles ou non,
verbales ou non. Ces manifestations peuvent se traduire par des mouvements, des attitudes
qui permettront de communiquer la douleur à une tierce personne, cela permet d’avoir une
idée sur son intensité, sa localisation et sa perception par la personne souffrante. Une
variation de cette composante est visible en fonction de la culture, des antécédents, de
l’environnement et de standards sociaux (âge, sexe, milieu professionnel, etc). Ici, c’est la
réaction à la douleur qui est définie ; elle peut très bien ne pas se voir physiquement, cela
peut être une réponse somatique visible physiologiquement, biologiquement mais pas
forcément cliniquement.

2. Mécanismes d’action
2.1 Douleurs par excès de nociception

Selon la SFETD, cela correspond à une atteinte tissulaire locale, mécanique avec ou
sans inflammation. Ce sont des douleurs causées par un excès de stimulation des
nocicepteurs périphériques. Ce type de mécanisme est le plus courant et peut se trouver
dans des cas de traumatisme, en post-opératoire ou dans n’importe quelle pathologie. Cet

22
excès de stimulation peut être dû à une cause externe comme un coup, une brûlure, une
piqûre ou à une cause interne comme de l’arthrose, une inflammation à la suite d’une
infection ou des douleurs digestives. Dans ces deux cas, elle peut être accompagnée d’une
inflammation qui est une hypersensibilisation des nocicepteurs due à la libération locale de
substances algogènes (substance P, cytokines, histamine, prostaglandines, bradykinine, etc).
Cette douleur provoquée par une stimulation mécanique, thermique, chimique ou
inflammatoire provient uniquement d’une lésion tissulaire sans atteinte du système
nerveux. En effet, dans ce contexte-là, il sera sain et parfaitement fonctionnel contrairement
aux douleurs de types neuropathiques, et ceci est vérifiable par le fait qu’il n’y a pas de zone
hypoesthésique (avec une perte locale et ciblée de sensibilité) au niveau de la région
douloureuse.

Cliniquement, ce type de douleur est loco-régionale et peu précise dans sa


localisation ; elle est considérée comme étant de type névralgique sans généralisation
neurologique de la douleur. Elle est continue et peut parfois se renforcer si un évènement
extérieur vient agir au niveau de la zone douloureuse (mouvement, contact, soin de la zone,
etc.). Elle se manifestera de façon diffuse, parfois très floue, comme c’est le cas pour les
douleurs viscérales et elle peut être à l’origine de projections. En effet, la sensation d’une
douleur en une localisation qui n’en est pas le siège véritable existe : ce sont les douleurs
projetées.

2.2 Douleurs neuropathiques

Selon la SFETD10,11, cela correspond à une lésion du système nerveux central ou


périphérique. C’est un dysfonctionnement du système nociceptif qui peut provenir de
plusieurs origines, de ce fait, elles sont fréquemment diagnostiquées en retard. Les douleurs
neuropathiques sont donc souvent chroniques, car leur traitement est aussi compliqué par
les origines très variées que peut avoir ce type de douleur. Elles peuvent être provoquées
par n’importe quelle agression envers l’organisme, que ce soit sur le système nerveux
périphérique (SNP) ou le système nerveux central (SNC). Parmi ces origines, on peut
retrouver les douleurs provoquées par un zona, un diabète, une opération chirurgicale, une
lésion nerveuse (découlant d’un trauma) ou encore par l’utilisation de médicaments.

23
Les manifestations cliniques regroupent différents types de douleurs perçues par le
patient ; les douleurs spontanées, provoquées et les paresthésies.
Les douleurs spontanées vont être décrites selon plusieurs termes possibles :
brûlures, froid douloureux, sensation de compression dans un étau, crampes mais aussi
décharge électrique et flash douloureux. Dans ce contexte-là, le patient ressentira une
douleur continue même en l’absence de stimulation douloureuse.
Les douleurs provoquées sont séparées en deux termes : l’allodynie et l’hyperalgésie.
Concernant l’allodynie, c’est une douleur provoquée par un stimulus qui est non douloureux,
par exemple le contact de la peau avec un vêtement ou le simple fait de poser une main sur
son bras. L’hyperalgésie, quant à elle, est une exagération d’un stimulus douloureux.
Enfin la paresthésie, qui correspond à des sensations qui sont anormales mais non
douloureuses. ici des fourmillements, des picotements, des engourdissements ou des
démangeaisons sont décrits. Il se peut que ces sensations soient désagréables pour le
patient, on parlera donc de dysesthésie dans ce contexte-là.

Ces douleurs peuvent donc aller d’une simple gêne à un état douloureux très
handicapant pour le patient, elles sont généralement chroniques et difficiles à prendre en
charge, c’est pour cela qu’elles doivent absolument être prises en charge rapidement et le
plus efficacement possible. Pour cela l’interrogatoire du patient est très important et des
outils existent pour définir le degré de la douleur (échelle EVA : figure 1) ou afin de
déterminer si nous sommes bien en présence d’une douleur neuropathique (questionnaire
DN4 : figure 2).

24
Figure 1 : Echelle d’évaluation de la douleur12

Exemple d’échelle visuelle analogique (EVA) permettant d’évaluer la douleur chez un


patient. Il existe plusieurs formes et plusieurs présentations de cette échelle. En effet, afin
d’être plus compréhensible ou plus ludique, il peut exister des présentations colorées ou
avec des visages illustrant le niveau de douleur, ces dernières sont très utilisées en pédiatrie
et parfois même en gériatrie.

Figure 2 : Questionnaire DN4 (Douleurs Neuropathiques en 4 questions)13

Ce questionnaire regroupe simplement les différents symptômes auxquels on peut être


confronté en cas de douleurs neuropathiques. Un patient sera considéré comme ayant une
douleur neuropathique s’il obtient un score de 4/10 sur l’ensemble des items présents ou s’il
obtient 3/7 aux 2 premières questions (adaptées avec l’utilisation en officine).

25
2.3 Douleurs nociplastiques

Selon la SFETD, cela est dû à une perturbation de la modulation de la douleur, au


niveau cérébral et/ou périphérique, sans qu’il n’existe de lésion objectivable (fibromyalgie,
colopathie…). Il s’agit d’un mécanisme douloureux pour lequel il y a un dérèglement de la
nociception. En effet, le système nociceptif devient la cause de la douleur, le siège du
problème, et ce, sans qu’une lésion soit observée de ce système ou sans qu’une cause locale
soit mise en évidence.

2.4 Douleurs mixtes

Selon le SFETD, des pathologies associant une double composante nociceptive et


neuropathique sont possibles et cela est considérée comme étant des douleurs mixtes. Plus
généralement, l’association de deux dimensions vues ci-dessus est possible, en aiguë ou en
chronique et cela donnera des douleurs mixtes.

III. Traitements classiques et alternatifs spécifiques

Concernant les traitements, l’OFMA établit une liste et une prévalence des
antalgiques les plus prescrits chez des patients douloureux chroniques. Les pourcentages
obtenus sont les suivants1 :
- Paracétamol 62,1%
- Opioïdes faibles 39,7%
- AINS 32,7%

Une distinction est faite pour les patients souffrant de douleurs neuropathiques.
Dans ce cas, les pourcentages obtenus sont les suivants :
- Anticonvulsivants 45,3%
- Antidépresseurs tricycliques 18,1%
- IRSNA 13,3%

26
Pour ces deux catégories, les prévalences obtenues sont celles concernant les
molécules les plus utilisées, les plus prescrites par les médecins.

1. Traitements des douleurs par excès de nociception


1.1 Antalgiques anti-inflammatoires

Dans cette classe d’antalgiques, nous retrouvons uniquement les anti-inflammatoires


non stéroïdiens : AINS. Les médicaments de cette classe thérapeutique ont une action sur les
deux isoformes des cyclooxygénases : COX-1 et COX-2 qui rentrent en jeu dans la synthèse
des prostaglandines14.
- La COX-1 est une enzyme qui permet la synthèse de prostaglandines qui vont avoir
une action au niveau de la muqueuse gastro-duodénale et un effet pro-agrégant
plaquettaire.
- La COX-2 est une enzyme qui permet la synthèse de prostaglandines impliquées dans
la réaction inflammatoire et dans un effet anti-agrégant plaquettaire.
- Les deux isoenzymes sont aussi impliquées dans la production de prostaglandines
ayant une action sur l’hémodynamique intra-rénale afin d’en contrôler la perfusion
glomérulaire.

Parmi les AINS, on a différentes catégories de molécules qui vont avoir une inhibition
préférentielle des COX différentes. Les catégories sont les suivantes : les AINS
arylcarboxyliques, les AINS dérivés des oxicams, un AINS fénamate, les AINS indoliques et
leurs dérivés, le nimésulide (AINS sulfonalidine) et les inhibiteurs sélectifs de la COX-2 aussi
appelés coxibs.

27
Voici une liste non exhaustive par famille chimique des principaux AINS utilisés
comme antalgiques15 :

Familles chimiques d'Anti-inflammatoires non stéroïdiens

AINS arylcarboxyliques AINS dérivés des oxicams AINS fénamate

Acéclofénac Piroxicam Acide niflumique


Diclofénac
Flurbiprofène
Ibuprofène
Kétoprofène
Naproxène

AINS indoliques et dérivés AINS sulfonalidine Coxibs

Indométacine Nimésulide Célécoxib


Sulindac Etoricoxib

Mis à part les coxibs que nous verrons plus tard, ils ont tous une action simultanée
sur les deux types de COX, mais avec des proportions qui peuvent varier. Cependant leurs
propriétés pharmacologiques restent sensiblement les mêmes concernant la douleur16, à
savoir :
- Une action anti-inflammatoire du fait de l’inhibition de la COX-2.
- Par cette action anti-inflammatoire, il y a un effet antalgique qui est obtenu au
niveau du site inflammatoire.
- Une action directe au niveau du centre de thermorégulation se situant dans
l’hypothalamus permettant de diminuer la fièvre, c’est l’effet anti-pyrétique.

Ces molécules possèdent d’autres effets par la pluralité d’actions des prostaglandines
au niveau du corps humain, ces effets peuvent être recherchés pour traiter ou prévenir
certaines pathologies ou ils peuvent être indésirables. Parmi ces effets secondaires les plus
fréquents17, on retrouve :

28
- Fluidification sanguine qui peut être un effet recherché (prévention des thrombus)
ou un effet indésirable (risque hémorragique, ulcère).
- Déprotection de la muqueuse gastrique (acidité gastrique, nausées, vomissements,
ulcère gastro-duodénal) qui est un effet indésirable très fréquent avec cette classe
thérapeutique.
- Réaction allergique non spécifique (prurit, éruptions cutanées) qui est un effet
indésirable classé comme étant fréquent avec cette classe thérapeutique.

Concernant les inhibiteurs spécifiques de la cyclooxygénase de type 2 (les coxibs). Ils


ont une action anti-inflammatoire et donc anti-douloureuse par leur action spécifique sur
l’une des iso-enzymes de la cyclooxygénase. Cette action spécifique serait expliquée par
l’encombrement stérique des molécules qui permettrait une fixation et une action
uniquement sur la COX-218.
Ces molécules seront utilisées pour traiter certaines maladies chroniques,
inflammatoires touchant les articulations. Si le patient souffre de douleurs qui ne rentrent
pas dans ces critères, le prescripteur s’orientera vers une autre classe thérapeutique ou vers
les AINS non sélectifs. En effet, ils ont une AMM pour le traitement symptomatique de
l’arthrose, la spondylarthrite ankylosante et la polyarthrite rhumatoïde.
Concernant leurs effets indésirables, on retrouve théoriquement une base commune
à tous les AINS excepté que le risque de développer des ulcères gastriques est diminué, car il
n’y a pas d’inhibition de la COX-1 qui a un rôle dans la protection de la muqueuse gastrique.
Cependant cette sélectivité ajoute des contre-indications liées aux effets sur la fluidité
sanguine. L’ANSM, en Juillet 2013, stipule que les coxibs exposent à des effets indésirables
digestifs et cardio-vasculaires comme tous les AINS et qu’ils doivent suivre les mêmes
recommandations de bon usage. Elle précise également que le risque cardio-vasculaire dont
cette classe d’AINS fait preuve rajoute des contre-indications en cas de cardiopathies
ischémiques avérées, d’artériopathies périphériques ou encore d’AVC (y compris les AIT)19.

1.2 Antalgiques non anti-inflammatoires non opioïdes

En mettant de côté les opioïdes que nous verrons par la suite et les différentes
associations médicamenteuses existantes, nous retrouverons ici comme molécules : le

29
paracétamol qui est l’antalgique le plus utilisé contre les douleurs, notamment celles
d’origine nociceptive, ainsi que le néfopam.

1.2.1 Le paracétamol

Concernant son mode d’action, beaucoup de recherches sont en cours afin de le


déterminer avec précision, car en l’état actuel des connaissances sur ce sujet, des
contradictions apparaissent et personne n’avance d’hypothèse qui fasse l’unanimité ou qui
soit scientifiquement prouvée. Cependant, l’une d’entre elles semble faire un plus grand
consensus et joue le rôle, aujourd’hui, de piste privilégiée pour axer les recherches
d’identification du mécanisme d’action du paracétamol.
En effet, le paracétamol aurait une action centrale plutôt que périphérique. Par sa
structure chimique, il est lipophile et majoritairement non ionisé, ce qui fait qu’il passe
aisément à travers les membranes biologiques et qu’il n’a aucune action antalgique lors
d’administration en local. Il aurait, plus précisément, une action sur des récepteurs centraux
sérotoninergiques (notamment les noyaux du Raphé du tronc cérébral) qui renforceraient
les contrôles inhibiteurs descendants de la douleur. Ces contrôles inhibiteurs étant des fibres
qui viennent bloquer le message nociceptif transmis par les neurones au niveau spinal ; c’est
un système physiologique dans lequel la sérotonine (entre autres) a une action renforçatrice
de ce contrôle descendant. Un lien aurait été trouvé entre le système sérotoninergique et
des récepteurs centraux activés par un métabolite du paracétamol. Son action serait donc
une activation des voies inhibitrices descendantes du message douloureux par un de ses
métabolites : le para-aminophénol (détail dans la figure 3 ci-dessous)20.

30
Figure 3 : Mécanisme d’action du paracétamol sur les voies inhibitrices descendantes

Le paracétamol dégradé au niveau hépatique en p-aminophénol irait au niveau central où il


serait transformé en AM404 par une enzyme (FAAH). Ce dernier irait stimuler les récepteurs
cannabinoïdes (CB1) et vanilloïdes TRPV1 qui renforcent la voie sérotoninergique bulbo-
spinale aboutissant à l’activation des récepteurs sérotoninergiques de la moëlle épinière
inhibant le message douloureux.

De plus, il aurait une action sur une cyclo-oxygénase. En l’inhibant, il éviterait la


synthèse de prostaglandines responsables de fièvre et de la douleur21. Cette action reste
faible et non démontrée actuellement.

Concernant son utilisation, le paracétamol est un antalgique, anti-pyrétique,


dépourvu de propriétés anti-inflammatoires qui est efficace et bien toléré. Rares sont les
effets indésirables rapportés avec cette molécule. Il peut être utilisé chez un panel large de

31
patients, du nourrisson à la personne âgée en passant par la femme enceinte. Pour cette
dernière, même si aucune preuve n’a été rapportée d’un effet néfaste du paracétamol chez
le fœtus, on préfèrera l’utiliser de façon limitée dans le temps pour traiter un évènement
douloureux aigue.
Son utilisation doit cependant respecter impérativement les posologies
recommandées, à savoir pour un adulte : 1 gramme par prise, maximum 4 grammes par jour
avec des prises à espacer de 6 heures minimum. Pour l’enfant, le principe reste le même,
mais avec une dose par prise fixée à 15 mg/kg. Si ces posologies ne sont pas respectées, il y a
un risque important pour le foie, du fait d’un de ses métabolites qui est hépatotoxique.

Cette molécule est efficace mais c’est un antalgique de palier I, et il est possible de la
retrouver associée à d’autres molécules comme la codéine ou le tramadol pour avoir un
médicament plus efficace contre des douleurs plus importantes et persistantes (dans ce cas-
là, beaucoup de ces médicaments sont classés dans le palier II).

1.2.2 Le néfopam22

Ce médicament est surtout utilisé pour les douleurs aiguës et post-opératoire et n’est
pas indiqué pour une utilisation chronique, cependant il n’est pas rare d’avoir des patients
douloureux chronique utilisant cette molécule. C’est un antalgique de palier II qui
présenterai une action antalgique et anti-hyperalgésique centrale23.

Son mécanisme d’action n’est pas entièrement connu mais les études menées
jusqu’à présent montre in vivo chez l’animal que les propriétés anti-nociceptives seraient
dues à une inhibition de la recapture des catécholamines et de la sérotonine au niveau
central. Il ne présente d’action anti-inflammatoire ou anti-pyrétique mais possède une
activité anticholinergique et psychostimulant pouvant être à l’origine d’effets indésirables
important24.

Le néfopam (Acupan®) est à l’origine de nombreux effets indésirables qui font que sa
balance bénéfice/risque n’est souvent pas très favorable à son utilisation et nécessite une
réévaluation régulière. Les effets les plus retrouvés sont des vertiges, de la somnolence, des

32
nausées et vomissements, des sueurs et des palpitations. De plus il présente un risque de
pharmacodépendance au même titre que les antalgiques morphiniques bien que sa
structure moléculaire soit complètement différente. Ces effets psychoactifs peuvent induire
une dépendance et un syndrome de sevrage à l’arrêt même chez le sujet sans antécédents
et il peut être à l’origine d’un abus de consommation aussi difficile à traiter qu’une
dépendance aux opioïdes23–25.

Son utilisation doit se faire par injection intramusculaire profonde ou intraveineuse


lente (perfusion). La dose recommandée est de 20 mg par injection toute les 4 à 6 heures
sans dépasser une dose journalière de 120 mg. Cependant, son utilisation la plus courante,
en ville, est la voie orale. Cette voie d’administration ne fait pas partie des recommandations
et n’est pas inscrit dans son dossier d’AMM. Normalement, ce type d’utilisation ne doit pas
être pratiqué mais il l’est souvent et les prescriptions médicamenteuses ne précisent pas
souvent, voire jamais l’utilisation hors AMM de ce médicament. Par voie orale, les patients
prennent une ampoule de 20 mg pure ou versée sur un sucre toutes les 4 à 6 heures dans la
limite de 5 ampoules quotidiennes24,25.

1.3 Les Opioïdes

Cette classe thérapeutique comporte plusieurs molécules qui vont avoir une action
antalgique puissante, elles seront classées dans le palier II selon l’OMS (comme la codéine)
et dans le palier III (comme la morphine). Le recours à cette classe médicamenteuse se fait
lorsque les douleurs sont non soulagées par des antalgiques des paliers inférieurs et lorsque
la douleur est trop importante pour qu’une classe inférieure soit efficace pour soulager un
patient. L’utilisation d’une molécule opioïde plutôt qu’une autre va être déterminée par son
type d’action sur le(s) récepteur(s), son mécanisme d’action ainsi que par la puissance de
son action. En effet, on distingue des molécules avec une activité forte ou faible, car pour un
type de récepteur donné, elles seront agonistes, agonistes partielles ou antagonistes26.

Pour rentrer dans le détail du mécanisme d’action de ces substances, il faut savoir
que les opioïdes sont des substances qui ont une action mimant les effets des opioïdes
endogènes en se fixant sur différents récepteurs qui ont une répartition au sein du système

33
nerveux central qui leur est propre ; ce sont les récepteurs mu, kappa et delta. Leur
répartition est telle qu’il sera possible d’agir à différents niveaux de la transmission du
message douloureux. Les opiacés vont pouvoir augmenter le seuil de nociception en
inhibant la transmission du message douloureux, en accroissant l’action des contrôles
inhibiteurs descendants et en diminuant l’action des fibres nerveuses ayant une action
facilitatrice de la transmission du message douloureux vers la périphérie26.

Cependant, toutes les molécules opiacées ne vont pas agir sur toutes ces structures
car toutes n’ont pas une action sur les 3 types de récepteurs opioïdergiques ; c’est la notion
d’agonisme/antagonisme spécifique. Un agoniste complet des récepteurs opioïdergiques
(comme la morphine) va agir sur les 3 types de récepteurs avec un taux de réponse de ces
derniers de 100%. Un agoniste partiel va agir sur ces mêmes récepteurs mais avec une
réponse inférieure à 100%. Un antagoniste va venir bloquer la réponse apportée par ces
récepteurs, nous n’aurons pas d’effet physiologique induit. Il apparait ici, une notion
d’agoniste/antagoniste comme c’est le cas pour la buprénorphine. La molécule va être soit
agoniste soit antagoniste en fonction du récepteur sur lequel elle se fixe.

Concernant les molécules à proprement parler, la morphine est l’antalgique de


référence dans cette classe thérapeutique. Il existe des dérivés de cette morphine qui vont
avoir directement une action au niveau des récepteurs opioïdergiques ou bien ce sera un
produit de dégradation, un métabolite qui possédera la capacité de venir se fixer sur ces
récepteurs.

34
Voici une liste des molécules opioïdes utilisées seules en traitement de la douleur27 :

Antalgiques opioïdes de Antalgiques opioïdes


Antalgiques de palier II
palier III partiels de palier III

Codéine Fentanyl Buprénorphine

Dihydrocodéine Hydromorphone Nalbuphine

Tramadol Morphine

Oxycodone

Péthidine

Sufentanyl

Tapentadol

Certaines de ces molécules peuvent être utilisées en association avec d’autres


principes actifs antalgiques ou non. Par exemple, dans la spécialité Lamaline® on retrouve de
la poudre d’opium associée au paracétamol et à la caféine27.

Toutes ces molécules ont une action sur au moins un des récepteurs opioïdergiques,
mais l’action physiologique des structures sur lesquelles se trouvent ces récepteurs n’est pas
uniquement centrée sur la douleur. Par leur diversité de répartition au sein du système
nerveux central et par la pluralité des activités réalisées par ces structures centrales, des
effets indésirables qui vont avoir un retentissement sur tout l’organisme peuvent être
retrouvés. Les effets indésirables retrouvés seront les suivants28,29 :
- dépendance
- syndrome de sevrage
- constipation
- nausées, vomissements
- sédation, somnolences et vertiges
- bronchospasme, dépression respiratoire
- rétention urinaire
- prurit

35
Ces effets de classes sont à compléter pour le tramadol qui possède des effets
indésirables qui lui sont propres29,30 :
- crise convulsive
- troubles visuels
- syndrome sérotoninergique
- hyponatrémie
- hypoglycémie

Il faut donc utiliser ces molécules avec précaution chez les personnes présentant des
facteurs de risques au vu des effets indésirables connus cités ci-dessus, sachant que les
personnes âgées et les sujets présentant une insuffisance rénale sont plus susceptibles de
développer des effets indésirables lors de la prise d’un principe actif opioïde.

1.4 Les autres traitements et alternatives thérapeutiques


1.4.1 La phytothérapie31–34

La phytothérapie consiste dans la prévention ou dans le traitement d’un mal ou


d’une maladie par l’usage des plantes. En effet, dès l’époque sumérienne, des traces de
traitement à base de plantes sont retrouvées sur des tablettes d’argile. La nature, en
général, a toujours servi à soigner les malades et ce depuis bien avant que l’homme n’ait la
capacité de tracer ou de relater ces faits. De nos jours, le traitement par les plantes
médicinales est une thérapeutique connue et reconnue. La pharmacopée française définit
une plante médicinale comme une « drogue végétale au sens de la pharmacopée
européenne dont au moins une partie de cette plante possède des propriétés
médicamenteuses ». L’expression « drogue végétale » étant la plante ou la partie de la
plante ayant la molécule d’activité médicamenteuse, cela peut être les feuilles, les tiges, les
racines, l’écorce (traitée ou non) ou bien l’entièreté de la plante. Nous pouvons donc la
retrouver sous différentes formes : extraits secs ou liquides, pulvérisée, en morceaux ou en
entier.
Pour ce qui concerne le traitement des douleurs, il existe plusieurs groupes de
plantes en fonction de leur action sur l’organisme. Cette action peut être due à des

36
molécules différentes ou à des mécanismes d’action différents. Il y a donc les plantes à
action anti-inflammatoire, les plantes reminéralisantes et antioxydantes. Beaucoup de ces
plantes présentent plusieurs de ces caractéristiques, parfois toutes. C’est pour cela que je ne
vais pas les détailler en les insérant dans ces catégories qui s’entrecroisent.

Pour ce qui est de l’utilisation de ces plantes, sans un avis médical, il n’est pas
conseillé d’instaurer un traitement de phytothérapie aux femmes enceintes et allaitantes
ainsi qu’aux personnes fortement immunodéprimées ou souffrant d’une pathologie
chronique pouvant être déséquilibrée par l’usage d’une plante. En effet, certaines plantes
seront contre-indiquées chez les personnes ayant eu un cancer, d’autres chez les
diabétiques, etc.

1.4.1. 1. L’harpagophyton

Harpagophytum procubens
Anti-inflammatoire
Propriétés Référence dans le traitement des douleurs
articulaires
Acide cinnamique
Molécules actives Harpagoquinone
Harpagoside
Voie orale : décoction, poudre de racines séchées,
Utilisation
teinture mère et extrait hydro-alcoolique Il s'agit sans doute la plante antalgique la plus
Usage externe : baume, pommade, gel, crème connue. Aussi appelée griffe du diable, ce sont les racines

Peu d'effets indésirables rencontré mais troubles qui sont utilisées.


Effets indésirables digestifs, acidité gastrique, allergies, maux de tête
et vertiges possibles Mécanisme d’action :
Contre-indication : fièvre, gonflement articulaire, L'harpagoside (iridoïde) inhiberait la cascade de
Contre-indications antécédent d'obstruction des voies biliaires
et précautions synthèse de l'acide arachidonique donnant les
Déconseillée : prise d'une bithérapie anti-
d'emploi agrégante, prise d'anti-coagulant ou présence thromboxanes et leucotriènes inflammatoires. Il reste non
d'acidité gastrique
certain mais l'hypothèse avancée ici est la plus probable.

37
1.4.1. 2. La scrofulaire

Scrofularia nodosaScorfularia nodosa

Propriétés Anti-inflammatoire La partie de la plante utilisée


sera principalement les racines.

Molécules actives Iridoïdes

Voie orale uniquement : décoction, poudre de


Utilisation racines séchées, teinture mère et extrait hydro-
alcoolique

Peu d'effets indésirables rencontré mais troubles


Effets indésirables digestifs, acidité gastrique, allergies, maux de
tête et vertiges possibles

Contre-indication : fièvre, gonflement articulaire,


antécédent d'obstruction des voies biliaires Mécanisme d’action :
Contre-indications
et précautions Les molécules actives ont le même
Déconseillée : prise d'une bithérapie anti-
d'emploi agrégante, prise d'anti-coagulant ou présence mécanisme d’action anti-inflammatoire
d'acidité gastrique hypothétique que l’harpagophyton.

1.4.1. 3. Le saule blanc

Salix purpurea
Salix alba

Propriété Anti-inflammatoire Le saule


Proanthocyanidines fait partie du
Molécules actives Acides phénols
groupe des plantes
Dérivés salicylés : salicosides
Voie orale : décoction, EPS, extrait sec de plante,
à dérivés salicylés.
teinture La partie utilisée
Utilisation
A prendre pendant le repas pour limiter l'impact de sera l’écorce des
l'acidité gastrique
rameaux.
Troubles digestifs, diarhées, nausées, réactions
Effets indésirables
allergiques

Contre-indication des AINS : UGD, asthme, allergie


aux AINS ou dérivés salicylés, risques Mécanisme d’action :
Contre-indications hémoragiques.
et précautions Le salicoside est une prodrogue qui
d'emploi Attention aux traitements des patients : fluidifiants
donnera un alcool puis un acide salicylique
sanguins, ou à leur état de santé : insuffisance
rénale par exemple. 38 inhibant les COX synthétisant les prostaglandines.
1.4.1. 4. La reine-des-prés

Filipendula ulmaria
Filipendula ulmaria
Anti-inflammatoire
La reine des près est très connue pour
Anti-oxydante
Propriétés Diurétique son efficacité contre les troubles articulaires. La
Fébrifuge
drogue utilisée sera les sommités fleuries ou les
Décongestionnante
Tanins fleurs de la plante.
Molécules actives Polyphénols
Dérivés salicylés : la monotropitine et la spiraéine

Voie orale : infusion, EPS, extrait sec


Utilisation
Voie externe : Cataplasme

Bonne tolérance donc peu voire pas d'effets


Effets indésirables
indésirables

Contre-indication des AINS : UGD, asthme, allergie Mécanisme d’action :


aux AINS ou dérivés salicylés, risques - Dérivés salicylés inhibent la synthèse des
Contre-indications hémoragiques.
et précautions prostaglandines
d'emploi Attention aux traitements des patients : fluidifiants
sanguins, ou à leur état de santé : insuffisance - Polyphénols ont une action anti-oxydante
rénale par exemple.

1.4.1. 5. Le curcuma

Curcuma longa
Curcuma
Aussi nommé Curcuma longa
domestica, ce sont les rhizomes du curcuma qui seront utilisés pour leurs propriétés

Anti-inflammatoire
Propriétés Anti-oxydante
Chondroprotectrice

Polysaccharides
Molécules actives
Curcuminoïdes : Curcumine (pigment),
déméthoxycurcumine et bisdéméthoxycurcumine

Voie orale : Extrait de plante fraiche, EPS, jus,


Utilisation
extrait sec de rhizome pulvérisé

Effets indésirables Troubles digestifs, sécheresse buccale Mécanisme d’action :


Obstruction des voies biliaires, antécédent de Inhibition de la lipoxygénase et des
Contre-indications
troubles hépatiques.
et précautions cytokines pro-inflammatoires ainsi que la
d'emploi Attention aux interactions avec les traitements
anticoagulants propriété de piéger les radicaux libres

39
Des précisions sont à apporter sur le mécanisme d’action du curcuma. Les rhizomes
de la plante présentent une activité anti-inflammatoire et antioxydante. L’activité anti-
inflammatoire s’explique par la présence de la curcumine, elle inhiberait l’activation du NF-
kB, la COX-2, la lipoxygénase ainsi que la production de cytokines pro-inflammatoires. Cette
activité ainsi que sa propriété antioxydante la ferait agir autant sur les phases aiguës que sur
les phases chroniques de la douleur.
La propriété antioxydante du curcuma vient des curcuminoïdes qui vont piéger les
radicaux libres. Ils vont aussi avoir la capacité d’activer les enzymes antioxydantes de
l’organisme et vont lutter contre la péroxydation lipidique. D’autres effets ont été mis en
avant autour de cette plante ; elle possède, grâce à la présence de curcumine, des propriétés
immunomodulatrices, anticancéreuses (par ces actions antioxydantes) et gastroprotectrices.
Les curcuminoïdes ont une biodisponibilité très faible par voie orale, cependant les
concentrations retrouvées sont telles qu’il y a une réelle efficacité des produits. De plus, le
curcuma est souvent associé à une autre plante ou un autre composé (en général la
pipérine) qui permet d’améliorer cette biodisponibilité ou d’accentuer les effets anti-
inflammatoires et chondroprotecteurs du curcuma.

1.4.1. 6. Le cassis

Ribes nigrum
Ribes nigrum

Reminéralisante La partie utilisée sera les feuilles du cassis


Anti-inflammatoire
mais on peut aussi se servir des baies et des
Anti-oxydante
Propriétés Chondroprotectrice bourgeons. C’est une plante très connue pour traiter
Angioprotectrice
les douleurs articulaires et rhumatismales.
Hypotensives
diurétiuqes
Flavonoïdes : dont le rutoside et le quercétol
Proanthocyanidols
Molécules actives Mécanisme d’action :
Anthocyanosides
Oméga-3 et Oméga-6 Pas d’études récentes
Voie orale : EPS, plante séchée, extrait sec
Utilisation démontrant le
pulvérisé, extrait hydro-alcoolique
mécanisme d’action
Effets indésirables Aucun rapporté
exacte des ses
Aucune contre-indication
Contre-indications
et précautions Déconseillé : œdème lié à une pathologie cardiaque principes actifs.
d'emploi ou rénale, traitement non stabilisé de la tension.
40
Si nous revenons sur le mécanisme d’action du cassis, aucune étude récente ne
permet de le confirmer mais certaines études anciennes et certaines hypothèses montrent
que les flavonoïdes sont à l’origine de la majorité des effets de la plante.
En effet, ils auraient une action sur les élastases dégradant le cartilage, sur la
synthèse des prostaglandines (action anti-inflammatoire et hypotensive), ils permettent de
lutter contre les espèces réactives de l’oxygène apparaissant lors du processus
inflammatoire.
Les anthocyanosides auraient aussi une action au niveau des élastases et auraient un
rôle dans la protection des capillaires sanguins.
Les oméga, présents surtout dans l’huile que l’on peut extraire des pépins de la baie
de cassis, interviendraient dans la synthèse des prostaglandines.
Les proanthocianidines quant à eux seraient impliqués au niveau de la transcription
de certains médiateurs pro-inflammatoires.

