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Année : 2021
THÈSE D'EXERCICE
pour le
DIPLÔME D’ÉTAT DE DOCTEUR EN PHARMACIE
Jury
Année : 2021
THÈSE D'EXERCICE
pour le
DIPLÔME D’ÉTAT DE DOCTEUR EN PHARMACIE
Jury
1
REMERCIEMENTS
Tout d’abord je tiens à remercier toutes les personnes qui m’ont permis de mener ce
travail à bien et en particulier le Dr Christophe Mallet, pour son temps, son expertise et sa
pertinence en tant que directeur de thèse. Il a su me donner les bons conseils et m’aiguiller
sur les bonnes pistes pour que je donne le meilleur dans ce travail.
Un remerciement général à tous les pharmaciens qui m’ont offert un emploi, qui ont
eu confiance en mois et qui m’ont fait progresser dans mon métier de pharmacien. Pour
ceux qui n’ont pas été cité précédemment, merci au Dr Fabrice Legrand, au Dr Mélanie
Gaudon et au Dr Bruno Bordas.
A tous mes copains qui m’ont soutenu, qui ont toujours était là pour moi et qui
attendent depuis un certain temps la fin de ce travail pour pouvoir le fêter, merci à Dylan,
Boboy, Valou, Piec, Mickey, Marine et j’espère n’oublier personne !
2
Une pensée à tous mes collègues de ma promo avec qui j’ai passé 5 super années
avec une mention spéciale pour Julien, Audrey, Ophélie, Wendy et Océane.
Je vais terminer en ayant pris soin de garder le meilleur pour la fin. Un énorme merci
à toute ma famille qui m’a soutenu, qui m’a poussé à donner le meilleur de moi-même pour
atteindre mon objectif symbolisé par la soutenance de cette thèse.
Merci à ma grand-mère Kinou surtout pour m’avoir aidé à passer le cap de la PACES
qui fut une épreuve mentale et physique.
Merci à Jean, à Philippe pour leurs conseils et leur soutien depuis toutes ces années.
J’ai une grosse pensée pour mon papa et ma maman qui n’auront sans doute pas la
chance de pouvoir venir me voir lors de ma soutenance mais qui ont toujours su me
réconforter quand il le fallait, me pousser et me remotiver dans les situations les plus
difficiles. Ils ont toujours crus en mois, m’ont toujours dit de faire ce que je pensais être le
mieux pour mon avenir. Je suis fière de leur dire aujourd’hui que j’ai atteint mon objectif
universitaire et bientôt mon objectif professionnel en partie grâce à leur confiance
indéfectible.
Enfin je termine par citer un être d’une taille extrêmement petite possédant un
caractère particulier qui lui est propre. Certains penserait tout de suite à un Hobbit mais
non ! Bien qu’on en soit pas très loin, je parle de mon petit Bébou qui est né le 15/02/2020
et qui s’appelle Maleaume. Mon petit homme haut comme trois pommes et demie m’a
apporté, m’apporte et m’apportera un bonheur indéfinissable.
3
Je dédie cette thèse à mon fils Maleaume
4
SOMMAIRE
INTRODUCTION............................................................................................................... p. 15
5
1.4.1. 6. Le cassis.................................................................. p. 40
1.4.1. 7. L’encens.................................................................. p. 41
1.4.1. 8. Les autres plantes.................................................... p. 42
1.4.2 L’aromathérapie.................................................................... p. 44
1.4.2. 1. La Gaulthérie couchée............................................ p. 45
1.4.2. 2. L’Eucalyptus citronné............................................. p. 45
1.4.2. 3. Le Romarin à camphre........................................... p. 46
1.4.2. 4. Le Laurier noble..................................................... p. 46
1.4.2. 5. Le Gingembre......................................................... p. 47
1.4.2. 6. Le Lemon grass...................................................... p. 47
1.4.2. 7. L’Encens................................................................. p. 48
1.4.2. 8. Les autres huiles essentielles ................................. p. 49
1.4.3 . L’homéopathie ................................................................... p. 50
1.4.3. 1. La sphère inflammatoire ........................................ p. 53
1.4.3. 2. La sphère musculo-squelettique............................. p. 54
1.4.3. 3. La sphère nerveuse ................................................ p. 56
1.4.3. 4. Focus sur Arnica montana...................................... p. 57
1.4.4 . La kinésithérapie................................................................ p. 58
2. Traitements des douleurs neuropathiques.................................................. p. 62
2.1 Les antidépresseurs.............................................................................. p. 62
2.2 Les antiépileptiques.............................................................................. p. 64
2.3 Les autres traitements et alternatives thérapeutiques........................... p. 66
2.3.1 La Neuromodulation............................................................. p. 66
2.3.1. 1. Neurostimulation médullaire ................................. p. 67
2.3.1. 2. Stimulation électrique transcutanée........................ p. 67
2.3.1. 3. Stimulation magnétique transcrânienne RTMS...... p. 68
2.3.2 Autres alternatives................................................................ p. 69
6
2.1 Généralités et principe de base............................................................. p. 74
2.2 État des lieux et efficacité de l’hypnose............................................... p. 74
2.3 Principe de suggestibilité et autohypnose............................................. p. 75
2.4 Le traitement des douleurs.................................................................... p. 76
3. La Gemmothérapie...................................................................................... p. 77
3.1 Généralités et efficacité........................................................................ p. 77
3.2 Méthode d’obtention............................................................................ p. 78
3.3 Son utilisation....................................................................................... p. 79
3.4 Exemples de bourgeons antalgiques..................................................... p. 79
4. La crénothérapie......................................................................................... p. 80
4.1 Généralités............................................................................................ p. 80
4.2 Efficacité............................................................................................... p. 80
4.3 Soins réalisés........................................................................................ p. 81
4.4 Mécanismes d’action............................................................................ p. 82
4.5 Indications et précautions d’emploi...................................................... p. 83
5. La mésothérapie.......................................................................................... p. 84
5.1 Généralités et définition....................................................................... p. 84
5.2 Ses indications et son utilisation........................................................... p. 85
5.2.1 Les indications...................................................................... p. 85
5.2.2 Son utilisation pratique........................................................ p. 85
5.2.2. 1. Type d’injection...................................................... p. 85
5.2.2. 2. Les aiguilles............................................................ p. 86
5.2.2. 3. Les produits injectés............................................... p. 86
5.2.2. 4. Les zones d’injection.............................................. p. 86
5.3 Son inclusion à la crénothérapie : la Carbothérapie............................. p. 87
5.4 Effets indésirables et précautions d’emploi.......................................... p. 88
7
4. Réalisation de l’enquête.............................................................................. p. 92
5. Méthodes d’analyses des résultats.............................................................. p. 93
6. Conception du questionnaire...................................................................... p. 93
8
2.4 Discussion sur le traitement médicamenteux
des douleurs chroniques..................................................................... p. 124
2.4.1. Les traitements sur prescription médicale...................... p. 124
2.4.2. Les traitements en automédication.................................. p. 132
2.4.3. Fréquence et types d’effets indésirables rencontrés........ p. 135
3. Le traitement des douleurs chroniques par d’autres méthodes................ p. 137
3.1 Les alternatives thérapeutiques utilisées............................................ p. 137
3.2 L’efficacité des alternatives thérapeutiques sur le
traitement de la douleur...................................................................... p. 138
3.3 Les effets indésirables rencontrés....................................................... p. 141
3.4 Discussion sur le traitement des douleurs chroniques
par d’autres méthodes......................................................................... p. 143
3.4.1. Les alternatives thérapeutiques utilisées......................... p. 144
3.4.2. L’efficacité des alternatives thérapeutiques
sur le traitement de la douleur........................................ p. 146
3.4.3. Les effets indésirables rencontrés.................................... p. 147
4. Place du pharmacien d’officine dans la prise en charge
des douleurs chroniques............................................................................ p. 149
4.1 Résultats obtenus.............................................................................. p. 149
4.2 Discussion de la place du pharmacien d’officine
dans la prise en charge des douleurs chroniques.............................. p. 154
5. Perspectives officinales pour la prise en charge du patient
douloureux chronique............................................................................... p. 161
5.1 Résultats obtenus............................................................................. p. 161
5.2 Discussion des perspectives d’évolution......................................... p. 163
6. Conclusion de l’enquête menée en officines............................................. p. 165
CONCLUSION.................................................................................................................. p. 166
Bibliographie.................................................................................................................... p. 167
Annexe.............................................................................................................................. p. 173
9
Liste des tableaux
Tableau V : Lien entre effets les effets indésirables et le traitement pris....................... p. 124
10
Liste des Figures
Figure 10 : Histogramme des intensités douloureuses ressenties par les patients.......... p. 100
Figure 14 : Spécialités utilisées et patients traités classés par palier d’antalgie............... p. 111
11
Figure 17 : Augmentation de posologie de leur traitement ............................................ P. 114
Figure 26 : Fréquence d’apparition des effets indésirables par palier d’antalgie............. p. 123
12
Figure 33 : Freins au dialogue entre le patient et le pharmacien concernant
sa douleur chronique...................................................................................... p. 151
13
Liste des abréviations
14
INTRODUCTION
C’est un vaste sujet que celui de la douleur chronique, de par ses origines qui
peuvent être très variées, de la complexité de sa prise en charge et de la façon de venir les
traiter. Ce sujet très large va être étudié dans cette thèse en deux parties afin de synthétiser
les données que nous connaissons sur son traitement médicamenteux et sur les alternatives
thérapeutiques existantes, ainsi que de recueillir le point de vue des patients.
15
Partie 1 : La douleur chronique
16
I. Epidémiologie
17
Tableau I : Synthèse des résultats de l’étude STOPNEP
Cette étude (tableau I) reste basée sur une approche subjective de la part des sujets
via les réponses obtenues au questionnaire proposé, de plus elle remonte à 2004, mais les
autres études que nous trouvons ne sont guère plus récentes et leurs résultats sont très
variables, en effet, des études donnent une prévalence de la douleur chronique comprise
entre 10,1 et 55,2% en terme de population générale3.
L’OFMA fait en 2018 une actualisation de l’étude STOPNEP qui permet de préciser la
prévalence générale de la douleur chronique dans la population française4. Pour ce faire, elle
se fonde sur différentes bases de données (hospitalisations, prescriptions, interrogation des
CETD, etc).
18
En définitive, ce sont 700 000 sujets qui sont inclus dans cette mise à jour. Ils ont pu
en déduire un intervalle de prévalence de la douleur chronique chez les adultes qui serait
compris entre 27,2% et 32,7%, ils se sont aussi posé la question de la douleur neuropathique
et ils ont montré qu’elle aurait une prévalence de 5,6% à 7,3% de la population générale. Les
caractéristiques socio-professionnelles sont aussi extraites, il est à noter que l’âge médian
d’un sujet douloureux chronique est de 67 ans et qu’il s’agit en majorité de femmes.
Pour terminer sur l’épidémiologie en France, voici quelques notions données par
l’ARS9 afin d’illustrer cette partie, je cite :
- « 5,7 ans, durée moyenne de la douleur des patients douloureux chronique.
- Une personne atteinte de douleurs chroniques réalise en moyenne 14
consultations médicales.
- 45% des patients douloureux sont concernés par des arrêts de travail dont la
durée moyenne cumulée est de 4 mois/an.
- Les patients souffrant de douleurs chroniques sévères sont plus fréquemment
hospitalisés.
- La prévalence augmente avec l’âge, touchant 50% des personnes âgées vivant à
domicile, 49% à 83% de celles vivant en institution et 80% des personnes âgées en
fin de vie.
- La douleur cancéreuse est devenue une maladie chez 50% des patients. »
19
C’est pour cela que la douleur chronique est devenue une priorité de santé publique
depuis 2004 avec de nombreux plans et différentes actions mis en œuvre afin d‘améliorer la
prise en charge des patients.
II. Physiopathologie
1. Définitions et généralités
Tout d’abord, la nociception est le phénomène qui permet de détecter une sensation
qui va être transmise pour qu’une réponse adaptée soit choisie. La nociception est la
capacité à percevoir, via des récepteurs appelés nocicepteurs, un stimulus externe ou
interne qui pourrait être une cause de perte d’intégrité de l’organisme, donc un stimulus
douloureux. Le stimulus capté par les nocicepteurs va être transmis, via des fibres
nociceptives, au cerveau où le message sera traduit, puis en fonction de la situation et du
message, une réponse adaptée sera apportée, par exemple un mouvement.
à La composante temporelle10 :
20
Pour une douleur considérée comme étant aiguë, elle sera de courte durée (de
quelques minutes à quelques semaines), dans la majorité des cas, unifactorielle et
d’évolution généralement favorable avec ou sans acte thérapeutique. La douleur aiguë est
comme un signal d’alarme, une alerte qui permet de préserver l’intégrité de l’organisme. Il
est important de préciser que ce type de douleur est soulagé par la thérapeutique et qu’à
terme elle disparaitra, ce qui n’est pas le cas avec la douleur chronique.
Concernant la douleur dite chronique, elle sera définie par une durée longue, c’est-à-
dire supérieure à 3 mois, elle est permanente et non soulagée par la thérapeutique. La cause
peut être mal connue ou difficile à traiter, parfois même elle persiste alors que la cause n’est
plus présente. C’est un type de douleur qui est multifactoriel et qui comporte des facteurs
d’entretien variés : psychologiques, sociaux, culturels. Elle entraine des conséquences sur le
moral, le physique, sur l’interaction social et le comportement d’une personne en plus de la
cause primaire de cette douleur qui peut toujours être présente et parfois, pas encore
identifiée. Tout ceci fait que c’est une douleur qui est très difficile à prendre en charge, à
maitriser et à guérir.
21
Composante sensitivo-discriminative : c’est la qualification de la douleur, c’est-à-dire
son intensité, sa durée, son rythme, son type, sa localisation.
2. Mécanismes d’action
2.1 Douleurs par excès de nociception
Selon la SFETD, cela correspond à une atteinte tissulaire locale, mécanique avec ou
sans inflammation. Ce sont des douleurs causées par un excès de stimulation des
nocicepteurs périphériques. Ce type de mécanisme est le plus courant et peut se trouver
dans des cas de traumatisme, en post-opératoire ou dans n’importe quelle pathologie. Cet
22
excès de stimulation peut être dû à une cause externe comme un coup, une brûlure, une
piqûre ou à une cause interne comme de l’arthrose, une inflammation à la suite d’une
infection ou des douleurs digestives. Dans ces deux cas, elle peut être accompagnée d’une
inflammation qui est une hypersensibilisation des nocicepteurs due à la libération locale de
substances algogènes (substance P, cytokines, histamine, prostaglandines, bradykinine, etc).
Cette douleur provoquée par une stimulation mécanique, thermique, chimique ou
inflammatoire provient uniquement d’une lésion tissulaire sans atteinte du système
nerveux. En effet, dans ce contexte-là, il sera sain et parfaitement fonctionnel contrairement
aux douleurs de types neuropathiques, et ceci est vérifiable par le fait qu’il n’y a pas de zone
hypoesthésique (avec une perte locale et ciblée de sensibilité) au niveau de la région
douloureuse.
23
Les manifestations cliniques regroupent différents types de douleurs perçues par le
patient ; les douleurs spontanées, provoquées et les paresthésies.
Les douleurs spontanées vont être décrites selon plusieurs termes possibles :
brûlures, froid douloureux, sensation de compression dans un étau, crampes mais aussi
décharge électrique et flash douloureux. Dans ce contexte-là, le patient ressentira une
douleur continue même en l’absence de stimulation douloureuse.
Les douleurs provoquées sont séparées en deux termes : l’allodynie et l’hyperalgésie.
Concernant l’allodynie, c’est une douleur provoquée par un stimulus qui est non douloureux,
par exemple le contact de la peau avec un vêtement ou le simple fait de poser une main sur
son bras. L’hyperalgésie, quant à elle, est une exagération d’un stimulus douloureux.
Enfin la paresthésie, qui correspond à des sensations qui sont anormales mais non
douloureuses. ici des fourmillements, des picotements, des engourdissements ou des
démangeaisons sont décrits. Il se peut que ces sensations soient désagréables pour le
patient, on parlera donc de dysesthésie dans ce contexte-là.
Ces douleurs peuvent donc aller d’une simple gêne à un état douloureux très
handicapant pour le patient, elles sont généralement chroniques et difficiles à prendre en
charge, c’est pour cela qu’elles doivent absolument être prises en charge rapidement et le
plus efficacement possible. Pour cela l’interrogatoire du patient est très important et des
outils existent pour définir le degré de la douleur (échelle EVA : figure 1) ou afin de
déterminer si nous sommes bien en présence d’une douleur neuropathique (questionnaire
DN4 : figure 2).
24
Figure 1 : Echelle d’évaluation de la douleur12
25
2.3 Douleurs nociplastiques
Concernant les traitements, l’OFMA établit une liste et une prévalence des
antalgiques les plus prescrits chez des patients douloureux chroniques. Les pourcentages
obtenus sont les suivants1 :
- Paracétamol 62,1%
- Opioïdes faibles 39,7%
- AINS 32,7%
Une distinction est faite pour les patients souffrant de douleurs neuropathiques.
Dans ce cas, les pourcentages obtenus sont les suivants :
- Anticonvulsivants 45,3%
- Antidépresseurs tricycliques 18,1%
- IRSNA 13,3%
26
Pour ces deux catégories, les prévalences obtenues sont celles concernant les
molécules les plus utilisées, les plus prescrites par les médecins.
Parmi les AINS, on a différentes catégories de molécules qui vont avoir une inhibition
préférentielle des COX différentes. Les catégories sont les suivantes : les AINS
arylcarboxyliques, les AINS dérivés des oxicams, un AINS fénamate, les AINS indoliques et
leurs dérivés, le nimésulide (AINS sulfonalidine) et les inhibiteurs sélectifs de la COX-2 aussi
appelés coxibs.
27
Voici une liste non exhaustive par famille chimique des principaux AINS utilisés
comme antalgiques15 :
Mis à part les coxibs que nous verrons plus tard, ils ont tous une action simultanée
sur les deux types de COX, mais avec des proportions qui peuvent varier. Cependant leurs
propriétés pharmacologiques restent sensiblement les mêmes concernant la douleur16, à
savoir :
- Une action anti-inflammatoire du fait de l’inhibition de la COX-2.
- Par cette action anti-inflammatoire, il y a un effet antalgique qui est obtenu au
niveau du site inflammatoire.
- Une action directe au niveau du centre de thermorégulation se situant dans
l’hypothalamus permettant de diminuer la fièvre, c’est l’effet anti-pyrétique.
Ces molécules possèdent d’autres effets par la pluralité d’actions des prostaglandines
au niveau du corps humain, ces effets peuvent être recherchés pour traiter ou prévenir
certaines pathologies ou ils peuvent être indésirables. Parmi ces effets secondaires les plus
fréquents17, on retrouve :
28
- Fluidification sanguine qui peut être un effet recherché (prévention des thrombus)
ou un effet indésirable (risque hémorragique, ulcère).
- Déprotection de la muqueuse gastrique (acidité gastrique, nausées, vomissements,
ulcère gastro-duodénal) qui est un effet indésirable très fréquent avec cette classe
thérapeutique.
- Réaction allergique non spécifique (prurit, éruptions cutanées) qui est un effet
indésirable classé comme étant fréquent avec cette classe thérapeutique.
En mettant de côté les opioïdes que nous verrons par la suite et les différentes
associations médicamenteuses existantes, nous retrouverons ici comme molécules : le
29
paracétamol qui est l’antalgique le plus utilisé contre les douleurs, notamment celles
d’origine nociceptive, ainsi que le néfopam.
1.2.1 Le paracétamol
30
Figure 3 : Mécanisme d’action du paracétamol sur les voies inhibitrices descendantes
31
patients, du nourrisson à la personne âgée en passant par la femme enceinte. Pour cette
dernière, même si aucune preuve n’a été rapportée d’un effet néfaste du paracétamol chez
le fœtus, on préfèrera l’utiliser de façon limitée dans le temps pour traiter un évènement
douloureux aigue.
Son utilisation doit cependant respecter impérativement les posologies
recommandées, à savoir pour un adulte : 1 gramme par prise, maximum 4 grammes par jour
avec des prises à espacer de 6 heures minimum. Pour l’enfant, le principe reste le même,
mais avec une dose par prise fixée à 15 mg/kg. Si ces posologies ne sont pas respectées, il y a
un risque important pour le foie, du fait d’un de ses métabolites qui est hépatotoxique.
Cette molécule est efficace mais c’est un antalgique de palier I, et il est possible de la
retrouver associée à d’autres molécules comme la codéine ou le tramadol pour avoir un
médicament plus efficace contre des douleurs plus importantes et persistantes (dans ce cas-
là, beaucoup de ces médicaments sont classés dans le palier II).
1.2.2 Le néfopam22
Ce médicament est surtout utilisé pour les douleurs aiguës et post-opératoire et n’est
pas indiqué pour une utilisation chronique, cependant il n’est pas rare d’avoir des patients
douloureux chronique utilisant cette molécule. C’est un antalgique de palier II qui
présenterai une action antalgique et anti-hyperalgésique centrale23.
Son mécanisme d’action n’est pas entièrement connu mais les études menées
jusqu’à présent montre in vivo chez l’animal que les propriétés anti-nociceptives seraient
dues à une inhibition de la recapture des catécholamines et de la sérotonine au niveau
central. Il ne présente d’action anti-inflammatoire ou anti-pyrétique mais possède une
activité anticholinergique et psychostimulant pouvant être à l’origine d’effets indésirables
important24.
