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HORS

-SÉRIE
SPÉCI
AL
PHOT
O
Design
Le studio milanais
de Cristina Celestino
Moooi toujours aussi crazy !
Sebastian Wrong revient
à la maison chez
Established & Sons

Lifestyle
À Milan, Oslo, Berlin,
5 intérieurs hypercréatifs
The Lumiares, un hôtel
lisboète très déco

Trips
Lisbonne, nouvel eldorado ?
Shimokitazawa, le quartier
vintage de Tokyo
Alex Prager, le monde
en Technicolor

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ID-NOS CONTRIBUTEURS

Helenio Barbetta Geneviève Brunet


Photographe, il habite à Milan… mais pas trop ! La Journaliste et auteure, elle n’aime rien tant qu’« ar-
déco, l’art et les balades en montagne avec son raisonner » une ville, faire partager son goût des
chien sont ses passions. Quand il ne voyage pas, il lieux hors du temps ou partir à l’abordage d’un
préfère profiter de la compagnie de ses amis dans créateur. Pour ce numéro, elle s’est rendue à
sa maison remplie de plantes. Il essaye de photogra- Tokyo, dont on croit tout connaître et qui, toujours,
phier seulement ce qu’il aime. Ça tombe bien, dans étonne. C’est ainsi qu’un peu à l’écart des circuits
la cité lombarde, capitale du design, il est servi avec classiques, le quartier de Shimokitazawa (p. 248)
la multiplicité de beaux intérieurs riches de pièces donne à voir la capitale japonaise sous un angle dif-
de mobilier soigneusement choisies, qu’il se fait un férent avec ses anciens qui n’ont jamais quitté leur
plaisir d’immortaliser pour nous (pp. 186 et 202). village et ses jeunes qui rêvent d’authenticité…

Béatrice Andrieux Ludovic Maisant


Béatrice Andrieux est directrice artistique et com- Ludovic Maisant est un photographe parisien de
missaire d’expositions indépendante. Spécialisée 44 ans travaillant essentiellement pour la presse
en art contemporain et en photographie, elle a dé- lifestyle. Son premier sujet sur Lisbonne est
buté sa carrière à la galerie Zabriskie (Paris, New paru dans IDEAT en… 2001. Il était temps qu’il
York) puis à la Galerie du jour – agnès b. Elle a coé- y retourne ! C’est chose faite et ses clichés té-
crit un livre sur Le Corbusier et Lucien Hervé, paru moignent de celle qui n’en finit pas d’enchanter
au Seuil. Pour notre dosser spécial photo, elle s’est les visiteurs. Ensoleillée une grande partie de l’an-
multipliée pour nous faire découvrir toute l’actua- née, abordable, elle convainc même les étrangers
lité du médium (p. 93) à travers les expositions et de s’y installer. Une popularité qui peut se révéler
événements qui animent la capitale cet automne. ambivalente pour les Lisboètes (p. 230)…

Pierre Lesieur Sabrina Silamo


Amoureux de musique, de cinéma et de mode, Diplômée en histoire de l’art et ex-rédactrice en chef
Pierre Lesieur est un journaliste de la culture sous adjointe d’Arts magazine, Sabrina rend compte de
toutes ses formes, à commencer évidemment par l’actualité des artistes (Télérama, L’Objet d’art). Mais
© KEFFER : LACHAMBRENOIRE

le design et l’architecture. Il aime se dire qu’on n’ap- elle le fait aussi pour nous et l’art n’est jamais avare en
prend jamais autant qu’en côtoyant des artistes… la matière. Si bien que Sabrina nous donnera envie
© CHRISTEL JEANNE

Pour nous, il s’est rendu aux Pays-Bas visiter Moooi d’aller voir la rétrospective sur l’artiste performeuse
(p. 150), qui opère actuellement quelques change- serbe Marina Abramovic à Florence (p. 66), de dé-
ments dans son organigramme, en se demandant si couvrir l’excentrique Anglais Grayson Perry à la Mon-
la marque emblématique de Marcel Wanders avait naie de Paris (p. 68), ou le coup double Jean-Michel
toujours en tête de préserver sa folie. Basquiat – Egon Schiele à la Fondation Vuitton (p. 70).

Marie Godfrain Élisa Morère


Sa passion pour les objets beaux et bien conçus l’a L’art, le design, la mode, les voyages, le pourquoi et
amenée à prêcher la bonne parole du design dans le comment, les beaux esprits qui font du monde un
M, le Magazine du Monde, IDEAT et Grazia. Dans ce régal pour l’œil… Élisa Morère n’a qu’un but : les faire
numéro, elle s’est penchée sur l’actualité de la dis- partager. De ses années au Journal du dimanche, au
cipline (p. 56) et sur les plus intéressantes des bou- Figaro ou à L’Express, elle ne retient qu’une chose :
tiques qui en proposent (pp. 72 à 76). Par ailleurs, elle la curiosité n’est pas un vilain défaut… Une curiosi-
© YOUNG-AH KIM

nous présente la Design Week de Londres à travers té qu’elle est allée assouvir à Lisbonne (p. 230) pour
cinq actus incontournables (p. 60), avant de faire té- mieux nous faire partager les mutations d’une capi-
moigner la photographe et réalisatrice américaine tale portugaise toujours haute en couleur ainsi que
Alex Prager sur ses habitudes de voyages (p. 254). tous les bons plans à ne pas manquer.

3
ID-ÉDITO

PARIS SUR SEIN… E


J’espère que vous allez bien. Nous sommes presque en hiver, c’est fou ! Il faut dire que l’été indien nous a fait perdre
toute notion du temps au bénéfice d’une certaine insouciance qui nous fait voir la vie en rose… Du reste, ce mois d’oc-
tobre a aussi été le mois consacré à la lutte contre le cancer du sein (Octobre rose), qui frappe tous les ans près de
60 000 femmes en France (1,7 million dans le monde). Une femme sur huit a été touchée, est touchée ou sera touchée
un jour par le cancer du sein (une sur six à Paris, le stress…). C’est un fléau. Nous connaissons tous quelqu’un qui a
été rattrapé par cette horrible bête… Une maman, une amie, une voisine, une connaissance, une collègue de travail, la
caissière du supermarché, la chroniqueuse qui vous parle à la radio, la fleuriste en bas de chez vous, votre médecin, une
sœur… une épouse. C’est toujours un drame, mais c’est aussi dans ces moments qu’on voit les gens qui vous aiment et
qui vous donnent la force de guérir. Il est encore temps de donner, c’est important, et cette saleté ne sera éradiquée
qu’avec beaucoup d’argent (Cancerdusein.org).
Chères lectrices d’IDEAT, faites-vous contrôler tous les ans (et pas tous les deux ans). Un an de gagné, c’est énorme,
cela peut vous sauver la vie… et la vie est belle !
Quel rapport avec la déco ? Aucun, si ce n’est que, sur les 85 000 personnes qui achètent IDEAT tous les mois, plus
de 50 000 sont des femmes et que, parmi ces femmes, près de 7 000 risquent d’être touchées par la maladie. Alors
il faut que cela cesse. Donnez, mobilisez-vous ; vous ferez un achat déco de moins le mois prochain. - -

Novembre est le mois de la photo avec l’arrivée de la très belle foire PARIS PHOTO du 8 au 11 novembre, le premier
rendez-vous international consacré à la photographie. Le secteur est en pleine forme. Même s’il ne représente que 1 %
des ventes mondiales d’art, la croissance du marché est bien là. Plus de 200 millions de dollars de ventes aux enchères
l’an dernier… et le marché est très sous-évalué. On peut encore aujourd’hui acheter pour 10 000 euros un petit Man
Ray qui vaudra 20 000 ou 30 000 euros dans quelques années. Man Ray mais aussi Henri Cartier-Bresson, Robert
Doisneau, Brassaï, Willy Ronis, Robert Capa, Raymond Depardon, Lucien Clergue, Jeanloup Sieff… sont des références
absolues. Comme certains écrivains, ils ont marqué leur siècle.
Aujourd’hui, Bettina Rheims, Patrick Demarchelier, Mario Testino, Peter Lindbergh, Annie Leibovitz, Erwin Olaf, Cindy
Sherman, Andreas Gursky, Juergen Teller, Nobuyoshi Araki, John Baldessari, Alex Prager, Richard Prince sont devenus
de véritables stars. Richard Prince, dont Untitled (Cowboy) est la première photographie à avoir passé le cap du million
de dollars (1,248 million de dollars chez Christie’s, à New York, en 2005). Rhein II, d’Andreas Gursky, a été adjugé pour
4,34 millions de dollars en 2011 ! En mai 2013, une photo de Jeff Koons, The New Jeff Koons, a été acquise pour 9,4 millions
de dollars ! À eux trois, Gursky, Sherman et Prince détiennent les deux tiers de toutes les enchères millionnaires.
Le marché est cependant encore fragile. Pour preuve, l’annulation de PARIS PHOTO Los Angeles en 2016. Plus abor-
dable que la peinture, le médium s’est aujourd’hui fait un chemin dans le marché mondial de l’art. Pour autant, la photo
est-elle de l’art contemporain ? C’est le problème de la notion fondamentale d’original et d’unicité, qui échappe à la
photographie avec ses tirages.
À PARIS PHOTO, faites vos choix en fonction de vos goûts, de vos émotions, de votre sensibilité… et repensez à ces
génies qui se baladaient avec leur Leica dans Paris, Berlin ou Los Angeles, et qui figeaient avec leur œil et leur âme leur
regard sur le monde, notre monde pas si beau… mais pas si laid non plus. Vive la photo, vive le talent, vive la vie, vive
Paris et vive la chance qu’on a de vivre dans un pays où la censure n’existe pas !

Bien à vous, à bientôt… et n’oubliez pas de donner à Cancerdusein.org…

Laurent Blanc
Éditeur & fondateur d’IDEAT

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Tous Concernés !
Faîtes un don pour la recherche
sur cancerdusein.org

Association Le Cancer du Sein, Parlons-en !

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Rédacteurs : Béatrice Andrieux, Ellia Ascheri, Élisa Barbier, Anne-France Berthelon, Geneviève Brunet, Chiara Dal Canto, Mille Collin Flaherty, Bérénice Debras,
Serge Gleizes, Marie Godfrain, Alice Ida, Pierre Lesieur, Virginie Lucy Duboscq, Élisa Morère, Nathalie Nort, Alice Salerno, Sabrina Silamo.
Photographes : Helenio Barbetta, Line Klein, Ludovic Maisant, Juliette Mathieu, Cristina Nava, Valentina Sommariva.
Illustrateurs : Giordano Poloni (Colagene), Le Duo.
Photogravure : Alloscan, groupe Amalthéa. Impression : Roularta Printing (Belgique).

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ÉDITEUR
IDEAT est édité par le groupe IDEAT Éditions, iliale de The Good Company SAS au capital de 71 700 €.
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Président : Laurent Blanc.
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IDEAT HS Photo Ce magazine contient sur sa diffusion kiosque FM : deux offres d’abonnement à IDEAT (une brochée et une jetée) ; sur sa diffusion kiosque et abonnés IDF : un catalogue Le Printemps Maison ;
sur une partie des abonnés : un communiqué de presse et une invitation à une expo-vente IDEAT.

© ADAGP, pour les œuvres de ses membres, Paris 2018.


SOMMAIRE
hors-série photo - novembre 2018

44
SUR NOTRE COUVERTURE :
Dans l’appartement milanais
de la décoratrice Ilaria
Ferraro Toueg, le papier
peint de la collection « Palm
Jungle » (Cole & Son) est à
la fête et offre un fond parfait
pour accueillir une photo de
l’Américaine Abigail Enright.
(p. 164). MARIE-CLAIRE MAISON
ITALIA © VALENTINA SOMMARIVA

46
CONTEMPORARY NEWS
38 NEWS DESIGN
> B&B Italia réédite Azucena
> Victor J. Papanek au Vitra Design Museum
> Keiji Takeuchi, nouvelle signature chez Living Divani

© CYRILLE MARTINI
> Angelo Mangiarotti exposé chez RBC
> L’humeur vagabonde des tapis d’Édition Bougainville
> Romo, jeux de textures
> Deirdre Dyson, beautés naturelles

52 NEWS BIRTHDAY 10 ANS

68
Living Divani, BoConcept et Flexform fêtent
leurs canapés

54 NEWS GALERIES
> Trois signatures art et design
> Galerie BSL, passion rive gauche
> La Carpenters Workshop Gallery investit San Francisco

60 NEWS DESIGN WEEK À LONDRES


100 % London en 5 incontournables

66 NEWS ART
> Marina Abramovic, l’art au corps
> Grayson Perry, Anglais excentrique
> Schiele et Basquiat, la fureur de peindre
© RICHARD ANSETT

72 NEWS STORE
Forte_Forte, au bon chic italien

74 NEWS SHOP PARIS


La Chance n’est plus un débutant

24
G R ÂC E E T CA R AC T È R E

Collection Joséphine
ID-SOMMAIRE

93 94

© BARBARA PROBST / VG BILD-KUNST


LA TRAMA © SOPHIE ZÉNON

SPÉCIAL PHOTO
96
76 NEWS SHOP RÉGION
> L’Inatelier, à Nantes, cet incroyable talent français
> Le regard pointu de Bel Œil à Nice

80 NEWS TABLES PARIS


> Robert, la belle affaire !
> Trois brasseries entre les Ternes et Trocadéro

84 NEWS TABLE RÉGION


Chez The Marcel, à Sète, les artistes d’abord

© ANNE-ÉMMANUELLE THION
86 NEWS HÔTELS PARIS
> Le Belleval, d’un naturel très ouvert
> Trois adresses se réinventent

90 NEWS HÔTEL RÉGION


Le Barn, pied à l’étrier

93 DOSSIER PHOTO

106
94 NEWS FOIRES
> Corps à corps à Paris Photo
> Le Japon sous le prisme de Fotofever

98 NEWS PARIS
Dorothea Lange, David LaChapelle, Dave Heath,
expos capitales

100 NEWS RÉGION


Trois expositions automnales

102 NEWS
Une nouvelle maison pour Cartier-Bresson
© MARC LATHUILLIÈRE

106 PANORAMA
9 galeries incontournables à Paris cet automne

110 IDEAT & CC-FOREDUCATION


Vente exceptionnelle de nos tirages exclusifs signés Erwin
Olaf, Bettina Rheims, Formento+Formento et Anja Niemi

26
armanibeauty.com Photographie retouchée Cate Blanchett

*Sì c’est moi


ID-SOMMAIRE

156 112

© MASSIMO VITALI
112

118
THEMA
Edra dans l’œil des photographes

LIFESTYLE & STYLE


Avec Saul Leiter
142
126 RENCONTRE
Le livre d’art loin des clichés
128 NEWS BOOKS
La photo à l’honneur

© HELENIO BARBETTA
CONTEMPORARY DESIGN
132 ENTRETIEN
Sebastian Wrong, retour en grâce chez
Established & Sons

138 PORTRAIT
La joyeuse rigueur de Stéphane Parmentier

142 WORKSHOP STUDIO


Cristina Celestino nous ouvre ses portes à Milan

150 CRAZY
Moooi au pays des merveilles

154 ICÔNE
Le buffet « Elling » de Gerrit Rietveld
156 SHOPPING
Variations déco sur une sélection de tapis

CONTEMPORARY LIFESTYLE
164 HOME 1
À Milan, estampes et falbalas

176 HOME 2
© VALENTINA SOMMARIVA

À Oslo, le goût du peu

186 HOME 3
À Milan, pierres précieuses

194 HOME 4
À Berlin, Lala Land
164
28
OAPLF – SNC – 14 rue Royale Paris 8ème – 314 428 186 RCS Paris.

ROUGE PUR COUTURE


THE SLIM
LE NOUVEAU ROUGE À LÈVRES MAT.
HAUTE COUVRANCE. LONGUE TENUE.
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#WALK THE LINE


*suivre ses propres règles
ID-SOMMAIRE

202 230

© HELENIO BARBETTA

© LUDOVIC MAISANT
202 HOME 5
À Milan, le passé retrouvé
248
214 CRÉA
Dans le mille pour Lola James Harper

218 ARCHITECTE D’INTÉRIEUR

© JULIETTE MATHIEU
Pauline Borgia dans son Atelier Steve

222 HÔTEL DÉCO


À Lisbonne, The Lumiares, au cœur du Chiado

259
CONTEMPORARY TRIPS
230 URBAN SPIRIT
Lisbonne, haute en couleur

248 HYPE AREA


Shimokitazawa, un autre Tokyo
254 JET LAG
La photographe Alex Prager

259 SPOTS
Nos adresses préférées worldwide
© STEVE HERUD

279 MAIS ABONNEZ-VOUS DONC À IDEAT !

282 VILLAGE PEOPLE


Le Paris de Sofia Sanchez de Betak

30
U R ID
+S

SOMMAIRE WEB

EA R
T. F

© JEAN-CHRISTOPHE CAMUSET
UN DESIGNER FAIT LA REVOL-UTION (1)
1
Comment une entreprise née il y a deux cent
cinquante ans adapte-t-elle son outil industriel pour
travailler avec l’un des plus grands designers français ?
Dans le cadre de l’émission « Designer@Work », les
caméras d’Ideat.fr ont suivi Noé Duchaufour-Lawrance
dans l’usine drômoise de Revol. On y découvre comment

COLLECTION « TOADSTOOL », DE MASQUESPACIO (MISSANA)


celui-ci affine avec les ouvriers sa collection de vaisselle
qui détourne en beauté la porcelaine noire. Une plongée
passionnante dans cette institution des arts de la table.

MAD IN PARIS
Cet automne, le musée des Arts décoratifs, à Paris,
fait peau neuve ! L’établissement en a profité pour
convoquer Normal Studio afin de repenser son
parcours de mobilier contemporain. Il lance sa saison
avec une grande exposition consacrée à Gio
Ponti (1891-1979). Ideat.fr vous fait découvrir ces
accrochages qui témoignent du renouveau du MAD.

EN DIRECT DES DESIGN WEEKS (2)


Ideat.fr vous emmène là où se joue l’actualité
2
du design, notamment dans les design weeks
et les salons où sont révélés nouveaux modèles et
créateurs émergents. En novembre, avec nous, vous
SHANGHAI HUAI HAI 116 PORTRAIT 02, SÉRIE « SHANGHAI » © ERWIN OLAF

pourrez vivre en direct la Dubai Design Week, événement


annuel le plus important de la région en la matière.

PARIS PHOTO ET SES ALENTOURS (3)


Pour compléter le riche dossier que nous consacrons
à cet événement incontournable de l’art
photographique en France et à tous ses satellites,
IDEAT sera présent pour vous faire partager sur
Instagram temps forts et coups de cœur de la rédaction.

UNE CHAISE NOMMÉE DÉSIR (4)


Dans ce numéro, IDEAT donne la parole à Sebastian
Wrong, le directeur artistique et designer qui pilote
© PEER LINDGREEN

la renaissance d’Established & Sons (voir p. 132). En


exclusivité pour Ideat.fr, il nous a confié la folle histoire
de la chaise Mauro. Fraîchement débarquée dans
le catalogue de l’éditeur londonien, cette assise aurait
3 4
encore pu rester des années au fond d’un atelier italien…

32
* LA PERFORMANCE MÉCANIQUE POUSSÉE À L’EXTRÊME

CALIBRE RM 63-02
WORLD TIMER

BOUTIQUES RICHARD MILLE


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© Didier Gourdon

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Contemporary news
parce qu’être curieux, c’est bien !
Guggenheim Tate Modern MAC
(Bilbao) (Londres) (Niterói / Rio de Janeiro)

Centre Pompidou TIMA Palazzo Grassi


(Paris) (Imabari) (Venise)

New Museum Elbphilharmonie Guggenheim


(New York) (Hambourg) (New York)
ID-NEWS DESIGN

« Un architecte sérieux (…)


doit partir de l’intérieur(…).
L’agencement de l’ameublement
détermine le cloisonnement
de l’espace de vie (…). Tout cela
forme les appartements,
et la somme des appartements
forme le bâtiment. »
Luigi Caccia Dominioni (1913-2016), architecte

38
B&B Italia (ré)éditeur
1947, les architectes Luigi Caccia Dominioni, Ignazio Gardella et Corrado Corradi Dell’Acqua fondent, à Milan, la marque
Azucena, empruntant ce nom à la gitane de l’opéra Le Trouvère, de Giuseppe Verdi. Leur but ? Meubler leurs projets d’archi-
tecture. Leurs meubles feront date. Aujourd’hui, c’est l’éditeur B&B Italia, fondé par la famille Busnelli en 1966, qui acquiert les
droits d’Azucena. Pas moins de 20 modèles sont réédités, tous dessinés par Luigi Caccia Dominioni, entre l’après-guerre et les
eighties. On y trouve trois versions de la gracile chaise Catilina, les très chics fauteuils et sofas ABCD, le pulpeux sofa Toro
(photo) et son ottoman, le replet fauteuil Chinotto, les surfines tables Cavalletto ainsi que des lampes, que l’on peut même
installer au-dessus de son épaule, sur le dossier d’un canapé. Ce mobilier, c’est autant de délicates attentions, souvent des
commandes pour des particuliers. La collection « Azucena » va donc circuler dans les magasins B&B Italia et chez les reven-
deurs agréés. On ne peut pas faire plus made in Italy. Caccia Dominioni refusait d’écrire un livre, préférant laisser parler son
travail ; ce créateur d’exception, qui vécut centenaire, a toujours été pragmatique. On attend la réédition du bar Scaletta, qui
fait aussi office d’escabeau, permettant d’accéder aux livres les plus élevés de la bibliothèque ! G.-C.A.

Fauteuil Toro
de Luigi Caccia Dominioni,
réédité par B&B Italia.
© FEDERICO CLAVARINO
ID-NEWS DESIGN

Le design politique de Victor J. Papanek


Par Élisa Barbier

1 2

Le Vitra Design Museum accueille la première grande rétrospective


consacrée au précurseur du design social et écoresponsable.
À découvrir : la vie, les œuvres et l’héritage de ce brillant concepteur,
disparu en 1998, qui considérait le design comme un outil politique.
Une exposition furieusement actuelle à travers les thèmes abordés.

V
ictor J. Papanek a marqué l’histoire du design international grâce à une approche
nouvelle de son métier, qu’il déinissait comme étant devenu « l’outil le plus puis-
sant avec lequel l’homme forme ses outils et son environnement ». Réchauffement
climatique, identités sexuelles, attitudes de consommation et immigration font partie des
sujets sensibles qu’il abordait, dans le but « d’appliquer les idées de 68 au quotidien des
gens ». Né en 1923 à Vienne, il quitte l’Autriche pour fuir le nazisme et pour étudier le de-
sign et l’architecture aux États-Unis, où il devient professeur. Durant les premières années
de sa carrière, Papanek s’en tient à l’apprentissage des fondements d’un design classique, 3
avant d’être happé par l’humanisme des années 60. Il adopte alors une démarche militante,
s’interroge sur le fonctionnement du monde et développe un regard critique sur la société de 1/ et 3/ Victor J. Papanek
fut un designer, théoricien
consommation, qu’il transmet à ses étudiants. En 1971, il publie Design for the Real World, et auteur influent du
un plaidoyer pour l’inclusion du design dans le monde réel, l’équité et la durabilité, qui fait XXe siècle. © BIRGIT ET PETER
KAINZ 2/ Chaises Samisen,
de lui une igure du design moderne et le précurseur du design social. How Things Don’t
1960-1970. © UNIVERSITY OF
Work, en 1977, et Design for Human Scale, en 1983, l’aident à diffuser sa pensée au plus APPLIED ARTS VIENNA, VICTOR
grand nombre. Dessins, objets, vidéos, carnets de notes, impressions graphiques et lettres il- J. PAPANEK FOUNDATION

lustrent dans cette rétrospective les thématiques principales qu’abordait Victor J. Papanek.
« Victor J. Papanek:
Une pensée avant-gardiste qui résonne doublement à nos oreilles aujourd’hui où l’écologie The Politics of Design ».
et la culture du « making » sont omniprésents chez les jeunes designers. De fait, une sélec- Au Vitra Design Museum,
jusqu’au 10 mars, tous
tion d’œuvres contemporaines qui peuvent se revendiquer du critical design ou du social de- les jours de 10 h à 18 h.
sign, rend compte de l’inluence qu’ont eue les travaux de Papanek chez ses successeurs. Design-museum.de

40
ID-NEWS DESIGN

Keiji Takeuchi, le candidat idéal de Living Divani


Par Guy-Claude Agboton

1 2 3

Chaque année, le très chic label italien collabore avec un designer


pour créer de nouveaux produits et renforcer
son internationalisation. Le made in Italy, version globe-trotteur,
est incarné cette année par le designer japonais Keiji Takeuchi.

D
eux nouveautés de la collection 2018 de Living Divani étaient mises en lumière lors du
dernier Salon de Milan : Clivio, un lit de repos, et Kiwi, une petite table basse. Pour le
lit de repos, pas besoin de mode d’emploi, mais des suggestions d’usages fournies par
son designer, Keiji Takeuchi. On peut y lire, dormir, téléphoner ou travailler. Et en accentuer
le confort en lui adjoignant la table Kiwi avec son plateau en bois ou en marbre suspendu
au-dessus d’un gracile tripode métallique. Les deux meubles, sans coquetterie, évoquent
spontanément le Japon. Le lit Clivio a pourtant quelque chose de très italien, telle une feuille
de confort qui repose à peine sur de ins pieds tubulaires. Même sens de l’essentiel pour la
table Kiwi. Sur ce complément, on dépose ce dont on a besoin comme sur un petit îlot. « Mon 1/ Clivio est un objet à la
travail peut être qualiié de simple, mais je refuse le terme de minimalisme qui, pour moi, ne fois sculptural et méditatif
dont la versatilité permet
veut pas dire la même chose », coniait le designer à Milan, lorsque nous l’avions rencontré.
de l’utiliser aussi bien
Son parcours cosmopolite fait de lui un partenaire idéal pour le rayonnement international de comme banc que comme
Living Divani. Keiji Takeuchi, 41 ans, est né au Japon. Il quitte l’archipel pour la Nouvelle-Zé- lit de repos. 2/ Keiji
Takeuchi est la figure
lande à 15 ans, avant de rejoindre, à la in de ses études de design, l’ENSCI, à Paris. De 2005 de proue de Living Divani
à 2012, il collabore avec l’immense designer Naoto Fukasawa à Tokyo. Logiquement, son en 2018. Avec son parcours
proil retient l’attention de Carola Bestetti, directrice marketing et produits de Living Divani et cosmopolite, le designer
japonais, installé depuis
ille des fondateurs de la maison. Pour elle, comme pour Keiji Takeuchi, venu à Milan ouvrir 2015 à Milan, incarne
le studio de Naoto Fukasawa, pas question de rester dans sa zone de confort. Il fondera d’ail- parfaitement les ambitions
internationales du label
leurs le sien en 2015 avant de s’associer à Bofi, De Padova ou Cappellini. Il voit aujourd’hui
italien. © MICHAEL DI PASQUALE
Living Divani comme l’émanation d’un « confort discret qui évoque des moments privilégiés 3/ Kiwi, une petite table
et heureux ». Convaincue par ses dessins, Carola Bestetti lui a dit de faire « ce dont il avait basse gracile avec son
plateau en bois ou en
envie ». Elle qui travaille avec le maestro Piero Lissoni pour la direction artistique sait tout le marbre, complète, tel
parti qu’il y a à tirer de la création quand celle-ci est libre. un îlot, le daybed Clivio.

42
ID-NEWS DESIGN

Le juste retour d’Angelo Mangiarotti


Par Guy-Claude Agboton

Le label Agapecasa a réédité treize des meubles dessinés


par l’architecte et designer italien (1921-2012). Une collection née dans
les fifties, à découvrir au sein de l’exposition « Skilful Reflections »,
que le showroom parisien RBC consacre à ce maestro.

D
ès 1955, la bibliothèque en bois massif Cavalletto, réalisée avec Bruno Morassutti,
propose son système modulaire. Ses éléments verticaux sont empilables et on y in-
sère des tiroirs. À l’époque, chaque unité formée sur la base de tréteaux en V inversé
est novatrice. Ce fut un grand succès. Créé en 1957, le fauteuil Club 44, imaginé pour le
centre de conférences homonyme de La Chaux-de-Fonds, en Suisse, étonne encore par la
fausse simplicité de ses lignes, toujours actuelles. À partir de 1969, les tables de la collection
« Eros », entre autres, sont autant de propositions élevant le marbre au rang de matériau
idéal du quotidien. Ce qui n’empêche pas ces pièces de revendiquer un aspect sculptural,
comme la M, avec son pied central élargi à la base, ou l’Eccentrico dont le piètement excen-
tré fait se demander comment elle tient, tout comme le tabouret en marbre Clizia. Angelo
Mangiarotti, architecte de formation, urbaniste, est l’un des grands maîtres du design italien.
Plus éditée, l’œuvre du
Si son nom reste familier des amateurs, nombre de professionnels chevronnés ont oublié ce maître italien risquait l’oubli.
pour quoi il est connu. Et pour cause : plus personne n’éditait son mobilier ! Il n’existait plus Grâce à Agapecasa et
à l’exposition visible au
qu’à travers ses lampes, comme la fameuse Lesbo, chez Artemide. Jusqu’à ce qu’Agapecasa showroom RBC de Franck
le remette en selle. Avec la réédition de certaines pièces, son proil ressurgit dans toute son Argentin, la beauté
originalité aux côtés de maîtres comme Gio Ponti ou, un peu moins connu, Pier Luigi Nervi. très actuelle de son travail
éclate au grand jour.
Mangiarotti est un penseur engagé qui ne se repose pas sur sa culture classique. Il ne cesse
d’expérimenter. Il s’est rendu de bonne heure aux États-Unis, a enseigné à la Cranbrook « Angelo Mangiarotti,
Skilful Reflections ».
Academy of Art (Illinois), où il a croisé Frank Lloyd Wright, Ludwig Mies van der Rohe et
Au showroom RBC,
Walter Gropius. Son design s’appuie aussi bien sur un savoir-faire traditionnel que sur de 40, rue Violet,
l’ingénierie. Rares sont les architectes à s’être autant adonnés à la sculpture. Mangiarotti a 75015 Paris,
jusqu’au 23 novembre.
fait de tout, verres en cristal, étagères, sièges, sculptures sans qu’aucune de ses réalisations Tél. : 01 45 75 10 00.
ne soit enfermée dans son époque. Ne disait-il pas : « Le bonheur vient de la justesse » ? Rbcmobilier.com

44
ID-NEWS DESIGN

Humeur vagabonde
Par Serge Gleizes

1 2

Les dernières créations du fabricant de tapis cannois Édition


Bougainville confirment la direction artistique que l’enseigne suit depuis
six ans : à la française ou plus contemporains, des dessins reproduits
avec un savoir-faire unique, dans des matériaux naturels
et une totale liberté.

D
epuis 2012, date de création de la marque, quatre collections ont vu le jour :
« Renaissance », un classique phare de la maison, puis « Patrimoine », « Chroma-
tic » et « Inspiration », beaucoup plus contemporaines. Leur univers ? Des motifs
de marqueteries anciennes, de tissus d’ameublement, des dessins ornementaux ou des
archives familiales. La maison a d’ailleurs puisé son nom dans celui de Louis-Antoine de
Bougainville, explorateur du xviiie siècle qui a découvert l’océan Paciique et la Polynésie.
« C’est un clin d’œil à nos parcours respectifs, car nous sommes tous les trois de fervents
voyageurs, explique Myriam Larmet, l’une des associés passionnés de décoration, qui
ont fondé la société (avec Olivier Charles et Alain Dellanoce). Et la richesse de ces explo-
1/ Abaya Indigo, noué main
rations nous sert autant en matière de création graphique qu’à nommer nos collections en laine, ortie et soie,
telles qu’“Inspiration”. » Une vingtaine de modèles est ainsi imaginée chaque année dans s’inspire de reflets sur l’eau
aperçus sur un lac
le bureau d’études de Cannes. « Tous nos tapis sont teintés, tissés ou noués de manière éthiopien. 2/ Citylight
artisanale, poursuit Myriam Larmet. Modiier les couleurs, les matières, le design à partir Nude, en laine et soie, a été
d’un modèle ou créer un tapis de A à Z est la pierre angulaire de notre maison. » Six ans pensé à partir d’une vue
aérienne de New York
d’existence à peine et la marque travaille déjà pour les plus grands palaces : l’Hôtel de constellée de lumières.
Paris Monte-Carlo, à Monaco, avec le cabinet Afine Design, l’Hôtel Plaza Athénée et Le © CYRILLE MARTINI

Royal Monceau, à Paris, le Grand-Hôtel / A Four Seasons Hotel, à Saint-Jean-Cap-Ferrat,


Édition Bougainville.
mais également avec les architectes d’intérieur Bruno Borrione, India Mahdavi, Olivia 1390, avenue du
Putman ou Pierre-Yves Rochon notamment. Edition Bougainville est déjà présente à Campon, L’Européen,
06110 Le Cannet.
Moscou, Dubaï, Kiev, Londres et New York (dans le showroom Zimmer + Rohde). Elle Tél. : 04 93 69 51 45.
poursuit sa croissance tout autour de la planète, résultat d’une belle créativité… Editionbougainville.com

46
ID-NEWS DESIGN

Romo, jeux de textures


Par Serge Gleizes

1 2 3

Des six marques du groupe Romo, Black Edition dévoilera


ses nouveautés en janvier prochain. De quoi compléter, dans la même
veine artistique, les collections des autres labels qui ont été présentées
en septembre au dernier London Design Festival.

E
ffets de vagues, de stries ou de grands traits de peinture… Les nouvelles collections
de papiers peints et de velours Black Edition puisent leur poésie dans les textures du
bois. Baptisées « Mizumi », « Hinoki » et « Kuboa », elles sont inspirées de l’œuvre
de l’artiste japonais Katsutoshi Yuasa et de sa recherche très remarquée à partir de la pho-
tographie. Le groupe Romo, qui a lancé en janvier sa première ligne de tapis tissés jacquard
ou tuftés main, a également participé au dernier London Design Festival à travers trois
marques : Kirkby Design, Romo et Villa Nova. À l’exposition « Hyper Real », la première Trois modèles sélectionnés
parmi les nouveautés
a présenté sa collaboration avec Tom Dixon, qui s’est inspiré de photos numériques pour de la marque Black Edition,
créer six motifs. La deuxième dévoilait au showroom de Romo la collection « Gardenia ». un label qui fait partie
du groupe Romo, aux
Et la troisième révélait sa première collection pour enfants au salon Decorex International,
côtés de Kirkby Design,
mettant en avant ses collaborations avec de grands illustrateurs : Frann Preston-Gannon, Villa Nova, Zinc Textile,
Christopher Corr et Yuval Zommer. Trois opérations qui conirment la créativité de cette Mark Alexander et Romo.
1/ Velours Mizumi.
enseigne que Robert Mould créa à Nottingham en 1902 sans se douter que sa petite entre- 2/ Collection de coussins
prise de mobilier prendrait cette ampleur et deviendrait, à la in du xxe siècle, l’un des plus et, sur le pouf, velours
importants éditeurs-fabricants du secteur. Dans les années 30, le tissu d’ameublement constitue Kuboa. 3/ Rideaux
confectionnés en
la principale source d’activité de la société. Ainsi, pour revendiquer une véritable signature tissu Akemi, canapé
en matière de création et rester idèle à la philosophie initiale (des tissus et des papiers peints recouvert de Kuboa et
coussins (de gauche à
d’après des illustrations originales peintes à la main), un bureau de design est créé en 1980.
droite) Tiko, Nishi et Otaru.
Aujourd’hui, Jonathan Mould (arrière-petit-ils du fondateur), sa nièce et ses neveux dirigent
le groupe qui diffuse six marques, dont Emily Mould assure la direction artistique. Un succès Romo. 3-5, rue du Mail,
75002 Paris.
qui a dépassé les frontières de l’Angleterre ; Romo exporte 70 % de sa production dans plus Tél. : 01 42 61 63 20.
de 70 pays et compte des showrooms en Europe et aux États-Unis. Romo.com

48
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ID-NEWS DESIGN

Deirdre Dyson, beautés naturelles


Par Serge Gleizes

1 2

Anglaise d’origine, peintre de formation, Deirdre Dyson a créé sa


marque de tapis contemporains sur mesure en 2001. Sa dernière
collection, « Horizons », est un hommage à la nature.

C
haque tapis est fabriqué sur mesure, tissé dans une laine douce comme une
caresse ou dans un mélange, avec de la soie, aux relets frissonnants. Pour cette
Anglaise passionnée d’art, le tapis concentre avant tout une recherche d’émo-
tions. Et chaque création, personnalisable, est unique. « Pour cette collection, je me suis
concentrée sur la beauté du monde, la mer, le ciel et leur façon unique de se transformer
à chaque instant de la journée. » Dusk, par exemple, avec sa palette faisant valser les
tonalités rouges, roses, violettes et bleues, évoque la lamboyance du couchant. Deirdre
Dyson est une voyageuse contemplative. Ses grands formats, réalisés en une seule pièce
et sur un unique métier à tisser, expriment ce qu’elle ressent devant l’ininiment grand.
C’est ce que raconte la collection « Horizons », « histoire d’être encore plus près de la
réalité de l’immensité de la nature », dit-elle ; ainsi de Seascape (sept mètres de large),
inspiré par les tonalités abyssales, ou de Skyscape (cinq mètres), évoquant les nuances 1/ Utilisant une palette de
planantes du crépuscule. Chacun de ces « tableaux » voit le jour grâce à deux techniques vingt couleurs, le tapis Dusk
(200 x 300 cm), en laine
de tissage : un noué main réalisé au Népal avec une soie chinoise ou indienne mélangée à et soie, figure un ciel
de la laine tibétaine, et un tufté main fabriqué en Écosse avec une laine néo-zélandaise. au couchant. 2/ Le modèle
Le tout dans une palette de deux mille couleurs. Après la Byam Shaw School of Art, à Rivulets (190 x 300 cm)
évoque quant à lui une
Londres, Deirdre Dyson a complété ses études par un diplôme en trois ans, en graphisme plaine à perte de vue. Les
et illustration, au Wimbledon College of Arts. Ses dessins, publiés dans Vogue et expo- deux font partie de la
collection « Horizons ».
sés à New York et à Londres (Albemarle Gallery), ont séduit la marque de mode et de
maroquinerie Mulberry, la décoratrice Nina Campbell, l’éditeur de tissus, papiers peints Showroom Luxe
et passementerie Osborne & Little, la société inancière JP Morgan… avec qui elle a d’intérieur. 81, rue du
Rocher, 75008 Paris.
enchaîné les collaborations. Elle a même dessiné une collection pour le Victoria & Albert Tél. : 06 14 62 02 07.
Museum. Consécration méritée ! Deirdredyson.com

50
ID-NEWS BIRTHDAY 10 ANS

Fauteuils et canapés sont les pièces maîtresses du salon. Choix capital, ils donnent le ton de tout l’appartement. Focus sur
trois valeurs sûres, de styles très différents, qui ont 10 ans cette année ! Par Pierre Lesieur

© ARCHETONIC / RAFAEL GAMO


Flexible et ultrachic Patte de velours Le succès du « Cestone »
Il porte bien son nom, l’Extrasoft, Pour fêter la décennie de son fauteuil D’après Antonio Citterio lui-même,
avec ses formes déstructurées et son emblématique, BoConcept lance « le temps est un juge inflexible qui destine
rembourrage aux lignes douces et 600 exemplaires en édition limitée ce qui n’est pas authentique à tomber
accueillantes. Conçu il y a tout juste du désormais célèbre Imola. Revêtu dans l’oubli ». Et voilà que dix ans après
dix ans par Piero Lissoni, le directeur de velours noir et accompagné d’un livret son lancement au Salon de Milan 2008,
artistique de Living Divani depuis 1988, anniversaire, il conserve les formes son canapé Cestone est devenu l’un des
ce sofa modulaire s’est rapidement courbes inspirées d’une balle de tennis produits les plus iconiques du catalogue
imposé comme un standard de la marque auxquelles il doit toute sa réputation. Flexform et un vrai best-seller. Il faut dire
italienne. Composé de sièges aux formes Pourtant, selon son designer, Henrik que le designer italien a su se démarquer
et hauteurs variées pour des possibilités Pedersen, « personne n’aurait pu prédire de l’utilisation classique du sofa sagement
d’assemblage infinies, il recèle au cœur son succès. Différent d’un fauteuil de installé le long d’un mur pour en faire
de son ADN un confort véritable. Douces salon classique, il ne correspondait pas la vedette du séjour. Trônant au milieu
et malléables, les courbes irrégulières de au cahier des charges habituel. » Mais de la pièce, ses flancs et son dossier avec
ses assises ont confirmé leur intemporalité il faut croire que l’audace paie. Avec leur cadre en métal et leur cuir tressé sont
avec les années. Et si Piero Lissoni a sa silhouette unique, Imola est devenu destinés à être vus. Fabriqué avec
largement façonné le catalogue de Living une pièce incontournable de la marque du cuir de sellerie 100 % made in Italy,
Divani en trente ans de collaboration, ce danoise. Seuls quatre tapissiers en dix ans d’existence, le canapé Cestone
sofa, bien que lancé en 2008, a l’air d’avoir chevronnés sont qualifiés pour donner est entré dans nombre d’hôtels de luxe
toujours été là. Comme un archipel voué vie à ce petit bijou d’artisanat et et demeures de charme, comme
à la relaxation et à la convivialité, Extrasoft de design qui méritait bien une édition ci-dessus dans un superbe appartement
n’a pas fini de nous faire les yeux doux. spéciale pour souffler ses 10 bougies. de Mexico dont il sublime l’aménagement.
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ID-NEWS GALERIES

Ne plus penser que le design de collection soit situé à l’opposé de l’usage le plus quotidien. La plupart des collectionneurs
le savent. Mais quid du grand public ? C’est l’occasion d’aller en juger sur pièces auprès des galeries. Par Guy-Claude Agboton

Design lex, Une nouvelle adresse Les gammes hors


sed (Eske) Rex pour la Galerie Gosserez du temps de Delcourt
Maria Wettergren présente dans sa Cette saison, la galeriste parisienne Le designer et éditeur Christophe Delcourt
galerie parisienne une pièce du troisième Marie-Bérangère Gosserez, déjà sort des nouveautés qui, chaque saison, se
type, signée Eske Rex, artiste danois présente rue Debelleyme, inaugure fondent dans une collection permanente
de 41 ans, connu pour ses sculptures un second showroom, Le 16, dans la rue déjà riche de pièces fortes pas encore
et ses installations. Ce mobile (photo) se de Montmorency (IIIe). Marei Rei, artiste trop vues. Au moment où notre attention
distingue par des éléments, deux volumes berlinoise, étrenne les lieux avec se porte sur la découverte de la géométrie
en chêne fumé, qui intègrent des aimants ses « Dis/-jointures », une exposition arrondie de sa table Téo ou sur son paravent
se repoussant avec force. L’œuvre fait de tapisseries et de tapis exclusivement Eus (photo), délicatement assemblé, on les
littéralement vibrer l’air autour d’elle. créés pour la galerie. Premier pas imagine facilement cohabiter avec la
Eske Rex exerce à la lisière des disciplines, de côté, son tapis Concrete (photo) ose chaise Saint Loup, du designer Anthony
design, art et artisanat. Ses Vessels le mélange du tissage textile artisanal Guerrée, sorte d’escabeau en bois simple et
(vaisseaux), de grands réceptacles avec du béton auquel s’ajoutent sans précieux. Christophe Delcourt a également
en chêne, relèvent à ce titre du travail sourciller le lin, le feutre, le cuir ou le conçu des vases « Bos » (photo) pour
du sculpteur, ne serait-ce que dans coton. Cette collection un peu patchwork « Collection particulière », que l’on trouve
la façon dont celui-ci joue avec la matière vise plus la décoration que l’usage ; à la même adresse. Une proposition qui,
tout en la contrôlant. Un geste de cela n’empêche pas l’artiste de travailler peu importent les saisons, repose comme
charpentier également, rassemblé sur la tactilité comme n’importe quel les autres sur des matériaux aussi
dans un ouvrage monographique. designer le ferait avec un objet plus usuel. essentiels que méticuleusement choisis.
— — —
Galerie Maria Wettergren. Le 16, Galerie Gosserez. Delcourt Collection.
« Eske Rex » au 18, rue Guénégaud, « Dis/-jointures, Marei Rei » « Collection particulière » au 47, rue de
75006 Paris, jusqu’au 8 novembre. au 16, rue de Montmorency, 75003 Paris, Babylone, 75007 Paris. Tél. : 01 42 71 34 84
Tél. : 01 43 29 19 60. jusqu’au 17 novembre. Tél. : 06 12 29 90 40. et 01 42 78 44 97. Christophedelcourt.com
Mariawettergren.com Galeriegosserez.com et Collection-particuliere.fr

54
ID-NEWS GALERIE

Galerie BSL, passion rive gauche


Par Marie Godfrain

La galeriste Béatrice Saint-Laurent vient d’ouvrir une nouvelle


adresse dans le Quartier latin, à Paris. Un lieu lumineux
et spacieux où ses classiques voisinent avec bonheur.

