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bump-theses@univ-grenoble-alpes.fr
UNIVERSITÉ GRENOBLE ALPES
Année : 2021
THÈSE
PRÉSENTÉE POUR L’OBTENTION DU TITRE DE DOCTEUR EN PHARMACIE
DIPLÔME D’ÉTAT
M. Thomas LIBERT
Le : 06/09/2021
Président du jury :
Membres :
M. Denis WOUESSIDJEWE
L’UFR de Pharmacie de Grenoble n’entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises
dans les thèses ; ces opinions sont considérées comme propres à leurs auteurs.
Liste actualisée des enseignants
1
2
3
Dédicaces
Merci à mes parents pour tous leurs sacrifices et d’avoir toujours été là pour nous,
dans toutes les épreuves. Vous êtes des parents en or, je vous aime.
Maman, merci d’avoir supporté mes plaintes du premier jour de la PACES à au-
jourd’hui. Tu as toujours été là et c’est grâce à toi que j’ai tenu.
Papa, merci d’être là pour nous, d’avoir tout fait pour que nous réussissions. Je suis
fier et heureux de t’avoir.
A Jéromine, ma Nini, merci de m’avoir supporté tout ce temps, mais il faudra encore
le faire quelques années… tu es la meilleure des petites sœurs.
Mamie et Papi, que d’heureux souvenirs avec vous, au chalet, à Passy, aux moutons…
merci pour tout, je vous aime.
Merci également à toute ma famille pour tous les bons moments passés ensemble et
ceux à venir.
Salomé, merci pour ton soutien au quotidien et ta patience au cours de ces derniers
mois. Que de beaux projets nous attendent tous les deux…
Alexandre, mon Mello, nos parcours de vie nous éloignent mais j’ai toujours une pen-
sée pour toi, mon ami.
Mes amis de Haute-Savoie, Emilie, Fanny, Camille, Léa, Jeremy, Anthony, Julien...
Tant d’années que nous nous connaissons et nous sommes toujours aussi content de
nous retrouver. Je suis heureux de vous avoir, merci pour tout.
Les copains de pharma, que de belles années étudiantes avec vous, c’est passé bien
vite en votre compagnie. Que nos chemins puissent se recroiser le plus souvent pos-
sible.
4
Remerciements
5
Table des matières
Dédicaces.................................................................................................................... 4
Remerciements ........................................................................................................... 5
INTRODUCTION ....................................................................................................... 22
METHODE ................................................................................................................ 25
2.1.4 La dispensation...................................................................................... 35
3.1 En ville.......................................................................................................... 40
3.2 A l’hôpital...................................................................................................... 41
7
Partie 2. Le marché français du médicament en proie aux tensions
d’approvisionnement ................................................................................................. 42
8
2.3.3 Les ruptures d’origines économiques .................................................... 59
2.6.2 Les obligations des acteurs du cycle de vie des MITM .......................... 68
9
1.2.1 Symptomatologie ................................................................................... 79
de la crise .............................................................................................................. 81
118
11
2.3 Les mesures de gestion nationale : des solutions habituelles aux mesures
d’exception........................................................................................................... 120
BIBLIOGRAPHIE..................................................................................................... 134
12
Liste des figures et tableaux
médicaments en France (Source : ANP, 2013, 2018 ; Rapport Biot, 2020 ; CSP) .... 53
2012 et 2018 et une estimation pour 2019 (Source : Rapport Biot, Benhabib et al.,
selon les données aux Etats-Unis en 2012 (Source : FDA, 2012) (116) ................... 58
13
Figure 10. Pourcentage de déclaration de conséquences des ruptures de médicament
Figure 11. Les différents acteurs du DP-Ruptures (source : Bordas et al., ONDP) ... 68
Figure 12. Taux d'occupation des lits en réanimation au cours de la crise du COVID-
19 sur la période du 21 mars 2020 au 6 juin 2021 en France (Source : Ministère chargé
de la Santé) ............................................................................................................... 78
France au cours du premier semestre 2019 et 2020 (Source : ATIH, 2020) ............. 79
Figure 14. État des stocks disponibles sur le territoire national à la date du 11/04/2020
Figure 15. Chronologie des actions mises en œuvre dans la gestion des tensions
COVID-19 .................................................................................................................. 95
Figure 16. Cartographie des parties prenantes mobilisées dans la gestion des
14
Figure 19. Schéma représentant le processus d'approvisionnement et de distribution
des stocks de médicaments acquis par l'Etat en France au cours de la crise COVID
Figure 20. Photographies des réceptions de Midazolam "en vrac" dans les PUI au
Tableau II. Posologies estimées par patient des molécules prioritaires utilisées en
15
Listes des abréviations et acronymes
et du travail
Practices
16
CASAR : Centre d’Appui aux Situations d’urgence, aux Alertes sanitaires et à la ges-
taires
CE : Commission européenne
et sociales
17
DM : Dispositifs Médicaux
DP : Dossier Pharmaceutique
porelle
EI : Effet indésirable
EM : Erreur médicamenteuse
ES : Etablissement de santé
GR : Grossistes-Répartiteurs
IV : Intra-veineuse
19
MPUP : Matières premières à usage pharmaceutique
PA : Principe Actif
PF : Produit Fini
miques
SI : Système d’information
sanitaires exceptionnelles
UE : Union Européenne
21
INTRODUCTION
Les médicaments ont trouvé, notamment au cours du siècle dernier, une place
trés de façon préventive ou curative, les médicaments et vaccins ont permis l’éradica-
tion de la variole (1), la limitation des résurgences de peste (2) ou encore le gain de
Humaine (VIH) (3). Les médicaments, et au sens large les produits de santé, consti-
tuent dès lors le pilier central de la prise en charge clinique des malades.
la santé publique à laquelle la plupart des patients (6) et soignants ont été ou seront
confrontés, en ville (7), comme à l’hôpital (8). Or, les situations de crise mondiale, et a
nement. La maladie respiratoire COVID-19 nécessite, dans les cas les plus sévères,
ronium), ont fait l’objet de très fortes tensions à cause, notamment, de la forte hausse
22
L’ensemble des acteurs du médicament et de la santé publique ont pris conscience
France, dès 2011, le ministre de la Santé Xavier Bertrand avait annoncé un plan d’ac-
tion pour lutter contre les ruptures de médicaments (10). De nombreux travaux ont
(2011, 2013 et 2018) (11), (12), (13), la Mission d’information du Sénat (2018) (14)
(2020) (15). Dès lors, les autorités ont posé les premiers jalons de la lutte contre les
système de santé et, plus récemment, ont publié la feuille de route 2019-2022 du Mi-
nistère chargé de la Santé pour « lutter contre les pénuries et améliorer la disponibilité
mis en œuvre au cours de la crise pour assurer la prise en charge thérapeutique des
patients en réanimation malgré les ruptures de médicaments ? Quels sont les ensei-
des crises.
23
Aussi, les moyens mis en œuvre et les récentes propositions pour gérer ces ruptures
Enfin, nous présenterons le cas particulier de la gestion des tensions et ruptures d’ap-
tion dans le cadre la prise en charge du COVID-19. Nous détaillerons ainsi les moyens
24
METHODE
Les données obtenues résultent principalement d’articles scientifiques issus des bases
ports sur la thématique émanent d’institutions telles que le Sénat, l’Assemblée Natio-
nale et la Cour des Comptes mais également des données publiques de la Drees.
Enfin, une partie des sources relatives à la crise résultent des publications et instruc-
tions du Ministère des Solidarités et de la Santé. Les travaux menés par les sociétés
étudiés.
L’étude de cas (Partie 3) se concentre sur l’analyse des politiques publiques de santé
système de santé français, au 1er juin 2021, date de la publication du décret relatif à la
sortie de crise.
25
Partie 1. Le circuit du médicament au cœur de la santé publique
tives ou préventives à l'égard des maladies humaines ou animales, ainsi que toute
substance ou composition pouvant être utilisée chez l'homme ou chez l'animal ou pou-
vant leur être administrée, en vue d'établir un diagnostic médical ou de restaurer, cor-
principes actifs pharmaceutiques dans le monde (18). En France, nous retrouvons en-
viron 2 800 Dénominations Communes Internationales (DCI) ayant une AMM (Autori-
sation de Mise sur le Marché) pour environ 16 591 présentations différentes (15). Ces
La santé publique, est définie par l’OMS comme « la science et l’art de la prévention
ou d’une population grâce aux efforts organisés de la société » (19) (OMS, 1952) per-
mettant d’« assurer la santé d'une population, l'état sanitaire d'une collectivité, les ser-
vices sanitaires généraux et l'administration des services de soins » (OMS, 1973) (20).
26
Les médicaments, en tant que « révolution thérapeutique » du XXème siècle (21),
constituent l’un des piliers de la prévention et de la prise en charge des maladies même
s’ils peuvent être un « facteur de risque en termes de santé » (22). L’accès à des mé-
santé qu’il est capable d’atteindre constitue l’un des droits fondamentaux de tout être
humain » (23). L’Organisation des Nations Unies (ONU) a rendu, en 1976, « le droit à
santé primaires qui « comprennent au minimum […] la vaccination contre les grandes
Ainsi, selon Gateaux et Heitz, « les produits pharmaceutiques sont identifiés comme
Les inégalités de l’accès aux médicaments dans le monde sont prégnantes. Il est es-
n’ont pas un accès régulier aux médicaments essentiels (28). Les marchés pharma-
70,7 % du marché mondial (en prix producteur) tandis que le continent Africain ne
27
L’accès aux médicaments dépend de la disponibilité en quantité suffisante sur un mar-
d’un pays. Dans les pays en développement, un accès régulier et permanent aux thé-
rapeutiques essentielles est recherché tandis que, dans les pays développés, il est
ments
En France, la disponibilité de médicaments sûrs et efficaces est garantie par une ré-
(30). La mise sur le marché d’un médicament, nécessite ainsi une autorisation (AMM)
basée sur la constitution d’un dossier étayé justifiant de la qualité (respect de normes
favorable) (31). L’accessibilité aux traitements est facilitée par un système de prise en
charge financière par l’Assurance maladie permettant l’accès pour tous aux médica-
médicament.
28
Selon l’Ordre National des Pharmaciens (ONP), « l’organisation actuelle de la chaîne
notamment à ce qu’aucun cas de contrefaçon n’ait été constaté dans le circuit légal du
notion d’utilité du point de vue scientifique, technique et de la santé publique (36). Les
donc complexe d’identifier une liste fixe de DCI et de formulations strictement néces-
essentiels de l’OMS.
Afin de répondre aux carences des systèmes de santé des pays en développement
pour l’accès aux médicaments, l’OMS a défini en 1975, la notion de médicaments es-
29
une qualité assurée et à un prix abordable au niveau individuel comme à celui de la
communauté. » (37)
autorités sanitaires françaises ont défini les MITM comme tous « médicaments ou
de mettre en jeu le pronostic vital des patients à court ou moyen terme, ou représente
une perte de chance importante pour les patients au regard de la gravité ou du poten-
Une liste des classes thérapeutiques contenant des MITM a été arrêtée le 27 juillet
pas de DCI, mais des classes thérapeutiques parmi lesquelles le titulaire et l’exploitant
Comme l’évoque le rapport Biot (2020), le Comité Economique des Produits de Sante
(CEPS) n’a souhaité retenir, dans son accord-cadre avec les entreprises du médica-
ment (Leem), que la notion de « l’existence d’un besoin non couvert en cas de retrait
Le Leem, dans son plan d’actions pour faire face aux pénuries de médicaments pro-
30
Il s’agirait de « médicaments pour lesquels une rupture entraine un risque vital et im-
médiat pour les patients souffrant d’une pathologie grave, en l’absence d’alternative
thérapeutique recommandée par les autorités dans cette indication. Ce sont les médi-
(6).
effet, le caractère essentiel peut varier en fonction des besoins de santé publique ou
pronostic vital […] ou sans laquelle la santé publique et animale pourrait être grave-
d'issue fatale pour lesquelles il a été démontré que le produit affecte la progression de
et efficaces (41).
31
Au fil du temps et des initiatives internationales (OMS, Union Européenne…), le
2. Le circuit pharmaceutique
ans dont 12 ans nécessaires à l’accès au marché (42). Compte tenu des spécificités
Chaque étape présente des risques et des imprévus qui peuvent conduire à empêcher
la conformité aux bonnes pratiques (43), (44) définies par l’Article L5121-5 du Code
Il s’agit d’une étape clef exposée à de nombreux imprévus : inefficacité ou effets indé-
financement… Chaque phase peut ainsi ralentir l’accès d’un médicament au marché.