1.4.1. 7. L’encens

Boswellia serrata
La drogue utilisée sera une résine jaunâtre obtenue à partir du tronc de l’arbuste.
Boswellia serrata

Anti-inflammatoire
Propriétés
Neuroprotectrice
Acides boswelliques (acides triterpéniques)
Molécules actives
Acétate d'incensole

Voie orale : Extrait


Mécanisme d’action :
Utilisation Usage externe, fumigation et inhalation possibles
mais pas dans un contexte de traitement de la L’acétate d’incensole va réguler l’expression
douleur de gènes codant pour des cytokines inflammatoires
Effets indésirables Nausées, vomissements, acidité gastrique via l’inhibition du facteur nucléaire kappa.

Aucune contre-indication
Contre-indications Les acides boswelliques vont agir au niveau
et précautions Risque abortif probable, risque pas clairement
d'emploi identifié mais utilisation déconseillée par principe de la 5-lipoxygénase catalysant une réaction de
de précaution chez la femme enceinte synthèse des leucotriènes

41
1.4.1. 8. Les autres plantes

Parmi les plantes que nous allons voir ci-dessous, certaines ne sont pas uniquement
ou majoritairement antalgiques car elles n’ont pas de molécule ayant une action spécifique
sur les processus douloureux, mais elles peuvent présenter une activité autre qui favorise
l’antalgie : action sur la circulation, la reminéralisation des tissus, activité antiseptique,
activité vulnéraire, etc.

Ø Le giroflier, Syzygium aromaticum ou Eugenia caryophyllata


C’est un arbre dont le bouton floral est la drogue d’intérêt. En effet, il s’agit du clou
de girofle qui renferme des huiles essentielles riches en eugénol, des catéchines et des
terpènes qui vont avoir une action analgésique et antiseptique.
Le giroflier est souvent utilisé pour les douleurs dentaires (huile essentielle de girofle
clou) ou les douleurs musculaires en application externe (exemple : Baume Aroma®).

Ø Le souci officinal, Calendula officinalis


C’est une petite plante herbacée dont les capitules floraux renferment des
saponosides, des flavonoïdes et des caroténoïdes ayant des propriétés anti-inflammatoires
et cicatrisantes.
Elle est très connue et très fréquemment utilisée notamment par application externe
d’une crème favorisant la cicatrisation des plaies et l’atténuation de la douleur provoquée
par ces dernières (exemples : Homéoplasmine®, Crème au calendula®).

Ø L’arnica, Arnica montana


Petite plante herbacée des montagnes d’Europe (plante protégée), ses capitules
floraux sont composés de flavonoïdes, d’acides-phénols, de caroténoïdes, de
polysaccharides de coumarines et de l’hélénaline (lactone C15). Tous ces composants
permettent une activité vulnéraire de la plante contre les coups, les hématomes.
Cela permet donc d’atténuer la douleur par diminution de l’œdème et du gonflement
provoqués par le choc. Pour rester dans le domaine de la phytothérapie, elle sera utilisée
sous forme de crème ou de gel à appliquer localement en externe (exemple : Arnican®,
Arnigel®).

42
Ø Le frêne, fraxinus excelsior
Grand arbre commun de l’hémisphère Nord, il contient dans ses feuilles des acides
chlorogéniques et des flavonoïdes (dont le rutoside) et contient dans son écorce des
coumarines (fraxoside et esculoside) ayant des propriétés anti-inflammatoires,
antioxydantes et diurétiques.

Ø Le piment de Cayenne, Capsicum frutescens


Petit arbuste qui donne un fruit fortement concentré en oléorésine contenant de la
capsaïcine (amide capsaïcinoïde), caroténoïde et flavonoïde qui ont pour propriété d’être un
révulsif antalgique.
Il est notamment utilisé en cas de névralgie ou de douleurs articulaires et s’utilise
fréquemment pour sa sensation de chaud en association avec d’autres plantes antalgiques
pour traiter les douleurs musculaires et ligamentaires (exemple : Baume Aroma®, Baume
Saint-Bernard).

Ø L’ortie piquante, Urtica urens ou urtica dioica


Plante commune et envahissante d’Europe et d’Asie, elle contient dans ses feuilles
des acides chlorogéniques et des flavonoïdes responsables d’un effet anti-inflammatoire et
antioxydant. Elle possède aussi de nombreux minéraux participant à l’action reminéralisante
de la plante.
Elle est aussi diurétique et est traditionnellement utilisée pour traiter les douleurs
articulaires mineures (exemple : infusion Elusanes® Ortie).

Ø La prêle, Equisetum arvense


Plante de l’hémisphère Nord dont les parties aériennes sont constituées de
flavonoïdes, de stérols végétaux et d’une haute teneur en minéraux (20 % du poids sec)
conférant à la prêle des propriétés reminéralisantes, chondroprotectrices, anti-
inflammatoires, antioxydantes et anti-œdémateuses. Ces propriétés de protection des tissus
osseux et cartilagineux font qu’elle est souvent utilisée dans le traitement des arthroses et
des douleurs rhumatismales.

43
1.4.2 L’aromathérapie33–41

L’aromathérapie est une branche de la phytothérapie qui de nos jours tend à devenir
une discipline à part entière. C’est une thérapeutique naturelle qui utilise les huiles
essentielles issues de plantes afin de traiter les pathologies.
Les huiles essentielles sont des extraits aromatiques de végétaux qui, contrairement
à leur nom, ne contiennent aucun corps gras. Elles sont de composition complexe et
renferment des composés volatils qui peuvent se voir modifiés au cours du processus
d’extraction de l’huile.
Cette dernière est obtenue de deux façons. Par distillation à la vapeur d’eau pour ce
qui est des plantes aromatiques à essence, l’entièreté de la plante peut être utilisée ou
seulement une partie de celle-ci, un organe en particulier. Par expression concernant les
zestes, notamment ceux de la famille des Rutaceae (orange, citron, mandarine, etc.). Ici une
forte pression sera appliquée pour faire éclater les poches à essence puis une centrifugation
sera effectuée pour séparer l’huile essentielle de l’eau en jouant sur leur différence de
densité.
La composition des huiles essentielles n’est pas modifiée après extraction et la
présence de nombreuses molécules actives conduit souvent à de nombreuses propriétés
même si la puissance d’un composé, ou sa quantité importante au sein de l’huile, peut le
rendre plus efficace pour une indication précise. De ce fait, elles ne sont pas anodines à
utiliser et elles présentent des précautions d’emploi. De manière générale, il ne faut pas les
utiliser chez la femme enceinte et allaitante, chez le patient asthmatique ou ayant un terrain
épileptique et il faut éviter l’exposition solaire après une application cutanée. Bien sûr, il y a
des contre-indications et précautions d’emploi spécifiques à chaque huile.
Nous allons voir les principales huiles essentielles ayant une action antalgique,
certaines sont plus ou moins spécifiques d’un type précis de douleur. Certaines vont avoir
une action générale, d’autres une action plus localisée. Parmi ces huiles, beaucoup
présentent un tropisme pour les douleurs articulaires et rhumatismales.

44
1.4.2. 1. La Gaulthérie couchée

Aussi appelée Wintergreen car il s’agit d’un arbuste persistant qui garde toujours son
feuillage vert. L’huile essentielle de Gaultheria procubens est la plus connue et la plus
réputée pour son action antalgique, anti-inflammatoire et décontracturante.
Elle est souvent utilisée pour traiter les rhumatismes, les douleurs arthrosiques et
sciatiques mais aussi par une catégorie de patients plus sportifs, notamment pour ses effets
antalgiques et décontracturants en cas de crampes, de courbatures ou à la suite d’un trauma
léger (entorse, foulure). Ses propriétés lui viennent de la forte présence (environ 95 %) de
salicylate de méthyl.

Son utilisation se fait uniquement par voie cutanée en l’associant de préférence à


une huile végétale ou à un diluant adapté (argile verte, baume ou pommade). Il peut
s’appliquer 3 à 5 fois par jour à hauteur de 2 à 5 gouttes en fonction de la surface à traiter.
Elle sera contre-indiquée chez l’enfant de moins de 7 ans et chez les personnes
présentant une allergie à l’aspirine. Pour les patients qui sont sous anticoagulant, il est
préférable d’appliquer l’huile essentielle de Katrafay à la place de celle-ci.

1.4.2. 2. L’Eucalyptus citronné

De nom latin Eucalyptus citriodora, c’est un grand arbre qui donne une huile
essentielle à odeur de citronnelle ayant des propriétés anti-inflammatoires,
antirhumatismales et antalgiques notamment contre les maux de gorge ou les maux de tête.
Elle est aussi utilisée en massage pour traiter les raideurs articulaires et les tensions
musculaires.
Ses propriétés lui proviennent des rameaux de l’arbre mais surtout de ses feuilles qui
contiennent entre 40 à 70 % de citronnellal.

Son utilisation peut se faire par voie orale en ingérant 2 gouttes pures ou placées sur
un comprimé neutre ou un sucre, 3 fois par jour. Chez l’enfant de moins de 7 ans, on
l’utilisera à hauteur d’une goutte, 3 fois par jour. Par voie cutanée, elle s’utilise diluée dans

45
une huile végétale à hauteur de 2 à 5 gouttes, 3 fois par jour. Chez l’enfant, l’utilisation
cutanée sera de 2 gouttes diluées, 3 fois par jour.
Cette huile ne présente pas de contre-indications supplémentaires à celles des huiles
essentielles en générale.

1.4.2. 3. Le Romarin à camphre

Rosmarinus officinalis présente plusieurs chémotypes ayant des indications


différentes. Le chémotype camphré est utilisé en cas de contractures musculaires, de
crampes, de rhumatisme et d’arthrose.
Ses propriétés lui viennent du camphre présent à environ 30 % mais aussi de
terpènes et d’oxydes terpéniques présents dans les rameaux et les feuilles de ce petit
arbuste. Cela lui confère une action neuromusculaire, myorelaxante et décontractante.

Son utilisation se fait par voie cutanée en appliquant une dilution au quart dans une
huile végétale, 3 fois par jour en réalisant des massages. Cette huile essentielle est contre-
indiquée chez les enfants de moins de 8 ans du fait de la présence de camphre, elle est
déconseillée chez les patients ayant un terrain épileptique et chez les personnes souffrant
de troubles de la tension.

1.4.2. 4. Le Laurier noble

Bien que moins utilisé, il s’avère que le laurier sauce ou noble, Laurus nobilis et un
petit arbre courant d’Europe aux propriétés antalgiques. Même s’il est plus connu pour ses
autres propriétés (digestives, toniques physiques et mentales) il est très efficace pour les
douleurs touchant les nerfs.
Ses propriétés lui viennent du 1,8-cinéole aussi appelé eucalyptol, de l’acétate
d’alpha-terpinyle et du linalol qui permettent de traiter les douleurs sciatiques, arthrosiques
et névralgiques.

Son utilisation peut se faire par voie orale à hauteur de 2 à 3 gouttes, 3 fois par jour.
Il peut aussi être utilisé en bain de bouche pour certaines névralgies faciales ou dans le cadre

46
des douleurs dentaires : ici on diluera 1 ou 2 gouttes pures ou en association (huile
essentielle de clou de girofle) dans un volume d’eau tiède permettant le bain de bouche. Il
peut être appliqué par voie cutanée à hauteur de 2 à 5 gouttes en fonction de la zone à
traiter, 3 fois par jour. L’application peut se faire avec l’huile pure ou diluée.
En précaution d’emploi, il faudra être prudent s’il est utilisé chez les enfants de moins
de 8 ans, chez les sujets asthmatiques ou épileptiques.

1.4.2. 5. Le Gingembre

Ce sont ses rhizomes qui seront pulvérisés puis distillés pour obtenir l’huile
essentielle de gingembre, Zingiber officinale. Cette plante, très réputée pour son action anti-
nauséeuse est couramment utilisée en Chine pour ses propriétés anti-inflammatoires
conférées notamment par des sesquiterpènes : le gingérol et la gingérénone qui inhibent la
synthèse des prostaglandines.
Il sera indiqué en cas d’arthrose, d’arthrite, de raideur articulaire mais aussi dans des
cas d’inflammation du tube digestif (œsophagites, gastrites et colopathies).

Son utilisation se fait par voie orale à hauteur de 2 gouttes, 3 fois par jour. En
application cutanée à hauteur de 5 gouttes maximum, 3 fois par jours en dilution dans une
huile végétale. Enfin, il est utilisable en diffusion, associé à d’autres huiles essentielles à
l’odeur plus agréable, 10 minutes toutes les heures.
Cette huile ne présente pas de contre-indications ou d’effets indésirables majeurs.
Son utilisation sera à éviter chez les enfants de moins de 3 ans sur la base du principe de
précaution.

1.4.2. 6. Le Lemon grass

Son nom latin est Cymbopogon citratus ; c’est une grande herbe aromatique avec de
très grandes feuilles longues et minces regroupées en touffes. Cette plante des régions
chaudes et humides présente du géranial et du néral conférant des propriétés anti-
inflammatoires et antalgiques. Cette plante est un peu moins connue du grand public mais
assez utilisée et très appréciée des personnes souffrant d’arthrite et d’arthrose.

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Elle n’est pas uniquement utilisée dans ces deux contextes-là. En effet, c’est un
excellent antalgique lors de traumas légers d’ordre articulaire ou musculaire (entorse,
claquage, etc.). Elle peut aussi être utilisée en cas de laryngite, compliquée ou non d’une
aphonie, car il se trouve qu’elle est très efficace dans ce cas de figure.

Son utilisation peut se faire par voie orale à hauteur de 2 gouttes, 3 fois par jour ; par
voie cutanée en mettant 2 à 5 gouttes dans un diluant végétal et en appliquant jusqu’à 3 fois
par jour ; en diffusion de 10 à 20 minutes toutes les heures en déposant 2 à 10 gouttes pures
ou en association dans un diffuseur adapté ou en diffusion sèche en appliquant 2 à 5 gouttes
sur un mouchoir ou un galet sec.
L’utilisation n’est pas recommandée chez les personnes asthmatiques ou épileptiques
ainsi que chez les enfants de moins de 8 ans.

1.4.2. 7. L’Encens

Aussi appelé Oliban, Boswellia serrata ou Boswellia frereana en fonction de son


origine géographique, l’encens contient des pinènes et des sesquiterpènes qui confèrent à
l’huile essentielle, extraite de la sève du tronc préalablement écorché, une activité anti-
inflammatoire et antalgique.
Il sera indiqué en cas de maux de tête, de maux de gorge, et de douleurs articulaires
et tendineuses. Il se trouve que cette huile essentielle est particulièrement efficace dans le
contexte des douleurs chroniques et qu’elle aurait un effet, non prouvé à ce jour, sur les
douleurs d’origine neuropathique.

Son utilisation peut se faire par voie orale, cutanée ou en diffusion. Par voie orale la
posologie sera de 2 gouttes, 3 fois par jour, réduire à 1 goutte si on est chez l’enfant de plus
de 7 ans. Par voie cutanée, la posologie sera de 2 à 5 gouttes diluées dans une huile végétale
à appliquer 3 fois par jour. En diffusion, quelques gouttes dans un diffuseur qu’il faudra
actionner 10 à 20 minutes par heure.
Il n’y a pas de contre-indications connues, mais il faudra éviter de l’utiliser chez le
sujet asthmatique ou épileptique en diffusion ainsi que chez les enfants de moins de 7 ans.

48
1.4.2. 8. Les autres huiles essentielles

Nous avons vu les principales huiles essentielles utilisées contre les douleurs par
excès de nociception. Comme cela a été évoqué plus haut, la complexité de la composition
de ces huiles les amène à avoir des effets divers. Les huiles extraites des plantes que nous
allons voir ci-dessous ont une action sur la douleur, mais qui n’est pas prédominante. Il est
important de les citer car elles peuvent entrer dans la prise en charge de douleurs, mais elles
n’en seront pas à la base.

Ø Lavande vraie, Lavendula angustifolia


Elle possède des propriétés antalgiques et décontractantes par la présence d’acétate
de linalyle et de linalol qui servent à traiter crampes, contractures et douleurs musculaires.
Ce petit arbuste à l’odeur très agréable est surtout réputé pour ses propriétés calmantes,
sédatives, cicatrisantes et antispasmodiques.

Ø Lavandin, Lavendula hybrida


Ce petit arbuste est un hybride (un croisement) entre la lavande vraie et la lavande
aspic (Lavendula spica). Il possède des propriétés calmantes et relaxantes, répulsives contre
les poux mais aussi décontracturantes. Il sera donc utilisé en cas de crampes, contractures
musculaires et dans des contextes d’affections rhumatismales et articulaires.

Ø Hélichryse Italienne, Helichrysum italicum


Aussi appelée Immortelle, ses sommités fleuries contiennent de l’acétate de néryle à
hauteur de 40 %. Ce dernier lui confère une activité anti-œdémateuse très puissante et très
efficace contre les hématomes. En plus de cela, elle a des propriétés anti-inflammatoires,
antalgiques et cicatrisantes. C’est l’équivalent de l’arnica des montagnes en aromathérapie
et elle sera utilisée en cas d’arthrite, de douleurs consécutives à un trauma musculaire ou
articulaire.

Ø Katrafay, Cedrelopsis grevei


C’est un arbuste présent à Madagascar qui contient dans son écorce des
sesquiterpènes ayant des propriétés anti-inflammatoires et antalgiques. Il sera utilisé en cas

49
de douleurs rhumatismales, arthrosiques et arthritiques ainsi que tendineuses. Cette huile
essentielle est surtout utilisée pour ses propriétés tonifiantes et stimulantes générales.

Ø Citronnelle de Java, Cymbopogon winterianus


À noter que nous pouvons retrouver la Citronnelle de Ceylan (Cymbopogon nardus)
qui présente des effets similaires. Son huile essentielle est très utilisée comme répulsif pour
les insectes de par la forte odeur citronnée qu’il en émane. Mais le géraniol, le citronellol et
le citronellal lui donnent aussi des propriétés antalgiques et anti-inflammatoires qui lui
permettent de contribuer au confort articulaire et musculaire.

Ø Clou de girofle, Syzygium aromaticum ou Eugenia caryophyllata


Cette huile essentielle issue du bouton floral appelé « clou » possède une forte
concentration en Eugénol qui est un puissant antiseptique souvent utilisé pour les rages de
dents ou les affections ORL. Mais il présente aussi la particularité de stimuler l’organisme lui
permettant d’être utilisé en préparation à l’effort ; et il s’avère être un bon moyen de
diminuer la douleur liée à une rage de dents ou liée à une affection de la cavité buccale
(gingivite, aphtes, etc.).

Ø Estragon, Artemisia dracunculus


Cette plante aromatique très utilisée en cuisine possède des propriétés
antispasmodiques mais aussi anti-inflammatoires et anesthésiantes grâce à son principal
composé : l’estragol. Ce dernier va bloquer l’influx nerveux pour obtenir des effets
antalgiques et anesthésiants. Il sera utilisé lors de névralgies, névrites, sciatiques ou
d’adénopathies.

1.4.3 L’homéopathie31,42,43

Médecine douce très utilisée dans le monde, elle a été créée par le docteur Samuel
Hanhemann sur un principe qui est contraire à celui de l’allopathie traditionnelle. En effet,
cette thérapeutique traite les individus ainsi que leurs symptômes par les « semblables »42.

50
Elle est fondée sur trois principes fondamentaux qui sont42,44 :

- Le principe de similitude, qui constitue un des piliers de l’homéopathie. Ce principe


stipule qu’une substance administrée à forte dose provoque des symptômes chez un
sujet sain et guérirait ces mêmes symptômes chez un individu malade lorsque cette
substance est administrée en très faible quantité.

- Le principe d’individualisation, qui prend en compte les caractéristiques individuelles


d’un sujet sur la réaction à sa maladie, car chaque personne réagit différemment à
une pathologie. Cela signifie que c’est le sujet malade qui est soigné (avec ses
propres symptômes, son ressenti) et non la pathologie en elle-même.

- Le principe de dilution infinitésimale, qui réfère à la méthode de préparation


homéopathique. Ici, les substances toxiques utilisées seront si diluées qu’elles en
perdront leur principe actif. Mais selon S. Hanhemann, lors des étapes de dilution,
une dynamisation permettant de conserver une mémoire de ce principe actif serait
possible en secouant la préparation et en suivant précisément le protocole de
réalisation des dilutions homéopathiques. Cela permettrait d’avoir l’effet
thérapeutique conservé par cette dynamisation et une innocuité de la préparation
par le fait que la substance toxique est extrêmement diluée.

Le conditionnel est beaucoup employé dans ces explications car les mécanismes
d’action thérapeutique ne sont pas connus aujourd’hui. Et même si cette médecine est très
controversée, elle n’en reste pas moins très utilisée par une multitude de personnes ayant
des pathologies très variées. L’intérêt de cette thèse n’est pas d’en discuter sa légitimité
dans la prise en charge de la douleur ; elle est utilisée dans ce contexte, elle présente des
effets qui permettent de soulager les patients.

L’avantage que l’homéopathie présente est qu’il n’y a aucune contre-indication, ni


aucune interaction médicamenteuse. Elle peut être utilisée par toute personne, poly-
pathologique, cancéreuse, immunodéprimée mais aussi les femmes enceintes, les nouveau-
nés, etc. Elle peut être une excellente méthode en support à une thérapeutique classique ou

51
lourde. Il y a quelques précautions à prendre quant à son utilisation pour avoir une méthode
efficiente : il ne faut pas toucher les granules avec les doigts, il faut bien respecter les
posologies indiquées à minima et en général, il faut une prise des médicaments en dehors
de toute prise alimentaire.

Nous allons donc aborder des souches homéopathiques permettant de traiter les
douleurs par excès de nociception. La complexité de l’utilisation ainsi que la pluralité des
modalités homéopathiques font qu’il n’est pas sujet ici de faire un catalogue qui recense
toutes les souches à visée antalgique, d’autant plus que les souches peuvent être très
polyvalentes dans leurs actions. Nous verrons les plus utilisées dans un contexte de douleurs
chroniques (hors douleurs neuropathiques, migraineuses et viscérales détaillées plus loin),
les plus efficaces et celles qui sont le plus souvent rencontrées au comptoir d’une
pharmacie. Pour ce faire, elles seront regroupées en sphère d’action par origine de la
pathologie ou par tropisme d’action.

Mais avant de les détailler, il faut savoir que l’interrogatoire du patient est primordial
afin de donner la bonne souche. Il faut trouver le bon type de douleur et savoir précisément
les symptômes du patient. Car pour une pathologie donnée, chaque personne pourra
présenter des effets qui varient et ressentir des choses différentes. Pour ce qui est de la
douleur, il faudra connaitre : sa cause, sa localisation, les sensations qui y sont liées, des
symptômes généraux autres que la douleur (nausées, palpitations, fièvre, etc.). Il sera aussi
important d’obtenir les modalités homéopathiques, c’est-à-dire les facteurs aggravant ou
soulageant la douleur même s’ils n’ont pas l’air scientifique ou s’ils sont étrangers au tableau
clinique.

52
1.4.3. 1. La sphère inflammatoire
Homéopathie de la sphère inflammatoire

Apis mellifica Bryonia alba

Exsudation des séreuses Articualtion rouge

Œdème rosacé d'une entorse Articulation chaude


Utilisation Utilisation
Arthrite
Tropisme pour les problèmes liés à la
synovie articulaire
Inflammation d'une muqueuse

Amélioration des douleurs par le


Douleurs améliorées par le froid
repos, l'immobilité
Modalités Modalités
homéopathiques homéopathiques
Douleurs aggravées par la pression ou Amélioration des douleurs par la
le toucher pression forte

Dilutions utilisées 9 CH ou 15 CH Dilutions utilisées 9 CH ou 15 CH

Posologie 3 à 5 granules, 2 à 4 fois par jour Posologie 3 à 5 granules, 2 à 4 fois par jour

Belladona Ferrum phosphoricum

Spécifique des inflammations


articulaires

Présence d'une chaleur et d'une forte


Arthrite et arthrose, douleurs
Utilisation rougeur liée à un état inflammatoire Utilisation
rhumatismales
ou à de la fièvre
Activité importante en cas
d'inflammation de l'articulation de
l'épaule

Début de symptômes brusques Douleurs améliorées par le froid

Modalités Modalités
Douleurs de l'épaule
homéopathiques Etat de transpiration si présence de homéopathiques
fièvre
Patient asthénique

Dilutions utilisées 5 CH, 7 CH et 9 CH Dilutions utilisées De 5 CH à 9 CH

3 à 5 granules toutes les heures, à


Posologie Posologie 3 à 5 granules, 2 à 4 fois par jour
espacer avec l'amélioration

53
3 à 5 granules toutes les heures, à
Posologie Posologie
espacer avec l'amélioration

Sulfur

Inflammation par poussées entrecoupées de périodes


Utilisation
d'amélioration

Sensations de brûlures localisées


Modalités
homéopathiques
Aggravation des douleurs par la chaleur

Dilution utilisée 9 CH

1 dose par jour sur 3 jours si poussées inflammatoires

Posologie
1 dose par semaine ou 1 dose par mois en traitement
d'entretien (espacement ou arrêt des poussées
inflammatoires)

1.4.3. 2. La sphère musculo-squelettique


Homéopathie de la sphère musculo-squelettique

Rhus toxicodendron Ruta graveolens

Souche spécifique des douleurs Douleurs musculaires


articulaires
Douleurs tendineuses
Utilisation Utilisation
Arthrite, Arthrose
Raideurs localisées
Douleurs rhumatismales

Douleurs améliorées par le Douleurs améliorées dès les premiers


mouvement lent et progressif mouvements

Modalités Modalités
Douleurs aggravées par l'humidité Amélioration par la chaleur
homéopathiques homéopathiques

Douleurs améliorées par un temps sec


et chaud

Dilutions utilisées 4 CH à 9 CH Dilutions utilisées 4 CH à 9 CH

3 à 5 granules, 2 à 3 fois par jour. Prise


Posologie Posologie 3 à 5 granules, 2 à 3 fois par jour
à renouveler si besoin

54
3 à 5 granules, 2 à 3 fois par jour. Prise
Posologie Posologie 3 à 5 granules, 2 à 3 fois par jour
à renouveler si besoin

Natrum sulfuricum Lachnantes tinctoria

Souche spécifique des douleurs


articulaires cervicales et des torticolis
Souche spécialisée dans les douleurs
Utilisation articulaires des lombaires et membres Utilisation
inférieurs Décontractant musculaire des
cervicales si association à Actaea
racemosa

Raideurs articulaires Douleurs aggravées par l'air ambiant

Modalités Aggravation des douleurs par Modalités


Douleurs aggravées par le froid
homéopathiques l'humidité homéopathiques
Aggravation des douleurs par le
Douleurs améliorées par le chaud
changement de temps

Dilutions utilisées 4 CH à 15 CH Dilutions utilisées 5 CH

1 dose par semaine


Posologie Posologie 5 granules jusqu'à 4 fois par jour
3 à 5 granules, 1 à 2 fois par jour

Cuprum metallicum Kalium carbonicum

Souche spécifique des douleurs


Souche spécifique des crampes et des
Utilisation Utilisation lombaires chroniques mais utilisée
courbatures
pour d'autres douleurs articulaires

Amélioration par le massage Sensation de "reins qui lâche"


Modalités Modalités
homéopathiques homéopathiques
Amélioration par la pression forte Sensation de "genou qui se dérobe"

Dilution utilisée 5 CH à 15 CH Dilution utilisée 5 CH à 15 CH

5 granules en 5 CH toutes les 10 min.


Puis espacer à 5 granules, 3 fois par 5 granules, 3 fois par jour
jour
Posologie Posologie

Si crampes récurrentes : 5 granules en Souvent prescrit : 5 granules, 1 fois


15 CH, 2 fois par jour. par jour

55
1.4.3. 3. La sphère nerveuse
Posologie Posologie

Hypericum perforatum Aconit

Douleurs touchant les nerfs : Sciatique, Utilisation dans plusieurs types


névralgie, douleurs dentaires, etc d'affections

Utilisation Douleurs liées à un zona Utilisation Tropisme pour les douleurs nerveuses

Douleurs liées au syndrome du membre


Utilisée si névralgie, épisode de fièvre
fantôme chez les amputés

Douleurs lancinantes, d'apparition Apparition des symptômes suite à un


brutale "coup de froid"

Modalités Douleurs cheminant le long d'un trajet Modalités


Si fièvre, elle est sèche et élevée
homéopathiques nerveux homéopathiques

Irradiation douloureuse de la
Engourdissements peuvent être
périphérie vers la zone d'origine de la
présents
douleur.

Dilutions utilisées 5 CH à 15 CH Dilutions utilisées 9 CH, 15 CH et 30 CH

5 granules toutes les heures, espacer à


Posologie 5 ganules 6 fois par jour puis diminuer Posologie 3 à 5 granules, 2 à 6 fois par jour
en fonction de l'amélioration

56
5 granules toutes les heures, espacer à
Posologie 5 ganules 6 fois par jour puis diminuer Posologie
en fonction de l'amélioration

Kalmia latifolia

Tout type de douleurs nerveuses avec une spécificité pour les


douleurs sciatiques

Utilisation

Douleurs "flashs", rapides et passant vite mais revenant


régulièrement

Douleurs éclaires, centrifuges (de l'origine de la douleur vers


la périphérie)
Modalités
homéopathiques
Aggravation par le mouvement et apparition des "flashs"
douloureux à son déclanchement

Dilution utilisée 15 CH

Posologie 3 à 5 granules, 4 à 6 fois par jour

1.4.3. 4. Focus sur Arnica montana

La souche Arnica montana donne un médicament homéopathique qui peut être


utilisé dans bien des domaines, tous plus variés les uns que les autres ; c’est pour cela que je
ne la classe pas dans les sous-parties ci-dessus, même si elle y aurait sa place. Nous
retrouvons l’Arnica dans la prise en charge des insomnies de l’enfant, dans les affections
ORL, en traumatologie, et bien d’autres.

Pour ce qui est de la prise en charge de la douleur, c’est la souche homéopathique à


connaitre. Elle est à la base de cette médecine pour ce qui est des troubles provoquant de la
douleur, qu’elle soit d’origine circulatoire ou d’origine musculo-squelettique.
Issue de la plante qui possède des propriétés vulnéraires et antalgiques, cette souche
homéopathique présente les mêmes effets et donc les mêmes indications. Elle sera utilisée
pour toute douleur musculaire ou articulaire ainsi que pour toute manifestation douloureuse
provenant d’un œdème, d’une contusion ou d’un traumatisme.

57
Une prise d’Arnica montana pourra être instaurée dès qu’il y a la présence d’une
douleur quelconque en utilisant des dilutions allant de 5 CH à 15 CH, sachant que la dilution
9 CH est très largement conseillée et présente la meilleure efficacité pour un large panel de
douleur. Sa prise ira de 3 à 5 granules toutes les 10 minutes en traitement d’attaque puis
pourra descendre à 6 prises par jour en fonction de l’amélioration. Pour une action sur les
douleurs récurrentes, la posologie sera de 3 à 5 granules 1 à 3 fois par jour.

1.4.4 La kinésithérapie45–47

Les masseur-kinésithérapeutes ont une place à ne pas négliger dans la prise en


charge de la douleur chronique. Ils vont permettre d’améliorer les symptômes d’une
pathologie douloureuse, de réduire le temps de souffrance après un évènement
traumatique douloureux. Ils agissent également sur le comportement du patient ainsi que
sur leur relation et leur perception de la douleur. En effet, par leur pratique et leur
connaissance un masseur-kinésithérapeute va pouvoir travailler sur plusieurs axes :
- L’axe physique et mécanique
- L’axe neurophysiologique (surtout pour les douleurs mixtes ou neuropathiques)
- Et l’axe cognitivo-comportemental

Ces trois axes sont définis par des objectifs et des techniques dont l’accent peut être
préférentiellement porté sur un axe plutôt qu’un autre en fonction des pathologies
douloureuses.

Pour l’axe physique et mécanique le but sera de diminuer les facteurs d’irritations
radiculaire ou tronculaire, d’améliorer la mobilité et de réduire la douleur provenant du
squelette et de ses mobilisations. L’axe cognitivo-comportemental permettra au patient
d’apprendre sur sa douleur, la comprendre afin de mieux l’accepter et de mieux la gérer
pour la combattre. L’axe neurophysiologique permet d’agir pour le traitement des douleurs
d’origine neuropathique (voir mixte) par le biais de techniques qui peuvent ne pas être
spécifiques de la kinésithérapie (électrostimulation, développé dans la partie 2.3.1.
Neuromodulation).

