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Cours préparé par M. Bruno M. KEM CHEKEM, Dr. Ph.D. en droit privé, Chargé de Cours, FSJP-UDs
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Droit des communications numériques –
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- décrire les moyens qu'il met en œuvre pour protéger les données à caractère personnel et la
vie privée des joueurs. II doit en outre présenter la procédure de réclamation gratuite mise à
leur disposition ;
- disposer d'un site internet accessible exclusivement par un nom de premier niveau
comportant la terminaison « .cm ».
Le dossier à soumettre en vue de l’obtention de l’autorisation d’exploitation des jeux
en ligne doit comprendre :
- une demande timbrée précisant les nom(s) et prénom(s) du promoteur ou sa raison sociale
lorsqu'il s’agit d’une personne morale ; la résidence du promoteur ; la nature du ou des jeu (x)
en ligne à exploiter ; l'œuvre de bienfaisance, l'activité sportive ou le domaine artistique à
promouvoir ou à encourager, et le numéro d'identification du demandeur ;
- une attestation de cautionnement bancaire d'un montant de deux cent millions (200.000.000)
de francs délivrée par une banque de premier ordre agréée par l'Autorité monétaire ;
- un cahier des charges précisant notamment les engagements souscrits par le promoteur,
ainsi que les conditions de transparence et de sécurité des jeux ;
- un règlement du jeu authentifié par un huissier de justice et précisant les modalités
techniques d’exploitation ;
- une copie certifiée conforme de la Carte Nationale d’identité ou du permis de séjour en
cours de validité lorsque le promoteur est de nationalité étrangère ou les statuts de la société
lorsque celui-ci est une personne morale ;
- un extrait du casier judiciaire (bulletin n° 3) datant de moins de trois (03) mois.
L’autorisation sollicitée peut être refusée ou accordée. Tout refus d’autorisation doit
être motivé et notifié au demandeur. La décision qui accorde l’autorisation indique les
caractéristiques de l'offre de jeux ou de paris en ligne autorisée ainsi que, le cas échéant, les
obligations particulières imposées au promoteur, compte tenu des spécificités de son offre de
jeux ou paris et de son organisation, pour permettre l’exercice du contrôle de son activité par
l'Agence de Régulation des Jeux. La délivrance de l’autorisation est soumise au paiement
d’une contrepartie financière appelée « droit d’entrée ».
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joueur est une personne physique, en requérant l'entrée d'un code permettant d’empêcher les
inscriptions et l'accès de robots informatiques.
Le compte de joueur en ligne ne peut être crédité que par son titulaire au titre des
approvisionnements qu'il réalise qu’au moyen d'instruments de paiement mis à disposition
par un prestataire de services de paiement, ou par le promoteur autorisé qui détient le compte
soit au titre des gains réalisés par le joueur, soit à titre d'offre promotionnelle.
Le compte de joueur en ligne peut être clôturé par le promoteur, sur la demande du
joueur ou dans les autres cas prévus par les textes. En cas de clôture du compte présentant un
solde créditeur et s’il ne peut procéder au reversement, notamment parce qu'il n'est pas en
mesure de vérifier les références du compte de paiement, l’opérateur met en réserve, sans
délai, la somme correspondante pour une durée de trois (03) ans à compter de cette clôture.
Durant cette période, le joueur peut obtenir le reversement de cette somme en communiquant
à l’opérateur, qui les vérifie, les éléments d’identification nécessaires. Si à l’issue du délai de
trois (03) années, cette somme n'a pas été reversée au joueur, elle est acquise à l'État. Trois
mois avant l'expiration de ce délai, l'opérateur utilise tout moyen à sa disposition pour
informer le joueur des conditions dans lesquelles il peut obtenir le reversement de cette
somme et, à défaut, de l'acquisition de celle-ci a l'Etat.
Les promoteurs des jeux en ligne sont assujettis au paiement d’une redevance des
jeux annuelle de 2% sur leur chiffre d’affaires hors taxes, recouvrée par l'Agence de
Régulation des Jeux.