Cette phase est également extrêmement réglementée et normée afin d’assurer la qua-
lité de la recherche ainsi que la sécurité des patients lors des études cliniques.
2.1.2 La production
L’étape de production (Figure 2) inclut les étapes de fabrication (achat des matières
nérale, plusieurs excipients en plus du principe actif (PA). Au total, chaque composé
est issu d’un procédé de production propre (synthèse chimique, extraction…) avant
33
Figure 2. Schéma simplifié de l'étape de fabrication d'un médicament (source :
Leem, 2018 (47))
Le fabricant, sous la responsabilité du pharmacien responsable (43), doit appliquer les
bonnes pratiques propres au marché pour lequel le médicament est destiné : le guide
des bonnes pratiques de fabrication (BPF) en France (48), les CGMP de la FDA aux
Etats-Unis (49). Une recherche d’harmonisation des exigences est menée, d’une part,
humain dans l’Union Européenne (50) et, d’autre part, par le Conseil international
pour un médicament chimique per os et peut être rallongé jusqu’à 36 mois pour la
2.1.3 La distribution
À l’issue de la fabrication, les médicaments sont destinés à être acheminés sur le lieu
pliquer les Bonnes pratiques de distribution en gros (BPDG) (52) qui encadrent, no-
2.1.4 La dispensation
pour les patients, se doit également de respecter les Bonnes pratiques de dispensation
des médicaments avant et après leur commercialisation (53). Les Bonnes pratiques
35
prévention et de gestion du risque d’effet indésirable résultant de l’utilisation des mé-
mise sur le marché (…) ou à la suspension de l’utilisation d’une spécialité » mais éga-
Ces mesures, motivées par la sécurité sanitaire, peuvent induire un risque de rupture
à usage pharmaceutique (MPUP) définies par l’article L5138-2 du CSP (57). Les subs-
tances actives (PA ou API) et les excipients doivent « répondre aux spécifications de
PF.
Les établissements pharmaceutiques, tels que définis par les articles L5124-1 et R
36
L’autorisation d’ouverture est délivrée par le directeur général de l’ANSM [Article
R5124-6 du CSP].
Les fabricants sont des « entreprises ou organismes se livrant, en vue de leur vente
fabrication de médicaments ».
Ils peuvent se situer sur le territoire français, européen ou en dehors de ces espaces,
dès lors que sont respectés les BPF ou GMP (en fonction du marché de destination).
Les importateurs sont des « entreprises ou organismes se livrant, en vue de leur vente
en gros, de leur cession à titre gratuit ou de leur expérimentation sur l'homme, à l'im-
non parties à l'accord sur l'Espace économique européen ou d'autres Etats membres
péen lorsque les médicaments, produits ou objets ont été fabriqués par un établisse-
ment non autorisé au titre l'article 40 de la directive 2001/83 du 6 novembre 2001 ins-
à titre gratuit, de publicité, d'information, de pharmacovigilance, de suivi des lots et, s'il
y a lieu, de leur retrait ainsi que, le cas échéant, les opérations de stockage
37
correspondantes ». L'exploitation est assurée soit par le titulaire de l'autorisation de
mise sur le marché mentionnée […], de l'autorisation temporaire d'utilisation (ATU) […]
soit, pour le compte de ce titulaire, par une autre entreprise ou un autre organisme,
soit par l'un et l'autre, chacun assurant dans ce cas une ou plusieurs catégories d'opé-
Les dépositaires sont des « entreprises se livrant, d'ordre et pour le compte d'un ou
dont elles ne sont pas propriétaires, en vue de leur distribution en gros et en l'état ».
quotidienne des 21 192 pharmacies d’officine pour un total de 1,8 milliards de produits
38
2.3.6 Les distributeurs en gros
Les distributeurs en gros, autres que les grossistes répartiteurs sont chargés de
Les centrales d'achat pharmaceutique sont des « entreprises se livrant soit en leur
nom et pour leur compte, soit d'ordre et pour le compte de pharmaciens titulaires d'of-
ficine (…) à l'achat et au stockage des médicaments (…) à l'exception des médica-
ments remboursables par les régimes obligatoires d'assurance maladie, en vue de leur
Elles sont à différencier des structures, souvent nommées « centrales d’achat » qui
procèdent, entre autres, aux achats de médicaments au profit des PUI des établisse-
ments, les PUI se sont organisées au sein des groupements hospitaliers de territoire
çais (UniHA), le réseau des acheteurs hospitaliers (RESAH) et l’Agence générale des
39
3. Le circuit d’achat et d’approvisionnement en médicaments
3.1 En ville
Les pharmacies d’officine s’approvisionnement dans 80 % des cas auprès des gros-
40
3.2 A l’hôpital
dans 95 % des cas auprès des fabricants, de leurs dépositaires ou des exploitants
(Ministère chargé de la Santé, 2017) (62) correspondant ainsi à 27,9 % du chiffre d’af-
faires des laboratoires (63). Les marchés hospitaliers des médicaments et produits de
santé relèvent d’une procédure d’appel d’offre formalisée dès lors que le montant total
Les marchés sont émis par lots de médicaments répondant aux besoins des établis-
Ils s’inscrivent dans une logique d’optimisation des dépenses en santé encouragée
41
Partie 2. Le marché français du médicament en proie aux tensions d’approvi-
sionnement
1. Le marché du médicament
sance d’environ 5 % par an (Annexe 3). En 2019, la dépense mondiale atteignait 1 300
milliards de dollars contre 1000 Md$ en 2016 (29). L’émergence et la croissance forte
ging markets », participent activement à cette croissance globale. L’évolution des po-
litiques de santé publique dans ces Etats conduisent à augmenter de façon significa-
En 2018, les marchés pharmaceutiques émergents pesaient 286 Md$ (en hausse de
d’euros (environ 72 milliards de dollars) selon le Leem (63). Les dépenses en produit
de santé remboursées par l’assurance maladie (AM) représentaient 35,7 Md€ en 2019
soit 17,8 % de l’objectif national de dépense de l’assurance maladie (Ondam) (65) dont
achats hospitaliers de médicament s’élèvent à environ 8,2 Md€ en 2019 selon le CEPS
42
(67). Les médicaments inscrits sur la « liste en sus »i représentent un coût supplémen-
taire de 5,4 milliards d’euros en 2018 pour l’Assurance maladie. Cette dépense est
hausse de 22 % sur cinq ans, soit une augmentation plus rapide que le reste de la
consommation des soins à l’hôpital (+ 9 % en 5 ans). Tandis que 98 DCI sont inscrites
La maitrise des dépenses liées aux médicaments est donc un enjeu majeur pour la
pour des médicaments disponibles en Europe sont situés en dehors de l’Union » (69)
(12).
iListe de médicaments, généralement onéreux, utilisés à l’hôpital et pris en charge par l’Assurance
maladie du fait du caractère innovant de leur indication.
43
1.1.2 Les enjeux politiques et géopolitiques
La protection de la santé publique est garantie par les traités européens (70) tout en
droit constitutionnel (72). Assurer l’accès aux médicaments est un enjeu à la fois poli-
tique au sein des Etats mais également géopolitique. Ainsi, la question de la souverai-
effet, la dépendance des Etats à des pays tiers les expose en termes de sécurité sa-
nitaire (15).
géopolitiques ont été observées (73). Des dissensions ont été observées entre l’Union
Européenne et le Royaume-Uni (74) suite aux retards de livraison des vaccins Astra-
Zeneca promis par le laboratoire à l’UE. Ursula von der Leyen, la présidente de la
produites en Europe.
population est marqué depuis les années 70 (76). Ainsi, la demande de soins est crois-
sante et « l'accès aux soins constitue une préoccupation majeure des politiques pu-
bliques en santé » (77) tandis que 92 % des français considèrent que l’égalité d’accès
44
aux médicaments partout sur le territoire est essentielle (78), la loi garantissant « l'égal
accès de chaque personne aux soins nécessités par son état de santé » (79).
d’éthique.
Ces exigences sont en partie portées sur l’accès aux médicaments innovants. Le pas-
pies géniques ciblées impose des réflexions sur le financement, la politique et l’éthique
produits dont ils ont la responsabilité mais également de lutter contre l’introduction sur
sur dix qui circule dans le monde est falsifié » (84), exposant ainsi à des risques sani-
du médicament dans l’UE. Elle peut, sur la base des évaluations de l’Agence Euro-
péenne des Médicaments (EMA), octroyer, refuser, modifier ou suspendre les AMM
45
des médicaments relevant de la procédure centraliséeii (87). Elle peut prendre des
ropéen. Enfin, elle assure une collaboration internationale avec les différents parte-
naires (Etats, institutions, industriels…) (88). D’autres compétences peuvent lui être
(…) qui sont développés par des entreprises pharmaceutiques en vue de leur utilisa-
tion dans l’Union européenne » (88). Par l’intermédiaire de sept comités scientifiques,
dont le comité des médicaments à usage humain (CHMP) et le comité pour l’évaluation
des risques en matière de pharmacovigilance (PRAC), elle établit des lignes directrices
à destination des industriels, elle instruit les demandes d’AMM par procédure centrali-
ii La procédure centralisée est une procédure européenne d’octroi d’une seule et même autorisation de
mise sur le marché (AMM) à un titulaire (le plus souvent, un laboratoire pharmaceutique) pour un mé-
dicament qu’il peut alors commercialiser dans l’ensemble des états de l’Union européenne. C’est la
Commission Européenne qui délivre cette autorisation.
46
pratiques, les exigences et les règles à l’échelle européenne en lien avec les autorités
(SNS) (90). Ainsi, il est chargé de « la prévention et des soins et élabore et met en
œuvre (…) les règles relatives à la politique de protection de la santé contre les divers
lioration de la qualité et de la sécurité des pratiques et des soins ». Elle assure égale-
dination des systèmes de veille et de vigilances sanitaires » (92). Elle assure égale-
La DGOS « met en œuvre, organise et évalue l'accès aux produits de santé et à leur
bon usage, et contribue à définir leurs modalités de financement » (93). Tandis que la
47
DSS « prépare la politique de la sécurité sociale relative aux produits de santé et as-
Les ARS sont des établissements publics sous la tutelle du ministère chargé de la
santé créés en 2009 par la loi Hôpital, patients, santé et territoires du 21 juillet 2009
(dite Loi HPST) (95). Elles sont « chargées d'organiser la politique de santé dans les
régions, de piloter et réguler l'offre de soins pour répondre aux besoins des populations
Elles participent ainsi à la qualité, la sécurité et l’accès aux soins sur le territoire. Elles
sécurisation, à la qualité des soins et au bon usage des médicaments. Elles veillent
également à garantir l’accès aux médicaments tout en assurant la maitrise des dé-
penses (97). Pour se faire, les ARS sont en lien permanent avec les professionnels de
L’ANSM est un établissement public de l'Etat, placé sous la tutelle du ministre chargé
sanitaire des médicaments et des produits de santé (98). L’ANSM est l’autorité com-
pétente pour la France reconnue par l’EMA et les autres autorités compétentes à
48
Il s’agit d‘une agence d’expertise et de décision qui « procède à l'évaluation des béné-
fices et des risques liés à l'utilisation des produits à finalité sanitaire destinés à l'homme
et (…) surveille le risque lié à ces produits et effectue des réévaluations des bénéfices
caments à usage humain et produits assimilés, les matières premières à usage phar-
maceutique, les dispositifs médicaux, les organes, tissus, cellules et produits d'origine
humaine ou animale, ainsi que les produits cosmétiques et autres produits de tatouage
(100).
L’agence dispose ainsi des compétences définies par le CSP comme suit :
Pour se faire, l’agence dispose de prérogatives définies par les articles L5312-1 à
Par ailleurs, l’agence dispose d’un pouvoir de contrôle de l’application des lois et rè-
glements, par l’intermédiaire de l’inspection selon les modalités définies aux articles
49
L’ANSM régit donc l’ensemble du circuit du médicament et garantit ainsi « que les
et bien utilisés » (101). Elle est ainsi en mesure d’intervenir pour assurer la sécurisa-
Depuis 2017, l’ANSM s’est dotée d’un Centre d’Appui aux Situations d’urgence, aux
(102). Il a vocation à assurer la gestion des alertes concernant les médicaments et les
Santé Publique France est l'Agence nationale de santé publique, établissement public
de l'Etat à caractère administratif. Elle est placée sous la tutelle du ministre chargé de
la santé (104).