P
arquet massif, murs gris clair, larges vitrines et espace au carré… Le classicisme de la
nouvelle galerie de Béatrice Saint-Laurent surprend au regard du design que celle-ci
défend et édite depuis ses débuts, il y a huit ans. Une longue rélexion a donc présidé
au choix de cette adresse : « Je voulais proiter de ce lieu pour expliquer aux collectionneurs « Nous préférons nous
à quel point les pièces contemporaines se marient parfaitement avec un cadre classique. » concentrer sur la rive
gauche, qui restera toujours
Une façon de convaincre les propriétaires d’appartements haussmanniens de piocher dans ce une valeur sûre. » Béatrice
répertoire irrévérencieux. Car Béatrice Saint-Laurent n’a de cesse de tracer sa voie hors des Saint-Laurent cultive
un ancrage dans le Quartier
sentiers rassurants du design minimaliste ou vintage. Une première exposition, qui représente
latin qui lui fait conserver
les habitués de la maison, le prouve avec force. Immense œil lumineux de Nacho Carbonell son autre espace de la rue
ou trône en résille d’acier laitonné et balle en mousse de Faye Toogood. « Je préfère poser Bonaparte (VIe), au contraire
de celui du Marais (IIIe).
des questions plutôt que d’apporter des réponses », explique celle qui expose ces « sculptures
Une démarche qui appuie
fonctionnelles », à la limite de l’art et du design, et qui, plus que tout, aime les objets aux la veine très artistique des
emplois incertains, les pièces intrigantes : « Je montre de l’humour, de la joie, de la poésie. » designers qu’elle représente,
comme ici Nacho Carbonell,
Chaque création est racontée avec d’autant plus de passion qu’elle est systématiquement Gildas Berthelot, Pia Maria
coproduite avec les artistes, de Charles Kalpakian à François Mascarello, le dernier à avoir Raeder, Charles Kalpakian,
rejoint l’écurie BSL avec Isabelle Stanislas, l’architecte d’intérieur, qui a également signé le Djim Berger ou le Studio
MVW, sans compter
parquet de la galerie. Cette ouverture s’inscrit aussi dans le renouveau de la rue des Beaux- d’autres stars tels Noé
Arts (VIe), en pleine évolution. « J’ai attendu un moment avant de trouver cet endroit. Il Duchaufour-Lawrance ou
Faye Toogood. © ALAIN CORNU
me convient parfaitement, il est du bon côté de la rue, celui qui prend le plus la lumière.
L’espace est généreux, les pièces peuvent respirer. » Un emplacement idéalement situé pour Galerie BSL.
les nombreux décorateurs américains, qui représentent une belle partie de sa clientèle. « Dans 14, rue des Beaux-Arts,
75006 Paris.
leur parcours, ils se contentent d’arpenter un petit périmètre du VIe, dans lequel je devais Tél. : 01 56 81 61 52.
m’intégrer pour qu’ils poussent la porte de ma galerie. » La porte est ouverte. Galeriebsl.com

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PLOUM canapés. Création Ronan & Erwan Bouroullec.
Créés et fabriqués en France. Catalogue : www.ligneroset.fr
ID-NEWS GALERIE

À Frisco, un sacré sens de l’art


Par Anne-France Berthelon

Au sein d’un incubateur artistique qui a trouvé refuge dans une ancienne
église classée, la Carpenters Workshop Gallery, menée par deux Français,
retrouve le chemin de la ruée vers l’or au pays de la Silicon Valley.

C
onstruite en 1913 dans un style néoroman, l’église St. Joseph est un bâtiment emblé-
matique de San Francisco, et tout particulièrement du quartier de SoMa (South of
Market). Partiellement détruite par un tremblement de terre en 1989, elle renaît au-
jourd’hui avec panache, en mode déconsacré et resacralisée par le triptyque art, commerce et
lifestyle, sous l’impulsion de son nouveau propriétaire, le décorateur Ken Fulk. Le bâtiment
classé accueille dorénavant l’incubateur artistique St. Joseph’s Arts Society, quelques boutiques
triées sur le volet (dont une librairie Assouline et la première oficine Buly 1803 sur le continent)
et, last but not least, la seconde adresse outre-Atlantique de la Carpenters Workshop Galle-
ry. Celle-ci occupe en effet, depuis le 1er octobre, les 800 m2 de la mezzanine ouverte avec une
exposition de groupe, qui donne notamment à voir une forêt immersive de sculptures légères
de Nacho Carbonell et des pièces des Verhoeven Twins. Julien Lombrail, cofondateur de la C’est au cœur de l’église
Carpenters Workshop Gallery avec Loïc Le Gaillard, précise les raisons enthousiastes qui ont St. Joseph, désormais
propriété du décorateur
présidé à cette nouvelle aventure : « Il s’agit d’une logique implacable, puisque 50 % de notre Ken Fulk, que la Carpenters
chiffre d’affaires est réalisé aux États-Unis. Nos clients américains sont cultivés, ont un rapport Workshop Gallery, fondée
à l’argent très différent de celui des Européens et ont également des intérieurs beaucoup plus par les Français Julien
Lombrail et Loïc Le Gaillard
vastes qui peuvent accueillir de belles pièces. Ouvrir à New York, en 2015, était une évidence. (de gauche à droite), fait
À San Francisco, on nous a offert une opportunité incroyable dans un lieu exceptionnel : une une entrée remarquée sur la
côte Ouest, aux États-Unis.
église désaffectée de 2 000 m2 avec 20 mètres de hauteur sous plafond, en plein Financial Dis-
trict. Nous avions déjà réalisé une exposition pop-up de six mois au sein d’une fondation et Carpenters Workshop
Gallery.
vendu à quelques personnes emblématiques de la Silicon Valley. L’idée de cette ouverture ca- À la St. Joseph’s Arts
lifornienne s’est donc imposée comme une évidence elle aussi, car elle va nous permettre de Society, 1401 Howard
consolider nos acquis en ciblant une clientèle à la fois très fortunée et très jeune. Une généra- Street, San Francisco.
Tél. : +1 415 626 1089.
tion qui fonctionne à l’instinct, comme Loïc et moi, qui sommes très anglo-saxons dans notre Carpenters
approche, très directs et aimons les challenges. » Un vrai parfum de success-story. workshopgallery.com

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Design to Shape Light

Celebrating 60 Years

PH Snowball
PH 5 Classic and PH 5 Copper
PH Artichoke Brass and PH Artichoke Copper
Design by Poul Henningsen

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ID-NEWS DESIGN LONDRES

Green is (urgently) chic !


Par Marie Godfrain

Impossible d’y échapper : cette année, l’écologie est la préoccupation majeure des designers présents au
London Design Festival. Cette manifestation qui infiltre tous les quartiers de la capitale anglaise prend ainsi
la mesure des défis planétaires qui nous attendent pour les décennies à venir. Et les designers n’ont pas peur
de faire face à ce paradoxe d’engager à moins acheter, eux qui vivent pourtant directement de la
consommation. Dans le même état d’esprit, de nombreux pays participant à la deuxième édition de la London
Design Biennale se sont penchés sur le bien-vivre à travers une myriade d’expériences sensorielles…

Fantastique plastique
Pochettes de CD, sacs, chutes de polystyrène ou de lacets…
Le monde croule sous les déchets en plastique. Depuis
quelques années, les designers adoptent une approche
artisanale pour recycler cette manne industrielle. Dans
les Gasholders du nord de King’s Cross, nouveau quartier
montant, à proximité de l’école de design Central Saint
2 Martins et du nouveau siège de Tom Dixon (voir IDEAT
#134), le designer James Shaw a présenté, dans une
1/ Head Above Water, exposition visionnaire, le travail de 14 de ses confrères,
sculpture interactive du
qui ont tous développé des projets autour du plastique
designer britannique Steuart
Padwick sur les bords de recyclé. L’université de technologie slovaque et Crafting
la Tamise. © DANIEL SHEARING, Plastics! Studio partageaient le même optimisme avec
COURTESY OF RAMBOLL + STORA
ENSO 2/ et 3/ Créations
leur projet Nuatan, qui, quant à lui, propose une alternative
en plastique recyclé des biodégradable au plastique : un mélange d’amidon de maïs,
designers invités par James de sucre et d’huiles de cuisson usagées qui sert à fabriquer
Shaw pour l’exposition
« PlasticScene », dans les des lunettes et autres petits objets et qui n’attend qu’une
3
Gasholders. © PETER GUENZEL certification pour être commercialisé.

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THE SPIRIT OF PROJECT
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ID-NEWS DESIGN LONDRES

Londres est une fête


Toujours prêt à servir de terrain d’expérimentation, le
Victoria and Albert Museum fut, cette année encore, un
acteur majeur du London Design Festival en accueillant
trois installations : The Onion Farm, un immense boyau
à traverser composé de brosses et de tissus, installé au
cœur de la galerie des tapisseries ; dans l’une des cours,
le prototype d’une fontaine publique dessinée par Michael
Anastassiades, qui signe ici, comme à son habitude,
une pièce discrète, élégante et efficace ; et, dans la cour
adjacente, une immense structure en bois qui invite
à grimper ses étages pour s’offrir une vue sur les toits
du V&A… Presque aussi spectaculaire que le lion rouge
1 d’Es Devlin qui est venu rejoindre les quatre félidés
emblématiques de Trafalgar Square. Plus paisible, la tête
géante construite sur une jetée au bord de la Tamise
avait pour vocation de sensibiliser au problème des
maladies mentales. Sur une jetée proche, c’est la Biennale
de Saint-Étienne qui annonçait sa prochaine édition
(du 21 mars au 22 avril 2019) à l’aide d’une structure
bariolée en acier et rubans multicolores. Dernière étape,
dans le sud de Shoreditch, où le studio Kellenberger-
White avait installé, sur une vaste place publique,
un ensemble d’assises inspirées des lettres de l’alphabet
que les visiteurs étaient encouragés à déplacer,
à retourner… Une nouvelle façon de s’approprier les
espaces publics, prenant à bras-le-corps un véritable enjeu
2
de société, loin de l’entre-soi de certaines design weeks.

High tea time


Le duo néerlandais Scholten & Baijings (voir IDEAT #117) avait déjà marqué les esprits, il y a cinq ans, avec
The Dinner Party, une installation délicate et colorée au V&A. Cette année, ils ont récidivé au premier étage
de la célèbre boutique de thé Fortnum & Mason, à Piccadilly, dont ils partagent le goût pour les teintes
pastel. Time for Tea reconstitue une scène de rituel de thé avec environ 80 objets qu’ils ont dessinés pour
des entreprises du monde entier. Pour créer une ambiance propice au high tea, les designers se sont
inspirés de la teinte iconique de Fortnum & Mason, un vert amande nommé « eau du Nil ». Sol composé de
petits jetons de marbre vert et blanc et tables en marbre dessinées pour l’occasion voisinent avec leurs
1/ Please Feed the Lions,
tables en bois de chez Karimoku et leurs installation interactive d’Es
chaises éditées par Hay ou Moroso. Devlin à Trafalgar Square.
© ED REEVE 2/ Assises
Dernière touche : les rideaux à carreaux
Alphabet à Broadgate, dans
qui viennent soutenir la mise en scène le sud de Shoreditch : une
de l’ensemble. Ils ont été dessinés pour création ludique à manipuler
à l’envi signée Kellenberger-
Maharam (dont ils sont directeurs
White. © JOHN NGUYEN / PA
artistiques) autour de reproductions WIRE 3/ Time for Tea,
en papier de gâteaux aux teintes pastel… chez Fortnum & Mason,
à Piccadilly. Ou quand
plus gourmands que nature ! Mais la cérémonie du thé est
c’est surtout la délicatesse du service magnifiée par les objets
à thé développé avec Arita que l’on et le mobilier aux couleurs
délicates dessinés par
retiendra de cette belle collaboration, les Néerlandais Scholten
3
un métissage de cultures réussi. & Baijings. © CHARLES EMERSON

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ID-NEWS DESIGN LONDRES

Une biennale écologique


Un étrange drapeau flotte sur la Somerset House, siège de
1 la 2e London Design Biennale. Ses couleurs sont censées changer
au gré du niveau de pollution de l’air. Une réponse à ce type
de préoccupation a d’ailleurs été suggérée par le pavillon suédois,
présentant une série de petit mobilier chic et futuriste en charbon,
qui emprisonne le dioxyde de carbone au lieu d’en produire.
Moins optimiste, le pavillon autrichien propose une spéculation sur
l’ère post-abondance en mettant en scène cinq moments, comme
celui où les agriculteurs provoqueront des orages en secret pour
faire tomber la pluie… Pour abandonner la fureur et la noirceur
du monde, le Liban a convoqué la designer beyrouthine Nathalie
Harb, qui a imaginé une maison en céramique bleu nuit de deux
étages dans laquelle elle convie le visiteur à venir s’isoler des
bruits de la ville. Une pause bienvenue, un moment déconnecté
1
d’introspection comme il en existe trop peu.

1/ À la Somerset House,
pour la 2e London Design
Biennale, le Liban présentait
The Silent Room, une
minitour toute bleue créée
par Nathalie Harb comme
une invitation à s’isoler de
l’agitation urbaine. © ED REEVE
2/ Pour la Suède, le designer
Jesper Eriksson proposait
3 4 Coal: Post-Fuel, une
installation utilisant le
charbon comme matière
La nature selon Fernando Laposse première. © ED REEVE 3/ Sisal
Sanctum, une création du
Impossible de le rater ! L’étrange bonhomme géant qui trônait à l’entrée de l’hôtel CitizenM de Shoreditch
Mexicain Fernando Laposse
a fait dégainer tous les smartphones du quartier… Au creux d’une paroi aux formes courbes, le designer commissionnée par l’hôtel
mexicain Fernando Laposse, basé à Londres, a composé une installation immersive reconstituant une petite CitizenM de Shoreditch.
© GUY BELL 4/ Le designer
oasis faite de tapis, de bancs et d’un gigantesque personnage chevelu. Le tout réalisé dans le même mexicain a également fait
matériau, un sisal composé de fibres d’agave du Mexique, autrefois utilisé par les Mayas. À l’autre bout de la sensation dans le Brompton
ville, c’est son incroyable marqueterie en enveloppe de maïs, ou « Totomoxtle », qui a séduit. Ce matériau Design District avec son
projet « Totomoxtle », une
délaissé et dont les teintes varient du blanc au violet profond est ici valorisé en accessoires de décoration marqueterie artisanale
après avoir été découpé dans des formes géométriques et apposé sur différents meubles. en enveloppe de maïs. © M.G.

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ID-NEWS ART

Marina Abramovic, l’art au corps


Par Sabrina Silamo

À Florence, sous les ors de la Renaissance italienne, une spectaculaire


rétrospective de l’artiste performeuse serbe crée l’événement.

P
eintre académique ! C’est ainsi que Marina Abramovic, née en 1946 à Belgrade,
papesse de la performance, débuta sa carrière. Avec ce titre obtenu en 1970 à l’issue
de ses études aux Beaux-Arts, elle gagne sa vie en bâclant des natures mortes qu’elle
signe d’un immense « Marina » en bleu. Jusqu’à Trois secrets, un petit tableau qui repré- Marina Abramovic, Artist
Portrait With a Candle,
sente trois morceaux de tissus, rouge, vert et blanc. Fini la iguration. Cette pièce phare de la série « Places of Power,
est exposée en introduction de la magniique rétrospective montée au Palazzo Strozzi, à 2013 », de Marco Anelli. Dans
Florence. Cinquante ans d’une carrière résumée en une maxime : « Le processus est plus l’exposition que lui consacre
le Palazzo Strozzi trône
important que le résultat. » Parmi ses morceaux de bravoure, cette pionnière du body art une machine à laver
s’est enfoncé un couteau entre les doigts de la main gauche, s’est allongée, jambes et bras archaïque, surmontée de
écartés à l’intérieur d’une étoile en feu ou a passé trois mois, immobile, sur une chaise à deux rouleaux dans lesquels,
enfant, elle glissa un doigt
ixer huit heures par jour les visiteurs assis face à elle. L’un d’eux, Ulay, son alter ego à la avant de se faire engloutir
vie et à la scène pendant douze ans, it pleurer la diva. Des larmes qui marquaient les re- la main puis l’avant-bras !
La première mise en danger
trouvailles du duo dont la in de l’histoire d’amour avait été scellée sur la Grande Mu-
de celle qui mêle
raille de Chine, en 1988, au bout de quatre-vingt-dix jours de marche, chacun des an- infatigablement l’art et la vie.
ciens amants, parti d’une extrémité, croisant l’autre dans la province du Shaanxi avant Et obtint un Lion d’or
à Venise en 1997 en raclant
de poursuivre son chemin. Une rupture que Marina Abramovic symbolise trente ans plus inlassablement des os
tard avec une sculpture en ibre de verre rouge composée de deux vases pointant dans une ensanglantés pour dénoncer
direction opposée mais reliés en leur centre. Quelques-unes des actions des deux amants les massacres perpétrés
pendant les guerres de
sont ici réinitialisées : ainsi, un couple nu se tient de proil dans l’encadrement d’une porte Yougoslavie, son pays natal.
que le visiteur doit emprunter, l’obligeant à efleurer l’homme ou la femme. D’autres hap- © MARCO ANELLI

penings, les plus emblématiques (courir nu à la rencontre de l’autre et s’écraser violem-


« Marina Abramovic.
ment contre lui, se précipiter contre une colonne, se giler tour à tour…) ont fait l’objet The Cleaner ».
d’installations vidéo qui fascinent autant qu’elles horriient. « La douleur est une sorte Au Palazzo Strozzi,
à Florence,
de porte sacrée donnant sur un état de conscience différent », afirme Marina Abramo- jusqu’au 20 janvier 2019.
vic. Nul doute que de là où elle parle, elle en sait quelque chose. Palazzostrozzi.org

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photo Emanuele Tortora

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L’excentricité anglaise, un art majeur


Par Sabrina Silamo

1 2

Grayson Perry a deux passions, la céramique et la tapisserie. Et une


obsession, se travestir. Inconnu en France mais superstar outre-Manche,
l’artiste façonne des pièces qui interrogent, en vrai British, l’identité,
la classe sociale, la sexualité, la religion… À découvrir à la Monnaie de Paris.

V
oilà un céramiste classé à la 32e place des 100 personnes les plus inluentes de la
culture britannique par le Daily Telegraph en 2008. Membre du très sélect ordre
de l’Empire britannique, il est aussi lauréat du prix Turner en 2003. Diplômé des
beaux-arts à l’école Portsmouth Polytechnic, Grayson Perry (né en 1960) s’inspire à la fois
des néo-expressionnistes allemands, tels que Georg Baselitz, A.R. Penck ou Markus Lüpertz,
et de l’art brut de l’Américain Henry Darger. Proche des Young British Artists, trublions qui
bousculèrent le monde de l’art au début des années 90, il prend ses distances avec eux en
découvrant la céramique. De facture classique, ses vases, rehaussés de couleurs éclatantes,
confrontent différentes techniques : l’émaillage, le glaçage, l’incision, le gaufrage, le transfert
photographique… Ils déroulent un il narratif enrichi d’éléments biographiques parmi lesquels
igurent Claire, alter ego féminin, et l’ours Alan Measles, doudou élevé au rang de héros. Une 1/ Battle of Britain (2017),
manière de réévaluer la masculinité à travers un programme baptisé « Prejudices, Fashions and le détail d’une tapisserie
de Grayson Perry.
Foibles » (préjugés, modes et faiblesses) dans lequel Grayson Perry dissèque ses obsessions. Ces © GRAYSON PERRY
pièces sont présentées à la Monnaie avec des tapisseries, comme les six œuvres monumentales 2/ Grayson Perry, 2017,
(15 x 3 mètres) de la série « The Vanity of Small Differences », qui racontent l’histoire, de la un portrait de l’artiste.
© RICHARD ANSETT
naissance à la mort, de Tim Rakewell. Ce personnage ictif marqué par le système des classes
– travailliste, Grayson Perry a vendu certaines de ses œuvres pour alimenter les caisses du « Grayson Perry
– Vanité, identité,
parti – a été inluencé par la série « A Rake’s Progress » (« La Carrière d’un libertin ») du
sexualité ».
peintre et graveur du XVIIIe William Hogarth. Adhérent de la Beaumont Society, plus ancienne À la Monnaie de Paris,
communauté transgenre d’Angleterre, professeur dans la section « fashion design » du fameux 11, quai de Conti,
75006 Paris,
Central Saint Martins College of Art and Design à Londres, Grayson Perry, alias Claire, pratique jusqu’au 3 février 2019.
aussi la gravure, le dessin, la performance. Un authentique excentrique anglais… Monnaiedeparis.fr

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A. PADERNI Ù% 9%
STUDIO MALISAN — PH
AD

ADEMAR (table) ')5,)/)!##(%44) 955-)(chair) MICHAEL SCHMIDT B R O S S – I TA LY. C O M


ID-NEWS ART

Schiele et Basquiat, la fureur de peindre


Par Sabrina Silamo

1 2

L’un est né en 1890 et mort en 1918 ; l’autre vit le jour en 1960 avant
de disparaître en 1988. Egon Schiele et Jean-Michel Basquiat ont, en un
intervalle très bref, marqué le cours de l’histoire de l’art du XXe siècle.
Portrait croisé de deux artistes virtuoses, réunis par la Fondation Louis
Vuitton, mus par une même frénésie créatrice et fauchés en plein vol.

L
’afiche, alléchante, est trompeuse : nulle confrontation entre Schiele et Basquiat ne
se déploie dans les espaces labyrinthiques de la Fondation Louis Vuitton. Suzanne
Pagé, la directrice artistique et Dieter Buchhart, le commissaire, ont organisé deux ex-
positions bien distinctes. Cependant, nombre de points communs rapprochent ces icônes,
Le centenaire de la mort de
à commencer par leur mort précoce : Schiele succombe à 28 ans de la grippe espagnole, l’Autrichien Egon Schiele est
Basquiat à une overdose à l’âge de 27 ans. Tous deux, en dépit de la brièveté de leur car- le prétexte de cette double
exposition qui convoque,
rière, laissent une production abondante. Plus d’un millier de peintures et 2 000 dessins
mais de façon distincte,
pour l’Autrichien, 300 peintures et près de 3 000 œuvres sur papier pour l’Américain. Une deux comètes de l’art du
fureur de peindre qui ne s’encombre pas d’académisme. Et qui les voit briser toutes les siècle dernier, deux figures
notablement tourmentées
conventions. Schiele choque les conservateurs de l’Empire austro-hongrois en multipliant
dont les autoportraits
les études de nus qui, au-delà de l’érotisme, conjuguent lucidité et effroi. Il sera condamné ont nourri le travail.
à une peine de prison en 1912 pour « diffusion de dessins immoraux ». Quant à Basquiat, 1/ Autoportrait, tête (1910)
d’Egon Schiele.
né de père haïtien et de mère portoricaine, il s’acharne à représenter « l’homme invisible », © HADIYE CANGÓKÇE
si bien décrit par l’écrivain Ralph Ellison dans son roman éponyme, c’est-à-dire la igure 2/ Untitled (Head) (1981)
de l’Africain-Américain dans un pays où les violences raciales sont quotidiennes. Ce fai- de Jean-Michel Basquiat.

sant, ils inventent un nouveau langage : Schiele, un trait anguleux dont l’économie s’op- « Egon Schiele /
pose à la profusion de signes et de symboles empruntés à la BD, au jazz et au hip-hop ainsi Jean-Michel Basquiat ».
À la Fondation
qu’à Léonard de Vinci, Matisse ou Picasso qui nourrissent, eux, les peintures de Basquiat.
Louis Vuitton, 8, avenue
Dans leur production tourmentée, la igure humaine – et notamment l’autoportrait – est du Mahatma-Gandhi,
centrale. En témoigne celui d’Egon Schiele aux cheveux dressés, aussi douloureusement 75016 Paris,
jusqu’au 14 janvier 2019.
expressif que les trois « Têtes », peintes par Jean-Michel Basquiat entre 1981 et 1983, et Tél. : 01 40 69 96 00.
exceptionnellement rassemblées. Attention, surcharge émotionnelle. Fondationlouisvuitton.fr

70
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Au bon chic italien


Par Marie Godfrain

La griffe transalpine Forte_Forte vient d’ouvrir sa première adresse


parisienne à Saint-Germain-des-Prés. Elle reprend dans ce nouvel écrin
les codes intello-glamour de son vestiaire…

C
omme les collections qu’elle expose, la boutique Forte_Forte peut s’aborder de
deux façons : s’abandonner à son ambiance et son élégance vaporeuse, ou laisser
chaque détail accrocher le regard et analyser le tout avec l’œil du connaisseur. En
2002, Giada et Paolo Forte lancent leur marque de vêtements, un travail de matières et de
coupes déstructurées où la frontière entre le corps, l’habit et l’extérieur est volontairement
loutée. Appuyée par des investisseurs depuis l’an dernier, la griffe a saisi l’occasion pour
développer ses propres boutiques. Après une première adresse à Milan, elle vient d’en ou-
vrir une autre à Paris, rue de Grenelle (VIIe arrondissement), à quelques mètres de Prada
et face à Céline. L’entrée offre de descendre une volée de marches en granit qui s’achève
sur un bloc d’onyx. Si l’on oblique vers la droite, un panneau en acier laitonné cannelé
comme sorti du cerveau d’un Jean Prouvé de luxe se développe du sol au plafond. Bienve-
nue dans la cabine d’essayage capitonnée de boutons dépareillés ! La suite des références
regarde plutôt vers l’Italie, notamment un rideau en velours inspiré de Gio Ponti ou les
étagères de la vitrine, qui évoquent la mythique boutique Olivetti de Carlo Scarpa, à Ve- Le paradis existe-t-il ? Chez
Forte_Forte, on s’emploie
nise, en laissant les éléments techniques visibles… « Nous avons replongé avec bonheur à le croire. Pour les clientes
dans l’histoire du design pour réaliser cet écrin », explique Paolo Forte. Celui-ci a égale- parisiennes de la marque
ment farfouillé parmi ses collections pour en exposer certaines comme les sculptures igu- de mode italienne,
la cabine d’essayage en
ratives très dépouillées du Franco-Israélien Achiam. D’autres résonances avec le vestiaire acier laitonné cannelé
de Forte_Forte se retrouvent dans le travail de texture d’un mur recouvert de feuilles d’or et doré a tout du jardin
d’Éden. © DANILO SCARPATI
derrière le comptoir ou le daybed ajouré en cuir crème… Rien n’a été laissé au hasard,
jusqu’à la bande sonore, créée sur mesure pour la boutique, très zen, comme un murmure Forte_Forte.
qui coule dans les oreilles. Le résultat, c’est Paolo qui en parle le mieux : « J’ai imaginé cette 11, rue de Grenelle,
75007 Paris.
boutique comme une petite maison. » De fait, tout incite à l’apaisement, jusqu’aux plantes Tél. : 01 43 21 68 33.
exotiques qui poussent le long des portants de robes, jupes et autres beautés en tissu… Forte-forte.com

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La Chance n’est plus un débutant


Par Marie Godfrain

Fondé il y a six ans par Louise Breguet et Jean-Baptiste Souletie,


le label vient d’emménager dans un espace multifonction.
Showroom, matériauthèque, salle de réunion pour les architectes…
le jeune éditeur prend une nouvelle envergure !

A
ussitôt qu’ils ont créé leur maison d’édition, Louise Breguet et Jean-Baptiste Sou-
letie ont su saisir leur chance et la faire fructiier. Leur petit label, qui détonnait
dans l’univers du mobilier contemporain, s’est rapidement mué en valeur sûre du
design français. Condition sine qua non pour le développer : collaborer avec des profession-
nels et des architectes reçus jusqu’alors dans un espace exigu du Marais. Voilà plusieurs
mois que le duo cherchait un nouveau local pour son studio-showroom. Comme un signe
du destin, le bonheur se trouvait dans une ancienne faïencerie – Loebnitz –, dont il ne de-
meure que la façade, remarquable, dotée de quatre panneaux en céramique (« architecture, L’éditeur qui secoue le
sculpture, peinture, céramique ») et inscrite aux monuments historiques. Au rez-de-chaus- design français depuis 2012
change de QG et installe
sée, l’équipe s’active sur ses projets dans un espace structuré par des rideaux guidés sur rails, son showroom sur les
et où l’on découvre de nouvelles tables de travail. « Les architectes viennent ici avec leurs deux étages de l’ancienne
clients pour aménager des résidences, mais aussi des bureaux, souligne Jean-Baptiste. Nous faïencerie Loebnitz, dans
le XIe arrondissement, afin
voulions leur montrer les déclinaisons “contract” de nos collections, dotées de détails pra- de donner plus de place
tiques comme un passe-câble. » La veine décorative, on la retrouve au sous-sol, dans une aux pièces de son catalogue.
L’occasion de découvrir
pièce spacieuse pourvue d’un étonnant jardin d’hiver. Outre un bel échantillon des gammes
les classiques et les
(dont le canapé Borghese, de Noé Duchaufour-Lawrance, en version XXL), le lieu est riche nouveautés de La Chance.
d’une matériauthèque géante, un ensemble de plaques de verre, d’alu anodisé et de bois, à © YOSUKE KOJIMA

agencer : « Nous customisons de plus en plus nos collections pour des clients comme les hô-
Showroom La Chance.
tels, à qui nous proposons plusieurs initions. » Pour autant, le duo n’en oublie pas sa ligne 4, rue de la Pierre-
artistique et continue d’étoffer sa gamme d’objets décoratifs comme les nouvelles patères Levée, 75011 Paris.
Sur rendez-vous.
très graphiques dessinées par le tout jeune Studio Bling. Le showroom atteste du dynamisme Tél. : 09 72 31 12 77.
de cette maison qui entend bien compter parmi les grands éditeurs. Lachance.paris

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La France a un incroyable talent


Par Marie Godfrain

Fini le mobilier jetable ! Dans tout l’Hexagone, de petits artisans


ou de microéditeurs fabriquent des meubles, des objets désirables
et utiles dans des matériaux nobles… L’Inatelier, qui vient d’ouvrir
à Nantes, propose le meilleur de ce design en circuit court.

A
lors que les initiatives en faveur de l’écologie se multiplient en France, Marie Monge
et Bruno Pillet ont décidé d’apporter leur pierre lifestyle à l’édiice en ouvrant, à
Nantes, l’Inatelier. L’idée est simple : recenser le mobilier de la région et le propo-
ser aux esthètes nantais. « Nous sommes dans une logique de circuit court, de pièces qui
ont une histoire à raconter et de matériaux naturels », détaille Marie, qui a déniché à Bor-
deaux, en Vendée, en Bretagne, dans les Pays de la Loire et parfois jusqu’à Toulouse, ses tré-
sors. Parmi eux, des classiques comme la lampe Mante religieuse, chez Rispal, ou les fau-
teuils Acapulco, de Boqa, en version lin et bois de châtaignier, mais aussi du travail de jeunes
créateurs comme les chaises en bois de Virginie Lobrot, la fondatrice toulousaine de l’édi-
teur Temps libre, ou les soufleurs de Verre & Design, installés à Saint-Gilles-Croix-de-Vie
(Vendée). L’Inatelier privilégie le cuir, le bois, le chanvre, la céramique ou le feutre, qui ap-
portent chaleur et confort dans les intérieurs. Ici, l’artisanat joue une partition contempo- Cuir, bois, chanvre,
raine, sobre, à mille lieues des « kitscheries » légitimées par l’étiquette « artisanat », que l’on céramique, feutre… les
matériaux qui apportent
n’a plus envie de voir. Loin de la fast fashion aussi, on est là dans une ambiance slow deco, chaleur et confort sont ici
avec une sélection de pièces à garder, qui se patinent avec le temps. « J’ai toujours été fasciné à l’honneur. Une partition
par le travail du bois et par l’ininité des possibilités qui en découle. Nous avons à cœur de contemporaine et sobre,
très éloignée des
proposer des produits qui ont cette force d’attraction et qui apportent une dose d’inattendu, « kitscheries » légitimées par
rappelle Bruno Pillet. Le client doit venir chez nous comme il irait chez un caviste capable de l’étiquette « artisanat », que
l’on voudrait ne plus voir.
lui raconter l’histoire de chaque cuvée et de chaque domaine. » L’écrin convivial déniché sur
© D3 STUDIO
la place qui accueille le muséum d’Histoire naturelle de Nantes fait écho à ces pièces. Une
boutique habillée de deux vitrines spacieuses, de vieux parquets et de murs en pierres appa- L’Inatelier.
1, place de la Monnaie,
rentes… On se croirait presque dans une maison new-yorkaise. Un lieu à la démarche inspi- 44000 Nantes.
rante dont on aimerait qu’il fasse de nombreux petits dans les années à venir. Tél. : 02 40 47 35 66.

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Le regard pointu de Bel Œil à Nice


Par Ellia Ascheri

Une nouvelle adresse vient habiller le quartier du port Lympia, dans la cité
des Anges. Elle est l’œuvre du directeur des showrooms d’ameublement
et de décoration Bel Œil, anciennement Loft. Un lieu qu’Alexandre Curtet
n’a pas choisi au hasard dans ce quartier toujours en mouvement.

L
oft déménage et devient Bel Œil. « Situés auparavant dans le quartier des Musiciens,
nous avions besoin d’un espace plus grand. Un couple d’amis a alors décidé de se sé-
parer de ce lieu exceptionnel qui abritait restaurant et habitation. Belle coïncidence,
car à côté venait d’ouvrir le concept-store Joya Lifestore, avec qui nous collaborons étroite-
Avec son bureau d’études
ment », raconte Alexandre Curtet, le propriétaire. Installé dans une ancienne bâtisse niçoise situé sur place, l’espace
aux persiennes turquoise, le showroom afiche une imposante façade neutre aux tons gris. À s’adresse aux architectes,
aux particuliers, aux
peine entré, on est surpris par la succession de grands volumes avant de découvrir une su-
professionnels du bâtiment
perbe pièce inondée de lumière venue du toit. « Comme c’était le cas chez Loft, nous déve- et, depuis récemment,
loppons ici un concept global de décoration ain de créer des ambiances dans un esprit d’en- au secteur hôtelier. Ici,
le regard court à travers
semblier décorateur. Cela veut dire : mettre en scène du mobilier, travailler des matériaux,
les pièces : canapés B&B
donner l’image d’un lieu à vivre à travers objets, livres, tissus, œuvres d’art contemporain, Italia, chaises d’origine
pièces ethniques et pièces vintage originales… » Bel Œil développe une collaboration étroite des Eames (Herman Miller),
fauteuils de Gerrit Thomas
avec plusieurs marques emblématiques, un éventail d’enseignes qui regardent principalement Rietveld (Cassina) ou Marco
vers l’Italie et les pays scandinaves. Le mobilier Cassina, B&B Italia et Gervasoni y côtoie les Zanuso (Cassina), table
créations intemporelles de Republic of Fritz Hansen, les éclairages personnalisés de Davide d’Eero Saarinen (Knoll),
lampe des Castiglioni (Flos)
Groppi en harmonie avec les cuisines haut de gamme Bulthaup… Tout récemment, Kerakoll ou Anastassiades (Flos)…
Design House, de Gian Luca Sghedoni, a rejoint l’écurie. Celui-ci a imaginé un projet impor- © EDITH ANDREOTTA

tant réunissant des matières innovantes, comme les résines, le ciment, le bois, les peintures,
Bel Œil.
les vernis, le tout coordonné dans une palette unique. Un projet très vite adopté par Bel Œil, 12, rue
qui a choisi la collection développée par Piero Lissoni. Passionné d’art contemporain, Emmanuel-Philibert,
06300 Nice.
Alexandre Curtet a su tisser en parallèle une étroite coopération avec artistes et galeries. Belles Tél. : 04 93 16 09 09.
rencontres, belles idées, beaux objets… Une adresse au regard aiguisé. Bel-oeil.com

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Robert, la belle affaire !


Par Nathalie Nort

Une équipe composite et hypercapée, une salle au goût du jour


et une carte qui trace sa route entre terroirs et saisons, Robert,
c’est le restaurant parisien du XIe aux belles manières.

I
l y a des adresses que l’on aimerait jalousement garder pour soi tant on les trouve Dans le XIe, deux compères
parfaitement justes. Aucune chance avec Robert, qui enchante depuis le printemps de Martin sont allés se
servir Au Passage pour
tant de Parisiens avisés, que ceux-ci s’y pressent dans leur soif de couverts bien mis, vous servir Robert. Les
d’assiettes virevoltantes et de quilles remarquables. Sous son air de néobistrot sans es- gastronomes applaudissent
et en redemandent.
broufe (quartier cosmopolite, meubles vintage ou chêne naturel, couteaux griffés, grandes
© CASPAR MISKIN
baies vitrées et cuisine ouverte), Robert en a sous le capot. D’abord, l’équipe fait les
choses mieux que bien : Édouard Bergeon et Loïc Martin – les compères du fameux Robert.
32, rue de la Fontaine-
Martin Bar, boulevard du Temple (XIe) – sont allés chercher Au Passage (XIe) un cuisi- au-Roi, 75011 Paris.
nier, un vrai ! Robert se devait d’avoir un chef à son bo(a)rd et c’est l’Australien Peter Tél. : 01 43 57 20 29.
Orr qui décroche la timbale, lui qui fait la pasta maison comme un Italien (étonnam- Robert-restaurant.fr
ment, il a appris chez des étoilés londoniens) et met du sentiment dans le plus modeste
de ses plats. Les volailles sourcées en circuit court, les poissons issus de pêche respon-
sable, les légumes souvent bio ou tout droit cueillis d’un maraîchage sancerrois y sont
pour beaucoup, mais sans doute faut-il l’audace d’un Aussie de Goncourt pour en tirer
le nec plus ultra : sauce à la pomme sur kale violet et porc rôti, ou bien courge butter-
nut et noisettes torréiées sur des tortellinis de ricotta fumée, on est vite conquis par
l’évidente simplicité (« cette sophistication suprême », dixit Léonard de Vinci) qui fait
mouche à chaque bouchée. « Comme on veille en cuisine à la qualité extrême des pro-
duits, on essaie bien sûr d’être à la hauteur dans les verres », précise Elise Doàn, som-
melière elle aussi rencontrée Au Passage, qui en appelle aux meilleurs caveaux de vins
naturels pour enrober la carte. Et, last but not least : à 21 ou 25 euros, c’est carrément
cadeau ! Cela dit, en deux ou trois plats, on ne saura même pas tout sur Robert… C’est
bien le sel des belles adresses : être obligé d’y retourner.