Afin de lutter contre le jeu excessif ou pathologique en favorisant le jeu responsable,
plusieurs obligations sont imposées aux promoteurs des jeux en ligne. Ils ont ainsi
l’obligation de :
- veiller à ce que les personnes interdites de jeu en vertu de la réglementation en vigueur 1 ou
exclues de jeu à leur demande ne participent pas aux activités de jeu ou de pari qu’ils
proposent. Ils consultent à cette fin, par l'intermédiaire de l'Agence de Régulation des Jeux,
les fichiers des interdits de jeu tenus par les services du Ministère en charge des jeux. Ils
doivent clôturer tout compte joueur dont le titulaire viendrait à être touché par une
interdiction ou une exclusion.
- prévenir les comportements de jeu excessif ou pathologique par la mise en place de
mécanismes d'auto-exclusion et de modération, ainsi que des dispositifs d'autolimitation des
dépôts et des mises. Cette prévention passe aussi par la communication permanente à tout
joueur fréquentant leur site du solde instantané de son compte. Elle passe également par
l’information des joueurs sur les risques liés au jeu excessif ou pathologique par le biais
d'un message de mise en garde. Un arrêté du Ministre chargé de la santé précise le contenu
de ce message de mise en garde. Dans un rapport annuel transmis à l’Agence de régulation
des jeux, les promoteurs des jeux en ligne doivent rendre compte des actions qu’ils ont
menées et des moyens qu’ils ont consacrés pour promouvoir le jeu responsable et lutter
contre le jeu excessif et pathologique.
- s’abstenir de favoriser le jeu à crédit : en proscrivant le jeu à crédit, la loi interdit à tout
1
En raison de leur santé, de leur vulnérabilité ou pour des nécessités de préservation de l’ordre public.
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promoteur de jeux de hasard, à tout dirigeant ou employé de consentir des prêts d'argent aux
joueurs ou de mettre en place directement ou indirectement des dispositifs permettant aux
joueurs de s'accorder des prêts entre eux. En plus, le site d'un promoteur de jeux en ligne ne
doit contenir aucune publicité en faveur d'une entreprise susceptible de consentir des prêts
d'argent aux joueurs ou de permettre le prêt entre joueurs, ni aucun lien vers le site d'une
telle entreprise.
Le non-respect de toutes ces obligations expose le promoteur des jeux en ligne à des
sanctions à la fois administratives, civiles et même pénales (v. les textes visés à
l’introduction de ce chapitre).
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La responsabilité est l’obligation de répondre de ses propres faits et même parfois des
faits commis par d’autres personnes ou des choses, en subissant les sanctions prononcées par
certaines autorités en vertu de la loi.
Ainsi, lorsqu’un contrat a été conclu entre les acteurs du numérique et que l’une des
parties au contrat manque à ses obligations (soit en ne les exécutant pas, soit en les exécutant
mal ou de manière tardive), l’autre est en droit d’engager sa responsabilité : on parle dans ce
cas de la responsabilité contractuelle qui est celle qui résulte de l’inexécution ou de la
mauvaise exécution d’un contrat. Il s’agit d’une responsabilité essentiellement civile, ce qui
signifie qu’elle vise à réparer le dommage (préjudice) subi par le cocontractant. Cette
réparation consiste en général en une somme d’argent que le partenaire fautif en principe est
condamné par le juge à payer à sa victime 2. Ce type de responsabilité ne pose pas de
difficultés particulières en matière numérique, ce qui explique de ne pas s’y attarder.
De même, tous ceux qui, par des moyens techniques, portent atteinte à l’intégrité des
réseaux de communications électroniques ou d’un système d’information, peuvent voir leur
responsabilité pénale engagée sur le fondement des infractions prévues par la loi no 2010/012
du 21 déc. 2010 relative à la cyber-sécurité et à la cybercriminalité. Il s’agit par exemple du
fait de s’introduire dans un réseau de communications électroniques ou un système
d’information, soit pour provoquer une perturbation grave ou une interruption de
fonctionnement (art. 67 et 68), soit en vue d’obtenir des informations ou des données (art.