Créée en 2016, elle résulte de la fusion des services de l’Institut de veille sanitaire
Cette agence est chargée des missions de veille et sécurité sanitaire et de gestion des
alertes, en lien avec les cellules d’intervention en région, placées auprès des ARS.
Elle est également en lien permanent avec la Sous-direction Veille et Sécurité Sani-
50
réserve sanitaire. L'établissement pharmaceutique assure les opérations d'achat, de
population face aux menaces sanitaires graves, en vue de leur distribution (46). Il
constitue ainsi les stocks stratégiques de l’Etat en vue de la réponse aux situations
sanitaires exceptionnelles (SSE) (105). Ces stocks constituent également des res-
Le marché pharmaceutique mondial fait face à des enjeux majeurs à la fois sanitaires,
principales menaces en matière d’accessibilité aux soins. Dans les paragraphes sui-
vants, nous présenterons les causes et les moyens de gestion de ces ruptures ainsi
2.1 Définitions
Souvent appelées « pénuries » par le grand public, les ruptures de médicament cons-
tituent un phénomène complexe dont il est nécessaire d’en définir les termes avant
La rupture est définie comme l’interruption brutale d’un état ou d’une action (Larousse).
Elle peut intervenir à toutes les étapes de la vie du médicament mais concerne princi-
définitions ont été inscrites dans le CSP par les décrets n° 2012-1096 du 28 septembre
51
Les ruptures de distribution concernent les situations où le médicament est fabriqué
ou exploité mais n’est pas distribué aux pharmacies conduisant ainsi à une rupture
d’approvisionnement.
Les ruptures d’approvisionnement sont définies comme « l'incapacité pour une phar-
patient dans un délai de 72 heures, après avoir effectué une demande d'approvision-
ments (…). Ce délai de 72 heures peut être réduit à l'initiative du pharmacien en fonc-
R5124-49-1 du CSP].
La notion de tension n’est pas définie dans les textes réglementaires mais s’interprète
comme une situation où un médicament est disponible mais de façon insuffisante pour
Par ailleurs, ces différentes notions sont souvent associées à celle de MITM pour pren-
la Santé Publique.
52
Figure 4. Schéma décrivant les différentes définitions associées aux ruptures de
médicaments en France (Source : ANP, 2013, 2018 ; Rapport Biot, 2020 ; CSP)
des médicaments. Selon l’EMA, une pénurie de médicament survient lorsque l’offre ne
human or veterinary use occurs when supply does not meet demand at a national
level) (107). La notion de pénurie intègre à la fois les perturbations en cours, les obs-
rences entre l’approche de l’ANSM et celle de l’EMA. La France ayant fait le choix de
53
Considérant que ce travail porte sur les ruptures de médicaments en France, nous
avons fait le choix d’utiliser les définitions du CSP pour la suite de l’exposé.
tuent une menace croissante pour l’accès aux soins. En effet, « 31 % des français ont
par plus de 4 (Figure 5). Selon des analyses de la base de données de l’ANSM (Ben-
habib et al., 2020), 60 % des DCI autorisées en France ont déjà été signalées à l’ANSM
pour un risque ou une rupture effective (110). A noter que l’obligation de signalement
54
Les principales causes identifiées (Figure 6) sont les causes industrielles pour la pro-
duction des matières premières (et en amont) ou du produit fini. Interviennent ensuite
les causes économiques puis les besoins de mise à niveau face aux exigences régle-
donné.
ment (Source : Leem, Rapport Decool, 2018) représente les multiples vulnérabilités
dispensation.
55
Figure 7. Schéma représentant les différentes vulnérabilités de la chaîne d'ap-
provisionnement du médicament (Source : Leem, Rapport Decool, 2018)
2.3.1 La mondialisation, de la matière première au produit fini
de substances actives mobilise près de 3 000 acteurs dans le monde (ANP, 2018).
volume qui sont produits en Chine et en Inde. De plus, 35 % des matières premières
vement la fin du marché captif puisque les sites de fabrication de MP et PF, dorénavant
sous-traités, ne sont plus nécessairement proches des sites de fabrication des médi-
56
autorités de contrôle, le marché et la zone de production. Ce phénomène, ajouté à la
Toutefois, la mission stratégique (Biot, 2020), sur la base des données issues de
termes de sécurité sanitaire. Par ailleurs, des événements majeurs à l’échelle mon-
de la chaine d’approvisionnement.
que 458 sites sur 944 (48,5 %) relevaient des compétences des 9 autorités mondiales
quelques Etats et sur des sites industriels uniques « fragilise fortement sa capacité à
» (Rapport Decool, 2018). En 2011, plus de 50 % des produits inscrits en rupture d’ap-
moins (115).
57
2.3.2 Les ruptures d’origines industrielles
Environ deux tiers des signalements de ruptures de médicaments à l’ANSM ont une
Défauts-qualité : amélioriation et
6% 4% rénovation des installations
Défauts-qualité relatifs à la
2% fabrication des produits
8% 35% Abandon du produit
Augmentation de la demande
Lors de la survenue d’un événement industriel source d’une rupture, il est difficile pour
puisque, d’une part, certains délais sont incompressibles (cycle de production, mise
mentaires…) et, d’autre part, la production se fait en flux tendu afin de limiter au maxi-
mum les stocks et les coûts associés (sites de stockage, gestion des péremptions…).
58
En fonction des stocks mondiaux et de la demande, une interruption brutale et majeure
De même, 6 % des ruptures sont causées par une augmentation de la demande. Or,
industriels à privilégier des ventes sur stocks, en flux poussé, nécessitant des prévi-
sions de vente à plus ou moins long terme (de 18 mois à 5 ans) (13), ce qui rend
production.
Alors que la pression sur les finances publiques et le modèle social est importante,
une compression permanente est effectuée sur le prix des médicaments et notamment
des plus anciens (Annexe 5) (118), (119). La baisse de la rentabilité, favorisée par les
diminution du nombre d’opérateurs par abandon de produits peu rentables, une con-
centration des producteurs, associée à une délocalisation, ainsi qu’à une baisse des
d’achats a provoqué une massification des appels d’offre contraints aux marchés pu-
blics, favorisée par le programme Phare de la DGOS (64). Ces achats raisonnés pro-
ner en quantité. L’article 36 du cahier des clauses administratives générales des mar-
chés publics (120) introduit la clause d’achat pour compte qui stipule, qu’en cas de
59
non-respect du contrat, l’acheteur hospitalier peut s’approvisionner auprès d’un tiers,
poles de fournisseurs.
industriels quant à l’état réel de la demande puisque celle-ci se fait par à-coups lors
Estimées à environ 10 % des causes de ruptures (Figure 6.), les exigences réglemen-
macie, les BPF « sont passées de 50 à 300 pages » conduisant, pour chaque usine
production.
Par ailleurs, il existe des disparités au niveau international entre les différentes régle-
(122), (123). Or, des inspections et contrôles peuvent être réalisés par des autorités
puisque les usines peuvent être amenées à produire pour des marchés aux exigences
néralement des médicaments les plus anciens et antérieurs aux procédures centrali-
dossier d’AMM dans l’ensemble de ces Etats. La durée de traitement des modifications
varie entre 2 et 30 mois selon les Etats (124). Ainsi, la production de médicaments
essentiels, souvent anciens, peut subir de fortes contraintes lors des phases de modi-
fication d’AMM puisque toutes les AMM doivent être modifiées avant que soit appli-
Les travaux de Benhabib et al. (2020) et de l’ANSM ont permis d’identifier le « profil-
(Figure 9.) :
x L’ancienneté de l’AMM : les médicaments anciens dont l’AMM date d’au moins
kinsoniens, antiépileptiques) ;
Une étude du Club des acheteurs de produits de santé de 2017 estime que les
ruptures, suivis par les formes orales sèches dans 35 % des cas. Les exigences
61
x Le lieu de délivrance : les médicaments hospitaliers représentent 60 % des cas
de ruptures. Cela peut s’expliquer par les difficultés liées aux appels d’offres
Officine +
Lieu de délivrance Hôpital Officine
hôpital
Anti
Classe thérapeutique Anti-infectieux SNC Cardiologie
cancéreux
Ces données restent variables en fonction des années et des événements inattendus.
En 2018, ce sont les formes orales sèches qui étaient les plus concernées par les
62
d’impuretés dans le PF (ANSM, 2019). De plus, il ne semble pas y avoir, en France,
Toutefois, ce profil-type donne une indication des médicaments les plus vulnérables et
Les conséquences des ruptures de médicaments sont multiples et, en premier lieu,
63
Figure 10. Pourcentage de déclaration de conséquences des ruptures de médi-
cament à l'hôpital issues d'une enquête réalisée auprès de pharmaciens hospi-
taliers européens en 2019 (N=1837) et 2018 (N=1348). (Source : EAHP, 2019)
Une enquête de la European association of hospital pharmacists (EAHP), réalisée en
40 à 60 % des ruptures causent un retard dans la prise en charge (Figure 10.) (109).
L’Institute for Safe Medication Practices (ISMP) a estimé qu’aux Etats-Unis 70 % des
fois, ces effets d’absence sont plus difficiles à évaluer que la toxicité.
64
Le choix d’une alternative thérapeutique, portée en principe vers les médicaments de
seconde ligne (ou 2ème choix thérapeutique), expose à des effets de substitution, c’est-
à-dire la survenue d’un événement indésirable chez un patient qui n’aurait pas dû être
teuse (126), (127), (128) par omission, mauvais dosage, mésusage, erreur de dispen-
les risques pour les patients (127), (128). Cependant, au regard des risques d’erreurs
Les modifications des pratiques cliniques associées aux ruptures peuvent faire l’objet
de recommandations par des sociétés savantes et les autorités. Ces alternatives peu-
vent bénéficier de niveaux de preuves variables. Toutefois, ces travaux peuvent per-
65
D’autres effets de bord sont également observés et notamment sur la recherche cli-
nique. Aux Etats-Unis, 44 % des établissements interrogés en 2011 ont vu leurs essais
cliniques affectés (131). Il peut s’agir par exemple de violation du protocole de re-
La survenue de ruptures engendre des coûts importants à la fois pour les hôpitaux, la
Ces dépenses supplémentaires pour les hôpitaux se répartissent entre les coûts des
de mobilisation des personnels (133), (126). L’ANSM mobilise également 5,5 ETP pour
la gestion des déclarations de ruptures (134) engendrant ainsi des coûts de gestion.
L’industriel se voit également exposé à des surcoûts du fait de la clause d’achat pour
compte dans le cadre des marchés publics (estimés à 1 300 000€ en 2011 pour les
seuls marchés publics de l’AP-HP). De même, pour les médicaments alternatifs im-
portés dont le coût est supérieur à celui du médicament initial, l’entreprise pharmaceu-
Dans certains Etats, il est également observé une hausse des médicaments contrefaits
marginal en France mais les conséquences sont majeures d’un point de vue sanitaire
et médico-économique.
66
2.6 Les moyens de gestion des ruptures
L’identification précoce des ruptures est un enjeu majeur de la gestion des ruptures.
d’AMM et l’état des lieux annuel (prévu aux articles R. 5124-46, R. 4211-47 ou R.
4211-62 du CSP) qui permettent l’identification des sites de production et des fournis-
censent les fournisseurs de substances actives implantés dans un Etat de l’UE et les
19 858 officines sur 21 061 (94 %), et 1000 PUI sur 2658 (37,6 %), cet outil permet
67
Figure 11. Les différents acteurs du DP-Ruptures (source : Bordas et al., ONDP)
La plupart des logiciels officinaux sont intégrés au DP et permettent une déclaration
ment en moins de 72h. Les ARS et les PUI disposent de la possibilité de consulter le
Au regard de la hausse des ruptures et des risques associés, l’arsenal juridique s’est
l’UE.
68
L’exploitant est ainsi dans l’obligation :
stock de sécurité pour les MITM correspondant à au moins deux mois de cou-
verture des besoins, calculé sur la base des volumes de vente en France sur
les douze derniers mois glissants. Lorsque des ruptures régulières sur une pé-
riode de deux ans sont observées sur un MITM, le directeur général de l’ANSM
lisation d’un MITM, dans un délai minimal d’un an (ou deux mois pour les mé-
(141). Cette décision doit être dûment justifiée par un motif de qualité ou de
32 du CSP) ;
CSP) ;
69
x D’élaborer des plans de gestion des pénuries pour les MITM (L5121-31 du
CSP) ;
l’ANSM (L5421-8 du CSP). En 2019, deux sanctions financières ont été prononcées
par l’ANSM dans le cadre des ruptures de stock (rapport d’activité ANSM, 2019).