Le néfopam (Acupan®) est à l’origine de nombreux effets indésirables qui font que sa
balance bénéfice/risque n’est souvent pas très favorable à son utilisation et nécessite une
réévaluation régulière. Les effets les plus retrouvés sont des vertiges, de la somnolence, des
32
nausées et vomissements, des sueurs et des palpitations. De plus il présente un risque de
pharmacodépendance au même titre que les antalgiques morphiniques bien que sa
structure moléculaire soit complètement différente. Ces effets psychoactifs peuvent induire
une dépendance et un syndrome de sevrage à l’arrêt même chez le sujet sans antécédents
et il peut être à l’origine d’un abus de consommation aussi difficile à traiter qu’une
dépendance aux opioïdes23–25.
Cette classe thérapeutique comporte plusieurs molécules qui vont avoir une action
antalgique puissante, elles seront classées dans le palier II selon l’OMS (comme la codéine)
et dans le palier III (comme la morphine). Le recours à cette classe médicamenteuse se fait
lorsque les douleurs sont non soulagées par des antalgiques des paliers inférieurs et lorsque
la douleur est trop importante pour qu’une classe inférieure soit efficace pour soulager un
patient. L’utilisation d’une molécule opioïde plutôt qu’une autre va être déterminée par son
type d’action sur le(s) récepteur(s), son mécanisme d’action ainsi que par la puissance de
son action. En effet, on distingue des molécules avec une activité forte ou faible, car pour un
type de récepteur donné, elles seront agonistes, agonistes partielles ou antagonistes26.
Pour rentrer dans le détail du mécanisme d’action de ces substances, il faut savoir
que les opioïdes sont des substances qui ont une action mimant les effets des opioïdes
endogènes en se fixant sur différents récepteurs qui ont une répartition au sein du système
33
nerveux central qui leur est propre ; ce sont les récepteurs mu, kappa et delta. Leur
répartition est telle qu’il sera possible d’agir à différents niveaux de la transmission du
message douloureux. Les opiacés vont pouvoir augmenter le seuil de nociception en
inhibant la transmission du message douloureux, en accroissant l’action des contrôles
inhibiteurs descendants et en diminuant l’action des fibres nerveuses ayant une action
facilitatrice de la transmission du message douloureux vers la périphérie26.
Cependant, toutes les molécules opiacées ne vont pas agir sur toutes ces structures
car toutes n’ont pas une action sur les 3 types de récepteurs opioïdergiques ; c’est la notion
d’agonisme/antagonisme spécifique. Un agoniste complet des récepteurs opioïdergiques
(comme la morphine) va agir sur les 3 types de récepteurs avec un taux de réponse de ces
derniers de 100%. Un agoniste partiel va agir sur ces mêmes récepteurs mais avec une
réponse inférieure à 100%. Un antagoniste va venir bloquer la réponse apportée par ces
récepteurs, nous n’aurons pas d’effet physiologique induit. Il apparait ici, une notion
d’agoniste/antagoniste comme c’est le cas pour la buprénorphine. La molécule va être soit
agoniste soit antagoniste en fonction du récepteur sur lequel elle se fixe.
34
Voici une liste des molécules opioïdes utilisées seules en traitement de la douleur27 :
Tramadol Morphine
Oxycodone
Péthidine
Sufentanyl
Tapentadol
Toutes ces molécules ont une action sur au moins un des récepteurs opioïdergiques,
mais l’action physiologique des structures sur lesquelles se trouvent ces récepteurs n’est pas
uniquement centrée sur la douleur. Par leur diversité de répartition au sein du système
nerveux central et par la pluralité des activités réalisées par ces structures centrales, des
effets indésirables qui vont avoir un retentissement sur tout l’organisme peuvent être
retrouvés. Les effets indésirables retrouvés seront les suivants28,29 :
- dépendance
- syndrome de sevrage
- constipation
- nausées, vomissements
- sédation, somnolences et vertiges
- bronchospasme, dépression respiratoire
- rétention urinaire
- prurit
35
Ces effets de classes sont à compléter pour le tramadol qui possède des effets
indésirables qui lui sont propres29,30 :
- crise convulsive
- troubles visuels
- syndrome sérotoninergique
- hyponatrémie
- hypoglycémie
Il faut donc utiliser ces molécules avec précaution chez les personnes présentant des
facteurs de risques au vu des effets indésirables connus cités ci-dessus, sachant que les
personnes âgées et les sujets présentant une insuffisance rénale sont plus susceptibles de
développer des effets indésirables lors de la prise d’un principe actif opioïde.
36
molécules différentes ou à des mécanismes d’action différents. Il y a donc les plantes à
action anti-inflammatoire, les plantes reminéralisantes et antioxydantes. Beaucoup de ces
plantes présentent plusieurs de ces caractéristiques, parfois toutes. C’est pour cela que je ne
vais pas les détailler en les insérant dans ces catégories qui s’entrecroisent.
Pour ce qui est de l’utilisation de ces plantes, sans un avis médical, il n’est pas
conseillé d’instaurer un traitement de phytothérapie aux femmes enceintes et allaitantes
ainsi qu’aux personnes fortement immunodéprimées ou souffrant d’une pathologie
chronique pouvant être déséquilibrée par l’usage d’une plante. En effet, certaines plantes
seront contre-indiquées chez les personnes ayant eu un cancer, d’autres chez les
diabétiques, etc.
1.4.1. 1. L’harpagophyton
Harpagophytum procubens
Anti-inflammatoire
Propriétés Référence dans le traitement des douleurs
articulaires
Acide cinnamique
Molécules actives Harpagoquinone
Harpagoside
Voie orale : décoction, poudre de racines séchées,
Utilisation
teinture mère et extrait hydro-alcoolique Il s'agit sans doute la plante antalgique la plus
Usage externe : baume, pommade, gel, crème connue. Aussi appelée griffe du diable, ce sont les racines
37
1.4.1. 2. La scrofulaire
Salix purpurea
Salix alba
Filipendula ulmaria
Filipendula ulmaria
Anti-inflammatoire
La reine des près est très connue pour
Anti-oxydante
Propriétés Diurétique son efficacité contre les troubles articulaires. La
Fébrifuge
drogue utilisée sera les sommités fleuries ou les
Décongestionnante
Tanins fleurs de la plante.
Molécules actives Polyphénols
Dérivés salicylés : la monotropitine et la spiraéine
1.4.1. 5. Le curcuma
Curcuma longa
Curcuma
Aussi nommé Curcuma longa
domestica, ce sont les rhizomes du curcuma qui seront utilisés pour leurs propriétés
Anti-inflammatoire
Propriétés Anti-oxydante
Chondroprotectrice
Polysaccharides
Molécules actives
Curcuminoïdes : Curcumine (pigment),
déméthoxycurcumine et bisdéméthoxycurcumine
39
Des précisions sont à apporter sur le mécanisme d’action du curcuma. Les rhizomes
de la plante présentent une activité anti-inflammatoire et antioxydante. L’activité anti-
inflammatoire s’explique par la présence de la curcumine, elle inhiberait l’activation du NF-
kB, la COX-2, la lipoxygénase ainsi que la production de cytokines pro-inflammatoires. Cette
activité ainsi que sa propriété antioxydante la ferait agir autant sur les phases aiguës que sur
les phases chroniques de la douleur.
La propriété antioxydante du curcuma vient des curcuminoïdes qui vont piéger les
radicaux libres. Ils vont aussi avoir la capacité d’activer les enzymes antioxydantes de
l’organisme et vont lutter contre la péroxydation lipidique. D’autres effets ont été mis en
avant autour de cette plante ; elle possède, grâce à la présence de curcumine, des propriétés
immunomodulatrices, anticancéreuses (par ces actions antioxydantes) et gastroprotectrices.
Les curcuminoïdes ont une biodisponibilité très faible par voie orale, cependant les
concentrations retrouvées sont telles qu’il y a une réelle efficacité des produits. De plus, le
curcuma est souvent associé à une autre plante ou un autre composé (en général la
pipérine) qui permet d’améliorer cette biodisponibilité ou d’accentuer les effets anti-
inflammatoires et chondroprotecteurs du curcuma.
1.4.1. 6. Le cassis
Ribes nigrum
Ribes nigrum
1.4.1. 7. L’encens
Boswellia serrata
La drogue utilisée sera une résine jaunâtre obtenue à partir du tronc de l’arbuste.
Boswellia serrata
Anti-inflammatoire
Propriétés
Neuroprotectrice
Acides boswelliques (acides triterpéniques)
Molécules actives
Acétate d'incensole
Aucune contre-indication
Contre-indications Les acides boswelliques vont agir au niveau
et précautions Risque abortif probable, risque pas clairement
d'emploi identifié mais utilisation déconseillée par principe de la 5-lipoxygénase catalysant une réaction de
de précaution chez la femme enceinte synthèse des leucotriènes
41
1.4.1. 8. Les autres plantes
Parmi les plantes que nous allons voir ci-dessous, certaines ne sont pas uniquement
ou majoritairement antalgiques car elles n’ont pas de molécule ayant une action spécifique
sur les processus douloureux, mais elles peuvent présenter une activité autre qui favorise
l’antalgie : action sur la circulation, la reminéralisation des tissus, activité antiseptique,
activité vulnéraire, etc.
42
Ø Le frêne, fraxinus excelsior
Grand arbre commun de l’hémisphère Nord, il contient dans ses feuilles des acides
chlorogéniques et des flavonoïdes (dont le rutoside) et contient dans son écorce des
coumarines (fraxoside et esculoside) ayant des propriétés anti-inflammatoires,
antioxydantes et diurétiques.
43
1.4.2 L’aromathérapie33–41
L’aromathérapie est une branche de la phytothérapie qui de nos jours tend à devenir
une discipline à part entière. C’est une thérapeutique naturelle qui utilise les huiles
essentielles issues de plantes afin de traiter les pathologies.
Les huiles essentielles sont des extraits aromatiques de végétaux qui, contrairement
à leur nom, ne contiennent aucun corps gras. Elles sont de composition complexe et
renferment des composés volatils qui peuvent se voir modifiés au cours du processus
d’extraction de l’huile.
Cette dernière est obtenue de deux façons. Par distillation à la vapeur d’eau pour ce
qui est des plantes aromatiques à essence, l’entièreté de la plante peut être utilisée ou
seulement une partie de celle-ci, un organe en particulier. Par expression concernant les
zestes, notamment ceux de la famille des Rutaceae (orange, citron, mandarine, etc.). Ici une
forte pression sera appliquée pour faire éclater les poches à essence puis une centrifugation
sera effectuée pour séparer l’huile essentielle de l’eau en jouant sur leur différence de
densité.
La composition des huiles essentielles n’est pas modifiée après extraction et la
présence de nombreuses molécules actives conduit souvent à de nombreuses propriétés
même si la puissance d’un composé, ou sa quantité importante au sein de l’huile, peut le
rendre plus efficace pour une indication précise. De ce fait, elles ne sont pas anodines à
utiliser et elles présentent des précautions d’emploi. De manière générale, il ne faut pas les
utiliser chez la femme enceinte et allaitante, chez le patient asthmatique ou ayant un terrain
épileptique et il faut éviter l’exposition solaire après une application cutanée. Bien sûr, il y a
des contre-indications et précautions d’emploi spécifiques à chaque huile.
Nous allons voir les principales huiles essentielles ayant une action antalgique,
certaines sont plus ou moins spécifiques d’un type précis de douleur. Certaines vont avoir
une action générale, d’autres une action plus localisée. Parmi ces huiles, beaucoup
présentent un tropisme pour les douleurs articulaires et rhumatismales.
44
1.4.2. 1. La Gaulthérie couchée
Aussi appelée Wintergreen car il s’agit d’un arbuste persistant qui garde toujours son
feuillage vert. L’huile essentielle de Gaultheria procubens est la plus connue et la plus
réputée pour son action antalgique, anti-inflammatoire et décontracturante.
Elle est souvent utilisée pour traiter les rhumatismes, les douleurs arthrosiques et
sciatiques mais aussi par une catégorie de patients plus sportifs, notamment pour ses effets
antalgiques et décontracturants en cas de crampes, de courbatures ou à la suite d’un trauma
léger (entorse, foulure). Ses propriétés lui viennent de la forte présence (environ 95 %) de
salicylate de méthyl.
De nom latin Eucalyptus citriodora, c’est un grand arbre qui donne une huile
essentielle à odeur de citronnelle ayant des propriétés anti-inflammatoires,
antirhumatismales et antalgiques notamment contre les maux de gorge ou les maux de tête.
Elle est aussi utilisée en massage pour traiter les raideurs articulaires et les tensions
musculaires.
Ses propriétés lui proviennent des rameaux de l’arbre mais surtout de ses feuilles qui
contiennent entre 40 à 70 % de citronnellal.
Son utilisation peut se faire par voie orale en ingérant 2 gouttes pures ou placées sur
un comprimé neutre ou un sucre, 3 fois par jour. Chez l’enfant de moins de 7 ans, on
l’utilisera à hauteur d’une goutte, 3 fois par jour. Par voie cutanée, elle s’utilise diluée dans
45
une huile végétale à hauteur de 2 à 5 gouttes, 3 fois par jour. Chez l’enfant, l’utilisation
cutanée sera de 2 gouttes diluées, 3 fois par jour.
Cette huile ne présente pas de contre-indications supplémentaires à celles des huiles
essentielles en générale.
Son utilisation se fait par voie cutanée en appliquant une dilution au quart dans une
huile végétale, 3 fois par jour en réalisant des massages. Cette huile essentielle est contre-
indiquée chez les enfants de moins de 8 ans du fait de la présence de camphre, elle est
déconseillée chez les patients ayant un terrain épileptique et chez les personnes souffrant
de troubles de la tension.
Bien que moins utilisé, il s’avère que le laurier sauce ou noble, Laurus nobilis et un
petit arbre courant d’Europe aux propriétés antalgiques. Même s’il est plus connu pour ses
autres propriétés (digestives, toniques physiques et mentales) il est très efficace pour les
douleurs touchant les nerfs.
Ses propriétés lui viennent du 1,8-cinéole aussi appelé eucalyptol, de l’acétate
d’alpha-terpinyle et du linalol qui permettent de traiter les douleurs sciatiques, arthrosiques
et névralgiques.
Son utilisation peut se faire par voie orale à hauteur de 2 à 3 gouttes, 3 fois par jour.
Il peut aussi être utilisé en bain de bouche pour certaines névralgies faciales ou dans le cadre
46
des douleurs dentaires : ici on diluera 1 ou 2 gouttes pures ou en association (huile
essentielle de clou de girofle) dans un volume d’eau tiède permettant le bain de bouche. Il
peut être appliqué par voie cutanée à hauteur de 2 à 5 gouttes en fonction de la zone à
traiter, 3 fois par jour. L’application peut se faire avec l’huile pure ou diluée.
En précaution d’emploi, il faudra être prudent s’il est utilisé chez les enfants de moins
de 8 ans, chez les sujets asthmatiques ou épileptiques.
1.4.2. 5. Le Gingembre
Ce sont ses rhizomes qui seront pulvérisés puis distillés pour obtenir l’huile
essentielle de gingembre, Zingiber officinale. Cette plante, très réputée pour son action anti-
nauséeuse est couramment utilisée en Chine pour ses propriétés anti-inflammatoires
conférées notamment par des sesquiterpènes : le gingérol et la gingérénone qui inhibent la
synthèse des prostaglandines.
Il sera indiqué en cas d’arthrose, d’arthrite, de raideur articulaire mais aussi dans des
cas d’inflammation du tube digestif (œsophagites, gastrites et colopathies).
Son utilisation se fait par voie orale à hauteur de 2 gouttes, 3 fois par jour. En
application cutanée à hauteur de 5 gouttes maximum, 3 fois par jours en dilution dans une
huile végétale. Enfin, il est utilisable en diffusion, associé à d’autres huiles essentielles à
l’odeur plus agréable, 10 minutes toutes les heures.
Cette huile ne présente pas de contre-indications ou d’effets indésirables majeurs.
Son utilisation sera à éviter chez les enfants de moins de 3 ans sur la base du principe de
précaution.
Son nom latin est Cymbopogon citratus ; c’est une grande herbe aromatique avec de
très grandes feuilles longues et minces regroupées en touffes. Cette plante des régions
chaudes et humides présente du géranial et du néral conférant des propriétés anti-
inflammatoires et antalgiques. Cette plante est un peu moins connue du grand public mais
assez utilisée et très appréciée des personnes souffrant d’arthrite et d’arthrose.
47
Elle n’est pas uniquement utilisée dans ces deux contextes-là. En effet, c’est un
excellent antalgique lors de traumas légers d’ordre articulaire ou musculaire (entorse,
claquage, etc.). Elle peut aussi être utilisée en cas de laryngite, compliquée ou non d’une
aphonie, car il se trouve qu’elle est très efficace dans ce cas de figure.
Son utilisation peut se faire par voie orale à hauteur de 2 gouttes, 3 fois par jour ; par
voie cutanée en mettant 2 à 5 gouttes dans un diluant végétal et en appliquant jusqu’à 3 fois
par jour ; en diffusion de 10 à 20 minutes toutes les heures en déposant 2 à 10 gouttes pures
ou en association dans un diffuseur adapté ou en diffusion sèche en appliquant 2 à 5 gouttes
sur un mouchoir ou un galet sec.
L’utilisation n’est pas recommandée chez les personnes asthmatiques ou épileptiques
ainsi que chez les enfants de moins de 8 ans.
1.4.2. 7. L’Encens
Son utilisation peut se faire par voie orale, cutanée ou en diffusion. Par voie orale la
posologie sera de 2 gouttes, 3 fois par jour, réduire à 1 goutte si on est chez l’enfant de plus
de 7 ans. Par voie cutanée, la posologie sera de 2 à 5 gouttes diluées dans une huile végétale
à appliquer 3 fois par jour. En diffusion, quelques gouttes dans un diffuseur qu’il faudra
actionner 10 à 20 minutes par heure.
Il n’y a pas de contre-indications connues, mais il faudra éviter de l’utiliser chez le
sujet asthmatique ou épileptique en diffusion ainsi que chez les enfants de moins de 7 ans.
48
1.4.2. 8. Les autres huiles essentielles
Nous avons vu les principales huiles essentielles utilisées contre les douleurs par
excès de nociception. Comme cela a été évoqué plus haut, la complexité de la composition
de ces huiles les amène à avoir des effets divers. Les huiles extraites des plantes que nous
allons voir ci-dessous ont une action sur la douleur, mais qui n’est pas prédominante. Il est
important de les citer car elles peuvent entrer dans la prise en charge de douleurs, mais elles
n’en seront pas à la base.
49
de douleurs rhumatismales, arthrosiques et arthritiques ainsi que tendineuses. Cette huile
essentielle est surtout utilisée pour ses propriétés tonifiantes et stimulantes générales.
1.4.3 L’homéopathie31,42,43
Médecine douce très utilisée dans le monde, elle a été créée par le docteur Samuel
Hanhemann sur un principe qui est contraire à celui de l’allopathie traditionnelle. En effet,
cette thérapeutique traite les individus ainsi que leurs symptômes par les « semblables »42.
50
Elle est fondée sur trois principes fondamentaux qui sont42,44 :
Le conditionnel est beaucoup employé dans ces explications car les mécanismes
d’action thérapeutique ne sont pas connus aujourd’hui. Et même si cette médecine est très
controversée, elle n’en reste pas moins très utilisée par une multitude de personnes ayant
des pathologies très variées. L’intérêt de cette thèse n’est pas d’en discuter sa légitimité
dans la prise en charge de la douleur ; elle est utilisée dans ce contexte, elle présente des
effets qui permettent de soulager les patients.
51
lourde. Il y a quelques précautions à prendre quant à son utilisation pour avoir une méthode
efficiente : il ne faut pas toucher les granules avec les doigts, il faut bien respecter les
posologies indiquées à minima et en général, il faut une prise des médicaments en dehors
de toute prise alimentaire.
Nous allons donc aborder des souches homéopathiques permettant de traiter les
douleurs par excès de nociception. La complexité de l’utilisation ainsi que la pluralité des
modalités homéopathiques font qu’il n’est pas sujet ici de faire un catalogue qui recense
toutes les souches à visée antalgique, d’autant plus que les souches peuvent être très
polyvalentes dans leurs actions. Nous verrons les plus utilisées dans un contexte de douleurs
chroniques (hors douleurs neuropathiques, migraineuses et viscérales détaillées plus loin),
les plus efficaces et celles qui sont le plus souvent rencontrées au comptoir d’une
pharmacie. Pour ce faire, elles seront regroupées en sphère d’action par origine de la
pathologie ou par tropisme d’action.
Mais avant de les détailler, il faut savoir que l’interrogatoire du patient est primordial
afin de donner la bonne souche. Il faut trouver le bon type de douleur et savoir précisément
les symptômes du patient. Car pour une pathologie donnée, chaque personne pourra
présenter des effets qui varient et ressentir des choses différentes. Pour ce qui est de la
douleur, il faudra connaitre : sa cause, sa localisation, les sensations qui y sont liées, des
symptômes généraux autres que la douleur (nausées, palpitations, fièvre, etc.). Il sera aussi
important d’obtenir les modalités homéopathiques, c’est-à-dire les facteurs aggravant ou
soulageant la douleur même s’ils n’ont pas l’air scientifique ou s’ils sont étrangers au tableau
clinique.
52
1.4.3. 1. La sphère inflammatoire
Homéopathie de la sphère inflammatoire
Posologie 3 à 5 granules, 2 à 4 fois par jour Posologie 3 à 5 granules, 2 à 4 fois par jour
Modalités Modalités
Douleurs de l'épaule
homéopathiques Etat de transpiration si présence de homéopathiques
fièvre
Patient asthénique
53
3 à 5 granules toutes les heures, à
Posologie Posologie
espacer avec l'amélioration
Sulfur
Dilution utilisée 9 CH
Posologie
1 dose par semaine ou 1 dose par mois en traitement
d'entretien (espacement ou arrêt des poussées
inflammatoires)
Modalités Modalités
Douleurs aggravées par l'humidité Amélioration par la chaleur
homéopathiques homéopathiques
54
3 à 5 granules, 2 à 3 fois par jour. Prise
Posologie Posologie 3 à 5 granules, 2 à 3 fois par jour
à renouveler si besoin
55
1.4.3. 3. La sphère nerveuse
Posologie Posologie
Utilisation Douleurs liées à un zona Utilisation Tropisme pour les douleurs nerveuses
Irradiation douloureuse de la
Engourdissements peuvent être
périphérie vers la zone d'origine de la
présents
douleur.
