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Jorge, 53 ans, travaille depuis toujours dans une auberge crasseuse des quartiers populaires

de la ville. Il n’a connu que cet emploi où il travaille en tant que boucher et cuisinier. Il a toujours
rêvé proposer une cuisine raffinée, mais les circonstances l’en empêchent :
- les aliments sont de mauvaise qualité ;
- la charge de travail ne lui laisse presque aucun temps libre, les services sont intenses ;
- son entourage personnel et professionnel lui fait comprendre que pour maintenir l’équilibre
collectif, il faut continuer ainsi, ne rien changer : dans les quartiers populaires, on mange vite et
mal, c’est dans l’ordre naturel des choses.

Une nuit pourtant, après le service, un noble ivre et égaré vient frapper à la porte de
l’auberge. Jorge lui ouvre et tous deux sympathisent en buvant jusqu’à plus soif.

Jorge se réveille en retard le lendemain avec une sacrée gueule de bois. Le visiteur a disparu.
Il faut rapidement préparer le service pour les premiers clients. Rien n’est prêt, Jorge improvise et
cuisine les restes, les aliments qu’il peut trouver. Mais ce jour-là, pour la première fois, des clients
le complimentent sur sa cuisine, on en demande, certains restent un peu plus longtemps dans
l’espoir de pouvoir commander une nouvelle assiette du plat du jour.

Pendant toute la durée du service, Jorge se réjouit des critiques positives qu’il reçoit, tout en
se demandant ce qu’il a bien pu faire de différent. Le mystère l’inquiète et son mal de tête ne l’aide
pas à se souvenir de la nuit dernière. Il se rappelle seulement qu’à un moment donné, ça puait le
bouc dans l’auberge. Et, finalement, en trouvant des restes calcinés de vêtements nobles dans la
cheminée, il se souvient de l’ingrédient secret de son plat du jour, et de ce qui s’est passé cette nuit.

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Ce que tous ne savent pas (ça peut rester entre le MJ et moi, tant que le MJ le souhaitera) :
Jorge et Régis le noble ont bien picolé toute la nuit, et le courant passait si bien entre eux
qu’ils ont fini au lit ensemble. Leurs ébats gagnaient en intensité, et plus ça devenait intense, plus ça
devenait violent, et plus une odeur de bouc venue d’on ne sait où devenait forte et agressive.

(j’invite le MJ à écouter le morceau The Storm, de la BO de Dracula par Coppola, pour


accompagner la scène)

Jorge et Régis ont tous les deux eu un orgasme, mais pour Régis ça a été le dernier, et ça empestait
la bête dans toute la baraque, c’était insupportable. Quand les deux hommes ont joui et que Régis a
péri, Jorge a senti un souffle chaud dans le dos, et Voroon, Seigneur des Ténèbres, lui est apparu.
Avec un sourire maléfique, il remercia Jorge pour le don qu’il venait de lui faire, et l’encouragea à
lui en faire d’autres. "Quant à la dépouille, dit Voroon, qui voyait Jorge tremblant de sueur et de
panique, tu peux user de tes talents pour la faire disparaître. Peut-être même en tireras-tu quelque
bénéfice…" Et le Duc disparut dans un nuage de mouches en ricanant.

Jorge passa donc le reste de la nuit à couper le corps de Régis en morceaux, à le préparer de
façon à ce qu’on ne s’aperçoive pas qu’il s’agit d’un corps humain, et à le rendre consommable.

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Jorge, qui a pu goûter son plat, est conquis par cette nouvelle saveur. Lui qui se croyait
condamné à servir une soupe infâme pour le reste de ses jours, réalise, qu’avec un peu d’audace, la
vie quotidienne de chacun peut être embellie.

À partir de ce moment, Jorge multiplie les expériences culinaires : pauvres, clochards,


prostituées, vieux et vieilles, passants égarés, voyageurs, chaque jour est l’occasion d’un nouveau
plat au parfum nouveau. Jorge se rend compte que le goût dépend de l’origine sociale de
l’ingrédient. La viande d’un pouilleux est à peine meilleure qu’une viande animale. Il arrive qu’un
riche voyageur s’égare dans les quartiers pauvres, mais c’est rare. Jorge pressent que ses
fournisseurs habituels n’accepteront pas de lui procurer ces composants… d’un genre nouveau.

Jorge s’aventure donc toutes les nuits dans les quartiers aisés de la ville, ce qui n’est pas de
tout repos : il lui est difficile d’entrer en contact avec de potentielles victimes, à cause de son milieu
social d’origine et de son physique disgracieux. Il faut également transporter le corps, après
assassinat, dans la plus grande discrétion.

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Ce que tous ne savent pas (ça peut rester entre le MJ et moi, tant que le MJ le souhaitera) :
(le secret de la recette : rapport sexuel consenti avec une personne de la haute société, fini par un
égorgement au moment de l’orgasme. Une bonne sauce vient parfaire tout ça).

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Jorge s’épuise, et autour de lui, en ville, on commence à s’inquiéter de cette gargote


répugnante qui sert aujourd’hui des plats succulents. Le voisinage de l’auberge redoute que cette
nouvelle carte n’attire l’attention sur leur quartier. La Loi n’aime pas le changement et l’innovation,
en particulier s’ils remettent en cause l’ordre et les valeurs sociales. Une nuit, le boucher est aperçu
en train de rentrer un corps humain par la porte de derrière de l’auberge : il prend la fuite et quitte la
ville.

Il échappe de peu à ses poursuivants en se cachant au milieu d’un troupeau de moutons qui
paît à la campagne. Pendant des jours, couvert d’une peau de bête et à quatre pattes, il se fond dans
le bétail en transhumance. Il se cache ainsi des forces de l’ordre qui ont découvert des restes de
corps humains en fouillant sa cuisine.

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Ce que tous ne savent pas (ça peut rester entre le MJ et moi, tant que le MJ le souhaitera) :
Détail optionnel : les autorités ont mis le feu à l’auberge après que des orgies sanguinaires et
anthropophages y ont eu lieu, suite à la découvert des restes humains.

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Le troupeau est mené par un vieillard aveugle et violent, Perte (c’est son prénom), et son très
jeune fils, Lucie (il porte un prénom féminin, mais c’est un garçon). Jorge passe inaperçu quelques
temps, mais Lucie finit par le découvrir, et lui vient en aide. Iel (Lucie) le cache ainsi des autorités,
et également de son père, qui pourrait le dénoncer pour la prime. Jorge et Lucie se lient d’amitié en
cachette : Lucie le nourrit et le soigne, Jorge lui apprend des recettes de cuisine conventionnelle et
lui apporte son soutien moral lorsque son père le bat. Lucie se montre très douée et enthousiaste aux
fourneaux.
Perte est un jour particulièrement violent avec Lucie. Jorge sort de sa cachette et le tue.
Lucie en restera traumatisée, à tel point qu’elle perd la parole. Iel abandonne le troupeau et part
avec Jorge. Ils s’aident mutuellement, Lucie porte les instruments de cuisine, fait le feu et les
sauces. Leur affection l’un pour l’autre est sincère.

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Ce que tous ne savent pas (ça peut rester entre le MJ et moi, tant que le MJ le souhaitera) :
La raison réelle du traumatisme de Lucie n’est pas seulement que son père est mort : c’est aussi que
Jorge l’a coupé en morceaux et cuisiné sous les yeux de Lucie, et qu’ils l’ont mangé.

Détail optionnel : les larmes de Lucie mélangées à la sauce ont donné un goût subtil et délicat au
plat, mais c’était tout de même de la vieille carne.

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