Vous êtes sur la page 1sur 5

Coco Chanel

Le Symbole et l’empire

Figure 1 - Portrait de Gabrielle Chanel dite 'Coco Chanel'

Jusqu'à sa mort en 1971, la styliste a


tout fait pour construire un mythe autour de son nom et de son œuvre. La maison, qui
s'inspire encore aujourd'hui de cette créatrice de génie, ne lui a pourtant jamais appartenu.
S'il fallait d'un mot résumer la vie de celle qui, entre intuitions et rébellions, aura été l' «ange
exterminateur d'un style XIXe siècle» (Paul Morand), le terme serait double. Comme les
fracas de la gloire qui entoureront cette reine de l'Allure et le bruit sourd de son destin
d'amazone solitaire.

1 Enfance
Née le 19 août 1883, à 4 heures du matin, à l'hospice de Saumur tenu par les sœurs de la
Providence, Gabrielle Chasnel est issue d'une lignée de marchands forains cévenols, de
Ponteils-et-Brésis près d'Alès. Née hors mariage, elle est la deuxième fille d'Henri-Albert
Chasnel, un camelot originaire de Nîmes et d'Eugénie Jeanne Devolles, couturière originaire
de Courpière. En février 1895, son père la place ainsi que ses deux sœurs dans l'orphelinat
de l'abbaye cistercienne d'Aubazine en Corrèze.
Ce serait de cet abandon et pour faire taire les réflexions de ses camarades que « prend
racine la véritable mythomanie de Gabrielle », qui s'inventa un père aventurier, négociant en
vins, parti faire fortune à New York et lui faisant de somptueux cadeaux. À l'orphelinat, elle
aurait appris la couture et mené une vie austère et rigoureuse pendant les six années qu'elle
y aurait passées, qui auraient marqué profondément le style de la future styliste. Elle se
serait inspirée du lieu pour créer des vêtements aux lignes épurées harmonieuses, aux
couleurs neutres, comme la tenue qu'elle portait elle-même, sombre, avec col blanc et
lavallière.
Sans pour autant aspirer au noviciat, à 18 ans, la future Coco Chanel se rend chez sa tante
Louise à Moulins et s'inscrit chez les dames chanoinesses de l'institut Notre-Dame, où elle se
perfectionne dans le métier de couseuse. N'ayant pas les moyens de payer les frais de
scolarité, elle y est admise avec le statut de pupille et y est traitée différemment des élèves
plus riches. Elle retrouve dans cette pension de jeunes filles sa tante Adrienne, qui a presque
le même âge qu'elle et, surtout, la même ambition de sortir de sa condition. En 1903,
devenues habiles à manier le fil et l'aiguille, elles sont placées par les dames chanoinesses,
en qualité de couseuses, à la maison Grampayre, atelier de couture spécialisé en trousseaux
et layettes. Ce séjour à Moulins reste également très controversé.

2 Gabrielle devient « Coco »

Vers 1907-1908, très courtisée, Chanel ne veut pas partager le sort


anonyme des « cousettes », et recherche un avenir meilleur. Elle
fréquente alors le Grand café29, lieu chic de la vie moulinoise où elle
croise des officiers du 10e régiment de chasseurs à cheval stationné
dans la capitale bourbonnaise. Aujourd'hui l'ancienne caserne abrite le
Centre national du costume de scène. Elle les suivra dans un autre
café-concert de la ville, la Rotonde. Bientôt, elle ose pousser la
chansonnette et se met à rêver de music-hall. Âgée de vingt-quatre
ans, elle se produit en spectacle devant les officiers qui la surnomment
« Coco », parce qu'elle a pour habitude de chanter Qui qu'a vu Coco dans l'Trocadéro ?
Figure 2 - Flacon de
Parfum Chanel N°5

Elle est convoitée par de nombreux jeunes garçons fortunés ou titrés, comme le riche
Étienne Balsan, officier et homme du monde qui vient de quitter l'armée pour se consacrer à
l'élevage de chevaux et aux courses. Il lui fait découvrir la vie de château au domaine de
Royallieu près de Compiègne, resté célèbre pour son histoire pendant la Seconde Guerre
mondiale ; si Balsan fut peut-être son amant, il fut toujours son ami. Pendant près d'un an
elle apprend les codes et les usages de la haute société, mais l’idylle ne dure que quelques
mois : elle se rend compte qu’elle ne l’aime plus, elle s'ennuie et pleure.

Elle a vingt-cinq ans et nulle part où aller. Sa première révolution vestimentaire, elle l'invente
avec les tenues équestres qu'elle porte à cheval, non pas en robe amazone mais en jodhpurs
de peau, cravate et bandeau dans les cheveux. La fréquentation des relations de Balsan lui
fait cependant rencontrer l'Anglais Arthur Capel, surnommé « Boy » ; elle devient sa
maîtresse en 1909 et le suit à Paris, où il lui offre sa première boutique33. Capel est un
homme d'affaires qui fait ensuite fortune dans les frets charbonniers durant la Grande
Guerre, et un homme de cheval possédant une écurie de polo. Cela va être un amour
irrégulier (il épouse malgré tout une Anglaise) et sincère qui dure dix ans, jusqu'à un
accident de voiture en 1919 auquel il ne survit pas.
2.1 Faits notables

Chanteuse de cabaret à ses débuts


Elle a introduit les pantalons pour femmes
Elle a lancé le premier parfum de designer
Elle a grandi dans un orphelinat
(différences pays les plus riches et les plus pauvres)est entrée dans le monde de la
mode en concevant des chapeaux
Elle a vécu dans un hôtel pendant plus de 30 ans
Elle a inventé le costume féminin
Elle avait une personnalité amère
Le noir était sa couleur préférée