58
Les différentes techniques antalgiques qui peuvent être utilisées sont les suivantes :
le massage, la thermothérapie, l’électrostimulation, rééducation (étirement, mouvement,
reconditionnement à l’effort), l’ergonomie des activités du quotidien.

Ø Le massage

L’effet antalgique principal provient d’une action sur certaines fibres nerveuses qui
sont responsables du gate control. Une action de massage avec une faible pression et des
mouvements étendues associée à un rythme et une fréquence spécifique variant en fonction
de la localisation permet de déclencher des influx nerveux inhibant les nocicepteurs. Des
effets annexes sont à ne pas négliger lors d’un massage ; il y a le soulagement local par des
pressions plus importante jouant sur les adhérences cutanées et sous-cutanées, il a une
action sur les contractures musculaires, et une action favorisant la circulation. Il a aussi un
rôle important sur la psyché du patient par la relation soignant/soigné qui s’installe pendant
ces séances.

En revanche, si le massage est une bonne méthode, il ne doit pas être la méthode
unique de traitement de la douleur. C’est une technique où le patient est passif et n’est pas
acteur de son traitement, elle est donc à combiner afin d’obtenir des progrès fonctionnels
sensibles.

Ø La thermothérapie

L’effet de la chaleur permet une augmentation du seuil de détection de la douleur


par action sur le gate control qui dans ce contexte libérerait des substances endogènes
opioïdergiques. De plus, la chaleur engendre la décontraction des muscles et l’amélioration
de la circulation sanguine.
L’action du froid est bien différente de celle du chaud. Lors de l’application de froid,
deux types de réactions se produit : une action directe qui vient réduire la vitesse de
conduction des fibres nerveuses diminuant la transmission du message douloureux ; et une
action indirecte qui réduit l’inflammation et les œdèmes qui peuvent être à l’origine d’une
douleur.

59
L’avantage de la thermothérapie réside dans la facilité de son utilisation. Elle peut se
pratiquer à domicile et ne coûte pas cher. En effet, nous retrouvons facilement des poches
qui peuvent libérer de la chaleur ou du froid si on les place au micro-onde ou au
réfrigérateur. Les seules précautions à prendre seront d’utiliser un linge entre la poche et la
peau si la température est trop extrême et d’utiliser la poche 15 à 20 minutes maximum par
heure (applications à répétées autant de fois que nécessaire).

Ø L’électrostimulation

Surtout utilisée pour les douleurs neuropathiques, elle peut être utile dans le cadre
des douleurs par excès de nociception. Son protocole d’utilisation ainsi que sa posologie
seront, bien évidemment, différents pour cibler au mieux le type de douleur. C’est une
bonne méthode d’auto-rééducation ou d’auto-prise en charge de la douleur car il existe des
dispositifs performant et peu onéreux. Le principe ici, sera celui de l’électrostimulation
transcutanée aussi appelée TENS. Cette technique sera détaillée plus loin dans le
chapitre 2.3.1.2. intitulé « Stimulation électrique transcutanée » de la partie sur les
traitements des douleurs neuropathiques.

Ø La rééducation

Dans cette techniques, deux méthodes peuvent être utilisées pour prendre en charge
les patients douloureux chroniques.

Premièrement, le mouvement actif et le reconditionnement à l’effort. Ici, le but est


de lutter contre le déconditionnement à l’effort qui entraine le patient vers un quotidien
encore plus douloureux et moins facile en termes de mouvement et de réalisation des
tâches. Il va donc réaliser des exercices adaptés à son problème, d’intensité et de durée
croissantes dans le but d’obtenir un effet sur lui permettant de refaire certaines choses qu’il
ne pouvait plus faire et de les accomplir plus rapidement avec moins de douleurs. Pour cela,
les exercices proposés seront la marche avec possiblement des temps de marche rapide ou

60
cadencée, la montée d’escaliers, l’utilisation de bicyclette ergonomique et des exercices de
gymnastique plus ou moins précis pour travailler sur la motricité fine.
Deuxièmement, les étirements. Chez un sujet qui souffre, il fait moins appel aux
parties de son corps qui lui font mal et cela peut entrainer des raideurs qui peuvent
accentuer sa douleur et limiter encore plus ses mouvements. Le travail va donc servir à
redonner une souplesse au corps et une harmonie gestuelle qui facilitera son quotidien.

Dans les deux cas, les techniques utilisées doivent être assez simples et expliquées de
façon claire pour que le patient puisse les reproduire quand il le souhaite, cela permet
d’instaurer l’auto-rééducation du patient qui améliorera ou favorisera le maintien des effets
bénéfiques à long terme.

Ø L’ergothérapie

Ici, le principe va être d’optimiser la vie quotidienne du patient, que ce soit à son
domicile, lors de pratique sportive, en voiture ou au travail afin de réduire les douleurs qui
peuvent être liées ou aggravés par des mauvaises habitudes ou un milieu inadapté.

Les leviers d’action sont très divers. Cela peut passer par des stratégies posturales ou
organisationnelles, des adaptations matérielles comme par exemple l’utilisation d’un bureau
surélevé pour éviter de casser l’alignement des cervicales. L’ergothérapeute ou le masseur-
kinésithérapeute ne va pas se contenter de citer ces méthodes mais va analyser les besoins
et proposer des adaptations. Le patient fera son choix et un entrainement peut être mis en
place en collaboration avec le praticien pour élaborer un travail autour de ces nouveaux
éléments afin d’optimiser le processus.

Bien sûr, il ne s’agit pas là d’une liste exhaustive des pratiques de kinésithérapie mais
ces techniques seront à la base de la prise en charge des douleurs chroniques. De plus, le
praticien a tout un travail à faire sur l’approche comportementale et émotionnelle du
patient concernant la relation à sa douleur. Cet aspect-là reste très important pour avoir une
efficacité plus importante des techniques et un effet plus stable dans le temps.

61
2. Traitements des douleurs neuropathiques
2.1 Les antidépresseurs

Pour le traitement des douleurs neuropathiques, les thérapeutiques « classiques »


déjà détaillées ne sont que très peu efficaces et les antidépresseurs sont les molécules de
premier choix dans ce contexte-là. En effet, des modèles animaux et humains ont permis de
mettre en évidence qu’il y a une activité antalgique propre à ces molécules, activité bien
distincte de leur effet antidépresseur pour lequel elles étaient utilisées à la base. Il existe
différentes classes d’antidépresseurs, mais seulement deux d’entre elles montrent une
efficacité pour traiter ce type particulier de douleur, ce sont les antidépresseurs tricycliques
(ADT) et les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSNA)48.

Jusqu’à très récemment, les mécanismes d’actions antalgiques de cette classe


thérapeutique n’étaient pas connus. Des hypothèses étaient énoncées mais on retrouvait
beaucoup de contradictions dans la littérature scientifique. Aujourd’hui, plusieurs travaux
recensés dans une thèse de neuroscience du Docteur Salim Megat49, ainsi que plusieurs
publications dont celle de Kremer et al.50 permettent d’expliquer le fonctionnement des
antidépresseurs sur les douleurs neuropathiques.
Il s’avère que deux mécanismes d’action rentrent en jeu pour traiter ces douleurs. Il y
a une action sur la moelle épinière et une autre action sur les ganglions rachidiens et la
neuro-inflammation provoquée par l’atteinte nerveuse responsable de la douleur
neuropathique. Dans ces deux mécanismes, la naissance de cette action antalgique provient
du blocage de la recapture des monoamines par les neurones ce qui, par conséquence,
augmente le taux de ces neurotransmetteurs dans la fente synaptique. Il a été remarqué que
l’action antalgique de cette classe thérapeutique était principalement, pour ne pas dire
uniquement, due à la noradrénaline ; ce qui explique l’efficacité des ADT et des IRSNA et la
quasi-inefficacité des inhibiteurs spécifiques de la recapture de sérotonine (ISRS).
Le premier mécanisme d’action, au niveau de la moëlle épinière, concerne les
récepteurs alpha-2 et des éléments du système opioïde, notamment les récepteurs mu et
delta qui auront une interaction avec la noradrénaline permettant d’avoir une action sur les
systèmes de contrôles descendants de la douleur afin de la soulager.

62
Le deuxième mécanisme quant à lui sera différé (d’une à deux semaines). Il va inhiber
la neuro-inflammation causant la douleur par action de la noradrénaline au niveau des
récepteurs bêta-2 des ganglions rachidiens et au niveau des récepteurs opioïdergiques delta.

Concernant les molécules, voici celles utilisées pour traiter les douleurs
neuropathiques51 :
- Antidépresseurs tricycliques : ils possèdent une AMM pour le traitement des
douleurs neuropathiques.
o Amitriptyline
o Clomipramine
o Imipramine
- Inhibiteurs de la recapture de sérotonine et de noradrénaline :
o Duloxétine : elle possède une AMM pour le traitement des neuropathies
diabétiques.
o Venlafaxine : molécule de grade B dans l’arbre décisionnel de traitement et
ne présente pas d’AMM pour les douleurs neuropathiques.

Ces molécules agissent sur de multiples récepteurs centraux et périphériques, ce qui


est la cause d’effets indésirables parfois importants en fonction de la variabilité de réponses
individuelles et ceci peut être à l’origine d’une diminution de l’observance chez certains
patients48. La variabilité de réponses est trop importante pour que l’on puisse en tirer une
liste d’effets indésirables, cependant, parmi ceux qui peuvent survenir fréquemment nous
noterons les manifestations neurologiques (tremblements, crises convulsives, etc.) et la
prise de poids pour les ADT52. Pour les antidépresseurs IRSNA on notera des manifestations
neurologiques (tremblements, vertiges, somnolence, etc.) et digestives (nausées,
vomissements)53. Il ne faut pas oublier que cette dernière classe thérapeutique augmente
les taux de sérotonine au niveau du système nerveux, il y a donc possiblement un syndrome
sérotoninergique qui peut apparaitre et qui peut s’aggraver si une autre classe
médicamenteuse possédant des propriétés sérotoninergiques venait à être utilisée.

63
2.2 Les antiépileptiques

Dans les douleurs neuropathiques, les antiépileptiques constituent aussi un


traitement de première intention avec une efficacité supérieure aux antalgiques
« classiques ». En effet, ici l’effet recherché n’a pas pour objectif de prévenir ou traiter les
crises épileptiques mais celui de stabiliser la transmission du message nerveux à l’origine de
la douleur. Il existe différentes molécules dans cette classe thérapeutique qui ont des
mécanismes d’action différents mais qui agissent soit sur les canaux calciques et sodiques,
soit sur la libération de neurotransmetteurs au niveau du système nerveux3. Parmi les
antiépileptiques, tous présentent une activité antalgique mais cette dernière présente une
variabilité d’efficacité selon les molécules et leurs effets indésirables varis tout autant.

C’est pour cela que nous allons détailler uniquement les molécules antiépileptiques
ayant une AMM pour traiter des douleurs neuropathiques, c’est-à-dire : la gabapentine, la
prégabaline, la carbamazépine et la phénytoïne.
Pour commencer, il y a un mécanisme d’action qui est commun à toutes les
molécules que nous allons voire. Au niveau des lésions nerveuses, il y a présence de canaux
sodiques qui viennent relarguer, lors de leur stimulation, des composés, probablement des
peptides, qui viennent renforcer le stimulus douloureux. Les antiépileptiques agissent en
antagonisant ces canaux, ce qui induit une inhibition du relargage des peptides pro-
douloureux11.
La gabapentine et la prégabaline agissent en bloquant les canaux calciques
naturellement surexprimé au niveau des nerfs lors d’une lésion nerveuse. Cette
antagonisation du récepteur induit une diminution du largage de neurotransmetteurs
(substance P, NA, glutamate) ayant pour action de renforcer le stimulus douloureux au
niveau du SNC. Une deuxième action est présente et va venir augmenter le taux de GABA au
niveau synaptique, ce dernier étant un neurotransmetteur inhibiteur, il y aura donc une
diminution de la transmission nerveuse du message douloureux11.
La carbamazépine et la phénytoïne agissent en diminuant la sécrétion de glutamate
au niveau cérébral. Le glutamate étant un acide aminé excitateur, la diminution de son taux
permet de diminuer la transmission cérébrale du signal douloureux11.

64
Concernant leur AMM respective, ces molécules ont des différences et voici ce que
nous dit l’ANSM quand à leurs indications thérapeutiques :
- La gabapentine a une AMM pour les douleurs neuropathiques périphériques de
l’adulte dues à une lésion nerveuse ou à une maladie (diabète, zona)54.
- La prégabaline a une AMM pour le traitement des douleurs neuropathiques
périphériques et centrales de l’adulte dues à une lésion nerveuse ou à une maladie
pouvant entrainer de telle lésion (diabète, zona)55.
- La carbamazépine a une AMM pour le traitement des douleurs provoquées par une
maladie des nerfs de la face (névralgies du trijumeau et du glossopharyngien) ainsi
que le traitement des douleurs neuropathiques périphériques chez l’adulte56.
- La phénytoïne a une AMM pour traiter certaines névralgies faciales57 mais cette
molécule n’est quasiment plus utilisée pour cette indication.

La carbamazépine et la phénytoïne sont des molécules qui sont très peu utilisées de
par l’importance et la fréquence de leurs effets indésirables. La seule indication pour
laquelle nous pourrons encore retrouver ces molécules prescrites sera la névralgie faciale
liée au nerf trijumeau ou glossopharyngien3. En effet, les effets indésirables peuvent être :
une atteinte hématologique (atteinte possible de toutes les lignées sanguines), une
hyponatrémie importante pouvant causer des nausées, vertiges et des confusions mentales,
une atteinte psychique (syndrome paranoïde) ou encore une atteinte de la conduction
cardiaque58.

Quant aux deux autres molécules, la gabapentine et la prégabaline, de nombreuses


études menées sur un nombre conséquent de patient ont été réalisées. Elles montrent que
ces molécules sont efficaces sur les douleurs neuropathiques, qu’elles soient fulgurantes ou
latentes et ce pour une multiplicité d’étiologies (pas forcément toutes connues). Leur
utilisation doit se faire de façon progressive, en augmentant les doses journalières palier par
palier lors de l’instauration, et en diminuant les doses de la même façon lors de l’arrêt pour
limiter la présence d’effets indésirables et des effets de rebond59.

Les effets indésirables les plus fréquents que l’on peut retrouver sont les suivants :
- gabapentine60

65
o infection virale
o sédation, étourdissement
o vertiges
o confusion
- prégabaline61
o sédation, étourdissement
o augmentation de l’appétit
o confusion
o irritabilité

Il est important de noter que cette classe thérapeutique peut provoquer un


syndrome sérotoninergique (tremblements, confusion, etc.) si elle venait à être associée
avec d’autres antalgiques ayant pour propriété d’augmenter les taux de sérotonine. Même si
ces interactions sont bien connues, on retrouve souvent ce type d’association (prégabaline +
tramadol par exemple) car les sujets douloureux ont souvent ce type d’associations
médicamenteuses pour être soulagés.
C’est là toute la complexité de l’utilisation de cette classe thérapeutique, réussir à
trouver la posologie adaptée présentant une efficacité maximum avec des effets indésirables
minimums au regard des autres thérapeutiques que le patient utilise pour soulager sa
douleur.

2.3 Les autres traitements et alternatives thérapeutiques


2.3.1 La Neuromodulation

C’est une approche non médicamenteuse qui regroupe trois techniques différentes
basées sur une action ciblée au niveau du système nerveux afin de réduire voire de
supprimer le message douloureux qu’il véhicule.
Il y a la neurostimulation médullaire qui agit par action d’impulsions électriques
envoyées au niveau spinal ; la stimulation électrique transcutanée (TENS) qui stimule
électriquement des zones ciblées à la surface de la peau ; et la stimulation magnétique
transcrânienne (RTMS) qui applique des stimulations en surface au niveau cérébral62.

66
2.3.1. 1. Neurostimulation médullaire63,64

Cette stimulation sera électrique et concentrée à différents endroits de la moelle


épinière afin d’avoir une action ciblée sur l’origine de la douleur ou le type de douleur
présent. Elle s’effectuera par le biais de petites électrodes implantables délivrant des
impulsions électriques provenant d’un générateur qui peut être lui aussi implantable sur le
patient.

Le but de cette méthode est de rétablir le « gate control » qui régule la douleur au
niveau des fibres spinales de la moelle épinière. La stimulation permet une libération de
neuromédiateurs inhibiteurs (GABA, sérotonine) induisant un arrêt de la transmission du
message douloureux et vient diminuer la concentration en acides aminés pro-nociceptifs
comme le glutamate et l’aspartate. Elle permet aussi une activation des voies descendantes
inhibitrices. L’intensité et la fréquence des stimulations auraient un effet sur certains
neurones favorisant une action plus ciblée en fonction de l’origine de la douleur ressentie
par le patient.

Cette technique onéreuse présente néanmoins un bon rapport cout-bénéfice au vu


des résultats et présente très peu d’effets indésirables même si des complications peuvent
apparaitre. En effet, il a été rapporté des cas de migration ou de rupture de l’électrode
stimulante ainsi que des cas d’infection survenue lors de l’implantation, tout ceci nécessitant
le retrait du dispositif.

2.3.1. 2. Stimulation électrique transcutanée65–67

Cette technique, bien que différente de la précédente en termes de réalisation


pratique, repose sur des principes similaires pour traiter la douleur. En effet, le premier
principe reste la stimulation électrique de fibres nerveuses localisées sur la zone
douloureuse afin de venir bloquer la transmission du signal douloureux par le rétablissement
du « gate control ». Un second principe consiste en la libération, par ces stimulations
électriques localisées, de substances anti-douleurs endogènes comme des enképhalines et

67
des endorphines. L’action antalgique serait obtenue par une combinaison de ces deux
principes là.

Pour ce qui est de la pratique, la stimulation nerveuse se fait via des électrodes
positionnées à la surface et au contact de la peau au niveau d’une zone ciblée étant à
l’origine de la douleur. C’est une méthode efficace et, contrairement à la précédente, qui est
non invasive. Les électrodes sont généralement autocollantes et sont reliées à un générateur
électrique qui s’est miniaturisé au fil du temps afin de prendre moins de place. Aujourd’hui
des technologies qui font rentrer ce générateur dans un boitier qui peut être couplé à
l’électrode, ce qui le rend transportable et utilisable partout.

L’intensité électrique employée peut aller de 10 mA à 30 mA et la fréquence des


impulsions électriques de 40 Hz à 150 Hz pour une durée d’utilisation allant de 30 minutes à
1 heure par séance. Toutes ces valeurs sont adaptables en fonction du soulagement de la
douleur tout comme le nombre de séances effectuées par jour.
C’est une technique efficace mais qui ne fonctionne pas dans tous les cas. Pour
certains patients, le soulagement de la douleur sera instantané, pour d’autre, il n’apparaitra
qu’au bout de 30 minutes d’utilisation. Les effets rémanents peuvent être totalement
absents, c’est-à-dire que l’effet antalgique s’arrête en même temps que la stimulation. Ou
bien ils peuvent être présents pendant plusieurs heures voire plusieurs jours.

Cette technique engendre une réponse différente en fonction de chaque patient et


du type de douleur. Chacun l’utilisera avec une posologie propre afin d’optimiser sa prise en
charge douloureuse.

2.3.1. 3. Stimulation magnétique transcrânienne


RTMS68–70

Nous connaissons la stimulation électrique de certaines zones du cerveau via


l’implantation d’électrodes au contact de ce dernier afin d’obtenir un effet antalgique ou
bien dans le but de traiter certaines maladies psychiatriques. C’est une technique lourde,
risquée et avec des résultats mitigés au vu des séquelles que cela peut induire.

68
Le principe avec cette technique est le même : venir stimuler des zones du cortex
cérébral afin d’obtenir un effet antalgique, à ceci près qu’il n’y aura pas d’acte traumatique
et invasif. En effet, la stimulation électrique se fera par un aimant générant un courant
magnétique à travers la peau et la boite crânienne, permettant d’obtenir une activité
électrique antalgique localisée.

Le principe de cette technique est le suivant.


Une bobine électromagnétique est placée au-dessus du cerveau. Cette dernière
reçoit une impulsion électrique de courte durée à haut voltage, ceci induit l’apparition d’un
champ magnétique dont la variation provoque un courant électrique par dépolarisation
neuronale. Nous obtenons donc un potentiel d’action neuronal qui, lorsqu’il est localisé au
niveau du cortex moteur, en augmente son excitabilité et vient agir au niveau de l’inhibition
intra-corticale qui pourrait contribuer à réduire la douleur neuropathique dont souffre le
patient. En effet, les mécanismes précis restent à être éclaircis, mais il a été prouvé que les
stimuli douloureux diminuent l’excitabilité du cortex moteur et que ce dernier est aussi
impliqué dans l’intégration émotionnelle de la douleur, qui est une composante à ne pas
négliger dans le ressenti de la douleur par le patient.

Il s’agit d’une alternative thérapeutique ou d’un complément à une autre


thérapeutique plus classique. Une méta-analyse faite par O’Connell et al.71 montre des
résultats disparates et fait une conclusion plutôt négative de cette technique, cependant elle
regroupe des études testant cette technique sur des sujets ayant des douleurs différentes,
d’origines diverses, et avec des protocoles de traitement variant notamment en ce qui
concerne les voltages utilisés et les zones stimulées. Donc, bien que la RTMS ne fasse pas
l’unanimité auprès de la communauté scientifique, elle reste une nouvelle méthode de
traitement à étudier et à approfondir, car si les mécanismes de ces douleurs neuropathiques
viennent à être éclaircis, la technique pourrait s’affiner et devenir plus efficace.

2.3.2 Autres alternatives

La littérature reste faible et peu fournie quant à l’utilisation de méthodes alternatives


pour traiter les douleurs neuropathiques. Pour supplémenter une prise médicamenteuse

69
plus efficace, nous retrouverons les méthodes présentes pour traiter les douleurs par excès
de nociceptions.
Un aparté reste cependant à faire. En effet, l’acupuncture reste la méthode
alternative la plus renseignée dans la littérature avec les résultats les plus probants
présentant une efficacité prouvée. Nous verrons cette méthode plus loin car elle n’est pas
spécifique des douleurs neuropathiques.

IV. Autres traitements alternatifs de la douleur chronique

Figure dans cette partie toute méthode de traitement qui fait appel à un principe
général et qui ne peut pas être séparée en sous-catégorie qui pourrait leur permettre de
rentrer dans les différentes classifications de la douleur qui ont été établies dans cette thèse.
Attention, je ne dis pas qu’il n’y a pas des spécificités pour traiter telle ou telle douleur, je dis
que ce sont des pratiques qui font appel à un principe global qu’on ne peut séparer en deux
entités comme on le ferait pour le mécanisme d’action de deux molécules distinctes ayant
pour autant les mêmes propriétés sur l’organisme.

1. Acupuncture
1.1 Généralités et principe de base

Tout d’abord, comme tout domaine pour lequel nous n’avons pas une connaissance
détaillée et précise des fonctionnements les plus précis, un doute se créé et une certaine
vision cherchant la contradiction s’installe vis-à-vis du domaine en question. Concernant la
médecine traditionnelle chinoise dont l’acupuncture fait partie, la différence de culture, la
différence d’approche ainsi que le manque d’explication précise des mécanismes d’actions
(moléculaires et physiologiques) poussent cette médecine dans le scepticisme que doit avoir
un scientifique afin d’en étudier les faits de façon critique. Cependant, nous sommes ici dans
un volet concernant les médecines alternatives d’un point de vue d’Occidental. Ainsi je
pense que les études menées sur cette médecine trouvant son origine dans la Chine antique
lui donnent une place légitime dans ce sujet.
En effet, une méta-analyse de Andrew J. Vickers et al.72 montre que l’acupuncture a
des effets significatifs et persistants dans le temps sur les douleurs chroniques. Cette étude

70
compare les différentes expériences menées par des chercheurs confrontant l’acupuncture à
des placebos ou à une autre thérapeutique leur servant de référence. Dans tous les cas, la
variation des résultats concernant les effets de l’acupuncture sur la douleur chronique est
due à cette différence de traitement de référence employée et non au principe de
l’acupuncture ou sa technique utilisée.
Une seconde étude de H. MacPherson et al.73 prouve la présence d’une efficacité de
l’acupuncture pour le traitement de douleur chronique ainsi qu’une persistance de ses effets
dans le temps.

Passons maintenant à une explication du principe général de l’acupuncture en


médecine traditionnelle chinoise. Ici l’homme est considéré comme un tout, une entité
unique. Les fonctions organiques et psychiques ne sont pas séparées, la bonne santé d’un
individu dépend de la bonne circulation d’énergie (Chi ou Qi) entre le Yin, versant illuminé,
clair de l’organisme et le Yang, versant caché de la lumière, sombre de l’organisme. Le Yin, le
Yang, les viscères et les méridiens forment la base structurelle de l’organisme et le sang
(Xue), l’énergie (Qi) ainsi que les liquides organiques (Jin Ye) sont des substances basiques de
l’organisme. Enfin, les méridiens avec leurs ramifications permettent une libre circulation de
l’énergie et du sang conduisant à un état sain de l’organisme dans sa globalité 74,75.

C’est cette dernière notion qui est la base de l’acupuncture. La piqûre, ou poncture
d’un méridien, vient enlever un blocage de la circulation de l’énergie et/ou du sang. Ce
blocage qui provoquait la douleur par une défaillance d’harmonisation du Yin et du Yang
74,75
.

1.2 Les différentes douleurs74

En médecine traditionnelle chinoise, la douleur provient toujours d’un blocage, d’une


obstruction plus ou moins forte de la circulation d’un fluide ou de l’énergie. Mais les causes
peuvent être diverses et sont classées en trois catégories : les causes externes, les causes
internes et les causes ni externes et ni internes. Ceci est synthétisé dans la figure 4.

71
Figure 489 : Illustration graphique des différentes causes de la maladie en médecine
traditionnelle chinoise

Les six excès externes correspondent à des éléments extérieurs à l’organisme, venant de la
nature. Les sept causes internes sont des émotions déséquilibrant l’énergie de l’organisme.
La dernière cause regroupe tout ce qui ne peut rentrer dans les deux autres, car il peut y
avoir une tierce intervention indépendante de l’organisme et des six excès existants.

Maintenant que nous avons vu les causes de la maladie, nous allons voir qu’elle est
classée en deux catégories douloureuses, appelées syndromes (figure 5).
Il y a le syndrome Bi, dont la cause peut être interne ou externe et qui concernera la
peau, les muscles, les vaisseaux, les tendons, les os et bien sûr le circuit de circulation de
l’énergie entre tous : les méridiens.
Il y a le syndrome Tong, majoritairement avec des causes internes, il concernera les
organes et les entrailles de l’organisme.

72
Figure 575 : Organigramme de la classification de la douleur en médecine traditionnelle
chinoise

1.3 Le traitement des douleurs74

Il existe trois axes pour traiter les douleurs. Ils sont tous basés sur une désobstruction
du flux d’énergie porté par les méridiens. Cependant ce traitement des douleurs repose sur
leur localisation et sur leur origine (interne, externe). Donc chaque axe permettra de traiter
une douleur ayant des caractéristiques propres de localisation, d’origine et de ressenti par le
malade.

Ainsi nous avons la « désobstruction » qui est utilisé si les méridiens sont touchés.
Leur poncture va permettre de libérer la circulation d’énergie entre tous les organes, les
entrailles et éléments de l’organisme.
Il y a « la régularisation de la fonction du Qi », elle concerne les organes et entrailles.
Elle vient traiter les douleurs liées aux dysfonctionnements de ces derniers par la poncture
de deux points particuliers ayant une localisation variée en fonction de l’organe ciblé : le Shu
et le Mu.
Enfin, il y a « l’expulsion » qui s’applique aux six excès des causes externes de la
maladie ainsi qu’aux mucosités troubles et aux phénomènes de la stagnation du sang. Dans
cet axe de traitement, la moxibustion est souvent utilisée. C’est une technique qui consiste à
chauffer une zone localisée sur un méridien. Pour cela est utilisé un moxas76, fait à partir de

73
plantes séchées et agglomérées en forme de petite boule ou de bâtonnet (souvent de
l’armoise). C’est la chaleur diffusée par la combustion de cet aggloméré qui vient stimuler le
point d’acupuncture.

2. Hypnose
2.1 Généralités et principe de base77,78

C’est une démarche active, consciente qui consiste à établir un lien avec l’inconscient
en étant dans un état modifié permettant de faire ce lien. Cet état est à différencier du
sommeil. En effet, certains patients le ressentent comme tel, mais il a bien été mis en
évidence par des IRM fonctionnelles qu’en état hypnotique le patient n’est pas endormi.
L’état dans lequel il est placé va lui permettre de trouver les ressources nécessaires pour
lutter contre la douleur ou pour en limiter l’impact sur leur quotidien. En pratique, il va
falloir utiliser des métaphores, des suggestions précises afin d’amener le patient à
reconsidérer son rapport à la douleur ressentie.

2.2 État des lieux et efficacité de l’hypnose

Comme pour toute technique peu connue et contemporaine, se pose la question de


son efficacité. Nous avons tous vu des images et lu des articles stipulant des opérations
simples réalisées sans anesthésie (chirurgie de la main par exemple) ne se servant que de
l’hypnose pour contrôler et éviter l’apparition de la douleur.

Il a été prouvé que l’hypnose est une méthode plus efficace qu’un placebo pour le
traitement de la douleur provenant d’origines diverses avec des résultats significatifs.
L’atténuation, et donc le traitement de la douleur, montre une efficacité suffisante pour que
l’hypnose seule soit une alternative à l’utilisation d’une thérapeutique pharmacologique
classique. Ces affirmations sont retrouvées dans une publication de Elkins et al.79 faisant
aussi un état des lieux de l’efficacité de l’hypnose en fonction de l’origine de la douleur.
Une seconde publication de M. Jensen et D.R. Patterson80 confirme l’efficacité de
l’hypnose pour le traitement de la douleur chronique et montre qu’il peut y avoir un effet à
long terme de cette technique. En effet, en fonction des suggestions faites et des

74
métaphores employées pour traiter la douleur, on peut retrouver un effet antalgique
pouvant durer des mois.

Maintenant, ces études présentent toutes un souci : le nombre de sujets inclus dans
les études reste faible pour en tirer des conclusions fiables. Cependant en 2018, une méta-
analyse de Thompson et al.81 permet de voir tous les résultats trouvés sur 85 études
réalisées et met à jour les effets de l’hypnose sur un grand nombre de sujets douloureux
chroniques. Ils viennent confirmer les actions de l’hypnose en terme d’efficacité, de
rémanence des effets et, si on se base aussi sur les travaux de Tosti et al.82, nous avons la
confirmation d’un effet différent dans le temps en fonction de la puissance et de la
pertinence de la méthode employée pour amener le patient en état de transe hypnotique
ainsi qu’une action positive sur les symptômes annexes liés à l’état douloureux (anxiété,
sommeil, appétit, etc.).

2.3 Principe de suggestibilité et autohypnose77,79

La suggestibilité est essentielle dans le bon déroulé d’une séance d’hypnose. Nous
pouvons la définir comme étant la capacité à être réceptif aux processus hypnotiques. Cette
réceptivité permet au patient de bien prendre conscience qu’une autre personne que lui
dicte des consignes (suggestions) et explique l’intérêt qu’elles ont (via des métaphores), ceci
afin qu’il réussisse à créer son propre chemin vers un but, un objectif préalablement défini.
Par exemple, le soulagement d’une douleur très localisée et caractéristique (douleur
électrique partant du haut de la jambe pour une douleur sciatique).
Pour le praticien hypnotiseur, il est important de travailler cette suggestibilité et de
l’installer correctement afin de s’assurer de l’efficacité de la séance d’hypnose. Un patient
réceptif, prêt à être conseillé pour atteindre son objectif, pourra présenter des
caractéristiques qui indiqueront au praticien qu’il est suggestible ; la couleur du visage peut
se voir changée, le regard devient fixe et les battements des paupières ralentissent, parfois
fortement.

L’autohypnose consiste à être le patient et le praticien en même temps et donc


d’endosser tous les rôles de ce dernier : atteindre la bonne suggestibilité, dicter les bonnes

75
suggestions, donner les conseils, établir des métaphores, sortir de l’état hypnotique. Afin
d’atteindre son objectif, le patient réalise ce travail étape par étape, suivant son propre
cheminement.
Toute personne peut apprendre à s’auto-hypnotiser pour reproduire la technique à
domicile afin qu’elle soit constructive, thérapeutiquement efficace et moins contraignante
(pas besoin de se déplacer). L’avantage de cette méthode, si elle est bien maitrisée, est que
le patient devient un acteur de sa prise en charge, et cela influe de façon importante sur sa
qualité de vie.