56
5 granules toutes les heures, espacer à
Posologie 5 ganules 6 fois par jour puis diminuer Posologie
en fonction de l'amélioration
Kalmia latifolia
Utilisation
Dilution utilisée 15 CH
57
Une prise d’Arnica montana pourra être instaurée dès qu’il y a la présence d’une
douleur quelconque en utilisant des dilutions allant de 5 CH à 15 CH, sachant que la dilution
9 CH est très largement conseillée et présente la meilleure efficacité pour un large panel de
douleur. Sa prise ira de 3 à 5 granules toutes les 10 minutes en traitement d’attaque puis
pourra descendre à 6 prises par jour en fonction de l’amélioration. Pour une action sur les
douleurs récurrentes, la posologie sera de 3 à 5 granules 1 à 3 fois par jour.
1.4.4 La kinésithérapie45–47
Ces trois axes sont définis par des objectifs et des techniques dont l’accent peut être
préférentiellement porté sur un axe plutôt qu’un autre en fonction des pathologies
douloureuses.
Pour l’axe physique et mécanique le but sera de diminuer les facteurs d’irritations
radiculaire ou tronculaire, d’améliorer la mobilité et de réduire la douleur provenant du
squelette et de ses mobilisations. L’axe cognitivo-comportemental permettra au patient
d’apprendre sur sa douleur, la comprendre afin de mieux l’accepter et de mieux la gérer
pour la combattre. L’axe neurophysiologique permet d’agir pour le traitement des douleurs
d’origine neuropathique (voir mixte) par le biais de techniques qui peuvent ne pas être
spécifiques de la kinésithérapie (électrostimulation, développé dans la partie 2.3.1.
Neuromodulation).
58
Les différentes techniques antalgiques qui peuvent être utilisées sont les suivantes :
le massage, la thermothérapie, l’électrostimulation, rééducation (étirement, mouvement,
reconditionnement à l’effort), l’ergonomie des activités du quotidien.
Ø Le massage
L’effet antalgique principal provient d’une action sur certaines fibres nerveuses qui
sont responsables du gate control. Une action de massage avec une faible pression et des
mouvements étendues associée à un rythme et une fréquence spécifique variant en fonction
de la localisation permet de déclencher des influx nerveux inhibant les nocicepteurs. Des
effets annexes sont à ne pas négliger lors d’un massage ; il y a le soulagement local par des
pressions plus importante jouant sur les adhérences cutanées et sous-cutanées, il a une
action sur les contractures musculaires, et une action favorisant la circulation. Il a aussi un
rôle important sur la psyché du patient par la relation soignant/soigné qui s’installe pendant
ces séances.
En revanche, si le massage est une bonne méthode, il ne doit pas être la méthode
unique de traitement de la douleur. C’est une technique où le patient est passif et n’est pas
acteur de son traitement, elle est donc à combiner afin d’obtenir des progrès fonctionnels
sensibles.
Ø La thermothérapie
59
L’avantage de la thermothérapie réside dans la facilité de son utilisation. Elle peut se
pratiquer à domicile et ne coûte pas cher. En effet, nous retrouvons facilement des poches
qui peuvent libérer de la chaleur ou du froid si on les place au micro-onde ou au
réfrigérateur. Les seules précautions à prendre seront d’utiliser un linge entre la poche et la
peau si la température est trop extrême et d’utiliser la poche 15 à 20 minutes maximum par
heure (applications à répétées autant de fois que nécessaire).
Ø L’électrostimulation
Surtout utilisée pour les douleurs neuropathiques, elle peut être utile dans le cadre
des douleurs par excès de nociception. Son protocole d’utilisation ainsi que sa posologie
seront, bien évidemment, différents pour cibler au mieux le type de douleur. C’est une
bonne méthode d’auto-rééducation ou d’auto-prise en charge de la douleur car il existe des
dispositifs performant et peu onéreux. Le principe ici, sera celui de l’électrostimulation
transcutanée aussi appelée TENS. Cette technique sera détaillée plus loin dans le
chapitre 2.3.1.2. intitulé « Stimulation électrique transcutanée » de la partie sur les
traitements des douleurs neuropathiques.
Ø La rééducation
Dans cette techniques, deux méthodes peuvent être utilisées pour prendre en charge
les patients douloureux chroniques.
60
cadencée, la montée d’escaliers, l’utilisation de bicyclette ergonomique et des exercices de
gymnastique plus ou moins précis pour travailler sur la motricité fine.
Deuxièmement, les étirements. Chez un sujet qui souffre, il fait moins appel aux
parties de son corps qui lui font mal et cela peut entrainer des raideurs qui peuvent
accentuer sa douleur et limiter encore plus ses mouvements. Le travail va donc servir à
redonner une souplesse au corps et une harmonie gestuelle qui facilitera son quotidien.
Dans les deux cas, les techniques utilisées doivent être assez simples et expliquées de
façon claire pour que le patient puisse les reproduire quand il le souhaite, cela permet
d’instaurer l’auto-rééducation du patient qui améliorera ou favorisera le maintien des effets
bénéfiques à long terme.
Ø L’ergothérapie
Ici, le principe va être d’optimiser la vie quotidienne du patient, que ce soit à son
domicile, lors de pratique sportive, en voiture ou au travail afin de réduire les douleurs qui
peuvent être liées ou aggravés par des mauvaises habitudes ou un milieu inadapté.
Les leviers d’action sont très divers. Cela peut passer par des stratégies posturales ou
organisationnelles, des adaptations matérielles comme par exemple l’utilisation d’un bureau
surélevé pour éviter de casser l’alignement des cervicales. L’ergothérapeute ou le masseur-
kinésithérapeute ne va pas se contenter de citer ces méthodes mais va analyser les besoins
et proposer des adaptations. Le patient fera son choix et un entrainement peut être mis en
place en collaboration avec le praticien pour élaborer un travail autour de ces nouveaux
éléments afin d’optimiser le processus.
Bien sûr, il ne s’agit pas là d’une liste exhaustive des pratiques de kinésithérapie mais
ces techniques seront à la base de la prise en charge des douleurs chroniques. De plus, le
praticien a tout un travail à faire sur l’approche comportementale et émotionnelle du
patient concernant la relation à sa douleur. Cet aspect-là reste très important pour avoir une
efficacité plus importante des techniques et un effet plus stable dans le temps.
61
2. Traitements des douleurs neuropathiques
2.1 Les antidépresseurs
62
Le deuxième mécanisme quant à lui sera différé (d’une à deux semaines). Il va inhiber
la neuro-inflammation causant la douleur par action de la noradrénaline au niveau des
récepteurs bêta-2 des ganglions rachidiens et au niveau des récepteurs opioïdergiques delta.
Concernant les molécules, voici celles utilisées pour traiter les douleurs
neuropathiques51 :
- Antidépresseurs tricycliques : ils possèdent une AMM pour le traitement des
douleurs neuropathiques.
o Amitriptyline
o Clomipramine
o Imipramine
- Inhibiteurs de la recapture de sérotonine et de noradrénaline :
o Duloxétine : elle possède une AMM pour le traitement des neuropathies
diabétiques.
o Venlafaxine : molécule de grade B dans l’arbre décisionnel de traitement et
ne présente pas d’AMM pour les douleurs neuropathiques.
63
2.2 Les antiépileptiques
C’est pour cela que nous allons détailler uniquement les molécules antiépileptiques
ayant une AMM pour traiter des douleurs neuropathiques, c’est-à-dire : la gabapentine, la
prégabaline, la carbamazépine et la phénytoïne.
Pour commencer, il y a un mécanisme d’action qui est commun à toutes les
molécules que nous allons voire. Au niveau des lésions nerveuses, il y a présence de canaux
sodiques qui viennent relarguer, lors de leur stimulation, des composés, probablement des
peptides, qui viennent renforcer le stimulus douloureux. Les antiépileptiques agissent en
antagonisant ces canaux, ce qui induit une inhibition du relargage des peptides pro-
douloureux11.
La gabapentine et la prégabaline agissent en bloquant les canaux calciques
naturellement surexprimé au niveau des nerfs lors d’une lésion nerveuse. Cette
antagonisation du récepteur induit une diminution du largage de neurotransmetteurs
(substance P, NA, glutamate) ayant pour action de renforcer le stimulus douloureux au
niveau du SNC. Une deuxième action est présente et va venir augmenter le taux de GABA au
niveau synaptique, ce dernier étant un neurotransmetteur inhibiteur, il y aura donc une
diminution de la transmission nerveuse du message douloureux11.
La carbamazépine et la phénytoïne agissent en diminuant la sécrétion de glutamate
au niveau cérébral. Le glutamate étant un acide aminé excitateur, la diminution de son taux
permet de diminuer la transmission cérébrale du signal douloureux11.
64
Concernant leur AMM respective, ces molécules ont des différences et voici ce que
nous dit l’ANSM quand à leurs indications thérapeutiques :
- La gabapentine a une AMM pour les douleurs neuropathiques périphériques de
l’adulte dues à une lésion nerveuse ou à une maladie (diabète, zona)54.
- La prégabaline a une AMM pour le traitement des douleurs neuropathiques
périphériques et centrales de l’adulte dues à une lésion nerveuse ou à une maladie
pouvant entrainer de telle lésion (diabète, zona)55.
- La carbamazépine a une AMM pour le traitement des douleurs provoquées par une
maladie des nerfs de la face (névralgies du trijumeau et du glossopharyngien) ainsi
que le traitement des douleurs neuropathiques périphériques chez l’adulte56.
- La phénytoïne a une AMM pour traiter certaines névralgies faciales57 mais cette
molécule n’est quasiment plus utilisée pour cette indication.
La carbamazépine et la phénytoïne sont des molécules qui sont très peu utilisées de
par l’importance et la fréquence de leurs effets indésirables. La seule indication pour
laquelle nous pourrons encore retrouver ces molécules prescrites sera la névralgie faciale
liée au nerf trijumeau ou glossopharyngien3. En effet, les effets indésirables peuvent être :
une atteinte hématologique (atteinte possible de toutes les lignées sanguines), une
hyponatrémie importante pouvant causer des nausées, vertiges et des confusions mentales,
une atteinte psychique (syndrome paranoïde) ou encore une atteinte de la conduction
cardiaque58.
Les effets indésirables les plus fréquents que l’on peut retrouver sont les suivants :
- gabapentine60
65
o infection virale
o sédation, étourdissement
o vertiges
o confusion
- prégabaline61
o sédation, étourdissement
o augmentation de l’appétit
o confusion
o irritabilité
C’est une approche non médicamenteuse qui regroupe trois techniques différentes
basées sur une action ciblée au niveau du système nerveux afin de réduire voire de
supprimer le message douloureux qu’il véhicule.
Il y a la neurostimulation médullaire qui agit par action d’impulsions électriques
envoyées au niveau spinal ; la stimulation électrique transcutanée (TENS) qui stimule
électriquement des zones ciblées à la surface de la peau ; et la stimulation magnétique
transcrânienne (RTMS) qui applique des stimulations en surface au niveau cérébral62.
66
2.3.1. 1. Neurostimulation médullaire63,64
Le but de cette méthode est de rétablir le « gate control » qui régule la douleur au
niveau des fibres spinales de la moelle épinière. La stimulation permet une libération de
neuromédiateurs inhibiteurs (GABA, sérotonine) induisant un arrêt de la transmission du
message douloureux et vient diminuer la concentration en acides aminés pro-nociceptifs
comme le glutamate et l’aspartate. Elle permet aussi une activation des voies descendantes
inhibitrices. L’intensité et la fréquence des stimulations auraient un effet sur certains
neurones favorisant une action plus ciblée en fonction de l’origine de la douleur ressentie
par le patient.
67
des endorphines. L’action antalgique serait obtenue par une combinaison de ces deux
principes là.
Pour ce qui est de la pratique, la stimulation nerveuse se fait via des électrodes
positionnées à la surface et au contact de la peau au niveau d’une zone ciblée étant à
l’origine de la douleur. C’est une méthode efficace et, contrairement à la précédente, qui est
non invasive. Les électrodes sont généralement autocollantes et sont reliées à un générateur
électrique qui s’est miniaturisé au fil du temps afin de prendre moins de place. Aujourd’hui
des technologies qui font rentrer ce générateur dans un boitier qui peut être couplé à
l’électrode, ce qui le rend transportable et utilisable partout.
68
Le principe avec cette technique est le même : venir stimuler des zones du cortex
cérébral afin d’obtenir un effet antalgique, à ceci près qu’il n’y aura pas d’acte traumatique
et invasif. En effet, la stimulation électrique se fera par un aimant générant un courant
magnétique à travers la peau et la boite crânienne, permettant d’obtenir une activité
électrique antalgique localisée.
69
plus efficace, nous retrouverons les méthodes présentes pour traiter les douleurs par excès
de nociceptions.
Un aparté reste cependant à faire. En effet, l’acupuncture reste la méthode
alternative la plus renseignée dans la littérature avec les résultats les plus probants
présentant une efficacité prouvée. Nous verrons cette méthode plus loin car elle n’est pas
spécifique des douleurs neuropathiques.
Figure dans cette partie toute méthode de traitement qui fait appel à un principe
général et qui ne peut pas être séparée en sous-catégorie qui pourrait leur permettre de
rentrer dans les différentes classifications de la douleur qui ont été établies dans cette thèse.
Attention, je ne dis pas qu’il n’y a pas des spécificités pour traiter telle ou telle douleur, je dis
que ce sont des pratiques qui font appel à un principe global qu’on ne peut séparer en deux
entités comme on le ferait pour le mécanisme d’action de deux molécules distinctes ayant
pour autant les mêmes propriétés sur l’organisme.
1. Acupuncture
1.1 Généralités et principe de base
Tout d’abord, comme tout domaine pour lequel nous n’avons pas une connaissance
détaillée et précise des fonctionnements les plus précis, un doute se créé et une certaine
vision cherchant la contradiction s’installe vis-à-vis du domaine en question. Concernant la
médecine traditionnelle chinoise dont l’acupuncture fait partie, la différence de culture, la
différence d’approche ainsi que le manque d’explication précise des mécanismes d’actions
(moléculaires et physiologiques) poussent cette médecine dans le scepticisme que doit avoir
un scientifique afin d’en étudier les faits de façon critique. Cependant, nous sommes ici dans
un volet concernant les médecines alternatives d’un point de vue d’Occidental. Ainsi je
pense que les études menées sur cette médecine trouvant son origine dans la Chine antique
lui donnent une place légitime dans ce sujet.
En effet, une méta-analyse de Andrew J. Vickers et al.72 montre que l’acupuncture a
des effets significatifs et persistants dans le temps sur les douleurs chroniques. Cette étude
70
compare les différentes expériences menées par des chercheurs confrontant l’acupuncture à
des placebos ou à une autre thérapeutique leur servant de référence. Dans tous les cas, la
variation des résultats concernant les effets de l’acupuncture sur la douleur chronique est
due à cette différence de traitement de référence employée et non au principe de
l’acupuncture ou sa technique utilisée.
Une seconde étude de H. MacPherson et al.73 prouve la présence d’une efficacité de
l’acupuncture pour le traitement de douleur chronique ainsi qu’une persistance de ses effets
dans le temps.
C’est cette dernière notion qui est la base de l’acupuncture. La piqûre, ou poncture
d’un méridien, vient enlever un blocage de la circulation de l’énergie et/ou du sang. Ce
blocage qui provoquait la douleur par une défaillance d’harmonisation du Yin et du Yang
74,75
.
71
Figure 489 : Illustration graphique des différentes causes de la maladie en médecine
traditionnelle chinoise
Les six excès externes correspondent à des éléments extérieurs à l’organisme, venant de la
nature. Les sept causes internes sont des émotions déséquilibrant l’énergie de l’organisme.
La dernière cause regroupe tout ce qui ne peut rentrer dans les deux autres, car il peut y
avoir une tierce intervention indépendante de l’organisme et des six excès existants.
Maintenant que nous avons vu les causes de la maladie, nous allons voir qu’elle est
classée en deux catégories douloureuses, appelées syndromes (figure 5).
Il y a le syndrome Bi, dont la cause peut être interne ou externe et qui concernera la
peau, les muscles, les vaisseaux, les tendons, les os et bien sûr le circuit de circulation de
l’énergie entre tous : les méridiens.
Il y a le syndrome Tong, majoritairement avec des causes internes, il concernera les
organes et les entrailles de l’organisme.
72
Figure 575 : Organigramme de la classification de la douleur en médecine traditionnelle
chinoise
Il existe trois axes pour traiter les douleurs. Ils sont tous basés sur une désobstruction
du flux d’énergie porté par les méridiens. Cependant ce traitement des douleurs repose sur
leur localisation et sur leur origine (interne, externe). Donc chaque axe permettra de traiter
une douleur ayant des caractéristiques propres de localisation, d’origine et de ressenti par le
malade.
Ainsi nous avons la « désobstruction » qui est utilisé si les méridiens sont touchés.
Leur poncture va permettre de libérer la circulation d’énergie entre tous les organes, les
entrailles et éléments de l’organisme.
Il y a « la régularisation de la fonction du Qi », elle concerne les organes et entrailles.
Elle vient traiter les douleurs liées aux dysfonctionnements de ces derniers par la poncture
de deux points particuliers ayant une localisation variée en fonction de l’organe ciblé : le Shu
et le Mu.
Enfin, il y a « l’expulsion » qui s’applique aux six excès des causes externes de la
maladie ainsi qu’aux mucosités troubles et aux phénomènes de la stagnation du sang. Dans
cet axe de traitement, la moxibustion est souvent utilisée. C’est une technique qui consiste à
chauffer une zone localisée sur un méridien. Pour cela est utilisé un moxas76, fait à partir de
73
plantes séchées et agglomérées en forme de petite boule ou de bâtonnet (souvent de
l’armoise). C’est la chaleur diffusée par la combustion de cet aggloméré qui vient stimuler le
point d’acupuncture.
2. Hypnose
2.1 Généralités et principe de base77,78
C’est une démarche active, consciente qui consiste à établir un lien avec l’inconscient
en étant dans un état modifié permettant de faire ce lien. Cet état est à différencier du
sommeil. En effet, certains patients le ressentent comme tel, mais il a bien été mis en
évidence par des IRM fonctionnelles qu’en état hypnotique le patient n’est pas endormi.
L’état dans lequel il est placé va lui permettre de trouver les ressources nécessaires pour
lutter contre la douleur ou pour en limiter l’impact sur leur quotidien. En pratique, il va
falloir utiliser des métaphores, des suggestions précises afin d’amener le patient à
reconsidérer son rapport à la douleur ressentie.
Il a été prouvé que l’hypnose est une méthode plus efficace qu’un placebo pour le
traitement de la douleur provenant d’origines diverses avec des résultats significatifs.
L’atténuation, et donc le traitement de la douleur, montre une efficacité suffisante pour que
l’hypnose seule soit une alternative à l’utilisation d’une thérapeutique pharmacologique
classique. Ces affirmations sont retrouvées dans une publication de Elkins et al.79 faisant
aussi un état des lieux de l’efficacité de l’hypnose en fonction de l’origine de la douleur.
Une seconde publication de M. Jensen et D.R. Patterson80 confirme l’efficacité de
l’hypnose pour le traitement de la douleur chronique et montre qu’il peut y avoir un effet à
long terme de cette technique. En effet, en fonction des suggestions faites et des
74
métaphores employées pour traiter la douleur, on peut retrouver un effet antalgique
pouvant durer des mois.
Maintenant, ces études présentent toutes un souci : le nombre de sujets inclus dans
les études reste faible pour en tirer des conclusions fiables. Cependant en 2018, une méta-
analyse de Thompson et al.81 permet de voir tous les résultats trouvés sur 85 études
réalisées et met à jour les effets de l’hypnose sur un grand nombre de sujets douloureux
chroniques. Ils viennent confirmer les actions de l’hypnose en terme d’efficacité, de
rémanence des effets et, si on se base aussi sur les travaux de Tosti et al.82, nous avons la
confirmation d’un effet différent dans le temps en fonction de la puissance et de la
pertinence de la méthode employée pour amener le patient en état de transe hypnotique
ainsi qu’une action positive sur les symptômes annexes liés à l’état douloureux (anxiété,
sommeil, appétit, etc.).
La suggestibilité est essentielle dans le bon déroulé d’une séance d’hypnose. Nous
pouvons la définir comme étant la capacité à être réceptif aux processus hypnotiques. Cette
réceptivité permet au patient de bien prendre conscience qu’une autre personne que lui
dicte des consignes (suggestions) et explique l’intérêt qu’elles ont (via des métaphores), ceci
afin qu’il réussisse à créer son propre chemin vers un but, un objectif préalablement défini.
Par exemple, le soulagement d’une douleur très localisée et caractéristique (douleur
électrique partant du haut de la jambe pour une douleur sciatique).
Pour le praticien hypnotiseur, il est important de travailler cette suggestibilité et de
l’installer correctement afin de s’assurer de l’efficacité de la séance d’hypnose. Un patient
réceptif, prêt à être conseillé pour atteindre son objectif, pourra présenter des
caractéristiques qui indiqueront au praticien qu’il est suggestible ; la couleur du visage peut
se voir changée, le regard devient fixe et les battements des paupières ralentissent, parfois
fortement.
75
suggestions, donner les conseils, établir des métaphores, sortir de l’état hypnotique. Afin
d’atteindre son objectif, le patient réalise ce travail étape par étape, suivant son propre
cheminement.