3 Une modiste à contre-courant

Mettant à profit les rudiments, enseignés à Moulins, du maniement du fil et de l’aiguille et


de l’initiation prodiguée par Lucienne Rabaté, célèbre modiste du moment, elle se
confectionne de petits chapeaux originaux qu’elle pose très bas sur son front. Pour assister
aux mondaines courses de chevaux, elle n’arbore pas les robes des grands couturiers mais
ses propres réalisations. Jeune femme charmante mais au style décalé, tantôt écolière en
tenue sage noire et blanche, tantôt garçonne n’hésitant pas à porter polo, cardigan,
jodhpurs et pantalons, elle invente déjà un nouveau style, une nouvelle allure. Ses créations
avant-gardistes, très sobres, contrastent avec celles que portent les élégantes de l’époque.
En 1909, sur les conseils de Boy Capel, son artisanat débute boulevard Malesherbes, dans la
garçonnière parisienne de son protecteur Étienne Balsan. Les chapeaux qu'elle propose à ses
clientes sont des déclinaisons de ceux qu'elle fabrique pour elle-même et qui, au château de
Royallieu, près de Compiègne, ont séduit ses amies, des demi-mondaines qui fréquentaient
le lieu. Balsan ne croit pas à un succès commercial.
N'ayant pas de formation technique, ni d'outils de fabrication, dans un premier temps
Chanel achète ses formes de chapeaux dans les grands magasins puis les garnit elle-même,
avant de les revendre. La nouveauté et l'élégance de son style font que, très vite, elle doit
faire appel à sa cousine Adrienne et à sa sœur Antoinette pour la seconder. Ses créations de
chapeaux, débarrassées des grandes plumes d'autruches ou autres froufrous volumineux,
commencent à être appréciées pour leur simplicité et leur sophistication.
Figure 3 - Coco Chanel par Andy Warhol

4 Le succès continue
RANK Marque Score d’influence Compte Twitter
1 CHANEL 91 @chanel
2 DIOR 88 @dior
3 GUCCI 87 @gucci
4 YVES SAINT LAURENT 87 @ysl
5 VERSACE 86 @versace
6 PRADA 82 @prada
7 GIVENCHY 81 @givenchy
8 BALMAIN 77 @balmain

RANK# Brand Desirability Index


1 CHANEL 220
2 CHRISTIAN DIOR 186
3 LOUIS VUITTON 183
4 YVES SAINT LAURENT 177
5 HERMÈS 152
6 VERSACE 112
7 PRADA 98
8 GUCCI 86
8 VALENTINO 57
10 FENDI 53

Parmi les 15 plus grandes marques de luxe, les marques hexagonales occupent les 5
premières places dans le cœur des Françaises les plus aisées, selon les résultats de la 1ère
vague du Baromètre Promise - BNP Exane «Luxe et Désirabilité 2015». Chanel est la
première marque sur le critère de grand luxe, suivie par Christian Dior et Louis Vuitton, au
coude-à-coude.
Chanel est également considérée comme la
marque la plus désirable Dans l'univers de la
mode, suivie par Louis Vuitton. Les marques italiennes s’imposent dans ce classement.
Salvatore Ferragamo est ainsi classée 3ème en termes de désirabilité. C'est aussi le cas pour
les marques Giorgio Armani, Gucci, Fendi et Versace qui rejoignent le cercle fermé des 10
marques les plus désirables.

5 Postérité

Figure 4 - Coco Chanel en 1928 C’est avec les événements de mai 1968 que la
vague hippie change la donne de la mode. Chanel affirmait que les modes n’étaient bonnes
que lorsqu’elles descendaient dans la rue, et pas quand elles en venaient. Chanel devient
tyrannique, s’enferme dans son monde fait d’essayages, de défilés, de mannequins et de
courtisanes. Edmonde Charles-Roux écrit : « Jamais Chanel n'aima avouer que son art de
vivre était fait de recettes empruntées à Sert. La violence qu'elle apportait à le nier la
dénonçait. ». Sèche et acariâtre, elle est très seule, accompagnée dans ses dernières années
parfois par Jacques Chazot et surtout par sa confidente de longue date, Lilou Marquand. Elle
déteste la jeunesse en minijupe ou en blue-jean, crache sur le féminisme. Elle souffre de
blessures intimes jamais cicatrisées que masque mal sa réputation de « femme de fer » ne
montrant pas son désespoir
Comme en parle son héritier Lagerfeld qui a, autant qu'elle, la langue bien pendue : "La
vérité ne nous regarde pas. Une légende, c'est une légende. Je préfère mon imagination à
des détails historiques. Elle ne gagnait pas à être connue. Elle n'était pas politiquement
correcte, ça nous évite la lèche. L'hommage. Le respect, ça tue. Ce qui compte, ce n'est pas
la réalité, c'est l'idée qu'on se fait des choses et des gens. Pour moi, Chanel, c'est une idée,
et cette idée, je la développe. Brune. Nerveuse. Méchante. Pas une victime. J'aime les
femmes qui font chier les hommes. Jamais de ma vie je n'ai vu une embobineuse pareille.".
La désenchantée qui rêvait qu'on l'épouse détesterait probablement.
Mais son histoire ne lui appartient plus. Malraux avait prédit que, du XXe siècle en France, il
resterait trois noms : de Gaulle, Picasso et Chanel.

Figure 5 - Esquisse de modèle

Vous aimerez peut-être aussi