2.4 Le traitement des douleurs83

L’hypnose permettra au patient de reconsidérer son rapport à la douleur, de trouver


les ressources nécessaires pour l’aider, le mobiliser, le motiver et d’apprendre à gérer
l’intensité, l’émotion et l’impact général sur son quotidien que peut avoir la douleur.

Dans la prise en charge d’un patient douloureux, le but de l’hypnose va être de


réussir à faire prendre du recul au patient sur la vision qu’il a de sa douleur, essayer de
détourner son attention, de focaliser son intérêt sur un aspect plus global de son
environnement ou de sa personnalité afin qu’il se détache de ce qu’il ressent, perçoit et
comprend de sa souffrance. Pour cela, le praticien peut utiliser des images mentales, des
analogies avec le vécu du patient, il peut lui apprendre à gérer ses émotions, il peut le
distraire ou essayer de nuancer certaine perception comme la pensée binaire de la douleur
(pensée du tout douloureux et absence totale de douleur).
Ce recadrage de la situation va lui permettre de trouver les outils pour puiser dans
ses propres ressources afin d’apprendre à gérer sa douleur. Ensuite la façon de la gérer, les
outils utilisés son propre à chaque individu et personne ne dispose des mêmes ressources
permettant de lutter contre la vision simple et étroite qu’ils se font de leur douleur. C’est là
qu’est la difficulté de l’hypnose et l’intérêt de l’interaction entre le praticien et le patient. Il
faut définir clairement l’objectif de la séance et cibler la personnalité du patient pour que le
cheminement et l’adaptation du discours soit efficace.

76
L’hypnothérapie de par son fonctionnement agit sur toutes les composantes de la
douleur. Au niveau sensoriel, elle peut agir sur le type de ressenti ou l’intensité (passé d’une
douleur à type de choc électrique à une simple piqûre par exemple). Au niveau cognitif, le
but va être de diminuer les pensées négatives autour de la douleur et de se servir de
l’histoire du patient pour modifier son rapport à la douleur (diminuer une anticipation
négative par exemple). Du point du vue émotionnel, cela peut conduire à un état d’esprit
différent (par exemple, en lien avec un deuil non fait). Cette technique permet aussi de jouer
sur la motivation du patient pour que de lui-même il se mobilise et change sa perception.

L’hypnose en thérapeutique peut être un excellent complément de prise en charge


voire une alternative à la prise en charge classique si elle s’avère inefficace. Mais pour avoir
des résultats probants, il faut que le patient soit motivé, intéressé et en mesure de se
concentrer. Toute personne peut se faire hypnotiser ou peut s’auto-hypnotiser, il n’y a pas
d’interaction médicamenteuse et seule une contre-indication est à prendre en compte : il
faut que le patient soit psychiquement stabilisé, qu’il n’ait pas de pathologie psychiatrique
non stable.

L’objectif de cette thérapeutique ne sera pas forcement la diminution de l’intensité


de la douleur, mais l’amélioration de la prise en charge du patient et l’amélioration de sa
qualité de vie. L’intérêt sera dans la gestion de la douleur, la rendre plus constructive, avoir
une approche différente pour avoir une vie meilleure.

3. La Gemmothérapie84,85
3.1 Généralités et efficacité

Il s’agit d’une discipline assez récente qui commence avec les travaux du Dr. Pol
Henry dans les années 1960 et qui se complète par ceux du Dr. Max Tétau. Souvent
considérée comme une branche de la phytothérapie, c’est une méthode naturelle basée sur
les propriétés de totipotence des tissus embryonnaires de plante. En effet, les bourgeons,
les jeunes pousses et les radicelles possèdent des cellules ayant la capacité de produire, in
vitro, une plante dans son intégralité. Ces parties en croissance ont une forte teneur en

77
oligo-éléments, minéraux, vitamines, hormones, enzymes mais aussi en acide nucléique
contenant tout le patrimoine génétique de la plante.

Les travaux du Dr. Max Tétau ont montré que des bourgeons frais ou qu’une jeune
partie en croissance de la plante possèdent une activité forte et supérieure à la
phytothérapie et permettent ainsi une utilisation à des doses bien inférieures. Il a aussi
montré que l’activité pharmacologique du bourgeon frais est supérieure à l’activité de la
même plante à l’état adulte, mais que l’indication clinique est différente entre le bourgeon
et la plante adulte.

Il n’y a pas encore assez de publications solides et fiables sur l’utilisation et l’efficacité
de la gemmothérapie, mais l’intérêt récent pour les médecines plus naturelles présentant
moins d’effets indésirables et avec moins de contre-indications va certainement faire que
cette thérapeutique sera prochainement une cible d’intérêt pour la recherche.

3.2 Méthode d’obtention

L’obtention de ces effets nécessite l’utilisation d’un macérat concentré en bourgeons


ou jeunes pousses frais. Ce macérat-mère sera composé :
- d’eau permettant d’extraire les éléments qui se dissolvent dans l’eau (vitamines,
oligo-élements, flavonoïdes, etc.),
- d’alcool permettant l’extraction d’éléments non hydrosolubles tels que les alcaloïdes
et les hétérosides,
- de glycérine permettant l’extraction d’autres éléments non extractibles par l’eau ou
l’alcool de façon efficace sans les dénaturer, exemple des phénols.
Ce macérat peut être dilué au 1/10e pour certains bourgeons afin d’en conserver une
efficacité pharmacologique et d’en améliorer l’innocuité, il portera donc la dénomination
« 1D ».

78
3.3 Son utilisation

L’utilisation de cette thérapeutique se fait par ingestion d’un macérat en sublingual,


éventuellement en dilution dans de l’eau ou du miel, à jeun ou à distance des repas. La
posologie varie en fonction de la nature du traitement : prophylactique ou curatif.
- Traitement prophylactique : 5 à 15 gouttes d’un macérat-mère ou 50 à 150 gouttes
d’un macérat 1D. À prendre le matin à jeun, de préférence pendant au moins 3
semaines pour faire une cure. Faire 3 cures avec une semaine d’arrêt entre chaque
afin d’obtenir un effet préventif optimal.
- Traitement curatif : 5 gouttes 3 fois par jour d’un macérat-mère ou 50 gouttes 3 fois
par jour d’un macérat 1D durant toute la période symptomatique.

Pour les enfants, plusieurs posologies sont énoncées mais la plus pertinente
présentant la meilleure innocuité est la suivante ; la durée de traitement restant inchangée :
- Traitement prophylactique : 1 goutte par année d’âge le matin à jeun ou 1 goutte/kg
de poids corporel si utilisation d’un macérat 1D.
- Traitement curatif : 1 goutte par année d’âge 3 fois par jour ou 1 goutte/kg de poids
corporel si utilisation d’un macérat 1D.

3.4 Exemples de bourgeons antalgiques

Nous allons voir des extraits de bourgeons pouvant être utilisés dans le traitement de
la douleur. Ils sont tous sans contre-indications avec la grossesse ou l’allaitement et peuvent
être utilisés chez les enfants. Cependant, ce n’est pas une généralité propre à la
gemmothérapie comme c’est le cas pour l’homéopathie, il existe d’autres extraits qui
possèdent des contre-indications qui leur sont propres.

Ø Gui, Viscum album possède des propriétés antispasmodiques et anti-inflammatoires.


Il sera à utiliser sous forme de macérat dilué 1D à la posologie usuelle des macérats-
mères pour avoir une action thérapeutique.

79
Ø Cassis, Ribes nigrum est déjà considéré depuis longtemps pour la polyvalence de ses
propriétés, il est souvent surnommé « élixir de vie ». Il possède notamment une forte
propriété anti-inflammatoire.
Ø Aulne glutineux, Alnus glutinosa possède des propriétés anti-infectieuses mais
surtout anti-inflammatoires.

4. La crénothérapie
4.1 Généralités

Plus connue sous le nom de médecine thermale, il s’agit d’une technique qui vient
traiter des pathologies par l’utilisation d’une eau minérale ayant des propriétés spécifiques.
L’eau est utilisée pour réaliser différents types de soins spécifiques d’une pathologie à
traiter. La médecine thermale s’inscrit aussi dans une prise en charge globale des
pathologies en faisant appel à d’autres médecines comme la kinésithérapie, mais permet
aussi de travailler sur la relation qu’a le patient avec sa douleur et présente un rôle de
traitement psychologique de support86.

Les cures thermales restent très prisées des patients douloureux chroniques
notamment pour ce qui est des affections rhumatismales, même si ces dernières permettent
un traitement d’une multitude de douleurs d’origines diverses, entre autres les douleurs
musculo-squelettiques, nerveuses, circulatoires, gastriques.

En pratique, la médecine thermale est réalisée sous forme de cure de 18 jours par an,
dans la majorité des cas, les trois semaines de traitement sont réalisées en une fois dans un
même établissement thermal87.

4.2 Efficacité

Des études et des méta-analyses menées sur un grand nombre de patients montrent
que la médecine thermale a toute sa place dans l’arsenal thérapeutique pour la prise en
charge des patients douloureux chroniques. Cette méthode présente plusieurs effets.

80
En effet, elle permet de réduire la consommation de médicaments allopathiques pris
contre les douleurs chroniques, d’améliorer la qualité de vie des patients en jouant sur
l’amélioration de leur ressenti envers la douleur et par leur amélioration fonctionnelle, en
ayant un effet psychologique augmentant leur moral88.

Il est avéré que l’effet antalgique des cures thermales est présent pour une pluralité
de types de douleurs et que cet effet reste suffisamment présent dans le temps pour que
l’antalgie fasse effet pendant plusieurs mois (6 à 9 mois pour les troubles musculo-
squelettiques), parfois même jusqu’à la cure annuelle suivante (notamment pour les
patients souffrant d’artérite et d’insuffisance veineuse)86.

Une petite précision est à faire sur l’eau. Pourquoi utiliser spécifiquement de l’eau
minérale dite thermale et pas une eau classique que l’on a au robinet dans n’importe quelle
région de France. La réponse réside dans sa composition, particularité qu’elle acquière
lorsqu’elle est filtrée par un sol présentant des éléments minéraux caractéristiques. C’est
pour cela qu’on ne retrouve pas des stations thermales dans toutes les villes de France. La
particularité du sol va donner une composition en bicarbonate, sulfure, sulfate, minéraux
(magnésium, calcium, sodium, potassium), en halogène (iode, fluor, etc.) et en oligo-
éléments (notamment le fer) qui va permettre à l’eau, lorsqu’elle ressortira en source,
d’avoir des propriétés qui lui sont propres86.

4.3 Soins réalisés86–88

Nous allons cibler les soins qui permettent de traiter la douleur car il en existe un
certain nombre permettant de traiter d’autres pathologies que la douleur, comme l’eczéma,
l’asthme, le diabète, etc.

L’eau thermale peut être utilisée sous différentes formes (vapeur, boue, gaz, liquide),
par différentes voies en fonction des affections à traiter et en fonction de ce qui est prescrit
par le médecin thermal afin d’avoir la meilleure prise en charge personnalisée pour chaque
individu.

81
Nous retrouvons donc :
- des douches pénétrantes (jet fin à pression normale) ;
- des douches au jet (forte pression) ;
- des bains avec la présence ou non de jets hydropulsés ou de jets d’air ;
- les enveloppements de boues (locaux ou du corps entier) ;
- les massages avec ou sans eau ;
- la vapeur en étuve ;
- cure de boisson d’eau thermale ;
- exercices en piscine ;
- mésothérapie.

Concernant la mésothérapie, il s’agit d’une technique qui a été reprise par la


médecine thermale pour injecter du gaz en des points localisés, cette technique sera
abordée dans le chapitre suivant (5. La mésothérapie).

4.4 Mécanismes d’action86–88

Les mécanismes de l’action analgésique vont se faire de différentes façons.

Premièrement, il y a une action au niveau du gate control au niveau de la moelle


épinière, la chaleur et l’eau vont venir bloquer l’information douloureuse à ce niveau par
recrutement de ce système.

Deuxièmement, la balnéothérapie chaude permet de libérer des sécrétions


d’endorphines et il serait probable qu’elle favoriserait la synthèse d’un précurseur
d’endorphines par les kératinocytes : la pro-opio-mélanocortine89. Cette dernière viendrait
inhiber la substance P responsable de la transmission du message douloureux.

Troisièmement, la crénothérapie permet de renforcer le système transporteur de la


sérotonine, ce qui entraine une augmentation de sa concentration au niveau cérébral qui,
avec le système adrénergique, octroie un contrôle inhibiteur descendant du faisceau
réticulé.

82
Quatrièmement, les tissus lésés par inflammation sont traités par plusieurs
techniques. Par la pression hydrostatique on peut améliorer les œdèmes, par la chaleur
l’amélioration de la vascularisation, les contractures et les raideurs musculaires et
articulaires.

Dernièrement, la crénothérapie fournit une action neuro-endocrine qui permet la


libération d’hormones inhibant les médiateurs de l’inflammation (interleukines,
prostaglandines, etc.) et de la réponse immunitaire (leucocytes, protéines spécifiques).

S’ajoutent à ces mécanismes deux effets. L’effet placebo lié au ressenti du patient par
rapport au traitement qu’on lui applique. Ici, il sera renforcé par l’aspect agréable prodigué
par certains soins.
Le second effet est l’effet Hawthorne qui, je cite : « est l’expression de la
considération portée aux patients par les intervenants, et qui témoigne de la participation
active et motivée des malades à une stratégie thérapeutique bien comprise et valorisée. »90
Bien sûr, dans ces deux cas, l’effet peut être inverse, devenir négatif et préjudiciable
au patient. Cependant la qualité des soins portés et le professionnalisme des praticiens font
que ces effets sont quasi systématiquement bénéfiques pour le patient et sa prise en charge.

4.5 Indications et précautions d’emploi86,87

Pour ce qui concerne les douleurs, la cure thermale est indiquée dans une multitude
de pathologies pouvant provoquer des douleurs sur le long terme. Cela va des polyarthrites
rhumatoïdes au diabète en passant par les suites d’un AVC ou des pathologies
phlébologiques. Elle est prescrite par les médecins généralistes ou par tout spécialiste à
partir du moment où il juge nécessaire son utilisation, quelle que soit la pathologie.

Concernant son innocuité, la médecine thermale est assez bien tolérée mais il est
possible de constater l’apparition de troubles digestifs, des modifications de la tension
artérielle, des irritations cutanées. D’autres effets peuvent encore apparaitre en fonction
des individus, de leur pathologie et des soins reçus.

83
Cependant, ces effets arrivent souvent lors de la première cure et surtout au cours
des premiers jours. Ils sont majoritairement bénins mais ils doivent faire l’objet de
l’attention du pharmacien et du médecin thermal pour avoir une prise en charge optimale et
avec le moins de risque possible.

Il existe des contre-indications à la crénothérapie. Elles concernent les patients avec


des altérations sévères du comportement (souffrant d’une pathologie psychiatrique non
stabilisée), les insuffisants cardiaques sévères, les hypertendus non stabilisés, les patients
souffrant d’une maladie contagieuse ou évolutive comme des escarres, plaies non
cicatrisées.
Il existe aussi des contre-indications plus spécifiques d’une pathologie où la cure
devra être décalée ou annulée. Par exemple, une poussée inflammatoire chez un patient
immunodéprimé ou ayant un tel antécédent.

5. La mésothérapie91–94
5.1 Généralités et définition

La mésothérapie est une technique d’administration d’un médicament ou d’un


mélange de principes actifs micro-dosées par voie injectable au niveau épidermique,
intradermique ou sous-cutané d’une région locale plus ou moins étendue en rapport avec la
pathologie à traiter.

C’est une technique de précision qui vise à avoir un effet antalgique plus ou moins
durable et plus ou moins fort en fonction de l’injection réalisée par le médecin. Pour cela, il
faut qu’un pré-examen clinique ait lieu afin de déterminer le protocole de mésothérapie à
appliquer pour obtenir une prise en charge efficace et optimale.

Cette méthode de traitement des douleurs créée dans les années 50 par le docteur
Michel Pistor ne présente pas assez d’études scientifiques pour affirmer avec certitude les
bienfaits de la mésothérapie. Nous trouvons cependant des publications dont celle du
Docteur Benoït Labenne91 qui, sous le relevé d’étude de cas, montre une forte efficacité
antalgique de cette méthode et une durabilité de ses effets.

84
5.2 Ses indications et son utilisation
5.2.1 Les indications

Elle sera utilisée dans de nombreux contextes pathologiques différents même si elle
est plus particulièrement utilisée pour traiter les douleurs musculo-squelettiques et
l’insuffisance veineuse.
Dans les indications concernant les pathologies chroniques, nous retrouvons entre
autres :
- les affections rhumatismales ;
- arthrose et arthrite ;
- dorsalgies ;
- tendinopathies ;
- zona ;
- acouphènes ;
- douleurs neurogènes et psychogènes.

5.2.2 Son utilisation pratique


5.2.2. 1. Type d’injection

Dans les contextes vus ci-dessus, on pourra faire une utilisation différente de la
mésothérapie en fonction de l’effet que le médecin veut obtenir sur son patient.

En effet, dans le cadre des douleurs chroniques, le médecin pourra chercher une
action forte, qui agit rapidement mais qui ne perdure pas dans le temps, afin de soulager
une poussée douloureuse par exemple. Dans ce cas, il faudra sélectionner une certaine
profondeur de piqûre pour injecter le principe actif.
Si le praticien veut un effet durable pour soulager une douleur constante, présente
en permanence, il déposera le produit un peu plus en surface du derme.
En effet, les cinétiques d’absorption sont différentes en fonction de la profondeur
des injections. De la cinétique la plus rapide avec un effet rapide vers la cinétique la plus
lente avec un effet retardé mais étalé dans le temps, on retrouve les voies :

85
Intra-Musculaires > Sous-Cutanées > Intra-Dermiques > Extra-dermiques

5.2.2. 2. Les aiguilles

Pour réaliser ces injections, il faut des aiguilles à usage unique de faible diamètre, en
général compris entre 0,3 et 0,4 mm et une longueur allant de 4 à 13 mm. Le choix de la
longueur sera déterminé par la zone d’injection choisie (intra-musculaire ou intra-dermique).

En général, les médecins préfèrent les injections entièrement manuelles, mais il


existe des appareils de méso-perfusion plus ou moins assistés qui peuvent aider le praticien
dans la réalisation de son acte.

5.2.2. 3. Les produits injectés

Les produits injectables peuvent être des anesthésiques (lidocaïne, prilocaïne), des
AINS (piroxicam, diclofenac, etc.), des antalgiques (non-morphiniques comme le néfopam ou
morphiniques). Peuvent être injectés des produits myorelaxants, homéopathiques ou encore
des neuroleptiques et antidépresseurs.
Ils peuvent être injectés seuls ou en association ; cette dernière sera de composition
différente en fonction de la pathologie ou des zones à traiter.

D’autres substances peuvent être injectées par cette technique : de l’eau thermale
sous forme de gaz par exemple. Nous verrons cela dans le chapitre suivant.

5.2.2. 4. Les zones d’injection

L’injection ne se fait pas n’importe où dans la zone douloureuse, elle doit se faire en
des points précis qui doivent être analysés lors du premier examen médical. Il faut en effet
trouver les zones douloureuses ainsi que leur projection et voir si elles sont rattachées à une
origine que l’on peut atteindre avec le traitement par mésothérapie.

86
Pour cela le praticien identifie des zones « gachettes » par la palpation, par la
pression et enfin par l’analyse qu’il en déduit des réactions de ces zones ainsi que des
réactions du patient. Il sera aussi amené à rechercher la chaine musculaire ou squelettique
en cause dans l’hypothèse de la présence d’un myotome ou d’un dermatome touché en
particulier, ou pour déceler des douleurs s’inscrivant dans un contexte plus général comme
c’est le cas pour les fibromyalgies.

5.3 Son inclusion à la crénothérapie : la Carbothérapie93

Comment être originaire du Mont-Dore et ne pas parler de la Carbothérapie. En


effet, cette spécificité auvergnate née aux thermes du Mont-Dore et ceux de
Royat/Chamalières a été initiée, entre autres, par le Dr. Jean-Pierre Baud originaire du Sancy.

Cette technique est le regroupement de deux autres : la crénothérapie et la


mésothérapie, avec leur efficacité et leurs bienfaits respectifs. En effet, la carbothérapie ou
CO2-thérapie consiste en l’injection, au niveau de zone localisée et par technique de
mésothérapie, de gaz thermal naturel ayant des propriétés anti-inflammatoires et
antalgiques. Cette méthode est utilisée pour traiter les troubles rhumatismaux et
arthrosiques.

Elle est basée sur les propriétés vasodilatatrices du dioxyde de carbone. Les études
ainsi que l’expérimentation clinique95 montrent un effet de sédation de la douleur, une
diminution des contractures musculaires et une augmentation de l’amplitude articulaire. Sur
le long terme, l’étude a montré une réduction des poussées évolutives et de la
symptomatologie entre les cures thermales, une diminution de la consommation
d’antalgiques et d’anti-inflammatoires. Cette méthode est aussi basée sur la capacité de
diffusion du gaz thermal qui permet, lorsqu’il est injecté sur la région douloureuse, de traiter
la zone atteinte dans sa globalité.

87
5.4 Effets indésirables et précautions d’emploi

En ce qui concerne la crénothérapie, on peut rencontrer des effets indésirables plus


ou moins importants même si leur prévalence reste très faible. Des effets dermatologiques
comme des érythèmes, des hématomes (le plus fréquent), des douleurs au site d’injection
ou encore des infections dans de très rares cas peuvent être constatés. Nous pouvons être
amené à avoir des effets plus graves comme des lésions vasculo-nerveuses, un choc vagal ou
un choc anaphylactique.

Pour la carbothérapie, les effets indésirables les plus fréquents sont les hématomes,
du prurit et des érythèmes localisés. Aucun effet indésirable grave n’a été rencontré.

Il existe des contre-indications concernant surtout des pathologies bien particulières,


la contre-indication provient en général de l’acte d’injection plus que du produit injecté.
Nous pouvons citer les pathologies suivantes :
- troubles de la coagulation sanguine important et non stabilisé ;
- maladie de Behcet ;
- infections à germes particuliers transmissibles par le sang (VIH) ;
- infections cutanées.

88
Partie 2 : Evaluation de la prise
d’antalgique en officine

89
I. Objectifs

Plusieurs objectifs sont définis par la mise en place de ce questionnaire. Un état des
lieux de l’utilisation d’antalgique va être fait chez des patients souffrant de douleurs
chroniques. Le but va être de savoir quelles sont les molécules prescrites par les médecins et
celles prises par les patients dans un contexte d’automédication et savoir quelle est leur
efficacité et l’utilisation quand font les patients.
Au-delà de cet objectif, l’étude va permettre de savoir quelle est la proportion de
patients douloureux chroniques qui ont recours à une méthode thérapeutique alternative
pour se prendre en charge. L’efficacité sera évaluée pour chaque méthode et l’apport de ces
thérapeutiques sera discuté.
L’enquête servira aussi à mettre en évidence et à discuter le lien éventuel qu’il peut
exister entre l’utilisation de certain médicament ou l’utilisation de certaines thérapeutiques
alternatives et l’intensité douloureuse ou l’origine douloureuse des patients.
Enfin, nous restons du point de vue pharmaceutique et particulièrement dans le
domaine de la pharmacie officinale. Donc une partie de l’étude va déterminer la place du
pharmacien au sein de la prise en charge douloureuse, est-il un interlocuteur adapté ?
Présente-t-il des moyens permettant d’améliorer la prise en charge du patient douloureux ?

II. Matériel et méthodes


1. Choix de la méthode d’enquête

Un auto-questionnaire (Annexe I) a été mis en place. Le patient y répond à son


domicile puis me le rapporte ultérieurement. Le patient a donc le temps de répondre aux
questions posées sans gêne extérieure. Pour toucher un maximum de personne, il fallait une
technique qui soit rapide et la moins contraignante possible. Mais il fallait que les réponses
soient claires et suffisamment précises pour permettre une bonne analyse des résultats.

90
2. Population étudiée et taille de l’échantillon

Nous parlons ici des douleurs chroniques, quelle qu’elles soient et de leur traitement
en général, qu’il soit prescrit par un médecin ou que le patient s’automédique. Pour cela,
deux populations étaient incluses :
- toute personne se présentant au comptoir de l’officine et qui nous présentait une
ordonnance établie pour traiter une douleur,
- toute personne nous demandant un produit ou un conseil pour soulager sa
douleur.

Dans les deux cas il faut que la douleur se soit déclarée depuis plus de trois mois pour
que l’on puisse parler de chronicité et faire rentrer le sujet dans l’étude réalisée.

Avec ces critères d’inclusion et sur les 6 mois de l’étude, la taille de notre échantillon
est de 18 patients.

3. Description des items de l’enquête

L’auto-questionnaire est composé de différentes parties que nous allons détailler,


l’intégralité du questionnaire se trouve en annexe :
- Les généralités sur le patient et sa douleur
- Le traitement médicamenteux de sa douleur
- Le traitement de sa douleur par d’autres méthodes (s’il en utilise)
- La place qu’a le pharmacien dans la prise en charge de sa douleur

Les généralités autour du patient et de sa douleur sont étudiées par les parties 1, 2 et
3. Dans la première, seul l’âge, le sexe et la profession sont demandés. La deuxième partie
permet de savoir depuis combien de temps sa douleur le fait souffrir et quelle en est la
cause si elle est connue. La troisième partie interroge le patient sur son ressenti général sans
traitement et l’impact qu’a la douleur sur son quotidien.

91
La partie quatre se concentre sur son traitement médicamenteux qu’il soit sur
prescription médicale ou qu’il s’agisse d’automédication. Je tiens à préciser que des
compléments alimentaires ou des dispositifs médicaux ingérables peuvent être retrouvés
dans cette partie et non pas uniquement des médicaments disposant d’une AMM. Un focus
est fait sur l’efficacité du traitement médicamenteux pris, s’il présente des effets
indésirables et quelle en est la fréquence. Enfin, une série de questions est posées sur les
médicaments pris en automédication afin de savoir s’ils sont efficaces dans ce contexte et si
les posologies sont respectées.

Sur le même principe que la partie précédente, la cinquième partie se concentre sur
les autres méthodes utilisées pour soulager la douleur, si elles sont efficaces, si elles
présentent des effets indésirables et quelle en est la fréquence.

La sixième et dernière partie porte un éclairage sur la place du pharmacien d’officine


dans la prise en charge de la douleur. Différents items vont aider à repérer si le pharmacien
est de bon conseil et s’il donne les informations nécessaires au patient sur sa douleur. Nous
verrons à quel point il peut être un interlocuteur adapté et si la pharmacie (le lieu) est
propice à un dialogue permettant d’installer une relation soignant-soigné adaptée. Toujours
dans cette partie et pour finir le questionnaire, nous allons orienter nos questions sur les
éventuelles perspectives d’évolution qui répondraient à ce que le patient attend d’une
officine.

4. Réalisation de l’enquête

Les questionnaires ont été donnés en format papier comportant cinq pages. Il fut
distribué durant le premier semestre 2020, du 2 janvier au 30 juin à chaque patient souffrant
de douleur chronique dans deux officines du département du Puy-de-Dôme, une pharmacie
de ville à Clermont-Ferrand et une pharmacie de station thermale de montagne au Mont-
Dore.

Pour vérifier que le questionnaire était compréhensible, les deux premières


personnes interrogées ont été amenées à donner leur avis sur le questionnaire et à

92
mentionner d’éventuels problèmes de compréhension par manque de clarté ou dû à une
mauvaise tournure de phrase. Le questionnaire a fait l’objet de plusieurs modifications à la
suite de ces remarques.

5. Méthodes d’analyses des résultats

Les questionnaires, qui sont anonymes, se voit recevoir un numéro propre afin de
facilité l’extraction des résultats et leur discussion. Les résultats ont été synthétisés sous
forme de tableaux ou de graphiques construit avec le logiciel Excel®. Quand cela était
nécessaire et pertinent, une moyenne a été calculée soit manuellement soit avec Excel®.

6. Conception du questionnaire

Dans cette enquête, plusieurs formes de questions sont retrouvées. Selon l’item, la
forme change pour avoir une réponse plus précise ou pour rendre la demande plus claire
afin de faciliter la réponse du patient.
Le questionnaire comporte donc des questions ouvertes qui nécessitent que le
patient rédige sa réponse, des questions fermées pour lesquelles il faut simplement cocher
une casse, des tableaux lorsque pour une même question plusieurs items doivent être
abordés, et enfin nous avons mis des échelles calquées sur le principe de l’EVA permettant
d’évaluer la douleur.
Ces échelles facilitent la réponse à la question, et plusieurs informations y figurent
pour que le sujet puisse prendre la graduation qu’il préfère ou celle qu’il comprend le mieux.
Pour nos échelles, la graduation classique est utilisée (basée sur les chiffres de 0 à 10) à
laquelle est associé un mot définissant le chiffre ou la zone de l’échelle présente
correspondant. Des émoticônes représentant des visages sont aussi placés sous l’échelle
pour en faciliter la lecture et pour la rendre plus graphique. Voici un exemple de l’échelle
utilisée.

93
III. Résultats et discussion

Avant de commencer cette partie, je tenais à dire un mot sur la participation au


questionnaire. Le contexte dans lequel cette enquête a été mené et le manque de temps des
personnes ont fait que le taux de participation est d’un peu moins de 80 %.
C’est cependant un taux assez important et le sujet de l’enquête fait que les
personnes douloureuses chroniques prennent le temps ou sont volontaire pour participer à
une animation autour de leur problème. Les patients douloureux chronique sont intéressé
par le travail que les professionnels de santé peuvent faire, quel qu’il soit, pour faire avancer
les recherches ou pour améliorer leur prise en charge globale sur ce sujet. Elles sont aussi
intéressées par le fait d’informer ou de discuter avec d’autres personnes, notamment des
professionnels de santé autour de leur douleur.

Concernant la modification que j’ai apporté à la façon de répondre au questionnaire,


elle n’a pas été préjudiciable à l’enquête menée. Au contraire, le fait de laisser le temps aux
patients pour y répondre m’a permis d’avoir un argument à leur contrainte de disponibilité.
Cela m’a permis de toucher plus de monde, car globalement les patients interrogés
étaient des habitués de l’officine dans laquelle il venait. Certain avait un traitement sur
prescription médicale, il repassait donc chaque mois, cela me faisait une opportunité pour
récupérer le questionnaire donné. D’autres sont même repassé expressément à l’officine
pour me rapporter le questionnaire, et ceci sans même avoir besoin de quelque chose dans
la pharmacie.
Même si le nombre de questionnaire récolté n’est pas très important, le volontariat
des patients et leur rigueur m’a permis d’obtenir 18 questionnaires bien remplis, avec des
informations précises et claires.

94
1. Profil des répondants

Le risque principal du questionnaire à répondre à domicile était les « perdus de vue »,


des patients ayant eu le questionnaire mais qui ne l’auraient pas rapporté. Il se trouve que
sur les 19 questionnaires donnés, 18 me sont revenus pendant les 6 mois de l’étude. Le
19ème questionnaire n’a jamais été rendu. Ceci fait un taux de retour de 94,7%.

Je parle bien ici d’un taux de retour et non d’un taux de participation, car sur mes
propositions de participation à cette étude, j’ai essuyé 5 refus sur 24 propositions faites au
total. La cause justifiant ce refus était la même à chaque fois : le manque de temps du
patient. Cela porte le taux de participation à 79,2%.

1.1. L’âge des patients

Répartition des patients par tranches d'âge

5
Nombre de patients

0
25-35 ans 36-45 ans 46-55 ans 56-65 ans plus de 65 ans

Figure 6 : Répartition de l’Age des patients par tranches

Classification par tranche de 10 ans des âges des patients douloureux chroniques ayant
participés à l’enquête. Le nombre de patient (N) est de 18 (N=18).

95
La moyenne d’âge obtenue est 58,8 ans et l’âge médian est de 59 ans. Le patient le
plus jeune a 28 ans et le doyen de l’enquête a 77 ans. La répartition graphique nous montre
que les tranches d’âge 56-65 ans et 65 ans et plus possèdent le plus de représentants (figure
6).

1.2. Le sexe des patients

Sur les 19 réponses obtenues, 12 étaient des femmes et 6 étaient des hommes, ce
qui fait en pourcentage une représentation féminine des patients douloureux chroniques de
66,7 % et une représentation masculine de 33,3 %.

1.3. La catégorie professionnelle

Parmi les métiers rencontrés, la classification Répartition professionnelle


très simplifiée en deux catégories professionnelles peut simplifiée des patients
être faite : des ouvriers ou employés non cadres et les
cadres quel qu’en soit le domaine professionnel ou le 22%

secteur d’activité (figure 7).