Toute personne peut apprendre à s’auto-hypnotiser pour reproduire la technique à
domicile afin qu’elle soit constructive, thérapeutiquement efficace et moins contraignante
(pas besoin de se déplacer). L’avantage de cette méthode, si elle est bien maitrisée, est que
le patient devient un acteur de sa prise en charge, et cela influe de façon importante sur sa
qualité de vie.
76
L’hypnothérapie de par son fonctionnement agit sur toutes les composantes de la
douleur. Au niveau sensoriel, elle peut agir sur le type de ressenti ou l’intensité (passé d’une
douleur à type de choc électrique à une simple piqûre par exemple). Au niveau cognitif, le
but va être de diminuer les pensées négatives autour de la douleur et de se servir de
l’histoire du patient pour modifier son rapport à la douleur (diminuer une anticipation
négative par exemple). Du point du vue émotionnel, cela peut conduire à un état d’esprit
différent (par exemple, en lien avec un deuil non fait). Cette technique permet aussi de jouer
sur la motivation du patient pour que de lui-même il se mobilise et change sa perception.
3. La Gemmothérapie84,85
3.1 Généralités et efficacité
Il s’agit d’une discipline assez récente qui commence avec les travaux du Dr. Pol
Henry dans les années 1960 et qui se complète par ceux du Dr. Max Tétau. Souvent
considérée comme une branche de la phytothérapie, c’est une méthode naturelle basée sur
les propriétés de totipotence des tissus embryonnaires de plante. En effet, les bourgeons,
les jeunes pousses et les radicelles possèdent des cellules ayant la capacité de produire, in
vitro, une plante dans son intégralité. Ces parties en croissance ont une forte teneur en
77
oligo-éléments, minéraux, vitamines, hormones, enzymes mais aussi en acide nucléique
contenant tout le patrimoine génétique de la plante.
Les travaux du Dr. Max Tétau ont montré que des bourgeons frais ou qu’une jeune
partie en croissance de la plante possèdent une activité forte et supérieure à la
phytothérapie et permettent ainsi une utilisation à des doses bien inférieures. Il a aussi
montré que l’activité pharmacologique du bourgeon frais est supérieure à l’activité de la
même plante à l’état adulte, mais que l’indication clinique est différente entre le bourgeon
et la plante adulte.
Il n’y a pas encore assez de publications solides et fiables sur l’utilisation et l’efficacité
de la gemmothérapie, mais l’intérêt récent pour les médecines plus naturelles présentant
moins d’effets indésirables et avec moins de contre-indications va certainement faire que
cette thérapeutique sera prochainement une cible d’intérêt pour la recherche.
78
3.3 Son utilisation
Pour les enfants, plusieurs posologies sont énoncées mais la plus pertinente
présentant la meilleure innocuité est la suivante ; la durée de traitement restant inchangée :
- Traitement prophylactique : 1 goutte par année d’âge le matin à jeun ou 1 goutte/kg
de poids corporel si utilisation d’un macérat 1D.
- Traitement curatif : 1 goutte par année d’âge 3 fois par jour ou 1 goutte/kg de poids
corporel si utilisation d’un macérat 1D.
Nous allons voir des extraits de bourgeons pouvant être utilisés dans le traitement de
la douleur. Ils sont tous sans contre-indications avec la grossesse ou l’allaitement et peuvent
être utilisés chez les enfants. Cependant, ce n’est pas une généralité propre à la
gemmothérapie comme c’est le cas pour l’homéopathie, il existe d’autres extraits qui
possèdent des contre-indications qui leur sont propres.
79
Ø Cassis, Ribes nigrum est déjà considéré depuis longtemps pour la polyvalence de ses
propriétés, il est souvent surnommé « élixir de vie ». Il possède notamment une forte
propriété anti-inflammatoire.
Ø Aulne glutineux, Alnus glutinosa possède des propriétés anti-infectieuses mais
surtout anti-inflammatoires.
4. La crénothérapie
4.1 Généralités
Plus connue sous le nom de médecine thermale, il s’agit d’une technique qui vient
traiter des pathologies par l’utilisation d’une eau minérale ayant des propriétés spécifiques.
L’eau est utilisée pour réaliser différents types de soins spécifiques d’une pathologie à
traiter. La médecine thermale s’inscrit aussi dans une prise en charge globale des
pathologies en faisant appel à d’autres médecines comme la kinésithérapie, mais permet
aussi de travailler sur la relation qu’a le patient avec sa douleur et présente un rôle de
traitement psychologique de support86.
Les cures thermales restent très prisées des patients douloureux chroniques
notamment pour ce qui est des affections rhumatismales, même si ces dernières permettent
un traitement d’une multitude de douleurs d’origines diverses, entre autres les douleurs
musculo-squelettiques, nerveuses, circulatoires, gastriques.
En pratique, la médecine thermale est réalisée sous forme de cure de 18 jours par an,
dans la majorité des cas, les trois semaines de traitement sont réalisées en une fois dans un
même établissement thermal87.
4.2 Efficacité
Des études et des méta-analyses menées sur un grand nombre de patients montrent
que la médecine thermale a toute sa place dans l’arsenal thérapeutique pour la prise en
charge des patients douloureux chroniques. Cette méthode présente plusieurs effets.
80
En effet, elle permet de réduire la consommation de médicaments allopathiques pris
contre les douleurs chroniques, d’améliorer la qualité de vie des patients en jouant sur
l’amélioration de leur ressenti envers la douleur et par leur amélioration fonctionnelle, en
ayant un effet psychologique augmentant leur moral88.
Il est avéré que l’effet antalgique des cures thermales est présent pour une pluralité
de types de douleurs et que cet effet reste suffisamment présent dans le temps pour que
l’antalgie fasse effet pendant plusieurs mois (6 à 9 mois pour les troubles musculo-
squelettiques), parfois même jusqu’à la cure annuelle suivante (notamment pour les
patients souffrant d’artérite et d’insuffisance veineuse)86.
Une petite précision est à faire sur l’eau. Pourquoi utiliser spécifiquement de l’eau
minérale dite thermale et pas une eau classique que l’on a au robinet dans n’importe quelle
région de France. La réponse réside dans sa composition, particularité qu’elle acquière
lorsqu’elle est filtrée par un sol présentant des éléments minéraux caractéristiques. C’est
pour cela qu’on ne retrouve pas des stations thermales dans toutes les villes de France. La
particularité du sol va donner une composition en bicarbonate, sulfure, sulfate, minéraux
(magnésium, calcium, sodium, potassium), en halogène (iode, fluor, etc.) et en oligo-
éléments (notamment le fer) qui va permettre à l’eau, lorsqu’elle ressortira en source,
d’avoir des propriétés qui lui sont propres86.
Nous allons cibler les soins qui permettent de traiter la douleur car il en existe un
certain nombre permettant de traiter d’autres pathologies que la douleur, comme l’eczéma,
l’asthme, le diabète, etc.
L’eau thermale peut être utilisée sous différentes formes (vapeur, boue, gaz, liquide),
par différentes voies en fonction des affections à traiter et en fonction de ce qui est prescrit
par le médecin thermal afin d’avoir la meilleure prise en charge personnalisée pour chaque
individu.
81
Nous retrouvons donc :
- des douches pénétrantes (jet fin à pression normale) ;
- des douches au jet (forte pression) ;
- des bains avec la présence ou non de jets hydropulsés ou de jets d’air ;
- les enveloppements de boues (locaux ou du corps entier) ;
- les massages avec ou sans eau ;
- la vapeur en étuve ;
- cure de boisson d’eau thermale ;
- exercices en piscine ;
- mésothérapie.
82
Quatrièmement, les tissus lésés par inflammation sont traités par plusieurs
techniques. Par la pression hydrostatique on peut améliorer les œdèmes, par la chaleur
l’amélioration de la vascularisation, les contractures et les raideurs musculaires et
articulaires.
S’ajoutent à ces mécanismes deux effets. L’effet placebo lié au ressenti du patient par
rapport au traitement qu’on lui applique. Ici, il sera renforcé par l’aspect agréable prodigué
par certains soins.
Le second effet est l’effet Hawthorne qui, je cite : « est l’expression de la
considération portée aux patients par les intervenants, et qui témoigne de la participation
active et motivée des malades à une stratégie thérapeutique bien comprise et valorisée. »90
Bien sûr, dans ces deux cas, l’effet peut être inverse, devenir négatif et préjudiciable
au patient. Cependant la qualité des soins portés et le professionnalisme des praticiens font
que ces effets sont quasi systématiquement bénéfiques pour le patient et sa prise en charge.
Pour ce qui concerne les douleurs, la cure thermale est indiquée dans une multitude
de pathologies pouvant provoquer des douleurs sur le long terme. Cela va des polyarthrites
rhumatoïdes au diabète en passant par les suites d’un AVC ou des pathologies
phlébologiques. Elle est prescrite par les médecins généralistes ou par tout spécialiste à
partir du moment où il juge nécessaire son utilisation, quelle que soit la pathologie.
Concernant son innocuité, la médecine thermale est assez bien tolérée mais il est
possible de constater l’apparition de troubles digestifs, des modifications de la tension
artérielle, des irritations cutanées. D’autres effets peuvent encore apparaitre en fonction
des individus, de leur pathologie et des soins reçus.
83
Cependant, ces effets arrivent souvent lors de la première cure et surtout au cours
des premiers jours. Ils sont majoritairement bénins mais ils doivent faire l’objet de
l’attention du pharmacien et du médecin thermal pour avoir une prise en charge optimale et
avec le moins de risque possible.
5. La mésothérapie91–94
5.1 Généralités et définition
C’est une technique de précision qui vise à avoir un effet antalgique plus ou moins
durable et plus ou moins fort en fonction de l’injection réalisée par le médecin. Pour cela, il
faut qu’un pré-examen clinique ait lieu afin de déterminer le protocole de mésothérapie à
appliquer pour obtenir une prise en charge efficace et optimale.
Cette méthode de traitement des douleurs créée dans les années 50 par le docteur
Michel Pistor ne présente pas assez d’études scientifiques pour affirmer avec certitude les
bienfaits de la mésothérapie. Nous trouvons cependant des publications dont celle du
Docteur Benoït Labenne91 qui, sous le relevé d’étude de cas, montre une forte efficacité
antalgique de cette méthode et une durabilité de ses effets.
84
5.2 Ses indications et son utilisation
5.2.1 Les indications
Elle sera utilisée dans de nombreux contextes pathologiques différents même si elle
est plus particulièrement utilisée pour traiter les douleurs musculo-squelettiques et
l’insuffisance veineuse.
Dans les indications concernant les pathologies chroniques, nous retrouvons entre
autres :
- les affections rhumatismales ;
- arthrose et arthrite ;
- dorsalgies ;
- tendinopathies ;
- zona ;
- acouphènes ;
- douleurs neurogènes et psychogènes.
Dans les contextes vus ci-dessus, on pourra faire une utilisation différente de la
mésothérapie en fonction de l’effet que le médecin veut obtenir sur son patient.
En effet, dans le cadre des douleurs chroniques, le médecin pourra chercher une
action forte, qui agit rapidement mais qui ne perdure pas dans le temps, afin de soulager
une poussée douloureuse par exemple. Dans ce cas, il faudra sélectionner une certaine
profondeur de piqûre pour injecter le principe actif.
Si le praticien veut un effet durable pour soulager une douleur constante, présente
en permanence, il déposera le produit un peu plus en surface du derme.
En effet, les cinétiques d’absorption sont différentes en fonction de la profondeur
des injections. De la cinétique la plus rapide avec un effet rapide vers la cinétique la plus
lente avec un effet retardé mais étalé dans le temps, on retrouve les voies :
85
Intra-Musculaires > Sous-Cutanées > Intra-Dermiques > Extra-dermiques
Pour réaliser ces injections, il faut des aiguilles à usage unique de faible diamètre, en
général compris entre 0,3 et 0,4 mm et une longueur allant de 4 à 13 mm. Le choix de la
longueur sera déterminé par la zone d’injection choisie (intra-musculaire ou intra-dermique).
Les produits injectables peuvent être des anesthésiques (lidocaïne, prilocaïne), des
AINS (piroxicam, diclofenac, etc.), des antalgiques (non-morphiniques comme le néfopam ou
morphiniques). Peuvent être injectés des produits myorelaxants, homéopathiques ou encore
des neuroleptiques et antidépresseurs.
Ils peuvent être injectés seuls ou en association ; cette dernière sera de composition
différente en fonction de la pathologie ou des zones à traiter.
D’autres substances peuvent être injectées par cette technique : de l’eau thermale
sous forme de gaz par exemple. Nous verrons cela dans le chapitre suivant.
L’injection ne se fait pas n’importe où dans la zone douloureuse, elle doit se faire en
des points précis qui doivent être analysés lors du premier examen médical. Il faut en effet
trouver les zones douloureuses ainsi que leur projection et voir si elles sont rattachées à une
origine que l’on peut atteindre avec le traitement par mésothérapie.
86
Pour cela le praticien identifie des zones « gachettes » par la palpation, par la
pression et enfin par l’analyse qu’il en déduit des réactions de ces zones ainsi que des
réactions du patient. Il sera aussi amené à rechercher la chaine musculaire ou squelettique
en cause dans l’hypothèse de la présence d’un myotome ou d’un dermatome touché en
particulier, ou pour déceler des douleurs s’inscrivant dans un contexte plus général comme
c’est le cas pour les fibromyalgies.
Elle est basée sur les propriétés vasodilatatrices du dioxyde de carbone. Les études
ainsi que l’expérimentation clinique95 montrent un effet de sédation de la douleur, une
diminution des contractures musculaires et une augmentation de l’amplitude articulaire. Sur
le long terme, l’étude a montré une réduction des poussées évolutives et de la
symptomatologie entre les cures thermales, une diminution de la consommation
d’antalgiques et d’anti-inflammatoires. Cette méthode est aussi basée sur la capacité de
diffusion du gaz thermal qui permet, lorsqu’il est injecté sur la région douloureuse, de traiter
la zone atteinte dans sa globalité.
87
5.4 Effets indésirables et précautions d’emploi
Pour la carbothérapie, les effets indésirables les plus fréquents sont les hématomes,
du prurit et des érythèmes localisés. Aucun effet indésirable grave n’a été rencontré.
88
Partie 2 : Evaluation de la prise
d’antalgique en officine
89
I. Objectifs
Plusieurs objectifs sont définis par la mise en place de ce questionnaire. Un état des
lieux de l’utilisation d’antalgique va être fait chez des patients souffrant de douleurs
chroniques. Le but va être de savoir quelles sont les molécules prescrites par les médecins et
celles prises par les patients dans un contexte d’automédication et savoir quelle est leur
efficacité et l’utilisation quand font les patients.
Au-delà de cet objectif, l’étude va permettre de savoir quelle est la proportion de
patients douloureux chroniques qui ont recours à une méthode thérapeutique alternative
pour se prendre en charge. L’efficacité sera évaluée pour chaque méthode et l’apport de ces
thérapeutiques sera discuté.
L’enquête servira aussi à mettre en évidence et à discuter le lien éventuel qu’il peut
exister entre l’utilisation de certain médicament ou l’utilisation de certaines thérapeutiques
alternatives et l’intensité douloureuse ou l’origine douloureuse des patients.
Enfin, nous restons du point de vue pharmaceutique et particulièrement dans le
domaine de la pharmacie officinale. Donc une partie de l’étude va déterminer la place du
pharmacien au sein de la prise en charge douloureuse, est-il un interlocuteur adapté ?
Présente-t-il des moyens permettant d’améliorer la prise en charge du patient douloureux ?
90
2. Population étudiée et taille de l’échantillon
Nous parlons ici des douleurs chroniques, quelle qu’elles soient et de leur traitement
en général, qu’il soit prescrit par un médecin ou que le patient s’automédique. Pour cela,
deux populations étaient incluses :
- toute personne se présentant au comptoir de l’officine et qui nous présentait une
ordonnance établie pour traiter une douleur,
- toute personne nous demandant un produit ou un conseil pour soulager sa
douleur.
Dans les deux cas il faut que la douleur se soit déclarée depuis plus de trois mois pour
que l’on puisse parler de chronicité et faire rentrer le sujet dans l’étude réalisée.
Avec ces critères d’inclusion et sur les 6 mois de l’étude, la taille de notre échantillon
est de 18 patients.
Les généralités autour du patient et de sa douleur sont étudiées par les parties 1, 2 et
3. Dans la première, seul l’âge, le sexe et la profession sont demandés. La deuxième partie
permet de savoir depuis combien de temps sa douleur le fait souffrir et quelle en est la
cause si elle est connue. La troisième partie interroge le patient sur son ressenti général sans
traitement et l’impact qu’a la douleur sur son quotidien.
91
La partie quatre se concentre sur son traitement médicamenteux qu’il soit sur
prescription médicale ou qu’il s’agisse d’automédication. Je tiens à préciser que des
compléments alimentaires ou des dispositifs médicaux ingérables peuvent être retrouvés
dans cette partie et non pas uniquement des médicaments disposant d’une AMM. Un focus
est fait sur l’efficacité du traitement médicamenteux pris, s’il présente des effets
indésirables et quelle en est la fréquence. Enfin, une série de questions est posées sur les
médicaments pris en automédication afin de savoir s’ils sont efficaces dans ce contexte et si
les posologies sont respectées.
Sur le même principe que la partie précédente, la cinquième partie se concentre sur
les autres méthodes utilisées pour soulager la douleur, si elles sont efficaces, si elles
présentent des effets indésirables et quelle en est la fréquence.
4. Réalisation de l’enquête
Les questionnaires ont été donnés en format papier comportant cinq pages. Il fut
distribué durant le premier semestre 2020, du 2 janvier au 30 juin à chaque patient souffrant
de douleur chronique dans deux officines du département du Puy-de-Dôme, une pharmacie
de ville à Clermont-Ferrand et une pharmacie de station thermale de montagne au Mont-
Dore.
92
mentionner d’éventuels problèmes de compréhension par manque de clarté ou dû à une
mauvaise tournure de phrase. Le questionnaire a fait l’objet de plusieurs modifications à la
suite de ces remarques.
Les questionnaires, qui sont anonymes, se voit recevoir un numéro propre afin de
facilité l’extraction des résultats et leur discussion. Les résultats ont été synthétisés sous
forme de tableaux ou de graphiques construit avec le logiciel Excel®. Quand cela était
nécessaire et pertinent, une moyenne a été calculée soit manuellement soit avec Excel®.
6. Conception du questionnaire
Dans cette enquête, plusieurs formes de questions sont retrouvées. Selon l’item, la
forme change pour avoir une réponse plus précise ou pour rendre la demande plus claire
afin de faciliter la réponse du patient.
Le questionnaire comporte donc des questions ouvertes qui nécessitent que le
patient rédige sa réponse, des questions fermées pour lesquelles il faut simplement cocher
une casse, des tableaux lorsque pour une même question plusieurs items doivent être
abordés, et enfin nous avons mis des échelles calquées sur le principe de l’EVA permettant
d’évaluer la douleur.
Ces échelles facilitent la réponse à la question, et plusieurs informations y figurent
pour que le sujet puisse prendre la graduation qu’il préfère ou celle qu’il comprend le mieux.
Pour nos échelles, la graduation classique est utilisée (basée sur les chiffres de 0 à 10) à
laquelle est associé un mot définissant le chiffre ou la zone de l’échelle présente
correspondant. Des émoticônes représentant des visages sont aussi placés sous l’échelle
pour en faciliter la lecture et pour la rendre plus graphique. Voici un exemple de l’échelle
utilisée.
93
III. Résultats et discussion
94
1. Profil des répondants
Je parle bien ici d’un taux de retour et non d’un taux de participation, car sur mes
propositions de participation à cette étude, j’ai essuyé 5 refus sur 24 propositions faites au
total. La cause justifiant ce refus était la même à chaque fois : le manque de temps du
patient. Cela porte le taux de participation à 79,2%.
5
Nombre de patients
0
25-35 ans 36-45 ans 46-55 ans 56-65 ans plus de 65 ans
Classification par tranche de 10 ans des âges des patients douloureux chroniques ayant
participés à l’enquête. Le nombre de patient (N) est de 18 (N=18).
95
La moyenne d’âge obtenue est 58,8 ans et l’âge médian est de 59 ans. Le patient le
plus jeune a 28 ans et le doyen de l’enquête a 77 ans. La répartition graphique nous montre
que les tranches d’âge 56-65 ans et 65 ans et plus possèdent le plus de représentants (figure
6).
Sur les 19 réponses obtenues, 12 étaient des femmes et 6 étaient des hommes, ce
qui fait en pourcentage une représentation féminine des patients douloureux chroniques de
66,7 % et une représentation masculine de 33,3 %.
Commençons par la durée des douleurs : dans ce sujet, notre intérêt se porte sur les
douleurs chroniques, c’est-à-dire qui sont présentes depuis plus de 3 mois, mais il n’y a pas
de limite dans le temps. Suite à l’enquête, la moyenne et la durée médiane peuvent être
96
calculées ; nous remarquons aussi que la durée de souffrance des patients va de 4 mois à 50
ans pour les deux extrêmes du relevé effectué.
- La moyenne de durée des douleurs chroniques est de 15,7 années.
- La durée médiane des douleurs chroniques est de 10 ans.
Pour faciliter l’analyse, un histogramme qui regroupe chaque cas dans une tranche
d’âge choisie arbitrairement est réalisé (figure 8). Dans ce contexte, les durées de douleurs
seront regroupées par tranches de 5 ans, exception faite de la première tranche qui
concerne les douleurs inférieures à 1 an et de la dernière tranche qui concerne les très
longues durées supérieures à 15 ans.
5
Nombre de patients
0
3 mois < x ≤ 1 an 1 an < x ≤ 5 ans 5 ans < x ≤ 10 ans 10 ans < x ≤ 15 ans x > 15 ans
Classification des durées de douleurs développées par les patients douloureux chroniques
par tranches de 1 an et de 5 ans. N=18.