Par ailleurs, les grossistes-répartiteurs se sont vus attribués des obligations de service
public (Article L5124-17-2 du CSP) (143) définies à l’article R5124-59 du CSP (144) :
tuelle durant au moins deux semaines et de livrer dans les vingt-quatre heures
Le samedi, à partir de 14 heures, ainsi que le dimanche et les jours fériés, ils
x Lorsque les obligations de service public ont été remplies, les GR peuvent
70
Par ailleurs, les PUI des établissements de santé sont tenues de disposer d’un stock
Les titulaires d’AMM et exploitants doivent élaborer et mettre en œuvre des PGP per-
mettant de prévenir et de pallier à toute rupture de stock de MITM. La liste des médi-
caments concernés est transmise à l’ANSM par l’industriel (Article L5121-31 du CSP).
Des lignes directrices sont émises par l’ANSM (Art. R. 5124-49-5 du CSP) afin d’établir
contenu et la mise en œuvre ces plans. Ces derniers prennent notamment en compte
marché, l’existence d’autres médicaments avec la même substance active… Les me-
R5124-49-5).
Toutefois, elle ne dispose que de moyens limités pour prévenir les ruptures de médi-
caments (134) et se concentre donc sur la gestion en réaction aux tensions et ruptures.
71
Dès l’identification de tensions ou de ruptures d’un MITM, l’ANSM rend l’information
publique sur son site internet (Article L5121-30 du CSP). Elle s’assure de la mise en
œuvre du PGP et facilite l’information des professionnels de santé et des patients. Elle
d’alternatives thérapeutiques… ;
et l’article L5124-13 du CSP (146). Dans le même sens, l’ANSM peut procéder
thérapeutiques ;
de stabilité ;
d’autres industriels… ;
72
x L’autorisation de vente au détail par les PUI de MITM en situation de rupture ou
Enfin, dans des circonstances exceptionnelles, il peut être décidé de mettre en appli-
tifier des solutions opérationnelles et stratégiques à court, moyen et long terme. Déjà
2018 ont précédé deux missions sénatoriales en 2018 et 2020 et une mission straté-
et du médicament ont émis des propositions via le Pipame (2017) et le Leem. L’en-
Les propositions émises visent à mieux définir, dans un premier temps, les notions de
péenne. Cette première étape permettra de clarifier les enjeux et les objectifs à
73
atteindre. Pour cela, la Feuille de route interministérielle a consolidé un réseau de
Le partage des informations et la communication entre les acteurs font partie des prin-
cipaux enjeux soulevés par les différents rapports. Ainsi, à l’image du DP-Ruptures et
du récent Trustmed (plateforme d’échange entre les industriels et l’ANSM) (148), il est
souhaité une amélioration sur la visibilité des besoins des patients et des stocks des
œuvre des mesures qui ne reposent pas sur les bases législatives robustes.
sont également évoquées par les acteurs. Les mesures économiques souhaitées re-
ment de la production au niveau français et européen. Les leviers évoqués sont prin-
cipalement la révision des prix par le CEPS lorsque la rentabilité d’un MITM n’est plus
ont découlé sur la proposition de mieux accompagner les acheteurs hospitaliers pour
près de plusieurs fournisseurs. Afin que les industriels puissent davantage anticiper
l’état de la demande, les hôpitaux sont encouragés à mieux prévoir leurs besoins.
74
Enfin, il est souhaité, de façon générale une flexibilité en matière de réglementation et
Ainsi, ces multiples travaux marquent la prise de conscience par les acteurs du médi-
75
Partie 3. Les ruptures de médicaments au cours de la crise du COVID-19 : le
n’a évidemment pas été épargné. La crise mondiale a ainsi servi de catalyseur du
1.1.1 Définitions
La crise peut se définir comme un événement soudain, brutal provoquant une rupture
Les risques sanitaires liés aux maladies infectieuses, responsables d’épidémies voire
de pandémies, peuvent constituer une menace pour la santé publique (149). La notion
de pandémie est définie par l’OMS comme la propagation mondiale d’une maladie
76
1.1.2 Du risque viral SARS-CoV-2 à la pandémie mondiale
nale par l’OMS (5), est causée par le coronavirus SARS-CoV-2. Il s’agit d’un virus
lors d’un contact rapproché et durable, ou via des surfaces inertes. La période d'incu-
bation semble être de 5 jours en moyenne [2 ;12 jours], avec une excrétion virale maxi-
male deux jours avant ou au début des symptômes. Chaque personne est susceptible
ment de l'épidémie est estimé à 6,4 à 7,5 jours (152). L’épidémie a ainsi rapidement
En France, la Loi d’état d’urgence sanitaire a été promulguée le 23 mars 2020 afin de
faire face à une « catastrophe sanitaire mettant en péril, par sa nature et sa gravité, la
santé de la population » (153). Cette loi implique des mesures exceptionnelles en ma-
1er juin 2021, environ 3,6 millions de personnes sont décédées du fait d’une infection
2 a été diagnostiqué chez 5 677 172 personnes et 109 662 décès ont été déplorés
(154).
77
En France, il a été observé un phénomène de « vague » épidémique à 3 reprises qui
peuvent être grossièrement délimitées de la façon suivante : mars – juin 2020 ; sep-
avril 2020 au 22 mai 2020, ont été portées à 12 515 lits tandis qu’en 2019 le nombre
de lits en France entière était de 5 080 (155). En cumulé, environ 17 000 personnes
Figure 12. Taux d'occupation des lits en réanimation au cours de la crise du CO-
VID-19 sur la période du 21 mars 2020 au 6 juin 2021 en France (Source : Minis-
tère chargé de la Santé)
Une différence positive de 3 200 patients admis en réanimation en France a été ob-
servée entre les périodes du 18 mars au 6 avril 2020 et 2019 (Figure 13) (156).
78
Figure 13. Graphique comparatif du nombre d'entrées quotidiennes en réanima-
tion en France au cours du premier semestre 2019 et 2020 (Source : ATIH, 2020)
De plus, les conséquences en santé publique dépassent largement les seules per-
sonnes infectées par le virus du fait notamment de la saturation des services hospita-
en charge mais également des effets délétères des mesures de gestion de la pandé-
mie (157), (158), (159). Il convient donc de faire la distinction entre activité d’anesthé-
sie, c’est-à-dire des actes programmés en chirurgie par exemple, et activité de réani-
mation puis de distinguer les activités liées au COVID-19 de celles liées à l’activité
habituelle.
1.2.1 Symptomatologie
2 avec, dans un premier temps, des symptômes légers et non spécifiques (asthénie,
79
myalgies, céphalées, fièvre, toux sèche), puis dans un second temps une inflammation
localisée du tractus respiratoire. Les signes cliniques orientent à ce stade vers une
pneumonie avec toux, fièvre et hypoxie. Une inflammation généralisée peut également
survenir (Annexe 8). Des atteintes multi-organes sont rapportés (digestives, neurolo-
giques, cardio-vasculaires, rénales…) (160), (161), (162). L’infection peut être asymp-
% des cas une prise en charge réanimatoire avec ventilation mécanique, marqueur
des formes graves. Les facteurs de risque des formes graves sont l’âge (à partir de 65
Le traitement dit « standard of care » est la référence pour la prise en charge hospita-
la prise en charge des co-infections bactériennes par une antibiothérapie adaptée. Les
80
cas spécifiques ou d’essais cliniques, la prescription d’un traitement spécifique n’est
formes les plus graves et notamment les cas de syndrome de détresse respiratoire
aiguë (SDRA), associés notamment à une insuffisance respiratoire aiguë et une hy-
poxémie, nécessitent une prise en charge par ventilation mécanique. C’est dans ces
cas les plus graves que sont indiquées la sédation et la curarisation (164).
crise
x Une baisse de la production et des flux logistiques liée aux mesures de confi-
ce qui concerne les matières premières, les produits intermédiaires, les PA et les
81
médicaments finis nécessaires au bon fonctionnement du système de santé » (168).
contre le COVID-19 tels que les masques à usage médical, les équipements de pro-
core les solutions hydroalcooliques ont fait l’objet de tensions très importantes (169).
Au total, ce sont « près de 4 milliards de masques qui ont été commandés au 15 juin
2020 » (170) témoignant ainsi de la forte demande sur le territoire (Annexe 9).
de Paracétamol à une boîte par personne a permis de préserver les stocks-19 pour la
prise en charge des douleurs chroniques et des patients atteints du COVID. Cette
en charge du COVID. Au total, près de 139 molécules ont vu leur demande augmenter
82
déclarants concernés), les anti-cancéreux (47 %) puis les anesthésiques (39 %)
(EAHP, 2019). Au cours de la crise (Annexe 10), cette répartition s’est inversée
puisque les déclarations se concentraient sur les anesthésiques (46 %), les antibio-
tiques (37 %), les myorelaxants (29 %) puis les Benzodiazépines (26 %) (173).
Ainsi, en France, cinq molécules d’intérêt utilisées en réanimation, dont trois curares
d’autres difficultés ont été observées sur les appareils biomédicaux et notamment les
crise
pour le patient. Dans le cadre des SDRA, la sédation, associée ou non à la curarisa-
tificielle (174).
83
Le choix du médicament dépend des effets secondaires attendus, donc de la balance
tretien.
Alfentanil…) sont utilisés au cours de la prise en charge. Les hypnotiques, tels que le
ment utilisés au cours de l’intubation en tant que myorelaxants. L’ensemble des poso-
logies et des propriétés sont décrites en annexe (Annexe 11, Annexe 12) (175), (176),
(177).
Dans le cadre de la prise en charge des patients atteints du COVID-19, dès lors que
SDRA, une sédation peut être entamée. De plus, la curarisation peut être privilégiée
Les médicaments d’anesthésie-réanimation ont donc une place centrale dans la prise
Dès le mois de mars 2020, l’ANSM a alerté le CCS sur le risque de ruptures de trois
et Propofol).
84
Ces 5 médicaments font partie d’un ensemble de produits jugés « critiques » et « prio-
ritaires » par les autorités du fait de leur place dans la prise en charge des patients en
qui a provoqué des tensions très fortes dans l’approvisionnement par les laboratoires.
vées en rupture. En effet, les procédés de fabrication doivent répondre à des exi-
gences de stérilité strictes car ils sont administrés par voie injectable (BPF). De même,
Pour chacune des molécules « critiques », il existe entre 3 et 6 titulaires différents dis-
posant d’une AMM en France ou d’une AMM centralisée. La plupart des premières
AMM de ces médicaments datent d’au moins 10 ans et ils disposent tous d’au moins
un générique. Ils sont par ailleurs réservés à un usage hospitalier. Nous retrouvons
et la durée moyenne d’une intubation est de 10,3 jours (180). En cas d’épisode de
il est estimé à 40 % la part des patients en réanimation ayant dû subir une intubation.
transmises par les laboratoires au cours de la crise. Les curares peuvent généralement
86
La consommation habituelle d’un patient en réanimation intubé-ventilé reste difficile à
tion des produits (anesthésie, soins intensifs…) et de la pratique clinique (type de ven-
Toutefois, le Tableau II résume les posologies par patient par molécule avec des esti-
mation (181). Les besoins estimés en curares pour prendre en charge 14 000 patients
au cours d’une vague épidémique étaient d’environ 77 millions de mg, soit 1,6 fois la
mensuelle. Enfin, les besoins en Propofol pour 14 000 patients sont d’environ 2 fois la
Tableau II. Posologies estimées par patient des molécules prioritaires utilisées
en réanimation et estimation du besoin total selon des hypothèses d’afflux de
patients en réanimation (Source : SFAR, SRLF, SFTC, 2020)
d’avril 2020 faisait état de stocks disponibles chez les fournisseurs (Figure 14) permet-
tant de prendre en charge 8 000 patients par hypnotiques, soit 10 jours de traitement
Figure 14. État des stocks disponibles sur le territoire national à la date du
11/04/2020 (Source : DGS, Rapport d’information Assemblée Nationale, 2020)
afin d’adapter au mieux la pratique clinique aux stocks disponibles, le respect des prin-
rappel du bon usage des médicaments afin de prioriser et limiter l’usage uniquement
Concernant la curarisation, celle-ci ne doit pas être systématique et doit être adaptée
Kétamine, doit être privilégiée par rapport à la sédation et toute sur-sédation doit être
Certaines études ont montré que 15 % du coût des médicaments d’anesthésie résultait
d’un « gaspillage » (189), (190), (191). Ainsi, le GT pénurie propose des conseils per-
lorsque celle-ci sont totalement vide, ne pas changer les tubulures (permet un gain
nue…) et de prise en charge clinique permettent une optimisation des doses (192).