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9-19 novembre 2018

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12000 RODEZ MB CONCEPT - 13300 SALON DE PROVENCE MEUBLES ESPI - 13821 MARSEILLE EST MEUBLES LACAUX - 14000 CAEN ESPACE STEINER - 16430 ANGOULEMES-CHAMPNIERS HD HOME DESIGN
17000 LA ROCHELLE CYRIL DUPREZ - 18000 BOURGES MEUBLES GORDET - 19360 MALEMORT - BRIVE FLAMARY - 21000 DIJON CEDRIN DECO - 22000 SAINT BRIEUC AUDRAIN
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Des Ternes au Trocadéro, voici trois brasseries qui ne manquent pas de flair : elles misent sur le décor en confiant leurs
murs et leurs terrasses à des architectes forts en thèmes. L’art et la manière de matcher avec l’époque. Par Nathalie Nort

© ALEXANDRE TABASTE

© JÉRÔME GALLAND
© AGRIEN DRIAND

Chicissime Art déco Brasserie parisiennne Grand magasin


Aux pieds d’Apollon, le safari urbain Centenaire l’an prochain, la légendaire Maintenant que la bise est venue, la
commence autour d’un bar-bijou, vaste brasserie des Ternes avait besoin Perruche ne semble pas pour autant
lame de marbre aux courbes organiques d’un lifting. C’est Laura Gonzalez prise au dépourvu : à son « jardin
sertie de fauteuils haut perchés, que l’on retrouve au scalpel. L’architecte d’altitude » à 360° – qui a aimanté le
où draguer coquillages et ceviches. d’intérieur a ouvert en grand les espaces, Tout-Paris cet été – correspondent
Contrepoint d’une terrasse XXL où la tour élargi les terrasses (une carte « en 70 couverts intérieurs presque aussi
Eiffel s’invite à chaque table, la salle a le légèreté » débutait cet été) et offert buissonniers. Le binôme d’architectes
panache diablement chic de la brasserie au bar une place stratégique Toro & Liautard a puisé dans le style
contemporaine. À l’instar du Monsieur (et confortable !) non loin du formidable Primavera du grand magasin éponyme
Bleu et du Loulou, autres incursions en banc d’écailler. Car ici, l’océan se jauge cette allure luxuriante années 30, qui
fief historique, l’architecte Joseph Dirand sans impatience avant de passer à table. évoque autant la Riviera ou le Brésil
en a soigné le tempo intramuros : hauteur Fresque allégorique, panneautages que la Californie. Tout en redessinant
du volume, pilastres et boiseries Art déco, d’acajou, dallage concassé, mosaïques les perspectives du rooftop, des piliers
petite jungle, éclairage diffus, dallage en marines : le rétroviseur sur les 50’s prête ajoutent de la verticalité à l’espace
opus incertum. Une vague iodée emporte allégeance aux nouvelles générations. qui hésite ainsi entre le club-house
la carte tout entière. Le service sur le pont Les banquettes ondulent autour des et le cloître. Pendant que la cuisine
est à son affaire et navigue entre les sièges stations de découpe où œuvre l’armada ouverte sur la salle profite de la coupole
de Warren Platner. Il y a du Gatsby des maîtres d’hôtel : le bar en croûte de historique, le lieu vit du petit déjeuner
dans l’air, ce je-ne-sais-quoi de théâtral sel, best-seller souverain, cultive encore jusqu’au soir en piochant dans une carte
qui électrise les Parisiens d’un jour, l’art du spectacle ; et les fruits de mer fraîche comme un matin de printemps.
comme ceux de toujours. trouvent ici leur plus beau plateau. Tout en en prenant plein la vue.
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Girafe. Au Palais de Chaillot. 1, place La Lorraine. 2, place des Ternes, Perruche. Au Printemps de l’Homme,
du Trocadéro, 75016 Paris, du lundi 75008 Paris, du lundi au dimanche. 9e étage. 2, rue du Havre, 75009 Paris, du
au dimanche. Tél. : 01 40 62 70 61. Tél. : 01 56 21 22 00. lundi au dimanche. Tél. : 01 42 82 60 00.
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Les artistes d’abord


Par Nathalie Nort

1 2

Une adresse sétoise bien connue renaît en restaurant à double fond,


moitié table gastronomique sous le soleil du Midi, moitié comptoir avec
des vins du pays dûment choisis. Et le meilleur de l’art sur les murs…

O
n était anxieux de perdre une tranche de notre patrimoine ! Oui, c’est ça, 1/ Le chef Fabien Fage,

« The Marcel : le rendez-vous des artistes, la maison des copains d’abord, un nouvelle impulsion
gastronomique de The
endroit où on se sent d’ici », roucoule un aimable quidam installé dehors, Marcel. © LOÏC BONNAURE
sur la banquette du « comptoir ». Trente mètres plus loin, sur le quai, la Saint-Louis, grande 2/ et 3/ Un rôle qu’il
assume côté « restaurant »,
fête patronale annuelle proposant ses joutes nautiques et autres joyeusetés, se met en place.
mais aussi côté
En quelques mois de travaux, The Marcel s’est créé une double identité pour mieux renaître : « comptoir », où, sous les
d’un côté, le « comptoir », un bar à vins d’auteurs avec ses cimaises grand format et pensé photos de Stéphane
Couturier actuellement
en galerie d’art ; de l’autre, la pierre apparente et le mobilier Art déco indémodable du exposées, il propose
« restaurant » comme terrain de jeu d’un nouveau venu qui assume pleinement sa mission d’impeccables assiettes
gastronomique. Fabien Fage, élevé à Arles et dans les cuisines des grands, arrive du Prieuré, pour accompagner les vins
choisis par Antoine, le fils
à Villeneuve-lès-Avignon, une maison Baumanière qu’il a étoilée en 2010. Ici, il parle de la des anciens propriétaires.
pêche des petits bateaux qui transcende sa carte, de la très sétoise bourride de lotte et du © THÉO COMBES

lièvre qu’il préparera peut-être cet automne. « Cuisiner, c’est bien nourrir. C’est aussi un enjeu
The Marcel.
de reprendre une institution », nuance le chef avec respect. Trente ans durant, Yves Faurie 5, rue Lazare-Carnot,
et Betty Rouzaud ont accueilli là tout ce que Sète compte de personnalités et de gourmets. 34200 Sète.
Tél. : 04 67 74 20 89.
Pas une igure des arts et de la culture d’ici ou d’ailleurs qui n’ait son rond de serviette dans The-marcel.fr
cet ancien atelier de ferronnerie aux murs bruts et à l’âme festive. Pendant dix ans, Garance
Schelcher et son mari, Julien Bernard, en ont poussé la porte au gré de séjours répétés, lesquels
s’additionnaient à une passion grandissante pour la ville. Jusqu’au jour où les deux Parisiens
à la tête d’une agence de conseil ont sauté le pas et racheté cet authentique morceau d’an-
thologie locale. « Nous voulions éviter de faire table rase d’un tel héritage, de cette vibration
chaleureuse. Il fallait donner un nouvel élan au lieu, mais qu’il reste le rendez-vous des artistes
3
et des Sétois », explique Garance, pour qui « tout bouge mais rien ne change » !

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D’un naturel très ouvert


Par Nathalie Nort

Une envie de campagne à Paris ? Pour Le Belleval, l’architecte


Jean-Philippe Nuel a joué la carte du jardin d’hiver
nouvelle manière et créé un écosystème chaleureux et accueillant,
notamment pour les citadins adeptes de pauses calmes et vertes.

D
ans la rue de la Pépinière, qui fait le trait d’union entre deux saints – Lazare et Au-
gustin –, Le Belleval emprunte au botaniste du même nom son univers bucolique en
le replantant dans la modernité. Longtemps en friche derrière sa façade haussman-
nienne, l’immeuble nécessitait un sérieux rempotage avant d’accueillir 52 nouvelles clés. Les
murs de l’ancien passage cocher que Jean-Philippe Nuel qualiie de « porteurs d’une véri-
table énergie » sont le nœud d’échanges et de rencontres de l’hôtel. « L’idée était d’avoir un
hall tout de suite animé, en prise directe avec la rue, capable d’inviter sans ambages le pro-
meneur à entrer et de redistribuer les différents usages hôteliers vers le fond du bâtiment »,
souligne l’architecte pour lequel la requaliication d’édiices historiques est devenue une spé- Aux côtés du voyageur
de passage, les Parisiens
cialité (l’Hôtel-Dieu à Marseille et bientôt celui de Lyon). De part et d’autre des deux oculus
trouveront au Belleval
en pierre, les Millenials de ce quartier bleisure (business et leisure) trouveront un restaurant un cadre parfait pour un
– couru au déjeuner –, un bar impeccable pour l’after work ainsi qu’une réception sur fond moment de suspension.
La thématique végétale y
de cour intérieure où une monumentale fresque du street-artiste Gola Hundun leur offrira est partout cultivée, depuis
une aimable pause végétale à ciel ouvert. Planches botaniques stylisées ou grands aplats leu- la convivialité des espaces
ris… la nature prend le dessus jusque dans les étages. Les chambres, spacieuses dès la pre- jusqu’aux produits pour
locavores. De gauche
mière catégorie, se vivent en pied-à-terre parisiens (des balançoires en guise de chevet ? une à droite, le bar, le lobby
jolie idée !), parfaitement connectés et dotés de balcons aux 2e et 5e niveaux, haussmannien et une chambre.
© STUDIOCHEVOJON
oblige. Les quatre suites de l’hôtel monopolisent le 7e étage ; deux d’entre elles déploient des
terrasses, points de vue privilégiés sur la capitale, les deux autres balançant entre charme Le Belleval.
mansardé et vues sur la coupole de l’église Saint-Augustin. La cerise sur le gâteau se situe au 16, rue de la Pépinière,
75008 Paris.
sous-sol, joliment coaché par CYD (ConquerYourDay), des pros du itness sur mesure (on Tél. : 01 85 73 36 45.
s’inscrit en ligne). Bootcamp (camp d’entraînement), stretching ou yoga, y’a plus qu’à ! Belleval-hotel-paris.com

86
ID-NEWS HÔTELS PARIS

Rive droite ou rive gauche, les hôtels parisiens se réinventent dans un présent contemporain. Leurs décorateurs, rompus
à l’exercice, savent insuffler audace et confort à ces espaces que l’on s’approprie le temps d’une nuit. Par Nathalie Nort

© FRANCIS AMIAND
© GILLES TRILLARD

© FILIPE WIENS
Luxe romanesque Maison inspirée Précieuse poésie
À la fois théâtrales et intimistes, les Fin connaisseur des tendances À l’angle du boulevard Saint-Michel,
36 chambres adoptent une palette hôtelières, Didier Gomez cultive l’art vortex touristique du Quartier latin,
hypnotique, mariant ici le rose poudré, du grand écart pour mieux créer l’ancien Hôtel des Étrangers abrita
là le vert émeraude, sur fond de bois la surprise. Il revisite ici une partition en son temps Rimbaud et son Cercle
d’acajou, de rayures verticales et de sols de 97 chambres dans un esprit de grande des poètes zutiques. Sandra Benhamou
aux tracés sophistiqués. Le tissu d’un maison particulière. Exit le classique en revoit aujourd’hui le vocabulaire
pouf, l’imprimé d’un sommier ou le dessin lobby, place à un salon baigné de lumière décoratif, semant dans une mosaïque
d’un chevet poétisent un luxe inspiré des du jour où se télescopent usages et de marbres l’étoile-signature de Cocteau
transatlantiques et multiplient les clins inspirations ! Lustre à pampilles versus comme autant de rimes riches. Les
d’œil au Bauhaus. Dans les deux salons béton brut, canapés et longue table en assises en velours (Dedar) et le bar-
dominés de verrières, de part et d’autre chêne massif : tout est bon pour bibliothèque (en verre églomisé) affirment
d’un patio central, comme au bar Daphné un check-in en règle, travailler, lire, buller cette envie nouvelle de textures
confondu dans un jeu de miroirs ou préparer sa journée. Une suite d’angle précieuses et de courbes sensuelles.
(hommage à la romancière Daphné du « Parisian » lumineuse ou une chambre Quelques lithographies et appliques,
Maurier qui séjourna ici), l’architecte « Urban patio » avec terrasse privée ? de la loupe de noyer, un mur bijou
Vincent Bastie a décliné une atmosphère Les six étages s’habillent de chêne clair incrusté de feuilles d’or (par L’Atelier
Art déco alla milanese. Une autre bulle et cumulent les références au savoir-faire du mur) et voilà une strophe ouverte
« thermo-ludique » se joue en sous-sol au artisanal : têtes de lit en cuir piqué sur les années 30. Même souci du dessin
bord d’une confortable piscine et de son sellier, suspensions en verre soufflé qui pour le mobilier en chambres : armoire
hammam… Un voyage estampillé « Esprit libèrent les chevets, entre autres. et bureau traités dans un placage de
de France », si près, si loin du tumulte « L’atelier » (de 33 m2) est la nouvelle tineo (un bois sud-américain) et tête
des Champs-Élysées. pièce maîtresse dévolue à l’événementiel de lit qui ondule comme une vague sous
— ou au coworking. les feux de liseuses Marset.
Hôtel du Rond-point des Champs-Élysées. — —
10, rue de Ponthieu, 75008 Paris. Renaissance Paris-Vendôme Hotel. Hôtel Belloy Saint-Germain.
Tél. : 01 53 89 14 14. 4, rue du Mont-Thabor, 75001 Paris. 2, rue Racine, 75006 Paris.
Paris-hotel-rondpoint-champselysees.com Tél. : 01 40 20 20 00. Marriott.fr Tél. : 01 46 34 26 50. Hotel-paris-belloy.com

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L’ESSENCE DE VIVRE.
Walter Knoll, créateur d’intérieurs intemporels. Un savoir-faire artisanal qui conjugue depuis
150 ans noblesse des matériaux et mobilier d’exception. Une expertise faisant de chaque pièce
une œuvre unique. L’excellence au cœur d’un nouvel art de vivre. www.walterknoll.de

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ID-NEWS HÔTEL RÉGION

Le pied à l’étrier
Par Nathalie Nort

Au milieu d’une forêt proche de Paris, le dépaysement


qu’offre Le Barn se mesure moins au nombre de kilomètres
parcourus qu’au goût pour des valeurs simples et universelles.
Un hôtel au grand air où prendre le temps de vivre.

D
’un projet né de contraintes fortes, deux hommes ont ouvert le champ des possibles.
« Bâtir un hôtel sur un terrain agricole n’a rien d’évident. Dès le départ, en 2014, le
parc de la vallée de Chevreuse nous a imposé une implantation déterminée par les an-
ciennes granges (barn en anglais, NDLR) », explique Édouard Daehn. Associé dans Marugal,
une structure de management hôtelier, le jeune entrepreneur vient alors de croiser la route de
William Kriegel, propriétaire du Haras de la Cense, un ancien moulin et 200 hectares dans
le bois de Rochefort (Yvelines), que ce dernier a rachetés au designer Raymond Loewy dans
les années 80 avant de partir faire fortune aux États-Unis dans les énergies électriques et re-
nouvelables. En scellant leur union, ces deux passionnés voient l’opportunité de développer
un projet plus personnel. Daehn est un père de famille hyperoccupé, chasseur de bécasse et
pêcheur à ses heures, qui aime vivre au plus près de la nature, entouré de copains partageant
les mêmes préoccupations ; Kriegel est « un homme de chevaux » toqué d’éthologie, qui pos-
sède un ranch dans le Montana et souhaite remettre en selle son haras des Yvelines sous un
jour plus lifestyle. « Dans Le Barn, nous avons mis la somme de nos envies, qui sont les en- Trois granges pour
70 chambres, des prés
vies de plein de gens », abonde Édouard, qui invite alors l’architecte Christophe Vergnaud et et des bois tout autour,
le studio Be-poles à participer à l’élan créatif du lieu. On y trouve des poêles en faïence qui un étang, un haras,
rassemblent, des chambres ainsi que des dortoirs pour enfants ou cavaliers au budget limité, un moulin et une bergerie :
un immense terrain de jeux
des murs en liège porteurs de messages, des rideaux en épaisse toile Barbour, pas de piscine pensé pour les tribus le
mais deux bains nordiques en plein air, l’ancien moulin où oficient un masseur ayurvédique week-end ou les entreprises
durant la semaine.
et un ostéopathe agréé, un potager bio pour le restaurant, des poissons dans l’étang, des bou-
quets champêtres cueillis chaque matin, des vélos en libre-service, des cours de cuisine et de Le Barn.
yoga, des jeux de société, le tout emmené par une équipe atypique et supermotivée. Sans ou- Moulin de Brétigny,
78830 Bonnelles.
blier Clark, un basset fauve de Bretagne, indétrônable égérie. « Cet endroit nous ressemble mais Tél. : 01 86 38 00 00.
plus encore ressemble à ses clients. La preuve : ils reviennent chaque week-end ! » Lebarnhotel.com

90
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Depuis 100 ans, nous vous accompagnons dans chaque étape de votre
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d’aller toujours plus loin dans la créativité et l’excellence.

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04
Grand Palais 07 Avril
www.artparis.com 2019
Une scène française d’un autre genre
Étoiles du Sud :
une exploration de l’art de l’Amérique latine
LA TRAMA © SOPHIE ZÉNON

SPÉCIAL PHOTO
C’est entériné, la photographie a bel et bien gagné ses éperons d’art contemporain à part entière ! Au-delà
de l’essor des galeries, les institutions qui se consacrent entièrement à la photo (comme le Jeu de paume ou la MEP)
ne désemplissent pas. Les Rencontres d’Arles ont, cette année encore, battu un record de fréquentation
(140 000 visiteurs) et célèbrent l’exportation du festival en Chine. Quant à Paris Photo, LA foire de référence qui
se tiendra du 8 au 11 novembre, son succès ne se dément pas. Plus que jamais, le médium le plus accessible pour le grand
public témoigne du monde qui nous entoure, à travers le regard non plus seulement de reporters mais d’artistes
photographes. Voici donc notre sélection des expositions à ne surtout pas rater cet automne.
Dossier réalisé par Béatrice Andrieux

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ID-PHOTO NEWS FOIRE

Corps à corps à Paris Photo


Sur les 29 solo shows présentés cette année au Grand Palais pour la 22e édition de la foire parisienne, IDEAT en a
choisi six avec, parmi eux, trois redécouvertes. Ces minirétrospectives autour d’un artiste marquent l’aboutissement
d’un travail, consacrent une période ou une série et sont l’occasion de (re)voir des ensembles conséquents.
Par Béatrice Andrieux

LES REGARDS DE BARBARA PROBST


Née en 1964, Barbara Probst s’intéresse au moment photographique : en quoi est-il
constitutif d’une histoire présente et de situations passées ? À l’aide d’appareils posés
en divers endroits et d’un dispositif radio déclenchant les prises, elle reconstituait
déjà différents points de vue de scènes banales dans la série « Exposure #55 : Munich »,
entre autres. Avec « Exposure #123 », sa nouvelle série réalisée au Silver Sands Motel
(État de New York), elle reprend ce dispositif en utilisant cette fois un mélange d’images
en couleurs et en noir et blanc, d’intérieurs et d’extérieurs. Sous forme de diptyques ou
de triptyques, les clichés de Barbara Probst jouent de cette multiplicité, offrant ses sujets
sous des angles variés. Le jeu des regards amuse beaucoup la créatrice… et nous avec.
Galerie Kuckei + Kuckei, Linienstrasse 158, 10115 Berlin, Allemagne.
EXPOSURE #123.4, GREENPORT, N.Y., SILVERSANDS MOTEL, 1400 SILVERMERE ROAD, 04.03.17, 3:32 PM (2017) © BARBARA PROBST / VG BILD-KUNST

SHANGHAI BY ERWIN OLAF


À la faveur d’une invitation lancée par la Galerie
Magda Danysz en Chine, Erwin Olaf a
réalisé un ensemble inspiré du Shanghai des
années 20. La quinzaine de tirages de cette
série, son deuxième opus sur les grandes LE DIABOLIQUE GUY BOURDIN
capitales après Berlin, évoque l’univers Il a véritablement révolutionné la photographie de mode, par ses cadrages, ses sujets
de jeunes adultes dans une mégalopole en sulfureux et ses couleurs saturées. Homme discret, Guy Bourdin (1928-1991) n’hésita pas à
pleine mutation. Avec un style immédiatement solliciter Man Ray, qu’il admirait, pour rencontrer
reconnaissable où des femmes ultrachics et Edmonde Charles-Roux, alors rédactrice en chef de
des hommes au corps tatoué semblent plongés Vogue, avec qui il a collaboré pendant trente ans. Il
dans de sombres pensées, le photographe fut plus provocateur que Helmut Newton dans la
néerlandais continue d’alterner commandes et manière qu’il avait de jeter le trouble dans chacune
travaux personnels avec brio. Particulièrement de ses images. Pour lui, le nu n’était pas une fin en soi.
soucieux de la qualité de ses mises en scène, La notion de double jeu, l’ajout de photographies
Erwin Olaf l’est tout autant dans la production dans la photographie, de corps « coupés » furent très
de ses tirages. Par les lumières utilisées dans souvent objets de recherche et de désir. La sélection
des variations de teintes chaudes, l’ensemble de tirages en noir et blanc exposés sur le stand
illustre avec une distance de surface renvoie à cette histoire du médium dans les années 70
l’anonymat qui règne dans les cités modernes. et 80 avec ses excès, son côté chic et subversif. On
Galerie Magda Danysz, s’y replonge avec délice.
78, rue Amelot, 75011 Paris. Louise Alexander Gallery, Via Aga Khan 1,
SHANGHAI HUAI HAI 116 PORTRAIT 02, SÉRIE « SHANGHAI » (2017-2018) 07021 Porto Cervo (Sardaigne), Italie.
@ ERWIN OLAF CHANEL PREMIERE (1987) © THE GUY BOURDIN ESTATE

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LE MAÎTRE RALPH GIBSON
Parmi les figures de la photographie américaine
contemporaine, Ralph Gibson reste celui qui a
marqué l’histoire du noir et blanc par son
approche minimaliste. Assistant de Robert
Frank à ses débuts, il a vécu la bohème à New
York dans sa chambre du Chelsea Hotel. En
1967, il réalise un magnifique portrait de sa
fiancée de l’époque, son talentueux alter ego
Mary Ellen Mark avec, au premier plan, leurs
mains enlacées. Ralph Gibson, né en 1939 à Los
Angeles, sait très tôt qu’il ne veut pas faire de
photographie commerciale. Il tient sa ligne et
publie un livre en 1970, The Somnambulist. Grand maître du nu, il va diriger de
nombreux stages dans les festivals à travers le monde. Aux côtés des nus
LES COMPOSITIONS iconiques, des images plus abstraites composent une belle présentation.
DE JAN GROOVER Paci Contemporary, Via Trieste 48, 25121 Brescia, Italie.
C’était une photographe passionnée par l’analyse UNTITLED (LEDA), SÉRIE « DAYS AT SEA » (1974) © RALPH GIBSON

du mouvement de Muybridge (1830-1904), qu’elle


collectionnait et dont elle adoptait l’aspect séquentiel
dans son travail. Née dans le New Jersey, Jan Groover
(1943-2012) s’est d’abord formée à la peinture avant
d’acheter son premier appareil en 1967. Celle qui a
appliqué à la photographie des idées conceptuelles
avec ses clichés de voitures et de camions a inauguré
ses célèbres natures mortes en 1978. On se réjouit
de revoir ses tirages d’époque en noir et blanc sur le
stand de la galerie berlinoise, avec leurs cadrages
serrés où bras et jambes créent des mises en scène
baroques. Ou encore cette superbe nature morte
où chaque objet trouve une place bien définie.
Tout est contrôlé chez Jan Groover, sa photographie
étant un art de la composition.
Klemm’s, Prinzessinnenstrasse 29,
10969 Berlin, Allemagne. MICHEL JOURNIAC ET L’ACTION
UNTITLED (0647) (1980) © JAN GROOVER PHOTOGRAPHIQUE
Père de l’art corporel en France, Michel Journiac (1935-1995) est une figure majeure
de la scène artistique des années 70 et 80. C’est par la photographie qu’il a
conservé les traces de ses performances faisant revivre le corps. Parcours
atypique pour cet ancien séminariste qui fut d’abord poète, peintre, artiste
puis enseignant au centre Saint-Charles, à Paris. Il s’interrogea très tôt sur les jeux
d’identité et remit en question la morale, la sexualité et le sacré. Dans sa série
iconique, « 24 Heures de la vie d’une femme ordinaire… » (1974), exposée sur le stand
de la galerie, Michel Journiac se travestit en femme. Décomposée en trois parties :
le quotidien, le rêve et les fantasmes, la série renvoie aux débats sur
la question du genre et ses représentations. Dans la continuité de ce solo show,
une exposition personnelle de Journiac sera organisée à la galerie.
Galerie Christophe Gaillard, 5, rue Chapon, 75003 Paris.
LE MÉNAGE ET LE RÉVEIL, SÉRIE « 24 HEURES DE LA VIE D’UNE FEMME ORDINAIRE… » (1974) © MICHEL JOURNIAC

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ID-PHOTO NEWS FOIRE

Le Japon sous le prisme de Fotofever


Par Béatrice Andrieux

1 2

Pour sa 7e édition, la foire parisienne met à l’honneur la photographie


nippone. Quatre jours pour découvrir la centaine de galeries
du secteur général et dix galeries japonaises où prime l’éclectisme.

D
epuis 2011, Fotofever propose un programme toujours plus étoffé. Cette année,
les collectionneurs et amateurs de photographie contemporaine le trouveront aussi Le 160e anniversaire de
l’établissement des relations
densiié que varié. Si la ligne éditoriale de la foire, ixée par sa fondatrice, Cécile Schall, diplomatiques France-Japon
reste identique depuis les débuts – rendre cette diversité accessible –, elle évolue dans ses axes. est l’occasion d’un nouveau
Parallèlement à « Start to Collect », le programme d’initiation à la découverte et à la collection coup d’œil sur la photo
nippone par Fotofever.
photographique, Fotofever a développé depuis l’an passé « l’Appartement du collectionneur », 1/ Dans « l’Appartement du
qui permet à de jeunes passionnés de se projeter dans des univers domestiques où la photo et collectionneur », des œuvres
le design sont mis en valeur. Pour une petite partie du public, collectionner est déjà une habi- d’Angelo Cricchi (Lost and
Found Studio), César
tude, pour les autres, le prix reste un obstacle. Avec des œuvres à moins de 5 000 €, beaucoup Ordóñez (Fifty Dots Gallery)
d’acheteurs ont pu dans ce contexte acquérir leurs premiers tirages. L’appartement fait donc et Tatsuo Suzuki (Meeting
Art Point) se frottent au
son retour cette année, aménagé par Roche Bobois et scénographié par Yuki Baumgarten, la
mobilier Roche Bobois
directrice artistique de la foire, qui a organisé six univers différents sur 300 m2. Après la visite de la collection « The
des stands des galeries internationales et françaises, on s’attardera sur les galeries japonaises, Globe Trotter », de Marcel
Wanders : bibliothèque Dojo,
peu connues du grand public. À la Ginza Gallery G2, les paysages nocturnes de Shuji Kawano tapis Parquet et luminaires
invitent à la contemplation quand les intenses clichés noir et blanc de Tatsunori Ehira, exposés Up. © ANNE-ÉMMANUELLE THION
à la Kichijoji Gallery, incarnent une vision plus classique du paysage et du portrait. L’univers 2/ SM@Tokyo, 2016, une
photo de la série « Loose
évanescent de Kohei Koyama, à la Gallery Suchi, ou les écolières japonaises démultipliées de Polyhedron » de Daisuke
Daisuke Takakura, visibles à la Tezukayama Gallery, illustrent avec pertinence l’éclectisme de Takakura. © DAISUKE TAKAKURA
leurs auteurs. Couleurs éclatantes ou variations de noir et blanc, la photographie japonaise
Fotofever.
contemporaine continue d’exprimer sa diversité et sa créativité. Enin, Young Talents Fotofever Au Carrousel du Louvre,
Prize, une nouvelle récompense, offre à trois jeunes talents la production de leurs tirages et 99, rue de Rivoli,
75001 Paris,
la participation à une première exposition. Les travaux des lauréats, Martin Bertrand, Lina du 8 au 11 novembre.
Benouhoud et Clothilde Matta, sont à découvrir pendant les quatre jours de la foire. Fotofever.com

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ID-PHOTO NEWS PARIS

Quatre expositions incontournables cet automne donnent à voir de magnifiques portraits, en noir et blanc ou en couleurs,
traduisant le regard de créateurs représentatifs de leur époque. Par Béatrice Andrieux

Une femme engagée Le roi David Au cœur de la solitude


Dorothea Lange est l’une des rares femmes Le photographe américain le plus déjanté Inédite en France, la rétrospective de
photographes à avoir été reconnue de de sa génération revient à Paris avec Dave Heath (1931-2016) met en lumière ce
son vivant, la première à bénéficier d’une un titre plein d’espérance : « Letter to the photographe américain méconnu du grand
exposition au MoMA, à New York, en 1966. World ». L’exposition, déployée sur les deux public. Appuyés par une scénographie
Si la rétrospective du Jeu de paume niveaux de la galerie, rend hommage épurée, les 150 tirages évoquent
permet de revoir ses œuvres majeures, aux grands maîtres de l’histoire de l’art, l’expression de la solitude d’anonymes
dont celles mondialement connues prises mais aussi au street-art, deux sources dans l’Amérique des années 50 et 60.
en 1933 et 1934 lors de la grande d’inspiration inépuisables pour David Dave Heath tient une place à part dans
dépression, et celles de 1935 à 1939 pour la LaChapelle. Installé depuis une dizaine l’histoire de la photo américaine,
Farm Security Administration, elle est aussi d’années dans la jungle d’Hawaii, il y a sa pratique n’étant ni documentaire
l’occasion de découvrir les clichés qu’elle réalisé ses nouvelles œuvres sous forme de ni expérimentale. Abandonné à l’âge
réalisa dans les camps d’internement collages saturés de couleurs électriques. de 4 ans, il connaît une jeunesse marquée
des Américains d’origine japonaise, jamais Ces grands formats, qui côtoient les par l’orphelinat et les familles d’accueil.
publiés avant 2006. Malgré des problèmes portraits les plus fameux (Bowie, Warhol…), Adolescent, il sait déjà qu’il veut devenir
de santé liés à la polio, contractée dès figurent tout à la fois les débuts photographe. Son ouvrage, A Dialogue
son plus jeune âge, elle a fait preuve d’un de l’histoire de la photo, Léonard de Vinci With Solitude, conçu en 1961, publié en
engagement social constant pour dénoncer et l’iconographie religieuse. Autour de 1965, épuisé depuis mais dont la maquette
les injustices dans son pays, comme ce dialogue imaginaire, les premières prises originale est présentée ici, exprime
en témoignent ses écrits accompagnant de vue, datant de 1983 à 1989, attestent le sentiment d’aliénation et d’isolement
les prises de vue, pleins d’humanité. déjà aussi de son intérêt pour la nature. qu’induisent les sociétés modernes. Une
MIGRANT MOTHER, NIPOMO, CALIFORNIA (1936). © DOROTHEA LANGE STATE OF CONSCIOUSNESS (2018). © DAVID LACHAPELLE œuvre radicale, à découvrir absolument.
— — MÉTRO AÉRIEN À BROOKLYN, NEW YORK (1963). © DAVE HEATH
« Dorothea Lange – Politiques « David LaChapelle – Letter to the World ». —
du visible ». Au Jeu de paume, Paris VIIIe, À la galerie Templon, Paris IIIe, du 3 novembre « Dave Heath – Dialogues with Solitudes ».
jusqu’au 27 janvier 2019. au 22 décembre. Au Bal, Paris XVIIIe, jusqu’au 23 décembre.

EN BREF pas le fruit de reportages Après une magnifique beauté des corps et des
Corinne Vachon est au sens traditionnel, mais série sur l’Inde en 2016, atours. L.B.
une photographe qui celui d’une recherche elle nous convie ici « Une journey ordinaire ».
transforme ses voyages d’authenticité et au Kenya, à la rencontre À la Galerie Yoshii, Paris
au bout du monde d’échange émotionnel des Samburus, une tribu VIIIe, jusqu’au 17 novembre.
en expérimentations. avec les personnes de nomades sédentarisés MORRAN STATUE II, KENYA (2018).
Ses images ne sont qu’elle photographie. dont elle exhume la © CORINNE VACHON

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ID-PHOTO NEWS RÉGION

Des expos photo en automne, des paysages naturels et des parcours qui glissent vers le nord, qui s’y arrêtent et le figent…
C’est de lumière qu’il s’agit, de celle que des photographes, connus ou méconnus, tentent d’attraper pour nous la restituer,
passée à travers le filtre de leur art. Par Béatrice Andrieux

L’esprit scandinave Regards sur la mémoire Autour des jardins


de Søndergaard dans le Nord de Chaumont
Dans le cadre de « Lumières nordiques : Le festival Les Photaumnales fête ses 15 ans Pour la deuxième édition de Chaumont-
parcours photographique en Normandie », avec 28 photographes, exposés dans Photo-sur-Loire, cinq photographes
le musée d’Art moderne du Havre (MuMa) toute la région des Hauts-de-France, internationaux ont été invités à exposer
accueille l’élégante exposition de la qui interrogent la notion de mémoire. dans les galeries du château ainsi
photographe danoise, née en 1972, Trine Qu’il s’agisse d’histoire ou d’une géographie qu’à la ferme du domaine. Parmi ces
Søndergaard. Autour de deux séries de l’ailleurs, avec comme point de départ propositions, deux sont issues d’une
en couleur intitulées respectivement les conflits de la Première Guerre résidence. L’Italien Davide Quayola
« Guldnakke » et « Interior », elle évoque mondiale, les travaux de Sybille Bergemann, dévoile ses travaux précurseurs autour
son goût pour les coiffes historiques d’Ambroise Tézenas, de Patrick de la géométrie des arbres et de la
rebrodées d’or, ayant appartenu Tourneboeuf ou de Sophie Zénon se complexité de la nature. L’Américain
aux femmes de riches fermiers danois, penchent aussi sur des problématiques Robert Charles Mann soumet au regard
mais aussi son attirance pour les manoirs contemporaines. Cette année, le festival des « Solargraphes », qui recueillent
nordiques aux pièces longtemps restées renforce sa présence dans la région. l’empreinte évolutive des courbes
inhabitées. Inspirés par les tableaux Les expositions se déploient notamment du soleil. La technique de surimpression
de Vilhelm Hammershøi, peintre danois au Centre régional de la photographie utilisée par le Finlandais Santeri Tuori
du XIXe siècle, les grands et moyens de Douchy-les-Mines (59) avec le travail évoque, elle, l’intemporalité des feuillages.
formats de la photographe traduisent de Katia Kameli sur la question de l’histoire Juliette Agnel fixe des paysages de
sa recherche d’une esthétique baignée algérienne. L’hommage rendu à Thibaut l’extrême. Enfin, Alex MacLean présente
de douces lumières scandinaves. Les Cuisset, immense photographe paysagiste des images aériennes, réalisées dans
deux séries se répondent et composent disparu en 2017, à travers son projet « Le le cadre de la célébration des 500 ans de
une subtile narration sur les liens Fleuve Somme », à la Maison de la culture la Renaissance. Une jolie façon de prendre
entre passé et présent, chers à l’artiste. d’Amiens, mérite une mention spéciale. de la hauteur pour rendre hommage
GULDNAKKE #2 (2012) © TRINE SØNDERGAARD DAS DENKMAL (THE MONUMENT) © ESTATE SIBYLLE BERGEMANN, OSTKREUZ aux sublimes châteaux du Val de Loire.
— — FOREST #35 (2017) © SANTERI TUORI

« Trine Søndergaard – Still ». Les Photaumnales. —


Au musée d’Art moderne André-Malraux Au Quadrilatère, à Beauvais (60), Chaumont-Photo-sur-Loire.
– Muma, au Havre (76), du 15 septembre au 31 décembre.
Au domaine régional de Chaumont-sur-Loire (41).
du 13 octobre 2018 au 27 janvier 2019. Et aussi à Amiens, Creil, Douchy-les-Mines
Muma-lehavre.fr et Noyon. Photaumnales.fr Tél. : 02 54 20 99 22. Domaine-chaumont.fr

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Nouvelle maison pour Cartier-Bresson


Par Béatrice Andrieux

C’est au cœur du Marais que la Fondation Henri Cartier-Bresson


déménage après quinze années de programmation dans le
XIV arrondissement de Paris. Conçu par les architectes de NOVO
e

pour accueillir la totalité des archives du photographe et un public toujours


plus nombreux, le nouvel espace se veut convivial et respectueux de son
esprit ainsi que de celui de son épouse, la photographe Martine Franck.
Retour sur un échange complice entre la directrice artistique, Agnès Sire,
et le nouveau directeur général, François Hébel, à propos de ce lieu.

L
es deux amis se connaissent depuis de nombreuses années et leur complicité est évidente 1/ À la nouvelle adresse de la
quand on les rencontre. Lorsque l’idée du déménagement de la Fondation Henri Car- FHCB dans le Marais, à Paris,
la salle d’exposition. © NOVO
tier-Bresson (HCB) s’est concrétisée, Agnès Sire, alors directrice, a choisi pour l’épauler 2/ Agnès Sire laisse sa
François Hébel, avec qui elle avait collaboré au pôle culturel de Magnum lorsqu’il dirigeait place de directrice, qu’elle
occupait depuis 2004,
l’agence. Elle avait besoin de son expertise sur le suivi de chantier, lui qui a supervisé celui de
pour remplir la fonction
Magnum dans le XVIIIe arrondissement, mais pas seulement. François Hébel, qui fut le direc- de directrice artistique.
teur des Rencontres d’Arles pendant treize ans, connaît parfaitement le monde de la photo-
graphie et ses enjeux. Depuis plusieurs mois, il a rejoint la petite équipe qui ne manquera pas
de s’étoffer dans le futur.
Avec leur ille Mélanie, les photographes Henri Cartier-Bresson et Martine Franck ont pu
savourer de leur vivant l’ouverture de la fondation, en 2003, dans le quartier du Montpar-
nasse. L’ancien atelier d’artiste choisi par le couple a hébergé plus de 45 expositions pendant
quinze ans, dont celles de Robert Adams, Pieter Hugo, Sergio Larrain ou Francesca Woodman.
Agnès Sire se souvient : « Il s’agissait d’abord de préserver l’œuvre d’Henri Cartier-Bresson et
celle de Martine Franck dans “un souci de vie”. L’expression est de Martine, c’est-à-dire que
la fondation devait être vivante. Il était hors de question que le lieu soit un mausolée consa-
2
cré à leur œuvre. Tous les deux ont été bien conseillés pour la conservation des archives, mais

102
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aussi pour intégrer des artistes lors d’expositions temporaires. Il fallait que le public puisse 1/ Piscine conçue par Alain
revenir pour découvrir d’autres univers. De cette mission a découlé celle de l’aide à la créa- Capeillères, Le Brusc,
France (été 1976), de Martine
tion, avec le lancement du prix HCB. La mission éditoriale, qui n’était pas dans le cahier des Franck. © MARTINE FRANCK /
charges initial, s’est développée puisque quasiment toutes les expositions ont donné lieu à un MAGNUM PHOTOS 2/ Martine
Franck, photographiée par
livre. À la nouvelle adresse, des missions pédagogiques pour les scolaires pourront être déve-
Henri Cartier-Bresson,
loppées avec des ateliers. Enin, de grands espaces réservés aux chercheurs permettront d’uti- Venise, Italie (1972). © HENRI
liser le fonds de manière conséquente. » Unique en son genre, d’utilité publique dès 2002, la CARTIER-BRESSON / MAGNUM
PHOTOS 3/ François Hébel,
FHCB n’a pas d’équivalent. Autonome sur le plan inancier, elle ne reçoit pas de subvention rompu aux enjeux du monde
de l’État, mais trouve de idèles partenaires privés pour ses collaborations. Pour autant, la de la photo, va s’occuper
fondation s’est rapidement sentie à l’étroit. Du vivant de Martine Franck, le projet d’un dé- de la direction générale.

ménagement était déjà d’actualité. Pour François Hébel, l’idée de continuité demeure : « Nous « Martine Franck –
développons la fondation parce qu’elle a du succès, pour créer des programmes de confé- Une rétrospective ».
À la Fondation Henri
rences et pour mélanger quatre ou cinq expositions de natures et d’époques différentes. “Les
Cartier-Bresson,
perles des archives”, au moyen de dazibaos, raconteront l’histoire de Cartier-Bresson pour 79, rue des Archives,
ceux qui la découvrent. Être situé entre le musée Picasso et Beaubourg, c’est la voie royale 75003 Paris,
tél. : 01 56 80 27 00,
pour augmenter notre fréquentation, notamment celle des visiteurs étrangers. La nouvelle li- du 6 novembre 2018
brairie constituera un attrait complémentaire pour tous les publics. » au 10 février 2019.
Henricartierbresson.org
Exposition inaugurale avec Martine Franck
Agnès Sire a travaillé avec Martine sur ce projet d’exposition, il était donc important pour elle
d’ouvrir la nouvelle fondation sur son travail : « Martine savait qu’elle allait partir. Ensemble,
nous avons exprimé le souhait de faire une exposition biographique, dans la continuité de sa
vie, ce qui n’est pas évident, car elle était toujours écartelée entre son goût pour les portraits de
peintres et d’écrivains, les manifs dans la rue et la vie sociale. Il fallait trouver des liens entre
143 images. » Ce projet inaugural, pour François Hébel, est emblématique de l’évolution des
expositions photo, car il permet une relecture des tirages de Martine Franck : « Agnès et Mar-
tine se sont découvertes en créant la fondation, et Agnès a mis un point d’honneur à racon-
ter le parcours de Martine comme cela n’avait jamais été fait. Il en ressort une épaisseur. Elle
3
n’est pas honorée par politesse, mais parce qu’il y a une vraie cohérence dans son œuvre. »

104
COLLECTION “JUNGLE CHIC“

RIDEAUX, VOILAGES & STORES PRÊTS A POSER - LINGE DE LIT - PLAIDS - COUSSINS - OBJETS - LAMPES - MOBILIER
ID-PHOTO PANORAMA

9 galeries incontournables cet automne


À Paris, novembre reste le mois traditionnellement consacré aux événements photographiques.
Parmi les galeries de la capitale – historiques ou plus récentes – qui inscrivent leur programmation autour
du médium, nous en avons sélectionné neuf à (re)découvrir absolument.
Par Béatrice Andrieux

SCHOOL GALLERY
10 ans déjà !
Pour fêter les 10 ans de sa galerie, Olivier
Castaing rend hommage à Gilles Caron,
dont il a coorganisé la récente rétrospective
sur Mai 68 à l’Hôtel de Ville de Paris.
En parallèle des travaux du photoreporter
décédé en 1970, une installation
impressionnante de Stephan Gladieu sur
la Corée du Nord est montrée pour la
première fois. Des portraits frontaux, sans
GALERIE BINOME volonté de mise en scène, réalisés pendant SIT DOWN
L’atelier de Marc Lathuillière deux voyages en 2017, dessinent une autre La magie de la chimie
réalité du pays de Kim Jong-un. Le
Créée en 2010, la Galerie Binome développe En recyclant des produits chimiques
photographe met en lumière l’immensité
une programmation rigoureuse autour et des papiers photosensibles périmés,
des paysages urbains et la démesure des
d’artistes questionnant la photographie en la cinéaste Silvi Simon arrive à un rendu
architectures. Réalisés dans des espaces
tant que médium et support. Dans cette pictural saisissant. Depuis 2013, elle
publics quasi déserts, les clichés prennent
logique, le travail de Marc Lathuillière illustre s’intéresse au « chimigramme », pratique
une dimension fictionnelle inquiétante.
pleinement la ligne de la galerie, dans expérimentale réunissant peinture et
Gilles Caron et Stephan Gladieu à la School
laquelle il présente sa deuxième exposition. photographie. En jouant avec les multiples
Gallery, 322, rue Saint-Martin, 75003 Paris,
Deux séries sont visibles : l’iconique « Musée possibilités picturales des rendus
du 13 novembre au 22 décembre.
national », qui présente une trentaine de chimiques des matières, elle compose
portraits d’ouvriers et de chefs d’entreprise UNTITLED #107, CORÉE DU NORD, 2017. © STEPHAN GLADIEU, des photographies abstraites où l’aléatoire
COURTESY SCHOOL GALLERY - OLIVIER CASTAING
masqués ; et « Fractal Spaces », qui figure et l’accident côtoient sa pratique d’artiste.
quant à elle, montés sur aluminium, des La révélation n’est pas toujours là où on
paysages industriels photographiés telles des l’attend, et Silvi Simon sait comment tirer
apparitions spectrales à travers des rideaux de riches enseignements à partir de
de végétation. Se reflètent dans ce nouvel trouvailles inopinées. Des œuvres uniques,
opus sur l’industrie en crise les interrogations grattées ou peintes sur des papiers datant
du photographe à propos des mutations des frères Lumière (fin du xixe siècle) ou
économiques et climatiques de l’ère sur des papiers glacés des années 50, sont
postindustrielle. magnifiquement scénographiées dans
« Fractal Factory ». Marc Lathuillière l’espace optimisé de la galerie Sit Down.
à la Galerie Binome, 19, rue Charlemagne, « Chimie lumineuse ». Silvi Simon à la
75004 Paris, jusqu’au 1er décembre. galerie Sit Down, 4, rue Sainte-Anastase,
75003 Paris, jusqu’au 30 novembre.
L’ENTREPRENEUSE TEXTILE – MARIE-ASTRID ROLLAND, DIRECTRICE
GÉNÉRALE, TIBA, DAVÉZIEUX (ARDÈCHE), SÉRIE « MUSÉE NATIONAL » CERCLE BRISÉ 3 – CHIMIGRAMME, 2015. © SILVI SIMON,
(2004-2017). © MARC LATHUILLIÈRE, COURTESY GALERIE BINOME COURTESY GALERIE SIT DOWN