69), soit en vue de supprimer ou de modifier les données qui y sont contenues (art. 71). Il
peut s’agir aussi du fait d’accéder, de prendre connaissance frauduleusement, de retarder
l’accès ou supprimer les communications électroniques adressées à autrui (art. 84-1) ; du fait
d’intercepter sans autorisation, de détourner, d’utiliser ou divulguer les communications
électroniques émises ou reçues, ou de procéder à l’installation des appareils conçus pour
réaliser de telles interceptions (art. 84-2). Cette responsabilité elle aussi ne retiendra pas notre
attention.
En revanche, lorsque sur des plates-formes numériques, sont publiés des informations
ou des messages de nature à causer du tort à une personne en particulier ou à la société en
général, la responsabilité susceptible d’être engagée est une responsabilité extracontractuelle
ou délictuelle. Celle-ci est à la fois de nature civile et pénale : c’est dire que la personne qui a
souffert du fait de ces publications peut demander réparation du préjudice subi (responsabilité
civile). Mais en même temps, dans leur très grande majorité, ces publications préjudiciables
constituent des infractions à la loi pénale qui exposent, en principe les auteurs, à des peines 3
2
Cette somme d’argent est appelée « les dommages et intérêts ».
3
Les différentes peines sont prévues par les articles 22 à 45 du Code pénal. Il s’agit des peines principales
(amende, emprisonnement et peine de mort), auxquelles s’ajoutent des peines accessoires (déchéance,
publication du jugement, fermeture de l’établissement, confiscation du corpus delicti).
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- la création d’un lien hypertexte : le lien hypertexte est un élément interactif permettant, en
un clic, de diriger ses lecteurs vers d’autres contenus figurant n’importe où sur internet et
dont on n’est pas l’auteur4. Au cas où le contenu auquel renvoie le lien est illicite, l’auteur du
lien peut-il être traité comme s’il l’avait publié lui-même ? La position des juges dans leur
grande majorité est qu’il ne saurait en être ainsi, dans la mesure où « les hyperliens
s’apparentent à des notes de bas de page puisqu’ils ne font que renvoyer à une autre source
sans toutefois en répéter le contenu »5. Ainsi, le fait que l’hyperlien soit en lui-même « neutre
sur le plan du contenu » exclut la responsabilité de son créateur relativement à l’illicéité de
l’information cible. En revanche, l’on estime que le fait pour l’auteur du lien d’utiliser dans
sa propre publication, des propos manifestant une « adhésion » au contenu auquel il renvoie,
revient à répéter ce dernier, et que dans ce cas, il doit l’assumer devant la loi comme s’il
l’avait lui-même prononcé ou écrit. Certains attirent également l’attention sur la nature de
certains liens que les réseaux sociaux transforment automatiquement en aperçus, notamment
les liens vers des images ou des vidéos. Dans ce cas, lier le contenu équivaut quasiment à le
reproduire.
- l’utilisation des fonctions de partage des réseaux sociaux : peut-on sans risque relayer ou
partager des messages illicites reçus d’autrui ? La réponse à cette question dépend selon qu’il
s’agit des contenus à caractère pédopornographique, à caractère diffamatoire ou des contenus
de tout un autre genre. S’agissant des premiers, le seul fait de participer leur « diffusion »
expose aux mêmes peines que le fait de les avoir enregistré ou fixé (v. art. 76 et 80 de la loi
de 2010 relative à la cyber-sécurité et à la cybercriminalité). S’agissant des seconds, la loi
punit celui qui « publie ou propage par voie de communication électronique ou d’un système
d’information, une nouvelle sans pouvoir en rapporter la preuve de la véracité ou justifier
qu’il avait de bonnes raisons de croire à la vérité de ladite nouvelle » (art. 78 al. 1 loi de
2010 relative à la cyber-sécurité et à la cybercriminalité). Or le fait de répercuter une
accusation contribue à la « propager » c’est-à-dire « à la répandre » et tombe dès lors sous le
coup du texte. Il faut ajouter que le fait d’assortir l’acte de partage d’un commentaire
personnel exprimant une incertitude sur la réalité de l’information ne suffit même pas à éviter
les foudres de la loi. En ce qui concerne les autres types de contenus (injurieux, incitant à la
haine, racistes, etc.), le fait de les relayer n’est pas répréhensible si le message de relais est
accompagné d’une prise de distance, d’une dénonciation ou d’une défense de la victime.