Dans les professions exercées par les patients 78%


nous constatons que 10 patients sur les 18 ont un
métier considéré comme pénible96 soit 55,6 %. Ici, le
Ouvriers/Employés non cadres Cadres
métier est reconnu comme étant physiquement
éprouvant, pénible, avec un risque avéré de développer Figure 7 : Catégories socioprofessionnelle
des patients
une maladie liée à la profession97.
N=18

1.4. L’origine et la durée de leur douleur


1.4.1. La durée de présence des douleurs chroniques

Commençons par la durée des douleurs : dans ce sujet, notre intérêt se porte sur les
douleurs chroniques, c’est-à-dire qui sont présentes depuis plus de 3 mois, mais il n’y a pas
de limite dans le temps. Suite à l’enquête, la moyenne et la durée médiane peuvent être

96
calculées ; nous remarquons aussi que la durée de souffrance des patients va de 4 mois à 50
ans pour les deux extrêmes du relevé effectué.
- La moyenne de durée des douleurs chroniques est de 15,7 années.
- La durée médiane des douleurs chroniques est de 10 ans.

Pour faciliter l’analyse, un histogramme qui regroupe chaque cas dans une tranche
d’âge choisie arbitrairement est réalisé (figure 8). Dans ce contexte, les durées de douleurs
seront regroupées par tranches de 5 ans, exception faite de la première tranche qui
concerne les douleurs inférieures à 1 an et de la dernière tranche qui concerne les très
longues durées supérieures à 15 ans.

Répartition des patients selon la durée de leur douleur

5
Nombre de patients

0
3 mois < x ≤ 1 an 1 an < x ≤ 5 ans 5 ans < x ≤ 10 ans 10 ans < x ≤ 15 ans x > 15 ans

Figure 8 : Durée des douleurs chez les patients

Classification des durées de douleurs développées par les patients douloureux chroniques
par tranches de 1 an et de 5 ans. N=18.

Nous remarquons que 2 patients sur 18 ont des douleurs inférieures à 1 an, soit
11,1 %, ce qui veut dire que parmi les 18 patients, 16 ont des douleurs supérieures à 1 an,

97
soit 88,9 %. L’histogramme révèle une forte densité de patients souffrant depuis plus de 5
ans : 77,8 % et parmi eux, 6 sur 18 (33,3 %) ont des douleurs depuis plus de 15 ans.

1.4.2. L’origine des douleurs chroniques

Le faible nombre de questionnaires recueillis va me permettre de vous lister les


réponses faites par les patients à cette question concernant l’origine de leur(s) douleur(s)
chronique(s) (tableau II) :

Tableau II : Origines rapportées des douleurs chroniques

Enoncé des origines des douleurs par les patients de l’enquête menée en officine.

Fibromyalgie suite à un choc émotionnel


Arthrose
fort

Fibromyalgie suite à une chute à pied Arthrose

Maladie professionnelle (douleurs au dos, Stress, nervosité, relations néfastes dans le


épaules, tronc, hanches) cadre du travail
Origine inconnue, recherche toujours en
Exercice de musculation mal effectué
cours par un CETD
Métastase en T9 compressant la moëlle
Lésions C5-C6 suite à un accident de voiture
épinière

Hernie discale causée par le travail physique Polyarthrite rhumatoïde

Accident du travail (fracture du dos, des


Chute de cheval, douleurs jamais parties
épaules, du coccyx)

Scoliose évolutive et capsulite Rhumatisme, arthrose

Sclérodermie à préciser et maladie de Inconnue, aucun diagnostic précis fait par


Verneuil diagnostiquée les médecins

98
Origines de la douleur chronique

Inconnue

17% 11%
Pathologie(s)
douloureuse(s)
22%

50% Accident de la vie courante

Accident du travail ou état


lié à l'activité
professionnelle

Figure 9 : Répartition des origines des douleurs chroniques des patients

Des informations données par les patients, on a pu en tirer des origines communes qui
peuvent être regroupés dans ce graphique, N=18.

Sur les 18 patients interrogés (figure 9), 50% (soit 9 sujets) ont des douleurs
provenant d’une maladie, d’une pathologie diagnostiquée (arthrose, polyarthrite
rhumatoïde, etc.). Dans ces 50% il est important de préciser un point qui n’apparait pas sur
le graphique et qui sera intéressant de discuter le moment venu. En effet, 2 de ces 9 patients
présentent une fibromyalgie consécutive à une affection psychologique et émotionnelle
(stress, anxiété, mal-être, etc.).
Quatre sujets, soit 22% de notre échantillon présentent des douleurs qui ont pour
origine une activité de loisirs ou sont issues de la vie courante, quotidienne.
Trois patients représentant 17% de l’échantillon ont des douleurs liées à un accident
du travail ou à une activité professionnelle physique ayant dégradée leur santé.
Enfin, deux personnes présentent des douleurs chroniques qui n’ont pas d’origine
connue, qui n’ont pas de diagnostic précis et clair posé par les médecins, cela représente les
11 derniers pour cent.

99
1.5. Ressenti douloureux des patients
1.5.1. L’intensité douloureuse avant la prise du traitement

Les résultats obtenus peuvent être représentés par l’histogramme suivant (figure 10).

Intensité douloureuse ressentie par le patient sans traitement

5
Nombre de patients

0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Intensité douloureuse

Figure 10 : Histogramme des intensités douloureuses ressenties par les patients

Chaque patient a évalué son intensité douloureuse sur une échelle de type EVA avant la
prise de leur traitement antalgique. N=18.

Il nous montre que la douleur ressentie commence à 4 pour 2 patients et qu’elle va


jusqu’à 10 pour l’un d’entre eux. L’intensité la plus représentée est la 7. Si la moyenne est
faite, nous trouvons que la douleur chronique ressentie par les patients sur cette échelle est
de 6,9/11.

1.5.2. L’impact sur le quotidien du patient

Avant de détailler quelles sont les activités touchées, tous les patients ayant répondu
au questionnaire déclarent que leur(s) douleurs(s) ont un impact, quel qu’il soit, sur leur vie.

100
Ils étaient interrogés sur l’impact concernant : leur sommeil, leur appétit, leurs
activités de loisirs, leurs relations (amicales, familiales ou autres), leur travail et leurs
activités quotidiennes en générale, c’est-à-dire l’entretien de leur maison, les transports,
leurs courses, entre autres choses.
De leurs réponses, on peut faire la représentation graphique suivante (figure 11).

Acticités impactées par la douleur chronique


18

16

14
Nombre de patients

12

10

0
Sommeil Appétit Loisirs Activité Relations Travail
quotidienne humaines
Types d'activité

Figure 11 : Impact de la douleur chronique sur les patients

Recensement des activités qui subissent un impact lié à la douleur chronique pour les
patients de l’enquête. N=18.

L’impact le plus important des douleurs chroniques s’exerce sur l’activité quotidienne
avec 94,4% des cas, suivent de près les loisirs avec 88,9% des cas. Le sommeil est perturbé
chez 72,2% des patients, le travail pour 50% d’entre eux, les relations humaines sont
impactées à 38,9% et enfin, l’appétit est impacté par les douleurs chez 11,1% des patients
interrogés.

101
1.5.3. L’importance accordée au soulagement de la douleur
par le patient

À la question sur l’importance accordée au soulagement de la douleur, les patients


ont répondu grâce au même type d’échelle que précédemment (type EVA) avec « 0 »
signifiant qu’aucune importance n’y est accordée et « 10 » signifiant une importance
prioritaire, capitale.
Les résultats sont représentés par le graphique de la figure 12.

Graphique de l'importance du traitement


antalgique

5
Nombre de patients

1
0 0 0 0 0 0

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Importance donnée au traitement

Figure 12 : Importance du soulagement de la douleur

Les patients, sur une échelle de type EVA ont évalué l’importance qu’ils accordent au
soulagement de leur douleur par leur traitement antalgique. N=18.

Nous observons que plus l'intérêt d’un traitement se fait prioritaire (plus on tend vers
10), plus le nombre de patients est important. La moyenne des réponses donne le résultat
suivant : 8,7/11.

102
1.6. Discussion du profil des patients
1.6.1. L’’âge des patients

La première chose remarquable est que la douleur chronique touche presque tous les
âges. En effet le patient le plus jeune a 28 ans et le doyen a 77 ans. Dans la répartition par
tranche d’âge de la figure 6 nous voyons bien que toutes les catégories d’âge sont
représentées excepté les moins de 25 ans.
Il est vrai que pour cette dernière, très peu de personne doit venir chercher un
produit pharmaceutique à visée antalgique pour une douleur qui serait supérieure à 3 mois.
De plus très peu de personne mineure souffre de ce type de douleur et souvent ce sont les
parents qui viennent chercher leur traitement et il est compliqué de leur demander de faire
répondre leur enfant. Dans cette enquête, ce dernier cas ne s’est pas présenté, aucune
personne de moins de 25 ans n’est venue à l’officine pour une prise d’antalgique traitant
une douleur supérieure à 3 mois.

De ce questionnaire mené sur 2 officines du Puy-De-Dôme, on peut dire que le


patient douloureux chronique possède un âge moyen de 59 ans.
En effet, l’âge moyen de 58,8 ans ainsi que l’âge médian de 59 ans nous montre que
le patient douloureux chronique à un âge avancé mais qui reste assez jeune car souvent ce
sont des personnes qui ont encore une activité professionnelle et une vie active quotidienne
importante.
Si la comparaison est faite avec la littérature déjà cité dans la première partie de ce
travail, il en ressort une incohérence avec l’étude STOPNEP réactualisée par l’OFMA4 en
2018 où l’âge médian trouvé était de 67 ans.

1.6.2. Le sexe des patients

L’enquête nous montre nettement que les patients douloureux chroniques sont des
femmes, à hauteur de 67 %. Cela est en cohérence avec la thèse de Fouquet Sophie et Orset
Maxime3 (2012) ainsi qu’avec la publication de Bouhassira et al2. de 2008 qui recensent plus
de femme souffrant de douleurs chroniques que d’homme.

103
Le rapprochement de cette information sur le sexe des patients est intéressant à faire
avec la catégorie professionnelle que nous allons voir.

1.6.3. La catégorie professionnelle

Une grande variété de professions a été renseignée par les patients de l’enquête et
plus de 55 % d’entre eux exercent ou ont exercé un métier pénible considéré comme
physiquement éprouvant. Cela montre bien l’impact que peut avoir une activité
professionnelle sur l’état de santé d’une personne. Parmi ces 55 %, tous n’ont pas une
maladie douloureuse en lien avec leur travail, mais le fait que leur métier ait aggravé leur
situation ou ait ralenti leur rémission est certain. Dans les métiers considérés comme
pénibles rapportés par les patients, sont retrouvés ceux du bâtiment, de la santé (aides-
soignantes, infirmières), de la maintenance, de l’artisanat (bouchers, restaurateurs), des
ouvriers (industriels, agricoles).

La figure 7 représente la catégorie socioprofessionnelle des patients et nous


remarquons que les ouvriers ou les employés non cadres sont plus touchés par les douleurs
chroniques que les cadres. Ceci peut s’expliquer par le fait que les cadres ont souvent une
activité professionnelle de management qui soumet moins le corps à des contraintes
physiques traumatisantes ou causes de douleurs lourdes et chroniques que pour un employé
non-cadre. En effet, un cadre dans le métier du bâtiment va être un peu moins sur le terrain
que ses ouvriers car il devra gérer son équipe et effectuera moins de tâches considérées
comme physiquement éprouvantes. Ces données vont aussi dans le sens de la publication
faite par Bouhassira et al2. (2008) ainsi que la thèse de Fouquet Sophie et Orset Maxime3
(2012).

1.6.4. L’origine et la durée de leur douleur

Concernant la durée des douleurs des patients, elles vont de 4 mois à 50 ans et
toutes les durées sont représentées entre ces deux extrêmes. La moyenne d’âge des
douleurs chroniques est de 15,7 ans et l’âge médian calculé est de 10 ans. Cela montre qu’il
y a des durées de douleurs supérieures à 10 ans qui sont très importantes et que les patients

104
au-dessus de cette médiane présentent des douleurs depuis un temps si conséquent qu’ils
font augmenter la moyenne de presque 6 ans.
La répartition par tranche de durée de la figure 8 montre aussi une forte
représentation des personnes souffrant depuis plus de 15 ans et, parmi ces patients, 4
souffrent depuis plus de 34 ans, ce qui est une durée très longue et qui a un sérieux impact
sur le quotidien et la vie de ces patients.
La figure 8 nous montre que seul 11,1% des patients souffrent depuis moins d’un an,
dans cette répartition on voit que 77,8% souffrent depuis plus de 5 ans et 33,3% souffrent
depuis plus de 15 ans. En conclusion, les durées sont importantes, majoritairement
supérieures à 5 ans avec une durée moyenne de 15 ans et 8 mois.
Cette durée longue de douleurs révèle que les traitements sont uniquement
symptomatiques et non étiologiques. Cela montre aussi que la cause provoquant ces
douleurs se traite difficilement ou qu’elle s’avère incurable. En effet, concernant les origines
des douleurs chroniques, le tableau 4 met en évidence beaucoup de maladies évolutives qui
peuvent se traiter mais pas guérir, ceci explique la durée importante de présence des
douleurs chez les patients. Nous retrouvons aussi un certain nombre d’accident qui ont
provoqué des traumatismes difficiles à guérir voire incurables selon les dires de certains
patients interrogés.
Dans la figure 9, le constat est fait que les pathologies sont à l’origine de la moitié des
douleurs chroniques et que les accidents qu’ils soient liés ou non à une activité
professionnelle représentent 39 % des origines douloureuses. Ce sont les seules catégories
rapportées par les patients, les origines sont donc peu nombreuses même s’il y a 11% des
patients qui présentes des douleurs dont l’origine n’a pas été trouvé par les spécialistes. Ce
type de douleur, dite idiopathique par les professionnels, n’est pas rare et sont très difficiles
à traiter.

De toutes ces informations, il se dégage un profil de patient douloureux chronique. Il


s’agit d’une femme de 59 ans qui exerce un métier pénible en tant qu’ouvrier ou employé
non cadre. Elle présente des douleurs depuis plus de 15 ans liées à son activité
professionnelle ou lié à un accident survenu dans sa vie.

105
1.6.5. Ressenti douloureux des patients sous traitement

à Intensité douloureuse avant la prise du traitement

La figure 10 nous montre que l’intensité de douleur commence à « 4 » et va jusqu’à


la graduation extrême de « 10 » sur notre échelle. Nous avons donc une douleur qui est
ressentie comme modérée pour deux des patients et une douleur très intense,
insupportable pour un patient de l’enquête. Les douleurs considérées comme sévère, c’est-
à-dire allant de « 6 » à « 9 » concernent 12 patients sur 18 soit presque 67 % des patients de
l’étude. Une grande majorité présente donc des douleurs sévères et la moyenne des
intensités douloureuses ressenties par les patients est de 6,9/11.

Donc, un patient douloureux chronique, en plus de souffrir depuis un temps que l’on
peut qualifier de long (plus de 15 ans en moyenne pour notre étude), présente une douleur
importante qualifiée de sévère qui ne peut pas se passer d’une prise antalgique. De plus
l’intensité est telle qu’une prise d’antalgique de palier I ne suffira certainement pas à le
soulager suffisamment pour redescendre à un seuil de douleur acceptable par le patient.

à L’impact sur le quotidien

Toutes les personnes ayant répondu au questionnaire évoquent que les douleurs ont
une incidence sur leur quotidien. En effet, même les personnes ne souffrant que de douleurs
légères (2 patients sur les 18 de l’étude) disent ressentir un impact négatif sur leur vie même
si les douleurs sont faibles et peu importantes. En effet, la durée est aussi importante que
l’intensité. Une douleur aussi faible soit-elle peut être insupportable si cela fait des années
qu’elle est présente, et qu’elle ne part pas avec la prise d’un traitement.
De plus, le fait de savoir que le traitement n’est efficace qu’un certain laps de temps
et que la douleur finira inévitablement par revenir a des répercussions psychologiques,
émotionnelles sur la vie du patient. Ceci démontre bien l’une des différentes composantes
de la douleur vues précédemment : la composante affectivo-émotionnelle.

106
Maintenant, il est intéressant de savoir quelles sont les activités qui sont impactées
dans le quotidien de nos patients douloureux chroniques. L’enquête montre que dans leur
vie la douleur touche : le sommeil, l’appétit, les loisirs, le travail, les relations humaines et les
activités quotidiennes comme le fait de faire la cuisine, le ménage ou les courses.
Les activités du quotidien sont celles qui sont les plus impactées, selon les patients.
Leur douleur ne leur permet pas de faire correctement certaines tâches journalières et
parfois ces dernières nécessitent une aide extérieure (aide-ménagère, appel à la famille).
Dans certains cas, les patients ne les effectuent tout simplement pas, même s’ils en ont la
volonté ou si elles sont nécessaires.
Les deux autres activités les plus atteintes sont les loisirs et le sommeil. Les patients
n’ont plus les capacités et parfois la motivation de se divertir. Quant à leur sommeil, il est
très altéré avec souvent des nuits raccourcies et une qualité perturbée en raison de réveils
fréquents. L’absence ou la mauvaise qualité de ces activités a des conséquences directes sur
la condition physique des patients mais aussi sur leur psychique.
Le travail et les relations humaines (amicales, familiales ou amoureuses) sont assez
impactés pour respectivement 50 % et 39 % d’entre eux. Ces deux catégories provoquent
d’importantes répercussions sur l’émotionnel des patients, sur leur approche psychologique
de leur douleur. En effet, cela les pousse involontairement à se renfermer sur eux-mêmes et
à limiter leurs interactions avec autrui. Cela va être un axe important de la prise en charge
du patient douloureux, une prise en charge non thérapeutique, ou du moins non
médicamenteuse, mais qui a une forte importance. Essayer de faire sortir le patient
douloureux de sa bulle, lui dire qu’il n’est pas tout seul et apporter des solutions pour lui
faire reprendre contact avec le monde extérieur. Ceci notamment en termes de relations
humaines, car pour le travail le problème peut être différent, les conditions physiques et les
capacités personnelles à exercer une tâche étant un prérequis à certaines professions.
L’appétit n’est ici affecté que pour deux patients, mais cela n’est pas pour autant à
négliger, car une perte d’appétit ou la perte de l’envie de se nourrir est une conséquence
très grave que peut avoir la douleur. Le fait de mal se nourrir peut causer une multitude
d’autres problèmes, allant de la simple perte de poids aux carences profondes pouvant
entraîner l’apparition de nouvelles pathologies, qui seraient par conséquent imputables à la
douleur chronique.

107
L’ensemble de ces données confirment que la douleur chronique détériore la qualité
de vie98,99. Notre questionnaire n’aborde pas directement l’anxiété ou la dépression des
patients. Il aurait été cependant intéressant d’évaluer ces comorbidités. En effet, la
prévalence des troubles anxieux chez les patients souffrant de douleur chronique atteint
jusqu’à 26% contre 7 à 18% dans la population générale (Global Burden of Disease Study
2013 Collaborators100, 2015 ; Twillman et al.,101 2007), et les signes de dépression sont
estimés survenir chez 50% des patients douloureux (Dworkin et Gtlin102, 1991 ; Oliveira et
al.103, 2018) qui, de plus, sont deux à trois fois plus susceptibles de développer de l’anxiété
ou de la dépression (Demyttenaere et al.104, 2007). En parallèle, les patients souffrant de
troubles anxieux ont un risque plus élevé de développer des douleurs chroniques (Sareen et
al.105, 2005). Ceci montre qu’un cercle vicieux peut se mettre en place sachant que l’anxiété
et la dépression sont des amplificateurs de la perception de la douleur (Klauenberg et al.106,
2008 ; Ploghaus et al.107, 2001).

à L’importance accordée au soulagement de la douleur par le patient

L’importance que le patient accorde au soulagement de sa douleur me semble être


un point essentiel car il permet de savoir quel intérêt il accorde à son traitement et à quel
point sa douleur le préoccupe.
On a vu que les intensités douloureuses commençaient à « 4 » sur les 11 points de
l’échelle (douleurs légères) et que la durée des douleurs était au minimum de 4 mois. Un
patient peut éventuellement souffrir depuis peu de temps avec une intensité légère et donc
accorder un intérêt modéré ou faible à ce que sa douleur soit traitée. En revanche, un
patient qui souffre beaucoup et depuis longtemps (plusieurs années) en fera une dimension
à ne pas écarter. Cela peut mettre en évidence une certaine fatalité dans la prise d’un
traitement qui, pour le patient, n’aura au final un effet que limité.
Ce qui est observé dans la figure 12, c’est que le degré d’importance accordé au
traitement commence à 6/10, ce qui correspond à une importance majeure et monte
jusqu’à 10, ce qui est une importance prioritaire et capitale. Cela nous montre donc que
pour tous les patients il y a une attente considérable du traitement pour soulager leur
douleur, mais aussi qu’il y a certainement une bonne efficacité de ce dernier, sans quoi nous

108
obtiendrions des réponses plus basses et un graphique décalé vers la gauche, du côté des
degrés d’importance les moins élevés.
Nous pouvons donc dire que le patient n’est pas démoralisé à l’idée de prendre son
traitement et qu’il l’estime assez utile vu qu’il lui attribue une importance moyenne de
8,7/11, soit une importance majeure avec une priorité certaine.

2. Le traitement médicamenteux des douleurs chroniques


2.1. Les traitements sur prescription médicale
2.1.1. Molécules utilisées par les patients

Voici le tableau III qui présente les résultats bruts obtenus lorsque les patients sont
interrogés sur les médicaments antalgiques prescrits par leur médecin.

Tableau III : Médicaments utilisés sur prescription médicale

Liste des médicaments utilisés par les patients sur prescription de leur médecin. Pour
chaque spécialité,
Traitement des douleurs partie 4 le nombre de patient l’utilisant figure en sur
liste des médicaments face de celle-ci.
prescription utilisés N=18 patients

Liste des médicaments utilisés par les patients sur prescription


médicale

Fentanyl 1 Dafalgan codéiné 2

Paracétamol 10 Oxycodone 1

Lamaline 3 Laroxyl 1

Tramadol 3 Flector 1

Prégabaline 4 Prednisolone 2

Ixprim 2 Diprostene 1

Izalgi 2 Klipal codéiné 1

Kétoprofene 2 Prednisone 1

109
De ces données, un regroupement des médicaments en catégories qui représentent
une classe thérapeutique ou une molécule seule est effectué (figure 13). Cela permet d’avoir
une représentation graphique de l’utilisation d’antalgique par les patients.

Histogramme de l'utilisation des antalgiques par classe thérapeutique

10

7 7

2 2
55,6% 38,9% 38,9% 11,1% 11,1% 22,2%
PARACÉTAMOL ANTI- ASSOCIATIONS ASSOCIATION AVEC MORPHINIQUES ANTIÉPILEPTIQUES
INFLAMMATOIRES CODÉINÉS LE TRAMADOL ET
ANTIDÉPRESSEURS

Figure 13 : Utilisation des antalgiques par classe thérapeutique

Rapport entre une molécule ou une classe thérapeutique et le nombre de patient qui l’utilise
pour le traitement de sa douleur chronique. Les pourcentages d’utilisation liés à chaque
molécule sont inscrits à la base de la colonne correspondant. N=18.

Sur la même représentation, nous plaçons le nombre de patients utilisant une


molécule appartenant à un palier pour y faire ressortir un rapport d’utilisation entre classe
d’antalgique et pourcentage d’utilisation.

110
Relation entre les spécialités utilisés et les patients traités
14

12
12 12
10

6
6 6
4
4
2
2 2 2
0
Palier I Palier II Palier III Neuroleptiques et
antidépresseurs
Nombre de spécialités Nombre de patients traités

Figure 14 : Spécialités utilisées et patients traités classés par Palier d’antalgie

Rapport entre le nombre de spécialités utilisées et le nombre de patients traités selon la


classification par palier d’antalgie de l’OMS. N=18.

Le palier III correspondant aux antalgiques les plus puissants pour les douleurs
sévères très intenses représente 2 spécialités et concerne 2 sujets sur les 18 interrogés, soit
11,1%.
Le palier II correspondant aux antalgiques traitant les douleurs modérées à intenses
représente 6 spécialités et concerne 12 sujets sur les 18, soit 66,7%.
Le palier I correspondant aux antalgiques traitant les douleurs faibles à modérées
représente 6 spécialités et concerne 12 sujets sur les 18, soit 66,7%.
La dernière catégorie correspondant aux antiépileptiques et antidépresseurs
majoritairement utilisés pour traiter les douleurs neuropathiques représente, ici, 2
spécialités et concerne 4 sujets sur 18, soit 22,2%.

111
2.1.2. Soulagement de leur(s) douleur(s) et efficacité du
traitement

Nous nous sommes ensuite intéressé à l’efficacité des traitements. Cette question a
été traduite dans le questionnaire par une échelle (type EVA) cherchant à donner une note
au degré de soulagement de la douleur induit par le traitement prescrit par le médecin
(figure 15).

Intensité de soulagement d'un traitement antalgique sur


prescription médicale
10
9
8
Nombre de patients

7
6
5
4
3
2
1
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Intensité de soulagement de la douleur

Figure 15 : Intensité de soulagement de la douleur d’un traitement antalgique sur


prescription médicale

Sur une échelle de type EVA, les patients ont évalué le soulagement procuré par la prise de
leur traitement prescrit par leur médecin. N=18.

Les résultats obtenus vont de 2 à 8 et la catégorie la plus représentée est la 5. Donc,


du fait de la construction de l’échelle, les chiffres obtenus peuvent être convertis en
pourcentage, car le « zéro » représente une absence totale d’efficacité, le « cinq »
représente un soulagement de moitié (soit 50 %) de la douleur et le « dix » représente une
efficacité qui enlève complètement la douleur.
Ainsi nous notons un soulagement de la douleur allant de 20 % à 80 % et pour la
moitié des sujets la douleur est soulagée de 50 % par le traitement médicamenteux pris. Si

112
l’on prend la globalité des patients de cette enquête présentant des douleurs chroniques,
nous calculons qu’ils sont soulagés à hauteur de 55 % par leur thérapeutique prescrite.

Il est intéressant de de mettre en relation le niveau de douleur sans traitement des


patients avec le palier d’antalgique utilisé par le prescripteur afin de prendre en charge leur
douleur chronique. Le graphique de la figure 16 établi ce lien.

Relation entre l'intensité douloureuse et le traitement prescrit


10

7
Niveau de douleur

0
0 1 2 3
Paliers d'antalgie

Figure 16 : Corrélation entre l’intensité douloureuse et le palier d’antalgie prescrit

C’est un nuage de point qui met en relation le niveau de douleur ressenti sans traitement et
le niveau de palier d’antalgie auquel appartient la molécule prescrite par le médecin. Un
patient est traité que par un antiépileptique, il n’apparait donc pas dans cette
représentation, N=17. Les rectangles rouges représentent ce que nous attendions d’un tel
graphique dans la répartition des points.

113
Il est important de savoir si les patients, de leur propre chef, augmentent la posologie
de leur traitement afin d’obtenir un soulagement plus important (figure 17).
Nous remarquons que sur les 18 patients questionnés, 10 le font au moins une fois à
l’occasion et 8 patients n’y ont jamais recours

Augmentation de posologie faite par


le patient

6%

OUI, tout le temps

44%
OUI, à l'occasion

50%
NON, jamais

Figure 17 : Augmentation de posologie de leur


traitement

N=18

Suite aux deux dernières figures vues ci-dessus, il est intéressant d’étudier l’intensité
de soulagement de la douleur par palier d’antalgie ainsi que le nombre de patient
augmentant leur posologie dans ces mêmes paliers. Il en ressort la figure 18.

114
Relation entre l'intensité de soulagement de la douleur et
l'augmentation de posologie
13
12
11
10
9
8
7
6
5 5,6
5,3 5,5
4 4,5
3
2
1
0
Palier I Palier II Palier III Neuroleptiques et
antidépresseurs

Intensité moyenne de soulagement de la douleur


Nombre de patients traités
Nombre de patients augmantant leur posologie

Figure 18 : Relation entre le soulagement de la douleur et l’augmentation de posologie

Par palier d’antalgie, le nombre de patients traités est représenté (en bleu) ainsi que le
nombre d’entre eux qui augmente leur nombre de prise (en rouge). Pour chaque palier,
l’intensité moyenne de soulagement de la douleur (en vert) a été calculée et la valeur figure
directement sur l’histogramme. N=18.

Il est possible que, parmi les patients ayant répondu au questionnaire, certains
bénéficient d’un traitement non définitif du fait que la bonne posologie n’est pas encore
trouvée ou que la molécule utilisée n’est pas optimale sur le plan bénéfice/risque (le risque
ici étant surtout les effets indésirables). L’item suivant cherche donc à savoir combien de
patients présentent un traitement qui est susceptible de changer pour être plus adapté à
leur pathologie douloureuse.

115
Proportion de la stabilité du traitement

Traitement adapté
50% 50%
Traitement en cours
d'adaptation

Figure 19 : Stabilité du traitement antalgique prescrit par le médecin

Pour chaque patient, il a été demandé si le traitement pris était définitif et adapté à leur
maladie ou si le médecin était en recherche d’un traitement afin de trouver celui qui serait le
plus efficace et adapté. N=18.

Comme nous le visualisons sur le graphique ci-dessus de la figure 19, la répartition se


fait de moitié pour un traitement susceptible de changer (qui est en cours d’adaptation) et
de moitié pour un traitement fixe adapté au patient.

2.2. Les traitements en automédication


2.2.1. Population s’automédiquant

Sur les 18 patients de l’enquête, 10 d’entre eux utilisent l’automédication soit plus de
55% de la population globale de notre échantillon. La première question qui vient à l’esprit
est autour de l’intensité de la douleur ressenti par les patients utilisant l’automédication.
Pour répondre à cette interrogation, la figure 20 ci-dessous en permettra la discussion.

116
Intensité douloureuse chez la population s'automédiquant
6

4
Nombre de patients

Population complète
3
Patients utilisant
l'automédication
2

0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Intensité douloureuse

Figure 20 : Intensité douloureuse avant traitement chez les patients qui s’automédiquent

Histogramme représentant l’intensité douloureuse de la population globale de notre


échantillon de patient (N=18), ainsi que l’intensité douloureuse, toujours sans traitement, de la
population de patient de l’enquête ayant recours à l’automédication (N=10).

2.2.2. Médicaments utilisés par les patients

Parmi les 10 sujets qui ont recours à l’automédication en plus du traitement prescrit
par leur médecin, ils vont utiliser certaines molécules disponibles sans ordonnance (figure
21).

117
Médicaments utilisés en automédication

10%

40%

50%

AINS Paracétamol Alternatives thérapeutiques médicamenteuses

Figure 21 : Médicaments utilisés en automédication

Les médicaments listés dans le tableau 6 ont été regroupés en 3 grandes catégories afin d’en
établir un diagramme plus lisible. N=10.

Peu de molécules différentes sont utilisées (tableau IV), le paracétamol représente la


moitié des molécules utilisées par les patients, les AINS représente 40% et seule une
personne utilise un médicament à base de phytothérapie qui rentre dans les alternatives
thérapeutiques à statut médicamenteux (Arkogélules® Harpagophyton108).

Tableau IV : Médicaments utilisésListe


en automédication par leenpatient
des produits de santé utilisés douloureux
automédication chronique
par les patients

Médicaments utilisés en
automédication

Aspégic 2

Voltarène
1
emplâtre

Paracétamol 5

Phytothérapie 1

Ibuprofène 1

118
2.2.3. Utilité et efficacité des médicaments utilisés

Efficacité des médicaments pris en automédication par


les patients

3 3
AINS
Paracétamol Paracétamol
Phytothérapie

Pas efficaces Moyennement efficaces Plutôt efficaces Très efficaces

Figure 22 : Efficacité des médicaments pris en automédication sur les douleurs chroniques

Pour chaque importance d’efficacité de traitement, le nombre de patient est rappelé ainsi
que la classe thérapeutique utilisée. N=10.

La figure 22 montre que l’efficacité constatée de l’automédication est plutôt


satisfaisante, « moyenne » pour 30% des patients, « efficace » pour 30%, et enfin « très
satisfaisante » pour 40% d’entre eux.

L’efficacité est différente de l’utilité, c’est pourquoi une relation entre les deux est à
établir, car l’utilité de l’automédication au regard de son efficacité et de l’efficacité du
traitement prescrit par le médecin peut varier. Voici donc l’utilité ressentie par les patients
utilisant l’automédication (figure 23).

119
Utilité de l'automédication vu par les patients

2 2 2

Pas utile Moyennement utile Plutôt utile Très utile Indispensable

Figure 23 : Utilité constatée de l’automédication

Chaque patient, quel que soit sa thérapeutique, à définie une utilité à l’automédication
choisie au vu de son expérience et de son soulagement des douleurs chroniques. N=10.