Ces recommandations s’inscrivent dans une stratégie globale de gestion des tensions
du système de santé.
Le 8 avril 2020, la Commission européenne, a appelé les Etats membres (EM) et les
90
Elle incite les EM à faire preuve de solidarité en :
x Partager avec les titulaires d’AMM l’ensemble des informations permettant d’an-
rope ;
Enfin, elle encourage l’utilisation optimale des médicaments dans les hôpitaux en :
x Prolongeant les dates de péremption lorsque les données de stabilité sont fa-
vorables ;
91
x Envisageant l’usage de préparations magistrales ou de médicaments vétéri-
naires équivalents ;
Malgré ces recommandations générales, chaque Etat reste souverain quant à sa stra-
tionnelles dans le cadre d’un nouveau dispositif provisoire d’état d’urgence sanitaire
(EUS) instauré par la Loi n° 2020-290 du 23 mars 2020 d'urgence pour faire face à
d’état d’urgence de droit commun, permettent au Premier ministre de prendre par dé-
cret des mesures visant à réduire les libertés de circulation des personnes, à procéder
Le préfet est également habilité à prendre des mesures d’application locale. Ce dispo-
sitif a ensuite été renouvelé le 14 novembre 2020 (194) et le 15 février 2021 (195)
tandis que la loi du 31 mai 2021 relative à la gestion de la sortie de crise sanitaire
Ainsi, la Loi EUS introduit temporairement le chapitre Ier bis relatif à l’EUS correspon-
dant aux articles L3131-12 à L3131-20 du CSP. L’article L3131-15 dispose que « dans
les circonscriptions territoriales où l'état d'urgence sanitaire est déclaré, le Premier mi-
nistre peut, par décret réglementaire pris sur le rapport du ministre chargé de la santé,
aux seules fins de garantir la santé publique, en tant que de besoin, prendre toute
prise de mesures par décret visant à garantir l’accès aux médicaments et notamment
Afin de permettre aux industriels une adaptation et une augmentation de leurs capaci-
tés de production, des facilités réglementaires ont été offertes par l’ANSM. Par courrier
du 24 avril 2020 (197), l’ANSM rappelle aux industriels la possibilité d’employer la pro-
cordées afin que celui-ci ne soit pas limitant dans l’approvisionnement continu du mar-
ché français.
Après avoir été alerté en fin d’année 2019, le CORRUSS devient le Centre de crise
sur 7 pilotée par le Directeur général de la santé se met en place. Alors que le ministère
93
Trois vagues épidémiques peuvent être identifiées, de mars à mai 2020, d’octobre à
Ce dispositif est resté en place jusqu’au 31 juillet de la même année. Au cours des
vagues épidémiques suivantes, le dispositif a été adapté pour faire face aux tensions.
Pour rappel, la loi relative à la gestion de la sortie de crise du 31 mai 2021 marque la
94
Figure 15. Chronologie des actions mises en œuvre dans la gestion des tensions
d'approvisionnement en médicaments d'anesthésie réanimation au cours de la
crise COVID-19
95
3.2 L’organisation des services de l’Etat
organisation repose sur des structures déjà existantes avant la crise, telles que le
Le rôle des principaux acteurs mobilisés est décrit dans la suite de ce travail.
96
INDUSTRIE PHARMACIE HOSPITALIERE
CASAR
EXPERTISE
OPERATEURS
ES | ESMS Professionnels
de santé libéraux
Dépositaires
Grossistes-réparƟteurs
Figure 16. Cartographie des parties prenantes mobilisées dans la gestion des
approvisionnements en produits de santé et moyens de protection au cours de
la crise du COVID-19 en France (Source : CCS, Mission d'information Assemblée
Nationale & Sénat, 2020)
97
3.2.2 L’ANSM
compétences qui lui sont attribuées (Partie 2.1.2.5 & Partie 2.2.6.4), l’ANSM joue un
rôle central dans la gestion des ruptures au cours de cette crise. Elle assure également
un rôle d’expertise et réalise des échanges réguliers avec les industriels afin de coor-
Mobilisés depuis plusieurs années dans la lutte contre les ruptures d’approvisionne-
ment en médicaments, les industriels ont à nouveau joué un rôle essentiel dans la
Tout au long de la pandémie, les industries ont assuré la continuité d’activité des
confinement.
gemment par les industriels ont également permis de contribuer à préserver les stocks
sur le territoire. Aussi, le Leem et les industriels ont collaboré activement avec l’ANSM
entre les industriels et les autorités. Concrètement, l’ANSM transmettait les besoins
aux industriels tandis que les laboratoires partageaient l’état de leurs stocks, les com-
98
Ils participaient également aux réflexions en lien avec les sociétés savantes pour
Enfin, des échanges très réguliers avaient lieu entre le Leem et le CCS afin d’accom-
Le CORRUSS est couramment mobilisé, en appui de l’ANSM, sur la gestion des rup-
la DGOS ont été mobilisés afin d’assurer des missions d’expertise et notamment au
La DGS assurait un lien permanent avec les experts des sociétés savantes dont le
(SFPC). Elle était chargée d’actualiser la liste des produits prioritaires, d’animer le ré-
seau d’experts et d’assurer une expertise réglementaire. Les agents de la DGOS as-
suraient quant à eux le lien avec les établissements de santé, les professionnels et
Le CCS est également en lien avec la Cellule Interministérielle de Crise (CIC) qui ser-
vait d’appui aux missions logistiques par la mobilisation d’autres ministères. Enfin, le
99
3.2.5 Santé Publique France
de la constitution et de la gestion des stocks stratégiques de l’Etat tel que défini Partie
2.1.2.6.
médicaments est identifié et notamment dans le plan pandémie grippale (199). Toute-
fois, les stocks de SPF ne sont constitués que de moyens de protection et de contre-
mesures médicales adaptées aux risques sanitaires identifiés tels que les risques in-
(NRBC)…
Un besoin important d’acquisition de stocks a donc été observé. Toutefois, les équipes
compter du 27 avril 2020, SPF était l’acquéreur exclusif des 5 molécules critiques pour
le compte de l’Etat.
100
3.2.6 Les ARS et les opérateurs
Les ARS ont joué un rôle central au niveau régional dans la gestion des ruptures d’ap-
nibles, de réguler les stocks, de coordonner les réallocations de doses entre établis-
Les PUI des hôpitaux étaient chargées d’apprécier les besoins de l’établissement en
SPF présentées en amont, une nouvelle organisation ad hoc a été constituée. La cel-
et la cellule RMC sont créées au début du mois de mars 2020 au sein du CCS afin
101
La cellule RMC définissait la doctrine d’acquisition des produits de santé en lien avec
Par ailleurs, en lien avec l’ANSM, elle pilotait la régulation des médicaments prioritaires
Les missions de la CCIL-MS étaient d’assurer les flux logistiques liés à l’acquisition :
avec la doctrine définie par la cellule RMC. Le sourcing et l’achat par l’Etat des stocks
seau des ambassades. Par ailleurs, au-delà de la recherche de spécialités de tous les
dosages, les équipes ont également sourcé et acquis des stocks de matières pre-
A ces fins, la CCIL appuyait la réalisation des achats par Santé Publique France et
s’assurait de la gestion des flux en amont de l’arrivée sur le territoire national des
stocks et des flux en aval correspondant à la livraison des produits aux destinataires
102
Cabinet Santé Doctrine/ValidaƟon CIC - Synthèse
de l’État (DAE), de la DGOS et d’acheteurs issus des centrales d’achat publiques (Ré-
saH, UGAP, UniHA). Ils étaient principalement chargés des achats, c’est-à-dire du
Afin de faciliter les achats internationaux, des agents du ministère des Affaires Etran-
gères (MEAE) permettaient les négociations diplomatiques. Des agents des douanes
permettaient le lien avec les agents de contrôle afin d’accélérer l’importation des pro-
duits. Enfin, la coordination logistique était assurée en interministériel par des agents
de Santé des Armées (SSA) mais également de la société Geodis, titulaire d’un mar-
MSS, était en charge d’établir les doctrines d’acquisitions et de distribution des diffé-
rents produits de santé et EPI, également la gestion des tensions des produits, maté-
104
De multiples compétences étaient retrouvées au sein de cette cellule. En effet, les
Le partage d’informations est indispensable pour l’identification des besoins des PUI
sions d’informations étaient demandées par les ARS aux ES afin d’obtenir un état des
stocks des PUI, appelée MaPui.fr, a été mise en œuvre afin que les ARS et le MMS,
via la cellule RMC, puissent obtenir une visibilité exhaustive des stocks. Cet outil de
nal à partir des stocks résiduels des établissements et des stocks d’Etat.
Les PUI avaient pour consigne de transmettre quotidiennement l’état de leurs stocks
en important les données issues de leurs systèmes d’information (SI) de gestion des
données de stock dans MaPUI.fr. Cet outil permettait ensuite l’identification de la va-
leur des stocks et de la consommation moyenne par molécule et par dosage. MaPUI.fr
a ensuite été remplacé par l’outil e-Dispostock à compter du mois d’octobre 2020. Il
s’agit d’un SI similaire développé par l’Agence technique de l'information sur l'hospita-
lisation (ATIH) en vue d’une pérennisation d’un outil de suivi en cas de rupture.
105
En parallèle, l’ANSM disposait de données actualisées régulières provenant des in-
dustriels du médicament afin d’obtenir une bonne visibilité des stocks disponibles et
Au 8 avril 2020, les risques de rupture correspondaient aux deux situations suivantes.
fournisseur mais que l’ES ne disposait pas de date de livraison connue ou que la date
de livraison était trop tardive pour permettre d’éviter la rupture de stock. Dans ces
circonstances, des stocks d’urgence pouvaient être mis à disposition des PUI.
Le seuil critique pour les stocks des PUI avait été fixé à 15 puis 10 jours. En dessous,
les établissements pouvaient obtenir des dotations par réallocation pilotée par l’ARS à
Au vu de la survenue de très fortes tensions sur les molécules prioritaires pour les
Ainsi, au titre de l’article L3131-15 du CSP inscrit par la loi EUS de 2020, le Premier
ministre a pris, par décret du 23 avril 2020 (201), des mesures visant à garantir l’accès
aux médicaments sur le territoire. L’article 12-4-1 du décret dispose qu’afin de garantir
la disponibilité des médicaments (listés en annexe du décret), leur achat est assuré
par l’Etat ou pour son compte par SPF. Ainsi, l’Etat se substitue aux établissements
106
de santé pour les contrats qui n’ont pas encore donné lieu à une livraison et assure la
répartition de l’ensemble des stocks via le ministère chargé de la santé sur proposition
de l’ANSM. De plus, l’article suivant donne à SPF la possibilité d’acquérir les principes
actifs entrant dans la composition de médicaments ainsi que tout matériel ou compo-
ceutique décrite Partie 1.3. Entre le 27 avril 2020 et le 31 juillet 2020 l’Etat procède
donc aux achats auprès des industriels et assure la répartition et la distribution des
stocks. L’objectif ici est de procéder à une massification des achats de médicaments
et d’assurer une répartition adaptée aux besoins des réanimations à l’échelle natio-
nale.
107
PHASE 1 : ACHAT & APPROVISIONNEMENT PHASE 2 : DISTRIBUTION
Modalités :
1) Import de médicaments Doctrine
CCS
2) Achat médicaments importés par AcƟvités de sourcing & achats ValidaƟon du plan de réparƟƟon
CCIL-MS
le laboratoire ValidaƟon
PlanificaƟon livraisons
3) Commande auprès de 11 Plan d’approvisionnement CommunicaƟon des ordres de livraison
fournisseurs pré-idenƟfiés (Leem) Acheminement
Suivi
GesƟon du stock naƟonal SPF
Critères :
- Etats des stocks Plan de réparƟƟon InformaƟon des
- Nb de paƟents en ANSM livraisons des PUI
réanimaƟon COVID | SIVIC en mg/jour/établissement
- AcƟvité de réanimaƟon non
COVID| ROR
ProposiƟon hebdomadaire de
ARS RégulaƟon régionale et réallocaƟon
réparƟƟon régionale
dienne ;
VID), obtenu via les outils de suivi hospitalier tels que le répertoire opérationnel
Pour cela, l’agence se basait sur la consommation quotidienne en médicament par les
108
patients en réanimation en application des schémas d’épargne des doses et des alter-
natives thérapeutiques.