Cette solution conduit le juge à s’intéresser à l’intention qui a animé l’internaute dans son
acte de partage. Il doit alors exister des indices montrant qu’il n’entendait pas faire sien ou
approuvé le contenu qu’il a relayé. Ces éléments sont les seuls à même de renseigner le juge
sur son intention.
- l’utilisation d’un bouton visant à donner un « sentiment » sur un contenu : celui qui, à
la suite d’un contenu illicite, clique sur une onomatopée permettant d’exprimer « une
émotion » peut-il être traité comme s’il l’avait publié lui-même ? D’après certains juges, une
réponse positive s’impose lorsque ledit bouton exprime un sentiment d’approbation de ce
4
Il peut aussi renvoyer à une autre partie du document initialement consulté. Mais cette hypothèse ne nous
intéresse pas.
5
Cour Suprême du Canada, 19 oct. 2011, Crookes c/Newton, 2011 ? CSC 47.
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contenu, comme c’est par exemple le cas du bouton « j’aime » du réseau social facebook6.
Selon eux, ce bouton comme bien d’autres doit donc être considéré comme strictement
équivalent à un partage accompagné d’un texte de type « j’aime » ou « cela me fait rire ».
Toutefois, il reste que la nature de certains contenus est telle qu’on peut parfois hésiter sur la
signification à donner à un relais associé à une « émotion ». Ainsi, en cliquant sur le bouton
« j’aime » de facebook à propos d’un article de journal intitulé « Argentine : plusieurs
français tués après une collision entre hélicoptères », l’on peut avoir voulu soit saluer la
réactivité du journal, soit féliciter les auteurs pour la clarté de l’article ou leur style, soit
encore montrer son soutien aux victimes ou à leurs familles, soit enfin se réjouir de cet
accident. Cet exemple montre bien qu’il n’est pas toujours évident de savoir si par son clic,
l’internaute a entendu marquer son adhésion ou plutôt prendre de la distance par rapport au
contenu litigieux. Fort heureusement, avec la multiplication et l’affinement des « émotions »
susceptibles d’être exprimés, ces risques d’équivoque tendent considérablement à se réduire.
Par rapport aux contenus illicites diffusés sur des plates-formes, ces prestataires
techniques bénéficient d’un régime de responsabilité allégée. En effet, il ressort des textes
(not. art. 34 de la loi no 2010/012 relative à la cyber-sécurité et à la cybercriminalité, art. 33
de la loi no 2010/021 régissant le commerce électronique au Cameroun) que leur
6
USA, Richmond 4th circuit Court, 18 sept. 2013,Bland v. Roberts, Appeal no 12-1671.
7
Par créateur de site internet, il faut entendre celui pour qui un site a été créé et qui l’exploite, et non le
professionnel qu’il a sollicité pour le faire.
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responsabilité ne pourra être engagée que s’ils ont eu connaissance du caractère illicite des
contenus (A), et se faisant n’ont pas réagi pour les rendre inaccessibles (B).
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Numérique (LCEN), que les prestataires sont présumés avoir connaissance du caractère
illicite d’un contenu lorsqu’ils ont été notifiés par un acte contenant essentiellement la date de
la notification ; l’identification complète de la personne auteur de la notification ; la
description des faits litigieux et leur localisation précise ; les motifs pour lesquels le contenu
doit être retiré, comprenant la mention des dispositions légales et des justifications de faits ;
la copie de la correspondance adressée à l'auteur ou à l'éditeur des informations ou activités
litigieuses demandant leur interruption, leur retrait ou leur modification, ou la justification de
ce que l'auteur ou l'éditeur n'a pu être contacté. La jurisprudence considère cette procédure
n’est pas exclusive, de sorte que l’on peut recourir à d’autres moyens (une mise en demeure
par exemple) pour établir la connaissance des faits litigieux par le prestataire. Au final, l’on
peut retenir que la preuve de cette connaissance peut être faite par tout moyen laissant trace :
il doit s’agir d’un écrit renseignant au moins sur deux éléments essentiels à savoir d'une part,
« la description des faits litigieux et leur localisation précise » et, « les motifs pour lesquels
le contenu doit être retiré, comprenant la mention des dispositions légales et des
justifications de faits », d'autre part. il a toutefois été jugé qu’un écrit n’indiquant pas la
localisation exacte du contenu litigieux fondait tout de même la connaissance du prestataire,
dès lors que ce contenu pouvait être aisément identifié, notamment en saisissant sur le moteur
de recherche du site les mots-clés correspondants.