Nous remarquons que 2 patients sur 18 ont des douleurs inférieures à 1 an, soit
11,1 %, ce qui veut dire que parmi les 18 patients, 16 ont des douleurs supérieures à 1 an,
97
soit 88,9 %. L’histogramme révèle une forte densité de patients souffrant depuis plus de 5
ans : 77,8 % et parmi eux, 6 sur 18 (33,3 %) ont des douleurs depuis plus de 15 ans.
Enoncé des origines des douleurs par les patients de l’enquête menée en officine.
98
Origines de la douleur chronique
Inconnue
17% 11%
Pathologie(s)
douloureuse(s)
22%
Des informations données par les patients, on a pu en tirer des origines communes qui
peuvent être regroupés dans ce graphique, N=18.
Sur les 18 patients interrogés (figure 9), 50% (soit 9 sujets) ont des douleurs
provenant d’une maladie, d’une pathologie diagnostiquée (arthrose, polyarthrite
rhumatoïde, etc.). Dans ces 50% il est important de préciser un point qui n’apparait pas sur
le graphique et qui sera intéressant de discuter le moment venu. En effet, 2 de ces 9 patients
présentent une fibromyalgie consécutive à une affection psychologique et émotionnelle
(stress, anxiété, mal-être, etc.).
Quatre sujets, soit 22% de notre échantillon présentent des douleurs qui ont pour
origine une activité de loisirs ou sont issues de la vie courante, quotidienne.
Trois patients représentant 17% de l’échantillon ont des douleurs liées à un accident
du travail ou à une activité professionnelle physique ayant dégradée leur santé.
Enfin, deux personnes présentent des douleurs chroniques qui n’ont pas d’origine
connue, qui n’ont pas de diagnostic précis et clair posé par les médecins, cela représente les
11 derniers pour cent.
99
1.5. Ressenti douloureux des patients
1.5.1. L’intensité douloureuse avant la prise du traitement
Les résultats obtenus peuvent être représentés par l’histogramme suivant (figure 10).
5
Nombre de patients
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Intensité douloureuse
Chaque patient a évalué son intensité douloureuse sur une échelle de type EVA avant la
prise de leur traitement antalgique. N=18.
Avant de détailler quelles sont les activités touchées, tous les patients ayant répondu
au questionnaire déclarent que leur(s) douleurs(s) ont un impact, quel qu’il soit, sur leur vie.
100
Ils étaient interrogés sur l’impact concernant : leur sommeil, leur appétit, leurs
activités de loisirs, leurs relations (amicales, familiales ou autres), leur travail et leurs
activités quotidiennes en générale, c’est-à-dire l’entretien de leur maison, les transports,
leurs courses, entre autres choses.
De leurs réponses, on peut faire la représentation graphique suivante (figure 11).
16
14
Nombre de patients
12
10
0
Sommeil Appétit Loisirs Activité Relations Travail
quotidienne humaines
Types d'activité
Recensement des activités qui subissent un impact lié à la douleur chronique pour les
patients de l’enquête. N=18.
L’impact le plus important des douleurs chroniques s’exerce sur l’activité quotidienne
avec 94,4% des cas, suivent de près les loisirs avec 88,9% des cas. Le sommeil est perturbé
chez 72,2% des patients, le travail pour 50% d’entre eux, les relations humaines sont
impactées à 38,9% et enfin, l’appétit est impacté par les douleurs chez 11,1% des patients
interrogés.
101
1.5.3. L’importance accordée au soulagement de la douleur
par le patient
5
Nombre de patients
1
0 0 0 0 0 0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Importance donnée au traitement
Les patients, sur une échelle de type EVA ont évalué l’importance qu’ils accordent au
soulagement de leur douleur par leur traitement antalgique. N=18.
Nous observons que plus l'intérêt d’un traitement se fait prioritaire (plus on tend vers
10), plus le nombre de patients est important. La moyenne des réponses donne le résultat
suivant : 8,7/11.
102
1.6. Discussion du profil des patients
1.6.1. L’’âge des patients
La première chose remarquable est que la douleur chronique touche presque tous les
âges. En effet le patient le plus jeune a 28 ans et le doyen a 77 ans. Dans la répartition par
tranche d’âge de la figure 6 nous voyons bien que toutes les catégories d’âge sont
représentées excepté les moins de 25 ans.
Il est vrai que pour cette dernière, très peu de personne doit venir chercher un
produit pharmaceutique à visée antalgique pour une douleur qui serait supérieure à 3 mois.
De plus très peu de personne mineure souffre de ce type de douleur et souvent ce sont les
parents qui viennent chercher leur traitement et il est compliqué de leur demander de faire
répondre leur enfant. Dans cette enquête, ce dernier cas ne s’est pas présenté, aucune
personne de moins de 25 ans n’est venue à l’officine pour une prise d’antalgique traitant
une douleur supérieure à 3 mois.
L’enquête nous montre nettement que les patients douloureux chroniques sont des
femmes, à hauteur de 67 %. Cela est en cohérence avec la thèse de Fouquet Sophie et Orset
Maxime3 (2012) ainsi qu’avec la publication de Bouhassira et al2. de 2008 qui recensent plus
de femme souffrant de douleurs chroniques que d’homme.
103
Le rapprochement de cette information sur le sexe des patients est intéressant à faire
avec la catégorie professionnelle que nous allons voir.
Une grande variété de professions a été renseignée par les patients de l’enquête et
plus de 55 % d’entre eux exercent ou ont exercé un métier pénible considéré comme
physiquement éprouvant. Cela montre bien l’impact que peut avoir une activité
professionnelle sur l’état de santé d’une personne. Parmi ces 55 %, tous n’ont pas une
maladie douloureuse en lien avec leur travail, mais le fait que leur métier ait aggravé leur
situation ou ait ralenti leur rémission est certain. Dans les métiers considérés comme
pénibles rapportés par les patients, sont retrouvés ceux du bâtiment, de la santé (aides-
soignantes, infirmières), de la maintenance, de l’artisanat (bouchers, restaurateurs), des
ouvriers (industriels, agricoles).
Concernant la durée des douleurs des patients, elles vont de 4 mois à 50 ans et
toutes les durées sont représentées entre ces deux extrêmes. La moyenne d’âge des
douleurs chroniques est de 15,7 ans et l’âge médian calculé est de 10 ans. Cela montre qu’il
y a des durées de douleurs supérieures à 10 ans qui sont très importantes et que les patients
104
au-dessus de cette médiane présentent des douleurs depuis un temps si conséquent qu’ils
font augmenter la moyenne de presque 6 ans.
La répartition par tranche de durée de la figure 8 montre aussi une forte
représentation des personnes souffrant depuis plus de 15 ans et, parmi ces patients, 4
souffrent depuis plus de 34 ans, ce qui est une durée très longue et qui a un sérieux impact
sur le quotidien et la vie de ces patients.
La figure 8 nous montre que seul 11,1% des patients souffrent depuis moins d’un an,
dans cette répartition on voit que 77,8% souffrent depuis plus de 5 ans et 33,3% souffrent
depuis plus de 15 ans. En conclusion, les durées sont importantes, majoritairement
supérieures à 5 ans avec une durée moyenne de 15 ans et 8 mois.
Cette durée longue de douleurs révèle que les traitements sont uniquement
symptomatiques et non étiologiques. Cela montre aussi que la cause provoquant ces
douleurs se traite difficilement ou qu’elle s’avère incurable. En effet, concernant les origines
des douleurs chroniques, le tableau 4 met en évidence beaucoup de maladies évolutives qui
peuvent se traiter mais pas guérir, ceci explique la durée importante de présence des
douleurs chez les patients. Nous retrouvons aussi un certain nombre d’accident qui ont
provoqué des traumatismes difficiles à guérir voire incurables selon les dires de certains
patients interrogés.
Dans la figure 9, le constat est fait que les pathologies sont à l’origine de la moitié des
douleurs chroniques et que les accidents qu’ils soient liés ou non à une activité
professionnelle représentent 39 % des origines douloureuses. Ce sont les seules catégories
rapportées par les patients, les origines sont donc peu nombreuses même s’il y a 11% des
patients qui présentes des douleurs dont l’origine n’a pas été trouvé par les spécialistes. Ce
type de douleur, dite idiopathique par les professionnels, n’est pas rare et sont très difficiles
à traiter.
105
1.6.5. Ressenti douloureux des patients sous traitement
Donc, un patient douloureux chronique, en plus de souffrir depuis un temps que l’on
peut qualifier de long (plus de 15 ans en moyenne pour notre étude), présente une douleur
importante qualifiée de sévère qui ne peut pas se passer d’une prise antalgique. De plus
l’intensité est telle qu’une prise d’antalgique de palier I ne suffira certainement pas à le
soulager suffisamment pour redescendre à un seuil de douleur acceptable par le patient.
Toutes les personnes ayant répondu au questionnaire évoquent que les douleurs ont
une incidence sur leur quotidien. En effet, même les personnes ne souffrant que de douleurs
légères (2 patients sur les 18 de l’étude) disent ressentir un impact négatif sur leur vie même
si les douleurs sont faibles et peu importantes. En effet, la durée est aussi importante que
l’intensité. Une douleur aussi faible soit-elle peut être insupportable si cela fait des années
qu’elle est présente, et qu’elle ne part pas avec la prise d’un traitement.
De plus, le fait de savoir que le traitement n’est efficace qu’un certain laps de temps
et que la douleur finira inévitablement par revenir a des répercussions psychologiques,
émotionnelles sur la vie du patient. Ceci démontre bien l’une des différentes composantes
de la douleur vues précédemment : la composante affectivo-émotionnelle.
106
Maintenant, il est intéressant de savoir quelles sont les activités qui sont impactées
dans le quotidien de nos patients douloureux chroniques. L’enquête montre que dans leur
vie la douleur touche : le sommeil, l’appétit, les loisirs, le travail, les relations humaines et les
activités quotidiennes comme le fait de faire la cuisine, le ménage ou les courses.
Les activités du quotidien sont celles qui sont les plus impactées, selon les patients.
Leur douleur ne leur permet pas de faire correctement certaines tâches journalières et
parfois ces dernières nécessitent une aide extérieure (aide-ménagère, appel à la famille).
Dans certains cas, les patients ne les effectuent tout simplement pas, même s’ils en ont la
volonté ou si elles sont nécessaires.
Les deux autres activités les plus atteintes sont les loisirs et le sommeil. Les patients
n’ont plus les capacités et parfois la motivation de se divertir. Quant à leur sommeil, il est
très altéré avec souvent des nuits raccourcies et une qualité perturbée en raison de réveils
fréquents. L’absence ou la mauvaise qualité de ces activités a des conséquences directes sur
la condition physique des patients mais aussi sur leur psychique.
Le travail et les relations humaines (amicales, familiales ou amoureuses) sont assez
impactés pour respectivement 50 % et 39 % d’entre eux. Ces deux catégories provoquent
d’importantes répercussions sur l’émotionnel des patients, sur leur approche psychologique
de leur douleur. En effet, cela les pousse involontairement à se renfermer sur eux-mêmes et
à limiter leurs interactions avec autrui. Cela va être un axe important de la prise en charge
du patient douloureux, une prise en charge non thérapeutique, ou du moins non
médicamenteuse, mais qui a une forte importance. Essayer de faire sortir le patient
douloureux de sa bulle, lui dire qu’il n’est pas tout seul et apporter des solutions pour lui
faire reprendre contact avec le monde extérieur. Ceci notamment en termes de relations
humaines, car pour le travail le problème peut être différent, les conditions physiques et les
capacités personnelles à exercer une tâche étant un prérequis à certaines professions.
L’appétit n’est ici affecté que pour deux patients, mais cela n’est pas pour autant à
négliger, car une perte d’appétit ou la perte de l’envie de se nourrir est une conséquence
très grave que peut avoir la douleur. Le fait de mal se nourrir peut causer une multitude
d’autres problèmes, allant de la simple perte de poids aux carences profondes pouvant
entraîner l’apparition de nouvelles pathologies, qui seraient par conséquent imputables à la
douleur chronique.
107
L’ensemble de ces données confirment que la douleur chronique détériore la qualité
de vie98,99. Notre questionnaire n’aborde pas directement l’anxiété ou la dépression des
patients. Il aurait été cependant intéressant d’évaluer ces comorbidités. En effet, la
prévalence des troubles anxieux chez les patients souffrant de douleur chronique atteint
jusqu’à 26% contre 7 à 18% dans la population générale (Global Burden of Disease Study
2013 Collaborators100, 2015 ; Twillman et al.,101 2007), et les signes de dépression sont
estimés survenir chez 50% des patients douloureux (Dworkin et Gtlin102, 1991 ; Oliveira et
al.103, 2018) qui, de plus, sont deux à trois fois plus susceptibles de développer de l’anxiété
ou de la dépression (Demyttenaere et al.104, 2007). En parallèle, les patients souffrant de
troubles anxieux ont un risque plus élevé de développer des douleurs chroniques (Sareen et
al.105, 2005). Ceci montre qu’un cercle vicieux peut se mettre en place sachant que l’anxiété
et la dépression sont des amplificateurs de la perception de la douleur (Klauenberg et al.106,
2008 ; Ploghaus et al.107, 2001).
108
obtiendrions des réponses plus basses et un graphique décalé vers la gauche, du côté des
degrés d’importance les moins élevés.
Nous pouvons donc dire que le patient n’est pas démoralisé à l’idée de prendre son
traitement et qu’il l’estime assez utile vu qu’il lui attribue une importance moyenne de
8,7/11, soit une importance majeure avec une priorité certaine.
Voici le tableau III qui présente les résultats bruts obtenus lorsque les patients sont
interrogés sur les médicaments antalgiques prescrits par leur médecin.
Liste des médicaments utilisés par les patients sur prescription de leur médecin. Pour
chaque spécialité,
Traitement des douleurs partie 4 le nombre de patient l’utilisant figure en sur
liste des médicaments face de celle-ci.
prescription utilisés N=18 patients
Paracétamol 10 Oxycodone 1
Lamaline 3 Laroxyl 1
Tramadol 3 Flector 1
Prégabaline 4 Prednisolone 2
Ixprim 2 Diprostene 1
Kétoprofene 2 Prednisone 1
109
De ces données, un regroupement des médicaments en catégories qui représentent
une classe thérapeutique ou une molécule seule est effectué (figure 13). Cela permet d’avoir
une représentation graphique de l’utilisation d’antalgique par les patients.
10
7 7
2 2
55,6% 38,9% 38,9% 11,1% 11,1% 22,2%
PARACÉTAMOL ANTI- ASSOCIATIONS ASSOCIATION AVEC MORPHINIQUES ANTIÉPILEPTIQUES
INFLAMMATOIRES CODÉINÉS LE TRAMADOL ET
ANTIDÉPRESSEURS
Rapport entre une molécule ou une classe thérapeutique et le nombre de patient qui l’utilise
pour le traitement de sa douleur chronique. Les pourcentages d’utilisation liés à chaque
molécule sont inscrits à la base de la colonne correspondant. N=18.
110
Relation entre les spécialités utilisés et les patients traités
14
12
12 12
10
6
6 6
4
4
2
2 2 2
0
Palier I Palier II Palier III Neuroleptiques et
antidépresseurs
Nombre de spécialités Nombre de patients traités
Le palier III correspondant aux antalgiques les plus puissants pour les douleurs
sévères très intenses représente 2 spécialités et concerne 2 sujets sur les 18 interrogés, soit
11,1%.
Le palier II correspondant aux antalgiques traitant les douleurs modérées à intenses
représente 6 spécialités et concerne 12 sujets sur les 18, soit 66,7%.
Le palier I correspondant aux antalgiques traitant les douleurs faibles à modérées
représente 6 spécialités et concerne 12 sujets sur les 18, soit 66,7%.
La dernière catégorie correspondant aux antiépileptiques et antidépresseurs
majoritairement utilisés pour traiter les douleurs neuropathiques représente, ici, 2
spécialités et concerne 4 sujets sur 18, soit 22,2%.
111
2.1.2. Soulagement de leur(s) douleur(s) et efficacité du
traitement
Nous nous sommes ensuite intéressé à l’efficacité des traitements. Cette question a
été traduite dans le questionnaire par une échelle (type EVA) cherchant à donner une note
au degré de soulagement de la douleur induit par le traitement prescrit par le médecin
(figure 15).
7
6
5
4
3
2
1
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Intensité de soulagement de la douleur
Sur une échelle de type EVA, les patients ont évalué le soulagement procuré par la prise de
leur traitement prescrit par leur médecin. N=18.
112
l’on prend la globalité des patients de cette enquête présentant des douleurs chroniques,
nous calculons qu’ils sont soulagés à hauteur de 55 % par leur thérapeutique prescrite.
7
Niveau de douleur
0
0 1 2 3
Paliers d'antalgie
C’est un nuage de point qui met en relation le niveau de douleur ressenti sans traitement et
le niveau de palier d’antalgie auquel appartient la molécule prescrite par le médecin. Un
patient est traité que par un antiépileptique, il n’apparait donc pas dans cette
représentation, N=17. Les rectangles rouges représentent ce que nous attendions d’un tel
graphique dans la répartition des points.
113
Il est important de savoir si les patients, de leur propre chef, augmentent la posologie
de leur traitement afin d’obtenir un soulagement plus important (figure 17).
Nous remarquons que sur les 18 patients questionnés, 10 le font au moins une fois à
l’occasion et 8 patients n’y ont jamais recours
6%
44%
OUI, à l'occasion
50%
NON, jamais
N=18
Suite aux deux dernières figures vues ci-dessus, il est intéressant d’étudier l’intensité
de soulagement de la douleur par palier d’antalgie ainsi que le nombre de patient
augmentant leur posologie dans ces mêmes paliers. Il en ressort la figure 18.
114
Relation entre l'intensité de soulagement de la douleur et
l'augmentation de posologie
13
12
11
10
9
8
7
6
5 5,6
5,3 5,5
4 4,5
3
2
1
0
Palier I Palier II Palier III Neuroleptiques et
antidépresseurs
Par palier d’antalgie, le nombre de patients traités est représenté (en bleu) ainsi que le
nombre d’entre eux qui augmente leur nombre de prise (en rouge). Pour chaque palier,
l’intensité moyenne de soulagement de la douleur (en vert) a été calculée et la valeur figure
directement sur l’histogramme. N=18.
Il est possible que, parmi les patients ayant répondu au questionnaire, certains
bénéficient d’un traitement non définitif du fait que la bonne posologie n’est pas encore
trouvée ou que la molécule utilisée n’est pas optimale sur le plan bénéfice/risque (le risque
ici étant surtout les effets indésirables). L’item suivant cherche donc à savoir combien de
patients présentent un traitement qui est susceptible de changer pour être plus adapté à
leur pathologie douloureuse.
115
Proportion de la stabilité du traitement
Traitement adapté
50% 50%
Traitement en cours
d'adaptation
Pour chaque patient, il a été demandé si le traitement pris était définitif et adapté à leur
maladie ou si le médecin était en recherche d’un traitement afin de trouver celui qui serait le
plus efficace et adapté. N=18.
Sur les 18 patients de l’enquête, 10 d’entre eux utilisent l’automédication soit plus de
55% de la population globale de notre échantillon. La première question qui vient à l’esprit
est autour de l’intensité de la douleur ressenti par les patients utilisant l’automédication.
Pour répondre à cette interrogation, la figure 20 ci-dessous en permettra la discussion.
116
Intensité douloureuse chez la population s'automédiquant
6
4
Nombre de patients
Population complète
3
Patients utilisant
l'automédication
2
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Intensité douloureuse
Figure 20 : Intensité douloureuse avant traitement chez les patients qui s’automédiquent
Parmi les 10 sujets qui ont recours à l’automédication en plus du traitement prescrit
par leur médecin, ils vont utiliser certaines molécules disponibles sans ordonnance (figure
21).
117
Médicaments utilisés en automédication
10%
40%
50%
Les médicaments listés dans le tableau 6 ont été regroupés en 3 grandes catégories afin d’en
établir un diagramme plus lisible. N=10.
Médicaments utilisés en
automédication
Aspégic 2
Voltarène
1
emplâtre
Paracétamol 5
Phytothérapie 1
Ibuprofène 1
118
2.2.3. Utilité et efficacité des médicaments utilisés
3 3
AINS
Paracétamol Paracétamol
Phytothérapie
Figure 22 : Efficacité des médicaments pris en automédication sur les douleurs chroniques
Pour chaque importance d’efficacité de traitement, le nombre de patient est rappelé ainsi
que la classe thérapeutique utilisée. N=10.
L’efficacité est différente de l’utilité, c’est pourquoi une relation entre les deux est à
établir, car l’utilité de l’automédication au regard de son efficacité et de l’efficacité du
traitement prescrit par le médecin peut varier. Voici donc l’utilité ressentie par les patients
utilisant l’automédication (figure 23).
119
Utilité de l'automédication vu par les patients
2 2 2
Chaque patient, quel que soit sa thérapeutique, à définie une utilité à l’automédication
choisie au vu de son expérience et de son soulagement des douleurs chroniques. N=10.
120
2.2.4. Fréquence de prise des médicaments utilisés
4
AINS
3 Paracétamol 1g
2
Paracétamol
1 500mg Phytothérapie
0
≤ 3/jr 4/jr 6/jr
Les réponses données par les patients permettent de les regrouper en 3 catégories de
fréquence de prise.
Les données obtenues, reprisent par la figure 24, ont permis de réaliser
l’histogramme ci-dessus. Il montre que 5 patients ont recours à l’automédication 3 fois par
jour ou moins ; 2 patients y ont recours 4 fois par jour ; et 1 patient 6 fois par jour.
Il est important de noter que la personne ayant recours à 6 prises médicamenteuses
par jour est la personne utilisant un médicament de phytothérapie.
Toutes les personnes ayant recours à l’automédication n’ont pas répondu. En effet, 2
d’entre elles ont laissé un espace vide à cette question.