En parallèle de l’identification des besoins des PUI, la CCIL-MS, en lien avec SPF était
chargée d’identifier les leviers d’achats et de distribution tels que présentés en Partie
Les produits importés étaient ensuite stockés dans les établissements de SPF. La dis-
tribution des stocks vers les dépositaires locaux était assurée par la société Geodis
qui dispose d’un contrat avec l’Etat. Enfin la distribution aux PUI reposait principale-
constitué à partir du mois de mai afin de pallier les besoins ultérieurs et anticiper les
futures vagues épidémiques. A la fin du mois d’août 2020, ce stock atteignait une ca-
pacité de 29 000 patients (182), soit la capacité de prise en charge de 12 000 à 14 000
patients pendant un mois avec une durée moyenne de 12 jours. Un plan de dotation
Afin de pallier les ruptures sur le territoire, le DG de l’ANSM est en mesure d’autoriser
109
13 du CSP). Par ailleurs, le décret d’application de la Loi d’EUS autorise l’industriel à
déroger au contrôle du produit fini en France y compris pour les médicaments contrô-
çaise, habituellement réalisé. Dès lors, une notice d’information accompagnait les pro-
17).
tation de certains MITM, à titre exceptionnel et transitoire, par les établissements phar-
tions aux usages habituels des produits ont été autorisées et encouragées.
Une autorisation de recours au Propofol à usage vétérinaire a été accordée par décret
pour l’induction et l’entretien de l’anesthésie générale chez le chien et le chat, ont ainsi
été autorisées à usage humain. Un rapport d’évaluation de l’ANSM conclut, après ana-
cipients, contrôle des spécification, dosage), à l’équivalence de ces deux produits avec
110
à effet notoire) conduit cependant les autorités à déconseiller leur usage chez les
femmes enceintes, les nouveau-nés, les prématurés et les personnes à risques telles
d’éviter les ruptures sèches en ville par effet domino, le décret du 28 mars 2020 (205)
en ville par la Haute Autorité de Santé (HAS) tandis que le Clonazépam et le Diazépam
A certaines périodes de la crise, les produits de réanimation avec les plus forts do-
ont été davantage en rupture que les plus petits dosages. En effet, en pratique, il est
généralement préféré l’usage des forts dosages du fait du temps de préparation des
seringues (estimé à 15 minutes par patient par jour) et du risque d’erreur médicamen-
d’usage des petits dosages ont été émises par les autorités (207).
lement s’avérer être une cause de rupture ou, tout du moins, de retard dans l’approvi-
sionnement. Ainsi, en accord avec les autorités, les industriels ont procédé à la livrai-
son de Midazolam 50 mg/mL en cartons de 240 ampoules en palettes (Figure 20). Ces
livraisons ont été attribuées aux établissements les plus consommateurs au sein des
régions. En cas de besoin, les PUI de ces établissements pouvaient assurer le dépan-
111
Figure 20. Photographies des réceptions de Midazolam "en vrac" dans les PUI
au cours de la crise COVID-19 (Source : MSS, 2020)
Que ce soit l’usage de médicaments vétérinaires, de petits dosages nécessitant des
taire d’erreurs médicamenteuses (EM). Elles peuvent survenir au cours des différentes
étapes de la prise en charge. Par ailleurs, les difficultés liées à la modification des
surveillance, augmentent ce risque d’erreur. Ainsi, les autorités ont, tout au long de -
la DGS a autorisé les hôpitaux à mobiliser les Postes Sanitaires Mobiles (PSM) qui
sés de plusieurs lots indépendants, les PSM offrent des ressources capables de pren-
dre en charge de 25 à 500 victimes. Au sein de ces lots sont retrouvés des produits
112
santé à court terme et à condition de conserver à minima un lot opérationnel capable
113
DISCUSSION
Dans la partie discussion, nous nous attacherons, dans un premier temps, à replacer
ments. Puis, dans un second temps, nous analyserons le dispositif de gestion de ces
ruptures au cours de la crise afin d’en dégager des perspectives mais également d’en
montrer les limites. Nous conclurons cette partie en évoquant les différents enjeux qui
pertinent, les arguments seront confrontés aux actions proposées dans la Feuille de
route 2019-2023 du Ministère chargé de la santé pour lutter contre les ruptures.
mie de COVID-19
L’accès aux soins et, par conséquent aux médicaments, est un enjeu majeur pour la
outils de production industrielle au profit d’Etats tels que la Chine ou l’Inde. Ainsi, ils
Depuis les années 2000, la France est de plus en plus exposée aux ruptures comme
114
Nationale de Pharmacie alertait à 3 reprises entre 2011 et 2018 sur les risques liés à
ces ruptures suivis par une mission d’information du Sénat (2018) et un rapport au
rupture semble se dessiner, les médicaments les plus anciens, injectables, dispensés
nements singuliers peuvent venir perturber l’accès à tout type de traitements. Ainsi,
lement régulièrement de ruptures. Ils correspondent pour partie au profil des médica-
ments à fort risque de rupture comme l’identifie la littérature (Benhabib et al., 2020 ;
Club des acheteurs de produits de santé, 2017). La crise COVID-19, survenue bruta-
sédatifs pour la prise en charge des formes graves de la maladie. Ces ruptures mar-
quent donc la faible capacité des industriels à augmenter rapidement leurs cadences
liser une production en flux tendu. De plus, comme le montre la littérature, les sites de
production des matières premières et des produits finis médicamenteux sont principa-
lement situés en Chine, en Inde et en Asie du Sud-Est. Bien que les travaux de Ben-
habib et al. (2020), menés en lien avec l’ANSM, ne montre pas de corrélation entre
Ainsi, la crise majeure et mondiale du COVID a joué un rôle de catalyseur des ruptures
d’approvisionnement. Les constats de cette crise viennent confirmer les résultats des
gent à poursuivre les travaux menés par l’ensemble des parties prenantes.
Dans cette seconde partie, nous nous attacherons à analyser la pertinence des dispo-
sitions mises en œuvre pour répondre aux ruptures au cours de la crise tout en les
et de ceux de l’ANSM.
comme nous avons pu le voir, justifié à nouveau de l’importance des dispositifs instau-
rés au fil des ans. Cependant, du fait de la nature exceptionnelle de la situation, des
116
2.1 La maitrise de l’information, vers une visibilité totale ?
sitions obligent les industriels à signaler tout risque de rupture d’un MITM et le SI DP-
Ruptures permet une vision des ruptures effectives dans les officines. La crise a con-
firmé la nécessité d’obtenir une vision exhaustive des stocks hospitaliers en période
de rupture. La création des outils de transmission des stocks tels MaPUI.fr puis de e-
dans la feuille de route ministérielle. Toutefois, ces outils ne font pas l’objet pour l’heure
d’une transmission automatisée qui dépend donc de la mobilisation des PUI. Cet éco-
qui permet aux industriels d’échanger en direct avec l’ANSM et notamment dans le
cadre des obligations d’information qui incombe à l’industriel. L’ensemble de ces outils
D’autres travaux seront par ailleurs nécessaires pour intégrer l’ensemble de ces outils
vers un objectif commun de bonne connaissance des stocks réels, dans les pharma-
Par ailleurs, les récents rapports évoqués dans ce travail font état de la nécessité de
doter l’ANSM et l’Etat d’un outil complet automatisé permettant d’identifier les vulnéra-
bilités du circuit pharmaceutique et d’anticiper le risque de rupture. Basé sur les dos-
siers d’AMM, les EDL annuels et les PGP, cet outil permettrait d’identifier les sources
rupture en fonction des tensions sur les matières premières ou les vulnérabilités intrin-
membres afin d’obtenir une vision exhaustive des vulnérabilités, des risques et des
ruptures effectives.
2019-2023 de l’ANSM.
l’épreuve de la crise
L5121-29) a cependant montré ses limites au cours de la crise. En effet, les besoins
Bien que des sanctions financières puissent être prononcées par l’ANSM, celles-ci
France Assos Santé, en 2019, seules deux sanctions ont été prononcées pour défaut
d’information de l’ANSM par le laboratoire pour des sommes atteignant 5 807€ (208).
Par ailleurs, il reste nécessaire de maintenir un lien de confiance entre les industriels
et les acteurs publics tout en rappelant aux laboratoires leurs responsabilités. L’action
118
De même, les bases juridiques sur lesquelles s’appuient les actions de l’ANSM sont
appelées à être renforcées afin que celles-ci puissent être opposables aux industriels.
En juin 2020, un décret a rendu obligatoire la constitution d’un stock de MITM de deux
à quatre mois, positionné en France ou dans l’UE/EEE. Cette nouvelle mesure, qui
En outre, il s’est également avéré que les PGP des industriels n’ont pas permis de
mité et de robustesse des PGP (Rapport Biot, 2020). La feuille de route ministérielle
avait fixé l’objectif de renforcer les PGP pour les médicaments les plus à risques de
rupture et d’impliquer davantage les patients dans l’évaluation des PGP. Dès lors, le
décret du 30 mars 2021 est venu préciser certaines exigences de contenu. L’ANSM a
fixé, le 3 juin 2021, les lignes directrices pour l’élaboration des PGP (209). Celles-ci
médicaments publiée par l’ANSM intégrait les curares et hypnotiques. Or, selon des
par les GR sont à destination des hôpitaux. Même s’il est difficile d’estimer l’efficacité
d’une telle mesure, il reste peu probable qu’elle ait pu avoir un bénéfice pour l’appro-
119
Dans l’ensemble, nous pouvons observer un manque d’efficacité des dispositifs ac-
tuels pour anticiper les ruptures mais les travaux initiés par la feuille de route seront
La gestion des ruptures repose généralement sur une logique de réponse proportion-
nelle. L’adaptation des pratiques cliniques est généralement initiée par le pharmacien
dès les premières difficultés d’approvisionnement puis les autorités peuvent procéder
à des contingentements, des importations, des ATU ou RTU ou encore repousser les
dates d’expiration.
Comme nous avons pu le voir en Partie 3.3, la plupart de ces dispositions ont été mises
crise « COVID-19 ».
L’adaptation clinique a ainsi été centrale pour l’épargne de doses dans les services.
les sociétés savantes, a pour objectif d’optimiser l’usage des produits de réanimation.
Cela passe notamment par un usage plus raisonné mais surtout plus conforme aux
recommandations. Les réflexions menées et les travaux relatifs aux alternatives thé-
sur le long terme. Il s’agira toutefois d’évaluer les éventuels bénéfices des optimisa-
120
Les mesures exceptionnelles qui reposaient sur une gestion nationale des achats et
La stratégie mise en œuvre en France à partir de la fin du mois d’avril 2020, visant à
d’en interdire l’exportation puis de constituer des stocks nationaux, se confronte aux
appelait les Etats à faire preuve de solidarité en levant les restrictions d’exportation et
en évitant la constitution de stocks au niveau national et dans les hôpitaux. Bien que
européen, il est également légitime que les Etats cherchent à protéger leur population.
La santé reste en effet pour partie de la compétence des Etats et permet de déroger à
la libre circulation des personnes, des biens et des capitaux au sein de l’Union (Traité
Devant les difficultés constatées de SPF à répondre à la hausse des besoins d’appro-
multiples et issus des secteurs publics et privés : acheteurs, services des douanes,
diplomates… Or, SPF ne dispose pas de toutes ces compétences métiers. Il serait
121
alors nécessaire de travailler, à l’avenir, sur le renforcement permanent ou ponctuel
taté pour les masques, le coût des médicaments a augmenté de façon concomitante
portations habituellement réalisées par voie maritime ont été réalisées via le fret aérien
afin de réduire les délais, engendrant ainsi des surcoûts importants. Ainsi, même si
l’urgence sanitaire prime sur les dépenses, il n’en reste pas moins qu’elles peuvent
avoir des conséquences sur les finances publiques ainsi que sur les laboratoires phar-
Toutefois, elle pouvait exposer à un risque de moindre qualité ou de sécurité. Les dif-
122
Toutefois, la réglementation pharmaceutique française, associée au monopole, pro-
2018, il est difficile d’évaluer les répercussions des solutions de gestion des ruptures
sur la santé des patients. Ainsi, les solutions mises en œuvre pour pallier aux ruptures
précise que les méthodologies des CRPV ne sont pas nécessairement adaptées à la
d’ailleurs pas le rôle des CRPV dans l’évaluation de la « iatrogénie de rupture » (Action
de l’absence de traitement.
médicament
charge des patients malgré leur afflux massif à l’hôpital. Les défaillances constatées
dans une publication complémentaire à son rapport de 2018, souligne que les actions
nement ne sont pas uniquement constitutives des crises puisqu’elles persistent depuis
plusieurs décennies.