Les résultats sont plus variés quant à l’utilité de l’automédication médicamenteuse.


En effet, 1 personne sur 10 la juge pas utile et 2 personnes sur 10 pensent qu’elle est
moyennement utile. L’intérêt est plutôt utile pour 2 personnes sur 10, et très utile pour la
même proportion. L’automédication est jugée indispensable pour 3 personnes sur 10 dans la
prise en charge de leur douleur pour en améliorer le soulagement.

120
2.2.4. Fréquence de prise des médicaments utilisés

Fréquence de prise médicamenteuse en


automédication
6
5
Nombre de patients

4
AINS
3 Paracétamol 1g
2
Paracétamol
1 500mg Phytothérapie
0
≤ 3/jr 4/jr 6/jr

Nombre de prises médicamenteuses

Figure 24 : Fréquence de prise des médicaments pris en automédication

Les réponses données par les patients permettent de les regrouper en 3 catégories de
fréquence de prise.

Les données obtenues, reprisent par la figure 24, ont permis de réaliser
l’histogramme ci-dessus. Il montre que 5 patients ont recours à l’automédication 3 fois par
jour ou moins ; 2 patients y ont recours 4 fois par jour ; et 1 patient 6 fois par jour.
Il est important de noter que la personne ayant recours à 6 prises médicamenteuses
par jour est la personne utilisant un médicament de phytothérapie.

Toutes les personnes ayant recours à l’automédication n’ont pas répondu. En effet, 2
d’entre elles ont laissé un espace vide à cette question.

2.3. Fréquence et types d’effets indésirables rencontrés

Quel que soit leur traitement médicamenteux, sur prescription médical ou via
l’automédication, une question porte sur la présence d’effets indésirables et leur fréquence
d’apparition. Les réponses apportées peuvent être représentées de la façon suivante (figure
25).

121
Présence d'effets indésirables chez les patients
douloureux chronique sous traitement

17%
28%

33%
22%

A chaque prise De temps en temps Rarement Jamais

Figure 25 : Fréquence des effets indésirables liée au traitement antalgique

Sur 18 patients : 3 d’entre eux (soit 17%) présentent des effets indésirables à chaque
prise médicamenteuse ; 6 patients (soit 33%) présentent des effets indésirables de temps en
temps, de façon irrégulière mais toujours présente ; 4 patients (soit 22%) n’en présentent
que rarement ; et 5 patients (soit 28%) n’en présentent jamais.

Pour ce qui est des traitements prescrit par le médecin, une relation peut être
réalisée entre le ou les paliers utilisés et la fréquence d’apparition des effets indésirables. La
figure 26 ci-dessous expose les résultats obtenus.

122
Fréquence des effets indésirables par palier d'antalgie

5
Nombre de patients

0
Palier I Palier II Palier I + II Palier III Neuroleptiques et
antidépresseurs

Jamais Rarement De temps en temps A chaque prise Nombre de patients traités

Figure 26 : Fréquence d’apparition des effets indésirables par palier d’antalgie

Pour chaque palier et chaque regroupement de palier, le nombre de patients utilisant une
médication y appartenant figure sur le graphique. N=18

Différents types d’effets indésirables peuvent être rapportés par les patients lors de
leur prise médicamenteuse. Voici la liste exhaustive avec, en face de ces effets néfastes, la
ou les molécules prises (tableau V).
Seules les personnes ayant des effets indésirables à chaque prise ou de temps en
temps ont répondu à cette question. Les patients n’ayant pas ou très peu d’effets
indésirables n’ont pas préciser de quel type d’effet ils souffraient.

123
Tableau V : Lien entre les effets indésirables et le traitement pris

Les effets indésirables rapportés pour chaque patient ont été rapprochés avec la ou les
molécules prisent.

Effets indésirables rapportés Molécule(s) prise(nt) par le patient

Nausées, étourdissement, perte d'apétit Fentanyl

Constipation, somnolence Lamaline

Somnolence, "trous de mémoire",


Tramadol, Prégabaline
tremblements

Bouffées de chaleur, rougeurs locales Diprostène

Fatigue, somnolence Izalgi, Prégabaline

Constipation Oxycodone

Insomnies, prise de poids, tremblements,


Tramadol, Prégabaline, Laroxyl
diminution des performances physiques

Vomissements Izalgi

Nausées Paracétamol

2.4. Discussion sur le traitement médicamenteux des douleurs


chroniques
2.4.1. Les traitements sur prescription médicale

à Molécules utilisées par les patients

Les résultats obtenus rapportés dans le tableau II et synthétisé par le graphique de la


figure 13 mettent en évidence une large utilisation du paracétamol par les médecins pour
traiter les douleurs chroniques de leurs patients. Cette molécule est utilisée dans plus de
55 % des cas.
Cela s’explique par le fait que c’est un antalgique de palier I qui sert de thérapeutique
de base pour venir traiter une douleur. Si cette molécule n’a pas assez d’effet, le patient
passe généralement à une molécule plus forte ayant une meilleure efficacité mais

124
présentant plus de risque à l’utilisation. De fait, le paracétamol reste une molécule efficace
avec un rapport bénéfice/risque très favorable.
Il faut savoir que les patients prenant cette molécule s’en servent souvent comme
thérapeutique d’appoint en cas de douleur pas entièrement soulagée par un autre
traitement qui serait pris sur une longue durée (traitement de fond).

Les anti-inflammatoires sont aussi fréquemment prescrits par les médecins. Dans
cette étude, ils sont utilisés par les patients à hauteur de 38,8 %. Les médicaments anti-
inflammatoires ont une action rapide et plus importante que celle du paracétamol. Leur
efficacité est démontrée dans les prises en charge des maux de tête, des douleurs
articulaires et dans tout état causant une inflammation provoquant des douleurs. Il existe
cependant des inconvénients à leur utilisation, bien connus des patients qui y ont recours.
En effet, il y a de nombreuses contre-indications et les effets indésirables ne sont pas rares,
surtout au niveau de la sphère digestive pour laquelle une prise alimentaire est préférable
lors de l’ingestion d’anti-inflammatoire. Leur durée d’action est souvent critiquée, car,
comme pour le paracétamol, si un patient ne souhaite pas voir ressurgir sa douleur ou en
voir son intensité fortement augmenter, il est dans l’obligation de reprendre une prise
médicamenteuse avant le délai minimum conseillé.
La parade trouvée à cela est l’alternance entre une prise d’AINS, par exemple au
repas du midi, est une prise de paracétamol dans l’après-midi, 3 ou 4 heures après celle de
l’AINS. Cela permet d’éviter la résurgence de leur douleur et de respecter la posologie de
prise de chaque médicament utilisé. Cette méthode autorise ainsi les patients à reprendre
une prise d’AINS au repas du soir et une prise de paracétamol au coucher, 6 heures après la
prise du milieu d’après-midi.

Pour ce qui est des douleurs plus importantes, modérée à forte, les praticiens
prescrivent des antalgiques plus puissants ayant une durée d’action plus longue. Il s’agit des
associations de molécules concentrées en une seule forme galénique permettant la prise
d’un seul médicament à chaque fois.
Commençons par les associations avec la codéine qui représente 38,8 % des
utilisations. Dans ces médicaments, on retrouve le paracétamol sous différentes appellations
commerciales (Dafalgan codéiné®, Efféralgan codéiné®, CoDoliprane®, etc) couplé à un

125
certain dosage en codéine qui est un dérivé opiacé. Souvent il y a l’ajout d’une autre
molécule ayant un pouvoir antalgique moindre mais complémentaire : la caféine, la poudre
d’opium (Izalgi®, Lamaline®, Prontalgine®, etc). Ces spécialités sont plus fortes que les
thérapeutiques vues précédemment, elles permettent de traiter des douleurs modérées
voire fortes. Ce sont de bonnes thérapeutiques, efficaces mais qui présentent des effets
indésirables qui peuvent être très contraignant pour certaines personnes. En effet, le souci
provient majoritairement de la codéine qui en fonction du profil de métabolisme des
patients (métaboliseur lent, métaboliseur rapide), peut avoir plus ou moins d’effet
antalgique et plus ou moins d’effets indésirables. De plus cette molécule peut provoquer des
dépendances, parfois peu ou pas connue par les patients. Le risque majeur avec la codéine
est que le soulagement de leur douleur perde son efficacité au cours du temps et que les
patients soient amenés à augmenter leur posologie pour retrouver un soulagement
suffisamment efficace de leur douleur. Cela aurait pour conséquence d’instaurer une
dépendance liée à l’accoutumance à cette thérapeutique, et induirait que la prise
médicamenteuse soit nécessaire pour traiter leurs symptômes assujettis à cette dépendance
plutôt que leur symptomatologie douloureuse qui est à la base de leur problème.

Continuons avec les associations contenant du tramadol (Ixprim®, Zaldiar®). Un peu


plus de 11% des patients en utilisent, c’est beaucoup moins que les autres thérapeutiques
excepté les morphiniques de palier III. Ce sont des médicaments souvent utilisés pour des
douleurs aiguës intenses, ils contiennent du tramadol qui comme la codéine est un dérivé
opioïde, l’association est faite avec le paracétamol pour obtenir un médicament antalgique
de palier II agissant sur les douleurs modérées à sévères.
Les patients l’utilisant le décrivent comme efficace mais lui impute un certain nombre
d’effets indésirables qui provoque des réticences chez eux quant au fait de poursuivre ce
traitement sur le long terme. Ceci peut expliquer sa faible proportion d’utilisation.

Certaines douleurs nécessitent un médicament plus fort que ceux évoqués


précédemment, mais qui reste moins puissant et moins dangereux à l’utilisation que les
morphiniques de palier III ; il s’agit du tramadol utilisé seul. Il n’apparaît pas dans la figure
13, mais le tableau III nous montre que 3 patients l’utilisent.

126
Cette molécule reste un bon compromis entre les antalgiques de palier II, qui seraient
trop peu efficaces, et les antalgiques de palier III qui sont certes très efficaces mais qui
présentent beaucoup d’effets indésirables et qui font l’objet d’une mauvaise réputation.
Dans l’enquête réalisée ici, les patients sous tramadol souffrent de douleurs très intenses qui
étaient prises en charge, au début de leur pathologie, par des morphiniques de palier III.
Avec leur médecin, ils ont fini par instaurer un traitement à base de tramadol pour éviter les
effets néfastes des opioïdes de palier III. En effet, les patients préfèrent bénéficier d’un
degré de soulagement de leur douleur un peu moins important, mais avoir une vie
quotidienne moins impactée par leur traitement médicamenteux.

Les morphiniques utilisés par les patients ici sont le fentanyl et l’oxycodone. Sur notre
échantillon de patients cela représente 11,1% des utilisations d’antalgiques. Cette classe
thérapeutique concerne les douleurs intenses, très contraignantes voire insupportables. Ce
sont les molécules les plus puissantes, qui diminuent le plus la douleur actuellement. Leur
utilisation peut se faire pour une très grande diversité de douleurs.
Cependant, elles sont très contraignantes à utiliser, et ce pour plusieurs raisons.
D’abord par rapport à la législation particulière de ces molécules qui nécessitent une
délivrance précise dans le temps et parfois fractionnée à la semaine ou à la quinzaine.
Ensuite à cause de l’impact psychologique et celui sur l’organisation du quotidien qui sont
très conséquents. En effet, les modalités de prises sont capitales, cela nécessite une
organisation. Enfin, à tout cela s’ajoute les effets indésirables qui sont assez courants et très
handicapants pour le quotidien (nausées, vomissements, constipation, insuffisance
respiratoire, etc.)
L’accoutumance et le phénomène de dépendance sont peut-être les deux faits les
plus redoutés de cette classe thérapeutique, aussi bien par les praticiens que par les
patients. Avoir 11% des patients sous morphiniques ne surprend pas, mais cela pousse à
l’interrogation. Quelle est la pathologie d’un patient, quelle est l’origine de sa douleur pour
que l’alternative la plus bénéfique pour lui soit la prise de morphinique de palier III sur une
durée aussi longue qu’elle en devienne un traitement de fond chronique ?
Nous avons vu dans le tableau II et la figure 9 que la cause pouvait être cancéreuse,
auquel cas il est probable qu’une fois la maladie à un autre stade ou une fois la guérison
obtenue, cette prise d’antalgique passe à un palier inférieur ou s’arrête. Mais il existe des

127
causes qui sont incurables ou pour lesquelles le traitement est difficile à mettre en œuvre,
ou encore s’avère inefficace.
Pour ces personnes-là, la difficulté du sevrage aux morphiniques et les contraintes
que cela induit sur le quotidien doivent pousser les professionnels de santé et les
professionnels de la recherche scientifique à trouver un traitement étiologique de leur
pathologie ou une alternative thérapeutique présentant un meilleur rapport bénéfice/risque
pour leur prise en charge douloureuse.

Les deux dernières classes thérapeutiques rapportées sont celles des antiépileptiques
et celles des antidépresseurs. Ces deux classes ont été regroupées car elles sont toutes deux
prescrites pour traiter les douleurs neuropathiques. Un type de douleurs particulier pour
lequel beaucoup de traitements antalgiques n’agissent pas ou agissent trop faiblement. Ces
molécules ont une efficacité dans ce contexte et sont utilisées par 22,2% des patients
interrogés.
La déduction qu’au moins 22,2% des patients de l’étude souffrent de douleurs
neuropathiques peut être faite, et qu’ils utilisent, comme nous montre le tableau 3, la
prégabaline et l’amitriptyline (Laroxyl®). Ces médicaments sont efficaces même s’ils peuvent
provoquer des effets indésirables contraignants pour le quotidien. Cependant, les patients
déclarent présenter, grâce à cette thérapeutique, un soulagement de leur douleur qui
permet une réduction d’utilisation voire un arrêt d’utilisation d’autres classes antalgiques
(souvent AINS, tramadol).
Cependant, il s’avère qu’une accoutumance apparait dans la durée. En effet, depuis
2013, la prégabaline fait l'objet d'un suivi national d'addictovigilance en raison de
signalements de cas d'abus, de dépendance et de mésusage à des fins récréatives (recherche
d'un effet euphorisant), rapportés en France et Europe chez des sujets traités par Lyrica® et
génériques. De plus, la délivrance de cette molécule tombe sous la législation des produits
assimilés stupéfiants depuis le 24 mai 2021. Il est rapporté que beaucoup de patients ont vu
leur dosage médicamenteux augmenté au fils du temps. C’est le souci avec ces
thérapeutiques-là dans le contexte des douleurs neuropathiques, souvent l’effet s’estompe
avec le temps et parfois (c’est le cas pour un patient de l’enquête) elles ne sont plus
efficaces du tout et il faut trouver un autre moyen de soulager ce type particulier de
douleur.

128
La figure 14 peut paraitre anecdotique mais elle permet de visualiser par quel palier
d’antalgie (selon l’OMS) sont traités les patients douloureux chroniques. Mettons de côté la
classe des neuroleptiques et antidépresseurs qui ne rentrent pas dans cette classification par
paliers. Nous remarquons que la très grande majorité des patients est traitée par des
antalgiques de palier I ou II. En effet, presque 67% utilisent une thérapeutique de palier I et
la même proportion une thérapeutique de palier II. Seuls 2 patients, soit 11%, utilisent des
antalgiques de palier III. Cela peut s’expliquer par les raisons vues précédemment
concernant les contraintes liées à l’utilisation de cette classe.
Ce graphique nous laisse également voir que dans les paliers I et II, le nombre de
spécialités utilisées par les patients est important alors que pour le palier III chaque patient
utilise une seule spécialité. Cela montre qu’il y a un large choix de molécules pour traiter des
douleurs de palier I et II, mais si le lien est fait avec les traitements utilisés par chaque
patient, nous constatons que cette proportion vient du fait qu’un patient utilise plusieurs
antalgiques d’un même palier. Par exemple, une utilisation en alternance de paracétamol
associé avec une prise d’ibuprofène.
Il sera donc intéressant de voir l’efficacité des traitements antalgiques, car cette
figure 14 pourrait révéler, si le soulagement douloureux est insuffisant, une impuissance
dans la prise en charge médicamenteuse de la douleur obligeant les patients et les praticiens
à multiplier les médicaments prescrits pour arriver à obtenir un soulagement douloureux
acceptable par le patient.

à Soulagement de la douleur et efficacité du traitement

Les résultats présents sur l’histogramme de la Figure 15 montrent qu’il y a une


efficacité des thérapeutiques utilisées mais qu’elles ne sont pas efficaces à 100 %, qu’il y a
un réel manque d’efficacité pour le traitement de certaine pathologie provoquant ces
douleurs.

Si nous mettons en relation la figure 15 avec la figure 14, cela confirme qu’il y a prise
de plusieurs médicaments par un même patient pour essayer de soulager sa douleur. Le fait
de prendre plusieurs médicaments pour se soigner, ainsi que l’efficacité limitée voire trop
faible de certaines thérapeutiques pour soulager le patient de façon acceptable, contribuent

129
à la chronicité des événements douloureux. Il n’est pas impossible que ces défauts puissent
être à l’origine de cette chronicité pour certains patients de cette enquête.
Il est clair avec cet histogramme que les traitements prescrits par les médecins aux
patients douloureux ne suffisent pas à les prendre en charge de façon optimale. Il y a donc
certainement un sentiment d’impuissance du côté des prescripteurs qui n’arrivent pas à
soulager suffisamment et durablement la douleur de leur patient. Et il y a aussi du point de
vue du patient une attente pour améliorer sa condition et sortir de cette chronicité, que ce
soit par l’apport d’une autre thérapeutique ou celui d’une solution visant à traiter la
pathologie à l’origine de sa douleur, quand c’est le cas.

La figure 16 nous montre la relation entre l’intensité douloureuse ressentie par le


patient et le palier d’antalgie choisit par le médecin. Nous remarquons que les personnes
prenant un traitement de palier I présentent des douleurs beaucoup plus importantes que
ce que les médicaments de ce palier peuvent traiter. Il est donc normal de trouver une
efficacité modérée ou faible de ces traitements car ils ne sont pas adaptés aux douleurs
ressenties par les patients. Mais ce que le graphique ne montre pas c’est que les antalgiques
de palier I sont souvent utilisés en compléments d’un autre palier ou d’une autre
thérapeutique plus adaptée. Ils sont là pour une utilisation temporaire, en soutient en cas
d’apparition de douleur sous traitement par un autre antalgique plus puissant. Pour le palier
II, les intensités douloureuses correspondent aux indications des antalgiques de ce palier.
Même si certains patients présentent des douleurs qui pourrait être traitée par des
antalgiques de palier III, ce dernier présentant des effets indésirables importants et de
nombreuse contrainte, les médecins et parfois même, les patients, préfèrent rester sur une
utilisation d’antalgique de palier II. Le palier III est utilisé que pour des douleurs sévères et
les patients l’utilisant ici présentent bien une telle douleur justifiant sa prescription.

La question posée aux patients quant à l’augmentation de posologie qu’ils peuvent


faire est une suite logique dans cette discussion. Les résultats de la figure 17 montrent que 8
patients sur 18 ne procèdent pas à l’augmentation du nombre de prises de leur traitement.
Ils le respectent même si le soulagement n’est pas suffisant. Nous verrons que pour
atteindre cet apaisement, ils optent pour une autre solution, l’automédication. En revanche,
10 patients sur 18 disent augmenter la posologie de leur traitement afin d’être mieux

130
soulagés. De plus, 6 % augmentent systématiquement les prises par rapport à ce qui est
recommandé par la prescription médicale.
Il y a donc un réel manque d’effet des molécules utilisées, notamment dans le temps,
car les patients ont tendance à avancer leurs prises médicamenteuses. De ce fait, ils en
rajoutent sur la fin de journée pour s’assurer que leur douleur reste bien sous un certain
seuil acceptable pour eux.
La critique contraire que l’on pourrait faire et que, s’il y a augmentation de posologie
d’un médicament, c’est pour préserver son effet ou en avoir un plus fort, plus longtemps.
Donc il y a une action bénéfique de ces molécules, mais pas suffisante. Par conséquent,
peut-être qu’en adaptant la posologie ou en utilisant d’autres molécules appartenant à la
même classe thérapeutique, l'effet antalgique serait plus important et la prise en charge
meilleure.

La figure 18 nous montre que toutes les thérapeutiques ont sensiblement la même
intensité de soulagement à part les antalgiques de palier III qui sont un point en dessous des
autres thérapeutiques. Les médicaments de ce palier sont moins efficaces pour les deux
personnes les utilisant que les antalgiques de paliers inférieurs. Cela peut expliquer le
nombre conséquent de sujet traité par les palier I et II. La deuxième chose que nous montre
ce graphique est que la quasi-totalité des personnes qui augmente leur posologie le font
avec des médicaments du palier II. Cela peut montrer qu’il y a un manque d’efficacité des
traitements de ce palier mais il est probable que certain patient ait recours à cette
augmentation pour soulager un manque lié à une dépendance à leur médicament. Seul un
patient sur les douze utilisant le palier I augmente le nombre de prise médicamenteuse, cela
fait un argument du plus qui va dans le sens de ce qui est avancé à la discussion de la figure
16 ; ce palier d’antalgie est utilisé en complément d’une autre thérapeutique, les
médicaments de ce palier ont un rôle complémentaire de soutient.

Suite à ça, je voulais savoir si parmi les patients interrogés, il y en avait pour qui le
traitement était encore en cours d’adaptation (figure 19), ceci afin de nuancer les résultats
obtenus aux figures précédentes. Il se trouve que 50 % des patients a un traitement qui est
en cours d’adaptation ou dont le traitement antalgique optimal n’est pas encore trouvé par
le médecin. Beaucoup sont encore en train de tester des thérapeutiques, nouvelles,

131
anciennes, médicamenteuses ou non. Cela montre que même après plusieurs mois de
traitement voire plusieurs années, le bon traitement peut être en cours d’investigation.
En revanche, la stabilité du traitement des patients et son efficacité relative montre
la problématique que peuvent avoir les professionnels de santé à trouver un traitement
antalgique efficace, durable avec un rapport bénéfice/risque acceptable en regard de
chaque patient.

Ceci n’est pas une nouveauté, il s’agit juste d’une preuve supplémentaire à ajouter à
la longue liste des études déjà faites et qui vont dans ce sens. C’est pourquoi les patients
s’orientent vers d’autres méthodes pour améliorer leur symptomatologie douloureuse. C’est
pourquoi il y a beaucoup de recherche faites autour de cette problématique et qu’il y a
beaucoup d’attente de la part des patients et des soignants sur ces recherches et sur les
éventuelles avancées en cours.

2.4.2. Les traitements en automédication

à Population s’automédiquant

Une solution au manque d’efficacité des traitements prescrits par le médecin est le
recours à l’automédication afin d’apporter une thérapeutique complémentaire venant aider
la prise en charge des symptômes douloureux. Parmi les 18 patients de l’enquête, 10 d’entre
eux y ont recours soit un peu plus de 55 %.

La figure 20 vise à répondre à une question simple : les patients utilisant


l’automédication sont-ils ceux qui sont les plus douloureux ?
Les résultats obtenus de cette représentation nous montrent que non. La répartition
des patients en fonction des intensités douloureuses de notre échantillon complet est
similaire à celle des patients s’automédiquant. Même si le nombre de patient y ayant
recours est inférieur, on voit que leur intensité douloureuse va du point n°4 au n°10 avec
une forte représentation de l’intensité n°7 comme pour les résultats obtenus sur la
population complète de l’échantillon.

132
à Médicaments utilisés par les patients

Le tableau IV ainsi que la figure 21 indiquent que peu de classes thérapeutiques sont
utilisées et la moitié de l’automédication est représentée par l’utilisation de paracétamol.
40 % des patients utilisent aussi des AINS pour s’automédiquer contre la douleur. Dans
l’étude, un focus a été fait sur les produits ayant un statut de médicament qui sont
disponible en libre accès ou en conseil à l’officine. Il n’est donc pas étonnant de retrouver le
paracétamol et des AINS comme l’Aspégic® et l’ibuprofène en tête de liste.
En effet, ces molécules sont efficaces sur les douleurs, elles sont connues, elles
présentent peu de contre-indication et peuvent être utilisées par un grand nombre de
personnes et elle remplisse un dernier critère qui peut être important : elles sont bons
marchés. Par exemple, une boîte de 8 comprimés de paracétamol coûte entre 2,15 € et
2,20 € en moyenne et à posologie maximale conseillée, une boîte fournie 2 jours de
traitement antalgique. Même si les AINS sont plus onéreux de 3,5 € à 5 € en moyenne, une
boîte peut donner jusqu’à 5 jours de traitement antalgique.

Les dangers de l’automédication sont liés à la posologie et à l’interaction


médicamenteuse. Pour un patient s’automédiquant, les molécules peuvent présenter des
risques, même si elles lui paraissent connues. Il est essentiel de bien rappeler la posologie
maximale à ne pas dépasser, car un patient peut facilement être amené à l’augmenter s’il
constate une antalgie qui ne lui suffit pas. De plus, ces molécules peuvent être présentes
dans son traitement prescrit par le médecin, sous des noms différents, ou encore, elles
peuvent être cachées dans des médicaments présentant des associations de principes actifs.
Il est donc primordial de bien se renseigner sur les traitements du patient (historique,
interrogatoire, carte vitale) afin d’éviter les interactions médicamenteuses et les risques de
surdosage en un principe actif.

à Utilité et efficacité des médicaments utilisés

Concernant l’efficacité des médicaments pris en automédication, la figure 22


démontre qu’aucun patient ne les juges inefficaces. La répartition est assez uniforme pour

133
les autres catégories où 3 patients évaluent les médicaments moyennement efficaces et 3
les considèrent plutôt efficaces. Pour 4 patients ces médicaments pris sont très efficaces.
Ces résultats renseignent sur le fait que les molécules fonctionnent sur les douleurs
et ont donc un effet bénéfique pour leur prise en charge. Mais chaque patient souffre de
douleurs différentes, d’origine différente, et possède un traitement de fond qui lui est
propre, par conséquent l’efficacité des molécules varie selon ces particularités.

La perception du soulagement douloureux par rapport à leur traitement de fond peut


être aussi fait par les patients. La molécule utilisée peut ne pas leur être utile au regard du
soulagement déjà acquis par le traitement de fond prescrit par leur médecin.
Dans la figure 23 on remarque clairement ce phénomène où la prise de médicament
en automédication n’améliore pas suffisamment la symptomatologie douloureuse par
rapport au traitement prescrit par le médecin pour que les patients en voient leur prise en
charge améliorée, ici 3 patients la jugent inutile ou moyennement utile et ne considère pas
l’automédication comme une solution au manque de soulagement douloureux dont ils
souffrent.

à Fréquence de prise des médicaments utilisés

La question posée sur ce sujet a pour objectif de savoir si les médicaments utilisés en
automédication sont bien pris par les patients à la bonne posologie. La figure 24, illustre que
les personnes ayant recours à 3 prises par jour sont les patients utilisant un AINS ou du
paracétamol. Les patients qui sont à 4 prises par jour sont tous sous paracétamol et la
personne ayant recours à un médicament de phytothérapie l’utilise 6 fois par jour et
correspond à la posologie maximale conseillée en cas de crise douloureuse aiguë.
Donc, les patients utilisant l’automédication respectent bien la posologie conseillée,
ils ne se soumettent pas à des surdosages en principe actif. Si les modalités de délivrance ont
bien été réalisées, ou si les patients ont bien lu la notice du médicament, nous pourrions
considérer que l’utilisation de l’automédication par ces patients se fait dans un cadre
sécuritaire avec un risque minimum.

134
2.4.3. Fréquence et types d’effets indésirables rencontrés

Cette partie vise à faire un état des lieux des événements indésirables qui peuvent
survenir lors de l’utilisation d’une thérapeutique classique conventionnelle provenant de
l’automédication ou de la prescription médicale de médicaments antalgiques utilisés dans le
contexte des douleurs chroniques.

La figure 25 nous montre que la survenue d’effets indésirables est assez fréquente,
car seulement 28 % des patients de notre enquête n’en présentent jamais. La prise
d’antalgique n’est donc pas anodine et la présence de ces effets indésirables nuit à la prise
en charge des patients douloureux. Parmi les personnes déclarant ces effets, 22 % ne disent
n’en avoir que rarement, à l’occasion. Pour ces personnes, l’impact de ces effets sera
certainement limité si leur intensité et leur manifestation restent contenues et peu
impactantes. En revanche, pour 33 % d’entre eux, les effets sont un peu plus fréquents,
déclarés comme présents de temps en temps. Cette proportion importante indique que
certaines molécules ont un effet néfaste pour le patient et pourrait bien l’inciter à changer
de thérapeutique ou bien à cesser son traitement, même si chez le patient douloureux la
nécessité de se traiter peut aller au-delà de la présence de ces effets. 17 % des patients
interrogés déclarent avoir des effets indésirables à chaque prise. Cela signifie que beaucoup
de patients doivent prendre la décision de subir des contraintes, d’être confronté à l’impact
négatif d’un médicament pour pouvoir soulager leur douleur. C’est un petit peu l’idée de
« traiter le mal par le mal ». Ces patients ont besoin de la thérapeutique qu’ils utilisent pour
soulager leur douleur qui est souvent handicapante et intense, pour cela ils prennent un
médicament qui va venir diminuer ou enlever leur douleur, mais leur provoquer d’autres
symptômes affectant leur santé, leur physique et parfois leur moral avec une réelle
incidence sur leur psychique.

La première chose notable est que tous les types d’antalgiques utilisés sont sources
d’effets indésirables (figure 26). Les médicaments du palier II semblent être bien toléré car
les ¾ ne présente jamais d’effets indésirables et le dernier quart en déclare que rarement.
Au contraire les médicaments du palier III et ceux appartenant à la classe des neuroleptiques
et des antidépresseurs en provoquent soit chez tout le monde soit avec une fréquence très

135
importante. La dernière remarque visible sur ce graphique est que l’association des
médicaments du palier I et II augmente l’apparition et la fréquence des effets indésirables de
manière non négligeable. En effet, sur les 8 patients prenant cette association de
médicament, seul un ne déclare pas d’effets indésirables, tous les autres en souffrent te plus
de la moitié avec une fréquence régulière.

Le tableau V nous révèle les types d’effets indésirables rencontrés et les met en
relation avec le traitement du patient.
La première chose remarquable, c’est que ce sont des effets indésirables connus des
médicaments utilisés. Ils peuvent être de différentes graduations. Cela va de la nausée, de la
fatigue aux insomnies jusqu’aux pertes de mémoire en passant par les constipations, les
tremblements et autres. En revanche, bien qu’il puisse paraître anodin et surmontable, un
effet indésirable peut être considéré à l’opposé par un patient. Il ne faut pas oublier que
nous parlons de douleurs chroniques et que les traitements pris pouvant provoquer ces
effets sont utilisés sur le long terme, donc même des simples nausées ou de légers
tremblements peuvent être perçus par le patient comme insurmontables et handicapants
pour son quotidien et pour la prise en charge de sa douleur. Ainsi l’impact ressenti par les
patients douloureux souffrant d’effets indésirables majeurs doit être tel, qu’il est difficile de
le concevoir si nous n’avons pas vécu personnellement une telle expérience.
Deuxièmement, nous voyons que les effets indésirables déclarés par les patients
correspondent aux effets de classe des molécules utilisées. En effet, les patients sous
morphiniques ou dérivés morphiniques présentent des nausées, des vomissements et des
constipations qui sont caractéristiques de cette classe thérapeutique.
Nous remarquons pour finir que pour certains patients de l’enquête, il y a des
associations médicamenteuses prescrites nécessaires à leur prise en charge et
indispensables au soulagement de leur douleur qui provoquent des effets indésirables très
importants qui se potentialisent entre eux. Je parle des patients sous prégabaline qui
présentent aussi un traitement par le tramadol. Ces patients déclarent des effets
indésirables qui sont : tremblements, somnolence ou insomnies et une diminution des
performances physiques et/ou mentales. Tout ceci est la définition d’un syndrome
sérotoninergique, car l’utilisation de ces classes thérapeutiques en association peut
provoquer ce type de syndrome. Cependant, pour les patients de l’enquête, ces effets

136
indésirables sont le prix à payer pour voir leur douleur neuropathique atténuée. Leur
médecin prescripteur ainsi que leur pharmacien sont au courant de l’occurrence de leurs
effets indésirables, mais le schéma thérapeutique est maintenu par les médecins par
manque d’efficacité des autres thérapeutiques, et par absence d’alternatives plus sures et
aussi efficaces que celle utilisée. Cela montre la faiblesse des solutions médicamenteuses
apportées à l’heure actuelle, avec les connaissances d’aujourd’hui, pour la prise en charge
des douleurs de type neuropathique chez les patients.