Quel que soit leur traitement médicamenteux, sur prescription médical ou via
l’automédication, une question porte sur la présence d’effets indésirables et leur fréquence
d’apparition. Les réponses apportées peuvent être représentées de la façon suivante (figure
25).
121
Présence d'effets indésirables chez les patients
douloureux chronique sous traitement
17%
28%
33%
22%
Sur 18 patients : 3 d’entre eux (soit 17%) présentent des effets indésirables à chaque
prise médicamenteuse ; 6 patients (soit 33%) présentent des effets indésirables de temps en
temps, de façon irrégulière mais toujours présente ; 4 patients (soit 22%) n’en présentent
que rarement ; et 5 patients (soit 28%) n’en présentent jamais.
Pour ce qui est des traitements prescrit par le médecin, une relation peut être
réalisée entre le ou les paliers utilisés et la fréquence d’apparition des effets indésirables. La
figure 26 ci-dessous expose les résultats obtenus.
122
Fréquence des effets indésirables par palier d'antalgie
5
Nombre de patients
0
Palier I Palier II Palier I + II Palier III Neuroleptiques et
antidépresseurs
Pour chaque palier et chaque regroupement de palier, le nombre de patients utilisant une
médication y appartenant figure sur le graphique. N=18
Différents types d’effets indésirables peuvent être rapportés par les patients lors de
leur prise médicamenteuse. Voici la liste exhaustive avec, en face de ces effets néfastes, la
ou les molécules prises (tableau V).
Seules les personnes ayant des effets indésirables à chaque prise ou de temps en
temps ont répondu à cette question. Les patients n’ayant pas ou très peu d’effets
indésirables n’ont pas préciser de quel type d’effet ils souffraient.
123
Tableau V : Lien entre les effets indésirables et le traitement pris
Les effets indésirables rapportés pour chaque patient ont été rapprochés avec la ou les
molécules prisent.
Constipation Oxycodone
Vomissements Izalgi
Nausées Paracétamol
124
présentant plus de risque à l’utilisation. De fait, le paracétamol reste une molécule efficace
avec un rapport bénéfice/risque très favorable.
Il faut savoir que les patients prenant cette molécule s’en servent souvent comme
thérapeutique d’appoint en cas de douleur pas entièrement soulagée par un autre
traitement qui serait pris sur une longue durée (traitement de fond).
Les anti-inflammatoires sont aussi fréquemment prescrits par les médecins. Dans
cette étude, ils sont utilisés par les patients à hauteur de 38,8 %. Les médicaments anti-
inflammatoires ont une action rapide et plus importante que celle du paracétamol. Leur
efficacité est démontrée dans les prises en charge des maux de tête, des douleurs
articulaires et dans tout état causant une inflammation provoquant des douleurs. Il existe
cependant des inconvénients à leur utilisation, bien connus des patients qui y ont recours.
En effet, il y a de nombreuses contre-indications et les effets indésirables ne sont pas rares,
surtout au niveau de la sphère digestive pour laquelle une prise alimentaire est préférable
lors de l’ingestion d’anti-inflammatoire. Leur durée d’action est souvent critiquée, car,
comme pour le paracétamol, si un patient ne souhaite pas voir ressurgir sa douleur ou en
voir son intensité fortement augmenter, il est dans l’obligation de reprendre une prise
médicamenteuse avant le délai minimum conseillé.
La parade trouvée à cela est l’alternance entre une prise d’AINS, par exemple au
repas du midi, est une prise de paracétamol dans l’après-midi, 3 ou 4 heures après celle de
l’AINS. Cela permet d’éviter la résurgence de leur douleur et de respecter la posologie de
prise de chaque médicament utilisé. Cette méthode autorise ainsi les patients à reprendre
une prise d’AINS au repas du soir et une prise de paracétamol au coucher, 6 heures après la
prise du milieu d’après-midi.
Pour ce qui est des douleurs plus importantes, modérée à forte, les praticiens
prescrivent des antalgiques plus puissants ayant une durée d’action plus longue. Il s’agit des
associations de molécules concentrées en une seule forme galénique permettant la prise
d’un seul médicament à chaque fois.
Commençons par les associations avec la codéine qui représente 38,8 % des
utilisations. Dans ces médicaments, on retrouve le paracétamol sous différentes appellations
commerciales (Dafalgan codéiné®, Efféralgan codéiné®, CoDoliprane®, etc) couplé à un
125
certain dosage en codéine qui est un dérivé opiacé. Souvent il y a l’ajout d’une autre
molécule ayant un pouvoir antalgique moindre mais complémentaire : la caféine, la poudre
d’opium (Izalgi®, Lamaline®, Prontalgine®, etc). Ces spécialités sont plus fortes que les
thérapeutiques vues précédemment, elles permettent de traiter des douleurs modérées
voire fortes. Ce sont de bonnes thérapeutiques, efficaces mais qui présentent des effets
indésirables qui peuvent être très contraignant pour certaines personnes. En effet, le souci
provient majoritairement de la codéine qui en fonction du profil de métabolisme des
patients (métaboliseur lent, métaboliseur rapide), peut avoir plus ou moins d’effet
antalgique et plus ou moins d’effets indésirables. De plus cette molécule peut provoquer des
dépendances, parfois peu ou pas connue par les patients. Le risque majeur avec la codéine
est que le soulagement de leur douleur perde son efficacité au cours du temps et que les
patients soient amenés à augmenter leur posologie pour retrouver un soulagement
suffisamment efficace de leur douleur. Cela aurait pour conséquence d’instaurer une
dépendance liée à l’accoutumance à cette thérapeutique, et induirait que la prise
médicamenteuse soit nécessaire pour traiter leurs symptômes assujettis à cette dépendance
plutôt que leur symptomatologie douloureuse qui est à la base de leur problème.
126
Cette molécule reste un bon compromis entre les antalgiques de palier II, qui seraient
trop peu efficaces, et les antalgiques de palier III qui sont certes très efficaces mais qui
présentent beaucoup d’effets indésirables et qui font l’objet d’une mauvaise réputation.
Dans l’enquête réalisée ici, les patients sous tramadol souffrent de douleurs très intenses qui
étaient prises en charge, au début de leur pathologie, par des morphiniques de palier III.
Avec leur médecin, ils ont fini par instaurer un traitement à base de tramadol pour éviter les
effets néfastes des opioïdes de palier III. En effet, les patients préfèrent bénéficier d’un
degré de soulagement de leur douleur un peu moins important, mais avoir une vie
quotidienne moins impactée par leur traitement médicamenteux.
Les morphiniques utilisés par les patients ici sont le fentanyl et l’oxycodone. Sur notre
échantillon de patients cela représente 11,1% des utilisations d’antalgiques. Cette classe
thérapeutique concerne les douleurs intenses, très contraignantes voire insupportables. Ce
sont les molécules les plus puissantes, qui diminuent le plus la douleur actuellement. Leur
utilisation peut se faire pour une très grande diversité de douleurs.
Cependant, elles sont très contraignantes à utiliser, et ce pour plusieurs raisons.
D’abord par rapport à la législation particulière de ces molécules qui nécessitent une
délivrance précise dans le temps et parfois fractionnée à la semaine ou à la quinzaine.
Ensuite à cause de l’impact psychologique et celui sur l’organisation du quotidien qui sont
très conséquents. En effet, les modalités de prises sont capitales, cela nécessite une
organisation. Enfin, à tout cela s’ajoute les effets indésirables qui sont assez courants et très
handicapants pour le quotidien (nausées, vomissements, constipation, insuffisance
respiratoire, etc.)
L’accoutumance et le phénomène de dépendance sont peut-être les deux faits les
plus redoutés de cette classe thérapeutique, aussi bien par les praticiens que par les
patients. Avoir 11% des patients sous morphiniques ne surprend pas, mais cela pousse à
l’interrogation. Quelle est la pathologie d’un patient, quelle est l’origine de sa douleur pour
que l’alternative la plus bénéfique pour lui soit la prise de morphinique de palier III sur une
durée aussi longue qu’elle en devienne un traitement de fond chronique ?
Nous avons vu dans le tableau II et la figure 9 que la cause pouvait être cancéreuse,
auquel cas il est probable qu’une fois la maladie à un autre stade ou une fois la guérison
obtenue, cette prise d’antalgique passe à un palier inférieur ou s’arrête. Mais il existe des
127
causes qui sont incurables ou pour lesquelles le traitement est difficile à mettre en œuvre,
ou encore s’avère inefficace.
Pour ces personnes-là, la difficulté du sevrage aux morphiniques et les contraintes
que cela induit sur le quotidien doivent pousser les professionnels de santé et les
professionnels de la recherche scientifique à trouver un traitement étiologique de leur
pathologie ou une alternative thérapeutique présentant un meilleur rapport bénéfice/risque
pour leur prise en charge douloureuse.
Les deux dernières classes thérapeutiques rapportées sont celles des antiépileptiques
et celles des antidépresseurs. Ces deux classes ont été regroupées car elles sont toutes deux
prescrites pour traiter les douleurs neuropathiques. Un type de douleurs particulier pour
lequel beaucoup de traitements antalgiques n’agissent pas ou agissent trop faiblement. Ces
molécules ont une efficacité dans ce contexte et sont utilisées par 22,2% des patients
interrogés.
La déduction qu’au moins 22,2% des patients de l’étude souffrent de douleurs
neuropathiques peut être faite, et qu’ils utilisent, comme nous montre le tableau 3, la
prégabaline et l’amitriptyline (Laroxyl®). Ces médicaments sont efficaces même s’ils peuvent
provoquer des effets indésirables contraignants pour le quotidien. Cependant, les patients
déclarent présenter, grâce à cette thérapeutique, un soulagement de leur douleur qui
permet une réduction d’utilisation voire un arrêt d’utilisation d’autres classes antalgiques
(souvent AINS, tramadol).
Cependant, il s’avère qu’une accoutumance apparait dans la durée. En effet, depuis
2013, la prégabaline fait l'objet d'un suivi national d'addictovigilance en raison de
signalements de cas d'abus, de dépendance et de mésusage à des fins récréatives (recherche
d'un effet euphorisant), rapportés en France et Europe chez des sujets traités par Lyrica® et
génériques. De plus, la délivrance de cette molécule tombe sous la législation des produits
assimilés stupéfiants depuis le 24 mai 2021. Il est rapporté que beaucoup de patients ont vu
leur dosage médicamenteux augmenté au fils du temps. C’est le souci avec ces
thérapeutiques-là dans le contexte des douleurs neuropathiques, souvent l’effet s’estompe
avec le temps et parfois (c’est le cas pour un patient de l’enquête) elles ne sont plus
efficaces du tout et il faut trouver un autre moyen de soulager ce type particulier de
douleur.
128
La figure 14 peut paraitre anecdotique mais elle permet de visualiser par quel palier
d’antalgie (selon l’OMS) sont traités les patients douloureux chroniques. Mettons de côté la
classe des neuroleptiques et antidépresseurs qui ne rentrent pas dans cette classification par
paliers. Nous remarquons que la très grande majorité des patients est traitée par des
antalgiques de palier I ou II. En effet, presque 67% utilisent une thérapeutique de palier I et
la même proportion une thérapeutique de palier II. Seuls 2 patients, soit 11%, utilisent des
antalgiques de palier III. Cela peut s’expliquer par les raisons vues précédemment
concernant les contraintes liées à l’utilisation de cette classe.
Ce graphique nous laisse également voir que dans les paliers I et II, le nombre de
spécialités utilisées par les patients est important alors que pour le palier III chaque patient
utilise une seule spécialité. Cela montre qu’il y a un large choix de molécules pour traiter des
douleurs de palier I et II, mais si le lien est fait avec les traitements utilisés par chaque
patient, nous constatons que cette proportion vient du fait qu’un patient utilise plusieurs
antalgiques d’un même palier. Par exemple, une utilisation en alternance de paracétamol
associé avec une prise d’ibuprofène.
Il sera donc intéressant de voir l’efficacité des traitements antalgiques, car cette
figure 14 pourrait révéler, si le soulagement douloureux est insuffisant, une impuissance
dans la prise en charge médicamenteuse de la douleur obligeant les patients et les praticiens
à multiplier les médicaments prescrits pour arriver à obtenir un soulagement douloureux
acceptable par le patient.
Si nous mettons en relation la figure 15 avec la figure 14, cela confirme qu’il y a prise
de plusieurs médicaments par un même patient pour essayer de soulager sa douleur. Le fait
de prendre plusieurs médicaments pour se soigner, ainsi que l’efficacité limitée voire trop
faible de certaines thérapeutiques pour soulager le patient de façon acceptable, contribuent
129
à la chronicité des événements douloureux. Il n’est pas impossible que ces défauts puissent
être à l’origine de cette chronicité pour certains patients de cette enquête.
Il est clair avec cet histogramme que les traitements prescrits par les médecins aux
patients douloureux ne suffisent pas à les prendre en charge de façon optimale. Il y a donc
certainement un sentiment d’impuissance du côté des prescripteurs qui n’arrivent pas à
soulager suffisamment et durablement la douleur de leur patient. Et il y a aussi du point de
vue du patient une attente pour améliorer sa condition et sortir de cette chronicité, que ce
soit par l’apport d’une autre thérapeutique ou celui d’une solution visant à traiter la
pathologie à l’origine de sa douleur, quand c’est le cas.
130
soulagés. De plus, 6 % augmentent systématiquement les prises par rapport à ce qui est
recommandé par la prescription médicale.
Il y a donc un réel manque d’effet des molécules utilisées, notamment dans le temps,
car les patients ont tendance à avancer leurs prises médicamenteuses. De ce fait, ils en
rajoutent sur la fin de journée pour s’assurer que leur douleur reste bien sous un certain
seuil acceptable pour eux.
La critique contraire que l’on pourrait faire et que, s’il y a augmentation de posologie
d’un médicament, c’est pour préserver son effet ou en avoir un plus fort, plus longtemps.
Donc il y a une action bénéfique de ces molécules, mais pas suffisante. Par conséquent,
peut-être qu’en adaptant la posologie ou en utilisant d’autres molécules appartenant à la
même classe thérapeutique, l'effet antalgique serait plus important et la prise en charge
meilleure.
La figure 18 nous montre que toutes les thérapeutiques ont sensiblement la même
intensité de soulagement à part les antalgiques de palier III qui sont un point en dessous des
autres thérapeutiques. Les médicaments de ce palier sont moins efficaces pour les deux
personnes les utilisant que les antalgiques de paliers inférieurs. Cela peut expliquer le
nombre conséquent de sujet traité par les palier I et II. La deuxième chose que nous montre
ce graphique est que la quasi-totalité des personnes qui augmente leur posologie le font
avec des médicaments du palier II. Cela peut montrer qu’il y a un manque d’efficacité des
traitements de ce palier mais il est probable que certain patient ait recours à cette
augmentation pour soulager un manque lié à une dépendance à leur médicament. Seul un
patient sur les douze utilisant le palier I augmente le nombre de prise médicamenteuse, cela
fait un argument du plus qui va dans le sens de ce qui est avancé à la discussion de la figure
16 ; ce palier d’antalgie est utilisé en complément d’une autre thérapeutique, les
médicaments de ce palier ont un rôle complémentaire de soutient.
Suite à ça, je voulais savoir si parmi les patients interrogés, il y en avait pour qui le
traitement était encore en cours d’adaptation (figure 19), ceci afin de nuancer les résultats
obtenus aux figures précédentes. Il se trouve que 50 % des patients a un traitement qui est
en cours d’adaptation ou dont le traitement antalgique optimal n’est pas encore trouvé par
le médecin. Beaucoup sont encore en train de tester des thérapeutiques, nouvelles,
131
anciennes, médicamenteuses ou non. Cela montre que même après plusieurs mois de
traitement voire plusieurs années, le bon traitement peut être en cours d’investigation.
En revanche, la stabilité du traitement des patients et son efficacité relative montre
la problématique que peuvent avoir les professionnels de santé à trouver un traitement
antalgique efficace, durable avec un rapport bénéfice/risque acceptable en regard de
chaque patient.
Ceci n’est pas une nouveauté, il s’agit juste d’une preuve supplémentaire à ajouter à
la longue liste des études déjà faites et qui vont dans ce sens. C’est pourquoi les patients
s’orientent vers d’autres méthodes pour améliorer leur symptomatologie douloureuse. C’est
pourquoi il y a beaucoup de recherche faites autour de cette problématique et qu’il y a
beaucoup d’attente de la part des patients et des soignants sur ces recherches et sur les
éventuelles avancées en cours.
à Population s’automédiquant
Une solution au manque d’efficacité des traitements prescrits par le médecin est le
recours à l’automédication afin d’apporter une thérapeutique complémentaire venant aider
la prise en charge des symptômes douloureux. Parmi les 18 patients de l’enquête, 10 d’entre
eux y ont recours soit un peu plus de 55 %.
132
à Médicaments utilisés par les patients
Le tableau IV ainsi que la figure 21 indiquent que peu de classes thérapeutiques sont
utilisées et la moitié de l’automédication est représentée par l’utilisation de paracétamol.
40 % des patients utilisent aussi des AINS pour s’automédiquer contre la douleur. Dans
l’étude, un focus a été fait sur les produits ayant un statut de médicament qui sont
disponible en libre accès ou en conseil à l’officine. Il n’est donc pas étonnant de retrouver le
paracétamol et des AINS comme l’Aspégic® et l’ibuprofène en tête de liste.
En effet, ces molécules sont efficaces sur les douleurs, elles sont connues, elles
présentent peu de contre-indication et peuvent être utilisées par un grand nombre de
personnes et elle remplisse un dernier critère qui peut être important : elles sont bons
marchés. Par exemple, une boîte de 8 comprimés de paracétamol coûte entre 2,15 € et
2,20 € en moyenne et à posologie maximale conseillée, une boîte fournie 2 jours de
traitement antalgique. Même si les AINS sont plus onéreux de 3,5 € à 5 € en moyenne, une
boîte peut donner jusqu’à 5 jours de traitement antalgique.
133
les autres catégories où 3 patients évaluent les médicaments moyennement efficaces et 3
les considèrent plutôt efficaces. Pour 4 patients ces médicaments pris sont très efficaces.
Ces résultats renseignent sur le fait que les molécules fonctionnent sur les douleurs
et ont donc un effet bénéfique pour leur prise en charge. Mais chaque patient souffre de
douleurs différentes, d’origine différente, et possède un traitement de fond qui lui est
propre, par conséquent l’efficacité des molécules varie selon ces particularités.
La question posée sur ce sujet a pour objectif de savoir si les médicaments utilisés en
automédication sont bien pris par les patients à la bonne posologie. La figure 24, illustre que
les personnes ayant recours à 3 prises par jour sont les patients utilisant un AINS ou du
paracétamol. Les patients qui sont à 4 prises par jour sont tous sous paracétamol et la
personne ayant recours à un médicament de phytothérapie l’utilise 6 fois par jour et
correspond à la posologie maximale conseillée en cas de crise douloureuse aiguë.
Donc, les patients utilisant l’automédication respectent bien la posologie conseillée,
ils ne se soumettent pas à des surdosages en principe actif. Si les modalités de délivrance ont
bien été réalisées, ou si les patients ont bien lu la notice du médicament, nous pourrions
considérer que l’utilisation de l’automédication par ces patients se fait dans un cadre
sécuritaire avec un risque minimum.
134
2.4.3. Fréquence et types d’effets indésirables rencontrés
Cette partie vise à faire un état des lieux des événements indésirables qui peuvent
survenir lors de l’utilisation d’une thérapeutique classique conventionnelle provenant de
l’automédication ou de la prescription médicale de médicaments antalgiques utilisés dans le
contexte des douleurs chroniques.
La figure 25 nous montre que la survenue d’effets indésirables est assez fréquente,
car seulement 28 % des patients de notre enquête n’en présentent jamais. La prise
d’antalgique n’est donc pas anodine et la présence de ces effets indésirables nuit à la prise
en charge des patients douloureux. Parmi les personnes déclarant ces effets, 22 % ne disent
n’en avoir que rarement, à l’occasion. Pour ces personnes, l’impact de ces effets sera
certainement limité si leur intensité et leur manifestation restent contenues et peu
impactantes. En revanche, pour 33 % d’entre eux, les effets sont un peu plus fréquents,
déclarés comme présents de temps en temps. Cette proportion importante indique que
certaines molécules ont un effet néfaste pour le patient et pourrait bien l’inciter à changer
de thérapeutique ou bien à cesser son traitement, même si chez le patient douloureux la
nécessité de se traiter peut aller au-delà de la présence de ces effets. 17 % des patients
interrogés déclarent avoir des effets indésirables à chaque prise. Cela signifie que beaucoup
de patients doivent prendre la décision de subir des contraintes, d’être confronté à l’impact
négatif d’un médicament pour pouvoir soulager leur douleur. C’est un petit peu l’idée de
« traiter le mal par le mal ». Ces patients ont besoin de la thérapeutique qu’ils utilisent pour
soulager leur douleur qui est souvent handicapante et intense, pour cela ils prennent un
médicament qui va venir diminuer ou enlever leur douleur, mais leur provoquer d’autres
symptômes affectant leur santé, leur physique et parfois leur moral avec une réelle
incidence sur leur psychique.
La première chose notable est que tous les types d’antalgiques utilisés sont sources
d’effets indésirables (figure 26). Les médicaments du palier II semblent être bien toléré car
les ¾ ne présente jamais d’effets indésirables et le dernier quart en déclare que rarement.
Au contraire les médicaments du palier III et ceux appartenant à la classe des neuroleptiques
et des antidépresseurs en provoquent soit chez tout le monde soit avec une fréquence très
135
importante. La dernière remarque visible sur ce graphique est que l’association des
médicaments du palier I et II augmente l’apparition et la fréquence des effets indésirables de
manière non négligeable. En effet, sur les 8 patients prenant cette association de
médicament, seul un ne déclare pas d’effets indésirables, tous les autres en souffrent te plus
de la moitié avec une fréquence régulière.