123
3.1 L’accès aux médicaments face aux politiques de santé publique
et économiques
Le renforcement des mesures de gestion et les avancées permises par la crise auront
sionnement à l’avenir. Toutefois, les causes profondes des ruptures persistent et les
solutions restent peu opérantes. Des travaux d’ampleurs sur les politiques de santé
Les travaux menés par l’Institut National du Cancer (INCa) en lien avec le Leem ont
un risque grave et immédiat pour le patient. Ces médicaments ont ensuite subi une
analyse de criticité pour établir le risque de tension de chaque molécule. De cette étude
place en amont (prévention des ruptures) ou en aval (gestion des ruptures). Ce travail
considérable, souligné par le rapport Biot, pourrait être envisagé pour l’ensemble des
pelée par les industriels via le Leem ou le cluster Polepharma (211) mais également
par les autorités (Feuille de route ministérielle, 2019). Toutefois, malgré les annonces
notamment face aux enjeux financiers, ainsi qu’aux exigences sociales (salaires mini-
industriels…).
124
Par ailleurs, selon les données de l’ANSM (Figure 6) et de la FDA (Figure 7), les motifs
causes des ruptures. Or, malgré une fiscalité plus favorable aux industriels (212), les
Etats-Unis sont également en proie à une hausse durable des ruptures (213). Au-
et des dividendes pour une industrie robuste et caractérisée par un modèle financier
acyclique. Selon les données citées ci-dessus, plus de 60 % des ruptures sont cau-
ments à des investissements durables sur les chaines de production. Comme le cons-
les thérapies personnalisées telles que les médicaments de thérapie innovante (214),
(191). Toutefois, les médicaments anciens, tombés dans le domaine public, mais pour-
tant indispensables ne sont pas intégrés dans l’innovation. Comme nous avons pu le
voir en Partie 2.2.3, la baisse de rentabilité sur les produits, poussée par les politiques
publiques, n’incite pas les industriels à investir sur des chaines de production an-
de route ministérielle ne semble pas l’avoir intégré mais le rapport Biot insiste sur les
mentation, en passant par les financements. Les constats issus de la crise pourront
permettre d’identifier les priorités pour une meilleure politique de prévention, de réduc-
et la santé publique
(172), la crise a montré des faiblesses dans sa préparation face aux crises. En effet, il
a été constaté un manque de flexibilité de l’outil de production ainsi que des difficultés
lité peut s’expliquer par l’éclatement des sites de production, les contraintes tech-
niques des lignes de production mais également par un cadre réglementaire inadapté
dans le dossier d’AMM (Partie 3.3.1.3). Ainsi, l’Académie nationale de Pharmacie pré-
conise une adaptation du cadre réglementaire aux contextes de crise. Dans cette lo-
gique, des protocoles industriels, inscrits dans le cadre des BPF, pourraient permettre
flexions pourraient être portées pour reconsidérer les durées de péremptions afin d’op-
sont appelées à être uniformisées à l’échelle européenne pour accélérer les adapta-
tions.
126
La diffusion d’une culture du risque dans le secteur pharmaceutique passe par l’iden-
tification et la cartographie des risques puis par la mise en œuvre de mesures de pré-
vention et de gestion.
industriels mais également la coopération entre les industriels (172). L’objectif est
à une concentration sur certains sites, réduit également les capacités d’adaptation des
industriels. Il conviendrait ainsi d’identifier les étapes de fabrication les plus vulné-
A ce titre, il devient de plus en plus pertinent de s’interroger sur la création d’un pôle
waldo Cruz au Brésil ou de Civica Rx aux Etats-Unis (215), capables de produire des
sés.
ment, une anticipation des ruptures devrait être intégrée dans la pratique profession-
nelle. Alors que des ruptures sont régulièrement constatées sur des produits ou
les alternatives thérapeutiques en cas de rupture. Cette logique pourrait être générali-
sée à l’ensemble des MITM à risques de rupture et rapportée directement dans les
La logique de prévention et de gestion des risques ainsi que de gestion des crises doit
ainsi pouvoir reposer sur des progrès industriels, économiques, réglementaires et mé-
dicaux.
santé pour répondre aux menaces sanitaires de grande ampleur n’a jamais semblé
constatées sont les témoins d’un manque de moyens dans la constitution de stocks
Toutefois, bien qu’il soit possible de constituer des stocks de masques, avec toutes
les difficultés de gestion et de coûts associés, nous pouvons nous interroger sur la
Les stocks stratégiques sont gérés au niveau national par SPF et permettent à l’Etat de disposer d’une
iii
capacité de réponse aux SSE en appui des stocks tactiques. Ces derniers sont positionnés au niveau
des hôpitaux et des services d’aide médicale urgente (SAMU)
128
faisabilité de la constitution de stocks de médicaments. En effet, chaque stock de pro-
dicales associées. Il en va de même pour le plan national face aux risques NRBC qui
décline les différents antidotes pour prendre en charge les toxiques ou le plan nucléaire
qui prescrit l’usage d’Iode 131. Chacun de ces risques identifiés s’accompagne donc
de la constitution de stocks par SPF (200). Toutefois, il semble complexe voire impen-
sable de disposer de stocks pour l’ensemble des risques et menaces identifiées. Les
capacités de production des industriels et la coopération entre les Etats doivent donc
intégrée dans la planification de crise face aux risques sanitaires comme un facteur
Par ailleurs, la planification nationale n’intègre pas le risque de rupture totale de médi-
chaine logistique…) ou d’actes volontaires (réquisitions, conflits avec des pays pro-
ducteurs…).
L’ensemble de ces constats semble militer pour une planification nationale ou euro-
stocks d’Etat et les stocks des industriels (Article R. 5124-49-4 du CSP). Reste aux
sables à la sécurité sanitaire des populations doit se faire obligatoirement sur le terri-
129
Au cours de ce travail, nous avons étudié de manière factuelle les mesures de
Il existe donc un biais méthodologique du fait de la nature même des principaux docu-
ments étudiés. En effet, nous avons fait le choix de présenter les publications juri-
plication. Il conviendrait de compléter ce travail par une analyse de la gestion des rup-
qualitatives mais aussi sur la base d’entretiens avec des acteurs mobilisés aurait per-
mis de mieux identifier les forces et faiblesses des dispositifs engagés du niveau na-
tional aux PUI. Par ailleurs, des travaux d’analyse juridique, au regard de la législation
publiques. Cette logique devrait également intégrer une comparaison avec les me-
130
CONCLUSION
131
132
133
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ANNEXES
B01 - ANTITHROMBOTIQUES
B01A - ANTITHROMBOTIQUES
B02 - ANTIHEMORRAGIQUES
B02A - ANTIFIBRINOLYTIQUES
B02B - VITAMINE K ET AUTRES HEMOSTATIQUES
B03 - PREPARATIONS ANTIANEMIQUES
B03A - PREPARATIONS MARTIALES
B03B - VITAMINE B12 ET ACIDE FOLIQUE
B03X - AUTRES PREPARATIONS ANTIANEMIQUES
B05 - SUBSTITUTS DU SANG ET SOLUTION DE PERFUSION
B05A - SANG ET DERIVES
B05B - SOLUTIONS INTRAVEINEUSES
B05D - SOLUTIONS POUR DIALYSE PERITONEALE
B05X - ADDITIFS POUR SOLUTIONS INTRAVEINEUSES
B05Z - SOLUTION POUR HEMODYALISE ET HEMOFILTRATION
B06 - AUTRES MEDICAMENTS UTILISES EN HEMATOLOGIE
B06A - AUTRES MEDICAMENTS UTILISES EN HEMATOLOGIE
C. - SYSTEME CARDIOVASCULAIRE
153
C01 - MEDICAMENTS EN CARDIOLOGIE
C01A - GLUCOSIDES CARDIOTONIQUES
C01B - ANTIARYTHMIQUES, CLASSES I ET III
C01C - STIMULANTS CARDIAQUES, GLUCOSIDES CARDIOTONIQUES EXCLUS
C01D - VASODILATATEURS EN CARDIOLOGIE
C01E - AUTRES MEDICAMENTS EN CARDIOLOGIE
C02 - ANTIHYPERTENSEURS
C02A - ADRENOLYTIQUES A ACTION CENTRALE
C02B - ADRENOLYTIQUES GANGLIOPLEGIQUES
C02C - ADRENOLYTIQUES A ACTION PERIPHERIQUE
C02D - MEDICAMENTS AGISSANT SUR LE MUSCLE LISSE ARTERIOLAIRE
C02K - AUTRES ANTIHYPERTENSEURS
C02L - ANTIHYPERTENSEURS ET DIURETIQUES EN ASSOCIATION
C02N - ASSOCIATIONS D'ANTIHYPERTENSEURS DU GROUPE C02
C03 - DIURETIQUES
C03A - DIURETIQUES « LOW-CEILING », THIAZIDIQUES
C03B - DIURETIQUES « LOW-CEILING », THIAZIDIQUES EXCLUS
C03C - DIURETIQUES DE L'ANSE
C03D - DIURETIQUES EPARGNEURS POTASSIQUES
C03E - DIURETIQUES ET EPARGNEURS POTASSIQUES EN ASSOCIATION
C03X - AUTRES DIURETIQUES
C07 - BETABLOQUANTS
C07A - BETABLOQUANTS
C07B - BETABLOQUANTS ET THIAZIDIQUES
C07C - BETABLOQUANTS ET AUTRES DIURETIQUES
C07D - BETABLOQUANTS, THIAZIDIQUES ET AUTRES DIURETIQUES
C07E - BETABLOQUANTS ET VASODILATATEURS
C07F - BETABLOQUANTS ET AUTRES ANTIHYPERTENSEURS
C08 - INHIBITEURS CALCIQUES CARDIOLOGIE
C08C - INHIBITEURS CALCIQUES SELECTIFS A EFFETS VASCULAIRES
C08D - INHIBITEURS CALCIQUES SELECTIFS A EFFETS CARDIAQUES DIRECTS
C08E - INHIBITEURS CALCIQUES NON SELECTIFS
C08G - INHIBITEURS CALCIQUES ET DIURETIQUES
C09 - MEDICAMENTS AGISSANT SUR LE SYSTEME RENINE-ANGIOTENSINE
C09A - INHIBITEURS DE L'ENZYME DE CONVERSION (IEC) NON ASSOCIES
C09B - INHIBITEURS DE L'ENZYME DE CONVERSION (IEC) EN ASSOCIATION
C09C - ANTAGONISTES DE L'ANGIOTENSINE II, NON ASSOCIES
C09D - ANTAGONISTES DE L'ANGIOTENSINE II EN ASSOCIATION
C09X - AUTRES MEDICAMENTS AGISSANT SUR LE SYSTEME RENINE-ANGIOTENSINE
C010 - AGENTS MODIFIANT LES LIPIDES
C10A - AGENTS MODIFIANT LES LIPIDES NON ASSOCIES
D. - MEDICAMENTS DERMATOLOGIQUES
154
G02B - CONTRACEPTIFS A USAGE TOPIQUE
G02C - AUTRES MEDICAMENTS GYNECOLOGIQUES
G03 - HORMONES SEXUELLES ET MODULATEURS DE LA FONCTION GENITALE
G03A - CONTRACEPTIFS HORMONAUX A USAGE SYSTEMIQUE
G03B - ANDROGENES
G03C - ESTROGENES
G03D - PROGESTATIFS
G03G - GONADOTROPHINES ET AUTRES STIMULANTS DE L'OVULATION
G03H - ANTIANDROGENES
G03X - AUTRES HORMONES SEXUELLES ET MODULATEURS DE LA FONCTION GENITALE
L. - ANTINEOPLASIQUES ET IMMUNODULATEURS
L01 - ANTINEOPLASIQUES
L01A - AGENTS ALKYLANTS
L01B - ANTIMETABOLITES
L01C - ALCALOIDES VEGETAUX ET AUTRES MEDICAMENTS D'ORIGINE NATURELLE
L01D - ANTIBIOTIQUES CYTOTOXIQUES ET APPARENTES
155
L01X - AUTRES ANTINEOPLASIQUES
L02 - THERAPEUTEIQUE ENDOCRINE
L02A - HORMONES ET APPARENTES
L02B - ANTIHORMONES ET APPARENTES
L03 - IMMUNOSTIMULANTS