De ces résultats, nous pouvons dire que les effets indésirables sont le principal frein à
une prise en charge optimale de la douleur chronique et qu’ils représentent sans doute un
impact psychologique majeur chez le patient.

3. Le traitement des douleurs chroniques par d’autres méthodes

Sur l’effectif de 18 patients interrogés, 15 d’entre eux ont recours à une alternative
thérapeutique.

3.1. Les alternatives thérapeutiques utilisées

Voici une représentation sous forme d’histogramme faisant l’état des lieux des
thérapeutiques alternatives utilisées par les patients (figure 27).

137
Alternatives thérapeutiques utilisées pour soulager la
douleur chronique des patients

Acupuncture 1

Aromathérapie 2

Ostéopathie 3

Activité physique 4

Phytothérapie 2

Homéopathie 1

Mésothérapie 4

Kinésithérapie 10

0 2 4 6 8 10 12
Nombre de patients

Figure 27 : Alternatives thérapeutiques antalgiques utilisées par les patients douloureux


chroniques

Huit alternatives thérapeutiques différentes sont recensées avec une forte


prédominance de la kinésithérapie à laquelle 10 patients sur 15 ont recours. Il ressort que
l’action mécanique sur le système musculo-squelettique est favorisée au profit de
thérapeutiques utilisant d’autres procédés (acupuncture, phytothérapie, aromathérapie,
homéopathie et mésothérapie). En effet, si on comptabilise les thérapeutiques suivantes :
ostéopathie, activité physique et kinésithérapie, cela représente en termes de pourcentage
d’utilisation (les patients pouvant pratiquer plusieurs méthodes chacun) 63 % des
alternatives utilisées par l’ensemble des patients.
Cependant nous faisons la remarque d’une diversité et d’une utilisation non
négligeable des autres alternatives thérapeutiques utilisées par les patients afin de soulager
leur douleur ou d’en améliorer leur prise en charge.

3.2. L’efficacité des alternatives thérapeutiques sur le traitement de


la douleur.

Pour commencer, nous allons regrouper l’ensemble des méthodes utilisées et nous
allons voir quelle est leur efficacité sur le soulagement de la douleur, quelles que soient la ou

138
les alternatives thérapeutiques choisies par le patient (figure 28). Sur le même principe que
celui vu précédemment, l’échelle utilisée dans le questionnaire repose sur le modèle de
l’échelle EVA avec, ici, des résultats qui commencent à « 3 », soit un soulagement de la
douleur de 30 %. Les réponses vont jusqu’à « 10 » qui correspond à un soulagement complet
ne laissant au patient aucune douleur après l’utilisation ou la réalisation de sa ou ses
alternatives thérapeutiques. Les réponses obtenues sont les suivantes.

Soulagement de la douleur des patients par les méthodes


alternatives utilisées
2,5

2
Nombre de patients

1,5

0,5

0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Intensité de soulagement de la douleur

Figure 28 : Intensité de soulagement de la douleur chronique par les méthodes


alternatives

L’évaluation est faite par les patients sur une échelle de type EVA dans le but de quantifier le
degré de soulagement de leur douleur chronique par la ou les méthodes alternatives
utilisées, quel qu’elle soit. N=15.

La moyenne de soulagement est de 6,3/11 mais avec une forte répartition allant de
30% à 100% de soulagement de la douleur.

La figure 29 représente le soulagement en fonction des alternatives thérapeutiques


utilisées.

139
Soulagement moyen de la douleur chronique des patients en fonction des
méthodes thérapeutiques utilisées
Intensité de soulagement de la douleur chronique

8,5

6,3 6,3
6 6
5,5
5
4,7

Kinésithérapie Mésothérapie Homéopathie Phytothérapie Act. physique Ostéopathie Aromathérapie Acupuncture


n = 10 n=4 n=1 n=2 n=4 n=3 n=2 n=1

Figure 29 : Efficacité d’alternatives thérapeutiques sur les douleurs chroniques

Pour chaque thérapeutique, une moyenne des intensités de soulagement de la douleur a été
faite et reporter sur un même graphique afin de visualiser un degré d’efficacité pour une
méthode, ainsi que pour les comparer entre elles. Le nombre de patients l’utilisant est
spécifié dessous chaque alternative thérapeutique.

L’observation est faite qu’aucune thérapeutique n’obtient une réponse inférieure à


4,7 sur notre échelle, soit un soulagement de la douleur de 47% et donc presque la moitié de
l’intensité douloureuse enlevée par la thérapeutique de l’ostéopathie. Si nous retenons ce
résultat et celui qui est le plus haut, à savoir l’aromathérapie avec 8,5 soit 85% de
soulagement, l’ensemble des autres thérapeutiques soulage les douleurs des patients de
50% à 63%.

140
3.3. Les effets indésirables rencontrés

Sur la figure 30 ci-contre, les 15


Fréquence d'effets indésirables lors de
patients utilisant une thérapeutique l'utilisation d'alternatives thérapeutiques
alternative, 60% d’entre eux, soit 9 patients,
ne présentent jamais d’effets indésirables. De temps en
A chaque fois
temps
0%
20%
Aucun des patients interrogés présente
d’effets indésirables à chaque prise ou à
Rarement
Jamais 20%
chaque utilisation, mais 6 patients sur les 60%

15, soit 40%, en ont déclaré au moins une


fois. Parmi eux, une moitié de façon
régulière de temps en temps ; l’autre moitié
plus rarement, à titre exceptionnel.

Figure 30 : Fréquence des effets indésirables lors de


l’utilisation d’alternatives thérapeutiques

N=15
Le rapport entre les thérapeutiques et la fréquence d’apparition d’effets indésirables
a été étudié (figure 31).

141
Rapport entre la présence d'effets indésirables et les alternatives thérapeutiques

6
Nombre de patients souffrant d'effets indésirables

Jamais
5

Rarement
4

3 De temps en
temps

2 A chaque fois

0
Kinésithérapie Phytothérapie Activité physique Ostéopathie Aromathérapie Mésothérapie Homéopathie Acupuncture

Alternative thérapeutique utilisée

Figure 31 : Rapprochement entre les effets indésirables et les alternatives thérapeutiques


utilisées

Les résultats montrent que la kinésithérapie, la phytothérapie, l’activité physique,


l’ostéopathie et l’aromathérapie sont les thérapeutiques qui provoquent des effets
indésirables chez les patients interrogés. Parmi elles, la fréquence d’apparition de ces effets
varie, mais la kinésithérapie recense le plus grand nombre de patients souffrant de ces
effets. Il apparait que l’activité physique est la seule thérapeutique à avoir une fréquence
d’apparition d’effets indésirables défavorable, c’est-à-dire que seul un sujet n’en déclare
pas. Les autres sujets, soit les ¾, en déclarent au moins une fois de façon rare.

Voici maintenant le tableau VI qui rapporte les effets indésirables rencontrés par les
patients et quelles étaient les thérapeutiques utilisées par ces derniers.

142
Tableau VI : Lien entre les effets indésirables et les alternatives thérapeutiques utilisées

Pour chaque patient qui présentait des effets indésirables, l’alternative ou les alternatives
thérapeutiques utilisées ont été noté dans ce tableau.

Effet(s) indésirable(s) rapporté(s) Alternative(s) thérapeutique(s) utilisée(s)

Crampes, courbatures Activité physique, Kinésithérapie

Douleurs sur une autre localisation plus


Kinésithérapie, Activité physique
périphérique à celle d'origine

Douleurs articulaires et musculaires Ostéopathie

Eruptions cutanées localisées Aromathérapie

3.4. Discussion sur le traitement des douleurs chroniques par


d’autres méthodes

Tous les patients n’ont pas nécessairement recours à un autre moyen pour venir
soulager sa douleur chronique. En effet, les médicaments prescrits ou disponibles en
automédication peuvent suffire à sa prise en charge. Cependant certain verrons comme une
nécessité de s’orienter vers d’autres méthodes afin d’améliorer ou d’optimiser leur prise en
charge douloureuse. De plus certaine thérapeutique dite naturelle, car elles sont basées sur
l’utilisation de principe actif ou de procédé naturel non synthétique, s’inscrivent dans une
mouvance globale qui vise à consommer des produits plus sains, biologiques, plus naturel ou
s’inspirant de la nature avec si possible le moins de composant possible.
Mais naturel ne veut pas dire sans danger, au contraire ! Beaucoup de principe actif,
parmi les plus puissants de l’arsenal thérapeutique actuel sont issus de plante, et l’Histoire
est suffisamment marquée par des faits d’empoissonnement divers et variés liés à des

143
substances ou à des méthodes naturelles pour que ces thérapeutiques soient à prendre au
sérieux.
Il y a donc une importance à utiliser la bonne méthode ou le bon principe actif pour
un type défini de douleur afin d’avoir une efficacité optimale, des effets indésirables
minimum et un risque d’interaction médicamenteuse nul.

3.4.1. Les alternatives thérapeutiques utilisées

L’étude menée en officine relève huit différentes alternatives thérapeutiques


utilisées par les patients avec une nette prédominance pour les techniques agissant par
action mécanique au niveau du système musculo-squelettique. Nous remarquons sur la
figure 27 que la kinésithérapie est largement utilisée devant les autres techniques, et
l’activité physique est bien représentée avec 4 patients y ayant recours.
Il n’est pas étonnant d’avoir un tel résultat concernant ces deux méthodes, en effet
ces dernières peuvent toutes les deux être prescrites par un médecin, le poids du conseil
d’un professionnel de santé ainsi que la prescription sur une ordonnance donne du crédit à
la validité du praticien sur ces méthodes. De plus, l’activité physique peut être gratuite,
coûte peu cher à mettre en œuvre (matériel adaptée) et la kinésithérapie est remboursée
par la sécurité sociale sur prescription médicale et peut-être pris en charge, du moins en
partie, par les mutuelles complémentaires de santé si l’acte de kinésithérapie sort du cadre
de remboursement par la sécurité sociale.

Son aussi plébiscité par les patients, la mésothérapie et l’ostéopathie. La première


est aussi une thérapie en partie remboursée par la sécurité sociale et la deuxième peut être
prise en charge par une complémentaire santé. Bien que cela induit possiblement le choix
des patients, ces deux techniques apportent des preuves de leur efficacité et son très
connue par les patients. Il est cependant important de favoriser un bon professionnel ou un
établissement de qualité afin d’avoir des soins adaptés au regard de la pathologie dont
souffre le patient et pour avoir le minimum d’effets indésirables.

S’en suivent les médecines naturelles, la phytothérapie, l’aromathérapie et


l’homéopathie qui sont moins utilisées que les thérapeutiques vues précédemment. Mis à

144
part l’homéopathie, ce sont des méthodes qui nécessitent le conseil d’un professionnel de
santé pour avoir une utilisation efficace et sans danger car elles peuvent présenter des
contre-indications et des interactions médicamenteuses. De ce fait, tout le monde ne peut
pas utiliser ce type de thérapeutique, cela va dépendre de l’âge, de l’état de santé,
d’éventuelles pathologies et des traitements en cours. Elles sont cependant de plus en plus
prisées et la demande de conseils sur ces produits au comptoir est de plus en plus fréquente,
que ce soit pour les douleurs chroniques en alternatives complémentaires à un traitement
de fond ou pour tout autre problème de santé.
L’homéopathie est moins utilisée car les patients se plaignent souvent d’un manque
d’efficacité, ou déclarent des a priori sur cette médecine. Généralement, les patients ont
commencé par l’homéopathie pour traiter leurs douleurs puis ont porté leur choix sur une
autre thérapeutique plus forte pour soulager les soulager. Cependant, il y a une remarque
que l’on peut faire. L’étude fut menée en dehors de la saison thermale (décalée sur l’été du
fait de l’épidémie de la Covid-19) et les patients faisant ces cures sont souvent traités avec
de l’homéopathie. Ces deux méthodes sont souvent associées, les médecins thermaux et les
patients semblent satisfaits et le succès des cures thermales parle de lui-même.

La dernière thérapeutique apparaissant dans l’étude réalisée est l’acupuncture. Peu


de personnes y ont recours même si sa popularité est de mise. C’est une technique qui
présente des effets certains, mais dont la réalisation peut effrayer le patient et le détourner
vers d’autres thérapeutiques. L’utilisation d’aiguilles avec une effraction de la barrière
cutanée ainsi que la grande précision dont doit faire preuve le praticien pour piquer la bonne
zone pour avoir l’effet thérapeutique recherché font que certains patients peuvent se
montrer réticents. De plus, même s’il n’est pas rare de trouver un acupuncteur en zone
urbaine, il ne court pas les rues non plus ; et le souci de trouver un praticien en zone rurale
est encore plus présent. Contrairement aux kinésithérapeutes ou même aux ostéopathes, les
professionnels exerçant l’acupuncture ne sont pas en nombre très conséquent et ce manque
de présence uniforme sur le territoire induit possiblement une diminution de son utilisation.

145
3.4.2. L’efficacité des alternatives thérapeutiques sur le
traitement de la douleur

L’efficacité est l’un des critères majeurs, si ce n’est le critère le plus important, pour
un patient douloureux chronique à l’utilisation d’une thérapeutique. Nous pourrions nous
dire que l’efficacité est liée à l’utilisation ; que plus une technique est employée par les
patients, plus elle est efficace. Mais nous avons vu qu’il n’y a pas que ce critère qui rentre en
ligne de compte pour les patients. Les effets indésirables, le coût de la thérapeutique, les
interactions médicamenteuses ou encore la présence de professionnels exerçant certaines
techniques sur le territoire sont aussi à prendre en considération.

La figure 28 indique des résultats très étendus avec des patients présentant une
intensité de soulagement très disparate allant de 30 % à 100 %. Il n’y a pas de degré de
soulagement surreprésenté qu’il soit important ou non. Chaque patient présente un degré
de soulagement différent d’un autre. Il sera donc intéressant d’étudier l’efficacité pour
chaque méthode utilisée car ces résultats nous montrent une efficacité variable, qui s’étend
d’une efficacité totale enlevant complétement les douleurs à une efficacité légère qui ne
soulage le patient de ses douleurs que de 30 %.
Il est à noter que l’efficacité rapportée ne descend pas en dessous de ces 30 %, il y a
donc bien une activité sur les douleurs de nos patients quel que soit la méthode utilisée,
même si elle est homéopathique pour répondre au lecteur les plus suspicieux.

Le graphique de la figure 29 fait ressortir les efficacités de chaque méthode


alternative. On remarque que l’intensité de soulagement moyen ne descend pas en dessous
de 47 % et peut monter jusqu’à 85 %. Beaucoup de résultats tournent autour de 60 % de
soulagement de la douleur, ce qui représente une meilleure efficacité que celle obtenue
avec certains médicaments prescrits par le médecin ou à la suite d’automédication. L’activité
de ces méthodes n’est donc pas négligeable et peut offrir une alternative efficiente aux
patients douloureux chroniques.
Le problème reste cependant le même que pour les médicaments traditionnels.
Aucune méthode ne permet un soulagement complet de ces douleurs, et souvent celui
obtenu n’est pas suffisant pour le patient et diminue donc la valeur de sa prise en charge.

146
3.4.3. Les effets indésirables rencontrés

Les patients de l’étude, pour 60 % d’entre eux, ne présentent jamais d’effets


indésirables comme peut nous l’attester le graphique de la figure 30. C’est une proportion
notable au regard des autres résultats, car aucun d’eux ne déclare d’effets indésirables
survenant à chaque prise et parmi les 40 % restant, la moitié dit en avoir de temps en temps
et l’autre moitié que rarement, à l’occasion. Ces résultats montrent que l’utilisation
d’alternatives thérapeutiques provoque peu d’effets indésirables chez certaines personnes
voire pas du tout dans la grande majorité des cas.

Si un croisement est fait entre cette information et l’efficacité de l’utilisation


d’alternatives thérapeutiques nous obtenons une solution avec un rapport bénéfice/risque
favorable pour le patient. Il pourrait donc se dire qu’avoir recours à elles est une solution
pour améliorer la prise en charge des douleurs chroniques et qui comporte un risque limité
de déclarer un effet indésirable. Cependant, il faut prendre en compte le type d’effet
indésirable qui survient, il faut le qualifier, car le fait que sa fréquence soit faible ne veut pas
dire que son incidence le soit également.

Pour déterminer cela, des précisions sur les symptômes indésirables ont été
demandées aux patients et les réponses du tableau 6 sont à partager.
D’un côté nous avons des effets indésirables qui sont faibles, d’impact modéré ; il
s’agit des crampes, courbatures et d’éruptions cutanées. De plus, ces effets-là peuvent être
limités voire contrés par une utilisation différente, ou par la mise en place d’actions évitant
leur apparition. En effet, les éruptions cutanées sont dues à une application pure de l’huile
essentielle utilisée, une dilution dans une huile végétale permettra certainement de les
diminuer localement. Les crampes et courbatures peuvent être traitées par le
kinésithérapeute si le patient en consulte déjà un pour ses douleurs ou par une bonne
hydratation ; un étirement musculaire après l’activité physique permettrait d’éviter la
survenue de ces effets.
De l’autre côté, nous avons des effets plus impactants. Les patients déclarent
l’apparition de douleurs. Quel que soit le type de douleurs, en déclarer alors que l’objectif
est le traitement des douleurs chroniques paraît contradictoire. Ces douleurs ressenties sont

147
peut-être limitées dans le temps ou encore d’une intensité faible qui permettrait malgré
tout d’améliorer l’état de santé douloureux du patient. Mais cela nuance les résultats
obtenus dans la figure 30.

La dernière observation que nous pouvons mettre à jour à partir de ce tableau est
que ces effets plus impactants sont liés au recours à la kinésithérapie, de l’ostéopathie ou de
l’activité physique. Ces méthodes utilisent la manipulation de l’organisme, l’action
mécanique ; on peut donc dire qu’il y a une activité personne-dépendante. En effet, ces trois
méthodes vont avoir des répercussions, bénéfiques ou non, qui dépendent de la personne
les exerçant. Cette personne peut être un professionnel de santé tout comme le patient lui-
même avec sa propre pratique d’activités physiques.

La figure 31 nous permet d’avoir un lien entre l’apparition d’effets indésirables et


l’alternative thérapeutique utilisée. Les résultats obtenus nous montrent que de toutes les
méthodes utilisées par les patients interrogés, trois d’entre elles ne provoquent pas d’effets
indésirables ; il s’agit de la mésothérapie, l’homéopathie et l’acupuncture. Il est important
de noter que le nombre de questionnaires rapportés ne permet pas de détecter toutes les
occurrences d’effets indésirables pour toutes les alternatives utilisées. Car il est connu que la
mésothérapie et l’acupuncture peuvent provoquer des effets indésirables, ceux-ci sont
généralement peu importants avec un impact limité, mais comme toute technique qui fait
appel à une manipulation, l’apparition de ces effets et leurs importances sont dépendant du
praticien.

Concentrons-nous sur les effets indésirables détectés par l’étude. Il ressort que la
kinésithérapie recense le plus grand nombre de patients qui font l’objet de ces effets, même
si leur fréquence d’apparition n’est qu’épisodique, et qu’ils ne sont pas présents à chaque
séance. Cette méthode dépend énormément du praticien et de la capacité du patient à
exercer correctement les exercices demandés quand c’est le cas. Cependant, il est rapporté
que lorsque ces effets indésirables d’estompent, les douleurs des patients en sont
améliorées avec une action certaine dans le temps. De fait, l’intérêt de cette thérapeutique
est aussi d’avoir un soulagement douloureux qui perdure, permettant éventuellement un
espacement des séances et une diminution de la prise médicamenteuse.

148
L’activité physique ne provoque jamais d’effets indésirables que pour une seule
personne alors que trois autres en déclarent au moins à l’occasion. Les effets bénéfiques de
l’activité physique ne sont plus à démontrer, mais l’apparition de répercussions néfastes
provient surtout d’un mésusage de cette technique. En effet, beaucoup de personne la
pratique de façon trop intensive ou de façon non progressive. Souvent l’hydratation,
l’échauffement, l’étirement et la récupération ne sont pas respectés par les patients.
Beaucoup de personnes pensent que c’est une méthode simple, mais son exécution dans les
règles pour en tirer des bénéfices ne l’est pas. Au vu des effets indésirables relevés par le
tableau VI, nous constatons qu’ils sont dus à ce défaut d’exécution pratique. De ce fait, un
conseil sur la bonne réalisation d’une activité physique permettrait de limiter l’apparition de
ces effets et augmenterait l’efficacité de cette méthode sur les douleurs chroniques.
La phytothérapie et l’aromathérapie sont les deux autres méthodes qui provoquent
des effets indésirables. Les origines peuvent être multiples : mauvaise utilisation, posologie
incorrecte, produit choisi qui peut ne pas être adapté au patient ou à son type de douleur.
Pour limiter cela, le principal levier d’action est le conseil du pharmacien afin de sécuriser
l’utilisation de la thérapeutique désirée en fonction du patient et de sa douleur.

L’apparition d’effets indésirables à l’utilisation d’une méthode alternative est


présente, mais avec une fréquence contenue. De plus, ces effets rapportés n’empêchent pas
les patients de toujours avoir recours à la méthode qu’ils ont choisie. Quelle que soit
l’alternative utilisée, le professionnalisme du praticien qui l’exerce ou le conseil du
professionnel de santé indiquant une thérapeutique sont des facteurs importants pour
limiter l’apparition et l’intensité des effets indésirables.

4. Place du pharmacien d’officine dans la prise en charge des douleurs


chroniques
4.1. Résultats obtenus

La première question posée de cette partie sur la place du pharmacien dans


l’accompagnement du patient douloureux chronique porte sur le point de vue qu’ont les
patients sur le pharmacien en tant qu’interlocuteur au sujet de leur douleur et de leur prise

149
en charge générale. Les réponses obtenues permettent d’en faire la représentation de la
figure 32.

Le pharmacien est-il un interlocuteur adapté


pour la prise en charge de la douleur ?

5% Tout à fait d'accord

17% 28%
Plutôt d'accord

Plutôt pas d'accord

50% Pas d'accord

Figure 32 : Place du pharmacien dans le dialogue avec le patient autour de sa douleur


chronique

À cette question, la majorité des patients pensent que le pharmacien est un


interlocuteur plutôt adapté à ce sujet. Il ne l’est pas, ou les patients sont plutôt réticents,
pour 22% d’entre eux.

Les deux questions suivantes portent sur le sujet du dialogue avec le pharmacien
autour de leur douleur chronique. Sur les 18 personnes interrogées, 16 en ont déjà parlé à
leur pharmacien, soit 89%.
Cependant, parmi ces personnes, certaines émettent des réserves sur le fait d’en
discuter au comptoir de leur pharmacie ou en tête à tête avec leur pharmacien. En effet, une
question sur ce sujet montre que 5 personnes sur les 18 (28%) ont déjà hésité à avoir ce
dialogue.

Même si la majorité des patients (72%) acceptent de parler de leur douleur


chronique à l’officine, ceux qui s’y refusent ou se montrent embarrassés ont été questionnés
sur les raisons de ce choix. Les réponses obtenues sont regroupées ci-dessous, figure 33.

150
Motifs d'hésitation au dialogue sur la douleur chronique avec
le pharmacien

3
Nombre de patients

2 2

Trop de monde à Manque de Manque de temps La pudeur du Manque d'écoute


la pharmacie confidentialité du pharmacien patient du pharmacien

Figure 33 : Freins au dialogue entre le patient et le pharmacien concernant sa douleur


chronique

Parmi les justifications données, le fait qu’il y ait trop de monde dans l’officine est
rapporté par 4 patients ; le manque de confidentialité au comptoir, par 3 patients. Le
manque de temps et la pudeur reviennent chez 2 des patients. Enfin, une personne
considère que le pharmacien fait preuve d’un manque d’écoute qui permettrait un dialogue
sur sa douleur chronique.

S’ensuit dans le questionnaire un tableau à double entrée qui vise à connaître les
informations délivrées par le pharmacien et les informations supplémentaires qu’aimerait
avoir le patient douloureux chronique lors de la délivrance d’antalgique à l’officine.
Ce tableau (figure 34) va être divisé en deux parties qui vont permettre d’obtenir
deux représentations graphiques facilitant la discussion des résultats obtenus.
La première partie concerne les informations données par le pharmacien.

151
Informations données au patient concernant sa douleur chronique
et son traitement
Automédication (quand y avoir recours, intérêt, modalités de prises,
effets indésirables, etc)

Les autres méthodes non médicamenteuses pouvant vous soulager

Risque concernant la dépendance à un médicament

Risque lié à un surdosage du ou des médicaments pris

Risque d'interaction avec d'autres médicaments que vous prenez

Risque d'effets indésirables liés aux médicaments pris

Modalités de prise de vos médicaments

L'origine de votre douleur ou ce qui la provoque

0 2 4 6 8 10 12 14 16 18
Oui Non Nombre de patients

Figure 34 : Informations données par le pharmacien au patient douloureux chronique

Sur les 18 patients interrogés sur ces 8 items, on remarque que trois de ces items
présentent une faible proportion de réponse « Oui ». En effet, seules 2 personnes ont reçu
une information autour des alternatives thérapeutiques existantes ; 3 personnes ont eu des
informations sur l’origine qui provoque leur douleur ; et 5 personnes ont eu des
informations sur l’automédication, qu’elle soit proposée par le pharmacien ou que ce soit un
conseil général sur sa possible utilisation.
L’item concernant les risques liés à la dépendance médicamenteuse ne concerne pas
tous les patients, car l’information donnée ici dépend de son traitement. Dans notre
enquête, 6 personnes ont obtenu cette information.
La moitié des patients se sont vu rappeler les risques liés à un surdosage de leur
thérapeutique ; 10 d’entre eux ont eu un rappel sur les possibles interactions
médicamenteuses ; et 12 sur les effets indésirables possibles liés à la prise de leur
thérapeutique.
Enfin, pour l’item concernant les modalités de prise du médicament prescrit, seule
une personne n’en a pas eu l’énoncé.

152
La deuxième partie du tableau concerne les informations qu’aimerait avoir le patient
au comptoir lors d’une délivrance d’antalgique (figure 35). Les questions posées sont les
mêmes que dans la partie précédente et les résultats sont les suivants.

Informations ou conseils souhaitez par le patient douloureux


chronique
Automédication (quand y avoir recours, intérêt, modalités de prises,
effets indésirables, etc)

Les autres méthodes non médicamenteuses pouvant vous soulager

Risque concernant la dépendance à un médicament

Risque lié à un surdosage du ou des médicaments pris

Risque d'interaction avec d'autres médicaments que vous prenez

Risque d'effets indésirables liés aux médicaments pris

Modalités de prise de vos médicaments

L'origine de votre douleur ou ce qui la provoque

0 2 4 6 8 10 12 14
Oui Non Aucune réponse Nombre de patients

Figure 35 : Informations souhaitez par le patient douloureux chronique

Sur les 18 questionnaires donnés, 4 ne présentent pas de réponse sur cette partie du
tableau. Le nombre de patients total est donc de 14 pour cette partie.

Les résultats obtenus sont donc :


- 12 personnes voudraient plus d’informations sur l’automédication, qu’elles y aient
recours ou non.
- 11 personnes aimeraient savoir quelles sont les autres thérapeutiques pouvant
soulager leur douleur.
- 5 personnes voudraient en savoir plus sur la dépendance à un médicament, sachant
que cet item ne concerne pas tout le monde et qu’il est dépendant du traitement
pris.
- 8 personnes souhaiteraient des informations supplémentaires sur le risque de
surdosage.

153
- 7 personnes désireraient des informations sur les interactions probables avec un
autre médicament ou leur traitement ainsi que sur les risques d’effets indésirables
liés au médicament ou à la thérapeutique les concernant.
- 4 personnes voudraient des informations sur les modalités de prise du médicament
pris.
- 3 personnes aimeraient plus d’informations sur l’origine de leur douleur ou sur ce qui
peut la provoquer.

4.2. Discussion de la place du pharmacien d’officine dans la prise en


charge des douleurs chroniques

Cette partie du questionnaire est importante, que ce soit pour le pharmacien en tant
que maillon de la chaine de soin, ou pour la prise en charge du patient afin de l’aider à
améliorer ou à optimiser sa condition.

La première question porte sur la perception qu’ont les patients du pharmacien en


tant que personne adaptée pour être un acteur de leur prise en charge douloureuse. La
figure 32 montre qu’une grande majorité, 78 %, est d’accord avec cette idée. Du point de
vue du patient, le pharmacien est un professionnel qui a sa place dans la prise en charge de
sa douleur. Cela signifie que le pharmacien est considéré comme un acteur œuvrant à
améliorer la situation du patient.
Il reste aussi 22 % des patients interrogés qui estiment que le pharmacien n’est pas
tout à fait adapté voire qu’il n’est pas du tout l’interlocuteur qu’il faut pour la prise en
charge de leur problème. Ces patients pensent sans doute que les solutions apportées
doivent provenir du médecin prescripteur, ou d’une personne qui met les mots sur la
maladie dont ils souffrent et qui propose un traitement. Il vrai que certaines personnes ne
discutent de leur problème qu’avec leur médecin, car ce dernier les connaît, les ausculte et
leur prodigue des conseils. Il n’est donc pas étonnant de retrouver cette proportion dans
notre étude puisque quelques patients jugent que le pharmacien n’aurait pas les armes
nécessaires à l’amélioration de leur condition.
Ce n’est pas une critique qui est faite ici, mais le constat d’une habitude,
compréhensible et acceptable, prise par certaines personnes. En aucun cas il convient d’aller

154
contre ceux qui ont ces pensées, il ne faut pas contredire ou juger une opinion qui peut être
légitime. Il faut cependant proposer une aide supplémentaire en essayant d’argumenter les
pouvoirs que peut avoir le pharmacien pour améliorer la condition du patient et le laisser
seul juge d’établir un choix.
Bien évidemment, cette dimension n’est pas présente avec les personnes dialoguant
avec leur pharmacien et le considérant comme un atout complémentaire aux autres
professionnels de santé.

En découle un aspect important pour la prise en charge du patient : le dialogue. Sans


une relation où le dialogue est bon, la prise en charge du patient se retrouve affectée et le
travail du pharmacien devient moins efficace. Cela peut aller jusqu’à une diminution de
l’intérêt qu’a le patient pour une intervention du pharmacien dans sa prise en charge.
Le résultat obtenu est sans appel, 89 % des patients interrogés ont déjà parlé de leur
douleur chronique à leur pharmacien. Ce chiffre peut paraitre normal étant donné que, lors
d’une délivrance, l’interrogatoire du pharmacien visant à connaître la finalité du traitement
demandé ou prescrit sur l’ordonnance induit obligatoirement un dialogue entre ce dernier et
le patient. L’important est donc déjà d’avoir ce dialogue mais également d’approfondir un
peu la question au cours de cet échange afin de savoir si le traitement fonctionne, depuis
quand il est pris, s’il provoque des effets indésirables et comment le quotidien du patient en
est amélioré. Or c’est cet approfondissement qui n’est pas forcément une évidence, car
certaines personnes peuvent considérer ces demandes comme déplacées ou ne veulent pas
répondre de façon très précise pour garder une vie privée. L’objectif du pharmacien sera
donc d’instaurer une relation de confiance afin de mieux connaître son patient et de pouvoir
agir le mieux possible dans son intérêt, tout en gardant un respect de sa vie personnelle et
une discrétion absolue.

Il est donc intéressant de savoir s’il y a des raisons qui poussent le patient à fermer le
dialogue avec le pharmacien ou qui limitent l’interaction avec ce dernier. Il y a bien des
hésitations ressenties par les patients, car 28 % le déclarent dans notre étude. Donc, même
si la grande majorité parle de ses douleurs chroniques avec le pharmacien (72 %), quelles
sont les justifications apportées par les 28 % qui témoignent ne pas être en condition
optimale pour avoir ce dialogue ?