Le tableau V nous révèle les types d’effets indésirables rencontrés et les met en
relation avec le traitement du patient.
La première chose remarquable, c’est que ce sont des effets indésirables connus des
médicaments utilisés. Ils peuvent être de différentes graduations. Cela va de la nausée, de la
fatigue aux insomnies jusqu’aux pertes de mémoire en passant par les constipations, les
tremblements et autres. En revanche, bien qu’il puisse paraître anodin et surmontable, un
effet indésirable peut être considéré à l’opposé par un patient. Il ne faut pas oublier que
nous parlons de douleurs chroniques et que les traitements pris pouvant provoquer ces
effets sont utilisés sur le long terme, donc même des simples nausées ou de légers
tremblements peuvent être perçus par le patient comme insurmontables et handicapants
pour son quotidien et pour la prise en charge de sa douleur. Ainsi l’impact ressenti par les
patients douloureux souffrant d’effets indésirables majeurs doit être tel, qu’il est difficile de
le concevoir si nous n’avons pas vécu personnellement une telle expérience.
Deuxièmement, nous voyons que les effets indésirables déclarés par les patients
correspondent aux effets de classe des molécules utilisées. En effet, les patients sous
morphiniques ou dérivés morphiniques présentent des nausées, des vomissements et des
constipations qui sont caractéristiques de cette classe thérapeutique.
Nous remarquons pour finir que pour certains patients de l’enquête, il y a des
associations médicamenteuses prescrites nécessaires à leur prise en charge et
indispensables au soulagement de leur douleur qui provoquent des effets indésirables très
importants qui se potentialisent entre eux. Je parle des patients sous prégabaline qui
présentent aussi un traitement par le tramadol. Ces patients déclarent des effets
indésirables qui sont : tremblements, somnolence ou insomnies et une diminution des
performances physiques et/ou mentales. Tout ceci est la définition d’un syndrome
sérotoninergique, car l’utilisation de ces classes thérapeutiques en association peut
provoquer ce type de syndrome. Cependant, pour les patients de l’enquête, ces effets
136
indésirables sont le prix à payer pour voir leur douleur neuropathique atténuée. Leur
médecin prescripteur ainsi que leur pharmacien sont au courant de l’occurrence de leurs
effets indésirables, mais le schéma thérapeutique est maintenu par les médecins par
manque d’efficacité des autres thérapeutiques, et par absence d’alternatives plus sures et
aussi efficaces que celle utilisée. Cela montre la faiblesse des solutions médicamenteuses
apportées à l’heure actuelle, avec les connaissances d’aujourd’hui, pour la prise en charge
des douleurs de type neuropathique chez les patients.
De ces résultats, nous pouvons dire que les effets indésirables sont le principal frein à
une prise en charge optimale de la douleur chronique et qu’ils représentent sans doute un
impact psychologique majeur chez le patient.
Sur l’effectif de 18 patients interrogés, 15 d’entre eux ont recours à une alternative
thérapeutique.
Voici une représentation sous forme d’histogramme faisant l’état des lieux des
thérapeutiques alternatives utilisées par les patients (figure 27).
137
Alternatives thérapeutiques utilisées pour soulager la
douleur chronique des patients
Acupuncture 1
Aromathérapie 2
Ostéopathie 3
Activité physique 4
Phytothérapie 2
Homéopathie 1
Mésothérapie 4
Kinésithérapie 10
0 2 4 6 8 10 12
Nombre de patients
Pour commencer, nous allons regrouper l’ensemble des méthodes utilisées et nous
allons voir quelle est leur efficacité sur le soulagement de la douleur, quelles que soient la ou
138
les alternatives thérapeutiques choisies par le patient (figure 28). Sur le même principe que
celui vu précédemment, l’échelle utilisée dans le questionnaire repose sur le modèle de
l’échelle EVA avec, ici, des résultats qui commencent à « 3 », soit un soulagement de la
douleur de 30 %. Les réponses vont jusqu’à « 10 » qui correspond à un soulagement complet
ne laissant au patient aucune douleur après l’utilisation ou la réalisation de sa ou ses
alternatives thérapeutiques. Les réponses obtenues sont les suivantes.
2
Nombre de patients
1,5
0,5
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Intensité de soulagement de la douleur
L’évaluation est faite par les patients sur une échelle de type EVA dans le but de quantifier le
degré de soulagement de leur douleur chronique par la ou les méthodes alternatives
utilisées, quel qu’elle soit. N=15.
La moyenne de soulagement est de 6,3/11 mais avec une forte répartition allant de
30% à 100% de soulagement de la douleur.
139
Soulagement moyen de la douleur chronique des patients en fonction des
méthodes thérapeutiques utilisées
Intensité de soulagement de la douleur chronique
8,5
6,3 6,3
6 6
5,5
5
4,7
Pour chaque thérapeutique, une moyenne des intensités de soulagement de la douleur a été
faite et reporter sur un même graphique afin de visualiser un degré d’efficacité pour une
méthode, ainsi que pour les comparer entre elles. Le nombre de patients l’utilisant est
spécifié dessous chaque alternative thérapeutique.
140
3.3. Les effets indésirables rencontrés
N=15
Le rapport entre les thérapeutiques et la fréquence d’apparition d’effets indésirables
a été étudié (figure 31).
141
Rapport entre la présence d'effets indésirables et les alternatives thérapeutiques
6
Nombre de patients souffrant d'effets indésirables
Jamais
5
Rarement
4
3 De temps en
temps
2 A chaque fois
0
Kinésithérapie Phytothérapie Activité physique Ostéopathie Aromathérapie Mésothérapie Homéopathie Acupuncture
Voici maintenant le tableau VI qui rapporte les effets indésirables rencontrés par les
patients et quelles étaient les thérapeutiques utilisées par ces derniers.
142
Tableau VI : Lien entre les effets indésirables et les alternatives thérapeutiques utilisées
Pour chaque patient qui présentait des effets indésirables, l’alternative ou les alternatives
thérapeutiques utilisées ont été noté dans ce tableau.
Tous les patients n’ont pas nécessairement recours à un autre moyen pour venir
soulager sa douleur chronique. En effet, les médicaments prescrits ou disponibles en
automédication peuvent suffire à sa prise en charge. Cependant certain verrons comme une
nécessité de s’orienter vers d’autres méthodes afin d’améliorer ou d’optimiser leur prise en
charge douloureuse. De plus certaine thérapeutique dite naturelle, car elles sont basées sur
l’utilisation de principe actif ou de procédé naturel non synthétique, s’inscrivent dans une
mouvance globale qui vise à consommer des produits plus sains, biologiques, plus naturel ou
s’inspirant de la nature avec si possible le moins de composant possible.
Mais naturel ne veut pas dire sans danger, au contraire ! Beaucoup de principe actif,
parmi les plus puissants de l’arsenal thérapeutique actuel sont issus de plante, et l’Histoire
est suffisamment marquée par des faits d’empoissonnement divers et variés liés à des
143
substances ou à des méthodes naturelles pour que ces thérapeutiques soient à prendre au
sérieux.
Il y a donc une importance à utiliser la bonne méthode ou le bon principe actif pour
un type défini de douleur afin d’avoir une efficacité optimale, des effets indésirables
minimum et un risque d’interaction médicamenteuse nul.
144
part l’homéopathie, ce sont des méthodes qui nécessitent le conseil d’un professionnel de
santé pour avoir une utilisation efficace et sans danger car elles peuvent présenter des
contre-indications et des interactions médicamenteuses. De ce fait, tout le monde ne peut
pas utiliser ce type de thérapeutique, cela va dépendre de l’âge, de l’état de santé,
d’éventuelles pathologies et des traitements en cours. Elles sont cependant de plus en plus
prisées et la demande de conseils sur ces produits au comptoir est de plus en plus fréquente,
que ce soit pour les douleurs chroniques en alternatives complémentaires à un traitement
de fond ou pour tout autre problème de santé.
L’homéopathie est moins utilisée car les patients se plaignent souvent d’un manque
d’efficacité, ou déclarent des a priori sur cette médecine. Généralement, les patients ont
commencé par l’homéopathie pour traiter leurs douleurs puis ont porté leur choix sur une
autre thérapeutique plus forte pour soulager les soulager. Cependant, il y a une remarque
que l’on peut faire. L’étude fut menée en dehors de la saison thermale (décalée sur l’été du
fait de l’épidémie de la Covid-19) et les patients faisant ces cures sont souvent traités avec
de l’homéopathie. Ces deux méthodes sont souvent associées, les médecins thermaux et les
patients semblent satisfaits et le succès des cures thermales parle de lui-même.
145
3.4.2. L’efficacité des alternatives thérapeutiques sur le
traitement de la douleur
L’efficacité est l’un des critères majeurs, si ce n’est le critère le plus important, pour
un patient douloureux chronique à l’utilisation d’une thérapeutique. Nous pourrions nous
dire que l’efficacité est liée à l’utilisation ; que plus une technique est employée par les
patients, plus elle est efficace. Mais nous avons vu qu’il n’y a pas que ce critère qui rentre en
ligne de compte pour les patients. Les effets indésirables, le coût de la thérapeutique, les
interactions médicamenteuses ou encore la présence de professionnels exerçant certaines
techniques sur le territoire sont aussi à prendre en considération.
La figure 28 indique des résultats très étendus avec des patients présentant une
intensité de soulagement très disparate allant de 30 % à 100 %. Il n’y a pas de degré de
soulagement surreprésenté qu’il soit important ou non. Chaque patient présente un degré
de soulagement différent d’un autre. Il sera donc intéressant d’étudier l’efficacité pour
chaque méthode utilisée car ces résultats nous montrent une efficacité variable, qui s’étend
d’une efficacité totale enlevant complétement les douleurs à une efficacité légère qui ne
soulage le patient de ses douleurs que de 30 %.
Il est à noter que l’efficacité rapportée ne descend pas en dessous de ces 30 %, il y a
donc bien une activité sur les douleurs de nos patients quel que soit la méthode utilisée,
même si elle est homéopathique pour répondre au lecteur les plus suspicieux.
146
3.4.3. Les effets indésirables rencontrés
Pour déterminer cela, des précisions sur les symptômes indésirables ont été
demandées aux patients et les réponses du tableau 6 sont à partager.
D’un côté nous avons des effets indésirables qui sont faibles, d’impact modéré ; il
s’agit des crampes, courbatures et d’éruptions cutanées. De plus, ces effets-là peuvent être
limités voire contrés par une utilisation différente, ou par la mise en place d’actions évitant
leur apparition. En effet, les éruptions cutanées sont dues à une application pure de l’huile
essentielle utilisée, une dilution dans une huile végétale permettra certainement de les
diminuer localement. Les crampes et courbatures peuvent être traitées par le
kinésithérapeute si le patient en consulte déjà un pour ses douleurs ou par une bonne
hydratation ; un étirement musculaire après l’activité physique permettrait d’éviter la
survenue de ces effets.
De l’autre côté, nous avons des effets plus impactants. Les patients déclarent
l’apparition de douleurs. Quel que soit le type de douleurs, en déclarer alors que l’objectif
est le traitement des douleurs chroniques paraît contradictoire. Ces douleurs ressenties sont
147
peut-être limitées dans le temps ou encore d’une intensité faible qui permettrait malgré
tout d’améliorer l’état de santé douloureux du patient. Mais cela nuance les résultats
obtenus dans la figure 30.
La dernière observation que nous pouvons mettre à jour à partir de ce tableau est
que ces effets plus impactants sont liés au recours à la kinésithérapie, de l’ostéopathie ou de
l’activité physique. Ces méthodes utilisent la manipulation de l’organisme, l’action
mécanique ; on peut donc dire qu’il y a une activité personne-dépendante. En effet, ces trois
méthodes vont avoir des répercussions, bénéfiques ou non, qui dépendent de la personne
les exerçant. Cette personne peut être un professionnel de santé tout comme le patient lui-
même avec sa propre pratique d’activités physiques.
Concentrons-nous sur les effets indésirables détectés par l’étude. Il ressort que la
kinésithérapie recense le plus grand nombre de patients qui font l’objet de ces effets, même
si leur fréquence d’apparition n’est qu’épisodique, et qu’ils ne sont pas présents à chaque
séance. Cette méthode dépend énormément du praticien et de la capacité du patient à
exercer correctement les exercices demandés quand c’est le cas. Cependant, il est rapporté
que lorsque ces effets indésirables d’estompent, les douleurs des patients en sont
améliorées avec une action certaine dans le temps. De fait, l’intérêt de cette thérapeutique
est aussi d’avoir un soulagement douloureux qui perdure, permettant éventuellement un
espacement des séances et une diminution de la prise médicamenteuse.
148
L’activité physique ne provoque jamais d’effets indésirables que pour une seule
personne alors que trois autres en déclarent au moins à l’occasion. Les effets bénéfiques de
l’activité physique ne sont plus à démontrer, mais l’apparition de répercussions néfastes
provient surtout d’un mésusage de cette technique. En effet, beaucoup de personne la
pratique de façon trop intensive ou de façon non progressive. Souvent l’hydratation,
l’échauffement, l’étirement et la récupération ne sont pas respectés par les patients.
Beaucoup de personnes pensent que c’est une méthode simple, mais son exécution dans les
règles pour en tirer des bénéfices ne l’est pas. Au vu des effets indésirables relevés par le
tableau VI, nous constatons qu’ils sont dus à ce défaut d’exécution pratique. De ce fait, un
conseil sur la bonne réalisation d’une activité physique permettrait de limiter l’apparition de
ces effets et augmenterait l’efficacité de cette méthode sur les douleurs chroniques.
La phytothérapie et l’aromathérapie sont les deux autres méthodes qui provoquent
des effets indésirables. Les origines peuvent être multiples : mauvaise utilisation, posologie
incorrecte, produit choisi qui peut ne pas être adapté au patient ou à son type de douleur.
Pour limiter cela, le principal levier d’action est le conseil du pharmacien afin de sécuriser
l’utilisation de la thérapeutique désirée en fonction du patient et de sa douleur.
149
en charge générale. Les réponses obtenues permettent d’en faire la représentation de la
figure 32.
17% 28%
Plutôt d'accord
Les deux questions suivantes portent sur le sujet du dialogue avec le pharmacien
autour de leur douleur chronique. Sur les 18 personnes interrogées, 16 en ont déjà parlé à
leur pharmacien, soit 89%.
Cependant, parmi ces personnes, certaines émettent des réserves sur le fait d’en
discuter au comptoir de leur pharmacie ou en tête à tête avec leur pharmacien. En effet, une
question sur ce sujet montre que 5 personnes sur les 18 (28%) ont déjà hésité à avoir ce
dialogue.
150
Motifs d'hésitation au dialogue sur la douleur chronique avec
le pharmacien
3
Nombre de patients
2 2
Parmi les justifications données, le fait qu’il y ait trop de monde dans l’officine est
rapporté par 4 patients ; le manque de confidentialité au comptoir, par 3 patients. Le
manque de temps et la pudeur reviennent chez 2 des patients. Enfin, une personne
considère que le pharmacien fait preuve d’un manque d’écoute qui permettrait un dialogue
sur sa douleur chronique.
S’ensuit dans le questionnaire un tableau à double entrée qui vise à connaître les
informations délivrées par le pharmacien et les informations supplémentaires qu’aimerait
avoir le patient douloureux chronique lors de la délivrance d’antalgique à l’officine.
Ce tableau (figure 34) va être divisé en deux parties qui vont permettre d’obtenir
deux représentations graphiques facilitant la discussion des résultats obtenus.
La première partie concerne les informations données par le pharmacien.
151
Informations données au patient concernant sa douleur chronique
et son traitement
Automédication (quand y avoir recours, intérêt, modalités de prises,
effets indésirables, etc)
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18
Oui Non Nombre de patients
Sur les 18 patients interrogés sur ces 8 items, on remarque que trois de ces items
présentent une faible proportion de réponse « Oui ». En effet, seules 2 personnes ont reçu
une information autour des alternatives thérapeutiques existantes ; 3 personnes ont eu des
informations sur l’origine qui provoque leur douleur ; et 5 personnes ont eu des
informations sur l’automédication, qu’elle soit proposée par le pharmacien ou que ce soit un
conseil général sur sa possible utilisation.
L’item concernant les risques liés à la dépendance médicamenteuse ne concerne pas
tous les patients, car l’information donnée ici dépend de son traitement. Dans notre
enquête, 6 personnes ont obtenu cette information.
La moitié des patients se sont vu rappeler les risques liés à un surdosage de leur
thérapeutique ; 10 d’entre eux ont eu un rappel sur les possibles interactions
médicamenteuses ; et 12 sur les effets indésirables possibles liés à la prise de leur
thérapeutique.
Enfin, pour l’item concernant les modalités de prise du médicament prescrit, seule
une personne n’en a pas eu l’énoncé.
152
La deuxième partie du tableau concerne les informations qu’aimerait avoir le patient
au comptoir lors d’une délivrance d’antalgique (figure 35). Les questions posées sont les
mêmes que dans la partie précédente et les résultats sont les suivants.
0 2 4 6 8 10 12 14
Oui Non Aucune réponse Nombre de patients
Sur les 18 questionnaires donnés, 4 ne présentent pas de réponse sur cette partie du
tableau. Le nombre de patients total est donc de 14 pour cette partie.
153
- 7 personnes désireraient des informations sur les interactions probables avec un
autre médicament ou leur traitement ainsi que sur les risques d’effets indésirables
liés au médicament ou à la thérapeutique les concernant.
- 4 personnes voudraient des informations sur les modalités de prise du médicament
pris.
- 3 personnes aimeraient plus d’informations sur l’origine de leur douleur ou sur ce qui
peut la provoquer.
Cette partie du questionnaire est importante, que ce soit pour le pharmacien en tant
que maillon de la chaine de soin, ou pour la prise en charge du patient afin de l’aider à
améliorer ou à optimiser sa condition.
154
contre ceux qui ont ces pensées, il ne faut pas contredire ou juger une opinion qui peut être
légitime. Il faut cependant proposer une aide supplémentaire en essayant d’argumenter les
pouvoirs que peut avoir le pharmacien pour améliorer la condition du patient et le laisser
seul juge d’établir un choix.
Bien évidemment, cette dimension n’est pas présente avec les personnes dialoguant
avec leur pharmacien et le considérant comme un atout complémentaire aux autres
professionnels de santé.
Il est donc intéressant de savoir s’il y a des raisons qui poussent le patient à fermer le
dialogue avec le pharmacien ou qui limitent l’interaction avec ce dernier. Il y a bien des
hésitations ressenties par les patients, car 28 % le déclarent dans notre étude. Donc, même
si la grande majorité parle de ses douleurs chroniques avec le pharmacien (72 %), quelles
sont les justifications apportées par les 28 % qui témoignent ne pas être en condition
optimale pour avoir ce dialogue ?
155
La figure 33 expose les résultats récoltés : le motif qui revient le plus est le fait qu’il y
ait trop de monde à l’officine. En effet, la présence importante d’autres patients au sein de
la pharmacie donne l’impression au patient qu’on peut le regarder, l’écouter. Si à cela
s’ajoute une file d’attente derrière lui, elle peut le pousser à accélérer la délivrance faite par
le pharmacien pour libérer sa place. Le problème du monde présent à la pharmacie n’est pas
un problème rare et isolé. Même si l’officine est grande, elle sera limitée par son nombre de
comptoirs de dispensation et par l’effectif de son équipe. Cela peut donner une impression
de pharmacie « bondée de monde » aux horaires d’affluences et causer le stress d’attendre
ou de faire attendre. En effet, comme tout commerce, l’affluence n’est pas constante au
cours de la journée, il y a des heures de pointes qui correspondent en général à l’ouverture,
aux sorties de travail, aux sorties d’écoles et juste avant la fermeture. Mis à part avoir
l’équipe suffisante pour prendre en charge ces personnes lors de leur venue à ces heures de
pointe, il n’y a pas d’autres choses à faire que de laisser la pharmacie se remplir.
Le manque de confidentialité est la deuxième cause évoquée quant à l’hésitation du
patient à ouvrir le dialogue. Il peut y avoir un lien avec le motif précédent, car la présence de
monde dans l’officine peut forcer les gens à la promiscuité, réduire l’espace de
confidentialité et favoriser l’écoute par-dessus l’épaule. Mais d’autres critères peuvent
réduire la confidentialité au comptoir. Cela peut être dû au pharmacien, à son attitude. Il
peut parler trop fort ou parler un peu trop de sa vie privée et de ses relations, ce qui
enverrait un message négatif au patient, pensant que le professionnel pourrait ne pas tenir
sa langue en dehors de la pharmacie, et s’abandonner à des indiscrétions en dehors du
travail. Cela peut également être dû à l’architecture de l’officine, des comptoirs trop
rapprochés les uns des autres ou des comptoirs jumelés peuvent réduire l’espace entre les
patients qui se voient délivrer leurs médicaments, impactant ainsi fortement l’espace de
confidentialité. Les mesures à prendre pour pallier ce manque peuvent être simples et
facilement réalisables, mais encore faut-il en avoir conscience. C’est un des intérêts de cette
enquête : dire que la confidentialité peut être un problème, car peu de patients vont livrer
spontanément au pharmacien que son officine n’est pas bien agencée ou que la
confidentialité n’y est pas optimale.
Le motif suivant est la pudeur du patient, c’est sans doute le motif le plus difficile à
gérer pour le pharmacien. Être en face d’une personne pudique à propos de son ressenti
douloureux, qui va se refermer, qui peut répondre aux questions de façon détournée ou qui
156
peut mentir sur son ressenti réel pour ne pas faire voir qu’il a mal, est une situation
complexe à débloquer. Même si les douleurs sont importantes et durent dans le temps,
certains patients ne vont pas oser le confier et diront au pharmacien que la situation leur
convient. Le travail du pharmacien n’est pas évident dans ce contexte, mais il ne faut pas
brusquer le patient. Il est nécessaire de procéder par étapes, en prenant le temps et en
laissant le temps au patient, en posant des questions simples qui se préciseront un peu plus
au fils de ses visites.