Dans tous les cas, le juge doit s’assurer aussi que l’acte destiné à informer le
prestataire de l’existence d’un contenu illicite lui est effectivement parvenu. Sa responsabilité
sera alors retenue si une fois informé, il n’a pas agi promptement en vue de rendre ledit
contenu inaccessible.
8
Cf. TGI Toulouse, réf., 13 mars 2008, Krim K. c/Pierre G., Amen, www.legalis.net.
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hébergeur et la réaction de ce dernier a été vu, dans une espèce, comme conforme à
l’exigence du prompt délai9.
Les difficultés technologiques s’imposant au prestataire sont également à prendre en
compte dans l’appréciation du délai qu’il a pris pour réagir. En effet, il peut arriver que même
informé, il soit difficile voire impossible pour le prestataire de bloquer l’accès aux contenus
dont l’illicéité est dénoncée. Ainsi, dans une affaire où le prestataire avait dû procéder des
changements structurels sur son site – ce qui manifestement exigeait un certain temps - afin
de parvenir à rendre les contenus décriés inaccessibles, il a été jugé qu’un délai de 3 mois
n’était pas excessif10.
Finalement, le caractère « prompt » du temps mis pour réagir semble donc être à
« géométrie variable, pouvant aller de l'immédiat, voire quelques heures, jusqu'à une durée
de quelques jours ». La jurisprudence a même admis que les difficultés linguistiques
pouvaient justifier que le prestataire ait pris un peu de retard dans la mise en œuvre des
mesures exigées. Ainsi, dans une affaire où il lui était reproché de n’avoir bloqué l’accès aux
vidéos litigieuses que neuf jours après la date à laquelle elle a reçu la dénonciation (le 05 déc.
2008), la société américaine You Tube avança comme excuse, le fait qu’il fallait traduire
l’acte de notification en anglais pour une meilleure compréhension de son contenu, celle-ci
étant rédigée en français. Les juges prirent en compte cette excuse 11.
Quoiqu’il en soit, il ne faut pas perdre de vue que par principe, une « prompte
réaction » est une réaction rapide voire très rapide. C’est pourquoi les décisions qui tolèrent
les retards dans la réaction des prestataires devront toujours exposer les raisons de cette
indulgence et les motiver suffisamment afin que le principe ne perde pas de sa vigueur.
L’on peut dire en fin de compte que la responsabilité des prestataires techniques
repose sur le triptyque « savoir-pouvoir-inertie » : c’est dire qu’ils ne pourront être tenus
pour responsables que si, ayant eu connaissance du caractère illicite des contenus (savoir), ils
ont eu le pouvoir de faire cesser le trouble (pouvoir), et n’ont finalement rien fait en ce sens
(inertie). Ces exigences donnent à la responsabilité des prestataires techniques un « caractère
exceptionnel », par rapport à celle des autres acteurs.
9
Cf. TC Brest, réf., 6/08/2008, Quai Ouest Musiques c/ eBay Europe, eBay International AG.
10
Cf. TGI Paris, 17ème ch., Chambre de la presse, Jugement du 11 février 2003 : Amicale des déportés
d’Auschwitz et des camps de Haute Silésie, Mrap / Timothy Koogle, Yahoo.inc.
11
Cf. TGI Paris, réf. 05 mars 2009, Roland Magdane et autres / You Tube, www.legalis.net.
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camerounais reprenant leur édition papier, ou des sites web créés de nombreux e-
commerçants.