106
LA GALERIE PARTICULIÈRE LES FILLES DU CALVAIRE
L’odyssée sibérienne Les rêves brisés
de Claudine Doury Il y a dix ans que la collaboration entre
Depuis presque trente ans, Claudine Doury la galerie Les Filles du Calvaire et la
constitue un ensemble impressionnant de photographe Laura Henno a débuté. Il faut
portraits et de paysages réalisés en bien toutes ces années pour accompagner
Extrême-Orient, s’intéressant surtout aux une artiste dans la réalisation de projets
notions de mémoire et de transition autour qui traitent principalement des flux
de l’adolescence et du voyage. Cette migratoires. C’est en 2009, lorsqu’elle était
exposition rétrospective à La Galerie à La Réunion, que Laura Henno a entamé
particulière est l’occasion de découvrir l’exploration qui donne lieu à cette
ou de revoir les trois volets de ses longs PERROTIN exposition, pour se concentrer sur
voyages dans l’Est. En 2018, grâce au prix Les choix de Sophie Calle l’archipel voisin des Comores, épicentre
de photographie Marc Ladreit de des phénomènes de migration clandestine.
C’est la quinzième collaboration entre
Lacharrière, Claudine Doury a pu repartir On y apprend comment des passeurs
Sophie Calle et son galeriste Emmanuel
en Sibérie sur les bords du fleuve Amour. peu scrupuleux font croire aux Comoriens
Perrotin. Une belle et longue fidélité pour
L’occasion de poursuivre un travail débuté qu’ils sont arrivés à Mayotte pour les
cette artiste profondément animée par la
il y a vingt ans. Elle nous surprend par débarquer sur un îlot inhabité :
volonté de créer la surprise – à ses débuts,
l’alternance de ses tirages couleur et noir M’Tsamboro. Des films retracent les destins
elle prenait rendez-vous chez un détective
et blanc tout comme elle nous émerveille croisés d’enfants formés au métier de
privé pour qu’il la suive pendant plusieurs
par ces visages métissés et ces lieux de vie passeur. Ils complètent les photographies
jours ou elle invitait des inconnus à venir
qui semblent figés. Ses photographies nous dans l’entreprise de l’artiste, qui, face
dormir dans son lit installé en haut de la
racontent avec une jubilation contagieuse à ces drames humains, parvient à sublimer
tour Eiffel. Cette fois, Sophie Calle revient
l’histoire de peuples lointains. portraits et paysages.
avec deux projets inédits : « Souris Calle »,
« Le Long du fleuve Amour ». Claudine « M’Tsamboro ». Laura Henno à la galerie
une exposition en hommage à son chat
Doury à La Galerie particulière, 16, rue Les Filles du Calvaire, 17, rue des
Souris (reçu en cadeau d’anniversaire en
du Perche, 75003 Paris, du 3 novembre Filles-du-Calvaire, 75003 Paris, jusqu’au
1996 et mort en 2014), avec la collaboration
au 1er décembre. 24 novembre.
d’une quarantaine de musiciens et
SUR LE FLEUVE AMOUR, KHABAROVSK, 1991. © CLAUDINE DOURY, chanteurs ; et « Parce que », de nouvelles FAYAL, 2016, SÉRIE « LES PILOTES », COMORES, 2016-2017. © LAURA
COURTESY LA GALERIE PARTICULIÈRE HENNO, COURTESY GALERIE LES FILLES DU CALVAIRE
photographies associées à des textes
autour de ses thèmes favoris que sont la
vie, l’amour, le deuil et le souvenir. Avec,
encore et toujours, le désir de surprendre.
« Parce que » et « Souris Calle ». Sophie
Calle à la galerie Perrotin, 76, rue de
Turenne, 75003 Paris, jusqu’au 22 décembre.
MATERNITÉ, 2018 (EXTRAIT). © SOPHIE CALLE, COURTESY GALERIE
PERROTIN. ŒUVRE PHOTOGRAPHIÉE PAR CLAIRE DORN

107
ID-PHOTO PANORAMA

IN CAMERA GALERIE CAMERA


Mémoire du Japon OBSCURA
L’espace de la galerie In Camera n’est pas L’intemporel Pentti Sammallahti
très grand mais tout à fait suffisant pour Ancien tireur de Lucien Hervé et de
mettre en valeur les ambiances intimistes Paolo Roversi, Didier Brousse a décidé
de ses expositions. Ouverte depuis d’ouvrir sa galerie en 1993 à Paris, dans
2008, celle-ci défend des photographes le XIVe arrondissement, avant l’arrivée
soucieux du rendu de leurs tirages tout de la Fondation Cartier. Depuis toutes ces
autant que de leur sujet. Cette fois encore, années, la Galerie Camera Obscura défend
les œuvres exposées répondent à une photographie contemporaine exigeante
l’exigence de la ligne fixée par In Camera. où les techniques de tirage diffèrent à
Les quinze magnifiques tirages au chaque exposition. Les Polaroid de Sarah
platine-palladium des Japonais Yumiko Moon, les impressions au jet d’encre
et Kenro Izu illuminent le lieu. Nés tous pigmentaire de Bohnchang Koo ou encore
les deux à Osaka et vivant en couple les daguerréotypes de Takashi Arai sont
à Rhinebeck, dans l’État de New York, régulièrement exposés, tout comme les
ils placent la mémoire de leur pays natal œuvres de Willy Ronis, de Bernard Plossu
au cœur de leurs photographies. Quand et de Marc Riboud. Pour sa quatrième
les compositions de fleurs ordonnées exposition, le photographe finlandais Pentti
de Kenro font face aux œuvres plus GALERIE CATHERINE Sammallahti a choisi des tirages inédits,
légères et sensuelles de Yumiko, c’est ET ANDRÉ HUG avec un ensemble d’images d’oiseaux,
une vision d’un Japon tout en filigrane Fictions de Paradis thématique qui lui est chère. Si son œuvre
qui s’offre à nous. Ce désir de partager Située au cœur de Saint-Germain-des-Prés, s’inscrit dans un courant classique, son
les réminiscences d’un monde lointain la discrète Galerie Catherine et André esthétique dégage une forme d’élégance
nous enchante. Hug, créée en 2000, continue de défendre épurée et d’humour décalé.
« Yumiko Izu & Kenro Izu ». À la galerie une photographie contemporaine et Pentti Sammallahti à la Galerie Camera
In Camera, 21, rue Las-Cases, 75007 Paris, historique. Avec une programmation Obscura, 268, boulevard Raspail,
jusqu’au 24 novembre. internationale, elle a exposé les fictions 75014 Paris, jusqu’au 29 décembre.
STILL LIFE 746, 1998, SÉRIE « STILL LIFE ». © KENRO IZU, COURTESY de la Canadienne Kourtney Roy, les tirages DELHI, INDIA (FLOCK OF BIRDS), 1999. © PENTTI SAMMALLAHTI,
GALERIE IN CAMERA
uniques de l’Américaine Joni Sternbach COURTESY GALERIE CAMERA OBSCURA

et les séries de l’Américano-Brésilienne


Mona Kuhn. Pour sa deuxième exposition
personnelle, l’Américaine Reine Paradis
nous plonge dans des dérives narratives
ludiques. À partir de dessins, de maquettes
et de photographies ultracolorées, elle
convie tout un ensemble de paysages
urbains ou désertiques pour construire
un récit poétique. Si, pour chaque série,
l’artiste utilise des couleurs différentes,
le bleu reste une constante. Seul
personnage réel de ses récits imaginaires,
Reine Paradis crée des tableaux
photographiques saturés de couleurs.
« Midnight ». Reine Paradis
à la Galerie Catherine et André Hug,
40, rue de Seine, 75006 Paris,
du 6 novembre au 19 décembre.
PALMSQUARE, SÉRIE « MIDNIGHT », 2016-2018. © REINE PARADIS,
COURTESY GALERIE CATHERINE ET ANDRÉ HUG

108
ID-PHOTO VENTE CARITATIVE IDEAT

IDEAT pour une bonne cause


Depuis quatre ans, IDEAT donne carte blanche à un grand photographe
pour réaliser une série exclusive pour le magazine. Erwin Olaf,
Formento+Formento, Bettina Rheims et Anja Niemi ont accepté cette
invitation. Pendant la semaine de Paris Photo, IDEAT vend une partie de ces
tirages uniques et exclusifs sur Diasec au profit d’une association caritative.
Par Laurent Blanc

E
rwin Olaf, Bettina Rheims, Formento+Formento, Anja Niemi, ces immenses 1/ 2/ 3/ 4/ et ci-dessus,
artistes nous ont fait tour à tour l’honneur de leur collaboration pour produire Erwin Olaf (2015).
5/ et 6/ Bettina Rheims
une série inédite qui est à la fois le relet de leur univers et du nôtre. Erwin avait (2016). 7/ 8/ 9/
inventé une histoire de famille « chabrolesque », que nous avions shootée dans l’hôpital et 10/ Anja Niemi. 11/ 12/
et 13/ Formento+Formento
psychiatrique désaffecté dans lequel avait été internée Camille Claudel ; Bettina a recréé
(2016). Ci-dessous,
les jeux dangereux de deux sœurs esseulées dans le château qui avait servi de décor pour Les petits Népalais
le tournage de Marie-Antoinette par Soia Coppola ; Richelle et BJ Formento avaient scolarisés par l’association
cc-for education, à laquelle
fantasmé une surrealist party dans la villa Cavrois de Mallet-Stevens, où s’invitaient les sera reversée le fruit
sosies de Duchamp et de Dalí ; Anja Niemi avait endossé les rôles de toute une troupe de la vente de nos tirages.
de cirque, de la charmeuse de serpent au dresseur de lions en passant par le clown… Cette expo-vente se
tiendra du 5 au 11 novembre
À chaque production, nous avons rassemblé autour de ces photographes une équipe de à la School Gallery.
maquilleurs, coiffeurs, stylistes, habilleuses, techniciens qui tous se sont mis au service de 322, rue Saint-Martin,
75003 Paris.
l’imagination, de la fantaisie et des envies des artistes. Ce fut à chaque fois une grande
Renseignements sur la
récréation, où nous avons pu partager de grands bonheurs, de grands stress aussi, de vente, les formats et
l’improvisation parfois, et beaucoup de travail ! À la sortie de chaque magazine, nous les prix : Céline Melon.
artylamo@gmail.com
avons organisé au MAD (musée des Arts décoratifs) une exposition d’un soir des tirages Tél. : 07 72 15 42 21.
parus. Aujourd’hui, nous avons décidé d’en vendre une partie au proit d’une association
caritative, cc-for education. C’est, là encore, une histoire d’amitié avec ses fondateurs,
Nelcya et Fabrizio Cantoni, les créateurs de la marque cc-tapis. Fabriquant leurs pièces
de façon artisanale au Népal, ils ont fondé cette association pour soutenir la scolarisation
des enfants de la région. Elle relète leur engagement auprès de ces populations avec les-
quelles ils travaillent main dans la main. En nous associant à leurs préoccupations, nous
espérons à la fois les soutenir, faire plaisir aux collectionneurs… et aux fans d’IDEAT !

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ID-PHOTO THEMA

Edra dans l’œil


des photographes

Pour Monica Mazzei, vice-présidente du label de mobilier italien Edra, « le design est né à Florence,
à la Renaissance ». Elle rappelle que le concept artistique de disegno signifie à la fois « dessein » et « dessin »,
et considère que l’association entre le design et son pays est évidente. Pour son frère Valerio, président
d’Edra, impossible d’oublier la qualité de fabrication. Ainsi s’est imposée l’idée du livre Our Story: A Journey
Through Beauty (« Notre histoire : un voyage à travers la beauté »), commandé à Stefano Pasqualetti
(architecte et photographe) et Gloria Mattioni (rédactrice), dans lequel défilent les créations du fabricant
shootées par de grands photographes dans des lieux et des paysages que Monica Mazzei affectionne
particulièrement. Trente et un ans après les débuts d’Edra, ce florilège de pièces de mobilier serties dans
les plus beaux écrins naturels ou domestiques vient illustrer la vision de l’éditeur.
Par Guy-Claude Agboton

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Page de gauche : Le littoral de la Versilia, à Forte dei Marmi (province de Lucques), par Massimo Vitali (2017). Massimo Vitali photographie les plages dans une lumière
presque surexposée. Ses images sont pourtant nettes au point de les rendre aussi précises qu’une étude sociologique qui révélerait que personne en Italie ne serait surpris
de voir les fauteuils et leurs repose-pieds Chiara, de Francesco Binfaré, abandonnés sur le sable, en mode chaises longues. Ci-dessus : Le Tepidarium del Roster, à Florence,
par Alessandro Moggi (2017). Au cœur de ce « palais de cristal » construit par Giacomo Roster en 1880 (la plus grande serre d’Italie à l’époque), rien n’est plus naturel, voire
italien, que de s’asseoir dans les fauteuils Rosa et Getsuen, du designer japonais Masanori Umeda, membre du groupe Memphis.

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ID-PHOTO THEMA

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Page de gauche : Scogli dell’Accademia, à Livourne, par Massimo Vitali (2017). À ceux qui ne se sentent pas assez toscans pour paresser sur une plage de rochers, même
vampée par la lumière crue du photographe Massimo Vitali, Edra propose une solution bien à elle : Pack, l’étrange canapé banquise de Francesco Binfaré, dont le dossier
prend la forme d’un ours couché. Ci-dessus : Les carrières de marbre Breccia Capraia (province de Massa-Carrara), par Pietro Savorelli (2017). Le marbre Breccia Capraia
fut largement utilisé par les Romains puis par les Médicis de Florence. Dans le décor des carrières, entre les parois de ce matériau à l’état brut, Pietro Savorelli capture
l’étrangeté du fauteuil Favela, des frères Campana.

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ID-PHOTO THEMA

Le stade des Marbres, à Rome, par Pietro Savorelli (2018). En haut : Construit entre 1928 et 1932, le complexe sportif est une toile de fond historique qui rappelle les formes
d’un calme olympien du divan Standard, de Francesco Binfaré. En bas : Le voyage se poursuit avec les fauteuils Chiara, de Francesco Binfaré, redevenus, après la plage,
urbains et sculpturaux, tapis aux pieds d’athlètes marmoréens.

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En haut : Le Teatro della Pergola, à Florence, par Pietro Savorelli (2017). Un des plus anciens joyaux de l’architecture d’opéra italienne sert d’écrin aux plus belles perles de
l’histoire d’Edra. Parmi tous ces musts assortis aux rideaux, on distingue, notamment, les entrelacs du canapé Boa, des frères Campana, ou la spirale de Tatlin, de Mario Cananzi
et Roberto Semprini. En bas : La Piazza di Siena du parc de la Villa Borghèse, à Rome, par Pietro Savorelli (2018). En Italie en général et chez Edra en particulier, l’esthétisme
peut aller loin. Les fauteuils Rosa et Getsuen, de Masanori Umeda, sont sortis prendre l’air et, sur le tapis vert de la Piazza di Siena, forment comme une pluie d’étoiles.

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ID-PHOTO LIFESTYLE & STYLE

© 2018 SAUL LEITER FOUNDATION

Mannequin (1952).

Avec Saul Leiter


Pionnier de la photo couleur, l’Américain a immortalisé ses contemporains
dès les années 40 avec une délicatesse rare. Véritable picturaliste – il voulait devenir
peintre –, il donne à voir un monde où l’intense poésie de ses flâneries a
rapidement trouvé sa place dans les pages de Harper’s Bazaar. Sélection hommage.
Par Virginie Lucy Duboscq

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1/ Suspension en velours rose poudré, 60,80 €. Madam Stoltz. 2/ Montre vintage Alhambra, boîtier en or jaune, cadran en nacre blanche, mouvement à quartz, 6 800 €.
Van Cleef & Arpels. 3/ Sac Bobi en agneau froissé noir, 520 €. Jérôme Dreyfuss. 4/ Vase Muses Calli, 79 €. Ferm Living. 5/ PP 130 Circle Chair, structure en frêne, drisse
de voile tressée, design Hans J. Wegner, à partir de 6 498 €. La Boutique danoise. 6/ Tables basses Seesaw 30 en marbre blanc de Carrare mat, design Nendo (Oki Sato),
à partir de 4 500 €. Marsotto. 7/ Lampe à poser Control en aluminium thermolaqué, design TAF Studio, 149 €. Muuto.

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ID-PHOTO LIFESTYLE & STYLE

© 2018 SAUL LEITER FOUNDATION

Carmen, Harper’s Bazaar (1960).

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1/ Suspension en métal noir, 99,90 €. Becquet. 2/ Boucles d’oreilles Olympia perles en or blanc, diamants et perles, 2 400 €. Garnazelle. 3/ Collier pendentif Par ici madame en
or blanc et diamants, 3 200 €. Garnazelle. 4/ Miroir Olympia, design Nika Zupanc, 11 900€. Sé. 5/ Ras du cou EST9014H en cachemire avec nœud de papillon, 179 €. Estheme
Cachemire. 6/ Fauteuil anglais Cary en velours rose poudré, passementerie à franges, collection « Miss », 2 100 €. Moissonnier. 7/ Sandales Kiki en platine, 1 085 €. Stuart Weitzman.

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ID-PHOTO LIFESTYLE & STYLE

© 2018 SAUL LEITER FOUNDATION

Red Curtain (1956).

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1/ Canapé 3 places Togo, design Michel Ducaroy, à partir de 2 442 €. Ligne Roset. 2/ Boots Softy Michèle Camel en cuir suède, 279 €. Anne Thomas chez Smallable.
3/ Lampe Desk en fer blanc et laiton doré, 430 €. House Doctor. 4/ Sac Nappa Evelyn Lock en cuir nappa vert olive, 367 €. The Stowe chez Smallable. 5/ Enfilade N° 142
en noyer, 3 612 €. Bernhard Pedersen & Son. 6/ Chaise Cannage en coton prune et chêne teinté noir sans accoudoirs, à partir de 520 €. Red Edition.

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ID-PHOTO LIFESTYLE & STYLE

Saul Leiter, la poésie de l’éphémère


Le génie de la street photography new-yorkaise des années 50 et 60
est enfin mis à l’honneur dans un magnifique ouvrage regroupant
plus de 200 clichés, mais aussi des peintures.
Par Lucia Pasalodos

S
aul Leiter (1923-2016) ne quitta jamais son quartier du Lower East Side. Sa maî-
trise de la couleur, puisée chez les impressionnistes, se double d’un savant cadrage
et d’une science de la composition qui manifestent un don pour saisir la beauté
de l’instant. Ses premières couvertures pour Harper’s Bazaar révèlent un style intimiste
qui éveille l’intérêt de la presse internationale et lui ouvre les portes d’autres magazines
comme Esquire ou Vogue. Le caractère si personnel des clichés de Leiter tient à la for-
mation picturale initiale de son auteur ; sa résolution à coupler la peinture à la photo-
graphie se perçoit d’emblée. Cette particularité va faire sa force. Son talent pour détour-
ner le regard de ses sujets par l’utilisation audacieuse d’un espace négatif (le « vide »
autour du sujet) et son jeu sur la mise au point servirent d’inspiration à nombre de ses
condisciples, mais aussi à des cinéastes comme Todd Haynes, dont le ilm Carol (2015)
est l’exemple par excellence. Juxtaposant peinture et photographie, l’ouvrage révèle ce
cheminement vers l’abstraction. Leiter capture les vitrines de cafés et les devantures de
magasins typiquement new-yorkaises avec un regard décalé, très téméraire pour l’époque.
Par sa recherche constante pour obtenir une lumière texturée, il parvient à sublimer l’at-
mosphère de Manhattan. Bien qu’il abandonna rapidement ses premières images en noir
et blanc au proit d’un œil chromatique, celles-ci conirment rétrospectivement la frag-
mentation de ses compositions. En rompant l’unicité du cadre, Leiter décrit un univers
intime et délicat. Ce n’est pourtant qu’à la in de sa carrière qu’il sera reconnu comme
l’un des plus grands photographes de la couleur, capable d’organiser l’image suivant All About Saul Leiter,
de Brice Matthieussent,
les règles de la peinture abstraite. Saul Leiter s’afirme ainsi comme l’anarchiste de la 312 p., 230 reproductions,
composition, retraçant le songe d’une journée pluvieuse à New York. Textuel, 35 €.

124
COMMUNIQUÉ
présente

“ Le savoir peut
se transmettre.
L’expérience
est toujours
personnelle. ”
À LA RENCONTRE
D’ANNE-SOPHIE PIC,
MÈRE, ÉPOUSE ET
CUISINIÈRE PASSIONNÉE.

Vous êtes triplement étoilée, comme votre commencé à 22 ans, mon père n’étant plus là Êtes-vous attentive
père et votre grand-père. Quelle famille ! pour me guider, j’avais très peur d’avancer, aux évolutions des équipements ?
J’ai grandi dans cette maison, juste au-dessus peur du faux pas. Alors que les erreurs font Oui, bien entendu, car ces évolutions
des cuisines, constamment aux prises avec partie d’un parcours. Il faut se nourrir de ça participent largement à l’évolution de la
les bonheurs et les soucis que mes parents et ne pas en avoir honte parce que c’est ce cuisine. Aujourd’hui, on cuit les produits
pouvaient ressentir au quotidien, comme un qui nous permet de progresser. en conscience, alors qu’on le faisait plus
papier buvard. Dès l’enfance j’ai pu accéder intuitivement par le passé.
à ce monde-là, de la manière la plus
naturelle possible. “ Restituer une Fini le bon vieux piano traditionnel ?
L’arrivée de l’induction en cuisine a
Votre père vous a-t-il transmis son savoir ? vision de la nature bouleversé notre appréhension de la cuisson.
Il y a quelque chose qui résonne toujours
en moi, c’est quand mon père m’a dit, peu de
sans la dénaturer. ” Plus du tout de repère. Mais j’ai trouvé
ça très intéressant parce qu’il faut parfois
temps avant son décès, alors que je revenais accepter de se remettre complètement en
dans la maison pour apprendre auprès de Un chef aime-t-il transmettre son savoir-faire? question avec des outils nouveaux, quitte à
lui, que l’expérience ne se transmettait pas, Au début, on veut tout garder pour soi, c’est être dans l’inconfort total pour progresser et
que c’était quelque chose que l’on devait humain. Mais si on ne partage pas son savoir, prendre un autre élan.
connaître soi-même, faire ses propres il se perd. Donc, autant le transmettre. Il
erreurs. J’ai alors compris que malgré tout y a une beauté dans la transmission. On
ce dont j’avais pu hériter inconsciemment de commence à transmettre quand on devient
ce parcours d’enfance, il me fallait vivre les mature et que l’on possède des connaissances
choses qui me permettraient d’avancer dans certaines. C’est merveilleux de franchir cette
mon métier. On peut conseiller quelqu’un étape-là. Très épanouissant.
et lui transmettre une multitude de choses,
mais l’expérience est personnelle. Existe-t-il un lien entre les grands plats
et les bons petits plats ?
Bien manger, c’est aussi manger des choses Si vous deviez vous présenter ?
très simples, très bien cuisinées. La haute Comment voudrais-je apparaître au regard
gastronomie, demande d’être capable de des autres ? Je souhaite d’abord être une
simplicité. Je suis animée par l’idée de créer maman, qu’on me voit comme telle. C’est
des plats très goûteux et très faciles. Bien quelque chose de merveilleux et d’essentiel
manger au quotidien, pour moi, c’est une dans ma vie. Et puis une épouse aussi.
réalité qui n’est pas réservée aux sphères de la Une mère, une épouse et une cuisinière, …
haute gastronomie. passionnée !

Votre créativité fait la part belle Conçues avec tout le savoir-faire et l’exigence
aux produits méconnus. qui animent la marque allemande depuis bientôt
Table de cuisson 2 en 1 Miele avec hotte intégrée
Je suis toujours très émue quand je découvre 120 ans, les tables à induction Miele offrent
un produit. J’aime le comprendre puis le une performance et une précision inégalées.
L’expérience n’est donc pas un long donner à déguster sans le dénaturer. Tout La table avec hotte intégrée combine les
ζʹˑʰȉɷʞʹɔɫɫै le travail du cuisinier, consiste à restituer performances uniques des tables de cuisson et
On nourrit son expérience de ses réussites une vision A de la nature sans la dénaturer. des hottes Miele. Ultra-équipée et design, elle
mais aussi de ses échecs. L’erreur est l’un Rester très respectueux de ce que la nature laisse le champ libre à la création d’une cuisine
des ingrédients de l’expérience. Quand j’ai ɷʁʹʦʁΦे fonctionnelle, harmonieuse et aérée.
ID-PHOTO RENCONTRE

1 2 3

Le livre d’art loin des clichés


Matthieu Charon et Rémi Faucheux, les deux Vos choix se portent-ils toujours vers de
fondateurs de la maison d’édition parisienne RVB jeunes photographes ?
Books, reviennent sur les enjeux de la publication Au début, nous avons accompagné des artistes émer-
de livres d’artistes. De la variété de leur gents qui placent le livre au cœur de leur démarche.
catalogue découle une constante : un esprit libre ! C’était avant tout une histoire de rencontres, d’affinités.
Propos recueillis par Béatrice Andrieux Aujourd’hui, nous ne nous fixons aucune règle et pou-
vons aussi bien publier les photographies de propa-
Comment est née l’aventure RVB Books ? gande d’Arthur Mole de 1917 (Living Photographs), que
Rémi et moi étions convaincus que le livre était le le fonds de daguerréotypes et d’ambrotypes qui docu- 1/ Jane Birkin par Tony
médium le mieux adapté à nos envies. Nous voulions mentent la ruée vers l’or en Californie (Gold and Silver, Frank, une photo issue
montrer des artistes peu relayés, tout en restant au- de Luce Lebart). À l’opposé, Avant la vague, qui illustre de la séance réalisée pour
la pochette de l’album
tonomes et inventifs. Concevoir des livres était la les débuts d’Étienne Daho dans les années 80 (de Pierre Histoire de Melody Nelson,
meilleure façon d’offrir une visibilité aux projets qui René-Worms et Sylvie Coma) ou Bleu Melody, qui re- de Serge Gainsbourg.
L’intégralité des documents
nous tenaient à cœur. À cette époque, le livre était cueille l’intégralité des documents photographiques de
du photographe produits
un secteur des plus excitants, là où l’avant-garde de Tony Frank produits en 1971 pour le plus mythique des à cette occasion est
la scène photographique s’exprimait. Quand Karma, albums de Gainsbourg, Histoire de Melody Nelson, nous à découvrir dans Bleu
Melody, édité par RVB
d’Oscar Monzón, a remporté le prix du premier livre passionnent tout autant. L’important c’est d’être libres. Books. 2/ Karma, d’Oscar
lors de Paris Photo en 2013, nous avons été portés par Monzón, dont le prix reçu
cette reconnaissance. En quoi les foires internationales de à Paris Photo en 2013
a grandement contribué
livres vous apportent-elles une visibilité ? à la reconnaissance de
Qu’est-ce qui vous distingue des autres Ces foires ont joué un rôle notable dans le développe- la jeune maison d’édition.
éditeurs ? ment de notre maison. Unseen à Amsterdam ou Offprint 3/ Censored 5, de Tiane
Doan na Champassak,
Nous avons en commun une passion pour le livre en Paris, aux Beaux-Arts, sont toujours des moments privi- aborde le thème de la
tant que forme générale et pour les rencontres que légiés, comme la New York Art Book Fair ou celle de Los nudité sous le joug
de la censure, notamment
celle-ci suscite. Lorsque nous avons imaginé notre mai- Angeles. Nous y participons autant que possible afin de
ici, en Thaïlande.
son d’édition, nos influences venaient du livre d’artiste. rencontrer nos lecteurs et des éditeurs internationaux.
Nous sommes moins tournés vers la photographie do- Notre volonté, c’est de placer la curiosité, l’imagination et RVB Books.
95, rue Julien-Lacroix,
cumentaire à dimension sociale ou politique que vers le plaisir au cœur de ce que l’on fait, et de retrouver cela 75020 Paris.
les nouvelles écritures photographiques. dans le processus de création du livre lui-même. Rvb-books.com

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DU DANEMARK. VERS LE MONDE.

NOUVELLE COLLECTION 2019

DES I G N D A N O IS DEPUIS 1952 | BOC ON C EPT.C OM


ID-PHOTO NEWS BOOKS

Par Marie Godfrain

A star is born Retour à Arles Work in progress


The Early Years, 1970-1983, d’Annie Leibovitz, Arles 2018, les Rencontres de la photographie, Willy Ronis par Willy Ronis, 600 p.,
180 p., Taschen, 40 €. collectif, 384 p., Actes Sud, 47 €. Flammarion, 75 €.

Avant de devenir la superstar que l’on connaît, Après le vacarme estival, se plonger chaque En 1983, Willy Ronis (1910-2009) cède toutes ses
Annie Leibovitz a pris sur le vif des scènes de la année dans le catalogue, prendre le temps de photos à l’État, annotées de commentaires. Cet
vie quotidienne américaine, des stars, des ano- scruter les images et se laisser attraper par le ouvrage regroupe 590 clichés et textes du photo-
nymes, des tranches de vie, loin des shootings flot des textes permet de remettre en perspec- graphe qui permettent d’embrasser son œuvre. On
lyriques qui feront sa célébrité. Politiques ou tive chaque exposition de la mosaïque arlésienne. y découvre les coulisses de ces images profondé-
stars de la pop culture semblent tous saisis dans Cette année, les propositions ont oscillé entre ment humaines, témoignages impressionnistes de
leur intimité. La fin de l’ouvrage bascule dans les nostalgie américaine et curiosité pour le transhu- ce que fut le xxe siècle. Des regards, des sourires, de
prémices de ce qui fera sa signature, avec la my- manisme, entre géopolitique et figures de style l’amour, des pleurs… Willy Ronis a saisi avec pudeur
thique photo de John Lennon et Yoko Ono enla- avec la série des chiens de William Wegman qui, toute la palette des sentiments humains. Un travail
cés sur un lit. Tout l’intérêt de ce livre est donc de après avoir orné l’affiche de l’édition 2018, consti- exposé jusqu’au 2 janvier 2019 au pavillon Carré de
découvrir les premiers pas d’une grande carrière. tue la couverture de ce catalogue ébouriffant. Baudoin (121, rue de Ménilmontant, 75020 Paris).

Sur la plage abandonnée Terre promise Papier à Parr


Rivages, de Harry Gruyaert, 144 p., Cretto di Burri, d’Oliviero Toscani, 96 p., Agenda ToiletPaper & Martin Parr, 12 p.,
Textuel, 49 €. Louis Vuitton, 50 €. Damiani, 19 €.

Brumeuses, voire brouillardeuses, écrasées de À l’occasion de la foire Paris Photo, Louis Vuitton Portant le même regard mordant sur l’espèce
soleil, voilées ou menacées par des orages, po- enrichit « Fashion Eye », sa collection d’albums de humaine, le collectif ToiletPaper et Martin Parr
puleuses ou encore désertiques… les plages du photos, de destinations vues à travers le regard collaborent depuis quelque temps lors de ping-
monde entier se révèlent sous l’objectif de Harry de photographes de mode. Dernier client en date, pongs créatifs dont l’absurdité n’a d’égal que la
Gruyaert. Le photographe coloriste belge s’at- Oliviero Toscani, qui s’est immergé dans l’œuvre de dérision. Ils remettent le couvert dans un nou-
tache à montrer les multiples éclats de nuances land art Cretto di Burri, réalisée dans les 80’s par Al- vel agenda qui repousse les limites du (mauvais)
de l’univers qui l’entoure. Fasciné par la nature, berto Burri, pour un album silencieux, contemplatif, goût. Un homme à la peau ultrabronzée étendu
il place dans ses clichés le sujet humain comme écrasé par le soleil sicilien. Un labyrinthe de béton dans le sable précède une jeune femme dont le
un élément de décor, les passants se muant en colossal, blanchi par le temps, que Toscani a shooté corps à demi-enterré dans des décombres ne
silhouettes et se fondant dès lors dans la poésie depuis un drone et au téléobjectif, donnant à la fois l’empêche pas de sourire. Ça pique, ça gratte… et
des paysages. une impression de fugacité et d’éternité. c’est drôle !

128
Contemporary design
parce que quand c’est beau, c’est mieux !
Shell Capo Barcelona
(Hans Wegner / Carl Hansen & Son) (Doshi & Levien / Cappellini) (Ludwig Mies van der Rohe / Knoll)

Masters Vegetal Swan


(Philippe Starck / Eugeni Quitllet / Kartell) (Erwan et Ronan Bouroullec / Vitra) (Arne Jacobsen / Fritz Hansen)

Acapulco Up 5 & 6, La Mamma RAR


(BOQA) (Gaetano Pesce / B&B Italia) (Charles et Ray Eames / Vitra)
ID-ENTRETIEN

« Ma seule pression
est celle de l’ambition.
Ma tâche est de réussir
à rendre Established & Sons
judicieux sur le marché.
Tout a changé en
douze ans… C’est comme
si on était en face d’une
image en mouvement. »
Sebastian Wrong, directeur artistique d’Established & Sons

132
Entre ses propres lampes
Filigrana, qui descendent,
et celles de Dimitri Bähler,
les Cho Light, qui montent,
le designer Sebastian
Wrong a trouvé le juste
équilibre comme D.A.
d’Established & Sons.
ID-ENTRETIEN

Retour après éclipse ! Le label anglais Le nouveau label s’est-il affranchi


star des années 2000, Established du passé ?
& Sons, redémarre grâce à deux Non, il n’est pas totalement nouveau. Son
nouveaux propriétaires. Mais pour histoire est très importante. Durant ses
la direction artistique, c’est un pilier treize premières années, la marque a édité
historique de la maison qu’ils ont plusieurs pièces iconiques restées perti-
rappelé : le British Sebastian Wrong. nentes. Nous avons un noyau de créations
Tandis que la marque lance cette qu’il faut désormais dépasser.
année cinq produits, nous avons
rencontré un designer très déterminé. À quoi doit faire attention une
Propos recueillis par Guy-Claude Agboton marque qui revient sur le marché ?
Portrait Maffini + DePasquale pour IDEAT Nous faisons simplement de notre mieux. Je
respecte la vision et les souhaits des nouveaux
propriétaires de la société. Les exigences
Directeur artistique d’une marque commerciales sont également capitales. Elles
relancée, aimez-vous revenir influent sur ce que nous produisons. Un juste
2
sur le passé d’Established & Sons ? équilibre est à maintenir entre tous ces fac-
Oui, c’est aussi pertinent que de parler du teurs. Mais au fond, le plus important, c’est
présent. J’ai moi-même fait partie de la ge- l’esprit et la passion. Je pense aussi que la derrière chaque objet m’importent beaucoup.
nèse de cette marque dont j’étais l’un des création ne doit pas étouffer sous un excès Ce n’est pas simplement du fun. Fun, nous
fondateurs. Avoir été acteur de ce premier de contrôle. Je me bats et me battrai toujours l’avons davantage été auparavant : nos shows
épisode explique en grande partie la raison contre cette tendance et pour la liberté de étaient extravagants, beaucoup d’énergie était
pour laquelle je suis là aujourd’hui. prendre des risques. Cela dit, les risques au- dépensée pour faire du spectacle autour de
jourd’hui sont plus calculés qu’auparavant. projets… spectaculaires ! Depuis, les produits
Vous contribuez donc à la sont devenus plus subtils et discrets. C’est
définition du profil d’Established Avez-vous l’impression d’être aussi la conséquence de ma propre évolution
& Sons depuis sa naissance ? attendu au tournant ? et d’une certaine fatigue devant tout ce design
Disons qu’au début, le concept était très La seule pression est celle de l’ambition. Ma qui s’amoncelle dans un marché saturé.
ouvert. Il résultait de trois esprits différents tâche est de réussir à rendre notre label ju-
ainsi que d’un président qui était également dicieux sur le marché. Du coup, lorsque je Ce design « spectaculaire » ne
notre investisseur. Au fil de nos conversa- planche sur les idées des designers, je mets relevait-il pas d’une excentricité
tions sur le design, nous nous sommes dit aussi les miennes à l’épreuve. Tout a changé typiquement britannique ?
que c’était le moment de faire entendre en douze ans… C’est comme si on était en Je ne sais pas vraiment ce qu’est le design bri-
notre voix. Et, en 2005, il n’y avait alors pas face d’une image en mouvement. Rien n’est tannique. D’autant qu’aujourd’hui, dans notre
pléthore d’éditeurs. prémédité, nous travaillons sur des intuitions, première collection, le seul Anglais, c’est
sur ce qui peut provoquer le désir. C’est moi ! Nous avons un Italien, un Allemand, un
une démarche assez passionnelle. En même duo de Français et un Suisse. L’idée de cette
temps, le mobilier que nous créons n’est pas collection, c’est simplement de réaliser des
typé « à la mode ». Il est là pour durer. pièces qui offrent aussi des points de vue sur
le design, des pièces expressives quand bien
Vous parlez d’intuitions, même elles sont discrètes. Au fond, si ce mo-
mais n’attend-on pas du D.A. bilier a quelque chose de britannique, et plus
qu’il soit « carré » ? précisément de londonien, c’est parce qu’il
Si, bien sûr, mais les choses ne tiennent pas est éclectique, culturellement divers, risqué,
dans un carré et c’est tant mieux ! Ce que éventuellement excentrique, bref, qu’il n’a
j’essaie de promouvoir, c’est d’abord la subti- pas peur de faire du bruit.
lité du design, de ce que nous faisons et de
ceux avec qui nous le faisons. Les histoires Qu’est-ce qui symbolise selon vous
le côté outsider de la marque ?
1/ Comme directeur artistique d’Established & Sons, La table Aqua, de Zaha Hadid, et la collection
Sebastian Wrong souhaiterait aussi pouvoir « The Crate », de Jasper Morrison. Deux projets
populariser du design inattendu. 2/ Une définition
qui va comme un gant à la table Aqua qu’avait aux antipodes l’un de l’autre et très éloignés
1
dessinée Zaha Hadid en 2005. © PETER GUENZEL de tout consensus. Il n’y avait à la base aucun

134
souci commercial. La liberté de créer était to- 3/ La collection « The Crate », de Jasper Morrison
tale. Nous avons donné aux designers une vraie (2006), a été controversée avant de connaître le
succès. 4/ La chaise Mauro a été conçue en 1976 par
plateforme d’expression. Qui d’autre que nous Mauro Pasquinelli, un designer peu reconnu que
aurait permis à Jasper Morrison de faire cela ? Sebastian Wrong met en lumière. © PETER GUENZEL

Established & Sons en outsider, oui,


mais Jasper Morrison en designer catalogue d’Established & Sons ?
proscrit, quand même pas ! Je suis très heureux de vous entendre poser
Pourtant la collection « The Crate », que nous cette question. Mais son élégante praticité
avions éditée en 2007, était bel et bien un pro- est ce que je visais. À savoir que cette chaise
jet radical qui a suscité la controverse tout en devait remplir le maximum de cases, par son
étant une brillante démonstration de design. À apparence, son confort, son ergonomie, le fait
partir de cette « caisse » en bois, toute une col- qu’elle soit parfaitement empilable, et même
lection est née. Depuis, des stimuli culturels ont par l’histoire de son processus de fabrication.
opéré dans le design, l’art, la mode et l’esthé-
tique. Tout est devenu plus éclectique et mé- Est-elle rééditée à l’identique ?
4
langé. Si les gens apprécient mieux cette col- Non, c’est une « réactivation ». Nous l’avons
lection, c’est qu’elle a passé l’épreuve du temps. fait évoluer. En 1976, lors de sa création, elle
chose sur le marché, ils s’interrogent dans la était entièrement fabriquée à la main, ce
En quoi consiste votre travail de foulée sur sa destination et son utilisation chez qui aujourd’hui serait très onéreux. Avec les
directeur du design ? eux. Nous ne présentons pas des concepts. techniques actuelles, elle peut être produite
Je m’investis dans tout. Je ne fais pas que dé- Ce sont des pièces à livrer rapidement. Ceux industriellement et donc commercialisée
velopper des produits avec les designers. Je qui exposent des prototypes au salon de plus facilement.
m’occupe aussi de la communication et donc Milan sans donner suite laissent penser qu’ils
de l’image d’Established & Sons dans le monde, ne croient pas en leur produit. Dans une foire En quoi cette chaise seventies
des scénographies aux publications. Tout est commerciale, vous rencontrez des gens qui était-elle parfaite pour
lié. Ce n’est pas si compliqué parce que nous vont se faire une opinion. Il faut donc leur ap- Established & Sons ?
sommes une société de taille raisonnable. Mais porter une réponse concrète. Cela coûte de Par sa structure, qui en fait toute l’esthé-
nous avons beaucoup à faire et à dire. l’argent, du temps et de l’énergie, mais c’est de tique, par sa pertinence aujourd’hui encore
l’investissement. Cela fait exister le projet. et par son confort. Observez-la en détail,
Pourquoi insistez-vous pour que vous verrez, elle est très complexe.
ce que vous présentez lors L’agenda et les échéances des
du Salon du meuble de Milan soit salons pressurent-ils la création En 2018, les chaises en bois ont la
rapidement disponible ? et la production ? fluidité du polypropylène. En 1976,
Parce que dès que les gens voient quelque Même si tout va plus vite qu’avant, les la Mauro avait déjà cette fluidité.
échéances du design ne sont pas aussi rap- Absolument. Si vous vous penchez sur l’his-
prochées que celles de la mode. Pour au- toire de son designer, Mauro Pasquinelli,
tant, le produit que l’on ne fait pas exister c’était le parfait outsider. Il ne dessinait que
assez rapidement, c’est comme s’il disparais- des chaises, mais très sérieusement. Il n’est
sait. Alors que celui qui n’a eu aucun succès pas encombré par son ego bien qu’auteur de
au début mais qui a le mérite d’exister peut créations remarquables.
finir par s’imposer au bout de dix ans.
Comment l’avez-vous rencontré,
Qu’est-ce qui désormais vous lui qui justement est si discret ?
importe le plus ? J’étais tombé sur l’une de ses réalisations
Dire qui nous sommes et ce que nous fai- dans un atelier, à Manzano (province d’Udine,
sons. Un produit comme la chaise Mauro, de en Italie, NDLR). Elle m’avait séduit. Il a fallu
Mauro Pasquinelli, explique pourquoi nous plusieurs semaines pour en retrouver l’au-
tenons à en raconter l’histoire dans le jour- teur. Lorsque nous nous sommes finalement
nal que nous éditons. rencontrés dans sa maison, à Florence, il nous
a montré une autre chaise qu’il avait conser-
La Mauro ne fait-elle pas de vée. Il la trouvait plus intéressante à édi-
3
l’ombre aux autres chaises du ter. Je doutais. Elle avait des points faibles.