155
La figure 33 expose les résultats récoltés : le motif qui revient le plus est le fait qu’il y
ait trop de monde à l’officine. En effet, la présence importante d’autres patients au sein de
la pharmacie donne l’impression au patient qu’on peut le regarder, l’écouter. Si à cela
s’ajoute une file d’attente derrière lui, elle peut le pousser à accélérer la délivrance faite par
le pharmacien pour libérer sa place. Le problème du monde présent à la pharmacie n’est pas
un problème rare et isolé. Même si l’officine est grande, elle sera limitée par son nombre de
comptoirs de dispensation et par l’effectif de son équipe. Cela peut donner une impression
de pharmacie « bondée de monde » aux horaires d’affluences et causer le stress d’attendre
ou de faire attendre. En effet, comme tout commerce, l’affluence n’est pas constante au
cours de la journée, il y a des heures de pointes qui correspondent en général à l’ouverture,
aux sorties de travail, aux sorties d’écoles et juste avant la fermeture. Mis à part avoir
l’équipe suffisante pour prendre en charge ces personnes lors de leur venue à ces heures de
pointe, il n’y a pas d’autres choses à faire que de laisser la pharmacie se remplir.
Le manque de confidentialité est la deuxième cause évoquée quant à l’hésitation du
patient à ouvrir le dialogue. Il peut y avoir un lien avec le motif précédent, car la présence de
monde dans l’officine peut forcer les gens à la promiscuité, réduire l’espace de
confidentialité et favoriser l’écoute par-dessus l’épaule. Mais d’autres critères peuvent
réduire la confidentialité au comptoir. Cela peut être dû au pharmacien, à son attitude. Il
peut parler trop fort ou parler un peu trop de sa vie privée et de ses relations, ce qui
enverrait un message négatif au patient, pensant que le professionnel pourrait ne pas tenir
sa langue en dehors de la pharmacie, et s’abandonner à des indiscrétions en dehors du
travail. Cela peut également être dû à l’architecture de l’officine, des comptoirs trop
rapprochés les uns des autres ou des comptoirs jumelés peuvent réduire l’espace entre les
patients qui se voient délivrer leurs médicaments, impactant ainsi fortement l’espace de
confidentialité. Les mesures à prendre pour pallier ce manque peuvent être simples et
facilement réalisables, mais encore faut-il en avoir conscience. C’est un des intérêts de cette
enquête : dire que la confidentialité peut être un problème, car peu de patients vont livrer
spontanément au pharmacien que son officine n’est pas bien agencée ou que la
confidentialité n’y est pas optimale.
Le motif suivant est la pudeur du patient, c’est sans doute le motif le plus difficile à
gérer pour le pharmacien. Être en face d’une personne pudique à propos de son ressenti
douloureux, qui va se refermer, qui peut répondre aux questions de façon détournée ou qui

156
peut mentir sur son ressenti réel pour ne pas faire voir qu’il a mal, est une situation
complexe à débloquer. Même si les douleurs sont importantes et durent dans le temps,
certains patients ne vont pas oser le confier et diront au pharmacien que la situation leur
convient. Le travail du pharmacien n’est pas évident dans ce contexte, mais il ne faut pas
brusquer le patient. Il est nécessaire de procéder par étapes, en prenant le temps et en
laissant le temps au patient, en posant des questions simples qui se préciseront un peu plus
au fils de ses visites.
Les deux derniers motifs évoqués incombent au pharmacien lui-même, il s’agit du
manque de temps et de son manque d’écoute. Concernant ces deux aspects, il faut savoir
que le pharmacien peut être accaparé par une multitude de choses qui découlent de la
pratique de la pharmacie mais aussi, pour les titulaires, de la gestion de leur entreprise. Il
peut avoir plein de choses à faire au cours de sa journée, ou bien la pharmacie peut être
remplie de monde et cela peut expliquer le ressenti des patients envers lui. Cependant,
quelles que soient les préoccupations du pharmacien, c’est un professionnel de santé avant
tout, qui se doit de consacrer du temps à son patient et d’avoir toute l’écoute nécessaire à la
bonne mise en œuvre de son exercice. Ces deux aspects sont pour moi primordiaux, c’est la
base du dialogue. Le temps et l’écoute sont indispensables et indissociables. Si la bonne
réalisation de ces deux critères ne peut être faite à un moment donné (ce qui est
parfaitement probable au vu de tous les événements qui peuvent avoir lieu dans une
officine), le pharmacien a la possibilité d’offrir à son patient de revenir à un moment plus
propice. Il peut aussi lui proposer un rendez-vous à l’écart de la patientèle de l’officine pour
une meilleure écoute, une meilleure discrétion, et afin de prendre le temps nécessaire à
améliorer sa prise en charge.

Dans la grande partie que représente la place du pharmacien dans la prise en charge
des douleurs chroniques, l’aspect que nous allons aborder maintenant concerne les
informations données au patient à propos de sa douleur et de son traitement. Nous allons
faire une évaluation, un état des lieux de ce que met en place le pharmacien pour délivrer un
traitement à un patient. Cela permettra dans un second temps de définir quelles sont les
informations souhaitées par les patients afin de savoir quelles mesures peuvent être mises
en œuvre pour en améliorer la prise en charge.

157
Commençons par discuter des résultats de la figure 34 concernant les informations
données au patient sur sa douleur et son traitement.
Certains items pouvaient ne pas s’appliquer au patient. En effet, les risques
concernant la dépendance ne se retrouvent pas avec l’utilisation de tous les médicaments.
Constater une telle proportion est donc normale. Mais si on regarde les personnes qui sont
susceptibles d’en subir les conséquences au regard de leur traitement (morphinique ou
dérivés) nous pouvons considérer qu’elles ont bien reçu l’information. Les risques
d’interaction avec un autre traitement en cours sont aussi dépendants de l’historique du
patient et d’éventuelles pathologies présentes, certains patients peuvent n’avoir qu’un
traitement pour la douleur. Ce qui est tout à fait logique quand on regarde les âges de nos
patients, certains sont jeunes et ne souffrent donc pas d’autres pathologies qui peuvent être
liées à l’âge et au vieillissement des fonctions systémiques. En revanche, ne pas se fier
uniquement à l’historique et poser des questions sur ces autres prises médicamenteuses
peut être judicieux, car il se peut qu’il prenne d’autres médicaments pour sa douleur ou
pour d’autres maux. Même si cela est temporaire, il est important qu’il ait l’information que
certaines associations sont dangereuses.

L’item sur l’origine de la douleur est particulier. En effet, souvent c’est le médecin qui
la dévoile, l’explique et qui en discute avec le patient. Mais ce sujet n’en est pas moins
intéressant et justifié. Les résultats nous montrent que 3 patients ont discuté de l’origine de
leur douleur avec le pharmacien, peut-être pour avoir des précisions sur les propos de leur
médecin à ce sujet, ou tout simplement parce que l’information ne leur a pas été
communiquée. Il sera important de regarder si les patients sont demandeurs de ce type
d’informations dans la discussion de la figure suivante, car le pharmacien pourrait avoir un
rôle complémentaire à celui du médecin et bénéficier de moyens pour prendre le temps
d’échanger sur ce sujet, temps que peut-être le médecin n’a pas.
Pour ce qui est des modalités de prises, des risques d’effets indésirables et des
risques liés à un surdosage, ces items sont la base de la délivrance au comptoir afin que le
patient soit informé des risques éventuels liés à la prise de médicaments, et qu’il sache
comment bien les prendre pour une utilisation sécurisée et la plus efficace possible. Sur nos
18 patients, seul un n’a pas reçu l’information sur les modalités de prise de son traitement.
Peut-être était-ce une volonté de sa part ? Peut-être le médecin avait-il déjà prodigué ces

158
conseils ? Le pharmacien qui n’a pas renseigné le patient ne l’a pas forcément fait par oubli :
cela était peut-être volontaire, l’information ayant déjà été donnée. Cependant, un bref
rappel ou une réécriture des posologies de la prescription sur le boitage des médicaments
aurait pu être utile et sert toujours à s’assurer que le patient a bien compris.
Pour les risques de surdosage et les risques d’effets indésirables, respectivement 10
et 12 patients se sont vu délivrer l’information. Cela paraît peu et le problème soulevé est le
même que pour les modalités de prises. Nous ne connaissons pas les conditions de
délivrance de ces médicaments ni quelles étaient les informations que le patient connaissait
auparavant, car il n’est pas forcement ignorant du traitement qu’il prend et ceci même
lorsqu’il s’agit de sa première délivrance.
Les deux derniers items à analyser concernent l’automédication et les alternatives
thérapeutiques utilisables par le patient pour soulager sa douleur. Il est difficile de proposer
cela à tous les patients, c’est même impossible et contraire au bon sens. En effet, en
fonction du patient, de son traitement, de ce qu’il souhaite, le recours à l’automédication ou
à d’autres méthodes de traitement n’est pas judicieux et justifié. De fait, l’automédication
peut représenter une solution bien faible en terme d’efficacité par rapport à son traitement.
L’utilisation d’alternatives thérapeutiques peut aussi rentrer dans cette justification ou peut
présenter des contre-indications d’utilisation. C’est pour cela que le nombre de patients
ayant reçu l’information est très faible, mais il n’est pas applicable à tout un chacun. Pour
l’automédication, le nombre de patients ayant obtenu des informations est de 5 et cela peut
se justifier par le fait que certains peuvent l’utiliser ou y avoir recours temporairement. Et si
l’interrogatoire du pharmacien est bien mené, cette information peut être découverte, ainsi
des précisions sur les modalités de prises, les risques éventuels ou les éventuelles
interactions médicamenteuses seront importantes à rappeler.

La dernière chose à considérer dans cette partie concernant la place du pharmacien


dans la prise en charge des patients douloureux chronique va faire le lien avec les
perspectives futures qu’il pourrait mettre en place et que l’on abordera dans la partie
suivante. La figure 35 expose les résultats obtenus concernant les informations ou les
conseils que souhaite recevoir le patient douloureux chronique.
Nous constatons que peu de patients souhaitent un renseignement sur les modalités
de prises de leur traitement. Les pharmaciens ont certainement bien fait leur travail en

159
expliquant ces modalités. Si on croise ce résultat avec celui de la figure 34, on voit que c’est
une information donnée par le pharmacien et de ce fait, les personnes souhaitant avoir des
éclaircissements sur ce thème souhaitent peut-être avoir des compléments d’information
plus poussés que la posologie classique donnée au comptoir.
L’origine de la douleur est également le sujet d’une demande faible de la part des
patients, comme nous le montrait la figure 34, cette information relève plus du dialogue
avec le médecin. Le pharmacien n’a pas à intervenir sur ce sujet-là, mis à part pour apporter
des éclaircissements aux propos du médecin ou pour rassurer le patient sur sa condition.
Cela montre aussi que non seulement le pharmacien n’est pas l’interlocuteur adapté pour ce
sujet, mais que les médecins répondent bien aux attentes des patients sur cette thématique.
Concernant la dépendance à un médicament, 5 patients souhaitent en savoir plus.
Même si cela ne s’applique pas à tous les cas, dans notre enquête, ces 5 patients sont aussi
ceux qui ont déclaré avoir eu des détails à ce sujet. Certains précisent dans leur réponse
qu’ils souhaitent approfondir ce point. Il est possible que ce soit un avis général concernant
les personnes traitées par des molécules pouvant provoquer une dépendance. Prendre le
temps pour discuter avec elles des mécanismes de dépendance, savoir comment l’éviter, la
gérer quand elle est présente ou lorsqu’elle s’installe consiste en une vraie demande. Cette
problématique pourrait même faire l’objet d’un suivi particulier, d’un entretien spécialisé
avec ces patients, car il arrive qu’ils ne puissent pas changer de thérapeutique, même si elle
provoque des dépendances.
Il y a une demande non négligeable d’informations sur les risques liés à un surdosage,
les interactions médicamenteuses et les effets indésirables liés aux médicaments pris. En
effet, au moins la moitié des patients souhaite en connaître d’avantage ou avoir des
renseignements complémentaires sur ces sujets. Ces résultats peuvent révéler un défaut
d’informations données lors de la délivrance au comptoir de la part de leur pharmacien. Ce
manquement peut être dû à plein de facteurs autres que celui de la compétence
professionnelle du pharmacien, mais cela diminue la prise en charge des patients. Comme
nous l’avons vu plus tôt dans cette discussion, l’officine peut avoir une configuration ou une
fréquentation qui n’optimise pas l’échange entre le pharmacien et le patient. Le travail du
professionnel sera donc d’avoir l’attitude adéquate et de trouver une solution simple à
mettre en œuvre pour faciliter cet échange et pour consacrer un temps suffisant au patient.

160
De plus, les deux derniers items concernant l’automédication et les alternatives
thérapeutiques représentent une forte demande de la part des patients. En effet, ils
souhaitent en connaître d’avantage sur les moyens disponibles pour soulager leur douleur et
améliorer leur quotidien. Pour leur délivrer ces informations et expliquer convenablement
toutes les opportunités qui leur sont possibles, un dialogue au comptoir semble insuffisant.

C’est pour toutes ces raisons que l’amélioration de la prise en charge du patient
douloureux chronique à l’officine est indispensable et doit évoluer. Plusieurs choses peuvent
être mises en place, mais il en existe une qui est déjà pratiquée pour d’autres pathologies
comme l’asthme, je parle bien sûr des entretiens pharmaceutiques.

5. Perspectives officinales pour la prise en charge du patient douloureux


chronique
5.1. Résultats obtenus

L’avant-dernière question porte sur la réalisation d’un entretien pharmaceutique


autour de la douleur chronique et de la prise en charge thérapeutique. Les patients seraient-
ils d’accord pour prendre le temps de parler de leur douleur à leur pharmacien durant un
entretien confidentiel afin d’améliorer leur prise en charge et de répondre à leurs
questions ? Les réponses obtenues sont synthétisées dans le tableau VII qui suit :

Tableau VII : Réalisation d’un entretien pharmaceutique sur les douleurs chroniques à
l’officine

N=18

Oui Non Peut-être

10 4 4

La dernière question de cette enquête porte sur la réalisation d’une brève évaluation
de l’intensité douloureuse lors de la délivrance d’une thérapeutique antalgique sur le
principe d’une échelle type EVA.

161
Il se trouve que les avis sont partagés entre le fait d’être d’accord ou non quant à la
réalisation de cette évaluation. En effet, à la question : « Seriez-vous favorable à une
évaluation rapide de votre douleur à l’officine lors de la délivrance d’antalgique ? », les
réponses obtenues sont à 50% « Oui », soit 9 patients, et à 50% « Non », soit 9 patients.

Afin de justifier les réponses données au deux dernières questions, il leur a été
demandé les raisons de leurs choix. Les commentaires obtenus sont synthétisés tels quels
dans le tableau VIII ci-dessous.

Tableau VIII : Commentaires justifiants les réponses des patients autour de leur prise en
charge douloureuse

Retranscription des réponses faites par les patients concernant les questions de l’entretien
pharmaceutique et de l’évaluation de la douleur à l’officine lors d’une délivrance
d’antalgique.

Personnes ayant répondus OUI Personnes ayant répondus NON

Toutes choses que je peux apprendre sur ma maladie ou peut


Manque de confidentialité, meilleurs conditions chez le médecin
soulager ma douleur est bon à prendre

Cela permettrait une adaptabilité du traitement car les


médecins vont vite et n'ont pas le temps. De plus, cela ferait un C'est le travail du médecin
2e contrôle avant délivrance

Cela permettrait un 2e avis sur la prescription des médicaments


ainsi qu'une 2e évaluation, cela ne pourrait-être que bénéfique Mon médecin traitant le fait très bien, en tout cas pour mon cas
pour le patient

Complétement favorable aux deux mesures mais dans un Je contrôle et je connais bien mon traitement car il a était bien
contexte d'automédication expliqué au départ. Je contrôle mon automédicaiton facilement

Amélioration du choix des traitements dispensés, les adapter si


besoin, surtout entre deux rendez-vous médicaux car les
médecins sont rares et débordés

Surtout afin de connaitre les alternatives thérapeutiques afin de


soulager ma douleur

Pour connaitre les autres moyens de se traiter pour améliorer


ma prise en charge douloureuse

Cela permettrait de me rassurer

162
5.2. Discussion des perspectives d’évolution

Il est clair qu’il y a des évolutions à apporter concernant la prise en charge des
patients douloureux chroniques.
Pour cela il leur a été demandé dans un premier temps s’ils seraient favorables à
l’instauration d’un entretien pharmaceutique autour de ce sujet. Le tableau VII montre que
10 de nos 18 patients de l’enquête y sont favorables, que 4 patients ne sont pas fermés à
cette idée sans toutefois être complètement d’accord, et que 4 autres n’y sont pas
favorables. Si l’on se place du côté des personnes qui sont demandeuses de ce genre
d’action de la part de leur pharmacien, cela représente plus de 55 % des malades. Je pense
que cette proportion obtenue mériterait que les décideurs, pharmaciens, politiques et
autres personnes ayant le pouvoir d’instaurer ce type de mesure, se penchent sérieusement
sur la question.
Ce type d’entretien permettrait, comme c’est le cas pour les autres pathologies pour
lesquelles il a été instauré, de prendre le temps avec le patient de parler de sa maladie, de
savoir si le traitement convient, s’il n’est pas trop contraignant et de discuter sereinement
autour de ses douleurs. Cela en collaborant avec les autres professionnels de santé afin
d’œuvrer au sein d’une prise en charge pluridisciplinaire de ce type de pathologies longues
que sont les douleurs chroniques.

Dans un second temps, une dernière question a été posée aux patients de l’enquête :
seraient-ils pour la mise en place d’une évaluation rapide de l’intensité douloureuse lors
d’une demande d’antalgique au comptoir d’une officine ? Les réponses sont très, pour ne
pas dire parfaitement, partagées. La moitié pense que c’est une bonne mesure, l’autre
moitié pense que non.
L’intention de cette question n’était pas de faire dire aux patients : « Oui, réévaluez
votre douleur pour sécuriser la délivrance ». Non, l’objectif était de faire ressortir les
justifications qu’ils m’ont apportées, car les patients venant avec une prescription médicale
sont suivis, et le travail à ce niveau est très bien réalisé par les autres professionnels de
santé. Cependant, il se pose la question des patients non suivis, que ce soit volontaire de la
part du patient, par manque d’une présence médicale à proximité, ou encore par manque de
temps. Ce que je voulais mettre à jour ici, c’est la complémentarité qu’une officine peut

163
apporter dans la détection d’un patient douloureux et dans la qualification et la
quantification de sa douleur, qu’elle soit chronique ou non, afin de réduire le nombre de
patients non suivis et d’améliorer la prise en charge de tous.
Je précise ces derniers propos. Le maillage territorial imposé aux officines ainsi que le
nombre de pharmaciens et leurs disponibilités font que nous sommes souvent les premiers
interlocuteurs lors de la survenue d’un problème. Bien plus qu’un établissement de santé,
nous sommes un lieu de vie, où les gens passent, discutent, demandent conseil, parlent de
leurs problèmes. Le fait d’instaurer un entretien pharmaceutique ou un contrôle rapide de
l’intensité de leur douleur permettrait d’éviter l’apparition de la chronicité des douleurs, car
toute personne peut surmonter une forte douleur pendant quelques jours ou quelques
semaines, mais il est beaucoup plus difficile de supporter une douleur modérée voire légère
pendant des années, comme c’est le cas pour beaucoup en France.

Dans le tableau VIII, les patients s’expliquent sur leurs réponses et nous remarquons
que les personnes ayant répondu négativement aux mesures proposées préfèrent la relation
qu’ils ont avec leur médecin ou bien que le cabinet médical est un lieu plus adapté. Et ils ont
entièrement raison, il n’est pas question de prendre la place du médecin, il faut juste venir
en complément de son travail pour les patients qui souhaitent faire cette démarche et qui
ont envie de faire rentrer le pharmacien dans cette boucle de prise en charge de leur
maladie.
Il y a une demande présente des patients douloureux chroniques, réelle et
importante. Ceux qui souffrent de cette maladie sont des oubliés. Certes, ils ne sont pas
oubliés des chercheurs qui luttent pour trouver de nouvelles thérapeutiques, des médecins
travaillant en structures ou en ville ni des infirmiers qui sont à leur chevet ou des différentes
associations qui existent et qui les soutiennent. Mais il faut reconnaître que rien n’avance,
que le pharmacien est démuni, qu’il a peu de leviers d’action et que les hautes autorités de
santé en tous genres semblent attendre avant d’agir. Attendre quoi ? Je me le demande.
Elles peuvent fournir des moyens aux pharmaciens pour lutter contre ça, et ceci sans que le
coût par rapport aux bénéfices ne soit défavorable pour l’économie plus que tendue de la
santé.

164
6. Conclusion de l’enquête menée en officines

Nous avons vu que le nombre de questionnaires récoltés n’atteignait pas mes


attentes, en revanche la qualité des réponses m’a permis de faire une analyse plus complète
et plus poussée que ce que j’espérais au départ.

Une multitude d’aspects ont été mis en évidence, que ce soit le profil type du patient
douloureux chronique, l’efficacité des traitements prescrits ou encore les moyens mis en
œuvre par les patients pour tenter de soulager leurs douleurs. De tous ces aspects, chacun
prendra les informations qui lui semblent importantes ou intéressantes à approfondir. Cette
enquête a été très générale et essaie de synthétiser le sujet très complexe de la prise en
charge du patient présentant des douleurs chroniques.
Le constat a été fait que les traitements avaient une efficacité limitée, contestable
dans certains cas au regard de leurs effets secondaires indésirables, que les prescripteurs se
retrouvent souvent dans des impasses thérapeutiques au vu des médicaments disponibles
actuellement, et que les patients ont recours à des alternatives thérapeutiques qui
présentent un effet bénéfique, mais parfois trop modéré. De plus, ces traitements ne
traitent que des symptômes et les maladies à l’origine de ces maux ne sont pour l’instant pas
soignables voire pour certains cas trop difficiles à soigner sans que le rapport
bénéfique/risque soit favorable au patient.

En m’écartant un peu de la discussion pure et dure de mon questionnaire, dont le but


de la dernière partie était d’amener une proposition de mise en place de mesures simples,
réalisables permettant d’améliorer la condition de santé de patients douloureux chroniques,
je voulais faire passer un message.
En effet, la finalité de ce travail n’est pas uniquement de rapporter ce que nous
savons déjà ou ce que nous avons découvert par le biais d’un questionnaire donné à
quelques patients. Il y a un intérêt que toute personne devrait avoir en présentant son
diplôme de docteur en pharmacie : la volonté de faire bouger les choses, de faire évoluer
son futur métier. Si en plus d’avoir apporté quelques notions sur les douleurs chroniques et
leurs traitements, je suis parvenu à faire comprendre qu’il fallait agir pour améliorer la prise
en charge de ces patients, j’aurais atteint l’objectif que devrait avoir une telle tribune.

165
CONCLUSION

Nous avons vu que la douleur possède plusieurs définitions et qu’elle est très
complexe car elle fait appel à différentes composantes qui peuvent représenter une
perception différente et particulière propre à chaque individu. Si l’on rajoute à cela sa
chronicité, elle devient pathologie difficile à traiter qui s’appuie sur des traitements
spécifiques en fonction du type de douleur. Il existe suffisamment de molécule bien connu
scientifiquement pour qu’un patient soit correctement pris en charge pour sa pathologie
douloureuse. Cependant certaines présentes des effets indésirables importants, leur
efficacité peut ne pas être suffisante ou leur durée d’action trop faible. Pour toutes ces
raisons nous avons vus les alternatives thérapeutiques existantes destinées à complémenter
ou supplémenter ces traitements. Elles sont une bonne solution de support à une
thérapeutique de fond à condition de bien les utiliser selon la pathologie douloureuse et le
patient douloureux.
L’interrogation des patients sur ce sujet par le biais de l’enquête menée en officine a
permis de se rendre compte que les traitements proposés ne sont que symptomatiques et
que bien souvent l’origine de leur douleur n’est pas traitée. Nous remarquons aussi que les
traitements prescrit par les médecins et que les alternatives thérapeutiques réalisées ont
une efficacité similaire, et ces dernières provoquent moins d’effets indésirables. De ce fait,
nous comprenons l’engouement actuel pour ces méthodes afin d’améliorer la prise en
charge des douleurs.
Le pharmacien a une place importante au sein du système de soin pour permettre
une bonne prise en charge des patients. Ils le considèrent comme un professionnel de santé
à qui on peut se confier, qui est de bon conseil et qui peut permettre d’améliorer son
quotidien par son travail et ses compétences. Cela apporte une perspective à son travail
pour optimiser la prise en charge des patients, c’est l’évaluation de la douleur dans certains
contextes et la réalisation d’entretient pharmaceutique qui sont des mesures bien accueillie
par les patients qui restent très demandeurs d’une évolution dans la façon de prendre en
charge leur problème.

Le Doyen de l’UFR de Pharmacie, Le Président du Jury,

Christiane FORESTIER Marie-Pierre SAUVANT-ROCHAT

166
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172
Annexe

173
Annexe I : Questionnaire de l’enquête menée en officine auprès des patients

Enquête officinale sur la douleur chronique


Dans le cadre d’une thèse d’exercice de Pharmacie, nous réalisons une enquête ayant pour objectifs
de caractériser votre douleur chronique, d’évaluer l’efficacité des thérapeutiques et de connaitre la
place de votre pharmacien dans sa prise en charge. Ce questionnaire est anonyme.

1. Informations générales

Age : ……… Civilité : M F

Profession (si retraité, inscrivez votre profession antérieure) : …………………………………………………………

2. Caractérisation de votre douleur

• Depuis combien de temps souffrez-vous ? ……………………………………………

• Quelle est la raison ou la pathologie expliquant cette douleur (si connue) :


………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………………

3. Ressenti général de votre douleur avant la prise d’un traitement

• Aujourd’hui, quelle est l’intensité de votre douleur ?

Aucune Légère Modérée Sévère Insupportable

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
0 0 0 0 0 5 0 0 0

• Votre douleur a-t-elle un impact sur votre vie quotidienne : Oui Non

• Si oui, sur quel(s) point(s) ? Cochez la ou les activité(s) impactée(s) par votre douleur.

Mon sommeil Mon appétit Mes activités de loisirs

Mon activité quotidienne (ménage, jardinage, voiture/transport, ses courses…)

Mes relations (amicale, familiale ou autre) Mon travail

Autres : ………………………………………………………………………………………………………………………………………………

174
• Quelle est l’importance que vous accordez au soulagement de votre douleur ?
Importance prioritaire,
Aucune c’est indispensable
importance pour vous

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
0 0 0 0 0 5 0 0 0

4. Traitement médicamenteux de votre douleur

• Listez les médicaments que vous prenez dans le tableau suivant. Veuillez, si possible, inscrire un
nom et un dosage pour chaque médicament.

Les traitements que vous prenez SUR Les traitements pris en AUTOMEDICATION (vente
PRESCRIPTION de votre médecin libre en pharmacie, réserve familiale)

…………………………………………………………………… ……………………………………………………………………

…………………………………………………………………… ……………………………………………………………………

…………………………………………………………………… ……………………………………………………………………

…………………………………………………………………… ……………………………………………………………………

…………………………………………………………………… ……………………………………………………………………

…………………………………………………………………… ……………………………………………………………………

• Cochez les affirmations concernant votre traitement :

Le bon traitement n’est pas encore trouvé (mon médecin me change régulièrement mes
médicaments ou les doses d’un même médicament)

J’ai un traitement adapté

175
• Estimez à quel point votre traitement prescrit par votre médecin soulage votre douleur.

Aucun soulagement, Mon traitement Soulagement total, je


j’ai toujours autant diminue ma douleur ne ressens plus
mal de moitié aucune douleur

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
0 0 0

• Présentez-vous des effets indésirables ?

A chaque prise De temps en temps Rarement Jamais

• Précisez le(s) type(s) d’effet(s) indésirable(s) rencontré(s) :


………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………………

• Le manque de soulagement de votre douleur vous amène-t-il à augmenter le nombre de prise de


votre traitement sans consulter votre médecin ?

Oui, tout le temps Oui, à l’occasion Non, jamais

Si vous prenez des médicaments en automédication, répondez aux questions suivantes.

• Les médicaments pris en automédication sont-ils utiles pour améliorer le soulagement de votre
douleur ?

Pas utile Moyennement utile Plutôt utile Très utile Indispensables

• Ces médicaments vous semblent-ils efficaces ?

Pas efficace Moyennement efficace Plutôt efficace Très efficace

• Quelle est la fréquence de prise de ces médicaments ? (Nombre de comprimés par prise, quantité
dans une journée, depuis combien de temps)

……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………

176
5. Traitement de votre douleur par d’autres méthodes

• Quelle(s) autre(s) méthode(s) utilisez-vous pour soulager votre douleur ?

Aucunes autres méthodes utilisées Kinésithérapie Hypnose

Phytothérapie Homéopathie Activité physique

Autres : ………………………………………………………………………………………………………………………………………………

• Estimez à quel point cette méthode vous aide à soulager votre douleur.

Aucun soulagement, Mon traitement Soulagement total, je ne


j’ai toujours autant diminue ma douleur ressens plus aucune
mal de moitié douleur

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
0 0 0 0 0 5 0 0 0

• Présentez-vous des effets indésirables suite à son utilisation ?

A chaque fois De temps en temps Rarement Jamais

• Préciser le type d’effet(s) indésirable(s) rencontré(s) :


………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………

6. Place du pharmacien dans votre prise en charge douloureuse

• Etes-vous d’accord avec l’affirmation suivante : « Le pharmacien semble être un interlocuteur


adapté pour aider à la prise en charge d’un état douloureux » ?

Tout à fait d’accord Plutôt d’accord Plutôt pas d’accord Pas d’accord

• Avez-vous déjà parlé de vos douleurs à votre pharmacien ? Oui Non

• Hésitez-vous à parler de votre douleur à votre pharmacien ? Oui Non

177
Si oui, pour quelle(s) raison(s) :

Manque de confiance Trop de monde à la pharmacie

Votre manque de temps Pas de confidentialité au comptoir

Manque de temps du pharmacien Manque d’écoute du pharmacien

Par pudeur (ne veut pas exposer sa vie/pas de plainte)

Autre : …………………………………………………………………………………………………………………………………………………

• Pour chaque thème abordé dans ce tableau, entourez votre réponse pour les informations données
par le pharmacien et pour les informations que vous aimeriez connaitre.

Mon pharmacien m’a déjà donné J’aimerais plus d’informations/de


des informations/conseils sur : conseils sur :

L'origine de votre douleur ou


Oui Non Oui Non
ce qui la provoque

Modalités de prise de vos


médicaments (nombre de
Oui Non Oui Non
prise, horaire, conditions
particulières)

Risque d'effets indésirables


Oui Non Oui Non
lié(s) au(x) médicament(s) pris

Risque d'interaction avec


d'autres médicaments que Oui Non Oui Non
vous prenez

Risque lié à un surdosage du ou


Oui Non Oui Non
des médicaments pris

Risque concernant la
dépendance à un médicament
Oui Non Oui Non
(tous n'ont pas ce risque, cela
dépend du médicament)

Les autres méthodes non


médicamenteuses pouvant Oui Non Oui Non
vous soulager

Automédication (quand y avoir


recours, l'intérêt, modalités de Oui Non Oui Non
prises, effets indésirables, etc)

178
• Seriez-vous intéressé par un entretien regroupant les thèmes vus ci-dessus avec votre pharmacien
pour améliorer la prise en charge de votre douleur ?

Oui Non Peut-être

• Seriez-vous favorable à une évaluation rapide de votre douleur à l’officine lors de la délivrance
d’antalgique ?

Oui Non

Pour quelles raisons ?


……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………

Vous avez terminé le questionnaire concernant votre douleur chronique et sa prise en charge, nous
vous remercions d’avoir pris le temps d’y répondre.

179
Résumé :

Cette thèse établie un état de lieux de la physiopathologie et des traitements


concernant la douleur chronique. Beaucoup de personne souffre de douleur, nous verrons
ce qui caractérise une symptomatologie douloureuse, quelles en sont les origines et
pourquoi chaque individu peut en avoir une perception différente. Il sera fait un détail des
traitements médicamenteux qui peuvent être prescrit pour chaque type de douleur. Les
spécificités, effets secondaires et autres particularités liés à un traitement seront préciser
afin de connaitre les modalités et les limites d’utilisation d’une thérapeutique. Une partie de
ce travail se concentrera aussi sur les alternatives thérapeutiques médicamenteuses. Ici, les
modalités d’utilisation et les précautions d’emplois seront très importantes car beaucoup de
ces thérapeutiques peuvent être disponible sans ordonnance. En amont de la rédaction de
cette thèse, un questionnaire fut élaboré afin de pouvoir menée une enquête à l’officine
auprès des patients douloureux chroniques qui venaient chercher une thérapeutique
prescrite ou en libre accès à l’officine. Leurs impressions, leurs ressentis douloureux seront
demandés ainsi que l’impact de la douleur sur leur quotidien. L’enquête comprend une
partie qui cherche à évaluer l’efficacité et l’innocuité des traitements pris qu’ils soient
prescrits par leur médecin ou non, qu’il fasse appel aux thérapeutiques classiques,
conventionnelles ou alternatives. Le travail du pharmacien sera aussi évalué ainsi que sa
place dans la prise en charge des douleurs chronique. Les réponses des patients seront
retranscrites, analysées et discutées et il en ressortira une conclusion amenant a des
perspectives d’avenir pour le patient douloureux chronique qui peuvent être mise en place
par le pharmacien d’officine.

Mots-clés :
- Douleur chronique - Médecines alternatives
- Prise en charge officinale - Automédication
- Physiopathologie douloureuse - Enquête officinale chez les patients
- Thérapeutiques antalgiques douloureux chroniques

180

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