L03A - IMMUNOSTIMULANTS
L04 - IMMUNOSUPPRESSEURS
L04A - IMMUNOSUPPRESSEURS
M. - MUSCLE ET SQUELETTE
M03 - MYORELAXANTS
M03A - MYORELAXANTS A ACTION PERIPHERIQUE
M03B - MYORELAXANTS A ACTION CENTRALE
M03C - MYORELAXANTS A ACTION DIRECTE
M04 - ANTIGOUTTEUX
M04A - ANTIGOUTTEUX
M05 - MEDICAMENTS POUR LE TRAITEMENT DES DESORDRES OSSEUX
M05B - MEDICAMENTS AGISSANT SUR LA STRUCTURE OSSEUSE ET LA MINERALISATION
N. - SYSTEME NERVEUX
N01 - ANESTHESIQUES
N01A - ANESTHESIQUES GENERAUX
N01B - ANESTHESIQUES LOCAUX
N02 - ANALGESIQUES
N02A - OPIOIDES
N02B - AUTRES ANALGESIQUES ET ANTIPYRETIQUES
N03 - ANTI-EPILEPTIQUES
N03A - ANTIEPILEPTIQUES
N04 - ANTIPARKISONIENS
N04A - ANTICHOLINERGIQUES
N04B - DOPAMINERGIQUES
N05 - PSYCHOLEPTIQUES
N05A - ANTIPSYCHOTIQUES
N05B - ANXIOLYTIQUES
N06 - PSYCHOANALEPTIQUES
N06A - ANTIDEPRESSEURS
N06B - PSYCHOSTIMULANTS, AGENTS UTILISES DANS LE TDAH ET NOOTROPES
N06D - MEDICAMENTS DE LA DEMENCE
N07 - AUTRES MEDICAMENTS DU SYSTEME NERVEUX
N07A - PARASYMPATHOMIMETIQUES
N07B - MEDICAMENTS UTILISES DANS LES PHENOMENES DE DEPENDANCE
N07X - AUTRES MEDICAMENTS DU SYSTEME NERVEUX
P01 - ANTIPROTOZOAIRES
P01A - MEDICAMENTS CONTRE L'AMIBIASE ET AUTRES PROTOZOOSES
P01B - ANTIPALUDIQUES
P01C - ANTILEISHMANIENS ET TRYPANOCIDES
P02 - ANTIHELMINTHIQUES
P02B - ANTITREMATODES
P02C - ANTINEMATODES
P02D - ANTICESTODES
P03 - ANTIPARASITAIRES EXTERNES, INCLUANT SCABICIDES, INSECTICIDES ET REPULSIFS
P03A - ANTIPARASITAIRES EXTERNES, SCABICIDES INCLUS
R. - SYSTEME RESPIRATOIRE
S. - ORGANES SENSORIELS
V. - DIVERS
V01 - ALLERGENES
V01A - ALLERGENES
V03 - TOUS AUTRES MEDICAMENTS
V03A - TOUS AUTRES MEDICAMENTS
V04 - MEDICAMENTS POUR LE DIAGNOSTIC
V04C - AUTRES MEDICAMENTS POUR DIAGNOSTIC
V08 - PRODUITS DE CONTRASTE
V08A - PRODUITS DE CONTRASTE IODES
V08B - PRODUITS DE CONTRASTE NON IODES
V08C - PRODUITS DE CONTRASTE POUR IMAGERIE PAR RESONANCE MAGNETIQUE
V08D - PRODUITS POUR ECHOGRAPHIE
V09 - PRODUITS RADIOPHARMACEUTIQUES À USAGE DIAGNOSTIQUE
V09A - SYSTEME NERVEUX CENTRAL
V09B - SQUELETTE
V09C - FONCTION RENALE
V09D - FONCTION HEPATIQUE ET SYSTEME RETICULO ENDOTHELIAL
V09E - APPAREIL RESPIRATOIRE
V09F - THYROIDE
V09G - APPAREIL CARDIOVASCULAIRE
V09H - DETECTION D'UNE INFLAMMATION ET D'UNE INFECTION
V09I - DETECTION D'UNE TUMEUR
V09X - AUTRES PRODUITS RADIOPHARMACEUTIQUES A USAGE DIAGNOSTIQUE
V10 - PRODUITS RADIOPHARMACEUTIQUES A USAGE THERAPEUTIQUE
V10A - PRODUITS ANTI-INFLAMMATOIRES
V10B - PALLIATION DE LA DOULEUR (AGENTS A TROPISME OSSEUX)
V10X - AUTRES PRODUITS RADIOPHARMACEUTIQUES A USAGE THERAPEUTIQUE
157
Annexe 2. Tableau résumant le cadre juridique des MITM en France (au
22/04/2021)
Cadre juridique Contenu
Article L5121-31 du CSP Instauration des Plan de Gestion des Pénuries (PGP)
ploitant
158
Article R5124-49-1 du CSP Définition de rupture d’approvisionnement et de rup-
ture de stock.
à l’article L5121-31
sistes-répartiteurs.
gence
159
Annexe 3. Evolution de la dépense mondiale en médicaments (source : IQVIA
Market Prognosis, Sep 2018; IQVIA Institute, Dec 2018)
160
Annexe 4. Principales données statistiques décrivant la répartition de la pro-
duction de substances actives pharmaceutiques
161
Annexe 5. Dépenses remboursées de médicaments par la Sécurité Sociale entre
janvier 2011 et mai 2020 (Source : Commission des comptes de la Sécurité So-
ciale, 2020)
162
Annexe 6. Circulaire n° 155 du 27/10/1969 relative à la maintenance minimale
des PUI
163
Annexe 7. Réseau de gouvernance nationale pour lutter contre les pénuries et
améliorer la disponibilité des médicaments (Source : Ministère chargé de la
Santé, 2019)
164
Annexe 8. Illustration des 3 phases de la progression de la maladie COVID-19,
avec les signes et symptômes associés, et les thérapies potentielles (Siddiqi H.,
Mehra M., 2020 (217))
165
Annexe 9. Evolution des stocks stratégiques de masques chirurgicaux gérés par
l'EPRUS puis SPF de 2011 à 2019 en millions d'unités au 31 décembre de chaque
année (Source : missions d'information de l'Assemblée Nationale, à partir des
données de SPF, 2020)
166
Annexe 10. Pourcentage de pharmaciens hospitaliers européens déclarant les
types de médicaments en rupture dans leur hôpital au cours de la crise COVID-
19 (Source : EAHP, 2021)
167
Annexe 11. Tableau des principaux agents de la sédation et de la curarisation utilisée en anesthésie réanimation (SFAR,
2008 ; 2018)
169
Annexe 12. Tableaux résumant les posologies et les principaux effets des agents
de sédation et analgésiques (SFAR, 2018)
Tableau. Posologie des principaux agents de sédation
170
Tableau. Posologie des principaux agents curarisants
Molécule
Dose de charge Dose d’entretien
(DCI)
Suxaméthonium 1 mg/kg -
0,3 à 0,6 mg/kg 0,65 à 0,78 mg/kg/h
Atracurium
[0,27 ; 1,77 mg/kg/h]
Cisatracurium 0,1 à 0,4 mg/kg 0,03 à 0,6 mg/kg/h
Rocuronium 0,6 mg/kg à 2mg/kg (intubation) 0,3 à 0,6 mg/kg
171
Annexe 13. Tableau résumant le dosage, le conditionnement et les modalités de
conservation des 5 molécules critiques au cours de la crise COVID-19
Conditionnements Modalités de
DCI Dosage
disponibles conservation
10 mg/mL 25mg Ampoule 2,5 mL 2°C - 8°C
172
Annexe 14. Proposition de protocole de curarisation par les collèges lyonnais
d'anesthésie réanimation et de médecine intensive dans le cadre de la crise CO-
VID-19 (Source : HCL, mars 2020)
173
Annexe 15. Proposition d'optimisation de l'utilisation des thérapeutiques d'anes-
thésie-réanimation au cours de la crise COVID-19 par le groupe de travail "pénu-
rie" (SFAR, SRLF, SFETD, PFPC, APHP, HCL, SSA, AGEPS; mars 2020)
174
175
176
Annexe 16. Préconisations pour l'utilisation parcimonieuse des molécules en
tension durant la pandémie COVID-19 (SFAR-SFETD-SFPC-SRLF, 16 avril 2020)
177
Annexe 17. Illustration d'une notice d'information relative à l'importation du
médicament TRACRIUM destiné initialement au marché russe (ANSM, 2020)
178
Annexe 18. Tableau résumant la quantité (en unité) de médicaments d'anesthé-
sie-réanimation contenue dans un lot polyvalent du Poste Sanitaire Mobile em-
ployé en cas de situation sanitaire exceptionnelle (Source : DGS, 2013)
DIAZEPAM injectable 10 mg / 2 ml 30
ETOMIDATE injectable 20 mg / 10 ml 30
25
KETAMINE 250 mg / 5 ml
ou KETAMINE 50 mg / 5 ml 125
ROCURONIUM injectable 50 mg / 5 ml 30
179
Serment de Galien
180
Résumé de la thèse
Thomas LIBERT
ETUDE GLOBALE DE LA GESTION DES RUPTURES D’APPROVISIONNEMENT
DE MEDICAMENTS :
LE CAS DES MEDICAMENTS D’INTERET THERAPEUTIQUE MAJEUR
D’ANESTHESIE-REANIMATION AU COURS DE LA CRISE « COVID-19 ».
Résumé :
La pandémie mondiale liée au virus émergent SARS-CoV-2 a provoqué la plus grande crise
sanitaire du début du XXIème siècle. Face à l’afflux massif de patients dans les services de
réanimation du monde entier, la demande mondiale en médicaments d’anesthésie-réanima-
tion a considérablement augmenté. Le phénomène de rupture d’approvisionnement, en
hausse depuis plus de 10 ans, a été observé de façon exceptionnelle sur les curares et les
sédatifs utilisés en réanimation.
Alors que les tensions d’approvisionnement pesaient sur la prise en charge des patients, l’Etat
et le système de santé ont su s’organiser. La création de la Cellule interministérielle de coor-
dination logistique et des moyens sanitaires (CCIL-MS) a permis la gestion au niveau national
de l’achat, de la répartition et de la distribution des stocks dans les hôpitaux en fonction des
besoins. Ainsi, du 27 avril au 31 juillet 2020, seul l’Etat pouvait s’approvisionner en molécules
critiques - deux hypnotiques et trois curares - et en matières premières nécessaires à leur
fabrication. Ce bouleversement du circuit pharmaceutique habituel a permis de répondre aux
besoins, moyennant une organisation d’ampleur et une mobilisation pleine des partenaires
publics et privés. Aussi, les professionnels de santé ont su s’adapter aux modifications de leurs
pratiques, allant de l’usage de médicaments conditionnés en langue étrangère à l’utilisation
de médicaments vétérinaires tout en réduisant drastiquement les doses.
181
Thomas LIBERT
GLOBAL STUDY OF THE MANAGEMENT OF DRUG SHORTAGES:
THE CASE OF INTENSIVE DRUGS DURING THE "COVID-19" CRISIS
Summary:
The global pandemic of the emerging SARS-CoV-2 virus has caused the largest health
crisis of the early 21st century. With the massive influx of patients into intensive care
units worldwide, the global demand for anesthesia drugs has increased dramatically.
Supply shortages, which has been on the rise for more than 10 years, has been ob-
served in an exceptional way for curares and sedatives used in intensive care.
After a global analysis of the problem of drug supply shortages, a more detailed study
of the management methods implemented in France during the crisis was carried out.
While supply tensions were weighing on patient care, the State and the healthcare
system were able to organize themselves. The creation of the Interministerial Unit for
Logistics Coordination and Health Resources (CCIL-MS) allowed for the management
at the national level of the purchase, allocation and distribution of stocks to hospitals
according to needs. Thus, from April 27 to July 31, 2020, only the State could obtain
supplies of critical molecules - two hypnotics and three curares - and the raw materials
necessary for their manufacture. This upheaval of the usual pharmaceutical circuit has
made it possible to meet the needs, thanks to a large-scale organization and the full
mobilization of public and private partners. Also, health professionals have been able
to adapt to changes in their practices, ranging from the use of medicines packaged in
foreign languages to the use of veterinary medicines while drastically reducing doses.
The adaptability and resilience of the pharmaceutical sector and the authorities en-
sured that patients were taken care of. Despite this unique mobilization and these re-
markable actions, it will be necessary to take stock and continue the work carried out
before the crisis. The crisis has shown, more than ever, how vulnerable our society
and public health are.
KEY-WORDS: Public health, Drugs, COVID-19, Drug shortage, Health security.
182