Celui qui doit répondre des publications diffusées sur ce genre de sites est le directeur
ou le codirecteur de la publication, ou le cas échéant le responsable de la rédaction, dont
l’identité fait partie des mentions qui doivent figurer sur le site en application de l’art. 37 de
la loi de 2010 relative à la cyber-sécurité et à la cybercriminalité. Il assume cette
responsabilité en tant qu’éditeur du site.
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S’agissant des contenus qu’il publie lui-même, le blogueur est considéré comme un
éditeur de service de communication en ligne12, et assume dans ces situations, une
responsabilité analogue à celle de tout éditeur. Il peut aussi en être tenu pour responsable à
titre de directeur de publication.
En ce qui concerne en revanche les contenus déposés par les tiers, le blogueur ne peut
en être tenu responsable que s’il a eu connaissance effective du message illicite avant sa mise
en ligne, ou si, dès le moment où il en a eu connaissance, il ne l’a pas retiré rapidement.
12
TGI Paris, 26 juin 2007.
13
TGI Paris, 13 avr. 2010, dans une affaire mettant en cause facebook.
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Signifiant ‘’Internet protocole’’, chaque machine connectée à internet est dotée d’une adresse IP unique.
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s’avérer inefficace si la machine utilisée et dont l’adresse a été identifiée se trouve dans un
cybercafé15. En effet, les gérants et exploitants des cybercafés ne font actuellement pas l’objet
d’une obligation leur imposant d’identifier leurs clients, à moins qu’on les assimile aux
fournisseurs d’accès. Même dans le contexte juridique camerounais où un décret impose
l’identification des abonnés, il serait difficile de pouvoir reprocher à un gérant de cybercafé le
fait de n’avoir pas identifié son client. De plus, il existe même certains programmes
informatiques permettant de masquer ou de simuler des adresses IP en permettant de naviguer
anonymement sans laisser de traces ou en laissant de fausses traces sur les réseaux
numériques16. Tout ceci contribue à relativiser la fonction d’identification des adresses IP.
§2. Les difficultés liées à la preuve des contenus litigieux
Celui qui prétend avoir souffert de la publication de contenus illicites doit rapporter la
preuve de leur existence, ce qui est loin d’être toujours évident s’agissant des contenus
numériques essentiellement caractérisés par leur volatilité. Ainsi, le fait qu’il soit possible de
les modifier ou même de les supprimer à volonté et dans des délais records rend difficile la
collecte des éléments permettant de caractériser l’infraction. En outre, la forme dynamique de
certains contenus les rend plus difficiles à capturer.
La collecte, de même que le traitement des preuves numériques, requièrent alors une
expertise technique particulière.
§3. Les difficultés liées au caractère international des réseaux
Par nature, internet est un réseau international dans lequel il est impossible de
délimiter les territoires des différents Etats qui se côtoient dans le monde. Si cette
internationalité du réseau est indéniablement un atout, elle est aussi une faiblesse en ce
qu’elle engendre des difficultés dans la répression des infractions qui y sont commises.
La première de ces difficultés concerne la détermination de la juridiction
compétente : pour engager la responsabilité d’une personne, il faut aller en justice. Or le
caractère transfrontalier du réseau internet soulève, en cas de litige, un problème de
juridiction compétente, et donc, de loi applicable. Pour être plus précis, la question est de
savoir si les juridictions camerounaises peuvent connaitre des litiges découlant de la
publication de contenus illicites sur internet. La réponse est affirmative, même si le
fondement de cette compétence diffère selon que l’on est en matière civile ou pénale.
En matière civile, la compétence des juridictions camerounaises est fondée sur les art.
14 et 15 du Code civil qui consacre le principe de compétence des tribunaux camerounais
lorsqu’un camerounais est partie au litige, en tant que demandeur ou défendeur.
En matière pénale, l’on peut s’inspirer de la jurisprudence française 17 pour retenir que
le fait qu’un site internet soit consultable au Cameroun suffit à rendre compétentes les
juridictions camerounaises.
15
Un cybercafé peut être défini comme un lieu aménagé pour faciliter l’accès du public, contre rémunération,
aux services d’internet.
16
C’est le cas du réseau TOR (acronyme de The Onion Router, littéralement : « le routeur oignon ».
17
TGI Paris, 13 nov. 1998 ; 26 févr. 2002.
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