135
ID-ENTRETIEN

1 3

4 5

1/ Emblématique des nouvelles propositions de l’éditeur, la lampe Cho Light, de Dimitri Bähler. © PEER LINDGREEN 2/ Issue de savoir-faire des verriers vénitiens, la lampe Filigrana,
de Sebastian Wrong, donne à voir ses irrégularités artisanales. 3/ Le sofa Barbican, de Konstantin Grcic, ignore toute fioriture sans refuser de jouer avec les couleurs. © PEER
LINDGREEN 4/ Qui pourrait croire qu’une autre des « nouveautés » phares de l’éditeur, la chaise Mauro, de Mauro Pasquinelli, date de… 1976 ? © PEER LINDGREEN 5/ Pour la tactilité
de leur sofa Cassette, les frères Bouroullec ont fait appel aux très chics boulettes de laine du tissu Louison de Pierre Frey, ici éclairé par la Filigrana. © PEER LINDGREEN

136
La réaliser telle quelle était risqué. Grâce peut donner des créations presque kitsch !
aux artisans, nous avons largement surmon- On a donc fait attention. Plus prosaïque-
té toutes les contraintes. Elle est maintenant ment, la lampe s’accroche à la hauteur dési-
devant vous, parfaite pour le marché. rée grâce à la longueur réglable du fil.

Comment cette chaise Mauro Pourquoi avoir souhaité travailler


a-t-elle été accueillie ? avec le jeune Dimitri Bähler ?
Des amis qui sont dans le métier ont voulu Je pense que c’est un excellent designer
me dissuader de la réaliser, la jugeant fragile. plein d’idées et promis à un bel avenir. Nous
Mauro Pasquinelli, 89 ans, était sûr qu’il était parlions depuis quelques années de déve-
possible de la produire industriellement. Et lopper une lampe ensemble. Elle est en car-
voilà le résultat. J’ai vraiment pu constater bone et en papier washi. Je la trouve simple,
encore une fois à quel point la souplesse apaisante, pure et sculpturale. C’est un objet
des fabricants italiens leur permet de tou- fonctionnel qui ne manque pas de charme.
jours trouver des solutions. On peut lire ou dîner à sa lumière. Dans le
rush du salon de Milan, il fallait stopper les
7
Les gens peuvent combiner ces gens pour qu’ils puissent bien l’apprécier.
meubles sans que cela fasse
panoplie, était-ce votre intention ? Comment évite-t-on de créer le disponible en stock. Nous pensons beaucoup
Nous voulions surtout des produits nou- sofa de trop ? au marché du contract qui est très important.
veaux. Effectivement, les cinq projets de la Nous avons toujours eu beaucoup de canapés
dernière collection vont très bien ensemble, rembourrés dans notre collection. Cela avait du Les interventions graphiques
mieux que les créations des débuts de la so- sens d’en réaliser d’autres. Ils sont fabriqués sur d’Albert Tercero lors du
ciété. Ils forment une sorte de communauté. commande sans amasser de stock. Le travail de lancement de la collection
Konstantin Grcic et des frères Bouroullec, au- à New York donnaient l’impression
Vous avez conçu des lampes qui, tant en matière de tapisserie que de design, est que vous éditiez les tapis
elles, sont artisanales… aussi passionnant que pertinent. De ces desi- sur lesquels il avait dessiné…
Je ne voulais pas de symétrie. Tout est fait gners-là émane une vraie recherche sur ce que J’aime beaucoup le travail d’Albert. Je voulais
main donc si l’on compare deux lampes, les peut être un sofa, d’autant qu’ils cultivent une m’éloigner de l’image typographique pure, un
lignes que l’on voit sur le globe sont toujours certaine liberté dans leur façon de s’attaquer à peu trop présente, des présentations d’Esta-
différentes. Elles ne se rejoignent qu’en un leur sujet… Ce qui nous va très bien. blished & Sons. Et créer un personnage que
seul point. Je trouve ça très beau. C’est le nous pourrions faire interagir avec notre mo-
résultat d’une vieille technique vénitienne De l’importance du tissu d’un sofa, bilier. C’est un personnage porté sur le yoga. Il
de verre soufflé à la main, dont le savoir-faire même signé d’un designer respecté… a un côté rafraîchissant tout en mettant en va-
est d’ailleurs jalousement gardé secret. Cela La question de savoir jusqu’à quel point leur les silhouettes des produits et leur usage.
le choix du tissu influe sur le sofa est sou-
vent sous-estimée. Le tissu et la couleur ne Qu’est-ce qui a changé ces
conditionnent pas les mêmes désirs entre la dernières années
Scandinavie et l’Australie. C’est une chose dans le marché du design ?
compliquée. À la fois le retail et le contract, qui sont de-
venus énormes. Il faut communiquer de la
Comment la nouvelle collection meilleure des façons, du numérique jusqu’aux
a-t-elle été reçue en général ? foires, en passant par le lien direct avec nos
L’accueil a été très positif. Peut-être parce que clients. Il ne faut pas diluer ses propres va-
la collection propose des produits soigneuse- leurs et ne pas être non plus dans le « moyen
ment conçus et qui vont bien ensemble. On l’a marché ». Dans le « moyen marché », les
voulue commerciale, compétitive, praticable et fortes identités sont loin d’être légion. Un peu
comme dans un salon professionnel, quand
vous voyez plein de choses mais que rien ne
6/ Sous ses airs de berlingot, la Filigrana arbore vous frappe. Nous devons continuer à réali-
des lignes dissymétriques. © PETER GUENZEL ser des produits qui ont une voix et tiennent
7/ Les dessins du graphiste espagnol Albert Tercero
ont accompagné la présentation des collections. debout. Il faut réussir à être commercial tout
6
Son Monsieur Yoga a trouvé un beau terrain de jeu. en restant à la pointe de la créativité.

137
ID-PORTRAIT

1 2

La joyeuse rigueur de
Le designer français n’a pas attendu que plutôt que de geindre. La mode lui a tout appris : « Travailler 1/ Stéphane Parmentier,
se brouillent les frontières entre design sur un style et penser la mode comme un relet de l’époque », le designer et architecte
d’intérieur dont tout le
et architecture d’intérieur pour toucher à tout : explique-t-il. Pas question pour lui, de Paris à Saint-Barth via monde parle… chaque
intérieurs surfins, meubles, tapis, objets l’île Maurice ou Miami, que ses chantiers ressemblent à des année davantage.
© FRANCOIS GOIZÉ 2/ Sous
et accessoires. Avant qu’il lui soit demandé décors igés. La mode lui a aussi inoculé la passion du détail.
un banc Conoid de George
d’aménager un hôtel ou de lifter une compagnie L’urbanité de Stéphane Parmentier pourrait faire méses- Nakashima, qu’on pourrait
aérienne, nous avons ausculté le phénomène. timer sa capacité à ne pas lâcher et à rebondir. Ce qu’il imaginer chiné par
Parmentier pour un client,
Par Guy-Claude Agboton a prouvé, début 2000, en fermant son propre studio de le tapis Fontenay de la
création. « Un concours de circonstances », dit-il avant collection « Nord/Sud »,

A
ttablé dans un café parisien, place de la Bastille, d’évoquer sans s’attarder l’horrible forfaiture d’un asso- réalisée par le designer
cette année, pour La
Stéphane Parmentier est un homme disert, qui cié. Le design et l’architecture d’intérieur le tentaient, il Manufacture Cogolin.
dit volontiers « j’adore ! », mais aussi « appelons s’est lancé. Pour son premier chantier, le client lui a dit : © FRANCIS AMIAND

un chat un chat ». Comprendre que si cet ex-styliste, passé « Stéphane, j’aime bien ton appart’, je te conie le mien,
notamment par Lagerfeld et Givenchy, savoure une pratique tu as carte blanche », omettant de préciser sa surface de
enthousiaste du design, celle-ci ne repose sur aucun entrain 400 m2 et les cinq mètres de hauteur sous plafond, du côté
de façade. Et qu’avec la charité de l’humour, il peut aussi de l’avenue Foch. Le jeune designer n’a pas touché aux
décocher quelques lèches sur les dérives de ce monde-là structures, mais ce fou d’objets a presque tout dessiné, des
aussi… Mais, c’est parce qu’on l’y a poussé. En fait, lui voit meubles aux tapis, et « chiné comme un malade ». « La
plutôt le design comme un verre plein, à remplir soi-même mode vous pousse à exprimer les choses », analyse-t-il.

138
3

Stéphane Parmentier
Il s’est vite vu un avenir dans le design et l’architecture et droites qui se différencient des boutons). La directrice, 3/ Les intérieurs conçus par
d’intérieur. « The sky is the limit », dit-il aujourd’hui. Isabelle Hamburger, a ini par lui demander un projet. Stéphane Parmentier,
comme ici à Paris, ne cèdent
Lors de l’exposition AD Intérieurs en septembre dernier, Il a répondu par des dizaines de dessins, lesquels, une jamais au minimalisme outré.
son stand cultivait l’opulence la plus tranquille. Du fois réunis, ont donné naissance à la première collection © JEAN-FRANCOIS JAUSSAUD
4/ Avec les artisans belges
pur dépouillement chic. « Les gens confondent rigueur lifestyle de Vervloet, avec des produits en laiton doré, de
de la maison Vervloet, le
et minimalisme. Je suis plutôt adepte de l’essentiel », la table basse à l’écritoire de bureau. designer a mis au point la
précise Stéphane Parmentier. En même temps, il n’y a Si le designer relève lui-même les éléments récurrents pré- collection « Stardust », des
poignées ou béquilles de
rien de trop retenu sur le couvercle de ses coffrets en sents dans son travail, comme les totems ou les sphères portes perforées jusque
daim de couleur, créés pour l’éditeur italien Giobagnara miroir, il déteste les codes. Ce sont pour lui des freins dans la moindre courbe.
© STÉPHANIE DEROUAUX
(spécialiste du cuir), pour qui il est à la fois designer et à la création. Il avoue se « scanner » régulièrement, en
directeur artistique. Il arrive même que le dessus de ces conservant un œil critique. Stéphane Parmentier produit
boîtes à bijoux soit constellé de sphères réléchissantes. aussi des objets à son nom, nés pour 70 % de ses envies
Chez Giobagnara, sous sa houlette, la peau, le daim ou le et pour 30 % de ses chantiers, pour lesquels il conçoit pas
nappa investissent toute la maison, sculptures comprises. mal de meubles un peu hybrides, entre bureau et console,
Il a essayé de désacraliser le cuir et considère même la par exemple, ou entre tabouret et banc.
patine dont ce dernier se couvrira comme « une preuve
d’amour de l’objet ». Même intérêt pour les archives de la Une polyvalence de choc
maison Vervloet, en Belgique, à qui il faisait réaliser, pour Actuellement, son studio planche sur une collection avec
4
ses chantiers, des béquilles de portes (poignées longues le ferronnier d’art Pouenat ; il promet quelque chose de

139
ID-PORTRAIT

1 2

déroutant qui mélange les matériaux. Parallèlement, On l’avait connu moins loquace chez Christole. « Être 1/ Avec les totems Motu,
une résidence à Saint-Barthélemy est en cours d’amé- D.A., c’est automatiquement être encadré, conie-t-il. Ce- Stéphane Parmentier,
emmène la maison de
nagement. Aux États-Unis, il développe le département lui-ci doit écouter, observer la marque, étudier son passé ferrures d’art Vervloet vers
maison des magasins de mode The Webster, de Laure pour penser son futur en travaillant avec d’autres. » Il reste l’objet purement décoratif.
© JEAN-FRANCOIS JAUSSAUD
Hériard-Dubreuil. Côté textile, chez Cogolin, à propos très ier de ses projets chez l’illustre orfèvre pour lequel
2/ Chez l’éditeur italien
de la collection « Nord/Sud », lui, originaire de Nice, il a créé la boutique phare de New York, mais aussi le Giobagnara, le designer
nous avait décrit le souvenir tactile de tapis sur lesquels, vide-poche Nest. Son but d’alors était de changer l’image recouvre de peau objets
du quotidien ou étonnantes
enfant, il pouvait s’endormir. Résultat : des pièces fa- parfois négative de l’argenterie. Aussi a-t-il invité des sculptures. © JEAN-FRANCOIS
briquées par la manufacture originaire du Var, dont le designers à collaborer, le laissant convaincu de ce que les JAUSSAUD 3/ Table en travertin

relief reproduit le tracé graphique des pavés de Paris. signatures extérieures sont essentielles pour les marques. et métal patiné de la
collection « Puglia », éditée
Dans sa prime jeunesse, le design était directement lié Stéphane Parmentier adorerait pouvoir injecter dans par Stéphane Parmentier.
à l’univers de l’aviation : « J’étais bouche bée devant un hôtel « émotion, qualité, personnalisation, douceur, © JEAN-FRANCOIS JAUSSAUD

tout, la moquette, le son ou l’intonation des voix d’aé- surprise, vrai luxe, découverte des environs, histoire »…
roports. » Plus tard, chez Givenchy, il a travaillé sur les En bref, nous voir en repartir comme « un ami choyé
premières et business classes de la compagnie aérienne et aimé ». Comment doser tout cela ? Pas de problème
Singapore Airlines. Et il recommencerait volontiers. pour cet « amoureux des strates » au point de les créer
Concernant les boutiques, qui se doivent désormais lui-même ! Lui qui préfère inciter ses clients à plutôt
d’être des « expériences », il lui importe d’y diffuser acheter des œuvres d’art que du design et leur offre des
des « émotions ». Car « à force de vouloir proposer livres sur l’histoire de leur mobilier… « Pour donner
une expérience qui séduise tout le monde, on ne séduit autre chose qu’une simple coquille », dit-il. Il tiendrait
3
personne, ou mal », clame-t-il. presque entier dans cette dernière phrase.

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*Le sens de la diférence


ID-WORKSHOP STUDIO

© LIVING INSIDE

À Milan
Le studio de Cristina Celestino
C’est dans un appartement situé dans un immeuble du début du XXe siècle que
Cristina Celestino a établi son agence. Elle y rassemble des pièces de sa collection
de modernisme italien, des prototypes, des matériaux et ses propres projets réalisés
au fil des ans, dans un équilibre de couleurs et de formes savamment entretenu.
Par Alice Ida / Photos Helenio Barbetta pour IDEAT

142
1 2

L
e quartier de Città Studi, près de NoLo (Nord di Loreto), est un quartier qui bouge,
entre Piola et Lambrate. C’est ici qu’avec une petite équipe de collaborateurs Cristina
Celestino exerce son activité, qui englobe aussi bien le design produit que la réalisa-
tion d’espaces. Ce sont les sols en marbre jaune, rose et gris, ornés de bordures lorales, qui
provoquèrent son coup de foudre pour le lieu : « J’ai mis beaucoup de temps avant de trouver
cet endroit ; je cherchais un lieu qui soit proche de chez moi, pour des raisons évidentes de
logistique, mais il fallait avant tout que je le trouve beau ! » Née dans le Frioul en 1980,
Cristina poursuit ses études d’architecture à Venise, où elle exerce plusieurs années avant
de s’installer à Milan, en 2010. « D’emblée, j’ai été frappée par la vitalité de cette ville. À
quelques semaines du Salon du meuble, le studio de design pour lequel je travaillais était
en pleine ébullition, transformé pour l’occasion en un véritable carrefour de journalistes, Page de gauche Cristina
de stylistes et de photographes venus du monde entier. Cette adrénaline était tout à fait Celestino dans son studio, posant
devant le miroir Obei Obei Obei
nouvelle pour moi, et passionnante. » En 2012, elle fonde Attico Design et présente au
(2014), mi-verre sérigraphié,
salon Satellite une première série de produits qui portent sa signature : « Je me suis jetée mi-verre coloré (Attico Design).
dans l’expérience du salon un peu naïvement, sans préjugés… ni limites. » 1/ De gauche à droite, revêtement
en terre cuite de la collection
« Giardino all’Italiana » (Fornace
La collection plus que l’objet Brioni). Lampe de bureau Bon Ton
Son travail est remarqué par la presse internationale, qui en saisit immédiatement l’impact (Torremato). Miroir Orfeo (Attico
Design, collection « Corallo »).
expressif. Elle commence à s’associer avec des galeries internationales, dont la très branchée
2/ À côté, sur le bureau, lampe
Mint Gallery, à Londres. La consécration viendra grâce à d’importantes collaborations. en marbre et onyx Alice (Budri).
La plus décisive sera celle nouée avec Fendi, en 2016, avec qui elle crée la collection « The Revêtement Rocaille de la
Happy Room », un néoboudoir présenté à Design Miami. Cette première ligne de 12 collection « Giardino delle Delizie »
(Fornace Brioni). Pouf Ariosto
pièces de mobilier ultragraphique est aussi audacieuse dans le mélange de matières (four- recouvert d’un tissu Rubelli
rure, bois, velours…) que subtile dans le dosage de réminiscences Art déco et d’inluences, (Attico Design, collection « Corallo »).

143
ID-WORKSHOP STUDIO

1 2

3 4

144
5 6

Gio Ponti en tête. C’est donc lorsqu’on lui conie une direction artistique et non juste un
produit qu’elle s’exprime le mieux. La preuve avec « Plumage », une gamme d’objets en
céramique réalisée pour BottegaNove, puis avec ses collections de revêtements « Giardino
all’Italiana » et « Giardino delle Delizie », pour Fornace Brioni.

Une esthétique qui mêle géométrie, textures et couleurs


Les objets dessinés par Cristina Celestino racontent une histoire. « La partie la plus
Page de gauche 1/ Verre Dolce
importante de mon travail, c’est le commencement, lorsque je trouve une narration qui
Vita (Paola C.). 2/ Détail de
sera le point de départ de mes recherches. C’est seulement ensuite que je travaille sur le la lampe Bon Ton (Torremato).
volume, la lumière et la fonctionnalité. » Inspirée par les formes de la nature, mais aussi 3/ Derrière la chaise vintage
du designer Ico Parisi (Cassina), un
par l’architecture et la mode, Cristina s’est également beaucoup intéressée à la joaillerie échantillon du revêtement en terre
et à l’orfèvrerie, où l’esthétique est toujours liée à une fonction : chaînes et griffes y sou- cuite de la collection « Giardino
tiennent ou sertissent les pierres. Un travail qu’elle réinterprète à grande échelle, comme si all’Italiana » dessinée par Cristina
Celestino pour Fornace Brioni.
ses meubles devenaient des bijoux placés dans un décor. La variété des matériaux qu’elle 4/ Photophore Perlage (Attico
utilise s’étend du verre au métal, du bois au marbre, en passant par la céramique, dans Design). 5/ Près du lampadaire Bon
Ton (Torremato), posé contre le
un rendu qui met en valeur le savoir-faire des entreprises avec lesquelles elle collabore.
mur, un échantillon du revêtement
« J’aime expérimenter, travailler avec des matières que je ne maîtrise pas, insiste-t-elle. « Plumage » (BottegaNove).
Je me fais aider par des artisans et des entreprises, pour essayer d’utiliser ces éléments Devant, pouf Ariosto (Attico
Design) et prototype de la table
d’une manière inattendue. » De sa récente collaboration avec WonderGlass, elle a tiré le
basse de la collection « The Happy
meilleur de la maîtrise technique du souflage du verre de Murano. Guidée par sa vision Room » (Fendi). Sur l’étagère,
poétique, elle a imaginé une suspension d’une légèreté incomparable en s’inspirant des appliques Borchia en acier
(Attico Design, 2012). 6/ Quelques
bourgeons de physalis, ces leurs qui ressemblent à de petites lanternes japonaises. Avec échantillons de la collection
Budri, spécialiste de la marqueterie du marbre, elle poursuit sa recherche sur la lumière en « Giardino delle Delizie ».

145
Ci-contre Miroir courbé et
coloré Orfeo (Massia Vittorio
1843). Armoire Eliseo, en bois
et passementerie, collection
« Corallo » (Attico Design).
Page de droite Revêtement
mural Rocaille, collection
« Giardino delle Delizie »
(Fornace Brioni). Sur le buffet,
la lampe de 1979, signée
Luigi Caccia Dominioni, fait
partie de la collection
personnelle de Cristina.
ID-WORKSHOP STUDIO

1 2

l’habillant d’une matérialité sculpturale. L’élégance du marbre et de l’onyx, avec lesquels


la lampe Alice est réalisée, est un hommage à l’héroïne de Lewis Carroll. Elle ressemble à
une bague, mais rappelle vite les mondes parallèles et les changements d’échelle auxquels
la petite ille est confrontée. Pour Antique Mirror, les marbres polychromes associés à des
miroirs anciens deviennent les éléments constitutifs d’une texture précieuse développée
pour le projet de bardage Lampassi, pour lequel Cristina a également conçu l’installation
Sala degli Specchi (une galerie des glaces) au dernier Salon Cersaie à Bologne, inspirée
des salles de bal du xviie siècle.

Scénographier des marques


En dehors de ses collaborations mémorables, Cristina s’illustre aussi dans le design d’in-
térieurs de magasins. Elle a, par exemple, refait les boutiques de Sergio Rossi à Milan, à
Rome et à Paris. À Noël, elle transforme l’espace de la boutique Luisaviaroma, à Florence,
en Home for Holidays, un intérieur domestique, et imagine pour la même enseigne un pop-
up store à New York. Au dernier Salon du meuble de Milan, son Coral Tram a défrayé la
chronique. Ce wagon itinérant présentait une collection de poufs, de tapis, de lampes et de
miroirs siglés de son label, Attico Design. Elle en avait transformé les intérieurs (datant de
1928) en salon glamour, avec des accents oniriques et surréalistes, soutenus par des maisons 1/ Étude pour le projet de
historiques comme Rubelli et le spécialiste de la passementerie Massia Vittorio 1843. Comme revêtement mural en marbre
Lampassi (Antique Mirror).
un grand couturier, Cristina habille les intérieurs en sélectionnant matières, couleurs et tex-
2/ Cristina à son bureau, dans une
tures rafinées, en créant des formes enveloppantes et sinueuses. Son esthétique se compose atmosphère riche et studieuse,
d’harmonies délicates. Affranchie des contraintes purement fonctionnelles, sa vision artistique mêlant les projets en cours,
les échantillons de matériaux
est capable d’évoquer rigueur et sensibilité, équilibre et paradoxe. Incontestablement l’un et les objets de sa collection
des langages les plus intéressants du design italien contemporain. personnelle de design du XXe siècle.

148
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ID-CRAZY

Moooi ? Mooi !*

Dès sa naissance, Moooi s’est imposée comme un ovni dans l’univers du design. Souvent décalée, parfois
irrévérencieuse mais toujours surprenante, la marque néerlandaise revendique une liberté à toute
épreuve. Malgré une notoriété grandissante, elle parvient à conserver cette incroyable excentricité qui
la caractérise, quitte à prendre à revers les codes du marché.
Par Pierre Lesieur

* Moooi ? C’est beau !


150
C
’est parce qu’ils s’ennuyaient que Marcel Wan- s’épanouir hors des sentiers battus. Très impliqué dans
ders et Casper Vissers ont démarré l’aventure son rôle, le designer a d’ailleurs promis à son équipe de
Moooi en 2001. À la recherche de fantaisie et ne jamais changer de cap, « et ce n’est pas facile de rester
d’une plus grande liberté de création, les deux hommes libre dans un marché si formaté, ajoute le président. Car,
baptisent leur marque d’après le terme néerlandais mooi, plus vous devenez grand, plus les enjeux le sont aussi. »
qui signiie « beau », mais en y ajoutant un troisième
« o », comme pour signifier dès le départ leur envie Coups de foudre
de se démarquer. « Ils voulaient déclarer la guerre au Là où d’autres se seraient vite pris au sérieux, la marque
design conventionnel et minimaliste, et remettre un peu continue donc de fonctionner à l’instinct, préférant les
d’humanité au cœur de leur démarche », conie Robin coups de cœur aux stratégies marketing. Point de brieing
Bevers, l’actuel président de l’entreprise. Le moins que ni de catalogue linéaire, Moooi édite d’abord ce qui lui Page de gauche Présentées
l’on puisse dire, c’est que Moooi ne fait rien comme plaît. « On rencontre des designers et on tombe amoureux à Milan cette année, les
suspensions Iconic Eyes de
tout le monde. D’ailleurs, ne demandez pas au dirigeant de leur travail, explique Robin Bevers. C’est exactement Bernhard Dessecker, la table
quels sont les derniers produits de son catalogue, il n’en- ce qui s’est passé avec Maarten Baas. Il présentait sur un Obon de Simone Bonanni
et deux chaises Monster
visage pas les choses comme ça : « Tous les ans, on nous salon des chaises en bois brûlées, et ça nous a intéressés.
de Marcel Wanders, parées
demande quelles sont nos nouveautés. Bien sûr, nous On a regardé de plus près ses dessins et il y igurait un du nouveau revêtement
lançons régulièrement de nouveaux produits, mais nous incroyable canapé. » Le jeune designer leur explique alors Dodo Pavone (inspiré
du fameux oiseau disparu).
préférons parler de ce qui nous inspire, de nos recherches qu’il a toujours voulu créer un canapé qui ressemblerait
Ci-dessus Flottant
et de nos collaborations. Ce qui nous intéresse, c’est de à « quelque chose comme ça » : irrégulier, avec des au-dessus des fauteuils
nous développer en tant que marque. » C’est ainsi que contours sommaires, une ébauche plutôt qu’un produit Charles de Marcel Wanders,
les poétiques suspensions
s’est construite l’entreprise, dont Marcel Wanders est resté ini, regrettant que son travail soit « souvent développé Coppélia d’Arihiro Miyake.
directeur artistique : avec la volonté chevillée au corps de à partir de dessins dont la spontanéité disparaît au il du © ANDREW MEREDITH

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ID-CRAZY

1 2

processus industriel ». Avec Moooi pour éditeur, le dessin meuble. En 2018, avec son « Museum of Extinct Ani-
original de Maarten Baas va prendre vie pour aboutir à mals », elle n’a pas dérogé à la règle. « Dans un monde
Something Like This, un canapé modulaire où les angles moderne où on regarde toujours devant, où on cherche
à 90 degrés n’existent pas. Cette nouvelle collaboration la nouveauté, Marcel a suggéré qu’on fasse exactement
illustre parfaitement l’ADN de la marque, qui n’a pas le contraire, raconte Robin Bevers. On est tombés sur de
usurpé son slogan : « Une vie extraordinaire ». Parmi ses vieux dessins d’animaux disparus ramenés du bout du
derniers coups de foudre pour des talents prometteurs, monde par des aventuriers. Il n’y avait pas besoin d’inven-
on compte aussi le jeune Néerlandais Rick Tegelaar (dont ter quoi que ce soit, tout était là. » Inspirée par ces mer-
elle a édité quasi simultanément le lustre en acier avec veilles du passé, Moooi imagine des tissus, des matières et
LED intégrées Meshmatics et le lampadaire Filigree, aux des tapis, mais aussi une série de revêtements muraux en
allures de tournesol géant) et le Japonais Arihiro Miyake collaboration avec Arte. Mises en scène à Milan dans un
(avec, l’an dernier, une lampe portant son nom, puis, cette fabuleux musée éphémère, ces trouvailles ont transporté
1/ Autour des tables
année, la suspension Coppélia). les visiteurs dans un fantastique voyage dans le temps. Elements 006 de Jaime
Jamais là où on l’attend, la marque néerlandaise cultive Hayón et Chess de
Front, les fauteuils Love Sofa
Folie intemporelle sa différence avec application. « Nous continuons à nous
High Back de Marcel
Intuitive mais aussi tenace, Moooi mène sa barque développer avec des yeux et des équipes tout autour du Wanders et le lampadaire
comme elle l’entend. « Pour nous, le design est d’abord monde, et nous allons accentuer notre présence sur de Filigree de Rick Tegelaar.
2/ La table Container New
une affaire d’émotion, déclare son président. Si les gens nouveaux marchés, conclut Robin Bevers. Mais je peux
Antiques et les tabourets de
achètent nos produits, on veut que ce soit d’abord parce aussi vous dire que nous travaillons déjà sur quelque bar New Antiques de Marcel
qu’ils les aiment ! » Et, s’il est un terrain de jeu où toute chose de complètement différent pour le prochain Salon Wanders, éclairés par le
nouveau lustre Meshmatics
cette folie douce peut s’exprimer, c’est bien Milan. de Milan. Ce sera du jamais-vu ! » Venant d’un expert de de Rick Tegelaar.
Chaque année, la marque crée l’événement au Salon du la surprise, on n’en espérait pas moins. © ANDREW MEREDITH

152
ID-ICÔNE

1919

Le buffet Elling de Rietveld


Il est plus facile d’entendre parler de la plus belle chaise du monde que
du plus beau buffet de la terre. Comme si ce type de mobilier ne
relevait que de l’équipement. Le designer et architecte Gerrit Rietveld
a brillamment prouvé le contraire en un seul meuble. À l’aube
du centenaire du Bauhaus, retour sur une pièce exceptionnelle.
Par Guy-Claude Agboton

D
ès 1919, année de la fondation du Bauhaus à Weimar, en Allemagne, le Néerlan-
dais Gerrit Rietveld (1888-1964) construit presque de ses mains l’un des buffets
les plus modernes qui soient. Il l’avait d’autant mieux en tête qu’il est lui-même
ébéniste, ayant quitté l’école à 11 ans ain d’apprendre le métier auprès de son père. C’est
la pratique du dessin qui fera de lui un architecte, après avoir également dessiné pendant
quelques années les modèles d’un bijoutier. Quand Rietveld met au point le buffet Elling,
cela fait à peine deux ans qu’il a ouvert son atelier. Il a alors 31 ans. Ce fameux meuble
porte le nom de son ami architecte Piet Elling, qui en sera le premier acquéreur. C’est
une véritable symphonie de sections de bois de chêne. Il arbore une vraie façade, tout en
symétrie, avec, autour du contenant central, deux fois deux tiroirs carrés qui semblent
en apesanteur. Tous les éléments tiennent ainsi comme par magie. En fait, c’est un minu-
tieux travail de joints qui est à l’œuvre, avec, à la in, l’impression que la structure même
du mobilier fait aussi l’essentiel de son esthétique. Est-ce grâce à ce buffet que Walter
Gropius invite Rietveld à exposer en 1923 au Bauhaus ? Ce qui est certain, c’est qu’en
1970, alors que le designer est un peu oublié, le label italien Cassina décide d’en produire
une dizaine. Les rares exemplaires qu’on voit aujourd’hui dans les ventes aux enchères
et quelques musées sont plutôt ceux produits par l’auteur lui-même à partir de 1958,
avec l’ébéniste Gerard Van De Groenekan. Le buffet Elling montre bien à quel point Rie-
tveld incarne de bonne heure la igure de l’artisan créatif. Architecte, ébéniste, peintre et
designer, il est capable de littéralement réinventer une typologie en s’inspirant aussi des
courants artistiques de son temps, du mouvement De Stijl au Neues Bauen. Le paradoxe,
c’est que les règles de De Stijl sur la répartition dynamique des volumes, il les appliquait Le buffet Elling : on ne
déjà spontanément avant même l’émergence du mouvement, en 1917. Bien plus tard, le peut être plus moderne
ni plus architectural
designer Maarten Baas revisitera le meuble iconique dans une version brûlée – comme le en 1919 ! © COLLECTIE
premier exemplaire, qui disparut dans un incendie… Un buffet inspirant ! GEMEENTEMUSEUM DEN HAAG

154
ID-SHOPPING

Un tapis de bonnes idées

© BEPPE BRANCATO / STYLISME : GRETA CEVENINI

Avec cc-tapis, GAN Rugs et Nanimarquina, l’expression « marchands de tapis » a perdu tout
caractère péjoratif pour gagner en originalité et en prestige. Ces éditeurs produisent des pièces qui
reflètent leur goût pour la création et pour les hommes qui la portent. Partenaires des designers, ils
offrent à ces derniers l’occasion d’oublier les codes et de repousser les limites. Et ils nous inspirent.
Par Virginie Lucy Duboscq

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1 2

Page de gauche Tapis Bliss Big Blue en laine, design Mae Engelgeer, 6 120 €, cc-tapis. 1/ Appliques Papillon en verre feuilleté coloré, éclairage au néon (90 x 48 x 7,6 cm),
design Bernhardt & Vella, 1 491 € l’unité. Arflex. 2/ Photographie Urban Beehive III (2015) de Jaione García. Impression à l’encre pigmentaire sur papier « Fine Art » Hahnemühle.
Œuvre signée, vendue non encadrée (24 x 36 cm), avec un certificat d’authenticité, numérotée et limitée à 15 exemplaires, 200 €. Artsper. 3/ Fauteuil Bonnie recouvert de
jersey, design Pierre Paulin, 2 407 €. Ligne Roset. 4/ Lampe Binic en ABS moulé et polycarbonate, design Ionna Vautrin, 144 €. Foscarini. 5/ Set de deux tables basses en
métal (102 x 61 x 36 cm, diamètre : 92 cm), 660 € et 682 €. Notre Monde. 6/ Vase Karlos en marbre et acier, design Numéro 111, 263 €. Cinna. 7/ Pouf de la collection « WAM »
(« Wait a Minute »), design Marco Zito, à partir de 870 €. Bross.

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ID-SHOPPING

© ANGEL SEGURA

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1

3 7

Page de gauche Assemblage de deux tapis en laine : Mangas Original Alfombra Farol MF2 et Mangas Original Alfombra Globo MG2. Design Patricia Urquiola, 2 630 € pièce.
GAN Rugs. Chaises Tulip, design Eero Saarinen (Knoll). 1/ Photographie Paul et Annette (2013) de Katherine Hoffmann. Tirage Lambda sur papier d’art. Œuvre signée et
vendue avec son certificat d’authenticité, numérotée, limitée à 30 exemplaires. Cadre en bois blanc et vitre en Plexiglas (40 x 40 cm), 550 €. Artsper. 2/ Suspensions Puncto
ou n° 4302, design Seppo Koho (diamètre : 45 cm, 60 W). Disponibles en bouleau naturel ou stratifié, noir ou blanc. 550 € l’unité. La Boutique danoise. 3/ Lampe TGV, design
Ionna Vautrin, 295 €. Moustache x SNCF. 4/ Buffet César bleu pétrole en chêne, 1 390 €. Hartô. 5/ Vase Toy en verre soufflé peint à la main et verre mécanique (disque
bleu), design Guillaume Delvigne, 1 492 €. La Chance. 6/ Table de bistrot Jantzi avec plateau en chêne, design Samuel Accoceberry, à partir de 945 €. Alki. 7/ Fauteuil
bridge Impala, structure en fil d’acier thermolaqué noir, dossier et assise recouverts de tissu Coralie Prévert, design At-Once, fabriqué en France. 684 €. Airborne.

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ID-SHOPPING

© ALBERT FONT

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1

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Page de gauche Tapis Losanges II (230 x 300 cm) en laine afghane, design Erwan et Ronan Bouroullec, 6 552 €. Nanimarquina. Fauteuil LCW Plywood Group, des Eames (Vitra).
1/ Suspension Pamela P. Selon le diamètre, 25 cm : 125 € ; 50 cm : 225 € ; 80 cm : 325 €. Le Monde sauvage. 2/ Photographie Couple de femmes dans un miroir (1974), de Claude Guillaumin.
Impression jet d’encre sur papier d’art. Œuvre signée et numérotée, limitée à 9 exemplaires, vendue non encadrée (40 x 60 cm), avec certificat d’authenticité, 1 650 €. Artsper. 3/ Paravent
en cannage (180 x 2,5 x 150 cm), 545 €. Home Autour du Monde. 4/ Meuble de rangement 513 Riflesso en bois, finitions acajou et portes en aluminium anodisé, design Charlotte Perriand,
6 563 €. Cassina. 5/ Verres à soda à motif géométrique, 9,99 € pièce. Zara Home. 6/ Fauteuil Pelican (1940), design Finn Juhl, 6 915 €. House of Finn Juhl à la galerie Triode.

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Contemporary life
parce que la vie avec du style, c’est chic !
Famille «Hipster» Famille «Arty» Famille «Healthy»
(New York) (Berlin) (Los Angeles)

Famille «Urban chic» Famille «Rétro» Famille «Bobo»


(Londres) (Madrid) (Paris)

Famille «Business» Famille «Hippie chic» Famille «Fashion»


(Shanghai) (Amsterdam) (Milan)
ID-HOME 1

À Milan
Estampes et falbalas

© LIVING INSIDE

L’appartement milanais d’Ilaria Ferraro Toueg, jeune et élégante


décoratrice, évoque une romance audacieuse aux couleurs pastel,
aux inspirations Art déco et japonaises. L’illustration d’une approche
tout en nuances, qui compose une véritable symphonie chromatique,
où s’épanouissent de nombreuses pièces de design vintage et contemporain.
Par Alice Ida / Stylisme Cristina Nava / Photos Valentina Sommariva

164
Page de gauche La propriétaire Ilaria Ferraro Toueg porte
un kimono des années 30 et une jupe en soie siglée Dior.
Derrière elle, le tableau Breastplate Elevation (2015), de
l’artiste anglais Matthew Stone. Ci-contre Porte originale
des années 30 avec structure en bois et vitraux de verre
plombé. Le papier peint Melville (Cole & Son) personnalise
un ensemble de rangements intégrés.
ID-HOME 1

S
ophistiquée et élégante, féminine, mais sans excès… Si la maison d’Ilaria Ferraro Page de gauche L’entrée de
Toueg était un vêtement, ce serait une robe de cocktail printanière, portée par l’une l’appartement se pare d’un
ensemble de marbres polychromes
de ces éblouissantes jeunes femmes du Long Island des années 20, si bien décrites Breccia et, au sol, de motifs
par Francis Scott Fitzgerald dans Gatsby le Magniique. La référence à la mode n’est pas en losanges dans des tons roses
due au hasard, puisque notre hôtesse a abordé le monde de la décoration après des études et verts. Au plafond, papier peint
Great Vine de la collection « Historic
de mode à l’Institut européen de design (IED) de Milan. Cet enseignement lui a insuflé Royal Palaces » (Cole & Son).
son approche très couture et caractérise son travail par l’attention particulière portée aux Applique en laiton et verre,
conçue dans les années 70 par
détails et l’extrême minutie avec laquelle elle accorde tissus et couleurs. Situé dans un
Gaetano Sciolari. Le hall donne sur
luxueux bâtiment milanais des années 30, l’appartement d’Ilaria Ferraro Toueg est une ode la salle à manger. Ci-dessus Sofa
à l’Art déco américain des années 20. Une ambiance qui rappelle l’atmosphère pétillante Michel d’Antonio Citterio (B&B Italia).
Fauteuil recouvert de velours JAB
et rafinée du ilm de Woody Allen Café Society, dans lequel elle a puisé une grande inspi- Anstoetz. La table basse centrale
ration, comme elle l’avoue elle-même. Marbres précieux, vitraux à motifs géométriques, et la lampe en laiton proviennent
planchers en marqueterie et hauts plafonds à moulures en stuc ne sont que quelques-uns de la galerie Robertaebasta Milano.
Les petites tables d’appoint sont
des éléments – soigneusement préservés durant la rénovation – d’un passé qu’elle a su ra- des créations d’Ilaria Ferraro
mener à la vie et magniier dans une esthétique contemporaine, composant ainsi un espace Toueg, de même que le tapis Pink
Palm (Ted Milano). De gauche
élégant, décontracté, comme suspendu dans le temps et protégé de l’agitation de la ville.
à droite sur le mur, deux œuvres
« Je me suis toujours déinie comme une personne d’une autre époque et je trouve beau de Paul Kneale, Uncertified et Bare
qu’une femme soit ière d’exprimer sa féminité dans ses choix. » Backing. Lampadaire droit IC Lights
Floor de Michael Anastassiades
(Flos). En haut, à gauche, applique
Un fil conducteur chromatique en laiton U Brass, avec éclairage
Surprenant, révélant avec assurance la féminité de sa propriétaire, l’appartement d’Ilaria à LED tubulaire (Vesoi). Ilaria porte
un kimono des années 30, une
Ferraro Toueg voit l’emploi de tonalités pastel, allant du vert d’eau au rose poudré, comme jupe en soie griffée Dior et des
les acteurs d’une palette non conventionnelle. La sensibilité aiguë d’Ilaria dans l’utilisation escarpins Christian Louboutin.

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Ci-contre Le marbre vert de la cheminée a inspiré Rideaux en shantung et tapis Some Like It Hot,
la palette de couleurs de tous les éléments de signé Ilaria Ferraro Toueg (Ted Milano). Applique
décoration et accessoires de cette pièce, tels que IC W2, de Michael Anastassiades (Flos). Page
les vases découverts à la galerie Robertaebasta de droite Photo de l’Américaine Abigail Enright.
Milano. Le canapé et le fauteuil vintage prennent Sur le buffet, la cafetière en argent date des
une allure contemporaine grâce aux tissus Beacon années 30 (Tiffany) et la lampe, une chinoiserie
Hill. Papier peint de la collection « Palm Jungle », vintage, présente un abat-jour orné d’une
dans le coloris Forest & White (Cole & Son). passementerie de Robert Allen.
ID-HOME 1

des couleurs atteint son apogée dans le vaste living-room, réunissant salle à manger et salon
qui, communicants, participent à la composition d’une symphonie chromatique fantaisiste.
Au sol, les teintes rose pastel des grands tapis – créés par Ilaria elle-même – deviennent une
toile sur laquelle sont peintes des feuilles de palmier. Des murs vert d’eau apportent une sen-
sation de douceur et se mêlent au ton mentholé du canapé en cuir Michel d’Antonio Citterio
(B&B Italia). Une touche de fuchsia illumine le fauteuil en velours rénové et les tableaux aux
lignes abstraites du Canadien Paul Kneale et de l’Anglais Matthew Stone. Ils mettent une
pointe de modernité à ce décor faisant la part belle aux pièces vintage, comme la table, les
chaises et l’armoire des années 50, le tout éclairé par le lampadaire de Michael Anastassiades
(Flos). Le rose revient dans des teintes plus claires sur les murs, les colonnes et les voûtes du
vestibule, reprenant la couleur du sol d’origine en marbre, et le papier peint Cole & Son au
plafond transforme cette entrée en véritable tonnelle de feuilles de vigne, embellie par deux
appliques d’inspiration 1900 conçues par Gaetano Sciolari dans les années 70.