Les deux derniers motifs évoqués incombent au pharmacien lui-même, il s’agit du
manque de temps et de son manque d’écoute. Concernant ces deux aspects, il faut savoir
que le pharmacien peut être accaparé par une multitude de choses qui découlent de la
pratique de la pharmacie mais aussi, pour les titulaires, de la gestion de leur entreprise. Il
peut avoir plein de choses à faire au cours de sa journée, ou bien la pharmacie peut être
remplie de monde et cela peut expliquer le ressenti des patients envers lui. Cependant,
quelles que soient les préoccupations du pharmacien, c’est un professionnel de santé avant
tout, qui se doit de consacrer du temps à son patient et d’avoir toute l’écoute nécessaire à la
bonne mise en œuvre de son exercice. Ces deux aspects sont pour moi primordiaux, c’est la
base du dialogue. Le temps et l’écoute sont indispensables et indissociables. Si la bonne
réalisation de ces deux critères ne peut être faite à un moment donné (ce qui est
parfaitement probable au vu de tous les événements qui peuvent avoir lieu dans une
officine), le pharmacien a la possibilité d’offrir à son patient de revenir à un moment plus
propice. Il peut aussi lui proposer un rendez-vous à l’écart de la patientèle de l’officine pour
une meilleure écoute, une meilleure discrétion, et afin de prendre le temps nécessaire à
améliorer sa prise en charge.
Dans la grande partie que représente la place du pharmacien dans la prise en charge
des douleurs chroniques, l’aspect que nous allons aborder maintenant concerne les
informations données au patient à propos de sa douleur et de son traitement. Nous allons
faire une évaluation, un état des lieux de ce que met en place le pharmacien pour délivrer un
traitement à un patient. Cela permettra dans un second temps de définir quelles sont les
informations souhaitées par les patients afin de savoir quelles mesures peuvent être mises
en œuvre pour en améliorer la prise en charge.
157
Commençons par discuter des résultats de la figure 34 concernant les informations
données au patient sur sa douleur et son traitement.
Certains items pouvaient ne pas s’appliquer au patient. En effet, les risques
concernant la dépendance ne se retrouvent pas avec l’utilisation de tous les médicaments.
Constater une telle proportion est donc normale. Mais si on regarde les personnes qui sont
susceptibles d’en subir les conséquences au regard de leur traitement (morphinique ou
dérivés) nous pouvons considérer qu’elles ont bien reçu l’information. Les risques
d’interaction avec un autre traitement en cours sont aussi dépendants de l’historique du
patient et d’éventuelles pathologies présentes, certains patients peuvent n’avoir qu’un
traitement pour la douleur. Ce qui est tout à fait logique quand on regarde les âges de nos
patients, certains sont jeunes et ne souffrent donc pas d’autres pathologies qui peuvent être
liées à l’âge et au vieillissement des fonctions systémiques. En revanche, ne pas se fier
uniquement à l’historique et poser des questions sur ces autres prises médicamenteuses
peut être judicieux, car il se peut qu’il prenne d’autres médicaments pour sa douleur ou
pour d’autres maux. Même si cela est temporaire, il est important qu’il ait l’information que
certaines associations sont dangereuses.
L’item sur l’origine de la douleur est particulier. En effet, souvent c’est le médecin qui
la dévoile, l’explique et qui en discute avec le patient. Mais ce sujet n’en est pas moins
intéressant et justifié. Les résultats nous montrent que 3 patients ont discuté de l’origine de
leur douleur avec le pharmacien, peut-être pour avoir des précisions sur les propos de leur
médecin à ce sujet, ou tout simplement parce que l’information ne leur a pas été
communiquée. Il sera important de regarder si les patients sont demandeurs de ce type
d’informations dans la discussion de la figure suivante, car le pharmacien pourrait avoir un
rôle complémentaire à celui du médecin et bénéficier de moyens pour prendre le temps
d’échanger sur ce sujet, temps que peut-être le médecin n’a pas.
Pour ce qui est des modalités de prises, des risques d’effets indésirables et des
risques liés à un surdosage, ces items sont la base de la délivrance au comptoir afin que le
patient soit informé des risques éventuels liés à la prise de médicaments, et qu’il sache
comment bien les prendre pour une utilisation sécurisée et la plus efficace possible. Sur nos
18 patients, seul un n’a pas reçu l’information sur les modalités de prise de son traitement.
Peut-être était-ce une volonté de sa part ? Peut-être le médecin avait-il déjà prodigué ces
158
conseils ? Le pharmacien qui n’a pas renseigné le patient ne l’a pas forcément fait par oubli :
cela était peut-être volontaire, l’information ayant déjà été donnée. Cependant, un bref
rappel ou une réécriture des posologies de la prescription sur le boitage des médicaments
aurait pu être utile et sert toujours à s’assurer que le patient a bien compris.
Pour les risques de surdosage et les risques d’effets indésirables, respectivement 10
et 12 patients se sont vu délivrer l’information. Cela paraît peu et le problème soulevé est le
même que pour les modalités de prises. Nous ne connaissons pas les conditions de
délivrance de ces médicaments ni quelles étaient les informations que le patient connaissait
auparavant, car il n’est pas forcement ignorant du traitement qu’il prend et ceci même
lorsqu’il s’agit de sa première délivrance.
Les deux derniers items à analyser concernent l’automédication et les alternatives
thérapeutiques utilisables par le patient pour soulager sa douleur. Il est difficile de proposer
cela à tous les patients, c’est même impossible et contraire au bon sens. En effet, en
fonction du patient, de son traitement, de ce qu’il souhaite, le recours à l’automédication ou
à d’autres méthodes de traitement n’est pas judicieux et justifié. De fait, l’automédication
peut représenter une solution bien faible en terme d’efficacité par rapport à son traitement.
L’utilisation d’alternatives thérapeutiques peut aussi rentrer dans cette justification ou peut
présenter des contre-indications d’utilisation. C’est pour cela que le nombre de patients
ayant reçu l’information est très faible, mais il n’est pas applicable à tout un chacun. Pour
l’automédication, le nombre de patients ayant obtenu des informations est de 5 et cela peut
se justifier par le fait que certains peuvent l’utiliser ou y avoir recours temporairement. Et si
l’interrogatoire du pharmacien est bien mené, cette information peut être découverte, ainsi
des précisions sur les modalités de prises, les risques éventuels ou les éventuelles
interactions médicamenteuses seront importantes à rappeler.
159
expliquant ces modalités. Si on croise ce résultat avec celui de la figure 34, on voit que c’est
une information donnée par le pharmacien et de ce fait, les personnes souhaitant avoir des
éclaircissements sur ce thème souhaitent peut-être avoir des compléments d’information
plus poussés que la posologie classique donnée au comptoir.
L’origine de la douleur est également le sujet d’une demande faible de la part des
patients, comme nous le montrait la figure 34, cette information relève plus du dialogue
avec le médecin. Le pharmacien n’a pas à intervenir sur ce sujet-là, mis à part pour apporter
des éclaircissements aux propos du médecin ou pour rassurer le patient sur sa condition.
Cela montre aussi que non seulement le pharmacien n’est pas l’interlocuteur adapté pour ce
sujet, mais que les médecins répondent bien aux attentes des patients sur cette thématique.
Concernant la dépendance à un médicament, 5 patients souhaitent en savoir plus.
Même si cela ne s’applique pas à tous les cas, dans notre enquête, ces 5 patients sont aussi
ceux qui ont déclaré avoir eu des détails à ce sujet. Certains précisent dans leur réponse
qu’ils souhaitent approfondir ce point. Il est possible que ce soit un avis général concernant
les personnes traitées par des molécules pouvant provoquer une dépendance. Prendre le
temps pour discuter avec elles des mécanismes de dépendance, savoir comment l’éviter, la
gérer quand elle est présente ou lorsqu’elle s’installe consiste en une vraie demande. Cette
problématique pourrait même faire l’objet d’un suivi particulier, d’un entretien spécialisé
avec ces patients, car il arrive qu’ils ne puissent pas changer de thérapeutique, même si elle
provoque des dépendances.
Il y a une demande non négligeable d’informations sur les risques liés à un surdosage,
les interactions médicamenteuses et les effets indésirables liés aux médicaments pris. En
effet, au moins la moitié des patients souhaite en connaître d’avantage ou avoir des
renseignements complémentaires sur ces sujets. Ces résultats peuvent révéler un défaut
d’informations données lors de la délivrance au comptoir de la part de leur pharmacien. Ce
manquement peut être dû à plein de facteurs autres que celui de la compétence
professionnelle du pharmacien, mais cela diminue la prise en charge des patients. Comme
nous l’avons vu plus tôt dans cette discussion, l’officine peut avoir une configuration ou une
fréquentation qui n’optimise pas l’échange entre le pharmacien et le patient. Le travail du
professionnel sera donc d’avoir l’attitude adéquate et de trouver une solution simple à
mettre en œuvre pour faciliter cet échange et pour consacrer un temps suffisant au patient.
160
De plus, les deux derniers items concernant l’automédication et les alternatives
thérapeutiques représentent une forte demande de la part des patients. En effet, ils
souhaitent en connaître d’avantage sur les moyens disponibles pour soulager leur douleur et
améliorer leur quotidien. Pour leur délivrer ces informations et expliquer convenablement
toutes les opportunités qui leur sont possibles, un dialogue au comptoir semble insuffisant.
C’est pour toutes ces raisons que l’amélioration de la prise en charge du patient
douloureux chronique à l’officine est indispensable et doit évoluer. Plusieurs choses peuvent
être mises en place, mais il en existe une qui est déjà pratiquée pour d’autres pathologies
comme l’asthme, je parle bien sûr des entretiens pharmaceutiques.
Tableau VII : Réalisation d’un entretien pharmaceutique sur les douleurs chroniques à
l’officine
N=18
10 4 4
La dernière question de cette enquête porte sur la réalisation d’une brève évaluation
de l’intensité douloureuse lors de la délivrance d’une thérapeutique antalgique sur le
principe d’une échelle type EVA.
161
Il se trouve que les avis sont partagés entre le fait d’être d’accord ou non quant à la
réalisation de cette évaluation. En effet, à la question : « Seriez-vous favorable à une
évaluation rapide de votre douleur à l’officine lors de la délivrance d’antalgique ? », les
réponses obtenues sont à 50% « Oui », soit 9 patients, et à 50% « Non », soit 9 patients.
Afin de justifier les réponses données au deux dernières questions, il leur a été
demandé les raisons de leurs choix. Les commentaires obtenus sont synthétisés tels quels
dans le tableau VIII ci-dessous.
Tableau VIII : Commentaires justifiants les réponses des patients autour de leur prise en
charge douloureuse
Retranscription des réponses faites par les patients concernant les questions de l’entretien
pharmaceutique et de l’évaluation de la douleur à l’officine lors d’une délivrance
d’antalgique.
Complétement favorable aux deux mesures mais dans un Je contrôle et je connais bien mon traitement car il a était bien
contexte d'automédication expliqué au départ. Je contrôle mon automédicaiton facilement
162
5.2. Discussion des perspectives d’évolution
Il est clair qu’il y a des évolutions à apporter concernant la prise en charge des
patients douloureux chroniques.
Pour cela il leur a été demandé dans un premier temps s’ils seraient favorables à
l’instauration d’un entretien pharmaceutique autour de ce sujet. Le tableau VII montre que
10 de nos 18 patients de l’enquête y sont favorables, que 4 patients ne sont pas fermés à
cette idée sans toutefois être complètement d’accord, et que 4 autres n’y sont pas
favorables. Si l’on se place du côté des personnes qui sont demandeuses de ce genre
d’action de la part de leur pharmacien, cela représente plus de 55 % des malades. Je pense
que cette proportion obtenue mériterait que les décideurs, pharmaciens, politiques et
autres personnes ayant le pouvoir d’instaurer ce type de mesure, se penchent sérieusement
sur la question.
Ce type d’entretien permettrait, comme c’est le cas pour les autres pathologies pour
lesquelles il a été instauré, de prendre le temps avec le patient de parler de sa maladie, de
savoir si le traitement convient, s’il n’est pas trop contraignant et de discuter sereinement
autour de ses douleurs. Cela en collaborant avec les autres professionnels de santé afin
d’œuvrer au sein d’une prise en charge pluridisciplinaire de ce type de pathologies longues
que sont les douleurs chroniques.
Dans un second temps, une dernière question a été posée aux patients de l’enquête :
seraient-ils pour la mise en place d’une évaluation rapide de l’intensité douloureuse lors
d’une demande d’antalgique au comptoir d’une officine ? Les réponses sont très, pour ne
pas dire parfaitement, partagées. La moitié pense que c’est une bonne mesure, l’autre
moitié pense que non.
L’intention de cette question n’était pas de faire dire aux patients : « Oui, réévaluez
votre douleur pour sécuriser la délivrance ». Non, l’objectif était de faire ressortir les
justifications qu’ils m’ont apportées, car les patients venant avec une prescription médicale
sont suivis, et le travail à ce niveau est très bien réalisé par les autres professionnels de
santé. Cependant, il se pose la question des patients non suivis, que ce soit volontaire de la
part du patient, par manque d’une présence médicale à proximité, ou encore par manque de
temps. Ce que je voulais mettre à jour ici, c’est la complémentarité qu’une officine peut
163
apporter dans la détection d’un patient douloureux et dans la qualification et la
quantification de sa douleur, qu’elle soit chronique ou non, afin de réduire le nombre de
patients non suivis et d’améliorer la prise en charge de tous.
Je précise ces derniers propos. Le maillage territorial imposé aux officines ainsi que le
nombre de pharmaciens et leurs disponibilités font que nous sommes souvent les premiers
interlocuteurs lors de la survenue d’un problème. Bien plus qu’un établissement de santé,
nous sommes un lieu de vie, où les gens passent, discutent, demandent conseil, parlent de
leurs problèmes. Le fait d’instaurer un entretien pharmaceutique ou un contrôle rapide de
l’intensité de leur douleur permettrait d’éviter l’apparition de la chronicité des douleurs, car
toute personne peut surmonter une forte douleur pendant quelques jours ou quelques
semaines, mais il est beaucoup plus difficile de supporter une douleur modérée voire légère
pendant des années, comme c’est le cas pour beaucoup en France.
Dans le tableau VIII, les patients s’expliquent sur leurs réponses et nous remarquons
que les personnes ayant répondu négativement aux mesures proposées préfèrent la relation
qu’ils ont avec leur médecin ou bien que le cabinet médical est un lieu plus adapté. Et ils ont
entièrement raison, il n’est pas question de prendre la place du médecin, il faut juste venir
en complément de son travail pour les patients qui souhaitent faire cette démarche et qui
ont envie de faire rentrer le pharmacien dans cette boucle de prise en charge de leur
maladie.
Il y a une demande présente des patients douloureux chroniques, réelle et
importante. Ceux qui souffrent de cette maladie sont des oubliés. Certes, ils ne sont pas
oubliés des chercheurs qui luttent pour trouver de nouvelles thérapeutiques, des médecins
travaillant en structures ou en ville ni des infirmiers qui sont à leur chevet ou des différentes
associations qui existent et qui les soutiennent. Mais il faut reconnaître que rien n’avance,
que le pharmacien est démuni, qu’il a peu de leviers d’action et que les hautes autorités de
santé en tous genres semblent attendre avant d’agir. Attendre quoi ? Je me le demande.
Elles peuvent fournir des moyens aux pharmaciens pour lutter contre ça, et ceci sans que le
coût par rapport aux bénéfices ne soit défavorable pour l’économie plus que tendue de la
santé.
164
6. Conclusion de l’enquête menée en officines
Une multitude d’aspects ont été mis en évidence, que ce soit le profil type du patient
douloureux chronique, l’efficacité des traitements prescrits ou encore les moyens mis en
œuvre par les patients pour tenter de soulager leurs douleurs. De tous ces aspects, chacun
prendra les informations qui lui semblent importantes ou intéressantes à approfondir. Cette
enquête a été très générale et essaie de synthétiser le sujet très complexe de la prise en
charge du patient présentant des douleurs chroniques.
Le constat a été fait que les traitements avaient une efficacité limitée, contestable
dans certains cas au regard de leurs effets secondaires indésirables, que les prescripteurs se
retrouvent souvent dans des impasses thérapeutiques au vu des médicaments disponibles
actuellement, et que les patients ont recours à des alternatives thérapeutiques qui
présentent un effet bénéfique, mais parfois trop modéré. De plus, ces traitements ne
traitent que des symptômes et les maladies à l’origine de ces maux ne sont pour l’instant pas
soignables voire pour certains cas trop difficiles à soigner sans que le rapport
bénéfique/risque soit favorable au patient.
165
CONCLUSION
Nous avons vu que la douleur possède plusieurs définitions et qu’elle est très
complexe car elle fait appel à différentes composantes qui peuvent représenter une
perception différente et particulière propre à chaque individu. Si l’on rajoute à cela sa
chronicité, elle devient pathologie difficile à traiter qui s’appuie sur des traitements
spécifiques en fonction du type de douleur. Il existe suffisamment de molécule bien connu
scientifiquement pour qu’un patient soit correctement pris en charge pour sa pathologie
douloureuse. Cependant certaines présentes des effets indésirables importants, leur
efficacité peut ne pas être suffisante ou leur durée d’action trop faible. Pour toutes ces
raisons nous avons vus les alternatives thérapeutiques existantes destinées à complémenter
ou supplémenter ces traitements. Elles sont une bonne solution de support à une
thérapeutique de fond à condition de bien les utiliser selon la pathologie douloureuse et le
patient douloureux.
L’interrogation des patients sur ce sujet par le biais de l’enquête menée en officine a
permis de se rendre compte que les traitements proposés ne sont que symptomatiques et
que bien souvent l’origine de leur douleur n’est pas traitée. Nous remarquons aussi que les
traitements prescrit par les médecins et que les alternatives thérapeutiques réalisées ont
une efficacité similaire, et ces dernières provoquent moins d’effets indésirables. De ce fait,
nous comprenons l’engouement actuel pour ces méthodes afin d’améliorer la prise en
charge des douleurs.
Le pharmacien a une place importante au sein du système de soin pour permettre
une bonne prise en charge des patients. Ils le considèrent comme un professionnel de santé
à qui on peut se confier, qui est de bon conseil et qui peut permettre d’améliorer son
quotidien par son travail et ses compétences. Cela apporte une perspective à son travail
pour optimiser la prise en charge des patients, c’est l’évaluation de la douleur dans certains
contextes et la réalisation d’entretient pharmaceutique qui sont des mesures bien accueillie
par les patients qui restent très demandeurs d’une évolution dans la façon de prendre en
charge leur problème.
166
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172
Annexe
173
Annexe I : Questionnaire de l’enquête menée en officine auprès des patients
1. Informations générales
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
0 0 0 0 0 5 0 0 0
• Votre douleur a-t-elle un impact sur votre vie quotidienne : Oui Non
• Si oui, sur quel(s) point(s) ? Cochez la ou les activité(s) impactée(s) par votre douleur.
Autres : ………………………………………………………………………………………………………………………………………………
174
• Quelle est l’importance que vous accordez au soulagement de votre douleur ?
Importance prioritaire,
Aucune c’est indispensable
importance pour vous
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
0 0 0 0 0 5 0 0 0
• Listez les médicaments que vous prenez dans le tableau suivant. Veuillez, si possible, inscrire un
nom et un dosage pour chaque médicament.
Les traitements que vous prenez SUR Les traitements pris en AUTOMEDICATION (vente
PRESCRIPTION de votre médecin libre en pharmacie, réserve familiale)
…………………………………………………………………… ……………………………………………………………………
…………………………………………………………………… ……………………………………………………………………
…………………………………………………………………… ……………………………………………………………………
…………………………………………………………………… ……………………………………………………………………
…………………………………………………………………… ……………………………………………………………………
…………………………………………………………………… ……………………………………………………………………
Le bon traitement n’est pas encore trouvé (mon médecin me change régulièrement mes
médicaments ou les doses d’un même médicament)
175
• Estimez à quel point votre traitement prescrit par votre médecin soulage votre douleur.
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
0 0 0
• Les médicaments pris en automédication sont-ils utiles pour améliorer le soulagement de votre
douleur ?
• Quelle est la fréquence de prise de ces médicaments ? (Nombre de comprimés par prise, quantité
dans une journée, depuis combien de temps)
……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
176
5. Traitement de votre douleur par d’autres méthodes
Autres : ………………………………………………………………………………………………………………………………………………
• Estimez à quel point cette méthode vous aide à soulager votre douleur.
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
0 0 0 0 0 5 0 0 0
Tout à fait d’accord Plutôt d’accord Plutôt pas d’accord Pas d’accord
177
Si oui, pour quelle(s) raison(s) :
Autre : …………………………………………………………………………………………………………………………………………………
• Pour chaque thème abordé dans ce tableau, entourez votre réponse pour les informations données
par le pharmacien et pour les informations que vous aimeriez connaitre.
Risque concernant la
dépendance à un médicament
Oui Non Oui Non
(tous n'ont pas ce risque, cela
dépend du médicament)
178
• Seriez-vous intéressé par un entretien regroupant les thèmes vus ci-dessus avec votre pharmacien
pour améliorer la prise en charge de votre douleur ?
• Seriez-vous favorable à une évaluation rapide de votre douleur à l’officine lors de la délivrance
d’antalgique ?
Oui Non
Vous avez terminé le questionnaire concernant votre douleur chronique et sa prise en charge, nous
vous remercions d’avoir pris le temps d’y répondre.
179
Résumé :
Mots-clés :
- Douleur chronique - Médecines alternatives
- Prise en charge officinale - Automédication
- Physiopathologie douloureuse - Enquête officinale chez les patients
- Thérapeutiques antalgiques douloureux chroniques
180