Des sources d’inspiration métissées Page de gauche La cuisine


De là, on accède à la pièce la plus cosy de la maison, le « fumoir » : l’utilisation de tissus dessinée par Ilaria s’inspire de
celle de la villa Necchi Campiglio,
et de papiers peints y évoque des paysages exotiques, habillant les murs et le canapé d’un à Milan, avec des suspensions à
luxuriant enchevêtrement de motifs de feuilles de palmier s’accordant à la cheminée en boules (Vesoi) et des assiettes
Fornasetti. Ci-dessus Sofa
marbre vert ainsi qu’à des toiles anciennes. « J’ai abordé le projet de décoration de ma
Michel d’Antonio Citterio
maison d’une manière différente de celle que j’adopte habituellement dans mon travail. (B&B Italia), réalisé sur mesure
Depuis le début, ma volonté était d’exprimer la légèreté, l’amusement, ce qui m’a permis dans une nuance menthe.
Lampadaire IC Lights Floor,
des options stylistiques qui allaient vers l’irrationnel et l’imprévisible et, au inal, des choix de Michael Anastassiades (Flos).
de cœur. » Un couloir dessert la salle de bains et la cuisine, où la recherche chromatique Rideaux en lin Ted Milano.

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Page de gauche Les années 50 prédominent Stone. Ci-contre Le couloir mène aux chambres
dans l’espace salle à manger : sur la table une et donne sur le hall à travers des portes
coupe FontanaArte ; sur le buffet (à droite) des années 30, caractérisées par des vitraux
un vase Bolle de Tapio Wirkkala (Venini), dans un authentique style Art déco. Le plafond
les deux dénichés à la galerie Robertaebasta est recouvert du papier peint Great Vine,
Milano ; et, enfin, les chaises recouvertes de collection « Historic Royal Palaces » (Cole & Son).
velours Beacon Hill. Tapis Pop Palms, signé Ilaria Au mur, un portrait français du XIXe siècle.
Ferraro Toueg (Ted Milano). Peinture Breastplate Banc Rose Ted Milano. Au fond, fauteuil italien
Elevation (2015), de l’artiste anglais Matthew des années 50 recouvert de tissu Beacon Hill.
ID-HOME 1

1 2

est toujours le il conducteur. Dans la première, les murs sont recouverts d’une combinai-
son géométrique de carreaux triangulaires de marbres roses, blancs et noirs, conçue par
la propriétaire. Dans la seconde, le vert d’eau gagne toutes les surfaces des armoires fabri-
quées sur mesure, s’inspirant des lignes de la célèbre villa Necchi Campiglio de l’architecte
italien Piero Portaluppi. Puis une simpliication progressive et une volonté d’essentialité
remplacent le décor rutilant de l’espace de vie, sensation qui arrive à son apogée dans le
lieu le plus intime et isolé de la maison, la chambre. Ici, le lit à baldaquin Alcova aux lignes
épurées et minimales, d’Antonio Citterio (B&B Italia), se trouve dans un espace neutre
où la seule couleur est donnée par un tapis bleu céruléen aux motifs loraux, dessinés par 1/ Dans la chambre principale,
Ilaria et inspirés de l’esthétique des artistes japonais Hokusai et Hiroshige, de la période lit Alcova d’Antonio Citterio,
collection « Maxalto » (B&B Italia).
Edo. En 2015, Ilaria Ferraro Toueg a fondé avec son ex-mari Steve Toueg, de Ted Milano,
Peinture abstraite de Steve
un showroom destiné aux architectes et designers dans l’intention de leur offrir un espace Toueg, ex-mari de la propriétaire.
de travail collectif ouvert, des ressources, de l’inspiration ainsi que de promouvoir les col- La lampe de chevet Duck Feet
se compose d’une base en laiton
laborations. Un sens de l’association et du partage illustré par le partenariat de Ted avec et d’un abat-jour en plumes
Artemest, une plateforme en ligne qui met en avant le design italien dans le monde. Pendant d’autruche (Porta Romana).
le Salon du meuble de Milan 2018, dans la villa historique conçue par Gio Ponti, siège de Lustre italien des années 50,
en bois, verre et laiton. 2/ Dans
Ted Milano, plus de 50 artisans italiens hautement qualiiés ont exposé leurs projets au- l’une des deux salles de bains
tour du thème commun « Stranger Pink », un hommage éclectique à la plus romantique conçues par Ilaria Ferraro Toueg :
lavabo Devon&Devon et deux
des couleurs. Dans son travail comme dans sa vie privée, Ilaria Ferraro Toueg sait créer des
appliques IC W2, de Michael
atmosphères pleines de grâce, évocatrices d’un monde empli de culture et de beauté. C’est Anastassiades (Flos). Le traitement
cette vision qui l’amène pour la première fois (après des années de contrats à l’étranger) à des murs avec une peinture de
type enduit à reliefs irréguliers
travailler sur des projets en Italie et conforte sa volonté de partir à la recherche de nouvelles crée une impression de vécu,
inspirations au Japon, pays dont le mystère et le charme extrême la fascinent. une touche vintage.

174
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À Oslo
Le goût du peu
C’est dans un appartement du XVIIe siècle situé au cœur de la
capitale norvégienne que Jannicke Kråkvik et son mari, l’Italien
Alessandro D’Orazio, à la tête du studio créatif Kråkvik &
D’Orazio, ont imaginé leur foyer. Pour la décoration, le couple
a sélectionné avec soin des objets, meubles et œuvres d’art
venant souligner l’atmosphère calme, voire méditative, créée
par le bleu sombre qui recouvre la plupart des cloisons.
Par Mille Collin Flaherty / Photos Line Klein

© LIVING INSIDE
Ci-contre La nuance Skyggeblå, du fabricant socle en liège et plateau en marbre de
norvégien Jotun, contribue pour beaucoup à Nicholai Wiig Hansen (Frama). Lampadaire
la quiétude qui se dégage de ces murs. La 387 de Tito Agnoli (Oluce). Sur le rebord de
salle de séjour se résume à un minimum de la fenêtre, sculpture de la collection
mobilier. Lounge Chairs 40+10 d’inspiration « Project 01 » avec miroir du duo danois
fifties de Restart Milano. Sintra Tables avec Pettersen & Hein. Les plantes font le reste.
ID-HOME 2

L
es rues sont étroites et les façades des maisons des années 1890 semblent posées
les unes contre les autres, comme si elles avaient besoin d’une épaule pour tenir
debout. L’entrée du bâtiment, plutôt sombre, crée un contraste saisissant avec
la clarté qui accueille le visiteur quelques étages plus haut dans l’appartement d’Ales- Page de gauche Zoom sur les
plantes du salon qui, dans leur
sandro D’Orazio et de Jannicke Kråkvik. En effet, malgré la profondeur des teintes
simplicité, baignent l’appartement
qui recouvrent l’ensemble des murs règne ici une atmosphère lumineuse, chaleureuse, dans un hygge (bien-être)
presque sacrée. Souhaitant la bienvenue, Alessandro D’Orazio ouvre grand les bras en parfaitement scandinave.
Ci-dessus Dans la cuisine, la
direction de l’appartement dans lequel il habite depuis quatorze ans, accompagné de réalisation du meuble de la
celle avec qui il partage son travail comme sa vie. Ce n’est pourtant qu’en 2016 que collection « Frama Studio Kitchen »
le couple a décidé d’en rénover l’intérieur appliquant chez lui les idées que tous deux (Frama) s’est révélée déterminante
dans la décision des propriétaires
développent comme designers, stylistes et consultants créatifs. « Nous avons complète- de rénover le reste de leur
ment modiié l’agencement des pièces. La salle de bains est ainsi devenue la cuisine, qui appartement. Cette enfilade
une fois disponible, ils ont pu
elle-même a été déplacée dans le séjour que nous n’utilisions jamais », explique Jannicke
entreprendre la suite des travaux.
Kråkvik. Ce qui frappe le plus, c’est l’usage des couleurs. C’est d’ailleurs la signature Chair One B de Konstantin Grcic
du duo dans l’ensemble de ses projets. Toutes les surfaces ont été recouvertes d’une (Magis). Suspension Cone Shade
(Frama). En guise de crédence,
nuance de bleu sombre, créant une atmosphère extrêmement calme, presque méditative. le couple a opté pour une couche
Alessandro D’Orazio aurait également aimé peindre les plafonds, mais Jannicke Kråkvik de peinture brillante.

179
ID-HOME 2

180
Page de gauche Le petit bureau
fait lui aussi preuve de
beaucoup de sobriété. Wall
Lamp (Workstead). Sur la table,
de jolis échantillons de pierre,
de marbre, de terrazzo et de
métal sont exposés, prêts à
l’emploi. Ci-contre La Walnut
Sutoa Shelf (Frama) redéfinit de
façon très danoise l’idée que
l’on se fait d’une armoire.
D’autant que celle-ci est mobile.
Page de gauche Ambiance japonisante dans Ci-contre À droite de la photographie de
la salle de bains avec un jeu sur le noir et blanc Sigve Asplund, le cadre de la porte
et la géométrie. Mosaïque de la marque offre une très belle vue sur la chambre
italienne Ceramiche Caesar. Chaque élément depuis le salon. Sur le coffre noir, lampe
est réalisé sur mesure. L’évier en terrazzo a été en papier de riz blanc de la série « Akari
conçu par Alessandro. Robinets Dornbracht. Light Sculptures » d’Isamu Noguchi (Vitra).
ID-HOME 2

1 2

a estimé qu’il valait mieux laisser immaculés quelques reliefs d’origine, notamment le
stuc et les moulures. En revanche, elle est convaincue que cette teinte monochrome a
permis de créer une ambiance vraiment unique. « Cela met en valeur chaque élément du
mobilier », conie-t-elle. Il faut dire que celui-ci passe dificilement inaperçu, imposant
sa rareté dans une décoration elle-même épurée, très scandinave. Quelques pièces seu-
lement, des objets sélectionnés avec soin, jusqu’à une belle enilade de meubles bas dans 1/ Seule l’entrée se pare de blanc.
la cuisine, qui confère à cette dernière un caractère particulier, comme si elle était un Le sol est recouvert de Pastellone,
un matériau plus léger que le béton
autre séjour. « Nous avions découvert cette cuisine imaginée par Frama il y a quelques poli. Banc Afteroom dessiné par
années et avions alors immédiatement décidé de reporter notre projet de rénovation le studio suédois du même nom
jusqu’à ce qu’elle entre en production, se souvient Jannicke Kråkvik. J’aime son style pour Menu. 2/ Dans la chambre, le
couple a décidé de rompre l’unité
brut, l’honnêteté de sa construction et de ses matériaux, et le fait que nous puissions des grands aplats en recouvrant
l’emporter avec nous si nous décidons de déménager. » La décoration particulièrement le bas des murs d’une peinture à la
chaux de la série « Lady Minerals »
soignée de l’appartement témoigne de l’attachement que porte le couple aux pièces vin-
de Jotun. Couvre-lit et oreillers
tage. C’est aussi une conséquence directe de la période de la rénovation. « Nous étions en lin de la collection « Raf Simons »
alors comme dans une boîte où nous avons assez vite réalisé que l’on pouvait vivre de pour Kvadrat. Lampe Parantesi
d’Achille Castiglioni et Pio Manzù
peu, poursuit Jannicke Kråkvik. Les Eames ont dit un jour qu’il n’y a pas plus luxueux (Flos). Tabouret Sandoz pour
qu’un mur nu. Je suis tout à fait de cet avis. » Les Arcs de Charlotte Perriand.

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À Milan
Pierres précieuses
Tout près du Duomo, c’est dans un ancien couvent du XVIe siècle que Cynthia Vilchez Castiglioni
et sa famille ont élu domicile. Un cadre très classique auquel elle confronte son goût pour le
design moderne. Un écrin de rêve, surtout, qui nourrit son inspiration pour la création de bijoux.
Texte et stylisme Chiara Dal Canto / Photos Helenio Barbetta
© LIVING INSIDE
Page de gauche Le bassin aux
reflets pastel ordonne
magnifiquement une cour
carrée qui a tout du cloître
dans ce qui fut un couvent au
xvie siècle. Autour, une galerie
abrite des entrées conduisant
aux escaliers qui desservent
les différents appartements.
Ci-contre Dans leur salon,
Cynthia Vilchez Castiglioni
et Giovanni Castiglioni sont
assis dans des Egg Chairs
de Mario Sabot. Les deux
lampadaires blancs LT8
sont d’Osvaldo Borsani
(Tecno). Sur la table basse
hexagonale chinée, qui est
de facture française, lampe
LightHouse de Ronan
et Erwan Bouroullec
(Established & Sons et Venini).
ID-HOME 3

D
ans la langue wayuu parlée par les Guajiros du Venezuela, aliita désigne un Page de gauche Une salle à
objet important. C’est en hommage à son pays natal, quitté il y a de nom- manger ? Non, le studio de travail
de Cynthia aux murs bleu de Prusse.
breuses années, que Cynthia Vilchez Castiglioni a ainsi baptisé sa marque de Plateau en Bardiglio Nuvolato, un
bijoux. S’il n’a pas dû lui être facile de laisser les Caraïbes pour Milan, plusieurs signes marbre de Carrare posé sur les
pieds originaux d’une table T102
indiquent que sa destinée se trouvait en Italie. Cynthia est mariée à Giovanni Castiglio- d’Osvaldo Borsani et Eugenio Gerli
ni, ils de Consuelo Castiglioni, à qui l’on doit la célèbre marque de vêtements Marni. (Tecno). Dessus, présentoirs à bijoux
Les deux créateurs se sont rencontrés il y a douze ans : inscrits à l’université de Boston, Aliita conçus par Haidyne Azevedo.
Autour, chaises S 32 Cesca de
ils suivaient tous les deux le même cours d’anglais commercial. Après la naissance de Marcel Breuer (copyright artistique
leurs deux ils, Sebastiano et Leopoldo, c’est dans la cité lombarde qu’ils ont choisi de de Mart Stam, Thonet). Au fond à
droite, desserte d’Ico et Luisa Parisi
poser leurs valises. « Milan n’a pas été un coup de foudre ; il m’a fallu du temps pour
(MIM Roma). Au plafond, lustre
tomber sous son charme, admet Cynthia. Cette ville est fascinante, car elle gagne à être des sixties. Au mur, une œuvre
explorée. Au il des promenades, on est tout d’abord marqué par les édiices anciens, de Giuseppe Chiari, un artiste
conceptuel Fluxus. Ci-dessus Le
avant de découvrir qu’ils recèlent des univers inattendus. » Une description qui sied au couple dans son salon avec
quartier de Cynthia, à quelques pas seulement du Duomo, parmi des petites rues mé- Leopoldo et Sebastiano, leurs deux
fils. Entre les fenêtres, buffets 4D
diévales ponctuées de bâtiments d’époque. Sa maison est d’ailleurs aménagée dans un
d’Angelo Mangiarotti (Casaluci).
couvent du xvie siècle. Premier contact avec les lieux : un réservoir d’eau entouré d’un Sur celui de gauche, miroir de
magniique portique ouvre sur la structure d’origine de cette construction, à laquelle Haidyne Azevedo pour Aliita.
Au premier plan, porte-revues
la rénovation pensée par l’architecte Piero Castellini apporte une touche de nouveauté. FontanaArte. Paire d’appliques
Cynthia a opté pour le modernisme et l’esthétique, insuflant à son appartement classique en verre Stilkronen des seventies.

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1 2

une âme qui conjugue personnalité et créativité. Les rideaux de velours aux teintes 1/ Dans ce coin de la grande pièce
élégantes, la couleur des murs et les meubles de collection impriment leur caractère de séjour, un ensemble de pièces
chinées. Fauteuil et desserte en
aux espaces, sans pour autant nuire à la puissance imposante de ces derniers. Pendant verre et laiton des années 50. Lampe
quelque temps, Cynthia y a mêlé travail et vie privée. vintage des années 70. 2/ Dans
l’entrée : à droite, sur le meuble à
miroir de Silvio Cavatorta, Wooden
Hommages aux maîtres créateurs Dolls d’Alexander Girard (Vitra) et
C’est en effet ici qu’elle a créé sa marque, à laquelle Giovanni collabore également. C’est lampes de table Ed030 (Edizioni
Design). Cintre grillagé avec miroir
ici aussi qu’elle a accueilli ses premiers clients et dessiné ses premières collections, tout en et étagère Stilcasa des années 60
gardant un œil sur ses enfants. Bien que désormais présentés dans un nouveau showroom et lustre vintage. Fauteuil FD-164
d’Arne Vodder (France & Søn). Tapis
de la rue Visconti Di Modrone, dans le centre de Milan, ses bijoux Aliita continuent de
berbères Beni Ouarain. Page de
trouver un écrin naturel dans cet intérieur. « Ça n’a pas toujours été facile, se souvient droite La salle à manger partage
Cynthia, mais le travail à la maison m’a permis de répondre confortablement aux besoins la même pièce que le salon. Autour
de la Saarinen Dining Table d’Eero
de mes enfants, tout en développant mon projet Aliita, auquel je voue une véritable pas- Saarinen (Knoll), chaises S 32 Cesca
sion. » Dans les grandes pièces qui donnent sur le long couloir, le charme de l’ancien est de Marcel Breuer (copyright
artistique de Mart Stam, Thonet).
rehaussé par l’élégance du contemporain : férus de design, celui du xxe siècle en général et
Bibliothèque en bois fabriquée en
des années 50 et 60 en particulier, les Castiglioni sont toujours en quête de productions Italie dans les années 50. Sur la table,
originales. Par leur mobilier, le salon, la salle à manger, ainsi que les chambres et l’entrée vases Venini en verre de Murano :
à gauche Colletto de Ludovico Diaz
rendent un magniique hommage à des créateurs tels qu’Osvaldo Borsani, Ico Parisi et de Santillana, et à droite, bouteille de
Angelo Mangiarotti. Cynthia explique : « Le week-end, on adore faire les marchés aux la série « Bolle » de Tapio Wirkkala.

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puces, surtout en Italie, et nous passons nos soirées à chiner sur Internet. Je dois dire
que la qualité des meubles italiens de cette période correspond beaucoup à nos goûts. »
Quand ils ont développé la marque Aliita, Cynthia et Giovanni se sont attachés aux dé-
tails, allant jusqu’à demander à leur ami designer Haidyne Azevedo de leur concevoir des
présentoirs et des accessoires dont l’esprit s’intègrerait parfaitement à celui de la maison.

Le bijou, cette passion


Cynthia décrit ses bijoux comme « minimalistes, girly et fun », à l’image de sa propre
personnalité de jeune femme féminine et caustique à la fois. « Mes recherches ont été
inspirées par ma vie milanaise, cette ville où l’on ressent la création au plus profond de 1/ Dans la chambre parentale,
soi et où le sens de l’esthétique est omniprésent. Il est évident que lorsqu’on est entou- lit en velours conçu par les
ré de beauté, tout est plus spontané. J’ai toujours été passionnée par les bijoux. Je me propriétaires. Table de chevet
avec lampe d’Ico et Luisa Parisi
souviens qu’adolescente, pendant l’été, je m’inscrivais à des cours d’art du métal à An- (Bernini) pour l’hôtel Lorena
dover, aux États-Unis. Même si j’ai choisi de me former au marketing dans le domaine à Grosseto. Au plafond, lustre
Marie-Thérèse du XVIIIe siècle.
de la mode, c’est la gemmologie (l’étude des pierres et de leur utilisation en joaillerie,
2/ Autour du petit Leopoldo,
NDLR) qui me faisait vibrer. C’est pourquoi après avoir mis ma carrière entre paren- Surfboard Floor Lamp de Goffredo
thèses pendant ma première grossesse, j’ai décidé de concrétiser mon rêve. Pendant Reggiani (Studio Reggiani).
Sur l’enfilade néerlandaise
nos voyages, Giovanni avait coutume de dire que quand on se perdait, il me retrouvait des sixties, peinture de l’artiste
toujours devant une bijouterie. » italien Mauro Reggiani (1897-1980).

192
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À Berlin
Lala Land

© LIVING INSIDE

Leyla Piedayesh est connue pour le style coloré et flamboyant


qui caractérise sa marque, Lala Berlin. À son domicile, dans un cadre très
serein, elle s’entoure d’accessoires dénichés çà et là et d’œuvres d’art
expressives. Visite de son loft situé en plein cœur de la capitale allemande.
Par Mille Collin Flaherty / Photos Line Klein

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Dans une ancienne usine au nord du canapé réalisé sur mesure par un fabricant
quartier de Mitte, le loft de Leyla local. Derrière elle, une table cubique
Piedayesh profite du cadre exceptionnel en miroir fumé réalisée par un ami.
de ses grands volumes et d’une belle Au mur, œuvre de l’artiste Christian
lumière naturelle pour ne donner à voir Hoosen, résultat de centaines de couches
que l’essentiel. La propriétaire pose sur un de peinture noire passées sur la toile.
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L
’un de ses amis avait emménagé au 2e étage d’une vieille usine, au nord du quar-
tier très branché de Mitte, à Berlin. Le jour où Leyla est venue lui rendre visite,
un beau soleil de printemps illuminait le ciel bleu. Comme personne ne vivait en-
core dans ce qui, à l’époque, n’était qu’un grand entrepôt, elle a pointé le bout de son
nez, par curiosité, dans l’espace situé au premier étage. « La lumière inondait les lieux
grâce aux immenses fenêtres et je me suis dit : c’est ici que je veux vivre ! » Dans le feu
de l’action, elle s’est empressée de signer le bail et d’emménager. Peu après, des cloi-
sons venaient délimiter l’espace et créer différentes pièces dans la partie basse de l’ap- Page de gauche Dominant la salle
à manger, une photographie reçue
partement. « J’ai tout aimé lorsque j’ai découvert cet endroit. Sa lumière. La taille de
pour le 40e anniversaire de Leyla,
ses ouvertures. Et, grâce à sa situation sufisamment éloignée du bâtiment suivant, le réalisée par ses amis, reconstitue
fait de ne pas tomber nez à nez avec un voisin quand on regarde par les fenêtres. Dès La Cène de Léonard de Vinci.
Buffet, lampes et vases vintage
la porte d’entrée franchie, je me suis tout de suite sentie chez moi, précise Leyla. C’est
chinés. Table dessinée par
un lieu qui dégage une énergie positive. Ici, je suis totalement détendue. » C’est égale- l’architecte italo-suisse Davide
ment là, assise à même le sol à choisir échantillons de tissu et ils, qu’elle a déinitive- Rizzo. Chaises Tulu de Kazuhide
Takahama (Cassina). Derrière
ment lancé son entreprise. Allemande d’origine iranienne, Leyla Piedayesh a quitté son le buffet, une porte ! Vitrée,
pays natal à l’âge de 8 ans avec sa famille, après la révolution de 1979. Petite, on l’ap- elle donne sur l’escalier et crée
pelait Lala, un nom tout trouvé pour sa future marque. Après des études de gestion un effet inattendu. Ci-dessus La
grande pièce à vivre a conservé
à l’école de commerce international de Bad Homburg vor der Höhe (Land de Hesse), son caractère industriel avec
un stage auprès d’un producteur de ilms à Londres et à Munich décide des années à des surfaces laissées assez brutes :
béton poli au sol, brique aux murs
venir. Formée au montage, elle travaille pour un certain nombre d’opérateurs de la té-
et au plafond, celui-ci étant voûté
lévision allemande. Devenue rédactrice pour la chaîne MTV à Munich et à Berlin, elle avec poutres apparentes. Les
oficie dans le domaine de la mode, notamment dans le cadre de l’émission « Desi- grandes fenêtres ont emporté
l’adhésion de Leyla à peine entrée
gnerrama ». Mais à 30 ans, la motivation n’est plus là. Leyla démissionne et part en dans l’espace. Portemanteau
Inde plusieurs mois faire le point. Sa fascination pour l’artisanat et les textiles locaux New Tendency. Plaid Lala Berlin.

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lui donne l’idée de créer sa propre marque. Ce n’est qu’une fois de retour dans la capi-
tale allemande, alors qu’elle est installée dans son appartement, que le concept de Lala
Berlin prend réellement corps. En 2004, une toute première collection d’accessoires en
tricot à grosse maille est lancée. Depuis, un sens inné de la couleur et des motifs com-
biné à une approche autodidacte du secteur économique de la mode ont permis à Lala
Berlin de s’imposer sur la scène internationale.

S’entourer de l’essentiel
À l’image des créations de Leyla, l’intérieur de son appartement marie habilement sim-
plicité et lamboyance. « Mon univers est éclectique. Je passe généralement d’une envie à
une autre, attirée tantôt par une profusion de couleurs, puis par des ambiances plus mo-
nochromes. Ça va, ça vient, comme dans une sorte de cycle. J’essaie de me détacher de
toute inspiration extérieure, car tout évolue si rapidement. Je n’achèterais jamais un fau-
teuil de créateur uniquement à cause de sa signature. Je ne m’offre que ce que j’apprécie,
peu importe qui l’a fait. » Paradoxalement, Leyla Piedayesh se décrit comme une per-
sonne « un peu carrée » alors qu’on la sent a priori instinctive. « J’aime les formes symé-
triques. Tout juste de retour d’Iran, j’ai compris soudainement que c’est de ce pays que Le clair et le foncé, le grand et le
petit, le brillant et le mat… Leyla
me vient ce goût. Là-bas, tout est symétrique, depuis les dessins des tapis jusqu’à l’ar- apprécie les oppositions. Sur
chitecture. » C’est également la raison pour laquelle elle a imaginé des écharpes – très le buffet vintage en palissandre,
deux lampes italiennes dénichées
populaires – en cachemire avec un motif qui, pour certains, pourrait revêtir une conno-
dans un magasin d’antiquités local.
tation politique. Même si ce n’est pas là l’intention de Leyla… Au cours des deux der- Photo avec l’ours reçue en cadeau
nières années, elle s’est par ailleurs débarrassée d’un grand nombre de meubles et d’ob- d’un ami proche. Table jaune
New Tendency. La sculpture
jets personnels. « Je n’en avais tout simplement pas besoin. C’est fou ce que l’on peut des flamants roses a été trouvée
accumuler année après année, ville après ville. J’ai conservé mes photos, mais j’ai jeté lors d’un voyage aux États-Unis.

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toutes les petites bricoles, les bibelots. Je n’en veux plus. L’absence de ces objets me li-
bère. Ça me donne un sentiment de légèreté, qui m’est nécessaire. Il ne faut pas s’entou-
rer de grand-chose pour être heureux… », explique-t-elle. Manquant de temps pour lâ-
ner à Berlin ou ailleurs, c’est le plus souvent en ligne qu’elle repère ce dont elle a besoin.
Comme un nouveau lit. « Cela fait des années que j’en cherche un et je viens enin de le
trouver chez E15. Il est très épuré. »

Une simplicité bohème


Si elle avoue un faible pour les lampes, Leyla s’est plutôt intéressée à l’art ces derniers
temps. À Téhéran, elle a visité de nombreuses galeries dont elle a rapporté des toiles
qu’elle doit désormais encadrer. « Je ne recherche pas un artiste ou un style particu-
lier, mais plutôt une palette de couleurs ou de formes. C’est une véritable expérience
émotionnelle », explique-t-elle lorsqu’elle décrit sa façon d’acheter des œuvres. En tant 1/ Si Leyla a su, en matière de
qu’Iranienne, elle pourrait cultiver un goût pour les tapis… Mais elle les détestait étant décoration, se débarrasser
du superflu pour ne conserver
petite ! « Ce n’est qu’au cours de l’une de mes visites dans le pays que je suis tom- que l’essentiel, elle avoue toujours
bée amoureuse de magniiques tapis et de mosaïques. J’adorerais recréer une ambiance un faible pour les lampes. Les
proche des Mille et une nuits dans ma salle de bains ! C’est une pièce à laquelle j’attache teintes sombres des menuiseries
et des radiateurs produisent
beaucoup d’importance. Si, dans un hôtel, elle seule est merveilleuse, ça me sufit ! » Plu- un constraste très graphique
tôt qu’un style déini, son goût va au panachage. Mais ce qui lui plaît aujourd’hui n’au- avec les surfaces blanches.
2/ Toujours prête à étonner,
ra peut-être plus sa préférence demain. « Ce qui décrit sans doute le mieux ma patte,
Leyla n’hésite pas à s’afficher sur
c’est la simplicité, avec une petite touche bohème. Je dégote des objets dans les marchés cette peinture très kitsch la
aux puces et sur eBay, ou lors de mes différents voyages, en Iran et à Berlin, au il des représentant enceinte de sa fille
et peinte par son amie Alexandra
années… Des pièces à la fois classiques et modernes, ou d’autres, vintage, du siècle der- Rohleder. À droite, chaise Tulu
nier. » Un mélange des cultures dans tous les sens du terme. de Kazuhide Takahama (Cassina).

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Ci-contre Les murs de
l’appartement ont livré leur
vérité : on peut faire du neuf
avec du vieux. Une fois toutes
les couches de papiers peints
décollées, les surfaces
originelles des années 20, dans
toute leur imperfection,
offrent une patine vintage au
sens poussé de la décoration
de l’architecte Barbara
Ghidoni. Sur cette commode
du salon, posées sur les livres
de l’éditeur Taschen, deux
bougies parfumées Bacio et
L’Ape, de Fornasetti.
Les peintures à l’huile
sont de l’artiste italienne Greta
Frau (née en 1942).
Page de droite Barbara
Ghidoni, son mari
Renato Corazzo, et leur fils
Ludovico, dans leur salon.

© LIVING INSIDE
À Milan
Le passé
retrouvé
Riche de sa formation artistique, l’architecte
Barbara Ghidoni a su donner un cachet inédit à son
appartement milanais. En grattant sols et murs, elle
a débusqué des vestiges de la décoration originelle
de cet immeuble des années 20. Conservés,
sublimés, ceux-ci servent d’écrin à des pièces
de design contemporain ou vintage ainsi
qu’à certaines créations de la maîtresse des lieux.
Par Chiara Dal Canto / Photos Helenio Barbetta
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I
l était censé n’être qu’une solution d’hébergement temporaire pour quelques mois Page de gauche Dans le salon, sur
la table basse signée Gio Ponti pour
seulement. L’appartement milanais de l’architecte Barbara Ghidoni, du cabinet Sto-
l’éditeur italien Isa (1959) et trouvée
rage Associati, est devenu son lieu de résidence permanent. Avec son mari, Renato, et à la SG Gallery Milano, lampe Atollo
leur ils, Ludovico, 5 ans, ils sont peu à peu tombés amoureux de cet espace qui donne de Vico Magistretti (Oluce) en
version or, et cendrier en marbre
sur l’un des boulevards arborés les plus beaux de Milan. Jour après jour, ils y ont pris d’Angelo Mangiarotti pour Knoll.
conscience d’autres points forts : un emplacement stratégique, la vue sur les espèces Au mur, une photographie de
végétales, qui évoquent les souvenirs d’une période vécue à Paris, et l’agencement des Nobuyoshi Araki. Ci-dessus Le salon
est aussi marqué par la présence
pièces, parfaitement adapté. En y pénétrant, Barbara Ghidoni a agi comme lorsqu’elle affirmée de pièces signées Barbara
intervient sur des projets professionnels d’aménagement intérieur : rechercher les traces Ghidoni et éditées par son agence
d’architecture intérieure, Storage
du passé, aussi ténues soient-elles. Plus tard, elle a retiré les couches de papier peint des Associati. C’est le cas du meuble
murs, qu’elle a ensuite décidé de conserver en l’état sans en masquer les imperfections : en métal qui occupe tout le mur
sillons de colle, mesures crayonnées, reliefs de plâtre… Le salon, fruit de la réunion de du fond, du canapé en cuir sans
accoudoirs, ainsi que de la table
deux pièces, a notamment bénéicié de cette démarche. Mettre à nu un intérieur, replon- basse noire en fer. L’autre table est
ger dans ses origines, retrouver son histoire, le décrypter sous un angle contemporain, de Gio Ponti (Isa). Fauteuil en velours
jaune de Martin Eisler & Carlo
voilà ce qui meut Barbara. « Faire table rase n’a aucun sens, explique-t-elle, sauf dans Hauner (Forma Italia) acheté à la SG
les cas où l’histoire fait complètement défaut. En tant qu’architectes, nous adorons dé- Gallery Milano. Le fauteuil vintage
couvrir le lien qui unit un lieu à son passé, mettre celui-ci en lumière et veiller à ce qu’il bleu a été chiné et est recouvert
de velours de soie. Tapis Dipped
soit perçu. Ici, j’ai choisi de ne pas modiier les volumes ni la hauteur sous plafond, qui Origami (cc-tapis). Les peintures du
dépasse 3,5 mètres. » Née à Reggio d’Émilie, une ville d’Émilie-Romagne où elle a suivi fond sont du Milanais Paolo
Gonzato. Le cadre Art déco
les cours d’une école d’arts appliqués avant d’obtenir son diplôme d’architecte à Milan, de la porte rappelle la période
Barbara Ghidoni a passé un peu de temps en France, aux Beaux-Arts. Cette formation de construction de l’immeuble.

205
Ci-contre Le bureau de Barbara
Ghidoni souligne les goûts très
fifties de la propriétaire. Le
paravent laqué chinois et la chaise
vintage ont été chinés. Sur le
bureau, datant des fifties lui aussi,
se trouve un vase signé Fornasetti.
Page de droite Entre le salon et la
salle à manger, une cloison est
tombée. La différence des motifs
du parquet souligne qu’avant la
rénovation, il y avait bien là deux
pièces. La transition est toutefois
naturelle et les plantes ont toute la
place pour s’exprimer. Le fauteuil
jaune de Martin Eisler & Carlo
Hauner (Forma Italia) de 1955
impose son caractère. Au fond,
chaise en rotin italienne vintage
dénichée à la SG Gallery Milano.
Les deux tables basses de Gio
Ponti (Isa) rivalisent de géométrie
avec celle, très épurée, en fer,
signée Barbara Ghidoni (Storage
Associati) et les lignes obliques du
tapis Dipped Origami (cc-tapis).
ID-HOME 5

1 2

3 4

208
Page de gauche
1/ Les meubles de la
cuisine ont été dessinés
par Barbara Ghidoni.
Les éléments en acier
alternent avec d’autres
en palissandre. Les
boîtes d’entomologiste
présentant des papillons
et autres insectes
proviennent du célèbre
magasin parisien
Deyrolle. 2/ et
4/ Barbara Ghidoni est
à la tête d’une belle
collection de pièces
en verre, notamment
ces flacons exposés sur
une commode qu’elle
a elle-même réalisée.
Les peintures à l’huile
sont de l’artiste
italienne Greta Frau.
3/ Dans le couloir, une
photo noir et blanc
de Luciano Bonacini.
Ci-contre L’espace salle
à manger s’organise
autour d’une Lloyd
Table en métal blanc
de Christoph Seyferth
(Serener) et de Bertoia
Side Chairs signées
Harry Bertoia (Knoll).
Le lustre Geometric
Pendant Light est
une réédition, hommage
de Storage Associati à
un exemplaire vintage.
Ci-contre Le couloir
dessert la plupart des
pièces. Son carrelage
originel date de la fin
des années 20.
Au-dessus de la console
en bois du premier plan,
une peinture du
XVIIIe siècle chinée
dans une brocante
représente une
madone. Sur la console,
les objets en céramique
viennent des Pouilles, le
bouddha provient, lui,
d’un marché de
Hongkong. Page de
droite Dans la chambre
du fils, une commode
en manguier massif
Maison du Monde.
ID-HOME 5

artistique a atténué les aspects plus techniques traditionnellement associés aux études
d’architecture et lui a permis de développer une sensibilité certaine pour la décoration.
Un tropisme que porte aussi le cabinet Storage Associati, qui a conçu plusieurs projets
d’architecture intérieure pour de grandes marques de luxe. À cette recherche esthétique
qui conjugue la décoration avec l’art s’ajoutent des connaissances approfondies en ma-
tière d’espace, apprises dans le domaine architectural.

Une pépite sur les murs


Alors même qu’elle ne tenait pas encore pour acquis le fait d’habiter durablement dans
l’appartement, Barbara a commencé à le meubler de pièces de design comme le fau-
teuil en bois recouvert de velours jaune signé Hauner & Eisler, les tables basses de Gio
Ponti, ou de pièces vintage chinées. Toujours plus passionnée, elle a dessiné elle-même
le canapé en cuir sans accoudoirs du salon et le placard suspendu qui en occupe tout un
mur, un élément minimaliste en acier brut qui répond bien aux meubles ifties visibles Que ce soit dans son bureau
(à gauche) ou dans la chambre
ailleurs. Lors des travaux de rénovation, la chambre de Ludovico a révélé l’existence parentale (à droite), Barbara
d’un « soubassement » en faux marbre teinté de gris le long des murs qui fait écho Ghidoni affirme son goût pour la
mode. Sur le lit : linge rose pâle
aux motifs du sol. Une pépite apparemment bien préservée puisqu’elle est, tout comme
et couvre-lit bleu pétrole en laine et
les sols des couloirs et les magniiques portes, le témoin de l’époque où le bâtiment a chanvre, tous Limonta. Appliques
été construit, vers la in des années 20. Si chaque pièce est indépendante et possède sa murales Storage Associati.
Au mur, portrait d’une femme
propre personnalité, toutes conservent une petite touche féminine. Une touche sans de l’époque victorienne acheté
prétention, empreinte plutôt de sensibilité et de beaucoup d’intensité. à Portobello Market, à Londres.

212
photo D.Lovatti

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Dans le mille pour


Voilà un label du XXIe siècle qui ne choisit pas. festival de musique dans son école, tâte du métier de comé- 1/ Le fondateur de la
Son concept choral réunit création de parfums, dien lors de séminaires d’entreprises, organise des concerts marque Lola James Harper
préconise de faire des
concerts, films, poésie et photographie, underground pour le légendaire concept-store Colette. choses qu’on aime avec des
soit les principales passions de son créateur, Mais ce n’est pas tout… En 1997, Rami Mekdachi devient gens qu’on aime… On valide !
2/ Il est l’auteur de l’odeur
Rami Mekdachi. Une idée pas si folle… le directeur artistique du Club des créateurs de beauté chez
du mythique concept-store
Par Élisa Morère L’Oréal : « Une époque bénie durant laquelle je travaillais Colette. Il y avait lancé
avec des gens ouverts. Chargé du développement des par- sa collection de bougies

P
parfumées en juin 2013.
as facile de cataloguer Lola James Harper, mais fums, je collaborais avec les nez qui les mettaient au point et
essayons. Lancé en 2013, cet univers singulier séduit créaient une histoire autour. Ces mélanges d’éléments m’ont
l’œil, réjouit l’oreille, embaume la maison et, a fortiori, fasciné. Comme la musique, le parfum est lié aux rituels et
notre sillage. Il doit tout à la personnalité et aux multiples aux souvenirs. De même qu’en musique on reconnaît rare-
talents artistiques de son créateur. Né au Liban, Rami Mek- ment tous les instruments, en parfumerie il est impossible de
dachi nous conie : « Je suis arrivé à Paris à 5 ans, lorsque deviner tous les ingrédients. Il arrive même que le cerveau en
mon père, ingénieur chez IBM, a été muté par l’entreprise, invente ! » Ses années chez L’Oréal lui apprennent donc les
qui s’inquiétait des tensions dans notre pays. Ma famille arcanes de la parfumerie. En 2000, à 29 ans, il se paie le luxe
est restée. » À 12 ans, le petit Parisien se passionne pour la de refuser un poste enviable chez LVMH après l’avoir testé…
guitare, à 16 ans, pour la vidéo, avec pour référence le ilm trois mois. « Reportings, statistiques, études de marché, ce
Paris, Texas, de Wim Wenders. À 20 ans, lors d’un long séjour n’était pas pour moi. À la place, j’ai opté pour la direction
pluvieux en Angleterre, Rami s’initie aux percussions. Par la artistique olfactive de marques qui ont un fan-club, telles
suite, le musicien, excellent élève de HEC-Lyon, monte un que l’hôtel Costes, dont j’ai créé l’odeur – celle que vous 2

214
3

Lola James Harper


sentez encore aujourd’hui – ainsi que 27 produits de bain contres. Chaque étape de la vie a son importance. De nos 3/ Photo argentique
pour ses clients. Pour Colette, j’ai imaginé L’Air de Colette, discussions naissent aussi des aventures comme avec Cour- (60 x 80 cm) vendue sur
le site de la marque. Cette
que j’ai fait évoluer au il du temps. Ensuite sont venus le tenay Brandt, devenue mon bras droit chargé de l’interna- image illustre l’affiche
parfum d’atmosphère du palace La Réserve, à Genève, et tional. Courtenay gérait auparavant les tournées du groupe du film qu’a réalisé cette
année Rami Mekdachi,
ceux des boutiques Chloé et Ines de la Fressange. Je ne suis de rock Red Hot Chili Peppers », raconte Rami.
With. 4/ Parfum Play Again
pas parfumeur, mais je sais ce que je veux et je m’adresse à Pour commencer, il pioche dans sa banque olfactive 18 eaux Now à base de résine
différents styles de nez pour la réalisation. » de toilette et parfums de maison, assortis de leurs 18 bougies. d’opopanax, un élément
utilisé en parfumerie, censé
Lola James Harper vient de naître à la vitesse de l’éclair ! ouvrir l’esprit…
Collectionneur d’instants « J’aurais pu en sortir quarante, puisque j’ai des tonnes de
En 2012, Rami Mekdachi a une révélation : « J’ai réalisé listes d’ingrédients en réserve. J’ai seulement dû inventer le
que j’avais accumulé images, chansons, odeurs de vrais design du packaging. » Enthousiaste, la célèbre Colette en
lieux. J’ai rassemblé tout cela dans un projet philosophique, personne s’est chargée de diffuser la collection dont les pro-
en offrant de quoi rêver sur un territoire d’images. » Il va se duits s’appellent Play Again Now ou Just Say Yes. Chacun
servir de son don rare de collectionneur d’instants. C’est accompagné d’un album enregistré par Rami. « Lola James
ainsi qu’il a pu sortir de son chapeau les odeurs récoltées de- Harper (un nom inventé par mes enfants) s’inspire des an-
puis des années au cours de ses voyages. Émanations de vi- nées 20, de ilms, de musiques et de photographies. Car je
nyles, de garages, de postes de télévision, senteurs de mai- n’ai jamais cessé de faire des photos, de donner des concerts,
sons d’amis, de billards ou de vieux parquets sont aussitôt de réaliser des enregistrements d’amis musiciens ou de
mises en formules avec la complicité de son copain, le nez chanteuses. Aujourd’hui, les gens réclament du sens et notre
Benoist Lapouza. « Tous mes projets sont le fruit de ren- marque semble leur en fournir », complète l’entrepreneur. 4

215
ID-CRÉA

1 3

Grand voyageur, Rami Mekdachi se déplace le nez au vent d’enregistrement au sous-sol et à un terrain de basket 1/ L’eau de toilette à la fleur
avec femme et enfants, sans oublier son Fujiilm X100 chéri. – ma passion, qui a donné lieu à l’élaboration d’un ballon d’oranger Little by Little
With Joy est une évocation
Volontairement dépourvues de titre, ses images sont prises en collaboration avec la Venice Basketball League. Quant de la famille, des enfants
partout dans le monde et font à la fois l’objet d’un portfolio au parfum d’ambiance, il sera renouvelé toutes les de- et, par là, de la simplicité,
de la légèreté, de l’humilité
et de tirages argentiques vendus chez Lola James Harper. mi-heures. » Peut-être même un zeste de Venice Beach (son
et de la joie. 2/ et 3/ Rami
De plus, Rami signe ses « pensées poétiques », écrites au nouveau parfum) sur fond très net de cannabis. Mystère… Mekdachi ne se déplace
feutre noir puis encadrées. Il en est le premier étonné, mais Quoi qu’il en soit, Lola James Harper fait du chemin, déjà jamais sans son Fujifilm X100
et rapporte de ses voyages
les clients se jettent dessus. Et en sa présence, dans l’espace distribuée dans 100 boutiques, dont Joyce à Hongkong, des clichés qu’il vend sous
consacré par Le Bon Marché en ce moment à sa marque, Selfridges à Londres et Opening Ceremony à New York. forme de portfolio ou
des fans réclament iévreusement une dédicace ! Mais ce n’est pas tout. Rami Mekdachi réalise son premier d’images argentiques isolées
dans sa boutique ou sur son
long métrage. « Mon ilm With et sa B.O. de 23 chansons, site Internet.4/ Une nouvelle
Hôtel en vue seront diffusés dans notre “living-room” durant la Design fragrance d’atmosphère : The
Brooklyn Bakery.
Dans ce pop-up store, il présente son lobby d’hôtel rêvé… Week de Dubaï et de Paris*. On y réunit notre univers et
déjà « casté » par le groupe Accor. À la recherche de celui de notre partenaire Kann (éditeur de mobilier ifties
nouvelles formules hôtelières décalées et transgressives, bien connu dans nos pages, NDLR). » Rami Mekdachi a
comme celles du Mama Shelter, Accor annonce carrément inalement composé un collectif où se télescopent amitiés
l’ouverture prochaine d’un hôtel Lola James Harper ! « Le et centres d’intérêt, sur une base harmonique qui nous fait
président d’Accor, Sébastien Bazin, a créé un département l’effet d’un long riff de guitare jazzy !
lifestyle pour ajouter une dimension culturelle aux hôtels.
* Du 12 au 17 novembre au Comptoir 102 (102 Beach Rd, Jumeirah 1,
Notre concept se base sur l’éloge de la lenteur. Les guests Dubaï). Du 18 au 20 novembre, à l’Archive 18-20 (20, rue des Archives,
écouteront des disques vinyle, auront accès à un studio 75004 Paris). 4

216
ID-ARCHITECTE D’INTÉRIEUR

1 2

Pauline Borgia, espace et couleur


La fondatrice d’Atelier Steve est l’architecte bout de deux ans, elle veut se frotter à la matière, en- 1/ Cet appartement se situe
d’intérieur qui monte… La jeune femme iler des bottes, aller sur les chantiers, abandonner son à Boulogne (92) dans un
immeuble années 60. Le
s’appuie sur son expertise en architecture ordinateur et la conception pure. Elle délaisse alors mobilier a été prêté par Le
pour imaginer des intérieurs structurés l’architecture pour des projets d’aménagement de lieux 7 antiquités (aux puces de
et lumineux et s’emploie à « repousser déjà existants : appartements, boutiques, maisons... « À Saint-Ouen). © PAUL BOWYER
2/ Le plan du restaurant
les murs » dans tous ses projets. mon retour en France, on m’a découragée de m’installer Natives, à Paris, optimise
Par Marie Godfrain à mon compte, parce que trop compliqué… Mais portée 45 m2. La faïence grimpe
par l’élan de mon expérience hongkongaise, je n’ai pas le long des parois selon

V
deux motifs, le losange
oilà quelques mois qu’un certain Steve a envahi lâché », raconte Pauline Borgia. Il faut l’entendre décrire
et le trapèze. © PAUL BOWYER
les réseaux sociaux. Très actif sur Instagram, la méiance des gens qui ne la prennent pas au sérieux, 3/ La jeune architecte
ce compte afiche régulièrement des clichés de malgré ses études et ses expériences. « C’est en multi- Pauline Borgia. © PAUL BOWYER
projets d’aménagement intérieur colorés et d’apparte- pliant les chantiers que j’ai pu convaincre. Le bouche
ments remaniés… Derrière ce pseudonyme se cache une à oreille a très rapidement fonctionné », poursuit-elle.
femme, Pauline Borgia, une trentenaire, entrée depuis Sa spécialité ? Les appartements anciens, poussiéreux
peu dans la grande famille des architectes d’intérieur… mais avec du cachet, qu’elle révolutionne. « Pourquoi
avec de solides atouts. Diplômée de l’École nationale su- conserver une moulure si elle n’a pas de sens et qu’elle
périeure d’architecture Paris-Malaquais, la jeune femme est de mauvaise facture ? » questionne-t-elle. Elle évite
multiplie les expériences dans des cabinets prestigieux : aussi de tomber dans les tics de l’époque, malgré un
six mois chez Jean-Paul Viguier, puis deux ans à Hong- style qui de prime abord se fond dans l’air du temps :
kong chez Winston Shu, ancien directeur de Norman « Tout le monde réclame des verrières et des carreaux
Foster, pour qui elle dessine des Apple Store à la chaîne, de ciment. Je suis là pour vériier que cela a du sens et
3
« une excellente école de méticulosité », selon elle. Au interroger ces demandes. »

218
CHALEUR INTEMPORELLE

LE TEMPS
FAÇONNE NOTRE NATURE
DEPUIS 1853

Et si nous partions en voyage ? Cap au nord, vers la Norvège...

D’abord il y a les montagnes. À leurs pieds, les forêts intenses distillent


leurs légendes. Une lumière singulière embrase les jords ; le jour et la nuit
s’enlacent dans un reflet troublant. À fleur d’eau, une poignée de maisons
de bois coloré se perchent sur pilotis. Entrez. La magie scandinave est là.

Le poêle en fonte rayonne et baigne le foyer tout entier d’une douce


chaleur. Ici bat le cœur de la maison.

Dans ce pays, le feu de bois est un art de vivre que cultivent les artisans
Jøtul dans leurs ateliers de Fredrikstad.

Fière de son héritage, la marque Jøtul combine depuis plus de 160 ans son
expertise technique avec l’art de dompter le froid. Chaleur écologique,
chaleur économique mais aussi chaleur confortable, les poêles Jøtul
possèdent toutes les qualités nécessaires pour vivre votre moment.
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Jøtul vous invite à prendre le temps de voyager, de partager et de vous


réchaufer.

Entre vous et nous, tout est une histoire, une histoire de temps.

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ID-ARCHITECTE D’INTÉRIEUR

1 2

L’architecte multiplie les photos de ses projets sur Instagram portant sur les matières qu’ils aiment toucher, l’usage qu’ils 1/ et 2/ Dans ce logement de
pour, très rapidement, montrer son style. Maligne, elle fait font de leur salon, etc. L’approche qu’elle développe lui vient 100 m2, à Pigalle (qui réunit
trois appartements), l’escalier
appel à un photographe pour présenter ses intérieurs sous d’un souvenir d’enfance, lorsque Alberto Cattani avait refait en tôle pliée et en chêne a
leur meilleur jour, après avoir contacté galeries, boutiques le domicile de ses parents et qu’il avait bousculé toutes les été dessiné par Atelier
et antiquaires pour les meubler le temps de la séance photo. fonctions. Il s’agissait d’un appartement haussmannien à la Steve. Chaise prêtée par
Malherbe Édition. © BERTRAND
Parmi ses adresses fétiches, Malherbe Édition, dans le VIIIe, distribution typique, qui a été entièrement remodelée et dont FOMPEYRINE 3/ Dans la salle
ou Le 7 antiquités, au marché Paul-Bert des puces de Saint- chaque pièce a vu sa destination changer. Parmi ses autres de bains de cet appartement,
Ouen. « Tout cela a contribué à nous crédibiliser et à créer sources d’inspiration, on trouve l’architecture japonaise (no- les niches font gagner de
l’espace. © PAUL BOWYER
notre identité », conirme-t-elle. Une identité claire : le travail tamment les transparences de Sou Fujimoto), Pierre David,
approfondi des proportions. « Chaque ligne que je dessine son professeur à Paris-Malaquais, qui lui a appris la rigueur, Atelier Steve.
a un sens, explique Pauline Borgia. On joue avec les pers- ou encore sa maison de famille en Corse, très colorée et à 4, avenue des Chasseurs,
75017 Paris.
pectives, les matières et les couleurs. Je suis férue de menui- laquelle elle n’a pas encore osé s’attaquer. Tél. : 06 61 42 91 71.
series sur mesure (joints creux, panneaux), j’aime travailler Celle qui a tout compris de l’époque s’est associée à une Ateliersteve.com
le chêne. J’utilise les aplats de couleur qui me permettent de graphiste pour proposer des identités globales et fonder
créer de la verticalité et d’accentuer les plans. J’aime aussi les Atelier Steve : « Parce qu’un nom d’homme rassure et qu’il
cloisons courbes qui adoucissent les choses. Rien n’est jamais s’agissait d’une référence à Steve McQueen, que nous ado-
gratuit. Tout est optimisé et chaque détail compte dans la me- rons. » Son rêve : réaliser des projets ouverts au public, « un
sure où nous sommes en général très contraints par l’espace. hôtel ou un restaurant, autrement dit une réalisation visible
Un radiateur, un interrupteur, rien n’est négligé. Impossible plus largement, qui rende compte de nos capacités. Ou
pour nous de tout démolir. Les appartements sont pour moi mieux, une dent creuse (un espace non construit entouré de
de petits objets sur mesure. » Pour personnaliser ses propo- parcelles bâties, bordé de murs mitoyens aveugles, NDLR)
3
sitions, elle invite ses clients à répondre à des questionnaires pour vraiment s’amuser et revenir à l’architecture. »

220
À l’occasion de ses 150 ans, Kusmi Tea s’associe à Alain Ducasse pour la création de son premier thé blanc.
Les bourgeons et les premières feuilles de thé sont cueillis à la main au printemps afin d’obtenir un thé rare
et précieux, sublimé par le célèbre chef grâce à une recette inédite aux notes délicates de rose et de framboise.

kusmitea.com/store-locator.html
ID-HÔTEL DÉCO

À Lisbonne
The Lumiares

Dans le labyrinthe des ruelles du Chiado, un quartier du sud de Lisbonne, le Lumiares


a troqué ses volumes XVIIe contre une cinquantaine de chambres-appartements haut
de gamme. Une bulle de calme dans la nouvelle effervescence lisboète.
Par Vanessa Chenaie

222
Page de gauche La vue depuis la terrasse du
restaurant Lumni, du petit déjeuner à l’apéritif
et jusqu’au dîner, offre un panorama enchanteur
sur les toits ocres de la ville. Ci-contre Le
lobby donne le ton : de larges espaces dont
la sobriété est relevée par quelques pièces
signées par des artisans locaux. Chacune d’elles
évoque une région différente du Portugal.
ID-HÔTEL DÉCO

D
ans une ville assaillie par les touristes comme l’est devenue Lisbonne, gare aux
2
nouvelles adresses qui sacriieraient l’authenticité aux effets de manches ! Les
fondateurs de Bomporto (jeune groupe hôtelier dont la maison mère est britan-
nique), ont d’abord à cœur de valoriser le patrimoine architectural de la cité. Dans le
nouvel eldorado immobilier qui caractérise désormais cette capitale européenne sortie de
l’oubli, ils rénovent d’anciens bâtiments pour en faire des boutique-hôtels haut de gamme.
À leur actif, The Baronesa, dans le quartier de Santos, dans un esprit plutôt bourgeois, et
The Vintage, près du jardin botanique, plutôt bohème. Deux nouvelles adresses verront
bientôt le jour. Ouvert il y a un an, The Lumiares a pour ambition de jouer sur plusieurs
tableaux : l’implantation dans l’hypercentre, la gastronomie et la praticité du service. Car
ses 53 chambres sont en réalité des appartements de 35 à 120 m2 qui bénéicient d’un
service hôtelier : idéal pour un week-end en famille, entre amis ou un séjour professionnel.
L’hôtel dispose de deux restaurants excellents et abordables, d’un spa et d’une petite salle
de sport. La gageure est qu’il jouit d’un calme incroyable alors qu’il se trouve au cœur du
quartier sud de la capitale, le Chiado, inondé de cafés, de bars, de boîtes, de petits restos
et d’enseignes en tout genre – parfois encore traditionnelles. Il est à la fois si central et si
proche du Tage que c’est sans doute le coin le plus visité de Lisbonne. Le fameux tram
38, dont le trajet aborde les plus beaux monuments, s’arrête à deux pas, dans la Baixa.

Rénovation et décoration subliment les savoir-faire locaux


La rénovation complète du bâtiment du XVIIe siècle, réalisée par Helder Cordeiro et João 1/ Les chambres sont de véritables
Pedro Pedras, a ménagé quelques atouts. Un atrium éclairé par un majestueux lustre de appartements où chacun des
espaces est décoré avec goût.
Beau McClellan, designer écossais spécialisé dans les luminaires d’exception, un parking 2/ Le spa propose une large gamme
(une rareté dans les environs), une terrasse sur le toit avec vue à 180°. La carte élaborée de soins, un hammam et un sauna.

224
ID-HÔTEL DÉCO

1/ Ouvert à toute heure, le Mercado offre une pause décontractée, pour les hôtes mais aussi pour les flâneurs du quartier. On y mange assis ou sur le pouce la carte
« snackée » à partager. 2/ Le Lumni, perché au 5e étage, possède, outre sa terrasse, une jolie salle chaleureuse. La carte fait la part belle au poisson.

au Lumni par Miguel Castro e Silva fait honneur aux traditions et aux produits locaux
2
en osant de nouvelles associations, la spécialité du chef demeurant le poisson, dont il est
passé maître dans la cuisson à basse température. C’est aussi l’occasion de découvrir des
vins portugais, tout particulièrement les blancs de la vallée du Douro. Au rez-de-chaussée,
le Mercado offre l’alternative d’une carte bistrot, gourmande, ambitieuse dans sa volonté
de faire redécouvrir les plats typiques façon snack. Le spa propose cinq salles de soins, un
sauna et un hammam dans une atmosphère douce dont la décoration est en harmonie avec
celle de l’hôtel, élégante sans ostentation. C’est justement à travers ces choix décoratifs que
les propriétaires ont exprimé au mieux leur désir de mettre en valeur les savoir-faire tradi-
tionnels portugais. Vista Alegre pour la vaisselle, Ferreira de Sà pour les tapis, Room2Fit
pour le mobilier en bois, Burel Factory pour les plaids en laine 100 % mérinos, Fabrica
Alentejana de Laniicios pour les coussins, Project 226 pour la pochette en cuir qui contient
le manuel de la maison… Toutes ces entreprises locales, plus ou moins anciennes, ont réalisé The Lumiares Hotel & Spa.
des produits expressément pour l’établissement, dans le goût du moment, entre chaleur Rua Diário de Notícias, 142.
Tél. : +351 211 160 200.
brésilienne et sobriété scandinave. Les volumes du lobby, les sols aux larges damiers de Thelumiares.com/fr
losanges noirs et blancs, le desk cube aux relets dorés, les œuvres d’art… ce savant mé-
lange de chic contemporain, d’histoire, d’art et d’artisanat est le fruit de la combinaison La TAP propose des vols
Paris-Lisbonne au départ
de deux agences mandatées sur le projet. Omey Projects, qui a placé des photos de Vasco d’Orly Ouest avec 8 départs
Célio, des œuvres originales du grafiste irlandais Maser et des sculptures de Jeff Lowe, un quotidiens (à partir de 71 €) ;
mais aussi de Nantes,
Britannique qui vit une partie du temps en Algarve. Mais aussi l’agence Foster & Bloom
Bordeaux, Nice et Marseille
dont la fondatrice, Samantha Lawrie, a érigé le « localisme » en mantra. Faire connaître (de 1 à 3 vols) et, dès
aux autres – et aux hôtes – des produits originaux, c’est latter cette envie de tout un chacun le 31 mars 2019, au départ
de Bâle-Mulhouse.
de ne pas être ou faire comme tout le monde. Mais c’est aussi renforcer l’économie locale Informations et réservation
et cultiver précieusement, grâce à ces ponctuations, la douce atmosphère de Lisbonne. sur Flytap.com

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Contemporary trips
parce que les voyages forment la jeunesse !
Shanghai Miami New York City

Londres Sydney Moscou

Paris Rio de Janeiro Venise


ID-URBAN SPIRIT

« Pour le voyageur arrivant


par la mer, la ville s’élève,
même de loin, comme
une belle vision de rêve,
se découpant nettement
contre un ciel bleu vif
que le soleil réchauffe
de ses ors. »
Fernando Pessoa dans Lisbonne (1925)

230
Lisbonne
Haute en couleur
Le Tage vaste comme une mer, des ruelles séculaires, une taille réduite et une
nonchalance agréable… Lisbonne n’en finit pas d’enchanter les visiteurs. Avec trois
cents jours de soleil par an, ses tarifs encore sages, mais aussi un savoir-faire artisanal
très compétitif, elle convainc même les étrangers de s’y installer. Une popularité
qui booste l’économie mais qui peut se révéler ambivalente pour les Lisboètes.
Par Élisa Morère / Photos Ludovic Maisant pour IDEAT

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L
isbonne vous fera tellement de charme que vous chanteuse Maria Severa Onofriana est considérée comme le
n’aurez plus envie de la quitter. De fait, son castelo de creuset du fado. Chats philosophes, amoureux sirotant un
São Jorge, sa tour de Belém, ses monastères de style café, pavés noirs et blancs, voisins papotant sur leurs chaises
manuélin, comme celui des Hiéronymites où Fernando Pes- de paille, Mouraria a une parfaite gueule d’atmosphère
soa est enterré, ses éblouissants palais décrépis qui ouvrent saudade. L’artiste anglaise Camilla Watson a d’ailleurs pho- Page précédente Ponto
parfois leurs portes aux curieux chamboulent les sens. La tographié chaque maison et ses occupants : « Retratos de Final, au bout la jetée,
avec ses nappes à carreaux
petite capitale portugaise ressemble à une duchesse qui Fado » s’afiche en exposition permanente sur les façades.
jaunes et blancs… 1/ Joana
croulerait sous les perles. Joana Marcelino, jeune architecte Album de souvenirs couleur sépia… Marcelino, architecte, nous
en vogue qui réalise boutiques et maisons, nous dévoile ainsi fait découvrir l’atelier-
musée de l’artiste Júlio
l’atelier-musée de Júlio Pomar (1926-2018) dans le Bairro Follement suspendue Pomar dans le quartier
Alto, où résident beaucoup d’artistes. « Cet endroit est ma- Quelle autre capitale européenne que Lisbonne offre cet du Bairro Alto où résident
gique pour sa structure très simple, sa lumière naturelle qui exaltant sentiment balnéaire ? Car, on bronze face au pont beaucoup d’artistes.
2/ À proximité de la tour
pulse en douceur et bien sûr les œuvres du peintre. » Sous rouge du 25-Avril ou du sanctuaire du Christ Roi « selie- de Belém, l’entrée du
le jardin Príncipe Real, une autre trouvaille : le réservoir géniques », mais aussi face à l’immensité du Tage qui musée d’Art populaire.
évoque un océan sur lequel le soleil tape fort. Pour s’en pro- On peut y découvrir des
d’eau Patriarcal, dont le bassin octogonal approvisionné par
collections d’objets issus
l’aqueduc das Águas Livres construit au xviii siècle et qui
e
téger, les Lisboètes se sont faits jardiniers. D’innombrables des provinces portugaises,
irriguait autrefois la ville, était relié au quartier São Vicente. parcs, gracieux refuges à l’ombre des fontaines et des bel- offrant aux visiteurs une
idée de la diversité des
Ces bâtiments ajoutés au réservoir d’eau Mãe d’Água, à la védères carrelés d’azulejos, offrent des bancs de marbre
régions du pays. 3/ Très
station de pompage à vapeur des Barbadinhos ainsi qu’à crème où rêver devant l’horizon. Certes, les sept collines, central, situé devant la gare
la galerie du Loreto (tunnel souterrain bordé de canaux en aussi escarpées que celles de Rome, moulinent menu nos Cais do Sodré dans
les anciennes halles
pierre acheminant l’eau vers les fontaines) se réunissent sous mollets, mais les tuk-tuks facilitent les déplacements, de du Mercado da Ribeira,
la bannière du musée de l’Eau et se visitent. À noter que même que le tram n° 28 qui relie Martim Moniz à Campo le Time Out Market
sous l’un des arcs de l’aqueduc, entre deux piliers, une cha- Ourique via Graça, l’Alfama, la Baixa et Estrela. On bénit est un lieu de rendez-vous
branché, gourmand et
pelle dédiée à Notre-Dame de Monserrate a été construite, aussi l’ascenseur en fer forgé Santa Justa qui nous soulève convivial. Page de
laquelle est toujours fréquentée par la noblesse lusitanienne. de trente mètres entre Baixa et Bairro Alto. droite Le palais de
l’Embaixada est l’adresse
Cette aristocratie vit à Lapa, autre perle qui abrite gouver- Dès 17 heures, l’esprit festif de la ville se réveille et enivre
lisboète culte à ne pas
nement, ambassades et l’ancien palais des comtes d’Alvor, comme un bon vin. Comme les chats, on saute d’un rooftop manquer. On y découvre
aujourd’hui musée national d’Art ancien. Le contraste est à l’autre : balcon de l’hôtel Altis Avenida, minitoit-terrasse du une galerie de créateurs
en étages dans un
frappant avec Mouraria, un quartier populaire en escaliers. Lumni, toit du Sky Bar et terrasse du « fashionable » Park, riche décor du XIXe siècle
Sous la protection de Fátima, la paroisse de naissance de la épinglé au faîte d’un parking. Le circuit de la nightlife lisboète encore dans son jus.

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passe par la Pensão Amor, ancien bordel devenu La Mecque Ainsi, la capitale portugaise bouge à un rythme hallucinant.
des spectacles burlesques, et se déplace jusqu’à la LXFactory, Elle remonte aussi la crise inancière de 2008 en misant sur
site industriel transformé en scène musicale, bourré de bars, une iscalité attractive. Un appel du pied reçu cinq sur cinq
boutiques et studios de créateurs. Le dimanche, Lisbonne se par les sociétés Accenture, Uber et Zalando, qui implantent
remet la tête à l’endroit en joggant le long de la jetée du Tage, ici leurs centres stratégiques. Microsoft s’est installée près
en pédalant électrique (vu la déclivité du terrain) ou en ilant de l’Oceanário tandis que Google a choisi la ville d’Oeiras, 1/ Parmi les boutiques
les plus agréables de
vériier la blondeur de la plage de Fonte da Telha, à trente mi- à moins de 20 km à l’ouest de la capitale. La jeune généra-
Lisbonne, Casa Pau Brasil
nutes, ou bien encore en craquant pour un brunch familial tion est à l’aise dans ce Lisbonne du xxie siècle, retroussant mélange les trouvailles
sur fond de pastéis de nata (petite pâtisserie mythique… et ses manches pour se faire une place au soleil. Le chef José venues du Brésil, aussi
bien la mode que des
calorique, à base de lan dans un écrin de pâte feuilletée). Avillez (38 ans) fait partie des grandes réussites lisboètes. cosmétiques ou le design…
En dix ans, il a transformé la ville en eldorado gourmand 2/ Ex-journaliste addict
Contemporaine et énergique avec ses onze restaurants. Son enthousiasme reste intact : à l’artisanat portugais
d’autrefois, Catarina Portas
La Lisbonne futuriste pulse aussi intensément du côté du « Lisbonne s’étend, se dote de banlieues. Le tourisme n’a a créé A Vida Portuguesa
parc des Nations, inauguré en 1998 pour l’Exposition uni- pas encore atteint tout son potentiel et cette énergie encou- qui propose des articles
anciens comme ces
verselle, orné de la gare do Oriente, dessinée par Santiago rage de jeunes chefs, à l’image de Pedro Pena Bastos qui a
hirondelles de la
Calatrava, et du deuxième plus grand aquarium d’Europe, ouvert sa table il y a deux mois, ou d’António Galapito, à manufacture de céramique
l’Oceanário, dont la conception et le design sont de l’Amé- la tête du Prado. » De son côté, Virginie Soares, ancienne Bordallo Pinheiro. 3/ Le
quartier de Lapa aux
ricain Peter Chermayeff. Mais aussi à Belém, avec le Mu- élève de l’école Boulle, s’est spécialisée dans la décoration magnifiques palais roses
seum of Art, Architecture and Technology (MAAT), conié à et le sourcing via sa plateforme Lisbon Connexion : « Le demeure toujours le QG
l’architecte anglaise Amanda Levete, l’impressionnant siège made in Portugal est artisanal et artistique et ma clientèle du gouvernement, des
ambassades et des
social d’Energias de Portugal (EDP), bâti par le Lisboète en est friande. Je fais par exemple régulièrement intervenir aristocrates. Ici, le Palácio
Manuel Aires Mateus, et la fondation Champalimaud, un sur mes chantiers des ateliers de céramique de l’Alentejo. » das Necessidades est
une ancienne résidence
centre de recherche international sur le cancer, édiié par De fait, nombreux sont les architectes d’intérieur français
royale et l’actuel siège
l’architecte indien Charles Correa en 2010. Livré l’an passé qui font appel à l’ébénisterie portugaise pour leurs projets du ministère des Affaires
par João Luís Carrilho da Graça, le monumental terminal d’aménagements sur mesure. Son ami Tiago Patrício Ro- étrangères. Page de
droite Lisbonne conserve
de croisières est stratégiquement situé au pied de l’Alfama, drigues (38 ans) a quant à lui installé son agence d’archi
de nombreuses et
plus vieux quartier de Lisbonne, où (à ce jour) plus de d’intérieur Puracal dans la LXFactory, où il vend ses précieuses façades ornées
520 000 passagers ont déjà débarqué de 320 paquebots pour pièces de design : « Lisbonne est en plein boum depuis de fabuleux azulejos qui
lui donnent son caractère
s’ébrouer quelques heures avant de repartir. Il proposera un trois ans : cosmopolite, connectée au Brésil, à l’Afrique. exceptionnel comme
bar sur son toit-terrasse l’été prochain. Nous sommes iers de notre artisanat, de nos galeries d’art dans le Bairro Alto…

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comme de nos artistes internationaux, tels que Vhils dont à condition de le rénover. Effet pervers : celui-ci mue aus-
on voit les œuvres sur les murs de la ville. » sitôt en Airbnb très rentable dont le loyer, indexé sur les
prix européens, est moins imposé… qu’une location à long 1/ Le tramway vous mènera
La bataille du logement terme ! Cet ensemble de facteurs explique que la popula- jusqu’à la Sé, plus ancienne
cathédrale de Lisbonne
Très prisée pour de courts séjours, Lisbonne est aussi un tion lisboète se réduise à 547 000 habitants. On comptait (1150), pour y visiter son
peu victime de son succès et de sa petite taille. À défaut de 800 000 habitants en 1981 ! cloître gothique. Un moyen
de parcourir sans se fatiguer
chiffres oficiels, il sufit d’additionner nuitées d’hôtels, croi- Selon Manuel Aires Mateus, architecte très respecté et auteur
cette capitale escarpée et
siéristes et Airbnb pour dénombrer environ 2,5 millions de du superbe siège de la compagnie d’électricité EDP, il faut haute en couleur. 2/ Les fans
touristes ! Comme Berlin, Barcelone ou Paris, la ville souffre maintenant compter avec l’appétit des promoteurs : « Avec louvoient un moment dans
le parking avant de trouver
d’un tourisme massiié – surtout l’Alfama qui compte plus de effarement, je vois Lisbonne rachetée par zones entières de- le fameux ascenseur qui
touristes que d’habitants (Airbnb a subi une augmentation puis le centre. Vingt immeubles du Príncipe Real sont tombés mène au Park, un jardin
des offres sur sa plateforme de 92 % en 2017 !). Il faut ajouter dans l’escarcelle du promoteur américain EastBanc, déjà suspendu au 5e étage où
une foule fashion à la cool,
les résidents étrangers attirés par la déiscalisation de leurs propriétaire du centre commercial Embaixada. Autrefois, sur des bancs en alcôve, se
revenus. Les Français installés au Portugal ont même quin- les promoteurs étaient locaux, mais arrive une spéculation régale de hamburgers.
tuplé en quatre ans. L’ambassade de France recense environ Lisbonne s’étend en
chinoise, anglaise et américaine dont les fonds sont dispro-
contrebas dans toute sa
17 500 ressortissants (45 % vivent à Lisbonne) dont un tiers portionnés par rapport à la taille de la ville. Un de mes clients grâce, le pont du 25-Avril à
de retraités. Les exonérations visent aussi les non-Européens américains voulait que je lui trouve des palais de 50 000 m2… l’horizon. The place to be.
3/ João Luís Carrilho da
qui obtiennent le Visa d’or, un titre de séjour leur permet- qui n’existent pas. Certes, la ville a besoin de se densiier et
Graça est l’architecte de la
tant de résider et de circuler librement au Portugal, avec les de se dynamiser, car elle comportait trop de zones sombres. superbe école de musique
membres de leur famille, à condition d’investir dans une Mais le problème collatéral est le prix du mètre carré, passé de Lisbonne : allure
contemporaine, jeux de
entreprise locale ou dans l’immobilier et de demeurer dans de 2 500 à 12 000 euros en trois ans ! Aucun Portugais ne peut lumières et de couleurs, elle
le pays une ou deux semaines par an minimum. se le permettre. Le salaire mensuel moyen est de seulement vaut le coup d’être vue !
À cause de l’immobilier qui flambe, les étrangers sont 794 euros… » Selon l’architecte, cette bulle immobilière fait Page de droite Le musée
de l’Art, de l’Architecture
accusés de pousser les Portugais vers les banlieues. En réa- i de la compréhension de la vie portugaise et de ses espaces et de la Technologie
lité, dû à la dégradation de la ville, l’exode a commencé luides. « Je me demande comment la gentriication va se (MAAT) interroge notre
société et son futur
il y a dix ans. Une loi des années 50, promulguée sous le traduire dans le quartier des Amoreiras où s’implante un
à travers des expositions
gouvernement d’António de Oliveira Salazar (1889-1970), centre commercial de 100 000 m2… » Lisbonne risque-t-elle très pointues. « The Happy
gelait les loyers. Conséquence : les propriétaires n’entrete- de devenir une ville fantôme ? Comme Manuel Aires Mateus, Show », du designer
graphique Stephan
naient plus leurs biens. Une nouvelle loi permet désormais on espère que non et qu’elle conservera longtemps ses perles, Sagmeister, développe une
aux propriétaire de récupérer plus facilement un logement son âme… et sa population. réflexion autour de la joie.

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1/ Le restaurant Atire-te ao Rio pour profiter des derniers rayons du soleil. 2/ Avenue Da Ribeira Das Naus, récemment rénovée, offre une plage fluviale en plein centre-ville.

LISBONNE PRATIQUE
Y ALLER SUR PLACE Phéniciens sont les terre de 1755, accompagné le chômage explose et
Voyageurs du Monde, Historien et fondateur véritables fondateurs d’un tsunami, ravage le pouvoir d’achat baisse
dont l’excellence de l’agence d’Alis Ubbo (pour « jolie Lisbonne (entre 10 000 dramatiquement. Proche
des prestations ne Cosmopolitan (Private baie ») vers 1200 avant et 60 000 morts, selon de la situation grecque,
se dément pas, Tours), Joel détient aussi J-C. Grecs, Carthaginois, les sources), excepté le pays renoue avec la
propose un service de la clé de certains palais. Maures et Romains l’Alfama. Le marquis croissance en 2016-2017.
conciergerie 24 heures Guides qualifiés, accueil leur succèdent puis de Pombal rebâtit Le problème, selon
sur 24 qui permet sympathique et les Wisigoths et enfin une cité que Napoléon les observateurs : une
de se reposer sur programmes les chrétiens. Lisbonne et les Anglais se économie tournée vers
des experts : location intéressants, dont le atteint son âge d’or entre disputent. De luttes le tourisme (de masse)
de voiture, réservation circuit « LGBT Tours ». les XV et XVI siècles,
e e
en révolutions apparaît qui crée une bulle
d’un guide, d’une table Cosmopolitantours.pt car elle est alors le point António de Oliveira immobilière fragile.
ou solution pour de départ des grandes Salazar en 1928 qui Elle doit se diversifier.
retrouver sa valise… S’INFORMER expéditions maritimes impose un fascisme Peut-être grâce au
tout est possible. Au Visitlisboa.com puis du commerce chrétien et dont l’action numérique ?
catalogue, la formule mondial grâce à la isolera le pays durant
« Un long week-end PROFIL EXPRESS découverte de la route plus de quarante ans ! À LIRE
à Lisbonne » propose Ancrée sur la rive droite des Indes (1498) Après des guerres Lisbonne, de Fernando
quatre jours avec du Tage, baptisée la mer par Vasco de Gama. coloniales meurtrières Pessoa (1888-1935).
hébergement au de Paille, Lisbonne Le Brésil, approché et ruineuses, la Ce guide, écrit en 1925
Valverde (voir p. 240). se divise en dix-neuf par le navigateur Pedro révolution des Œillets par un des écrivains
Notez qu’un séjour sur quartiers dispersés Álvares Cabral en 1500, éclate le 25 avril 1974. les plus renommés
mesure permet de sortir sur sept collines. fait pleuvoir l’or mêlé Le régime fasciste est du Portugal, ne fut
encore plus des sentiers Sa population actuelle aux ivoires, porcelaines renversé. Le Portugal publié qu’en 1992.
battus (en choisissant est d’environ de Chine, épices et sucre… rejoint l’Union Beaucoup de choses
par exemple une 547 000 habitants pour De cette époque datent européenne (la CEE ont changé bien sûr,
croisière privée en une surface de 83 km2. les monuments et palais à l’époque) en 1986. mais la poésie et la
voilier sur le Tage). Ulysse en serait tombé les plus impressionnants. La crise de 2008 touche mélancolie de son auteur
Voyageursdumonde.fr amoureux, mais les Puis, le tremblement de durement le Portugal : y sont intactes.

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© GIORDANO POLONI
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NOS HÔTELS PRÉFÉRÉS À LISBONNE


Ils mêlent le beau à la nouveauté, une histoire magnifique à une situation géographique avantageuse, le design et
l’architecture. Les adresses mythiques s’agrandissent, les nouvelles rivalisent de charme… Toutes feront battre votre cœur !

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4 5 6

Cocon fougères arborescentes rooftop est toujours aussi l’emplacement d’une plafonds en brique,
Valverde Hotel (1) qui servent de parasols, éblouissante, s’y ajoutent pêcherie... romaine ! les carreaux de ciment et
L’hôtel particulier du le patio cache une piscine. le raffinement des Rua de Santiago, 10-14. les colonnades. Choisie
e
XIX siècle relooké par les Notez le délicieux assiettes du chef étoilé Tél. : +351 21 394 1616. par la famille Faustino,
architectes José Pedro restaurant, où s’invite le Nuno Mendes et de Santiagodealfama.com propriétaire des lieux,
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mué en exquise demeure qu’une extension Praça Luis de Camões, 2. Art nouveau redessiné avec délicatesse
coloniale. On y ronronne prochaine à l’immeuble Tél. : +351 21 340 82 22. 1908 Lisboa Hotel (3) 36 chambres dont une
dans un boudoir baroque voisin, plantée d’un jardin. Membre des Leading L’hôtel 1908 doit son nom suite, avec l’idée de twister
semé d’un flot de fauteuils Avenida da Liberdade, 164. hotels of the world. à son année de livraison Art nouveau et XXIe siècle.
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marquetées. De belles Mythique Santiago de Alfama il dispose depuis janvier Tél. : +351 21 880 4000.
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sous les palmiers et rénovation. La vue du où des fouilles ont révélé s’harmonisent avec les Un bouquet de fleurs

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7

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cuisiniers qui y disposent Campo de Santa Clara, 128. Doca do Bom Sucesso. qui a conçu un espace 9Hotel Mercy (7)
jus healthy et menu Tél. : +351 934 418 316. Tél. : +351 21 040 020. intérieur intime, blond et L’agréable 9Hotel Mercy
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en pitchpin et lits très étudiée jusque dans stratégiquement au cœur
à baldaquin, baignoires Fluvial Sophistiqué les chambres avec du Chiado, duquel on peut
taillées dans le marbre, Altis Belém Hotel & Spa (5) Memmo Príncipe Real (6) terrasses et cheminées. rallier à pied le front du
le Santa Clara 1728 Conçu par Manuel Discrètement caché Une adresse très smart Tage, trouver un restaurant
est un bijou urbain et le Salgado, João Almeida et derrière un porche, l’hôtel devant laquelle les ou... faire du shopping. Ce
projet de João Rodriguez, Tomás Salgado, l’hôtel est Memmo déploie ses limousines défilent, 4-étoiles de 45 chambres
son propriétaire. Ancien fameux pour sa situation formes cubiques blanches, accueillies par un et 2 suites avec terrasse
pilote de ligne, ce fan au bord du Tage, ses un toit végétalisé, une personnel en uniforme gris propose un bar en rooftop.
d’architecture a œuvré 50 luxueuses chambres petite piscine ainsi qu’un clair. Très courue aussi Rua da Misericórdia, 76.
durant cinq ans avant et suites cernées de baies restaurant éclairé de pour ses 41 chambres et Tél. : +351 21 248 1480.
d’ouvrir cette retraite vitrées qui remplacent lanternes et rythmé de 2 suites ornées d’œuvres 9-hotel-mercy-lisbon.com
monacale de 6 chambres, les murs, avec pare-soleil, stores noirs. Devant, rien d’art de Miguel Branco.
habillée par Paola Navone son bar (quasi) de plage, d’autre que le panorama, Rua Dom Pedro V, 56J. Déco
et éclairée par Davide avec DJ le soir, et son extraordinaire. Il doit Tél. : +351 21 901 6800. The Lumiares
Groppi. Spectaculaire, restaurant étoilé, le sa silhouette raffinée à Memmohotels.com (Voir p. 222.)

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NOS MEILLEURES TABLES À LISBONNE


Lisbonne attire tellement de touristes que les tables y poussent comme des champignons. Certaines servent une cuisine
fusion, d’autres font miroiter leurs étoiles. S’y ajoutent des rooftops à l’ambiance aussi énergisante que leurs cocktails.

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4 5 6

Original Bout du monde Coelho, y perpétue une taille impressionnante, sa meublé made in Goa.
Alma (1) Ponto Final (2) savoureuse cuisine côtière. brasserie en cœur de ville Un brin hippie comme
Un cadre divin, avec Un châle sur les épaules, En ferry, direction s’agrémente d’une épicerie. le jeune patron António
voûtes, lampes de cuivre, rejoignez la rive gauche en Cacilhas (5 min). Rua Elle attire par son décor et Bastos, c’est le spot idéal
sièges chinois, mandalas ferry, où s’incruste le Ponto do Ginjal, 72, Almada. un menu à prix doux mais où grignoter une salade
et tapis ouzbeks, enceint Final. Pas de réservation, Tél. : +351 21 276 0743. très « marketé ». épicée ou siroter un verre.
un service parfois nerveux, bondé dès 19 heures, il faut Av. Dom João II, 11 B, Rua Dom Pedro V, 56D.
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Henrique Sá Pessoa, du coucher du soleil. Cette Páteo (3) Tél. : +351 21 868 7208. Lostinesplanada.com
qui concocte gaspacho gargote de pêcheurs a À 38 ans, José Avillez, Pateorestaurante.pt
à la menthe et velours conservé son âme, ses ambassadeur de la Maîtrisé
de mousse, caviar d’huile toiles cirées à carreaux et nouvelle cuisine portugaise, Bobo Epur (5)
d’olive sur tempuras de sa situation au bout de la fait de sa cité une Lost in Esplanada (4) Le chef français Vincent
poivrons ou porc rôti jetée bordée d’anciennes destination « food ». À Príncipe Real et voisin Farges, après avoir œuvré
24 heures. Et une première conserveries, de ruines de Ce chef de cuisine de l’hôtel Memmo avec qui pour plusieurs étoilés
étoile au guide Michelin ! clubs nautiques, avec une et d’entreprise (avec il partage le même porche, autour du monde, et une
Rua Anchieta, 15. plage en contrebas et tout 600 employés) multiplie le Lost in Esplanada vaut fois financé par des clients
Tél. : +351 21 347 0650. Lisbonne devant elle. La les concepts et annonce surtout pour son coin de accros, a ouvert Epur, il y a
Almalisboa.pt propriétaire, Dulcinea une escale à Dubaï. De terrasse en Technicolor, cinq mois. Architecturé

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7

par le cabinet Guedes Branché la maman du chef. comme les crevettes jeune Louise Bourrat est
Cruz, le bâtiment XVIIIe 100 Maneiras (6) Des soirées cinoche, des rouges de l’Algarve ou les sublime d’invention et de
conserve ses azulejos Les deux adresses sont enchères artistiques et poissons achetés le matin fraîcheur. Croquettes de
et son plancher de pin tenues par trois associés des sets culinaires avec même à Peniche. rillettes de lapin, soupe de
blanchi, gagne des tables trentenaires. Pas banal, chefs étoilés de passage… Altis Belém Hotel & Spa, tomates rôties aux figues,
et chaises signées Fritz le bistrot historique est Largo da Trindade, 9, Doca do Bom Sucesso. bar grillé, bouillon au
Hansen, des plafonds parsemé d’œuvres de Chiado. Tél. : +351 21 040 0200. safran et spätzle au basilic,
argentés et un bleu glacier Paulo Guilherme d’Eça Tél. : +351 910 307 575. Restaurantefeitoria.com parpadelle au crabe, tarte
très frais. Sans esbroufe, Leal, de vitrines 100maneiras.com aux figues… Tout est beau
Vincent Farges nous consacrées à Tim Burton Le chouchou et délicieux. Alexis
entraîne vers des saveurs et d’une installation de Ambiancé Boubou’s (7) Bourrat, frère de la chef,
inédites, transgressives et couteaux de Mário Belém. Feitoria Ce patio camouflé dans déploie une belle énergie
maîtrisées, accompagnées Rock’n’roll, la maison attire Noir et or, étoilé, c’est le Príncipe Real risque de avec son épouse Agnes,
de vignes locales. artistes, politiques et trésor de l’hôtel Altis devenir addictif pour la dans ce concept 7 jours / 7
Largo da Academia excentriques venus pour Belém. Les gourmets y belle clientèle créative du midi-minuit, intelligent et
Nacional das Belas la playlist (fantastique), accourent. Le chef João quartier comme pour les généreux. Immanquable.
Artes, 14. le cocktail « coriandre- Rodrigues y veille à la touristes curieux. La carte Rua Monte Olivete 32,
Tél. : +351 21 346 0519. vodka-citron » et les plats haute tenue de ses plats, gastronomique élaborée Tél. :+351 21 347 0804.
Epur.pt bosniaques influencés par à la qualité de ses produits chaque semaine par la hello@boubous.com

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NOTRE SÉLECTION DE BOUTIQUES À LISBONNE


Gardez donc une place dans vos valises ! La ville regorge de marques historiques, d’ateliers artisanaux et de créateurs
talentueux qui rafraîchissent avec brio le made in Portugal.

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4 5 6

Artisanal Pinheiro, les sacs de cuir mauresque de 1877 ayant Éthique Au 1er étage de
A Vida Portuguesa (1) dessinés par le styliste appartenu à un négociant Fair Bazaar (3) l’Embaixada. Praça do
Ex-journaliste passionnée Sanjo, des chaises de de tabac et racheté par Coup de projecteur sur la Príncipe Real, 26.
d’artisanat portugais pêcheurs avec dossier le promoteur américain ravissante Joana Cunha, Tél. : +351 927 453 075.
« oublié », dit-elle, en forme de queue EastBanc en 2008. fondatrice de Fair Bazaar, Thefairbazaar.com
Catarina Portas (photo) de morue ou des paniers Ouverte en 2013, rénovée, qui propose des produits
chine des articles anciens des Açores dans lesquels elle fait partie du bio, éthiques et fabriqués Douillette
dans leur emballage fourrer nos trouvailles. patrimoine. Un projet par 35 manufactures Burel (4)
d’origine ! Résultat : les Rua Anchieta, 11, Chiado. d’hôtel de luxe est à locales. Chez elle, on La manufacture Burel
quatre boutiques A Vida Tél : +351 21 346 5073. l’étude. En attendant, « shoppe » des bijoux, existe depuis 1950,
Portuguesa de la capitale Avidaportuguesa.com une galerie marchande des vêtements, des retrouvant son allant en
ne désemplissent pas, abrite 2 restaurants cosmétiques ou de la 2010 grâce à deux
dessinant une riche carte Concept et 16 boutiques, décoration, comme les passionnés d’hôtellerie
au trésor composée de Embaixada (2) dont les chaussures tables Raíz de Lluís Codina de montagne… Isabel
300 fournisseurs, du nord On ne repart pas sans Armando Cabral (Beltá & Frajumar). « Tout Costa et João Tomás.
au sud. Comme ces visiter l’Embaixada, soit et Stock The Nature. est fait main », assure Ces deux-là ont racheté
hirondelles en faïence l’« ambassade » en Praça do Príncipe Real, 26. Joana qui organise aussi l’usine textile, les métiers
de la manufacture français, laquelle est logée Tél. : +351 965 309 154. des conférences sur ses à tisser et réuni les savoir-
centenaire Bordallo dans un palace Embaixadalx.pt sujets favoris. faire. Leur premier motif

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7

sur laine de mouton a tapé Allemands il y a cent Carioca Dormir ou les magnifiques lumière les ravissants sacs
dans l’œil de l’architecte trente ans, elle fut la Casa Pau-Brasil (6) sacs en paille de Catarina de paille et cuir du
de Microsoft qui en a première marque Ce grand magasin existe Mira. Une librairie et créateur Toino Abel,
couvert les murs du siège portugaise à fabriquer depuis deux ans. Son du petit mobilier du grand comparables à ceux qui
américain… On craque des savons parfumés. fondateur, un économiste, designer brésilien Sergio servaient autrefois aux
sans hésiter sur un plaid On y fait une grosse déniche ses produits rares Rodrigues complètent Portugais à transporter
tissé serré, indestructible, provision de Madrigal, dans la région de São ce lieu bientôt dupliqué leur pique-nique sur la
tout doux, dont les motifs Favorito ou Elite, très Paulo, au Brésil. Le palais à Paris et à Londres. plage, les nappes en coton
géométriques, chevrons joliment empaquetés, et du XVIII siècle immense
e
Rua da Escola bio surlignées de fil rouge
ou diamants, et les coloris d’eau de toilette Musgo et raffiné qui l’accueille Politécnica, 42. Bicla ou les superbes
sont tirés d’archives des Real (née en 1936), par représente un abri de Tél. : +351 21 342 0954. coupelles en textile Jinga.
années 70. exemple, qui marie rêve pour les cosmétiques Tri soigneux, présentation
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Tél. : +351 21 245 6910. ylang-ylang et toujours (1870), les bijoux à base OrganII (7) qu’on aime.
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LES LIEUX D’ART ET DE DESIGN QUI COMPTENT À LISBONNE


La jeune garde artistique portugaise s’invite dans les musées, les fondations privées ou les galeries à la sélection éclairée et
ambitieuse. Belle occasion d’approcher les nouveautés tout en révisant ses classiques.

1 2 3

4 5 6

Institutionnel sur papier, résine ou de fonds et valeurs, Moderniste Tél. : +351 21 343 2148.
Museu Calouste acrylique. Une salle est abrite l’intéressant Museu Nacional Museuarte
Gulbenkian (1) consacrée aux figures Museu do Dinheiro. de Arte Contemporânea contemporanea.pt
Il réunit dans son parc artistiques portugaises Il raconte l’histoire do Chiado (MNAC) (3)
de monumentales majeures des années 60 de l’argent dans Parti en fumée dans Architectural
sculptures signées avec un secteur réservé le monde, celle des l’incendie de Lisbonne Fundação EDP –
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Un pavillon abrite Museu.gulbenkian.pt ont permis de le rénover en 1994, le MNAC en ellipse conçu
également des œuvres et d’y proposer présente les artistes par l’architecte anglaise
sculpturales de Jorge Money expositions portugais des XXe et Amanda Levete abrite
Vieira, Germaine Richier Museu do Dinheiro (2) contemporaines, e
XXI siècles, tels que la Fundação EDP-
ou Antonio Duarte. Au royaume de Picsou, concerts, performances, Lourdes Castro, Helena MAAT (musée d’Art,
À l’étage, le XX siècle
e
argent et culture font pièces de théâtre Almeida, Paula Rego, d’Architecture et de
se raconte en séries deux. Ici, c’est le et ateliers. ou les photographes Technologie). On y
conceptuelles, contraire. L’église San Largo de São Julião. José Luís Neto découvre des regards
performances, Julian, muée en banque Tél. : +351 21 321 3240. et Emília Tavares. d’architectes proches
photographies tirées puis en zone de transit Museudodinheiro.pt Rua Serpa Pinto, 4. d’un travail artistique,

246
7

dont ceux de Tomós Avant-garde à Estrela 33. « Je pars d’une photo puis prêtées par le
Saraceno ou de Carlos Cristina Guerra (5) Tél. : +351 21 395 9559. je travaille à la feuille d’or collectionneur José
Garaicoa. Son audacieux Sélection d’avant-garde Cristinaguerra.com en employant des bleus Berardo à l’État portugais,
directeur, Pedro Gadanho, à la galerie de Cristina très lumineux pour créer qui gère les lieux. Cette
ose présenter également Guerra, qui a invité Underground des énergies », expliquait année, Rita Lougares,
les théories futuristes dernièrement le duo Galeria Filomena l’artiste croisé sur place. la directrice artistique,
d’architectes d’artistes scandinaves Soares (6) Rua da Manuntenção, 80. songe à y exposer
concepteurs de villes Elmgreen & Dragset Depuis dix-huit ans, Tél. : +351 21 862 4122. des artistes locaux
érigées dans le désert ou autour d’un travail cette galerie prend ses Gfilomenasoares.com émergents. Profitons-en
de nouvelles formes sur la mémoire. Leur aises dans un monumental pour jeter un coup
d’existence sous le titre… approche ? Graver dans entrepôt des docks Privé-public d’œil à la galerie
« Désastre ». Terminez le marbre blanc un qui accueille photos, Museu Coleção de photographies
par la section « Survie et « cimetière d’œuvres » en peintures, sculptures Berardo (7) et aux expos d’art
adaptation » pour vous piochant parmi des titres et installations. Confié aux architectes contemporain, et pour
remettre ! de poèmes, de chansons Dernièrement, le Manuel Salgado et redécouvrir les grands
Avenida de Brasília, ou d’œuvres, tels que plasticien américain Slater Vittorio Gregotti, le artistes du passé.
Central Tejo. The Conversation, de Bradley accrochait ses musée Coleção Berardo, Praça do Império.
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Maat.pt Rua Santo António thème de la spiritualité. notamment 800 œuvres Museuberardo.pt

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ID-HYPE AREA

Shimokitazawa, un autre Tokyo


Lorsque l’on a bien écumé les spots du centre de la capitale japonaise,
fait le plein de mode, de néons, de ramen (nouilles) et de jardins zen,
l’envie vient toujours d’aller plus loin, vers ces quartiers – des quasi-
banlieues –, comme Shimokitazawa, où vivent les « vraies gens ».
À quelques stations de métro seulement, on débarque dans une autre
ambiance, d’autres lumières, une autre ville… de plus en plus séduisante.
Par Geneviève Brunet / Photos Juliette Mathieu pour IDEAT

C
’est bien simple : il n’y a pas d’hôtel à Shimokitazawa. C’est dire si l’on y croise
peu d’étrangers. Il n’y a pas non plus de concept-store design – pour ça, allez plu-
tôt à Harajuku (quartier de Shibuya). On n’y trouve pas de vêtements signés de
créateurs japonais fameux – visez alors Omotesando, une avenue de Shibuya. On a beau
Dans le puzzle de villages
chercher, le soir, impossible de dénicher des néons criards et des écrans géants – mieux qui constituent Tokyo,
vaut traîner à Shibuya. Les grands musées se cachent plutôt à Roppongi (district de l’ar- il en est un qui résiste
au syndrome très nippon
rondissement de Minato), quant aux restaurants étoilés, ils sont à Ginza (quartier chic de
de l’efficacité à tous crins
l’arrondissement de Chuo). Tokyo est constitué d’un puzzle de villages… Que trouve-t-on pour mieux promouvoir
alors à Shimokitazawa ? Des magasins de disques à la pelle, des boîtes de jazz, des bou- une forme de slow living
où se faire plaisir n’est
tiques de vêtements vintage et… encore des boutiques de vêtements vintage, des maisons pas un vain mot. Bienvenue
basses, des cafés minuscules qui ont chacun leur spécialité (le cappuccino, le granité de thé à Shimokitazawa…

248
1

2 3
Y ALLER le studio d’architecture RESTAURANTS Salmon & Trout (3) 4-42-7 Daizawa,
Avec Air France Mount Fuji Architects, ET BARS N’oubliez pas de réserver Setagaya-ku.
Air France propose des les hôtes se retrouvent Rainbow Soko 3 (2) si vous voulez dîner Tél. : +81 8 4816 1831.
vols directs à destination pour travailler et boire On se faufile dans les dans ce petit restaurant
de Tokyo-Haneda (65 km un verre autour d’un bar étages de ce petit dont la salle ressemble Maboneng (4)
à l’est de Tokyo) à partir et d’un lounge chaleureux. immeuble étroit pour plutôt à un magasin Il faut chercher un peu
de 511 € A/R. Et à partir de L’hôtel s’articule en une aller de salle en salle de cycles : il y a dix sièges pour trouver ce minuscule
680 € A/R en vols directs boutique de produits, et de bar en bar. Le lieu, en tout, dont sept au restaurant planqué au
Paris–Tokyo-Narita (30 km un restaurant atypique, communautaire, accueille comptoir font face au chef fond d’une impasse, mais
au sud-ouest de Tokyo). une grande terrasse à la fois un café, un Kan Morieda. Ne vous le jeu en vaut la chandelle :
Réservations : Travelby. enfouie dans la verdure et restaurant et des espaces attendez pas non plus créé par Niko, batteur
airfrance.com et au 3654. 15 chambres de tailles et de où des artistes et des à un repas traditionnel : dans un groupe de rock,
styles différents, meublées artisans passent pour il ne propose pas de le lieu fourmille toujours
HÔTEL de pièces d’artisans et montrer leur travail carte, travaille au feeling de musiciens. Il est bondé
Trunk (Hotel) (1) de design signées Jamo et d’autres de coworking. et sert toute la « salle » à deux heures du matin
Derrière la gare de Associates. Une base On flâne, on discute, on en même temps dans quand les boîtes de jazz se
Shibuya, à dix minutes vivante, moderne, pour partage un déjeuner sur un défilé d’une douzaine vident. Rio, le chef, jongle
en train de Shimokitazawa, socialiser et rayonner un coin de table. Brooklyn de petits plats délicats avec les recettes familiales
le Trunk est le dernier dans l’ouest de Tokyo. à la grande époque ! et surprenants, tout en et contribue à faire
hôtel dont on cause. Et 5-31 Jingumae, Shibuya-ku. 2-19-5 Kitazawa, racontant l’origine de ses monter l’ambiance.
derrière la façade noire Tél. : +81 3 5766 3210. Setagaya-ku. ingrédients, commandés Miku Building 1F, 2-9-3
végétalisée dessinée par Trunk-hotel.com Rainbowsoko.com dans tout le Japon. Kitazawa, Setagaya-ku.

249
ID-HYPE AREA

5 6
vert…), des épiciers qui vendent de vrais légumes, pleins de terre, venus d’Hokkaido, la plus Ballon d’essai
septentrionale des quatre îles principales de l’archipel… Il y a des vieux qui n’ont jamais latte & art (5)
quitté leur quartier et des jeunes qui rêvent d’une autre vie. Des gens simples mais aussi La queue s’allonge le
des cadres sup qui se sont fait construire de jolies maisons discrètes, des illes en kimono week-end devant ce mini
et d’autres en socquettes et minijupes, des garçons ultralookés et des employés de bureau. « art-café » qui se réclame
d’une démarche artistique
Retour à l’essentiel à double titre : d’abord,
Shimokitazawa, c’est ce « village » situé dans l’ouest de l’agglomération, dans l’arrondisse- on y expose de la
ment (dont le statut s’apparente à celui d’une ville) de Setagaya, le plus riche du Japon – le photographie et on y
patron d’Uniqlo y habite. Il est très facile à rejoindre, à deux stations de train de la gare de organise des workshops ;
Shinjuku et une de Shibuya. C’est complètement Tokyo, mais c’est aussi un monde diffé- ensuite, le patron, Koshimi
rent, un mélange d’avant les Trente Glorieuses chez nous. Rafraîchissant, pas nostalgique, Kubodera, propose des
plutôt joyeux et dépaysant. L’autre Japon dont on rêve. L’immobilier y a moins souffert cappuccinos aux parfums
de l’inlation que dans certains arrondissements de la mégapole, il est un peu plus décati, innombrables, servis
certes, mais quelques maisons contemporaines commencent doucement à se glisser sur de dans des tasses vintage
microterrains, coincées entre deux petits immeubles de guingois… Du coup, les jeunes et les dépareillées et décorés de
artistes, des musiciens surtout, s’y installent, ou viennent en bande le week-end pour boire dessins dans des volutes
des cafés, chiner et se créer des tenues qui ne ressemblent à aucune autre. Une partie de la de mousse. Kawaii !
nouvelle génération japonaise, fruit de la crise et de la décroissance, fuit la modernité à tout 2-30-11 Kitazawa,
prix pour retrouver d’anciennes valeurs. En réaction aux designers qui prônaient la sophis- Setagaya-ku.
tication dans le total look black, ils s’habillent de couleurs et de récup, ne jurent que par la Tél. : + 81 3 6407 0511.
vieille Europe, l’imperfection, l’improvisation… Dans ce Japon de l’eficience où tout est Ballondessai.com

250
7 9

SHOPPING Thés rares (7) des ciseaux les cheveux 2-25-8 Kitazawa, 1F 2-16-3 Kitazawa,
Books and Beer (6) Elle n’a pas vraiment de européens. Il sait leur Setagaya-ku. Setagaya-ku.
C’est une librairie fondée nom cette drôle d’épicerie faire du bien dans son Tél. : +81 3 3468 7000. Tél. : +81 3 5432 9701.
par Koichiro Shima, patron pleine de petits frigos. salon-jardin où règne K-toyo.jp Kalma-tokyo.com
de l’agence de design Mais on voit régulièrement la bonne humeur.
Hakuhodo Kettle, avec de longues files de 2-29-5 Kitazawa, Kalma Tokyo (10) Mammoth Jump (11)
l’éditeur Shintaro Japonaises patienter, Setagaya-ku. Il en fallait bien une, de Shimokitazawa est LE spot
Uchinuma. L’espace est munies de leur ticket Tél. : +81 3 3481 0534. ces boutiques de créateur du vêtement vintage. Les
à l’étage, organisé comme numéroté, comme à la Rosso-hair.com de vêtements japonais jeunes et les moins jeunes
une bibliothèque avec Sécu. On n’y vend que du aux lignes pures et aux viennent de toute la ville
un coin bar pour siroter thé rare, tel ce Gyokuro Shimokitazawa Garage couleurs neutres… y chiner. Mammoth Jump
une bière artisanale en élevé sous bâches et Department (9) Dans son white cube, est plus spécifiquement
feuilletant un magazine ou conservé au réfrigérateur Ce gigantesque « garage » Kalma propose une très le rendez-vous des filles
un livre sur le design. Vous dans de précieuses boîtes. abrite des corners de belle sélection d’habits lookées, avec une petite
y trouverez principalement 2-57-11 Kitazawa, divers revendeurs avec unisexes : pardessus, sélection ultrapointue
une sélection personnelle Setagaya-ku. des stocks de vêtements chemises inspirées de mode européenne
et très pointue de travail ou de trésors du kimono, cabans, des années 70 et 80.
dans toutes les langues. Rosso Hair (8) venus des États-Unis ou dans des matières nobles. 2-27-11 Kitazawa,
2-12-4 Kitazawa, Et pourquoi pas un petit des pays de l’Est. Les Des valeurs sûres Setagaya-ku.
Setagaya-ku. lissage japonais ? Tadashi filles branchées s’y qui font le bonheur Tél. : +81 3 3468 5051.
Tél. : +81 3 6450 8272. Harada vient souvent à habillent avec créativité de la mannequin et Ameblo.jp/
Bookandbeer.com Paris et connaît sur le bout pour quelques yens. it girl Sayo Yoshida. shimokita-mammoth

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10

11

12
organisé pour qu’on n’attende jamais, ils trouvent amusant de faire la queue et très branché Teradadesign (12)
de patienter le dimanche devant un petit café à la mode pour obtenir un expresso. Le grand Le cabinet de design et
chic en ce moment : se customiser un sac à partir d’un cabas Ikea… Le samedi soir, tout le d’architecture où officie
monde se retrouve chez RPM, une boîte en sous-sol, un peu destroy, où passent les jeunes Kenichi Hirate (exposé
groupes de jazz, de rock et de funk japonais, pour des jam-sessions qui n’en inissent pas, récemment au MoMA)
ou à Shimokitazawa Three, la scène expérimentale. Contrairement à Daikanyama (quartier est aussi le créateur de
de Shibuya) ou à Kichijoji (quartier de la ville de Musashino), deux autres banlieues qui ont figurines finement ciselées
commencé à sérieusement s’embourgeoiser, Shimokitazawa parvient à se préserver. « Nous et colorées, utilisées dans
luttons contre la gentriication, assure Keiko. Par exemple, il y a encore une scierie dans le les maquettes. Scènes de
quartier et nous nous battons pour qu’elle reste ouverte. » « Moi, j’achète tous les matins la vie quotidienne, objets,
des bonbons au vieux monsieur qui tient son stand minuscule à la sortie de la gare, je n’ai personnages : on se
pas envie qu’il disparaisse », s’amuse Kazuto, un autre habitant du quartier. Dans ces ruelles plonge avec délice dans
étroites, quasiment sans voitures, on lâne d’izakayas (bars à tapas japonais) en cafés haute- ce monde miniature conçu
ment « instagrammables », et de petits cinémas en lieux de concerts improvisés. Parfois, on par la société Terada
tombe sur l’un de ces festivals traditionnels qui n’ont plus de raison d’être dans les quartiers Mokei (Teradamokei.jp)
modernes : en février, le Setsubun célèbre l’arrivée du printemps en jetant des haricots sur les et on emporte sa petite
oni, ces démons qui ont inspiré les mangas ; en août, le Bon Dance, où des illes en kimono collection perso, juste
dansent autour d’une tour en papier est surtout prétexte, pour la communauté locale et les pour le plaisir de l’objet.
hipsters en goguette, à des ripailles de plats traditionnels. Dans un Tokyo qui s’apprête à B1F 1-45-11 Kitazawa,
recevoir les Jeux olympiques d’été en 2020 et qui éventre une grande partie de ses quartiers Setagaya-ku.
à l’ouest, autour d’un Shibuya miné de grues et assommé de bruit, Shimokitazawa reste une Tél. : +81 3 6804 9257.
enclave cool, joyeuse et paisible. À s’offrir comme une parenthèse. Teradadesign.com

252
CHAPTER 2
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Alex Prager
C’est après avoir découvert le travail de William Eggleston que l’Américaine Alex Prager, née en 1979,
se lance dans la photographie. Son style est immédiatement identifiable : elle recréé en studio des
scènes de foules hyperréalistes où chaque figurant joue un rôle bien précis dans une ambiance vintage…
Elle vient d’éditer sa première monographie, Silver Lake Drive (Les Éditions Textuel), dont la plupart
des tirages seront exposés au musée des Beaux-Arts du Locle, en Suisse, à partir du 3 novembre.
Propos recueillis par Marie Godfrain

Le meilleur récit de voyage ? Le plus beau voyage de votre vie ?


Voyage avec Charley, de John Steinbeck. L’écrivain y raconte son C’était dans les Alpes.
road trip à travers les États-Unis, en 1960, en compagnie de son ca-
niche, Charley, dans un camping-car spécialement aménagé pour l’oc- Ce que vous n’aimez pas dans le voyage contemporain ?
casion. Son périple le mène de Long Island (Connecticut) jusqu’au La pollution qu’il engendre et la bulle dans laquelle la plupart des
Nord-Ouest Pacifique, puis vers le Texas pour finir à New York. voyageurs s’enferment et qui les empêche de véritablement expéri-
menter le lieu où ils se trouvent.
Le film qui parle le mieux de l’ailleurs ?
Lawrence d’Arabie, de David Lean (1962). Le voyage que vous rêveriez de faire ?
Une virée en Europe centrale entre Budapest, le Monténégro, la
Le plus beau livre de photo sur le voyage ? Croatie et les Alpes autrichiennes.
The Last Resort, de Martin Parr (André Frère Éditions). Une série qui
dresse le portrait de familles modestes en vacances à New Brighton, Où se cache la ville du futur ?
une petite station balnéaire en déclin près de Liverpool. À Los Angeles.

Le photographe qui parle le mieux de l’ailleurs ? Quelle est la ville la plus fascinante à vos yeux ?
Brassaï, avec La Môme Bijou au Bar de la Lune. Cette femme âgée qui Tokyo.
avait autrefois connu le luxe vivait de charité en lisant les lignes de
la main. Lors d’une de ses virées nocturnes à Montmartre, Brassaï l’a Une ville dont vous ne vous lasserez jamais ?
croisée dans un bar et prise en photo. Paris.

La photo qui, pour vous, évoque le voyage ? Une anecdote dans un avion ?
Celles de la série « Uncommon Places », de Stephen Shore. À mon retour de New York, où j’avais montré mon travail à l’exposition
« New Photography », au MoMA, j’étais assise à l’arrière de l’appareil. Je
La destination la plus photogénique ? me sentais épuisée mais, au moment où j’allais m’endormir, l’hôtesse de
Los Angeles. l’air a commencé à me parler et me dire qu’elle était fan de mes photos.
Comme c’est arrivé juste après le décollage, j’ai passé tout le trajet à
La saison la plus photogénique ? me croire épiée par cette personne chaque fois qu’elle passait devant
L’été ! moi en souriant. Au quotidien, je suis habituée à être derrière l’objectif,
à être la personne qui regarde sans être vue. C’est vraiment étrange
Votre moyen de transport favori ? d’être reconnue, à plus forte raison dans la cabine d’un long-courrier
Le vélo. Mais aussi la marche. où l’on doit passer cinq heures sans pouvoir se cacher.

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ID-JET LAG

Eve (2008). © ALEX PRAGER

Un hôtel au bout du monde ? Où sont vos racines ?


The Opposite House, à Pékin (dessiné par le Japonais Kengo Kuma, À Los Angeles.
NDLR), un mélange parfait de cultures asiatique et occidentale.
Comment les voyages vous inspirent-ils ?
Et au cœur du monde ? Le meilleur exemple est sans doute mon livre Silver Lake Drive, qui a
Le Bowery Hotel, à New York. Entre le Lower East Side et l’East Vil- été directement inspiré de mes fantasmes et de mon expérience du
lage, un classique très chaleureux et intime. monde.

Où aller prendre des nouvelles du monde ? Le meilleur musée consacré à la photographie ?


À Istanbul, véritable creuset de cultures. Les adresses auxquelles je pense correspondent à deux musées eu-
ropéens : le FOtografiemuseum AMsterdam (FOAM), dans la capitale
Où se rendre pour oublier le monde ? néerlandaise, et The Photographers’ Gallery, à Londres.
Dans la campagne irlandaise, à West Cork, une région du comté de
Cork. Je l’aime pour ses péninsules escarpées, ses plages et ses ado- Vous ne voyagez jamais sans…
rables villages en pierres. Des chaussettes de contention !

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Tutto Ponti
Gio Ponti
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19 Oct 2018
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MUSÉE DES ARTS DÉCORATIFS
107 RUE DE RIVOLI, 75001 PARIS
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Conception graphique : BETC et Italo Lupi. Crédits photos : ©Gio Ponti Archives ; Editoriale
Domus S.p.A ., all rights reserved ; Paris, MAD, photo Jean Tholance ; Francesco Radino ;
Courtesy Wright Auctions ; Associazione Amici di Doccia / Arrigo Coppitz ; Vincent Thibert
Probablement l’un des magazines
les plus intelligents du moment !

NUMÉRO 36 (300 PAGES).


SORTIE LE 13 DÉCEMBRE.
CRÉÉ PAR IDEAT ÉDITIONS, L’ÉDITEUR DU MAGAZINE DE DÉCORATION .
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Nos adresses préférées


WORLDWIDE
Notre sélection d’établissements photogéniques combine lieux atypiques forts et décoration
d’architectes d’intérieur engagés dans une démarche artistique, mêlant les styles, les époques et
les références. Laissez-vous surprendre ! Par Bérénice Debras

Le bar lounge du Jaffa Hotel, à Tel-Aviv, s’inscrit dans la chapelle d’un ancien monastère du XIXe siècle. © AMIT GERON

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ID-SPOTS

BARCELONE
EL VILLA
Dans le quartier de Gràcia, Aurelia Mora et Omar Ornaque (du studio d’architecture
Amoo) ont relooké un vieux bar tout en longueur. En plus de faire entrer la lumière
naturelle et de diviser l’espace avec un comptoir, ils ont tapissé de liège le haut des
murs et le plafond : un système ingénieux d’absorption acoustique qui contribue à
l’esthétique du lieu. Amusant, ce matériau se retrouve sur les tabourets du bar. Un
carrelage bleu et blanc vient rehausser les quelques touches de rouge.
Martínez de la Rosa, 27, 08012 Barcelona. Tél. : +34 93 833 64 79. Elvillavermuteria.com

© JOSÉ HEVIA
MORELIA (MEXIQUE)
CASA MICHELENA
Le lieu aurait tout pour servir de décor au tournage d’un film en costumes.
Il y flotte la poésie des murs du XVIIIe siècle, celle des boiseries et des cé-
ramiques artisanales, renforcée par l’art d’assembler des pièces chinées
sans pour autant renier le présent. Cette mise en scène revient à Luis La-
place et Christophe Comoy, qui ont rénové et décoré cette demeure en
collaboration avec l’Institut national d’anthropologie et d’histoire (INAH).
Outre le premier étage, privé, ils ont redonné âme et vie aux arcades du
rez-de-chaussée où se nichent le restaurant La Conspiración de 1809, la
boulangerie Fortunata & Jacinta et le Café (librairie) Michelena.
Allende 209, Centro histórico, 58000 Morelia, Michoacán
de Ocampo, Mexique. Tél. : +52 443 158 0443.

260
Dans le futur, il n’y aura pas
des femmes leaders.
Il y aura juste des leaders.

Avoir confiance en soi,


développer son talent et
celui des autres, préserver
son équilibre, autant de
conseils pratiques qui feront
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et épanouie dans sa vie
professionnelle et personnelle.

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BERLIN
ORANIA.BERLIN
Plus de cent ans après son ouverture, l’hôtel Orania.
Berlin vient de subir une rénovation qui décline des am-
biances orientales, africaines, américaines et asiatiques,
reflétant la mixité du quartier arty et trendy de Kreuz-
berg. À cela s’ajoute une certaine élégance, composée
de pièces d’Antonio Citterio, de Patricia Urquiola et de
lumières d’Enzo Catellani, distillées dans les différents
espaces. Mais l’établissement est aussi connu pour sa
programmation musicale (classique, jazz, électro, soul…)
qui résonne, notamment, autour de son piano Steinway.
L’hôtel est à deux pas du Werkbundarchiv – Museum der
Dinge (musée des Choses) et du concept-store VooStore
(le Colette de Berlin, pour ainsi dire).
Oranienstrasse 40, 10999 Berlin-Kreuzberg, Allemagne.
Tél. : +49 30 695 396 80. Orania.berlin

ROTTERDAM
ROOM MATE BRUNO
Grand navigateur, Bruno a jeté l’ancre… dans un ancien entrepôt
d’épices du vibrant quartier de Kop van Zuid. Ce personnage imagi-
naire, créé par la chaîne hôtelière espagnole Room Mate, sert de fil
conducteur à la décoration haute en couleur menée par l’Italienne
Teresa Sapey. Il y a d’abord les constellations, dans le lobby, qui
évoquent les nuits en mer, puis cet incroyable bar lounge à l’étage.
On y plonge littéralement dans un océan de bleus au milieu de
plantes extraordinaires, bleues elles aussi. Côté chambres (217 au
total), la palette tonique met inévitablement de bonne humeur. On
peut y voir, au choix, le soleil espagnol ou, plus locales, des réfé-
rences au mouvement De Stijl.
Wilhelminakade 52, 3072, AR Rotterdam, Pays-Bas.
Tél. : +31 10 892 95 80. Room-matehotels.com
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World Trade Center, New York © Joel Meyerowitz, courtesy Polka Galerie.
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NEW YORK
THE HOXTON WILLIAMSBURG
Certains construisent des châteaux de sable en Espagne, d’autres détournent
des châteaux d’eau aux États-Unis… ou presque. Pour sa toute nouvelle
adresse, la chaîne hôtelière anglaise The Hoxton a investi le site de l’ancienne
usine Rosenwach, le fabricant des célèbres réservoirs d’eau en bois qui
jonchent les toits de New York. Le studio britannique Ennismore y signe la
décoration des 175 chambres aux plafonds bruts. Les Américains ne sont pas
oubliés : le linge de lit Dusen Dusen vient d’une designer textile de Brooklyn
et, plus amusant, les bibliothèques sont composées du choix de lecture d’un
groupe de résidents du quartier. Reste The Apartment, un espace de réunion
animé par une riche programmation culturelle mettant à l’honneur la scène
locale. Sans oublier le rooftop bar…
97 Wythe Avenue, Brooklyn, New York 11249, États-Unis.
Tél. : +1 718 215 7100. Thehoxton.com

© EMILY ANDREWS
COLOGNE
25HOURS HOTEL
THE CIRCLE
C’est dans un bâtiment brutaliste, qui abritait autrefois une
compagnie d’assurances, que le nouveau 25Hours Hotel
vient d’ouvrir ses portes. Repensés par les architectes
O&O Baukunst (à qui l’on doit, entre autres, le musée d’Art
moderne de Vienne), les anciens bureaux ont été transfor-
més en 207 chambres et aménagés par le Studio Aisslinger.
Visiblement très inspiré par l’architecture du bâtiment, le
designer berlinois a mis en valeur le lobby en lui donnant un
style rétrofuturiste. On ne s’étonnerait pas d’y voir débar-
quer un astronaute… même si on a plus de chance de croiser,
© STEVE HERUD

dans l’espace de coworking, des jeunes lookés et connectés.


Im Klapperhof 22-24, 50670 Cologne, Allemagne.
Tél. : +49 221 162 53 0. 25hours-hotels.com

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ID-SPOTS

TEL-AVIV

© AMIT GERON
THE JAFFA
Le Britannique John Pawson a l’art de sublimer l’architecture d’hier
tout en l’ancrant dans le présent. Il n’aime rien tant que faire parler
le passé et les pierres en intervenant de façon minimaliste sur les
bâtiments. Ainsi en va-t-il de cet ancien monastère et hôpital fran-
çais du XIXe siècle. Transformé en un hôtel de 120 chambres et suites
et de 32 résidences de luxe, il a conservé sa chapelle aux vitraux et
ses peintures d’origine qui accueillent désormais un bar lounge. Mais
l’architecte y a aussi ajouté un bâtiment dans lequel le lobby prend
des airs modernistes, incluant dans les volumes des morceaux de
fortifications datant des croisés. Des pièces de Shiro Kuramata, de
Pierre Paulin et de Damien Hirst y viennent étoffer l’espace.
2 Louis Pasteur, Tel-Aviv-Jaffa, Israël. Tél. : +972 3 5042000.
Thejaffahotel.com

NEW YORK
AC HOTEL NEW YORK
TIMES SQUARE
Chic et urbaine, la nouvelle adresse AC Hotels by Marriott révèle une certaine
idée de grandeur – du moins pour le lobby, habillé de terrazzo vénitien, de boise-
ries en noyer et haut de sept mètres sous plafond. Le cabinet local Helpern Archi-
tects (qui compte déjà, entre autres, le Soho Grand Hotel et le W Hotel) a dessi-
né 290 chambres mêlant l’esprit new-yorkais à l’esprit espagnol, les racines de la
marque. Quant aux murs, ils deviennent les supports d’une collection d’œuvres
d’artistes locaux défendus par une galerie privée. Mais le plus beau tableau reste
sans doute la vue sur la ville derrière les grandes baies vitrées ou depuis les balcons.
260 West 40th Street, New York 10018, États-Unis.
Tél. : +1 212 398 2700. Marriott.com
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Madura dévoile sa collection automne-hiver 2018-2019 qui célèbre
le voyage, la douceur et le faste des Années folles. La marque dé-
cline ses riches inspirations, aux tonalités contrastées, sur une large
sélection de rideaux, de coussins, de plaids, de linge de lit et de mai-
son, d’assises, de mobilier et d’accessoires de décoration. Le noir et
le doré se mêlent aux roses tendres et à la profondeur des bleus
et des verts dans un jeu d’unis et d’imprimés. Les broderies, quant
à elles, subliment les étoffes et apportent de l’élégance à l’objet.
Enfin, les belles matières comme le velours, la soie, le lin ou encore
le coton se marient pour créer une ambiance cosy propice à la dé-
tente et au bien-être.
Madura.fr

TERRAZZO EN PAPIER PEINT


Puisque le terrazzo affole l’univers de la déco depuis plusieurs années,
pourquoi ne pas décliner ce motif coloré, joyeux et graphique en papier
peint pour les chambres d’enfants ? Nombreux sont les fabricants à en li-
vrer leur version. Wall & decò, avec son modèle Skil (ci-contre), le propose
en format XL qui joue sur les différences d’échelle et produit d’énormes
cailloux colorés. La maison Isidore Leroy adopte cette même thématique
minérale mais à la faveur d’un rythme irrégulier : des centaines de petites
« pierres », peintes à l’aquarelle, passent d’une concentration dense, en
bas du rouleau, à l’évanescence, en haut. Graham & Brown offre la ver-
sion la plus fidèle au matériau original, avec un mélange de pierres grises,
noires et blanches, rehaussées de touches bleues, roses et vertes.
Wallanddeco.com / Isidoreleroy.com / Grahambrown.com

NOVAMOBILI L’ATOUT COULEUR


« Pontile », le système d’étagères modulaire de Novamobili, a su s’adapter
à de nombreux intérieurs et devenir une solution incontournable pour
offrir du rangement dans les diverses pièces de la maison. « L’atout prin-
cipal de ce type de mobilier est sa simplicité », explique son designer, le
Français Philippe Nigro. Restait à trouver le détail qui fait la différence.
« Pour cette collection, la couleur m’a énormément inspiré, ou plutôt la
vaste gamme de couleurs et de finitions qui distingue Novamobili depuis
de nombreuses années et que je souhaitais intégrer à cette collection. » La
promesse d’un nuancier très riche est en effet au cœur de la démarche
de la marque. La praticité aussi : sur « Pontile », une bande centrale en
aluminium sert à régler la hauteur des étagères permettant au passage
de dissimuler les éventuelles imperfections du mur qui l’accueille.
Novamobili.it

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souple de veau aniline, un plaquage en palissandre de
Rio, des coussins garnis de plumes d’oie et de mousse
bultex. Une passion et un savoir-faire qui ont redonnés
vie à des centaines de « Lounge Chair » en Europe,
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de l’origine aux heureux propriétaires de ce fauteuil
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Siège social et show-room :


A House Doctor : RBC Nîmes : 04 66 67 62 22 ARTEMIDE France . 52, avenue Daumesnil . 75012 Paris
Agapecasa : Agapecasa.it Housedoctor.com RBC Paris : 01 45 75 10 00 Tél. 01 43 44 44 44 . Fax 01 43 44 44 42
e.mail : artemide@artemide.fr
Airborne : Airborne.fr House of Finn Juhl : Red Edition :
Aliita : Aliita.com Finnjuhl.com Rededition.com
Alki : Alki.fr Restart Milano : 01210 FERNEY VOLTAIRE CASA DESIGN 1630, rue de Gex
J Restartmilano.com 06000 NICE SERRA ECLAIRAGE
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Annethomas.fr JAB Anstoetz : Jab.de Robert Allen : 2, rue Gubernatis & 4, rue Désirée Niel
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Le Paris de Sofía Sanchez de Betak


Mannequin, directrice artistique, influenceuse, Sofía Sanchez de Betak, d’origine
argentine, est la nouvelle ambassadrice de la marque de bijoux Ofée pour qui elle
vient de dessiner la collection « Sakura ». Sa ville fétiche, c’est Paris, où elle va
s’installer l’année prochaine avec son mari, le scénographe Alexandre de Betak.
Propos recueillis par Marie Godfrain

sophistiquée en matière de design et d’art. conseils de leur guide Ma vie à Paris, qui m’a
Hélas, avec les attaques terroristes, beau- permis de découvrir un tas d’adresses.
coup de lieux ont fermé. Cela ne m’empêche
cependant pas de bouger. Par exemple, à Si Paris était une odeur ?
Lamu, au Kenya, où des pirates ont kidnappé Pour Monsieur, de Chanel, bien sûr ! Le par-
quelqu’un il y a dix ans, je me sens davantage fum de mon mari. Tellement français !
© FRED MEYLAN

en sécurité qu’à Buenos Aires, à New York


ou à Paris. Une couleur ?
Gris, comme la couleur des toits, du ciel, de
Votre restaurant avec vue ? la Seine, des façades…
Votre bar d’hôtel favori ? Ceux qui donnent sur le jardin du Pa-
Le bar de l’Hôtel Particulier Montmartre. lais-Royal. J’adore ce Paris ultraclassique. Une chanson ?
Une adorable maison de ville du XIXe siècle Life Is a Cabaret (par Liza Minnelli dans le film de
nichée à l’abri des regards dans un ravissant Appartement haussmannien ou Bob Fosse de 1972, NDLR). J’adore le caractère
jardin typiquement parisien. maison de ville ? très sexy de Paris et la mentalité des Français,
J’aime quand l’Histoire se dégage d’un lieu, modernes et pas machos comme les Argentins.
Votre quartier préféré ? quand elle se voit à travers les détails architec-
Le Ve arrondissement, où nous déménageons turaux d’un appartement. J’ai une prédilection Qui incarne le mieux Paris ?
l’année prochaine. Ce quartier, qui m’est très pour l’architecture du XVIIe siècle. À New York, Mon amie la productrice de musique et man-
familier, a énormément d’atouts. Il est situé je vis dans une ancienne usine, transformée en nequin Caroline de Maigret, la Parisienne
près de Saint-Germain-des-Prés, proche du bâtiment d’artiste. Rien de tel que de ressentir type. Elle est honnête, sincère et représente
Marais, mais en beaucoup plus calme, sans chez soi l’histoire de la ville où l’on vit. aussi la France avec son style « chic sans ef-
nuées de touristes. C’est un excellent com- fort », qui me fait rêver, moi qui ai tant de peine
promis. Pour sortir, j’aime l’ambiance et les Votre cantine ? pour parvenir à ce résultat…
nombreux bars et restaurants du Xe. La Chope des puces : superkitsch et pas du
tout prétentieuse. Nous venons y écouter Un objet typiquement parisien ?
Un spa ? de la musique manouche chaque week-end Un cendrier du Ritz.
L’institut Darphin, rue Saint-Honoré, est petit, lorsque nous sommes à Paris.
mignon, et sa déco, classique et épurée. Qu’est-ce qui vous manque quand
Votre dernière découverte ? vous quittez Paris ?
Où vous sentez-vous le mieux ? Jipangue, un restaurant japonais du VIIIe ar- Passer cinq heures à discuter, au café, avec des
Dans un restaurant cosy avec des amis, par rondissement, où règnent une ambiance su- amis. À New York, en trente minutes tout est
exemple le Cibus (Paris Ier), qui est notre QG. perfunky et une carte très exotique ! plié. C’est plus efficace, mais moins humain…
Quand tu voyages beaucoup, tu apprécies de
te sentir chez toi quand tu sors. Avant, je trou- Votre restaurant chic favori ? Une balade rituelle ?
vais tristes les gens qui ne changeaient jamais Caviar Kaspia (Paris VIII ), pour son mélange
e
Longer la Seine, sous Notre-Dame. Je me
d’adresse. Maintenant, je suis comme eux. de saveurs russes et d’ambiance désuète ty- sens chanceuse de vivre ici l’année pro-
piquement parisienne. chaine. J’ai adoré New York, mais mainte-
Une ville alternative à Paris ? nant, c’est Paris que j’aime par-dessus tout.
J’adore Istanbul, pour son caractère très Votre boutique fétiche ?
international, un mélange de tellement de Astier de Villatte. Ils ont un goût exquis, Votre musée préféré ?
cultures. Nous y sommes allés souvent. On y j’aime absolument tout. Je leur ai acheté Le musée des Arts décoratifs ou le palais
a découvert de petits endroits et avons fait des quantités de choses pour décorer mon Galliera pour leurs expositions temporaires
connaissance avec une communauté très appartement, en suivant aveuglement les toujours réussies.

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